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La douleur c'est sensible - Valenciennes

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la <strong>douleur</strong><br />

c’est <strong>sensible</strong>!<br />

CENTRE HOSPITALIER<br />

DE VALENCIENNES<br />

IKKON - Europe<br />

Votre numéro spécial<br />

par le Centre hospitalier de <strong>Valenciennes</strong><br />

la <strong>douleur</strong><br />

c’est <strong>sensible</strong> !<br />

CENTRE HOSPITALIER<br />

DE VALENCIENNES


la <strong>douleur</strong><br />

c’est <strong>sensible</strong> !<br />

CENTRE HOSPITALIER DE VALENCIENNES<br />

AVENUE DÉSANDROUIN • BP 479 • 59322 VALENCIENNES CEDEX<br />

Dossier Hopival


2<br />

Centre hospitalier de <strong>Valenciennes</strong>


<strong>La</strong> <strong>douleur</strong> est le symptôme le plus<br />

fréquent que nous rencontrons dans<br />

notre exercice médical.<br />

Depuis vingt-cinq ans, un progrès<br />

phénoménal a été noté dans le<br />

domaine de la recherche fondamentale<br />

et clinique : la <strong>douleur</strong> est devenue<br />

une entité à part entière.<br />

Une sensibilisation accrue du personnel<br />

soignant est réalisée pour la<br />

prise en charge des personnes qui<br />

souffrent, par la création de “groupes<br />

de <strong>douleur</strong>” qui se multiplient de plus<br />

en plus dans les hôpitaux. <strong>La</strong> création<br />

du groupe de la <strong>douleur</strong> au<br />

Centre hospitalier de <strong>Valenciennes</strong> est<br />

une réponse adaptée à ce problème et<br />

la journée de la <strong>douleur</strong> qui s’est<br />

déroulée le 11 décembre 1997 n’avait<br />

qu’un seul but : vous sensibiliser pour<br />

partager ensemble la prise en charge<br />

de ce mal que nous rencontrons<br />

>>>><br />

la <strong>douleur</strong><br />

Docteur Simon Frangie<br />

Praticien hospitalier<br />

Service d’anesthésie - réanimation<br />

quotidiennement dans notre exercice<br />

professionnel et à tous les niveaux<br />

(médical et paramédical). Ce numéro<br />

spécial <strong>douleur</strong> n’a pas la prétention<br />

d’être purement scientifique. Notre<br />

but est de vous faire vivre au quotidien<br />

la démarche des équipes médicales<br />

et paramédicales dans leurs stratégies<br />

de lutte contre la <strong>douleur</strong>. Après<br />

un premier chapitre où nous vous proposons<br />

une définition de la <strong>douleur</strong><br />

avec ses multiples facettes, nous vous<br />

présenterons la prise en charge de la<br />

<strong>douleur</strong> aiguë (postopératoire, <strong>douleur</strong><br />

de l’accouchement), la <strong>douleur</strong><br />

chronique (migraine, cancer, Sida…)<br />

et enfin la <strong>douleur</strong> psychogène.<br />

Un chapitre méritera spécifiquement<br />

votre attention, celui de la “<strong>douleur</strong>”<br />

du soignant qui doit gérer son stress<br />

quotidien face aux personnes qui<br />

souffrent.<br />

Centre hospitalier de <strong>Valenciennes</strong> 3


SOMMAIRE<br />

1. LA DOULEUR ............................................................................................................................. 7<br />

Définition, aspects, types, paliers, classification des antalgiques<br />

Docteur Albert Verrier<br />

2. LA DOULEUR postopératoire......................................................................................... 13<br />

Docteur Cécile Vigier<br />

Équipe des infirmières-anesthésistes diplômées d’État (IADE)<br />

3. DOULEUR de la parturiente et son traitement.................................................. 19<br />

Docteur Sylvie Fontaine<br />

Équipe de sages-femmes du Centre hospitalier de <strong>Valenciennes</strong><br />

4. LA MIGRAINE ......................................................................................................................... 27<br />

