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DOSSIER TRANSITION

Transmission en mouvement

PAGE 74

DOSSIER GREEN PLANET

Pollutions ? Solutions !

Notre documen' Terre

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LE GRAND ENTRETIEN AVEC

GENEVIÈVE KROL ET JEAN-LOUIS ZEIEN

#18


L’INFO PASSE

INFORMER POUR AGIR AVEC

WWW.INFOGREEN.LU

Votre quotidien sur les enjeux du développement

durable au Luxembourg

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4×3 SARL SIS

1B, Um Woeller, L-4410 Soleuvre

Tél. : 55 13 08

En partenariat avec infogreen.lu

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Frédéric Liégeois

Tél. : 55 13 08 14

frederic@infogreen.lu

Régie publicitaire

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Tél. : 55 13 08 15

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Rédaction

Alain Ducat

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Sébastien Yernaux

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Marie-Astrid Heyde

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Mélanie Trélat

melanie@infogreen.lu

Layout et mise en page

Eve Millet

eve@infogreen.lu

Camille Servais

Tél. : 55 13 08 13

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Community Management

Noëline Hanus

noeline@infogreen.lu

Photographie

Fanny Krackenberger

Tél. : 55 13 08 09

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Coordination

Sara Liégeois

Tél. : 55 13 08 11

coordination@infogreen.lu

Coordinateur junior

Lucas Liégeois

lucas@infogreen.lu

Impression

Imprimerie Centrale

3, rue Emile Bian

L-1235 Luxembourg

D’après le Larousse, le mot « Entreprendre » signifie littéralement

« Se mettre à faire ». Sur le plan étymologique, entreprendre vient

du latin « inter prehendere » qui signifie saisir avec la main, le mot

latin « prehendere » signifiant saisir, prendre pour maîtriser…

Personnellement j’affectionne l’idée de le décomposer : « entreprendre

», prendre en mains. Son destin, son projet. Et, seul

ou en équipe, se lancer… avec la tête, les mains, le cœur.

Entreprendre aujourd’hui, c’est aussi être complètement

conscient et chercher à maîtriser son impact. Ne pas prendre en

considération l’influence et la relation de son entreprise ou de

son projet sur ses parties prenantes, son environnement social,

économique et écologique, c’est une ineptie, un contresens.

Au Luxembourg, il existe des outils de calcul de sa « responsabilité

sociale d’entreprise », des labels, des structures d’accompagnement

d’entreprises à impact, des médias aussi pour ne pas citer

infogreen.lu et ici, notre 4x3 magazine, pour transmettre vos

bonnes pratiques.

Mais entreprendre, c’est aussi vouloir améliorer les choses, faire

bouger les lignes, provoquer le changement et s’engager dans une

transition, passer d’un état « d’avant », celui d’une organisation passéiste,

archaïque, vers une organisation « d’après », avec une conception

sociale, sociétale, écologique, économique plus inclusive, responsable,

efficace et visionnaire. L’enjeu est bien de préparer notre monde

d’aujourd’hui aux réalités de demain, pour les générations futures.

Car c’est bien de cela dont il s’agit. Entreprendre, c’est aussi se projeter,

et accepter de courir le risque, faudrait-il plutôt dire, de tenter la chance

de réussir un pari parfois fou, de pouvoir changer, se changer. Comme

le disait Gandhi, « Sois le changement que tu veux voir dans le monde ».

Découvrez nos deux dossiers, nos acteurs, nos partenaires, de bonnes

pratiques, de vrais humains, ici, maintenant. Des alertes et des solutions

aussi, toujours. Et que cela nous aide à entreprendre au mieux, nous

accompagne comme un petit livre de chevet, un petit pense-bête, un

fil rouge – non vert – reliant notre projet d’aujourd’hui… à demain.

Il existe des solutions, elles sont d’abord en nous. Des solutions qui

se construisent bien souvent avec énergie, l’énergie du changement.

Cette force vous la ressentirez aussi profondément dans notre

portrait du mois, qui, une fois n’est pas coutume, est un portrait

exposant deux. Deux visages, deux vies, aux côtés d’une multitude...

Bonne lecture et bon voyage

FRÉDÉRIC LIÉGEOIS

Tirage

5 000 exemplaires

Parution

4 numéros / an

Abonnement gratuit

abonnement4x3@infogreen.lu

Tous droits réservés.

Toute reproduction totale

ou partielle sans autorisation

préalable de l’éditeur interdite.

4x3 déclaré d'utilité publique par arrêté ministériel

en date du 11/12/2017 réf 2017-10

4×3 – NUMÉRO 18 – TRIMESTRIEL – MAI 2022

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DOSSIER

TRANSITION

Transmission en

mouvement

74

DOSSIER

GREEN PLANET

Pollutions ?

Solutions !

4 INFOGREEN.LU


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Notre documen'

Terre

LE GRAND ENTRETIEN

AVEC GENEVIÈVE KROL

ET JEAN-LOUIS ZEIEN

EN + :

Chaîne solidaire en faveur d'ECPAT p.102

NOUS REMERCIONS POUR LEUR SOUTIEN

4×3 – NUMÉRO 18 – TRIMESTRIEL – MAI 2022

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Transmission

en mouvement

« La transition, ce sont des idées et des gens

qui décident de retrousser leurs manches en

se disant : Et si ça marchait ? Essayons ! »

ROB HOPKINS, IN INFOGREEN


Société en transit ....................................................................................................

p.08

Une ambition au top européen ............................................................................

p.10

Le vent en poupe ! ..................................................................................................

p.12

Les lignes de force de citoyens impliqués ...........................................................

p.13

Le BK2050 en quête de nouveaux modèles .............................. ..........................

p.15

Du pissenlit pionnier à la cellule qui se développe ................. ..........................

p.18

Combinaison détonante ........................................................................................

p.21

L'équation à bénéfices multiples ................................................. ..........................

p.24

Processus de transformation majeure ...................................... ..........................

p.26

Des idées à l'épreuve de la réalité .............................................. ..........................

p.29

Ensemble pour une alimentation durable ................................ ..........................

p.31

Wiltz et la transition circulaire ..................................................... ..........................

p.34

Citoyens en transition, personnes en parcours ..................................................

p.36

p.40

Une intégration efficace... et réfléchie ! ...............................................................

p.42

« Changeons nos habitudes au lieu de notre vocabulaire » ..............................

p.45

Pas de transition sans placer l'être humain au centre .......................................

p.46

Alimentation, production, conditions et consomm’action ................................

p.50

Adoptons une consommation responsable ! ......................................................

p.52

Transition vers des Climate-smart villages en Inde .............................................

p.54

L'informatique au service des associations ........................................................

p.56

EtiCROWD, pour une finance réellement transformatrice ................................


DOSSIER TRANSITION

Société

en transit

La transition, c’est devenu un

terme à la mode, un peu comme

« résilience ». Pas neuves, ce

sont surtout des notions qui se

défendent, que l’on s’approprie...

et qui doivent faire avancer la

planète, la société… La transition,

c’est surtout un besoin, vital.

C’est un mouvement amorcé il y

a des années. Au Luxembourg, il

s’est matérialisé dans des projets,

menés notamment par CELL fondé

en 2010 déjà, dans la foulée des

actions pionnières du Beckerich de

feu Camille Gira, dans la continuité

du Transition Network parti de la

petite ville britannique de Totnes.

Le langage nous rappelle que la

transition, c’est la manière de

passer de l’expression d’une idée

à une autre en les reliant dans le

discours. C’est, scientifiquement

aussi, le passage en général

lent et graduel d’un état à un

autre, un état intermédiaire. On

peut y voir aussi cette notion

de transmission, de passage de

témoin, car ce que l’on fait (ou pas)

aujourd’hui aura un impact sur

ce que pourront vivre (ou pas) les

générations qui nous suivent.

Simple. Basique. Depuis un

certain temps, les jeunes se

mobilisent pour offrir, à notre /

leur planète, un avenir meilleur.

Cette mobilisation portera-t-elle

ses fruits ? Notre société est-elle

en transit ? Sans aucun doute !

Puisque, quoiqu’il arrive, notre

comportement, positif ou négatif, a

un impact sur notre environnement

(tout ce qui nous entoure).

La transition, écologique, sociétale,

économique, est au cœur du débat

et, plus encore, de l’action. Comme

le souligne à juste titre Georges

Kieffer, responsable du projet BENU

à Esch, « c’est réalisable mais il

faut changer ses habitudes, pas

seulement son vocabulaire ! » Les

décideurs, économiques ou

politiques, prônent ou utilisent

de plus en plus les modèles de

transition. Cela ne peut pas être

qu’un « emballage ». Offrir un

chou de Bruxelles enrobé dans

de l’aluminium brillant comme

une boule de Noël pourra ravir

un petit enfant… jusqu’à ce qu’il

découvre la supercherie.

Pour être efficace, que le résultat

soit à la hauteur des attentes,

la transition doit être pensée et

vécue dans les moindres détails, en

pesant le pour et (surtout) le contre.

Au fond, l’objectif est simple : qu’un

modèle fonctionne pour tous et

que notre monde progresse…

dans la bonne direction ; pas celle

qui fonce droit dans le mur.

Utopies, théories, visions,

coopération, participation ? Oui,

il y aura des échecs, il y en a déjà

eu. Mais il y a aussi ces réussites,

modestes souvent, locales parfois,

intéressantes dans tous les cas. Rob

Hopkins, fondateur du mouvement

de Transition, expliquait à

Infogreen : « La transition, ce sont

des idées et des gens qui décident

de retrousser leurs manches

en se disant: ‘’Et si ça marchait?

Essayons!’’ (…) Ce qui continue

à m’étonner, ce sont les gens, à

chaque rencontre, et le pouvoir

des idées mises en commun

qui se matérialisent, les projets

qui se montent et qui prouvent

que le modèle fonctionne ».

Si la majeure partie des citoyens

avance avec cette idée-là en tête,

le futur n’en sera que meilleur.

TRANSMIS PAR SÉBASTIEN YERNAUX

ET ALAIN DUCAT

Photo : Unsplash

8 INFOGREEN.LU


Veillez au label SDK

également pendant vos

activités récréatives !

DOSSIER TRANSITION

Même si vous avez recours à des prestations de loisirs et

de bien-être - Faites attention au label SDK ! Le label signifie:

FIR EN

NOHALTEGEN ËMGANG

MAT RESSOURCEN

l Prévention des déchets l Protection des ressources l Protection du climat

SDK – geliefte Klimaschutz – plus d‘infos sous : Tél. 488 2161, www.sdk.lu et

Une action de la SDK avec ses partenaires :

4×3 – NUMÉRO 18 – TRIMESTRIEL – MAI 2022

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DOSSIER TRANSITION

Une ambition au top européen

Claude Turmes voit grand pour intégrer progressivement

les énergies vertes dans l’économie luxembourgeoise.

Solaire, éolien, biogaz ou encore géothermie, tous les

outils pour améliorer la transition énergétique.

Le Luxembourg continue son

petit bonhomme de chemin

pour intégrer progressivement

les énergies renouvelables dans

sa consommation annuelle. En

2020, le pays a d’ailleurs atteint

son objectif de 11 %, le dépassant

même avec un score de 11,7 %.

« Même si nous sommes encore loin

des pays scandinaves, ce résultat

est bon », souligne Claude Turmes,

Ministre de l’Énergie et de

l’Aménagement du territoire. « En

2010, nous n’étions même pas à 2 %

d’énergies vertes. Grâce aux efforts

et aux obligations de la directive

renouvelable de 2008, nous avons

mis en place des actions concrètes

pour accélérer cette transition

verte. Par exemple, sur le plan

de l’énergie solaire, entre 2013 et

2018, nous faisions en moyenne

5 mégawatts annuels. En 2021, nous

sommes passés à 50 mégawatts.

Comment ? En multipliant par 10

les installations photovoltaïques.

Pour atteindre nos objectifs

climatiques, il faudrait parvenir à

80 - 100 mégawatts annuels. »

Le secteur éolien est également

concerné. « Nous continuons

d’avancer avec peu d’installations

mais elles sont conséquentes

comme sur le plateau de

Bourscheid. On y remplace 13

vieilles éoliennes par 7 nouvelles,

ultramodernes. Même si on

passe de 13 à 7, on double la

quantité d’électricité produite

grâce à leur hauteur. »

Le biogaz a aussi la cote. « Nous

sommes en train de relancer cette

énergie produite en collaboration

avec les agriculteurs. Nous avons

également quelques projets

industriels de biomasse où

on va produire de l’électricité

et de la chaleur que ces

entreprises pourront utiliser

dans leur processus et remplacer

progressivement le gaz. Nous avons

10 INFOGREEN.LU


DOSSIER TRANSITION

donc toute une panoplie pour

progresser plus rapidement et se

diriger vers les 25 % d’ici 2030. »

La géothermie

dans le Sud

Le Luxembourg fourmille

d’idées pour diminuer son

impact environnemental. « Nous

souhaitons notamment remplacer

le fuel et le gaz utilisés par le

chauffage par des pompes à

chaleur. En parallèle, nous menons

une recherche pour passer du gaz

vers la géothermie dans le sud du

pays, entre Dudelange et Esch.

Nous souhaitons utiliser le procédé

de géothermie profonde avec un

premier projet à Dudelange. »

Cependant, Claude Turmes a

conscience que l’effort collectif

passe également par des aides

financières attrayantes. Les

agriculteurs sont incités, par

exemple, à placer des panneaux

sur leurs toits. Les communes sont

invitées à mettre à disposition

leurs bâtiments pour aussi les

équiper de panneaux. Enfin, les

citoyens ne sont pas oubliés au

niveau des aides. « Nous allons

promouvoir l’autoconsommation via

un programme solaire à domicile

pour que les gens puissent charger

leurs voitures électriques avec le

solaire de leurs toits. Nous avons

donc un programme complet. Le

plus important, c’est d’accélérer

en offrant de bonnes conditions

financières. Et donc, nous avons

un budget conséquent pour tout

concrétiser. De plus, nous sommes

en train de mettre en place, avec

le Ministère de l’Environnement,

un guichet unique pour accélérer

les demandes d’autorisations

pour les grands projets. »

Et Claude Turmes de conclure :

« 25 % en 2030, c’est le

minimum car nous sommes

en urgence climatique ! Mais à

terme, il faudrait aller sur 100 %

d’énergies renouvelables. Ça

sera principalement l’électricité

renouvelable, car dans ce secteur,

les coûts du solaire et de l’éolien

vont beaucoup diminuer. Et puis,

une nouvelle forme d’énergie

commence à émerger depuis 5 ans :

l’éolien en mer. Des accords sont

signés avec le Danemark pour un

vaste projet (lire en p.12-13). »

ÉNERGISÉ PAR SÉBASTIEN YERNAUX

Photos : ©Sophie Margue

et ©Marc Lazzarini

4×3 – NUMÉRO 18 – TRIMESTRIEL – MAI 2022

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DOSSIER TRANSITION

Le vent en poupe !

Un parc éolien géant construit en mer, une île danoise pour produire l’énergie

verte pour 10 millions de foyers européens. Le Luxembourg participe…

L’Union européenne s’est fixée

comme objectif d’atteindre la

neutralité climatique d’ici 2050. Et

pour ce faire, un méga projet est

en cours de développement au

Danemark via la construction de la

première île énergétique au monde,

d’une capacité potentielle de

10 gigawatts. Le Danemark apporte

une contribution significative à cet

objectif. Et le Luxembourg s’est

engagé à ses côtés en signant un

accord de coopération. « Nous

allons essayer de participer, en

tant que gouvernement, dans les

appels d’offres du gouvernement

danois pour rapatrier de l’énergie

verte et renouvelable », souligne

le ministre Claude Turmes. « Et

nous faisons tout pour que les

industriels luxembourgeois

puissent participer à ce projet.

Mais aussi que les entreprises

luxembourgeoises achètent

directement leur électricité via cette

île. Ils pourront ainsi bénéficier

d’un prix fixe sur 15 à 20 ans. »

Dans quelques années, l’île pourra

accueillir des batteries de taille

industrielle pour stocker l’électricité

et la distribuer en cas de besoin.

De plus, l’énergie renouvelable

produite par les parcs éoliens

pourra être utilisée pour produire

des combustibles non fossiles,

comme de l’hydrogène vert, pour

la navigation, l’aviation, l’industrie

ou les véhicules utilitaires lourds.

Ce parc éolien aura une capacité

initiale de 3 GW d’énergie éolienne

offshore. Grâce à une évolution

constante, la capacité pourrait

être portée à 10 GW, ce qui

pourrait fournir de l’électricité à

10 millions de foyers européens.

Pour arriver à ce résultat,

l’échelle pourrait être comprise

entre 200 et 600 turbines d’une

capacité de 15 MW par turbine.

Vu du Luxembourg

Claude Turmes explique: « Le

Luxembourg ne bénéficie pas d’un

ensoleillement idéal comme au

Portugal, en Espagne ou en Grèce.

De plus, nous n’avons pas de

côtes alors que les meilleurs vents

soufflent près de la mer. Mais nos

besoins sont conséquents. Nous

sommes un pays assez dense et

12 INFOGREEN.LU


qui accueille une grande activité

de services comme des immeubles

de bureaux et des datacenters.

Nous attirons également beaucoup

de frontaliers qui ont besoin

de moyens de transport. Sans

oublier les industries qui sont

très énergivores. Il faut savoir

que l’ensemble des entreprises

consomme plus de 50 % de

notre électricité contre 20 %

pour les ménages. Cet accord

avec le Danemark est donc une

bonne chose car, même si nous

continuons à développer les

énergies renouvelables sur notre

territoire, nous ne pourrons

jamais produire toute l’énergie

renouvelable au Luxembourg. »

On peut noter que ce projet aura

d’autres touches luxembourgeoises.

Par le volet financier et les fonds

d’investissement à impact par

exemple. Mais aussi sur le plan

opérationnel: déjà, en juin 2021,

l’Agence danoise de l’énergie a

attribué à la branche danoise

de Sweco (groupe international

d’ingénierie qui comprend

Boydens Luxembourg et utilise

les compétences propres

réparties dans toutes ses filiales)

un contrat de 4 ans pour fournir

les conseils et l’assistance

technique de cet ambitieux projet

d’îles énergétiques offshore.

Ces projets verts sont donc

importants aux yeux du ministre.

« Vu que nous ne pourrons jamais

être totalement autonomes,

nous devons être dans le haut du

classement en termes d’efficacité

énergétique avec la construction

de bâtiments performants ou

encourager les voitures électriques

qui consomment 3 fois moins

que des voitures diesel. Nous

avons un objectif de 40 à 44 % qui

est le plus ambitieux au niveau

européen. Nous devons l’être

et nous avons toutes les cartes

en main pour le réaliser. »

NEUTRALISÉ PAR SÉBASTIEN YERNAUX

Illustration : Danish Ministry of

Climate, Energy and Utilities / COWI

DOSSIER TRANSITION

Les lignes de force de

citoyens impliqués

Luxembourg in Transition est

en marche. Le Biergerkommitee

Lëtzebuerg 2050 émet constats

critiques et propositions.

« Le Luxembourg a besoin d’une

population engagée ! Ce n’est que

lorsque tout le monde aura pris

conscience que notre businessas-usual

n’est pas viable qu’il y

aura des changements individuels

dans la vie quotidienne. »

(Sue, citoyenne-membre du

Biergerkommitee Lëtzebuerg 2050)

Cette déclaration figure, parmi

quelques autres, en exergue

du rapport du comité citoyen

mis en place pour tracer

l’avenir du pays. Pour rappel,

la consultation Luxembourg

in Transition a été lancée en

juin 2020 pour imaginer comment

le Luxembourg et les territoires

frontaliers pourraient atteindre

la neutralité carbone d’ici 2050.

Le ministre Turmes a souhaité

intégrer les citoyens aux travaux

des équipes internationales

d’architectes et d’urbanistes. Le

Biergerkommitee Lëtzebuerg 2050

(alias BK2050) est composé, selon

un échantillon élaboré par TNS-Ilres,

de 30 participants. Soit 25 résidents

+ 5 frontaliers ; 16 femmes + 14

hommes, jeunes et moins jeunes.

Après d’intenses discussions

internes, le BK2050 a pu aligner

44 recommandations dans une

série de domaines - gouvernance,

aménagement du territoire et

développement urbain, mobilité,

protection des sols, architecture,

protection des eaux, agriculture

durable et biodiversité, économie

et information aux citoyens.

Encadré par des experts, ce

comité citoyen trace ses propres

lignes, en marge du travail

prospectif mené par Luxembourg

LA SUITE

4×3 – NUMÉRO 18 – TRIMESTRIEL – MAI 2022

13


DOSSIER TRANSITION

Le Luxembourg a besoin d’une population

engagée ! Ce n’est que lorsque tout le monde

aura pris conscience que notre business-as-usual

n’est pas viable qu’il y aura des changements

individuels dans la vie quotidienne.

- Sue, citoyenne-membre du

Biergerkommitee Lëtzebuerg 2050

in Transition. Rappelons qu’une

équipe luxembourgeoise participe

à ce processus d’envergure

internationale : le consortium

Luxembourg 2050 – Prospects for

a Regenerative City-Landscape

est emmené par l’Université du

Luxembourg, avec le LIST, CELL,

l’IBLA et OLM - Office for Landscape

Morphology Co. Ltd. (France).

Quelques volées

de bois vert

Et les citoyens ont le sens de la

formule, parfois très politique et

critique, voire décapante. La société

luxembourgeoise « traditionnelle »

y prend quelques volées de

bois vert… La « résolution »

numéro 1 donne déjà le ton :

« Le temps des projets pilotes

et des discours du dimanche

est révolu. Le gouvernement,

les députés, les échevins, les

partis et les administrations

doivent enfin accepter l’urgence

de la question climatique ».

Le BK2050, pour une politique

transversale, suggère notamment

de « reformuler les objectifs » de

tous les ministères, notamment

ceux de l’Agriculture, de

l’Intérieur et de l’Économie, pour

« orienter vers la durabilité et la

neutralité carbone ». Ou « rendre

incompatibles mandats politiques

nationaux et locaux (…), manière

efficace de briser les multiples

blocages et de répartir plus

clairement les responsabilités ».

Ou encore la coopération

transfrontalière qui « doit être

renforcée et ne pas servir

uniquement les intérêts immédiats

du Luxembourg », ainsi que

l’implication de la société civile

« pour pallier les déficits du système

électoral ». Mais aussi impliquer le

secteur social dans les instances

consultatives et faire en sorte que le

Klima-Biergerrot reçoive un mandat

clair, pour « ne pas servir d’alibi ».

DÉCAPÉ PAR ALAIN DUCAT

Photo : © SIP - Uli Fielitz

14 INFOGREEN.LU


Le BK2050 en quête

de nouveaux modèles

DOSSIER TRANSITION

Le comité citoyen qui accompagne Luxembourg in Transition

a des positions tranchées. Exemples et citations.

Le Biergerkommitee

Lëtzebuerg 2050, au travers des

44 propositions citoyennes pour

la transition du territoire… et

de la société qui l’habite, émet

des avis sur l’aménagement,

la mobilité, l’économie, la

ruralité, l’alimentation…

Il souhaite notamment un

« moratoire immédiat » sur les

routes de contournement « qui

doivent être planifiées, si tant est

qu’elles le soient, à proximité des

localités et non en pleine nature

ou dans des zones Natura2000 ».

Mettre un frein à la croissance

des villages qui « ne devraient pas

être forcés de grandir ». Pousser

les centres urbains à croître

à l’intérieur de leur périmètre

constructible. Rapprocher l’habitat

du lieu de travail, et donc freiner la

concentration toujours plus forte

d’immeubles de bureaux dans et

autour de la ville de Luxembourg.

Encourager l’habitat alternatif

dans les PAG des communes.

Ou encore repenser les villes et

l’espace public, mise en exerguechoc

à la clé… « Le quartier de la

Cloche d’Or est un parfait exemple

d’aménagement urbain raté :

imperméabilisation complète de

plus de 60 hectares, absence d’une

communauté locale d’habitants,

infrastructures encourageant

l’hyperconsommation… »

Pour favoriser la multimodalité et

la mobilité douce et partagée, le

comité citoyen parle de « territoires

fonctionnels autonomes ».

La question du financement des pensions

ne doit pas éternellement servir de prétexte

pour défendre un modèle économique

non viable. Des scénarios alternatifs

doivent être développés et discutés.

Il déplore « le retard pris à l’échelle

nationale dans le développement

des pistes cyclables et des chemins

piétonniers ». Suggère la taxation

des voitures qui « mobilisent

des ressources excessives

ou ont une consommation

d’énergie disproportionnée »,

en ce compris les électriques

le cas échéant. Et à propos

d’énergie, il est recommandé

de diminuer la dépendance

en augmentant la capacité de

production renouvelable locale.

Le texte des propositions

citoyennes veut protéger les sols,

notamment leur perméabilité,

la végétalisation et l’ombrage

des zones urbaines… Pour

l’architecture et l’urbanisme, il

mise notamment sur l’économie

circulaire, l’usage parcimonieux

et la récupération, les matériaux

sains et locaux si possible, les

surfaces multifonctions…

« La protection des eaux en général

et de l’eau potable en particulier

doit avoir la priorité absolue

sur toute autre considération

LA SUITE

4×3 – NUMÉRO 18 – TRIMESTRIEL – MAI 2022

15


DOSSIER TRANSITION

matérielle », lit-on également

dans les propositions qui misent

beaucoup sur l’agriculture

durable et toutes les formes de

production locale et raisonnée, la

préservation des forêts anciennes

(avec un regard critique sur les

« mesures de compensation,

instrument bien intentionné

mais souvent inefficace »).

Scénario alternatif

La réflexion citoyenne prône

clairement un autre modèle.

