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Silva belgica 5 2015 WEB

Cette revue de référence en matière forestière, considérée par tous comme une précieuse source d’informations sur la sylviculture est publiée tous les deux mois, elle donne rendez-vous à ses lecteurs autour de rubriques variées, allant de l’actualité forestière aux nouvelles techniques sylvicoles. Des rubriques conçues par et pour les forestiers.

Cette revue de référence en matière forestière, considérée par tous comme une précieuse source d’informations sur la sylviculture est publiée tous les deux mois, elle donne rendez-vous à ses lecteurs autour de rubriques variées, allant de l’actualité forestière aux nouvelles techniques sylvicoles.
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SILVA<br />

BELGICA<br />

n°5/<strong>2015</strong><br />

septembre-octobre<br />

september-oktober<br />

Bimestriel / Tweemaandelijks<br />

122 e année / 122 e jaargang<br />

Dépôt Bruxelles X<br />

AU SERVICE DE LA FORÊT ET DES FORESTIERS<br />

AUTORISATION DE FERMETURE : BRUXELLES X - Editeur responsable : Philippe de Wouters, Galerie du Centre, Bloc 2, Bte 289, 1000 Bruxelles Envoi prioritaire à taxe réduite N° d’agréation P207125<br />

TEN DIENSTE VAN HET BOS EN DE BOSBOUWERS<br />

Revue de la Société Royale Forestière de Belgique asbl. / Tijdschrift van de Koninklijke Belgische Bosbouwmaatschappij vzw.<br />

En collaboration avec NTF asbl. Met de medewerking van Landelijk Vlaanderen vzw.<br />

www.srfb.be / www.kbbm.be


surfez<br />

sur<br />

www.srfb.be<br />

© Kaspars Grinvalds - Fotolia.<br />

Et inscrivez-vous à notre newsletter<br />

Vous trouverez sur www.srfb.be une foule d’informations concernant la forêt et la SRFB.<br />

Vous pourrez entre autres accéder à nos nombreux documents téléchargeables ainsi qu’à<br />

notre librairie en ligne, ou encore consultez nos documents utiles.<br />

Vous souhaitez être tenu au courant de l’actualité forestière : activités de terrains, conférences,<br />

législation, ...<br />

Dans ce cas, n’attendez plus et inscrivez-vous à <strong>Silva</strong> Mail, notre newsletter.<br />

Infos pratiques<br />

Orane Bienfait<br />

Société Royale Forestière de Belgique<br />

Galerie du Centre/Bte 289<br />

1000 Bruxelles<br />

Tél. 02 227 56 50 - fax. 02 223 01 45<br />

orane.bienfait@srfb-kbbm.be


Sommaire / Inhoud<br />

© Philippe Moës<br />

© Oleksii Sergieiev - Fotolia<br />

2 Editorial – Editoriaal<br />

6 Bericht uit de gewesten<br />

8 Ma terre, mes bois<br />

10 Bonnes pratiques sylvicoles<br />

La débroussailleuse - ergonomie<br />

La débroussailleuse - utilisation<br />

18 Libre propos<br />

Le bois de douglas<br />

24 Nos activités<br />

Harmonie faune - flore - forêt, utopie ou réalisme ?<br />

26 Gestion<br />

26 Gestion des populations de chevreuils par ICE<br />

30 Formules financières comme outils d’aide à la décision<br />

42 Forest Friends<br />

Parle-moi de la forêt - Attaques détectées, systèmes de défenses<br />

enclenchées<br />

Forêt et passion - La famille Sagehomme, une longue lignée de<br />

forestiers<br />

46 vente de bois<br />

Ventes de bois – campagne d’automne <strong>2015</strong><br />

48 Législation<br />

La cueillette des champignons<br />

50 Chronique économique<br />

Vers la fin des exportations de grumes ?<br />

54 livres<br />

SILVA BELGICA est la revue de l’asbl Société Royale Forestière de Belgique.<br />

La SRFB, créée en 1893, vise la promotion et la protection de la forêt, ainsi que sa gestion responsable. Elle offre à ses membres – propriétaires<br />

forestiers privés et publics, gestionnaires, acteurs et passionnés de la forêt – des services adaptés et basés sur son expérience<br />

de terrain et ses compétences.<br />

Ses valeurs sont : savoir-faire, confiance, convivialité et durabilité.<br />

SILVA BELGICA is het tijdschrift van de Koninklijke Belgische Bosbouwmaatschappij.<br />

De KBBM, in gericht in 1893, ijvert voor de promotie, de ontwikkeling en de bescherming van het bos met verantwoord beheer. Zij<br />

biedt aan haar leden - eigenaars, beheerders, actoren en bosliefhebbers - de aangepaste diensten aan gebaseerd op terreinkennis en<br />

knowhow.<br />

Haar waarden zijn : knowhow, vertrouwen, gezelligheid, duurzaamheid.<br />

La publication de <strong>Silva</strong> Belgica est rendue possible grâce au<br />

soutien du Ministre Wallon des Forêts<br />

Imprimé sur R4 Chorus PEFC produit par


Editorial<br />

Foire de Libramont <strong>2015</strong><br />

Bilan et réflexions<br />

Plusieurs d’entre vous ont fait le déplacement à<br />

Libramont en cette fin du mois de juillet pour<br />

partager cette atmosphère de convivialité et de<br />

complicité si particulière et tant appréciée des acteurs<br />

de la ruralité.<br />

Si nous comprenons les préoccupations du monde agricole<br />

et l’opportunité qui lui était donnée par cette manifestation<br />

importante de les relayer auprès du monde<br />

politique et d’un large public, on peut néanmoins regretter<br />

que cette actualité agricole - par ailleurs tout à<br />

fait respectable-, ait quelque peu éclipsé le thème forestier<br />

(La Forêt prend soin de nous, prenons soin d’elle)<br />

de cette 81 e édition de la Foire agricole et forestière de<br />

Libramont qui, il faut le souligner, constitue la plus importante<br />

foire extérieure de ce type en Europe.<br />

Heureusement, il y avait les journées de Démonstrations<br />

Forestières dans les bois de Bertrix pour nous rappeler<br />

le caractère forestier du cru <strong>2015</strong>. Chacun a pu y satisfaire<br />

sa curiosité en déambulant parmi les stands d’équipements<br />

forestiers, en profitant des démonstrations<br />

d’engins toujours plus impressionnants, en appréciant<br />

le travail soigné des chevaux de débardage ou simplement<br />

en décryptant les multiples services rendus par la<br />

forêt et ses gestionnaires. Sans oublier le succès de notre<br />

traditionnel drink rehaussé par la présence du Ministre<br />

de la Forêt.<br />

Félicitations aux organisateurs et merci à notre équipe<br />

– permanents et bénévoles - qui ont pu tout au long de<br />

ces six jours faire passer le message d’une association au<br />

service de ses membres et de la forêt et d’une sylviculture<br />

de qualité au service de notre économie et de notre<br />

société, en symbiose avec la Cellule d’appui à la petite<br />

propriété privée.<br />

Pour la majorité des visiteurs, Libramont en son année<br />

forestière, c’est la vitrine d’une forêt principalement<br />

perçue pour ses aspects multifonctionnels avec une primauté<br />

pour les volets nature et socio-récréatif, même si<br />

la machinerie exposée ou en démonstration ne peut lui<br />

faire ignorer son rôle de production.<br />

Pour nous, forestiers et sylviculteurs, c’est l’occasion<br />

d’un partage de connaissances et d’expériences notamment<br />

au travers d’exposés de qualité (mais malheureusement<br />

trop peu suivis), de rencontres informelles et<br />

d’échanges toujours enrichissants. C’est aussi l’occasion<br />

de faire le point sur la situation de notre patrimoine<br />

forestier par rapport au contexte réglementaire existant<br />

ou en préparation, par rapport aux risques sanitaires,<br />

climatiques ou autres qui menacent nos peuplements et<br />

par rapport aux tendances et évolutions de la filière de<br />

valorisation de nos productions.<br />

J’ai ainsi relevé trois points d’attention que je livre à<br />

votre réflexion.<br />

Au moment où vous lirez ces lignes, les choix auront<br />

probablement été faits en matière de réforme du nourrissage.<br />

Il faut espérer que ceux-ci ne contribueront pas<br />

directement ou indirectement à la création ou à l’intensification<br />

d’un déséquilibre forêt-faune rendant impossible<br />

une sylviculture de qualité ou, par endroits, toute<br />

sylviculture.<br />

Dans un autre ordre d’idées, les conclusions intermédiaires<br />

de l’inventaire forestier wallon sont plus que préoccupantes<br />

en matière de recul des surfaces productives<br />

principalement résineuses. Nous devrons prendre<br />

sans tarder les mesures requises pour endiguer ce recul et<br />

encourager au reboisement. Ce sera certainement un des<br />

sujets de l’agenda de la SRFB pour les prochains mois.<br />

Le fichier écologique des essences et le comptoir des<br />

graines sont deux outils à disposition des sylviculteurs<br />

du pays que beaucoup nous envient. Ces deux outils sont<br />

complémentaires, ils constituent une sorte de garantie<br />

pour la reprise et la vitalité de nos peuplements pour<br />

peu que ceux-ci soient en station. Ils agissent comme un<br />

bouclier face aux risques sanitaires et climatiques auxquels<br />

nous sommes et serons de plus en plus confrontés.<br />

2 <strong>Silva</strong> Belgica septembre-octobre <strong>2015</strong>


Le fichier écologique est en cours de révision. Il faut qu’il<br />

le soit avec rigueur, sans tabous ni intégrisme pour garantir<br />

au sylviculteur une gamme d’essences la plus large<br />

possible et la mieux adaptée aux situations nouvelles.<br />

C’est un gage de diversité et de vitalité pour nos forêts.<br />

Le comptoir des graines est orphelin d’une génétique<br />

forestière aux abonnés absents depuis le départ du professeur<br />

Nanson. Il est grand temps d’apporter une réponse<br />

concrète à ce vide académique si nous voulons que le<br />

comptoir des graines reste le garant d’une production de<br />

qualité. C’est un investissement indispensable pour notre<br />

sylviculture si nous ne voulons pas perdre tous les acquis<br />

d’années de développement universitaire et d’expérimentations<br />

de terrain qui ont fait notre réputation au-delà des<br />

frontières et qui sont à l’origine de la qualité de nos forêts<br />

et de sa production. Le pouvoir politique doit rapidement<br />

s’emparer de ce dossier et prendre les décisions concrètes<br />

nécessaires et attendues par le secteur.<br />

Ce sont trois constats mêlés d’inquiétude. Mais ce qui<br />

rassure, c’est que, pour l’essentiel, l’analyse faite est<br />

partagée par l’Administration. Gageons qu’avec son apport,<br />

nous pourrons développer les solutions qui s’imposent<br />

et convaincre le pouvoir politique de les mettre<br />

en œuvre pour le plus grand bien de notre patrimoine<br />

forestier national.<br />

Dominique Godin, président SRFB<br />

septembre-octobre <strong>2015</strong> <strong>Silva</strong> Belgica 3


Editoriaal<br />

Beurs van Libramont <strong>2015</strong><br />

Evaluatie en bedenkingen<br />

Verschillenden onder u trokken eind juli naar<br />

Libramont, om er zich te laten onderdompelen<br />

in de gezellige sfeer die deze beurs zo bijzonder<br />

maakt en door de spelers van het landelijke leven zozeer<br />

op prijs wordt gesteld.<br />

We begrijpen de landbouwsector, die op dit belangrijke<br />

gebeuren de kans kreeg om zijn bekommernissen onder<br />

de aandacht te brengen van de politieke wereld en van<br />

een ruim publiek. Toch vinden we het jammer dat de<br />

bezorgdheid van de landbouw - die al ons respect krijgt<br />

- het bosbouwthema (Het bos draagt zorg voor ons, laten<br />

wij er ook zorg voor dragen) van deze 81e editie van de<br />

Land- en bosbouwbeurs van Libramont, de belangrijkste<br />

openluchtbeurs van dit type in Europa, laat dat duidelijk<br />

zijn, wat in de schaduw heeft gesteld.<br />

Gelukkig waren er de demonstraties in de bossen van<br />

Bertrix, die ons eraan herinnerden dat de editie <strong>2015</strong><br />

toch vooral in het teken stond van het bos. Iedere bezoeker<br />

kon er zijn nieuwsgierigheid bevredigen door langs<br />

de stands met bosbouwmachines te wandelen, door te<br />

kijken naar de demonstraties van werktuigen die almaar<br />

indrukwekkender worden, door het verzorgde sleepwerk<br />

van de paarden te bewonderen of gewoon door<br />

zich een beeld te vormen van de vele diensten die het<br />

bos en haar beheerders leveren. Onze traditionele drink,<br />

die werd opgeluisterd door de aanwezigheid van de minister<br />

van Bosbouw, was eens te meer een groot succes.<br />

Wij feliciteren de organisatoren en bedanken ons team,<br />

dat zes dagen lang de boodschap heeft verspreid van een<br />

vereniging die zich ten dienste stelt van haar leden en<br />

het bos, en van een bosbouw van hoge kwaliteit die ten<br />

dienste staat van onze economie en onze samenleving, in<br />

nauwe samenwerking met de Cellule d’appui à la petite<br />

propriété privée.<br />

Voor de meeste bezoekers werpt Libramont in het jaar<br />

van het bos vooral een licht op zijn veelzijdige karakter,<br />

waarbij de natuur en de sociaal-recreatieve rol op de<br />

eerste plaats komen, ook al kunnen we door de tentoongestelde<br />

en gedemonstreerde machines niet voorbij aan<br />

zijn rol als producent.<br />

Wij bosbouwers krijgen zo de kans om onze kennis en<br />

ervaring te delen, onder meer via hoogstaande uiteenzettingen<br />

(waarvoor helaas te weinig belangstelling bestaat),<br />

informele bijeenkomsten en debatten die steeds<br />

boeiender worden. Het is tevens de gelegenheid om de<br />

staat van ons boserfgoed te toetsen aan de bestaande<br />

wetgeving of de reglementen die in de steigers staan,<br />

aan de gezondheids-, klimaat- of andere risico’s die onze<br />

populaties bedreigen, en aan de trends en ontwikkelingen<br />

in de sector die zich toelegt op de valorisatie van<br />

onze productie.<br />

Voor mij zijn er drie aandachtspunten waarover ik u<br />

even wil laten nadenken.<br />

Terwijl u dit leest, zijn waarschijnlijk al keuzes gemaakt<br />

rond de hervorming op voedergebied. Het valt te hopen<br />

dat die keuzes niet rechtstreeks of onrechtstreeks zullen<br />

bijdragen tot het ontstaan van een onevenwicht tussen<br />

bos en fauna, of de toename daarvan, waardoor een<br />

hoogwaardige bosbouw of op sommige plaatsen elke<br />

vorm van bosbouw onmogelijk wordt.<br />

Los daarvan zijn de voorlopige conclusies van de Waalse<br />

bosinventaris uiterst zorgwekkend op het vlak van de<br />

terugval van de productiegebieden van vooral naaldbomen.<br />

Wij zullen meteen het nodige moeten doen om<br />

die achteruitgang te stoppen en herbebossing te stimuleren.<br />

Dit wordt beslist een van de agendapunten voor<br />

de KBBM in de komende maanden.<br />

Het milieubestand van boomsoorten en de zaadbank<br />

zijn twee hulpmiddelen voor de Belgische bosbouwers<br />

die velen ons benijden. Ze zijn complementair en vormen<br />

een soort garantie voor het herstel en de vitaliteit<br />

van onze populaties, mits die zich in een habitat bevinden.<br />

Ze werken als een schild tegen de gezondheids- en<br />

klimaatrisico’s waarmee we geconfronteerd worden en<br />

die in de toekomst alleen maar zullen verergeren.<br />

4 <strong>Silva</strong> Belgica septembre-octobre <strong>2015</strong>


Het milieubestand wordt momenteel herzien. Dat moet<br />

nauwgezet gebeuren, zonder taboes of conservatisme,<br />

om de bosbouwer de garantie te bieden op een zo ruim<br />

mogelijk aanbod van boomsoorten dat optimaal is aangepast<br />

aan de nieuwe situaties. De diversiteit en vitaliteit<br />

van onze bossen zijn op die manier gewaarborgd.<br />

Wat de zaadbank betreft, is het genetische onderzoek<br />

van onze bossen sinds het vertrek van professor Nanson<br />

stilgevallen. Willen we dat de zaadbank garant blijft<br />

staan voor een productie van hoge kwaliteit, dan wordt<br />

het hoog tijd dat die academische lacune concreet wordt<br />

opgevuld. Voor onze bosbouw is dit een broodnodige<br />

investering als we niet alle kennis willen kwijtspelen van<br />

jarenlang universitair onderzoek en experimenten op<br />

het terrein, waarmee we buiten de grenzen onze faam<br />

hebben gevestigd en waaraan we de kwaliteit van onze<br />

bossen en de productie daarvan te danken hebben. De<br />

politieke macht moet dit dossier snel in handen nemen<br />

en de concrete beslissingen nemen die nodig zijn en<br />

door de sector verwacht worden.<br />

Dit zijn drie vaststellingen die onrust zaaien. Het is wel<br />

geruststellend dat deze analyse voor een groot stuk door<br />

de Administratie gedeeld wordt. We rekenen er dan ook<br />

op dat we met haar inbreng de nodige oplossingen zullen<br />

kunnen uitwerken en de politieke macht zullen kunnen<br />

overtuigen om ze in de praktijk te brengen, voor het<br />

welzijn van ons nationale boserfgoed.<br />

Dominique Godin, voorzitter KBBM<br />

septembre-octobre <strong>2015</strong> <strong>Silva</strong> Belgica 5


Bericht uit de gewesten<br />

Mot du président<br />

par Philippe Casier<br />

De par la nouvelle articulation des revues de<br />

notre groupe d’associations et leurs priorités,<br />

je fais évoluer l’opportunité qui est réservée à<br />

Landelijk Vlaanderen de donner dans <strong>Silva</strong> Belgica une<br />

information utile pour les propriétaires francophones<br />

possédant des biens ruraux en Flandre.<br />

Trop souvent ceux-ci ignorent ou ne sont pas avertis des<br />

dispositions qui y sont en vigueur ou qui sont en développement<br />

alors que la mission de notre association est<br />

d’informer un maximum de membres. D’ailleurs, Landelijk<br />

Vlaanderen, via le « Aanspreekpunt<br />

Privaat Beheer », est<br />

subsidiée actuellement pour<br />

servir de lien entre les autorités<br />

et les propriétaires en matière de<br />

nature et de forêt et est leur représentant<br />

autorisé. Il est donc<br />

normal qu’une information en<br />

français soit diffusée au delà<br />

du contenu nécessairement en<br />

néerlandais de notre revue « de<br />

Landeigenaar ». <strong>Silva</strong> Belgica<br />

nous en donne l’occasion.<br />

Je voudrais cette fois donner quelques indications sur<br />

les dispositions en matière de subsides qui sont en élaboration<br />

en Flandre, soit pour la gestion de terres, soit<br />

pour la promotion et l’éducation en matière de nature.<br />

En ce qui concerne ce dernier point, une révision de la<br />

réglementation est en cours au sujet de la subsidiation<br />

des associations de nature et d’environnement.<br />

Il existe une série d’asbl actives en cette matière, certaines<br />

locales, d’autres régionales, d’autres thématiques<br />

et en outre une servant de coupole. Elles peuvent être reconnues<br />

pour promouvoir la sensibilité à la nature, faire<br />

de l’éducation, initier des projets, servir de lien avec les<br />

autorités, peser sur la politique et donner des avis via les<br />

organes officiels.<br />

Pour l’ensemble des associations reconnues, la Région<br />

flamande octroie un budget de 5 millions d’euros par an.<br />

Les associations concernées jouissent d’une exclusivité<br />

laissant peu de place à des tiers comme les Bosgroepen<br />

et les associations de propriétaires ou les associations de<br />

chasseurs. Les critères sont judicieusement définis en<br />

fonction des entités en place. Il est certain que ces associations<br />

se sentent investies d’une mission de service<br />

public et ne veulent pas trop partager un certain monopole.<br />

Elles ne voient donc pas d’un bon œil le développement<br />

et la structuration de la gestion privée, qui, elle,<br />

ne reçoit pas ces avantages bien que devant exécuter des<br />

tâches similaires.<br />

L’autre aspect est la subsidiation de la gestion de la forêt<br />

et de la nature. Dans le cadre de Natura 2000 et des mesures<br />

PAS en ce qui concerne la réduction des influences<br />

des nitrates (voir nos articles précédents), la Région est<br />

en train de revoir son système de subsidiation, dont<br />

nous donnons ici les grandes lignes. Nous reviendrons<br />

plus tard sur les détails quand l’arrêté sera élaboré.<br />

Ces subsides seront octroyés dans le cadre d’un plan de<br />

gestion minimum de type 2 et comprennent :<br />

1. la subsidiation de la confection du plan de gestion<br />

même ;<br />

2. une certaine subsidiation pour l’accessibilité des terrains<br />

sous gestion, par exemple certains chemins,<br />

zones ou centres d’accueil, ceci sur base volontaire ;<br />

3. une subsidiation des mesures de gestion récurrente<br />

basée sur des coûts normés les plus objectifs possibles<br />

et rassemblés en groupes. Le subside est de 80% de ce<br />

coût normé par famille de mesures similaires. Au delà<br />

de ce subside, en cas de transformation de la gestion<br />

forestière vers une gestion plus écologique, une couverture<br />

de la perte de rendement est prévue. Elle serait<br />

fixée à 100€/ha/an pendant 12 ans. Un supplément<br />

serait aussi prévu pour les espèces et pour le suivi des<br />

indicateurs de résultat ;<br />

4. une subsidiation des plantations et des travaux d’aménagement<br />

qui serait, pour ces derniers, un pourcentage<br />

du coût réel (après consultation du marché) et<br />

suite à un appel à projet. Ce pourcentage dépend du<br />

6 <strong>Silva</strong> Belgica septembre-octobre <strong>2015</strong>


type de plan de gestion. Il y en a trois donnant lieu<br />

à subsides : le plan 2 qui demande une gestion avec<br />

objectif nature de 25% de la surface, le plan 3 où l’objectif<br />

est 90 % et le plan 4 qui est le même que le plan<br />

3 mais où une servitude est prévue, les autres plans<br />

étant d’une durée de 24 ans. Le subside 2 est de 50%,<br />

le 3 est de 80% et le 4 de 90% du coût ;<br />

5. une subsidiation pour achat de terrains.<br />

Jusque récemment seules les associations reconnues<br />

(souvent les mêmes que celles décrites plus haut) recevaient<br />

un subside pour acheter des terrains. Celuici<br />

s’élevait à une part proche de 80% de l’achat, sans<br />

compter les subsides des pouvoirs locaux. Ce système<br />

était pervers et ne correspond vraisemblablement pas<br />

aux règles européennes de concurrence. Une plainte<br />

a été déposée auprès de la Commission à l’instar de<br />

celle déposée aux Pays-Bas contre cette pratique, sans<br />

que cette question soit actuellement tranchée.<br />

Toutefois cette plainte a généré une révision de la règle<br />

et actuellement tout gestionnaire, même un privé, voulant<br />

acheter une parcelle pour la mettre en gestion type<br />

4, peut faire appel au système. Ceci est bien, mais il<br />

reste évident que ce seront les associations actuelles<br />

qui continueront à en recevoir la grosse part. La condition<br />

d’entrée est toutefois qu’il faut déjà avoir un plan<br />

4 à proximité pour en jouir (disposition que nous<br />

contestons vu l’exclusivité du passé).<br />

Les terrains achetés devront répondre à des critères<br />

assez stricts et s’inscrire dans des programmes de la<br />

Région. Avant les acheteurs/associations nature faisaient<br />

un peu ce qu’ils voulaient et, après avoir obtenu<br />

leur statut de réserve naturelle (égal au plan 4 dans<br />

l’ancien système), imposaient des droits de préférence<br />

pour la Région chez les voisins, afin d’augmenter leur<br />

superficie gérée puisqu’ils en recevaient ensuite la gestion.<br />

Cette disposition relative au droit de préférence a<br />

disparu pour les nouvelles acquisitions.<br />

Toutes ces dispositions financières feront l’objet d’un arrêté<br />

après avoir été largement discutées avec les acteurs ;<br />

nous étions conviés à cette table. Nous ne sommes pas<br />

d’accord avec certains points, mais les autres acteurs, associations<br />

et agriculteurs, ont aussi des points de désaccord.<br />

Un arbitrage politique est prévu mais le résultat ne<br />

sera pas éloigné des dispositions décrites ci-avant.<br />

Au delà, des dispositions fiscales sont à l’étude. Les dernières<br />

propositions qui doivent encore être examinées<br />

par les administrations compétentes prévoient la :<br />

1. suppression des droits de succession et de donation et<br />

de précompte en cas de plan de gestion 4 ;<br />

2. suppression des droits de succession et de donation en<br />

cas de plan 3 ;<br />

3. suppression des droits de succession en cas de plan 2<br />

(variantes possibles).<br />

A noter que depuis le 1er juillet <strong>2015</strong> les droits de donation<br />

