Jean Rivard - University of British Columbia

ion sur l'émergence de "la modernité et son
ancrage dans la poésie québécoise" pendant
la première moitié du siècle, c'est-à-dire
depuis la fondation de "l'école de
Montréal" en 1895 jusqu'à la publication de
Refus global en 1948. S'appuyant sur un
vaste corpus et une riche documentaion, il
suit attentivement quelques-unes des manifestations
les plus significatives de cette
modernité. Sa quête commence à l'époque
où l'on prend pour programme de libérer
le rythme par rapport à la métrique du vers
classique français et où se confrontent
poètes et critiques au sujet de notions clefs
comme "la voix du poème" et "le rythme
du discours". En compagnie de Filteau,
nous nous trouvons loin des simplifications
réductrices de la métrique traditionnelle. Il
se joint à ceux qui donnent la priorité à la
rythmique du discours sur la fiction linguistique
qui a engendré la scansion des
métriciens. Pour lui, il s'agit d'étudier
"comment le poème relève d'un rythme
singulier inséparable de l'organisation
sémantique du discours, dès lors que celuici
n'existe pas hors d'une situation d'énonciation."
Dans cette activité de
co-énonciation et co-interprétation, où collaborent
poète et lecteur et d'où naît le sens
du poème, la voix qui en organise le sens en
discours prend le pas sur le rythme.
Puisque le destin du poème est déterminé
principalement par l'échange
dialogique qui s'instaure dans une situation
de discours, les détails de l'analyse rythmique
sont essentiels dans des études de ce
genre. Filteau s'y lance à coeur joie dans les
exemples choisis, qui vont de Nelligan à
Grandbois et Paul-Marie Lapointe. Rares
sont sans doute ceux qui sont capables de
suivre dans tous les méandres l'exposé de
cette prosodie renouvelée, où se poursuit
un dialogue avec des spécialistes français
chevronnés comme Henri Meschonnic et
Benoît de Cornulier. Malgré la ferveur
communicative de l'auteur, qui facilitera
considérablement la lecture, les parties les
plus techniques seront surtout appréciées
par ceux qui se trouvent dans la catégorie
du public intéressé par le domaine.
Mais Claude Filteau a d'autres ambitions
que de se limiter à écrire un traité de versification,
et entreprend en outre un périple
aux nombreux détours. C'est ainsi que le
spécialiste de prosodie et de poétique se
transforme tour à tour en historien de la
littérature et historien des idées. Il est,
certes, raisonnable de ne pas faire du
"change des formes" le seul critère de la
modernité et d'y inclure des thèmes comme
la place du poète dans la société et les luttes
entre l'humanisme issu de l'esprit des
lumières et le cléricalisme. Les références
aux efforts des Québécois pour construire à
l'époque "la fiction d'une tradition littéraire"
sont également intéressantes en soi.
Mais l'auteur ne semble pas avoir complètement
résolu le problème épineux que
constitue la composition équilibrée d'un
ensemble de cette envergure. Il n'empêche
que le lecteur sortira émerveillé de la lecture
d'un livre qui fait une telle démonstration
des richesses que recèle la poésie
québécoise de "la modernité."
Framing Multicultural ism
Sneja Gunew
Framing Marginality: Multicultural Literary
Guides. Melbourne UP $19.95
Ella Shohat and Robert Stam
Unthinking Eurocentrism: Multiculturalism and
the Media. Routledge n.p.
Reviewed by Herb Wyile
In these times of conservative retrenchment
in the West, as one witnesses the growing
backlash against a distorted, even demonized
multiculturalism, one is reminded of
Martin Luther King's observation that
"privileged groups seldom give up their
privileges voluntarily." Fortunately, paralleling
this backlash has been the appear-
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