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Essentiel Prepas - décembre 2018

HEADway Advisory édite chaque mois l'Essentiel Prépas, le magazine numérique dédié aux professeurs des classes préparatoires économiques et commerciales.

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DÉCEMBRE <strong>2018</strong> | N° 22<br />

ÉCONOMIQUES<br />

& COMMERCIALES<br />

PAROLES DE PROF<br />

Classes préparatoires - Grandes écoles de commerce : voie royale ou montée en puissance ?<br />

ANALYSE<br />

À l’heure du continuum<br />

les écoles revisitent leur<br />

programme Grande école<br />

ENTRETIEN<br />

Jean-François Fiorina<br />

explique la nouvelle<br />

épreuve de géopolitique<br />

de la BCE<br />

DOSSIER<br />

Des écoles de management<br />

de plus en plus internationales


Où vont les classes<br />

préparatoires ?<br />

« Nous entrons dans une phase exaltante de transformation. » Président de l’APLCPGE (Association<br />

des proviseurs de lycées à classes préparatoires aux Grandes écoles) et proviseur de Louis-<br />

Le-Grand, Jean Bastianelli, exprime les ambitions de la communauté des lycées alors que la<br />

réforme du bac va fortement impacter les programmes des classes préparatoires et que le continuum<br />

avance à grands pas.<br />

Le continuum avance. L’amélioration du continuum CPGE-Grandes Écoles de management est<br />

entrée dans les faits avec plusieurs expérimentations dans les lycées comme dans les écoles.<br />

Dans plusieurs lycées (Saint-Louis à Paris, Henri-Moissan à Meaux, Joffre à Montpellier, etc.) des<br />

élèves sont allés en stage dans des entreprises à la fin de leur première année pour mieux les<br />

préparer aux oraux des concours des écoles de management. Et dans ces dernières, de plus en<br />

plus de cours d’humanités sont donnés pour éviter un trop grand décalage académique. Avec<br />

ESCP Europe, Skema BS a ainsi été la première école à s’emparer du sujet. « Les humanités<br />

s’imposent aujourd'hui dans les écoles de management comme un ciment des matières managériales<br />

», estime Frédéric Munier, professeur de classe préparatoire, qui y enseigne la géopolitique.<br />

Ce qui séduit les étudiants issus de prépas comme Claire Mallet-Guy - « J’ai largement choisi<br />

Skema pour continuer à faire de la géopolitique après ma prépa ECS » - mais aussi d’autres venus<br />

dans l’école après un BTS comme Kevin Adoul : « J’ai suivi des cours de prérequis à mon arrivée<br />

à Skema pour bien m’insérer dans les cours de géopolitique que je suis sans problème ».<br />

Même raisonnement du côté de Neoma BS où a été créé à la rentrée <strong>2018</strong> un cours « Humanités<br />

& Management », qui permet aux étudiants de faire le lien avec les grands auteurs qu’ils ont<br />

découverts en classe préparatoire et les cours de management. Le cours est d’ailleurs conçu avec<br />

des professeurs de prépas. « Nous proposons aussi à nos étudiants un fil rouge interdisciplinaire à<br />

partir d’un cas réel d’entreprise qui permet d’aborder différentes matières enseignées et ainsi de<br />

mieux appréhender le passage entre la classe préparatoire et l’école », explique la directrice du<br />

programme Grande école, Sylvie Jean.<br />

Quel impact aura la réforme du bac ? C’est LA grande question que se posent les classes<br />

préparatoires : en l’absence de filières du bac, comment doivent-elles se positionner à l’horizon<br />

2021, quand sortiront les premiers bacheliers issus de la réforme portée par Jean-Michel Blanquer<br />

? Si du côté des prépas scientifiques cela ne semble pas forcément justifier un large débat<br />

- il faudra clairement suivre des spécialisations adaptées pour postuler en MP-SI, en PC-SI ou<br />

en BCPST -, ce n’est pas le cas du côté des ECS et ECE (l’ECT ne devrait pas changer dans la<br />

mesure où le bac STMG n’est pas impacté). Le président de l’APHEC,<br />

Alain Joyeux, analyse ainsi la situation : « Il faut que les écoles<br />

de commerce puissent toujours attirer de bons élèves en maths<br />

pour alimenter leurs formations en finances comme leurs doubles<br />

diplômes avec des écoles d'ingénieurs. La réforme ne doit pas<br />

fragiliser des disciplines, des postes ou même des classes. La force<br />

des classes préparatoires est de fournir une diversité de profils aux<br />

Grandes écoles ». n<br />

ÉDITO<br />

"L’<strong>Essentiel</strong> du Sup - Prépas" est une publication du groupe<br />

SAS au capital de 30 000 €, RCS 532989902 00046 Paris<br />

CPPAP 0920W9375 | 33 rue d’Amsterdam | 75008 Paris |<br />

Directeur de la publication : Sébastien Vivier-Lirimont |<br />

Rédacteur en chef : Olivier Rollot | o.rollot@headway-advisory.com |<br />

Responsable commerciale : Fanny Bole du Chomont |<br />

f.boleduchomont@headway-advisory.com - 01 71 18 22 62 |<br />

Photo de couverture : Neoma BS<br />

Olivier Rollot<br />

Rédacteur en chef<br />

Sommaire<br />

DÉCEMBRE <strong>2018</strong> | N° 22<br />

Les ESSENTIEL DU MOIS 4 à 6<br />

ANALYSE 8-9<br />

À l’heure du continuum,<br />

les écoles revisitent leur<br />

programme Grande école<br />

PUBLI-INFORMATION 10-11<br />

« Nos trois parcours<br />

d’excellence offrent un socle<br />

de connaissances pointues,<br />

en prise directe avec le<br />

monde professionnel »<br />

GROS PLAN 12 à 14<br />

La nouvelle épreuve<br />

de géopolitique GEM<br />

du Concours BCE<br />

ENTRETIEN 15-16<br />

« Nous offrons de plus en plus<br />

de possibilités d’apprentissage<br />

à nos étudiants »<br />

DOSSIER 17 à 20<br />

Des écoles de management<br />

de plus en plus internationales<br />

DOSSIER 21-22<br />

« Choose France » :<br />

comment la France veut accueillir<br />

plus d’étudiants internationaux<br />

PAROLES DE PROF 23-24<br />

Classes prépas / Grandes<br />

écoles de commerce :<br />

voie royale ou montée<br />

en puissance ?<br />

DÉBAT 25-26<br />

Droits d’inscription à l’université :<br />

pas d’augmentation. Jusqu’à quand ?<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 2 DÉCEMBRE <strong>2018</strong> | N°22


PARIS | NANTES | BEIJING | SHENZHEN<br />

PROGRAMME<br />

GRANDE ÉCOLE<br />

6 e 4 e<br />

CLASSEMENT<br />

SIGEM<br />

INSERTION<br />

PROFESSIONNELLE<br />

DEPUIS 17 ANNÉES<br />

CONSÉCUTIVES<br />

« Parce que l’audace s’affirme avec le savoir, nous développons vos expériences,<br />

Parce que le talent s’exprime grâce à la culture, nous multiplions les influences,<br />

Parce que leadership et responsabilité doivent se faire écho, nous visons plus haut.<br />

Notre vocation ? Vous permettre de développer la vôtre ! »<br />

Nicolas ARNAUD<br />

Directeur Audencia Grande École<br />

audencia.com<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 3 DÉCEMBRE <strong>2018</strong> | N°22


L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

EN BREF<br />

→→<br />

ELLES/ILS BOUGENT<br />

Ecricome : 30 ans et quatre écoles<br />

Annabel-Mauve Bonnefous<br />

a été nommée à la tête du<br />

programme Grande école de<br />

Toulouse BS. Directrice des<br />

programmes MS/MSc de TBS<br />

depuis juin <strong>2018</strong> elle succède<br />

à Olivier Guyottot. Annabel-<br />

Mauve Bonnefous continuera<br />

également de conduire la<br />

destinée des programmes MS/<br />

MSc.<br />

Titulaire d’un doctorat d’HEC<br />

Paris, d’un MSc in Business<br />

Administration de Skema,<br />

coach certifiée ICF Annabel-<br />

Mauve Bonnefous a enseigné<br />

le leadership et l’intelligence<br />

politique des dirigeants à HEC<br />

Paris Executive Education<br />

pendant 15 ans. Elle a<br />

également été professeure à<br />

Neoma business school, où<br />

elle a dirigé le département<br />

« Hommes et organisation » de<br />

2016 à 2017. Elle est l’auteur de<br />

« Aiguisez votre sens politique<br />

en entreprise » (2015) et<br />

« L’intelligence situationnelle »<br />

(2017).<br />

Rémy Challe a été nommé<br />

directeur général de<br />

EdtechFrance. L’ancien<br />

directeur de l’Inseec BS rejoint<br />

ainsi une « initiative des<br />

entrepreneurs français qui ont<br />

décidé de rendre la technologie<br />

utile à l’éducation et la<br />

formation ».<br />

Pour ses 30 ans le concours Ecricome s’offre un beau<br />

cadeau : l’EM Strasbourg et Rennes School of Business<br />

annoncent en effet qu’elles le rejoindront en 2020. Ainsi,<br />

après des années marquées par les départs d’écoles vers<br />

la BCE (la dernière ICN BS en 2017), alors que beaucoup<br />

imaginaient une fusion avec la BCE, Neoma et Kedge voient<br />

au contraire arriver du renfort. Jusqu’ici associées dans une<br />

grappe commune au sein de la BCE (avec Montpellier BS),<br />

l’EM Strasbourg et Rennes SB quittent à la fois la Banque<br />

commune d’épreuves, pour l’admission post prépas, et le<br />

concours Passerelle pour les admissions post-bac+2 et<br />

bac+3 (en revanche le bachelor de l’EM Strasbourg restera<br />

membre d’Atout+3 et ceux de Rennes indépendants).<br />

« Nous n’avions pas de problèmes particuliers au sein de la<br />

Palmarès : au tour du Figaro<br />

Le Figaro vient de publier un palmarès<br />

des écoles de commerce mastérisées<br />

qui est de plus en plus considéré<br />

comme la référence du genre.<br />

Sans surprise le top 5 est constitué<br />

des habituels HEC, Essec, ESCP<br />

Europe, Emlyon et Edhec. Et comme<br />

pour L’Etudiant Grenoble EM suit<br />

(mais perd une place par rapport à<br />

son score 2017) et précède Skema,<br />

septième comme pour L’Etudiant mais<br />

ici sans ex æquo et qui progresse<br />

d’une place.<br />

Tout juste derrière, Audencia en perd<br />

une et précède Kedge (une place de<br />

mieux), ici devant Neoma (une place<br />

de mieux également).<br />

Si on se prête au jeu des comparaisons,<br />

Le Figaro et L’Etudiant sont relativement<br />

en phase dans le top 7 mais<br />

L’Etudiant est plus favorable à Neoma.<br />

Surtout l’Inseec est significativement<br />

moins bien considérée par Le Figaro<br />

: 11 place de moins que L’Etudiant<br />

comme c’était déjà le cas en 2017. n<br />

BCE. C’est plutôt le projet collaboratif d’Ecricome qui nous<br />

a séduit », explique le directeur de l’EM Strasbourg, Herbert<br />

Castéran, rejoint en cela par celui de Rennes SB, Thomas<br />

Froehlicher qui retrouve un concours qu’il a présidé en<br />

tant que directeur de Kedge : « A quatre on peut échanger<br />

constamment dans une logique de club à la gouvernance<br />

agile ». Une évolution qui a séduit le président de l’APHEC,<br />

Alain Joyeux, qui s’est dit « attaché à Ecricome dont la pérennité<br />

est importante ». n<br />

→ Sous la direction de Philippe Koehler, professeur d’allemand<br />

en classe préparatoire, l’épreuve de langues du<br />

concours évoluera en 2020 pour s’appuyer sur des vidéos.<br />

Les premiers sujets seront mis en ligne en mars 2019.<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 4 DÉCEMBRE <strong>2018</strong> | N°22


L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

Le point sur Parcoursup<br />

À la fin de la procédure <strong>2018</strong>, ce sont en tout 442 428 candidats (79 %) qui ont été<br />

acceptés dans une formation proposée par Parcoursup, dont 413 089 en phase<br />

principale, 21 999 en phase complémentaire et 7 340 en apprentissage selon une<br />

note flash que vient de publier le ministère de l’Enseignement supérieur, de la<br />

Recherche et de l’Innovation.<br />

94,4 % des candidats ont reçu une proposition d’admission<br />

toute phase confondue (un pourcentage équivalent à celui observé<br />

sur APB l’an dernier qui était de 94,5 %). 3,3 % n’ont reçu que des<br />

réponses négatives et 2,3 % ont démissionné alors qu’il leur restait<br />

des propositions en attente. Les bacheliers généraux sont 98 % à<br />

obtenir une proposition pour 92 % en série technologique et 86 %<br />

en série professionnelle. Seules 5 % des propositions acceptées<br />

l’ont été en phase complémentaire : le plus souvent en licence<br />

(8 %) et en BTS (4 %) et très rarement en CPGE (1 %).<br />

71 % des candidats de la série générale et environ la moitié des<br />

candidats de séries technologique (50 %) ou professionnelle<br />

(45 %) ont reçu une proposition dès le premier jour. Le délai d’attente<br />

moyen est de 8 jours avant de recevoir la première d’entre<br />

elles. Cette attente moyenne est plus longue dans les séries technologiques<br />

