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DOSSIER TRANSITION
Transmission en mouvement
PAGE 74
DOSSIER GREEN PLANET
Pollutions ? Solutions !
Notre documen' Terre
PAGE 58
LE GRAND ENTRETIEN AVEC
GENEVIÈVE KROL ET JEAN-LOUIS ZEIEN
#18
L’INFO PASSE
INFORMER POUR AGIR AVEC
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Votre quotidien sur les enjeux du développement
durable au Luxembourg
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Entreprendre
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4×3 SARL SIS
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Layout et mise en page
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Coordinateur junior
Lucas Liégeois
lucas@infogreen.lu
Impression
Imprimerie Centrale
3, rue Emile Bian
L-1235 Luxembourg
D’après le Larousse, le mot « Entreprendre » signifie littéralement
« Se mettre à faire ». Sur le plan étymologique, entreprendre vient
du latin « inter prehendere » qui signifie saisir avec la main, le mot
latin « prehendere » signifiant saisir, prendre pour maîtriser…
Personnellement j’affectionne l’idée de le décomposer : « entreprendre
», prendre en mains. Son destin, son projet. Et, seul
ou en équipe, se lancer… avec la tête, les mains, le cœur.
Entreprendre aujourd’hui, c’est aussi être complètement
conscient et chercher à maîtriser son impact. Ne pas prendre en
considération l’influence et la relation de son entreprise ou de
son projet sur ses parties prenantes, son environnement social,
économique et écologique, c’est une ineptie, un contresens.
Au Luxembourg, il existe des outils de calcul de sa « responsabilité
sociale d’entreprise », des labels, des structures d’accompagnement
d’entreprises à impact, des médias aussi pour ne pas citer
infogreen.lu et ici, notre 4x3 magazine, pour transmettre vos
bonnes pratiques.
Mais entreprendre, c’est aussi vouloir améliorer les choses, faire
bouger les lignes, provoquer le changement et s’engager dans une
transition, passer d’un état « d’avant », celui d’une organisation passéiste,
archaïque, vers une organisation « d’après », avec une conception
sociale, sociétale, écologique, économique plus inclusive, responsable,
efficace et visionnaire. L’enjeu est bien de préparer notre monde
d’aujourd’hui aux réalités de demain, pour les générations futures.
Car c’est bien de cela dont il s’agit. Entreprendre, c’est aussi se projeter,
et accepter de courir le risque, faudrait-il plutôt dire, de tenter la chance
de réussir un pari parfois fou, de pouvoir changer, se changer. Comme
le disait Gandhi, « Sois le changement que tu veux voir dans le monde ».
Découvrez nos deux dossiers, nos acteurs, nos partenaires, de bonnes
pratiques, de vrais humains, ici, maintenant. Des alertes et des solutions
aussi, toujours. Et que cela nous aide à entreprendre au mieux, nous
accompagne comme un petit livre de chevet, un petit pense-bête, un
fil rouge – non vert – reliant notre projet d’aujourd’hui… à demain.
Il existe des solutions, elles sont d’abord en nous. Des solutions qui
se construisent bien souvent avec énergie, l’énergie du changement.
Cette force vous la ressentirez aussi profondément dans notre
portrait du mois, qui, une fois n’est pas coutume, est un portrait
exposant deux. Deux visages, deux vies, aux côtés d’une multitude...
Bonne lecture et bon voyage
FRÉDÉRIC LIÉGEOIS
Tirage
5 000 exemplaires
Parution
4 numéros / an
Abonnement gratuit
abonnement4x3@infogreen.lu
Tous droits réservés.
Toute reproduction totale
ou partielle sans autorisation
préalable de l’éditeur interdite.
4x3 déclaré d'utilité publique par arrêté ministériel
en date du 11/12/2017 réf 2017-10
4×3 – NUMÉRO 18 – TRIMESTRIEL – MAI 2022
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06
DOSSIER
TRANSITION
Transmission en
mouvement
74
DOSSIER
GREEN PLANET
Pollutions ?
Solutions !
4 INFOGREEN.LU
58
Notre documen'
Terre
LE GRAND ENTRETIEN
AVEC GENEVIÈVE KROL
ET JEAN-LOUIS ZEIEN
EN + :
Chaîne solidaire en faveur d'ECPAT p.102
NOUS REMERCIONS POUR LEUR SOUTIEN
4×3 – NUMÉRO 18 – TRIMESTRIEL – MAI 2022
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Transmission
en mouvement
« La transition, ce sont des idées et des gens
qui décident de retrousser leurs manches en
se disant : Et si ça marchait ? Essayons ! »
ROB HOPKINS, IN INFOGREEN
Société en transit ....................................................................................................
p.08
Une ambition au top européen ............................................................................
p.10
Le vent en poupe ! ..................................................................................................
p.12
Les lignes de force de citoyens impliqués ...........................................................
p.13
Le BK2050 en quête de nouveaux modèles .............................. ..........................
p.15
Du pissenlit pionnier à la cellule qui se développe ................. ..........................
p.18
Combinaison détonante ........................................................................................
p.21
L'équation à bénéfices multiples ................................................. ..........................
p.24
Processus de transformation majeure ...................................... ..........................
p.26
Des idées à l'épreuve de la réalité .............................................. ..........................
p.29
Ensemble pour une alimentation durable ................................ ..........................
p.31
Wiltz et la transition circulaire ..................................................... ..........................
p.34
Citoyens en transition, personnes en parcours ..................................................
p.36
p.40
Une intégration efficace... et réfléchie ! ...............................................................
p.42
« Changeons nos habitudes au lieu de notre vocabulaire » ..............................
p.45
Pas de transition sans placer l'être humain au centre .......................................
p.46
Alimentation, production, conditions et consomm’action ................................
p.50
Adoptons une consommation responsable ! ......................................................
p.52
Transition vers des Climate-smart villages en Inde .............................................
p.54
L'informatique au service des associations ........................................................
p.56
EtiCROWD, pour une finance réellement transformatrice ................................
DOSSIER TRANSITION
Société
en transit
La transition, c’est devenu un
terme à la mode, un peu comme
« résilience ». Pas neuves, ce
sont surtout des notions qui se
défendent, que l’on s’approprie...
et qui doivent faire avancer la
planète, la société… La transition,
c’est surtout un besoin, vital.
C’est un mouvement amorcé il y
a des années. Au Luxembourg, il
s’est matérialisé dans des projets,
menés notamment par CELL fondé
en 2010 déjà, dans la foulée des
actions pionnières du Beckerich de
feu Camille Gira, dans la continuité
du Transition Network parti de la
petite ville britannique de Totnes.
Le langage nous rappelle que la
transition, c’est la manière de
passer de l’expression d’une idée
à une autre en les reliant dans le
discours. C’est, scientifiquement
aussi, le passage en général
lent et graduel d’un état à un
autre, un état intermédiaire. On
peut y voir aussi cette notion
de transmission, de passage de
témoin, car ce que l’on fait (ou pas)
aujourd’hui aura un impact sur
ce que pourront vivre (ou pas) les
générations qui nous suivent.
Simple. Basique. Depuis un
certain temps, les jeunes se
mobilisent pour offrir, à notre /
leur planète, un avenir meilleur.
Cette mobilisation portera-t-elle
ses fruits ? Notre société est-elle
en transit ? Sans aucun doute !
Puisque, quoiqu’il arrive, notre
comportement, positif ou négatif, a
un impact sur notre environnement
(tout ce qui nous entoure).
La transition, écologique, sociétale,
économique, est au cœur du débat
et, plus encore, de l’action. Comme
le souligne à juste titre Georges
Kieffer, responsable du projet BENU
à Esch, « c’est réalisable mais il
faut changer ses habitudes, pas
seulement son vocabulaire ! » Les
décideurs, économiques ou
politiques, prônent ou utilisent
de plus en plus les modèles de
transition. Cela ne peut pas être
qu’un « emballage ». Offrir un
chou de Bruxelles enrobé dans
de l’aluminium brillant comme
une boule de Noël pourra ravir
un petit enfant… jusqu’à ce qu’il
découvre la supercherie.
Pour être efficace, que le résultat
soit à la hauteur des attentes,
la transition doit être pensée et
vécue dans les moindres détails, en
pesant le pour et (surtout) le contre.
Au fond, l’objectif est simple : qu’un
modèle fonctionne pour tous et
que notre monde progresse…
dans la bonne direction ; pas celle
qui fonce droit dans le mur.
Utopies, théories, visions,
coopération, participation ? Oui,
il y aura des échecs, il y en a déjà
eu. Mais il y a aussi ces réussites,
modestes souvent, locales parfois,
intéressantes dans tous les cas. Rob
Hopkins, fondateur du mouvement
de Transition, expliquait à
Infogreen : « La transition, ce sont
des idées et des gens qui décident
de retrousser leurs manches
en se disant: ‘’Et si ça marchait?
Essayons!’’ (…) Ce qui continue
à m’étonner, ce sont les gens, à
chaque rencontre, et le pouvoir
des idées mises en commun
qui se matérialisent, les projets
qui se montent et qui prouvent
que le modèle fonctionne ».
Si la majeure partie des citoyens
avance avec cette idée-là en tête,
le futur n’en sera que meilleur.
TRANSMIS PAR SÉBASTIEN YERNAUX
ET ALAIN DUCAT
Photo : Unsplash
8 INFOGREEN.LU
Veillez au label SDK
également pendant vos
activités récréatives !
DOSSIER TRANSITION
Même si vous avez recours à des prestations de loisirs et
de bien-être - Faites attention au label SDK ! Le label signifie:
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NOHALTEGEN ËMGANG
MAT RESSOURCEN
l Prévention des déchets l Protection des ressources l Protection du climat
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Une action de la SDK avec ses partenaires :
4×3 – NUMÉRO 18 – TRIMESTRIEL – MAI 2022
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DOSSIER TRANSITION
Une ambition au top européen
Claude Turmes voit grand pour intégrer progressivement
les énergies vertes dans l’économie luxembourgeoise.
Solaire, éolien, biogaz ou encore géothermie, tous les
outils pour améliorer la transition énergétique.
Le Luxembourg continue son
petit bonhomme de chemin
pour intégrer progressivement
les énergies renouvelables dans
sa consommation annuelle. En
2020, le pays a d’ailleurs atteint
son objectif de 11 %, le dépassant
même avec un score de 11,7 %.
« Même si nous sommes encore loin
des pays scandinaves, ce résultat
est bon », souligne Claude Turmes,
Ministre de l’Énergie et de
l’Aménagement du territoire. « En
2010, nous n’étions même pas à 2 %
d’énergies vertes. Grâce aux efforts
et aux obligations de la directive
renouvelable de 2008, nous avons
mis en place des actions concrètes
pour accélérer cette transition
verte. Par exemple, sur le plan
de l’énergie solaire, entre 2013 et
2018, nous faisions en moyenne
5 mégawatts annuels. En 2021, nous
sommes passés à 50 mégawatts.
Comment ? En multipliant par 10
les installations photovoltaïques.
Pour atteindre nos objectifs
climatiques, il faudrait parvenir à
80 - 100 mégawatts annuels. »
Le secteur éolien est également
concerné. « Nous continuons
d’avancer avec peu d’installations
mais elles sont conséquentes
comme sur le plateau de
Bourscheid. On y remplace 13
vieilles éoliennes par 7 nouvelles,
ultramodernes. Même si on
passe de 13 à 7, on double la
quantité d’électricité produite
grâce à leur hauteur. »
Le biogaz a aussi la cote. « Nous
sommes en train de relancer cette
énergie produite en collaboration
avec les agriculteurs. Nous avons
également quelques projets
industriels de biomasse où
on va produire de l’électricité
et de la chaleur que ces
entreprises pourront utiliser
dans leur processus et remplacer
progressivement le gaz. Nous avons
10 INFOGREEN.LU
DOSSIER TRANSITION
donc toute une panoplie pour
progresser plus rapidement et se
diriger vers les 25 % d’ici 2030. »
La géothermie
dans le Sud
Le Luxembourg fourmille
d’idées pour diminuer son
impact environnemental. « Nous
souhaitons notamment remplacer
le fuel et le gaz utilisés par le
chauffage par des pompes à
chaleur. En parallèle, nous menons
une recherche pour passer du gaz
vers la géothermie dans le sud du
pays, entre Dudelange et Esch.
Nous souhaitons utiliser le procédé
de géothermie profonde avec un
premier projet à Dudelange. »
Cependant, Claude Turmes a
conscience que l’effort collectif
passe également par des aides
financières attrayantes. Les
agriculteurs sont incités, par
exemple, à placer des panneaux
sur leurs toits. Les communes sont
invitées à mettre à disposition
leurs bâtiments pour aussi les
équiper de panneaux. Enfin, les
citoyens ne sont pas oubliés au
niveau des aides. « Nous allons
promouvoir l’autoconsommation via
un programme solaire à domicile
pour que les gens puissent charger
leurs voitures électriques avec le
solaire de leurs toits. Nous avons
donc un programme complet. Le
plus important, c’est d’accélérer
en offrant de bonnes conditions
financières. Et donc, nous avons
un budget conséquent pour tout
concrétiser. De plus, nous sommes
en train de mettre en place, avec
le Ministère de l’Environnement,
un guichet unique pour accélérer
les demandes d’autorisations
pour les grands projets. »
Et Claude Turmes de conclure :
« 25 % en 2030, c’est le
minimum car nous sommes
en urgence climatique ! Mais à
terme, il faudrait aller sur 100 %
d’énergies renouvelables. Ça
sera principalement l’électricité
renouvelable, car dans ce secteur,
les coûts du solaire et de l’éolien
vont beaucoup diminuer. Et puis,
une nouvelle forme d’énergie
commence à émerger depuis 5 ans :
l’éolien en mer. Des accords sont
signés avec le Danemark pour un
vaste projet (lire en p.12-13). »
ÉNERGISÉ PAR SÉBASTIEN YERNAUX
Photos : ©Sophie Margue
et ©Marc Lazzarini
4×3 – NUMÉRO 18 – TRIMESTRIEL – MAI 2022
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DOSSIER TRANSITION
Le vent en poupe !
Un parc éolien géant construit en mer, une île danoise pour produire l’énergie
verte pour 10 millions de foyers européens. Le Luxembourg participe…
L’Union européenne s’est fixée
comme objectif d’atteindre la
neutralité climatique d’ici 2050. Et
pour ce faire, un méga projet est
en cours de développement au
Danemark via la construction de la
première île énergétique au monde,
d’une capacité potentielle de
10 gigawatts. Le Danemark apporte
une contribution significative à cet
objectif. Et le Luxembourg s’est
engagé à ses côtés en signant un
accord de coopération. « Nous
allons essayer de participer, en
tant que gouvernement, dans les
appels d’offres du gouvernement
danois pour rapatrier de l’énergie
verte et renouvelable », souligne
le ministre Claude Turmes. « Et
nous faisons tout pour que les
industriels luxembourgeois
puissent participer à ce projet.
Mais aussi que les entreprises
luxembourgeoises achètent
directement leur électricité via cette
île. Ils pourront ainsi bénéficier
d’un prix fixe sur 15 à 20 ans. »
Dans quelques années, l’île pourra
accueillir des batteries de taille
industrielle pour stocker l’électricité
et la distribuer en cas de besoin.
De plus, l’énergie renouvelable
produite par les parcs éoliens
pourra être utilisée pour produire
des combustibles non fossiles,
comme de l’hydrogène vert, pour
la navigation, l’aviation, l’industrie
ou les véhicules utilitaires lourds.
Ce parc éolien aura une capacité
initiale de 3 GW d’énergie éolienne
offshore. Grâce à une évolution
constante, la capacité pourrait
être portée à 10 GW, ce qui
pourrait fournir de l’électricité à
10 millions de foyers européens.
Pour arriver à ce résultat,
l’échelle pourrait être comprise
entre 200 et 600 turbines d’une
capacité de 15 MW par turbine.
Vu du Luxembourg
Claude Turmes explique: « Le
Luxembourg ne bénéficie pas d’un
ensoleillement idéal comme au
Portugal, en Espagne ou en Grèce.
De plus, nous n’avons pas de
côtes alors que les meilleurs vents
soufflent près de la mer. Mais nos
besoins sont conséquents. Nous
sommes un pays assez dense et
12 INFOGREEN.LU
qui accueille une grande activité
de services comme des immeubles
de bureaux et des datacenters.
Nous attirons également beaucoup
de frontaliers qui ont besoin
de moyens de transport. Sans
oublier les industries qui sont
très énergivores. Il faut savoir
que l’ensemble des entreprises
consomme plus de 50 % de
notre électricité contre 20 %
pour les ménages. Cet accord
avec le Danemark est donc une
bonne chose car, même si nous
continuons à développer les
énergies renouvelables sur notre
territoire, nous ne pourrons
jamais produire toute l’énergie
renouvelable au Luxembourg. »
On peut noter que ce projet aura
d’autres touches luxembourgeoises.
Par le volet financier et les fonds
d’investissement à impact par
exemple. Mais aussi sur le plan
opérationnel: déjà, en juin 2021,
l’Agence danoise de l’énergie a
attribué à la branche danoise
de Sweco (groupe international
d’ingénierie qui comprend
Boydens Luxembourg et utilise
les compétences propres
réparties dans toutes ses filiales)
un contrat de 4 ans pour fournir
les conseils et l’assistance
technique de cet ambitieux projet
d’îles énergétiques offshore.
Ces projets verts sont donc
importants aux yeux du ministre.
« Vu que nous ne pourrons jamais
être totalement autonomes,
nous devons être dans le haut du
classement en termes d’efficacité
énergétique avec la construction
de bâtiments performants ou
encourager les voitures électriques
qui consomment 3 fois moins
que des voitures diesel. Nous
avons un objectif de 40 à 44 % qui
est le plus ambitieux au niveau
européen. Nous devons l’être
et nous avons toutes les cartes
en main pour le réaliser. »
NEUTRALISÉ PAR SÉBASTIEN YERNAUX
Illustration : Danish Ministry of
Climate, Energy and Utilities / COWI
DOSSIER TRANSITION
Les lignes de force de
citoyens impliqués
Luxembourg in Transition est
en marche. Le Biergerkommitee
Lëtzebuerg 2050 émet constats
critiques et propositions.
« Le Luxembourg a besoin d’une
population engagée ! Ce n’est que
lorsque tout le monde aura pris
conscience que notre businessas-usual
n’est pas viable qu’il y
aura des changements individuels
dans la vie quotidienne. »
(Sue, citoyenne-membre du
Biergerkommitee Lëtzebuerg 2050)
Cette déclaration figure, parmi
quelques autres, en exergue
du rapport du comité citoyen
mis en place pour tracer
l’avenir du pays. Pour rappel,
la consultation Luxembourg
in Transition a été lancée en
juin 2020 pour imaginer comment
le Luxembourg et les territoires
frontaliers pourraient atteindre
la neutralité carbone d’ici 2050.
Le ministre Turmes a souhaité
intégrer les citoyens aux travaux
des équipes internationales
d’architectes et d’urbanistes. Le
Biergerkommitee Lëtzebuerg 2050
(alias BK2050) est composé, selon
un échantillon élaboré par TNS-Ilres,
de 30 participants. Soit 25 résidents
+ 5 frontaliers ; 16 femmes + 14
hommes, jeunes et moins jeunes.
Après d’intenses discussions
internes, le BK2050 a pu aligner
44 recommandations dans une
série de domaines - gouvernance,
aménagement du territoire et
développement urbain, mobilité,
protection des sols, architecture,
protection des eaux, agriculture
durable et biodiversité, économie
et information aux citoyens.
Encadré par des experts, ce
comité citoyen trace ses propres
lignes, en marge du travail
prospectif mené par Luxembourg
LA SUITE
4×3 – NUMÉRO 18 – TRIMESTRIEL – MAI 2022
13
DOSSIER TRANSITION
Le Luxembourg a besoin d’une population
engagée ! Ce n’est que lorsque tout le monde
aura pris conscience que notre business-as-usual
n’est pas viable qu’il y aura des changements
individuels dans la vie quotidienne.
- Sue, citoyenne-membre du
Biergerkommitee Lëtzebuerg 2050
in Transition. Rappelons qu’une
équipe luxembourgeoise participe
à ce processus d’envergure
internationale : le consortium
Luxembourg 2050 – Prospects for
a Regenerative City-Landscape
est emmené par l’Université du
Luxembourg, avec le LIST, CELL,
l’IBLA et OLM - Office for Landscape
Morphology Co. Ltd. (France).
Quelques volées
de bois vert
Et les citoyens ont le sens de la
formule, parfois très politique et
critique, voire décapante. La société
luxembourgeoise « traditionnelle »
y prend quelques volées de
bois vert… La « résolution »
numéro 1 donne déjà le ton :
« Le temps des projets pilotes
et des discours du dimanche
est révolu. Le gouvernement,
les députés, les échevins, les
partis et les administrations
doivent enfin accepter l’urgence
de la question climatique ».
Le BK2050, pour une politique
transversale, suggère notamment
de « reformuler les objectifs » de
tous les ministères, notamment
ceux de l’Agriculture, de
l’Intérieur et de l’Économie, pour
« orienter vers la durabilité et la
neutralité carbone ». Ou « rendre
incompatibles mandats politiques
nationaux et locaux (…), manière
efficace de briser les multiples
blocages et de répartir plus
clairement les responsabilités ».
Ou encore la coopération
transfrontalière qui « doit être
renforcée et ne pas servir
uniquement les intérêts immédiats
du Luxembourg », ainsi que
l’implication de la société civile
« pour pallier les déficits du système
électoral ». Mais aussi impliquer le
secteur social dans les instances
consultatives et faire en sorte que le
Klima-Biergerrot reçoive un mandat
clair, pour « ne pas servir d’alibi ».
DÉCAPÉ PAR ALAIN DUCAT
Photo : © SIP - Uli Fielitz
14 INFOGREEN.LU
Le BK2050 en quête
de nouveaux modèles
DOSSIER TRANSITION
Le comité citoyen qui accompagne Luxembourg in Transition
a des positions tranchées. Exemples et citations.
Le Biergerkommitee
Lëtzebuerg 2050, au travers des
44 propositions citoyennes pour
la transition du territoire… et
de la société qui l’habite, émet
des avis sur l’aménagement,
la mobilité, l’économie, la
ruralité, l’alimentation…
Il souhaite notamment un
« moratoire immédiat » sur les
routes de contournement « qui
doivent être planifiées, si tant est
qu’elles le soient, à proximité des
localités et non en pleine nature
ou dans des zones Natura2000 ».
Mettre un frein à la croissance
des villages qui « ne devraient pas
être forcés de grandir ». Pousser
les centres urbains à croître
à l’intérieur de leur périmètre
constructible. Rapprocher l’habitat
du lieu de travail, et donc freiner la
concentration toujours plus forte
d’immeubles de bureaux dans et
autour de la ville de Luxembourg.
Encourager l’habitat alternatif
dans les PAG des communes.
Ou encore repenser les villes et
l’espace public, mise en exerguechoc
à la clé… « Le quartier de la
Cloche d’Or est un parfait exemple
d’aménagement urbain raté :
imperméabilisation complète de
plus de 60 hectares, absence d’une
communauté locale d’habitants,
infrastructures encourageant
l’hyperconsommation… »
Pour favoriser la multimodalité et
la mobilité douce et partagée, le
comité citoyen parle de « territoires
fonctionnels autonomes ».
La question du financement des pensions
ne doit pas éternellement servir de prétexte
pour défendre un modèle économique
non viable. Des scénarios alternatifs
doivent être développés et discutés.
Il déplore « le retard pris à l’échelle
nationale dans le développement
des pistes cyclables et des chemins
piétonniers ». Suggère la taxation
des voitures qui « mobilisent
des ressources excessives
ou ont une consommation
d’énergie disproportionnée »,
en ce compris les électriques
le cas échéant. Et à propos
d’énergie, il est recommandé
de diminuer la dépendance
en augmentant la capacité de
production renouvelable locale.
Le texte des propositions
citoyennes veut protéger les sols,
notamment leur perméabilité,
la végétalisation et l’ombrage
des zones urbaines… Pour
l’architecture et l’urbanisme, il
mise notamment sur l’économie
circulaire, l’usage parcimonieux
et la récupération, les matériaux
sains et locaux si possible, les
surfaces multifonctions…
« La protection des eaux en général
et de l’eau potable en particulier
doit avoir la priorité absolue
sur toute autre considération
LA SUITE
4×3 – NUMÉRO 18 – TRIMESTRIEL – MAI 2022
15
DOSSIER TRANSITION
matérielle », lit-on également
dans les propositions qui misent
beaucoup sur l’agriculture
durable et toutes les formes de
production locale et raisonnée, la
préservation des forêts anciennes
(avec un regard critique sur les
« mesures de compensation,
instrument bien intentionné
mais souvent inefficace »).
Scénario alternatif
La réflexion citoyenne prône
clairement un autre modèle.
« Dans le contexte du changement
climatique, l’orientation actuelle
de l’économie luxembourgeoise
vers une croissance intensive
en ressources doit être freinée.
La question du financement des
pensions ne doit pas éternellement
servir de prétexte pour défendre
un modèle économique non viable.
Des scénarios alternatifs doivent
être développés et discutés ». Le
BK2050 table sur les circuits courts,
le soutien accru aux artisans, PME
ou startup, « piliers » du système,
des lois appropriées et l’adhésion
de tout le tissu socioéconomique
au projet climatique.
En particulier, « l’abandon du
tourisme à la pompe devrait être
effectif d’ici 2030 au plus tard.
Pour cela, il faut maintenant une
décision claire, fixer les étapes
pour y arriver et proposer un
plan permettant d’en atténuer
les conséquences budgétaires ».
