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Le
ÉDITO
2 2 / 15 MARS 2020 LA STRADA N°329
Par Michel Sajn
Cette journée du 8 mars permet chaque année de faire un point sur les avancées pour la
condition des femmes. Et chaque année, une impression tenace de régression nous frappe.
Nous avons eu droit aux états généraux sur ce sujet. Ils nous ont permis de constater que
les femmes en Espagne pouvaient profiter d’un arsenal judiciaire important depuis 2007 :
tribunaux spécialisés et plus rapides, accueil spécialisé dans les palais de justice et les
commissariats, mais surtout les fameux bracelets que doivent porter les agresseurs afin
qu’ils n’approchent plus leurs « compagnes ». Malgré cette grand-messe, nous sommes
comme la sœur Jeanne du conte : «nous ne voyons rien venir !» La communication ne remplacera
jamais la mise en place de tels outils.
Les questions de société concernant la liberté des femmes de disposer
de leur corps semble de plus en plus recevoir des réponses régressives
et liberticides. À travers le monde, les reculs sont notoires avec
des votes contre l’IVG, etc. Les agressions sexuelles et les féminicides
se multiplient dans certains pays d’Amérique du Sud par exemple, en
Inde, etc. La société occidentale elle-même est vérolée par des idées
que colportent certains auteurs, politiciens ou journalistes qui font
dresser les cheveux sur la tête.
Bien entendu #MeToo et #Balancetonporc ont fait bouger les lignes.
Mais s’il est nécessaire de signaler les méfaits, où sont les moyens que
d’autres pays, comme l’Espagne, possèdent depuis longtemps ? Où
est le programme de prévention pour protéger les femmes, mais aussi
pour éduquer afin de modifier les rapports entre les hommes et les
femmes ? Les discours se radicalisent dans tous les camps et finissent
par créer des oppositions qui ne peuvent exister dans notre humanité,
au risque de la scinder en deux et de l’éradiquer. Ce manque d’éthique
n’est-il pas la marque de ce 21e siècle ?
Les idées d’un autre temps tentent de réimposer cette fonction reproductrice
comme un critère pour l’identité féminine. Comme si les
femmes se devaient d’enfanter pour être considérées. Ce devoir étant
encadré par un moralisme «tartufère» qui interdit à certaines d’entre elles qui ne respectent
pas la soumission et trouvent des moyens alternatifs d’être mères. Ces conceptions
ne peuvent que nous révolter, car si les femmes ont le droit d’enfanter, elles ont aussi
le droit de ne pas le faire. Et la fonction reproduction n’est pas un «devoir» comme si
leurs corps devaient servir la grande ferme étatique. Cette vision qui rappelle quelque peu
l’eugénisme est diffusée de plus en plus par certains religieux, par certains conservateurs
et par certains extrémistes de droite… Mais dans cette période étrange où la novlangue
gère la communication : il semblerait que les victimes de ce rapport injuste, que sont les
femmes, soient transformées en coupables. N’entend-on pas des commentateurs se permettre
de dire qu’un certain « politiquement correct » plutôt de gauche est liberticide et
sectaire. En effet les racistes, tout comme les sexistes, au nom de la liberté d’expression
se plaignent de ne pouvoir s’exprimer librement en utilisant ce genre d’argument. Je le
répéterais ici : le sexisme est un racisme, et le racisme n’est pas une opinion, c’est un délit.
COVID INTERROMPU
Ceux qui se plaisent à faire leur beurre sur la diffusion de ce genre d’idées devraient être
jugés. Le gain a transformé l’interprétation de la loi : c’est comme cela que certains leaders
de cette pensée rétrograde animent des émissions TV, écrivent… Comment peuvent-ils se
prévaloir d’une liberté, eux qui prêchent l’oppression et l’inégalité. Il me semblait qu’en République
Antoine de Saint-Just avait très bien posé ce concept qui d’ailleurs fait partie
des grands principes historiques et intangibles sur lesquels s’appuie la Constitution : «Chez
les peuples vraiment libres, les femmes sont libres et adorées», ou «Pas de liberté pour les
ennemis de la liberté» (Antoine de Saint-Just dans L'esprit de la Révolution).
Alors de grâce, laissez la moitié de l’Humanité vivre comme elle le veut. Nous avons bien
d’autres problèmes. Mais dans la période quasi dystopique que nous vivons, il est vrai
que le gain peut justifier la diffusion de ces basses idées. Elles font vendre, semblerait-il.
L’illogisme installé dans les démocraties qui se disent «libérales» est
ahurissant. D’ailleurs, de quel droit peuvent-elles se qualifier grâce à
un concept de liberté alors que cette dernière y est mise à mal avec
des scénarios très différents, mais de plus en plus opprimants et nombreux
? Moins de liberté pour préserver la sécurité, moins de liberté
pour préserver la santé, moins de liberté pour préserver la morale,
pour les contradicteurs, pour préserver le pouvoir en place… Nous
sommes même parvenus à ce que le judiciaire prenne des décisions
pour préserver le pouvoir en place ou des élections, bafouant ainsi le
sacro-saint principe de séparation des pouvoirs républicains. On croit
rêver… Un vrai cauchemar.
Dans cette saison paradoxale qui voit, après un printemps précoce de
janvier et février, l’hiver tomber 20 jours avant le printemps, où Notre
Mère la Terre souffre comme jamais, arrive le covid, le virus… Inquiétant,
il l’est… Mais il me questionne pour d’autres raisons. Il meurt des
milliers de gens chaque année de la grippe, pourquoi ne pas avoir
imposer les mêmes alertes et contrôles alors ? Un foyer de « dengue »
est devenu autochtones sur la Côte, que fait-on ? J’ai même reçu un
communiqué d’une députée alertant sur le problème des moustiques
qui pourraient faciliter la propagation de cette dingue et d’autres affections
tropicales qui se multiplient localement avec les changements climatiques. Elle
appelait à la solidarité locale, etc. Mais la sécurité sanitaire est du domaine de l’état et
de toutes les collectivités. Cette culpabilisation est bien toujours à classer dans le droit fil
de cette étrange inversion des rapports : les victimes sont déclarées coupables si elles ne
font rien pour se défendre. Mais faudrait-il qu’elles le sachent ? Assez de démagogie, d’infantilisation
et de culpabilisation. Le pire des dirigeants que fut ce ministre de l’intérieur
italien, et qui, fraîchement élu, s’est permis de dire qu’il «nettoierait, les rues une à une…»
Quand il parlait de nettoyage, il évoquait tout bonnement le «nettoyage» ou «l’épuration»
ethnique… Maintenant que l’Italie est touchée, on voit bien que le danger ne vient pas des
migrants comme il le sous-entendait ignoblement, mais bien du business mondial, de
cette débauche de délocalisation, de cette économie qui ne fonctionne que sur le profit et
fait des économies sur la santé, l’éducation, la culture et le social. Et comme dans la fable
: Nous nous trouvâmes fort dépourvus quand le covid 19 fut venu…
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