« Dans le contexte du changement

climatique, l’orientation actuelle

de l’économie luxembourgeoise

vers une croissance intensive

en ressources doit être freinée.

La question du financement des

pensions ne doit pas éternellement

servir de prétexte pour défendre

un modèle économique non viable.

Des scénarios alternatifs doivent

être développés et discutés ». Le

BK2050 table sur les circuits courts,

le soutien accru aux artisans, PME

ou startup, « piliers » du système,

des lois appropriées et l’adhésion

de tout le tissu socioéconomique

au projet climatique.

En particulier, « l’abandon du

tourisme à la pompe devrait être

effectif d’ici 2030 au plus tard.

Pour cela, il faut maintenant une

décision claire, fixer les étapes

pour y arriver et proposer un

plan permettant d’en atténuer

les conséquences budgétaires ».

Sur l’impact financier encore, le

groupe estime que « les réserves

du Fonds de compensation

commun au régime général de

pension et d’autres fonds publics

ne doivent plus financer les

énergies fossiles. Les fonds publics

et privés doivent être évalués

sur leur capacité de financement

de la transition énergétique ».

Un vrai programme, à l’épreuve

d’une nouvelle société ?

ÉPLUCHÉ PAR ALAIN DUCAT

Photos : Mullerthal © Tom Simon

/ Comité Inspiring Luxembourg

16 INFOGREEN.LU


Vous souhaitez être accompagné

dans la réalisation de votre projet à impact sociétal?

Contactez-nous !

Maison de l’Economie sociale et de l’innovation

sociale

« MeSIS »

15, Côte d’Eich

L-1450 Luxembourg

Tél : +352 621 828 553 ou +352 247 88 403

Rendez-vous sur notre site :

www.mesis.lu


DOSSIER TRANSITION

Du pissenlit pionnier à la

cellule qui se développe

Fondatrice de CELL, Katy

Fox, avec les mains dans

la (et les pieds sur) terre, a

implanté le mouvement de

la transition dans un élan

sociétal, pour un laboratoire

du mode de vie durable.

On la retrouve au « Bout du

Monde »… C’est le nom de

son lieu de vie et de travail, un

éco-lieu, centre de formation

en agroécologie et ferme en

permaculture, aux portes du Bois

d’Arlon. Katy Fox, docteure en

anthropologie sociale, organisatrice

communautaire, enseignante et

designer écosocial, avant tout

passionnée par le changement

social et culturel, a développé

son activité indépendante,

Mycelium. On s’y concentre sur

le design en permaculture, les

modes de vie régénérateurs et le

renforcement des capacités de

résilience des communautés.

« C’est motivant de créer, de

mettre le mouvement en marche

pour qu’ensuite la communauté

s’approprie les concepts et les fasse

pousser dans d’autres projets »,

explique Katy Fox. C’est un peu le

principe de la cellule biologique

qui, au-delà du jeu de mots, a guidé

la création de CELL (Centre for

Ecological Learning Luxembourg),

en 2010. Katy l’a fondé à Beckerich,

avec un petit noyau de proches,

autour de formations à la

permaculture. Dr Fox utilise la

métaphore de la plante pionnière :

« Dans le contexte de la succession

écologique, sur la terre nue de nos

contrées, le chêne ne peut pas

s’installer. Il faut d’abord les plantes

pionnières, comme le pissenlit,

puis des arbustes et des arbres

comme le bouleau, et finalement

des espèces climaciques comme

le chêne. Disons que je fais partie

des pissenlits de l’écosystème ».

CELL est né de cette quête d’un

autre mode de développement

sociétal, directement inspiré par le

mouvement de la transition, parti

de Grande-Bretagne. « J’ai vécu

10 ans hors du Luxembourg, pour

mes études, mes recherches, ma

18 INFOGREEN.LU


thèse, mes activités dans la justice

internationale. En Écosse, on avait

développé pour les étudiants un

café communautaire, avec repas

bio, produits Fairtrade, productions

locales… J’ai aussi travaillé avec les

collaborateurs de Rob Hopkins,

sur un éco-village. Le mouvement

de la transition était en marche,

dans une nouvelle logique - moteur

de changement, courroie de

transmission -, un développement

personnel et collectif, un impact

local dans un objectif global ».

DOSSIER TRANSITION

Dans la foulée, en Roumanie,

l’anthropologue a fait sa thèse

de doctorat sur l’impact de la

politique agricole commune pour

la petite paysannerie locale.

Tout était posé, les questions

environnementales et

sociologiques, les relations entre

individus et collectif, l’impact de

la globalisation, la transmission

d’une planète à préserver et

d’une société plus équitable aux

générations suivantes… De retour

dans le Luxembourg natal, en

2010, Katy fonde donc CELL, « une LA SUITE

FRUGAL : FAVORISONS

LA RÉDUCTION

DU GASPILLAGE

ALIMENTAIRE

Chaque année, 88 millions de tonnes de nourriture sont gaspillées dans l’Union

européenne. Une part importante de ces denrées gaspillées est émise

par la production et la distribution. En s’appuyant sur le modèle d’économie

circulaire, le projet FRUGAL (Favoriser la RédUction du Gaspillage Alimentaire au

moyen de la consommation Locale) a pour objectif de lutter contre ce gaspillage

alimentaire en Grande Région via la création d’un réseau transfrontalier et d’une

centrale d’échanges en ligne qui permettront l’optimisation de la collecte, la

transformation, la valorisation et la distribution des pertes, surplus et invendus

agro-alimentaires issus de la production, de grandes surfaces et de l’industrie.

« Ce projet Interreg regroupe plusieurs partenaires sur la Grande Région », explique

Sarah Struvay, Project Manager chez IMS Luxembourg. « L’objectif est de créer une

plateforme fonctionnant comme une centrale d’échange en ligne. Les partenaires

pourront y échanger leurs pertes, surplus et invendus. Elle servira également de

point de départ pour le développement du réseau avec d’autres partenaires. »

Parmi les partenaires, on peut citer l’association française « Partage ton Frigo »

qui travaille dans la transformation de produits issus des surplus de producteurs.

Du côté belge, l’ASBL Alimen’T fait également partie de l’aventure, tout comme le

CER qui a un atelier de transformation. Au Luxembourg, on retrouve le Pall Center

Exploitation. IMS Luxembourg, de son côté, est responsable de la mise en réseau,

de la réalisation de guides et usages de bonnes pratiques et d’ateliers en vue de

créer des liens entre producteurs, transformateurs et distributeurs. Enfin, sur

le versant allemand, la HTW Saar s’occupe de la partie scientifique du projet.

IMS Luxembourg

› La suite à lire sur Infogreen.lu

PARTENAIRE INFOGREEN

4×3 – NUMÉRO 18 – TRIMESTRIEL – MAI 2022

19


DOSSIER TRANSITION

organisation à but non lucratif

servant de laboratoire pour un

mode de vie durable » et qui a

l’ambition de montrer qu’« un

autre monde est possible ».

CELL est né en 2010, de cette quête

d’un autre mode de développement

sociétal, directement inspiré par

le mouvement de la transition,

parti de Grande-Bretagne.

Un labo sur

le terrain

La « cellule » a bien grandi,

en parallèle de l’émergence

des mouvements écologistes

ou altermondialistes, avec

indépendance et implication. « J’ai

pris un peu de recul en 2018,

pour cause d’épuisement et aussi

de nouvelle maternité », observe

Katy Fox. « Mais le moment

était opportun pour passer le

flambeau, laisser vivre l’association

dans une professionnalisation

utile à son développement ; une

occasion de fédérer, de lancer

de nouvelles pistes et de créer

de nouvelles opportunités ».

Ces projets ne manquent pas,

la transition sous toutes ses

formes – agro-alimentaire,

sociétale, économique, citoyenne,

territoriale… – reste le moteur et

le mouvement a effectivement

essaimé, initiant des projets

locaux aux quatre coins du pays et

s’inscrivant comme une force de

proposition citoyenne reconnue.

Katy organise encore des

formations pour CELL et garde

une tendresse particulière pour

l’Äerdschëff à Redange: elle a

préparé le dossier de financement

FNR en 2019 et a rejoint en 2020 la

phase de finalisation de ce projet

citoyen et participatif, modèle de

circularité et d’autonomie, dont elle

avait coordonné la conception et

la facilitation entre les partenaires.

« L’Äerdschëff est un laboratoire de

la transition citoyenne en espace

rural. C’est une démonstration

pratique pour une réflexion

approfondie sur la manière de

se loger, se nourrir, d’utiliser les

ressources et de partager les

compétences de chacun ».

Pas de nuage dans le ciel de la

transition ? Avec la conscience

politique d’une femme

d’engagement et son recul

d’analyste scientifique, Katy Fox

commente : « Au Luxembourg,

comme partout dans le monde, on

assiste à un processus de montée

de l’extrême droite. Ce n’est ni

anodin, ni spontané. Il y a des

forces, des intérêts, des moyens,

des bots sur les réseaux sociaux…

Il y a aussi des amalgames,

notamment avec la spiritualité ou

les angoisses nées de la pandémie.

Il est important pour moi que le

mouvement de la transition soit

vigilant et ne soit pas naïf devant

le danger de récupération ».

CITOYENNISÉ PAR ALAIN DUCAT

PARTENAIRE INFOGREEN

Photos : CELL/Mycellium

20 INFOGREEN.LU


Combinaison détonante

Économie linéaire et

changement climatique :

deux facettes du même

problème ! Alors quelle

conclusion en tirer ?

Le lien intuitif entre le changement

climatique, les émissions de

carbone et l’économie circulaire

est relativement simple. Si nous

fabriquons plus efficacement des

produits de meilleure qualité, que

nous les utilisons plus longtemps

et que nous préservons des

ressources précieuses au sein

de nos systèmes industriels,

nous allégerons la charge

environnementale et limiterons

la nécessité d’une production

primaire incontrôlée et à forte

intensité d’émissions, ainsi que

l’impact associé à des cycles de

vie des matériaux plus courts.

Les émissions de carbone sont

le résultat de plus de plus de 200

ans d’un modèle économique dit

linéaire : extraire des ressources,

les utiliser et les jeter (en polluant

au passage l’air, l’eau, le sol,…).

Les énergies fossiles ont rendu

possible la croissance effrénée

et les multiples améliorations

de la condition humaine que

nous avons connues.

La relation entre la protection

du climat et l’économie circulaire

gagne du terrain. Selon le Circularity

Gap Report 2021, les stratégies

d’économie circulaire peuvent

réduire de 39 % les émissions

mondiales de gaz à effet de serre,

maintenir la planète bien en-deçà

d’une trajectoire de 2 degrés

et augmenter la proportion de

matériaux réutilisés de 8,6 à 17 %.

Notamment, le plan d’action

pour l’économie circulaire de

l’Union européenne est un

élément important de la feuille

de route européenne qui vise

à devenir le premier continent

« zéro émisson » d’ici 2050.

Alors, pourquoi

cette déconnexion ?

Beaucoup diront que l’idée

d’atteindre un objectif climatique

par le biais d’une stratégie

d’économie circulaire s’est trop

longtemps reposée sur ses

lauriers d’amélioration intuitive.

Et quand il s’agit du changement

climatique, l’intuition ne suffit pas.

Il est logique de s’attendre à ce

que les stratégies circulaires

soient justifiées par des mesures

de réduction des émissions de

carbone, et certains s’efforcent

de faire les bons calculs, de

DOSSIER TRANSITION

LA SUITE

4×3 – NUMÉRO 18 – TRIMESTRIEL – MAI 2022

21


DOSSIER TRANSITION

Si toutes les initiatives d’économie

circulaire n’étaient adoptées que si elles

offraient des réductions de carbone

à court terme, beaucoup d’entre

elles pourraient ne pas voir le jour.

réduire les émissions grâce à de

nouvelles approches significatives

de l’engagement de la chaîne

d’approvisionnement. Mais dans

l’équation de l’équilibre entre

les émissions de carbone et les

stratégies d’économie circulaire, les

calculs ne sont pas toujours justes.

Prenons l’exemple du recyclage :

le processus de collecte, de tri,

de retraitement et de fabrication

de plastique post-consommation

est souvent plus intéressant que

l’approvisionnement en films vierges

légers et bon marché (qui seront

finalement mis en décharge ou

brûlés – « valorisation thermique »

sic !) du point de vue des émissions

de carbone. Ce calcul ne tient pas

compte de l’extraction incontrôlée

de produits pétrochimiques non

renouvelables et des implications

sociales et environnementales

qui y sont associées, ni de

l’accumulation de déchets à la fin

de leur vie utile (enterré pendant

des années dans une décharge,

c’est un puits à carbone, non ?).

de la biodiversité, du soutien aux

communautés et de la création

de prospérité économique, de

l’élimination des ressources

non renouvelables, de la notion

de déchets et de décharges,

sans oublier l’atténuation des

risques et la résilience de la

chaîne d’approvisionnement.

Après tout, c’est pour cela que le

concept d’économie circulaire a

été développé en premier lieu.

Les décisions « en faveur du

climat » ne peuvent se baser

uniquement sur un seul ensemble

de données (bilan carbone) mais

sur un ensemble de données et

sur une approche systémique.

ROMAIN POULLES

Président du Conseil Supérieur pour

un Développement Durable (CSDD),

Happy CEO - Circular Eco Officer

PARTENAIRE INFOGREEN

Si toutes les initiatives d’économie

circulaire n’étaient adoptées

que si elles offraient des

réductions de carbone à court

terme, beaucoup d’entre elles

pourraient ne pas voir le jour.

Je ne m’oppose certainement pas à

la rigueur des objectifs scientifiques

et de la comptabilisation du

carbone ; ce sont des outils

d’une importance vitale pour

établir une stratégie et suivre les

progrès en matière d’atténuation

du changement climatique. Mais

ces mesures quantitatives ne

peuvent négliger la valeur de la

préservation des écosystèmes et

22 INFOGREEN.LU


DOSSIER TRANSITION

Initiativ

Tes objectifs, ta foule

fir Alternativ Finanzéierung

etika

Crowdfunding éthique.

Une plateforme pour des projets locaux !

À l’occasion de notre 25 e anniversaire, etika a décidé d’explorer

de nouvelles voies pour un financement citoyenne de projets

locaux. La première plateforme de financement participatif

qui promeut des projets sociaux ou environnementaux au

Luxembourg et en Grande région va démarrer fin mars.

Avec votre aide on va financer la transformation nécessaire.

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4×3 – NUMÉRO 18 – TRIMESTRIEL – MAI 2022

23


DOSSIER TRANSITION

L’équation à

bénéfices multiples

La décarbonation est un outil

majeur de la transition. Pour

Bruno Renders (CDEC-IFSB), il faut

« montrer que c’est possible ». Le

bilan-carbone est la base objective,

une étape fondamentale qui

permet d’agir quantitativement

et qualitativement.

« Nous sommes en transition. Il

faut une approche pragmatique,

pour s’adapter, faire évoluer les

modèles. Et donc prendre les

bonnes décisions managériales,

sur base de données objectives ».

Bruno Renders, Administrateur –

directeur général du CDEC - Conseil

de Développement économique

de la Construction, peut être

considéré comme un pionnier de

la vision « éconologique » (une

vision holistique des activités, à la

fois rentables économiquement

et soucieuses de l’environnement)

au Luxembourg. Pour lui, la

« croissance raisonnable » peut se

montrer efficace, dans le secteur

de la construction bien sûr, mais

plus globalement dans la société.

Pour réussir le challenge, il faut

des indicateurs fiables sur l’impact

de chaque activité, sur un plan

quantitatif et qualitatif, et des outils

qui aident à la décision. « La tonne

équivalent CO 2

est un indicateurclé.

C’est l’enjeu, c’est la valeur

comptable aussi. Parce que, un jour

ou l’autre, il y aura taxation pour les

producteurs de carbone. Je suis de

ceux qui plaident pour l’incitation, la

valorisation des indicateurs positifs.

L’IFSB, qui s’appuie sur l’écosystème

CDEC, avec Neobuild, Cocert,

fait son bilan carbone depuis 10

ans. C’est un outil indispensable

désormais car il permet d’objectiver

les choses, quantitativement et

qualitativement. Avec le bilan

sous les yeux et entouré de la

bonne expertise, le manager

peut alors se poser les bonnes

questions et trouver les bons

éléments de réponses ».

Plus l’opportunité

que la contrainte

L’institut de Bettembourg a anticipé.

Là où d’aucuns temporisent encore,

attendant une forme de contrainte,

l’équipe de Bruno Renders a choisi

l’opportunité, l’investissement, la

résilience. « Tout est mesurable, tout

permet de définir des ratios utiles.

Sachant que l’activité humaine,

de toute manière, va avoir une

empreinte, il faut pouvoir activer

les bons leviers pour décarboner

au maximum et ramener sa propre

empreinte au minimum. ».

Dans un secteur que l’on sait gros

consommateur de ressources mais

qui dispose de bien des atouts à

faire valoir pour devenir exemplaire

de la transition sociétale (économie

circulaire, réutilisation et recyclage,

fonctions nobles des bâtiments qui

doivent devenir actifs et à impact

négatif...), l’IFSB œuvre sur plusieurs

tableaux. « Nous sommes à la fois

dans l’opérationnel et dans les

services. Il faut intégrer une vision

transversale des organisations, et

cette approche est transposable

24 INFOGREEN.LU


10 ans de résultats

L’IFSB accueillait entre 1 500 à 2 000 stagiaires, il y

a 10 ans. Environ 7 000 aujourd’hui. En 2020, son

bilan carbone était de 1 099 tonnes équivalent

CO 2

, soit 9 % de moins qu’en 2019. Pour respecter

la feuille de route nationale, toutes choses étant

égales par ailleurs, il faudrait descendre à environ

500 tonnes équivalent Co 2

en moins de 10 ans.

à toute une série d’activités et

de secteurs. Dans notre bilan

carbone, nous avons intégré tous

les paramètres mesurables. Par

exemple, nous accueillons quelque

7 000 stagiaires à l’année et l’activité

est en croissance. L’idée n’est donc

pas de faire moins, mais de faire

plus avec moins pour faire mieux !

On s’attache notamment à l’impact

des déplacements de nos stagiaires

(par exemple en incitant à la

multimodalité et à l’électromobilité),

ce qui est aussi valable pour

nos employés. On développe

l’enseignement à distance, des

modules virtuels… Idem pour les

intrants, idem pour chaque poste

qui influe sur le bilan carbone – et

ils ont tous une influence. Il importe

donc d’avoir une vision systémique,

d’avoir les bases concrètes et

objectives, qui permettent de

décider, d’adapter son organisation,

son fonctionnement et sa réflexion.

La transition est un cercle

vertueux, et cela nécessite de

mettre en place des solutions

– elles existent – à impacts

multiples, pour que l’équation

devienne à bénéfices multiples ».

ÉCOSYSTÉMISÉ PAR

MÉLANIE TRÉLAT ET ALAIN DUCAT

Avec le CDEC

Sur le volet énergétique, l’objectif est de passer

d’une part du bilan carbone de 16 % à 7 ou 8 %,

en optimisant tout ce qui peut l’être à travers des

mesures managériales, de suivi et de monitoring, en

réduisant les besoins, mais surtout en privilégiant les

énergies renouvelables au détriment des énergies

fossiles. « Pour le chauffage et la production d’eau

chaude sanitaire, nous allons basculer d’un mix

gaz (80 %) et pellets (20 %) avec un complément

solaire thermique vers la biomasse à pratiquement

100 %. Pour cela, nous allons installer une deuxième

chaudière à pellets – alimentée par des pellets

luxembourgeois – et nous conserverons la chaudière

gaz pour répondre à d’éventuels pics de besoins.

Nous nous exonérons ainsi du bilan carbone lié au

gaz et gagnons près de 70 % sur la partie chauffage

du bâtiment, soit bien plus que les 55 % visés pour

2030 », explique Bruno Renders. « Pour ce qui est

de l’électricité, nous sommes en train d’installer des

panneaux photovoltaïques sur toutes les toitures

et éventuellement les façades disponibles sur notre

bâtiment pour aller vers l’autoconsommation ».

Les efforts portent également sur la réduction des

déchets dans une optique éco circulaire : le béton

qui a servi lors des formations en maçonnerie

est concassé et réutilisé sur place par exemple.

Ou encore sur la gestion de l’eau : de l’eau de

pluie est utilisée pour fabriquer les plus de

40 m 3 de mortier nécessaires chaque année.

Les déplacements comptent pour 20 % du bilan

carbone – soit plus de 200 tonnes équivalent CO 2

–.

Entre autres incitants, la flotte de véhicules migre

vers l’électrique et l’hybride. Des bornes de recharge,

alimentées par de l’énergie verte, sont à disposition.

C’est COCERT, membre de l’écosystème CDEC, qui

est chargée d’établir le bilan carbone de l’IFSB.

Avec 5 personnes formées dans ses effectifs et

une longue expérience pratique, COCERT a une

parfaite compréhension du sujet et une maîtrise de

la méthodologie. « L’IFSB pour la partie formation

et COCERT pour la partie bilan carbone sont

au service des membres. Nous voulons faire

de 10 années d’expérience de bilan carbone

une opportunité pour le secteur et pour nos

entreprises membres », conclut Bruno Renders.

PARTENAIRE INFOGREEN

Photos : Fanny Krackenberger


DOSSIER TRANSITION

Processus de

transformation majeure

Visions économiques, croissance

démographique, responsabilité

individuelle et sociétale, objectifs

carbone… Les défis s’annoncent

chauds comme le climat.

« De toute évidence, nous

entrons dans un processus de

transformation majeure et le futur

immédiat fera obligatoirement

figure de multiples révolutions.

Dans la mesure où ces processus

sont enclenchés, il n’y a pas de recul

possible (…). Les entreprises et les

individus devront assumer leur part

de responsabilité ; mais la société

qui les porte devra jouer son rôle

et tenir son rang (…). Si l’humanité

comprend et accepte que pouvoir

et responsabilité vont de pair,

l’utopie est à sa portée. (…) Compte

tenu de l’existence de réponses

institutionnelles, théoriques et

scientifiques aux graves problèmes

à résoudre, compte tenu du coût (de

l’ordre de 6 000 à 10 000 milliards

de dollars sur 10 ans) somme toute

maîtrisable des investissements

nécessaires à la transition vers une

économie bas carbone, compte

tenu de la dépendance des géants

du numérique aux infrastructures

publiques, compte tenu de la

pression des plus jeunes et du

renouvellement des générations en

politique et dans les entreprises,

il est encore permis de rêver ».

On trouve ces quelques phrases

dans un récent ouvrage : « Le temps

des Crises », édité par la Section

des Sciences morales et politiques

de l’Institut grand-ducal, est un

essai co-écrit par Jean-Jacques

Rommes, juriste, ex-directeur de

l’ABBL (association des banques)

et ex-« patron des patrons »

luxembourgeois (administrateur

délégué de l’UEL), d’une part,

et Michel-Edouard Ruben,

économiste à la Fondation IDEA,

auteur parfois iconoclaste aussi.

Modèle

luxembourgeois

ou Luxembourg

modèle ?

Au fil des 187 pages, on trouve

nombre de constats, concepts,

scénarios et suggestions, aux

confins raisonnables des visions,

LA SUITE

26 INFOGREEN.LU


Fair is

the new

trade

Semaines Fairtrade

1 er mai - 15 mai 2022

Dès aujourd'hui, nous agissons

pour un futur équitable.

www.fairtrade.lu

4×3 – NUMÉRO 18 – TRIMESTRIEL – MAI 2022

27


DOSSIER TRANSITION

parfois très différentes mais pas

inconciliables, des deux auteurs.

Sous des dehors parfois badins,

on retrouve des aspects cinglants,

économiquement imparables,

politiquement incorrects et

inversement. « La place financière

a un rôle de premier plan à tenir

dans le financement mondial

des investissements nécessaires

pour accompagner la transition

énergétique et permettre

d’atteindre la neutralité carbone

d’ici 2050 », lit-on notamment. « Le

Grand-Duché pourrait servir de

modèle en s’engageant à prendre

en considération les compétences

réelles au sujet des défis

climatiques, au moment de nommer

ses représentants dans les conseils

d’administration des établissement

publics et des entreprises privées ».

Réalités locales

pour empreinte

carbone

La réalité du Luxembourg peut

s’avérer contraignante. « Le fait que

le pays connaisse une croissance

démographique aussi soutenue

n’est pas neutre sur le plan des

objectifs climatiques », souligne

l’économiste Vincent Hein, dans un

édito récent pour la Fondation IDEA.

Il y a, d’une part, les objectifs : celui

qui visait pour 2020 une baisse des

émissions de gaz à effet de serre

de 20 % par rapport au niveau de

2005 a été atteint au Luxembourg,

avec le coup de pouce de Covid-19

qui a réduit considérablement

les activités humaines.

D’autre part, la croissance

démographique quasi galopante

a des influences mathématiques.

« Quand les émissions totales

n’ont baissé que de 0,7 % par

an en moyenne de 2005 à 2019,

les émissions par tête ont reculé

de 2,7 % l’an, passant de près

de 22 tonnes équivalent CO 2

(teCO 2

) par habitant à 15 (…). La

perspective d’une forte dynamique

démographique, qui pourrait

déboucher sur un Luxembourg à

760 000 habitants en 2030, revient

à comprimer les émissions par tête

de l’ordre de 8 % par an entre 2021

et 2030, pour les amener autour de

6 teCO 2

par tête. Cela représente

un triplement du rythme de

baisse observé depuis 2005 ».

Il faudra tenir compte des

« estimations à venir de l’empreinte

carbone, réellement liée aux

‘modes de vie’ et de ‘production’

des entités résidentes. Le défi

s’annonce (vraiment) considérable »,

conclut l’économiste.