Docteur Mariam Majid<br />

5. CANCER, hématologie et <strong>douleur</strong>............................................................................ 29<br />

Docteur Sylvie Block<br />

Équipe hématologie et équipe oncologie<br />

6. SIDA et <strong>douleur</strong> .................................................................................................................. 33<br />

Compte rendu Sofred<br />

7. ANGOISSE : <strong>douleur</strong> de l’esprit ................................................................................. 35<br />

Docteur Philippe Granato<br />

8. KINÉSITHÉRAPIE et <strong>douleur</strong> .......................................................................................... 37<br />

Équipe de kinésithérapie<br />

9. SOIGNANTS et <strong>douleur</strong> ................................................................................................... 39<br />

Groupe “soignants”<br />

10. LA DOULEUR ET L’ENFANT................................................................................................ 41<br />

Groupe de travail sur la <strong>douleur</strong> de l’enfant<br />

Coordination : docteur Patrick Debray<br />

11. COMMUNICATIONS DIVERSES........................................................................................ 45<br />

Centre hospitalier de <strong>Valenciennes</strong> 5


6<br />

Centre hospitalier de <strong>Valenciennes</strong>


Docteur Albert Vérier<br />

Praticien hospitalier chef de service<br />

Service de neurologie<br />

Patrick Coupé<br />

Assistant spécialiste<br />

Pharmacie<br />

>>>><br />

LA DOULEUR<br />

définition, aspects, types, paliers,<br />

classification des antalgiques<br />

“Mais la <strong>douleur</strong> est un parfait malheur,<br />

le pire des maux, excessive,<br />

elle vient à bout de toute patience…”<br />

Milton, le “paradis perdu”, livre 6.<br />

<strong>La</strong> <strong>douleur</strong> remonte à la nuit des temps.<br />

Toutes les civilisations au cours des siècles<br />

témoignent de sa présence et elle a fondamentalement<br />

influencé l’histoire des<br />

Hommes et de l’humanité.<br />

De l’Antiquité au XXe siècle, de l’Europe à<br />

l’Afrique et quelques soient les religions ou<br />

doctrines, la <strong>douleur</strong> a inspiré les comportements<br />

et les opinions les plus variés.<br />

À des degrés divers, de nombreux philosophes,<br />

théologiens et écrivains ont sublimé<br />

celle-ci en lui accordant une certaine valeur<br />

rédemptrice ou ont exalté sa grandeur et<br />

son acceptation. Pour le christianisme “tu<br />

enfanteras dans la <strong>douleur</strong>”. Pour le stoïcisme<br />

: “Douleur, tu n’es pas un mal”.<br />

Cependant, la médecine recherche depuis<br />

toujours les moyens de la combattre, car la<br />

<strong>douleur</strong> est une force qui affaiblit voire<br />

anéantit la personne. Elle a, par ailleurs,<br />

des conséquences émotionnelles, physiques,<br />

sociologiques et économiques. Les progrès<br />

effectués par la science permettent maintenant<br />

de mieux comprendre ses mécanismes.<br />

<strong>La</strong> <strong>douleur</strong> est depuis vingt ans beaucoup<br />

mieux traitée et prise en compte, mais il<br />

apparaît malgré tout que sa prise en charge<br />

reste parfois largement insuffisante, en<br />

France comme ailleurs.<br />

Au sein de l’hôpital, préserver les personnes<br />

soignées de leur <strong>douleur</strong> est aujourd’hui<br />

l’affaire de tous, avec l’aide si besoin d’une<br />

structure référente. C’est pour cette raison<br />

qu’un groupe pluridisciplinaire s’est constitué<br />

au sein du Centre hospitalier de<br />

<strong>Valenciennes</strong>, depuis mars 1996.<br />

Qu’est ce que la <strong>douleur</strong> ?<br />

<strong>La</strong> définition de l’Association internationale<br />

de l’étude de la <strong>douleur</strong> (1979)<br />

illustre bien le caractère pluridimensionnel<br />

de la notion de <strong>douleur</strong> :<br />

“<strong>La</strong> <strong>douleur</strong> est une expérience sensorielle<br />