Sur l’impact financier encore, le
groupe estime que « les réserves
du Fonds de compensation
commun au régime général de
pension et d’autres fonds publics
ne doivent plus financer les
énergies fossiles. Les fonds publics
et privés doivent être évalués
sur leur capacité de financement
de la transition énergétique ».
Un vrai programme, à l’épreuve
d’une nouvelle société ?
ÉPLUCHÉ PAR ALAIN DUCAT
Photos : Mullerthal © Tom Simon
/ Comité Inspiring Luxembourg
16 INFOGREEN.LU
Vous souhaitez être accompagné
dans la réalisation de votre projet à impact sociétal?
Contactez-nous !
Maison de l’Economie sociale et de l’innovation
sociale
« MeSIS »
15, Côte d’Eich
L-1450 Luxembourg
Tél : +352 621 828 553 ou +352 247 88 403
Rendez-vous sur notre site :
www.mesis.lu
DOSSIER TRANSITION
Du pissenlit pionnier à la
cellule qui se développe
Fondatrice de CELL, Katy
Fox, avec les mains dans
la (et les pieds sur) terre, a
implanté le mouvement de
la transition dans un élan
sociétal, pour un laboratoire
du mode de vie durable.
On la retrouve au « Bout du
Monde »… C’est le nom de
son lieu de vie et de travail, un
éco-lieu, centre de formation
en agroécologie et ferme en
permaculture, aux portes du Bois
d’Arlon. Katy Fox, docteure en
anthropologie sociale, organisatrice
communautaire, enseignante et
designer écosocial, avant tout
passionnée par le changement
social et culturel, a développé
son activité indépendante,
Mycelium. On s’y concentre sur
le design en permaculture, les
modes de vie régénérateurs et le
renforcement des capacités de
résilience des communautés.
« C’est motivant de créer, de
mettre le mouvement en marche
pour qu’ensuite la communauté
s’approprie les concepts et les fasse
pousser dans d’autres projets »,
explique Katy Fox. C’est un peu le
principe de la cellule biologique
qui, au-delà du jeu de mots, a guidé
la création de CELL (Centre for
Ecological Learning Luxembourg),
en 2010. Katy l’a fondé à Beckerich,
avec un petit noyau de proches,
autour de formations à la
permaculture. Dr Fox utilise la
métaphore de la plante pionnière :
« Dans le contexte de la succession
écologique, sur la terre nue de nos
contrées, le chêne ne peut pas
s’installer. Il faut d’abord les plantes
pionnières, comme le pissenlit,
puis des arbustes et des arbres
comme le bouleau, et finalement
des espèces climaciques comme
le chêne. Disons que je fais partie
des pissenlits de l’écosystème ».
CELL est né de cette quête d’un
autre mode de développement
sociétal, directement inspiré par le
mouvement de la transition, parti
de Grande-Bretagne. « J’ai vécu
10 ans hors du Luxembourg, pour
mes études, mes recherches, ma
18 INFOGREEN.LU
thèse, mes activités dans la justice
internationale. En Écosse, on avait
développé pour les étudiants un
café communautaire, avec repas
bio, produits Fairtrade, productions
locales… J’ai aussi travaillé avec les
collaborateurs de Rob Hopkins,
sur un éco-village. Le mouvement
de la transition était en marche,
dans une nouvelle logique - moteur
de changement, courroie de
transmission -, un développement
personnel et collectif, un impact
local dans un objectif global ».
DOSSIER TRANSITION
Dans la foulée, en Roumanie,
l’anthropologue a fait sa thèse
de doctorat sur l’impact de la
politique agricole commune pour
la petite paysannerie locale.
Tout était posé, les questions
environnementales et
sociologiques, les relations entre
individus et collectif, l’impact de
la globalisation, la transmission
d’une planète à préserver et
d’une société plus équitable aux
générations suivantes… De retour
dans le Luxembourg natal, en
2010, Katy fonde donc CELL, « une LA SUITE
FRUGAL : FAVORISONS
LA RÉDUCTION
DU GASPILLAGE
ALIMENTAIRE
Chaque année, 88 millions de tonnes de nourriture sont gaspillées dans l’Union
européenne. Une part importante de ces denrées gaspillées est émise
par la production et la distribution. En s’appuyant sur le modèle d’économie
circulaire, le projet FRUGAL (Favoriser la RédUction du Gaspillage Alimentaire au
moyen de la consommation Locale) a pour objectif de lutter contre ce gaspillage
alimentaire en Grande Région via la création d’un réseau transfrontalier et d’une
centrale d’échanges en ligne qui permettront l’optimisation de la collecte, la
transformation, la valorisation et la distribution des pertes, surplus et invendus
agro-alimentaires issus de la production, de grandes surfaces et de l’industrie.
« Ce projet Interreg regroupe plusieurs partenaires sur la Grande Région », explique
Sarah Struvay, Project Manager chez IMS Luxembourg. « L’objectif est de créer une
plateforme fonctionnant comme une centrale d’échange en ligne. Les partenaires
pourront y échanger leurs pertes, surplus et invendus. Elle servira également de
point de départ pour le développement du réseau avec d’autres partenaires. »
Parmi les partenaires, on peut citer l’association française « Partage ton Frigo »
qui travaille dans la transformation de produits issus des surplus de producteurs.
Du côté belge, l’ASBL Alimen’T fait également partie de l’aventure, tout comme le
CER qui a un atelier de transformation. Au Luxembourg, on retrouve le Pall Center
Exploitation. IMS Luxembourg, de son côté, est responsable de la mise en réseau,
de la réalisation de guides et usages de bonnes pratiques et d’ateliers en vue de
créer des liens entre producteurs, transformateurs et distributeurs. Enfin, sur
le versant allemand, la HTW Saar s’occupe de la partie scientifique du projet.
IMS Luxembourg
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PARTENAIRE INFOGREEN
4×3 – NUMÉRO 18 – TRIMESTRIEL – MAI 2022
19
DOSSIER TRANSITION
organisation à but non lucratif
servant de laboratoire pour un
mode de vie durable » et qui a
l’ambition de montrer qu’« un
autre monde est possible ».
CELL est né en 2010, de cette quête
d’un autre mode de développement
sociétal, directement inspiré par
le mouvement de la transition,
parti de Grande-Bretagne.
Un labo sur
le terrain
La « cellule » a bien grandi,
en parallèle de l’émergence
des mouvements écologistes
ou altermondialistes, avec
indépendance et implication. « J’ai
pris un peu de recul en 2018,
pour cause d’épuisement et aussi
de nouvelle maternité », observe
Katy Fox. « Mais le moment
était opportun pour passer le
flambeau, laisser vivre l’association
dans une professionnalisation
utile à son développement ; une
occasion de fédérer, de lancer
de nouvelles pistes et de créer
de nouvelles opportunités ».
Ces projets ne manquent pas,
la transition sous toutes ses
formes – agro-alimentaire,
sociétale, économique, citoyenne,
territoriale… – reste le moteur et
le mouvement a effectivement
essaimé, initiant des projets
locaux aux quatre coins du pays et
s’inscrivant comme une force de
proposition citoyenne reconnue.
Katy organise encore des
formations pour CELL et garde
une tendresse particulière pour
l’Äerdschëff à Redange: elle a
préparé le dossier de financement
FNR en 2019 et a rejoint en 2020 la
phase de finalisation de ce projet
citoyen et participatif, modèle de
circularité et d’autonomie, dont elle
avait coordonné la conception et
la facilitation entre les partenaires.
« L’Äerdschëff est un laboratoire de
la transition citoyenne en espace
rural. C’est une démonstration
pratique pour une réflexion
approfondie sur la manière de
se loger, se nourrir, d’utiliser les
ressources et de partager les
compétences de chacun ».
Pas de nuage dans le ciel de la
transition ? Avec la conscience
politique d’une femme
d’engagement et son recul
d’analyste scientifique, Katy Fox
commente : « Au Luxembourg,
comme partout dans le monde, on
assiste à un processus de montée
de l’extrême droite. Ce n’est ni
anodin, ni spontané. Il y a des
forces, des intérêts, des moyens,
des bots sur les réseaux sociaux…
Il y a aussi des amalgames,
notamment avec la spiritualité ou
les angoisses nées de la pandémie.
Il est important pour moi que le
mouvement de la transition soit
vigilant et ne soit pas naïf devant
le danger de récupération ».
CITOYENNISÉ PAR ALAIN DUCAT
PARTENAIRE INFOGREEN
Photos : CELL/Mycellium
20 INFOGREEN.LU
Combinaison détonante
Économie linéaire et
changement climatique :
deux facettes du même
problème ! Alors quelle
conclusion en tirer ?
Le lien intuitif entre le changement
climatique, les émissions de
carbone et l’économie circulaire
est relativement simple. Si nous
fabriquons plus efficacement des
produits de meilleure qualité, que
nous les utilisons plus longtemps
et que nous préservons des
ressources précieuses au sein
de nos systèmes industriels,
nous allégerons la charge
environnementale et limiterons
la nécessité d’une production
primaire incontrôlée et à forte
intensité d’émissions, ainsi que
l’impact associé à des cycles de
vie des matériaux plus courts.
Les émissions de carbone sont
le résultat de plus de plus de 200
ans d’un modèle économique dit
linéaire : extraire des ressources,
les utiliser et les jeter (en polluant
au passage l’air, l’eau, le sol,…).
Les énergies fossiles ont rendu
possible la croissance effrénée
et les multiples améliorations
de la condition humaine que
nous avons connues.
La relation entre la protection
du climat et l’économie circulaire
gagne du terrain. Selon le Circularity
Gap Report 2021, les stratégies
d’économie circulaire peuvent
réduire de 39 % les émissions
mondiales de gaz à effet de serre,
maintenir la planète bien en-deçà
d’une trajectoire de 2 degrés
et augmenter la proportion de
matériaux réutilisés de 8,6 à 17 %.
Notamment, le plan d’action
pour l’économie circulaire de
l’Union européenne est un
élément important de la feuille
de route européenne qui vise
à devenir le premier continent
« zéro émisson » d’ici 2050.
Alors, pourquoi
cette déconnexion ?
Beaucoup diront que l’idée
d’atteindre un objectif climatique
par le biais d’une stratégie
d’économie circulaire s’est trop
longtemps reposée sur ses
lauriers d’amélioration intuitive.
Et quand il s’agit du changement
climatique, l’intuition ne suffit pas.
Il est logique de s’attendre à ce
que les stratégies circulaires
soient justifiées par des mesures
de réduction des émissions de
carbone, et certains s’efforcent
de faire les bons calculs, de
DOSSIER TRANSITION
LA SUITE
4×3 – NUMÉRO 18 – TRIMESTRIEL – MAI 2022
21
DOSSIER TRANSITION
Si toutes les initiatives d’économie
circulaire n’étaient adoptées que si elles
offraient des réductions de carbone
à court terme, beaucoup d’entre
elles pourraient ne pas voir le jour.
réduire les émissions grâce à de
nouvelles approches significatives
de l’engagement de la chaîne
d’approvisionnement. Mais dans
l’équation de l’équilibre entre
les émissions de carbone et les
stratégies d’économie circulaire, les
calculs ne sont pas toujours justes.
Prenons l’exemple du recyclage :
le processus de collecte, de tri,
de retraitement et de fabrication
de plastique post-consommation
est souvent plus intéressant que
l’approvisionnement en films vierges
légers et bon marché (qui seront
finalement mis en décharge ou
brûlés – « valorisation thermique »
sic !) du point de vue des émissions
de carbone. Ce calcul ne tient pas
compte de l’extraction incontrôlée
de produits pétrochimiques non
renouvelables et des implications
sociales et environnementales
qui y sont associées, ni de
l’accumulation de déchets à la fin
de leur vie utile (enterré pendant
des années dans une décharge,
c’est un puits à carbone, non ?).
de la biodiversité, du soutien aux
communautés et de la création
de prospérité économique, de
l’élimination des ressources
non renouvelables, de la notion
de déchets et de décharges,
sans oublier l’atténuation des
risques et la résilience de la
chaîne d’approvisionnement.
Après tout, c’est pour cela que le
concept d’économie circulaire a
été développé en premier lieu.
Les décisions « en faveur du
climat » ne peuvent se baser
uniquement sur un seul ensemble
de données (bilan carbone) mais
sur un ensemble de données et
sur une approche systémique.
ROMAIN POULLES
Président du Conseil Supérieur pour
un Développement Durable (CSDD),
Happy CEO - Circular Eco Officer
PARTENAIRE INFOGREEN
Si toutes les initiatives d’économie
circulaire n’étaient adoptées
que si elles offraient des
réductions de carbone à court
terme, beaucoup d’entre elles
pourraient ne pas voir le jour.
Je ne m’oppose certainement pas à
la rigueur des objectifs scientifiques
et de la comptabilisation du
carbone ; ce sont des outils
d’une importance vitale pour
établir une stratégie et suivre les
progrès en matière d’atténuation
du changement climatique. Mais
ces mesures quantitatives ne
peuvent négliger la valeur de la
préservation des écosystèmes et
22 INFOGREEN.LU
DOSSIER TRANSITION
Initiativ
Tes objectifs, ta foule
fir Alternativ Finanzéierung
etika
Crowdfunding éthique.
Une plateforme pour des projets locaux !
À l’occasion de notre 25 e anniversaire, etika a décidé d’explorer
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Luxembourg et en Grande région va démarrer fin mars.
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4×3 – NUMÉRO 18 – TRIMESTRIEL – MAI 2022
23
DOSSIER TRANSITION
L’équation à
bénéfices multiples
La décarbonation est un outil
majeur de la transition. Pour
Bruno Renders (CDEC-IFSB), il faut
« montrer que c’est possible ». Le
bilan-carbone est la base objective,
une étape fondamentale qui
permet d’agir quantitativement
et qualitativement.
« Nous sommes en transition. Il
faut une approche pragmatique,
pour s’adapter, faire évoluer les
modèles. Et donc prendre les
bonnes décisions managériales,
sur base de données objectives ».
Bruno Renders, Administrateur –
directeur général du CDEC - Conseil
de Développement économique
de la Construction, peut être
considéré comme un pionnier de
la vision « éconologique » (une
vision holistique des activités, à la
fois rentables économiquement
et soucieuses de l’environnement)
au Luxembourg. Pour lui, la
« croissance raisonnable » peut se
montrer efficace, dans le secteur
de la construction bien sûr, mais
plus globalement dans la société.
Pour réussir le challenge, il faut
des indicateurs fiables sur l’impact
de chaque activité, sur un plan
quantitatif et qualitatif, et des outils
qui aident à la décision. « La tonne
équivalent CO 2
est un indicateurclé.
C’est l’enjeu, c’est la valeur
comptable aussi. Parce que, un jour
ou l’autre, il y aura taxation pour les
producteurs de carbone. Je suis de
ceux qui plaident pour l’incitation, la
valorisation des indicateurs positifs.
L’IFSB, qui s’appuie sur l’écosystème
CDEC, avec Neobuild, Cocert,
fait son bilan carbone depuis 10
ans. C’est un outil indispensable
désormais car il permet d’objectiver
les choses, quantitativement et
qualitativement. Avec le bilan
sous les yeux et entouré de la
bonne expertise, le manager
peut alors se poser les bonnes
questions et trouver les bons
éléments de réponses ».
Plus l’opportunité
que la contrainte
L’institut de Bettembourg a anticipé.
Là où d’aucuns temporisent encore,
attendant une forme de contrainte,
l’équipe de Bruno Renders a choisi
l’opportunité, l’investissement, la
résilience. « Tout est mesurable, tout
permet de définir des ratios utiles.
Sachant que l’activité humaine,
de toute manière, va avoir une
empreinte, il faut pouvoir activer
les bons leviers pour décarboner
au maximum et ramener sa propre
empreinte au minimum. ».
Dans un secteur que l’on sait gros
consommateur de ressources mais
qui dispose de bien des atouts à
faire valoir pour devenir exemplaire
de la transition sociétale (économie
circulaire, réutilisation et recyclage,
fonctions nobles des bâtiments qui
doivent devenir actifs et à impact
négatif...), l’IFSB œuvre sur plusieurs
tableaux. « Nous sommes à la fois
dans l’opérationnel et dans les
services. Il faut intégrer une vision
transversale des organisations, et
cette approche est transposable
24 INFOGREEN.LU
10 ans de résultats
L’IFSB accueillait entre 1 500 à 2 000 stagiaires, il y
a 10 ans. Environ 7 000 aujourd’hui. En 2020, son
bilan carbone était de 1 099 tonnes équivalent
CO 2
, soit 9 % de moins qu’en 2019. Pour respecter
la feuille de route nationale, toutes choses étant
égales par ailleurs, il faudrait descendre à environ
500 tonnes équivalent Co 2
en moins de 10 ans.
à toute une série d’activités et
de secteurs. Dans notre bilan
carbone, nous avons intégré tous
les paramètres mesurables. Par
exemple, nous accueillons quelque
7 000 stagiaires à l’année et l’activité
est en croissance. L’idée n’est donc
pas de faire moins, mais de faire
plus avec moins pour faire mieux !
On s’attache notamment à l’impact
des déplacements de nos stagiaires
(par exemple en incitant à la
multimodalité et à l’électromobilité),
ce qui est aussi valable pour
nos employés. On développe
l’enseignement à distance, des
modules virtuels… Idem pour les
intrants, idem pour chaque poste
qui influe sur le bilan carbone – et
ils ont tous une influence. Il importe
donc d’avoir une vision systémique,
d’avoir les bases concrètes et
objectives, qui permettent de
décider, d’adapter son organisation,
son fonctionnement et sa réflexion.
La transition est un cercle
vertueux, et cela nécessite de
mettre en place des solutions
– elles existent – à impacts
multiples, pour que l’équation
devienne à bénéfices multiples ».
ÉCOSYSTÉMISÉ PAR
MÉLANIE TRÉLAT ET ALAIN DUCAT
Avec le CDEC
Sur le volet énergétique, l’objectif est de passer
d’une part du bilan carbone de 16 % à 7 ou 8 %,
en optimisant tout ce qui peut l’être à travers des
mesures managériales, de suivi et de monitoring, en
réduisant les besoins, mais surtout en privilégiant les
énergies renouvelables au détriment des énergies
fossiles. « Pour le chauffage et la production d’eau
chaude sanitaire, nous allons basculer d’un mix
gaz (80 %) et pellets (20 %) avec un complément
solaire thermique vers la biomasse à pratiquement
100 %. Pour cela, nous allons installer une deuxième
chaudière à pellets – alimentée par des pellets
luxembourgeois – et nous conserverons la chaudière
gaz pour répondre à d’éventuels pics de besoins.
Nous nous exonérons ainsi du bilan carbone lié au
gaz et gagnons près de 70 % sur la partie chauffage
du bâtiment, soit bien plus que les 55 % visés pour
2030 », explique Bruno Renders. « Pour ce qui est
de l’électricité, nous sommes en train d’installer des
panneaux photovoltaïques sur toutes les toitures
et éventuellement les façades disponibles sur notre
bâtiment pour aller vers l’autoconsommation ».
Les efforts portent également sur la réduction des
déchets dans une optique éco circulaire : le béton
qui a servi lors des formations en maçonnerie
est concassé et réutilisé sur place par exemple.
Ou encore sur la gestion de l’eau : de l’eau de
pluie est utilisée pour fabriquer les plus de
40 m 3 de mortier nécessaires chaque année.
Les déplacements comptent pour 20 % du bilan
carbone – soit plus de 200 tonnes équivalent CO 2
–.
Entre autres incitants, la flotte de véhicules migre
vers l’électrique et l’hybride. Des bornes de recharge,
alimentées par de l’énergie verte, sont à disposition.
C’est COCERT, membre de l’écosystème CDEC, qui
est chargée d’établir le bilan carbone de l’IFSB.
Avec 5 personnes formées dans ses effectifs et
une longue expérience pratique, COCERT a une
parfaite compréhension du sujet et une maîtrise de
la méthodologie. « L’IFSB pour la partie formation
et COCERT pour la partie bilan carbone sont
au service des membres. Nous voulons faire
de 10 années d’expérience de bilan carbone
une opportunité pour le secteur et pour nos
entreprises membres », conclut Bruno Renders.
PARTENAIRE INFOGREEN
Photos : Fanny Krackenberger
DOSSIER TRANSITION
Processus de
transformation majeure
Visions économiques, croissance
démographique, responsabilité
individuelle et sociétale, objectifs
carbone… Les défis s’annoncent
chauds comme le climat.
« De toute évidence, nous
entrons dans un processus de
transformation majeure et le futur
immédiat fera obligatoirement
figure de multiples révolutions.
Dans la mesure où ces processus
sont enclenchés, il n’y a pas de recul
possible (…). Les entreprises et les
individus devront assumer leur part
de responsabilité ; mais la société
qui les porte devra jouer son rôle
et tenir son rang (…). Si l’humanité
comprend et accepte que pouvoir
et responsabilité vont de pair,
l’utopie est à sa portée. (…) Compte
tenu de l’existence de réponses
institutionnelles, théoriques et
scientifiques aux graves problèmes
à résoudre, compte tenu du coût (de
l’ordre de 6 000 à 10 000 milliards
de dollars sur 10 ans) somme toute
maîtrisable des investissements
nécessaires à la transition vers une
économie bas carbone, compte
tenu de la dépendance des géants
du numérique aux infrastructures
publiques, compte tenu de la
pression des plus jeunes et du
renouvellement des générations en
politique et dans les entreprises,
il est encore permis de rêver ».
On trouve ces quelques phrases
dans un récent ouvrage : « Le temps
des Crises », édité par la Section
des Sciences morales et politiques
de l’Institut grand-ducal, est un
essai co-écrit par Jean-Jacques
Rommes, juriste, ex-directeur de
l’ABBL (association des banques)
et ex-« patron des patrons »
luxembourgeois (administrateur
délégué de l’UEL), d’une part,
et Michel-Edouard Ruben,
économiste à la Fondation IDEA,
auteur parfois iconoclaste aussi.
Modèle
luxembourgeois
ou Luxembourg
modèle ?
Au fil des 187 pages, on trouve
nombre de constats, concepts,
scénarios et suggestions, aux
confins raisonnables des visions,
LA SUITE
26 INFOGREEN.LU
Fair is
the new
trade
Semaines Fairtrade
1 er mai - 15 mai 2022
Dès aujourd'hui, nous agissons
pour un futur équitable.
www.fairtrade.lu
4×3 – NUMÉRO 18 – TRIMESTRIEL – MAI 2022
27
DOSSIER TRANSITION
parfois très différentes mais pas
inconciliables, des deux auteurs.
Sous des dehors parfois badins,
on retrouve des aspects cinglants,
économiquement imparables,
politiquement incorrects et
inversement. « La place financière
a un rôle de premier plan à tenir
dans le financement mondial
des investissements nécessaires
pour accompagner la transition
énergétique et permettre
d’atteindre la neutralité carbone
d’ici 2050 », lit-on notamment. « Le
Grand-Duché pourrait servir de
modèle en s’engageant à prendre
en considération les compétences
réelles au sujet des défis
climatiques, au moment de nommer
ses représentants dans les conseils
d’administration des établissement
publics et des entreprises privées ».
Réalités locales
pour empreinte
carbone
La réalité du Luxembourg peut
s’avérer contraignante. « Le fait que
le pays connaisse une croissance
démographique aussi soutenue
n’est pas neutre sur le plan des
objectifs climatiques », souligne
l’économiste Vincent Hein, dans un
édito récent pour la Fondation IDEA.
Il y a, d’une part, les objectifs : celui
qui visait pour 2020 une baisse des
émissions de gaz à effet de serre
de 20 % par rapport au niveau de
2005 a été atteint au Luxembourg,
avec le coup de pouce de Covid-19
qui a réduit considérablement
les activités humaines.
D’autre part, la croissance
démographique quasi galopante
a des influences mathématiques.
« Quand les émissions totales
n’ont baissé que de 0,7 % par
an en moyenne de 2005 à 2019,
les émissions par tête ont reculé
de 2,7 % l’an, passant de près
de 22 tonnes équivalent CO 2
(teCO 2
) par habitant à 15 (…). La
perspective d’une forte dynamique
démographique, qui pourrait
déboucher sur un Luxembourg à
760 000 habitants en 2030, revient
à comprimer les émissions par tête
de l’ordre de 8 % par an entre 2021
et 2030, pour les amener autour de
6 teCO 2
par tête. Cela représente
un triplement du rythme de
baisse observé depuis 2005 ».
Il faudra tenir compte des
« estimations à venir de l’empreinte
carbone, réellement liée aux
‘modes de vie’ et de ‘production’
des entités résidentes. Le défi
s’annonce (vraiment) considérable »,
conclut l’économiste.
ECONOMISÉ PAR ALAIN DUCAT
avec Fondation IDEA
PARTENAIRE INFOGREEN
Photos-illustrations : Fondation
IDEA / Institut Grand-Ducal
28 INFOGREEN.LU
Des idées à l’épreuve de la réalité
Autour de la transition, il y a beaucoup de questions,
entre analyses et faisabilité. Relocalisation, décroissance,
autonomie, consommation… Petit tour d’horizon.
DOSSIER TRANSITION
Totnes :
Transition Town
S’il est un modèle de mouvement
citoyen, c’est probablement la
Transition. Son acte de naissance
remonte à plus de 15 ans,
et certains en sont encore à
le découvrir… Rob Hopkins,
universitaire britannique au départ
spécialiste de la permaculture, s’est
trouvé à la base d’un groupement
citoyen dans sa petite ville de
Totnes, dans le Devon, avec juste
l’idée de fédérer les compétences et
les idées, pour avancer, localement,
et créer une communauté
économique, écologique, résiliente,
la plus autonome et ouverte
possible. Depuis 2005, Transition
Town Totnes a grandi et est
devenue un symbole. Rob Hopkins
est, lui, devenu un porte-parole du
« Transition Network », représenté
dans plus de 50 pays, au travers
de communautés locales ou
régionales actives et innovantes.