ECONOMISÉ PAR ALAIN DUCAT

avec Fondation IDEA

PARTENAIRE INFOGREEN

Photos-illustrations : Fondation

IDEA / Institut Grand-Ducal

28 INFOGREEN.LU


Des idées à l’épreuve de la réalité

Autour de la transition, il y a beaucoup de questions,

entre analyses et faisabilité. Relocalisation, décroissance,

autonomie, consommation… Petit tour d’horizon.

DOSSIER TRANSITION

Totnes :

Transition Town

S’il est un modèle de mouvement

citoyen, c’est probablement la

Transition. Son acte de naissance

remonte à plus de 15 ans,

et certains en sont encore à

le découvrir… Rob Hopkins,

universitaire britannique au départ

spécialiste de la permaculture, s’est

trouvé à la base d’un groupement

citoyen dans sa petite ville de

Totnes, dans le Devon, avec juste

l’idée de fédérer les compétences et

les idées, pour avancer, localement,

et créer une communauté

économique, écologique, résiliente,

la plus autonome et ouverte

possible. Depuis 2005, Transition

Town Totnes a grandi et est

devenue un symbole. Rob Hopkins

est, lui, devenu un porte-parole du

« Transition Network », représenté

dans plus de 50 pays, au travers

de communautés locales ou

régionales actives et innovantes.

Totnes © Licence CC

Rob Hopkins à l’Aërdscheff en 2020

© CELL Transition Town

Luxembourg

modèle ?

Rob Hopkins suit les avancées

luxembourgeoises, via les activités

de CELL essentiellement, mais

aussi au travers des décisions

et orientations politiques. « On

constate des accents pionniers,

comme l’interdiction du glyphosate,

les transports gratuits… Et surtout

des initiatives citoyennes, qui

mettent une véritable transition

en avant et défrichent de

nouvelles perspectives locales :

coopératives, marchés de terroir,

culture biodynamique, maraîchage

et permaculture, pépinières

d’entreprises locales, économie

solidaire.. Ces initiatives trouvent du

soutien et aussi des financements

publics pour les accompagner. Le

Luxembourg est un pays riche,

sensible aux richesses locales

et prêt à soutenir les approches

économiquement viables et

porteuses d’emplois. Il pourrait

avoir un leadership européen et

être un exemple pour la transition ».

LA SUITE

4×3 – NUMÉRO 18 – TRIMESTRIEL – MAI 2022

29


DOSSIER TRANSITION

Décroissance

soutenable

« La décroissance est une utopie,

faute de scénario de transition »,

expliquent Marc Prieto et Assen

Slim, dans leur livre « Consommer

moins pour vivre mieux » (2010).

De plus en plus de personnes se

révèlent sensibles aux pratiques

de la « simplicité volontaire »

qui milite pour la fin de la

consommation de masse et du

gaspillage qui y est associé. Les

auteurs ne se revendiquent pas

du mouvement des « objecteurs

de croissance ». Ils approchent

ce concept de décroissance avec

une analyse mesurée. Et touchent

plutôt le concept de « croissance

raisonnable » ou de « décroissance

conviviale et soutenable ».

Pablo Servigne © Barricade

Voix francophone

Pablo Servigne, Versaillais qui a

étudié l’agronomie puis travaillé

dans l’économie sociale en

Belgique, est devenu une des voix

francophones dans le concert de

la transition. Il s’intéresse tout

particulièrement aux questions

d’agroécologie, de « collapsologie »

- effondrement sociétal - et de

résilience collective. Suivant la vision

de la transition par des actions

locales, inspirée de Hopkins et du

mouvement britannique, il présente

en octobre 2013, au Parlement

européen, son étude « Nourrir

l’Europe en temps de crise ». En

2015, il publie avec Raphaël Stevens

« Comment tout peut s’effondrer.

Petit manuel de collapsologie à

l’usage des générations présentes »,

puis en 2018 « Une autre fin du

monde est possible », dans lequel

il invite à l’entraide et à l’autonomie

alimentaire, via la permaculture.

Donut Economy

Le Donut ou Doughnut Model, est

un « cadre graphique » pour une

économie durable, un diagramme

développé par l’économiste

d’Oxford Kate Raworth dans

un document de l’ONG Oxfam

puis dans son livre « Doughnut

Economics: Seven Ways to Think

Like a 21st-Century Economist ».

Ce cercle vertueux avec un trou

un milieu matérialise les limites

planétaires et les frontières

sociales, pour élaborer un modèle

dans lequel la performance

d’une économie se mesure à

la satisfaction des besoins des

citoyens sans dépasser le plafond

écologique de la Terre. Une

économie est considérée comme

prospère lorsque les 12 fondements

sociaux sont réunis sans dépasser

aucun des 9 plafonds écologiques.

30 INFOGREEN.LU


Philippe Ledent © Challenge

Permaculture

d’entreprise

Philippe Ledent, Ardennais de

Belgique, est un dirigeant et

administrateur d’entreprises

qui conseille les entreprises

souhaitant (re)penser leur modèle

économique. Notamment fondateur

en 2002 de Challenge, coopérative

qui accompagne de jeunes starters

en Wallonie, il a été Président

du Comité de la Grande Région.

Auteur de plusieurs ouvrages –

dont « L’Entrepreneur idéal. Eloge

de la permaculture d’entreprise »

(2019) – Philippe Ledent parle

notamment de résilience post-crise

due et de transition économique. Il

voit émerger la « déconsommation

volontaire, motivée par la prise en

compte des enjeux sociétaux et

environnementaux », à l’inverse

de « la déconsommation subie, qui

résulte davantage de la conjoncture

économique ». Il observe les circuits

courts et la production locale,

comme un nouveau mode de

relation production-consommation.

DOSSIER TRANSITION

COMPILÉ PAR ALAIN DUCAT

Ensemble pour une

alimentation durable

Le projet FUSILLI vise à créer un

système alimentaire durable qui

préserve la sécurité alimentaire,

améliore la santé et la qualité de

vie, et protège l’environnement.

L’aide des citoyens et d’autres

acteurs est vivement souhaitée.

Notre système alimentaire

présente un niveau élevé de

sécurité alimentaire et offre aux

consommateurs une grande

variété de produits. Cependant, il

s’avère peu durable d’un point de

vue écologique, économique et

social. Si les conditions générales

n’évoluent pas, cela représente

un danger pour les ressources

naturelles, notre santé, le climat

et l’économie. Une transformation

vers un système alimentaire

durable est donc nécessaire.

À propos

de F USILLI

Differdange a connu une forte

transformation, transitant d’un

passé industriel à une ville

verte avec un centre créatif, des

établissements d’enseignement

supérieur et un centre sportif

national. Dans le cadre de cette

transformation, la commune a

LA SUITE

4×3 – NUMÉRO 18 – TRIMESTRIEL – MAI 2022

31


DOSSIER TRANSITION

décidé de participer au projet

FUSILLI. De plus, le Luxembourg

importe 96 % de ses fruits et

légumes. Il est donc important

de devenir plus indépendant

et d’être autosuffisant.

FUSILLI est un projet innovant

sur le thème de l’alimentation et

des ressources naturelles. Il est

financé par le programme-cadre de

recherche et d’innovation Horizon

2020 de l’UE pour une période

de quatre ans (2021-2024). Outre

Differdange, onze autres villes

participent à ce projet. FUSILLI

vise à aider les villes à passer à

un système alimentaire durable,

local et sain, conformément

aux priorités de Food 2030.

Les objectifs

Les principales priorités de

FUSILLI consistent à surmonter

les obstacles à la transformation

du système alimentaire et à la

mise en œuvre de politiques/

pratiques alimentaires durables.

Pour y parvenir, le projet réunit

les 12 villes dans un réseau

d’échange et d’apprentissage.

Voici les objectifs concrets

pour Differdange :

• Une bonne politique

d’information de la population

sur les thèmes alimentation

saine et production locale ;

• Un « conseil de l’alimentation »

local et un plan alimentaire ;

• Un projet agroécologique

durable produisant des

fruits et légumes (avec

des ateliers citoyens) ;

• Un accès équitable à des

aliments sains et une réduction

du gaspillage alimentaire.

Ces objectifs seront réalisés au

niveau local en collaboration

avec les citoyens et les parties

prenantes du système alimentaire.

De nouvelles coopérations/

propositions d’action seront testées

sous forme de projets pilotes. En

d’autres termes, la ville entière sera

transformée en laboratoire réel y

compris une partie du terrain de

Saulnes, en France, qui appartient

également à la commune.

Ernärungsrot :

de quoi s’agit-il ?

Selon la D r Rachel Reckinger

de l’Université du Luxembourg

(partenaire local du projet),

les Ernärungsréit sont les principaux

instruments qui s’engagent

en faveur de la souveraineté

alimentaire, c’est-à-dire l’idéal

d’un système alimentaire juste,

respectueux de l’environnement,

résilient et autodéterminé, construit

conjointement dans le cadre

d’un processus démocratique

avec la participation égale de

tous les acteurs (notamment les

producteurs et les citoyens).

Votre opinion

est demandée

Le slogan central de FUSILLI est :

Do it together ! Vous aussi, vous

pouvez participer dès maintenant

à une vision commune de

Differdange. Dans le numéro de

janvier de DIFFMAG, une carte

postale vous permettait de vous

informer sur le projet et d’indiquer

les thèmes qui vous semblaient

importants. Last but not least, il

est vivement souhaité que vous

fassiez également part à l’équipe

de vos idées/suggestions via la

carte de Diffmag ou en ligne.

Vous pouvez remettre cette carte

à l’Aalt Stadhaus (réception).

En guise de remerciement, une

petite surprise vous attend. Les

résultats de l’action serviront

d’input pour l’Ernärungsrot et pour

des ateliers avec des citoyens.

VILLE DE DIFFERDANGE

Article publié dans le Diffmag de janvier

PARTENAIRE INFOGREEN

› Pour en savoir plus :

differdange.lu/fusilli | fusilli-project.eu

32 INFOGREEN.LU


Le Circular Innovation Hub

est un centre de compétences

et de formations en économie circulaire.

Quoi ?

Cet endroit est dédié à la communication proactive au

sujet de l‘économie circulaire à Wiltz et propose différents

ateliers de sensibilisation ou de formation à l’économie

circulaire.

Les locaux du HUB accueillent également des expositions

en lien avec l’économie circulaire.

Le HUB propose des formations en économie

circulaire: introduction à l’économie circulaire, partage

d’expériences, visites de projets ou modules avancés

sur l’économie circulaire.

Les thématiques sont variées et s’adressent tant aux

personnes souhaitant découvrir l’économie circulaire

et ses principes qu’à celles déjà engagées dans la

démarche, quel que soit leur niveau d’avancement.

Les formations sont gratuites.

Ces formations sont reconnues par l’INAP.

(pour les salariés communaux)

Qui ?

Le public cible du HUB sont les Communes (salariés

ou élus), les Ecoles (élèves du fondamental

et secondaire, enseignant) ainsi que les citoyens.

Les formations sont données français,

allemand et/ou luxembourgeois.

Des formations sur mesures peuvent être programmées

sur demande pour des modules spécifiques

ou d’autres publics cibles.

Contact:

Pour vous inscrire à une formation, prenez contact avec:

Ariane BOUVY

Administration communale de Wiltz

Gestionnaire du Circular Innovation Hub

(+352) 95 99 39 56

ariane.bouvy@wiltz.lu


DOSSIER TRANSITION

Wiltz et la

transition circulaire

Hotspot national de l’économie

circulaire, la commune de Wiltz

veut prendre ses responsabilités

pour les générations

futures. Tour d’horizon avec

l’échevin Pierre Koppes.

Hotspot communal de référence

dans le pays, Wiltz est aussi

devenue la première commune

du Pacte Climat à être certifiée

pour son engagement en faveur

de l’économie circulaire.

Avec une vingtaine de projets

en cours, la « Capitale des

Ardennes » s’est engagée à

promouvoir un modèle qui vise à

accroître l’efficacité de l’utilisation

des ressources et à réduire

l’impact environnemental.

Une grille

de lecture et

d’analyse

« Il y a toute une panoplie de projets

qui concernent la commune, la

région, et surtout ses habitants »,

explique l’échevin Pierre Koppes.

« Beaucoup de projets viennent

d’une initiative citoyenne, dans une

démarche bottom-up, et se mettent

en place avec enthousiasme par

des associations et avec le soutien

communal » (armoire à objets

réutilisables, repair-café, magasin de

seconde main Re-Naissance, festival

Do It Yourself, ateliers d’inclusion

pour la récupératon et le recyclage

de mobilier, etc). Quels que soient

l’envergure et l’investissement,

l’économie circulaire est devenue

une ligne de conduite. « Nous avons

établi une grille, basée sur 6 grands

piliers et champs d’application

de l’économie circulaire, à travers

laquelle nous réalisons un screening

et un suivi pour tous les grands

projets de la commune de Wiltz ».

Le champ « Santé & Bien-être »

se focalise sur la qualité de l’air,

la qualité acoustique, la qualité

visuelle, la qualité du sol et la

biodiversité consolidée, un

environnement socialement

équitable, l’intégration et la

participation des citoyens.

« Laboratoire & Centre de

formation » (testing-training),

véritable laboratoire pour

l’économie circulaire, s’applique

à l’activation de la transition vers

l’économie circulaire, pour les

autres communes, en direction

du secteur privé et en direction

du grand public, mais aussi

à une optimisation continue

des projets et processus.

34 INFOGREEN.LU


Beaucoup de projets

viennent d’une initiative

citoyenne, dans une

démarche bottom-up,

et se mettent en place

avec enthousiasme par

des associations et avec

le soutien communal.

Le pilier « Énergie & Eau » veille aux

sources renouvelables, à l’utilisation

efficiente, à l’approvisionnement

et à l’utilisation responsables,

à la gestion écologique de

l’eau de pluie notamment.

« Urbanisme & Aménagement »

s’attache à un aménagement

polyvalent et transformable, à la

mutualisation des infrastructures

et équipements, à une gestion

responsable du sol, à la symbiose

entre la construction et la

biodiversité, à la récupération et

à la réutilisation des composants

et matériaux de (dé)construction,

à une gestion intelligente des

infrastructures et à la résilience par

rapport aux effets du changement

climatique. La rénovation de la

« Villa Thilges » pour l’Hôtel de

Ville en a été un exemple.

« Économie & Ressources »

promeut « la transition du modèle

de propriété vers le modèle de

l’usage et du service », les modes

de vie coopératifs, le bon usage des

ressources (approvisionnement,

gestion des flux, valorisation en

fin de cycle…), la prise en compte

des coûts opérationnels et de

maintenance lors de la conception.

Enfin, le champ « Services

& Logistique » s’applique à

l’accessibilité et à la proximité des

biens et services, au transport

respectueux, à la mobilité

multimodale, aux réseaux

qualitatifs, efficients et sécurisés

pour favoriser la mobilité douce.

en économie circulaire, a poursuivi

la démarche en embauchant

des conseillers en la matière.

« Cela nous permet de traduire

la réflexion en actes concrets, de

suivre les idées, de promouvoir

cette transition indispensable,

en mode circulaire ». Exemple

parmi beaucoup d’autres, le projet

d’extension de la zone d’activités

Salzbaach qui intégrera les

principes d’économie circulaire dans

son développement et accueillera

de nouvelles entreprises.

De même, les infrastructures

publiques de services, comme le

campus éducatif Géitzt , seront

les premières à installer la vie et

la vision circulaires sur le futur

quartier « Wunne mat der Wooltz »,

« on espère dès l’automne 2023

pour les premières ». Et, en parallèle

un lotissement communal pour plus

de 100 maisons unifamiliales se

prépare « Op Heidert » également

dans l’optique de l’économie

circulaire et dont les détails seront

dévoilés dans les prochains mois.

« Environnement, économie et

humain sont nos trois axes majeurs

de promotion et de développement

d’une vision circulaire intelligente.

C’est un mouvement qui est en

marche, une transition sociétale

concrète », conclut l’échevin Koppes.

CIRCULARISÉ PAR ALAIN DUCAT

Avec la commune de Wiltz

PARTENAIRE INFOGREEN

DOSSIER TRANSITION

L’exemple public

« Les institutions publiques ont

un rôle d’exemple et d’incitation »,

précise Pierre Koppes. « On

ne peut pas tout faire, mais on

peut marquer un engagement

par des investissements pour

les générations futures. Aussi

en pensant, au moment de

fixer les objectifs de chaque

projet, aux bienfaits à court

terme pour les habitants de la

commune et de la région ».

La commune, qui dans un premier

temps avait bénéficié d’une

personne mise à disposition par

Luxinnovation et le ministère de

l’Économie pour son programme

4×3 – NUMÉRO 18 – TRIMESTRIEL – MAI 2022

35


DOSSIER TRANSITION

Citoyens en transition,

personnes en parcours

Le CIGL Esch nourrit ses

missions par des actes de

terrain. L’association poursuit

deux grands objectifs :

accompagner la réinsertion

de personnes sans emploi et

développer des services qui

répondent à des besoins.

Né en 1997 sous la forme d’une

ASBL, le Centre d’Initiative et de

Gestion Local (CIGL) d’Esch-sur-

Alzette illustre la faisabilité d’une

transition à la fois économique,

sociale et solidaire au service

du développement local, de la

citoyenneté et de la durabilité.

Carlos Breda, coordinateur général

du CIGL Esch, rappelle les actes

fondateurs: « L’association poursuit

deux grands objectifs. Le premier

est d’aider des personnes sans

emploi à retrouver un travail et

à se réinsérer dans la vie sociale.

Le second est de développer

des services qui répondent à

des besoins non satisfaits de la

population. Le CIGL Esch défend

un système économique soucieux

de plus de solidarité et d’équité.

Dans le cadre de projets d’intérêt

commun, nous œuvrons à un

développement local durable dans

divers domaines de l’économie ».

Au travers d’une série de projets

porteurs de développement

individuel ou/et sociétal, on

retrouve l’action du CIGL sur

le terrain, dans des services à

la personne et à la collectivité,

d’accueil pour enfants, de

formations, d’éducation à

l’environnement ou de mise

en valeur du patrimoine.

Acteur de son

projet de vie

« Passer d’un état à un autre

état », c’est une des définitions

de base de la « transition ». Une

personne en réinsertion est dans

cette situation, de « quête de

mieux », de quête de sens aussi.

Le service « Accompagnement

vers l’emploi » du CIGL Esch

le vit. « La mission consiste à

accompagner une dynamique

dont le seul acteur est la personne

en parcours, les encadrants

ne sont que des catalyseurs »,

résume le coordinateur général.

Dès son arrivée, dès le premier

entretien, le demandeur

d’emploi est impliqué dans le

développement de sa situation

personnelle et professionnelle,

dans la construction de projets

lui permettant d’intégrer plus

facilement le premier marché

du travail. « On est dans une

logique d’engagement mutuel,

pour un parcours d’insertion

individuel, la construction d’un

36 INFOGREEN.LU


DOSSIER TRANSITION

projet de vie, avec des actions

de formation adaptées ».

Et puis, par le biais de projets

répondant à des besoins locaux

et sociaux, le CIGL Esch met le

demandeur d’emploi au centre

de ses actions, le rendant

acteur de son projet de vie.

Le CIGL Esch ne manque pas de

projets porteurs. Le plus « visible »

est sans doute Vël’OK, devenu

régional (autour d’Esch, dans les

communes du Sud). La mise à

disposition des vélos en libreservice

contribue à la mobilité

douce et à la qualité de vie… Les

entretiens et réparations se font

sur place ou dans un atelier où les

personnes en insertion trouvent

à montrer leur façon de faire et

d’être ; tout reste géré localement.

D’utiles jardins

Et puis, dans le domaine « Nature,

Création et Citoyenneté », il y a

aussi Den Escher Geméisguart. Le

projet pilote, centré au départ sur la

production de légumes biologiques

à destination des maisons relais

de la Ville d’Esch-sur-Alzette,

vise un développement local, qui

concilie le social, l’environnement

et l’économie, à travers une

démarche d’économie solidaire.

La notion de « ville comestible »

ou « mangeable » s’affine et ne

manque pas de perspectives.

« In fine, l’objectif est de pouvoir

fournir des aliments sains et de

qualité au plus grand nombre

de citoyens. Dans un premier

temps, les produits de la serre

étaient destinés aux maisons

relais de la Ville. Selon les surfaces

de production disponibles, on

peut cibler d’autres cuisines

de collectivités, voire une

commercialisation directe ».

L’optique est claire : privilégier des

denrées produites localement

et de saison pour augmenter la

résilience territoriale et diminuer

l’impact écologique (transports,

déchets...). Au fil des collaborations

avec d’autres acteurs locaux, et

d’animations pédagogiques et de

sensibilisation sur place, on peut

développer une production et

une consommation locales. Et,

en suivant le même fil, le modèle

peut « sortir » du local pour passer

au régional, puis essaimer dans

d’autres régions et s’y reproduire…

L’angle économique est

alors aussi atteint: « le

développement du projet permet

la création d’emplois ; le travail

d’exploitation, de valorisation

ou de commercialisation des

produits agricoles permet

LA SUITE

4×3 – NUMÉRO 18 – TRIMESTRIEL – MAI 2022

37


DOSSIER TRANSITION

de former les salariés à de

nouveaux métiers porteurs

d’avenir et d’espoir sociétal ».

Pédagogie active

Carlos Breda poursuit, avec un

regard sur quelques chiffres,

marquant l’évolution récente.

« Le volet animation, formation

et pédagogie, dès le plus

jeune âge, est important ».

Important, utile et efficace,

s’agissant de travailler pour, et avec,

les générations futures ! Ainsi, il y a

une demande croissante, surtout

pour des animations régulières,

une fois par semaine par exemple.

Le CIGL Esch défend un

système économique

soucieux de plus de

solidarité et d’équité. Dans

le cadre de projets d’intérêt

commun, nous œuvrons

à un développement

local durable dans divers

domaines de l’économie.

« On a pu intéresser près de 1 800

enfants en 2021 ! Ces animations

apportent une réelle plus-value,

pour les enfants comme pour

les équipes. Elles contribuent

aussi au développement des

autres activités, comme la vente

de fruits et légumes ou les

aménagements en construction.

Tout cela donne un sens au travail

et responsabilise l’équipe ».

CULTIVÉ PAR ALAIN DUCAT,

Avec le CIGL- ESCH/ALZETTE

PARTENAIRE INFOGREEN

Photos : © CIGL-ESCH

38 INFOGREEN.LU


DOSSIER TRANSITION

VOS BESOINS, NOS PROJETS

4×3 – NUMÉRO 18 – TRIMESTRIEL – MAI 2022

39


DOSSIER TRANSITION

Une intégration

efficace… et réfléchie !

Intégrer des personnes en situation de handicap dans un

« environnement professionnel dit ordinaire » est loin d’être

évident. Mais la société est en train d’évoluer. Rencontre avec

Jérôme Colson et Christophe Lesuisse du Groupe Tricentenaire.

Pourquoi ne pas employer les

compétences des personnes en

situation de handicap, qu’il soit

mental, psychique ou moteur ?

Du côté du Tricentenaire, on ne

se pose même pas la question. La

formation et l’intégration sont les

chevaux de bataille du groupe.

Christophe Lesuisse, Administrateur

Délégué, se félicite de

l’augmentation des initiatives

inclusives. « À côté d’un camping,

un hôtel inclusif sera construit à

Wiltz (coopération Wiltz asbl), dans

le sud, l’asbl Trisomie 21 va ouvrir

un restaurant. La Ligue HMC ou

Autisme Luxembourg ont également

de belles initiatives. Sans oublier

l’APEMH avec le Parc Merveilleux

à Bettembourg ou encore la

Yolande Coop avec le Jardin

des papillons à Grevenmacher.

Beaucoup de chouettes projets se

développent bien au Luxembourg.

Nos ateliers d’inclusion à Bissen

fonctionnent également à merveille.

Maintenant, par rapport au milieu

dit ordinaire, il faut être réaliste.

L’inclusion d’un salarié en situation

de handicap se déroule bien s’il

y a un accompagnement des

responsables qui l’accueillent.

Sinon, ça ne fonctionne pas. »

Jérôme Colson, Directeur des

Ateliers du Tricentenaire, confirme

ce besoin d’accompagnement.

« Nous formons actuellement 12

stagiaires dans notre centre. Ils y

restent de 3 mois à 3 ans, selon

leurs besoins d’apprentissage. Nous

accueillons beaucoup de personnes

ayant subi un accident qui a

entraîné un traumatisme crânien.

Elles souffrent notamment de

problèmes de mémoire immédiate,

ce qui entraîne l’obligation de

répéter régulièrement les mêmes

consignes. L’accompagnement

du salarié en intégration permet

d’expliquer, dans ce cas, qu’il

ne s’agit pas de 'mauvaise

volonté' de la personne à retenir

les processus de travail. »

Les responsables sont tout de

même optimistes quant à l’évolution

des mentalités en matière

d’intégration des personnes

en situation de handicap. Au

Luxembourg, mais également à

l’étranger. « En Suisse, nous avons

visité un atelier d’inclusion qui

possédait sa propre structure

au cœur d’un supermarché »,

poursuit Jérôme Colson. « Une

intégration parfaitement réussie

et il a même été observé qu’il y

avait moins d’absentéisme au

sein des collaborateurs, une plus

grande solidarité dans le staff et

une meilleure ambiance de travail.

Ces intégrations sont excellentes

pour nos stagiaires car elles

leur permettent d’acquérir une

plus grande confiance. Certains

arrivent même à former d’autres

stagiaires, ce qui leur procure

une fierté et une joie intense. »

Et Christophe Lesuisse d’ajouter :

« Autant les travailleurs que leurs

proches sont vraiment fiers, et du

travail, et de l’évolution personnelle.