(12 jours) et professionnelle (17 jours) que dans la<br />

filière générale (4 jours).<br />

Dans quelles filières ? La licence représente 41 % des propositions<br />

acceptées (51 % pour les bacheliers généraux) suivie par les<br />

CPGE et PACES (12 % chacune). Du côté des bacheliers technologiques<br />

et professionnels, les formations en BTS dominent avec<br />

respectivement 45 % et 76 % des propositions acceptées avec<br />

une hausse de 8 points des acceptations d’un BTS par les bacheliers<br />

professionnels par rapport à 2017 (69 % acceptaient un BTS).<br />

Pour ces deux séries, les formations de licence sont en seconde<br />

position avec respectivement 27 % et 16 %.<br />

Plus de 9 candidats sur 10 dont les vœux sont formulés principalement<br />

en PACES, l’obtiennent. Les candidats postulant majoritairement<br />

en CPGE sont 73 % à accepter cette formation. Cette proportion<br />

monte à 74 % pour les candidats choisissant majoritairement un<br />

BTS et 62 % pour le DUT. n<br />

EN BREF<br />

→→<br />

L’Edhec de plus<br />

en plus on line<br />

À l’occasion du<br />

lancement d’Edhec<br />

Online, l’Edhec BS<br />

a présenté l’alliance<br />

internationale Future of<br />

Management Education<br />

(FOME) qu’elle crée<br />

aux côtés de l’Imperial<br />

College London et de<br />

cinq autres business<br />

schools (ESMT Berlin,<br />

BI Norwegian BS, SMU<br />

Singapore, Ivey BS et<br />

Melbourne BS). Cette<br />

alliance crée la première<br />

plateforme de diplômes<br />

100 % online.<br />

Conçue par Insendi,<br />

une EdTech fondée<br />

par Imperial College<br />

Business School,<br />

FOME permet à<br />

l’Edhec de rendre<br />

accessible au plus grand<br />

nombre ses contenus<br />

d’excellence portés<br />

par des innovations<br />

technologiques de<br />

pointe. Par exemple,<br />

le social learning<br />

augmenté pour<br />

permettre le travail<br />

de groupe à distance,<br />

l’hologramme<br />

pour accueillir des<br />

professeurs dans<br />

les programmes<br />

depuis l’autre bout<br />

du monde et demain<br />

« l’adaptive learning »<br />

pour personnaliser les<br />

apprentissages.<br />

→ À court terme, la<br />

plateforme prévoit que<br />

les participants puissent<br />

choisir un programme<br />

diplômant coconstruit<br />

par 2 ou plusieurs<br />

business schools de<br />

l’Alliance.<br />

BSB (Burgundy School<br />

of Business) inaugure<br />

sa House of Finance<br />

Le 26 novembre, BSB (Burgundy School of Business) a inauguré officiellement<br />

sa House of Finance en compagnie des deux partenaires de ce nouveau lieu :<br />

la Banque Populaire Bourgogne Franche-Comté (BPBFC) et la Caisse d’Épargne<br />

Bourgogne-Franche Comté (CEBFC).<br />

Cet espace dédié à la finance et à la gouvernance des entreprises compte<br />

des bureaux pour 8 enseignants-chercheurs et 4 salles de cours. Dotée de<br />

12 stations triples écrans et d’écrans muraux diffusant des informations<br />

financières en continu, la Salle des Marchés Bloomberg peut recevoir jusqu’à<br />

25 étudiants. n<br />

Un double diplôme<br />

emlyon BS / HEC<br />

Montréal<br />

emlyon BS et HEC Montréal ont signé un accord de coopération et d’échanges qui<br />

donnera notamment lieu à un accord de double diplôme, la co-création de cours et<br />

de programmes de recherche, une collaboration entre leurs incubateurs et accélérateurs<br />

dans le domaine des EdTech ainsi qu'une mise à disposition respective<br />

de leurs locaux à Montréal et à Paris. L’accord de double-diplôme permettra à<br />

des étudiants du BBA d’HEC Montréal d’intégrer le MSc in Management d’emlyon<br />

pendant deux ans et à des étudiants du programme Grande école d’emlyon de<br />

suivre leur dernière année d’étude à HEC Montréal et d’obtenir un double diplôme<br />

des deux institutions. n<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 5 DÉCEMBRE <strong>2018</strong> | N°22


L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

EN BREF<br />

→→<br />

Quels établissements<br />

mènent le mieux à<br />

l’emploi ?<br />

HEC Paris devant l’Ecole<br />

polytechnique, l’ENS<br />

Ulm, MINES ParisTech,<br />

emlyon BS, Centrale<br />

Supélec, l’Essec, la Faculté<br />

des sciences de Sorbonne<br />

Université, l’Edhec et<br />

l’Université Paris Sud : le<br />

Times Higher Education<br />

a publié son Palmarès<br />

des établissements<br />

qui mènent le mieux à<br />

l’emploi. Dans le monde<br />

l’université d’Harvard<br />

l’emporte devant Caltech,<br />

le Massachussetts<br />

Institute of Technology<br />

(MIT), l’université de<br />

Cambridge, Stanford et<br />

la TU Munich. HEC est<br />

23 e , l’École polytechnique<br />

30 e juste devant l’ENS<br />

Ulm, Mines ParisTech et<br />

emlyon BS.<br />

De nouveaux accords de<br />

coopération pour Audencia<br />

Christophe Germain, directeur général d’Audencia<br />

« Nous voulons établir des partenariats avec des institutions<br />

locales au sein d’écosystèmes qui font sens avec l’expertise<br />

d’Audencia. » Directeur d’Audencia BS, Christophe Germain<br />

explique la stratégie qui l’a par exemple conduit à implanter son<br />

école en Chine. D’abord au sein du Beijing Institute of Technology,<br />

une école d’ingénieurs située à Pékin, puis à Shenzhen<br />

Audencia Business School (SABS) en 2016 dans une zone<br />

reconnue comme la Silicon Valley chinoise. Aujourd’hui c’est en<br />

Amérique du Sud que l’école se développe en fondant le Collaborative<br />

Institute For Global Agribusiness avec des acteurs clés du<br />

système : l’Association brésilienne des agro-entreprises (ABAG),<br />

l’ESPAE Graduate School of Management d’Équateur et TCAI<br />

© Audencia BS<br />

Tejon Communication & Action International Ltda, une société<br />

influente de consulting de São Paulo au Brésil. « Le but est<br />

de développer un leadership et des bonnes pratiques dans un<br />

secteur en pleine mutation en permettant notamment à nos<br />

étudiants en MSc in Food and Agribusiness Management de<br />

suivre leur scolarité de Nantes à l’Equateur. »<br />

Mais il n’y a pas qu’à l’étranger qu’Audencia conclut de<br />

nouveaux accords. Après Centrale Nantes, les Beaux-Arts ou<br />

encore Sciences Po c’est à terme 30 à 35 % de ses étudiants<br />

qu’Audencia veut voir ainsi « hybridés » avec des établissements<br />

partenaires. Au sein du Pôle Image Magelis d’Angoulême, leader<br />

de la filière image et audiovisuel numérique (12 écoles, 100<br />

entreprises et associations spécialisées dans ce secteur et 40<br />

studios d’animation et de jeu vidéo), Audencia va proposer des<br />

parcours de formation double compétence. « Ces cursus permettront<br />

aux étudiants d’allier les compétences techniques des divers<br />

métiers de l’image et de la production audiovisuelle aux compétences<br />

de gestion et de management. »<br />

À partir de septembre 2019, les experts de l’EMCA (Ecole des<br />

métiers du cinéma d’animation) dispenseront à Nantes les cours<br />

d’un nouveau parcours « cinéma d’animation » aux étudiants de<br />

première année du programme Grande École. Une spécialisation<br />

« management de la production audiovisuelle et multimédia »<br />

verra le jour au sein du campus d’Angoulême. Elle s’appuiera<br />

sur l’expertise de l’ensemble du pôle Magelis et sera également<br />

proposée aux étudiants du PGE. n<br />

© TBS<br />

Olivier Guyottot explique son départ de TBS<br />

Vous venez de quitter la direction des programmes initiaux<br />

de Toulouse BS. Comment s’est déroulé ce départ ?<br />

De manière très simple : ma période d’essai de deux fois quatre<br />

mois approchait de son terme et les deux parties ont souhaité<br />

mettre un terme à la collaboration. Je n’ai pas été licencié<br />

et je n’ai pas non plus démissionné comme j’ai pu le lire mais<br />

je souhaitais partir et TBS était du même avis. Nous avions des<br />

différents sur certains dossiers, qu’il s’agisse de leur gestion et<br />

des moyens à mettre en œuvre ou de la nouvelle organisation.<br />

Mais nous restons en très bons termes.<br />

Mais ce sont bien les mauvais résultats qu’a obtenus<br />

Toulouse BS cet été au Sigem (plus de 90 étudiants en<br />

moins qu’en 2017) qui sont le déclencheur de la crise<br />

entre vous et TBS ?<br />

Il n’y a aucune crise entre moi et TBS. Nous avons simplement<br />

décidé que nos chemins se séparaient. Compte tenu de ma date<br />

d’entrée dans l’entreprise, mon départ n’est pas lié aux résultats<br />

du SIGEM. Ayant pris mon poste à TBS fin avril <strong>2018</strong>, personne<br />

ne m’a jamais fait porter la moindre responsabilité dans ces<br />

résultats, ce qui est légitime tant un concours se prépare bien en<br />

amont. Néanmoins, ces résultats ont créé des conditions qui ont<br />

logiquement généré des moments un peu compliqués auxquels<br />

nous avons fait face tous ensemble.<br />

En tant que directeur du programme Grande école vous<br />

avez quand même fait partie de ceux qui ont fixé une<br />

barre d’admissibilité à l’évidence trop élevée pour<br />

recevoir autant d’étudiants qu’en 2017 ?<br />

Comme l’a bien expliqué François Bonvalet, ce fut une décision<br />

commune de ne pas dégrader la sélectivité.<br />

Historiquement, la très grande majorité des élèves de prépas<br />

choisit son école au regard de sa barre d’admissibilité. De<br />

manière surprenante, deux sortes d’attitudes se sont croisées<br />

cette année : ceux qui sont allés vers TBS car la barre était élevée<br />

et d’autres qui ont donné l’avantage à d’autres éléments.<br />

En 2019 Toulouse BS a décidé de recruter 40 élèves de<br />

moins en prépas. Vous avez été associé à cette décision.<br />

Comment l’expliquez-vous ?<br />

Encore une fois il s’agit de préserver la sélectivité de l’école pour<br />

continuer d’attirer les meilleurs élèves.<br />

Deux questions plus personnelles. Quelles ont été les<br />

réactions à TBS en apprenant votre départ ?<br />

J’ai reçu des messages de remerciement d’étudiants et de collègues.<br />

Ces derniers mois se sont globalement très bien passés<br />

malgré le contexte et je garderai un très bon souvenir de mon<br />

passage à TBS.<br />

Et quels sont vos objectifs professionnels maintenant ?<br />

Cela fait dix ans que je dirige des programmes. Je voudrais maintenant<br />

revenir à l’enseignement et à la recherche tout en exploitant<br />

ma connaissance des PGE, des classes préparatoires, des<br />

accréditations et de l’international.<br />

Un retour vers l’étranger après mes expériences anglaises,<br />

argentines et colombiennes n’est d’ailleurs pas à exclure. n<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 6 DÉCEMBRE <strong>2018</strong> | N°22


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L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 7 DÉCEMBRE <strong>2018</strong> | N°22


ANALYSE<br />

À l’heure du continuum<br />

les écoles revisitent<br />

leur programme Grande école<br />

© Neoma BS<br />

Parce qu’elles veulent<br />

mieux assurer le continuum avec<br />

les classes préparatoires tout<br />

en stimulant les « soft skills »<br />

de leurs étudiants,<br />

beaucoup de Grandes écoles<br />

de management ont revisité leur<br />

PGE cette année.<br />

Florilège.<br />

Neoma fait partie des toutes premières écoles à avoir rénové son programme Grande école<br />

: emlyon BS<br />

En 2019 emlyon BS entend largement faire évoluer<br />

son programme Grande école dans l’esprit « early<br />

makers » qu’elle développe depuis maintenant dix<br />

ans. « Nous devons préparer nos étudiants à exercer<br />

des emplois qui n’existent pas encore. À résoudre des<br />

problèmes dont on ne sait pas encore qu’ils sont des<br />

problèmes. Dans cet esprit on ne doit plus seulement<br />

apprendre dans les écoles mais donner les conditions<br />

pour apprendre », défend Thierry Picq, directeur<br />

early maker development de l’école. Il s’agit donc<br />

pour l’école de faire « sortir les élèves de leur « zone<br />

de confort » au travers de trois dispositifs : « Spark<br />

360° » (« Self Passion Action Reflexion Knowledge<br />

comptencies ») pour le développement personnel,<br />

« DIY_LAB » (« Do It Yourself ») pour le développement<br />

des compétences et surtout un « PGE à la carte ».<br />

« Nous quittons le système classique par semestres<br />

avec des rentrées tous les deux mois et une offre de<br />

cours qui s’adapte au projet de chaque étudiant »,<br />

commente la directrice du PGE, Nathalie Hector.<br />

Dès leur première année dans l’école les étudiants<br />

vont travailler sur la création d’entreprise, la disruption<br />

ou encore la construction d’algorithmes. Les cours<br />

ne se feront plus dans des amphis mais par groupe<br />

de quatre ou cinq étudiants réunis par typologies de<br />

projets (neuf en tout qui vont du management associatif<br />

au sport en passant par l’humanitaire ou les<br />

arts et culture). De plus en plus investis les étudiants<br />

co-piloterons l’ensemble. « Chaque étudiant fera ce<br />

qu’il veut mais devra prouver que cela correspond<br />

à ce qu’il aurait appris en cours », résume Nathalie<br />

Hector.<br />

: EM Normandie :<br />

renouveler la pédagogie<br />

À la rentrée <strong>2018</strong> l’EM Normandie a transformé sa<br />

pédagogie pour « mieux répondre aux attentes de<br />

ses étudiants. » Des cours de culture générale sont<br />

par exemple délivrés dès la première année. Des<br />

parcours à la carte sont proposés pour faciliter l’intégration<br />

des étudiants arrivés dès le bac et ceux qui<br />

intègrent l’école après une classe préparatoire, une<br />

double origine qui est une spécificité de l’école. Dans<br />

le même esprit d’ouverture les « Grands rendez-vous<br />

de l’EM Normandie » ont été lancés en octobre en<br />

commençant cette année par des conférences consacrées<br />

à l’intelligence artificielle (IA).<br />

Mais c’est bien au cœur du cursus du programme<br />

Grande école que se trouve l’évolution la plus notable.<br />

« Nous voulons mixer des cours très classiques et<br />

d’autres très novateurs. Nous voulons également<br />

évaluer de différentes façons », explique Jean-Christophe<br />

Hauguel, le directeur général adjoint de l’école.<br />

Pour donner du temps à la réalisation de projets<br />

les étudiants n’ont depuis la rentrée pas plus de<br />

200 heures de cours par semestre (20 heures par<br />

semaine au maximum). « Au moins deux cours classiques<br />

sont maintenus par semestre pour que les<br />

étudiants restent dans leur « zone de confort » tout en<br />

travaillant en pédagogie inversée ou digitale. »<br />

: Retrouver « l’esprit »<br />

de l’Inseec<br />

Rebaptisée Inseec School of Business & Economics,<br />

l’Inseec est aujourd’hui en pleine refondation<br />

sous l’impulsion de sa nouvelle directrice : Isabelle<br />

Barth qui entend « retrouver l’esprit d’une école<br />

qui avait su être pionnière, >>> suite page 9<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 8<br />