Totnes © Licence CC
Rob Hopkins à l’Aërdscheff en 2020
© CELL Transition Town
Luxembourg
modèle ?
Rob Hopkins suit les avancées
luxembourgeoises, via les activités
de CELL essentiellement, mais
aussi au travers des décisions
et orientations politiques. « On
constate des accents pionniers,
comme l’interdiction du glyphosate,
les transports gratuits… Et surtout
des initiatives citoyennes, qui
mettent une véritable transition
en avant et défrichent de
nouvelles perspectives locales :
coopératives, marchés de terroir,
culture biodynamique, maraîchage
et permaculture, pépinières
d’entreprises locales, économie
solidaire.. Ces initiatives trouvent du
soutien et aussi des financements
publics pour les accompagner. Le
Luxembourg est un pays riche,
sensible aux richesses locales
et prêt à soutenir les approches
économiquement viables et
porteuses d’emplois. Il pourrait
avoir un leadership européen et
être un exemple pour la transition ».
LA SUITE
4×3 – NUMÉRO 18 – TRIMESTRIEL – MAI 2022
29
DOSSIER TRANSITION
Décroissance
soutenable
« La décroissance est une utopie,
faute de scénario de transition »,
expliquent Marc Prieto et Assen
Slim, dans leur livre « Consommer
moins pour vivre mieux » (2010).
De plus en plus de personnes se
révèlent sensibles aux pratiques
de la « simplicité volontaire »
qui milite pour la fin de la
consommation de masse et du
gaspillage qui y est associé. Les
auteurs ne se revendiquent pas
du mouvement des « objecteurs
de croissance ». Ils approchent
ce concept de décroissance avec
une analyse mesurée. Et touchent
plutôt le concept de « croissance
raisonnable » ou de « décroissance
conviviale et soutenable ».
Pablo Servigne © Barricade
Voix francophone
Pablo Servigne, Versaillais qui a
étudié l’agronomie puis travaillé
dans l’économie sociale en
Belgique, est devenu une des voix
francophones dans le concert de
la transition. Il s’intéresse tout
particulièrement aux questions
d’agroécologie, de « collapsologie »
- effondrement sociétal - et de
résilience collective. Suivant la vision
de la transition par des actions
locales, inspirée de Hopkins et du
mouvement britannique, il présente
en octobre 2013, au Parlement
européen, son étude « Nourrir
l’Europe en temps de crise ». En
2015, il publie avec Raphaël Stevens
« Comment tout peut s’effondrer.
Petit manuel de collapsologie à
l’usage des générations présentes »,
puis en 2018 « Une autre fin du
monde est possible », dans lequel
il invite à l’entraide et à l’autonomie
alimentaire, via la permaculture.
Donut Economy
Le Donut ou Doughnut Model, est
un « cadre graphique » pour une
économie durable, un diagramme
développé par l’économiste
d’Oxford Kate Raworth dans
un document de l’ONG Oxfam
puis dans son livre « Doughnut
Economics: Seven Ways to Think
Like a 21st-Century Economist ».
Ce cercle vertueux avec un trou
un milieu matérialise les limites
planétaires et les frontières
sociales, pour élaborer un modèle
dans lequel la performance
d’une économie se mesure à
la satisfaction des besoins des
citoyens sans dépasser le plafond
écologique de la Terre. Une
économie est considérée comme
prospère lorsque les 12 fondements
sociaux sont réunis sans dépasser
aucun des 9 plafonds écologiques.
30 INFOGREEN.LU
Philippe Ledent © Challenge
Permaculture
d’entreprise
Philippe Ledent, Ardennais de
Belgique, est un dirigeant et
administrateur d’entreprises
qui conseille les entreprises
souhaitant (re)penser leur modèle
économique. Notamment fondateur
en 2002 de Challenge, coopérative
qui accompagne de jeunes starters
en Wallonie, il a été Président
du Comité de la Grande Région.
Auteur de plusieurs ouvrages –
dont « L’Entrepreneur idéal. Eloge
de la permaculture d’entreprise »
(2019) – Philippe Ledent parle
notamment de résilience post-crise
due et de transition économique. Il
voit émerger la « déconsommation
volontaire, motivée par la prise en
compte des enjeux sociétaux et
environnementaux », à l’inverse
de « la déconsommation subie, qui
résulte davantage de la conjoncture
économique ». Il observe les circuits
courts et la production locale,
comme un nouveau mode de
relation production-consommation.
DOSSIER TRANSITION
COMPILÉ PAR ALAIN DUCAT
Ensemble pour une
alimentation durable
Le projet FUSILLI vise à créer un
système alimentaire durable qui
préserve la sécurité alimentaire,
améliore la santé et la qualité de
vie, et protège l’environnement.
L’aide des citoyens et d’autres
acteurs est vivement souhaitée.
Notre système alimentaire
présente un niveau élevé de
sécurité alimentaire et offre aux
consommateurs une grande
variété de produits. Cependant, il
s’avère peu durable d’un point de
vue écologique, économique et
social. Si les conditions générales
n’évoluent pas, cela représente
un danger pour les ressources
naturelles, notre santé, le climat
et l’économie. Une transformation
vers un système alimentaire
durable est donc nécessaire.
À propos
de F USILLI
Differdange a connu une forte
transformation, transitant d’un
passé industriel à une ville
verte avec un centre créatif, des
établissements d’enseignement
supérieur et un centre sportif
national. Dans le cadre de cette
transformation, la commune a
LA SUITE
4×3 – NUMÉRO 18 – TRIMESTRIEL – MAI 2022
31
DOSSIER TRANSITION
décidé de participer au projet
FUSILLI. De plus, le Luxembourg
importe 96 % de ses fruits et
légumes. Il est donc important
de devenir plus indépendant
et d’être autosuffisant.
FUSILLI est un projet innovant
sur le thème de l’alimentation et
des ressources naturelles. Il est
financé par le programme-cadre de
recherche et d’innovation Horizon
2020 de l’UE pour une période
de quatre ans (2021-2024). Outre
Differdange, onze autres villes
participent à ce projet. FUSILLI
vise à aider les villes à passer à
un système alimentaire durable,
local et sain, conformément
aux priorités de Food 2030.
Les objectifs
Les principales priorités de
FUSILLI consistent à surmonter
les obstacles à la transformation
du système alimentaire et à la
mise en œuvre de politiques/
pratiques alimentaires durables.
Pour y parvenir, le projet réunit
les 12 villes dans un réseau
d’échange et d’apprentissage.
Voici les objectifs concrets
pour Differdange :
• Une bonne politique
d’information de la population
sur les thèmes alimentation
saine et production locale ;
• Un « conseil de l’alimentation »
local et un plan alimentaire ;
• Un projet agroécologique
durable produisant des
fruits et légumes (avec
des ateliers citoyens) ;
• Un accès équitable à des
aliments sains et une réduction
du gaspillage alimentaire.
Ces objectifs seront réalisés au
niveau local en collaboration
avec les citoyens et les parties
prenantes du système alimentaire.
De nouvelles coopérations/
propositions d’action seront testées
sous forme de projets pilotes. En
d’autres termes, la ville entière sera
transformée en laboratoire réel y
compris une partie du terrain de
Saulnes, en France, qui appartient
également à la commune.
Ernärungsrot :
de quoi s’agit-il ?
Selon la D r Rachel Reckinger
de l’Université du Luxembourg
(partenaire local du projet),
les Ernärungsréit sont les principaux
instruments qui s’engagent
en faveur de la souveraineté
alimentaire, c’est-à-dire l’idéal
d’un système alimentaire juste,
respectueux de l’environnement,
résilient et autodéterminé, construit
conjointement dans le cadre
d’un processus démocratique
avec la participation égale de
tous les acteurs (notamment les
producteurs et les citoyens).
Votre opinion
est demandée
Le slogan central de FUSILLI est :
Do it together ! Vous aussi, vous
pouvez participer dès maintenant
à une vision commune de
Differdange. Dans le numéro de
janvier de DIFFMAG, une carte
postale vous permettait de vous
informer sur le projet et d’indiquer
les thèmes qui vous semblaient
importants. Last but not least, il
est vivement souhaité que vous
fassiez également part à l’équipe
de vos idées/suggestions via la
carte de Diffmag ou en ligne.
Vous pouvez remettre cette carte
à l’Aalt Stadhaus (réception).
En guise de remerciement, une
petite surprise vous attend. Les
résultats de l’action serviront
d’input pour l’Ernärungsrot et pour
des ateliers avec des citoyens.
VILLE DE DIFFERDANGE
Article publié dans le Diffmag de janvier
PARTENAIRE INFOGREEN
› Pour en savoir plus :
differdange.lu/fusilli | fusilli-project.eu
32 INFOGREEN.LU
Le Circular Innovation Hub
est un centre de compétences
et de formations en économie circulaire.
Quoi ?
Cet endroit est dédié à la communication proactive au
sujet de l‘économie circulaire à Wiltz et propose différents
ateliers de sensibilisation ou de formation à l’économie
circulaire.
Les locaux du HUB accueillent également des expositions
en lien avec l’économie circulaire.
Le HUB propose des formations en économie
circulaire: introduction à l’économie circulaire, partage
d’expériences, visites de projets ou modules avancés
sur l’économie circulaire.
Les thématiques sont variées et s’adressent tant aux
personnes souhaitant découvrir l’économie circulaire
et ses principes qu’à celles déjà engagées dans la
démarche, quel que soit leur niveau d’avancement.
Les formations sont gratuites.
Ces formations sont reconnues par l’INAP.
(pour les salariés communaux)
Qui ?
Le public cible du HUB sont les Communes (salariés
ou élus), les Ecoles (élèves du fondamental
et secondaire, enseignant) ainsi que les citoyens.
Les formations sont données français,
allemand et/ou luxembourgeois.
Des formations sur mesures peuvent être programmées
sur demande pour des modules spécifiques
ou d’autres publics cibles.
Contact:
Pour vous inscrire à une formation, prenez contact avec:
Ariane BOUVY
Administration communale de Wiltz
Gestionnaire du Circular Innovation Hub
(+352) 95 99 39 56
ariane.bouvy@wiltz.lu
DOSSIER TRANSITION
Wiltz et la
transition circulaire
Hotspot national de l’économie
circulaire, la commune de Wiltz
veut prendre ses responsabilités
pour les générations
futures. Tour d’horizon avec
l’échevin Pierre Koppes.
Hotspot communal de référence
dans le pays, Wiltz est aussi
devenue la première commune
du Pacte Climat à être certifiée
pour son engagement en faveur
de l’économie circulaire.
Avec une vingtaine de projets
en cours, la « Capitale des
Ardennes » s’est engagée à
promouvoir un modèle qui vise à
accroître l’efficacité de l’utilisation
des ressources et à réduire
l’impact environnemental.
Une grille
de lecture et
d’analyse
« Il y a toute une panoplie de projets
qui concernent la commune, la
région, et surtout ses habitants »,
explique l’échevin Pierre Koppes.
« Beaucoup de projets viennent
d’une initiative citoyenne, dans une
démarche bottom-up, et se mettent
en place avec enthousiasme par
des associations et avec le soutien
communal » (armoire à objets
réutilisables, repair-café, magasin de
seconde main Re-Naissance, festival
Do It Yourself, ateliers d’inclusion
pour la récupératon et le recyclage
de mobilier, etc). Quels que soient
l’envergure et l’investissement,
l’économie circulaire est devenue
une ligne de conduite. « Nous avons
établi une grille, basée sur 6 grands
piliers et champs d’application
de l’économie circulaire, à travers
laquelle nous réalisons un screening
et un suivi pour tous les grands
projets de la commune de Wiltz ».
Le champ « Santé & Bien-être »
se focalise sur la qualité de l’air,
la qualité acoustique, la qualité
visuelle, la qualité du sol et la
biodiversité consolidée, un
environnement socialement
équitable, l’intégration et la
participation des citoyens.
« Laboratoire & Centre de
formation » (testing-training),
véritable laboratoire pour
l’économie circulaire, s’applique
à l’activation de la transition vers
l’économie circulaire, pour les
autres communes, en direction
du secteur privé et en direction
du grand public, mais aussi
à une optimisation continue
des projets et processus.
34 INFOGREEN.LU
Beaucoup de projets
viennent d’une initiative
citoyenne, dans une
démarche bottom-up,
et se mettent en place
avec enthousiasme par
des associations et avec
le soutien communal.
Le pilier « Énergie & Eau » veille aux
sources renouvelables, à l’utilisation
efficiente, à l’approvisionnement
et à l’utilisation responsables,
à la gestion écologique de
l’eau de pluie notamment.
« Urbanisme & Aménagement »
s’attache à un aménagement
polyvalent et transformable, à la
mutualisation des infrastructures
et équipements, à une gestion
responsable du sol, à la symbiose
entre la construction et la
biodiversité, à la récupération et
à la réutilisation des composants
et matériaux de (dé)construction,
à une gestion intelligente des
infrastructures et à la résilience par
rapport aux effets du changement
climatique. La rénovation de la
« Villa Thilges » pour l’Hôtel de
Ville en a été un exemple.
« Économie & Ressources »
promeut « la transition du modèle
de propriété vers le modèle de
l’usage et du service », les modes
de vie coopératifs, le bon usage des
ressources (approvisionnement,
gestion des flux, valorisation en
fin de cycle…), la prise en compte
des coûts opérationnels et de
maintenance lors de la conception.
Enfin, le champ « Services
& Logistique » s’applique à
l’accessibilité et à la proximité des
biens et services, au transport
respectueux, à la mobilité
multimodale, aux réseaux
qualitatifs, efficients et sécurisés
pour favoriser la mobilité douce.
en économie circulaire, a poursuivi
la démarche en embauchant
des conseillers en la matière.
« Cela nous permet de traduire
la réflexion en actes concrets, de
suivre les idées, de promouvoir
cette transition indispensable,
en mode circulaire ». Exemple
parmi beaucoup d’autres, le projet
d’extension de la zone d’activités
Salzbaach qui intégrera les
principes d’économie circulaire dans
son développement et accueillera
de nouvelles entreprises.
De même, les infrastructures
publiques de services, comme le
campus éducatif Géitzt , seront
les premières à installer la vie et
la vision circulaires sur le futur
quartier « Wunne mat der Wooltz »,
« on espère dès l’automne 2023
pour les premières ». Et, en parallèle
un lotissement communal pour plus
de 100 maisons unifamiliales se
prépare « Op Heidert » également
dans l’optique de l’économie
circulaire et dont les détails seront
dévoilés dans les prochains mois.
« Environnement, économie et
humain sont nos trois axes majeurs
de promotion et de développement
d’une vision circulaire intelligente.
C’est un mouvement qui est en
marche, une transition sociétale
concrète », conclut l’échevin Koppes.
CIRCULARISÉ PAR ALAIN DUCAT
Avec la commune de Wiltz
PARTENAIRE INFOGREEN
DOSSIER TRANSITION
L’exemple public
« Les institutions publiques ont
un rôle d’exemple et d’incitation »,
précise Pierre Koppes. « On
ne peut pas tout faire, mais on
peut marquer un engagement
par des investissements pour
les générations futures. Aussi
en pensant, au moment de
fixer les objectifs de chaque
projet, aux bienfaits à court
terme pour les habitants de la
commune et de la région ».
La commune, qui dans un premier
temps avait bénéficié d’une
personne mise à disposition par
Luxinnovation et le ministère de
l’Économie pour son programme
4×3 – NUMÉRO 18 – TRIMESTRIEL – MAI 2022
35
DOSSIER TRANSITION
Citoyens en transition,
personnes en parcours
Le CIGL Esch nourrit ses
missions par des actes de
terrain. L’association poursuit
deux grands objectifs :
accompagner la réinsertion
de personnes sans emploi et
développer des services qui
répondent à des besoins.
Né en 1997 sous la forme d’une
ASBL, le Centre d’Initiative et de
Gestion Local (CIGL) d’Esch-sur-
Alzette illustre la faisabilité d’une
transition à la fois économique,
sociale et solidaire au service
du développement local, de la
citoyenneté et de la durabilité.
Carlos Breda, coordinateur général
du CIGL Esch, rappelle les actes
fondateurs: « L’association poursuit
deux grands objectifs. Le premier
est d’aider des personnes sans
emploi à retrouver un travail et
à se réinsérer dans la vie sociale.
Le second est de développer
des services qui répondent à
des besoins non satisfaits de la
population. Le CIGL Esch défend
un système économique soucieux
de plus de solidarité et d’équité.
Dans le cadre de projets d’intérêt
commun, nous œuvrons à un
développement local durable dans
divers domaines de l’économie ».
Au travers d’une série de projets
porteurs de développement
individuel ou/et sociétal, on
retrouve l’action du CIGL sur
le terrain, dans des services à
la personne et à la collectivité,
d’accueil pour enfants, de
formations, d’éducation à
l’environnement ou de mise
en valeur du patrimoine.
Acteur de son
projet de vie
« Passer d’un état à un autre
état », c’est une des définitions
de base de la « transition ». Une
personne en réinsertion est dans
cette situation, de « quête de
mieux », de quête de sens aussi.
Le service « Accompagnement
vers l’emploi » du CIGL Esch
le vit. « La mission consiste à
accompagner une dynamique
dont le seul acteur est la personne
en parcours, les encadrants
ne sont que des catalyseurs »,
résume le coordinateur général.
Dès son arrivée, dès le premier
entretien, le demandeur
d’emploi est impliqué dans le
développement de sa situation
personnelle et professionnelle,
dans la construction de projets
lui permettant d’intégrer plus
facilement le premier marché
du travail. « On est dans une
logique d’engagement mutuel,
pour un parcours d’insertion
individuel, la construction d’un
36 INFOGREEN.LU
DOSSIER TRANSITION
projet de vie, avec des actions
de formation adaptées ».
Et puis, par le biais de projets
répondant à des besoins locaux
et sociaux, le CIGL Esch met le
demandeur d’emploi au centre
de ses actions, le rendant
acteur de son projet de vie.
Le CIGL Esch ne manque pas de
projets porteurs. Le plus « visible »
est sans doute Vël’OK, devenu
régional (autour d’Esch, dans les
communes du Sud). La mise à
disposition des vélos en libreservice
contribue à la mobilité
douce et à la qualité de vie… Les
entretiens et réparations se font
sur place ou dans un atelier où les
personnes en insertion trouvent
à montrer leur façon de faire et
d’être ; tout reste géré localement.
D’utiles jardins
Et puis, dans le domaine « Nature,
Création et Citoyenneté », il y a
aussi Den Escher Geméisguart. Le
projet pilote, centré au départ sur la
production de légumes biologiques
à destination des maisons relais
de la Ville d’Esch-sur-Alzette,
vise un développement local, qui
concilie le social, l’environnement
et l’économie, à travers une
démarche d’économie solidaire.
La notion de « ville comestible »
ou « mangeable » s’affine et ne
manque pas de perspectives.
« In fine, l’objectif est de pouvoir
fournir des aliments sains et de
qualité au plus grand nombre
de citoyens. Dans un premier
temps, les produits de la serre
étaient destinés aux maisons
relais de la Ville. Selon les surfaces
de production disponibles, on
peut cibler d’autres cuisines
de collectivités, voire une
commercialisation directe ».
L’optique est claire : privilégier des
denrées produites localement
et de saison pour augmenter la
résilience territoriale et diminuer
l’impact écologique (transports,
déchets...). Au fil des collaborations
avec d’autres acteurs locaux, et
d’animations pédagogiques et de
sensibilisation sur place, on peut
développer une production et
une consommation locales. Et,
en suivant le même fil, le modèle
peut « sortir » du local pour passer
au régional, puis essaimer dans
d’autres régions et s’y reproduire…
L’angle économique est
alors aussi atteint: « le
développement du projet permet
la création d’emplois ; le travail
d’exploitation, de valorisation
ou de commercialisation des
produits agricoles permet
LA SUITE
4×3 – NUMÉRO 18 – TRIMESTRIEL – MAI 2022
37
DOSSIER TRANSITION
de former les salariés à de
nouveaux métiers porteurs
d’avenir et d’espoir sociétal ».
Pédagogie active
Carlos Breda poursuit, avec un
regard sur quelques chiffres,
marquant l’évolution récente.
« Le volet animation, formation
et pédagogie, dès le plus
jeune âge, est important ».
Important, utile et efficace,
s’agissant de travailler pour, et avec,
les générations futures ! Ainsi, il y a
une demande croissante, surtout
pour des animations régulières,
une fois par semaine par exemple.
Le CIGL Esch défend un
système économique
soucieux de plus de
solidarité et d’équité. Dans
le cadre de projets d’intérêt
commun, nous œuvrons
à un développement
local durable dans divers
domaines de l’économie.
« On a pu intéresser près de 1 800
enfants en 2021 ! Ces animations
apportent une réelle plus-value,
pour les enfants comme pour
les équipes. Elles contribuent
aussi au développement des
autres activités, comme la vente
de fruits et légumes ou les
aménagements en construction.
Tout cela donne un sens au travail
et responsabilise l’équipe ».
CULTIVÉ PAR ALAIN DUCAT,
Avec le CIGL- ESCH/ALZETTE
PARTENAIRE INFOGREEN
Photos : © CIGL-ESCH
38 INFOGREEN.LU
DOSSIER TRANSITION
VOS BESOINS, NOS PROJETS
4×3 – NUMÉRO 18 – TRIMESTRIEL – MAI 2022
39
DOSSIER TRANSITION
Une intégration
efficace… et réfléchie !
Intégrer des personnes en situation de handicap dans un
« environnement professionnel dit ordinaire » est loin d’être
évident. Mais la société est en train d’évoluer. Rencontre avec
Jérôme Colson et Christophe Lesuisse du Groupe Tricentenaire.
Pourquoi ne pas employer les
compétences des personnes en
situation de handicap, qu’il soit
mental, psychique ou moteur ?
Du côté du Tricentenaire, on ne
se pose même pas la question. La
formation et l’intégration sont les
chevaux de bataille du groupe.
Christophe Lesuisse, Administrateur
Délégué, se félicite de
l’augmentation des initiatives
inclusives. « À côté d’un camping,
un hôtel inclusif sera construit à
Wiltz (coopération Wiltz asbl), dans
le sud, l’asbl Trisomie 21 va ouvrir
un restaurant. La Ligue HMC ou
Autisme Luxembourg ont également
de belles initiatives. Sans oublier
l’APEMH avec le Parc Merveilleux
à Bettembourg ou encore la
Yolande Coop avec le Jardin
des papillons à Grevenmacher.
Beaucoup de chouettes projets se
développent bien au Luxembourg.
Nos ateliers d’inclusion à Bissen
fonctionnent également à merveille.
Maintenant, par rapport au milieu
dit ordinaire, il faut être réaliste.
L’inclusion d’un salarié en situation
de handicap se déroule bien s’il
y a un accompagnement des
responsables qui l’accueillent.
Sinon, ça ne fonctionne pas. »
Jérôme Colson, Directeur des
Ateliers du Tricentenaire, confirme
ce besoin d’accompagnement.
« Nous formons actuellement 12
stagiaires dans notre centre. Ils y
restent de 3 mois à 3 ans, selon
leurs besoins d’apprentissage. Nous
accueillons beaucoup de personnes
ayant subi un accident qui a
entraîné un traumatisme crânien.
Elles souffrent notamment de
problèmes de mémoire immédiate,
ce qui entraîne l’obligation de
répéter régulièrement les mêmes
consignes. L’accompagnement
du salarié en intégration permet
d’expliquer, dans ce cas, qu’il
ne s’agit pas de 'mauvaise
volonté' de la personne à retenir
les processus de travail. »
Les responsables sont tout de
même optimistes quant à l’évolution
des mentalités en matière
d’intégration des personnes
en situation de handicap. Au
Luxembourg, mais également à
l’étranger. « En Suisse, nous avons
visité un atelier d’inclusion qui
possédait sa propre structure
au cœur d’un supermarché »,
poursuit Jérôme Colson. « Une
intégration parfaitement réussie
et il a même été observé qu’il y
avait moins d’absentéisme au
sein des collaborateurs, une plus
grande solidarité dans le staff et
une meilleure ambiance de travail.
Ces intégrations sont excellentes
pour nos stagiaires car elles
leur permettent d’acquérir une
plus grande confiance. Certains
arrivent même à former d’autres
stagiaires, ce qui leur procure
une fierté et une joie intense. »
Et Christophe Lesuisse d’ajouter :
« Autant les travailleurs que leurs
proches sont vraiment fiers, et du
travail, et de l’évolution personnelle.
Cette transmission et ce sentiment
d’apporter une vraie valeur ajoutée
à la société n’ont pas de prix. »
Projets à valeur
ajoutée
Autre projet sur les rails, la
transformation d’un ancien
café à Prettingen en espace
intergénérationnel et convivial.
Il accueillera notamment une
micro-brasserie, un restaurant et
un espace destiné à la vente et
réparation de vélos. Une initiative
ambitieuse qui proposera un travail
valorisant à une bonne quarantaine
de salariés en situation de handicap
40 INFOGREEN.LU
Autant les travailleurs que leurs
proches sont vraiment fiers,
et du travail, et de l’évolution
personnelle. Cette transmission
et ce sentiment d’apporter
une vraie valeur ajoutée à la
société n’ont pas de prix.
et une dizaine de moniteurs
d’atelier. Le projet a le plein soutien
de la commune de Lintgen.