et émotionnelle désagréable, associée à<br />

un dommage tissulaire présent ou potentiel,<br />

ou décrite en terme d’un tel dommage.”<br />

C’est toujours une expérience subjective,<br />

colorée par les apprentissages antérieurs<br />

et les motivations actuelles.<br />

Une <strong>douleur</strong> psychogène, sans lésion<br />

objective, est aussi légitime qu’une <strong>douleur</strong><br />

physique !<br />

Centre hospitalier de <strong>Valenciennes</strong><br />

1<br />

7


l a d o u l e u r<br />

8<br />

<strong>La</strong> <strong>douleur</strong> et ses<br />

composantes multiples<br />

1) Composante sensorielle : grâce aux mécanismes<br />

nerveux permettant le décodage<br />

de la qualité, l’intensité et la localisation<br />

des messages douloureux.<br />

2) Composante affective et émotionnelle :<br />

du fait de la tonalité désagréable,<br />

pénible, parfois insupportable, menant<br />

à un état anxio-dépressif.<br />

3) Composante cognitive ou intellectuelle :<br />

• Quelle signification le malade donne<br />

de sa <strong>douleur</strong> chronique ?<br />

• selon son attention, son interprétation,<br />

ses références à des expériences douloureuses<br />

antérieures personnelles ou<br />

observées, ses anticipations…<br />

4) Composante comportementale :<br />

Ce sont les manifestations verbales et<br />

non verbales de la personne qui souffre :<br />

prostration, agitation…<br />

5) Contexte socio-économique :<br />

Un artisan ou une personne au chômage<br />

ne réagissent pas de la même manière à<br />

un même mécanisme douloureux…<br />

6) Composante culturelle et ethnique :<br />

“Un garçon ne doit pas se plaindre”<br />

“Le syndrome méditerranéen”…<br />

7) Composante religieuse :<br />

“Gagner son ciel”…<br />

On comprend dès lors que la prise en charge<br />

d’une <strong>douleur</strong> chronique est nécessairement<br />

pluridisciplinaire.<br />

Centre hospitalier de <strong>Valenciennes</strong><br />

Trois grands types<br />

de <strong>douleur</strong><br />

Et donc trois prises en charge thérapeutiques<br />

:<br />

1) Excès de stimulation nocive<br />

(ou nociceptive) :<br />

Exemple : <strong>douleur</strong> lors d’une fracture,<br />

d’un abcès…<br />

• Activation des récepteurs périphériques<br />

de la <strong>douleur</strong>, transmission vers le cerveau<br />

avec une modulation et un contrôle<br />

des influx douloureux aux différents étages<br />

du système nerveux et surtout au niveau<br />

de la moelle épinière.<br />

• Leur traitement fait appel à trois niveaux<br />

d ‘antalgiques :<br />

– paracétamol, Aspirine*…<br />

– codéine…<br />

– morphiniques…<br />

2) Douleur neuropathique (ou neurogène)<br />

ou de désafférentation :<br />

Exemple : <strong>douleur</strong> après compression prolongée<br />

et lésion d’une racine nerveuse,<br />

<strong>douleur</strong> après zona, <strong>douleur</strong> des personnes<br />

amputées (violente <strong>douleur</strong> d’un<br />

pied qu’on n’a plus et ce n’est pas “psychique”…)<br />

Les neurones douloureux lésés deviennent<br />

hyperexcitables par défaut d’inhibition.<br />

Ce sont des <strong>douleur</strong>s à types de brûlures<br />

ou de décharges électriques ou encore<br />

de picotements…<br />

Ces <strong>douleur</strong>s sont in<strong>sensible</strong>s aux antalgiques<br />

