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arts on aime <strong>le</strong>s livres<br />
TOUTES LES COULEURS DES TÉNÈBRES<br />
Un doub<strong>le</strong> drame secoue la<br />
petite vil<strong>le</strong> d’Eastva<strong>le</strong>. Un<br />
homme est retrouvé pendu à<br />
un arbre au fin fond d’une<br />
forêt. Suicide ou meurtre<br />
déguisé? Une <strong>le</strong>ttre retrouvée<br />
dans la voiture abandonnée<br />
du mort, mène à une seconde<br />
scène de crime des plus atroces<br />
: <strong>le</strong> corps d’un homme<br />
horrib<strong>le</strong>ment mutilé, la tête<br />
défoncée, <strong>le</strong>s organes génitaux<br />
broyés.<br />
Les deux hommes, dans la<br />
soixantaine, étaient amants:<br />
<strong>le</strong> premier, Mark Hardcast<strong>le</strong>, est un décorateur de<br />
théâtre issu de la classe populaire; <strong>le</strong> second, Laurence<br />
Silber, est un riche héritier. Il semb<strong>le</strong> bien que Mark ait<br />
tué son amant, entraîné par une crise de jalousie, et<br />
qu’ensuite il se soit pendu, taraudé par la culpabilité et<br />
par <strong>le</strong> chagrin.<br />
Mais ce scénario est-il exact? Et si oui, se pourrait-il<br />
que la vérité soit un peu plus tordue? Après tout, il<br />
s’avère que Laurence ait fait partie des services secrets<br />
britanniques, <strong>le</strong> MI6, et il semb<strong>le</strong> qu’il ait eu vent de<br />
multip<strong>le</strong>s secrets. Se pourrait-il que <strong>le</strong> gouvernement<br />
ait désespérément cherché à empêcher la révélation<br />
de douloureuses malversations? La pièce de théâtre<br />
Othello apportera certaines lumières dans cette<br />
ténébreuse enquête.<br />
Une intrigue bien menée, mais qui quelquefois manque<br />
un peu de crédibilité. Après tout, il est bien loin <strong>le</strong><br />
temps où l’on pouvait croire que certains secrets puissent<br />
complètement déstabiliser <strong>le</strong> gouvernement.<br />
N’empêche que <strong>le</strong> tout est bien ficelé, et <strong>le</strong>s amateurs<br />
de l’inspecteur Banks y trouveront <strong>le</strong>ur compte. Pour<br />
<strong>le</strong>s autres, c’est l’occasion de s’initier à ce policier considéré<br />
comme l’un des enquêteurs prépondérants du<br />
roman policier britannique. q Benoît MIGNEAULT<br />
Peter Robinson. Paris : Albin Michel, 2010. 501p.<br />
(Le livre de poche).<br />
UNNATURAL :<br />
AN ARCHANGEL<br />
ACADEMY NOVEL<br />
Les vampires ont actuel<strong>le</strong>ment<br />
la cote! Au cinéma ou<br />
à la télé, on n’a qu’à penser<br />
à True blood et Vampire diaries<br />
ou Twilight chez <strong>le</strong>s<br />
ado<strong>le</strong>scents. Les ados gais<br />
ne sont pas en reste puisque<br />
<strong>le</strong> premier volume<br />
d’une trilogie vient d’être<br />
publié : Unnatural sera, en<br />
effet, suivi de Unwelcome<br />
en septembre 2011 et de Unafraid en mars 2012.<br />
Michael réside dans un trou perdu du Nebraska en compagnie<br />
de sa mère. À la suite du suicide de cette dernière,<br />
son père se manifeste de nul<strong>le</strong> part et <strong>le</strong> ramène en Ang<strong>le</strong>terre,<br />
où Michael aspire enfin à être heureux. Il devient<br />
pensionnaire à Archangel Academy et tombe<br />
immédiatement sous <strong>le</strong> charme de Ronan, qui semb<strong>le</strong><br />
partager ses inclinaisons amoureuses.<br />
Mais rien n’est parfait! Son père lui présente la sulfureuse<br />
Brania, fil<strong>le</strong> d’un collègue, avec qui il entend <strong>le</strong><br />
marier afin de consolider son entreprise. Par ail<strong>le</strong>urs,<br />
Ronan semb<strong>le</strong> cacher certains secrets, et l’ex de ce<br />
dernier, aux yeux constamment cachés par des verres<br />
fumés, tentent de manipu<strong>le</strong>r Ronan et Michael pour<br />
106 <strong>Fugues</strong>.com juin 2011<br />
détruire cet amour naissant.<br />
On l’aura deviné, Ronan est un vampire, mais ce dernier<br />