DÉCEMBRE <strong>2018</strong> | N°22


ANALYSE<br />

© emlyon BS<br />

>>> suite de la page 8<br />

il y a 45 ans » : « Nous sommes aujourd’hui sur<br />

un « reset » complet de notre projet pédagogique<br />

avec comme nouvelle baseline « Deep Education<br />

Takes You Further » (« Le savoir peut vous emmener<br />

très loin ») ». Une totale refonte qui s’adresse<br />

largement aux élèves issus des classes préparatoires<br />

explique la directrice : « S’ils ont besoin d’un<br />

bagage en management, beaucoup d’étudiants<br />

issus de classes préparatoires ne trouvent pas dans<br />

les écoles de « piste d’atterrissage », regrettent<br />

de ne plus suivre de cours de ceux qu’on appelle<br />

aux Etats-Unis les « liberal arts » et qui regroupent<br />

la philosophie, l’histoire, etc. ». Dans cet esprit<br />

« Humanité et société » sera le premier pilier de<br />

la nouvelle pédagogie dans la logique du « continuum<br />

» en faisant d’ailleurs appel aux professeurs<br />

de classes préparatoires.<br />

Un projet qui doit aussi répondre aux attentes des<br />

entreprises qui sont de plus en plus demandeuses<br />

de compétences transverses et relationnelles. « À<br />

nous de transmettre à nos étudiants les compétences<br />

qui leur permettront de rester employables.<br />

Commencer un cours de comptabilité par l’histoire<br />

des nombres, parler de la Chine actuelle en racontant<br />

son histoire c’est permettre d’acquérir une<br />

pensée autonome », reprend Isabelle Barth qui<br />

entend professionnaliser ses étudiants petit à petit :<br />

« Les professionnaliser sans trop les spécialiser<br />

sinon il y a un risque d’obsolescence. Ils doivent<br />

être capables d’apprendre et de réapprendre toute<br />

emlyon crée des espaces de travail<br />

partout sur ses campus<br />

leur vie. On subit le changement quand on est incapable<br />

d’évoluer ! » D’ailleurs le deuxième pilier de<br />

la nouvelle pédagogie de l’école est « altérité et<br />

connaissance de soi ».<br />

: Neoma BS : plus de<br />

modularité et de rythme<br />

Neoma BS a lancé un nouveau format de son PGE à<br />

la rentrée <strong>2018</strong> pour lui donner « plus de modularité<br />

et plus de rythme », dans les lieux d’études comme<br />

dans les contenus. « Nous renforçons le va-et-vient<br />

entre l’académique et le professionnel. Plutôt que de<br />

durer un an, l’année de césure – pour laquelle opte<br />

la grande majorité de nos étudiants - pourra être divisée<br />

en deux périodes de six mois suivies de cours.<br />

Le cycle master pourra être effectué en deux ou trois<br />

ans », explique la directrice du PGE, Sylvie Jean. De<br />

plus et alors que l’apprentissage est très fortement<br />

présent à Neoma (30 % de la promotion) les étudiants<br />

auront le choix de faire le cursus en apprentissage sur<br />

2 ans (M1 et M2) ou en 1 an (M2)<br />

Dans l’esprit du continuum a été créé un cours<br />

« Humanités & Management », qui permet aux<br />

étudiants de faire le lien avec les grands auteurs<br />

qu’ils ont découvert en classe préparatoire et les<br />

cours de management. Le cours est d’ailleurs conçu<br />

avec des professeurs de prépas. « Nous proposerons<br />

aussi à nos étudiants un cas fil rouge interdisciplinaire<br />

à partir d’un cas réel d’entreprise qui permet<br />

d’aborder différentes matières enseignées et ainsi de<br />

mieux appréhender le passage entre la classe préparatoire<br />

et l’école. Nous revendiquons notre intérêt<br />

pour les CPGE qui représentent 70 % de nos effectifs<br />

en première année, soit 770 étudiants (chiffre stable<br />

cette année) », reprend Sylvie Jean.<br />

Par ailleurs le « Parcours Entrepreneuriat Associatif<br />

» (PEA) associe cours le matin et projet associatif<br />

l’après-midi. Le tout en anglais et en associant les<br />

diplômés. « Ce parcours permet de vraiment faire le<br />

lien entre les activités associatives des étudiants et<br />

leurs études, générant des synergies et un apprentissage<br />

appliqué. Être membre actif et impliqué de la<br />

vie associative c’est fédérer des équipes, gérer des<br />

budgets, monter des projets », insiste la directrice<br />

de Neoma, Delphine Manceau, pour laquelle « la vie<br />

associative n’est pas un « à côté », elle devient alors<br />

centrale dans l’apprentissage et mobilisée par les<br />

enseignants comme champ d’application ».<br />

: « Think Forward » à Skema BS<br />

Depuis deux ans Skema BS est en pointe dans la<br />

mise en action du continuum classes préparatoires<br />

/ Grande écoles avec la création de cours d’humanités<br />

que dispensent même des professeurs<br />

de prépas comme Frédéric Munier. Skema entend<br />

maintenant aller plus loin en renouvelant en 2019<br />

son programme Grande école autour de la notion<br />

de « Think Forward » (« Penser demain »). Appuyés<br />

sur trois grands cours consacrés aux grands enjeux<br />

géopolitiques (dispensés par Frédéric Munier), économiques<br />

(Emmanuel Combes), philosophiques et de<br />

société (Gaspard Koenig), les étudiants doivent utiliser<br />

leurs connaissances pour s’interroger sur des thématiques<br />

comme « Si demain on colonise Mars qu’estce<br />

que les colons terriens vont décider d’y faire ? ».<br />

Toute une démarche qui démarre dès l’entrée dans<br />

l’école sous forme d’un hackathon, où les étudiants<br />

doivent acquérir des théories pour offrir une solution<br />

viable aux problèmes que leur posent les entreprises,<br />

puis l’organisation d’un séminaire « Knowledge<br />

Management » chaque semestre ou encore des<br />

« Learning Expeditions » qui les mènent dans le<br />

monde entier. Organisé de A à Z par les étudiants, un<br />

« Strategy Summit » rassemblera le 11 avril 2019 des<br />

experts internationaux, des consultants en stratégie<br />

et des dirigeants de grandes entreprises. « Seuls les<br />

étudiants qui auront eu une implication personnelle<br />

forte, pas seulement suivi des cours mais participé<br />

activement à leur organisation, pourront obtenir<br />

la certification « Think Forward » », explique Patrice<br />

Houdayer, directeur des programmes, de l’international<br />

et de la vie étudiante de Skema. n<br />

O. R<br />

« Wake Up ! , Experiment, Jump » à ICN BS<br />

À l’occasion du renouvellement de son visa et de son grade de Master,<br />

ICN Business School a retravaillé son programme ICN Grande<br />

École pour « l’adapter au contexte concurrentiel et aux attentes des<br />

entreprises ». Le programme Grande École d’ICN s’organisera en trois<br />

temps en 2019. En mode « Wake Up ! », la première année (L3) apportera<br />

un grand nombre de cours fondamentaux et initiera les étudiants<br />

à la pluridisciplinarité grâce aux modules Artem. L’apprentissage<br />

par l’action sera assuré par les projets associatifs et par un stage de<br />

fin d’année ? Intitulée « Experiment » : la deuxième année (M1) verra<br />

débuter les cours de spécialisation (une spécialisation principale et<br />

une complémentaire), qui se veulent à la fois théoriques et professionnalisants.<br />

L’atelier Artem permettra là également de développer des<br />

projets pluridisciplinaires sur l’ensemble de l’année académique. Enfin<br />

la troisième année (« Jump ») insistera sur la prise de décision et complétera<br />

la spécialisation des étudiants. Elle les prépare à leur premier<br />

emploi ou à leur stage de fin d’études.<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 9<br />

DÉCEMBRE <strong>2018</strong> | N°22


PUBLI-INFORMATION<br />

« Nos trois parcours d’excellence<br />

offrent un socle de connaissances<br />

pointues, en prise directe avec<br />

le monde professionnel »<br />

© Michel Jolyot<br />

En mai <strong>2018</strong>, NEOMA Business School dévoilait<br />

la réforme de son Programme Grande Ecole.<br />

Si la formation propose un nouveau rythme<br />

d’apprentissage favorisant à la fois l’expérience<br />

et la prise de décision, elle conserve ce qui fait<br />

sa renommée, au premier rang desquels les<br />

parcours d’excellence.<br />

Retour sur ces trois parcours d’exception avec<br />

Sylvie JEAN, Directrice du Programme Grande Ecole<br />

de NEOMA Business School.<br />

Sylvie Jean, comment définiriez-vous<br />

un parcours d’excellence ?<br />

Ce sont des parcours qui combinent excellence<br />

académique et expertises du monde professionnel.<br />

L’objectif est d’offrir aux étudiants un socle de<br />

connaissances extrêmement pointues et en prise<br />

directe avec les problématiques et les dernières<br />

pratiques du monde professionnel.<br />

Pour cela, nous nous appuyons sur plusieurs<br />

ressources-clés : des enseignants-chercheurs référents,<br />

des partenariats privilégiés avec des acteurs<br />

de renommée mondiale, un réseau de diplômés<br />

impliqués. Ces parcours traduisent l’excellence<br />

collaborative du Programme Grande École.<br />

Quelle est l’offre de parcours<br />

d’excellence que l’on retrouve au sein<br />

du Programme Grande École de<br />

NEOMA Business School ?<br />

Les parcours d’excellence s’appuient sur nos expertises<br />

historiques et l’ADN de notre École. Ainsi, nous<br />

proposons 3 parcours dédiés, accessibles à partir<br />

du Master 1 : Conseil & Audit, Chartered Financial<br />

Analyst (CFA) et le parcours associatif / entrepreneuriat.<br />

▼<br />

▼<br />

Quelles sont les spécificités du parcours<br />

Conseil & Audit, expertise historique et<br />

reconnue de NEOMA Business School ?<br />

Ce parcours a été conçu avec les 4 plus grands cabinets<br />

d’audit (Deloitte, EY, KPMG, PWC) permettant<br />

ainsi de garantir sa pleine conformité aux standards<br />

du secteur. Il est reconnu pour sa grande qualité<br />

pédagogique et dispense d’examens pour 5 des 7<br />

unités d’enseignement du Diplôme Supérieur de<br />

Comptabilité et de Gestion (DSCG).<br />

Ce parcours permet également de suivre des expériences<br />

en entreprise sous statut de stagiaire ou<br />

dans le cadre d’un contrat d’apprentissage. Enfin, il<br />

est également possible de faire un échange académique<br />

chez l’un de nos nombreux partenaires.<br />

Le secteur du Conseil et de l’Audit a<br />

particulièrement évolué ces dernières<br />

années, comment adaptez-vous les<br />

enseignements ?<br />

Nous nous appuyons sur notre pôle d’expertise<br />

« Audit et Conseil » pour décrypter les transformations<br />

profondes de l’audit et du conseil financier<br />

à l’heure de l’intelligence artificielle et de la<br />

digitalisation des métiers. Le fruit du travail mené<br />

suite page 11<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 10 DÉCEMBRE <strong>2018</strong> | N°22


PUBLI-INFORMATION<br />

suite de la page 10<br />

au sein du pôle par nos enseignants-chercheurs<br />

impacte directement les contenus pédagogiques<br />

de ce parcours.<br />

Quelles sont les statistiques<br />

d’employabilité du parcours Conseil<br />

et Audit ?<br />

Cette année, près de 25 % de la promotion a choisi<br />

ce parcours d’excellence, soit 250 étudiants environ.<br />

Ils sont très recherchés par les recruteurs avant<br />

même la fin de leurs études.<br />

Ainsi 92 % d’entre-deux trouvent un emploi avant<br />

même l’obtention du diplôme, avec 100 % de CDI<br />

à la clé !<br />

Vous proposez aussi un autre parcours<br />

d’excellence dédié à la Finance.<br />

Pourquoi et comment avez-vous<br />

construit ce parcours ?<br />

Véritable expertise historique de NEOMA Business<br />

School, la finance est indispensable à l’économie<br />

et ne concerne pas uniquement la banque. Il existe<br />

aussi une forte demande de profils « finance » dans<br />

les cabinets de conseil, les grands groupes, les PME,<br />

etc. Ce parcours forme chaque année près de 200<br />

étudiants et sa spécificité est de reposer sur un partenariat<br />

prestigieux avec le CFA Institute.<br />

Cet organisme américain délivre la certification professionnelle<br />

qui fait référence aujourd’hui dans le<br />

secteur de la finance internationale. Nous figurons<br />

parmi les 11 écoles et universités en France, rigoureusement<br />

sélectionnées par le CFA Institute, habilitées<br />

à préparer à ce parcours d’exception.<br />

Comment s’articule ce parcours<br />

spécifique ?<br />

Pendant le Master 1 du Programme Grande École,<br />

l’étudiant se spécialise dans les métiers de la<br />

finance avec une orientation « Chartered Financial<br />

Analyst spécifique ». C’est un parcours très exigeant<br />

car uniquement accessible aux étudiants qui réussissent<br />

l’examen de sélection en fin de première<br />

année. Les étudiants doivent ensuite passer le<br />

« Level I » en fin de Master 1. La poursuite du parcours<br />

est corrélée à la réussite de ce premier examen<br />

du CFA. Ils se présentent ensuite au « Level II » en<br />

Master 2. À l’issue du Programme Grande École, un<br />

cours est proposé aux étudiants sur le campus parisien<br />

de NEOMA Business School afin de finaliser la<br />

préparation des examens du CFA « Level III ».<br />

On devine que ce parcours très exigeant<br />

est le gage de très belles carrières<br />

ensuite ?<br />

▼<br />

▼<br />

C’est exact, la certification CFA, véritable passeport<br />

à l’embauche et booster de carrière, est la<br />

voie royale pour les métiers d’analyste financier et<br />

d’asset manager. Je suis très fière des très bons<br />

résultats de mes étudiants. En 2017, nous avons<br />

enregistré un taux de réussite au « Level I » de 65 %<br />

alors que la moyenne mondiale se situe à 43 %.<br />

Nos résultats sont encore meilleurs concernant le<br />

« Level II » puisque nous avons obtenu 72 % de<br />

taux de réussite contre 47 % dans le monde. Ces<br />

chiffres illustrent la solidité de ce parcours et plus<br />

globalement l’expertise de l’École en Finance.<br />

Conseil & Audit, Finance… mais aussi<br />

engagement associatif. Pouvez-vous<br />

détailler ce troisième parcours<br />

d’excellence ?<br />

En fait, ce parcours est bien plus large que l’associatif<br />

puisqu’il couvre également la dimension de<br />

l’entrepreneuriat. Il s’agit d’un véritable programme<br />

sur-mesure qui offre à nos étudiants la possibilité<br />

de porter un projet (associatif ou entrepreneurial),<br />

en leur permettant dans le même temps d’étudier<br />

et d’entreprendre. Dès la deuxième année, un emploi<br />

du temps aménagé leur permet de suivre les<br />

cours le matin et de travailler sur leur projet associatif<br />

ou de création d’entreprise l’après-midi. Pour<br />

les « entrepreneurs en herbe », c’est l’opportunité<br />

de tester leur projet, avant de se spécialiser en entrepreneuriat<br />

et même d’intégrer notre incubateur<br />

pour maximiser leurs chances de succès. Ce parcours<br />

couvre aussi la dimension associative avec la possibilité<br />

de prendre des responsabilités dans une des<br />

88 associations de l’École qu’ils gèrent comme une<br />

micro-entreprise. En plus des cours, l’expérience<br />

associative développe leurs compétences de manager,<br />

leurs prises d’initiatives et de leadership. Le<br />

Parcours Associatif est également proposé aux sportifs<br />

de haut niveau.<br />

Comme les autres parcours,<br />

celui-ci se réinvente sans cesse<br />

avec une nouveauté cette année ?<br />

En effet, deux séminaires, un sur chaque campus,<br />

viendront ponctuer l’année et permettront aux<br />

étudiants de faire le point sur les compétences<br />

professionnelles que ce parcours leur permet<br />

d’acquérir. Fin octobre, les étudiants Rémois sont<br />

venus à Rouen et courant mars, les Rouennais iront<br />

à Reims.<br />

J’ai la conviction que les étudiants du parcours<br />

associatif doivent garder à l’esprit qu’il s’agit d’un<br />

véritable parcours d’excellence, particulièrement<br />

reconnu par les recruteurs, et nous devons les<br />

accompagner avec force dans cette voie exigeante.<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 11 DÉCEMBRE <strong>2018</strong> | N°22