immobilière ont été réduits d’environ 40% en ligne<br />

directe et indirecte et de 50% sous certaines conditions.<br />

Ceci est valable si le donateur est domicilié en Flandre.<br />

Par contre, il est envisagé de supprimer l’exemption<br />

actuelle des droits de succession dans le VEN (Vlaams<br />

Ecologisch Netwerk) s’il n’y a pas de plan de gestion. On<br />

envisagerait, en contrepartie, de supprimer le droit de<br />

préférence flamand dans le VEN !<br />

Les conséquences budgétaires de tout ceci sont en évaluation<br />

et les restrictions budgétaires successives ne<br />

facilitent pas la chose. Il faut aussi tenir compte des exigences<br />

agricoles pour compenser les restructurations de<br />

certaines exploitations dans le cadre des nitrates et du<br />

PAS pour lequel il y a âpre discussion pour en déterminer<br />

l’imputation.<br />

Nous sommes préoccupés car les budgets pour les achats<br />

ne sont, eux, pas en restriction alors que les budgets<br />

pour les Bosgroepen, qui sont des outils essentiels pour<br />

la réalisation du programme Natura 2000, sont remis en<br />

question.<br />

Toute cette matière fait l’objet de prises de positions publiques<br />

diverses et de débats parlementaires vifs ou les<br />

gestionnaires privés n’ont qu’une très faible voix.<br />

À noter qu’aux Pays-Bas toute mesure Natura 2000/PAS<br />

est subsidiée à 100% et que le programme est essentiellement<br />

réalisé sur des terrains publics ou sur ceux des<br />

associations écologiques, alors qu’en Flandre ce n’est<br />

qu’environ la moitié. De plus, le coût n’est ici financé que<br />

partiellement et il faut s’attendre aussi à des contraintes<br />

si le volontariat s’avère insuffisant !<br />

septembre-octobre <strong>2015</strong> <strong>Silva</strong> Belgica 7


Assurance<br />

collective en<br />

responsabilité<br />

civile<br />

Prime<br />

de<br />

€ 1,20/ha<br />

© Éric Guisgand<br />

Un collectif… une faible prime annuelle<br />

L’assurance collective en responsabilité civile « forêts » souscrite par la Société Royale Forestière<br />

de Belgique, est exclusivement réservée à ses membres ainsi qu’aux membres de NTF<br />

et de Landelijk Vlaanderen.<br />

La prime, de 1,20 €/ha, est bien plus avantageuse que sur des contrats individuels.<br />

Sont couverts les dommages, tant corporels que matériels et immatériels, causés aux tiers.<br />

L’assurance collective R.C.« forêts » comprend également un volet «protection juridique».<br />

Infos pratiques<br />

Gil Vandenbosch<br />

Société Royale Forestière de Belgique<br />

Galerie du Centre/Bte 289<br />

1000 Bruxelles<br />

Tél. 02 223 07 66 - fax. 02 223 01 45<br />

info@srfb-kbbm.be


Ma terre, mes boiss<br />

Vous l’avez reçu dans votre boîte le 15 juillet, en même temps<br />

que votre <strong>Silva</strong> Belgica … Quoi donc ? Mais Ma terre, mes<br />

bois, pardi, la lettre d’information trimestrielle de NTF !<br />

Le premier numéro est sorti du bois cet été pour aboutir<br />

dans les boîtes aux lettres des membres de NTF.<br />

Vous ne l’avez pas reçu ? Alors, il est urgent d’agir …<br />

la Poste n’est pas infaillible … ou peut-être n’êtes-vous<br />

tout simplement pas membre de NTF alors que vous<br />

pensiez l’être ?<br />

La solution est simple : prenez contact avec Sylvie Eyben,<br />

responsable communication chez NTF (081 26 35 83)<br />

qui vérifiera votre statut d’affilié(e) et vous fera parvenir,<br />

avec plaisir, un exemplaire de ce n°1 de Ma terre,<br />

mes bois. La publication est par ailleurs téléchargeable<br />

sur le site de NTF à l’adresse : www.ntf.be/actualites/<br />

ma-terre-mes-bois-votre-nouvelle-lettre-d-information<br />

(accès réservé aux membres propriétaires déclarant leurs<br />

hectares).<br />

Rappelons que Ma terre, mes bois vise à offrir des informations<br />

de fond sur les dossiers qui vous concernent<br />

spécifiquement, vous, propriétaires et gestionnaires de<br />

bois et de terres agricoles en Wallonie, en lien avec le<br />

cadre juridique et réglementaire qui s’y applique.<br />

Quand paraîtra le prochain numéro ? Le 15 octobre <strong>2015</strong>.<br />

Il vous faudra donc attendre un peu avant de pouvoir en<br />

découvrir le contenu, mais pour ne pas mettre votre patience<br />

trop à l’épreuve, voici quelques sujets qui y seront<br />

abordés.<br />

A la suite de l’édito de Ma terre, mes bois, vous découvrirez<br />

par exemple :<br />

• Actualité : le CoDT, Code wallon du Développement<br />

Territorial : quelles nouveautés pour le propriétaire<br />

foncier et l’exploitant agricole ? Le CoDT est appelé<br />

à remplacer l’actuel CWATUPE. Qu’annoncent le décret<br />

et son arrêté d’application adopté le 2 juillet dernier<br />

en première lecture par le Gouvernement wallon ?<br />

• Juridique & fiscal : agroforesterie : quelles avancées<br />

du cadre juridique et réglementaire ?<br />

• Agenda : une soirée de conférences sur le thème des<br />

« sentiers » vous attend cet automne. Vous trouverez<br />

toutes les informations utiles dans votre prochaine<br />

lettre d’information, et aussi, pour ceux dont nous<br />

avons l’adresse mail, dans un prochain Flash Info ;<br />

• Coup de pouce : dévoilera trucs et astuces pour une<br />

meilleure gestion de vos biens agricoles et forestiers ;<br />

• Ailleurs : la mise en œuvre de Natura 2000 en forêt à<br />

travers les régions apportera un éclairage sur les modalités<br />

d’application de cette législation européenne<br />

en région flamande, et aux Pays-Bas, faisant suite à<br />

l’analyse de la situation en Wallonie, dans le Nord de<br />

la France et au Grand-Duché de Luxembourg, parue<br />

dans le premier numéro ;<br />

• Coup de gueule : donnera la parole à un ou plusieurs<br />

membres, confrontés aux dégâts occasionnés par les<br />

infatigables travailleurs que sont les castors. Face à cette<br />

espèce protégée par la Convention de Berne - et réintroduite<br />

illégalement dans nos régions à la fin des années<br />

’90 - un nombre sans cesse croissant de propriétaires et<br />

gestionnaires de bois vivent des situations exaspérantes.<br />

Car le castor se multiplie et colonise rapidement l’environnement<br />

offrant de l’eau en abondance ;<br />

• Services aux membres : la « boîte à outils » du site<br />

www.ntf.be s’enrichira très prochainement d’un nouveau<br />

contrat-type pour la location de terres pour la<br />

culture de sapins de Noël. Et n’oublions pas le lancement<br />

depuis cet été du service de consultations juridiques<br />

de NTF !<br />

• Petites annonces et annonces publicitaires : mettez<br />

votre activité professionnelle sous la loupe de nos<br />

membres - majoritairement propriétaires de forêts et<br />

terres agricoles comme vous - promouvez-la dans les<br />

pages de Ma terre, mes bois ! Une situation Win-Win<br />

pour tous : vous, NTF et les membres de NTF !<br />

Prenez contact avec Sylvie Eyben<br />

sylvie.eyben@ntf.be ou 081 26 35 83<br />

Si vous êtes membre de NTF, vous recevrez le numéro 2<br />

de Ma terre, mes bois dans votre boîte à la mi-octobre. Si<br />

non, rejoignez-nous !<br />

Nous vous souhaitons une agréable découverte de ce<br />

second numéro de Ma terre, mes bois !<br />

www.ntf.be<br />

8 <strong>Silva</strong> Belgica septembre-octobre <strong>2015</strong>


BONNES PRATIQUES SYLVICOLES<br />

La débroussailleuse - ergonomie<br />

par Pascal Balleux, Dr, Ir E&F, CDAF asbl<br />

schémas de Jean-Yves Lambert, CDAF asbl<br />

Photographies : © CDAF asbl sauf mention contraire<br />

Dans toutes les situations de travail, gestes et postures seront dictés par un seul<br />

mot d’ordre : maintenir la colonne vertébrale la plus droite possible, lui éviter les<br />

mouvements de trop grande ampleur, les charges trop élevées et les rotations.<br />

Fiche réalisée dans le cadre du projet LEADER GAL "Démonstration de bonnes pratiques forestières dans la Botte du Hainaut"<br />

Fonds Européen Agricole<br />

pour le Développement Rural :<br />

l’Europe investit dans les zones rurales<br />

www.cdaf.be<br />

1. Harnais de sécurité<br />

Un ajustement adéquat du harnais permet d’éviter des douleurs et des blessures par friction aux épaules.<br />

Situations<br />

Sangles des protège-épaules et sangle pectorale mal ajustées<br />

Protège-épaules endommagés<br />

Plaque fémorale en mauvais état<br />

Crochet de fixation en mauvaise position<br />

Linguet de sécurité du crochet de fixation endommagé ou manquant<br />

Risques<br />

Douleurs musculaires, tensions exagérées dans les muscles et les<br />

articulations<br />

Respiration difficile causée par la plaque pectorale trop basse qui<br />

comprime l’estomac<br />

Douleurs et blessures par friction aux épaules<br />

Blessures par friction à la hanche<br />

Déséquilibre, friction inutile<br />

Décrochage de la débroussailleuse et contact avec la lame<br />

Boucles<br />

d’ajustement<br />

des sangles<br />

Plaque<br />

pectorale<br />

Crochet de fixation<br />

avec linguet de<br />

sécurité<br />

Protège-épaules<br />

Système de<br />

dégagement<br />

automatique<br />

Plaque<br />

fémorale<br />

Sangle<br />

pectorale<br />

Conseils<br />

• régler les sangles pour qu’elles soient bien appuyées sur le corps<br />

• ajuster la sangle pectorale de manière à bien équilibrer la charge dans la<br />

partie supérieure du corps<br />

• ajuster la plaque pectorale : doit s’appuyer sur la partie centrale de la cage<br />

thoracique et être légèrement inclinée vers la droite<br />

• remplacer les protège-épaules au besoin<br />

• s’assurer du bon état de la plaque et<br />

la faire changer au besoin<br />

• placer la plaque fémorale de façon à<br />

ce que le crochet de fixation soit environ<br />

à 10 cm plus bas que l’os de la<br />

hanche (voir photo)<br />

• remplacer le crochet de fixation dès<br />

qu’on décèle un problème<br />

© Stihl<br />

10 <strong>Silva</strong> Belgica septembre-octobre <strong>2015</strong>


BONNES PRATIQUES SYLVICOLES<br />

2. Équilibrage<br />

La débroussailleuse doit être équilibrée de façon à ce que la lame ne touche pas le sol, ne monte<br />

pas trop haut et ne penche ni à gauche, ni à droite.<br />

Situations<br />

Plaque fémorale mal positionnée<br />

Poignées mal ajustées<br />

Risques<br />

Efforts excessifs, maux de dos provoqués par la tension excessive<br />

nécessaire pour garder la lame en position correcte, tensions<br />

musculaires provoquées par une perte de contrôle ou d’équilibre<br />

Tensions excessives dans le dos, les bras et les épaules<br />

Conseils<br />

• ajuster la plaque fémorale de façon à ce que la lame se place<br />

d’elle-même à l’horizontale entre 10 et 15 cm du sol<br />

• ajuster les poignées pour que les avant-bras forment un angle<br />

d’environ 120° avec le corps<br />

• ajuster la plaque fémorale vers l’avant ou vers l’arrière de<br />

façon à maintenir la débroussailleuse bien en face de soi<br />

• s’assurer que la débroussailleuse est à la bonne hauteur<br />

compte tenu du type de travail effectué<br />

3. Déplacement<br />

Le déplacement des pieds doit toujours suivre les épaules et les hanches pour diminuer le risque<br />

d’entorse lombaire.<br />

Il est important de travailler en tirant le meilleur parti possible des éléments naturels, c’est-à-dire<br />

en évitant de lutter contre ces derniers (vent, pente, inclinaison des tiges...).<br />

Orientation des pieds<br />

Il est également recommandé que les<br />

pieds soient orientés en direction de l’effort<br />

à effectuer.<br />

Déplacement des pieds<br />

Les pieds doivent toujours suivre les<br />

épaules et les hanches. Le risque d’entorse<br />

lombaire est ainsi diminué.<br />

Position du corps<br />

Le poids du corps doit se situer au centre<br />

de la base de support. Les bras doivent<br />

être proches du corps (10 à 30°) et le dos<br />

droit.<br />

septembre-octobre <strong>2015</strong> <strong>Silva</strong> Belgica 11


BONNES PRATIQUES SYLVICOLES<br />

La débroussailleuse - utilisation<br />

par Pascal Balleux, Dr, Ir E&F, CDAF asbl<br />

schémas de Jean-Yves Lambert, CDAF asbl<br />

Photographies : © CDAF asbl sauf mention contraire<br />

Une débroussailleuse est un outil de travail mécanique porté, permettant de dégager,<br />

de couper, d’entretenir un terrain accidenté et inaccessible par toute autre machine.<br />

Cette machine coupe par mouvements rotatifs à l’aide d’outils interchangeables, en<br />

fonction des travaux à effectuer.<br />

Fiche réalisée dans le cadre du projet LEADER GAL "Démonstration de bonnes pratiques forestières dans la Botte du Hainaut"<br />

Fonds Européen Agricole<br />

pour le Développement Rural :<br />

l’Europe investit dans les zones rurales<br />

www.cdaf.be<br />

1. Éléments de la débroussailleuse<br />

La débroussailleuse possède plusieurs dispositifs qui empêchent de se blesser. On doit s’assurer<br />

de la présence et du fonctionnement de chacun d’eux.<br />

Silencieux, pare-étincelles<br />

et carter de protection<br />

Interrupteur de sécurité<br />

marche / arrêt<br />

Manette des<br />

gaz avec retour<br />

automatique<br />

Verrou de<br />

sécurité<br />

Fixation<br />

ajustable du<br />

harnais<br />

Molette d’ajustage<br />

du guidon<br />

Anti-vibrations<br />

Protecteur adapté à<br />

l’élément de coupe<br />

© Stihl<br />

12 <strong>Silva</strong> Belgica septembre-octobre <strong>2015</strong>


BONNES PRATIQUES SYLVICOLES<br />

2. Sécurité<br />

Situations Risques Consignes<br />

Protecteur de lame enlevé, modifié ou endommagé<br />

Système antivibrations inefficace<br />

Pare-étincelles défectueux<br />

Silencieux défectueux<br />

Retour automatique de l’accélérateur et<br />

verrou de sécurité inopérants<br />

Protège-lame absent lors du transport dans<br />

un véhicule<br />

Projection de débris de bois, de métal de la<br />

lame ou de pierres<br />

Syndrome de Raynaud (mains blanches)<br />

Brûlures, incendies<br />

Brûlures par projection de débris enflammés,<br />

problèmes d’ouïe imputables au niveau<br />

sonore trop élevé<br />

Blessure causée par la perte de contrôle de<br />

la débroussailleuse<br />

Blessures par contact avec la lame<br />

3. Éléments de coupe<br />

Ne jamais enlever le protecteur de lame<br />

pendant le travail et ne jamais le modifier<br />

Changer ou remplacer les bagues de caoutchouc<br />

Remplacer si nécessaire et nettoyer au<br />

besoin<br />

Remplacer le silencieux dès qu’il perd de<br />

son efficacité<br />

Réparer ou remplacer les pièces défectueuses<br />

Utiliser le protège-lame ou enlever la lame<br />

lorsqu’on transporte la débroussailleuse<br />

dans un véhicule<br />

Végétation<br />

peu dense<br />

Végétation dense<br />

Tête à 3 couteaux<br />

mobiles en polyamide<br />

Grandes surfaces herbeuses<br />

Acier 2 dents, réversible<br />

Grandes surfaces herbeuses<br />

Acier 4 dents, réversible<br />

Grandes surfaces d’herbe<br />

ligneuse<br />

Ronces, roseaux et broussailles<br />

Acier 8 dents, réversible<br />

Herbe ligneuse sèche et<br />

roseaux<br />

Herbe et bordures<br />

Acier 3 dents, réversible<br />

Broussailles denses, épineux<br />

Acier 2 dents coudées<br />

Broyage des broussailles<br />

denses, épineux<br />

Acier dents aiguës<br />

Broussailles noueuses<br />

et arbustes<br />

Tête faucheuse à fils de nylon<br />

Nettoyage et fauchage d’herbe<br />

Taillis et arbustes<br />

© Stihl<br />

Acier dents douces<br />

Broussailles noueuses,<br />

arbustes, tronçonnage,<br />

défrichage<br />

Acier dents aiguës<br />

Broussailles noueuses<br />

et arbustes<br />

Carbure, très robuste<br />

Coupe sur sols très secs et<br />

sableux ou au raz du sol<br />

septembre-octobre <strong>2015</strong> <strong>Silva</strong> Belgica 13


BONNES PRATIQUES SYLVICOLES<br />

4. Remplissage du réservoir<br />

Situations Risques Consignes<br />

Produits transportés dans<br />

des bidons inadéquats<br />

Explosions, incendies, brûlures Choisir un bidon adapté et homologué<br />

Remplissage du réservoir<br />

avec précautions<br />

Transport et entreposage<br />

effectués de manière inappropriée<br />

Essence utilisée comme<br />

nettoyant<br />

Explosions, incendies, brûlures,<br />

projections dans les yeux ou sur la<br />

peau<br />

Explosions, incendies, brûlures,<br />

intoxication, asphyxie<br />

Intoxication à plus ou moins long<br />

terme en cas de contact de la peau<br />

avec les produits pétroliers<br />

• Arrêter le moteur pour remplir le réservoir<br />

• Verser l’essence à l’aide d’un bec verseur pour éviter tout<br />

contact avec le silencieux ou avec d’autres pièces chaudes<br />

• Faire démarrer la débroussailleuse à au moins 3 m de<br />

l’endroit où le plein a été fait<br />

• Ne pas transporter d’essence dans l’habitacle d’un véhicule<br />

• Ne pas entreposer les débroussailleuses ni le carburant dans<br />

des locaux destinés au personnel<br />

• Ne jamais transporter de bidon d’essence sur soi lors du travail<br />

Se nettoyer les mains avec des produits conçus pour le dégraissage<br />

Le moteur de votre débroussailleuse à essence est actionné par<br />

un mélange d’essence et d’huile. La qualité de ces carburants est<br />

importante pour le fonctionnement et la durée de vie du moteur.<br />

Des matières inadaptées ou autres dosages que ceux prescrits<br />

peuvent occasionner des dégâts sérieux au moteur (usure plus<br />

rapide, blocage des pistons...)<br />

Pour mélanger, remplissez d’abord le bidon à essence avec de<br />

l’huile et ensuite avec de l’essence. Avant de verser le mélange<br />

dans le réservoir, mélangez le tout en secouant le bidon (ensuite<br />

ouvrez délicatement le bidon, pour éviter la pression).<br />

Déposez la débroussailleuse sur une<br />

surface aussi propre et plate que possible,<br />

ouverture du réservoir tournée vers le haut.<br />

Nettoyez l’ouverture du réservoir et les<br />

contours de l’ouverture avec un torchon<br />

propre.<br />

Tournez le bouchon dans le sens contraire<br />

des aiguilles d’une montre jusqu’à ce qu’il<br />

soit libre. Retirez le bouchon.<br />

Remplissez le réservoir avec le mélange carburant, sans renverser,<br />

lentement et avec précaution. Un réservoir transparent de la<br />

machine permet de vérifier s’il est rempli.<br />

Replacez le bouchon du réservoir. Tournez celui-ci jusqu’à ce qu’il<br />

se fixe, et faites attention, si le carburant coule, ne démarrez pas<br />

le moteur.<br />

14 <strong>Silva</strong> Belgica septembre-octobre <strong>2015</strong>


BONNES PRATIQUES SYLVICOLES<br />

5. Mise en route<br />

Situations Risques Consignes<br />

Débroussailleuse attachée à l’harnais<br />

Local mal aéré<br />

Proximité d’une autre personne<br />

Chute, maux de dos, bursite, tendinite<br />

Suffocation, intoxication par le monoxyde<br />

de carbone<br />

Blessure infligée à une autre travailleur<br />

avec la lame ou par projection d’éclats<br />

Faire démarrer la débroussailleuse au sol<br />

en la retenant fermement de manière à ce<br />

que la lame tourne librement<br />

Faire fonctionner la débroussailleuse à<br />

l’extérieur ou dans un endroit très bien<br />

aéré<br />

S’assurer que personne ne se trouve dans<br />

un rayon de 15 m autour de la débroussailleuse<br />

Lorsque la lame tourne au ralenti<br />

Perte de contrôle, blessures<br />

Effectuer les réglages correctement pour<br />

que la lame s’arrête complètement<br />

Déposez la débroussailleuse de manière<br />

stable sur le sol.<br />

Évitez tout contact avec l’outil de coupe.<br />

Pressez l’accélérateur et le verrou de<br />

sécurité.<br />

Mettez l’interrupteur sur start pour les<br />

verrouiller.<br />

Enfoncez 3 à 4 fois la pompe d’amorçage<br />

de carburant.<br />

Commutez le starter, vous le couperez une<br />

fois la machine démarrée.<br />

Tirez la poignée du lanceur tout en plaquant<br />

la machine au sol.<br />

Moteur en marche, pressez brièvement<br />

sur la poignée des gaz.<br />

Soulevez votre machine, sans toucher<br />

l’accélérateur de telle sorte que l’outil de<br />

coupe reste immobile.<br />

Accrochez la machine d’une main, l’autre<br />

main la stabilisant.<br />

Gardez un oeil sur l’outil de coupe.<br />

La débroussailleuse est prête à l’emploi.<br />

septembre-octobre <strong>2015</strong> <strong>Silva</strong> Belgica 15


Offrez (vous)<br />

Le matériel<br />

du forestier<br />

La qualité d’un outillage professionnel<br />

La Société Royale Forestière de Belgique asbl, en partenariat avec Contact Forestier, vous propose<br />

trois kits de matériel et outils forestiers. Ils ont été sélectionnés avec soin pour leur qualité<br />

et leurs usages courants.<br />

Découvrez les détails de ces kits sur www.srfb.be - rubrique services : matériel du forestier - et<br />

passez y votre commande.<br />

Un tarif très attractif est appliqué pour les membres de la SRFB.