usuels et même aux morphiniques<br />

et nécessitent des traitements spécifiques :<br />

certains anti-épileptiques ou anti-dépresseurs,<br />

la neurostimulation…


l a d o u l e u r<br />

3) Douleur psychogène :<br />

Exemple : la plupart des céphalées<br />

(en dehors de la migraine vraie !)…<br />

Les caractères de la <strong>douleur</strong> évoquent ce<br />

mécanisme et le bilan est négatif. Ce ne<br />

sont pas des <strong>douleur</strong>s de cause non<br />

retrouvée ni des <strong>douleur</strong>s simulées.<br />

De la <strong>douleur</strong> symptôme<br />

(aiguë) à la <strong>douleur</strong><br />

maladie (chronique)<br />

<strong>La</strong> <strong>douleur</strong> aiguë est un signal d’alarme<br />

utile car elle protège l’individu (en lui évitant<br />

par exemple de marcher sur une jambe<br />

fracturée…)<br />

Mais lorsque la <strong>douleur</strong> devient chronique<br />

(au-delà de trois à six mois), elle devient<br />

une maladie en elle-même avec des mécanismes<br />

divers (neurophysiologiques, psychologiques…)<br />

et des phénomènes comportementaux<br />

spécifiques. Cette <strong>douleur</strong><br />

est dévastatrice, nocive et conduit à la<br />

dépression.<br />

Les paliers de la <strong>douleur</strong><br />

L’Organisation mondiale de la santé (OMS)<br />

a établi une échelle pour l’utilisation des<br />

antalgiques. Elle classe la <strong>douleur</strong> selon<br />

3 paliers :<br />

• Douleur légère (palier I)<br />

Utilisation d’antalgiques périphériques<br />

pouvant être associés ou non à des<br />

thérapeutiques adjuvantes.<br />

• Douleur légère à modérée (palier II)<br />

Utilisation d’opiacés faibles associés ou<br />

non à des antalgiques périphériques et/ou<br />

des adjuvants.<br />

• Douleur modérée à sévère (palier III)<br />

Utilisation d’antalgiques centraux (morphiniques)<br />

associés ou non à des antalgiques<br />

non opiacés et/ou adjuvants.<br />

Chaque palier ne sera atteint que lorsque les<br />

médicaments du palier précédent, utilisés<br />

à dose optimale, se révèlent insuffisants ou<br />

inefficaces.<br />

Classification<br />

pharmacologique<br />

des antalgiques<br />

Les antalgiques périphériques<br />

(non dérivés de l’opium)<br />

Ils exercent essentiellement leur action en<br />

périphérie au niveau des tissus lésés. Ils<br />

sont très souvent utilisés pour traiter des<br />

<strong>douleur</strong>s légères de palier I. Ils se répartissent<br />

de la façon suivante :<br />

1) Antalgiques anti-inflammatoires antipyrétiques<br />

: ce sont les anti-inflammatoires<br />

non stéroïdiens ou A.I.N.S. Leur<br />

chef de file est l’aspirine*. Parmi les autres<br />

membres de cette classe, on peut citer le<br />

nalgésic*, le nurofen*.<br />

2) Antalgiques antipyrétiques : chef de<br />

file, le paracétamol (efferalgan*, doliprane*).<br />

Son pouvoir antalgique est comparable<br />

à celui de l’aspirine. On y trouve<br />

également la noramidopyrine mais celleci<br />

est réservée au traitement des <strong>douleur</strong>s<br />

de palier II. Elle est surtout commercialisée<br />

sous forme d’associations de<br />

principes actifs dont les plus connues<br />

sont : baralgine*, viscéralgine forte*,<br />

optalidon* ou salgydal*.<br />

>>>><br />

Centre hospitalier de <strong>Valenciennes</strong><br />

1<br />

* Correspond à des<br />

spécialités médicales<br />

et les signalent donc<br />

comme telles.<br />

9


l a d o u l e u r<br />

* Correspond à des<br />

spécialités médicales<br />

et les signalent donc<br />

comme telles.<br />

10<br />

3) Antalgiques “purs” : une spécialité est<br />

encore commercialisée à ce jour. Il s’agit<br />