GROS PLAN<br />

La nouvelle épreuve de géopolitique<br />

GEM du Concours BCE<br />

La nouvelle épreuve de géopolitique pour la BCE à destination des élèves des classes prépas<br />

option S est maintenant sur les rails. Conçu par Yves Schemeil le sujet ci-dessous permet déjà aux<br />

candidats à Grenoble EM comme à six autres écoles de s’y préparer.<br />

: Le sujet<br />

Assiste-t-on à une nouvelle guerre froide au Moyen-Orient ?<br />

: Quelques indications pour mieux le traiter<br />

La question n’est pas seulement académique : quelle que soit la réponse apportée,<br />

elle permettra d’estimer les effets concrets des conflits locaux sur les puissances<br />

extérieures à la région.<br />

Elle n’est pas seulement une question d’actualité : les rivalités régionales s’inscrivent<br />

dans la longue durée, mais elles sont à l’inverse susceptibles d’évoluer rapidement.<br />

: Les attendus<br />

Esprit de l’épreuve<br />

Il est d’abord attendu des candidats et des candidates une prise de position sur la<br />

question principale à laquelle on peut répondre par oui ou par non, ou bien encore<br />

par un « oui… mais » – c’est bien une guerre froide et elle est bien nouvelle, alors<br />

en quoi l’est-elle ? – ou même « pas du tout », et dans ce cas quelles sont ses<br />

spécificités ?<br />

Sur le fond<br />

Tout sujet résume un ensemble de problèmes : il faut donc dire lesquels sont<br />

posés ici.<br />

Au fil de la copie, des réponses à quelques grandes questions seraient appréciées,<br />

par exemple celles-ci :<br />

1. Parler de « guerre froide » dans le cas de la confrontation entre l’Arabie saoudite<br />

et l’Iran est-ce un abus de langage ou une expression appropriée et dans<br />

les deux cas pourquoi ?<br />

2. Dire que cette guerre froide est « nouvelle » ne fait-il pas l’impasse sur la<br />

guerre froide entre l’Egypte et l’Arabie saoudite dans les années soixante, entre<br />

les alliés locaux des Etats-Unis et les nationalistes arabes dans les années<br />

cinquante et soixante-dix, ou encore entre les monarchies de la péninsule et<br />

l’Iran lors de la guerre avec l’Irak ?<br />

3. De quelles données faudrait-il disposer pour comparer vraiment la puissance<br />

relative de l’Arabie saoudite et de l’Iran et de leurs alliés ? Exemples : population,<br />

réserves pétrolières, production en barils par jour, déficit budgétaire, taux<br />

d’emploi, dépenses militaires, forces de projection, etc.<br />

4. Quel pourrait être l’impact de cette situation sur les projets d’implantation<br />

(universités, musées), d’investissement (entreprises, banques) et de partenariat<br />

(villes autosuffisantes, etc.) dans la région ?<br />

Il reste que chaque copie atteste d’une démarche personnelle, l’essentiel est<br />

qu’elle soit riche et convaincante.<br />

La documentation devra être utilisée de façon opportune. Les données statistiques<br />

et les faits d’histoire sélectionnés doivent être justifiés par leur apport à l’explication.<br />

Les candidats et les candidates s’appuieront sur certains éléments fournis<br />

(pas forcément tous) pour étayer leurs arguments. Il ne faut surtout pas se livrer à<br />

un commentaire de carte suivi ou précédé d’un commentaire de texte, et encore<br />

moins les présenter de façon séparée de l’argumentation, dans une partie à part.<br />

Ces supports sont faits pour alimenter la réflexion, consolider une analyse, faire<br />

naître une question pour laquelle le candidat ou la candidate n’ont pas la réponse<br />

mais qu’ils estiment pertinent de poser. Les éléments prospectifs seront appréciés,<br />

mais ils contribueront de manière marginale à la note obtenue.<br />

: Documents à l’appui<br />

(Un seul support par type de document – graphiques, cartes, chronologie, texte –<br />

sera finalement proposé)<br />

A- Quelques indicateurs chiffrés sur le poids relatif de l’Arabie saoudite<br />

et de l’Iran<br />

Sur la forme<br />

Il s’agit d’une dissertation, déroulée selon les conseils donnés lors des préparations,<br />

notée de façon globale et non en fonction de « points » attribués aux<br />

sous-questions évoquées.<br />

La clarté de la démonstration ainsi que la qualité des exemples empiriques et des<br />

faits historiques choisis compteront dans la notation.<br />

Construction soignée (il n’y a pas de plan recommandé, il doit juste être explicite<br />

et adéquat à la démarche adoptée), cohérence argumentative, et concision rédactionnelle<br />

seront des atouts.<br />

À éviter absolument : banalités, paraphrase, catalogue de questions ou de faits,<br />

jugements non étayés par des données. >>> suite page 13<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 12 DÉCEMBRE <strong>2018</strong> | N°22


suite de la page 12<br />

GROS PLAN<br />

B - Cartographie<br />

>>> suite page 14<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 13 DÉCEMBRE <strong>2018</strong> | N°22


suite de la page 13<br />

GROS PLAN<br />

C- Chronologies<br />

D - Extrait d’un article portant sur la question<br />

Il s’agit de : « L’ascension de l’Iran en tant que puissance régionale : le rassemblement<br />

des chiites et ses limites », par Emmanuel Karagiannis, maître de conférences au<br />

Defence Studies Department du King’s College London). https://www.nato.int/<br />

docu/review/2016/Also-in-2016/iran-regional-power-tehran-islamic/FR/index.<br />

htm<br />

« À la suite de la Révolution islamique, en 1979, le régime iranien a cherché à<br />

exporter son idéologie hors de ses frontières. Il a ainsi fourni une assistance<br />

logistique au Hezbollah libanais, pour l’utiliser comme bras armé contre Israël.<br />

Mais l’influence géopolitique de l’Iran s’est ensuite trouvée circonscrite par la<br />

guerre avec l’Iraq, tout au long des années 1980, puis par la politique du double<br />

endiguement appliquée par les États-Unis, dans les années 1990...<br />

Le renversement de dirigeants arabes a ouvert la voie à une politique étrangère<br />

iranienne plus affirmée au Moyen-Orient. La vague de démocratisation a atteint,<br />

notamment, des pays comptant une importante communauté chiite.<br />

La République islamique s’est ouvertement posée en défenseur de la cause chiite.<br />

Ainsi, le régime iranien a soutenu sans relâche les appels aux réformes politiques<br />

à Bahreïn…<br />

Les services de sécurité iraniens, par exemple, ont recruté un grand nombre<br />

d’Afghans et de Pakistanais de confession chiite pour les envoyer combattre en<br />

Syrie… Téhéran a ainsi envoyé en Iraq des conseillers et des équipements militaires,<br />

et il a formé des milices chiites locales à la conduite d’actions de représailles contre<br />

les sunnites, si bien que certaines de ces milices échappent désormais au contrôle<br />

du gouvernement iraquien…<br />

La stratégie iranienne de soutien aux partis et aux milices chiites ressemble à celle<br />

qu’avait adoptée Moscou à l’égard des mouvements communistes du tiers-monde<br />

au cours de la Guerre froide. Le régime iranien a ainsi recours à diverses armées<br />

‘auxiliaires’ pour faire reculer l’influence saoudienne et pour accroître la sienne<br />

dans la région…<br />

En « confessionnalisant » sa politique étrangère, l’Iran a peut-être commis une<br />

erreur... (car) les chiites constituent une petite minorité dans le monde musulman.<br />

Les relations de l’Iran avec des pays à majorité sunnite tels que l’Indonésie, la<br />

Malaisie et le Pakistan ne vont pas manquer de se détériorer... L’implication de<br />

l’Iran en Iraq, en Syrie, à Bahreïn et au Yémen a conduit les communautés sunnites<br />

assiégées de ces pays à se rapprocher de l’Arabie saoudite et d’autres pays à majorité<br />

sunnite, comme la Turquie et le Qatar. » n<br />

Qu’en dit un professeur de géopolitique ?<br />

Professeur de géopolitique en classe<br />

préparatoire ECS au lycée parisien Saint-<br />

Michel de Picpus et auteur de « Mon atlas de<br />

prépa » (éditions Autrement) Hugo Billard<br />

nous livre ses premières impressions sur<br />

nouvelle épreuve de Géopolitique par GEM.<br />

1. C’est une très bonne idée qu’il existe une<br />

nouvelle épreuve de géopolitique pour une<br />

dizaine d’écoles. Voici qui montre l’intérêt des<br />

écoles de commerce pour cette discipline, et<br />

stimule son attractivité alors que la réforme<br />

du lycée et du bac pousse chacun à s’interroger<br />

sur l’avenir du subtil équilibre entre les<br />

matières dans les trois filières EC.<br />

2. Interrogation n° 1. Les délais : épreuve<br />

écrite en avril/mai, c’est un peu trop<br />

tôt à mon goût - et à celui des étudiants<br />

comme de nombreux collègues - pour<br />

pouvoir les préparer efficacement. Si on<br />

veut être efficace, il faut commencer toutes<br />

les épreuves dès la première année. Je<br />

suppose que le jury aura des consignes de<br />

compréhension, mais j’ai aussi peur que<br />

nombre d’étudiants se détournent cette<br />

année de Grenoble à cause de la rapidité de<br />

préparation de l’épreuve.<br />

3. Interrogation n° 2. La description de<br />

l’épreuve, dissertation simple avec documents<br />

supports sans obligation d’usage, ressemble à<br />

celle de l’ESSEC aujourd’hui. Peu d’originalité<br />

de prime abord, mais c’est plutôt rassurant<br />

vu du côté de nos étudiants. J’aurais été plus<br />

étonné, et agréablement, par une véritable<br />

étude de documents longs avec restitution sous<br />

forme d’une dissertation guidée.<br />

4. Interrogation n° 3. Seule originalité : cette<br />

idée que le candidat puisse proposer une vision<br />

prospective du sujet. Là aussi je m’interroge :<br />

- a) sur la place de cette prospective dans ce<br />

travail : en conclusion ? une troisième partie ?<br />

Partout ? ;<br />

- b) sur la capacité de nos étudiants à mener<br />

une analyse prospective alors que nous<br />

passons notre temps à leur demander d’éviter<br />

pour l’analyse du passé tout déterminisme et<br />

toute téléologie : le risque de confusion sur la<br />

méthode, dans leur esprit, va être important,<br />

j’attends plus de précisions de la part de<br />

GEM là-dessus pour pouvoir les préparer<br />

efficacement. Et ça ne va pas être évident. Mais<br />

c’est stimulant, si nous avons le temps, nous<br />

aussi, de bien comprendre. n<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 14 DÉCEMBRE <strong>2018</strong> | N°22


ENTRETIEN<br />

« Nous offrons<br />

de plus en plus de<br />

possibilités d’apprentissage<br />

à nos étudiants »<br />

À destination des élèves des classes prépas<br />

économiques et commerciales option<br />

S (ECS), une nouvelle épreuve de<br />

géopolitique (« Histoire, géographie et<br />

géopolitique du monde contemporain »)<br />

de la BCE (Banque centrale d’épreuves)<br />

voit le jour cette année.<br />

Son instigateur, le directeur général<br />

adjoint de Grenoble EM, Jean-François<br />

Fiorina, revient sur sa conception mais<br />

aussi sur l’actualité de son école.<br />

© B. Fournier<br />

Olivier Rollot : Conçue par Grenoble EM, la nouvelle<br />

épreuve de géopolitique (Histoire, géographie et géopolitique<br />

du monde contemporain) de la BCE vient d’être<br />

présentée. Quel processus vous a conduit à concevoir<br />

cette nouvelle épreuve ?<br />

Jean-François Fiorina : Il y a dix ans que nous y pensions avec<br />

une première tentative refusée il y a huit ans. Ce que nous attendons<br />

de la part des candidats c’est une mise en perspective de<br />

ce qu’ils ont appris, une mobilisation de leurs connaissances qui<br />

produise des avis étayés quant aux conséquences des événements<br />

pour les entreprises. La capacité à analyser est primordiale<br />

et s’appuie sur des cartes et des données qui permettent de<br />

réaliser quels sont les grands enjeux / défis. Renault et Peugeot<br />

sont deux grands constructeurs automobiles pour lesquels les<br />

réponses à un même défi sont différentes.<br />

O. R : Quelles compétences particulières requiert-elle ?<br />

J-F. F : Pour nous, la géopolitique est « œcuménique » et fait<br />

appel à différentes disciplines comme l’ethnologie ou encore<br />

à la sociologie pour comprendre et décider. Nous avons conçu<br />

cette épreuve dans la logique du continuum CPGE / GE. Elle<br />

ne comporte pas de pièges mais demande des capacités de<br />

synthèse pour communiquer et argumenter. S’ils ont bien travaillé<br />

il n’y a pas de soucis.<br />

O. R : Comment allez-vous préparer les candidats, et leurs<br />

professeurs, à s’y préparer dès maintenant ?<br />

J-F. F : Les candidats ont reçu courant novembre un sujet test :<br />

« Assiste-t-on à une nouvelle guerre froide au Moyen-Orient ? ».<br />

Nous organisons également des webinars (le premier aura lieu le<br />

mercredi 12 <strong>décembre</strong> à 18h00) à destination des professeurs<br />

de prépa et leurs élèves pour répondre à leurs questions en<br />

<strong>décembre</strong> et janvier.<br />

O. R : Quelles écoles vont utiliser votre nouvelle épreuve<br />

sachant que trois épreuves de géopolitique différentes seront<br />

proposées ?<br />

J-F. F : Grenoble EM bien évidemment mais aussi six autres<br />

écoles que nous avons eu la bonne surprise de voir tout de suite<br />

nous rejoindre.<br />

O. R : Pour Grenoble EM la nouveauté a également été du<br />

côté d’une rentrée placée sous le signe du défi pour les<br />

étudiants de première année. Plus de deux semaines<br />

consacrées à concevoir de nouveaux produits. Dans quel<br />

esprit ?<br />

J-F. F : Nous offrons de plus en plus de possibilités d’apprentissage<br />

à nos étudiants et c’est une grande frustration pour nous de<br />

voir que beaucoup n’en profitent pas assez. Après 20 ou 22 ans<br />

où ils ont été assez passifs, l’idée est de les préparer à apprendre<br />

par eux-mêmes dès l’entrée dans l’école.<br />

C’est vraiment dans l’esprit du continuum CPGE/GE que nous<br />

travaillons avec un système que nous voulons conserver et<br />

qui ne prépare pas seulement à un concours. Il faut aider nos<br />

étudiants à dépasser vite le « blues de la prépa » et aux parents<br />

à comprendre tout ce que nous offrons à leurs enfants quand<br />

certains disent « au prix où je paye l’école » quand les cours ne<br />

sont pas obligatoires. Nous devons trouver les bons éléments<br />

pour changer de logiciel d’apprentissage dans un esprit de travail<br />

de groupe. À comprendre qu’il n’existe pas de vérité absolue si<br />

→ → Un webinar pour<br />

mieux comprendre<br />

Le jeudi 12 <strong>décembre</strong><br />

<strong>2018</strong> se tiendra un<br />

webinar destiné<br />

aux professeurs et<br />

étudiants de classe<br />

prépa option S sur<br />

la nouvelle épreuve<br />

de géopolitique. Les<br />

intéressés pourront<br />

poser leur question en<br />

direct à Jean-François<br />

Fiorina et Yves<br />

Schemeil, professeur<br />

de science politique.<br />

Inscription sur https://<br />

www.grenoble-em.<br />

com/agendawebinar-epreuve-degeopolitique-bce-parjean-francois-fiorinaet-yves-schemeildec-<strong>2018</strong><br />