LIBRE PROPOS<br />

Le bois de douglas<br />

par Jacques Poncelet, expert forestier<br />

Les douglasaies couvrent aujourd’hui 10% de la surface forestière résineuse de<br />

Wallonie. Il s’agit de la deuxième essence résineuse, loin derrière l’épicéa. Au vu de<br />

son potentiel de croissance et de la qualité de son bois, le douglas devrait prendre<br />

davantage d’importance dans le paysage wallon dans les années futures. La surface<br />

occupée par le douglas en France est d’environ 400.000 ha contre 20.000 ha en<br />

Wallonie. Proportionnellement, la France étant 40 x plus grande que la Wallonie, les<br />

20.000 ha wallons de douglas correspondraient à 800.000 ha français, soit le double.<br />

L’appellation commerciale du douglas de Colombie britannique et des États d’Oregon<br />

et de Washington est « le pin d’Oregon » ; celle d’Europe est le « sapin de douglas ».<br />

Comparaison avec le chêne<br />

Je le compare souvent aux chênes car :<br />

• le douglas présente 10 à 15 % d’écorce liégeuse<br />

après le stade de bas-perchis variable en fonction<br />

de la provenance des douglas, l’exposition,<br />

la croissance, l’âge, …<br />

• le pourcentage d’écorce diminue par mètre courant<br />

en hauteur pour atteindre 5% en moins au<br />

niveau de la circonférence milieu ;<br />

• le bois à aubier différencié représente en moyenne<br />

16 années de croissance. Certains scieurs n’ont<br />

pas peur de conserver cet aubier dans certains<br />

lots de sciages comme ils le font pour le chêne<br />

de qualité C et D (frises « aubieuses » à parquet,<br />

lambris traité, palettes, emballages, etc.) ;<br />

• tout comme le chêne, si le douglas n’est pas usiné<br />

avant l’été qui suit l’abattage, l’aubier bleuit 1 ;<br />

• la proportion de bois juvénile 2 éliminée lors de<br />

sciage de premier et second choix est semblable<br />

pour les deux essences à dimension égale sous<br />

écorce. Plus l’âge est avancé et le diamètre élevé,<br />

plus la proportion de bois juvénile est moindre ;<br />

• les gros douglas doivent être sciés comme le<br />

chêne de gros calibre. J’estime que la valorisation<br />

de la qualité AB et B d’ébénisterie et de menuiserie<br />

peut se valoriser par le débit en plot de<br />

3/4, 4/4 et 6/4 de pouce sur 3 à 5 m de longueur,<br />

avec une élimination du cœur et de l’aubier ;<br />

1 C’est aussi le cas du pin sylvestre.<br />

2 Le bois juvénile se situe autour de la moelle, autrement dit<br />

au centre de l’arbre. Cette partie présente des qualités technologiques<br />

moindres que le reste du duramen.<br />

• lors du débit en avivés pour le parquet, lambris<br />

et meubles, le douglas s’apparente au chêne tant<br />

pour le triage que pour le séchage artificiel : 30<br />

jours pour sécher un 4/4 en chêne et 15 jours<br />

en douglas 3 . Un triage doit éliminer les pièces<br />

déformées tant en chêne qu’en douglas ;<br />

• les débouchés du chêne se retrouvent chez ce<br />

bois durable qu’est le douglas : les qualités AB, B<br />

et BC peuvent trouver une valorisation en sciage<br />

destiné au bois de structure, grosses charpentes,<br />

madriers, voliges, frises à parquets, lambris, bardages,<br />

stores, volets roulants, platelage avec douglas<br />

en 4/4 sur quartier et aboutés 4 , avivés pour<br />

l’ébénisterie et les meubles spéciaux.<br />

Un bois à part<br />

Rappelons qu’un cerne d’accroissement représente<br />

une année de croissance de l’arbre. Chaque cerne<br />

présente une partie de bois initial, c’est-à-dire le<br />

bois produit au printemps, et une partie de bois<br />

final, qui est le bois produit en été.<br />

3 Séchage artificiel par air chaud pulsé ; le duramen du chêne<br />

doit tout d’abord subir un ressuyage à l’air libre puis un séchage<br />

lent pour ne pas assombrir la fibre, ne pas avoir des traînées de<br />

tannin et des fentes internes. Le duramen du douglas d’une dureté<br />

moins forte supporte des températures plus élevées en début de<br />

séchage (70 à 90°C) et sèche donc plus rapidement.<br />

4 L’aboutage est l’assemblage de courtes pièces de bois dans le<br />

sens de leur longueur. Il réduit la nervosité du bois.<br />

18 <strong>Silva</strong> Belgica septembre-octobre <strong>2015</strong>


LIBRE PROPOS<br />

Chez les résineux, la largeur de bois final est relativement<br />

constante 1 . Plus la proportion de bois<br />

initial sera élevée, plus le bois sera tendre. Autrement<br />

dit, un bois résineux à larges cernes, et donc<br />

à croissance rapide, sera plus tendre qu’un bois à<br />

croissance lente, avec les conséquences technologiques<br />

qui en découlent.<br />

Quant au douglas, il présente l’avantage, vis-à-vis<br />

de l’épicéa et des sapins, de produire un bois final<br />

nettement plus dense, plus coloré que la zone initiale.<br />

De plus, la zone de transition entre le bois<br />

de printemps et d’été est plus dense également. En<br />

conséquence, même lorsque les accroissements<br />

sont larges, la texture 2 est meilleure en comparaison<br />

aux autres résineux.<br />

1 Chez les feuillus, c’est l’inverse : c’est la largeur de bois initial<br />

qui est relativement constante. Un bois feuillu à larges cernes et<br />

donc à croissance rapide sera plus dur puisque la proportion de<br />

bois final sera plus élevée.<br />

2 Rapport exprimé en % entre la largeur de bois final et la<br />

largeur de cerne.<br />

Suivant le CTBA et l’INRA, à largeurs de cernes<br />

égales, le module d’élasticité est toujours supérieur<br />

à celui des autres résineux. Sa masse volumique varie<br />

entre 450 et 600 kg/m³. C’est une essence stable<br />

qui se déforme moins que les autres résineux.<br />

Le duramen du douglas possède une très bonne<br />

résistance mécanique pour les bois à texture forte.<br />

Cette texture forte peut s’identifier au nombre de<br />

cernes par pouce. Une texture forte présente un<br />

minimum de 6 cernes par pouce 3 , soit un maximum<br />

de +/- 4 mm de largeur de cerne (4 mm x 6<br />

= +/- 25,4 mm (1 pouce)).<br />

À titre de comparaison, le pin sylvestre importé du<br />

Nord prend l’appellation « sapin rouge du Nord »<br />

lorsqu’il contient 12 cernes et plus par pouce, ce<br />

qui montre bien la nécessité d’une croissance beaucoup<br />

plus lente pour obtenir un bois de qualité.<br />

3 Une croissance de 5 cernes par pouce minimum peut être<br />

acceptée.<br />

Beau peuplement<br />

de douglas. Le gestionnaire<br />

a effectué<br />

un gyrobroyage en<br />

vue de préparer<br />

la régénération<br />

naturelle.<br />

septembre-octobre <strong>2015</strong> <strong>Silva</strong> Belgica 19


LIBRE PROPOS<br />

Classement du bois en scierie<br />

1 Bille de pied de<br />

douglas, qualité A :<br />

cœur centré, cernes<br />

réguliers, aubier et<br />

écorces minces.<br />

© Jacques<br />

Poncelet<br />

2 Bille de pied<br />

de douglas de la<br />

Cedrogne acheté<br />

dans un lot de 400<br />

m³ à 190€/m³ par<br />

un fabricant hollandais<br />

de mats de<br />

bateau (printemps<br />

2.015).<br />

L’irrégularité des<br />

cernes provient de<br />

chablis d’épicéas<br />

dans l’étage<br />

dominant et codominant<br />

quelques<br />

années avant<br />

l’exploitation.<br />

© Jacques<br />

Poncelet<br />

Le classement du bois de douglas s’effectue selon<br />

son aspect visuel et la régularité des cernes. Des<br />

cernes irréguliers génèrent une variation de la dureté<br />

du duramen. Les meilleurs bois seront donc<br />

obtenus en croissance régulière par des prélèvements<br />

prudents lors des diverses éclaircies afin<br />

d’obtenir un bois plus homogène et moins nerveux.<br />

Les trois classes visuelles ST1, ST2 et ST3 utilisant<br />

les critères de largeurs de cernes, diamètre<br />

des nœuds, fentes, déformations,... correspondent<br />

aux classes de résistance mécanique C30 1 , C24 et<br />

C18. Ces dernières font référence à la contrainte<br />

de rupture en flexion.<br />

La classe C30 est destinée au lamellé-collé, la C24<br />

à la charpente industrielle et fermette et la C18 à<br />

la charpente traditionnelle.<br />

Valeur du bois du douglas<br />

Cette essence à croissance rapide possède un<br />

accroissement annuel moyen variant de 12 à 20<br />

1 C30 signifie que la pièce résiste à une pression de 30 Mpa<br />

(méga pascal) en flexion.<br />

m³/ha/an, ce jusqu’à 80 ans indépendamment de<br />

la station.<br />

Des plants d’origines recommandables installés<br />

en densité suffisante, un choix adéquat de la station<br />

(sol frais et filtrant, etc.) et un mode de traitement<br />

approprié permettent la production de<br />

bons bois industriels, de sciage et de déroulage ou<br />

encore destinés à certaines spécialités.<br />

Les derniers cours des douglas sur pied avec des<br />

bois propres et issus de peuplements denses donnant<br />

une bonne texture affichent les chiffres suivants<br />

:<br />

• 51/90 cm 40 €/m³ (35 à 55 ans)<br />

• 91/120 cm 55 €/m³<br />

• 121/150 cm 65 €/m³ (60 à 80 ans)<br />

• 151/180 cm 75 €/m³<br />

• 181/200 cm 80 €/m³<br />

• 201/250 cm 85 €/m³<br />

Sur pied, les arbres de qualité supérieure présentent<br />

une bille de pied de 6,5 mètres ou plus, bien rectiligne,<br />

sans défauts. Le houppier est équilibré, synonyme<br />

de cœur centré.<br />

L’élagage naturel a été complété par l’élimination<br />

des branches sèches ou desséchantes tout en respectant<br />

le bourrelet d’insertion. Rappelons une<br />

1 2<br />

20 <strong>Silva</strong> Belgica septembre-octobre <strong>2015</strong>


LIBRE PROPOS<br />

nouvelle fois que la croissance doit être régulière<br />

donnant une régularité des cernes.<br />

Remarques :<br />

1. Si une branche vivante de grosseur peu importante<br />

est située sur la bille de pied, il faut supprimer<br />

l’appel de sève en élaguant en deux temps :<br />

couper la branche à 50 cm du fût et pratiquer<br />

l’ablation totale du chicot, au ras du tronc, hors<br />

sève en fin de 2 e année.<br />

2. Les lots de bois élagués avant l’âge de 25 ans en<br />

douglas devraient être enregistrés officiellement<br />

auprès des laboratoires forestiers des trois universités<br />

(UCl, ULg et UGand) pour que l’estimation<br />

sur pied soit objective.<br />

Certaines grumes, rectilignes, cœur centré de 250<br />

cm et plus, recoupées à 23 m et âgées de 90 à 110<br />

ans ont donné 120 € à 190€/m³ (ventes 2013 et <strong>2015</strong><br />

des douglas sélectionnés en Cedrogne, Vielsalm).<br />

La qualité déroulage (AB et B) se situe, suivant les<br />

grosseurs et les qualités, entre 120 et 190 €/m³. La<br />

qualité tranchage (A) à croissance bien régulière<br />

et aubier mince peut se valoriser sur la base de 350<br />

à 400€/m³ sur écorce à épaisseur normale et en<br />

longueur de 3, 20 m à 3, 50 m.<br />

Les cours actuels des bois sciés en douglas sont de :<br />

• plot en qualité A : 350 €/m³ ;<br />

• plot de qualité AB : 305 €/m³ ;<br />

• avivés choix 1 de 3 à 5 m (42 ou 52 x 150 à 230)<br />

: 256 €/m³ (Bois national du 7 mars <strong>2015</strong>) ;<br />

• madriers/bastaings de 3 à 5 m (63 ou 75 X 250 à<br />

300) : 243 €/m³.<br />

Et enfin, le cours du bois énergie offre :<br />

• écorces de résineux brutes : 25 €/tonne sur camion<br />

départ ;<br />

• sciure de résineux : 43,5 €/tonne départ ;<br />

• plaquettes forestières et de scieries, granulométrie<br />

moyenne, H% entre 30 et 40 : 59,2 et 45,8 €/<br />

tonne départ.<br />

Débouchés d’aujourd’hui et<br />

de demain<br />

Voici mes commentaires et perspectives concernant<br />

l’utilisation du bois de douglas.<br />

Le marché du lamellé-collé-abouté pour le bois de<br />

structure ne requiert pas la qualité A, mais bien<br />

la B, BC dans les 70 cm et plus de circonférence<br />

à hauteur d’homme jusqu’aux gros diamètres. La<br />

qualité déroulage, destinée aux placages en 2 ou 3<br />

mm, sera réservée à la fabrication des panneaux<br />

bois lamifié ou LVL 1 ou aux parquets sur multiplis.<br />

Le bois de qualité placage 1 er choix est davantage<br />

destiné à un marché de luxe à l’international.<br />

Actuellement, le lamellé-collé est le principal débouché<br />

du douglas pour la qualité courante. À titre<br />

d’exemples, voici des réalisations de cette année :<br />

• Aquapolis de Limoges : 600 m³ de charpentes en<br />

lamellé-collé avec des portées variant de 30 à 52 m ;<br />

• La Cité des civilisations du vin : la partie basse<br />

et arrondie du musée est composée de 574 arcs<br />

en lamellé-collé, une tour de plus de 50 m est<br />

composée de poteaux courbés en lamellé-collé.<br />

En tout 250 m³ de lamellé-collé douglas fabriqués<br />

aux ateliers Arbonis à Verosvres (Saône et<br />

Loire) ;<br />

• L’Hermione, la frégate de la liberté, a valorisé<br />

300 m³ de douglas de 1 er choix destinés aux<br />

bardages des ponts de gaillards et de batterie<br />

et plus de 1.000 m³ de chênes. Les mâts et vergues<br />

ont été réalisés en lamellé-collé aboutés en<br />

douglas. Les autres essences utilisées ont été le<br />

frêne, l’iroko et le teck. Le douglas utilisé était<br />

issu des forêts de Saône et Loire, essentiellement<br />

du Beaujolais et du Puy de Dôme, en gros diamètres<br />

et débité en plateau de 80 mm d’épaisseur<br />

via la scierie Garmier.<br />

L’utilisation du douglas pour les constructions en<br />

bois sera multiple : l’ossature bois, le bois massif<br />

empilé (empilement de rondins ou poutres profi-<br />

1 Lamibois ou LVL (Laminated Veneer Lumber) est composé de<br />

plusieurs couches de placage collé. Comparativement au contreplaqué,<br />

ce sont des pièces de bois dont les fibres sont toutes<br />

orientées dans le même sens mais certains fabricants usinent ce «<br />

lamibois » avec 20% de placages perpendiculaires pour accroitre<br />

sa stabilité physique. Le LVL est utilisé principalement en bois de<br />

charpente et structure.<br />

septembre-octobre <strong>2015</strong> <strong>Silva</strong> Belgica 21


LIBRE PROPOS<br />

lées), le poteau-poutre , le CLT( bois massif lamellé-croisé)<br />

et le CLT-C (Cross Laminated Timber<br />

composite ) pour les constructions en hauteur, le<br />

PBM (parpaing en bois), le BMC (bois massif de<br />

construction) avec le BMA et BLC : bois massifs<br />

aboutés et bois lamellé-collé, et le BMR (bois massifs<br />

reconstitués) contrecollés ou contre-cloués.<br />

On retrouvera aussi les panneaux contreplaqués<br />

avec une ou deux essences, avec ou sans croisement<br />

des placages.<br />

Le hêtre et le douglas prendront des parts de marché<br />

au bois de sciage d’épicéa.<br />

Le douglas valorisé en LVL est un matériau d’avenir :<br />

il se présente en plateaux larges dans une gamme<br />

d’épaisseur variant en fonction du nombre de plis<br />

assemblés avec une épaisseur unitaire de 3 mm et<br />

en grandes longueurs. Il est déjà fabriqué dans les<br />

pays scandinaves, la Tchéquie et l’ Allemagne. Il<br />

permet des délais plus courts de livraisons et de<br />

grandes quantités. Son potentiel d’utilisation est<br />

vaste : l’épaisseur peut varier de 40 à 75 mm, la largeur<br />

de 100 à 1.820 mm, la longueur atteindre 18<br />

m ou plus. On l’utilise pour les structures porteuses<br />

(parois de contreventement), les poutres-caissons<br />

ou panneaux nervurés, les éléments de construction<br />

sollicités comme les poutres et poteaux.<br />

Les caractéristiques mécaniques de ce produit sont<br />

toujours très élevées en matière de contraintes de<br />

travail axiales, c’est-à-dire de l’ordre du double<br />

d’un bois massif.<br />

Les panneaux en LVL utilisés en structure nécessitent<br />

un système d’attestation de conformité de<br />

niveau 2+, selon les exigences de la norme européenne<br />

harmonisée NF EN 13986. Tous les panneaux<br />

éléments structuraux en lamibois mis sur le<br />

marché doivent être marqués CE.<br />

Globalement, la demande croîtra au fur et à mesure<br />

de l’augmentation du pouvoir d’achat à l’étranger,<br />

mais il faudra aussi tenir compte de l’émergence<br />

des autres monnaies dans le marché international<br />

avec leur impact sur la valeur de l’euro. Notre<br />

monnaie, qui est certainement à son niveau le plus<br />

haut relativement aux autres monnaies de référence<br />

(Yuan, Real brésilien, …), pourrait diminuer<br />

de valeur dans les prochaines décennies !<br />

Le marché du bois peut être considéré comme<br />

le « phénomène IKEA ». Les meubles fabriqués à<br />

la chaîne, en Chine (qui importe 80 millions de<br />

m³/an) ou ailleurs, avec les chênes franco-belges<br />

valorisent les qualités moyennes de chênes, hêtre,<br />

frênes et résineux.<br />

Dès lors, la demande pour les produits de luxe utilisant<br />

les qualités A se réduit en peau de chagrin<br />

mais restera chez nous tant que nous produirons<br />

de la première qualité. Mais il faut cependant tenir<br />

compte de l’imagination des industriels italiens.<br />

Nous savions que les Italiens importaient des peupliers<br />

de la vallée de la Garonne pour les réintroduire<br />

en France sous forme de meubles en simili de<br />

noyer. Actuellement, on peut voir à l’expo de Milan<br />

un magnifique meuble composé de panneaux photo-imprimés<br />

sur papier, avec la structure du chêne<br />

sur quartier, faux-quartier et dosse, sans aucune<br />

répétition des motifs imprimés. Les panneaux sont<br />

surfacés par de la gomme légèrement brunâtre<br />

donnant la même impression que celle du chêne<br />

massif quant à la présentation et l’isolation thermique.<br />

Il devient difficile pour un professionnel<br />

d’identifier objectivement un tel matériau. Nous<br />

voyons de plus en plus en Belgique des sarcophages<br />

plaqués papier imitation chêne sur de l’aggloméré<br />

ou du MDF : rien que de la découpe et de l’assemblage<br />

avec des machines électroniques. Il ne reste<br />

plus pour les qualités A que quelques débouchés<br />

tels que des placages réservés à la décoration des<br />

palais arabes, les bateaux et avions privés de luxe.<br />

Une fabrique de placage en Europe, une aux USA<br />

et plus tard une en Chine sont suffisantes. Cela entraîne<br />

une réduction de la demande de tous les bois<br />

précieux feuillus, mais le chêne se maintiendra à un<br />

maximum de 1.000€/m³ avec une moyenne de 600<br />

à 800€/m³, prix talonnés par les acheteurs de merrains<br />

aux prix de 300 à 700€/m³ départ route dure.<br />

Pour le douglas de qualité, outre la qualité B pour<br />

le déroulage, la qualité A à grain fin, garantissant<br />

une couleur uniforme, sera recherchée.<br />

22 <strong>Silva</strong> Belgica septembre-octobre <strong>2015</strong>


LIBRE PROPOS<br />

Conclusions<br />

Nous subissons actuellement l’effet des importations<br />

vers les pays sud-asiatiques de nos grumes<br />

feuillues, des bas salaires des pays européens de<br />

l’Est et des nouveaux débouchés à base de multiplis,<br />

bois massifs contrecollés, aboutés et garnis de<br />

placages déroulés en 2,3 et 4 mm fabriqués à partir<br />

des gros diamètres notamment en hêtre, érable<br />

et en résineux.<br />

Nous avons vu que le douglas joue déjà un rôle<br />

important dans tout ce qui est lamellé. A l’avenir,<br />

il sera mis en œuvre dans de nouveaux produits<br />

supplantant le bois massif et présentant de nombreux<br />

avantages par rapport à ce dernier : assemblages<br />

stables, non nerveux, bonne stabilité, qualités<br />

mécaniques supérieures et prix compétitifs,<br />

sans oublier les délais de livraisons des quantités<br />

commandées.<br />

Dans ce contexte, nous avons intérêt à orienter nos<br />

investissements forestiers belges dans des plantations<br />

résineuses de bois durables, robustes (résistant<br />

à la sécheresse) et à l’abri du gibier, comme le<br />

douglas vert ainsi que les mélèzes du Japon, européens<br />

et hybrides en fonction de leurs exigences,<br />

le pin sylvestre de bonne origine, accessoirement<br />

et localement le pin de Murray et radiata, le thuya<br />

plicata (western red cedar) ainsi que l’if.<br />

Je tiens ici à saluer la mémoire<br />

d’Albert van Zuylen<br />

qui fut un grand forestier et<br />

humaniste.<br />

Je l’ai bien connu durant ses<br />

15 dernières années au cours<br />

desquelles il a consacré toute<br />

son énergie à mettre sur<br />

pied un groupement forestier<br />

essentiellement familial<br />

pour appliquer sa sylviculture<br />

sur l’ensemble de la surface<br />

forestière.<br />

Cette sylviculture, il l’a orientée<br />

en fonction des débouchés<br />

actuels les plus rémunérateurs<br />

à savoir la production<br />

de douglas à densité suffisamment<br />

forte et à croissance<br />

la plus régulière possible tout<br />

en respectant le maintien<br />

de feuillus et l’ambiance<br />

réceptive à la régénération<br />

naturelle.<br />

septembre-octobre <strong>2015</strong> <strong>Silva</strong> Belgica 23


NOS ACTIVITÉS<br />

Harmonie faune – flore – forêt,<br />

utopie ou réalisme ?<br />

Retour de la journée du 25 juin<br />

par Orane Bienfait, responsable formation à la SRFB<br />

Cette journée organisée par la Société Royale<br />

Forestière de Belgique (SRFB) faisait suite au<br />

colloque « Vers un équilibre faune-flore en forêt,<br />

utopie ou réalisme » donné à Namur dans le cadre du<br />

Festival du film Nature. Philippe Blerot, inspecteur général<br />

au Département Nature et Forêt, fut le grand promoteur<br />

de cette journée, lui-même conduit par la philosophie<br />

de Francis Roucher 1 .<br />

Divers acteurs de terrain nous ont fait l’honneur de partager<br />

leurs expériences tout au long du parcours que<br />

nous avions mis en place dans la propriété de la famille<br />

Menne à Florennes.<br />

Monsieur Alain Licoppe, responsable du Laboratoire de<br />

la faune sauvage et de cynégétique au DEMNA a présenté<br />

la biologie et le comportement des trois espèces de<br />

grands gibiers présents en forêt wallonne. Ces connaissances<br />

sont indispensables pour une gestion raisonnée,<br />

qu’il s’agisse de chasse ou de sylviculture. A titre<br />

1 Dr. Francis Roucher est le premier à avoir effectué, en France et en<br />

Suisse, une gestion des cervidés sans comptages et basée sur la biométrie.<br />

Il est notamment l’auteur du livre « Cervidés et forêt, rétablir une harmonie<br />