DOSSIER TRANSITION
Et les idées ne manquent pas
au Tricentenaire. « Grâce à un
vrai dialogue permanent avec le
ministère du Travail, de l’Économie
sociale et solidaire, ainsi qu’avec
le ministère de la Famille et de
l’Intégration, nous pouvons
proposer des ateliers d’inclusion
à haute valeur ajoutée. »
C’est notamment le cas pour la
collaboration future avec les HPPA
Mersch (Homes Pour Personnes
Âgées) où un projet intéressant
de « buanderie inclusive » est sur
la table. « HPPA construit pour
ses besoins, toujours grandissant,
une toute nouvelle buanderie
sur son site de Mersch », précise
Jérôme Colson. « Dans un avenir
proche, nous aurons l’opportunité
d’y intégrer un groupe de
collaborateurs en situation de
handicap. Cette équipe travaillera
auprès de salariés de HPPA Mersch
et sera supervisée par nos soins. Au
programme, laver le linge, le ranger,
le plier, l’étiqueter et le repasser. »
Autre beau projet, celui développé
avec l’Institut Viti-Vinicole de
Remich. « Nous avons réalisé trois
jours de vendanges en octobre
2021. Six travailleurs en situation
de handicap y ont participé. Nous
avons à nouveau observé un travail
concret avec des résultats rapides
pour les travailleurs. Même si les
tâches n’étaient pas si faciles à
comprendre, chacun y a mis de
la bonne volonté et ces journées
se sont déroulées à merveille. Si
à terme nous pouvions exploiter
un vignoble cela agrandirait
l’offre d’emploi de nos services
et cette fois au grand air. »
Avec un bon encadrement
et de bonnes mesures d’accompagnement,
ces inclusions
sont toujours une réussite !
INSÉRÉ PAR SÉBASTIEN YERNAUX
PARTENAIRE INFOGREEN
Photos : Tricentaire
4×3 – NUMÉRO 18 – TRIMESTRIEL – MAI 2022
41
DOSSIER TRANSITION
« Changeons nos habitudes
au lieu de notre vocabulaire »
BENU Village est un concept
simple qui ne laisse pas de place
aux belles paroles. Son but : vivre
en totale autonomie et surtout,
en ne produisant pas de déchets.
Georges Kieffer a la tête bien sur
les épaules. Pour lui, lorsqu’un
projet est lancé, l’important est
d’aller dans la bonne direction sans
se laisser distraire par de belles
paroles ou des promesses en
l’air. Selon lui, la transition, qu’elle
soit économique ou écologique,
doit suivre cette même voie.
« Actuellement, j’ai l’impression
que le vocabulaire utilisé par le
grand public et par l’industrie est
nettement plus rapide que les
changements de comportements »,
souligne le responsable de BENU
(prononcez « bi niou ! » - en
anglais « Be New ! »). « Aujourd’hui,
tout le monde estime recycler,
mais il y a encore du boulot. »
Sommes-nous en transition ?
« Je suis certain qu’il y a plus de
personnes qui commencent à
réfléchir, si on compare à il y a 20
ans. Par contre, la vitesse pour
améliorer cette transition est
inexistante. L’homme développe
de nombreux programmes pour
améliorer son existence et se
donner bonne conscience, pour
finalement ne rien changer.
C’est d’ailleurs une des missions
de BENU. Donner des idées
concrètes pour que cette
transition se concrétise. »
Une histoire
de pantalon
L’idée du village BENU est venue
d’un accident vestimentaire
classique. « J’étais en promenade
et mon pantalon s’est déchiré. Le
réflexe malheureux de beaucoup
de personnes est de jeter et d’en
acheter un nouveau. Réflexe
humain mais incompréhensible
car on peut toujours le réparer. Je
n’arrive pas à comprendre pourquoi
31 % des vêtements présents dans
les conteneurs sont brûlés. »
Et donc, cette histoire de pantalon ?
« Elle m’a fait réfléchir à mon mode
de fonctionnement pour l’améliorer
au quotidien. Beaucoup d’efforts
sont effectués mais si on gratte un
peu derrière, on s’aperçoit qu’il y LA SUITE
42 INFOGREEN.LU
DOSSIER TRANSITION
Pop-up pour une mode éthique et durable à
Luxembourg-Ville
Collections de mode upcyclée
Sélection Second-Hand & Vintage
Ateliers textiles (couture, upcycling, réparations, ...)
pour adultes et lycéens
Fashion Meet & Greet
Place Royal Hamilius
www.rethink.lu/letzrefashion
letzrefashion
letzrefashion@gmail.com
4×3 – NUMÉRO 18 – TRIMESTRIEL – MAI 2022
43
DOSSIER TRANSITION
Si on jette tellement alors
que la qualité est encore plus
que correcte, il y a moyen
d’agir différemment.
a encore des lacunes à corriger. Je
pense au bio par exemple. Le label
est important mais il ne suffit pas
toujours. Surtout quand on sait
que certains secteurs emploient
encore de jeunes enfants. Une
paire de jeans marquée 'bio-coton'
peut parcourir jusqu’à 20 000
kilomètres. Est-ce normal ? »
Et le commerce équitable,
Fairtrade ? « C’est également
paradoxal. Les producteurs de cafés
qui participent à ce label ont vu
leurs revenus augmenter de 15 %.
Sur papier, c’est bien. Mais quand
on voit qu’à la base, ils touchent
une misère, est-ce vraiment un
pas en avant ? Tous ces efforts
sont beaux mais il est important
de faire mieux en analysant ce
qu’ils garantissent vraiment. »
Georges Kieffer devait donc trouver
une solution qu’il était capable
d’appliquer. « Partant de tous mes
constats, l’idée est venue de dire
que si on jette tellement alors
que la qualité est encore plus
que correcte, il y a moyen d’agir
différemment. C’est pourquoi j’ai
engagé des professionnels locaux.
Après réflexion, on a trouvé les
moyens d’éviter d’exporter notre
misère à l’étranger et on a donné
du travail qualifié dans la région. »
Le concept du premier éco-village
est devenu une référence globale.
« Nous construisons uniquement
avec des déchets, des plantes, de
la terre, de la laine de mouton.
Nous apportons la preuve que
c’est possible de recycler un
maximum. C’est pourquoi les
universités de Luxembourg et
de Trèves viennent nous voir. Le
circulaire est réalisable mais il faut
changer ses habitudes au lieu
de changer son vocabulaire ! »
UPCYCLÉ PAR SÉBASTIEN YERNAUX
Avec BENU
PARTENAIRE INFOGREEN
Photos : ©BENU
NEO-HUMANISM: A NEW
NARRATIVE FOR SOCIAL
AND ENVIRONMENTAL
SUSTAINABILITY
Environmental, social and economic challenges have proven an
elusive task for modern societies. Part of the reason is that each
challenge has been considered separately from the others.
For instance, attempts to overcome the economy’s tendency to stagnate
increased greenhouse gas emissions, pollution, and deforestation to the
extent that climate change is nearly irreversible. Similarly, the belief that wellfunctioning
markets are the key to better lives has likely contributed to the
erosion of social capital, intended as the fabric that keeps a society together
and enables it to pursue shared goals. Reports indicate that loneliness,
mistrust in others and in institutions are on the rise in many countries.
Neo-humanism proposes a holistic approach to overcome these challenges, a
new culture to inform a cohesive reform of modern societies. Neo-humanism
is a movement to put humankind and the environment back at the center
of societies’ attention. It re-discovers the foundations of what makes a life
worth living, and proposes to organize modern societies accordingly. By
organizing the knowledge from quality-of-life studies, neo-humanism argues
that it is possible to establish a virtuous circle in which the explicit pursuit
of well-being through policies, such as those for social capital, contributes
to a socially and environmentally compatible economic growth.
Francesco Sarracino
Statec Research
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44 INFOGREEN.LU
Pas de transition sans placer
l’être humain au centre
DOSSIER TRANSITION
Après la pandémie, notre
monde est en transition vers
un environnement durable.
Au niveau sociétal, notre
objectif est de viser plus
de durabilité de l’espèce
humaine et de développer la
responsabilité sociale dans nos
environnements de travail.
Pour les chefs d’entreprise et les
ressources humaines, le retour
au bureau ne se fait pas sans se
poser un nombre de questions :
• Est-ce que vos collaborateurs
sont en perte d’énergie ?
• Est-ce que la collégialité
de vos salariés est en
perte de vitesse ?
• Vos collaborateurs
voient-ils encore du sens
dans leur travail ?
• Y-a-t-il un manque de
proximité du management ?
• Quels sont vos plans pour
motiver vos équipes ?
Après la Covid-19, on s’est rendu
compte que le monde du travail
a changé. Dans ce contexte VUCA
(Volatil, Uncertain, Complex,
Ambigu), l’être humain a pris
conscience de l’impact du travail
dans sa vie en général. Certes,
le travail n’est pas pour tous le
centre de ses préoccupations mais
des questionnements quant à
ses valeurs et à ses priorités sont
inévitables à l’heure actuelle.
• Êtes-vous prêt à placer
l’être humain au centre
de vos activités ?
• Êtes-vous prêt à remettre
vos priorités en question
pour maintenir votre
capital humain ?
• Êtes-vous prêt à assurer la
santé physique et mentale
ainsi que le bien-être de
vos collaborateurs ?
Nous constatons cette année,
dans le rapport de la Chambre
des salariés pour le « Quality of
Work index », une nouvelle baisse
de la satisfaction au travail après
2020. La situation est toutefois
plus claire en ce qui concerne la
motivation au travail (vigueur) et le
bien-être général, qui atteignent
leur niveau le plus bas. Le bienêtre
général subjectif a ainsi
diminué de 14 % depuis 2016.
Cette crise Covid-19 a mis en danger
notre santé et notre bien-être,
LA SUITE
4×3 – NUMÉRO 18 – TRIMESTRIEL – MAI 2022
45
DOSSIER TRANSITION
et est une réelle opportunité de
revoir ce qui nous est important :
notre vie, notre travail et notre
place au sein de la société.
Parmi vos responsabilités
professionnelles et privées, avezvous
pris l’occasion de réfléchir
à ce qui vous importe et ce qui
sera durable dans votre vie ?
• Profitez-vous réellement
de chaque instant, de
chaque échange ?
• Quelle est votre approche face
à la difficulté et à l’effort ?
comme indicateur ? Certaines
organisations sont en train
d’innover et d’inclure l’indicateur
mental dans leurs évaluations.
Cela nécessite aussi bien du
courage que d’accompagnement
pour réaliser cette transition afin
de replacer l’humain au centre des
préoccupations des organisations.
Un besoin de revoir sa mission,
valeur et vision, exercice qu’une
direction d’une grande institution
du nord du Luxembourg n’a pas
hésité à faire en analysant la
situation post-COVID du bien-être
de l’ensemble de ses salariés.
• Pourquoi faut-il attendre
que l’on soit en crise pour
réfléchir à nos priorités ?
Que ce soit une crise de milieu
de vie ou de début de carrière,
nous entendons chaque jour
parler des personnes qui courent
dans leur roue de hamster
sans avancer pour autant.
• Sont-ils réellement
efficaces et productifs ?
• Qui est la personne la plus
importante de votre vie ?
• Vous êtes-vous déjà
arrêtés pour y penser ?
Dans votre contexte d’évaluation
du travail, est-ce que le bien-être
de votre équipe est pris en compte
Cette démarche se fait via
le questionnaire COPSOQ
(Copenhagen Psychosocial
Questionnaire), l’outil reconnu
au niveau international comme
le plus efficace pour évaluer la
qualité de vie au travail. Nous
accompagnons notre client dans
cette démarche de transition vers
la durabilité de son capital humain
surtout par la prise de conscience
de créer un environnement de
travail où tout salarié se sent
valorisé et entendu, éléments
extrêmement importants pour
la motivation et la performance
durable de toute l’institution.
Infos : www.wellbeingatwork.lu
WELLBEING AT WORK
PARTENAIRE INFOGREEN
Alimentation, production,
conditions et consomm’action
Pas de transition écologique,
économique et sociétale sans
appréciation des coûts cachés.
Et si on cherchait à connaître
le « prix juste » des aliments
pour changer de modèle ?
« On estime qu’environ un
quart de l’empreinte écologique
d’un Luxembourgeois est dû
à ses habitudes alimentaires.
En particulier, notre forte
consommation de viande, de
produits laitiers, de sucre et
de produits riches en graisses
demande beaucoup d’énergie
et détruit des écosystèmes
précieux, souvent au détriment
des conditions de vie des
populations du Sud », explique
Danielle Bruck, du département
« Information et Sensibilisation »
chez SOS Faim Luxembourg.
Clairement, la transition, écologique,
économique, sociétale, passe
par une appréciation des coûts
cachés de l’alimentation, bases
d’une réflexion pour devenir des
« consomm’acteurs ». « Si nos
habitudes alimentaires actuelles
ne changent pas, on estime que les
coûts de santé liés à l’alimentation
46 INFOGREEN.LU
DOSSIER TRANSITION
et les coûts sociaux des émissions
de gaz à effet de serre associées
à nos habitudes alimentaires
actuelles dépasseront 2 000
milliards d’euros par an d’ici 2030 ».
Olivier de Schutter, ancien
rapporteur spécial des Nations
unies sur le droit à l’alimentation
et membre de SOS Faim, explique :
« On dit que le système alimentaire
industriel fournit des aliments bon
marché aux ménages pauvres, mais
cette affirmation est trompeuse.
En fait, il s’agit d’une forme
d’alimentation très coûteuse, qui
a surtout de nombreux impacts
négatifs sur l’environnement. Les
coûts sociaux, environnementaux et
sanitaires ne sont pas inclus dans le
prix que le consommateur paie au
supermarché. Qui supporte donc
ces coûts ? C’est aux générations
futures, aux contribuables, de
régler les problèmes de ce type de
production et de consommation. »
Changer de
menu…
SOS Faim a lancé sa campagne
« Changeons de Menu » en 2015,
avec 10 gestes simples et quotidiens
en exemple, et un objectif affiché :
« sensibiliser les consommateurs
luxembourgeois aux conséquences
que nos habitudes alimentaires
peuvent avoir sur notre planète
et ses habitants, et ainsi
inciter les consommateurs à
changer et à consommer plus
consciemment ». Quelques années
plus tard, les défis demeurent.
La consommation consciente
peut être très fastidieuse et les
promotions, remises, emballages,
positionnement en magasin…
compliquent encore la tâche. « Le
pouvoir économique se concentre
entre les mains d’un petit nombre
de sociétés transnationales, qui
sont en mesure d’exercer une
influence démesurée sur les
politiques et de prendre des
décisions clés concernant nos
systèmes alimentaires, comme
la nature des aliments produits,
la manière dont ils sont produits,
le lieu où ils sont produits, les
personnes qui les produisent et
celles qui les consomment. »
… et de paradigme
Le système peut marginaliser et
appauvrir davantage les petits
acteurs agricoles, perturber
les circuits traditionnels de
commercialisation des aliments
locaux… « Les aliments sains
et frais coûtent en moyenne
près de 5 fois plus cher que
des aliments transformés, et
sont donc inabordables pour
de nombreuses personnes. Les
chaînes de valeur alimentaires
mondialisées nous maintiennent,
en tant que consommateurs, dans
une certaine dépendance vis-à-vis
de l’alimentation industrielle ».
LA SUITE
4×3 – NUMÉRO 18 – TRIMESTRIEL – MAI 2022
47
DOSSIER TRANSITION
Le droit à l’alimentation saine et digne est un
droit de l’homme, que nous produisions notre
propre nourriture ou que nous l’achetions.
Pour SOS Faim, c’est clair : « Le
droit à l’alimentation saine et
digne est un droit de l’homme, que
nous produisions notre propre
nourriture ou que nous l’achetions.
Cela implique que les États
doivent créer un cadre favorable
permettant à chaque individu
d’avoir un accès illimité à une
alimentation quantitativement et
qualitativement adéquate pour luimême
et sa famille. La réalisation
de ce droit pour tous nécessite
donc l’adoption de politiques
économiques, environnementales
et sociales adéquates, tant au
niveau national qu’international. »
Ainsi, nos choix de consommation
(produits locaux, saisonniers, issus
d’une production durable ou du
commerce équitable) peuvent
sans doute contribuer à changer
les choses. Nous pouvons de
plus en plus soutenir les petits
producteurs, au Nord comme au
Sud, en privilégiant les circuits
courts de commercialisation.
CONCOCTÉ PAR ALAIN DUCAT
Avec SOS Faim Luxembourg
PARTENAIRE INFOGREEN
Photos : SOS Faim
48 INFOGREEN.LU
-
SFCIALware
DOSSIER TRANSITION
Le secteur non marchand a besoin d'outils pour accompagner ses missions. Des fournisseurs IT
permettent d'obtenir des technologies via des programmes philanthropiques.
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4×3 – NUMÉRO 18 – TRIMESTRIEL – MAI 2022
49
DOSSIER TRANSITION
Adoptons une
consommation responsable !
Saviez-vous que l’équivalent de
95 t-shirts sont jetés, chaque
minute, au Luxembourg ? Un
chiffre interpellant qui peut
nous faire réfléchir à notre
façon de consommer et de gérer
nos vêtements. Chez Caritas,
formations et ateliers sont au
programme pour interpeller.
Nous sommes tous concernés
pour améliorer les conditions
de vie dans le monde. Nos
comportements ont toujours
des conséquences, positives ou
non, sur d’autres personnes. En
achetant nos smartphones, nos
vêtements ou encore nos aliments,
nous oublions souvent que des
personnes, habitant de l’autre côté
de la planète, ne vivent pas dans
des conditions décentes. Mais
pourtant, ce sont elles qui nous
permettent d’assouvir nos envies
d’acquérir de nombreux produits.
Caritas Luxembourg est
évidemment impliquée pour
conscientiser la population
à ce constat. Notamment
via le programme « Plaidons
Responsable. » Basé sur une
double dimension politique et
citoyenne, il s’agit du programme
de sensibilisation de la Coopération
Internationale. Il vise à compléter
le travail de terrain mené par cette
coopération en thématisant les
causes et les conséquences des
situations d’injustices et d’inégalités
sociales. Mais aussi, en analysant
les rapports de force qui sont à
l’origine de ces dysfonctionnements
(ou qui sont perpétrés par eux),
pour les comprendre et proposer
des alternatives adaptées.
« En tant que citoyen, nous
avons tous un pouvoir d’agir
sur les situations de pauvreté
et d’injustice », souligne Ana
Luisa Teixeira, coordinatrice
du programme « Plaidons
Responsable ». « Nous souhaitons
que les progrès écologiques et
sociaux s’améliorent conjointement.
Afin de sensibiliser l’opinion
publique, nous offrons de
nombreuses conférences.
Nous animons également
des ateliers où de nombreux
jeunes sont sensibilisés. Ils
représentent la génération qui
peut améliorer notre société. »
En effet, outre interpeller via des
campagnes fortes sur les réseaux
sociaux ou des actions, Caritas
souhaite également donner
des outils pour que le monde
bouge. « Beaucoup se posent
des questions et nous devons
leur proposer des réponses
solides. L’urgence climatique
50 INFOGREEN.LU
En tant que citoyen, nous
avons tous un pouvoir
d’agir sur les situations de
pauvreté et d’injustice.
DOSSIER TRANSITION
existe réellement et je ne suis
pas certaine que la population
soit prête à accepter les défis qui
se présentent. Dans un premier
temps, il faut tenter d’éradiquer
la surconsommation. Nos
comportements ont un impact
au cœur des pays défavorisés, au
Bangladesh par exemple, qui est
dépendant à 80 % des produits de
l’exportation. Ce sont des chiffres
à peine croyables mais si on arrête
aujourd’hui de produire du textile,
on en aura encore pour les six
générations à venir. Cela démontre
à quel point la surproduction
est omniprésente dans une
économie qui a pour seul objectif
la maximisation des profits. »
Et cette surproduction entraîne
une surconsommation. D’après
les estimations, chaque citoyen
au Grand-Duché jette 12,26 kg
de textiles et vêtements par an,
alors que seulement 0,02 % sont
réutilisés au Luxembourg dans des
activités d’upcycling vestimentaire.
L’évolution des déchets textiles
est en hausse permanente,
tandis que le budget consacré
par les ménages pour les habits
et les chaussures est en baisse.
Comment ? Car les prix baissent
suite à une grande production.
« Ce sont des chiffres assez
interpellants. Chaque minute,
l’équivalent de 95 tee-shirts est jeté.
Et ce, rien qu’au Luxembourg ! Une
solution simple existe pourtant.
Pour s’habiller durablement, il
suffit de conserver ses vêtements
le plus longtemps possible. »
Consommer
intelligemment
« Au niveau mondial, 40 millions
de personnes vivent dans des
conditions d’esclavage moderne.
Maintenant, je ne suis pas contre la
délocalisation de la production de
vêtements, comme au Bangladesh.
Si tout est fait dans le respect des
droits humains, il n’y a aucun souci.
Malheureusement, nous sommes
encore loin du compte. Et pourtant,
je suis persuadée que les gens
ne seraient pas contre de payer
plus cher si cette différence allait
dans les poches des travailleurs
et pourraient ainsi contribuer à
un vrai développement global. »
C’est évidemment simple sur
papier, mais encore faut-il
que cela se retrouve dans nos
comportements quotidiens. Et les
chiffres ne mentent pas. D’après
une étude réalisée ensemble avec
le Ministère de la protection des
Consommateurs, on estime que
7 454 tonnes de déchets textiles
sont produites au Luxembourg !
Heureusement, certaines
organisations sont toujours sur le
terrain pour valoriser les textiles de
seconde main. Toujours selon cette
étude, 36 tonnes de vêtements
ont été distribuées par Stëmm
vun der Stross et 96,5 tonnes
par la Caritas et Croix-Rouge
(Spëndchen) aux personnes dans
le besoin au Luxembourg. BENU
a, de son côté, upcyclé 1,3 tonnes
de textiles et vêtements usagés.
TRICOTÉ PAR SÉBASTIEN YERNAUX
Avec Caritas Luxembourg
Photos : ©Fanny Krackenberger
et ©Caritas
PARTENAIRE INFOGREEN
4×3 – NUMÉRO 18 – TRIMESTRIEL – MAI 2022
51
DOSSIER TRANSITION
Transition vers des
climate-smart villages en Inde
AEIN s’est engagée dans la
transition de villages indiens
afin de les adapter aux
changements climatiques.
800 foyers sont concernés.
En mars 2019, Aide à l’Enfance de
l’Inde et du Népal (AEIN) a lancé
un nouveau projet climat de 3 ans
en Inde, qui vise à transformer des
villages traditionnels en climatesmart
villages. Le projet promeut
des activités de mitigation et
d’adaptation au changement
climatique et vise à sécuriser les
moyens d’existence de 800 foyers
pauvres du district d’Ananthapur,
État de l’Andhra Pradesh.
La région d’Ananthapur est la
deuxième région la plus affectée
par la sécheresse en Inde. Les
conséquences du dérèglement
climatique sont déjà palpables. « La
population locale constate déjà
divers changements : la mousson
arrive beaucoup plus tard, il y a
une perte de productivité des
terres et une pénurie en eau »,
explique Françoise Binsfeld,
directrice de l’association qui se
rend régulièrement sur place.
À cause de la sécheresse extrême
(250 mm de pluie recensée en 2018
dans la région d’intervention), les
agriculteurs subissent de graves
pertes. Ils se voient souvent
poussés à migrer vers des villes. Il
arrive aussi qu’ils se suicident dans
leur désespoir. En Andhra Pradesh,
région très caractéristique pour la
transhumance des cheptels ovins,
la sécheresse force souvent les
bergers à étendre leurs routes
de migration. L’accès aux points
d’eau étant un souci majeur.
Les bénéficiaires sont de petits
exploitants agricoles appartenant
à des basses castes, des peuples
indigènes, des femmes célibataires
et des ménages vulnérables
appartenant à d’autres castes.
Le partenaire local APMAS met en
place un certain nombre d’actions
d’adaptation et d’atténuation
du changement climatique,
s’inscrivant dans 5 domaines
d’intervention principaux :
• Climate-smart agriculture :
inoculation des semences,
champs d’essais, pratiques
multi-culturales, plantation
d’arbres fruitiers, pratiques
horticoles, promotion de
pesticides bio et d’engrais
bio, promotion de culture
et variétés résistantes à la
sécheresse, diversification
culturales, changement
de rotation des cultures et
52 INFOGREEN.LU
DOSSIER TRANSITION
adaptation des calendriers
de plantation, amélioration
des techniques d’irrigation,
amélioration des conditions
d’élevage des animaux
• Climate-smart energy :
installation de petites
stations à biogaz, pompe
d’eau et éclairage public à
énergie solaire, lampes LED,
cuisinières écoénergétiques
• Climate-smart nutrition :
promotion de la culture de
millet, éducation nutritionnelle,
installation de jardins potagers
• Climate-smart knowledge :
service météo, appui technique
aux cultures et à l’élevage,
sensibilisation et éducation
des communautés locales,
matériel de communication
• Climate-smart institutions :
renforcement des institutions
(conseils villageois,
organisations de producteurs
agricoles, groupements de
femmes et fédérations de
femmes), échange d’expérience
au niveau local, régional et
inter-pays (Inde et Népal).
Le projet est soumis à une
certification d’impact sur
la réduction des gaz à effet
de serre sur base de la
méthodologie Gold Standard.
Le projet vise également à faire
institutionnaliser le concept
des climate-smart villages dans
des politiques publiques.
Le budget total de la 1 ère phase
(2019 – 2022) est de 331 323 euros,
dont environ 90 % sont pris
en charge par le Ministère de
l’environnement, du climat et du
développement durable (MECDD)
luxembourgeois. Les 10 % restant
sont financés par la Fondation
Mangrove, sous l’égide de la
Fondation de Luxembourg.