>>> suite page 16<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 15 DÉCEMBRE <strong>2018</strong> | N°22


ENTRETIEN<br />

>>> suite de la page 15<br />

→→<br />

GEM et<br />

la géopolitique<br />

La géopolitique occupe<br />

une place particulière<br />

à GEM avec des cours<br />

dédiés, une note CLES<br />

hebdomadaire (http://<br />

notes-geopolitiques.com)<br />

des publications et un<br />

événement annuel majeur<br />

depuis plus de 10 ans, le<br />

Festival de Géopolitique.<br />

Plus d’informations sur<br />

www.grenoble-em.com/<br />

la-geopolitique.<br />

on excepte les maths et la finance. Que le travail repose avant<br />

tout sur chaque étudiant et que les expériences étudiantes<br />

leur permettent d’avancer plus vite.<br />

O. R : Votre problématique c’est aussi de pouvoir trouver<br />

des professeurs pour enseigner les nouvelles<br />

pratiques…<br />

J-F. F : La tension est de plus en plus importante dès qu’on<br />

aborde les nouvelles pratiques comme la blockchain ou l’intelligence<br />

artificielle (IA) où il n’y a que très peu de professeurs.<br />

Et même ailleurs les meilleurs sont happés par les<br />

entreprises. Demain comment allons-nous pouvoir gérer la<br />

diffusion de nos contenus ? Mais toutes les écoles ne peuvent<br />

pas se ranger un modèle universitaire. Il nous faut d’abord<br />

penser à notre mission. Plus nous avons d’écoles différentes<br />

plus nous sommes attractifs.<br />

O. R : Dans ce contexte hyper concurrentiel, quel est<br />

aujourd'hui le bon business model pour une école de<br />

management ?<br />

J-F. F : Il n’y a pas de modèle universel. La force des écoles<br />

de management c’est leur adéquation avec le marché du<br />

travail avec des professeurs qui apportent de la valeur face<br />

à de nouveaux acteurs qui développent de nouveaux modèles<br />

comme OpenClassrooms qui viennent nous impacter sur chaque<br />

élément de notre chaîne de valeur. Nous devons bien prendre<br />

garde à ne pas nous bureaucratiser sous l’influence de normes<br />

de plus en plus prégnantes ou d’accréditations. Être devenu un<br />

EESC (établissement d’enseignement supérieur consulaire) nous<br />

a permis de changer radicalement la gestion des vacations<br />

comme la gestion du personnel. L’école du futur saura gérer<br />

différents business models du plus classique au plus smart.<br />

O. R : L’enseignement supérieur c’est aussi de la géopolitique.<br />

Comment voyez-vous l’évolution des pratiques dans<br />

le domaine ? Notamment avec une Chine qui semble vouloir<br />

retenir de plus en plus ses étudiants ?<br />

J-F. F : La Chine a la même démarche dans tous les secteurs.<br />

D’abord elle attire chez elle le maximum d’acteurs étrangers.<br />

Ensuite elle restreint les libertés des professeurs comme des<br />

étudiants et fait monter en gamme ses propres établissements.<br />

Enfin les établissements chinois s’implantent eux-mêmes à<br />

l’international tout en restreignant la place donnée aux établissements<br />

internationaux en Chine même. Demain ce seront peutêtre<br />

les business schools chinoises qui seront les meilleures du<br />

monde. n<br />

Rentrée en mode « défi » à Grenoble EM<br />

Il est loin le temps où les écoles de management post-prépas effectuaient<br />

une rentrée en mode « coolitude ». Aujourd’hui il s’agit au contraire de<br />

rendre le plus vite possible les étudiants acteurs de leur cursus. Grenoble<br />

Ecole de Management a par exemple décidé cette année de proposer à<br />

ses 690 nouveaux étudiants de son Programme Grande Ecole (issus de<br />

classes préparatoires mais aussi admis sur titre) de travailler ensemble<br />

pendant de 10 jours pour fournir à six entreprises partenaires 150 idées<br />

créatives « améliorées » par les habitants de la ville.<br />

Changer de posture ! « Nous voulons montrer à nos nouveaux étudiants,<br />

notamment issus de classes préparatoires, qu’en plus des compétences<br />

scolaires il y en a beaucoup d’autres à développer. Dès leur arrivée dans<br />

l’école il faut qu’ils changent de posture ! », confie la responsable du défi,<br />

Caroline Cuny. Organisés en groupes de 40 étudiants, coachés par un<br />

professeur et des diplômés, en lien avec des entreprises partenaires,<br />

les étudiants se répartissent en équipes de huit étudiants. En tout 144<br />

équipes vont travailler pendant deux semaines et demie à créer des produits<br />

utiles à la société dans les domaines des transports, de la sécurité,<br />

de l’énergie ou encore des loisirs. Le tout en partant des cartes tirées d’un<br />

jeu, le « TechIt », destiné à les mettre dans la peau d’un consommateur.<br />

Le projet mené par l’équipe de Jouhail Bou-Eddine était pour le moins<br />

iconoclaste : un parapluie intelligent posé sur un vélo permettant de<br />

rendre potable l’eau récoltée : « Cela correspondait aux cartes que nous<br />

avons tirées au sort. Mais l’idée ce n’est pas ce qui est le plus important. Ce<br />

qu’on retire du défi ce sont des méthodes d’innovation et surtout à travailler<br />

ensemble et à se connaître ». Tout juste issu de sa classe préparatoire<br />

à Casablanca, Jouhail Bou-Eddine a apprécié de se sentir tout de suite<br />

dans une promotion. Même s’il a parfois été quelque peu désemparé<br />

comme quand il a fallu aller présenter leur curieux projet à des habitants<br />

de Grenoble un brin sceptique…<br />

Changer de posture ! Pour rendre le processus encore plus participatif<br />

les équipes se passent leurs projets les unes les autres pour les améliorer.<br />

Avec obligation de rendre leurs conclusions avant le soir. « C’est une approche<br />

d’intelligence collective où chacun apporte sa contribution à trois<br />

idées différentes », relève Caroline Cuny. « On apprend à se connaître<br />

très vite, à se faire des amis mais aussi et à se mettre dans le bain de l’entreprise.<br />

On était juste un peu bridés de devoir partir d’un jeu alors que<br />

certains avaient de véritables idées », analyse Estel Meslin, qui a intégré<br />

l’école après une prépa ECT. L’idée de leur groupe : une toupie qui permet<br />

de recharger son téléphone.<br />

Un projet qui a séduit les entreprises présentes qui viennent régulièrement<br />

rencontrer les groupes sans donner de lignes directrices. Une<br />

vidéo permet de visualiser le projet qui est enfin présenté aux Grenoblois.<br />

« Les étudiants peuvent alors voir ce que comprennent les consommateurs<br />

de leur projet », reprend la responsable pour laquelle l’essentiel est<br />

de « démontrer aux étudiants qu’ils savent travailler ensemble et ont des<br />

compétences d’organisation ». Si certains auraient préféré des cours plus<br />

classiques la grande majorité a adhéré au projet. À rééditer en 2019…<br />

→ Voir la vidéo de présentation de ces journées.<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 16 DÉCEMBRE <strong>2018</strong> | N°22


D O S S I E R<br />

Des écoles de<br />

management<br />

de plus en plus<br />

internationales<br />

Campus à l’étranger, doubles diplômes,<br />

accords internationaux, apport des professeurs<br />

internationaux ou encore venue d’étudiants<br />

internationaux, les écoles de management ont<br />

largement investi le champ international.<br />

Mais la concurrence y est de plus en plus rude.<br />

© emlyon BS<br />

>>> suite page 18<br />

Des étudiants sur le tout nouveau campus<br />

de emlyon à Casablanca<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 17 DÉCEMBRE <strong>2018</strong> | N°22


D O S S I E R<br />

© Rennes SB<br />

→→<br />

Le Brexit… et alors ?<br />

« Quoi qu’il arrive dans le<br />

cadre du Brexit, nous serons<br />

toujours présents à Londres.<br />

Il y aura toujours besoin de<br />

ponts vers le Royaume-Uni<br />

et l’école en est un exemple.<br />

Ce pays est et restera un<br />

pays européen », commente<br />

Frank Bournois, le directeur<br />

de ESCP Europe. Et l’école<br />

y est reconnue, puisqu’elle<br />

a été désignée « Highly<br />

Commended Business<br />

School » aux Times Higher<br />

Education Awards en 2017.<br />

→→<br />

Kedge et son institut<br />

franco-chinois<br />

Les instituts franco-chinois<br />

de coopération universitaire<br />

proposent des formations<br />

d’excellence accréditées par<br />

l’État français et le ministère<br />

chinois de l’Éducation, dans<br />

les domaines de l’ingénierie<br />

comme des sciences<br />

humaines et sociales. Ils sont<br />

pilotés par des établissements<br />

français. L’Institut francochinois<br />

de l’université<br />

Renmin de Chine est ainsi<br />

piloté par Kedge (aux côtés<br />

des universités Montpellier 3<br />

et Paris Sorbonne).<br />

>>> suite de la page 17<br />

La première pierre de la construction d’une dimension internationale<br />

passe par la conclusion d’accords internationaux.<br />

Neoma BS organise ainsi des échanges académiques avec 300<br />

universités partenaires dans le monde. « Le modèle de Neoma<br />

repose sur l’immersion culturelle des étudiants dans les meilleures<br />

universités de chaque pays. Nos étudiants vivent ainsi<br />

une véritable immersion avec, autour d’eux, peu d’étudiants<br />

français chez chaque partenaire », assure sa directrice, Delphine<br />

Manceau. Même démarche du côté de Grenoble EM comme l’explique<br />

son directeur général, Loïck Roche : « Nos programmes<br />

sont implantés au sein d’établissements partenaires à Londres,<br />

Berlin… Nous voulons nous implanter au sein d’écosystèmes<br />

qui nous ressemblent, là où il y a de l’innovation, de la technologie,<br />

cela veut dire, par exemple en Corée du sud, à Taiwan ou<br />

encore au Japon. Les entreprises et les anciens nous attendent.<br />

À nous de savoir être prêts ».<br />

Quant à Skema BS, à laquelle on a souvent reproché d’envoyer<br />

beaucoup d’étudiants français en même temps au même<br />

endroit, elle est passée à un stade supérieur explique Patrice<br />

Houdayer, son directeur des programmes, de l’international et<br />

de la vie étudiante : « Nos campus sont devenus de véritables<br />

hubs régionaux interconnectés au sein desquels nos étudiants<br />

ont une réponse unique à toutes leurs demandes d’expatriation.<br />

Si vous veniez un jour écouter les élèves qui viennent passer les<br />

oraux vous entendriez qu’ils ne parlent que de ça : la garantie de<br />

mobilité que nous leur offrons. Qui à part nous peut envoyer 800<br />

étudiants en mobilité aux Etats-Unis chaque année ? Et pour y<br />

vivre sur le campus de la North Carolina University au milieu et<br />

dans les mêmes conditions qu’un étudiant américain ».<br />

: Des campus à l’étranger<br />

Le mouvement est général : les écoles de management françaises<br />

s’implantent partout dans le monde. Tout récemment<br />

Emlyon à Casablanca, depuis plus longtemps l’Essec à Singapour,<br />

l’EM Normandie à Oxford, Kedge à Suzhou, où Skema BS<br />

possède également un campus de même qu’aux États-Unis<br />

(Raleigh) et depuis la rentrée 2015 au Brésil (Belo Horizonte),<br />

etc. En 2016, Audencia décidait ainsi de s’implanter en Chine :<br />

à Shenzhen, une ville nouvelle aux portes de Hong Kong, au cœur<br />

de ce qui est aujourd’hui la métropole dont le développement est<br />

le plus dynamique dans le monde. « L’Université de Shenzhen<br />

avait entrepris des négociations avec différentes business schools<br />

dans le monde et nous nous sommes montrés les plus réactifs »,<br />

explique Christophe Germain, qui dirigeait la SABS (Shenzhen<br />

Audencia business school) avant de prendre la direction d’Audencia<br />

BS : « Nous n’avons absolument pas pour objectif d’y accueillir<br />

tous nos étudiants mais d’y développer certains programmes<br />

liés aux spécificités de la ville, par exemple en finance, en<br />

Avec 40% de ses étudiants et 90% de ses professeurs qui sont étrangers,<br />

Rennes SB est la plus internationale des business schools sur le sol français.<br />