Cette transmission et ce sentiment

d’apporter une vraie valeur ajoutée

à la société n’ont pas de prix. »

Projets à valeur

ajoutée

Autre projet sur les rails, la

transformation d’un ancien

café à Prettingen en espace

intergénérationnel et convivial.

Il accueillera notamment une

micro-brasserie, un restaurant et

un espace destiné à la vente et

réparation de vélos. Une initiative

ambitieuse qui proposera un travail

valorisant à une bonne quarantaine

de salariés en situation de handicap

40 INFOGREEN.LU


Autant les travailleurs que leurs

proches sont vraiment fiers,

et du travail, et de l’évolution

personnelle. Cette transmission

et ce sentiment d’apporter

une vraie valeur ajoutée à la

société n’ont pas de prix.

et une dizaine de moniteurs

d’atelier. Le projet a le plein soutien

de la commune de Lintgen.

DOSSIER TRANSITION

Et les idées ne manquent pas

au Tricentenaire. « Grâce à un

vrai dialogue permanent avec le

ministère du Travail, de l’Économie

sociale et solidaire, ainsi qu’avec

le ministère de la Famille et de

l’Intégration, nous pouvons

proposer des ateliers d’inclusion

à haute valeur ajoutée. »

C’est notamment le cas pour la

collaboration future avec les HPPA

Mersch (Homes Pour Personnes

Âgées) où un projet intéressant

de « buanderie inclusive » est sur

la table. « HPPA construit pour

ses besoins, toujours grandissant,

une toute nouvelle buanderie

sur son site de Mersch », précise

Jérôme Colson. « Dans un avenir

proche, nous aurons l’opportunité

d’y intégrer un groupe de

collaborateurs en situation de

handicap. Cette équipe travaillera

auprès de salariés de HPPA Mersch

et sera supervisée par nos soins. Au

programme, laver le linge, le ranger,

le plier, l’étiqueter et le repasser. »

Autre beau projet, celui développé

avec l’Institut Viti-Vinicole de

Remich. « Nous avons réalisé trois

jours de vendanges en octobre

2021. Six travailleurs en situation

de handicap y ont participé. Nous

avons à nouveau observé un travail

concret avec des résultats rapides

pour les travailleurs. Même si les

tâches n’étaient pas si faciles à

comprendre, chacun y a mis de

la bonne volonté et ces journées

se sont déroulées à merveille. Si

à terme nous pouvions exploiter

un vignoble cela agrandirait

l’offre d’emploi de nos services

et cette fois au grand air. »

Avec un bon encadrement

et de bonnes mesures d’accompagnement,

ces inclusions

sont toujours une réussite !

INSÉRÉ PAR SÉBASTIEN YERNAUX

PARTENAIRE INFOGREEN

Photos : Tricentaire

4×3 – NUMÉRO 18 – TRIMESTRIEL – MAI 2022

41


DOSSIER TRANSITION

« Changeons nos habitudes

au lieu de notre vocabulaire »

BENU Village est un concept

simple qui ne laisse pas de place

aux belles paroles. Son but : vivre

en totale autonomie et surtout,

en ne produisant pas de déchets.

Georges Kieffer a la tête bien sur

les épaules. Pour lui, lorsqu’un

projet est lancé, l’important est

d’aller dans la bonne direction sans

se laisser distraire par de belles

paroles ou des promesses en

l’air. Selon lui, la transition, qu’elle

soit économique ou écologique,

doit suivre cette même voie.

« Actuellement, j’ai l’impression

que le vocabulaire utilisé par le

grand public et par l’industrie est

nettement plus rapide que les

changements de comportements »,

souligne le responsable de BENU

(prononcez « bi niou ! » - en

anglais « Be New ! »). « Aujourd’hui,

tout le monde estime recycler,

mais il y a encore du boulot. »

Sommes-nous en transition ?

« Je suis certain qu’il y a plus de

personnes qui commencent à

réfléchir, si on compare à il y a 20

ans. Par contre, la vitesse pour

améliorer cette transition est

inexistante. L’homme développe

de nombreux programmes pour

améliorer son existence et se

donner bonne conscience, pour

finalement ne rien changer.

C’est d’ailleurs une des missions

de BENU. Donner des idées

concrètes pour que cette

transition se concrétise. »

Une histoire

de pantalon

L’idée du village BENU est venue

d’un accident vestimentaire

classique. « J’étais en promenade

et mon pantalon s’est déchiré. Le

réflexe malheureux de beaucoup

de personnes est de jeter et d’en

acheter un nouveau. Réflexe

humain mais incompréhensible

car on peut toujours le réparer. Je

n’arrive pas à comprendre pourquoi

31 % des vêtements présents dans

les conteneurs sont brûlés. »

Et donc, cette histoire de pantalon ?

« Elle m’a fait réfléchir à mon mode

de fonctionnement pour l’améliorer

au quotidien. Beaucoup d’efforts

sont effectués mais si on gratte un

peu derrière, on s’aperçoit qu’il y LA SUITE

42 INFOGREEN.LU


DOSSIER TRANSITION

Pop-up pour une mode éthique et durable à

Luxembourg-Ville

Collections de mode upcyclée

Sélection Second-Hand & Vintage

Ateliers textiles (couture, upcycling, réparations, ...)

pour adultes et lycéens

Fashion Meet & Greet

Place Royal Hamilius

www.rethink.lu/letzrefashion

letzrefashion

letzrefashion@gmail.com

4×3 – NUMÉRO 18 – TRIMESTRIEL – MAI 2022

43


DOSSIER TRANSITION

Si on jette tellement alors

que la qualité est encore plus

que correcte, il y a moyen

d’agir différemment.

a encore des lacunes à corriger. Je

pense au bio par exemple. Le label

est important mais il ne suffit pas

toujours. Surtout quand on sait

que certains secteurs emploient

encore de jeunes enfants. Une

paire de jeans marquée 'bio-coton'

peut parcourir jusqu’à 20 000

kilomètres. Est-ce normal ? »

Et le commerce équitable,

Fairtrade ? « C’est également

paradoxal. Les producteurs de cafés

qui participent à ce label ont vu

leurs revenus augmenter de 15 %.

Sur papier, c’est bien. Mais quand

on voit qu’à la base, ils touchent

une misère, est-ce vraiment un

pas en avant ? Tous ces efforts

sont beaux mais il est important

de faire mieux en analysant ce

qu’ils garantissent vraiment. »

Georges Kieffer devait donc trouver

une solution qu’il était capable

d’appliquer. « Partant de tous mes

constats, l’idée est venue de dire

que si on jette tellement alors

que la qualité est encore plus

que correcte, il y a moyen d’agir

différemment. C’est pourquoi j’ai

engagé des professionnels locaux.

Après réflexion, on a trouvé les

moyens d’éviter d’exporter notre

misère à l’étranger et on a donné

du travail qualifié dans la région. »

Le concept du premier éco-village

est devenu une référence globale.

« Nous construisons uniquement

avec des déchets, des plantes, de

la terre, de la laine de mouton.

Nous apportons la preuve que

c’est possible de recycler un

maximum. C’est pourquoi les

universités de Luxembourg et

de Trèves viennent nous voir. Le

circulaire est réalisable mais il faut

changer ses habitudes au lieu

de changer son vocabulaire ! »

UPCYCLÉ PAR SÉBASTIEN YERNAUX

Avec BENU

PARTENAIRE INFOGREEN

Photos : ©BENU

NEO-HUMANISM: A NEW

NARRATIVE FOR SOCIAL

AND ENVIRONMENTAL

SUSTAINABILITY

Environmental, social and economic challenges have proven an

elusive task for modern societies. Part of the reason is that each

challenge has been considered separately from the others.

For instance, attempts to overcome the economy’s tendency to stagnate

increased greenhouse gas emissions, pollution, and deforestation to the

extent that climate change is nearly irreversible. Similarly, the belief that wellfunctioning

markets are the key to better lives has likely contributed to the

erosion of social capital, intended as the fabric that keeps a society together

and enables it to pursue shared goals. Reports indicate that loneliness,

mistrust in others and in institutions are on the rise in many countries.

Neo-humanism proposes a holistic approach to overcome these challenges, a

new culture to inform a cohesive reform of modern societies. Neo-humanism

is a movement to put humankind and the environment back at the center

of societies’ attention. It re-discovers the foundations of what makes a life

worth living, and proposes to organize modern societies accordingly. By

organizing the knowledge from quality-of-life studies, neo-humanism argues

that it is possible to establish a virtuous circle in which the explicit pursuit

of well-being through policies, such as those for social capital, contributes

to a socially and environmentally compatible economic growth.

Francesco Sarracino

Statec Research

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44 INFOGREEN.LU


Pas de transition sans placer

l’être humain au centre

DOSSIER TRANSITION

Après la pandémie, notre

monde est en transition vers

un environnement durable.

Au niveau sociétal, notre

objectif est de viser plus

de durabilité de l’espèce

humaine et de développer la

responsabilité sociale dans nos

environnements de travail.

Pour les chefs d’entreprise et les

ressources humaines, le retour

au bureau ne se fait pas sans se

poser un nombre de questions :

• Est-ce que vos collaborateurs

sont en perte d’énergie ?

• Est-ce que la collégialité

de vos salariés est en

perte de vitesse ?

• Vos collaborateurs

voient-ils encore du sens

dans leur travail ?

• Y-a-t-il un manque de

proximité du management ?

• Quels sont vos plans pour

motiver vos équipes ?

Après la Covid-19, on s’est rendu

compte que le monde du travail

a changé. Dans ce contexte VUCA

(Volatil, Uncertain, Complex,

Ambigu), l’être humain a pris

conscience de l’impact du travail

dans sa vie en général. Certes,

le travail n’est pas pour tous le

centre de ses préoccupations mais

des questionnements quant à

ses valeurs et à ses priorités sont

inévitables à l’heure actuelle.

• Êtes-vous prêt à placer

l’être humain au centre

de vos activités ?

• Êtes-vous prêt à remettre

vos priorités en question

pour maintenir votre

capital humain ?

• Êtes-vous prêt à assurer la

santé physique et mentale

ainsi que le bien-être de

vos collaborateurs ?

Nous constatons cette année,

dans le rapport de la Chambre

des salariés pour le « Quality of

Work index », une nouvelle baisse

de la satisfaction au travail après

2020. La situation est toutefois

plus claire en ce qui concerne la

motivation au travail (vigueur) et le

bien-être général, qui atteignent

leur niveau le plus bas. Le bienêtre

général subjectif a ainsi

diminué de 14 % depuis 2016.

Cette crise Covid-19 a mis en danger

notre santé et notre bien-être,

LA SUITE

4×3 – NUMÉRO 18 – TRIMESTRIEL – MAI 2022

45


DOSSIER TRANSITION

et est une réelle opportunité de

revoir ce qui nous est important :

notre vie, notre travail et notre

place au sein de la société.

Parmi vos responsabilités

professionnelles et privées, avezvous

pris l’occasion de réfléchir

à ce qui vous importe et ce qui

sera durable dans votre vie ?

• Profitez-vous réellement

de chaque instant, de

chaque échange ?

• Quelle est votre approche face

à la difficulté et à l’effort ?

comme indicateur ? Certaines

organisations sont en train

d’innover et d’inclure l’indicateur

mental dans leurs évaluations.

Cela nécessite aussi bien du

courage que d’accompagnement

pour réaliser cette transition afin

de replacer l’humain au centre des

préoccupations des organisations.

Un besoin de revoir sa mission,

valeur et vision, exercice qu’une

direction d’une grande institution

du nord du Luxembourg n’a pas

hésité à faire en analysant la

situation post-COVID du bien-être

de l’ensemble de ses salariés.

• Pourquoi faut-il attendre

que l’on soit en crise pour

réfléchir à nos priorités ?

Que ce soit une crise de milieu

de vie ou de début de carrière,

nous entendons chaque jour

parler des personnes qui courent

dans leur roue de hamster

sans avancer pour autant.

• Sont-ils réellement

efficaces et productifs ?

• Qui est la personne la plus

importante de votre vie ?

• Vous êtes-vous déjà

arrêtés pour y penser ?

Dans votre contexte d’évaluation

du travail, est-ce que le bien-être

de votre équipe est pris en compte

Cette démarche se fait via

le questionnaire COPSOQ

(Copenhagen Psychosocial

Questionnaire), l’outil reconnu

au niveau international comme

le plus efficace pour évaluer la

qualité de vie au travail. Nous

accompagnons notre client dans

cette démarche de transition vers

la durabilité de son capital humain

surtout par la prise de conscience

de créer un environnement de

travail où tout salarié se sent

valorisé et entendu, éléments

extrêmement importants pour

la motivation et la performance

durable de toute l’institution.

Infos : www.wellbeingatwork.lu

WELLBEING AT WORK

PARTENAIRE INFOGREEN

Alimentation, production,

conditions et consomm’action

Pas de transition écologique,

économique et sociétale sans

appréciation des coûts cachés.

Et si on cherchait à connaître

le « prix juste » des aliments

pour changer de modèle ?

« On estime qu’environ un

quart de l’empreinte écologique

d’un Luxembourgeois est dû

à ses habitudes alimentaires.

En particulier, notre forte

consommation de viande, de

produits laitiers, de sucre et

de produits riches en graisses

demande beaucoup d’énergie

et détruit des écosystèmes

précieux, souvent au détriment

des conditions de vie des

populations du Sud », explique

Danielle Bruck, du département

« Information et Sensibilisation »

chez SOS Faim Luxembourg.

Clairement, la transition, écologique,

économique, sociétale, passe

par une appréciation des coûts

cachés de l’alimentation, bases

d’une réflexion pour devenir des

« consomm’acteurs ». « Si nos

habitudes alimentaires actuelles

ne changent pas, on estime que les

coûts de santé liés à l’alimentation

46 INFOGREEN.LU


DOSSIER TRANSITION

et les coûts sociaux des émissions

de gaz à effet de serre associées

à nos habitudes alimentaires

actuelles dépasseront 2 000

milliards d’euros par an d’ici 2030 ».

Olivier de Schutter, ancien

rapporteur spécial des Nations

unies sur le droit à l’alimentation

et membre de SOS Faim, explique :

« On dit que le système alimentaire

industriel fournit des aliments bon

marché aux ménages pauvres, mais

cette affirmation est trompeuse.

En fait, il s’agit d’une forme

d’alimentation très coûteuse, qui

a surtout de nombreux impacts

négatifs sur l’environnement. Les

coûts sociaux, environnementaux et

sanitaires ne sont pas inclus dans le

prix que le consommateur paie au

supermarché. Qui supporte donc

ces coûts ? C’est aux générations

futures, aux contribuables, de

régler les problèmes de ce type de

production et de consommation. »

Changer de

menu…

SOS Faim a lancé sa campagne

« Changeons de Menu » en 2015,

avec 10 gestes simples et quotidiens

en exemple, et un objectif affiché :

« sensibiliser les consommateurs

luxembourgeois aux conséquences

que nos habitudes alimentaires

peuvent avoir sur notre planète

et ses habitants, et ainsi

inciter les consommateurs à

changer et à consommer plus

consciemment ». Quelques années

plus tard, les défis demeurent.

La consommation consciente

peut être très fastidieuse et les

promotions, remises, emballages,

positionnement en magasin…

compliquent encore la tâche. « Le

pouvoir économique se concentre

entre les mains d’un petit nombre

de sociétés transnationales, qui

sont en mesure d’exercer une

influence démesurée sur les

politiques et de prendre des

décisions clés concernant nos

systèmes alimentaires, comme

la nature des aliments produits,

la manière dont ils sont produits,

le lieu où ils sont produits, les

personnes qui les produisent et

celles qui les consomment. »

… et de paradigme

Le système peut marginaliser et

appauvrir davantage les petits

acteurs agricoles, perturber

les circuits traditionnels de

commercialisation des aliments

locaux… « Les aliments sains

et frais coûtent en moyenne

près de 5 fois plus cher que

des aliments transformés, et

sont donc inabordables pour

de nombreuses personnes. Les

chaînes de valeur alimentaires

mondialisées nous maintiennent,

en tant que consommateurs, dans

une certaine dépendance vis-à-vis

de l’alimentation industrielle ».

LA SUITE

4×3 – NUMÉRO 18 – TRIMESTRIEL – MAI 2022

47


DOSSIER TRANSITION

Le droit à l’alimentation saine et digne est un

droit de l’homme, que nous produisions notre

propre nourriture ou que nous l’achetions.

Pour SOS Faim, c’est clair : « Le

droit à l’alimentation saine et

digne est un droit de l’homme, que

nous produisions notre propre

nourriture ou que nous l’achetions.

Cela implique que les États

doivent créer un cadre favorable

permettant à chaque individu

d’avoir un accès illimité à une

alimentation quantitativement et

qualitativement adéquate pour luimême

et sa famille. La réalisation

de ce droit pour tous nécessite

donc l’adoption de politiques

économiques, environnementales

et sociales adéquates, tant au

niveau national qu’international. »

Ainsi, nos choix de consommation

(produits locaux, saisonniers, issus

d’une production durable ou du

commerce équitable) peuvent

sans doute contribuer à changer

les choses. Nous pouvons de

plus en plus soutenir les petits

producteurs, au Nord comme au

Sud, en privilégiant les circuits

courts de commercialisation.

CONCOCTÉ PAR ALAIN DUCAT

Avec SOS Faim Luxembourg

PARTENAIRE INFOGREEN

Photos : SOS Faim

48 INFOGREEN.LU


-

SFCIALware

DOSSIER TRANSITION

Le secteur non marchand a besoin d'outils pour accompagner ses missions. Des fournisseurs IT

permettent d'obtenir des technologies via des programmes philanthropiques.

SOCIALware vous facilite l'accès à ces programmes.

COMMENT CA FONCTIONNE?

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4×3 – NUMÉRO 18 – TRIMESTRIEL – MAI 2022

49


DOSSIER TRANSITION

Adoptons une

consommation responsable !

Saviez-vous que l’équivalent de

95 t-shirts sont jetés, chaque

minute, au Luxembourg ? Un

chiffre interpellant qui peut

nous faire réfléchir à notre

façon de consommer et de gérer

nos vêtements. Chez Caritas,

formations et ateliers sont au

programme pour interpeller.

Nous sommes tous concernés

pour améliorer les conditions

de vie dans le monde. Nos

comportements ont toujours

des conséquences, positives ou

non, sur d’autres personnes. En

achetant nos smartphones, nos

vêtements ou encore nos aliments,

nous oublions souvent que des

personnes, habitant de l’autre côté

de la planète, ne vivent pas dans

des conditions décentes. Mais

pourtant, ce sont elles qui nous

permettent d’assouvir nos envies

d’acquérir de nombreux produits.

Caritas Luxembourg est

évidemment impliquée pour

conscientiser la population

à ce constat. Notamment

via le programme « Plaidons

Responsable. » Basé sur une

double dimension politique et

citoyenne, il s’agit du programme

de sensibilisation de la Coopération

Internationale. Il vise à compléter

le travail de terrain mené par cette

coopération en thématisant les

causes et les conséquences des

situations d’injustices et d’inégalités

sociales. Mais aussi, en analysant

les rapports de force qui sont à

l’origine de ces dysfonctionnements

(ou qui sont perpétrés par eux),

pour les comprendre et proposer

des alternatives adaptées.

« En tant que citoyen, nous

avons tous un pouvoir d’agir

sur les situations de pauvreté

et d’injustice », souligne Ana

Luisa Teixeira, coordinatrice

du programme « Plaidons

Responsable ». « Nous souhaitons

que les progrès écologiques et

sociaux s’améliorent conjointement.

Afin de sensibiliser l’opinion

publique, nous offrons de

nombreuses conférences.

Nous animons également

des ateliers où de nombreux

jeunes sont sensibilisés. Ils

représentent la génération qui

peut améliorer notre société. »

En effet, outre interpeller via des

campagnes fortes sur les réseaux

sociaux ou des actions, Caritas

souhaite également donner

des outils pour que le monde

bouge. « Beaucoup se posent

des questions et nous devons

leur proposer des réponses

solides. L’urgence climatique

50 INFOGREEN.LU


En tant que citoyen, nous

avons tous un pouvoir

d’agir sur les situations de

pauvreté et d’injustice.

DOSSIER TRANSITION

existe réellement et je ne suis

pas certaine que la population

soit prête à accepter les défis qui

se présentent. Dans un premier

temps, il faut tenter d’éradiquer

la surconsommation. Nos

comportements ont un impact

au cœur des pays défavorisés, au

Bangladesh par exemple, qui est

dépendant à 80 % des produits de

l’exportation. Ce sont des chiffres

à peine croyables mais si on arrête

aujourd’hui de produire du textile,

on en aura encore pour les six

générations à venir. Cela démontre

à quel point la surproduction

est omniprésente dans une

économie qui a pour seul objectif

la maximisation des profits. »

Et cette surproduction entraîne

une surconsommation. D’après

les estimations, chaque citoyen

au Grand-Duché jette 12,26 kg

de textiles et vêtements par an,

alors que seulement 0,02 % sont

réutilisés au Luxembourg dans des

activités d’upcycling vestimentaire.

L’évolution des déchets textiles

est en hausse permanente,

tandis que le budget consacré

par les ménages pour les habits

et les chaussures est en baisse.

Comment ? Car les prix baissent

suite à une grande production.

« Ce sont des chiffres assez

interpellants. Chaque minute,

l’équivalent de 95 tee-shirts est jeté.

Et ce, rien qu’au Luxembourg ! Une

solution simple existe pourtant.

Pour s’habiller durablement, il

suffit de conserver ses vêtements

le plus longtemps possible. »

Consommer

intelligemment

« Au niveau mondial, 40 millions

de personnes vivent dans des

conditions d’esclavage moderne.

Maintenant, je ne suis pas contre la

délocalisation de la production de

vêtements, comme au Bangladesh.

Si tout est fait dans le respect des

droits humains, il n’y a aucun souci.

Malheureusement, nous sommes

encore loin du compte. Et pourtant,

je suis persuadée que les gens

ne seraient pas contre de payer

plus cher si cette différence allait

dans les poches des travailleurs

et pourraient ainsi contribuer à

un vrai développement global. »

C’est évidemment simple sur

papier, mais encore faut-il

que cela se retrouve dans nos

comportements quotidiens. Et les

chiffres ne mentent pas. D’après

une étude réalisée ensemble avec

le Ministère de la protection des

Consommateurs, on estime que

7 454 tonnes de déchets textiles

sont produites au Luxembourg !

Heureusement, certaines

organisations sont toujours sur le

terrain pour valoriser les textiles de

seconde main. Toujours selon cette

étude, 36 tonnes de vêtements

ont été distribuées par Stëmm

vun der Stross et 96,5 tonnes

par la Caritas et Croix-Rouge

(Spëndchen) aux personnes dans

le besoin au Luxembourg. BENU

a, de son côté, upcyclé 1,3 tonnes

de textiles et vêtements usagés.

TRICOTÉ PAR SÉBASTIEN YERNAUX

Avec Caritas Luxembourg

Photos : ©Fanny Krackenberger

et ©Caritas

PARTENAIRE INFOGREEN

4×3 – NUMÉRO 18 – TRIMESTRIEL – MAI 2022

51


DOSSIER TRANSITION

Transition vers des

climate-smart villages en Inde

AEIN s’est engagée dans la

transition de villages indiens

afin de les adapter aux

changements climatiques.

800 foyers sont concernés.

En mars 2019, Aide à l’Enfance de

l’Inde et du Népal (AEIN) a lancé

un nouveau projet climat de 3 ans

en Inde, qui vise à transformer des

villages traditionnels en climatesmart

villages. Le projet promeut

des activités de mitigation et

d’adaptation au changement

climatique et vise à sécuriser les

moyens d’existence de 800 foyers

pauvres du district d’Ananthapur,

État de l’Andhra Pradesh.

La région d’Ananthapur est la

deuxième région la plus affectée

par la sécheresse en Inde. Les

conséquences du dérèglement

climatique sont déjà palpables. « La

population locale constate déjà

divers changements : la mousson

arrive beaucoup plus tard, il y a

une perte de productivité des

terres et une pénurie en eau »,

explique Françoise Binsfeld,

directrice de l’association qui se

rend régulièrement sur place.

À cause de la sécheresse extrême

(250 mm de pluie recensée en 2018

dans la région d’intervention), les

agriculteurs subissent de graves

pertes. Ils se voient souvent

poussés à migrer vers des villes. Il

arrive aussi qu’ils se suicident dans

leur désespoir. En Andhra Pradesh,

région très caractéristique pour la

transhumance des cheptels ovins,

la sécheresse force souvent les

bergers à étendre leurs routes

de migration. L’accès aux points

d’eau étant un souci majeur.

Les bénéficiaires sont de petits

exploitants agricoles appartenant

à des basses castes, des peuples

indigènes, des femmes célibataires

et des ménages vulnérables

appartenant à d’autres castes.

Le partenaire local APMAS met en

place un certain nombre d’actions

d’adaptation et d’atténuation

du changement climatique,

s’inscrivant dans 5 domaines

d’intervention principaux :

• Climate-smart agriculture :

inoculation des semences,

champs d’essais, pratiques

multi-culturales, plantation

d’arbres fruitiers, pratiques

horticoles, promotion de

pesticides bio et d’engrais

bio, promotion de culture

et variétés résistantes à la

sécheresse, diversification

culturales, changement

de rotation des cultures et

52 INFOGREEN.LU


DOSSIER TRANSITION

adaptation des calendriers

de plantation, amélioration

des techniques d’irrigation,

amélioration des conditions

d’élevage des animaux

• Climate-smart energy :

installation de petites

stations à biogaz, pompe

d’eau et éclairage public à

énergie solaire, lampes LED,

cuisinières écoénergétiques

• Climate-smart nutrition :

promotion de la culture de

millet, éducation nutritionnelle,

installation de jardins potagers

• Climate-smart knowledge :

service météo, appui technique

aux cultures et à l’élevage,

sensibilisation et éducation

des communautés locales,

matériel de communication

• Climate-smart institutions :

renforcement des institutions

(conseils villageois,

organisations de producteurs

agricoles, groupements de

femmes et fédérations de

femmes), échange d’expérience

au niveau local, régional et

inter-pays (Inde et Népal).