AVEC AEIN
PARTENAIRE INFOGREEN
4×3 – NUMÉRO 18 – TRIMESTRIEL – MAI 2022
53
DOSSIER TRANSITION
L’informatique au
service des associations
Le secteur non marchand a
besoin d’outils numériques
pour accompagner ses
missions. Des fournisseurs
IT permettent d’obtenir des
technologies via des programmes
philanthropiques. SOCIALware
facilite l’accès à ces programmes.
SOCIALware est une organisation
à but non lucratif, qui équipe les
associations de la technologie
dont elles ont besoin pour
réaliser leur mission. « Nous
comprenons les enjeux du monde
associatif et nous voyons bien
que l’impact d’une action peut
être amplifié par l’utilisation des
technologies appropriées. Nous
voulons aider à la transition vers
la digitalisation des asbl ».
Souvent, les organisations du
secteur « non-marchand » n’ont
pas les budgets pour investir. « Il
est dommage de devoir limiter
ses ambitions par manque de
moyens », explique Antonio Tiani,
responsable du programme d’aide
à ce secteur chez SOCIALware.
Or les opportunités sont là, d’avoir
accès, gratuitement ou à très bas
prix, à une multitude de logiciels
et équipements informatiques.
« Nous offrons ce programme
en collaboration avec le réseau
mondial TechSoup. SOCIALware
est une organisation totalement
indépendante. Notre mission est
donc de constamment rechercher
les partenaires les plus aptes
à répondre aux demandes et
besoins de nos bénéficiaires. »
SOCIALware assure le lien
entre le « non-marchand » et
les grands acteurs IT. « Nous
donnons accès aux donations de
nombreux produits informatiques
professionnels et œuvrons à
étendre notre catalogue en
54 INFOGREEN.LU
DOSSIER TRANSITION
permanence. » Du matériel neuf
et des PC reconditionnés sont
aussi disponibles à des conditions
avantageuses. « Nous aspirons
à améliorer l’infrastructure
IT des organisations. »
SOCIALware poursuit son
développement en 2022 à
travers un partenariat avec
des prestataires de services
répondant aux besoins du monde
associatif. « La pandémie a mis
en lumière le télétravail partiel
ou total. Augmenter l’impact des
associations par la technologie, c’est
plus que jamais notre devise. »
SOCIALware.lu
En 2022, SOCIALware, déjà présent
dans tout le Benelux, a implémenté
son site web luxembourgeois.
« C’est un nouveau relais, un
amplificateur d’action. »
SOCIALware, c’est aussi de la
sensibilisation aux outils et
enjeux numériques à travers
plusieurs formats : blog, podcast,
webinaires, newsletters et plus.
« Si vous rencontrez un problème,
contactez-nous via notre
boite e-mail à destination des
organisations luxembourgeoises,
à savoir info@socialware.lu
Nous vous répondrons dans
les plus brefs délais. »
SOCIALWARE
PARTENAIRE INFOGREEN
4×3 – NUMÉRO 18 – TRIMESTRIEL – MAI 2022
55
DOSSIER TRANSITION
EtiCROWD, pour
une finance réellement
transformatrice
La première plateforme de financement participatif
d’etika souhaite promouvoir des projets sociaux ou
environnementaux au Luxembourg et en Grande région.
Auparavant, on parlait de
« finance sociale » pour décrire
les institutions financières
pour lesquelles l’équilibre
entre le rendement et l’impact
social/environnemental des
investissements était fondamental.
Avec l’émergence de la « finance
verte » à grande échelle, on
pourrait également regrouper
ces deux objectifs sous les
termes de « finance éthique »
ou « finance durable ».
Toutefois, on observe beaucoup
de greenwashing à propos des
produits financiers « verts ». Encore
une fois, nous avons l’impression
que la finance verte n’est qu’un
nouveau secteur d’activité où les
attentes de rendement sont plus
importantes que l’impact réel.
En période de crises cumulées,
ce serait fatal. La place financière
luxembourgeoise a un rôle
important à jouer au niveau
mondial, mais elle ne l’assume
pas encore vraiment. La transition
nécessaire vers une économie
réellement durable dans les
domaines de l’énergie, des
transports et de l’agriculture,
ainsi qu’un changement de notre
comportement de consommation,
ne seraient pas atteints. Les
fausses solutions empêchent
le changement. Mais aussi une
politique peu conséquente.
Mais restons dans le pays, avec
les banques et autres acteurs
locaux, qui peuvent et doivent
initier le changement ici, sur place.
Prenons par exemple l’agriculture.
En 2020, les pratiques d’agriculture
biologique étaient utilisées sur
5 % des terres agricoles du
Grand-Duché. Cette part est bien
inférieure à celle de la plupart
des autres pays européens.
Le gouvernement avait fixé un
objectif ambitieux en vue de porter
l’agriculture biologique à 20 % d’ici
2025. Mais il ne semble pas y avoir
de voie conséquente pour atteindre
cet objectif. Des organisations
écologiques comme Greenpeace,
le Mouvement écologique ou
natur&ëmwelt ont accusé l’année
dernière le secteur et le ministère
de ne pas faire assez pour rendre
sa future stratégie agricole durable.
L’ASBL etika (fondée en 1996)
a pour objectif de promouvoir
56 INFOGREEN.LU
DOSSIER TRANSITION
des finances alternatives et ainsi
accompagner la transformation
vers un monde plus durable. Cela se
fait notamment dans le cadre de la
coopération avec deux partenaires
luxembourgeois : Spuerkeess
(compte Épargne Alternatif) et
Bâloise Assurances Luxembourg
(Switch Plan). Avec le mécanisme
Épargne/Crédit Alternative, nous
favorisons l’accès au crédit pour des
initiatives qui donnent la priorité
à l’utilité sociale et culturelle,
à la solidarité internationale
et au soutien de l’écologie.
Une véritable « finance
transformatrice » modifie peu
à peu l’économie jusqu’ici non
durable en investissant dans la
transition agricole, les transports
et l’énergie. L’association etika a
jusqu’à présent concrétisé cette
ambition dans le cadre de son
partenariat avec Spuerkeess en
accordant plus de 200 crédits
entre autres pour la construction
d’installations éoliennes et
photovoltaïques, pour l’acquisition
de bus hybrides et électriques
ainsi que pour le développement
de l’agriculture biologique et
de la vente de produits bio.
Outre les grands projets, avec des
montants d’investissement qui
se situent pour la plupart entre
200 000 et 4 millions d’euros, il
est toutefois tout aussi important
de soutenir des projets plus
modestes. Or, nombre d’entre eux
rencontrent des difficultés à obtenir
des crédits auprès des banques.
À l’occasion de son 25 e anniversaire,
etika a donc décidé d’explorer
de nouvelles voies pour un
financement citoyen de projets
locaux. La première plateforme
de financement participatif qui
promeut des projets sociaux ou
environnementaux au Luxembourg
et en Grande Région va démarrer
fin mars. Avec ce nouvel instrument
participatif, « etiCROWD », on
vise à financer la transformation
nécessaire. Simple. Maintenant.
Conséquent.
Infos : www.etika.lu
Photo : Dorte Størup et Orit Israelson
4×3 – NUMÉRO 18 – TRIMESTRIEL – MAI 2022
57
LE GRAND ENTRETIEN
58 INFOGREEN.LU
Notre documen'
LE GRAND ENTRETIEN
Terre
PAR
FRÉDÉRIC LIÉGEOIS
PHOTOS DE FANNY KRACKENBERGER
Penser autrement, regarder différemment, pour agir consciemment
et briser les chaînes, s’affranchir et libérer l’autre. Nous
sommes tous des héros du quotidien car nous avons ce choix,
certain(e)s le savent déjà, les autres c’est pour bientôt.
Il existe des filières d’approvisionnement, des colonnes, des
canaux – peu importe le nom qu’on leur donne –, qui écrasent, et ce
n’est pas une figure de style, les producteurs et les travailleurs, ceux
qui sont, au départ, au bénéfice des distributeurs, des revendeurs, des
acheteurs… Des filières qui méprisent le Droit, et font preuve d’une
vraie violence économique, sociale, écologique sur leur base…
Il existe des anges gardiens, des veilleurs, des lanceurs d’alerte. Il existe
des individus en ce monde qui se soucient, s’interrogent, s’engagent et
luttent, non pas avec des armes, mais avec des mots, leurs mots. Des
humains au service d’autres humains, Human to Human. Grand angle.
Une fois n’est pas coutume, un grand entretien exposant deux.
Aujourd’hui, je pars à la rencontre de deux personnes au service d’une
même cause. Deux regards, une même voix. À eux seuls, ils totalisent
près d’une cinquantaine de « saisons » sous les projecteurs… Deux
êtres et une vraie success story au service des plus exposés, des
sans-voix. Ils défendent des valeurs universelles d’équité, de justice
sociale, de responsabilité économique et écologique. Geneviève Krol
et Jean-Louis Zeien nous ouvrent les portes pour une projection
aux premières loges, au sein de l’ONG Fairtrade Lëtzebuerg.
4×3 – NUMÉRO 18 – TRIMESTRIEL – MAI 2022
59
LE GRAND ENTRETIEN
« 1 + 1 = un élan qui se
complète de l’un à l’autre,
un amplificateur »
60 INFOGREEN.LU
LE GRAND ENTRETIEN
Premiers rôles
Elle est directrice et lui président d’une ONG luxembourgeoise
emblématique du commerce équitable au Luxembourg. Il est membre
fondateur de l’association créée il y a 30 ans, elle y est active depuis 2006.
À eux deux, c’est près d’un demi-siècle sur le terrain. Un demi-siècle
acharné, 50 années de travail au corps, sur l’économie luxembourgeoise,
pour soutenir les petits producteurs d’Amérique latine, d’Afrique
et d’Asie. 2 600 semaines à réfléchir et à agir, à répondre aux uns, à
questionner les autres. 18 250 jours à recueillir, collecter, rassembler
des idées, des acteurs, des secteurs, des décideurs, des entreprises,
des institutions. 438 000 heures et combien de minutes à s’activer
pour lutter contre ce temps qui défile, à tendre la main, à montrer le
poing aussi, à agir sur ce chemin, bien trop souvent à contre-courant
d’un système si archaïque. Des batailles, des victoires, des moments
de liesse, mais aussi de solitude, de difficultés… Il y en a eu, il y en aura
certainement encore mais jamais de place pour le doute, jamais.
Après toutes ces années, lorsque vous croisez leur chemin et lancez
une discussion, ils ne tarissent pas, ils débattent, ils déclament, ils
parlementent, ils ont les arguments pour eux, c’est sûr, mais avant
tout, d’abord, ils dialoguent, ils échangent, avec bienveillance, ils
argumentent, et mot à mot laissent transparaître cette passion, celle qui
les porte jour après jour… à s’investir sans compter pour des valeurs.
On le ressent, il y a ici une énergie, oui, une force solaire, magnétique.
On y est bien dans ces locaux de Roodt-sur-Syre, et on n’attend
plus qu’une chose, se lancer, nous aussi, entrer sur le ring d’une
justice mondiale. Donner de la voix, participer au mieux-être des
agriculteurs de pays lointains, aux travailleurs d’ailleurs.
Pour Geneviève, « 1 + 1 = un élan qui se complète de l’un à l’autre, un
amplificateur » et pour Jean-Louis, « 1 + 1 = 2… au carré ! ». Il y voit un effet
multiplicateur, une expression de l’esprit collaboratif qui anime l’association.
« Un choc est un jaillissement des idées, d’où naît l’inspiration… C’est
finalement l’illustration du commerce équitable, qui est de promouvoir
pour porter toujours plus loin et plus haut les valeurs humanistes. »
4×3 – NUMÉRO 18 – TRIMESTRIEL – MAI 2022
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LE GRAND ENTRETIEN
Décor
Équité ou égalité ? D’abord faut-il poser
la problématique… aujourd’hui, notre
économie est mondialisée. Les échanges,
les flux économiques sont internationaux.
Des firmes multinationales s’accaparent
une partie non négligeable de l’activité
commerciale et définissent pour optimiser
et maximiser leur rentabilité des stratégies
de croissance rapide dites verticales… c’està-dire
en rachetant des fournisseurs et des
distributeurs pour faire ce que l’on appelle
des chaînes d’approvisionnement qui partent
du producteur jusqu’au consommateur.
Cette organisation commerciale globalisée
leur octroie un pouvoir conséquent, une
mainmise sur des pans entiers de l’économie
et la capacité à dicter leurs propres règles…
souvent au détriment des plus « petits ». Bien
évidemment, il ne faut pas généraliser, mais
bien souvent, à l’extrémité de la chaîne, il est
uniquement question de productivité, au
détriment de la qualité de vie, et sans même
réfléchir à la notion d’impact écologique.
La situation dans certains secteurs est ou
a été parfois même catastrophique…
Pour Jean-Louis Zeien, qui cite les chiffres
et statistiques de OXFAM : « toutes les
26 heures, un nouveau milliardaire naît
et en même temps le nombre d’esclaves
dans les chaînes d’approvisionnement
est au même niveau qu’au 18 e siècle ! »
Pour eux deux, « l’équité » est un
moyen pour arriver à l’égalité.
« Toutes les 26 heures, un nouveau milliardaire
naît et en même temps le nombre d’esclaves
dans les chaînes d’approvisionnement est au
même niveau qu’au 18 e siècle ! »
62 INFOGREEN.LU
LE GRAND ENTRETIEN
Scénario
Quid du commerce équitable ? Si l’on s’en tient à sa
définition, le commerce équitable repose sur une
organisation des échanges visant à équilibrer le
rapport entre le producteur et le consommateur entre
les pays développés et les pays en développement.
Selon le Robert, c’est un « échange économique
où la partie la plus puissante s'engage à respecter
les intérêts de la partie la plus défavorisée ».
Pourtant, la définition du commerce n’est-elle pas un
peu antagoniste avec la notion d’équité ? Car faire du
commerce consiste avant tout à générer une plusvalue,
un bénéfice dans le cadre d’une transaction…
Pour ces acteurs du monde commercial, leur activité
principale consiste à revendre des marchandises
achetées à des tiers, sans les transformer… en tirant
un maximum de bénéfices, peut-on rajouter.
En y regardant d’un peu plus près, on se rend vite
compte qu’en effet, les « petits » producteurs, souvent
localisés en Amérique latine, en Afrique, voire en
Asie… et de plus en plus souvent aussi en Europe,
c’est important de le signaler, sont la plupart du
temps déconnectés des grands marchés mondiaux,
ils n’ont pas accès à l’information et encore moins les
capacités de négociation. Ils sont pris dans un étau
entre l’obligation de vendre rapidement leur production
(périssable lorsqu’il s’agit de biens alimentaires) à des
intermédiaires, et ce afin de nourrir leur famille. Ils
fonctionnent en flux tendu, sans souffle ni marge de
manœuvre, et sont souvent amenés à vendre même
en dessous de leurs propres coûts de production.
La situation est intenable. Faut-il rappeler que les
petits paysans sont des acteurs majeurs dans le
domaine de la sécurité alimentaire mondiale ? Qu’ils
produisent 50 % de la nourriture consommée à
l’échelle planétaire ? Et plus de 80 % des aliments
consommés dans les pays en développement ? Qui
imagine un tel déséquilibre ? Et pourtant dans les
modes de consommation mondiaux, nous sommes
tous de près ou de loin des acteurs responsables de
cet état de fait. Bien entendu, tout est fait pour être
opaque, tout est occulté. Sommes-nous donc dans une
ultra-consommation aveugle et inconsciente ? OUI.
4×3 – NUMÉRO 18 – TRIMESTRIEL – MAI 2022
63
LE GRAND ENTRETIEN
« Le commerce équitable est un partenariat commercial
alternatif qui vise à atteindre plus d'équité dans le
commerce international. Une stratégie de lutte efficace
contre la pauvreté, ce système a pour but d’améliorer
la situation des producteurs et travailleurs défavorisés
principalement en Afrique, en Asie et en Amérique latine. »
64 INFOGREEN.LU
LE GRAND ENTRETIEN
Producteur exécut if
Si l’on se réfère à la définition internationale du commerce équitable
reconnue par le réseau international FINE, Fairtrade Labelling
Organizations, International Federation for Alternative Trade, Network
of European Worldshops et European Fair Trade Association, le
Commerce Équitable est un partenariat commercial, fondé sur le
dialogue, la transparence et le respect, dont l’objectif est de parvenir
à une plus grande équité dans le commerce mondial. Il contribue
au développement durable en offrant de meilleures conditions
commerciales et en garantissant les droits des producteurs et des
travailleurs marginalisés, tout particulièrement au sud de la planète.
La traduction littérale de « Fairtrade » est « commerce équitable »…
Pour les producteurs et les travailleurs, Fairtrade représente un
filet de sécurité vital lorsque les prix du marché baissent.
Pour Geneviève et Jean-Louis, à l’unisson : « Le commerce équitable est un
partenariat commercial alternatif qui vise à atteindre plus d’équité dans le
commerce international. Une stratégie de lutte efficace contre la pauvreté, ce
système a pour but d’améliorer la situation des producteurs et travailleurs
défavorisés principalement en Afrique, en Asie et en Amérique latine ».
Pour y parvenir, le label Fairtrade sert de repère pour le consommateur
qui peut ainsi identifier les produits dont les ingrédients sont issus
du commerce équitable et dont la production, transformation
et commercialisation répondent aux standards Fairtrade.
Il s’agit d’une part d’y voir plus clair dans les systèmes de production
et ces fameuses chaînes d’approvisionnement qui apportent les
produits jusque dans nos grandes surfaces et d’autre part de témoigner
une notion d’équité… à la recherche d’une plus grande égalité.
4×3 – NUMÉRO 18 – TRIMESTRIEL – MAI 2022
65
LE GRAND ENTRETIEN
Gros plan sur…
… Les 30 bougies de Fairtrade Lëtzebuerg – oui
on apprécie les dates anniversaire –, c’est un
peu l’occasion de faire un bilan de parcours sur
30 années de bonnes pratiques, de sensibilisation,
de démarches au Luxembourg, ce n’est pas rien.
Geneviève nous raconte la place et l’impact du
commerce Fairtrade au Grand-Duché : « Aujourd’hui,
au Luxembourg, 1 rose sur 2 est certifiée Fairtrade,
1 banane sur 3, ou encore 10 % de parts de
marché du café. Fairtrade, c’est aussi 38 ‘Fairtrade
Gemeng’ ou encore 22 ‘Fairtrade Schools’. »
Il y a d’un côté les chiffres très valorisants et
significatifs d’un mouvement de fond enclenché
par l’association et suivi par de plus en plus de
consommateurs… et de l’autre, le soutien de
communes, institutions, établissements publics avec
un effet multiplicateur certain. Ces organisations
relaient les valeurs du commerce équitable et ont
une capacité de sensibilisation très importante.
On peut aussi noter un cap important passé lors
de l’introduction sur le marché financier de l’or
Fairtrade. Ensemble, Fairtrade Lëtzebuerg et la
Banque Centrale en 2014 ont donné naissance à
la première pièce numismatique en or Fairtrade.
Et, sur le plan local, Jean-Louis de rajouter :
« Le Luxembourg n’est pas trop petit pour
agir, la progression du Fairtrade dans la
consommation est linéaire et régulière depuis
30 ans, chaque Luxembourgeois dépense en
moyenne à 40 euros par an, ça parait peu,
mais cela place le pays dans le top 6 des plus
grands consommateurs Fairtrade au monde ! ».
Il y a au Luxembourg plus de 2 950 produits
labellisés Fairtrade, quelque 390 références
luxembourgeoises répondent à ses critères.
« À l’instar du colibri de Pierre
Rabhi, il est important et même
vital que chacun fasse sa part. »
66 INFOGREEN.LU
« Le Luxembourg n’est pas trop
petit pour agir, la progression du
Fairtrade dans la consommation
est linéaire et régulière
depuis 30 ans. »
LE GRAND ENTRETIEN
Moteur
Toutes ces années d’engagement, plus de 15 pour
Geneviève, plus de 30 pour Jean-Louis… Les crises
économiques, sociales, sanitaires affrontées, un
combat sans fin, une lutte de chaque instant, jour
après jour… Que se passe-t-il dans ces deux têtes ?
Y a-t-il une place pour le doute ? L’hésitation ?
L’incertitude ? Change-t-on finalement les choses ?
Est-ce une utopie ? Une chimère ? Voit-on le
monde autour de soi évoluer favorablement ?
Aucun des deux ne se place dans une routine, c’est
certainement une des clefs de cette longévité. Leur
but n’est jamais atteint, il y a toujours tant à faire.
Aucune place pour le doute. Non, même si ce
n’est pas si simple pour autant, leur conviction
profonde ne laisse place qu’à une volonté
indéfectible de faire bouger les lignes.
Car il existe des solutions, des espoirs, peut-être des
utopies aussi. Mais comme le dit clairement Geneviève :
« À l’instar du colibri de Pierre Rabhi, il est important
et même vital que chacun fasse sa part ». La somme
des actions individuelles, aussi petites soient-elles,
participe à un changement de fond, a un impact
incroyable sur le système économique mondialisé.
La société change, ses habitudes de consommation
aussi, les canaux de communication, le marketing,
la digitalisation, les réseaux sociaux, le monde est
en permanente évolution. Il convient pour toute
organisation de s’y adapter, de chercher le moyen
optimal pour atteindre sa cible et porter son message.
Pour Jean-Louis, engagé depuis plus longtemps encore,
sa prise de conscience naît à la suite de ses multiples
voyages, dont un de deux mois au Pérou, où il visite de
nombreuses familles, à la ville comme à la campagne,
et prend conscience des conditions de vie si précaires
pour ces agriculteurs du bout du monde, malgré un
travail des plus pénibles. Il constate de profondes
difficultés à vivre décemment, il voit des enfants vivre
dans la rue, et comprend qu’ils ne sont pas dans ce que
l’on peut appeler la vie mais bien plus ici dans la survie.
Tous deux se questionnent et se convainquent qu’un
autre commerce est possible, « c’est plus qu’une
aventure, c’est un véritable défi car il y a encore et
toujours trop de dinosaures sur cette Terre ». Aucune
personne, entité économique ne peut se soustraire à
ce défi et il est toujours aussi révoltant qu’aujourd’hui
les conditions de travail de nombreux exploitants
agricoles sur la planète soient aussi indignes.
4×3 – NUMÉRO 18 – TRIMESTRIEL – MAI 2022
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LE GRAND ENTRETIEN
68 INFOGREEN.LU
Et act ion
LE GRAND ENTRETIEN
Nous avons tous en nous le pouvoir de changer, ce pouvoir…
d’achat. Et celui-ci peut s’avérer bien souvent plus efficace qu’un
bulletin de vote. Il s’agit de devenir « consomm’acteur ».
Il en va de même pour les États et la sphère politique qui jouent un rôle
indéniable, ils ont une responsabilité et doivent montrer un engagement
sur la durée, tant au niveau social, qu’économique et environnemental.
C’est un peu David contre Goliath… Comment faire face à ces
mastodontes économiques, des superstructures mondialisées dont
la principale dynamique est la maximisation des profits à courts
termes ? Geneviève, Jean-Louis et leur organisation cherchent à influer
sur la sphère politique, car à ce niveau il est possible de faire évoluer
le cadre légal pour promouvoir le respect des droits humains.
À titre d’exemple, en 2021, le ministère des affaires étrangères du
Luxembourg et son ministre Jean Asselborn ont salué dans un
communiqué de presse « l’Initiative pour le devoir de vigilance au
Luxembourg » en annonçant le soutien de 32 entreprises et de
l’Union luxembourgeoise de l’économie sociale et solidaire (ULESS)
en faveur d’un devoir de vigilance contraignant, permettant de
prévenir, d’atténuer et de gérer les violations des droits humains. Le
gouvernement luxembourgeois continue d’encourager les acteurs
économiques à s’approvisionner de manière responsable et de mettre
en place, à cet effet, des systèmes de gestion de risque efficaces. Cela
reste malheureusement limité à une approche purement volontaire.
Or, les engagements volontaires n’ont pas apporté les changements
nécessaires, des violations des droits humains lors d’activités
économiques restent à l’ordre du jour. Pourtant, une étude a été
menée sur la faisabilité de légiférer sur ce fameux devoir de vigilance
et celle-ci a montrée qu’une législation nationale est bien réalisable…
Même si cela constitue une avance indéniable dans la bonne direction,
la proposition de directive du 23 février 2022 prête encore le flanc à
la critique car peu d‘entreprises sont concernées et compte maintes
lacunes, failles et exemptions. Au niveau national, cette proposition
de directive s’appliquerait à moins de 0,4% des entreprises.
« Non, les étiquettes ne nous
disent pas tout, et nous sommes
tous acteurs du changement. »
4×3 – NUMÉRO 18 – TRIMESTRIEL – MAI 2022
69
LE GRAND ENTRETIEN
Distribut ion
Des partenaires dans la distribution s’engagent
dans une transition équitable. Il y a par exemple ce
fameux programme « Only » où les distributeurs
ne proposent, pour un produit spécifique comme
la banane par exemple, qu’une offre exclusivement
issue d’une filière équitable. Des grands groupes
prennent aussi des décisions du même ordre.
C’est un véritable changement sociétal…
La filière textile est à elle seule emblématique de la
situation économique, sociale et écologique mondiale
et c’est un des fers de lance de l’association qui,
en relation avec Caritas, renforce ses actions.
« Seul on va plus vite, mais ensemble on va plus
loin » : cette devise prend tout son sens lorsque
les deux organisations s’associent au Luxembourg
dans le cadre d’un mandat accordé par la Direction
de la coopération au développement et de l’action
humanitaire pour porter cette fameuse campagne
baptisée « Rethink your Clothes ». En effet, il s’agit
pour Caritas et Fairtrade Lëtzebuerg de sensibiliser
le grand public à l’impact social, environnemental
et économique d’un secteur qui compte quelque
60 millions de travailleurs dont 70 % en Asie et 80 %
de femmes… Une des industries les plus polluantes
de la planète. Elles le clament : « Non, les étiquettes
ne nous disent pas tout, et nous sommes tous acteurs
du changement. Ensemble, il s’agit de contribuer
au développement et à la promotion d’un secteur
textile équitable et durable au Luxembourg ».