», en vente à la librairie de la SRFB – Réf : 131E02 - 30,00€<br />

d’exemple, certains d’entre nous ont appris que le cerf<br />

peut se reproduire en s’appuyant sur ses réserves de<br />

graisse, alors que c’est impossible pour le chevreuil. Ce<br />

dernier est guidé par la quantité de nourriture disponible<br />

du moment.<br />

M. Claude de Montpellier, président du Conseil Cynégétique<br />

Flavion-Molignée, a évoqué la situation du C.C<br />

Flavion-Molignée qui tente de gérer les populations de<br />

sangliers au travers de l’étude des rétro-tirs en relation<br />

avec les expertises de dégâts agricoles. Il a également<br />

évoqué la situation du chevreuil pour lequel le prélèvement<br />

est souvent trop faible dans de nombreuses chasses.<br />

Il nous a rappelé qu’il faut tirer beaucoup d’animaux sur<br />

un territoire pour voir sa densité diminuer.<br />

Francois Delacre, Ing. Attaché-Chef au Cantonnement<br />

de Viroinval nous a présenté la Chasse domaniale de<br />

Mariembourg, qui de prime abord est traditionnelle<br />

avec des battues à cor et à cri. Cependant, un nouveau<br />

principe de chasse, la poussée silencieuse y est également<br />

pratiquée.<br />

Lors d’une poussée silencieuse, les traqueurs avancent<br />

sans bruits excessifs, et sans chiens. Les animaux sont<br />

dérangés mais ne sont pas pourchassés. Ils se présentent<br />

24 <strong>Silva</strong> Belgica septembre-octobre <strong>2015</strong>


NOS ACTIVITÉS<br />

n’est réalisé et les plantations se déroulent sans aucune<br />

clôture. Une grande variété floristique est réapparue.<br />

La journée s’est clôturée par la présentation de l’expérience<br />

du Bois Landry en France.<br />

Bertrand Monthuir, gestionnaire du domaine, nous en<br />

parle plus en détail dans l’article suivant.<br />

donc devant les fusils postés sans être en fuite, ce qui<br />

permet de bien les identifier et de mieux choisir les animaux<br />

prélevés.<br />

René Dahmen, Ing. Attaché chef du Cantonnement<br />

d’Elsenborn nous a décrit sa prise de fonction en 1987,<br />

il y avait alors environ 200 bêtes/1000 ha. Le problème<br />

de la régénération naturelle était récurrent. Par la suite,<br />

une expérience de mise en place d’enclos-exclos a prouvé<br />

que la régénération était possible là où le gibier n’allait<br />

pas. La décision de réduire la densité s’en est suivie.<br />

Sur base de l’expérience de Roucher, ils se sont lancés<br />

dans un nouveau mode de gestion du chevreuil. Quatre<br />

ans plus tard les chevreuils avaient diminué en nombre et<br />

repris de la vigueur. Aujourd’hui, plus aucun nourrissage<br />

Un petit mot de fin a été réalisé par Philippe Blerot<br />

et notre président Dominique Godin qui ont mis en<br />

exergue l’importance de ce type de journée et l’amitié<br />

soutenue entre la SRFB et le DNF.<br />

***<br />

Nous remercions tous les acteurs de cette enrichissante<br />

journée ainsi que le propriétaire Jean-Louis Menne, qui<br />

nous a ouvert les portes de sa très belle forêt.<br />

L’accord cadre de recherche et de vulgarisation forestière<br />

prévoit une étude suivie sur l’aménagement d’enclos-exclos.<br />

Ces mini-parcelles clôturées sont des outils didactiques pour<br />

le chasseur et le sylviculteur, ils permettent d’objectiver<br />

l’équilibre entre la faune et la flore.<br />

Un appel sera bientôt lancé pour créer ce type d’aménagements<br />

en forêt privée, si cela vous intéresse, vous pouvez<br />

vous manifester auprès de la SRFB.<br />

septembre-octobre <strong>2015</strong> <strong>Silva</strong> Belgica 25


GESTION<br />

Gestion des populations de<br />

chevreuils par ICE<br />

L’expérience du Domaine du Bois Landry<br />

par C. Launay (1), E. Bideau (2), B. Monthuir (1), M.-L. Maublanc (2), J.-F. Gerard (2)<br />

(1) Forestis ; La Graiserie ; 28240 Champrond-en-Gâtine<br />

(2) CEFS ; INRA BP 52627 ; F-31326 Castanet Tolosan Cedex<br />

Constatant l’échec des méthodes de dénombrement des populations de chevreuils,<br />

un groupe de spécialistes français animé par l’ONCFS 1 décida de tester une nouvelle<br />

méthode de suivi des populations, basée sur le suivi d’indicateurs de la relation entre<br />

les populations et leur habitat (ONC, 1996). Plutôt que d’évaluer le nombre d’animaux<br />

présents sur un secteur, il est en effet plus utile, pour gérer une population,<br />

d’estimer si elle est stable ou non, si les animaux sont en bonne condition physique<br />

et si la pression qu’ils exercent sur leur habitat est compatible avec sa régénération.<br />

Plusieurs « indicateurs de changement écologique » (ICE) ont ainsi été validés sur le<br />

chevreuil : l’indice kilométrique d’abondance, des indices de condition physique et<br />

un indice de consommation de la flore (Morellet, 2008).<br />

Nous avons utilisé cette méthode comme<br />

aide à la gestion d’une population de<br />

chevreuils dont la forte densité compromettait<br />

les objectifs de production forestière. En<br />

1999, la pression de chasse a été fortement augmentée,<br />

et l’effet de cette pression sur la population<br />

de chevreuils et sur son habitat a été mesuré<br />

en utilisant un ensemble d’ICE.<br />

Le Domaine du Bois-landry<br />

Situé en France, en Eure et Loir (28), le Domaine<br />

du Bois-Landry couvre 1.210 hectares, dont 1.160<br />

ha boisés. Sa vocation est la production de bois<br />

d’œuvre, le maintien d’une activité cynégétique<br />

centrée sur le chevreuil, et une activité touristique.<br />

En dehors de rares plantations de résineux, la forêt<br />

est un taillis sous futaie en voie de conversion en<br />

futaie. L’essence dominante est le chêne sessile, auquel<br />

s’ajoutent le chêne pédonculé, le frêne, le merisier<br />

et le châtaignier. Hormis le chevreuil, le cerf<br />

élaphe et le sanglier sont assez rares dans le massif. 1<br />

Notre gourmet<br />

passe à table.<br />

Les indicateurs utilisés<br />

Six ICE ont été progressivement mis en place à<br />

partir de la saison de chasse 1999-2000. Le premier<br />

fut le nombre de corps jaunes dans les ovaires<br />

des femelles de plus d’1 an (indice de fécondité).<br />

Ce paramètre, bien que non validé comme ICE,<br />

reflète en partie la condition physique des che-<br />

1 Office national de la chasse et de la faune sauvage<br />

26 <strong>Silva</strong> Belgica septembre-octobre <strong>2015</strong>


GESTION<br />

© Philippe Moës<br />

vrettes, et est facile à obtenir lors de l’éviscération<br />

des animaux tués à la chasse. Le deuxième indicateur,<br />

mis en place à partir de la saison 2001-02, a<br />

été la masse corporelle des juvéniles, pesés après<br />

éviscération. Le troisième indicateur, mis en place<br />

en 2006, est l’indice kilométrique d’abondance<br />

(nombre d’individus observés par kilomètre parcouru).<br />

Six circuits de 5,2 à 5,7 km ont été répartis<br />

sur le massif. Suivant les années, six à onze observateurs,<br />

se déplaçant à pied matin et soir, ont réalisé<br />

chacun une série de circuits au mois de mars,<br />

après la saison de chasse.<br />

Le quatrième indicateur est l’indice de consommation<br />

de la flore (proportion de placettes de 1 m² où<br />

la flore lignifiée présente des traces d’abroutissement<br />

en fin d’hiver). Il a été appliqué en mars 2007,<br />

2008, 2010 et 2012, sur 195 placettes réparties sur<br />

le massif. Les relevés ont aussi permis d’estimer la<br />

proportion de placettes présentant des végétaux<br />

lignifiés (abroutis ou non) accessibles aux chevreuils,<br />

en particulier les jeunes plants de chêne,<br />

afin d’évaluer les potentialités de régénération<br />

forestière. Enfin, deux indicateurs de condition<br />

physique, la longueur de la mandibule et celle des<br />

pattes postérieures des juvéniles tués à la chasse,<br />

ont été mis en place à partir des saisons 2005-06<br />

et 2008-09.<br />

Évolution des prélèvements<br />

et des ICE<br />

Les prélèvements ont été augmentés de 2001-02<br />

(104 individus) à 2006-07 (173 individus), sans<br />

amélioration visible sur les indices de condition<br />

physique. Au contraire, le nombre de corps jaunes<br />

par femelle et le poids des juvéniles tendaient à<br />

diminuer. Entre mars 2006 et mars 2007, l’indice<br />

kilométrique d’abondance confirmait la diminution<br />

des effectifs.<br />

Les prélèvements ont été maintenus à un haut<br />

niveau en 2007-08 et 2008-09 (167 puis 196 animaux).<br />

La dynamique des indices de condition<br />

physique s’est alors inversée avec une forte hausse<br />

en 2007-08. L’indice kilométrique a atteint son<br />

plus bas niveau en mars 2009.<br />

À partir de la saison 2009-10, les prélèvements annuels<br />

ont été ramenés aux environs d’une centaine<br />

d’individus (99 à 133). Les indices de condition<br />

physique sont restés élevés, l’indice kilométrique<br />

montrant quelques fluctuations avec une légère<br />

tendance à la hausse.<br />

septembre-octobre <strong>2015</strong> <strong>Silva</strong> Belgica 27


GESTION<br />

Tableau de bord du plan de chasse par triade<br />

Saisons 2003-2006 2006-2009 2009-2012 2012-<strong>2015</strong><br />

Attribution<br />

(bracelets)<br />

470 540 450 350<br />

Réalisation 461 536 342 334<br />

Prélèvement au<br />

100 ha boisé<br />

Taux de<br />

réalisation<br />

Indice de condition<br />

physique<br />

Indice kilométrique<br />

d’abondance<br />

Indice de consommation<br />

de la flore<br />

13 15 9,5 9,3<br />

98 % 99 % 76 % 95 %<br />

L’indice de consommation de la flore, qui avait<br />

diminué entre mars 2007 et mars 2008, a continué<br />

de décroître légèrement jusqu’en mars 2012.<br />

La proportion de placettes présentant des semis<br />

de chênes, qui n’avait pas évoluée entre mars 2007<br />

et mars 2008, a augmenté fortement en mars 2010<br />

pour rester élevée en mars 2012.<br />

Ce dialogue permanent entre niveaux de prélèvement<br />

par la chasse et réponses des ICE est illustré<br />

par le « tableau de bord », une présentation synthétique<br />

qui constitue un véritable outil d’aide à<br />

la décision.<br />

Une expérience très<br />

concluante<br />

Sur le Domaine du Bois-Landry, l’augmentation<br />

de la pression de chasse, encadrée par l’utilisation<br />

des ICE comme aide à la décision, a permis<br />

d’abaisser l’effectif de chevreuils à un niveau permettant<br />

:<br />

1. d’améliorer la condition physique des animaux ;<br />

2. d’augmenter les potentialités de régénération<br />

forestière, ce dont témoignent les indicateurs<br />

utilisés.<br />

Cette expérience montre comment l’utilisation<br />

d’un faisceau d’ICE peut aider les gestionnaires à<br />

ajuster les prélèvements pour réaliser l’ensemble<br />

des objectifs de gestion.<br />

Il est cependant important de garder à l’esprit<br />

que les variations des ICE renseignent sur la dynamique<br />

d’un système complexe, dans lequel les<br />

prélèvements par la chasse, s’ils jouent un rôle<br />

important, ne sont pas le seul facteur de variation<br />

(conditions climatiques, travaux sylvicoles, pathologies,<br />

…).<br />

Par ailleurs, c’est bien l’évolution des ICE au cours<br />

du temps qui apporte de l’information sur la relation<br />

« population-habitat » et non leurs valeurs annuelles<br />

; une échelle de trois ans semble un laps de<br />

temps raisonnable pour saisir ces évolutions. Ces<br />

impératifs nous paraissent réserver l’usage des ICE<br />

à des territoires de taille suffisante où les moyens<br />

en personnel, la maîtrise des choix de gestion et la<br />

garantie d’un suivi à long terme sont assurés.<br />

Références bibliographiques<br />

Boutin, J.-M., Gaillard, J.-M., Delorme, D. & Van Laere,<br />

G. 1987. Suivi de l’évolution de la fécondité chez le<br />

chevreuil (Capreolus capreolus) par l’observation des<br />

groupes familiaux. Gibier Faune Sauvage n°4 : 255-265.<br />

Gaillard, J.-M., Delorme, D., Boutin, J.-M., Van Laere, G. &<br />

Boisaubert, B. 1996. Body mass of roe deer fawns during<br />

winter in two contrasting populations. J. Wildl. Manage.<br />

n°60: 29-36.<br />

Hewison, A.J.M. & Gaillard, J.-M. 2001. Phenotypic quality<br />

and senescence affect different components of reproductive<br />

output in roe deer. J. Anim. Ecol. n°70 : 600-608.<br />

Hewison, A.J.M., Vincent, J.-P., Bideau, E., Angibault, J.-M.<br />

& Putman, R.J. 1996. Variation in cohort mandible size as<br />

28 <strong>Silva</strong> Belgica septembre-octobre <strong>2015</strong>


CHRONIQUE ÉCONOMIQUE<br />

GESTION<br />

an index of roe deer (Capreolus capreolus) densities and Roucher F. 1997. Chevreuils d’hier et d’aujourd’hui. Gerfaut,<br />

ne Paris.<br />

population trends. commandes J. Zool. n°239 sont : 573-581. remplis. L’OSB et le MDF<br />

Maillard, D., Boisaubert, B. & Gaillard, J.-M. 1989. La masse Toïgo, C., Gaillard, J.-M., Van Laere, G., Hewison, A.J.M.<br />

suivent pas encore la tendance.<br />

corporelle : un bioindicateur possible pour le suivi des & Morellet, N. 2006. How does environmental variation<br />

populations de chevreuils. Gibier Faune Sauvage n°6 : influence body mass, body size and body condition ? Roe<br />

57-68. Pour la plupart des usines, les niveaux de stock deer as a case study. Ecography n°29 : 301-308.<br />

Morellet, N. 2008. sont La déjà gestion hauts des grands en début herbivores d’été, par particulièrement<br />

les Vincent, J.-P., Bideau, E., Maire F. 1979. Vers une nouvelle<br />

indicateurs de en changement Autriche écologique. et dans le Faune Sud Sauvage de l’Allemagne. méthode En de recensement du chevreuil . Bull. mens. ONC<br />

n°282 : 9-18. France, la situation semble plus contrastée. n° Certaines<br />

usines S., Gaillard, sont J.-M., toujours Ballon, en P. rupture & de stock. Vincent, J.-P., Bideau, E. 1985. Recensement du chevreuil ;<br />

spécial Scien. et techn. : 207-226.<br />

Morellet, N., Champely,<br />

Boscardin, Y. 2001. The browsing index : new tool uses<br />

browsing pressure to monitor deer populations. Wildl.<br />

Soc. Bull. n°29 : 1243-1252.<br />

Bilan d’une expérience sur 5 ans. Revue Forestière Française<br />

n°37(5) : 421-424.<br />

Vincent, J.-P., Gaillard, J.-M. & Bideau, E. 1991. Kilometric<br />

index as biological indicator for monitoring forest roe<br />

ONC. 1996. Les bio-indicateurs : Futurs outils de gestion<br />

des populations 5. Papeteries<br />

de chevreuils. Fiche technique n°90, supplément<br />

au Bull. Mens. ONC n°209.<br />

Vincent, J.-P., à Bideau, des prix E., Hewison, relativement A.J.M. & bas. Angibault, Le prix J.-M. des sciures<br />

deer populations. Acta Theriol. n° 36(3-4) : 315-328.<br />

ONCFS. 2009. Le La tableau situation de bord des producteurs : des indicateurs évolue pour peu. Des jours 1995. The influence a beaucoup of increasing diminué density et il on reste body stable. weight, La remise<br />

aider à la gestion d’arrêt des de populations production d’ongulés. sont Rapport notés chez la plupart kid production, en cause home range des subventions and winter grouping dans certaines roe régions<br />

scientifique 2009 des fabricants. : 31. Seuls les fabricants de papier deer kraft (Capreolus européennes capreolus). est J. Zool. une n°236 mauvaise : 371-382. nouvelle pour les<br />

et d’emballage tournent à pleine capacité. Comme producteurs intégrés en cogénération. Le manque<br />

pour les panneautiers, les approvisionnements se à gagner se traduit souvent en perte sèche et la<br />

font dans de meilleures conditions que ces derniers production devient rapidement déficitaire.<br />

mois. En Autriche, les usines contingentent les<br />

arrivages de rondins. En France, le massif landais En résumé, dans une situation globale de détente<br />

ne produit plus assez pour les usines locales. Des des marchés d’approvisionnement en bois, les disparités<br />

régionales sont importantes et relativement<br />

volumes de plaquettes de bois sont chargés en<br />

Autriche pour ces usines.<br />

inhabituelles. Le développement local du secteur<br />

énergétique semble être un facteur d’instabilité dans<br />

les approvisionnements en bois. Les productions ne<br />

sont pas constantes et fortement liées aux conditions<br />

6. Bois énergie<br />

météorologiques, difficilement prévisibles. Entre un<br />

hiver doux ou rigoureux, les consommations peuvent<br />

varier du simple ou double. Sachant que l’on<br />

Le secteur a souffert du manque d’hiver et la<br />

reprise est difficile. Même si quelques unités ont parle de plusieurs millions de tonnes de pellets par<br />

recommencé la production de pellets, la situation an, on peut comprendre que les tensions sur l’approvisionnement<br />

peuvent être est compliquée. Les productions partent en stock<br />

importantes.<br />

PLANTS FORESTIERS<br />

d’origines recommandées<br />

PREPARATION DE TERRAIN<br />

Déchiquetage – andainage – travail du sol<br />

ENTRETIEN ET RESTAURATION<br />

de réserves naturelles<br />

ENTREPRISE<br />

de plantation et de dégagement<br />

PRODUCTION DE PLANTS EN GODETS<br />

AMENDEMENT FORESTIER<br />

SAPINS DE NOEL<br />

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40 SILVA BELGICA JUILLET-AOÛT 2014<br />

septembre-octobre <strong>2015</strong> <strong>Silva</strong> Belgica 29


GESTION<br />

Formules financières comme outils<br />

d’aide à la décision<br />

Partie 1 : valorisation d’un peuplement par le processus de<br />

capitalisation et d’actualisation<br />

par Anthony van Zuylen, DYNASILVA, expertise et gestion forestière – avz@dynasilva.com<br />

en hommage à Madame Anne Bary-Lenger<br />

avec la participation de David Dancart, SRFB<br />

Lors des visites forestières des 29 et 30 mai <strong>2015</strong> organisées par la SRFB sur les propriétés du<br />

Groupement forestier de la vallée du Chavan (famille Naveau) et du Groupement forestier<br />

van Zuylen Duesberg, avait été abordée la question de l’intérêt économique d’un projet<br />

forestier (attente de la régénération naturelle après une mise à blanc, élagage en hauteur<br />

des arbres d’avenir, choix d’un mode de sylviculture, etc.). Les calculs, permettant d’élaborer<br />

les grilles de décisions propres à ces questionnements, faisaient appel aux notions financières<br />

d’actualisation et de capitalisation. L’appui de la SRFB, tout comme l’enthousiasme<br />

exprimé lors de ces visites, m’ont amené à écrire cet article dont l’objet consiste notamment<br />

à permettre aux lecteurs d’affirmer de manière plus rationnelle certaines décisions sylvicoles,<br />

souvent nées de l’intuition de facteurs économiques sous-jacents. De même, du fait de la<br />

vocation didactique de cet article, des historiettes ont été inventées dans le but de rendre<br />

plus ludique la présentation de ces outils d’analyse financière, parfois indigestes.<br />

La plupart des éléments de calculs ont été puisés<br />

de l’ouvrage intitulé L’expertise et la gestion<br />

financière des propriétés forestières (Bary-Lenger<br />

et al, 1983) 1 . Cette référence est également une manière<br />

de rendre hommage à Madame Anne Bary-Lenger, qui<br />

nous a quittés il y a maintenant un peu plus de trois<br />

ans en nous laissant un magnifique témoignage de son<br />

amour pour la forêt à travers ses nombreux écrits 2 . Merci<br />

aux lecteurs de se référer à cet ouvrage s’ils souhaitent<br />

disposer d’une description plus détaillée des définitions<br />

exposées ci-dessous, ou encore d’une bibliographie plus<br />

complète.<br />

La structure de cet article se décompose en trois parties.<br />

La première partie expose les concepts de base<br />

repris dans le livre susmentionné avec pour but de<br />

familiariser le lecteur aux notions de capitalisation et<br />

d’actualisation. Y sont repris les concepts de « taux de<br />

capitalisation » (t c<br />

) et « de taux d’actualisation » (t a<br />

), de<br />

« valeur capitalisée» (VC) ou encore de « valeur actualisée<br />

» (VA). La deuxième partie expliquera les notions<br />

de « valeur actuelle nette » (VAN) ainsi que de « taux interne<br />

de rentabilité » (t ir<br />

). Enfin, la troisième et dernière<br />

partie mettra en perspective ces concepts afin de mieux<br />

comprendre ce que représente la « valeur d’un fonds de<br />

bois » ou encore d’analyser le « gain relatif » d’un projet.<br />

1 Anne Bary-Lenger, René Evrard, Pierre Gathy, Jean Kimus, «L’expertise<br />

et la gestion financière des propriétés forestières», Ed. Vaillant-Carmanne,<br />

Liège, 1983. Cet ouvrage est disponible à la librairie de la SRFB au prix de<br />

