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LUS_175:LUS_175 28/07/10 14:33 Page 22 Summerlied [Suite de la p.20] Pas assez « re-connus », et c'est ce que nous essayons de changer. Bien sûr, leur notoriété est insuffisante, et pas assez « flächendeckend », en raison même de la « peau de léopard », pour ne pas dire « peau de chagrin » ! de la maîtrise et de la pratique de l' « alsacien » aujourd’hui. Nous voulons être une « pépinière » pour nos talents, mais après, il faut les planter en pleine terre, c'est-àdire dans les allées, dans les bacs des disquaires, sur les platines des bars et des radios, sur le Net... Avez-vous l’impression au terme de ces sept éditions organisées à Ohlungen, que ce festival est suffisamment connu en Alsace ? Summerlied est connu, notamment grâce à nos amis dans les médias. Le problème, c'est que si notre nom « sonne bien », le public a encore du mal à nous « situer » dans l'offre des activités estivales. Bien sûr, quand on habite le Sundgau, Ohlungen n'est pas à côté, mais nous ne sommes pas non plus en Alaska ! Et il y a dans un rayon de 50 km assez d'habitants pour nous faire vivre et nous donner des possibilités de développement. Cela étant, les Alsaciens m’apparaissent parfois un peu frileux. Je crois qu’un maximum de monde devrait se déplacer, ne serait-ce qu’une fois par édition… C’est l’affaire de l’Alsace toute entière ! Le festival doit se gagner à chaque édition. Sylvie Reff 22 Land un Sproch 175 Pourquoi une tournée du festival Sum mer - lied en Macédoine du 9 au 13 juin 2009 ? Qui y a pris part et quelles leçons en tirezvous ? Avez-vous d’autres projets de tournée ou d’initiatives artistiques en Macédoine ? Il est vrai que nous n’envisagions pas de développer notre « zone de chalandise » jusque dans les Balkans ! Mon séjour professionnel dans ce pays m’a permis de nouer des relations qui ont facilité la réalisation du projet avec plusieurs partenaires : l’Union Internationale des Alsaciens, l’Ambassade de France et les villes de Skopje et de Veles. La Manivelle et Sylvie Reff ont présenté un magnifique programme qui s’est invité durant plus d’une heure en direct sur la 1ère chaîne de télévision macédonienne ! Cela fut aussi l’occasion -mais fallait-il le démontrer concernant ces artistes- de faire prendre conscience aux artistes alsaciens de leur capacité à s’exporter. Comme l’a d’ailleurs fait Roland Engel au Chili durant la même période. Un vrai signal à la « scène dialectale » de se donner les moyens pour tenter des expériences inédites. Parlez-nous des passerelles lancées entre Summerlied et le festival Rheinfest du 18 au 20 septembre 2009 ? Summerlied ne peut demeurer isolé. Summerlied doit et veut rechercher des synergies avec d’autres porteurs de projets. Nous avons déjà évoqué les partenariats artistiques initiés en 2010. En nous voyant confier la programmation du Rheinfest par la Ville de Strasbourg l’année dernière, d’autres pistes s’offrent à nous. Summerlied souhaite ardemment contribuer à inscrire la culture alsacienne dans l’espace rhénan ! Propos recueillis par Albert Weber Le jeu concours de Land un Sproch Roland Engel 10 ENTRÉES GRATUITES au « Summerlied » du 12 au 15 août 2010 Pour participer au tirage au sort, il suffit de nous adresser avant le 10 août sur une feuille votre nom, prénom -c’est obligatoire, le prénom- et adresse. Une seule participation par personne. Et à répondre à la question suivante : DANS QUELLE COMMUNE SE TROUVE LA PLAQUE DE RUE « GUTLEUTBAECHEL » ? (voir ce numéro) Le tout est à adresser à Culture et Bilinguisme-Land un Sproch 5, boulevard de la Victoire/Niklausring 67000 Strasbourg