Musiques et paroles de…
Sur un air finalement assez rock, une belle rythmique
anime cet entretien. Certaines clefs « de sol »
donnent le ton… Et la résilience s’invite dans la
gamme des qualités intrinsèques de leur vision.
Après deux années de pandémie de Covid-19,
véritable séisme planétaire, la sphère du commerce
équitable résiste bien. « Nos partenaires et
bénéficiaires, nos agriculteurs engagés, nos
populations cibles, sont de facto des populations
résilientes. Des humains touchés depuis toujours
par une instabilité économique et sociale, des êtres
qui depuis la nuit des temps n’ont toujours pu
compter que sur leurs propres mains pour sortir
de la galère et se nourrir. » Alors oui, la résilience,
c’est leur pain quotidien, sans faire de mauvais jeux
de mots. Et oui, de crise en crise, de catastrophe
en cataclysme, de séisme en épidémie, ils savent et
tout le système de commerce équitable sait sortir et
survivre en ces temps difficiles, c’est dans leur ADN.
70 INFOGREEN.LU
LE GRAND ENTRETIEN
« Un autre commerce est
possible, il faut utiliser son
superpouvoir d’achat, pour
participer au changement. »
4×3 – NUMÉRO 18 – TRIMESTRIEL – MAI 2022
71
LE GRAND ENTRETIEN
« N’ayez pas peur de vous affirmer, osez
choisir différemment. Choisir le commerce
équitable, c’est bien plus qu’une alternative
ou un acte militant, c’est une action
quotidienne porteuse de bon sens. »
72 INFOGREEN.LU
LE GRAND ENTRETIEN
Clap de fin
On assiste à un changement de mentalités. Chaque acteur est primordial et a son
importance, du consommateur à l’ONG, de l’institution à la sphère politique, de la PME à la
multinationale… Nous sommes aujourd’hui à un moment charnière. Autrefois considérés
comme des doux rêveurs, Geneviève et Jean-Louis montrent que tout est possible comme
des pionniers d’une transition durable vers des valeurs universelles de justice et d’équité.
Et Jean-Louis pour son message de fin nous déclare : « Un autre commerce est possible, il faut
utiliser son superpouvoir d’achat, pour participer au changement ». Geneviève se rappelle quant
à elle une stagiaire originaire de Madagascar que l’association a accueilli récemment et qui lui
disait qu’elle aimerait acheter plus équitable mais qu’elle avait des craintes d’être exclue de son
groupe d’amis surtout au niveau vestimentaire. Son message est de dire aux jeunes : « N’ayez pas
peur de vous affirmer, osez choisir différemment. Choisir le commerce équitable, c’est bien plus
qu’une alternative ou un acte militant, c’est une action quotidienne porteuse de bon sens, une
décision responsable que chacun de nous peut prendre à tout moment et qui procure un bienêtre
moral. Et même si l’on ne pense pas qu’on puisse seul changer le monde, chacun doit faire
sa part », répète-t-elle car chacun a la possibilité de contribuer à un avenir juste et équitable.
Tous les producteurs ont droit à une rémunération qui couvre leurs charges. Quand on voit
la passion qui anime les producteurs, leur respect envers la terre qui les nourrit, on est enclin
à payer un prix juste. Pour citer Gandhi, « Soyez le changement que vous voulez voir dans le
monde », il faut accélérer ensemble et se tourner vers un monde plus durable et plus juste.
4×3 – NUMÉRO 18 – TRIMESTRIEL – MAI 2022
73
« L’ennemi invisible est
le plus redoutable. »
- Jacques Garneau,
auteur québécois
POLLUTIONS ?
SOLUTIONS !
Ceci n'est pas surréaliste...................................................
Dribler les vices cachés derrière la porte ......................
« Continuer à sensibiliser aux dangers du radon »......
Matériaux sains, solutions saines : de hauts standards
d'exigence ............................................................................
À lire au calme... Mais pas trop ! ......................................
Ventiler, c'est fondamental ! .............................................
Un centre de compétences « propreté et hygiène ».....
Ondes positives, ondes négatives ...................................
Le côté obscur de la lumière.............................................
Pollution marine : tout commence en bas de chez
vous !.....................................................................................
Consommer mieux grâce à l'éco-score...........................
p.76
p.77
p.79
p.82
p.84
p.86
p.88
p.92
p.94
p.98
p.100
DOSSIER GREEN PLANET
CECI N'EST PAS
SURRÉALISTE
« Pollutions ? Solutions ! » Avec un tel
titre de dossier, difficile de passer à
côté de la citation d’André Gide : « Il
n’y a pas de problème, il n’y a que des
solutions » ! Celui-ci ajoutait encore :
« L’esprit de l’homme invente ensuite
le problème. Il voit des problèmes
partout ». Invention ? De l’homme,
peut-être. Car, malheureusement
bien réelle et problématique, la
pollution est partout où on la voit,
et même où on ne la voit pas.
Ce n’est pas le maître belge des
énigmes qui nous contredira.
Lui – René Magritte – qui prenait
plaisir à intituler ses œuvres de ce
qu’elles n’étaient pas, ou à peindre
ce qu’il n’annonçait pas. Lui qui
nous menait à voir ce qui d’emblée
ne se voyait pas. Ça semble
surréaliste, mais ça ne l’est pas.
Les ondes du wifi, les particules
de radon, le fer contenu dans
l’eau, les microfibres échappées
à l’essorage, les COV dans les
peintures, le bruit des travaux qui
n’en finissent pas… L’invisible est
réel, n’en déplaise aux incrédules,
et Jacques Garneau – écrivain
québécois – y voyait même
l’ennemi le plus redoutable.
Ils sont légion, ces ennemis
cachés. Mais les solutions sont
également nombreuses. Comme
à l’accoutumée, la rédaction
d’Infogreen a fait appel aux
expertises très variées de ses
partenaires (bien tangibles, eux)
et d’experts locaux. Nous ne
prétendons pas avoir fait le tour
de la question. Comment être
certains d’avoir vu tout ce qui
n’était pas apparent, tout ce qui
est vicieusement bien caché ?
Le Luxembourg a la chance de
compter (au moins) un expert
en indoor air quality au sein du
ministère de l’Énergie et de
l’Aménagement du Territoire. Ralph
Baden s’est notamment intéressé
aux électro-hypersensibles,
ces personnes qui souffrent
particulièrement des ondes (électro)
magnétiques. Leur proportion
augmente en continu et se situe
actuellement autour des 3 à 8 %.
L’autorité prend soin de compiler
des solutions pour minimiser les
conséquences sur leur santé.
Les pollutions (invisibles ou non)
évoluent en même temps que
les sciences technologiques.
Leurs impacts doivent donc aussi
être sans cesse réévalués et de
nouvelles solutions trouvées.
C’est dans cet ordre d’idées que
l’on commence à entendre parler
d’ingénieurs-acousticiens ou
d’experts en pollution lumineuse…
Un homme averti en vaut deux.
À l’issue de la lecture de ce
dossier printanier, vous pourriez
être amenés à vous questionner
sur tout ce qui vous entoure, à
vouloir changer des habitudes de
consommation, à revoir votre projet
de construction ou de rénovation,
à prévenir plutôt que de guérir…
et à passer à l’action ! Pour nous,
ce serait alors pari gagné. Et, cela
non plus, ce n’est pas surréaliste.
ESSORÉ PAR MARIE-ASTRID HEYDE
Photo : Unsplash
76 INFOGREEN.LU
DOSSIER GREEN PLANET
DRIBLER LES VICES CACHÉS
DERRIÈRE LA PORTE
Le ministère de l’Énergie et de
l’Aménagement du Territoire
va sortir un « Livre vert sur
la construction saine », une
base de données regroupant
des matériaux qui on été
analysés, testés, et qui sont
vraiment exempts de toutes
substances nocives.
Si les peintures au plomb
des années 50 ne sont plus
qu’anecdotiques dans les
habitations, les produits qui
les remplacent ne sont pas
toujours beaucoup plus sains.
C’est d’ailleurs malheureusement
le cas pour de nombreux
matériaux de construction
– même certains que l’on pense
écologiques –, qui contiennent
des polluants invisibles, inodores
et pourtant problématiques.
Heureusement, le ministère de
l’Énergie et de l’Aménagement du
territoire prévoit la publication,
au début de l’été, d’un « Livre vert
sur la construction saine », une
base de données qui regroupe des
matériaux qui ont été analysés,
testés, et qui sont vraiment exempts
de toutes substances nocives.
Ralph Baden, expert en
construction saine et en indoor air
quality au sein du ministère : « Nous
avons pu trouver des solutions
saines à tous types de produits,
sans qu’il soit nécessaire de faire
de grandes concessions en termes
de design et de fonctionnalités ».
Petit tour d’horizon des
principaux polluants intérieurs :
Polluants chimiques :
On distingue, parmi les polluants
chimiques, les volatiles et les
semi-volatiles. « Cette distinction
est importante dans le sens où
beaucoup de certifications et
de labels existants se focalisent
sur les polluants volatiles
(s’évaporent endéans les 2-3
semaines en moyenne) et oublient
les semi-volatiles (sont respirés
durant plusieurs années). Or
ces derniers sont persistants et
bioaccumulables : ce sont des
molécules qu’on va inhaler au fil
des années et dont le corps humain
ne parvient pas à se détoxifier. »
VOLATILES
• Formaldéhyde : très bien
documenté, pris en compte
par les labels. De nombreux
efforts ont été réalisés pour
minimiser sa présence dans les
matériaux de construction.
• Autres aldéhydes : aux effets
similaires au formaldéhyde.
On en parle très peu, mais ces
dérivés sont de plus en plus
présents dans les intérieurs,
et souvent tout aussi nocifs.
LA SUITE
4×3 – NUMÉRO 18 – TRIMESTRIEL – MAI 2022
77
DOSSIER GREEN PLANET
• COV (Composés Organiques
Volatils) : alors que les
anciennes peintures ou
colles renfermaient des
COV ou solvants classiques,
notamment des BTX (Benzène
Toluène Xylènes), on a remplacé
ces solvants par de l’eau dans
les produits à dispersion.
Ces produits doivent ensuite
contenir des additifs en
compensation, qui reprennent
certaines caractéristiques des
solvants bannis, mais qui sont
en plus moins volatiles et tout
aussi dangereux pour la santé.
On peut notamment citer les
éthers de glycol, et les terpènes
que l’on retrouve dans des
peintures dites écologiques.
SEMI-VOLATILES
• Biocides : pour lutter contre les
insectes et les moisissures. On
les retrouve dans les bois, les
moquettes, les tapis, le cuir.
• Retardateurs de flamme : on
distingue les polybromés – qui
concernent principalement
les États-Unis et l’Asie –, et les
organophosphorés en Europe.
Ces derniers sont moins
documentés mais comptent
parmi les polluants les plus
problématiques dans les
intérieurs. Ils sont également
utilisés dans les vitrifications de
revêtements de sol (parquet,
linoléum) pour les rendre
antidérapants et brillants.
MOISISSURES :
Elles sont plus connues et souvent
plus visibles aussi. Elles sont
toujours liées à un problème
d’humidité. La solution ? Supprimer
les causes de cette humidité : fuites,
infiltrations, ponts thermiques,
manque d’entretien des systèmes
de ventilation mécanique. « La
ventilation, c’est le poumon du
bâtiment : c’est par là que l’air
frais arrive. Il faut veiller à éviter
les encrassements, les conduites
polluées chimiquement (par
des retardateurs de flamme,
des phtalates). Pour cela, il
est impératif de prévoir un
accès au système pour réaliser
des entretiens réguliers. »
Poursuivez votre lecture du dossier
pour en savoir plus ou rendezvous
directement en p.92 !
CONSTRUIT PAR MARIE-ASTRID HEYDE
avec Ralph Baden, expert en
construction saine et en indoor air
quality (ministère de l’Énergie et
de l’Aménagement du Territoire)
Photo : Licence CC
• Phtalates : adoucisseurs,
substances qui rendent les
PVC et plastiques flexibles.
Dans les rénovations, on retrouve
encore des colles à base de
goudron, des métaux lourds
(peintures au plomb, tuyauteries en
plomb) ou de l’amiante. Ceux-ci ne
sont plus utilisés dans les produits
actuellement sur le marché.
78 INFOGREEN.LU
« CONTINUER À SENSIBILISER
AUX DANGERS DU RADON »
DOSSIER GREEN PLANET
Inodore, insipide, radioactif
et cancérigène, c’est un gaz
pernicieux. La prévention
est la première arme.
« Au Luxembourg, le seuil de
la concentration radon à ne
pas dépasser se trouve à 300
Becquerels par mètre cube (300 Bq/
m 3 ). Pour une personne exposée
à des concentrations moyennes
de radon autour de 500 Bq/m 3
sur de longues années, le risque
de développer un cancer des
poumons est doublé », rappelait
la ministre Paulette Lenert fin
2021, lorsque le gouvernement
a mis en place un second plan
national ciblant les employeurs
et leurs responsabilités, après
avoir lancé un premier plan radon
couvrant la période 2017-2020.
C’est une question de santé
publique. Encore faut-il avoir
conscience de la présence du
radon et des conséquences
de ce gaz provenant du soussol,
qui est présent partout et
qui, imperceptiblement, peut
s’accumuler dans les bâtiments.
« Le radon est un gaz radioactif
d’origine naturelle », souligne
Marcel Deravet, Ingénieur et project
Manager à l’IFSB de Bettembourg.
« On connaît parfois son existence
quand on vient de la région
ou de zones géologiquement
similaires. Mais au Luxembourg,
il y a beaucoup de nouveaux
arrivants venant d’endroits où
ce danger est inconnu. Et il peut
être tentant de fuir la pression
foncière en allant vers des zones
un peu moins chères… où le
radon est présent. Si on ne le sait
pas, on s’expose… Le radon est
inodore, inerte et incolore. On n’a
matériellement aucune conscience
de sa présence mais une
exposition sur quelques années,
par inhalation de radon ou de
poussières contenant des produits
de désintégration radioactifs du
radon, est dangereuse. Il faut
vraiment continuer à communiquer
et à sensibiliser sur ce sujet. »
Le nord du pays est le plus touché.
Des études sur l’habitat privé ont
mis en évidence que plus de 5% des
maisons ont des concentrations
de radon supérieures au niveau
de référence de 300 Bq/m 3 .
« Les ingénieurs et les architectes
ont leur rôle à jouer et ils doivent
être sensibilisés à la question
aussi », poursuit Marcel Deravet.
« Au niveau de la construction,
on doit prendre des mesures
préventives. Il faut prévoir des
membranes d’étanchéité, sous
LA SUITE
4×3 – NUMÉRO 18 – TRIMESTRIEL – MAI 2022
79
DOSSIER GREEN PLANET
« Il faut prévoir au niveau
de la conception technique,
notamment des réseaux
d’extraction souterrains, au
cas où il faudrait intervenir
plus tard. Ce n’est pas
un surcoût très élevé… et
cela en vaut la peine. »
les fondations et/ou les caves, qui
auront un double effet, éviter les
remontées d’humidité et bloquer
le radon afin qu’il ne s’infiltre pas
dans la moindre faille du sol ».
C’est valable, mais plus compliqué,
pour des travaux d’extension ou
de rénovation de bâtiments. Le
radon peut s’accumuler dans des
espaces confinés ou mal ventilés,
notamment en hiver. Les niveaux
de radon sont généralement
plus élevés dans les sous-sols,
les vides sanitaires, les zones
proches de la « source », en
l’occurrence le sol. L’expérience
a montré que les concentrations
de radon dans les bâtiments
adjacents, même mitoyens,
peuvent varier considérablement,
de sorte que les résultats de
mesures des constructions
voisines ne constituent pas
des indicateurs fiables.
L’IFSB inclut systématiquement
la sensibilisation au radon dans
les formations de qualification,
et il y a des formations pratiques
spécifiques pour les techniques
d’étanchéité notamment. Au sein
du groupe CDEC qui comprend
l’IFSB, COCERT, l’agence pour
l’efficacité énergétique des
bâtiments, dispose d’experts et de
matériel spécifique, notamment
pour les mesures de radon.
DÉTECTÉ PAR ALAIN DUCAT
Avec l'IFSB
PARTENAIRE INFOGREEN
Photos: © Marie De Decker/
IFSB / COCERT /
« Il ne faut pas hésiter à demander
de l’aide. Les pouvoirs publics
peuvent mettre à disposition,
gratuitement pour les privés,
des appareils de mesure et de
détection. Après, il faut tout
mettre en œuvre, au niveau
de la conception technique,
ventilation mécanique ou/et
extraction, prévoir des réseaux
d’extraction souterrains, au cas
où il faudrait intervenir plus tard.
Ce n’est pas un surcoût très
élevé… et cela en vaut la peine. »
80 INFOGREEN.LU
IJBIJB
SPÉCIALISTE DU TRAITEMENT DE L'AIR
UN ENVIRONNEMENT CONFORTABLE
QUELQUE SOIT LE CLIMAT AMBIANT
DOSSIER GREEN PLANET
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RENDEMENT
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4×3 – NUMÉRO 18 – TRIMESTRIEL – MAI 2022
81
DOSSIER GREEN PLANET
MATÉRIAUX SAINS, SOLUTIONS SAINES :
DE HAUTS STANDARDS D’EXIGENCE
Lars Linster (Schroeder
& Associés) invite à une
planification rigoureuse pour
prévenir, voire éliminer, les
risques. « Le prix à payer
n’est rien d’autre qu’un
investissement à long terme ».
La qualité de vie, dans un bâtiment
sain, c’est un crédo pour les
ingénieurs chez Schroeder &
Associés. « On s’intéresse beaucoup
aux notions de qualité, de bien-être
des occupants », confirme Lars
Linster, ingénieur et chef d’unité
« Conseil en construction durable »
chez Schroeder & Associés.
« Nous avons définitivement été
convaincus des solutions à apporter
aux questions d’air intérieur par
exemple, à la suite de la formation
H2 E mise en place par le Ministère
de l’Énergie et de l’Aménagement
du Territoire et le pôle d’innovation
Neobuild. Et cela nous a renforcés
dans l’idée que, pour un lieu de vie
sain, il faut être particulièrement
attentif à la planification et à la prise
en compte de tous les paramètres,
en l’occurrence sur l’ensemble de la
durée de vie du bâtiment, voire audelà.
C’est aussi notre responsabilité
en tant qu’ingénieurs. »
Il faut pouvoir se méfier des
apparences et des « vices-cachés ».
« Depuis une dizaine d’années, les
normes et exigences énergétiques
ont fortement augmenté. C’est
évidemment très bien. Mais
une des mesures classiques,
c’est de renforcer l’isolation et
l’étanchéité à l’air des bâtiments.
S’il y a des émanations toxiques
ou des risques de pollution
de l’air ambiant, par exemple,
issus de certains matériaux
mis en œuvre, l’étanchéité va
d’une certaine façon 'confiner
les risques'. Et donc exposer
les occupants. C’est pernicieux,
d’autant que la plupart des risques
environnementaux ne sont pas
perceptibles et portent leurs
effets sur la santé à long terme. »
Des choix judicieux,
une attention de
chaque instant
Il est donc primordial de planifier,
selon l’ensemble des paramètres,
et d’opérer un choix judicieux
de matériaux, afin de réduire,
voire d’éliminer, les matériaux
critiques dès le départ, au stade
des études de conception. « Si l’on
parle de qualité de l’air intérieur,
on peut évoquer la ventilation.
Une ventilation mécanique est
une bonne solution à la base. Il
faut cependant que tout soit bien
dimensionné et bien entretenu,
pour un fonctionnement qui
garantit l’hygiène. Et là aussi, il
faut bien choisir ses matériaux et
ses pratiques de mise en œuvre,
afin d’éviter que des solvants
se libèrent dans les gaines de
ventilation censées assurer
un air sain et renouvelé… »
Pour Lars Linster, ces choix sont
primordiaux, de la planification
à la mise en œuvre, et même
au-delà. Un exemple ? « Pour
82 INFOGREEN.LU
« Les coûts de base, lissés sur
un cycle de vie complet, peuvent
s’avérer payants ; des investissements
particulièrement utiles et opérants. »
DOSSIER GREEN PLANET
les montages, d’éléments en
bois, de cloisons, de tapis, de
parquets, on peut privilégier des
matériaux sains et qui n’ont pas
besoin de colles mais peuvent
être posés mécaniquement,
vissés ou emboîtés par exemple.
C’est déjà très bien à la base
et, en plus, cela permettra une
déconstruction plus facile. C’est
important pour la réutilisation
ou le recyclage des matériaux
mis en œuvre et leur inscription
dans une base de matériaux ; il
faut penser plus loin et penser en
termes d’économie circulaire. »
Des investissements
utiles et opérants
Et dépenser plus ? « Non, pas
si on considère l’ensemble du
cycle de vie et l’ensemble d’un
cycle de coût global, sans même
parler de l’empreinte écologique
d’un bâtiment ou de la santé des
occupants, qui n’a pas de prix. Il
est clair que la planification est
un élément qui a une grande
influence sur tous les paramètres.
C’est un de nos challenges, en
tant qu’ingénieurs-conseils,
pour convaincre des maîtres
d’ouvrage, parfois réticents face à
l’investissement initial, qui semble
plus élevé. Nous devons penser
plus loin, voir le long terme, et
souligner que les coûts de base,
lissés sur un cycle de vie complet,
peuvent s’avérer payants, des
investissements particulièrement
utiles et opérants. »
Les bonnes pratiques ne
demandant qu’à devenir
exemplaires, Schroeder & Associés
a évidemment conçu son nouveau
siège à Kockelscheuer selon
cette approche. « Le bien-être
des occupants, c’est-à-dire nousmêmes,
nos collaborateurs, nos
visiteurs, a été au centre des
préoccupations dans la planification
du bâtiment. On a d’ailleurs
multiplié les tests et les mesurages
afin de s’assurer d’une qualité de
l’air irréprochable. Là aussi, on a
pu croire que les coûts étaient
plus élevés, mais si l’on prend tout
en compte, ça vaut le coup. »
Idem pour un projet-phare porté
par le bureau d’ingénieurs-conseils,
la future crèche de Roodt-sur-Syre,
qui pousse les standards d’exigence
vers le haut. « La qualité de vie des
utilisateurs, cela me paraît être un
critère sur lequel on ne peut pas
transiger. Surtout pas quand les
occupants sont des enfants. »
PLANIFIÉ PAR ALAIN DUCAT
Avec Schroeder et Associés
PARTENAIRE INFOGREEN
Photos : Schroeder & Associés /
Illustration 3D : Valente architecte
4×3 – NUMÉRO 18 – TRIMESTRIEL – MAI 2022
83
DOSSIER GREEN PLANET
À LIRE AU CALME…
MAIS PAS TROP !
Lorsque nous parlons de pollution, les premières images en tête
sont celles d’une épaisse fumée noire ou encore d’un amas de
détritus... La pollution sonore, elle, est invisible et bien trop souvent
négligée. Bien qu’une prise de conscience collective se développe
concernant l’importance de la traiter, elle reste encore peu considérée
dans le processus de construction, comme nous l’expliquent
Steven Rassart et Maxime Rigolage, Ingénieurs Acousticiens ayant
récemment rejoint le bureau d’Ingénieurs-Conseils Betic.
Maxime Rigolage : « Les engins
de chantier, le brouhaha d’un
restaurant, une circulation
dense de véhicules… La vie
quotidienne fourmille de mille
bruits, souvent perçus comme
une gêne occasionnelle alors qu’ils
sont une véritable pollution aux
effets conséquents sur la santé de
l’humain et sur tout l’écosystème ».
Steven Rassart : « D’après l’Office
Mondial de la Santé, près de
2,5 milliards de personnes dans
le monde, soit une personne
sur quatre, souffriront de
déficience auditive à des degrés
divers d’ici 2050. Le bruit est le
2 e facteur environnemental de
cause de maladies en Europe de
l’Ouest, juste après la pollution
atmosphérique. Les études du
Centre d’information sur le Bruit
attestent également que la période
de confinement liée à la crise
sanitaire a accru la sensibilité au
bruit de la population. Cela reflète
la complexité de notre métier :
proposer des concepts et solutions
pour garantir un environnement
sonore de qualité, sans pour
autant 'surisoler', pour éviter
que les personnes développent
une hypersensibilité au bruit ».
M.R. : « Au Grand-Duché, la
réglementation en matière
d’acoustique s’étoffe au fil du temps
mais il faut encore davantage
intégrer cette expertise en début
de projet. Investir dans un peu
de silence dès la conception
est plus efficace et très souvent
moins coûteux que d’intervenir
à postériori. Une fois le bâtiment
construit, nous sommes restreints
quant au choix des matériaux,
au vu des contraintes techniques
et financières. Il est difficile
d’accepter de déconstruire
pour reconstruire une partie
d’un bâtiment récemment livré
dans l’idée d’améliorer ses
performances acoustiques ».
S.R. : « Au même titre que l’on
cherche une bonne performance
énergétique sur un projet dès la
conception, il faut chercher une
bonne performance acoustique.
Bonne isolation thermique ne
veut pas dire bonne isolation
acoustique par exemple… D’où
l’importance de se concerter
très tôt. Un triple vitrage avec
trois verres d’épaisseur similaire
aura de bonnes caractéristiques
énergétiques mais pas acoustiques.