innovation ou en entrepreneuriat ». Le tout dans le cadre d’un<br />

joint-venture où l’université amène ses locaux - et une partie du<br />

financement jusqu’au moment où les comptes s’équilibreront - et<br />

Audencia son expertise comme le rappelle Christophe Germain :<br />

« Je m’assure que la qualité est la même qu’à Nantes dans le<br />

cadre de programmes délivrés exclusivement en anglais ».<br />

Dans le même esprit, il y a maintenant vingt ans que Toulouse<br />

BS s’est installée à Barcelone pour former les professionnels<br />

dont la chambre de commerce et d’industrie française à Barcelone<br />

avait besoin et que le système universitaire barcelonais ne<br />

produisait pas. Également présente à Bangalore, en Inde, avec<br />

son MBA Aerospace, TBS a plus récemment ouvert une antenne<br />

à Londres. Et est présente à Casablanca depuis dix ans. « De là<br />

nous visons toute l’Afrique subsaharienne où nous sommes en<br />

train de recruter tout un réseau d’agents. Nous venons également<br />

d’y lancer deux nouveaux mastères spécialisés et un bachelor qui<br />

reçoit déjà 50 étudiants. Les étudiants marocains sont très bien<br />

formés et le marché porteur mais c’est également un vrai choix<br />

pour nous que de donner un coup de main à un pays qui porte<br />

haut des valeurs de tolérance et de progrès », confie son directeur,<br />

François Bonvalet.<br />

: Travailler avec des partenaires<br />

locaux<br />

S’implanter à l’étranger c’est, dans la plupart des cas, s’appuyer<br />

sur des partenaires locaux. « Comme pour nos autres implantations<br />

dans le monde nous travaillons avec un partenaire local.<br />

Ici il s’agit de KMR, le leader de l’enseignement supérieur privé<br />

marocain », détaille ainsi le directeur général du groupe emlyon<br />

BS, Bernard Belletante, qui a inauguré ses nouveaux bâtiments<br />

en octobre <strong>2018</strong> à Casablanca. En tout ce sont 90 millions de<br />

dirhams (environ neuf millions d’euros) qui y ont été investis<br />

pour construire un campus de 5 000 m 2 . Trois ans après s’être<br />

installée dans la capitale économique du royaume, l’école s’affirme<br />

toujours plus « globale » après ses campus de Shanghai et<br />

Bhubaneswar en Inde et en attendant peut-être une autre ouverture<br />

en Afrique.<br />

Toujours au Maroc, Grenoble EM s’appuie également sur un<br />

partenaire local : l’Esca Casablanca, une business school qui<br />

est aujourd’hui accréditée par l’AACSB (Association to Advance<br />

Collegiate Schools of Business). « Nous sommes partenaires<br />

de l’Esca Casablanca depuis 1990. À l’époque, nous étions les<br />

premiers. Avec l’Esca nous disposons d’un hub à destination des<br />

étudiants Africains. L’Afrique est un vrai défi et une vraie chance.<br />

Des difficultés demeurent à commencer par le modèle soutenable<br />

et pérenne qui devra être mis en place », remarque Loïck<br />

Roche.<br />

: Le PGE dans un autre<br />

environnement<br />

Ces implantations attirent les étudiants qui veulent suivre leur<br />

programme Grande école dans un autre environnement. Depuis<br />

<strong>2018</strong> les étudiants de Skema peuvent ainsi suivre un semestre<br />

sur chacun de ses six campus dès la fin de leur premier<br />

semestre, le temps en fait d’obtenir un visa d’études pour aller<br />

aux Etats-Unis ou au Brésil. C’est ce que l’école a appelé le « 6<br />

x 6 ». « C’est un système qui s’équilibre bien sans que nous<br />

ayons besoin de répartir les étudiants en fonction de leur niveau.<br />

De plus nous tenons à ce que, dans chaque pays, une grande<br />

partie de nos professeurs soient locaux. Ils ne viennent pas<br />

dans le même avion que leurs étudiants ! Avec ses six campus<br />

en Europe, ESCP Europe est quelque part l’incarnation de l’université<br />

européenne que désire voir créer Emmanuel Macron.<br />

« Il n’y a qu’à ESCP Europe que tous les étudiants ne peuvent<br />

être diplômés qu’à condition d’avoir réalisé un parcours euro-<br />

>>> suite page 19<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 18 DÉCEMBRE <strong>2018</strong> | N°22


D O S S I E R<br />

>>> suite de la page 18<br />

péen. On ne peut pas être diplômé chez nous en ayant seulement<br />

étudié à Berlin ou Paris. De plus, nous sommes reconnus<br />

et accrédités dans chaque pays par les organismes locaux. Notre<br />

formation d’excellence qu’est le MiM permet d’obtenir jusqu’à<br />

4 grades masters simultanément délivrés dans 4 pays différents<br />

», note son directeur, Frank Bournois. Mais ESCP Europe<br />

ce n’est pas que des Européens qui travaillent en Europe. L’école<br />

un rayonnement international avec 30 % d’étudiants venus<br />

de Chine, d’Afrique ou des États-Unis. « Autant de nationalités<br />

que nous formons à devenir des business leaders européens,<br />

au sens culturel et intellectuel du terme, prêts à manager dans<br />

la complexité. Ce trait nous semble caractéristique de l’Europe,<br />

ce continent unique dans lequel se concentre un maximum<br />

de cultures dans un minimum d’espace. Au bout de leurs trois<br />

ans d’études, nos étudiants sont vraiment capables de travailler<br />

partout dans le monde », conclut Frank Bournois.<br />

: Le poids des accréditations<br />

Avant de choisir un établissement, les étudiants internationaux<br />

scrutent les accréditations internationales. « Nos étudiants vivent<br />

une expérience d’intégration dans la culture locale et les habitudes<br />

pédagogiques du pays au sein d’établissements dont la<br />

majorité est accréditée par Equis, AACSB, AMBA ou EPAS. Être<br />

triple accréditée nous facilite la conclusion d’accords avec les<br />

meilleures Business Schools », note Delphine Manceau. « Notre<br />

double accréditation a facilité le recrutement de professeurs<br />

internationaux et la signature d’accords de partenariat avec des<br />

universités étrangères elles-mêmes accréditées », renchérit<br />

Jean-Guy Bernard, directeur général de l’EM Normandie qui a<br />

obtenu l’accréditation Equis fin 2016.<br />

S’il faut être présent sur tous les continents, il faut donc aussi<br />

l’être avec des partenaires de valeur auxquels les accréditeurs<br />

sont très attentifs. « Nous cherchons des partenaires en privilégiant<br />

ceux qui disposent d’accréditations internationales. Mais si<br />

ce n’est pas possible, par exemple en Europe de l’Est, nous nous<br />

fondons sur les classements locaux », explique François Bonvalet.<br />

Mais les business schools ne sont pas partout aussi attentives<br />

aux accréditations qu’en France, aux Etats-Unis ou en Chine. « Il<br />

y a une tradition très technologique en Allemagne qui fait qu’on<br />

y trouve encore assez peu de business schools de tout premier<br />

rang par rapport à la France ou au Royaume-Uni. Mais elles se<br />

développent à Mannheim, Berlin, Coblence, Cologne, etc. Le<br />

paysage change. En Europe de l’Est, les programmes de gestion<br />

sont le plus souvent intégrés dans des facultés d’économie et<br />

peuvent prétendre à EPAS, mais il y a de très grandes institutions<br />

à Varsovie (Kozminski), à Ljubljana (faculté de management) ou<br />

encore à Saint Petersburg (faculté de management) », détaille le<br />

directeur général de l’EFMD, Eric Cornuel.<br />

: « Internationalization at home »<br />

→→<br />

Recruter à l’étranger<br />

Des accréditations, des<br />

professeurs étrangers, des<br />

cursus en anglais, autant<br />

d’arguments devenus<br />

nécessaires pour recruter<br />

des étudiants étrangers que<br />

l’ensemble des business schools<br />

du monde s’arrachent. À cet<br />

effet, les écoles françaises<br />

travaillent d’abord pour ellesmêmes<br />

mais également en<br />

groupes - PassWorld pour le<br />

concours Passerelle, le réseau<br />

des IAE, etc. -, avec Campus<br />

France et peuvent maintenant<br />

aussi faire appel à leur Comue<br />

(communauté d’universités et<br />

d’établissements). Le groupe<br />

Sup de Co La Rochelle possède<br />

quant à lui dix bureaux à<br />

l’étranger (en Chine, aux<br />

Etats-Unis, en Russie, au Maroc<br />

ou encore au Vietnam) où ce<br />

sont ses salariés qui prennent<br />

en charge la venue d’étudiants<br />

étrangers mais aussi de trouver<br />

des stages et des emplois pour<br />

ses diplômés en liaison avec son<br />

réseau d’alumni.<br />

Quand on arrive à Rennes School of Business, il est difficile de ne<br />

pas être frappé par le nombre d’étudiants (40 % des effectifs) et<br />

de professeurs internationaux : plus de 90 % ! Brésil, États-Unis,<br />

Inde, Allemagne… « Les étudiants étrangers que nous recevons<br />

dans nos MSc partagent beaucoup de cours avec nos étudiants<br />

du programme Grande École qui, pour beaucoup, sont venus nous<br />

rejoindre pour profiter d’une ambiance internationale qui se ressent<br />

dès qu’on traverse la cafétéria », commente le directeur de Rennes<br />

SB, Thomas Froehlicher. Une volonté de faire venir des étudiants<br />

étrangers sur ses campus, en France mais aussi à l’étranger, qu’on >>> suite page 20<br />

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L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 19 DÉCEMBRE <strong>2018</strong> | N°22


D O S S I E R<br />

>>> suite de la page 19<br />

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interculturelles<br />

Dans toutes les formations<br />

de l’EM Strasbourg, les<br />

étudiants suivent des<br />

« CLUE » pour Crosscultural<br />

skills / Language<br />

excellence / Uncommon<br />

opportunities / European<br />

Leadership. Il s’agit de leur<br />

donner des compétences<br />

interculturelles qui passent<br />

par des mises en situation<br />

comme celle réalisée chaque<br />

année par l’école au sein du<br />

Parlement européen.<br />

retrouve du côté de Skema BS comme l’explique sa directrice, Alice<br />

Guilhon : « Faire venir des étudiants internationaux, c’est un modèle<br />

qui fonctionne mais prend du temps à se mettre en place. Comme<br />

nous l’avons fait, il faut déjà commencer par envoyer ses propres<br />

étudiants à l’étranger pour créer de véritables campus. Aujourd’hui,<br />

le système est bien rodé et nous sommes submergés de candidatures<br />

d’étudiants internationaux de bon niveau : 11 000 pour 1<br />

000 places ». Le tout est que les étudiants français et étrangers se<br />

mêlent les uns aux autres. « Au début, on voit souvent les étudiants<br />

français se regrouper entre anciens élèves de prépas, voire de la<br />

même prépa, pour créer des associations. Nous soutenons une<br />

association pour faire en sorte que tous les étudiants mélangent<br />

bien leurs talents dans le cadre des parcours européens », insiste<br />

Frank Bournois.<br />

Last but not least, encore faut-il que ces étudiants soient satisfaits<br />

de leur séjour et poussent d’autres à venir ensuite. Sur le<br />

nouveau campus du groupe Yshools (ex groupe ESC Troyes) on<br />

a, par exemple, décidé que les panneaux indicateurs seraient<br />

prioritairement indiqués en anglais. À Rennes SB chaque étudiant<br />

étranger est parrainé par un étudiant français dans le cadre d’une<br />

association qui les accueille à leur arrivée et facilite leur intégration.<br />

Ensuite, ce sera à eux de présenter leur université dans le<br />

cadre d’un « International Day ». « Pour recruter un étudiant international,<br />

il faut lui trouver un logement. Et imaginez le problème<br />

quand il est du Bangladesh et que le loueur demande les trois<br />

derniers bulletins de paye de ses parents alors que cela n’existe<br />

même pas là-bas. Soit il ne vient pas, soit on gère son cas et<br />

on s’occupe de lui brancher le gaz, l’électricité, etc. », détaille<br />

le directeur général de Burgundy School of Business, Stéphan<br />

Bourcieu.<br />

: Un environnement multiculturel<br />

La dimension internationale est de plus en plus pregnante<br />

dans toute la pédagogie. Neoma vient par exemple de créer<br />

trois nouveaux dispositifs. « Entrepreneurs sans frontières » va<br />

permettre à ses étudiants entrepreneurs d’être reçus pendant six<br />

mois dans les incubateurs des plus grandes universités comme<br />

Jiaotong à Shanghai ou FGV au Brésil. « Vie associative sans<br />

frontières » aux étudiants les plus impliqués dans les associations<br />

– qui suivent des cours le matin pour se consacrer à leur association<br />

l’après-midi – de rejoindre les associations des universités<br />

partenaires de l’école. Enfin « Apprentissage sans frontières »<br />

donne la possibilité à des apprentis de poursuivre leur mission<br />

dans la filiale locale d’une entreprise française tout en suivant les<br />

cours de Neoma en e-learning.<br />

Une seule école permet de partir à l’étranger dès le début du<br />

programme Grande école : l’EM Normandie. Une vraie motivation<br />

pour des étudiants comme Julia, étudiante en troisième<br />

année tout juste arrivée à Oxford après sa classe préparatoire :<br />

« J’ai choisi l’EM Normandie pour cette possibilité de partir tout<br />

de suite étudier à l’étranger, ce qu’elle est la seule à proposer ».<br />

« Ils viennent une année entière, c’est plus efficace que seulement<br />

un semestre. Ils peuvent même suivre tout leur cursus<br />

ici », précise Jean-Guy Bernard. Il y a maintenant quatre ans que<br />

l’EM Normandie s’est implantée à Oxford. Aujourd’hui ce sont<br />

200 étudiants de tous niveaux - ils pourraient être jusqu’à 250<br />

- qui viennent y suivre des cours chaque année. « Nous voulons<br />

mettre en place une pédagogie anglo-saxonne et donc faire appel<br />

à des professeurs locaux », commente le directeur du campus,<br />

Hendrik Lohse qui pousse ses étudiants à aller suivre le monceau<br />

de conférences gratuites qu’organisent les différents colleges<br />

d’Oxford. n<br />

Olivier Rollot<br />

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L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 20 DÉCEMBRE <strong>2018</strong> | N°22


