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Boxoffice Pro n°374 - 11 septembre 2019

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VILLERUPT <strong>2019</strong><br />

C’ERA UNA VOLTA...<br />

Antoine Compagnone<br />

Il en est le délégué général depuis 1998, mais un membre important depuis le début des années 1980. Alors que se tiendra du<br />

25 octobre au <strong>11</strong> novembre le 42e festival du film italien de Villerupt (Meurthe-et-Moselle), rencontre avec l’un de ses principaux<br />

artisans, Antoine Compagnone.<br />

« Je ressens un stress positif. » Comme chaque<br />

année depuis 38 ans, aux premiers jours<br />

de <strong>septembre</strong>, Antoine Compagnone<br />

entre dans la dernière ligne droite de<br />

l’organisation de son grand rendez-vous<br />

annuel. Le festival de Villerupt, qui se<br />

tient dans la petite commune éponyme<br />

située à quelques vols d’oiseau du<br />

Luxembourg, célèbre depuis 1976 le<br />

cinéma italien. Un événement qui a su<br />

trouver sa place dans le calendrier cinématographique<br />

et se révéler incontournable,<br />

drainant sur les dernières éditions entre<br />

38 et 42 000 curieux. Un public à la<br />

recherche d’une programmation inédite<br />

qui vient découvrir quelque 70 films plus<br />

ou moins connus. À l’instar des années<br />

précédentes, la 42 e édition mettra en avant<br />

des œuvres tournées dans des lieux<br />

atypiques de la Botte. « Cette année, notre<br />

focus sera la Basilicate, terre du sud qui<br />

borde la mer, où ont été filmés une quarantaine<br />

de titres. Et où la ville de Matera a<br />

été élue capitale européenne de la culture<br />

<strong>2019</strong>. » Autre temps fort, un hommage<br />

à Mario Monicelli, à travers une carte<br />

blanche animée par le critique Mario<br />

Sesti, dont le dernier documentaire Mondo<br />

Sexy a été présenté à la Mostra. « Une trentaine d’équipes de films seront présentes<br />

pour une quarantaine de rencontres. Nous accueillerons également 8 000 scolaires<br />

ainsi qu’une journée universitaire », résume Antoine Compagnone.<br />

Pour le délégué général du festival, la passion est toujours présente. « J’ai<br />

toujours envie de montrer des films. En près de quarante ans, j’ai su me remettre<br />

en question et rebondir. » Car pour lui, la voie du cinéma était loin d’être toute<br />

tracée. Italien d’origine comme la majorité des habitants de Villerupt, petit,<br />

il était davantage tourné vers le ballon<br />

rond et n’allait qu’occasionnellement<br />

découvrir des films en salles. « Mon père<br />

m’emmenait le dimanche voir des péplums,<br />

des westerns ou des séries B. Mais je n’avais<br />

aucune culture ciné ! » Contraint de mettre<br />

un terme prématuré à sa carrière de<br />

« footeux » à 20 ans, il trouve une nouvelle<br />

activité dans la MJC locale, au cœur de<br />

Villerupt. L’équipe en place anime depuis<br />

cinq ans un festival dédié à la comédie<br />

italienne. « J’ai donc commencé comme<br />

bénévole en 1981 sans avoir de formation.<br />

Je me souviens avoir été en charge d’une<br />

salle bondée à chaque séance. On devait<br />

alors ajouter des chaises et une fois, un<br />

spectateur a même apporté un siège de sa<br />

voiture pour s’asseoir ! » De bénévole, il<br />

devient permanent au festival en 1986.<br />

À cette époque, la programmation évolue<br />

pour ne plus se cantonner seulement à la<br />

comédie italienne. Elle s’ouvre notamment<br />

aux films avec des Français à l’affiche,<br />

permettant ainsi à Annie Girardot, Jacques<br />

Perrin ou encore Fabrice Luchini de passer<br />

une tête à Villerupt.<br />

De la cabine du Rio à la direction du festival<br />

En parallèle, Antoine Compagnone grimpe les échelons du cinéma local Le<br />

Rio. De projectionniste à programmateur, il en prend les rênes en 1994. En<br />

2001, un établissement de 7 salles estampillé Utopolis s’installe dans la ville<br />

voisine de Longwy. « Les deux structures se sont rapprochées et on m’a demandé<br />

d’assurer la programmation du multiplexe, sachant que deux ans plus tard, Le Rio<br />

a arrêté les séances commerciales. » En 2006, il prend la direction du nouveau site,<br />

racheté en 2016 par Kinepolis. Un poste qu’il a quitté cette année, conservant<br />

cependant la programmation art et essai. Entre-temps, il a enfilé en 1998 le<br />

costume de délégué général du festival de Villerupt sur demande du conseil<br />

d’administration. Un rôle « très différent du directeur d’un cinéma car pour le<br />

festival, on doit composer avec des salles qui sont éparpillées et un nombre de<br />

bénévoles conséquent tout en souhaitant garder le côté professionnel de l’événement. »<br />

L’Hôtel de Ville, où se déroulent de nombreuses projections.<br />

« Villerupt, c’est un miracle permanent », souffle Antoine Compagnone. « Les<br />

salles sont vétustes, malgré un gros travail sur le son et l’image. Mais les gens viennent<br />

tout de même ! » Le succès populaire du festival entretient la flamme d'Antoine,<br />

comme celle de ses compagnons, à l’instar de nombreux exploitants « proches »<br />

comme Thierry Tabaraud ou Denis Blum depuis un certain stage de direction<br />

de cinéma, effectué en 1994 en Alsace. Depuis, un bout de chemin a été<br />

parcouru avec le même leitmotiv : surprendre et attiser la curiosité du public.<br />

Un engagement qui devrait bénéficier d’un beau coup de pouce, Villerupt<br />

s’apprêtant à accueillir dans les mois futurs un nouveau pôle culturel composé<br />

d’une salle de cinéma. D’ici là, l’histoire du festival aura eu le temps de s’enrichir.<br />

Celle d’Antoine Compagnone également. Il était une fois dans l’Est…<br />

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