Chaque plaque d’un matériau d’une
épaisseur donnée a une fréquence
critique où elle se met à vibrer et
où le bruit se transmet beaucoup
mieux. Si une bonne isolation
acoustique est nécessaire, nous
préconiserons davantage des verres
d’épaisseur suffisamment différente
pour que la composition globale
du vitrage soit plus équilibrée du
point de vue de ses performances
acoustiques. De cette manière,
nous éviterons un affaiblissement
des performances à des fréquences
souvent problématiques ».
M.R. : « Notre métier consiste aussi
à anticiper les besoins pendant
la phase chantier en identifiant
les nuisances, les localisant, les
limitant, tout en respectant les
réglementations et en anticipant les
84 INFOGREEN.LU
évolutions d’un quartier pour que
les caractéristiques acoustiques
d’une nouvelle construction
répondent aux besoins futurs.
On ne peut pas prévoir ce qu’une
ville, un quartier sera exactement
dans 60, 80 ans, mais nous avons
des outils pour nous projeter à
moyen terme comme les Plans
d’Aménagements Généraux et
Particuliers. En intervenant dès
la conception, nous pouvons
aussi apporter des conseils sur la
programmation au vu des nuisances
de l’environnement futur… ».
écosystème en préservant
et renforçant la biodiversité,
notamment en zones urbaines.
La pollution sonore fait fuir les
espèces présentes dans un milieu
exposé. Lorsqu’elles ne fuient pas,
elles s’adaptent en augmentant
leur volume sonore de vocalisation
et/ou les périodes d’émissions
associées, créant de nouvelles
nuisances. Un cercle vicieux…
C’est pourquoi il est essentiel
d’intervenir à grande échelle sur
les nuisances majeures comme le
trafic (aérien, ferroviaire, routier) ».
cette expertise, comme nous
le faisons au sein du bureau
avec le développement du pôle
Sustainable Design, ou encore
grâce à l’appui de nos collègues du
Groupe VK Architects & Engineers
qui possèdent une expertise de
longue date en la matière ».
PARTENAIRE INFOGREEN
BETIC
Photo : Betic
DOSSIER GREEN PLANET
S.R. : « Et au-delà de créer
simplement du confort, l’acoustique
joue un rôle majeur sur notre
M.R : « Notre métier est de plus
en plus reconnu au Luxembourg
et il faut continuer à déployer
WASSERGEFÄHRDENDE
PRODUKTE IM HAUSHALT
Wasser ist eines der wertvollsten Güter, auf die wir als Mensch angewiesen
sind. Wasser zu schützen bzw. nicht unnötig zu gefährden muss daher
eine Selbstverständlichkeit für uns alle sein. Verantwortungsvolle Nutzung
des Wassers bedeutet vor allem, es nicht verschwenderisch zu nutzen.
Genauso wichtig ist aber, der Verschmutzung/Verunreinigung des
Wassers vorzubeugen und das gilt auch für das Abwasser bzw. die
Oberflächengewässer. Auch moderne Kläranlagen mit chemischer
Klärstufe können nur wenige Chemikalien aus dem Wasser filtern.
Im Haushalt verwenden wir eine ganze Reihe von Produkten,
die wassergefährdend sind, wenn Reste davon ins Abwasser
oder über den Boden in die Oberflächengewässer gelangen.
Die Liste geht über technische Öle, wie Motoröle, über Pestizide
zu allgemein beim Heimwerken genutzte Flüssigkeiten.
Bei allen Wasch- und Reinigungsprodukten hängt die Gefährdung
natürlich sehr von den Inhaltsstoffen und der Konzentration ab, die
ins Abwasser gelangt. Bei Medikamenten gelangen Wirkstoffe allein
schon durch die menschlichen Ausscheidungen ins Abwasser.
Was kann ich tun?
Sammelstellen
Alle genannten Problemstoffe könne über die Angebote der
SuperDrecksKëscht (mobile Sammlung oder Recyclinghöfe) erfasst
werden. Die Produkte werden dann soweit möglich wiederverwertet
oder falls dies nicht möglich ist umweltgerecht entsorgt.
Vermeidung
Bei allen sollte die Vermeidung an erster Stelle stehen.
Wenn dies nicht möglich ist den Verbrauch mindern.
Umweltfreundliche Wasch- und Reinigungsmittel, sowie Farben und Lacke
werden über die Aktion ‚Clever akafen – Produkte empfohlen von der
SuperDrecksKëscht‘ beworben. Auf der Internetseite www.clever-akafen.
lu sind dazu auch detaillierte Anwendungsempfehlungen zu finden.
SuperDrecksKëscht
Photo : SDK
PARTENAIRE INFOGREEN
4×3 – NUMÉRO 18 – TRIMESTRIEL – MAI 2022
85
DOSSIER GREEN PLANET
VENTILER,
C’EST FONDAMENTAL !
Selon l’OMS, environ 4 millions
de personnes par an meurent
prématurément de maladies
imputables à la pollution
de l’air domestique. Dans
une maison passive, il est
fondamental de prévoir une
bonne ventilation double flux.
L’isolation et l’étanchéité d’une
maison passive est telle qu’il est
fondamental de l’équiper d’une
ventilation double flux. D’après
l’Organisation Mondiale de la
Santé (OMS), chaque année,
environ 4 millions de personnes
meurent prématurément
de maladies imputables à la
pollution de l’air domestique.
La ventilation d’une maison
individuelle est primordiale pour
des raisons de confort. La VMC
double flux, tout comme la VMC
double flux thermodynamique,
permet de diminuer les agents
polluants ainsi que de limiter les
courants d’air et les nuisances
sonores en évitant d’ouvrir les
fenêtres mais surtout de régler
le problème d’humidité qui est
souvent une source de moisissures.
Une maison passive doit
remplir 3 critères qui sont
établis par le laboratoire
PassivHaus de Darmstadt :
• Besoin en chauffage
inférieur à 15 kWh/m²/an,
• Étanchéité à l’air n50 < 0,6 /h,
• Consommation d’énergie
primaire inférieure à
120 kWh/m²/an.
Pour cela, GECO propose une
gamme complète de VMC Double
Flux certifiées PassivHaus Institut
comme la VMC Double Flux
compacte HCC2. Première dans sa
catégorie, assurant un rendement
jusqu’à 93 % et idéale pour les
logements entre 50 et 120 m².
GECO propose également la
VMC Double Flux HCV400 qui
assure de grands débits d’air
allant jusqu’à 300 m 3 /h ; elle est
équipée d’une sonde d’hygrométrie
sur l’air extrait et la vitesse de
ventilation se modifie en fonction
du taux d’humidité présent dans
l’air. La HCV400 est également
certifiée à 92 % au PHI.
De fabrication danoise, la
gamme de VMC Double Flux
GECO DANTHERM bénéficient de
composants de qualité supérieure,
d’une gamme polyvalente avec
86 INFOGREEN.LU
« La VMC double flux permet de diminuer
les agents polluants ainsi que de limiter les
courants d’air et les nuisances sonores en
évitant d’ouvrir les fenêtres mais surtout
de régler le problème d’humidité qui est
souvent une source de moisissures. »
DOSSIER GREEN PLANET
un éventail d’option d’installation
ainsi qu’une multitude d’options
de contrôle (application,
télécommande sans fil…)
Les VMC Double Flux GECO
DANTHERM sont équipées de
filtres standards G4/G4 mais la
filtration par filtres F7 est également
proposée, en option, permettant
une protection anti-pollen.
GECO propose la VMC Double
Flux Thermodynamique PKOM4,
certifiée 1 ère au PassivHaus Institut
à 88 %, cette dernière intègre un
échangeur de chaleur efficace
mais également deux pompes à
chaleur qui permettent à l’unité de
chauffer et rafraichir l’habitation
mais également de produire
de l’eau chaude sanitaire.
sanitaire, elle existe également en
version 3 en 1 sans eau chaude
sanitaire appelée PKOM TREND.
De fabrication autrichienne, faible
niveau sonore et haute qualité font
que les unités PKOM4 sortent du
lot par leurs performances, 88 %
selon PHI et également 1 ère au
classement PassivHaus Institut.
GECO est spécialiste de la ventilation
en France depuis 1978 et possède tous
les produits et accessoires en stock.
› Pour toutes questions ou toutes
demandes, il est possible de
contacter les techniciens GECO
par téléphone au 03.88.18.11.18.
ou par mail à contact@geco.fr
PARTENAIRE INFOGREEN
Ainsi, la VMC double flux
thermodynamique PKOM4 GECO
by Pichler permet de rassembler
les 4 fonctions en une seule
unité compacte limitant l’emprise
au sol, les travaux et réduisant
le coût total dans le cas d’une
installation du chauffage, de
rafraîchissement et du ballon d’eau
chaude de manière séparée.
La PKOM4 assure un débit
d’air compris entre 85 et
250 m 3 /h, la VMC Double Flux
thermodynamique apporte en
permanence aux pièces un air frais
et filtré provenant de l’extérieur,
pour cela elle est équipée d’un
filtre F7 pour l’air extérieur ainsi
que d’un filtre G4 pour l’air repris.
La solution compacte PKOM4
permet donc de ventiler, chauffer,
rafraîchir et chauffer l’eau
4×3 – NUMÉRO 18 – TRIMESTRIEL – MAI 2022
87
DOSSIER GREEN PLANET
« L’entreprise informe et
forme ces gens qui tous les
jours sont sur le terrain et
méritent d’être valorisés
dans leur métier ; ces
personnes travaillent pour
la santé de chacun et on
doit préserver la leur ! »
UN CENTRE DE COMPÉTENCES
« PROPRETÉ ET HYGIÈNE »
La propreté et l’hygiène, c’est le
cœur de métier de BOMA, une
entreprise qui a des valeurs,
parmi lesquelles figurent en
bonne place l’humain et le
monde dans lequel il vit. Savoirfaire
partagé, avec Antonio
Caetano, Branch Manager
de BOMA Luxembourg.
« Nous faisons de la vente de
solutions de propreté mais
nous tenons beaucoup à
l’accompagnement, au conseil et
à la sensibilisation du client et de
l’utilisateur final. Il s’agit d’être en
phase avec le terrain et avec les
préoccupations écologiques. Car
nous sommes tous des pollueurs
potentiels, par définition. Nous
pouvons tous, aussi, être des
porteurs de solutions », résume,
enthousiaste, Antonio Caetano,
Branch Manager de BOMA
Luxembourg. « En 2004, j’ai été
un des premiers à introduire
l’écologie dans le monde de
la propreté. C’est devenu une
référence incontournable. »
Les techniques de nettoyage
s’appuient sur du matériel adapté
et sur des produits efficaces et
sûrs. « Ils sont écologiques, cradle
to cradle. Je crois aussi beaucoup au
développement des probiotiques,
qui ont un impact positif. Il faut
encore convaincre en la matière,
mais c’est une réelle avancée
d’utiliser des bonnes bactéries
qui agissent seules. Dans tous
les cas, il faut penser à ce qui se
passe après le nettoyage. Aux
eaux usées qui vont en station
d’épuration par exemple, ou à la
santé des personnes lorsqu’elles
sont exposées à des principes actifs
nocifs présents dans des produits
d’entretien courants et souvent
populaires ! Chez BOMA, on évite
les produits rémanents, qui ont un
impact négatif pour l’homme. »
L’entreprise entend sensibiliser,
informer, former aussi. « Quatre
éléments fondamentaux guident
les choix pour un bon nettoyage :
le produit adéquat avec le bon
dosage pour la surface à traiter,
le temps d’action du produit, la
température – de l’eau et ambiante
– et l’ustensile adéquat – le cas
échéant la machine la plus adaptée.
Il y a beaucoup de choses que l’on
peut apprendre. Nous consacrons
environ 400 heures à la formation,
pour les sociétés de propreté,
les services publics ou privés, les
utilisateurs finaux. Mais nous allons
désormais plus loin car il y avait un
manque criant au Luxembourg. »
Un cercle vertueux
L’entreprise met en place un
véritable centre de compétences,
qui cible les usagers des services,
les employeurs mais aussi, voire
surtout, « ces gens qui tous les
jours sont sur le terrain et méritent
d’être valorisés dans leur métier.
Ces personnes travaillent pour
la santé de chacun et on doit
préserver la leur ! » Ainsi, à côté
du BOMA Shop et des hangars
88 INFOGREEN.LU
DOSSIER GREEN PLANET
de BOMA Luxembourg sur la
zone de Kockelscheuer-Roeser où
l’entreprise est implantée depuis
quelques mois, naît une « école
de propreté ». « Ce centre de
compétences touche aux aspects
économiques et écologiques.
Cela peut avoir un impact sur
l’organisation des équipes et
du temps, sur la mécanisation
adéquate. On veut donner un
savoir-faire supplémentaire. Chaque
matière, chaque surface, a sa
propre technique de traitement. La
formation sera étalée sur plusieurs
semaines. Et très concrète. Il
s’agit aussi de montrer que le
nettoyage n’est pas un facteur de
coût, mais un investissement qui
a son retour. Pour l’entreprise,
pour les personnes dont la santé
sera mieux préservée et dont
l’employabilité sera augmentée,
et aussi pour la collectivité, avec
moins d’absentéisme, moins de
coûts pour la sécurité sociale. »
BOMA s’engage. « Nous avons une
responsabilité en tant qu’entreprise
et en tant que fournisseur. Nous
pouvons créer un cercle vertueux. »
Pour l’accompagnement, la
formation et les justes conseils,
le groupe a mis en place une
« Maison de Repos virtuelle »,
une plateforme qui permet de
visualiser et d’agir en quelques
clics dans les différents endroits
de ce type d’espace où l’hygiène
et la santé sont en première
ligne. « On va étendre la formule
et proposer à terme d’autres
lieux spécifiques, une école, une
surface agroalimentaire… »
BIP (BOMA in the Pocket), une app
installée sur les smartphones des
« technicien–ne-s de surfaces »
et autres groupes de « remise en
état », permet d’avoir, sur le lieu
de travail, toutes les informations
utiles (problème rencontré,
solution adaptée, bon usage
du produit ou du matériel, etc.)
à l’accomplissement de leurs
tâches, en interaction directe avec
les services de BOMA, de façon
personnalisée et dans leur langue.
La bonne technique agit aussi sur
l’empreinte carbone. « En 2019,
nous avons économisé 50 000 km
en logistique, principalement
grâce à une solution informatique
pour la gestion des commandes
et des livraisons, qui évite bien
des déplacements superflus. On
livre tout d’un coup, on récupère
les bidons vides, dont on assure
la mise en recyclage. Simple, mais
efficace… » La même logique de
« nettoyage circulaire » prévaut pour
le matériel. « Quand nos machines
arrivent en fin de vie, on récupère,
on démonte, on recycle. Sur un
chariot de nettoyage, on arrive
à 75 % de matières recyclées. Et
nous souhaitons aller plus loin, en
proposant le leasing plutôt que
la vente, ce qui nous permettra
d’aller plus loin dans le recyclage
des composants et de fournir des
machines up-to-date à nos clients. »
LAVÉ PAR ALAIN DUCAT
avec BOMA Luxembourg
PARTENAIRE INFOGREEN
Photos : Fanny Krackenberger
4×3 – NUMÉRO 18 – TRIMESTRIEL – MAI 2022
89
DOSSIER GREEN PLANET
À TRAVERS LE HUBLOT
DE LA MACHINE…
Une pollution invisible se cache dans les lessives. Gare
aux microfibres textiles et aux produits nocifs !
Quelques chiffres : 35,6 milliards de lessives sont effectuées chaque
année en Europe, selon l'université de Northumbria (Angleterre). On
estime que cela engendre 13 000 tonnes de microfibres relâchées chaque
jour dans les rivières et les océans… Des microplastiques à l’échelle
nanométrique peuvent passer la paroi des organes, selon une récente
étude de la revue scientifique « Environment International ». Deux femmes
enceintes sur trois portent dans leur placenta ces microplastiques…
« Les fibres de nos textiles ne sont pas toutes neutres et la
majorité des lessives industrielles contiennent des substances
nocives pour notre santé et l’environnement. »
Chaque foyer consomme en moyenne 40 kg de lessive / an et 3 lessives par
semaine… Cela signifie que nous sommes tous concernés et chacun(e) a aussi
une partie de la solution… dans le panier à linge et à côté de la machine… « Tous
nos produits Greenatural sont certifiés ICEA (maintenant Cosmos) répondant à
un cahier des charges très strict, des critères de matières premières naturelles
non issues de la pétrochimie et des emballages 100 % recyclables. »
LetzWash
Viviane Wirtz
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PARTENAIRE INFOGREEN
UNE ÉCOLE SAINE, UN
PROJET ANALYSÉ DE A À Z
Le nouveau campus éducatif à Wiltz ambitionne d’être le complexe
le plus sain du Luxembourg. Chaque matériau est étudié pour
diminuer au maximum son impact environnemental.
La construction du nouveau campus éducatif - le premier élément
visible du nouveau quartier « Wunne mat der Wooltz » - a débuté,
fin 2020, sur l’ancien site industriel « Géitzt » à Wiltz.
Ce campus comprendra une école fondamentale avec maison relais et cuisine de
production (pour la totalité des écoles et maisons relais de la commune), un hall
sportif, une école de musique et le nouveau musée pour enfants « Plomm ».
À projet ambitieux, objectif ambitieux. Les responsables souhaitent
accueillir les premiers élèves pour la rentrée scolaire de septembre 2023.
Le chantier bat donc son plein sur les 2,38 hectares du projet.
Qualité de l’air…
Lors de la planification du campus, le but était de construire le complexe éducatif
le plus sain possible. Les principes de l‘économie circulaire, qui sont appliqués
dans le développement et la construction des bâtiments, y contribuent.
Des critères stricts en termes de qualité de l’air intérieur ont été fixés dans
les cahiers des charges. Pendant la phase de construction, les entreprises
impliquées sont sensibilisées à l‘application de l‘économie circulaire et elles
devront montrer patte blanche avant la mise en œuvre des matériaux sur le
chantier. Ainsi, la totalité des matériaux de construction utilisés sont analysés avant
l‘installation afin d’assurer que, lorsque des alternatives existent, les matériaux
de construction soient sans polluants et idéalement recyclables en fin de vie. Les
matériaux pour lesquels un doute subsisterait sont analysés en laboratoire.
Commune de Wiltz
› La suite est à lire sur Infogreen.lu
PARTENAIRE INFOGREEN
90 INFOGREEN.LU
DOSSIER GREEN PLANET
ONDES POSITIVES,
ONDES NÉGATIVES
3 à 8 % de la population serait « électrosensible
», c’est-à-dire particulièrement
sensible aux ondes électromagnétiques. À
l’ère du tout connecté, l’exposition à ce type
de pollution invisible semble inévitable.
Mais pas forcément ! Explications avec Ralph
Baden, expert en construction saine et en
indoor air quality au sein du ministère de
l’Énergie et de l’Aménagement du territoire.
Si les impacts des hautes
fréquences sur la santé ne
sont pas encore clairs à l’heure
actuelle, on sait qu’elles ont de
potentiels effets cancérigènes.
« L’OMS (Organisation Mondiale
de la Santé) a en effet classé les
champs électromagnétiques
de hautes fréquences et les
champs magnétiques de basses
fréquences comme potentiellement
cancérigènes. Des tests sur culture
(in vitro) ou sur animaux (in vivo)
vont dans ce sens, mais on manque
à l’heure actuelle de recul pour tirer
des conclusions définitives pour
l’Homme. Ce qui est sûr, c’est qu’il
y a des sensibilités individuelles
qui varient énormément d’une
personne à l’autre et qui peuvent
se manifester entre autres par des
troubles cardiaques. » On parle
d’électro-hypersensibilité (EHS).
Si on analyse des biomarqueurs
dans le sang (histamine, anticorps)
durant une exposition, par
exemple à un gsm, on constate une
augmentation de ces biomarqueurs.
Justement, quid des antennes
extérieures de mobilophonie ?
« C’est souvent ce qui inquiète le
plus les gens. Or, au Luxembourg,
les opérateurs sont soumis à des
limitations. Cela n’est par contre
pas le cas des ondes à l’intérieur
des bâtiments, qui émettent
beaucoup plus fortement. » On
pense ici au Wifi, aux téléphones
portables DECT et autres
systèmes de communication.
Heureusement, il existe des outils
qui émettent moins, de manière
non continue et qui sont de plus
faciles à implémenter. Pour le wifi,
par exemple, des systèmes CPL
(pour Courant Porteur en Ligne)
permettent de passer d’un WLAN
(W= wireless) à un dLAN (d =
direct) : le signal va être transféré
92 INFOGREEN.LU
sur l’installation électrique et peut
être récupéré dans chaque pièce via
les prises de courant, là où j’en ai
besoin, lorsque j’en ai besoin. « Cela
évite la propagation d’ondes dans
l’air, et cela permet de ne pas être
exposé la nuit, quand nous n’avons
pas besoin d’être connectés. »
Et la 5G, qui a fait couler tant
d’encre ces derniers mois ? « C’est
encore une technologie tout à
fait nouvelle. Elle comporte trois
fréquences. La nouvelle fréquence,
qui inquiète beaucoup de monde,
concerne les ondes millimétriques
d’une fréquence très élevée
d’environ 30 GHz, proche des
radars. C’est celle qui me fait le
moins peur ! Pourquoi ? Parce
que plus la fréquence est élevée,
moins les ondes vont pénétrer
en profondeur. Elles vont frôler
la peau, mais ne pénètrent pas
dans le tissu. Elles ne passent
pas non plus par les murs, à vrai
dire une simple feuille de papier
fait écran. Pour les deux autres
fréquences, qui sont similaires à
celles qu’on connaît déjà avec le
wi-fi ou les gsm, la différence avec
la 5G est qu’elles ne s’enclenchent
que lorsqu’un consommateur est
actif. L’antenne, telle un sniper,
va cibler le lieu d’émission, alors
qu’auparavant elle tirait dans
toutes les directions. Une personne
située à 2 m de l’utilisateur ne
sera pratiquement pas exposée
et ne le sera même plus du tout
en fin de communication. En
tant qu’utilisateur, il me suffit
de désactiver les données
mobiles pour être à l’abri de
l’exposition. Passer exclusivement
à la 5G pourrait, à mon sens,
améliorer les communications
tout en diminuant l’exposition
et le gaspillage énergétique (une
antenne qui n’émet pas,
ne consomme pas). »
Enfin, l’installation électrique en
elle-même nous expose à des
champs électriques ou magnétiques
de basses fréquences. « Des
systèmes – décrits dans le 'Livre
vert sur la construction saine'
à paraître cet été –, permettent
de minimiser cette exposition
grâce à des câbles torsadés, des
biorupteurs, etc., sans devoir
renoncer au confort. Il est
bien entendu plus intéressant
d’envisager tous ces outils dès la
planification, plutôt que de devoir
assainir par la suite. » Ces conseils
seront également compilés dans
le « Guide sur la construction et
la rénovation durables » en cours
d’élaboration avec le CRTI-B.
ONDULÉ PAR MARIE-ASTRID HEYDE
Photos : Archives Neomag / Licence CC
DOSSIER GREEN PLANET
CAMPUS CONTERN
A PURIFIÉ SON
ENVIRONNEMENT
Depuis le début, Campus Contern a voulu utiliser et gérer
l’espace de la manière la plus efficace avec pour priorité de limiter
l’empreinte écologique et le bien-être des occupants.
Il était logique d’aller jusqu’à la purification de l’air intérieur. Campus Contern
a adopté très vite, en pionnier dans le pays, le système « Indoor Forest » de
BioOrg. L’équipe de BioOrg brumise des micro-organismes positifs dans l’air
et sur les surfaces. Cet écosystème forme une « biomasse vivante » qui assure
en permanence un nettoyage et une purification de l’air. Ces organismes se
nourrissent de molécules dites sales comme les poussières fines, COV (composés
organiques volatils), allergènes, etc., et les digèrent pour les éliminer.
Cet écosystème positif a permis à Campus Contern d’être le premier
complexe de bureaux au Luxembourg à offrir à ses occupants un
environnement 100 % naturel, sans allergènes ni pollution chimique. Ce
système a permis d’aller encore plus loin dans l’approche écologique et d’agir
directement et concrètement sur la santé et le bien être des occupants.
BioOrg explique : « Nos bâtiments sont 'morts' et sources de diverses pollutions
intérieures, même s'ils sont modernes ou bien entretenus. Peintures, moquettes,
sols, produits d'entretien, parfums, meubles, animaux... libèrent des particules
dans l'air. Cet air que nous respirons 90 % du temps si l'on considère le temps
passé à la maison, au travail ou dans les véhicules... BioOrg améliore la qualité
de l'air intérieur naturellement, c’est comme vivre ou travailler en forêt ! »
Campus Contern et BioOrg
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PARTENAIRE INFOGREEN
4×3 – NUMÉRO 18 – TRIMESTRIEL – MAI 2022
93
DOSSIER GREEN PLANET
LE CÔTÉ OBSCUR
DE LA LUMIÈRE
LSC Engineering Group a mis en
place une cellule « Éclairage »
qui réunit des spécialistes
du monde de la technique,
de l’aménagement des
infrastructures, de l’urbanisme
et de l’environnement afin de
diminuer l’impact lumineux
des nouveaux projets.
« Papa, n’y a-t-il pas d’étoiles dans
le ciel ? », me demande mon fils de
six ans, en nous promenant dans la
ville, un soir d’hiver où la nuit tombe
généralement tôt et pourtant il ne
fait pas si sombre. Il fait froid, le ciel
est dégagé, mon fils a cependant
raison. Les étoiles sont à peine
visibles. La ville est trop illuminée.