9,00 € frais de port compris – Réf : 131 Z08.<br />

2 Également en vente à la librairie de la SRFB : « La Forêt » (1979) ;<br />

« Le chêne » (1993) ; « Transformation, utilisation et industries du bois<br />

en Europe » (1999) ; Culture des chênaies irrégulières » (2004). Notons<br />

également que parmi les autres ouvrages non disponibles via la SRFB, on<br />

trouvera la version complétée du livre de référence de cet article mettant<br />

l’accent non seulement sur les arbres de production en forêt, mais également<br />

sur les arbres d’agrément (en ville ou à la campagne) : « Évaluation<br />

financière des arbres d’agrément et de production » (2002).<br />

A – Capitalisation et Actualisation<br />

A.1. Introduction<br />

Tout propriétaire forestier, regardant sa forêt comme<br />

une épargne de bon père de famille, se posera généralement<br />

la question : que pourrait valoir aujourd’hui<br />

30 <strong>Silva</strong> Belgica septembre-octobre <strong>2015</strong>


GESTION<br />

mon peuplement ? Pour répondre à cette question, le<br />

propriétaire non familiarisé avec les concepts financiers<br />

expliqués ci-dessous, aura naturellement tendance à estimer<br />

la valeur sur pied de ses arbres, soit la valeur que<br />

l’on obtiendrait si l’on coupait tous les arbres à l’année<br />

du calcul. Toutefois, cette logique ne pourra pas toujours<br />

être appliquée. Par exemple, une plantation de 10<br />

ans aura une valeur « sur pied » quasi nulle.<br />

Dès lors, quand la valorisation « sur pied » ne s’avère pas<br />

appropriée (surtout dans le cas de peuplements forestiers<br />

non matures), le propriétaire pourra faire appel à<br />

l’une des deux méthodes expliquées ci-dessous (capitalisation<br />

versus actualisation). En effet, ces deux approches<br />

présentent, à de nombreux égards, une logique<br />

plus fiable que celle relative à la valorisation « sur pied ».<br />

Afin de se familiariser avec ces deux méthodes de<br />

calculs, nous ne ferons pas référence, dans ce premier<br />

point, au cas de figure de la valorisation d’un peuplement.<br />

Il semble en effet plus adéquat, dans un premier<br />

temps, d’exposer les notions de base relatives à un placement<br />

n’ayant qu’un seul investissement (point A.2.2) ou<br />

qu’une seule recette (point A.2.3). Ce ne sera que dans<br />

le point suivant (point B) que l’on abordera la question<br />

de la multiplicité des recettes et des dépenses relatives à<br />

la valorisation des peuplements forestiers.<br />

Par ailleurs, l’introduction de la notion d’inflation permettra<br />

de faire la distinction entre l’utilisation d’un taux<br />

« brut » ou « net » en fonction que les montants considérés<br />

dans le calcul soient « bruts » ou « nets » (point A.3). Enfin,<br />

une historiette mettra en perspective l’ensemble du<br />

point A en confrontant le propriétaire forestier M. Douglas<br />

à son banquier M. Bigcash, déterminé à convaincre<br />

son client de laisser son argent en banque (point A.4).<br />

A.2. Définitions et formules de base<br />

A.2.1. Généralités<br />

Le terme de « placement » utilisé ci-dessous devra être<br />

considéré comme un capital producteur (à l’image d’un<br />

peuplement forestier), et ne doit pas être confondu avec<br />

les termes de « montants » passés (cf. investissement initial)<br />

ou futurs (cf. recette finale) qui, comme nous allons<br />

voir ci-dessous, déterminent la valeur de ce placement.<br />

Le tableau 1 et le graphique 1 ci-dessous montrent que<br />

l’on calcule la valeur capitalisée d’un placement sur<br />

base du montant de l’investissement initial ; alors que<br />

la valeur actualisée d’un placement se base sur la valeur<br />

estimée de la recette finale.<br />

Tableau 1 : logique de calcul propre aux méthodes de<br />

capitalisation versus actualisation<br />

Capitalisation<br />

Année de<br />

l’investissement<br />

(année 0)<br />

Montant de<br />

l’investissement<br />

initial<br />

Actualisation /<br />

Année du<br />

calcul<br />

(année x)<br />

Valeur<br />

capitalisée du<br />

placement<br />

Valeur<br />

actualisée du<br />

placement<br />

Année de la<br />

recette<br />

(année n)<br />

/<br />

Valeur estimée<br />

de la recette<br />

finale<br />

Le graphique 1 montre que la capitalisation (flèche<br />

rouge) d’un montant de 7.000 € effectué à l’année 0, vise<br />

à établir, à l’année x d’aujourd’hui (ici x = 30), la valeur<br />

de ce placement. À l’opposé, l’actualisation (flèche verte),<br />

a pour but de déterminer la valeur que l’on peut espérer<br />

associer à un placement à l’année x, sur base du montant<br />

de la recette finale (dans ce cas 72.000 €) qu’il rapportera<br />

à l’année n, soit dans (n-x) années. Notons que les deux<br />

méthodes de calcul conduisent à une valeur de 19.000 €.<br />

Graphique 1 : évolution de la<br />

valeur brute d’un placement<br />

et illustration du principe<br />

d’actualisation versus<br />

capitalisation d’un montant.<br />

septembre-octobre <strong>2015</strong> <strong>Silva</strong> Belgica 31


GESTION<br />

Les points suivants permettront de comprendre que l’unicité<br />

des résultats obtenus par l’une ou l’autre méthode<br />

n’est qu’une question de bon choix de taux.<br />

A.2.2. La valeur capitalisée à l’année x (VC x<br />

) et le<br />

taux de capitalisation (t c<br />

)<br />

Les formules de capitalisation, présentées dans le cadre 1<br />

ci-dessous, permettent de déterminer la valeur capitalisée<br />

d’un investissement D i<br />

effectué il y a (x-i) années, où x est<br />

l’année du calcul, et i l’année de l’investissement. Cette<br />

valeur dépendra du « taux de capitalisation » (t c<br />

). De<br />

même, dans la formule ci-dessous, (1+t c<br />

) (x-i) détermine<br />

ce que l’on appellera le « facteur de capitalisation » où<br />

l’exposant (x-i) n’est autre que le nombre d’années séparant<br />

l’année x (année du calcul de la valeur du placement)<br />

de l’année i (année de la dépense D i<br />

). On multipliera par<br />

ce facteur le montant à capitaliser.<br />

À titre d’illustration, le tableau 2 ci-contre permet de<br />

voir que la valeur capitalisée d’un placement dont la dépense<br />

initiale (D 0<br />

) (soit dépensée à l’âge i = 0) serait de<br />

7.000 €, variera en fonction du taux t c<br />

utilisé. En outre,<br />

on constatera que plus le taux de capitalisation (t c<br />

) est<br />

élevé, plus la valeur capitalisée du placement à l’année x<br />

du calcul (VC x<br />

) sera importante. Le « facteur de capitalisation<br />

» par lequel on multipliera, dans ce cas, le montant<br />

de l’année 0 sera en effet d’autant plus élevé que t c<br />

le<br />

sera. De même, on voit que lorsque l’on capitalise cet investissement<br />

initial (i = 0) avec un taux t c<br />

de 3,3857%, on<br />

obtiendrait après 30 ans (x = 30) : 7.000 (1+0,033857) 30 ,<br />

soit 19.007 € 1 .<br />

Tableau 2 : valeurs capitalisées obtenues pour un placement de<br />

30 ans dont l’investissement initial serait de 7000 €, et ce, en<br />

fonction du taux de capitalisation utilisé.<br />

Taux de capitalisation<br />

Investissement en<br />

1985 (année 0)<br />

Valeur capitalisée du<br />

placement en <strong>2015</strong><br />

(30 e année)<br />

10.942 €<br />

1,5%<br />

2,0% 12.680 €<br />

2,5% 7.000 €<br />

14.683 €<br />

3,3857% 19.007 €<br />

3,5% 19.648 €<br />

A.2.3. La valeur actualisée à l’année x (VA x<br />

) et le<br />

taux d’actualisation (t a<br />

)<br />

Les formules d’actualisation, présentées dans le cadre<br />

2 ci-contre, permettent de déterminer la valeur actualisée<br />

d’une recette R i<br />

touchée dans (i-x) années, où i est<br />

l’année de la recette et x est celle du calcul. Cette valeur<br />

dépendra du « taux d’actualisation » (t a<br />

). De même,<br />

dans la formule ci-contre, (1+t a<br />

) (i-x) détermine ce que<br />

l’on appellera le « facteur d’actualisation » où l’exposant<br />

(i-x) n’est autre que le nombre d’années séparant<br />

l’année i (année de la recette R i<br />

) de l’année x (année du<br />

calcul de la valeur du placement). On divisera par ce<br />

facteur le montant à actualiser.<br />

À titre d’illustration, le tableau 3 ci-contre permet de<br />

voir que la valeur actualisée d’un placement dont la recette<br />

finale R n<br />

(soit perçue à l’âge i = n) serait de 72.000 €<br />

variera en fonction du taux t a<br />

utilisé. On constatera que<br />

plus le taux d’actualisation t a<br />

est élevé, plus la valeur<br />

actualisée du placement à l’année x du calcul (VA x<br />

)sera<br />

faible. En effet, le « facteur d’actualisation » par lequel on<br />

divisera le montant perçu à l’année n (R n<br />

) sera d’autant<br />

plus élevé que t a<br />

le sera.<br />

Cadre 1 : formules de capitalisation<br />

Où<br />

VC x<br />

= D i<br />

(1+t c<br />

) (x-i) où on aura quand i = 0 : VC x<br />

= D 0<br />

(1+t c<br />

) x<br />

i = âge du placement allant de 0 à n<br />

x = âge du placement à l’année du calcul<br />

t c<br />

= taux de capitalisation<br />

D i<br />

= dépense ou investissement de l’année i<br />

VC x<br />

=VC x<br />

(D i<br />

) = valeur de la dépense D i<br />

capitalisée à l’année x<br />

(1+t c<br />

) (x-i) = facteur de capitalisation<br />

1 Seul le taux de 3,3857% permet d’obtenir la même valeur quelle que soit la méthode (capitalisation versus actualisation) utilisée. Cette propriété sera<br />

expliquée dans la partie 2 de cet article avec l’introduction de la notion de « taux interne de rentabilité ».<br />

32 <strong>Silva</strong> Belgica septembre-octobre <strong>2015</strong>


GESTION<br />

Cadre 2 : formules d’actualisation<br />

Où<br />

R i VAx = (1+ta ) (i-x)<br />

i = âge du placement allant de 0 à n<br />

x = âge du placement à l’année du calcul<br />

n = âge du placement à l’année de la recette finale R n<br />

t a<br />

= taux d’actualisation<br />

où on aura quand i = n :<br />

R i<br />

= recette de l’année i<br />

VA x<br />

=VA x<br />

(R n<br />

)= valeur de la recette R n<br />

actualisée à l’année x<br />

(1+t a<br />

) (i-x) = facteur d’actualisation<br />

R n VAx = (1+ta ) (n-x)<br />

De même, on voit que lorsque l’on actualise cette recette<br />

finale (R n<br />

) de 72.000 € (touchée à l’année i = 70) avec un<br />

taux t a<br />

de 3,3857%, et ce, à l’âge x de 30 ans, on aurait<br />

une valeur de : 72.000/(1+0,033857) (70-30) soit 19.007 €.<br />

Tableau 3 : valeurs actualisées obtenues aujourd’hui pour un<br />

placement dont la recette finale, prévue en 2055, serait de 72.000<br />

€, et ce, en fonction du taux d’actualisation utilisé.<br />

Taux d’actualisation<br />

Valeur actualisée en<br />

<strong>2015</strong> (30 e année)<br />

1,5% 39.691 €<br />

2,0% 32.608 €<br />

2,5% 26.815 €<br />

3,3857% 19.007 €<br />

3,5% 18.185 €<br />

A.3. La notion d’inflation<br />

Recette finale en<br />

2055 (70 e année)<br />

72.000 €<br />

Une monnaie est généralement soumise de manière plus<br />

ou moins continue et irrégulière à un effet d’inflation,<br />

pouvant être défini comme la diminution de la valeur<br />

intrinsèque de cette monnaie 1 . Ce point concernant la<br />

notion d’inflation, permettra de comprendre comment<br />

neutraliser les effets de la dévaluation monétaire et,<br />

de la sorte, estimer le taux réel d’un placement que l’on<br />

appellera ici « taux net » (t net<br />

).<br />

A.3.1. Le calcul d’un montant net<br />

Le cadre 3 expose les formules permettant de calculer,<br />

en référence aux valeurs de l’année x du calcul, la valeur<br />

nette (M i net (x)<br />

) d’un montant brut (M i brut<br />

) dépensé ou<br />

touché l’année i. De même, on considérera deux cas<br />

particuliers reprenant d’une part la valeur nette d’une<br />

dépense brute D 0 brute<br />

(où i = 0) et d’autre part, la valeur<br />

nette d’une recette brute R n brute<br />

(où i = n).<br />

Cadre 3 : formules de conversion d’un montant brut<br />

en montant net<br />

En fonction que l’année x soit plus petite ou plus grande que<br />

l’année i, on aura :<br />

quand i < x : M i net (x)<br />

= M i brut<br />

(1+ t inflation<br />

) (x-i)<br />

M<br />

quand i > x : M i net (x)<br />

=<br />

i brut<br />

(1+t inflation<br />

) (i-x)<br />

Dès lors si M i<br />

= D 0<br />

ou M i<br />

= R n<br />

, on obtiendra respectivement<br />

les formules suivantes :<br />

D o nette (x)<br />

= D o brute<br />

(1+ t<br />

inflation )(x-0)<br />

R<br />

R n nette (x)<br />

= n brute<br />

(1+t inflation<br />

) (n-x)<br />

Où<br />

i = âge du placement allant de 0 à n<br />

x = âge du placement à l’année du calcul<br />

n = âge du placement à l’année de la recette finale R n<br />

t inflation<br />

= taux d’inflation<br />

M i brut<br />

= montant brut d’une dépense ou d’une recette de l’année i<br />

M i net (x)<br />

= valeur nette de M i brut<br />

par rapport à l’année x<br />

D 0 brute<br />

= montant brut d’une dépense effectuée l’année 0<br />

D 0 nette (x)<br />

= valeur nette de D 0 brute<br />

par rapport à l’année x<br />

R n brute<br />

= montant brut d’une recette perçue à l’année n<br />

R n nette (x)<br />

= valeur nette de R n brut<br />

par rapport à l’année x<br />

(1+t inflation<br />

) (x-i) = facteur d’inflation de l’année i par rapport à<br />

l’année x (par multiplication)<br />

(1+t inflation<br />

) (i-x) = facteur d’inflation de l’année i par rapport à<br />

l’année x (par division)<br />

1 Un euro de 1999 a une valeur réelle plus importante qu’un euro de<br />

<strong>2015</strong> et a donc perdu de sa valeur intrinsèque.<br />

septembre-octobre <strong>2015</strong> <strong>Silva</strong> Belgica 33


GESTION<br />

Graphique 2 : évolution dans le temps de la valeur brute et réelle d’un placement et du facteur d’ajustement monétaire pour un taux d’inflation de 2%<br />

Le graphique 2 ci-dessus permet de visualiser l’ensemble<br />

des valeurs brutes possibles aux années i (allant<br />

de l’année 0 à l’année n) ayant pour point commun<br />

d’avoir une valeur nette de 100 € à l’année x = 50.<br />

On voit qu’une valeur brute d’une recette de 149 € à<br />

l’année i = 70 aura une valeur nette de 100 € lorsque l’inflation<br />

1 est de 2% et que ce montant est exprimé par rapport<br />

aux valeurs de l’année de référence x = 50. En effet,<br />

M i brut<br />

= 100 (1+0,02) (70-50) = 100 1,49 = 149 2 (car i > x).<br />

De même, une valeur brute d’une dépense de 50 € à<br />

l’année i = 10 aura une valeur nette de 100 € lorsque l’inflation<br />

est de 2% et que ce montant est exprimé par rapport<br />

aux valeurs de l’année de référence x = 50. En effet,<br />

M i brut<br />

= 100 1/(1+0,02) (50-10) =100/2,21 = 45 (car i < x).<br />

A.3.2. Relation entre taux brut et taux net<br />

La relation existant entre « taux brut » et « taux net » est<br />

résumée dans le cadre 4, et devient indispensable dès le<br />

moment où l’on souhaite comparer un placement dont le<br />

rendement est exprimé en « taux net » (comme c’est généralement<br />

le cas en gestion forestière), à un autre placement<br />

dont le taux est exprimé en « taux brut » (comme dans le<br />

cas d’un compte d’épargne classique).<br />

En effet, si l’on compare, par exemple, le taux net d’un<br />

peuplement forestier (t net pplt<br />

) de 3%, au taux brut d’une<br />

1 Hypothèse simplificatrice d’une inflation moyenne stable de 2% sur la<br />

période considérée.<br />

2 Remarquons que le montant net ne sera égal au montant brut qu’à<br />

l’année x du calcul.<br />

Cadre 4 : relation entre taux brut et taux net<br />

(1+t brut<br />

) = (1+t net<br />

)(1+t inflation<br />

) = 1+t net<br />

+t inflation<br />

+(t net<br />

t inflation<br />

)<br />

De même, vu que (t net<br />

t inflation<br />

) ≈ 0, on a donc<br />

t brut<br />

≈ t net<br />

+ t inflation<br />

épargne bancaire (t brut banque<br />

) de 4,5% 3 , il convient de se<br />

demander si le taux net offert par la banque [(taux brut)<br />

– (taux d’inflation moyen estimé sur la période de comparaison)]<br />

est inférieur ou non à 3% 4 . Dans l’affirmative,<br />

le placement en forêt est plus intéressant (t net banque<br />

< 3%),<br />

alors que dans le cas contraire, c’est le placement en<br />

banque qui l’est (t net banque<br />

> 3%).<br />

A.3.3. Unicité du résultat<br />

En utilisant les formules des cadres précédents, et en<br />

considérant que i = 0 pour la formule de la capitalisation<br />

et que i = n pour celle de l’actualisation, on obtient<br />

les égalités résumées dans le cadre 5.<br />

Cela permet de voir que la valorisation d’un placement<br />

par le biais des montants « bruts » (utilisant donc un<br />

facteur de capitalisation ou d’actualisation brut) est, en<br />

3 Pour pouvoir comparer les deux placements cités dans cet exemple<br />

(forestier versus bancaire), leurs durées de vie devraient normalement<br />

être égales. On pourra néanmoins imaginer une comparaison partielle<br />

couvrant la durée de vie du placement bancaire.<br />

4 Ou encore de se demander si l’inflation moyenne nationale sera ou<br />

non supérieure à 1,5% durant la durée de vie du compte d’épargne.<br />

34 <strong>Silva</strong> Belgica septembre-octobre <strong>2015</strong>


GESTION<br />

Cadre 5 : équivalence entre les formules utilisant un « taux brut » par rapport à celles utilisant un « taux net »<br />

VA x<br />

=<br />

R n brute<br />

(1+t a brut<br />

) (n-x)<br />

R<br />

= n brute<br />

=<br />

(1+t a net<br />

) (n-x) (1+t inflation<br />

) (n-x)<br />

R n nette (x)<br />

(1+t a net<br />

) (n-x)<br />

VC x<br />

= D 0 brute<br />

(1+t c brut<br />

) x = D 0 brute<br />

(1+t c net<br />

) x (1+t inflation<br />

) x = D 0 nette (x)<br />

(1+t c net<br />

) x<br />

Légende voir cadre 3<br />

toute logique, identique à une valorisation par le biais<br />

des montants nets (utilisant des taux nets). Le tout étant<br />

de ne pas confondre la nature du montant à capitaliser<br />

ou à actualiser, étant donné que l’on ne travaillera uniquement<br />

qu’avec des montants bruts (et donc un taux<br />

brut), ou au contraire qu’avec des montants nets (auxquels<br />

on appliquera un taux net).<br />

A.4. Cas d’exemple : dialogue entre M.<br />

Douglas et son banquier M. Bigcash<br />

Le récit d’un entretien ayant eu lieu entre un propriétaire<br />

forestier, M. Douglas, et son banquier, M. Bigcash,<br />

permettra de mieux se familiariser avec les concepts<br />

abordés jusqu’ici. En effet, lorsque M. Bigcash tente de<br />

convaincre son client de placer en banque l’argent qu’il<br />

a touché de sa récente mise à blanc de magnifiques mélèzes,<br />

ce dernier avoue ne pas encore vraiment savoir<br />

s’il réinvestira cet argent en forêt, ce qui lui semble, à la<br />

lumière de son intuition farouchement aiguisée, nettement<br />

plus rentable que ce que lui propose son banquier.<br />

Sachant qu’un peuplement de mélèze, au dire d’un<br />

gros propriétaire forestier, M. Wincherted, chez qui M.<br />

Bigcash va immanquablement chasser chaque année,<br />

ne rapporterait en général qu’environ 3%, M. Bigcash se<br />

lance, sûr de lui, dans une longue explication en vue de<br />

prouver que les mélèzes de M. Douglas ne pourront certainement<br />

pas rapporter ce que lui propose la banque.<br />

Il avance alors qu’un placement de 9.000 € (montant<br />

étrangement comparable à l’investissement de base à<br />

apporter les 20 premières années pour l’achat d’un hectare<br />

de fonds et le lancement d’une plantation sur cette<br />

surface) rapporterait, à la fin d’une période de 50 ans,<br />

deux fois plus de revenus qu’un investissement forestier<br />

d’un rendement de 3%.<br />

Voyant le regard amusé et sceptique de M. Douglas<br />

décidément sur la défensive, M. Bigcash lui demande<br />

combien ce dernier serait-il prêt à mettre en banque<br />

s’il souhaite obtenir 81.000 € dans 50 ans. M. Bigcash<br />

entend alors son client lui avancer, après une rapide réflexion,<br />

le montant de 18.000 €. Après que son banquier<br />

lui ai demandé pourquoi, M. Douglas s’explique : « C’est<br />

très simple, je constate en règle générale, qu’après une<br />

période de 50 ans, mon peuplement équivaut à environ<br />

4 fois ma mise de départ dans le cadre de mes investissements<br />

forestiers. Avec une petite marge de sécurité pour<br />

tenir compte des frais bancaires ou autres risques, je me<br />

suis aligné à 18.000 €. Mais, M. Bigcash, par curiosité,<br />

dites-moi donc votre proposition ! ».<br />

M. Bigcash, ravi de la réussite de sa manœuvre, mais<br />

surtout soucieux de ne pas laisser partir le poisson,<br />

veille à définitivement convaincre M. Douglas sans pour<br />

autant le vexer, auquel cas, le connaissant, la partie serait<br />

définitivement perdue. Il lui dit seulement : « Voilà<br />

M. Douglas, c’est très simple, vous allez comprendre. Je<br />

vous propose un placement qui vous rapportera un taux<br />

d’intérêt annuel de 4,5%. Dès lors, pour connaître le<br />

montant à placer aujourd’hui, je divise le montant promis<br />

de 81.000 € par le facteur d’actualisation que l’on<br />

pourrait associer à un taux de 4,5% pendant 50 ans. »<br />

Il imprime alors le tableau 5 repris à la page suivante<br />

pour lui expliquer ce qu’il veut dire par facteur d’actualisation<br />

autrement qu’avec des mots. Avec ce tableau à<br />

l’appui, il lui montre que pour retrouver le montant initial<br />

qui aurait été placé pendant une période de 50 ans<br />

à un taux d’intérêt de 3%, il suffit de diviser le montant<br />

final, en l’occurrence 81.000 €, par le facteur d’actualisation<br />

de 4,4. Le montant obtenu est alors de 18.400 € (soit<br />

approximativement ce que M. Douglas avait avancé) 1 .<br />

Ensuite, il explique qu’avec un taux d’intérêt de 4,5%, ce<br />

facteur d’actualisation serait de 9 après 50 ans. Le mon-<br />

1 VA x<br />

= R n<br />

/(1+t a<br />

) (n-x) = 81.000/(1+0,03) (50-0) =18.400 (quand t a<br />

= 3%)<br />

septembre-octobre <strong>2015</strong> <strong>Silva</strong> Belgica 35


GESTION<br />

Tableau 5 : facteur de capitalisation ou d’actualisation en fonction de l’exposant (x-i) ou (i-x) et du taux t c<br />

ou t a<br />

utilisés (où i est l’année du<br />

montant à valoriser, et où x est l’année du calcul).<br />

Facteur de capitalisation (1+ t c<br />

) (x-i) ou d’actualisation (1+ t a<br />

) (i-x)<br />

Exposant (x-i)<br />

pour la capitalisation<br />

ou (i-x) pour<br />

l´actualisation<br />

Taux de capitalisation (t c<br />

) ou d’actualisation (t a<br />

)<br />

2,5% 3,0% 3,5% 4,0% 4,5%<br />

0 1,0 1,0 1,0 1,0 1,0<br />

10 1,3 1,3 1,4 1,5 1,6<br />

20 1,6 1,8 2,0 2,2 2,4<br />

30 2,1 2,4 2,8 3,2 3,7<br />

40 2,7 3,3 4,0 4,8 5,8<br />

50 3,4 4,4 5,6 7,1 9,0<br />

60 4,4 5,9 7,9 10,5 14,0<br />

70 5,6 7,9 11,1 15,6 21,8<br />

80 7,2 10,6 15,7 23,0 33,8<br />

90 9,2 14,3 22,1 34,1 52,5<br />

Notons que le dégradé de couleur du tableau 5 permet de mieux illustrer le caractère exponentiel de l’évolution du facteur de capitalisation ou d’actualisation<br />