Le projet est soumis à une

certification d’impact sur

la réduction des gaz à effet

de serre sur base de la

méthodologie Gold Standard.

Le projet vise également à faire

institutionnaliser le concept

des climate-smart villages dans

des politiques publiques.

Le budget total de la 1 ère phase

(2019 – 2022) est de 331 323 euros,

dont environ 90 % sont pris

en charge par le Ministère de

l’environnement, du climat et du

développement durable (MECDD)

luxembourgeois. Les 10 % restant

sont financés par la Fondation

Mangrove, sous l’égide de la

Fondation de Luxembourg.

AVEC AEIN

PARTENAIRE INFOGREEN

4×3 – NUMÉRO 18 – TRIMESTRIEL – MAI 2022

53


DOSSIER TRANSITION

L’informatique au

service des associations

Le secteur non marchand a

besoin d’outils numériques

pour accompagner ses

missions. Des fournisseurs

IT permettent d’obtenir des

technologies via des programmes

philanthropiques. SOCIALware

facilite l’accès à ces programmes.

SOCIALware est une organisation

à but non lucratif, qui équipe les

associations de la technologie

dont elles ont besoin pour

réaliser leur mission. « Nous

comprenons les enjeux du monde

associatif et nous voyons bien

que l’impact d’une action peut

être amplifié par l’utilisation des

technologies appropriées. Nous

voulons aider à la transition vers

la digitalisation des asbl ».

Souvent, les organisations du

secteur « non-marchand » n’ont

pas les budgets pour investir. « Il

est dommage de devoir limiter

ses ambitions par manque de

moyens », explique Antonio Tiani,

responsable du programme d’aide

à ce secteur chez SOCIALware.

Or les opportunités sont là, d’avoir

accès, gratuitement ou à très bas

prix, à une multitude de logiciels

et équipements informatiques.

« Nous offrons ce programme

en collaboration avec le réseau

mondial TechSoup. SOCIALware

est une organisation totalement

indépendante. Notre mission est

donc de constamment rechercher

les partenaires les plus aptes

à répondre aux demandes et

besoins de nos bénéficiaires. »

SOCIALware assure le lien

entre le « non-marchand » et

les grands acteurs IT. « Nous

donnons accès aux donations de

nombreux produits informatiques

professionnels et œuvrons à

étendre notre catalogue en

54 INFOGREEN.LU


DOSSIER TRANSITION

permanence. » Du matériel neuf

et des PC reconditionnés sont

aussi disponibles à des conditions

avantageuses. « Nous aspirons

à améliorer l’infrastructure

IT des organisations. »

SOCIALware poursuit son

développement en 2022 à

travers un partenariat avec

des prestataires de services

répondant aux besoins du monde

associatif. « La pandémie a mis

en lumière le télétravail partiel

ou total. Augmenter l’impact des

associations par la technologie, c’est

plus que jamais notre devise. »

SOCIALware.lu

En 2022, SOCIALware, déjà présent

dans tout le Benelux, a implémenté

son site web luxembourgeois.

« C’est un nouveau relais, un

amplificateur d’action. »

SOCIALware, c’est aussi de la

sensibilisation aux outils et

enjeux numériques à travers

plusieurs formats : blog, podcast,

webinaires, newsletters et plus.

« Si vous rencontrez un problème,

contactez-nous via notre

boite e-mail à destination des

organisations luxembourgeoises,

à savoir info@socialware.lu

Nous vous répondrons dans

les plus brefs délais. »

SOCIALWARE

PARTENAIRE INFOGREEN

4×3 – NUMÉRO 18 – TRIMESTRIEL – MAI 2022

55


DOSSIER TRANSITION

EtiCROWD, pour

une finance réellement

transformatrice

La première plateforme de financement participatif

d’etika souhaite promouvoir des projets sociaux ou

environnementaux au Luxembourg et en Grande région.

Auparavant, on parlait de

« finance sociale » pour décrire

les institutions financières

pour lesquelles l’équilibre

entre le rendement et l’impact

social/environnemental des

investissements était fondamental.

Avec l’émergence de la « finance

verte » à grande échelle, on

pourrait également regrouper

ces deux objectifs sous les

termes de « finance éthique »

ou « finance durable ».

Toutefois, on observe beaucoup

de greenwashing à propos des

produits financiers « verts ». Encore

une fois, nous avons l’impression

que la finance verte n’est qu’un

nouveau secteur d’activité où les

attentes de rendement sont plus

importantes que l’impact réel.

En période de crises cumulées,

ce serait fatal. La place financière

luxembourgeoise a un rôle

important à jouer au niveau

mondial, mais elle ne l’assume

pas encore vraiment. La transition

nécessaire vers une économie

réellement durable dans les

domaines de l’énergie, des

transports et de l’agriculture,

ainsi qu’un changement de notre

comportement de consommation,

ne seraient pas atteints. Les

fausses solutions empêchent

le changement. Mais aussi une

politique peu conséquente.

Mais restons dans le pays, avec

les banques et autres acteurs

locaux, qui peuvent et doivent

initier le changement ici, sur place.

Prenons par exemple l’agriculture.

En 2020, les pratiques d’agriculture

biologique étaient utilisées sur

5 % des terres agricoles du

Grand-Duché. Cette part est bien

inférieure à celle de la plupart

des autres pays européens.

Le gouvernement avait fixé un

objectif ambitieux en vue de porter

l’agriculture biologique à 20 % d’ici

2025. Mais il ne semble pas y avoir

de voie conséquente pour atteindre

cet objectif. Des organisations

écologiques comme Greenpeace,

le Mouvement écologique ou

natur&ëmwelt ont accusé l’année

dernière le secteur et le ministère

de ne pas faire assez pour rendre

sa future stratégie agricole durable.

L’ASBL etika (fondée en 1996)

a pour objectif de promouvoir

56 INFOGREEN.LU


DOSSIER TRANSITION

des finances alternatives et ainsi

accompagner la transformation

vers un monde plus durable. Cela se

fait notamment dans le cadre de la

coopération avec deux partenaires

luxembourgeois : Spuerkeess

(compte Épargne Alternatif) et

Bâloise Assurances Luxembourg

(Switch Plan). Avec le mécanisme

Épargne/Crédit Alternative, nous

favorisons l’accès au crédit pour des

initiatives qui donnent la priorité

à l’utilité sociale et culturelle,

à la solidarité internationale

et au soutien de l’écologie.

Une véritable « finance

transformatrice » modifie peu

à peu l’économie jusqu’ici non

durable en investissant dans la

transition agricole, les transports

et l’énergie. L’association etika a

jusqu’à présent concrétisé cette

ambition dans le cadre de son

partenariat avec Spuerkeess en

accordant plus de 200 crédits

entre autres pour la construction

d’installations éoliennes et

photovoltaïques, pour l’acquisition

de bus hybrides et électriques

ainsi que pour le développement

de l’agriculture biologique et

de la vente de produits bio.

Outre les grands projets, avec des

montants d’investissement qui

se situent pour la plupart entre

200 000 et 4 millions d’euros, il

est toutefois tout aussi important

de soutenir des projets plus

modestes. Or, nombre d’entre eux

rencontrent des difficultés à obtenir

des crédits auprès des banques.

À l’occasion de son 25 e anniversaire,

etika a donc décidé d’explorer

de nouvelles voies pour un

financement citoyen de projets

locaux. La première plateforme

de financement participatif qui

promeut des projets sociaux ou

environnementaux au Luxembourg

et en Grande Région va démarrer

fin mars. Avec ce nouvel instrument

participatif, « etiCROWD », on

vise à financer la transformation

nécessaire. Simple. Maintenant.

Conséquent.

Infos : www.etika.lu

Photo : Dorte Størup et Orit Israelson

4×3 – NUMÉRO 18 – TRIMESTRIEL – MAI 2022

57


LE GRAND ENTRETIEN

58 INFOGREEN.LU


Notre documen'

LE GRAND ENTRETIEN

Terre

PAR

FRÉDÉRIC LIÉGEOIS

PHOTOS DE FANNY KRACKENBERGER

Penser autrement, regarder différemment, pour agir consciemment

et briser les chaînes, s’affranchir et libérer l’autre. Nous

sommes tous des héros du quotidien car nous avons ce choix,

certain(e)s le savent déjà, les autres c’est pour bientôt.

Il existe des filières d’approvisionnement, des colonnes, des

canaux – peu importe le nom qu’on leur donne –, qui écrasent, et ce

n’est pas une figure de style, les producteurs et les travailleurs, ceux

qui sont, au départ, au bénéfice des distributeurs, des revendeurs, des

acheteurs… Des filières qui méprisent le Droit, et font preuve d’une

vraie violence économique, sociale, écologique sur leur base…

Il existe des anges gardiens, des veilleurs, des lanceurs d’alerte. Il existe

des individus en ce monde qui se soucient, s’interrogent, s’engagent et

luttent, non pas avec des armes, mais avec des mots, leurs mots. Des

humains au service d’autres humains, Human to Human. Grand angle.

Une fois n’est pas coutume, un grand entretien exposant deux.

Aujourd’hui, je pars à la rencontre de deux personnes au service d’une

même cause. Deux regards, une même voix. À eux seuls, ils totalisent

près d’une cinquantaine de « saisons » sous les projecteurs… Deux

êtres et une vraie success story au service des plus exposés, des

sans-voix. Ils défendent des valeurs universelles d’équité, de justice

sociale, de responsabilité économique et écologique. Geneviève Krol

et Jean-Louis Zeien nous ouvrent les portes pour une projection

aux premières loges, au sein de l’ONG Fairtrade Lëtzebuerg.

4×3 – NUMÉRO 18 – TRIMESTRIEL – MAI 2022

59


LE GRAND ENTRETIEN

« 1 + 1 = un élan qui se

complète de l’un à l’autre,

un amplificateur »

60 INFOGREEN.LU


LE GRAND ENTRETIEN

Premiers rôles

Elle est directrice et lui président d’une ONG luxembourgeoise

emblématique du commerce équitable au Luxembourg. Il est membre

fondateur de l’association créée il y a 30 ans, elle y est active depuis 2006.

À eux deux, c’est près d’un demi-siècle sur le terrain. Un demi-siècle

acharné, 50 années de travail au corps, sur l’économie luxembourgeoise,

pour soutenir les petits producteurs d’Amérique latine, d’Afrique

et d’Asie. 2 600 semaines à réfléchir et à agir, à répondre aux uns, à

questionner les autres. 18 250 jours à recueillir, collecter, rassembler

des idées, des acteurs, des secteurs, des décideurs, des entreprises,

des institutions. 438 000 heures et combien de minutes à s’activer

pour lutter contre ce temps qui défile, à tendre la main, à montrer le

poing aussi, à agir sur ce chemin, bien trop souvent à contre-courant

d’un système si archaïque. Des batailles, des victoires, des moments

de liesse, mais aussi de solitude, de difficultés… Il y en a eu, il y en aura

certainement encore mais jamais de place pour le doute, jamais.

Après toutes ces années, lorsque vous croisez leur chemin et lancez

une discussion, ils ne tarissent pas, ils débattent, ils déclament, ils

parlementent, ils ont les arguments pour eux, c’est sûr, mais avant

tout, d’abord, ils dialoguent, ils échangent, avec bienveillance, ils

argumentent, et mot à mot laissent transparaître cette passion, celle qui

les porte jour après jour… à s’investir sans compter pour des valeurs.

On le ressent, il y a ici une énergie, oui, une force solaire, magnétique.

On y est bien dans ces locaux de Roodt-sur-Syre, et on n’attend

plus qu’une chose, se lancer, nous aussi, entrer sur le ring d’une

justice mondiale. Donner de la voix, participer au mieux-être des

agriculteurs de pays lointains, aux travailleurs d’ailleurs.

Pour Geneviève, « 1 + 1 = un élan qui se complète de l’un à l’autre, un

amplificateur » et pour Jean-Louis, « 1 + 1 = 2… au carré ! ». Il y voit un effet

multiplicateur, une expression de l’esprit collaboratif qui anime l’association.

« Un choc est un jaillissement des idées, d’où naît l’inspiration… C’est

finalement l’illustration du commerce équitable, qui est de promouvoir

pour porter toujours plus loin et plus haut les valeurs humanistes. »

4×3 – NUMÉRO 18 – TRIMESTRIEL – MAI 2022

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LE GRAND ENTRETIEN

Décor

Équité ou égalité ? D’abord faut-il poser

la problématique… aujourd’hui, notre

économie est mondialisée. Les échanges,

les flux économiques sont internationaux.

Des firmes multinationales s’accaparent

une partie non négligeable de l’activité

commerciale et définissent pour optimiser

et maximiser leur rentabilité des stratégies

de croissance rapide dites verticales… c’està-dire

en rachetant des fournisseurs et des

distributeurs pour faire ce que l’on appelle

des chaînes d’approvisionnement qui partent

du producteur jusqu’au consommateur.

Cette organisation commerciale globalisée

leur octroie un pouvoir conséquent, une

mainmise sur des pans entiers de l’économie

et la capacité à dicter leurs propres règles…

souvent au détriment des plus « petits ». Bien

évidemment, il ne faut pas généraliser, mais

bien souvent, à l’extrémité de la chaîne, il est

uniquement question de productivité, au

détriment de la qualité de vie, et sans même

réfléchir à la notion d’impact écologique.

La situation dans certains secteurs est ou

a été parfois même catastrophique…

Pour Jean-Louis Zeien, qui cite les chiffres

et statistiques de OXFAM : « toutes les

26 heures, un nouveau milliardaire naît

et en même temps le nombre d’esclaves

dans les chaînes d’approvisionnement

est au même niveau qu’au 18 e siècle ! »

Pour eux deux, « l’équité » est un

moyen pour arriver à l’égalité.

« Toutes les 26 heures, un nouveau milliardaire

naît et en même temps le nombre d’esclaves

dans les chaînes d’approvisionnement est au

même niveau qu’au 18 e siècle ! »

62 INFOGREEN.LU


LE GRAND ENTRETIEN

Scénario

Quid du commerce équitable ? Si l’on s’en tient à sa

définition, le commerce équitable repose sur une

organisation des échanges visant à équilibrer le

rapport entre le producteur et le consommateur entre

les pays développés et les pays en développement.

Selon le Robert, c’est un « échange économique

où la partie la plus puissante s'engage à respecter

les intérêts de la partie la plus défavorisée ».

Pourtant, la définition du commerce n’est-elle pas un

peu antagoniste avec la notion d’équité ? Car faire du

commerce consiste avant tout à générer une plusvalue,

un bénéfice dans le cadre d’une transaction…

Pour ces acteurs du monde commercial, leur activité

principale consiste à revendre des marchandises

achetées à des tiers, sans les transformer… en tirant

un maximum de bénéfices, peut-on rajouter.

En y regardant d’un peu plus près, on se rend vite

compte qu’en effet, les « petits » producteurs, souvent

localisés en Amérique latine, en Afrique, voire en

Asie… et de plus en plus souvent aussi en Europe,

c’est important de le signaler, sont la plupart du

temps déconnectés des grands marchés mondiaux,

ils n’ont pas accès à l’information et encore moins les

capacités de négociation. Ils sont pris dans un étau

entre l’obligation de vendre rapidement leur production

(périssable lorsqu’il s’agit de biens alimentaires) à des

intermédiaires, et ce afin de nourrir leur famille. Ils

fonctionnent en flux tendu, sans souffle ni marge de

manœuvre, et sont souvent amenés à vendre même

en dessous de leurs propres coûts de production.

La situation est intenable. Faut-il rappeler que les

petits paysans sont des acteurs majeurs dans le

domaine de la sécurité alimentaire mondiale ? Qu’ils

produisent 50 % de la nourriture consommée à

l’échelle planétaire ? Et plus de 80 % des aliments

consommés dans les pays en développement ? Qui

imagine un tel déséquilibre ? Et pourtant dans les

modes de consommation mondiaux, nous sommes

tous de près ou de loin des acteurs responsables de

cet état de fait. Bien entendu, tout est fait pour être

opaque, tout est occulté. Sommes-nous donc dans une

ultra-consommation aveugle et inconsciente ? OUI.

4×3 – NUMÉRO 18 – TRIMESTRIEL – MAI 2022

63


LE GRAND ENTRETIEN

« Le commerce équitable est un partenariat commercial

alternatif qui vise à atteindre plus d'équité dans le

commerce international. Une stratégie de lutte efficace

contre la pauvreté, ce système a pour but d’améliorer

la situation des producteurs et travailleurs défavorisés

principalement en Afrique, en Asie et en Amérique latine. »

64 INFOGREEN.LU


LE GRAND ENTRETIEN

Producteur exécut if

Si l’on se réfère à la définition internationale du commerce équitable

reconnue par le réseau international FINE, Fairtrade Labelling

Organizations, International Federation for Alternative Trade, Network

of European Worldshops et European Fair Trade Association, le

Commerce Équitable est un partenariat commercial, fondé sur le

dialogue, la transparence et le respect, dont l’objectif est de parvenir

à une plus grande équité dans le commerce mondial. Il contribue

au développement durable en offrant de meilleures conditions

commerciales et en garantissant les droits des producteurs et des

travailleurs marginalisés, tout particulièrement au sud de la planète.

La traduction littérale de « Fairtrade » est « commerce équitable »…

Pour les producteurs et les travailleurs, Fairtrade représente un

filet de sécurité vital lorsque les prix du marché baissent.

Pour Geneviève et Jean-Louis, à l’unisson : « Le commerce équitable est un

partenariat commercial alternatif qui vise à atteindre plus d’équité dans le

commerce international. Une stratégie de lutte efficace contre la pauvreté, ce

système a pour but d’améliorer la situation des producteurs et travailleurs

défavorisés principalement en Afrique, en Asie et en Amérique latine ».

Pour y parvenir, le label Fairtrade sert de repère pour le consommateur

qui peut ainsi identifier les produits dont les ingrédients sont issus

du commerce équitable et dont la production, transformation

et commercialisation répondent aux standards Fairtrade.

Il s’agit d’une part d’y voir plus clair dans les systèmes de production

et ces fameuses chaînes d’approvisionnement qui apportent les

produits jusque dans nos grandes surfaces et d’autre part de témoigner

une notion d’équité… à la recherche d’une plus grande égalité.

4×3 – NUMÉRO 18 – TRIMESTRIEL – MAI 2022

65


LE GRAND ENTRETIEN

Gros plan sur…

… Les 30 bougies de Fairtrade Lëtzebuerg – oui

on apprécie les dates anniversaire –, c’est un

peu l’occasion de faire un bilan de parcours sur

30 années de bonnes pratiques, de sensibilisation,

de démarches au Luxembourg, ce n’est pas rien.

Geneviève nous raconte la place et l’impact du

commerce Fairtrade au Grand-Duché : « Aujourd’hui,

au Luxembourg, 1 rose sur 2 est certifiée Fairtrade,

1 banane sur 3, ou encore 10 % de parts de

marché du café. Fairtrade, c’est aussi 38 ‘Fairtrade

Gemeng’ ou encore 22 ‘Fairtrade Schools’. »

Il y a d’un côté les chiffres très valorisants et

significatifs d’un mouvement de fond enclenché

par l’association et suivi par de plus en plus de

consommateurs… et de l’autre, le soutien de

communes, institutions, établissements publics avec

un effet multiplicateur certain. Ces organisations

relaient les valeurs du commerce équitable et ont

une capacité de sensibilisation très importante.

On peut aussi noter un cap important passé lors

de l’introduction sur le marché financier de l’or

Fairtrade. Ensemble, Fairtrade Lëtzebuerg et la

Banque Centrale en 2014 ont donné naissance à

la première pièce numismatique en or Fairtrade.

Et, sur le plan local, Jean-Louis de rajouter :

« Le Luxembourg n’est pas trop petit pour

agir, la progression du Fairtrade dans la

consommation est linéaire et régulière depuis

30 ans, chaque Luxembourgeois dépense en

moyenne à 40 euros par an, ça parait peu,

mais cela place le pays dans le top 6 des plus

grands consommateurs Fairtrade au monde ! ».

Il y a au Luxembourg plus de 2 950 produits

labellisés Fairtrade, quelque 390 références

luxembourgeoises répondent à ses critères.

« À l’instar du colibri de Pierre

Rabhi, il est important et même

vital que chacun fasse sa part. »

66 INFOGREEN.LU


« Le Luxembourg n’est pas trop

petit pour agir, la progression du

Fairtrade dans la consommation

est linéaire et régulière

depuis 30 ans. »

LE GRAND ENTRETIEN

Moteur

Toutes ces années d’engagement, plus de 15 pour

Geneviève, plus de 30 pour Jean-Louis… Les crises

économiques, sociales, sanitaires affrontées, un

combat sans fin, une lutte de chaque instant, jour

après jour… Que se passe-t-il dans ces deux têtes ?

Y a-t-il une place pour le doute ? L’hésitation ?

L’incertitude ? Change-t-on finalement les choses ?

Est-ce une utopie ? Une chimère ? Voit-on le

monde autour de soi évoluer favorablement ?

Aucun des deux ne se place dans une routine, c’est

certainement une des clefs de cette longévité. Leur

but n’est jamais atteint, il y a toujours tant à faire.

Aucune place pour le doute. Non, même si ce

n’est pas si simple pour autant, leur conviction

profonde ne laisse place qu’à une volonté

indéfectible de faire bouger les lignes.

Car il existe des solutions, des espoirs, peut-être des

utopies aussi. Mais comme le dit clairement Geneviève :

« À l’instar du colibri de Pierre Rabhi, il est important

et même vital que chacun fasse sa part ». La somme

des actions individuelles, aussi petites soient-elles,

participe à un changement de fond, a un impact

incroyable sur le système économique mondialisé.

La société change, ses habitudes de consommation

aussi, les canaux de communication, le marketing,

la digitalisation, les réseaux sociaux, le monde est

en permanente évolution. Il convient pour toute

organisation de s’y adapter, de chercher le moyen

optimal pour atteindre sa cible et porter son message.

Pour Jean-Louis, engagé depuis plus longtemps encore,

sa prise de conscience naît à la suite de ses multiples

voyages, dont un de deux mois au Pérou, où il visite de

nombreuses familles, à la ville comme à la campagne,

et prend conscience des conditions de vie si précaires

pour ces agriculteurs du bout du monde, malgré un

travail des plus pénibles. Il constate de profondes

difficultés à vivre décemment, il voit des enfants vivre

dans la rue, et comprend qu’ils ne sont pas dans ce que

l’on peut appeler la vie mais bien plus ici dans la survie.

Tous deux se questionnent et se convainquent qu’un

autre commerce est possible, « c’est plus qu’une

aventure, c’est un véritable défi car il y a encore et

toujours trop de dinosaures sur cette Terre ». Aucune

personne, entité économique ne peut se soustraire à

ce défi et il est toujours aussi révoltant qu’aujourd’hui

les conditions de travail de nombreux exploitants

agricoles sur la planète soient aussi indignes.

4×3 – NUMÉRO 18 – TRIMESTRIEL – MAI 2022

67


LE GRAND ENTRETIEN

68 INFOGREEN.LU


Et act ion

LE GRAND ENTRETIEN

Nous avons tous en nous le pouvoir de changer, ce pouvoir…

d’achat. Et celui-ci peut s’avérer bien souvent plus efficace qu’un

bulletin de vote. Il s’agit de devenir « consomm’acteur ».

Il en va de même pour les États et la sphère politique qui jouent un rôle

indéniable, ils ont une responsabilité et doivent montrer un engagement

sur la durée, tant au niveau social, qu’économique et environnemental.

C’est un peu David contre Goliath… Comment faire face à ces

mastodontes économiques, des superstructures mondialisées dont

la principale dynamique est la maximisation des profits à courts

termes ? Geneviève, Jean-Louis et leur organisation cherchent à influer

sur la sphère politique, car à ce niveau il est possible de faire évoluer

le cadre légal pour promouvoir le respect des droits humains.

À titre d’exemple, en 2021, le ministère des affaires étrangères du

Luxembourg et son ministre Jean Asselborn ont salué dans un

communiqué de presse « l’Initiative pour le devoir de vigilance au

Luxembourg » en annonçant le soutien de 32 entreprises et de

l’Union luxembourgeoise de l’économie sociale et solidaire (ULESS)

en faveur d’un devoir de vigilance contraignant, permettant de

prévenir, d’atténuer et de gérer les violations des droits humains. Le

gouvernement luxembourgeois continue d’encourager les acteurs

économiques à s’approvisionner de manière responsable et de mettre

en place, à cet effet, des systèmes de gestion de risque efficaces. Cela

reste malheureusement limité à une approche purement volontaire.

Or, les engagements volontaires n’ont pas apporté les changements

nécessaires, des violations des droits humains lors d’activités

économiques restent à l’ordre du jour. Pourtant, une étude a été

menée sur la faisabilité de légiférer sur ce fameux devoir de vigilance

et celle-ci a montrée qu’une législation nationale est bien réalisable…

Même si cela constitue une avance indéniable dans la bonne direction,

la proposition de directive du 23 février 2022 prête encore le flanc à

la critique car peu d‘entreprises sont concernées et compte maintes

lacunes, failles et exemptions. Au niveau national, cette proposition

de directive s’appliquerait à moins de 0,4% des entreprises.

