Nr. 1/2010 - Schweizerische Vereinigung der Weinfreunde

La «Mémoire des Vins Suisses» a présenté ses nouveaux membres
Panorama du haut de gamme
helvétique
Au Bellevue Palace de Berne, le public a pu découvrir ce jeudi 25 mars les
neufs nouveaux producteurs sélectionnés par la Mémoire des Vins Suisses. –
Alexandre Truffer rapporte:
8
Les nouveaux
membres
Valais: Heida (Savagnin Blanc)
de la coopérative Sankt Jodern
Kellerei à Visperterminen élaboré
par Alain Helmrich.
Ermitage Vieille Vigne les Serpentines
(Marsanne Blanche)
de la Cave Gérald Besse à Martigny
élaboré par Gérald Besse.
Vaud: Cuvée des Immortels
Amphore (Chasselas) du Clos
du Crosex Grillé à Aigle élaboré
par Bernard Cavé.
Neuchâtel: Pinot Noir Pur
Sang du Domaine de Chambleau
à Colombier élaboré par
Louis-Philippe Burgat.
Auvernier Pinot Noir du Domaine
de la Maison Carrée à
Auvernier élaboré par Jean-Denis
Perrochet
Schaffhouse: Pinot Blanc de
Gasthaus & Weingut Bad Osterfingen
à Osterfingen élaboré
par Michael Meyer.
Grisons: Chardonnay Passion
de Weingut Donatsch à Malans
élaboré par Martin Donatsch.
Tessin: Bondola del Nonu Mario
de Azienda Mondo à Sementina
élaboré par Giorgio Rossi
Balin (60% Merlot, 30% Arinarnoa,
10% Cabernet Sauvignon)
de Cantina Kopp von der Crone
Visini à Barbengo.
Fondée en 2002 par quatre journalistes
suisses-alémaniques – Andreas
Keller, Susanne Scholl, Martin
Kilchmann et Stefan Keller – la
Mémoire des Vins Suisses était
un club doté d’un objectif clair:
augmenter la notoriété des vins
suisses en mettant l’accent sur
leur potentiel de longévité. Transformé
deux ans plus tard en association,
la Mémoire vient d’accueillir
neuf producteurs, portant
ainsi le total des membres à
trente-neuf vignerons.
Potentiel de vieillissement
Avec les nouveaux arrivants, Marsanne
Blanche, Pinot Blanc, Savagnin
Blanc et Bondola entrent
dans le cercle des cépages retenus
par la MDVS. A l’image des
autres variétés déjà sélectionnés
dans cet aréopage, ils doivent
prouver que, travaillés avec rigueur
et passion, leur potentiel de
vieillissement atteint au minimum
Magazin
Dégustation «Mémoire des Vins Suisses» à Berne.
les dix ans. Car tout l’intérêt des
dégustations organisées par l’association
réside dans la possibilité
de se rendre compte par soi-même
de l’évolution d’anciens millésimes
des crus sélectionnés. – Si
notre quatuor alémanique ponctionne
chaque année soixante
bouteilles de chacun des crus,
c’est justement dans le but de
pouvoir un jour présenter au public
des flacons helvétiques de 15, 25
ou 30 ans. Bien entendu, il s’agit
de musique d’avenir puisque l’association
n’a pas encore fêté ses
dix bougies.
Une Suisse en miniature
Le 25 mars, les membres présentaient
trois millésimes: un très ancien,
en général 2001 ou 2002, mais on
pouvait découvrir une Médinette
1999 du Domaine Bovard ou un
Comte de Peney 2000 du Domaine
des Balisiers, un flacon récent,
2007 ou 2008, et une bouteille
d’âge intermédiaire. La formule
fonctionne et plusieurs centaines
d’amateurs s’étaient donné rendezvous
pour se convaincre du potentiel
de vieillissement des meilleurs
crus helvétiques.
Panorama du haut de gamme
helvétique, la Mémoire des Vins
Suisses offre aussi un tableau
complet de l’élite de la Suisse du
vin si souvent divisée entre cantons
rivaux et appellations concurrentes.
En effet, rares sont les oc-
casions de pouvoir déguster au
même endroit une Heida de Visperterminen,
une Petite Arvine
Grain Noble et un Gewürztraminer
fribourgeois, avant de comparer
les qualités des grands Pinot noir
de Neuchâtel avec ceux des Grisons,
de s’attendrir sur la minéralité
des plus beaux Chasselas lémaniques
ou de se plonger dans
la chaleureuse puissance des
Merlot tessinois.
Une élite pour montrer la voie
Le vin suisse peut-il vieillir? La
MDVS le prouve. Le vin suisse
doit-il vieillir? Sans doute et pas
seulement quelques cuvées prestigieuse.
La révolution qualitative
des vingt-cinq dernières années a
donné naissance à une nouvelle
génération de vin. Les Chasselas
falots et les Pinot boiteux des décennies
70 et 80 n’avaient que
peu de chance de se bonifier avec
le temps. Mais aujourd’hui les
rendements ont baissé, les vins
sont récolté à maturité phénolique,
les rouges possèdent une
structure tannique sans nécessiter
de béquille made in Algérie:
conséquence quelques années de
garde se révèlent souvent bénéfiques
et parfois indispensables. Et
pourtant les habitudes de consommation
n’évoluent pas. On
continue dans ce pays de boire les
vins locaux dans les six mois et de
regarder de travers quiconque
proposerait un millésime d’une
année antérieure.
Un jour, peut-être, les consommateurs
regarderont une Syrah de
Denis Mercier ou un Orizzonte de
Christian Zündel avec les mêmes
yeux qu’un cru classé de Saint-
Estèphe ou qu’un Brunello. Ils leur
accorderont du temps pour réaliser
tout son potentiel et les dégusteront
en se félicitant d’apprécier
un si grand vin à son apogée. Ce
jour-là, le rêve des fondadteurs de
la MDVS sera devenu réalité.
Ami du Vin 4/09