en fonction respectivement de la valeur de l’index (x-i) ou de l’index (i-x). Rappelons que cet exposant n’est autre que l’écart existant entre l’année<br />

x de l’évaluation et l’année i de la dépense ou de la recette.<br />

tant initial obtenu après division des 81.000 € par ce facteur,<br />

serait alors de 9.000 € 1, 2 .<br />

Glorieux et splendide, M. Bigcash avance alors sa<br />

conclusion qu’il espère être fatale : « J’en conclus, cher<br />

M. Douglas, non seulement que vos peuplements ne rapportent<br />

en moyenne qu’environ 3%, et que par conséquent,<br />

le placement que je vous propose est susceptible<br />

de vous rapporter deux fois plus d’argent après une période<br />

de 50 ans que si vous mettiez cet argent dans la<br />

forêt. Et vous savez ce que tempête veut dire aussi bien<br />

que moi…» (dernière remarque accompagnée, malgré<br />

lui, d’un sourire sarcastique assez agaçant).<br />

M. Douglas étant un peu refroidi par cette démonstration<br />

allant à l’encontre de ce qu’il espérait de sa forêt tant<br />

aimée, forme une figure déconfite tout en cherchant<br />

vainement le moyen de contre-attaquer les idées de cet<br />

indécrottable financier. M. Bigcash sentant son client se<br />

cabrer, décide d’aller lui chercher les formules qui l’aideront<br />

à accepter cette triste vérité avec en tête son refrain :<br />

« Eh oui mon cher Monsieur, notre banque est souvent<br />

la plus rentable…».<br />

1 VA x<br />

= 81.000/(1+0,045) (50-0) = 9.000 (quand t a<br />

= 4,5%)<br />

2 On peut également considérer, en faisant appel à la méthode de<br />

capitalisation, qu’un placement initial de 9.000 € sur 50 ans, lorsqu’il est<br />

placé à du 4,5%, génère le même montant que celui que procurerait un<br />

placement initial de 18.400 € sur la même période, si celui-ci était placé à<br />

du 3%. En effet : 9000*1,045 50 = 18.400*1,03 50 = 81.000.<br />

Dardar, il revient avec quelques-unes des formules présentées<br />

précédemment (cadre 2) et le graphique 3 cicontre.<br />

Toutefois, M. Douglas était déjà parti, sans doute<br />

vert de rage d’entendre des sornettes pareilles. Accepter<br />

qu’une banque puisse être plus rentable que sa forêt<br />

était pour lui largement au-dessus de ses forces. Feu son<br />

grand-père lui ayant toujours affirmé que, sur le long<br />

terme, le placement en forêt resterait généralement plus<br />

sûr et plus rentable que les banques.<br />

Remarques et interprétations de l’histoire de M.<br />

Douglas<br />

• Le taux brut de 4,5% de la banque de M. Bigcash<br />

n’est pas du tout un cas d’exemple réaliste en <strong>2015</strong>. Il<br />

s’agit bien d’un exemple visant à comprendre le principe<br />

d’actualisation et non de comparer la rentabilité<br />

des banques avec celle de la forêt. Toutefois, s’il fallait<br />

considérer une situation plus proche de la réalité, le<br />

discours entre M. Douglas et M. Bigcash n’aurait pas<br />

eu lieu étant donné que le taux proposé par la banque<br />

aurait été plutôt proche de 3% brut, alors que celui du<br />

peuplement de mélèze aurait approché 4,5% brut.<br />

• Au-delà du caractère irréaliste du taux bancaire avancé,<br />

l’affirmation de M. Bigcash selon laquelle un placement<br />

dans un peuplement de mélèze ne rapporterait<br />

que 3% ne se base que sur les dires d’un chasseur passionné<br />

certainement peu concerné par les calculs de<br />

rentabilité forestière. De même, après avoir entendu<br />

M. Douglas avancer le facteur de capitalisation de « 4 »<br />

36 <strong>Silva</strong> Belgica septembre-octobre <strong>2015</strong>


GESTION<br />

Graphique 3 : évolution des valeurs actualisées d’un placement dont la recette finale serait de 81.000 € en fonction du taux d’actualisation<br />

utilisé (taux de 3% et de 4,5%)<br />

(sans même réaliser qu’il utilisait la méthode de capitalisation),<br />

M. Bigcash s’est empressé de conclure que<br />

le rendement associé à cette essence forestière était<br />

bien de 3%. Or, l’absence d’information sur la méthode<br />

de calcul de M. Douglas empêche de déterminer<br />

si le taux de 3% est en fait un « taux brut » (sachant<br />

que t brut<br />

≈ t net<br />

+ t inflation<br />

) ou bien d’un taux net (sachant<br />

que t net<br />

≈ t brut<br />

- t inflation<br />

).<br />

• Le lecteur attentif aura également remarqué, que dans<br />

les différents calculs exposés, M. Douglas, peut-être<br />

pris par surprise par la question de M. Bigcash, a oublié<br />

de signaler le montant de ses recettes intermédiaires.<br />

Il ne va pas sans dire que ces oublis remettent à nouveau<br />

sérieusement en cause les calculs de M. Bigcash.<br />

Le calcul d’un investissement en forêt doit en effet se<br />

référer à la formule plus complète de la « valorisation<br />

d’un peuplement forestier » que nous aborderons dans<br />

le point B ci-dessous.<br />

B – Valorisation d’un peuplement<br />

par la valeur capitalisée (VC) et<br />

par la valeur actualisée (VA)<br />

B.1. Introduction<br />

Dans le point A.2 exposé précédemment, la valeur<br />

capitalisée ne considérait qu’un seul et unique investissement.<br />

De plus, la valeur actualisée ne tenait compte<br />

que d’une seule et unique recette finale. Or, au cours de<br />

la vie d’un peuplement forestier, plusieurs dépenses et<br />

recettes sont générées au fil des interventions sylvicoles.<br />

L’objet du point B sera dès lors d’extrapoler le concept<br />

de capitalisation puis d’actualisation de sorte à reconstituer<br />

les formules du calcul complet de la valorisation<br />

d’un peuplement forestier, et cela selon l’une ou l’autre<br />

méthode. Le lecteur aura par ailleurs la possibilité de<br />

trouver des explications complémentaires sur ces formules<br />

dans le livre de référence de Mme Bary-Lenger 1 .<br />

Ensuite, après avoir exposé les formules principales<br />

permettant de valoriser un peuplement forestier, deux<br />

sous-points traiteront de leur utilisation pratique, permettant<br />

non seulement de mieux comprendre la place de<br />

l’inflation dans ces formules (point B.3), mais également<br />

d’opter pour la juste méthode de valorisation en fonction<br />

des cas de figures rencontrés (point B.4). Enfin, un cas<br />

d’exemple (point B.5) permettra d’illustrer l’ensemble<br />

des formules exposées dans ce point B.<br />

B.2 - Valorisation d’un peuplement<br />

forestier<br />

Dans le cadre du calcul de la valeur d’un peuplement forestier,<br />

la capitalisation considérera les dépenses comme<br />

des valeurs positives (comme dans la formule de base de<br />

la capitalisation) et les recettes comme des valeurs négatives.<br />

Au contraire, l’actualisation prendra compte des<br />

recettes en tant que valeurs positives (comme dans la<br />

formule de base de l’actualisation) et des dépenses en<br />

tant que valeurs négatives.<br />

1 Bary-Lenger et al, 1983, pp. 17 – 26.<br />

septembre-octobre <strong>2015</strong> <strong>Silva</strong> Belgica 37


GESTION<br />

Cadre 6 : formules de valorisation d’un peuplement forestier<br />

Où<br />

Valeur capitalisée d’un peuplement (de x années) (VC x<br />

)<br />

x<br />

x<br />

VC x<br />

= ∑(D i<br />

- R i<br />

) (1+t c<br />

) (x-i)<br />

i=0<br />

VC x<br />

= ∑(D i<br />

- R i<br />

) facteur de capitalisation i<br />

i=0<br />

Valeur actualisée d’un peuplement (de x années) (VA x<br />

)<br />

n<br />

(R<br />

VA x<br />

= ∑ i<br />

- D i<br />

)<br />

i=x+1 (1+t a<br />

) (i-x)<br />

n<br />

(R<br />

VA x<br />

= ∑<br />

i<br />

- D i<br />

)<br />

i=x+1 facteur d’actualisation i<br />

i : un âge déterminé compris dans un intervalle d’âge allant :<br />

- pour la capitalisation : de 0 jusque x<br />

- pour l’actualisation : de x+1 jusque n<br />

n<br />

∑ R i<br />

/ (1+t a<br />

) (i-x) = R (x+1)<br />

/ (1+t a<br />

) (x+1-x) + R (x+2)<br />

/ (1+t a<br />

) 2 + … + R (n-1)<br />

/ (1+t a<br />

) (n-1) + R n<br />

/ (1+t a<br />

) (n-x)<br />

i=x+1<br />

Reste de la légende : voir cadre 1 et 2<br />

Par conséquent, la valeur capitalisée (VC x<br />

) équivaut à la<br />

somme des différences entre les dépenses et les recettes<br />

capitalisées à l’année x du calcul et la valeur actualisée<br />

(VA x<br />

) équivaut à la somme des différences entre les<br />

recettes et les dépenses actualisées à l’année x du calcul.<br />

Commentaires sur les formules du cadre 6 :<br />

- La présentation de ces formules met l’accent sur la valorisation<br />

d’un peuplement à sa x e année (où x serait<br />

l’âge du peuplement à l’année du calcul), et non sur la<br />

détermination d’un « revenu actualisé » à l’année 0 tel<br />

que défini dans certaines formules du livre 1 .<br />

- Dans la formule relative au calcul de la valeur actualisée,<br />

on remarquera que l’on ne considère les montants<br />

dépensés ou touchés qu’à partir de l’année x+1 (l’index<br />

i allant de l’âge x+1 à l’âge n), alors que la valeur capitalisée<br />

tient compte de l’année x dans son calcul (l’index i<br />

allant de l’âge 0 jusque x compris). La raison se trouve<br />

dans le fait que l’on ne tienne compte, dans le cas de<br />

l’actualisation, que des montants futurs, et dans le cas<br />

de la capitalisation, que des montants passés. Or, le<br />

1 Pour retrouver les formules privilégiées dans le livre référencé, il suffira<br />

d’une part de remplacer x par n pour le calcul de la valeur capitalisée,<br />

et de remplacer x par 0 pour celui de la valeur actualisée.<br />

terme x du calcul étant exprimé en année, on considérera<br />

que les calculs sont effectués au 31/12 de l’année x,<br />

affirmant que toutes les dépenses et recettes de l’année<br />

x sont bien des montants passés et non futurs.<br />

- Dans le cas de la valorisation d’un jeune peuplement<br />

(x proche de 0), la méthode de capitalisation<br />

sera privilégiée. En effet, les termes du calcul ne<br />

prennent en compte que les dépenses (et les recettes<br />

lorsque les premières éclaircies ont déjà eu lieu) des x<br />

premières années (i étant indexé de 0 à x). En outre,<br />

plus le peuplement est jeune, plus il s’avère facile de se<br />

remémorer les dépenses (et recettes éventuelles) passées<br />

et, au contraire, difficile d’estimer sa productivité<br />

ou encore la qualité de ses produits futurs (influant<br />

sur le montants des recettes).<br />

- Par ailleurs, lorsque le peuplement approche de sa<br />

maturité (x proche de n), la méthode d’actualisation<br />

sera privilégiée. En effet, une estimation des recettes<br />

futures est alors plus évidente que de reconstituer les<br />

montants reçus ou déboursés par le passé. Par conséquent,<br />

la valorisation par la méthode de l’actualisation<br />

(ne prenant en compte que les recettes et dépenses<br />

s’étalant de l’année x à l’année n) sera logiquement<br />

plus appropriée.<br />

38 <strong>Silva</strong> Belgica septembre-octobre <strong>2015</strong>


GESTION<br />

B.3. Conversion des valeurs brutes en<br />

valeurs nettes<br />

Dans les formules du cadre 6, aucune précision n’a été<br />

faite quant aux types de montants « bruts » ou « nets » utilisés.<br />

Or, il est indispensable d’utiliser les mêmes types<br />

de montants dans le calcul. Dès lors, dans le cas où le<br />

propriétaire, avant d’entamer sa valorisation, faisait face<br />

à un mélange de montants bruts (M i bruts<br />

) et de montants<br />

nets (M i nets<br />

), les formules exposées dans le cadre 3 lui<br />

permettront d’effectuer cette conversion.<br />

On notera également que dans le cas de la valorisation<br />

d’un peuplement forestier, le taux d’inflation (t inflation<br />

) à<br />

considérer pour convertir un montant brut en montant<br />

net est, en principe, non l’inflation moyenne relative au<br />

prix du bois (voire de l’essence considérée), mais bien<br />

l’inflation générale de l’économie locale reflétant l’évolution<br />

du pouvoir d’achat associé à un euro. En effet,<br />

prendre l’inflation des cours du bois ne sera pas le meilleur<br />

choix du fait que ce taux ne sera pas forcément représentatif<br />

de l’évolution générale des prix 1 . De même,<br />

on remarquera que ces formules de conversion utilisent<br />

l’hypothèse simplificatrice où le taux d’inflation serait<br />

stable entre le début d’une plantation et la mise à blanc<br />

de celle-ci.<br />

B.4. Choix de la méthode et du taux<br />

Dans le cadre de la valorisation d’un peuplement, on se<br />

situe généralement dans un cas de figure où le propriétaire<br />

n’est pas en mesure de fournir un historique exact<br />

des dépenses effectuées parfois longtemps auparavant.<br />

De même, les simulations des montants futurs bruts<br />

(c’est-à-dire pour leurs valeurs nominales futures), impliquent<br />

de prendre en compte les effets de l’inflation<br />

sur les cours du bois.<br />

Par ailleurs, on peut voir qu’en pratique, les dépenses et<br />

recettes, passées (pour la capitalisation) et futures (pour<br />

l’actualisation), peuvent être plus facilement estimées<br />

lorsque l’on se réfère aux valeurs de l’année du calcul 2 .<br />

Dans ce cas, les montants utilisés ne sont donc plus les<br />

montants bruts réellement déboursés ou encaissés aux<br />

années i des dépenses D i<br />

ou des recettes R i<br />

, mais bien les<br />

montants nets. En effet, il sera plus facile de simuler les<br />

montants que généreront les coupes de bois futures sur<br />

base des cours du bois à l’année x du calcul, plutôt que<br />

de devoir exprimer les cours du bois en valeurs brutes<br />

futures, en multipliant les valeurs actuelles (à l’année<br />

x) par les « facteurs d’inflation » comme définis dans le<br />

cadre 3.<br />

Par conséquent, lors de l’utilisation des formules du<br />

cadre 6 dédiées à la valorisation d’un peuplement, l’utilisation<br />

de montants nets (et uniquement nets) sera privilégiée<br />

par rapport aux montants bruts (et uniquement<br />

bruts).<br />

De même, dans la pratique, l’auteur de l’évaluation d’un<br />

peuplement forestier régulier pourra être confronté à<br />

ces différents cas de figures :<br />

- les dépenses et recettes passées sont connues : étant<br />

connus, ces montants sont « bruts ». On utilisera la<br />

méthode de capitalisation avec des montants et un<br />

taux de capitalisation bruts (M i brut<br />

et t c brut<br />

) 3 ;<br />

- les dépenses et recettes passées sont estimées : étant<br />

estimés, ces montants sont « nets ». On utilisera donc<br />

la méthode de capitalisation avec un taux de capitalisation<br />

net (t c net<br />

), où t c net<br />

est le rendement réel du peuplement<br />

et où les recettes et dépenses sont des montants<br />

nets (M i net (x)<br />

), c’est-à-dire estimés sur base des<br />

valeurs de l’année x du calcul ;<br />

- les dépenses et recettes futures sont estimées : étant<br />

estimés, ces montants sont « nets ». On utilisera donc<br />

la méthode d’actualisation avec des montants et un<br />

taux d’actualisation nets (M i net<br />

et t a net<br />

).<br />

1 Pour mieux comprendre l’impact du décalage entre, d’une part,<br />

l’évolution de l’inflation nationale et, d’autre part, celle des cours du bois,<br />

il est possible d’interpréter ce gain (t infl.nat<br />

< t infl.bois<br />

) ou cette perte (t infl.nat<br />

> t infl.bois<br />

) comme un effet de marché impactant positivement ou négativement<br />

la rentabilité forestière. Une constatation sur le long terme d’un<br />

effet de valorisation versus dévalorisation du bois, représenterait un effet<br />

de marché. L’effet que l’on pourrait associer à la plus-value que l’on ferait<br />

sur une option ou une action cotée en bourse. L’évaluation de cet effet<br />

de marché et de son évolution dans le temps ne seront néanmoins pas<br />

intégrées dans les formules présentées dans cet article.<br />

2 Les valeurs réelles (à pouvoir d’achat constant et exprimées par rapport<br />

à l’année x du calcul) des investissements (valeur du fonds, coût de<br />

plantation, frais de dégagement, etc.) et des recettes passées ou futures<br />

sont par hypothèse des références plus fiables lorsqu’elles sont exprimées<br />

en valeurs faisant référence à celles de l’année x du calcul.<br />

3 Pour rappel, comme expliqué plus haut, t brut<br />

≈ t net<br />

+t inflation<br />

où t net<br />

est le<br />

rendement réel du peuplement, soit l’estimation du taux interne de rentabilité<br />

(t ir net<br />

) dont on reparlera dans la deuxième partie de l’article.<br />

septembre-octobre <strong>2015</strong> <strong>Silva</strong> Belgica 39


GESTION<br />

Tableau 4 : exemple chiffré de la valorisation d’un peuplement par la capitalisation et par l’actualisation<br />

Paramètres : âge x du peuplement lors de l’estimation : 50 - Taux d’inflation : 2% - T a net<br />

et T c net<br />

: 3,5%<br />

Dépenses et recettes<br />

Neutralisation de l’inflation<br />

Valorisation par la<br />

capitalisation<br />

Valorisation par<br />

l’actualisation<br />

Année<br />

Objet<br />

(Recettes -<br />

Dépenses)<br />

brutes<br />

Facteur<br />

d’inflation (par<br />

multiplication)<br />

Facteur<br />

d’inflation (par<br />

division)<br />

(Recettes -<br />

Dépenses)<br />

nettes<br />

Facteur de<br />

capitalisation<br />

net (par<br />

multiplication)<br />

(Dépenses<br />

- Recettes)<br />

nettes<br />

capitalisées<br />

Facteur d’actualisation<br />

net<br />

(par division)<br />

(Recettes -<br />

Dépenses)<br />

nettes<br />

actualisées<br />

0 Fonds -1.500 € 2,69 0,37 -4.037 € 5,58 22.548 €<br />

2 Préparation du terrain -800 € 2,59 0,39 -2.070 € 5,21 10.790 €<br />

3 Plantation -1.625 € 2,54 0,39 -4.122 € 5,04 20.761 €<br />

5 Dégagement -800 € 2,44 0,41 -1.950 € 4,70 9.171 €<br />

18 Elagage -1.500 € 1,88 0,53 -2.827 € 3,01 8.499 €<br />

22 Première éclaircie 700 € 1,74 0,57 1.219 € 2,62 -3.193 €<br />

29 Deuxième éclaircie 1.700 € 1,52 0,66 2.577 € 2,06 -5.306 €<br />

36 Troisième éclaircie 4.700 € 1,32 0,76 6.202 € 1,62 -10.038 €<br />

43 Quatrième éclaircie 6.700 € 1,15 0,87 7.696 € 1,27 -9.792 €<br />

50 Cinquième éclaircie 8.200 € 1,00 1,00 8.200 € 1,00 -8.200 €<br />

57 Sixième éclaircie 9.700 € 0,87 1,15 8.444 € 1,27 6.637 €<br />

70 Mise à blanc 43.650 € 0,67 1,49 29.375 € 1,99 14.763 €<br />

70 Fonds 7.000 € 0,67 1,49 4.711 € 1,99 2.367 €<br />

Valeur VC(x) 35.241 € Valeur VA(x) 23.768 €<br />

B.5. Exemple chiffré relatif à la<br />

valorisation d’un peuplement<br />

Le tableau 4 présente un exemple chiffré illustrant<br />

les deux méthodes de calcul pour la valorisation d’un<br />

peuplement âgé de 50 ans. Les montants sont dans un<br />

premier temps neutralisés des effets de l’inflation en<br />

multipliant ou en divisant les montants bruts par leur<br />

« facteurs d’inflation » respectifs (voir cadre 3) 1 . Les<br />

montants nets ainsi obtenus sont ensuite, soit, capitalisés<br />

en les multipliant par le « facteur de capitalisation<br />

net » (utilisant le taux t c net<br />

), soit, actualisés en divisant<br />

ces montants nets par le « facteur d’actualisation net»<br />

(utilisant le taux t a net<br />

).<br />

1 Le facteur d’inflation par multiplication est de (1+t a<br />

) (x-i) alors que le<br />

facteur d’inflation par division est de (1+t a<br />

) (i-x) . Ces deux facteurs ont<br />

donc des effets identiques étant donné que (1+t a<br />

) (x-i) = 1/(1+t a<br />

) (i-x) . Néanmoins,<br />

dans l’exemple du tableau 4, l’emploi d’un facteur supérieur (ou<br />

égal) à 1 étant plus facile pour la compréhension du lecteur, on utilisera<br />

le facteur par multiplication lorsque x est supérieur à i (pour les recettes<br />

et dépenses ayant lieu avant l’année x du calcul) et le facteur par division<br />

quand i est supérieur à x (pour les recettes et dépenses ayant lieu après<br />

l’année x du calcul).<br />

Commentaires<br />

- Le « facteur de capitalisation » par lequel on multiplie<br />

les montants à capitaliser étant (1+t c<br />

) (x-i) , on en<br />

déduira aisément que plus t c<br />

est élevé, plus la valeur<br />

capitalisée (VC x<br />

) sera élevée, et qu’inversement, plus<br />

le t c<br />

est faible, plus la (VC x<br />

) sera faible. De même, on<br />

voit que le « facteur de capitalisation » aura un effet<br />

plus important sur les dépenses des premières années.<br />

En effet, pour une année x déterminée, l’exposant (xi)<br />

est en effet plus important quand i est proche de 0.<br />

- Le « facteur d’actualisation » par lequel on divise les<br />

montants (R i<br />

-D i<br />

) à actualiser étant (1+t a<br />

) (i-x) , on en déduira<br />

que plus le « taux d’actualisation » (t a<br />

) est élevé,<br />

plus la « valeur actualisée » (VA x<br />

) sera faible, et qu’inversement,<br />

plus le t a<br />

est faible, plus la VA x<br />

sera élevée.<br />

De même, on remarquera que le « facteur d’actualisation<br />

» aura un effet plus important sur les recettes des<br />

dernières années. En effet, pour une année x déterminée,<br />

l’exposant (i-x) est d’autant plus important que i<br />

tend vers n.<br />

- Dans l’exemple du tableau 4, la valeur du peuplement<br />

obtenu par la méthode de capitalisation (en utilisant<br />

un t c net<br />

de 3,5%) est de 35.241 € alors que celle obtenue<br />

40 <strong>Silva</strong> Belgica septembre-octobre <strong>2015</strong>


GESTION<br />

par la méthode d’actualisation (en utilisant un t a net<br />

de<br />

3,5%) n’est que de 23.768 € (soit un delta absolu de<br />

plus de 10.000 € entre les deux estimations). On verra<br />

dans la prochaine partie de cet article que la différence<br />

entre ces deux valorisations est due au fait que le taux<br />

utilisé de 3,5% (tant pour t c net<br />

que pour t a net<br />

) est supérieur<br />

au « taux interne de rentabilité net » (t ir net<br />

) que<br />

l’on aurait dû utiliser pour obtenir la valeur réelle du<br />

peuplement à l’année x.<br />

Suite de l’article dans le numéro de janvier 2016.<br />

Les<br />

coachs<br />

forestiers<br />

Partage d’expérience et convivialité<br />

Vous êtes fraîchement devenu propriétaire forestier suite à un achat ou une succession.<br />