D O S S I E R<br />

« Choose France » : comment<br />

la France veut accueillir<br />

plus d’étudiants internationaux<br />

2 270 € en licence et 3 770 € en<br />

master et doctorat : le Premier<br />

ministre Edouard Philippe a annoncé<br />

le 19 novembre <strong>2018</strong>, que les<br />

droits d’inscription des nouveaux<br />

étudiants extra-européens allaient<br />

considérablement augmenter. Pour<br />

mieux les accueillir. Tous ?<br />

l’occasion des récentes Rencontres universitaires de la francophonie<br />

le Premier ministre a dévoilé sa « stratégie d’at-<br />

À<br />

tractivité pour les étudiants internationaux ». Sous la bannière<br />

générique « Choose France », dévoilée en janvier <strong>2018</strong> lors<br />

du Sommet de l’attractivité de la France, l’objectif est d’attirer<br />

500 000 étudiants internationaux à l’horizon 2 027 contre<br />

325 000 aujourd’hui (13 % des effectifs de l’enseignement<br />

supérieur). Mais l’attractivité du modèle français d’enseignement<br />

supérieur se joue également à l’étranger avec l’installation de<br />

nombreux campus « made in France ».<br />

: Nouveaux moyens mais chute du<br />

nombre d’étudiants ?<br />

Le gouvernement entend aujourd’hui « renforcer sa place dans<br />

le classement des premiers pays d’accueil, en attirant davantage<br />

les étudiants internationaux à la recherche d’un enseignement<br />

de qualité ». Pour y parvenir un fonds de soutien « Bienvenue<br />

en France », doté de 10 millions d’euros, sera créé comme un<br />

label du même nom valorisant la qualité d’accueil. Le Premier<br />

ministre annonce vouloir également faciliter l’obtention des visas<br />

étudiants : les étudiants seront prioritaires dans le traitement des<br />

dossiers de visas par les consulats, dès mi-2019, la validation<br />

du visa pourra avoir lieu de façon dématérialisée. Considérés<br />

aujourd’hui comme autant de freins par 51 % des étudiants internationaux<br />

ayant étudiés en France interrogés par Campus France,<br />

le renouvellement des titres de séjour comme les démarches<br />

administratives devront également être facilités. Le développement<br />

des cours de français langue étrangère (FLE) et des cursus<br />

en anglais (« taught in english ») serait également favorisé. Enfin<br />

le nombre de bourses sera triplé : 15 000 bourses seront attribuées<br />

par le ministère de l’Europe et des affaires étrangères<br />

(contre 7 000 actuellement) et 6 000 autres délivrées par les<br />

universités et les Grande écoles. Au total, un étudiant international<br />

sur quatre devrait bénéficier d’une exonération ou d’une bourse<br />

Avec quels effets sur la venue des étudiants étrangers ? Souvenons-nous<br />

: en 2011 la Suède augmente drastiquement<br />

ses frais de scolarité pour les étudiants étrangers extérieurs<br />

à l’Union européenne (hors accords entre établissements) :<br />

jusqu’ici gratuits ces frais passent brusquement à parfois plus de<br />

30 000 euros par an. En 2015 le nombre d’étudiants étrangers<br />

en Suède chute de 80 % pour ne plus représenter que 1 600<br />

étudiants. Si les montants annoncés en France sont beaucoup<br />

plus faibles, beaucoup n’en agitent pas moins la menace d’une<br />

baisse du nombre d’étudiants étrangers n’ayant pas les moyens<br />

financiers. En particulier en provenance des pays africains avec<br />

lesquels le différentiel de pouvoir d’achat est très fort. Près de<br />

la moitié (45 %) des étudiants étrangers en France est en effet<br />

originaire du continent africain, dont près d’un quart d’Afrique du<br />

Nord. Avec plus de 38 000 étudiants venus en France en 2017 le<br />

Maroc se situe ainsi au premier rang des flux entrants devant la<br />

Chine (28 700) et l’Algérie (26 000).<br />

: Pour ou contre ?<br />

Vigoureusement opposés à cette mesure les syndicats étudiants<br />

rejoignent le point de vue du représentant de l’Union des étudiants<br />

algériens de France, Aghiles Aït Mammar, qui raconte dans Le<br />

Monde : « Beaucoup d’étudiants nous ont sollicités ces derniers<br />

jours, ils sont très inquiets. Certains ne pourront pas poursuivre<br />

leurs études en France et on va se retrouver avec des jeunes qui<br />

vont soit rentrer chez eux, soit rester ici sans papiers. Ou alors ils<br />

devront choisir entre payer leurs études, se soigner, se loger… »<br />

Des inquiétudes qui n’ont pas lieu d’être pour les étudiants déjà<br />

en France pour lesquels la mesure ne s’applique pas. Plusieurs<br />

pétitions demandant l’abandon du projet ont recueilli plus de<br />

100 000 signatures<br />

La mesure est très largement approuvée par les directeurs de<br />

Grandes écoles - les étudiants étrangers y représentent en<br />

moyenne 23 % des effectifs – qui y voient plutôt un signal de<br />

qualité. La Cdefi se dit ainsi « favorable à l’application de frais<br />

de scolarité aux étudiants n’appartenant pas à l’Espace économique<br />

européen, d’un montant équivalent au tiers du coût de la<br />

formation. » Pour la conférence cette mesure doit « permettre de<br />

mettre en avant, à l’étranger, la valeur et la qualité des diplômes<br />

d’ingénieur et plus largement des diplômes délivrés par les<br />

établissements français ». Une politique qui rencontre en revanche<br />

un soutien mitigé du côté des présidents d’universités. Dans un<br />

communiqué la Conférence des présidents d’université estime<br />

que « nombre d’étudiants concernés étant originaires de pays en<br />

butte à des difficultés politiques, économiques ou sociales, il serait<br />

dommageable que des étudiants méritants et à fort potentiel de<br />

réussite se voient fermer les portes de l’enseignement supérieur<br />

et la recherche français ». Il lui paraît donc « important de prendre<br />

en compte l’espace de la francophonie, en particulier les pays du<br />

sud ». « Un master facturé 246 € n’est guère attractif pour un<br />

>>> suite page 22<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 21 DÉCEMBRE <strong>2018</strong> | N°22<br />

→→<br />

Quel coût pour<br />

la France ?<br />

Le coût des étudiants étrangers<br />

pour l’État est évalué à environ<br />

3 milliards d’euros et son<br />

apport à 4,65 milliards pour<br />

l’économie. Un véritable retour<br />

sur investissement bien loin<br />

de ce qu’un étudiant apporte à<br />

l’économie britannique selon<br />

la dernière étude de Campus<br />

France « Stratégies nationales<br />

d’attractivité : enseignement<br />

supérieur et recherche ». De<br />

l’autre côté de la Manche,<br />

chaque étudiant domicilié dans<br />

l’UE coûterait 21 600 euros<br />

et en rapporterait… 99000 à<br />

l’économie du pays. Un ratio<br />

encore plus intéressant pour un<br />

étudiant non originaire de l’UE<br />

qui rapporterait lui 116 000 € de<br />

bénéfices tout en n’en coûtant<br />

que 8000.<br />

→→<br />

Une campagne de<br />

communication<br />

Pour mettre en place la<br />

stratégie « Choose France »,<br />

le Gouvernement s’appuiera<br />

sur une « campagne de<br />

communication mondiale en<br />

2019, dont l’objectif sera de<br />

« maintenir le rang d’attractivité<br />

de la France auprès de ses<br />

partenaires actuels et de<br />

développer la notoriété des<br />

études en France dans des pays<br />

où elle reste méconnue ». Cette<br />

campagne ciblera en priorité les<br />

étudiants désireux de s’inscrire<br />

dans un master ou un doctorat.


D O S S I E R<br />

>>> suite de la page 21<br />

étudiant international qui a des attentes qui nous remettent en<br />

cause dans nos comportements en matière de service », défendait<br />

pourtant David Alis, le président de l’Université Rennes 1, lors du<br />

dernier congrès de la CPU alors que le président de l’université<br />

de Strasbourg, Michel Deneken, affirmait au contraire : « J’y suis<br />

réticent. Pas parce que je serais plus social que les autres mais<br />

parce que cela pourrait nuire à notre attractivité internationale. Les<br />

études c’est ce qu’il y a de plus universel et ce serait lamentable<br />

de faire payer plus les étrangers ».<br />

: Un « marché » en voie de<br />

recomposition<br />

Quatrième pays d’accueil de la mobilité diplômante mondiale avec<br />

325 000 étudiants en 2017, premier pays d’accueil non anglophone,<br />

la France voit son rang contesté aussi bien par ses voisins<br />

européens (Allemagne, Russie) que par des pôles d’attractivité<br />

puissants (Chine, Canada) mais aussi par de nouveaux acteurs très<br />

dynamiques (Pays-Bas, Arabie saoudite et Turquie).<br />

Face à cette concurrence exacerbée, si le nombre d’étudiants<br />

internationaux qui vient en France augmente régulièrement c’est<br />

moins fortement que dans d’autres pays comme l’Allemagne ou<br />

la Turquie. La France ne figure pas dans le top 20 des plus fortes<br />

progressions de la mobilité entrante - en volume comme en pourcentage<br />

- entre 2011 et 2016. Et les progressions ne sont pas que<br />

le fait de pays jusqu’ici peu attractifs comme l’Iran (+ 310 %) ou<br />

la Turquie (+182 %). Si le Royaume-Uni stagne également, l’Allemagne<br />

est le deuxième pays dont les effectifs ont le plus augmenté<br />

en volumes dans cette période avec 81 000 étudiants de plus.<br />

Juste derrière le leader mondial, les Etats-Unis, où on recensait<br />

971 417 étudiants internationaux en 2016 avec une progression<br />

de 37 % depuis 2011. Après 25 % de hausse en cinq ans<br />

la mobilité étudiante représente aujourd’hui 5,5 millions d’étudiants,<br />

soit 2,3 % de la population étudiante mondiale, et devrait<br />

atteindre les 9 millions en 2025. Dans le même temps le nombre<br />

total d’étudiants devrait passer de 212 à 290 millions. Devrait.<br />

Mobilité sortante chinoise qui ralentit, Brexit, mesures restrictives<br />

sur les visas aux Etats-Unis, la croissance ralentit note Campus<br />

France dans sa note Stratégies nationales d’attractivité : enseignement<br />

supérieur et recherche. Dans ce contexte tous les acteurs de<br />

l’enseignement supérieur sont amenés à se renouveler en s’orientant<br />

vers de nouvelles zones géographiques, et en particulier vers<br />

l’Afrique subsaharienne.<br />

: Exporter notre enseignement<br />

supérieur<br />

37 000 étudiants suivent à l’étranger une offre française d’enseignement<br />

supérieur dans 600 programmes proposés dans 140 implantations<br />

(selon l’étude L’enseignement supérieur français par-delà<br />

les frontières : l’urgence d’une stratégie de France Stratégie parue<br />

en 2016). Le gouvernement entend en particulier faire émerger et<br />

soutenir les projets engageant les universités de 19 pays africains<br />

identifiés comme prioritaires qui vont du Bénin au Togo en passant<br />

par la République Centrafricaine. Plusieurs projets « d’universités<br />

franco-étrangères », de « campus franco-étrangers », de « hubs<br />

régionaux » ou de « campus délocalisés » sont ainsi en cours de<br />

développement en Afrique de l’Ouest et au Maghreb (Sénégal, Côte<br />

d’Ivoire, Maroc, Tunisie). Le regroupement d’établissements français<br />

au sein de campus, à l’image d’Africa Sup au Maroc, du campus<br />

franco-sénégalais ou de la future Université franco-tunisienne de<br />

l’Afrique et de la Méditerranée (UFTAM), en sont autant d’exemples.<br />

Pour soutenir l’émergence de projets de formation construits en<br />

commun par des établissements français et étrangers, un fonds<br />

d’amorçage doté de 5 millions d’euros sera mis en place dès 2019<br />

par le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. En 2020, ce<br />

sera un fonds de soutien, doté de 20 millions d’euros par an, qui<br />

sera créé par l’Agence française de développement afin de soutenir<br />

la montée en puissance des projets. n<br />

Sébastien Gémon<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 22 DÉCEMBRE <strong>2018</strong> | N°22


PAROLES DE PROF<br />

Classes prépas /<br />

Grandes écoles<br />

de commerce :<br />

voie royale ou<br />

montée en<br />

puissance ?<br />

© François Daburon / ESCP Europe<br />

Par Véronique Bonnet,<br />

vice-présidente de<br />

l’APHEC pour la voie S<br />

et professeur de chaire<br />

supérieure au lycée<br />

Janson de Sailly à Paris.<br />

Voie royale ou montée en puissance ? Le continuum à promouvoir<br />

entre CPGE et Business Schools est-il à penser comme facilitation,<br />

évitement d’obstacles ou comme succession réglée de défis<br />

à surmonter qui permettront aux étudiants, quels que soient<br />

l’échelle et le contexte, de transposer les repères ainsi acquis ?<br />

Ptolémée, alors qu’il visitait la bibliothèque d’Alexandrie,<br />

s’était arrêté devant les volumes des Éléments d’Euclide. Et<br />

comme Euclide était présent, il lui avait demandé s’il ne pourrait<br />

pas, pour lui, le roi, trouver un moyen plus direct lui permettant<br />

de tout saisir sans avoir à cheminer avec patience dans la<br />

géométrie plane, la théorie des nombres, la géométrie dans l’espace.<br />

La réponse d’Euclide fut sans ambages : « En géométrie,<br />

il n’y a pas de chemin direct réservé aux rois. » Avant lui, Thalès<br />

avait montré, dans son théorème des proportions, que le soleil<br />

d’Égypte traitait à égalité, pour dessiner leur ombre, la pyramide<br />

de Pharaon et la cabane du pêcheur.<br />

Pas de voie royale, donc. Mais peut-être une voie impériale,<br />

celle de la patience, de la fréquentation régulière et progressive<br />

des axiomes et des droites, des figures et des volumes que leur<br />

agencement génère.<br />

Qualifier les classes préparatoires et les grandes écoles de « voie<br />

royale », métaphore assez habituelle, n’est-il pas réducteur ?<br />

Le continuum auquel se réfèrent l’APHEC, sous l’égide de son<br />

président, Alain Joyeux, et les écoles de management, parcours<br />

sécurisé et complet de 5 ans, pourrait-il se définir comme actualisation<br />

progressive de potentiels ? Soit comme « montée en puissance<br />

», qui accoutumerait aux changements d’échelle, et qui<br />

armerait pour l’entreprise et pour la vie ?<br />

Lors du hackathon du 18 octobre sur le continuum entre classes<br />

préparatoires économiques et commerciales qui fut organisé de<br />

main de maître, pour HEADway Advisory, par Olivier Rollot et Jean<br />

Ouillon, sur la suggestion de Frank Bournois de ESCP Europe, qui<br />

nous reçut dans ses murs sur le campus de Montparnasse, telle<br />

fut l’une des propositions de notre groupe. Lorsque je la présentai,<br />

rapporteuse de cet échange avec Saad, étudiant de l’EM<br />

Strasbourg, en définissant le continuum comme « montée en<br />

puissance », je me référai à trois notions empruntées à l’informatique<br />

: la scalabilité, l’interopérabilité, et la portabilité.<br />

>>> suite page 24<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 23 DÉCEMBRE <strong>2018</strong> | N°22