Ce phénomène, qui suscite depuis
quelque temps une attention
accrue de la part des scientifiques
et d’autres disciplines, est
généralement appelé pollution
lumineuse. Selon « Spektrum der
Wissenschaften », la pollution
lumineuse est un phénomène
dans lequel l’obscurité naturelle
ne prévaut plus la nuit dans de
nombreuses régions du monde,
notamment en raison de l’éclairage
public, des enseignes lumineuses
et de l’éclairage industriel. Cette
perte d’obscurité naturelle
affecte non seulement la santé
humaine, mais a également un
impact négatif sur de nombreuses
espèces animales et végétales.
La pollution lumineuse
au Luxembourg
Au Luxembourg également, il
y a une prise de conscience de
ce phénomène et de ses effets
négatifs. Ainsi, la pollution
lumineuse est déjà remise en
question et prise en compte
dans les études préparatoires
aux projets et les évaluations
environnementales (évaluation
environnementale stratégique
(EES), étude des incidences sur
l’environnement (EIE)). En particulier
dans le cas des biens à protéger
« Population et santé humaine » et
« Plantes, animaux, biodiversité »,
la pollution lumineuse ressort
régulièrement comme point
de conflit dans les études.
Ceci est important, car il est
possible de prendre l’éclairage en
compte dans les projets les plus
divers à un stade précoce, afin
d’éviter les effets négatifs d’un
éclairage mal conçu/étudié avant
l’installation finale des lampadaires
et des sources lumineuses. Le
ministère de l’Environnement a
publié à cet effet en 2018 le guide
« Bon éclairage » en extérieur pour
le Grand-Duché de Luxembourg.
Une impression visuelle de
l’intensité de l’éclairage nocturne
dans le monde peut notamment
être obtenue sur le site Internet
www.lightpollutionmap.info.
94 INFOGREEN.LU
L'ÉNERGIE PROPRE
DOSSIER GREEN PLANET
Nos sources d'énergie, qu'il
s'agisse de la façon dont nous
chauffons, refroidissons et
alimentons nos maisons, ou de
nos déplacements, jouent un rôle
important dans la qualité de l'air.
Les solutions
« Cette perte d’obscurité naturelle affecte
non seulement la santé humaine, mais a
également un impact négatif sur de nombreuses
espèces animales et végétales. »
La technologie LED, déjà largement
répandue aujourd’hui, peut
contribuer de manière décisive à
réduire cette problématique. Les
solutions techniques permettant
d’atténuer l’intensité lumineuse,
de limiter la durée d’éclairage ou
de diriger les faisceaux lumineux
vers le sol existent déjà et doivent
simplement être appliquées et
installées aux bons endroits.
C’est pourquoi LSC Engineering
Group a mis en place une
cellule « Éclairage » qui réunit
des spécialistes du monde de la
technique, de l’aménagement des
infrastructures, de l’urbanisme
et de l’environnement afin
« d’éclairer » sur ce sujet.
Si nous pouvons à l’avenir
observer clairement le ciel étoilé
en ville, cela reste incertain et
plutôt douteux pour l’instant.
En revanche, il est certain que
l’on est aujourd’hui conscient
du problème de la pollution
lumineuse et que l’on dispose des
moyens techniques permettant de
planifier et concevoir un éclairage
adapté à son environnement.
D R . MARCO HÜMANN
Département Environnement, Luxplan,
membre de LSC Engineering Group
Grâce aux progrès des technologies
solaires, plusieurs personnes
commencent à comprendre les
innombrables façons dont l’énergie
solaire et les autres ressources
énergétiques propres peuvent être
bénéfiques pour l’environnement.
Examinons de plus près comment
les panneaux solaires contribuent
à la protection de l’environnement.
L’énergie solaire et l’énergie
éolienne sont deux des sources
d’énergie renouvelables les plus
sûres et les plus courantes. Mais
comment fonctionnent-elles ?
L’énergie éolienne est créée à
l’aide d’éoliennes, qui sont placées
dans des endroits où les vents
sont rapides. L’utilisation du vent
pour produire de l’énergie a moins
d’effets sur l’environnement
que de nombreuses autres
sources d’énergie.
L’énergie solaire utilise des cellules
photovoltaïques - faites de
silicium ou d’autres matériaux qui
transforment la lumière du soleil
en électricité. Les installations de
panneaux solaires ne produisent
pas de polluants atmosphériques
ni d’émissions de gaz à effet de
serre, même si certaines émissions
peuvent être libérées pendant
le processus de fabrication.
Eco Habitat Lux
Photo : EcoHabitatLux
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PARTENAIRE INFOGREEN
Portrait photo : ©Luxplan
PARTENAIRE INFOGREEN
4×3 – NUMÉRO 18 – TRIMESTRIEL – MAI 2022
95
DOSSIER GREEN PLANET
LE POIDS DES
SENTEURS
La pollution olfactive n’est pas neutre. Mais que sent-on au juste ?
On sait que l’hydrogène sulfuré, un gaz toxique s’il en est, pue l’œuf pourri. L’essence,
le gasoil ou le macadam bien chaud, ça se sent que c’est eux… Si vous allez au
pressing et que ça sent l’éther, c’est probablement à cause du perchloroéthylène,
utilisé comme solvant pour dégraisser l’article à « nettoyer à sec » - ce PCE est
déjà remplacé par des alternatives… pas moins agressives à long terme pour qui
les respire à foison mais moins repérables pour qui passe de temps en temps.
Cependant, si des odeurs trahissent et dérangent, cela reste souvent question
de subjectivité, de perception, voire de sensibilité. On est dans la pollution
olfactive, ce qui ne nous met pas nécessairement dans la nocivité avérée.
La tradition peut aussi jouer des tours. Nos grands-mères n’ont-elles pas transmis
la javel comme un désinfectant miracle, laissant croire que si ça sent la javel, ça
sent le propre ? Alors que, en fait, il est franchement conseillé d’éviter le contact
avec l’eau chlorée, la réaction dégageant des gaz irritants et toxiques pour les
voies respiratoires et les yeux. Et puis, d’ailleurs, la propreté n’a pas d’odeur…
Si les odeurs ne posent normalement pas de problèmes de santé graves, elles
peuvent servir de signal d’alarme pour des problèmes environnementaux ou
sanitaires plus sérieux, potentiellement dangereux pour la santé des êtres
vivants… Des études européennes ont montré que la pollution olfactive
est la 2 e cause de « préoccupation environnementale » des citoyens, après
le bruit. Cela représente en moyenne plus de 30 % des plaintes.
A.D.
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L'AGRICULTURE DE
CONSERVATION
L’eutrophisation des milieux aquatiques est un déséquilibre du milieu provoqué
par l’augmentation de la concentration d’azote et de phosphore dans le milieu.
Elle est caractérisée par une croissance excessive des plantes et des algues
(cyanobactéries ou algues vertes) due à la forte disponibilité des nutriments.
Une solution simple pour lutter contre le développement des algues vertes
L’eutrophisation des milieux aquatiques est un déséquilibre du milieu provoqué
par l’augmentation de la concentration d’azote et de phosphore dans le milieu.
Elle est caractérisée par une croissance excessive des plantes et des algues
(cyanobactéries ou algues vertes) due à la forte disponibilité des nutriments.
Les algues qui se développent grâce à ces substances nutritives absorbent
de grandes quantités d’oxygène, lorsqu’elles meurent et se décomposent.
Leur prolifération provoque l’appauvrissement, puis la mort de l’écosystème
aquatique présent : il ne bénéficie plus de l’oxygène nécessaire pour vivre,
ce phénomène est dit « asphyxie des écosystèmes aquatiques ».
Les causes de ce phénomène sont multiples, mais nous pouvons citer :
- Les ruissellements urbains
- Les rejets industriels
- Les intrants agricoles (fertilisation, produits de protection des plantes…)
- Érosion et sédimentation
- Pollutions diffuses
Fertilux
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PARTENAIRE INFOGREEN
96 INFOGREEN.LU
A la suite de la création de l’association agricole BIOG (association des agriculteurs biologiques du Luxembourg) nous avons réussi,
au sein de notre groupe au Luxembourg, à développer au fil des années une communauté économique bien structurée et axée sur
la collaboration: OIKOPOLIS Groupe.
animaux
agriculteur,
cultivateur
transformation / production
laiterie
énergie
distribution en gros
(transport)
nature circulaire
économie circulaire
plantes
le sol
(substances nutritives)
consommateur
commerce de détail,
restauration
Les entreprises clés BIOG, BIOGROS et NATURATA qui collaborent au sein du groupe OIKOPOLIS, forment la courroie de transmission
transparente entre les principaux acteurs de la chaîne de création des valeurs ajoutées et les différents acteurs, de la production
jusqu’au consommateur. Ensemble avec une société immobilière, une société de participations et d’autres sociétés de services,
le groupe OIKOPOLIS a élu domicile au centre OIKOPOLIS à Munsbach, à 12 km à l’est de Luxembourg-ville.
Les sociétés par actions qui font partie intégrante du groupe OIKOPOLIS sont:
Foundation Luxembourg
13, rue Gabriel Lippmann I L-5365 Munsbach I www.oikopolis.lu
DOSSIER GREEN PLANET
Huit déchets plastiques sur dix retrouvés
dans le milieu marin proviennent des bassins
versants. La diversité des déchets plastiques
retrouvés dans le milieu marin révèle notre
consommation effrénée de plastiques et
une mauvaise gestion des déchets.
POLLUTION MARINE : TOUT
COMMENCE EN BAS DE CHEZ VOUS !
Le 21 e siècle marque un tournant
majeur sur les considérations
de l’être humain pour son
environnement. Jamais une
pollution n’aura autant mobilisé
nos sociétés. La visibilité des
gros déchets plastiques et leurs
conséquences sur le milieu
vivant interpellent, et pourtant
ils ne représentent que la partie
émergée de l’iceberg. En effet, aux
observations d’animaux marins
blessés ou tués par l’ingestion
des macroplastiques, s’ajoute
une menace plus insidieuse car
invisible, la pollution marine
par les microplastiques.
Avec plus de 5 000 milliards de
microplastiques flottants à la
surface des océans, cette pollution
est omniprésente et menace
l’ensemble de la chaîne alimentaire
marine, jusqu’à l’être humain...
Sensibiliser aux enjeux
d’un océan durable
Existe-t-il dans le monde une
plage sans plastique ? Derrière
chaque déchet plastique, un
signal rappelle l’importance de
préserver durablement l’océan.
Situées à l’embouchure de nos
fleuves et battues par les vagues,
nos plages forment des zones
d’accumulation des déchets
plastiques, témoins de nos usages
et de notre consommation parfois
immodérés. Au gré des marées,
ces déchets sont repris par la
mer et se dégradent jusqu’à
disparaître dans l’océan.
Ils sont bien visibles, ces gros
déchets plastiques, appelés aussi
macroplastiques, qui souillent
nos côtes. Mais ils ne sont que
la face émergée de l’iceberg.
Le problème est plus vaste, la
menace plus pernicieuse et
moins visible. Intempéries, eau de
mer, ultra-violets... Les déchets
plastiques sont soumis à rude
épreuve au cours du temps. Ils
finissent par se dégrader et se
fragmenter en morceaux de plus
en plus petits, de taille d’abord
micrométrique puis nanométrique !
Ils mesurent quelques millimètres,
souvent moins et se repèrent
entre les grains de sable : les
microplastiques. Ces débris
représentent finalement 90 % des
déchets plastiques flottant en mer...
Les plastiques, supports
de vie pour certaines
espèces et piège
mortel et silencieux
pour d’autres...
L’eau de mer est un bouillon de
culture où la vie foisonne. Tout
ce qui flotte finit très vite par être
colonisé. C’est le phénomène de
fouling. Ainsi, les microplastiques
flottant à la surface de l’eau forment
de véritables radeaux pouvant
traverser les mers et devenir des
vecteurs de maladies qui peuvent
même faire voyager des espèces
susceptibles de perturber les
écosystèmes. Les scientifiques
n’ont pas encore toutes les
réponses, mais la menace est bien
réelle. Comment les mollusques
ou les crustacés réagissent-ils
à cette nouvelle contamination
aux plastiques microscopiques ?
Dans les laboratoires, la recherche
s’organise et les expérimentations
commencent à lever le voile sur
ces nouvelles problématiques.
98 INFOGREEN.LU
Une pollution
entre deux eaux,
peu visible et dérivante
La pollution marine par les
plastiques est le reflet de nos
activités. Écosystème proche ou
éloigné, la vie marine est largement
exposée mais elle n’est pas
seule... l’humanité aussi. Réduire,
réutiliser, recycler sont devenues
des actions indispensables
pour notre avenir. Les solutions
sont désormais nombreuses
pour agir contre la pollution des
plastiques. Les bacs à marée sont
positionnés à l’entrée des plages
pour récupérer les macro-déchets
abandonnés sur le littoral. En
permettant de lutter contre la
pollution plastique, le promeneur
devient éco-acteur, il participe au
défi de préserver durablement
la vie marine et côtière.
Trier et valoriser nos
déchets à la source, au
pied de nos cités urbaines
Chaque année, 8 millions de tonnes
de déchets plastiques sont rejetées
en mer. Issus à 80 % des activités
humaines et terrestres, ils arrivent
par les avaloirs d’eaux pluviales
présents dans nos cités urbaines.
Puis ils circulent par les égouts
et sont rejetés dans la mer. De là,
ils évoluent au gré des courants
marins et se retrouvent dans les
estomacs de nombreux organismes
aquatiques comme les mammifères
marins dont le phoque gris, mais
également dans les estomacs de
nombreux oiseaux qui longent
les côtes et se nourrissent de
poissons eux-mêmes pollués.
« L’eau de mer est un bouillon
de culture où la vie foisonne.
Tout ce qui flotte finit très
vite par être colonisé. C’est
le phénomène de fouling. »
La chaine est loin d’être vertueuse
mais bien réelle. Tous les
maillons du réseau alimentaire
sont perturbés par les déchets
plastiques. Ils peuvent être ingérés
par de nombreuses espèces et
bien sûr, par l’homme... Entrainés
par le cycle de l’eau, les déchets
plastiques s’accumulent dans
l’océan pour y rester des dizaines
voire des centaines d’années. Face
à ces pollutions, plusieurs solutions
sont déjà en cours de construction
ou d’approbation pour ramasser ou
réduire l’impact de ces déchets sur
l’environnement. De nombreuses
associations proposent
régulièrement des opérations de
ramassage, mais la meilleure des
solutions qui reste la plus efficace
est bien celle du tri des déchets
à la source et la non-pollution
des eaux usées par les avaloirs.
Soyons désormais acteurs actifs de
l’avenir de notre environnement.
Sensibilisons les plus jeunes aux
impacts des activités terrestres :
ne jetons plus rien dans les
caniveaux situés en bas de chez
nous, car ici commence l’Océan...
CHRISTELLE CARFANTAN
Fonds de dotation Océanopolis Acts
PARTENAIRE INFOGREEN
DOSSIER GREEN PLANET
Photo : © Elise Corre-Poyet
4×3 – NUMÉRO 18 – TRIMESTRIEL – MAI 2022
99
DOSSIER GREEN PLANET
QUAND L'EAU
S'EMBALLE
CONSOMMEZ MIEUX
GRÂCE À L’ÉCO-SCORE
La révolution environnementale est en marche
dans les produits de consommation !
Il est léger, il est français, rempli
en Allemagne et pensé au
Luxembourg. Le Tetra Pak Thalus
Water in a Box renferme une
eau exempte de polluants, qui a
séduit la Stëmm vun der Stross.
Son format est en effet pratique à
emporter, et donne à consommer
une eau saine et bien protégée.
« J’utilise le meilleur Tetra Pak
actuellement disponible sur le
marché », explique Pit Romersa,
fondateur de Thalus Water in a
Box. Ce dernier est fait à partir
de bio-based plastics et est bien
entendu entièrement recyclable.
Il compte quatre couches très
fines de polyéthylène végétal,
une couche épaisse de carton et
une couche d’aluminium qui sert
à protéger l’eau de la lumière.
« Avec les bouteilles en plastique,
des microparticules peuvent
contaminer l’eau, notamment si la
bouteille est stockée au soleil. Il n’y
a pas de packaging parfait, mais j’ai
choisi celui qui me semble le plus
adapté à la consommation tout
en réduisant autant que possible
l’impact sur l’environnement. »
Les boîtes sont remplies d’eau de
source en Allemagne à Dorsten,
à +- 300 km de Luxembourg. Le
traitement est très limité : filtration
naturelle de la terre suivie par
une filtration visant à réduire la
quantité de fer présente dans l’eau
naturelle. Le niveau de pH (7,5) est
également plus équilibré que dans
d’autres eaux des supermarchés.
M-A H.
avec la Stëmm vun der Strooss
Photo : Thalus Water in a Box
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PARTENAIRE INFOGREEN
Communication environnementale
objective et fiable, démarche
RSE qui s’étend jusqu’au produit
fini, affichage environnemental
bientôt obligatoire... L’évaluation
environnementale des produits de
consommation devient un musthave
avant leur mise sur le marché.
Pour afficher le score
environnemental de nos
vêtements, de nos meubles
ou de nos produits de beauté,
il faut d’abord le mesurer,
et l’intégrer dans un format
harmonisé et compréhensible.
C’est la mission que s’est donnée
L’Empreinte : accompagner les
marques dans l’évaluation et
l’affichage environnemental
des produits de consommation
non alimentaires.
« Nous sommes un moteur de calcul
et une plateforme en mode SaaS
qui se base sur la méthodologie
européenne PEF (Product
Environmental Footprint) », souligne
Mélinda Dubreucq, cofondatrice
de l’Empreinte. « Cette méthode
scientifique reconnue propose un
socle commun basé sur l’Analyse
du Cycle de Vie pour mesurer
16 impacts environnementaux
à tous les stades de vie du
produit. Je pense notamment à
l’empreinte carbone, le transport,
la consommation d’eau, ou la
pollution des sols. Nous proposons
aux marques et aux fournisseurs
de calculer les éco-scores de leurs
produits et nous leur facilitons
l’affichage environnemental via
différents formats, dont par
exemple des notes allant de A à E. »
Dans un premier temps, les
produits textiles sont les premiers
concernés par l’obligation
d’affichage environnemental dès
2023 en France, au titre de la loi
Climat et Résilience votée en Août
2021. Ils seront suivis par l’ensemble
des produits de consommation
dans les années à venir. « Nous
proposons aux marques une
solution objective et scalable pour
mesurer et partager l’empreinte
de leurs produits, et la réduire.
La règlementation vise à éclairer
le consommateur en proposant
un moyen de sortir de la jungle
des labels qui a tendance à
être contreproductive. »
La rigueur
méthodologique au
cœur de l’évaluation
Bien entendu, les plus sceptiques
pourraient penser que les
éco-scores sont plus un outil
marketing qu’une référence
exacte. « C’est justement pour
éviter le greenwashing que les
instances européennes et la
France ont mis en place une
recommandation et une loi. Les
hypothèses de la méthode sont
clairement définies et librement
accessibles. Nos algorithmes les
traduisent et en simplifient le
calcul pour les marques. » précise
Laurent Bocahut, cofondateur
de l’Empreinte. « Nous récoltons
un grand nombre de données.
Les résultats sont retranscrits en
impacts environnementaux. Nous
sommes d’ailleurs en train de
travailler à un ’trustability index’,
un index de confiance sur les
données que nous avons recueillies.
Étant un partenaire extérieur aux
entreprises, nous travaillons dans
le respect de la norme européenne.
Si un produit ressort avec un score
D, nous pouvons proposer à la
marque de travailler sur l’écoconception,
ou sur la qualité des
données fournies. L’exhaustivité
permet en effet d’obtenir un score
plus représentatif du produit. Les
marques ont donc tout intérêt à
s’engager dans la démarche. »
100 INFOGREEN.LU
« La règlementation vise
à éclairer le consommateur
en proposant un moyen
de sortir de la jungle des
labels qui a tendance à
être contreproductive ».
DOSSIER GREEN PLANET
« Actuellement, nous sommes
quelques sociétés spécialisées
dans le domaine en France. Ce qui
nous différencie, c’est l’attention
que nous portons à la collecte
des données, qui reste la clé de
la qualité du score obtenu in fine.
Nous proposons aussi des résultats
d’évaluation exhaustifs – jusqu’à
16 impacts - et objectifs - méthode
PEF reconnue et recommandée
par l’UE. Le trustability index est
un second gage de qualité. »
Un outil très intéressant donc
mais qui demande néanmoins
un minimum de préparation. Les
nutriscores qui sont maintenant
présents sur les emballages
ont mis plusieurs années avant
d’être largement diffusés.
Toutefois, contrairement à l’écoscore,
les nutriscores restent
facultatifs et les marques ne
sont pas toujours incitées à
publier les mauvais scores.
EVALUÉ PAR SÉBASTIEN YERNAUX
4×3 – NUMÉRO 18 – TRIMESTRIEL – MAI 2022
101
Chaîne solidaire en faveur d’ECP AT
Une nouvelle chaîne de solidarité avait été lancée pour
soutenir les enfants en danger d’exploitation sexuelle.
Infogreen/4x3 et ECPAT Luxembourg avaient ainsi unis
leurs forces et leurs réseaux. Grâce à l’implication
des abonnés, via leurs clics et partages, un chèque de
1 000 euros a été reversé à ECPAT lors de l’event 4x3.
Parce qu’aucun enfant ne devrait
grandir dans la peur d’être exploité
sexuellement, ECPAT Luxembourg
(ECPAT pour End Child Prostitution,
Child Pornography and Trafficking
of Children for Sexual Purposes)
a décidé d’intervenir au Cap-Vert,
à la demande de professionnels
qui manquaient d’expertise pour
identifier et prendre en charge les
cas de violence et d’exploitation
sexuelle chez les enfants.
« La plus-value de ce projet est que
c’est une initiative locale qui est
venue nous chercher », explique
Thomas Kauffmann, Directeur
Exécutif chez Ecpat. « La clé de
la réussite d’un projet, c’est son
appropriation. Nous collaborons
avec des acteurs de terrain,
directement plongés dans cette
problématique. Ils se sentent donc
complètement concernés. Leur
expérience est donc bénéfique,
autant pour nous guider dans
notre démarche, que pour les
victimes et leurs familles. »
L’initiative de ce projet, qui a
démarré en 2017, était d’abord
de renforcer les capacités des
professionnels pour protéger
les enfants, tout en sensibilisant
la conscience publique sur le
tabou que constitue la violence et
l’exploitation sexuelle. Le succès
et les résultats de cette première
expérience ont amené de nombreux
acteurs, à travers le pays et ses
différentes îles, à demander une
multiplication de ces formations.
Et c’est ainsi qu’ECPAT Luxembourg
et son partenaire local Associação
Crianças Desfavorecidas (ACRIDES),
ont mis en place un réseau
national, de protection des enfants
vulnérables, présent aujourd’hui
dans les neuf îles habitées du pays.
Ce réseau est constitué d’acteurs
de protection de l’enfance qui
viennent de secteurs divers (santé,
éducation, justice, associatif,
religieux) à la fois institutionnels
et non-institutionnels. Ce réseau
crée un environnement protecteur,
véritable « filet de protection », pour
la protection des enfants contre
l’abus et l’exploitation sexuels.
« Il est donc naturel pour nous
que ce réseau rencontre celui
d’Infogreen », poursuit Thomas
Kauffmann. « Quel que soit le
pays, l’exploitation sexuelle est un
sujet tabou. Grâce à la libération
de la parole, les victimes trouvent
la force de s’exprimer. Il est donc
important de mettre en lumière ce
type de projet via différents canaux.
Nous pouvons accompagner les
familles et les victimes dans leurs
démarches grâce à des acteurs de
terrains performants et agissant
dans différents domaines. »
Objectif : un chèque
de 1 000 euros !
Cette initiative envers les enfants
en danger d’exploitation sexuelle
tient à cœur à Infogreen/4x3.
Nous avons donc soutenu ce
projet via une chaîne de solidarité
dont vous connaissez maintenant
le processus : pour participer, il
suffisait de liker et partager une
publication sur les réseaux sociaux.
Chaque interaction a virtuellement
offert un don de 5 euros au profit
du projet d’ECPAT Luxembourg.
Votre engagement fut à nouveau
démontré. En effet, Infogreen et
4x3 ont pu remettre un chèque
de 1 000 euros à Thomas
Kauffmann. Montant obtenu grâce
à la dernière chaîne de solidarité
sur les réseaux sociaux, mais
également grâce aux partenaires
et aux mécènes d’Infogreen.
« C’est un don généreux qui va
nous aider dans notre projet. Nous
formons des personnes sur place
afin qu’elles prennent en charge
les victimes. Il y a évidemment les
moments d’écoute, mais également
des aides administratives et
médicales pour combattre ce
fléau. Notre réseau de soutien ne
cesse de s’étendre dans ce sens. »
SÉBASTIEN YERNAUX
Photos : Fanny Krackenberger
102 INFOGREEN.LU
Plus de 40 % du
plastique n’est utilisé
qu’une fois, avant
d’être jeté.
Les estimations sur la
durée de vie du plastique
vont de 450 ans
à l’infini.
5000 milliards
de morceaux de
plastique flottent
déjà dans nos
océans.
Entre 27 et 42% seulement
des emballages plastiques
pourraient être recyclés à
des coûts satisfaisants
selon PlasticEurope.
L’Imprimerie Centrale propose à ses clients des alternatives à la plastification
de leurs documents. Dans une optique durable et en accord avec les valeurs de
l’entreprise, nous proposons à nos clients, au-delà de nos multiples certifications,
une démarche engagée pour trouver avec vous, la solution la moins impactante
pour l’environnement.
Nous avons les solutions, à vous de passer à l’action.
#rethinkplastic #ecofriendlysolutions #plasticfreeoceans
Sources : zerowastefrance.org
IMPRIMERIE CENTRALE SOCIÉTÉ ANONYME • 3, RUE EMILE BIAN • L-1235 LUXEMBOURG
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