Vous avez une foule de questions mais ne savez où trouver les réponses.<br />

Vous souhaitez rencontrer d’autres propriétaires forestiers.<br />

La société Royale Forestière de Belgique a mis en place un réseau de propriétaires et gestionnaires<br />

forestiers, désireux de partager leurs connaissances lors de rencontres avec d’autres<br />

propriétaires moins expérimentés. Ces « coachs forestiers » peuvent vous rencontrer, vous<br />

écouter, répondre à vos questions et vous orienter dans vos projets.<br />

Infos pratiques<br />

Orane Bienfait<br />

Société Royale Forestière de Belgique<br />

Galerie du Centre/Bte 289<br />

1000 Bruxelles<br />

Tél. 02 227 56 50 - fax. 02 223 01 45<br />

orane.bienfait@srfb-kbbm.be<br />

Prix<br />

Gratuit pour les membres de la SRFB<br />

50,00 € pour les non-membres<br />

septembre-octobre <strong>2015</strong> <strong>Silva</strong> Belgica 41


FOREST FRIENDS<br />

Parle-moi de la forêt !<br />

par Martine Carbonnelle<br />

Attaques détectées,<br />

systèmes<br />

de défenses<br />

enclenchées<br />

Depuis un certain temps, je suis impressionnée par<br />

le fait que les arbres et les plantes réagissent à<br />

leur environnement et ce d’une manière vraiment<br />

proactive. Convaincue par le documentaire d’Arte « la<br />

force cachée des plantes », du fait que les plantes communiquent,<br />

j’ai décidé de vous parler de leurs prouesses<br />

en la matière lorsqu’il s’agit de se défendre. Loin de moi<br />

l’idée d’humaniser les arbres et de leur prêter un esprit,<br />

une volonté. Non ce sont les propriétés de la biochimie<br />

des végétaux que je voudrais souligner : elles seules suffisent<br />

à montrer comment les végétaux communiquent.<br />

Alerte à bord<br />

Au début des années 80, des chercheurs aux États-Unis<br />

ont montré que lorsqu’un expérimentateur détruit<br />

volontairement une partie du feuillage d’un peuplier,<br />

d’un érable, d’un aulne ou d’un chêne, simulant ainsi sa<br />

consommation par des herbivores, le reste du végétal<br />

riposte par une synthèse accrue de diverses substances,<br />

en particulier des tanins, aussi peu comestibles les unes<br />

que les autres pour les herbivores. L’arbre devient indigeste<br />

! Le mécanisme de perception de l’agression n’est<br />

pas encore bien connu, mais bien celui de la réaction<br />

d’alerte qui est transmise par des hormones végétales.<br />

Celles-ci, contrairement aux hormones animales ne sont<br />

pas sécrétées par un organe spécifique mais produites<br />

par de nombreuses parties de la plante. Elles circulent<br />

avec la sève.<br />

Le professeur Farmer de l’Université de Lausanne a émis<br />

l’hypothèse qu’il pouvait aussi y avoir une transmission<br />

électrique. Son étude (revue nature 2013) l’a confirmée<br />

et laisse entrevoir qu’il y aurait une transmission<br />

de signaux électriques entre organes sans utilisation de<br />

neurones (apparentée à l’activité synaptique de notre<br />

cerveau).<br />

Alerte générale<br />

En 1980, plusieurs koudous d’élevage sont retrouvés<br />

inanimés dans leurs enclos au pied d’acacias. Des chercheurs<br />

sud-africains se penchent sur le sujet et suspectent<br />

des mécanismes de défense inédits. Il s’avère que cette<br />

plante possède à l’état naturel, une toxine en petite quantité<br />

et par conséquent inoffensive. Mais quand l’acacia est<br />

fortement attaqué par des herbivores, il secrète alors la<br />

toxine en forte quantité qui devient mortelle pour qui<br />

l’ingurgite. Il s’agit du mécanisme dont nous avons parlé<br />

plus haut. Mais ce qui est le plus étonnant, c’est que les<br />

arbres sous le vent sécrètent eux aussi cette même toxine<br />

même quand ils n’ont pas été attaqués par les herbivores !<br />

Mais comment ces arbres ont-ils pu communiquer ? C’est<br />

par voie chimique que les végétaux communiquent. Ils<br />

émettent des « bouquets » de composés organiques volatils<br />

(COV), des molécules gazeuses portées par le vent.<br />

Des milliers de COV différents existent : des terpènes<br />

présents dans les huiles essentielles ; de l’éthylène émis<br />

en cas de stress ; des phytohormones.<br />

42 <strong>Silva</strong> Belgica septembre-octobre <strong>2015</strong>


Les chercheurs identifient désormais ces signaux<br />

chimiques très fins avec des appareils de chromatographie<br />

de plus en plus performants. En enfermant la plante<br />

dans une enceinte, on capture, grâce à des adsorbants,<br />

les molécules émises. C’est un domaine de recherche en<br />

pleine expansion et les découvertes au sujet de l’émission<br />

et de l’interaction de ces COV sont étonnantes. Certaines<br />

de ces molécules seraient sources de pollutions, d’autres<br />

pourraient servir à diminuer l’emploi d’insecticides<br />

comme nous le montre l’exemple du tabac sauvage dans<br />

le paragraphe suivant.<br />

Appel des renforts<br />

Le tabac sauvage lorsqu’il est attaqué met en place les<br />

mécanismes vus plus haut et son taux de nicotine devient<br />

mortel pour les prédateurs. Malheureusement<br />

pour lui, l’espèce de papillon manduca est immunisée<br />

et la chenille affectionne ses feuilles. Tandis qu’elle grignote,<br />

elle agit comme un signal. La plante produit alors<br />

de l’acide jasmonique qui, combiné à l’éthylène, est libéré<br />

dans l’air. Cette « odeur » attire une guêpe de la famille<br />

des Ichneumons. Cette guêpe n’attendait que cela<br />

; elle fonce sur la chenille, et y pond un œuf qui, en se<br />

développant, tue la chenille. Le tabac est sauvé. D’autres<br />

études ont montré que le chou, le maïs, la tomate n’hésitent<br />

pas non plus à provoquer l’attaque des ennemis<br />

de leurs ennemis pour se protéger. On suppose que ce<br />

phénomène est sans doute présent chez d’autres végétaux<br />

: reste à l’étudier et continuer à découvrir comment<br />

plantes et insectes échangent des signaux chimiques de<br />

communication et quel parti en tirer.<br />

Il semblerait que ces fameux COV, seraient aussi responsables<br />

du brouillard et de la pluie sur les massifs forestiers<br />

: se combinant à l’ozone, ils alourdiraient les molécules<br />

gazeuses en suspension dans les nuages. Je parle au<br />

conditionnel car je n’ai pas trouvé d’étude confirmant<br />

cette hypothèse mentionnée dans plusieurs articles.<br />

Conclusions<br />

Au fil des recherches, j’ai été une fois de plus émerveillée<br />

et étonnée des secrets de la vie du monde végétal : les<br />

plantes communiquent mais certaines études montrent<br />

aussi qu’elles pourraient percevoir les bruits et peut être<br />

même « voir » !<br />

D’étude en étude, j’étais de plus en plus curieuse ; verrons<br />

nous naître de nouvelles formes d’insecticides ou<br />

de bactéricides ? Trouverons-nous le secret pour « faire<br />

la pluie » ?<br />

Ensuite, je suis devenue perplexe quant à nos hypothèses<br />

sur toutes les nouvelles maladies qui touchent nos arbres ;<br />

viennent-elles directement du réchauffement climatique<br />

ou bien est-ce l’augmentation en CO 2<br />

et autres polluants<br />

qui troublent la communication entre nos arbres et les<br />

empêchent de se prémunir contre les agresseurs ?<br />

Ce n’est qu’une hypothèse, une intuition mais quand, je<br />

vois toutes ces prouesses végétales, une chose est certaine<br />

pour moi : la nature s’adaptera plus ou moins vite, je lui<br />

fais confiance. A long terme, elle n’a peut-être pas besoin<br />

de nous, juste d’un peu de respect !<br />

septembre-octobre <strong>2015</strong> <strong>Silva</strong> Belgica 43


FOREST FRIENDS<br />

Forêt et passion<br />

La famille Sag<br />

longue lignée<br />

par Martine Carbonnelle<br />

Le vendredi 17 juillet eut lieu notre dernière excursion<br />

forestière. Elle était consacrée à la biodiversité en forêt<br />

et se déroula, notamment, dans la propriété de la<br />

famille Sagehomme.<br />

En lisant l’invitation à cette excursion, je me suis posée<br />

cette question : pourquoi Baudouin Sagehomme, que je<br />

connais par ailleurs, avait-il créé, chez lui, un projet Life ? 1<br />

Quelles motivations l’avaient poussé ? Était-il tombé sur la<br />

tête ou avait-il contracté le « virus écolo »? La visite m’a<br />

tout à fait rassurée : non Baudouin était toujours pareil à<br />

lui-même, homme heureux à Jalhay dans sa grande forêt.<br />

Celle-ci, sur sol ardennais à une altitude de +/- 400 m, se<br />

répartit en quatre grands blocs : la Bourgeoise (45% feuillus),<br />

les Heids (80% feuillus), le Coreux (10% feuillus), et<br />

Charneux-Surister (50% feuillus).<br />

C’est donc une forêt équilibrée dans la répartition des<br />

essences ; beaucoup moins en ce qui concerne les classes<br />

d’âge … c’est une forêt âgée dont Baudouin a hérité<br />

pour partie et opéré des achats, pour l’autre partie.<br />

Monsieur Sagehomme, vous êtes<br />

propriétaire ; quels sont les liens qui<br />

vous attachent à cette forêt ?<br />

Je pourrais résumer en deux mots : lien génétique ! Et je<br />

dirais doublement génétique puisque la première parcelle<br />

de forêt a été acquise en 1851 par l’ancêtre commun<br />

de mon épouse Pitchounette et de moi-même. Cela fait<br />

six générations (huit avec mes enfants et petits-enfants)<br />

que nous vivons sur place et nous occupons des bois, et<br />

c’est donc plus qu’une tradition familiale, je dirais un<br />

ancrage. Mais il a fallu que j’y travaille de mes mains<br />

pour me l’approprier, la mériter … avant je considérais<br />

1 Les projets LIFE sont des projets de restauration de biotopes et<br />

d’habitats d’espèces visés par les Directives « Oiseaux » et « Faune-Flore-<br />

Habitats » dans des sites Natura 2000 qui permettent de retrouver de<br />

nouveaux équilibres entre les différents services écosystémiques dans des<br />

zones où les activités de production sont généralement plus difficiles (sols<br />

marginaux).<br />

que c’était un cadeau de « gosse de riches ». J’y travaille<br />

avec mon épouse en moyenne deux jours par semaine.<br />

La forêt est aussi pour moi très importante car elle me<br />

permet d’encore et toujours construire l’avenir.<br />

Pourriez-vous nous raconter l’histoire de<br />

cette forêt ?<br />

Comme évoqué dans la réponse précédente, elle s’est<br />

progressivement agrandie par achats successifs et opiniâtreté.<br />

L’achat du Coreux en 2000 nous a vraiment réjouis<br />

car nous avions raté stupidement l’affaire en 1906<br />

pour une histoire de garde chasse braconnier ! Étant notaire,<br />

j’avais à cœur de continuer cette politique d’achat<br />

et de maîtriser l’aspect successoral du bien.<br />

Actuellement, le massif total est divisé en plusieurs propriétaires<br />

familiaux. Mes filles et moi-même sommes en<br />

route vers la création d’un groupement forestier.<br />

Si la famille a beaucoup planté, elle y a aussi beaucoup<br />

chassé !<br />

Parlez-nous de la gestion de cette forêt :<br />

Quel est votre objectif ? Comment<br />

faites-vous cela concrètement ?<br />

Pour moi, le premier et plus important objectif est le<br />

plaisir que ce bois peut procurer (balade, travail, chasse,<br />

occasion de réunion familiale). C’est donc tout naturellement<br />

que l’aspect esthétique arrive en second. C’est<br />

d’ailleurs une de mes motivations concernant le projet<br />

Life de réhabilitation d’un fond de vallée en tourbière.<br />

Vient ensuite le rendement équilibré respectant la nature,<br />

ce qui est gage de pérennité et d’esthétique. En ce<br />

sens le projet Life (+/- 4 ha) ne nuit en rien à la rentabilité<br />

générale mais sert (oh combien) la biodiversité et<br />

l’aspect esthétique. Cela a été aussi pour moi l’occasion<br />

de prouver qu’un partenariat pouvoir public/privé était<br />

44 <strong>Silva</strong> Belgica septembre-octobre <strong>2015</strong>


ehomme, une<br />

de forestiers<br />

possible et qu’un partenariat entre environnementaliste<br />

et sylviculteur était aussi possible. Donc, pas<br />

de soucis à se faire sur mon état mental … que du<br />

contraire ! N’étant pas omniscient, je gère les bois avec<br />

l’aide et les conseils de Jean Réginster (expert forestier).<br />

C’est mon épouse et moi qui faisons les suggestions et<br />

nous en parlons avec lui. Il s’occupe de tous les aspects<br />

plus organisationnels (vente de bois, plantations) ; nous<br />

gardons la gestion sur place (martelage avec lui et divers<br />

travaux forestiers). Nous n’avons encore qu’un plan de<br />

gestion succinct mais nous nous attelons à en mettre un<br />

sur pied en bonne et due forme … Il faut bien percevoir<br />

tous les aspects de la propriété et les désirs de chacun<br />

puisqu’on construit un projet d’avenir … c’est sérieux<br />

et cela prend du temps.<br />

Quelles sont pour vous, les qualités<br />

principales (3 mots) que devrait avoir un<br />

propriétaire/gestionnaire forestier ?<br />

- Être patient, observateur et travailleur.<br />

Il y a-t-il un problème précis qui<br />

vous tracasse ?<br />

J’ai actuellement un gros problème avec le désir de réouverture<br />

des chemins. Ce n’est pas tellement le principe<br />

de l’ouverture aux piétons qui me pose problème mais<br />

la difficulté de dialogue avec les autorités communales<br />

(ou plutôt, les méthodes utilisées par ces dernières) et<br />

les usagers de la forêt. Je suis bien heureux que NTF<br />

existe pour pouvoir servir de médiateur au cas où nous<br />

n’arriverions pas à un accord.<br />

Baudouin et son épouse sur le site<br />

en restauration.<br />

Vous avez droit<br />

à une phrase courte<br />

Être propriétaire forestier m’apporte le plaisir de la proximité<br />

avec la nature, l’occasion de me projeter dans l’avenir,<br />

un centre d’intérêt commun à partager en couple et<br />

avec mes enfants et petits enfants.<br />

Et pour conclure ?<br />

J’aimerais dire aux non propriétaires forestiers que la<br />

forêt est un lieu merveilleux d’observation de la nature<br />

et de ressourcement. Mais qu’elle est fragile et doit donc<br />

être aimée et respectée.<br />

***<br />

En terminant cette interview, j’avais un petit regret :<br />

j’avais devant moi Baudouin mais je me rendais compte,<br />

qu’en fait, j’aurais du avoir Baudouin et Pitchounette car<br />

cette gestion forestière est vraiment une activité commune<br />

qui les passionne tous les deux et les unit. Et voilà<br />

un rôle de plus à ajouter à la liste des rôles de la forêt.<br />

Baudouin m’a fait comprendre un autre rôle qui se<br />

constate aisément dans la moyenne d’âge des participants<br />

aux voyages forestiers : la forêt maintient jeune car<br />

elle invite à l’activité physique, mais surtout permet de<br />

faire des projets d’avenir … deux conseils de base pour<br />

garder l’éternelle jeunesse à appliquer sans modération !<br />

Alors merci Baudouin et Pichounette de nous avoir<br />

partagé votre passion forestière et votre enthousiasme<br />

teinté de terroir et d’humour .<br />

septembre-octobre <strong>2015</strong> <strong>Silva</strong> Belgica 45


VENTE DE BOIS<br />

Ventes de bois – campagne<br />

d’automne <strong>2015</strong><br />

Avis aux propriétaires et gestionnaires forestiers<br />

À<br />

la veille des ventes de bois d’automne, l’Union<br />

Régionale des Entreprises du Bois (Urebo) qui<br />

fédère notamment le secteur de l’exploitation<br />

forestière en Wallonie, souhaite vous faire part des nouvelles<br />

charges financières qui pèseront sur les entreprises<br />

du secteur et qui pourraient influencer de manière plus<br />

ou moins importante le prix d’achat des bois lors des<br />

prochaines campagnes de vente.<br />

Obligation de fumigation des grumes<br />

destinées à l’exportation<br />

Depuis le 1 er juin <strong>2015</strong>, l’AFSCA a durci ses conditions<br />

quant à la délivrance des certificats phytosanitaires et<br />

plus particulièrement vis-à-vis du traitement des grumes<br />

exigé par certains pays importateurs. Lorsque le pays importateur<br />

l’exige, les certificats attestent du traitement<br />

des bois contre les insectes xylophages dans le pays d’origine.<br />

Depuis ce 1 er juin <strong>2015</strong>, il ne subsiste plus qu’un<br />

seul produit agréé en Belgique pour le traitement des<br />

grumes, à savoir le ProFume. Les contraintes d’utilisation<br />

de ce gaz, qui doit être appliqué par fumigation, sont<br />

telles que seules des entreprises spécialisées et agréées<br />

peuvent l’appliquer. Ce traitement va donc engendrer<br />

des coûts additionnels obligatoires pour les entreprises<br />

commercialisant des grumes à l’exportation, ce coût supplémentaire<br />

étant estimé à environ 15 €/m³.<br />

Certains seront sûrement tentés de voir dans cette mesure<br />

une opportunité permettant d’encourager la transformation<br />

locale de nos bois indigènes. Cela pourrait<br />

en effet s’avérer profitable pour le chêne mais il n’en est<br />

pas de même pour le hêtre et le frêne. En effet, la transformation<br />

de ces essences ayant quasiment disparu en<br />

Belgique, le marché de l’exportation est une des seules<br />

opportunités de valorisation, en dehors de la trituration<br />

ou du bois de chauffage. Les répercussions sur le<br />

prix d’achat du bois sur pied risquent donc d’être plus<br />

conséquentes pour le hêtre et le frêne.<br />

Nouvelle redevance kilométrique pour<br />

le transport<br />

La deuxième mesure impactant, cette fois, l’ensemble<br />

du secteur de l’exploitation forestière, concerne la redevance<br />

kilométrique des poids lourds circulant sur les<br />

routes belges, qui sera d’application dès le 1 er avril 2016.<br />

Le transport de bois se faisant presque exclusivement<br />

par route dans notre pays, cette nouvelle redevance devra<br />

être répercutée par les transporteurs auprès de leurs<br />

clients. Les prix d’achat des bois sur pied risquent donc<br />

d’en être impactés. Le coût de la redevance sera compris<br />

entre 12 et 20 cents du kilomètre.<br />

Il est encore difficile de chiffrer de manière précise les<br />

conséquences que ces deux nouvelles mesures auront sur<br />

le prix des bois sur pied, mais elles devraient malheureusement<br />

engendrer une diminution du prix d’achat dès<br />

cet automne.<br />

Source : communiqué de presse d’Urebo du 14 août <strong>2015</strong>.<br />

46 <strong>Silva</strong> Belgica septembre-octobre <strong>2015</strong>


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LÉGISLATION<br />

La cueillette des champignons<br />

par David Dancart, Société Royale Forestière de Belgique<br />

Nous voici à l’aube de la saison des champignons. La combinaison<br />

« chaleur et humidité » les fait « bourgeonner » en grand<br />

nombre. Certains sont comestibles et les gastronomes se préparent<br />

à la cueillette.<br />

Mais qu’en est-il de la législation en matière de cueillette de<br />

champignons. Où peut-on les cueillir ? Que dit le Code forestier<br />

à ce sujet ?<br />

Les cèpes sont<br />

probablement les<br />

champignons les<br />

plus recherchés par<br />

les amateurs.<br />

En Wallonie, la cueillette des champignons<br />

est réglementée par le Code forestier (décret<br />

du 15 juillet 2008) dont l’article 50 définit<br />

le principe général applicable à toute la forêt<br />

wallonne, y compris privée : « Aucun prélèvement<br />

de produits de la forêt ne peut avoir lieu sans le<br />

consentement du propriétaire et sans respecter les<br />

conditions générales qui peuvent être arrêtées par<br />

le Gouvernement. » 1 . Et le Gouvernement a fixé<br />

ces conditions à l’article 25 de l’arrêté du 27 mai<br />

2009.<br />

1 Il convient également d’obtenir l’accord du propriétaire pour<br />

la récolte des fleurs et des baies.<br />

En forêt publique<br />

En forêts domaniales, aucune autorisation préalable<br />

n’est cependant nécessaire.<br />

La cueillette est autorisée et limitée à raison d’un<br />

seau de 10 litres par jour et par personne 2 , excepté<br />

si le prélèvement est effectué pour les besoins<br />

d’une association scientifique, caritative ou de jeunesse.<br />

Cette limitation permet d’éviter le pillage<br />

du sous-bois et la commercialisation. La cueillette<br />

n’est donc autorisée qu’à usage familial.<br />

2 Pour les fleurs, la quantité maximum autorisée est de deux<br />

poignées par personne et par jour. Elle correspond au contenu<br />

d’un seau d’un volume de dix litres par personne et par jour pour<br />

les autres produits de la forêt.<br />

48 <strong>Silva</strong> Belgica septembre-octobre <strong>2015</strong>


LÉGISLATION<br />

D’autre part, la cueillette n’est autorisée qu’entre<br />

le lever et le coucher du soleil.<br />

Elle est évidemment interdite lorsque la forêt est<br />

fermée réglementairement pour l’exercice de la<br />

chasse.<br />

L’autorisation de la cueillette n’annule pas les<br />

autres règles du Code forestier. Ainsi, si l’autorisation<br />

de cueillette emporte le droit de circuler<br />

« pédestrement » hors voiries, il sera interdit de circuler<br />

avec des véhicules à moteur sur les chemins<br />

et sentiers.<br />

En forêts communales, la situation est très variable<br />

d’un propriétaire à l’autre. La règle générale<br />

est l’interdiction de cueillette mais de nombreuses<br />

communes l’autorisent à leurs habitants, voire<br />

seconds résidents, voire de manière plus large<br />

encore.<br />

Il est donc nécessaire de se renseigner préalablement<br />

auprès de la commune concernée pour éviter<br />

toute mauvaise surprise.<br />

pied hors voiries en fonction d’éventuels desiderata<br />

complémentaires du propriétaire.<br />

Les quantités de cueillette restent d’application en<br />

forêts privées.<br />

Dans les autres régions<br />

En Région bruxelloise, en raison de la fréquentation<br />

élevée de la forêt de Soignes, une mesure<br />

drastique a été adoptée. La cueillette des champignons<br />

est tout simplement interdite.<br />

En Région flamande, la cueillette des champignons<br />

est interdite dans les forêts privées et publiques,<br />

mais le propriétaire / gestionnaire peut demander<br />

à l’Agentschap voor natuur en bos (ANB) une<br />

autorisation. Cela doit alors figurer dans le plan de<br />

gestion forestière.<br />

***<br />

En forêt privée<br />

Comme le stipule le Code forestier, il est interdit<br />

de récolter des champignons sans l’accord du propriétaire.<br />

La personne qui recevra une autorisation<br />

du propriétaire sera alors considérée comme<br />

« un ayant droit ». Il pourra donc ainsi circuler à<br />

Remerciements à Jean-Pierre Scohy, ingénieur des Eaux<br />

et Forêts, pour sa relecture attentive.<br />

La trompette des<br />

morts ou trompette<br />

de la mort,<br />

espèce comestible<br />

très répandue, qui<br />

pousse par groupes<br />

en forêts.<br />

septembre-octobre <strong>2015</strong> <strong>Silva</strong> Belgica 49


CHRONIQUE ÉCONOMIQUE<br />

Vers la fin des exportations<br />

de grumes ?<br />

par Eric Letombe<br />

La plupart des pays européens n’appliquent pas d’interdiction d’exportation<br />

de grumes. Pourtant, d’autres pays, voire certaines ONG, s’impliquent<br />

dans une politique restrictive des exportations. S’agit-il d’un protectionnisme<br />