PAROLES DE PROF<br />

>>> suite de la page 23<br />

: Scalabilité<br />

Cette notion a pour racine latine scala, l’échelle, à laquelle il s’agit<br />

de monter avec détermination et fluidité. Avant d’aborder le sens<br />

que lui donne l’informatique, rappelons quelques occurrences<br />

bien connues. On escaladait naguère les échelons progressifs du<br />

savoir, via le trivium - grammaire, dialectique, rhétorique - et le<br />

quadrivium - arithmétique, géométrie, astronomie, musique. On<br />

s’initie au piano en faisant ses gammes, crescendo, en mode<br />

Docteur Gradus ad Parnassum. Ou au chant, en mode Stairways<br />

to Heaven. Les sherpas que nous sommes parfois, ne sont pas là<br />

pour faire la « courte échelle » à leurs étudiants, comme Ptolémée<br />

aurait voulu qu’Euclide le fît pour lui, mais pour considérer<br />

les élèves comme des élèves. Soit comme des êtres capables de<br />

s’élever, de changer d’échelle comme on change de braquet.<br />

Cette progression ascendante à laquelle nous travaillons tous,<br />

CPGE et GE, peut donc, avec fruit, se concevoir à partir de ce<br />

que les informaticiens nomment « scalabilité ». Ils entendent par<br />

ce terme la capacité d’un système à s’adapter à un changement<br />

d’ordre de grandeur de la demande, tout en maintenant les fonctionnalités<br />

et les performances. Un serveur ainsi devra pouvoir<br />

absorber un maximum de requêtes tout en optimisant sa réactivité.<br />

Le code sera conçu pour empiler et dépiler les opérations<br />

souhaitées en les agençant adéquatement pour qu’elles soient<br />

compatibles<br />

Toute proportion gardée, on dira par exemple du travail de dissertation<br />

effectué en classe préparatoire, en géopolitique ou en<br />

culture générale, qu’il accoutume à se faire plusieurs à soi tout<br />

seul. Ou encore à affronter des vagues réfléchies d’objections,<br />

à installer en soi des partenaires porteurs de propositions alternatives.<br />

La dissertation donne idée des requêtes cadencées qui<br />

seront ultérieurement à absorber et assumer. Une telle compétence<br />

pourra continuer à irriguer des environnements plus larges.<br />

Problématiser, par exemple, un espace complexe de supply chain,<br />

pour fluidifier différents circuits, quel que soit l’indice de l’échelle<br />

envisagée. La scalabilité donne des épaules, permet d’être à la<br />

hauteur. Et en particulier lorsqu’elle repose sur des savoir-faire<br />

interopérables.<br />

: Interopérabilité<br />

Le cœur de métier des CPGE est en effet d’apprendre à de<br />

jeunes adultes à cultiver l’interdisciplinarité pour y chercher<br />

des interfaces, des zones de contact. Généralistes, les classes<br />

préparatoires font saisir que la pratique mathématique installe<br />

en douceur une compréhension des conditions requises pour<br />

déduire, élargir, généraliser dans d’autres disciplines Les exercices<br />

mentaux de définition, de substitution, de constitution<br />

d’analogies serviront à merveille dans les analyses de data, ou<br />

dans les agencements de l’économie circulaire.<br />

Sénèque, au chapitre XIII du De Brevitate vitae, évoque l’interopérabilité<br />

qu’il a faite sienne pour quitter la logique des silos<br />

et l’incurie de l’érudition. Il a su, au fil de ses lectures, installer<br />

en lui des axes interrogatifs auxquels aucun verrou idéologique<br />

ne saurait résister : « Je puis discuter avec Socrate, douter<br />

avec Carnéade, jouir du repos avec Épicure ; avec les stoïciens,<br />

vaincre la nature humaine ; avec les cyniques, dépasser sa<br />

portée ; enfin, marcher d’un pas égal avec la nature elle-même,<br />

être contemporain de tous les siècles ».<br />

Les outils qui sont rencontrés dans nos lycées seront sollicités,<br />

sans se trouver arrêtés par une frontière quelconque, pour<br />

s’ajuster à des processus déjà existants ou générer des syntaxes<br />

à venir. Lire un énoncé jusqu’au bout, définir, déduire sont des<br />

valeurs sûres. Nos boîtes à outils sont fiables et stables. Elles<br />

surmontent les infléchissements à la marge de l’ingéniosité. Il<br />

est bon d’en disposer, de les tenir prêtes à servir. Nos classes<br />

ont bien en mains le « tour d’écrou » qu’elles permettent. On<br />

disait de l’armure d’Achille qu’elle était merveilleuse et pouvait<br />

s’adapter à tout corps, investie par une parole puissante.<br />

: Portabilité<br />

En informatique, on appelle degré de portabilité d’un système<br />

d’exploitation sa persistance à fonctionner dans le plus grand<br />

nombre possible d’environnements d’exécution. Ce qui est<br />

portable ne nécessite au pire, pour être utilisé, qu’une compilation<br />

simple à réaliser.<br />

Aristote, en son temps, parlait non pas de couteaux suisses, mais<br />

de leurs équivalents antiques, les « couteaux de Delphes ». Ils<br />

conjuguaient l’essentiel. On les avait sur soi, prêts à l’usage.<br />

Plus près de nous, le sociologue Pierre Bourdieu reprenait au<br />

maître d’Alexandre la notion d’habitus pour désigner les savoirfaire<br />

incorporés, devenus seconde nature, à la fois structurés<br />

et structurants, c’est-à-dire capables de se reconfigurer pour<br />

s’adapter à de nouveaux contextes. Dans son ouvrage de 1989,<br />

La Noblesse d’état, grandes écoles et esprit de corps, Bourdieu<br />

ne fut pas tendre pour nos filières. Il prétendait qu’elles se<br />

réclamaient de l’« élitisme républicain » pour mieux dissimuler<br />

la connivence d’une montée des marches sur tapis rouge, pour<br />

écarter le soupçon de cooptation, d’initiation, de consanguinité.<br />

Voie royale pour ceux dont les parents auraient connu raccourcis<br />

et voies de traverse ?<br />

Or, chez nos étudiants, le côté lumineux de la force n’est pas<br />

réductible à la magie d’un héritage. Il est le fruit de ce que l’anglais<br />

désigne sous le vocable d’empowerment. Capacitation ou,<br />

tout simplement, prise de pouvoir. Dans les propos des différents<br />

responsables des écoles de management que rencontre l’APHEC,<br />

de constantes références à l’extension du domaine du possible.<br />

Julien Manteau, directeur de la stratégie et du développement de<br />

HEC, nous proposait récemment une traduction des potentialisations<br />

ouvertes par le continuum entre classes préparatoires et<br />

grandes écoles de commerce par une équation très explicite. Non<br />

pas 2+3 = 5 (compétences de trois ans à ajouter aux compétences<br />

de deux ans). Mais 2+3 = une infinité. Dans une présentation<br />

récente de sa Grande école, il comparait le monde à un<br />

triangle en se référant au parcours trivalent réalisé par un alumnus,<br />

qui avait su adopter successivement, lors de sa scolarité, un<br />

regard scientifique, artistique et gestionnaire.<br />

Léon Laulusa, directeur général adjoint, directeur académique et<br />

des relations internationales de ESCP Europe, lors d’une réunion<br />

de préparation du MOOC que son école réalisait en partenariat<br />

avec Skema et l’APHEC, soulignait qu’au-delà de la présentation<br />

factuelle des cursus, il fallait parler de se dépasser, se surpasser,<br />

aller au-delà de l’actuellement concevable.<br />

Dans les concours scientifiques, on parle volontiers de la « puissance<br />

» d’un candidat, l’élève de 5/2 étant réputé plus « puissant<br />

» que le 3/2. Alors qu’il était encore proviseur du lycée<br />

Louis Le Grand, Michel Bouchaud nous avait dit un jour à quel<br />

point l’apprentissage de l’abstraction se jouait sur le long<br />

terme, et comment cette patience conceptuelle avait des effets<br />

démultiplicateurs.<br />

Cette montée en puissance n’a rien d’une voie royale ni d’une<br />

sinécure. Grande porte et porte étroite à la fois, par l’exigence<br />

bienveillante de nos classes préparatoires et de nos grandes<br />

écoles. Pour que nos étudiants cessent d’être déconcertés par<br />

l’étanchéité apparente des univers, nous les accoutumons au<br />

portage, à la construction de synergies et d’analogies. Nous<br />

faisons en sorte de les rendre compétents par les défis que<br />

nous leur proposons, en les calibrant, pour qu’ils puissent les<br />

enchaîner sans désemparer. Nous orchestrons leurs tentatives.<br />

Nous sommes, en quelque sorte, des pilotes d’essais. Comme le<br />

mathématicien Euclide aurait voulu l’être pour le roi Ptolémée. n<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 24 DÉCEMBRE <strong>2018</strong> | N°22


DÉBAT<br />

Droits d’inscription<br />

à l’université : pas<br />

d’augmentation.<br />

Jusqu’à quand ?<br />

Son tout récent rapport sur Les droits d’inscription dans l’enseignement<br />

supérieur a beaucoup fait parler de lui. La Cour des comptes préconise en effet<br />

une hausse substantielle des droits d’inscription en master à l’université et en<br />

doctorat. Le gouvernement s’y est dit fortement opposé. Jusqu’à quand ?<br />

L<br />

’augmentation prônée par la Cour des comptes amènerait<br />

l’année de master à être facturée 965 € par an (contre 243 €<br />

aujourd’hui soit près de 300 % d’augmentation). En revanche le<br />

prix des années de licence – 170 € depuis 3 ans - resterait<br />

au niveau actuel. En doctorat, l’augmentation porterait les droits<br />

d’inscription à 781 € (contre 380 € soit une hausse de 105 %).<br />

Interrogé à l’Assemblée Edouard Philippe a tout de suite indiqué<br />

qu’il « n’était pas dans les projets du gouvernement de procéder<br />

à une augmentation des frais d’inscription pour les étudiants<br />

français ou européens ».<br />

: Un modèle de financement<br />

reposant majoritairement sur l’État<br />

En 2016, la dépense intérieure d’éducation pour l’enseignement<br />

supérieur était financée à 82,4 % par des dépenses publiques et<br />

à 17,6 % par des dépenses privées. Les crédits de paiement de<br />

la Mission interministérielle Recherche et enseignement supérieur<br />

(MIRES), qui rassemble l’essentiel des crédits consacrés à<br />

l’enseignement supérieur et à la recherche au sein de six ministères,<br />

s’élèvent en tout à 28,17 milliards d’euros dans le projet<br />

de loi de finances 2 019 (dont 20 milliards environ au titre de<br />

l’enseignement supérieur), soit 6 % des crédits de paiement du<br />

budget de l’État, en forte progression depuis 2008 (+21 %). À<br />

ces financements, il faut ajouter les crédits extrabudgétaires des<br />

programmes d’investissements d’avenir (PIA) et du Plan Campus,<br />

les financements des collectivités territoriales ainsi que les fonds<br />

de l’Union européenne.<br />

: Des besoins en hausse<br />

La France dépense moins que la moyenne de l’OCDE lorsque<br />

les dépenses d’enseignement supérieur sont rapportées au<br />

PIB (respectivement 1,5 % contre 1,6 % du PIB). Les dépenses<br />

privées sont inférieures de 0,2 point de PIB à la moyenne de<br />

l’OCDE, alors que les dépenses publiques sont supérieures de<br />

0,1 point de PIB. La plupart des acteurs évaluent même le besoin<br />

de financement des universités à un milliard d’euros supplémentaire<br />

par an sur plusieurs années. Dans ce cadre la part du besoin<br />

de financement liée à la croissance du nombre d’étudiants représenterait<br />

entre 41 % et 59 % du montant supplémentaire.<br />

Mais, note la Cour des comptes, « la croissance ne se portera<br />

>>> suite page 26<br />

→→<br />

432 millions d’euros<br />

En <strong>2018</strong>-2019, une<br />

hausse générale des<br />

droits universitaires de<br />

30 % (hors formations<br />

paramédicales), qui<br />

aurait déjà pu être<br />

considérée comme très<br />

substantielle, n’aurait<br />

également procuré aux<br />

universités que 102 M€ de<br />

recettes supplémentaires<br />

par rapport au niveau<br />

prévisionnel, soit 1,4<br />

M€ par université en<br />

moyenne. « Un tel<br />

montant n’est pas de<br />

nature à modifier leur<br />

modèle financier », note<br />

la Cour des comptes sans<br />

s’épancher sur les risques<br />

politiques afférents. D’où<br />

sa proposition d’une<br />

augmentation limitée aux<br />

cycles supérieurs pouvant<br />

générer 432 M€ de recettes<br />

supplémentaires chaque<br />

année.<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 25 DÉCEMBRE <strong>2018</strong> | N°22


DÉBAT<br />

>>> suite de la page 25<br />

pas dans son intégralité sur l’enseignement public, et notamment<br />

sur les universités ». En 2026, sur les 327 000 étudiants supplémentaires<br />

par rapport à 2016 (+13 %), seuls 54,7 % devraient<br />

s’inscrire en université (179 000, soit + 11,8 %). Les effectifs<br />

des autres formations (écoles de commerce, facultés privées,<br />

etc.) seraient particulièrement dynamiques, avec une croissance<br />

de 18 %, et l’augmentation la plus importante concernerait les<br />

formations d’ingénieurs non universitaires (+22 %). D’autre<br />

part, la croissance démographique ne sera pas nécessairement<br />

durable. Les effets de la hausse seront moins sensibles après<br />

2020.<br />

: Que font les Grandes écoles<br />

publiques ?<br />

En 2009, Sciences Po Paris a adopté un relèvement des seuils<br />

et une tarification différenciée pour le niveau collège universitaire.<br />

Depuis 2016-2017, les barèmes comptent treize tranches,<br />

la tranche maximale du barème, y compris en master (14 100 €)<br />

restant inférieure aux coûts complets de la formation (16 000 €<br />

à 17 000 €). À Dauphine, le système de droits d’inscription<br />

modulés en fonction du revenu a été mis en place progressivement<br />

pour certaines spécialités et pour certaines années<br />

en licence et en master, la tranche maximale des barèmes<br />

(6 160 €) restant encore plus éloignée qu’à Sciences Po des<br />

coûts de formation (13 000 €).<br />

Un mouvement de progression des droits est également intervenu<br />

dans beaucoup d’écoles d’ingénieurs. Au total, sur la<br />

période 2006-<strong>2018</strong>, les droits d’inscription ont augmenté de<br />

330 % dans trois écoles sous tutelle du ministère des armées.<br />

Au sein des écoles d’ingénieurs de l’Institut Mines-Télécom, les<br />

droits de scolarité ont plus que doublé à compter de la rentrée<br />

2014 (+118 %), passant de 850 € à 1 850 €, et un tarif plus<br />

élevé a été introduit pour les étudiants étrangers (3 850 €).<br />

Quant à la création du grand établissement CentraleSupelec,<br />

elle s’est accompagnée d’une augmentation significative des<br />

droits d’inscription de 610 € (avant la rentrée 2015) à 3 500 €<br />

à compter de la rentrée 2017. n<br />

Sébastien Gémon<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 26 DÉCEMBRE <strong>2018</strong> | N°22

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