« Non, les étiquettes ne nous

disent pas tout, et nous sommes

tous acteurs du changement. »

4×3 – NUMÉRO 18 – TRIMESTRIEL – MAI 2022

69


LE GRAND ENTRETIEN

Distribut ion

Des partenaires dans la distribution s’engagent

dans une transition équitable. Il y a par exemple ce

fameux programme « Only » où les distributeurs

ne proposent, pour un produit spécifique comme

la banane par exemple, qu’une offre exclusivement

issue d’une filière équitable. Des grands groupes

prennent aussi des décisions du même ordre.

C’est un véritable changement sociétal…

La filière textile est à elle seule emblématique de la

situation économique, sociale et écologique mondiale

et c’est un des fers de lance de l’association qui,

en relation avec Caritas, renforce ses actions.

« Seul on va plus vite, mais ensemble on va plus

loin » : cette devise prend tout son sens lorsque

les deux organisations s’associent au Luxembourg

dans le cadre d’un mandat accordé par la Direction

de la coopération au développement et de l’action

humanitaire pour porter cette fameuse campagne

baptisée « Rethink your Clothes ». En effet, il s’agit

pour Caritas et Fairtrade Lëtzebuerg de sensibiliser

le grand public à l’impact social, environnemental

et économique d’un secteur qui compte quelque

60 millions de travailleurs dont 70 % en Asie et 80 %

de femmes… Une des industries les plus polluantes

de la planète. Elles le clament : « Non, les étiquettes

ne nous disent pas tout, et nous sommes tous acteurs

du changement. Ensemble, il s’agit de contribuer

au développement et à la promotion d’un secteur

textile équitable et durable au Luxembourg ».

Musiques et paroles de…

Sur un air finalement assez rock, une belle rythmique

anime cet entretien. Certaines clefs « de sol »

donnent le ton… Et la résilience s’invite dans la

gamme des qualités intrinsèques de leur vision.

Après deux années de pandémie de Covid-19,

véritable séisme planétaire, la sphère du commerce

équitable résiste bien. « Nos partenaires et

bénéficiaires, nos agriculteurs engagés, nos

populations cibles, sont de facto des populations

résilientes. Des humains touchés depuis toujours

par une instabilité économique et sociale, des êtres

qui depuis la nuit des temps n’ont toujours pu

compter que sur leurs propres mains pour sortir

de la galère et se nourrir. » Alors oui, la résilience,

c’est leur pain quotidien, sans faire de mauvais jeux

de mots. Et oui, de crise en crise, de catastrophe

en cataclysme, de séisme en épidémie, ils savent et

tout le système de commerce équitable sait sortir et

survivre en ces temps difficiles, c’est dans leur ADN.

70 INFOGREEN.LU


LE GRAND ENTRETIEN

« Un autre commerce est

possible, il faut utiliser son

superpouvoir d’achat, pour

participer au changement. »

4×3 – NUMÉRO 18 – TRIMESTRIEL – MAI 2022

71


LE GRAND ENTRETIEN

« N’ayez pas peur de vous affirmer, osez

choisir différemment. Choisir le commerce

équitable, c’est bien plus qu’une alternative

ou un acte militant, c’est une action

quotidienne porteuse de bon sens. »

72 INFOGREEN.LU


LE GRAND ENTRETIEN

Clap de fin

On assiste à un changement de mentalités. Chaque acteur est primordial et a son

importance, du consommateur à l’ONG, de l’institution à la sphère politique, de la PME à la

multinationale… Nous sommes aujourd’hui à un moment charnière. Autrefois considérés

comme des doux rêveurs, Geneviève et Jean-Louis montrent que tout est possible comme

des pionniers d’une transition durable vers des valeurs universelles de justice et d’équité.

Et Jean-Louis pour son message de fin nous déclare : « Un autre commerce est possible, il faut

utiliser son superpouvoir d’achat, pour participer au changement ». Geneviève se rappelle quant

à elle une stagiaire originaire de Madagascar que l’association a accueilli récemment et qui lui

disait qu’elle aimerait acheter plus équitable mais qu’elle avait des craintes d’être exclue de son

groupe d’amis surtout au niveau vestimentaire. Son message est de dire aux jeunes : « N’ayez pas

peur de vous affirmer, osez choisir différemment. Choisir le commerce équitable, c’est bien plus

qu’une alternative ou un acte militant, c’est une action quotidienne porteuse de bon sens, une

décision responsable que chacun de nous peut prendre à tout moment et qui procure un bienêtre

moral. Et même si l’on ne pense pas qu’on puisse seul changer le monde, chacun doit faire

sa part », répète-t-elle car chacun a la possibilité de contribuer à un avenir juste et équitable.

Tous les producteurs ont droit à une rémunération qui couvre leurs charges. Quand on voit

la passion qui anime les producteurs, leur respect envers la terre qui les nourrit, on est enclin

à payer un prix juste. Pour citer Gandhi, « Soyez le changement que vous voulez voir dans le

monde », il faut accélérer ensemble et se tourner vers un monde plus durable et plus juste.

4×3 – NUMÉRO 18 – TRIMESTRIEL – MAI 2022

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« L’ennemi invisible est

le plus redoutable. »

- Jacques Garneau,

auteur québécois

POLLUTIONS ?

SOLUTIONS !

Ceci n'est pas surréaliste...................................................

Dribler les vices cachés derrière la porte ......................

« Continuer à sensibiliser aux dangers du radon »......

Matériaux sains, solutions saines : de hauts standards

d'exigence ............................................................................

À lire au calme... Mais pas trop ! ......................................

Ventiler, c'est fondamental ! .............................................

Un centre de compétences « propreté et hygiène ».....

Ondes positives, ondes négatives ...................................

Le côté obscur de la lumière.............................................

Pollution marine : tout commence en bas de chez

vous !.....................................................................................

Consommer mieux grâce à l'éco-score...........................

p.76

p.77

p.79

p.82

p.84

p.86

p.88

p.92

p.94

p.98

p.100



DOSSIER GREEN PLANET

CECI N'EST PAS

SURRÉALISTE

« Pollutions ? Solutions ! » Avec un tel

titre de dossier, difficile de passer à

côté de la citation d’André Gide : « Il

n’y a pas de problème, il n’y a que des

solutions » ! Celui-ci ajoutait encore :

« L’esprit de l’homme invente ensuite

le problème. Il voit des problèmes

partout ». Invention ? De l’homme,

peut-être. Car, malheureusement

bien réelle et problématique, la

pollution est partout où on la voit,

et même où on ne la voit pas.

Ce n’est pas le maître belge des

énigmes qui nous contredira.

Lui – René Magritte – qui prenait

plaisir à intituler ses œuvres de ce

qu’elles n’étaient pas, ou à peindre

ce qu’il n’annonçait pas. Lui qui

nous menait à voir ce qui d’emblée

ne se voyait pas. Ça semble

surréaliste, mais ça ne l’est pas.

Les ondes du wifi, les particules

de radon, le fer contenu dans

l’eau, les microfibres échappées

à l’essorage, les COV dans les

peintures, le bruit des travaux qui

n’en finissent pas… L’invisible est

réel, n’en déplaise aux incrédules,

et Jacques Garneau – écrivain

québécois – y voyait même

l’ennemi le plus redoutable.

Ils sont légion, ces ennemis

cachés. Mais les solutions sont

également nombreuses. Comme

à l’accoutumée, la rédaction

d’Infogreen a fait appel aux

expertises très variées de ses

partenaires (bien tangibles, eux)

et d’experts locaux. Nous ne

prétendons pas avoir fait le tour

de la question. Comment être

certains d’avoir vu tout ce qui

n’était pas apparent, tout ce qui

est vicieusement bien caché ?

Le Luxembourg a la chance de

compter (au moins) un expert

en indoor air quality au sein du

ministère de l’Énergie et de

l’Aménagement du Territoire. Ralph

Baden s’est notamment intéressé

aux électro-hypersensibles,

ces personnes qui souffrent

particulièrement des ondes (électro)

magnétiques. Leur proportion

augmente en continu et se situe

actuellement autour des 3 à 8 %.

L’autorité prend soin de compiler

des solutions pour minimiser les

conséquences sur leur santé.

Les pollutions (invisibles ou non)

évoluent en même temps que

les sciences technologiques.

Leurs impacts doivent donc aussi

être sans cesse réévalués et de

nouvelles solutions trouvées.

C’est dans cet ordre d’idées que

l’on commence à entendre parler

d’ingénieurs-acousticiens ou

d’experts en pollution lumineuse…

Un homme averti en vaut deux.

À l’issue de la lecture de ce

dossier printanier, vous pourriez

être amenés à vous questionner

sur tout ce qui vous entoure, à

vouloir changer des habitudes de

consommation, à revoir votre projet

de construction ou de rénovation,

à prévenir plutôt que de guérir…

et à passer à l’action ! Pour nous,

ce serait alors pari gagné. Et, cela

non plus, ce n’est pas surréaliste.

ESSORÉ PAR MARIE-ASTRID HEYDE

Photo : Unsplash

76 INFOGREEN.LU


DOSSIER GREEN PLANET

DRIBLER LES VICES CACHÉS

DERRIÈRE LA PORTE

Le ministère de l’Énergie et de

l’Aménagement du Territoire

va sortir un « Livre vert sur

la construction saine », une

base de données regroupant

des matériaux qui on été

analysés, testés, et qui sont

vraiment exempts de toutes

substances nocives.

Si les peintures au plomb

des années 50 ne sont plus

qu’anecdotiques dans les

habitations, les produits qui

les remplacent ne sont pas

toujours beaucoup plus sains.

C’est d’ailleurs malheureusement

le cas pour de nombreux

matériaux de construction

– même certains que l’on pense

écologiques –, qui contiennent

des polluants invisibles, inodores

et pourtant problématiques.

Heureusement, le ministère de

l’Énergie et de l’Aménagement du

territoire prévoit la publication,

au début de l’été, d’un « Livre vert

sur la construction saine », une

base de données qui regroupe des

matériaux qui ont été analysés,

testés, et qui sont vraiment exempts

de toutes substances nocives.

Ralph Baden, expert en

construction saine et en indoor air

quality au sein du ministère : « Nous

avons pu trouver des solutions

saines à tous types de produits,

sans qu’il soit nécessaire de faire

de grandes concessions en termes

de design et de fonctionnalités ».

Petit tour d’horizon des

principaux polluants intérieurs :

Polluants chimiques :

On distingue, parmi les polluants

chimiques, les volatiles et les

semi-volatiles. « Cette distinction

est importante dans le sens où

beaucoup de certifications et

de labels existants se focalisent

sur les polluants volatiles

(s’évaporent endéans les 2-3

semaines en moyenne) et oublient

les semi-volatiles (sont respirés

durant plusieurs années). Or

ces derniers sont persistants et

bioaccumulables : ce sont des

molécules qu’on va inhaler au fil

des années et dont le corps humain

ne parvient pas à se détoxifier. »

VOLATILES

• Formaldéhyde : très bien

documenté, pris en compte

par les labels. De nombreux

efforts ont été réalisés pour

minimiser sa présence dans les

matériaux de construction.

• Autres aldéhydes : aux effets

similaires au formaldéhyde.

On en parle très peu, mais ces

dérivés sont de plus en plus

présents dans les intérieurs,

et souvent tout aussi nocifs.

LA SUITE

4×3 – NUMÉRO 18 – TRIMESTRIEL – MAI 2022

77


DOSSIER GREEN PLANET

• COV (Composés Organiques

Volatils) : alors que les

anciennes peintures ou

colles renfermaient des

COV ou solvants classiques,

notamment des BTX (Benzène

Toluène Xylènes), on a remplacé

ces solvants par de l’eau dans

les produits à dispersion.

Ces produits doivent ensuite

contenir des additifs en

compensation, qui reprennent

certaines caractéristiques des

solvants bannis, mais qui sont

en plus moins volatiles et tout

aussi dangereux pour la santé.

On peut notamment citer les

éthers de glycol, et les terpènes

que l’on retrouve dans des

peintures dites écologiques.

SEMI-VOLATILES

• Biocides : pour lutter contre les

insectes et les moisissures. On

les retrouve dans les bois, les

moquettes, les tapis, le cuir.

• Retardateurs de flamme : on

distingue les polybromés – qui

concernent principalement

les États-Unis et l’Asie –, et les

organophosphorés en Europe.

Ces derniers sont moins

documentés mais comptent

parmi les polluants les plus

problématiques dans les

intérieurs. Ils sont également

utilisés dans les vitrifications de

revêtements de sol (parquet,

linoléum) pour les rendre

antidérapants et brillants.

MOISISSURES :

Elles sont plus connues et souvent

plus visibles aussi. Elles sont

toujours liées à un problème

d’humidité. La solution ? Supprimer

les causes de cette humidité : fuites,

infiltrations, ponts thermiques,

manque d’entretien des systèmes

de ventilation mécanique. « La

ventilation, c’est le poumon du

bâtiment : c’est par là que l’air

frais arrive. Il faut veiller à éviter

les encrassements, les conduites

polluées chimiquement (par

des retardateurs de flamme,

des phtalates). Pour cela, il

est impératif de prévoir un

accès au système pour réaliser

des entretiens réguliers. »

Poursuivez votre lecture du dossier

pour en savoir plus ou rendezvous

directement en p.92 !

CONSTRUIT PAR MARIE-ASTRID HEYDE

avec Ralph Baden, expert en

construction saine et en indoor air

quality (ministère de l’Énergie et

de l’Aménagement du Territoire)

Photo : Licence CC

• Phtalates : adoucisseurs,

substances qui rendent les

PVC et plastiques flexibles.

Dans les rénovations, on retrouve

encore des colles à base de

goudron, des métaux lourds

(peintures au plomb, tuyauteries en

plomb) ou de l’amiante. Ceux-ci ne

sont plus utilisés dans les produits

actuellement sur le marché.

78 INFOGREEN.LU


« CONTINUER À SENSIBILISER

AUX DANGERS DU RADON »

DOSSIER GREEN PLANET

Inodore, insipide, radioactif

et cancérigène, c’est un gaz

pernicieux. La prévention

est la première arme.

« Au Luxembourg, le seuil de

la concentration radon à ne

pas dépasser se trouve à 300

Becquerels par mètre cube (300 Bq/

m 3 ). Pour une personne exposée

à des concentrations moyennes

de radon autour de 500 Bq/m 3

sur de longues années, le risque

de développer un cancer des

poumons est doublé », rappelait

la ministre Paulette Lenert fin

2021, lorsque le gouvernement

a mis en place un second plan

national ciblant les employeurs

et leurs responsabilités, après

avoir lancé un premier plan radon

couvrant la période 2017-2020.

C’est une question de santé

publique. Encore faut-il avoir

conscience de la présence du

radon et des conséquences

de ce gaz provenant du soussol,

qui est présent partout et

qui, imperceptiblement, peut

s’accumuler dans les bâtiments.

« Le radon est un gaz radioactif

d’origine naturelle », souligne

Marcel Deravet, Ingénieur et project

Manager à l’IFSB de Bettembourg.

« On connaît parfois son existence

quand on vient de la région

ou de zones géologiquement

similaires. Mais au Luxembourg,

il y a beaucoup de nouveaux

arrivants venant d’endroits où

ce danger est inconnu. Et il peut

être tentant de fuir la pression

foncière en allant vers des zones

un peu moins chères… où le

radon est présent. Si on ne le sait

pas, on s’expose… Le radon est

inodore, inerte et incolore. On n’a

matériellement aucune conscience

de sa présence mais une

exposition sur quelques années,

par inhalation de radon ou de

poussières contenant des produits

de désintégration radioactifs du

radon, est dangereuse. Il faut

vraiment continuer à communiquer

et à sensibiliser sur ce sujet. »

Le nord du pays est le plus touché.

Des études sur l’habitat privé ont

mis en évidence que plus de 5% des

maisons ont des concentrations

de radon supérieures au niveau

de référence de 300 Bq/m 3 .

« Les ingénieurs et les architectes

ont leur rôle à jouer et ils doivent

être sensibilisés à la question

aussi », poursuit Marcel Deravet.

« Au niveau de la construction,

on doit prendre des mesures

préventives. Il faut prévoir des

membranes d’étanchéité, sous

LA SUITE

4×3 – NUMÉRO 18 – TRIMESTRIEL – MAI 2022

79


DOSSIER GREEN PLANET

« Il faut prévoir au niveau

de la conception technique,

notamment des réseaux

d’extraction souterrains, au

cas où il faudrait intervenir

plus tard. Ce n’est pas

un surcoût très élevé… et

cela en vaut la peine. »

les fondations et/ou les caves, qui

auront un double effet, éviter les

remontées d’humidité et bloquer

le radon afin qu’il ne s’infiltre pas

dans la moindre faille du sol ».

C’est valable, mais plus compliqué,

pour des travaux d’extension ou

de rénovation de bâtiments. Le

radon peut s’accumuler dans des

espaces confinés ou mal ventilés,

notamment en hiver. Les niveaux

de radon sont généralement

plus élevés dans les sous-sols,

les vides sanitaires, les zones

proches de la « source », en

l’occurrence le sol. L’expérience

a montré que les concentrations

de radon dans les bâtiments

adjacents, même mitoyens,

peuvent varier considérablement,

de sorte que les résultats de

mesures des constructions

voisines ne constituent pas

des indicateurs fiables.

L’IFSB inclut systématiquement

la sensibilisation au radon dans

les formations de qualification,

et il y a des formations pratiques

spécifiques pour les techniques

d’étanchéité notamment. Au sein

du groupe CDEC qui comprend

l’IFSB, COCERT, l’agence pour

l’efficacité énergétique des

bâtiments, dispose d’experts et de

matériel spécifique, notamment

pour les mesures de radon.

DÉTECTÉ PAR ALAIN DUCAT

Avec l'IFSB

PARTENAIRE INFOGREEN

Photos: © Marie De Decker/

IFSB / COCERT /

« Il ne faut pas hésiter à demander

de l’aide. Les pouvoirs publics

peuvent mettre à disposition,

gratuitement pour les privés,

des appareils de mesure et de

détection. Après, il faut tout

mettre en œuvre, au niveau

de la conception technique,

ventilation mécanique ou/et

extraction, prévoir des réseaux

d’extraction souterrains, au cas

où il faudrait intervenir plus tard.

Ce n’est pas un surcoût très

élevé… et cela en vaut la peine. »

80 INFOGREEN.LU


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QUELQUE SOIT LE CLIMAT AMBIANT

DOSSIER GREEN PLANET

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81


DOSSIER GREEN PLANET

MATÉRIAUX SAINS, SOLUTIONS SAINES :

DE HAUTS STANDARDS D’EXIGENCE

Lars Linster (Schroeder

& Associés) invite à une

planification rigoureuse pour

prévenir, voire éliminer, les

risques. « Le prix à payer

n’est rien d’autre qu’un

investissement à long terme ».

La qualité de vie, dans un bâtiment

sain, c’est un crédo pour les

ingénieurs chez Schroeder &

Associés. « On s’intéresse beaucoup

aux notions de qualité, de bien-être

des occupants », confirme Lars

Linster, ingénieur et chef d’unité

« Conseil en construction durable »

chez Schroeder & Associés.

« Nous avons définitivement été

convaincus des solutions à apporter

aux questions d’air intérieur par

exemple, à la suite de la formation

H2 E mise en place par le Ministère

de l’Énergie et de l’Aménagement

du Territoire et le pôle d’innovation

Neobuild. Et cela nous a renforcés

dans l’idée que, pour un lieu de vie

sain, il faut être particulièrement

attentif à la planification et à la prise

en compte de tous les paramètres,

en l’occurrence sur l’ensemble de la

durée de vie du bâtiment, voire audelà.

C’est aussi notre responsabilité

en tant qu’ingénieurs. »

Il faut pouvoir se méfier des

apparences et des « vices-cachés ».

« Depuis une dizaine d’années, les

normes et exigences énergétiques

ont fortement augmenté. C’est

évidemment très bien. Mais

une des mesures classiques,

c’est de renforcer l’isolation et

l’étanchéité à l’air des bâtiments.

S’il y a des émanations toxiques

ou des risques de pollution

de l’air ambiant, par exemple,

issus de certains matériaux

mis en œuvre, l’étanchéité va

d’une certaine façon 'confiner

les risques'. Et donc exposer

les occupants. C’est pernicieux,

d’autant que la plupart des risques

environnementaux ne sont pas

perceptibles et portent leurs

effets sur la santé à long terme. »

Des choix judicieux,

une attention de

chaque instant

Il est donc primordial de planifier,

selon l’ensemble des paramètres,

et d’opérer un choix judicieux

de matériaux, afin de réduire,

voire d’éliminer, les matériaux

critiques dès le départ, au stade

des études de conception. « Si l’on

parle de qualité de l’air intérieur,

on peut évoquer la ventilation.

Une ventilation mécanique est

une bonne solution à la base. Il

faut cependant que tout soit bien

dimensionné et bien entretenu,

pour un fonctionnement qui

garantit l’hygiène. Et là aussi, il

faut bien choisir ses matériaux et

ses pratiques de mise en œuvre,

afin d’éviter que des solvants

se libèrent dans les gaines de

ventilation censées assurer

un air sain et renouvelé… »

Pour Lars Linster, ces choix sont

primordiaux, de la planification

à la mise en œuvre, et même

au-delà. Un exemple ? « Pour

82 INFOGREEN.LU


« Les coûts de base, lissés sur

un cycle de vie complet, peuvent

s’avérer payants ; des investissements

particulièrement utiles et opérants. »

DOSSIER GREEN PLANET

les montages, d’éléments en

bois, de cloisons, de tapis, de

parquets, on peut privilégier des

matériaux sains et qui n’ont pas

besoin de colles mais peuvent

être posés mécaniquement,

vissés ou emboîtés par exemple.

C’est déjà très bien à la base

et, en plus, cela permettra une

déconstruction plus facile. C’est

important pour la réutilisation

ou le recyclage des matériaux

mis en œuvre et leur inscription

dans une base de matériaux ; il

faut penser plus loin et penser en

termes d’économie circulaire. »

Des investissements

utiles et opérants

Et dépenser plus ? « Non, pas

si on considère l’ensemble du

cycle de vie et l’ensemble d’un

cycle de coût global, sans même

parler de l’empreinte écologique

d’un bâtiment ou de la santé des

occupants, qui n’a pas de prix. Il

est clair que la planification est

un élément qui a une grande

influence sur tous les paramètres.

C’est un de nos challenges, en

tant qu’ingénieurs-conseils,

pour convaincre des maîtres

d’ouvrage, parfois réticents face à

l’investissement initial, qui semble

plus élevé. Nous devons penser

plus loin, voir le long terme, et

souligner que les coûts de base,

lissés sur un cycle de vie complet,

peuvent s’avérer payants, des

investissements particulièrement

utiles et opérants. »

Les bonnes pratiques ne

demandant qu’à devenir

exemplaires, Schroeder & Associés

a évidemment conçu son nouveau

siège à Kockelscheuer selon

cette approche. « Le bien-être

des occupants, c’est-à-dire nousmêmes,

nos collaborateurs, nos

visiteurs, a été au centre des

préoccupations dans la planification

du bâtiment. On a d’ailleurs

multiplié les tests et les mesurages

afin de s’assurer d’une qualité de

l’air irréprochable. Là aussi, on a

pu croire que les coûts étaient

plus élevés, mais si l’on prend tout

en compte, ça vaut le coup. »

Idem pour un projet-phare porté

par le bureau d’ingénieurs-conseils,

la future crèche de Roodt-sur-Syre,

qui pousse les standards d’exigence

vers le haut. « La qualité de vie des

utilisateurs, cela me paraît être un

critère sur lequel on ne peut pas

transiger. Surtout pas quand les

occupants sont des enfants. »

PLANIFIÉ PAR ALAIN DUCAT

Avec Schroeder et Associés

PARTENAIRE INFOGREEN

Photos : Schroeder & Associés /

Illustration 3D : Valente architecte

4×3 – NUMÉRO 18 – TRIMESTRIEL – MAI 2022

83


DOSSIER GREEN PLANET

À LIRE AU CALME…

MAIS PAS TROP !

Lorsque nous parlons de pollution, les premières images en tête

sont celles d’une épaisse fumée noire ou encore d’un amas de

détritus... La pollution sonore, elle, est invisible et bien trop souvent

négligée. Bien qu’une prise de conscience collective se développe

concernant l’importance de la traiter, elle reste encore peu considérée

dans le processus de construction, comme nous l’expliquent

Steven Rassart et Maxime Rigolage, Ingénieurs Acousticiens ayant

récemment rejoint le bureau d’Ingénieurs-Conseils Betic.

Maxime Rigolage : « Les engins

de chantier, le brouhaha d’un

restaurant, une circulation

dense de véhicules… La vie

quotidienne fourmille de mille

bruits, souvent perçus comme

une gêne occasionnelle alors qu’ils

sont une véritable pollution aux

effets conséquents sur la santé de

l’humain et sur tout l’écosystème ».

Steven Rassart : « D’après l’Office

Mondial de la Santé, près de

2,5 milliards de personnes dans

le monde, soit une personne

sur quatre, souffriront de

déficience auditive à des degrés

divers d’ici 2050. Le bruit est le

2 e facteur environnemental de

cause de maladies en Europe de

l’Ouest, juste après la pollution

atmosphérique. Les études du

Centre d’information sur le Bruit

attestent également que la période

de confinement liée à la crise

sanitaire a accru la sensibilité au

bruit de la population. Cela reflète

la complexité de notre métier :

proposer des concepts et solutions

pour garantir un environnement

sonore de qualité, sans pour

autant 'surisoler', pour éviter

que les personnes développent

une hypersensibilité au bruit ».