économique, environnemental ou d’un simple bon sens sociétal ?<br />

La gestion de la ressource<br />

Depuis deux décennies, la majorité des pays<br />

du monde a mis en place des programmes<br />

de gestion de leur forêt. Les pays ayant<br />

des lois forestières depuis 200 ans, à l’instar de<br />

la France et de l’Allemagne, ont souvent servi de<br />

modèles. La loi forestière, parfois reprise dans un<br />

code forestier comme en Wallonie, s’applique sur<br />

l’ensemble du territoire du pays ou d’une région.<br />

Les grandes conférences comme Rio ou Helsinki<br />

participent activement aux évolutions des lois<br />

forestières. A titre d’exemple, la Russie a mis à<br />

jour son code forestier en 2007 (en intégrant par<br />

exemple la taïga comme écosystème forestier) suite<br />

à la convention d’Helsinki. Ces grandes réunions<br />

permettent de faire un état des lieux grâce aux données<br />

scientifiques et techniques les plus récentes et<br />

de débattre des orientations futures. Certains pays<br />

ont un pouvoir important. La Russie, possédant<br />

20% de la ressource mondiale, y joue ainsi un rôle<br />

majeur.<br />

Comme chacun le sait, le changement climatique<br />

est une des très grandes préoccupations de nos<br />

sociétés. La forêt, et a fortiori sa gestion, est un<br />

paramètre important reconnu par les scientifiques<br />

pouvant contribuer à limiter le réchauffement climatique.<br />

La conférence de Paris de <strong>2015</strong> sur le climat<br />

devra apporter une nouvelle impulsion vers le<br />

changement de notre modèle de consommation.<br />

Les récentes déclarations du président américain<br />

Barack Obama lors de la présentation de son plan<br />

pour le climat sont là pour rappeler l’enjeu de<br />

cette conférence. Barack Obama souhaite réduire<br />

de 32% les émissions de CO 2<br />

des centrales électriques<br />

des USA d’ici 2030, par rapport à 2005.<br />

Les énergies renouvelables, en particulier l’éolien<br />

et le solaire, devraient apporter une partie de la<br />

solution en produisant 28% de l’énergie.<br />

Les impacts sur le commerce<br />

international<br />

Il est indéniable que l’engagement des pays vers<br />

d’autres politiques de société ont des impacts sur<br />

le commerce international du bois. Les premiers<br />

effets sont à observer du côté des flux de pellets. Le<br />

graphique ci-après, extrait d’une étude bien connue<br />

du cabinet Pöyry, rappelle que les programmes de<br />

réduction d’émission de CO 2<br />

ont un impact sur<br />

l’utilisation de pellets par le secteur de la production<br />

d’électricité. En Belgique, nous savons que les<br />

millions de tonnes de pellets utilisés pour la production<br />

d’électricité « verte » proviennent, pour<br />

l’essentiel, de l’Ouest canadien et du Sud-Est des<br />

U.S.A. La ressource de la forêt wallonne ne pourrait<br />

en aucun cas approvisionner une demande si<br />

importante.<br />

Les restrictions des exportations de grumes dans<br />

le monde ont aussi un impact sur le commerce du<br />

bois. On constate que la difficulté d’approvisionnement<br />

en bois exotique, tant en grumes qu’en<br />

produit fini, profite à l’utilisation de bois locaux.<br />

Le meilleur exemple actuel est le remplacement<br />

des lames de terrasses en bangkirai, ipé ou teck<br />

50 <strong>Silva</strong> Belgica septembre-octobre <strong>2015</strong>


CHRONIQUE ÉCONOMIQUE<br />

par des lames en douglas ou en bois traité thermiquement<br />

(thermowood). De plus, la pression médiatique<br />

sur le bois illégal pousse les importateurs<br />

à contrôler strictement les provenances du bois<br />

ainsi que la bonne gestion forestière des pays d’origine.<br />

Le journal le Soir a publié un article consacré<br />

aux importations de bois illégal en Belgique, le<br />

mercredi 29 juillet <strong>2015</strong>, intitulé « Du bois taché<br />

de sang en Belgique ». Cette conscience « forestière<br />

» de la société devient un facteur de premier<br />

ordre dans le commerce international du bois.<br />

Par ailleurs, les autorités chinoises vont durcir les<br />

contrôles sanitaires à l’importation de grumes,<br />

ayant constaté de nombreuses failles dans le système<br />

actuel. Ce renforcement permettra également<br />

une meilleure traçabilité des bois et des produits<br />

finis.<br />

Les mesures prises par<br />

certains pays<br />

Actuellement, l’Europe n’impose aucune restriction<br />

à l’exportation des grumes. Ainsi, des volumes<br />

importants s’exportent vers la Chine, en particulier<br />

pour le chêne et le hêtre. Ces grumes sont<br />

transformées en Chine. Une partie des produits reviennent<br />

en Europe. Par exemple, les grandes surfaces<br />

de bricolage européennes s’approvisionnent<br />

principalement en parquet muticouche (ou multilame)<br />

dans ce pays.<br />

La comptabilisation de l’impact CO 2<br />

dans la valeur<br />

des produits, un moyen radical de réduction<br />

des émissions de CO 2<br />

, ne semble pas encore d’actualité.<br />

Pourtant, quelques sociétés commencent<br />

à mettre en place des méthodes de calcul. Le chemin<br />

vers une reconnaissance d’une telle comptabilisation<br />

est encore long.<br />

Perspectives de la consommation de pellet<br />

Depuis quelques années, la liste des pays interdisant<br />

l’exportation de grumes s’allongent régulièrement.<br />

Après la Bulgarie, c’est l’Ukraine qui<br />

vient d’interdire l’exportation de grumes. Ces pays<br />

prennent de telles mesures afin de développer une<br />

filière de transformation locale. Mais les effets<br />

d’une interdiction pure et simple ne sont pas forcément<br />

positifs à court ou moyen terme.<br />

Prenons l’exemple du Gabon qui a interdit l’exportation<br />

de grumes en 2010. Aujourd’hui, même<br />

si la filière bois s’est indéniablement développée<br />

puisqu’elle est le deuxième employeur du pays, les<br />

entreprises gabonaises ont des difficultés à trouver<br />

des marchés. Un facteur parmi d’autres est le<br />

problème de manque de forêts certifiées. En <strong>2015</strong>,<br />

à peine 3 millions d’ha de forêts étaient certifiées.<br />

Cela représente moins de 3% du couvert forestier<br />

L’Europe de l’Ouest<br />

continuera d’être<br />

le plus grand<br />

consommateur de<br />

pellets. L’Amérique<br />

du Nord connaîtra<br />

une croissance<br />

principalement<br />

dans le secteur<br />

des pellets à usage<br />

résidentiel. Les<br />

pays asiatiques<br />

ont vu l’utilisation<br />

de pellets émerger<br />

récemment et cela<br />

va continuer.<br />

Source : Pöyry<br />

Management<br />

Consulting<br />

Further Info :<br />

Silvio Mergner<br />

(silvio.mergner@<br />

poyry.com)<br />

septembre-octobre <strong>2015</strong> <strong>Silva</strong> Belgica 51


CHRONIQUE ÉCONOMIQUE<br />

Depuis 2007, la Russie a opté pour un système<br />

taxateur limitant fortement les exportations sur<br />

certains produits. Le système est évolutif et il devait<br />

permettre de réguler les flux. Cependant, il<br />

a contribué aux ralentissements importants des<br />

exploitations forestières en faisant fuir les grands<br />

groupes scandinaves. Le groupe finlandais UPM<br />

achetait 13% de ses besoins en Russie jusqu’en<br />

2007. Les capacités russes de récolte et de transformation<br />

du bois n’ont pas pris le relais. Ce n’est pas<br />

faute de moyens, le grand groupe russe Gazprom<br />

ayant suivi le mouvement en prenant des participations<br />

dans de grandes sociétés d’exploitation<br />

forestière. Il faut rappeler que les exportations de<br />

bois avaient été multipliées par 2,5 entre 1997 et<br />

2007. Le remplacement d’un tel niveau d’exportations<br />

par une transformation locale paraissait<br />

illusoire. En <strong>2015</strong>, Vladimir Poutine avait annoncé<br />

des investissements massifs dans l’infrastructure<br />

forestière afin d’améliorer la mobilisation des bois.<br />

La crise ukrainienne aurait gelé les projets. Aujourd’hui,<br />

malgré la forte dépréciation du rouble,<br />

les exportations russes de grumes, sciages et autres<br />

produits en bois restent stables.<br />

gabonais et moins de 20% des forêts à vocation<br />

de production de bois d’œuvre. Un autre facteur<br />

est le manque de compétitivité intrinsèque des<br />

entreprises. Ainsi, la production de contreplaqué<br />

ne cesse de diminuer, concurrencée par les productions<br />

asiatiques.<br />

À ce jour, les pays suivants ont pris des mesures<br />

visant l’exportation de grumes (source EOS) :<br />

• la Russie a instauré des taxes allant jusque 25%<br />

de la valeur des grumes ;<br />

• les USA ont opté pour une restriction des exportations<br />

de grumes des forêts fédérales situées<br />

à l’ouest du 100 e méridien (à l’ouest de la<br />

Louisiane) ;<br />

• le Japon a un système de subventions (WUPS)<br />

incitant l’utilisation de bois locaux ;<br />

• les Philippines ont arrêté l’exportation des<br />

grumes provenant des forêts primaires, les exportations<br />

de grumes provenant de plantations<br />

sont taxées ;<br />

• la Malaisie et la Thaïlande taxent les bois et les<br />

sciages destinés à l’exportation ;<br />

• La République du Congo limite les exportations<br />

de grumes à 15% du total des grumes exploitées<br />

;<br />

• Le Cameroun interdit l’exportation de grumes<br />

de bois précieux et taxe les autres essences depuis<br />

1999 ;<br />

• le Gabon interdit l’exportation de grumes depuis<br />

2010, 5 essences rares sont interdites d’abattage<br />

depuis 2008 pour une période de 25 ans ;<br />

• les Maldives, Brunei, les îles Fidji, le Sri Lanka<br />

et de nombreux autres petits états appliquent<br />

des mesures très restrictives à l’exportation des<br />

grumes ;<br />

• le Sénégal vient de décider d’interdire l’abattage<br />

des grumes sur tout le territoire jusqu’à nouvel<br />

ordre.<br />

Les interdictions d’exportation n’ont pas toujours<br />

réellement prouvé leur intérêt économique. Il s’agit<br />

souvent d’une démarche politique relevant d’un<br />

bon sens sociétal. En Europe, les transformateurs<br />

de bois, particulièrement les scieries, demandent<br />

clairement des restrictions sur les exportations de<br />

grumes.<br />

52 <strong>Silva</strong> Belgica septembre-octobre <strong>2015</strong>


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Au nom du cerf<br />

Animés d’une passion commune pour la<br />

forêt et le cerf, Philippe Moës et Gérard<br />

Jadoul ont consacré à cet animal une<br />

énergie considérable depuis plusieurs<br />

dizaines d’années.<br />

Leur goût de la photographie et de l’écriture<br />

aboutit aujourd’hui à un regard croisé<br />

novateur, ancré dans la réalité de terrain.<br />

Avec Au nom du cerf, ils font découvrir<br />

l’animal sous trois angles distincts qui<br />

s’enrichissent l’un l’autre. Le premier, esthétique<br />

et contemplatif, permet d’apprécier<br />

quelques-unes de leurs images favorites.<br />

Le second, naturaliste, raconte le suivi<br />

photographique d’une douzaine de cerfs<br />

durant leur vie, jusqu’à dix années consécutives<br />

pour plusieurs d’entre eux.<br />

Le dernier volet enfin, plus philosophique,<br />

témoigne de la longue et permanente évolution<br />

du regard qu’ils portent tous<br />

deux sur le cerf et les relations qui le<br />

lient à l’homme<br />

« Déposer les images qui nous ont<br />

fait vibrer, des récits pour mieux<br />

les comprendre et enfin des témoignages<br />

marqués par ce long et perpétuel<br />

questionnement, qui fait que<br />

plus on croit comprendre les cerfs,<br />

plus ils nous échappent. Telle a été<br />

notre quête, en espérant que notre<br />

vision ici partagée servira la cause du<br />

cerf et des hommes de bonne volonté<br />

qui s’y intéressent. Un jour, ici ou ailleurs,<br />

peut-être… »<br />

Édition du Perron<br />

Parution : mars <strong>2015</strong><br />

Prix : 40,00 €<br />

ISBN : 978-2-87114-256-0<br />

nbre de pages : 180 p.<br />

Format : 29 x 29 cm<br />

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La forêt<br />

pour métier<br />

Ce manuel s’adresse aux élèves qui préparent<br />

un Bac pro Forêt (France) ou un<br />

brevet professionnel forestier.<br />

Il fourmille d’apports méthodologiques,<br />

d’outils, de notions illustrées concrètement,<br />

de réflexions et de nombreux cas de<br />

terrain qui prennent en compte la dimension<br />

environnementale de la gestion forestière.<br />

Il a pour objectif de faire découvrir<br />

Les arbres utiles du<br />

Gabon<br />

La forêt gabonaise comprend plusieurs<br />

centaines d’espèces d’arbres. Une poignée<br />

est très connue, beaucoup le sont<br />

nettement moins, et certaines sont encore<br />

anonymes. Ce guide vous emmène à la<br />

découverte de 37 familles botaniques et<br />

de 225 espèces, dont plus de 140 sont<br />

illustrées. Il vous permet de les identifier<br />

et de mieux les connaître à l’aide de schémas<br />

simples et de près de 1000 photographies<br />

de détails botaniques en couleurs.<br />

Pour les plus expérimentés, de nouvelles<br />

données concernant l’écologie permettront<br />

de consolider leurs connaissances.<br />

L’objectif de cet ouvrage est le partage et<br />

la vulgarisation des connaissances, afin<br />

que les agents des administrations en<br />

charge des forêts, tout comme les exploitants<br />

forestiers ou encore les populations<br />

locales, puissent mieux comprendre et<br />

gérer ces essences utiles. Il pourra aussi se<br />

glisser dans la poche des randonneurs et<br />

des naturalistes, qui seront en mesure de<br />

reconnaître et de nommer plus facilement<br />

ces arbres précieux de la forêt gabonaise.<br />

Les Presses agronomiques de Gembloux<br />

Parution : <strong>2015</strong><br />

Prix : 35,00 €<br />

ISBN 978-2-87016-134-0<br />

340 p., photographies en couleurs<br />

Format : 15 x 21 cm<br />

http://www.pressesagro.be/<br />

54 <strong>Silva</strong> Belgica septembre-octobre <strong>2015</strong>


LIVRES<br />

aux apprenants la richesse et la multifonctionnalité<br />

des forêts, la diversité des métiers<br />

actuels et émergents, des organismes<br />

et des entreprises qui les mettent en valeur,<br />

et l’ensemble des biens et services que les<br />

forêts nous procurent.<br />

Ce manuel est le fruit d’une réflexion et<br />

d’une rédaction collective d’auteurs enseignants<br />

et formateurs, d’inspecteurs des différentes<br />

disciplines concernées. L’ouvrage<br />

est enrichi par la contribution de nombreux<br />

professionnels de la forêt, au travers<br />

d’exemples concrets et de témoignages de<br />

leur réalité quotidienne.<br />

Chaque équipe pédagogique pourra transférer<br />

ces apports dans son environnement<br />

proche, naturel, technique, réglementaire,<br />

social et économique.<br />

Ce manuel facilitera l’appréhension par<br />

les apprenants de la réalité sociale et<br />

professionnelle du secteur de la forêt et<br />

il contribuera ainsi à leur réussite professionnelle.<br />

Éducagri éditions<br />

parution : mai 2011<br />

prix : 28,00 €<br />

ISBN : 978-2-84444-834-7<br />

Nombre de pages : 304 p.<br />

Format : 21 x 27 cm<br />

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La Jeu de l’Oie du Gland<br />

de 7 à 107 ans pour 2 à 4<br />

joueurs<br />

Le roi de la forêt vous présente le roi des<br />

jeux de l’oie. Un jeu de l’oie pas du tout<br />

comme les autres ! A chaque case, une<br />

nouvelle mésaventure : parfois un grand<br />

bonheur - et plus souvent une tuile. Pas<br />

facile d’arriver à la case 63 et de devenir<br />

un grand vieux chêne quand on est un<br />

petit gland menacé à chaque instant par<br />

tous les brigands de la forêt.<br />

Parents et enfants vont s’amuser comme<br />

des fous, lever les bras au ciel et s’arracher<br />

les cheveux en découvrant les continuels<br />

rebondissements du plus marrant, du plus<br />

cruel et du plus instructif de tous les jeux<br />

de l’oie !<br />

63 cases, 63 rebondissements ! Petit gland<br />

deviendra-t-il un jour le roi<br />

de la Forêt ? Pas si sûr,<br />

comme vous allez le<br />

découvrir en affrontant<br />

l’armée de brigands<br />

qui veut l’empêcher de monter sur<br />

le trône. Des aventures pas franchement<br />

de tout repos !<br />

Éditeur : la Hulotte<br />

Création : <strong>2015</strong><br />

Prix : 29,50 €<br />

Dimensions (boîte) : 35,5 x 35,5 x 4,9 cm<br />

Dimensions du plateau de jeu : 67 x 67 cm<br />

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http://lahulotte.fr/jeu_oie_gland.php<br />

Les Indicateurs Clés de<br />

l’Environnement Wallon<br />

2014<br />

Septième version du tableau de bord de<br />

l’environnement wallon, Les Indicateurs<br />

Clés de l’Environnement Wallon 2014<br />

(ICEW 2014) présente un bilan synthétique<br />

de la situation et des performances<br />

environnementales de la Wallonie à travers<br />

une compilation d’indicateurs à caractère<br />

environnemental, socio-économique, administratif<br />

ou encore sanitaire. La diversité<br />

des données rassemblées, leur analyse<br />

objective et rigoureuse et leur présentation<br />

attrayante en fait un document unique en<br />

Wallonie. Outil d’aide à la décision pour les<br />

responsables et acteurs du monde socioéconomique,<br />

document de référence pour<br />

la communication des données statistiques<br />

vers les instances européennes et internationales,<br />

l’ICEW 2014 est également un<br />

formidable outil de communication, de<br />

sensibilisation et d’éducation à l’environnement<br />

à destination de tous.<br />

Cet ouvrage est téléchargeable en version<br />

PDF intégrale sur :<br />

http://etat.environnement.wallonie.be<br />

(page : http://etat.environnement.wallonie.be/index.php?page=icew-2014)<br />

septembre-octobre <strong>2015</strong> <strong>Silva</strong> Belgica 55


Incendie de forêts…<br />

… cela n’arrive pas qu’aux autres !<br />

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peuplements<br />

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Société mutuelle incendie de forêts<br />

AMIFOR assure 46.000 ha de forêts en Belgique contre<br />

l’incendie.<br />

Le réchauffement climatique entraîne une augmentation du<br />

risque d’incendie de forêts.<br />

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forestiers privés qui font confiance à AMIFOR.<br />

Renseignements<br />

AMIFOR<br />

Galerie du Centre, Bloc 2, Bte 289, à 1000 Bruxelles<br />

Tél. 02/223.07.66<br />

info@amifor.be<br />

www.amifor.be


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Plus de 60 ouvrages<br />

pour l’amoureux de la forêt, le gestionnaire, le propriétaire, …<br />

Élagage et taille de formation des arbres forestiers<br />

Cette 3 e édition, revue et mise à jour, est un guide indispensable à tout gestionnaire<br />

soucieux de fabriquer des arbres de qualité.<br />

Les bois de qualité ont été, sont et resteront toujours les plus recherchés. Or, la qualité<br />

d’un arbre se caractérise par la rectitude, la cylindricité de son tronc et l’absence de<br />

nœuds dans le bois.<br />

Ne pas élaguer, ne pas tailler, c’est à coup sûr accroître le stock des bois médiocres ;<br />

c’est à long terme augmenter le risque de ne pouvoir en tirer un bon prix.<br />

Cette 3 e édition comporte quelques simplifications, mais aussi des modifications<br />

qui tiennent compte de l’évolution de la législation (France), des progrès réalisés<br />

par les praticiens et des nouveautés concernant le matériel utilisé pour tailler et<br />

élaguer feuillus et résineux.<br />

Enfin, des résumés en tête de chaque partie permettent une lecture rapide. Tout<br />

au long de l’ouvrage, des conseils pratiques sont mis en évidence. Le tout est<br />

largement illustré de photos, dessins et schémas.<br />

304 p. - 15 x 24 cm - Réf : 131 D05<br />

35,00 € frais de port compris<br />

Consultez notre catalogue sur www.srfb.be<br />

Demandez notre catalogue, il vous sera adressé gratuitement.<br />

Le montant est à verser sur le compte BE71 3100 4375 5069 (BIC BBRUBEBB) de la Société Royale Forestière de Belgique avec<br />

la mention : « librairie + réf. ». Votre commande vous sera envoyée dès réception de votre paiement<br />

5 € supplémentaires seront demandés pour les envois à l’étranger.<br />

<strong>Silva</strong> Belgica<br />

n°5/<strong>2015</strong><br />

Septembre / octobre - september/ oktober<br />

Bimestriel / Tweemaandelijks<br />

122 e année / 122 e jaaargang<br />

Dépôt Bruxelles X<br />

Groupe de travail / Werkgroep<br />

Jean-Pierre Scohy (président), Martine Carbonnelle,<br />

Jean-François de le Court, Valéry Bémelmans<br />

Rédaction / Rédactie<br />

David Dancart : silva.<strong>belgica</strong>@srfb-kbbm.be<br />

Design et graphisme / Design en lay-out<br />

David Dancart<br />

Publicité / Advertenties<br />

Adresser toute correspondance au secrétariat.<br />

Richt uw aanvragen en briefwisseling aan het<br />

secretariaat.<br />

Secrétariat / Secretariaat<br />

SRFB asbl / KBBM vzw<br />

Galerie du Centre, Bloc 2, bte 289,<br />

1000 Bruxelles<br />

Centrumgalerij, Blok 2, bus 289,<br />

1000 Brussel<br />

Tél. +32 (0)2 223 07 66<br />

fax : +32 (0)2 223 01 45<br />

info@srfb-kbbm.be<br />

www.srfb.be<br />

ING BE71 3100 4375 5069<br />

Cotisation de membre / Lidmaatschap<br />

60 € + 2€/ha<br />

Editeur responsable / Verantwoordelijke uitgever<br />

Philippe de Wouters<br />

Photo couverture / Foto voorblad<br />

© srekap - Fotolia.com<br />

Collaboration / Medewerking<br />

NTF asbl<br />

Rue Borgnet, 13/2 e étage<br />

5000 Namur<br />

Tél. : +32 (0)81 26 35 83<br />

Fax : +32 (0)81 26 35 84<br />

info@ntf.be<br />

www.ntf.be<br />

Landelijk Vlaanderen vzw<br />

Excelsiorlaan 23, 1930 Zaventem<br />

Tel. : +32 (0)2 217 27 40<br />

Fax : +32 (0)2 217 27 43<br />

info@landelijkvlaanderen.be<br />

www.landelijkvlaanderen.be<br />

Tout document doit être adressé à la rédaction.<br />

Les auteurs sont responsables de leurs articles.<br />

La reproduction partielle ou entière des articles est<br />

autorisée à condition d’en mentionner la source.<br />

Alle documenten moeten naar de redactie worden<br />

gezonden. De auteurs zijn verantwoordelijk voor hun<br />

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