LUS_175:LUS_175 28/07/10 14:33 Page 23 Kurz un guet Leo Schnug Méditations subjectives et décadentes Qu'est-ce que la peinture de Schnug ? Qui est Schnug ? Que se passe-t-il en son esprit, lorsqu'il vit son expérience historique et essentielle ? C'est-à-dire lorsqu'il se campe en l'un de ces recoins odorants et utopistes que les architectes de 1900 ont multiplié en toute la Ville... Utopistes, oui : ces recoins se pelotonnent comme les fragments inestimables d'utopies ignorées en leur temps même, et combien effacées aujourd'hui ! Des palais vides, résonnant du rien de leur écho, du regard vide qui les voit sans que nul ne les entende ... Schnug voit, accessoirement, du néo-Renaissance, du néo-baroque, et les nouveaux mondes de l'éclectisme dépassé ; mais surtout, il voit du néo-médiéval - c'est-à-dire qu'il voit le Moyen Age de son temps. Qu'est-ce que le Moyen Age, pour Schnug, et que représente-t-il ? La vérité de l'époque où il vit et oeuvre, de sa société, les apparences qui le traduisent et le révélent ? Ou bien un surcroît, un beau surplus ré-enchanteur qui lui permet de supporter un monde désormais gris sale, prosaïque et péremptoire ? Certes, bien peu d'impulsions politiques et idéologiques ont dû le mouvoir ... Autoportrait L'oeil de Schnug saisit du vivant qui sourd ou surgit de l'inerte, du pétrifié; il voit du tendre naître de l'iné-branlable, de l'érigé; là-bas, des glycines, des chèvrefeuilles sinuent hors de l'érosion d'une lancéole, d'une hallebarde de fer et de plomb. Et le peintre aux amanites pourprées, aux pampres lustrés, fixe le mouvement du grotesque, du burlesque insoutenablement désespérant qui sillonnent les larges chemins d'une Alsace poussiéreuse et embourbée à la fois. Une lourde menace, une balance déjà rompue . Il y a là toute une légèreté tordue et distordue; elle rappelle cette minuscule Cathédrale qu'Emile Gallé fait peindre à la même époque sur l'une de ses assiettes, à côté de la devise : Vergiss mein nicht ! La flèche alanguie vers le bas comme un membre mou ou bien liquescent - impuissance de l'Alsace recluse en elle-même, ou syphilis fin de siècle ? Légèreté. Non pas évanescence fuligineuse, mais insinuation végétale, retorsement tenace . Chauve-souris et lansquenets, échauguettes et pignons... Le regard et la posture de Schnug, cette torsion en apesanteur mêlée à une joyeuse férocité sans réflexion, sont propres à qui se sait dispensable, à celui pour qui l'apparence seule et pure suscite le plaisir : ressaisie ou hallucinée, en l'apparence seule en tout cas réside l'intérêt et, peut-être, la grâce de ce monde industriel et monétarisé, création de Bismarck, le junker en rupture... Il faut, pour y trouver son salut, l'insolence, la gaîté et la morbidezza de celui qui ne repousse rien de l'ordonnancement social, de toute cette comédie revêche -mais admirons les festivités de la Hohkönigsburg en mai 1908, que Schnug organise, et qui se noie dans le kitsch robuste et le déluge céleste- mais qui en goûte avec une exultante simplicité le pur scintillement (il ne peut s'empêcher d'y voir l'épiderme d'un crapaud après l'averse), avec le virement d'aile vertigineux de qui se sait au-delà comme un aigle rouge, qui s'éprouve avec rire et angoisse inutile, de celui qui croit trouver sa consistance dans ce rien essentiel, mais paradoxal, truculent, et joyeusement absurde : ces couleurs et ces formes torses, volubiles et dérisoires par quoi l'artiste guérit de cette maladie qu'on appelle « monde ». Et cependant, au fil des ans, la sûreté du geste de Schnug se perd inéluctablement, et par là, celle de ses visions représentées, de ses images hallucinées, ou de ses images mentales... Un tremblé qui est celui même de son temps, juste avant le Grand Massacre . Il subsiste donc, de Schnug, un jaillissement d'images, remèdes et rejeton merveilleux du réel de métal - en vérité, des avortons splendides ; car l'Autre Monde, le monde enchanté, est bien mort déjà. Le romantisme a échoué à le ressusciter, un demi-siècle plus tôt ; et il n'existe déjà plus qu'un seul monde substantiel : celui de la Bourse, et bientôt, des casques d'acier. Les lansquenets, d'images hallucinées, deviennent de purs clichés. En Occident, les ondines, les filles du Rhin -le Monde autre, ses hiérarchies et sortilèges- ont bel et bien vécu. Marc Büffel - Chaudeur Land un Sproch 175 23
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