M.R. : « Au Grand-Duché, la

réglementation en matière

d’acoustique s’étoffe au fil du temps

mais il faut encore davantage

intégrer cette expertise en début

de projet. Investir dans un peu

de silence dès la conception

est plus efficace et très souvent

moins coûteux que d’intervenir

à postériori. Une fois le bâtiment

construit, nous sommes restreints

quant au choix des matériaux,

au vu des contraintes techniques

et financières. Il est difficile

d’accepter de déconstruire

pour reconstruire une partie

d’un bâtiment récemment livré

dans l’idée d’améliorer ses

performances acoustiques ».

S.R. : « Au même titre que l’on

cherche une bonne performance

énergétique sur un projet dès la

conception, il faut chercher une

bonne performance acoustique.

Bonne isolation thermique ne

veut pas dire bonne isolation

acoustique par exemple… D’où

l’importance de se concerter

très tôt. Un triple vitrage avec

trois verres d’épaisseur similaire

aura de bonnes caractéristiques

énergétiques mais pas acoustiques.

Chaque plaque d’un matériau d’une

épaisseur donnée a une fréquence

critique où elle se met à vibrer et

où le bruit se transmet beaucoup

mieux. Si une bonne isolation

acoustique est nécessaire, nous

préconiserons davantage des verres

d’épaisseur suffisamment différente

pour que la composition globale

du vitrage soit plus équilibrée du

point de vue de ses performances

acoustiques. De cette manière,

nous éviterons un affaiblissement

des performances à des fréquences

souvent problématiques ».

M.R. : « Notre métier consiste aussi

à anticiper les besoins pendant

la phase chantier en identifiant

les nuisances, les localisant, les

limitant, tout en respectant les

réglementations et en anticipant les

84 INFOGREEN.LU


évolutions d’un quartier pour que

les caractéristiques acoustiques

d’une nouvelle construction

répondent aux besoins futurs.

On ne peut pas prévoir ce qu’une

ville, un quartier sera exactement

dans 60, 80 ans, mais nous avons

des outils pour nous projeter à

moyen terme comme les Plans

d’Aménagements Généraux et

Particuliers. En intervenant dès

la conception, nous pouvons

aussi apporter des conseils sur la

programmation au vu des nuisances

de l’environnement futur… ».

écosystème en préservant

et renforçant la biodiversité,

notamment en zones urbaines.

La pollution sonore fait fuir les

espèces présentes dans un milieu

exposé. Lorsqu’elles ne fuient pas,

elles s’adaptent en augmentant

leur volume sonore de vocalisation

et/ou les périodes d’émissions

associées, créant de nouvelles

nuisances. Un cercle vicieux…

C’est pourquoi il est essentiel

d’intervenir à grande échelle sur

les nuisances majeures comme le

trafic (aérien, ferroviaire, routier) ».

cette expertise, comme nous

le faisons au sein du bureau

avec le développement du pôle

Sustainable Design, ou encore

grâce à l’appui de nos collègues du

Groupe VK Architects & Engineers

qui possèdent une expertise de

longue date en la matière ».

PARTENAIRE INFOGREEN

BETIC

Photo : Betic

DOSSIER GREEN PLANET

S.R. : « Et au-delà de créer

simplement du confort, l’acoustique

joue un rôle majeur sur notre

M.R : « Notre métier est de plus

en plus reconnu au Luxembourg

et il faut continuer à déployer

WASSERGEFÄHRDENDE

PRODUKTE IM HAUSHALT

Wasser ist eines der wertvollsten Güter, auf die wir als Mensch angewiesen

sind. Wasser zu schützen bzw. nicht unnötig zu gefährden muss daher

eine Selbstverständlichkeit für uns alle sein. Verantwortungsvolle Nutzung

des Wassers bedeutet vor allem, es nicht verschwenderisch zu nutzen.

Genauso wichtig ist aber, der Verschmutzung/Verunreinigung des

Wassers vorzubeugen und das gilt auch für das Abwasser bzw. die

Oberflächengewässer. Auch moderne Kläranlagen mit chemischer

Klärstufe können nur wenige Chemikalien aus dem Wasser filtern.

Im Haushalt verwenden wir eine ganze Reihe von Produkten,

die wassergefährdend sind, wenn Reste davon ins Abwasser

oder über den Boden in die Oberflächengewässer gelangen.

Die Liste geht über technische Öle, wie Motoröle, über Pestizide

zu allgemein beim Heimwerken genutzte Flüssigkeiten.

Bei allen Wasch- und Reinigungsprodukten hängt die Gefährdung

natürlich sehr von den Inhaltsstoffen und der Konzentration ab, die

ins Abwasser gelangt. Bei Medikamenten gelangen Wirkstoffe allein

schon durch die menschlichen Ausscheidungen ins Abwasser.

Was kann ich tun?

Sammelstellen

Alle genannten Problemstoffe könne über die Angebote der

SuperDrecksKëscht (mobile Sammlung oder Recyclinghöfe) erfasst

werden. Die Produkte werden dann soweit möglich wiederverwertet

oder falls dies nicht möglich ist umweltgerecht entsorgt.

Vermeidung

Bei allen sollte die Vermeidung an erster Stelle stehen.

Wenn dies nicht möglich ist den Verbrauch mindern.

Umweltfreundliche Wasch- und Reinigungsmittel, sowie Farben und Lacke

werden über die Aktion ‚Clever akafen – Produkte empfohlen von der

SuperDrecksKëscht‘ beworben. Auf der Internetseite www.clever-akafen.

lu sind dazu auch detaillierte Anwendungsempfehlungen zu finden.

SuperDrecksKëscht

Photo : SDK

PARTENAIRE INFOGREEN

4×3 – NUMÉRO 18 – TRIMESTRIEL – MAI 2022

85


DOSSIER GREEN PLANET

VENTILER,

C’EST FONDAMENTAL !

Selon l’OMS, environ 4 millions

de personnes par an meurent

prématurément de maladies

imputables à la pollution

de l’air domestique. Dans

une maison passive, il est

fondamental de prévoir une

bonne ventilation double flux.

L’isolation et l’étanchéité d’une

maison passive est telle qu’il est

fondamental de l’équiper d’une

ventilation double flux. D’après

l’Organisation Mondiale de la

Santé (OMS), chaque année,

environ 4 millions de personnes

meurent prématurément

de maladies imputables à la

pollution de l’air domestique.

La ventilation d’une maison

individuelle est primordiale pour

des raisons de confort. La VMC

double flux, tout comme la VMC

double flux thermodynamique,

permet de diminuer les agents

polluants ainsi que de limiter les

courants d’air et les nuisances

sonores en évitant d’ouvrir les

fenêtres mais surtout de régler

le problème d’humidité qui est

souvent une source de moisissures.

Une maison passive doit

remplir 3 critères qui sont

établis par le laboratoire

PassivHaus de Darmstadt :

• Besoin en chauffage

inférieur à 15 kWh/m²/an,

• Étanchéité à l’air n50 < 0,6 /h,

• Consommation d’énergie

primaire inférieure à

120 kWh/m²/an.

Pour cela, GECO propose une

gamme complète de VMC Double

Flux certifiées PassivHaus Institut

comme la VMC Double Flux

compacte HCC2. Première dans sa

catégorie, assurant un rendement

jusqu’à 93 % et idéale pour les

logements entre 50 et 120 m².

GECO propose également la

VMC Double Flux HCV400 qui

assure de grands débits d’air

allant jusqu’à 300 m 3 /h ; elle est

équipée d’une sonde d’hygrométrie

sur l’air extrait et la vitesse de

ventilation se modifie en fonction

du taux d’humidité présent dans

l’air. La HCV400 est également

certifiée à 92 % au PHI.

De fabrication danoise, la

gamme de VMC Double Flux

GECO DANTHERM bénéficient de

composants de qualité supérieure,

d’une gamme polyvalente avec

86 INFOGREEN.LU


« La VMC double flux permet de diminuer

les agents polluants ainsi que de limiter les

courants d’air et les nuisances sonores en

évitant d’ouvrir les fenêtres mais surtout

de régler le problème d’humidité qui est

souvent une source de moisissures. »

DOSSIER GREEN PLANET

un éventail d’option d’installation

ainsi qu’une multitude d’options

de contrôle (application,

télécommande sans fil…)

Les VMC Double Flux GECO

DANTHERM sont équipées de

filtres standards G4/G4 mais la

filtration par filtres F7 est également

proposée, en option, permettant

une protection anti-pollen.

GECO propose la VMC Double

Flux Thermodynamique PKOM4,

certifiée 1 ère au PassivHaus Institut

à 88 %, cette dernière intègre un

échangeur de chaleur efficace

mais également deux pompes à

chaleur qui permettent à l’unité de

chauffer et rafraichir l’habitation

mais également de produire

de l’eau chaude sanitaire.

sanitaire, elle existe également en

version 3 en 1 sans eau chaude

sanitaire appelée PKOM TREND.

De fabrication autrichienne, faible

niveau sonore et haute qualité font

que les unités PKOM4 sortent du

lot par leurs performances, 88 %

selon PHI et également 1 ère au

classement PassivHaus Institut.

GECO est spécialiste de la ventilation

en France depuis 1978 et possède tous

les produits et accessoires en stock.

› Pour toutes questions ou toutes

demandes, il est possible de

contacter les techniciens GECO

par téléphone au 03.88.18.11.18.

ou par mail à contact@geco.fr

PARTENAIRE INFOGREEN

Ainsi, la VMC double flux

thermodynamique PKOM4 GECO

by Pichler permet de rassembler

les 4 fonctions en une seule

unité compacte limitant l’emprise

au sol, les travaux et réduisant

le coût total dans le cas d’une

installation du chauffage, de

rafraîchissement et du ballon d’eau

chaude de manière séparée.

La PKOM4 assure un débit

d’air compris entre 85 et

250 m 3 /h, la VMC Double Flux

thermodynamique apporte en

permanence aux pièces un air frais

et filtré provenant de l’extérieur,

pour cela elle est équipée d’un

filtre F7 pour l’air extérieur ainsi

que d’un filtre G4 pour l’air repris.

La solution compacte PKOM4

permet donc de ventiler, chauffer,

rafraîchir et chauffer l’eau

4×3 – NUMÉRO 18 – TRIMESTRIEL – MAI 2022

87


DOSSIER GREEN PLANET

« L’entreprise informe et

forme ces gens qui tous les

jours sont sur le terrain et

méritent d’être valorisés

dans leur métier ; ces

personnes travaillent pour

la santé de chacun et on

doit préserver la leur ! »

UN CENTRE DE COMPÉTENCES

« PROPRETÉ ET HYGIÈNE »

La propreté et l’hygiène, c’est le

cœur de métier de BOMA, une

entreprise qui a des valeurs,

parmi lesquelles figurent en

bonne place l’humain et le

monde dans lequel il vit. Savoirfaire

partagé, avec Antonio

Caetano, Branch Manager

de BOMA Luxembourg.

« Nous faisons de la vente de

solutions de propreté mais

nous tenons beaucoup à

l’accompagnement, au conseil et

à la sensibilisation du client et de

l’utilisateur final. Il s’agit d’être en

phase avec le terrain et avec les

préoccupations écologiques. Car

nous sommes tous des pollueurs

potentiels, par définition. Nous

pouvons tous, aussi, être des

porteurs de solutions », résume,

enthousiaste, Antonio Caetano,

Branch Manager de BOMA

Luxembourg. « En 2004, j’ai été

un des premiers à introduire

l’écologie dans le monde de

la propreté. C’est devenu une

référence incontournable. »

Les techniques de nettoyage

s’appuient sur du matériel adapté

et sur des produits efficaces et

sûrs. « Ils sont écologiques, cradle

to cradle. Je crois aussi beaucoup au

développement des probiotiques,

qui ont un impact positif. Il faut

encore convaincre en la matière,

mais c’est une réelle avancée

d’utiliser des bonnes bactéries

qui agissent seules. Dans tous

les cas, il faut penser à ce qui se

passe après le nettoyage. Aux

eaux usées qui vont en station

d’épuration par exemple, ou à la

santé des personnes lorsqu’elles

sont exposées à des principes actifs

nocifs présents dans des produits

d’entretien courants et souvent

populaires ! Chez BOMA, on évite

les produits rémanents, qui ont un

impact négatif pour l’homme. »

L’entreprise entend sensibiliser,

informer, former aussi. « Quatre

éléments fondamentaux guident

les choix pour un bon nettoyage :

le produit adéquat avec le bon

dosage pour la surface à traiter,

le temps d’action du produit, la

température – de l’eau et ambiante

– et l’ustensile adéquat – le cas

échéant la machine la plus adaptée.

Il y a beaucoup de choses que l’on

peut apprendre. Nous consacrons

environ 400 heures à la formation,

pour les sociétés de propreté,

les services publics ou privés, les

utilisateurs finaux. Mais nous allons

désormais plus loin car il y avait un

manque criant au Luxembourg. »

Un cercle vertueux

L’entreprise met en place un

véritable centre de compétences,

qui cible les usagers des services,

les employeurs mais aussi, voire

surtout, « ces gens qui tous les

jours sont sur le terrain et méritent

d’être valorisés dans leur métier.

Ces personnes travaillent pour

la santé de chacun et on doit

préserver la leur ! » Ainsi, à côté

du BOMA Shop et des hangars

88 INFOGREEN.LU


DOSSIER GREEN PLANET

de BOMA Luxembourg sur la

zone de Kockelscheuer-Roeser où

l’entreprise est implantée depuis

quelques mois, naît une « école

de propreté ». « Ce centre de

compétences touche aux aspects

économiques et écologiques.

Cela peut avoir un impact sur

l’organisation des équipes et

du temps, sur la mécanisation

adéquate. On veut donner un

savoir-faire supplémentaire. Chaque

matière, chaque surface, a sa

propre technique de traitement. La

formation sera étalée sur plusieurs

semaines. Et très concrète. Il

s’agit aussi de montrer que le

nettoyage n’est pas un facteur de

coût, mais un investissement qui

a son retour. Pour l’entreprise,

pour les personnes dont la santé

sera mieux préservée et dont

l’employabilité sera augmentée,

et aussi pour la collectivité, avec

moins d’absentéisme, moins de

coûts pour la sécurité sociale. »

BOMA s’engage. « Nous avons une

responsabilité en tant qu’entreprise

et en tant que fournisseur. Nous

pouvons créer un cercle vertueux. »

Pour l’accompagnement, la

formation et les justes conseils,

le groupe a mis en place une

« Maison de Repos virtuelle »,

une plateforme qui permet de

visualiser et d’agir en quelques

clics dans les différents endroits

de ce type d’espace où l’hygiène

et la santé sont en première

ligne. « On va étendre la formule

et proposer à terme d’autres

lieux spécifiques, une école, une

surface agroalimentaire… »

BIP (BOMA in the Pocket), une app

installée sur les smartphones des

« technicien–ne-s de surfaces »

et autres groupes de « remise en

état », permet d’avoir, sur le lieu

de travail, toutes les informations

utiles (problème rencontré,

solution adaptée, bon usage

du produit ou du matériel, etc.)

à l’accomplissement de leurs

tâches, en interaction directe avec

les services de BOMA, de façon

personnalisée et dans leur langue.

La bonne technique agit aussi sur

l’empreinte carbone. « En 2019,

nous avons économisé 50 000 km

en logistique, principalement

grâce à une solution informatique

pour la gestion des commandes

et des livraisons, qui évite bien

des déplacements superflus. On

livre tout d’un coup, on récupère

les bidons vides, dont on assure

la mise en recyclage. Simple, mais

efficace… » La même logique de

« nettoyage circulaire » prévaut pour

le matériel. « Quand nos machines

arrivent en fin de vie, on récupère,

on démonte, on recycle. Sur un

chariot de nettoyage, on arrive

à 75 % de matières recyclées. Et

nous souhaitons aller plus loin, en

proposant le leasing plutôt que

la vente, ce qui nous permettra

d’aller plus loin dans le recyclage

des composants et de fournir des

machines up-to-date à nos clients. »

LAVÉ PAR ALAIN DUCAT

avec BOMA Luxembourg

PARTENAIRE INFOGREEN

Photos : Fanny Krackenberger

4×3 – NUMÉRO 18 – TRIMESTRIEL – MAI 2022

89


DOSSIER GREEN PLANET

À TRAVERS LE HUBLOT

DE LA MACHINE…

Une pollution invisible se cache dans les lessives. Gare

aux microfibres textiles et aux produits nocifs !

Quelques chiffres : 35,6 milliards de lessives sont effectuées chaque

année en Europe, selon l'université de Northumbria (Angleterre). On

estime que cela engendre 13 000 tonnes de microfibres relâchées chaque

jour dans les rivières et les océans… Des microplastiques à l’échelle

nanométrique peuvent passer la paroi des organes, selon une récente

étude de la revue scientifique « Environment International ». Deux femmes

enceintes sur trois portent dans leur placenta ces microplastiques…

« Les fibres de nos textiles ne sont pas toutes neutres et la

majorité des lessives industrielles contiennent des substances

nocives pour notre santé et l’environnement. »

Chaque foyer consomme en moyenne 40 kg de lessive / an et 3 lessives par

semaine… Cela signifie que nous sommes tous concernés et chacun(e) a aussi

une partie de la solution… dans le panier à linge et à côté de la machine… « Tous

nos produits Greenatural sont certifiés ICEA (maintenant Cosmos) répondant à

un cahier des charges très strict, des critères de matières premières naturelles

non issues de la pétrochimie et des emballages 100 % recyclables. »

LetzWash

Viviane Wirtz

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PARTENAIRE INFOGREEN

UNE ÉCOLE SAINE, UN

PROJET ANALYSÉ DE A À Z

Le nouveau campus éducatif à Wiltz ambitionne d’être le complexe

le plus sain du Luxembourg. Chaque matériau est étudié pour

diminuer au maximum son impact environnemental.

La construction du nouveau campus éducatif - le premier élément

visible du nouveau quartier « Wunne mat der Wooltz » - a débuté,

fin 2020, sur l’ancien site industriel « Géitzt » à Wiltz.

Ce campus comprendra une école fondamentale avec maison relais et cuisine de

production (pour la totalité des écoles et maisons relais de la commune), un hall

sportif, une école de musique et le nouveau musée pour enfants « Plomm ».

À projet ambitieux, objectif ambitieux. Les responsables souhaitent

accueillir les premiers élèves pour la rentrée scolaire de septembre 2023.

Le chantier bat donc son plein sur les 2,38 hectares du projet.

Qualité de l’air…

Lors de la planification du campus, le but était de construire le complexe éducatif

le plus sain possible. Les principes de l‘économie circulaire, qui sont appliqués

dans le développement et la construction des bâtiments, y contribuent.

Des critères stricts en termes de qualité de l’air intérieur ont été fixés dans

les cahiers des charges. Pendant la phase de construction, les entreprises

impliquées sont sensibilisées à l‘application de l‘économie circulaire et elles

devront montrer patte blanche avant la mise en œuvre des matériaux sur le

chantier. Ainsi, la totalité des matériaux de construction utilisés sont analysés avant

l‘installation afin d’assurer que, lorsque des alternatives existent, les matériaux

de construction soient sans polluants et idéalement recyclables en fin de vie. Les

matériaux pour lesquels un doute subsisterait sont analysés en laboratoire.

Commune de Wiltz

› La suite est à lire sur Infogreen.lu

PARTENAIRE INFOGREEN

90 INFOGREEN.LU



DOSSIER GREEN PLANET

ONDES POSITIVES,

ONDES NÉGATIVES

3 à 8 % de la population serait « électrosensible

», c’est-à-dire particulièrement

sensible aux ondes électromagnétiques. À

l’ère du tout connecté, l’exposition à ce type

de pollution invisible semble inévitable.

Mais pas forcément ! Explications avec Ralph

Baden, expert en construction saine et en

indoor air quality au sein du ministère de

l’Énergie et de l’Aménagement du territoire.

Si les impacts des hautes

fréquences sur la santé ne

sont pas encore clairs à l’heure

actuelle, on sait qu’elles ont de

potentiels effets cancérigènes.

« L’OMS (Organisation Mondiale

de la Santé) a en effet classé les

champs électromagnétiques

de hautes fréquences et les

champs magnétiques de basses

fréquences comme potentiellement

cancérigènes. Des tests sur culture

(in vitro) ou sur animaux (in vivo)

vont dans ce sens, mais on manque

à l’heure actuelle de recul pour tirer

des conclusions définitives pour

l’Homme. Ce qui est sûr, c’est qu’il

y a des sensibilités individuelles

qui varient énormément d’une

personne à l’autre et qui peuvent

se manifester entre autres par des

troubles cardiaques. » On parle

d’électro-hypersensibilité (EHS).

Si on analyse des biomarqueurs

dans le sang (histamine, anticorps)

durant une exposition, par

exemple à un gsm, on constate une

augmentation de ces biomarqueurs.

Justement, quid des antennes

extérieures de mobilophonie ?

« C’est souvent ce qui inquiète le

plus les gens. Or, au Luxembourg,

les opérateurs sont soumis à des

limitations. Cela n’est par contre

pas le cas des ondes à l’intérieur

des bâtiments, qui émettent

beaucoup plus fortement. » On

pense ici au Wifi, aux téléphones

portables DECT et autres

systèmes de communication.

Heureusement, il existe des outils

qui émettent moins, de manière

non continue et qui sont de plus

faciles à implémenter. Pour le wifi,

par exemple, des systèmes CPL

(pour Courant Porteur en Ligne)

permettent de passer d’un WLAN

(W= wireless) à un dLAN (d =

direct) : le signal va être transféré

92 INFOGREEN.LU


sur l’installation électrique et peut

être récupéré dans chaque pièce via

les prises de courant, là où j’en ai

besoin, lorsque j’en ai besoin. « Cela

évite la propagation d’ondes dans

l’air, et cela permet de ne pas être

exposé la nuit, quand nous n’avons

pas besoin d’être connectés. »

Et la 5G, qui a fait couler tant

d’encre ces derniers mois ? « C’est

encore une technologie tout à

fait nouvelle. Elle comporte trois

fréquences. La nouvelle fréquence,

qui inquiète beaucoup de monde,

concerne les ondes millimétriques

d’une fréquence très élevée

d’environ 30 GHz, proche des

radars. C’est celle qui me fait le

moins peur ! Pourquoi ? Parce

que plus la fréquence est élevée,

moins les ondes vont pénétrer

en profondeur. Elles vont frôler

la peau, mais ne pénètrent pas

dans le tissu. Elles ne passent

pas non plus par les murs, à vrai

dire une simple feuille de papier

fait écran. Pour les deux autres

fréquences, qui sont similaires à

celles qu’on connaît déjà avec le

wi-fi ou les gsm, la différence avec

la 5G est qu’elles ne s’enclenchent

que lorsqu’un consommateur est

actif. L’antenne, telle un sniper,

va cibler le lieu d’émission, alors

qu’auparavant elle tirait dans

toutes les directions. Une personne

située à 2 m de l’utilisateur ne

sera pratiquement pas exposée

et ne le sera même plus du tout

en fin de communication. En

tant qu’utilisateur, il me suffit

de désactiver les données

mobiles pour être à l’abri de

l’exposition. Passer exclusivement

à la 5G pourrait, à mon sens,

améliorer les communications

tout en diminuant l’exposition

et le gaspillage énergétique (une

antenne qui n’émet pas,

ne consomme pas). »

Enfin, l’installation électrique en

elle-même nous expose à des

champs électriques ou magnétiques

de basses fréquences. « Des

systèmes – décrits dans le 'Livre

vert sur la construction saine'

à paraître cet été –, permettent

de minimiser cette exposition

grâce à des câbles torsadés, des

biorupteurs, etc., sans devoir

renoncer au confort. Il est

bien entendu plus intéressant

d’envisager tous ces outils dès la

planification, plutôt que de devoir

assainir par la suite. » Ces conseils

seront également compilés dans

le « Guide sur la construction et

la rénovation durables » en cours

d’élaboration avec le CRTI-B.

ONDULÉ PAR MARIE-ASTRID HEYDE

Photos : Archives Neomag / Licence CC

DOSSIER GREEN PLANET

CAMPUS CONTERN

A PURIFIÉ SON

ENVIRONNEMENT

Depuis le début, Campus Contern a voulu utiliser et gérer

l’espace de la manière la plus efficace avec pour priorité de limiter

l’empreinte écologique et le bien-être des occupants.

Il était logique d’aller jusqu’à la purification de l’air intérieur. Campus Contern

a adopté très vite, en pionnier dans le pays, le système « Indoor Forest » de

BioOrg. L’équipe de BioOrg brumise des micro-organismes positifs dans l’air

et sur les surfaces. Cet écosystème forme une « biomasse vivante » qui assure

en permanence un nettoyage et une purification de l’air. Ces organismes se

nourrissent de molécules dites sales comme les poussières fines, COV (composés

organiques volatils), allergènes, etc., et les digèrent pour les éliminer.

Cet écosystème positif a permis à Campus Contern d’être le premier

complexe de bureaux au Luxembourg à offrir à ses occupants un

environnement 100 % naturel, sans allergènes ni pollution chimique. Ce

système a permis d’aller encore plus loin dans l’approche écologique et d’agir

directement et concrètement sur la santé et le bien être des occupants.

BioOrg explique : « Nos bâtiments sont 'morts' et sources de diverses pollutions

intérieures, même s'ils sont modernes ou bien entretenus. Peintures, moquettes,

sols, produits d'entretien, parfums, meubles, animaux... libèrent des particules

dans l'air. Cet air que nous respirons 90 % du temps si l'on considère le temps

passé à la maison, au travail ou dans les véhicules... BioOrg améliore la qualité

de l'air intérieur naturellement, c’est comme vivre ou travailler en forêt ! »

Campus Contern et BioOrg

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4×3 – NUMÉRO 18 – TRIMESTRIEL – MAI 2022

93


DOSSIER GREEN PLANET

LE CÔTÉ OBSCUR

DE LA LUMIÈRE

LSC Engineering Group a mis en

place une cellule « Éclairage »

qui réunit des spécialistes

du monde de la technique,

de l’aménagement des

infrastructures, de l’urbanisme

et de l’environnement afin de

diminuer l’impact lumineux

des nouveaux projets.