est ostracisé par sa propre communauté, puisqu’il est un<br />
hybride, un impur. Les deux amants sauront-ils vaincre <strong>le</strong>s<br />
forces extérieures? Et pourquoi Michael fut-il retiré des<br />
mains de son père dès son jeune âge? Quel secret <strong>le</strong> patriarche<br />
cache-t-il?<br />
Les amateurs de littérature fantastique seront intrigués<br />
par cette nouvel<strong>le</strong> série. Il faut cependant prendre garde<br />
puisqu’el<strong>le</strong> est assurément destinée à un public ado<strong>le</strong>scent<br />
et qu’il y foisonne des déclarations ampoulées d’un<br />
romantisme trop sucré. L’auteur fait cependant parfois<br />
preuve d’originalité en ce qui a trait à la mythologie en<br />
place, et c’est avec une certaine curiosité qu’on attendra<br />
<strong>le</strong>s volumes suivants. q B. MIGNEAULT<br />
Michael Griffo. New York : Kensington Books, 2011. 498p.<br />
SPLIT<br />
Un beau coup de cœur<br />
qu’est ce roman sur la découverte<br />
de l’amour et de<br />
la sexualité qui se dérou<strong>le</strong><br />
à Montréal, plus précisément<br />
à Verdun. La littérature<br />
gaie québécoise de<br />
langue anglaise est, par<br />
ail<strong>le</strong>urs, une denrée particulièrement<br />
rare, ce qui<br />
ne fait qu’ajouter à l’intérêt<br />
de ce récit.<br />
L’intrigue est articulée autour<br />
de Derek, un jeune<br />
homme d’origine irlandaise, que l’on rencontre à deux<br />
moments de sa vie : au début de l’ado<strong>le</strong>scence, alors<br />
qu’il ressent une fascination pour Nicolai Lund, <strong>le</strong> frère<br />
aîné de son ami Boone et, dix-sept ans plus tard, alors<br />
qu’il est sur <strong>le</strong> point de se marier avec Nathan, un<br />
homme charismatique, mais ô combien dominateur.<br />
Sa tante Francine lui remet alors des <strong>le</strong>ttres qu’il avait<br />
écrites pendant son ado<strong>le</strong>scence et qui l’obligent à<br />
porter un regard neuf sur cette période et, surtout, à<br />
l’endroit de Nicolai, son premier amour. Derek s’est<br />
toujours laissé un peu ballotter par <strong>le</strong>s événements et<br />
par <strong>le</strong>s hommes présents dans sa vie : parviendra-t-il<br />
enfin à prendre son existence en main?<br />
Il se passe peu de choses dans ce roman, mais on ne<br />
peut s’empêcher de <strong>le</strong> dévorer rapidement, tant <strong>le</strong> désir<br />
de connaître <strong>le</strong> fin mot de l’histoire prend possession<br />
du <strong>le</strong>cteur. Les personnages sont très bien développés<br />
et, surtout, crédib<strong>le</strong>s, ce qui joue un rô<strong>le</strong> prépondérant<br />
dans l’empathie que l’on ressent pour ceux-ci et pour<br />
<strong>le</strong>ur destin.<br />
Peut-être la conclusion est-el<strong>le</strong> un peu prévisib<strong>le</strong>, mais<br />
on n’en tient guère rigueur à l’auteure, puisqu’el<strong>le</strong><br />
nous amène ainsi à partager <strong>le</strong> destin d’un personnage<br />
éminemment sympathique.<br />
Une bel<strong>le</strong> découverte! q B. MIGNEAULT<br />
Mel Bossa. Val<strong>le</strong>y Falls, N. Y. : Liberty, 2011. 237p.<br />
JOURNAL D’OMELETTE<br />
En 1998, Rémi Lange diffuse en sal<strong>le</strong> Ome<strong>le</strong>tte, un film<br />
tourné en super 8, qui est axé sur un thème éminemment<br />
personnel — comment annoncer son homosexualité à sa<br />
famil<strong>le</strong> et, surtout, la crainte de <strong>le</strong>urs réactions. Une démarche<br />
qui lui permet de se décharger d’un fardeau —<br />
mais qui amènera éga<strong>le</strong>ment sa mère à lui faire une<br />
révélation choc! J’ignore si un autre projet du genre fut<br />
déjà réalisé, mais il est assez troublant de pénétrer aussi<br />
profondément dans l’intimité d’un homme, de contemp<strong>le</strong>r<br />
ses incertitudes, ses hésitations, ses contradictions,<br />
de même que cel<strong>le</strong>s de ses proches, qui sentent peser sur