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1803_ZESO-Digitale Beratung aA-f

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«Les attentes face au conseil<br />

changent globalement»<br />

Enquête La numérisation a une influence tant sur la gestion du quotidien des groupes cible des<br />

services sociaux que sur ces services eux-mêmes. Les nouveaux canaux de communication tels que<br />

les médias sociaux et le conseil numérique ne vont toutefois pas remplacer complètement le contact<br />

direct avec les clients, mais ils demanderont de nouveaux profils de compétence de la part des<br />

conseillers, comme l’explique Reto Eugster, spécialiste en sciences de la formation.<br />

«<strong>ZESO</strong>»: Monsieur Eugster, tout le monde parle de la numérisation<br />

et des répercussions de celle-ci sur la vie et le travail. Les services<br />

sociaux, doivent-ils eux aussi s’intéresser à la numérisation?<br />

Reto Eugster: En tout cas, ce serait risqué de ne pas y réfléchir.<br />

Mais que faut-il endtendre par numérisation ? J’entends par<br />

là une forme d'évolution sociale mue par la technologie. Celle-ci<br />

bouleverse doublement le Travail social: d’une part, les conditions<br />

de la gestion du quotidien changent, y compris pour nos groupes<br />

cible. D’autre part, le Travail social lui-même en est concerné, en<br />

tant que profession et sur le plan de l’organisation de l’aide sociale.<br />

Faudrait-il que les travailleurs sociaux twittent, que les services<br />

sociaux aient un compte facebook?<br />

Une question souvent posée. Il ne s’agit pas de plate-forme<br />

données, pas de facebook et Cie. De toute manière, une partie<br />

grandissante de la formation en community se fait par le biais<br />

de la communication par messagerie, située dans des niches et<br />

axée sur de petits groupes. 94% des adolescents entre 12 et 19<br />

ans utilisent en permanence une messagerie.<br />

Quelle peut être l’utilité des médias sociaux pour le Travail social?<br />

De tels réseaux sont très attractifs puisqu’ils permettent un<br />

accès proche du quotidien aux ressources. Le transfert de ressources<br />

se fait facilement et incidemment. Les réseaux sociaux<br />

sont des microsystèmes de support. Les personnes concernées<br />

sont reliées entre elles – et souvent la certitude que ce lien existe<br />

est à lui seul suffisamment utile.<br />

Pourriez-vous citer un exemple concret?<br />

Patients Like Me compte plus de 600‘000 membres. Ceux-ci<br />

échangent leurs expériences en tant que patients, ils s’encouragent<br />

et se conseillent réciproquement. Ces personnes discutent<br />

également des effets secondaires de médicaments. C’est<br />

pourquoi cette plate-forme est également devenue l’adresse des<br />

médecins.<br />

La Haute école spécialisée de St-Gall propose depuis des années des<br />

cours de formation continue en services en ligne. Quelle est leur offre ?<br />

Oui, en 2000, nous avons lancé le Master Social Informatics.<br />

Pendant 17 ans, il s’agissait de services en ligne dans le Travail<br />

social. Depuis 2017, la formation continue a été restructurée. Aujourd’hui,<br />

nous proposons le CAS Digital Public Services et nous<br />

avons élargi la palette des groupes cible. L’e-counseling est un<br />

élément du master Conseil psycho-social.<br />

L’offre rencontre-t-elle de l‘intérêt?<br />

L’e-counseling est un sujet dans l’air du temps, la demande est<br />

forte. La situation de départ des centres de conseil a changé. Il y<br />

a peu de temps encore, il s’agissait de proposer le conseil en ligne<br />

à titre de prestation supplémentaire sans perturber les offres<br />

classiques. Entre-temps, les organisateurs ont pris conscience<br />

que les attentes vis-à-vis du conseil changent globalement, que<br />

notamment le conseil face à face est concerné.<br />

Dans quel sens les attentes vis-à-vis du conseil changent-elles?<br />

Il y a une bipartition: d’une part, la tendance vers l’industrialisation<br />

des services est plus qu’évidente. Les voyages via app,<br />

l’auto-examen cardiologique à l’aide de smartphone, les renseignements<br />

sur les prestations complémentaires sont automatisés<br />

par messagerie, etc. Les assistants dotés d’intelligence artificielle<br />

marqueront l’avenir. Plus personne n’est prêt à faire un<br />

effort, à patienter dans une salle d’attente, à faire un tas de numéros<br />

de téléphone, etc. simplement pour obtenir des réponses<br />

standards.<br />

Cela veut-il dire que le conseil personnel perd de son importance?<br />

C’est le contraire qui est le cas. L’industrialisation des services<br />

a pour contrepartie l’individualisation poussée de ceux-ci. Dès<br />

que je me trouve dans une situation que je considère comme tout<br />

à fait personnelle, j’attends un support individualisé. En dehors<br />

des procédés standards, j’attends des véritables professionels,<br />

des spécialistes qui agissent de manière individuelle, empathique<br />

et authentique.<br />

Dès lors, il va de soi qu’on demande aux conseillers des compétences<br />

tout à fait différentes.<br />

La conclusion que la bipartition au niveau des attentes nécessite<br />

une bipartition au niveau des profils de compétences s’impose.<br />

Nous avons besoin de professionnel-les qui maîtrisent les<br />

systèmes d’assistance, mais avant tout, nous avons besoin de<br />

personnes hautement professionnelles qui travaillent en comprenant<br />

le cas. Une petite question miracle par-ci et quelques<br />

questions circulaires par-là ne suffisent pas.<br />

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