« Papa, n’y a-t-il pas d’étoiles dans

le ciel ? », me demande mon fils de

six ans, en nous promenant dans la

ville, un soir d’hiver où la nuit tombe

généralement tôt et pourtant il ne

fait pas si sombre. Il fait froid, le ciel

est dégagé, mon fils a cependant

raison. Les étoiles sont à peine

visibles. La ville est trop illuminée.

Ce phénomène, qui suscite depuis

quelque temps une attention

accrue de la part des scientifiques

et d’autres disciplines, est

généralement appelé pollution

lumineuse. Selon « Spektrum der

Wissenschaften », la pollution

lumineuse est un phénomène

dans lequel l’obscurité naturelle

ne prévaut plus la nuit dans de

nombreuses régions du monde,

notamment en raison de l’éclairage

public, des enseignes lumineuses

et de l’éclairage industriel. Cette

perte d’obscurité naturelle

affecte non seulement la santé

humaine, mais a également un

impact négatif sur de nombreuses

espèces animales et végétales.

La pollution lumineuse

au Luxembourg

Au Luxembourg également, il

y a une prise de conscience de

ce phénomène et de ses effets

négatifs. Ainsi, la pollution

lumineuse est déjà remise en

question et prise en compte

dans les études préparatoires

aux projets et les évaluations

environnementales (évaluation

environnementale stratégique

(EES), étude des incidences sur

l’environnement (EIE)). En particulier

dans le cas des biens à protéger

« Population et santé humaine » et

« Plantes, animaux, biodiversité »,

la pollution lumineuse ressort

régulièrement comme point

de conflit dans les études.

Ceci est important, car il est

possible de prendre l’éclairage en

compte dans les projets les plus

divers à un stade précoce, afin

d’éviter les effets négatifs d’un

éclairage mal conçu/étudié avant

l’installation finale des lampadaires

et des sources lumineuses. Le

ministère de l’Environnement a

publié à cet effet en 2018 le guide

« Bon éclairage » en extérieur pour

le Grand-Duché de Luxembourg.

Une impression visuelle de

l’intensité de l’éclairage nocturne

dans le monde peut notamment

être obtenue sur le site Internet

www.lightpollutionmap.info.

94 INFOGREEN.LU


L'ÉNERGIE PROPRE

DOSSIER GREEN PLANET

Nos sources d'énergie, qu'il

s'agisse de la façon dont nous

chauffons, refroidissons et

alimentons nos maisons, ou de

nos déplacements, jouent un rôle

important dans la qualité de l'air.

Les solutions

« Cette perte d’obscurité naturelle affecte

non seulement la santé humaine, mais a

également un impact négatif sur de nombreuses

espèces animales et végétales. »

La technologie LED, déjà largement

répandue aujourd’hui, peut

contribuer de manière décisive à

réduire cette problématique. Les

solutions techniques permettant

d’atténuer l’intensité lumineuse,

de limiter la durée d’éclairage ou

de diriger les faisceaux lumineux

vers le sol existent déjà et doivent

simplement être appliquées et

installées aux bons endroits.

C’est pourquoi LSC Engineering

Group a mis en place une

cellule « Éclairage » qui réunit

des spécialistes du monde de la

technique, de l’aménagement des

infrastructures, de l’urbanisme

et de l’environnement afin

« d’éclairer » sur ce sujet.

Si nous pouvons à l’avenir

observer clairement le ciel étoilé

en ville, cela reste incertain et

plutôt douteux pour l’instant.

En revanche, il est certain que

l’on est aujourd’hui conscient

du problème de la pollution

lumineuse et que l’on dispose des

moyens techniques permettant de

planifier et concevoir un éclairage

adapté à son environnement.

D R . MARCO HÜMANN

Département Environnement, Luxplan,

membre de LSC Engineering Group

Grâce aux progrès des technologies

solaires, plusieurs personnes

commencent à comprendre les

innombrables façons dont l’énergie

solaire et les autres ressources

énergétiques propres peuvent être

bénéfiques pour l’environnement.

Examinons de plus près comment

les panneaux solaires contribuent

à la protection de l’environnement.

L’énergie solaire et l’énergie

éolienne sont deux des sources

d’énergie renouvelables les plus

sûres et les plus courantes. Mais

comment fonctionnent-elles ?

L’énergie éolienne est créée à

l’aide d’éoliennes, qui sont placées

dans des endroits où les vents

sont rapides. L’utilisation du vent

pour produire de l’énergie a moins

d’effets sur l’environnement

que de nombreuses autres

sources d’énergie.

L’énergie solaire utilise des cellules

photovoltaïques - faites de

silicium ou d’autres matériaux qui

transforment la lumière du soleil

en électricité. Les installations de

panneaux solaires ne produisent

pas de polluants atmosphériques

ni d’émissions de gaz à effet de

serre, même si certaines émissions

peuvent être libérées pendant

le processus de fabrication.

Eco Habitat Lux

Photo : EcoHabitatLux

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Portrait photo : ©Luxplan

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95


DOSSIER GREEN PLANET

LE POIDS DES

SENTEURS

La pollution olfactive n’est pas neutre. Mais que sent-on au juste ?

On sait que l’hydrogène sulfuré, un gaz toxique s’il en est, pue l’œuf pourri. L’essence,

le gasoil ou le macadam bien chaud, ça se sent que c’est eux… Si vous allez au

pressing et que ça sent l’éther, c’est probablement à cause du perchloroéthylène,

utilisé comme solvant pour dégraisser l’article à « nettoyer à sec » - ce PCE est

déjà remplacé par des alternatives… pas moins agressives à long terme pour qui

les respire à foison mais moins repérables pour qui passe de temps en temps.

Cependant, si des odeurs trahissent et dérangent, cela reste souvent question

de subjectivité, de perception, voire de sensibilité. On est dans la pollution

olfactive, ce qui ne nous met pas nécessairement dans la nocivité avérée.

La tradition peut aussi jouer des tours. Nos grands-mères n’ont-elles pas transmis

la javel comme un désinfectant miracle, laissant croire que si ça sent la javel, ça

sent le propre ? Alors que, en fait, il est franchement conseillé d’éviter le contact

avec l’eau chlorée, la réaction dégageant des gaz irritants et toxiques pour les

voies respiratoires et les yeux. Et puis, d’ailleurs, la propreté n’a pas d’odeur…

Si les odeurs ne posent normalement pas de problèmes de santé graves, elles

peuvent servir de signal d’alarme pour des problèmes environnementaux ou

sanitaires plus sérieux, potentiellement dangereux pour la santé des êtres

vivants… Des études européennes ont montré que la pollution olfactive

est la 2 e cause de « préoccupation environnementale » des citoyens, après

le bruit. Cela représente en moyenne plus de 30 % des plaintes.

A.D.

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L'AGRICULTURE DE

CONSERVATION

L’eutrophisation des milieux aquatiques est un déséquilibre du milieu provoqué

par l’augmentation de la concentration d’azote et de phosphore dans le milieu.

Elle est caractérisée par une croissance excessive des plantes et des algues

(cyanobactéries ou algues vertes) due à la forte disponibilité des nutriments.

Une solution simple pour lutter contre le développement des algues vertes

L’eutrophisation des milieux aquatiques est un déséquilibre du milieu provoqué

par l’augmentation de la concentration d’azote et de phosphore dans le milieu.

Elle est caractérisée par une croissance excessive des plantes et des algues

(cyanobactéries ou algues vertes) due à la forte disponibilité des nutriments.

Les algues qui se développent grâce à ces substances nutritives absorbent

de grandes quantités d’oxygène, lorsqu’elles meurent et se décomposent.

Leur prolifération provoque l’appauvrissement, puis la mort de l’écosystème

aquatique présent : il ne bénéficie plus de l’oxygène nécessaire pour vivre,

ce phénomène est dit « asphyxie des écosystèmes aquatiques ».

Les causes de ce phénomène sont multiples, mais nous pouvons citer :

- Les ruissellements urbains

- Les rejets industriels

- Les intrants agricoles (fertilisation, produits de protection des plantes…)

- Érosion et sédimentation

- Pollutions diffuses

Fertilux

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96 INFOGREEN.LU


A la suite de la création de l’association agricole BIOG (association des agriculteurs biologiques du Luxembourg) nous avons réussi,

au sein de notre groupe au Luxembourg, à développer au fil des années une communauté économique bien structurée et axée sur

la collaboration: OIKOPOLIS Groupe.

animaux

agriculteur,

cultivateur

transformation / production

laiterie

énergie

distribution en gros

(transport)

nature circulaire

économie circulaire

plantes

le sol

(substances nutritives)

consommateur

commerce de détail,

restauration

Les entreprises clés BIOG, BIOGROS et NATURATA qui collaborent au sein du groupe OIKOPOLIS, forment la courroie de transmission

transparente entre les principaux acteurs de la chaîne de création des valeurs ajoutées et les différents acteurs, de la production

jusqu’au consommateur. Ensemble avec une société immobilière, une société de participations et d’autres sociétés de services,

le groupe OIKOPOLIS a élu domicile au centre OIKOPOLIS à Munsbach, à 12 km à l’est de Luxembourg-ville.

Les sociétés par actions qui font partie intégrante du groupe OIKOPOLIS sont:

Foundation Luxembourg

13, rue Gabriel Lippmann I L-5365 Munsbach I www.oikopolis.lu


DOSSIER GREEN PLANET

Huit déchets plastiques sur dix retrouvés

dans le milieu marin proviennent des bassins

versants. La diversité des déchets plastiques

retrouvés dans le milieu marin révèle notre

consommation effrénée de plastiques et

une mauvaise gestion des déchets.

POLLUTION MARINE : TOUT

COMMENCE EN BAS DE CHEZ VOUS !

Le 21 e siècle marque un tournant

majeur sur les considérations

de l’être humain pour son

environnement. Jamais une

pollution n’aura autant mobilisé

nos sociétés. La visibilité des

gros déchets plastiques et leurs

conséquences sur le milieu

vivant interpellent, et pourtant

ils ne représentent que la partie

émergée de l’iceberg. En effet, aux

observations d’animaux marins

blessés ou tués par l’ingestion

des macroplastiques, s’ajoute

une menace plus insidieuse car

invisible, la pollution marine

par les microplastiques.

Avec plus de 5 000 milliards de

microplastiques flottants à la

surface des océans, cette pollution

est omniprésente et menace

l’ensemble de la chaîne alimentaire

marine, jusqu’à l’être humain...

Sensibiliser aux enjeux

d’un océan durable

Existe-t-il dans le monde une

plage sans plastique ? Derrière

chaque déchet plastique, un

signal rappelle l’importance de

préserver durablement l’océan.

Situées à l’embouchure de nos

fleuves et battues par les vagues,

nos plages forment des zones

d’accumulation des déchets

plastiques, témoins de nos usages

et de notre consommation parfois

immodérés. Au gré des marées,

ces déchets sont repris par la

mer et se dégradent jusqu’à

disparaître dans l’océan.

Ils sont bien visibles, ces gros

déchets plastiques, appelés aussi

macroplastiques, qui souillent

nos côtes. Mais ils ne sont que

la face émergée de l’iceberg.

Le problème est plus vaste, la

menace plus pernicieuse et

moins visible. Intempéries, eau de

mer, ultra-violets... Les déchets

plastiques sont soumis à rude

épreuve au cours du temps. Ils

finissent par se dégrader et se

fragmenter en morceaux de plus

en plus petits, de taille d’abord

micrométrique puis nanométrique !

Ils mesurent quelques millimètres,

souvent moins et se repèrent

entre les grains de sable : les

microplastiques. Ces débris

représentent finalement 90 % des

déchets plastiques flottant en mer...

Les plastiques, supports

de vie pour certaines

espèces et piège

mortel et silencieux

pour d’autres...

L’eau de mer est un bouillon de

culture où la vie foisonne. Tout

ce qui flotte finit très vite par être

colonisé. C’est le phénomène de

fouling. Ainsi, les microplastiques

flottant à la surface de l’eau forment

de véritables radeaux pouvant

traverser les mers et devenir des

vecteurs de maladies qui peuvent

même faire voyager des espèces

susceptibles de perturber les

écosystèmes. Les scientifiques

n’ont pas encore toutes les

réponses, mais la menace est bien

réelle. Comment les mollusques

ou les crustacés réagissent-ils

à cette nouvelle contamination

aux plastiques microscopiques ?

Dans les laboratoires, la recherche

s’organise et les expérimentations

commencent à lever le voile sur

ces nouvelles problématiques.

98 INFOGREEN.LU


Une pollution

entre deux eaux,

peu visible et dérivante

La pollution marine par les

plastiques est le reflet de nos

activités. Écosystème proche ou

éloigné, la vie marine est largement

exposée mais elle n’est pas

seule... l’humanité aussi. Réduire,

réutiliser, recycler sont devenues

des actions indispensables

pour notre avenir. Les solutions

sont désormais nombreuses

pour agir contre la pollution des

plastiques. Les bacs à marée sont

positionnés à l’entrée des plages

pour récupérer les macro-déchets

abandonnés sur le littoral. En

permettant de lutter contre la

pollution plastique, le promeneur

devient éco-acteur, il participe au

défi de préserver durablement

la vie marine et côtière.

Trier et valoriser nos

déchets à la source, au

pied de nos cités urbaines

Chaque année, 8 millions de tonnes

de déchets plastiques sont rejetées

en mer. Issus à 80 % des activités

humaines et terrestres, ils arrivent

par les avaloirs d’eaux pluviales

présents dans nos cités urbaines.

Puis ils circulent par les égouts

et sont rejetés dans la mer. De là,

ils évoluent au gré des courants

marins et se retrouvent dans les

estomacs de nombreux organismes

aquatiques comme les mammifères

marins dont le phoque gris, mais

également dans les estomacs de

nombreux oiseaux qui longent

les côtes et se nourrissent de

poissons eux-mêmes pollués.

« L’eau de mer est un bouillon

de culture où la vie foisonne.

Tout ce qui flotte finit très

vite par être colonisé. C’est

le phénomène de fouling. »

La chaine est loin d’être vertueuse

mais bien réelle. Tous les

maillons du réseau alimentaire

sont perturbés par les déchets

plastiques. Ils peuvent être ingérés

par de nombreuses espèces et

bien sûr, par l’homme... Entrainés

par le cycle de l’eau, les déchets

plastiques s’accumulent dans

l’océan pour y rester des dizaines

voire des centaines d’années. Face

à ces pollutions, plusieurs solutions

sont déjà en cours de construction

ou d’approbation pour ramasser ou

réduire l’impact de ces déchets sur

l’environnement. De nombreuses

associations proposent

régulièrement des opérations de

ramassage, mais la meilleure des

solutions qui reste la plus efficace

est bien celle du tri des déchets

à la source et la non-pollution

des eaux usées par les avaloirs.

Soyons désormais acteurs actifs de

l’avenir de notre environnement.

Sensibilisons les plus jeunes aux

impacts des activités terrestres :

ne jetons plus rien dans les

caniveaux situés en bas de chez

nous, car ici commence l’Océan...

CHRISTELLE CARFANTAN

Fonds de dotation Océanopolis Acts

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DOSSIER GREEN PLANET

Photo : © Elise Corre-Poyet

4×3 – NUMÉRO 18 – TRIMESTRIEL – MAI 2022

99


DOSSIER GREEN PLANET

QUAND L'EAU

S'EMBALLE

CONSOMMEZ MIEUX

GRÂCE À L’ÉCO-SCORE

La révolution environnementale est en marche

dans les produits de consommation !

Il est léger, il est français, rempli

en Allemagne et pensé au

Luxembourg. Le Tetra Pak Thalus

Water in a Box renferme une

eau exempte de polluants, qui a

séduit la Stëmm vun der Stross.

Son format est en effet pratique à

emporter, et donne à consommer

une eau saine et bien protégée.

« J’utilise le meilleur Tetra Pak

actuellement disponible sur le

marché », explique Pit Romersa,

fondateur de Thalus Water in a

Box. Ce dernier est fait à partir

de bio-based plastics et est bien

entendu entièrement recyclable.

Il compte quatre couches très

fines de polyéthylène végétal,

une couche épaisse de carton et

une couche d’aluminium qui sert

à protéger l’eau de la lumière.

« Avec les bouteilles en plastique,

des microparticules peuvent

contaminer l’eau, notamment si la

bouteille est stockée au soleil. Il n’y

a pas de packaging parfait, mais j’ai

choisi celui qui me semble le plus

adapté à la consommation tout

en réduisant autant que possible

l’impact sur l’environnement. »

Les boîtes sont remplies d’eau de

source en Allemagne à Dorsten,

à +- 300 km de Luxembourg. Le

traitement est très limité : filtration

naturelle de la terre suivie par

une filtration visant à réduire la

quantité de fer présente dans l’eau

naturelle. Le niveau de pH (7,5) est

également plus équilibré que dans

d’autres eaux des supermarchés.

M-A H.

avec la Stëmm vun der Strooss

Photo : Thalus Water in a Box

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PARTENAIRE INFOGREEN

Communication environnementale

objective et fiable, démarche

RSE qui s’étend jusqu’au produit

fini, affichage environnemental

bientôt obligatoire... L’évaluation

environnementale des produits de

consommation devient un musthave

avant leur mise sur le marché.

Pour afficher le score

environnemental de nos

vêtements, de nos meubles

ou de nos produits de beauté,

il faut d’abord le mesurer,

et l’intégrer dans un format

harmonisé et compréhensible.

C’est la mission que s’est donnée

L’Empreinte : accompagner les

marques dans l’évaluation et

l’affichage environnemental

des produits de consommation

non alimentaires.

« Nous sommes un moteur de calcul

et une plateforme en mode SaaS

qui se base sur la méthodologie

européenne PEF (Product

Environmental Footprint) », souligne

Mélinda Dubreucq, cofondatrice

de l’Empreinte. « Cette méthode

scientifique reconnue propose un

socle commun basé sur l’Analyse

du Cycle de Vie pour mesurer

16 impacts environnementaux

à tous les stades de vie du

produit. Je pense notamment à

l’empreinte carbone, le transport,

la consommation d’eau, ou la

pollution des sols. Nous proposons

aux marques et aux fournisseurs

de calculer les éco-scores de leurs

produits et nous leur facilitons

l’affichage environnemental via

différents formats, dont par

exemple des notes allant de A à E. »

Dans un premier temps, les

produits textiles sont les premiers

concernés par l’obligation

d’affichage environnemental dès

2023 en France, au titre de la loi

Climat et Résilience votée en Août

2021. Ils seront suivis par l’ensemble

des produits de consommation

dans les années à venir. « Nous

proposons aux marques une

solution objective et scalable pour

mesurer et partager l’empreinte

de leurs produits, et la réduire.

La règlementation vise à éclairer

le consommateur en proposant

un moyen de sortir de la jungle

des labels qui a tendance à

être contreproductive. »

La rigueur

méthodologique au

cœur de l’évaluation

Bien entendu, les plus sceptiques

pourraient penser que les

éco-scores sont plus un outil

marketing qu’une référence

exacte. « C’est justement pour

éviter le greenwashing que les

instances européennes et la

France ont mis en place une

recommandation et une loi. Les

hypothèses de la méthode sont

clairement définies et librement

accessibles. Nos algorithmes les

traduisent et en simplifient le

calcul pour les marques. » précise

Laurent Bocahut, cofondateur

de l’Empreinte. « Nous récoltons

un grand nombre de données.

Les résultats sont retranscrits en

impacts environnementaux. Nous

sommes d’ailleurs en train de

travailler à un ’trustability index’,

un index de confiance sur les

données que nous avons recueillies.

Étant un partenaire extérieur aux

entreprises, nous travaillons dans

le respect de la norme européenne.

Si un produit ressort avec un score

D, nous pouvons proposer à la

marque de travailler sur l’écoconception,

ou sur la qualité des

données fournies. L’exhaustivité

permet en effet d’obtenir un score

plus représentatif du produit. Les

marques ont donc tout intérêt à

s’engager dans la démarche. »

100 INFOGREEN.LU


« La règlementation vise

à éclairer le consommateur

en proposant un moyen

de sortir de la jungle des

labels qui a tendance à

être contreproductive ».

DOSSIER GREEN PLANET

« Actuellement, nous sommes

quelques sociétés spécialisées

dans le domaine en France. Ce qui

nous différencie, c’est l’attention

que nous portons à la collecte

des données, qui reste la clé de

la qualité du score obtenu in fine.

Nous proposons aussi des résultats

d’évaluation exhaustifs – jusqu’à

16 impacts - et objectifs - méthode

PEF reconnue et recommandée

par l’UE. Le trustability index est

un second gage de qualité. »

Un outil très intéressant donc

mais qui demande néanmoins

un minimum de préparation. Les

nutriscores qui sont maintenant

présents sur les emballages

ont mis plusieurs années avant

d’être largement diffusés.

Toutefois, contrairement à l’écoscore,

les nutriscores restent

facultatifs et les marques ne

sont pas toujours incitées à

publier les mauvais scores.

EVALUÉ PAR SÉBASTIEN YERNAUX

4×3 – NUMÉRO 18 – TRIMESTRIEL – MAI 2022

101


Chaîne solidaire en faveur d’ECP AT

Une nouvelle chaîne de solidarité avait été lancée pour

soutenir les enfants en danger d’exploitation sexuelle.

Infogreen/4x3 et ECPAT Luxembourg avaient ainsi unis

leurs forces et leurs réseaux. Grâce à l’implication

des abonnés, via leurs clics et partages, un chèque de

1 000 euros a été reversé à ECPAT lors de l’event 4x3.

Parce qu’aucun enfant ne devrait

grandir dans la peur d’être exploité

sexuellement, ECPAT Luxembourg

(ECPAT pour End Child Prostitution,

Child Pornography and Trafficking

of Children for Sexual Purposes)

a décidé d’intervenir au Cap-Vert,

à la demande de professionnels

qui manquaient d’expertise pour

identifier et prendre en charge les

cas de violence et d’exploitation

sexuelle chez les enfants.

« La plus-value de ce projet est que

c’est une initiative locale qui est

venue nous chercher », explique

Thomas Kauffmann, Directeur

Exécutif chez Ecpat. « La clé de

la réussite d’un projet, c’est son

appropriation. Nous collaborons

avec des acteurs de terrain,

directement plongés dans cette

problématique. Ils se sentent donc

complètement concernés. Leur

expérience est donc bénéfique,

autant pour nous guider dans

notre démarche, que pour les

victimes et leurs familles. »

L’initiative de ce projet, qui a

démarré en 2017, était d’abord

de renforcer les capacités des

professionnels pour protéger

les enfants, tout en sensibilisant

la conscience publique sur le

tabou que constitue la violence et

l’exploitation sexuelle. Le succès

et les résultats de cette première

expérience ont amené de nombreux

acteurs, à travers le pays et ses

différentes îles, à demander une

multiplication de ces formations.

Et c’est ainsi qu’ECPAT Luxembourg

et son partenaire local Associação

Crianças Desfavorecidas (ACRIDES),

ont mis en place un réseau

national, de protection des enfants

vulnérables, présent aujourd’hui

dans les neuf îles habitées du pays.

Ce réseau est constitué d’acteurs

de protection de l’enfance qui

viennent de secteurs divers (santé,

éducation, justice, associatif,

religieux) à la fois institutionnels

et non-institutionnels. Ce réseau

crée un environnement protecteur,

véritable « filet de protection », pour

la protection des enfants contre

l’abus et l’exploitation sexuels.

« Il est donc naturel pour nous

que ce réseau rencontre celui

d’Infogreen », poursuit Thomas

Kauffmann. « Quel que soit le

pays, l’exploitation sexuelle est un

sujet tabou. Grâce à la libération

de la parole, les victimes trouvent

la force de s’exprimer. Il est donc

important de mettre en lumière ce

type de projet via différents canaux.

Nous pouvons accompagner les

familles et les victimes dans leurs

démarches grâce à des acteurs de

terrains performants et agissant

dans différents domaines. »

Objectif : un chèque

de 1 000 euros !

Cette initiative envers les enfants

en danger d’exploitation sexuelle

tient à cœur à Infogreen/4x3.

Nous avons donc soutenu ce

projet via une chaîne de solidarité

dont vous connaissez maintenant

le processus : pour participer, il

suffisait de liker et partager une

publication sur les réseaux sociaux.

Chaque interaction a virtuellement

offert un don de 5 euros au profit

du projet d’ECPAT Luxembourg.

Votre engagement fut à nouveau

démontré. En effet, Infogreen et

4x3 ont pu remettre un chèque

de 1 000 euros à Thomas

Kauffmann. Montant obtenu grâce

à la dernière chaîne de solidarité

sur les réseaux sociaux, mais

également grâce aux partenaires

et aux mécènes d’Infogreen.

« C’est un don généreux qui va

nous aider dans notre projet. Nous

formons des personnes sur place

afin qu’elles prennent en charge

les victimes. Il y a évidemment les

moments d’écoute, mais également

des aides administratives et

médicales pour combattre ce

fléau. Notre réseau de soutien ne

cesse de s’étendre dans ce sens. »

SÉBASTIEN YERNAUX

Photos : Fanny Krackenberger

102 INFOGREEN.LU


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plastique n’est utilisé

qu’une fois, avant

d’être jeté.

Les estimations sur la

durée de vie du plastique

vont de 450 ans

à l’infini.

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de morceaux de

plastique flottent

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océans.

Entre 27 et 42% seulement

des emballages plastiques

pourraient être recyclés à

des coûts satisfaisants

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Nous avons les solutions, à vous de passer à l’action.

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Sources : zerowastefrance.org

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