de l’idarac* dont le pouvoir antalgique<br />

est légèrement supérieur à celui de l’aspirine<br />

ou du paracétamol.<br />

Les antalgiques centraux<br />

Ce sont des opiacés puissants ayant pour<br />

chef de file la morphine. Ils servent à<br />

traiter les <strong>douleur</strong>s de palier III. On divise les<br />

morphiniques en :<br />

• Produits naturels : morphine, codéine,<br />

• Produits semi-synthétiques : héroïne,<br />

buprénorphine (temgésic*), nalbuphine<br />

(nubain*),<br />

• Produits synthétiques : méthadone, dextromoramide<br />

(palfium*), dextropropoxyphène<br />

(antalvic*), pentazocine<br />

(fortal*), péthidine (dolosal*), tramadol<br />

(topalgic*).<br />

Les antalgiques mixtes<br />

Ce sont des associations d’un antalgique<br />

central et d’un antalgique périphérique.<br />

On associe très fréquemment la codéine au<br />

paracétamol (efferalgan codéiné*, dafalgan<br />

codéiné*, codoliprane*, klipal*,<br />

lindilane*) ou à l’aspirine (compralgyl*).<br />

Ces produits traitent généralement des <strong>douleur</strong>s<br />

de palier II.<br />

Les co-antalgiques<br />

Ces substances, bien que n’étant pas de<br />

véritables antalgiques, sont capables de<br />

diminuer les <strong>douleur</strong>s en agissant seuls ou<br />

en association avec les antalgiques.<br />

On peut citer :<br />

• les glucocorticoïdes (soludécadron*, solupred*),<br />

• les antispasmodiques (spasfon*, débridat*),<br />

Centre hospitalier de <strong>Valenciennes</strong><br />

• les antibiotiques, certains tranquilisants<br />

et anti-dépresseurs (laroxyl*…),<br />

• le mélange 50/50 oxygène-protoxyde<br />

d’azote.<br />

Classification des<br />

antalgiques disponibles<br />

au centre hospitalier de<br />

<strong>Valenciennes</strong><br />

Palier III<br />

Morphine chlorhydrate inj., skenan*,<br />

palfium*, nubain*, dolosal*, temgésic*,<br />

durogésic*.<br />

Palier II<br />

Antalvic*, avafortan*, codoliprane*,<br />

efferalgan codéine*, dafalgan codéiné*,<br />

di-antalvic*, propofan*, topalgic*.<br />

Palier I<br />

Doliprane*, dafalgan*, efferalgan*,<br />

aspirine upsa*, solupsan*, aspégic*,<br />

pro-dafalgan*.


la <strong>douleur</strong><br />

Centre hospitalier de <strong>Valenciennes</strong> 11


12<br />

Centre hospitalier de <strong>Valenciennes</strong>


la <strong>douleur</strong> postopératoire<br />

Docteur Cécile Vigier<br />

Praticien hospitalier<br />

Service d’anesthésie - réanimation<br />

Équipe des infirmier(e)s-anesthésistes<br />

diplômé(e)s d’État (IADE)<br />

<strong>La</strong> <strong>douleur</strong><br />

postopératoire<br />

<strong>La</strong> lutte contre la <strong>douleur</strong> postopératoire<br />

est devenue une préoccupation quotidienne<br />

dans les services de chirurgie.<br />

“Pas de chirurgie sans <strong>douleur</strong>” disait-on au<br />

début du siècle.<br />

Mais on sait, maintenant, que la <strong>douleur</strong><br />

postopératoire n’est pas inéluctable. Les<br />

soignants, sensibilisés au problème de la<br />

<strong>douleur</strong>, ont à cœur de la soulager. Les chirurgiens<br />

ont adopté des techniques moins<br />

traumatisantes : cœlioscopie, par exemple.<br />

Les médecins anesthésistes-réanimateurs<br />

s’impliquent dans la prise en charge de la<br />

<strong>douleur</strong>. Quelques réticences existent encore<br />

vis-à-vis de la morphine mais le progrès<br />

dans le maniement des antalgiques et l’utilisation<br />

de techniques nouvelles permettent<br />

une meilleure prise en charge de la<br />

<strong>douleur</strong> évitant les effets secondaires :<br />

• dépression respiratoire,<br />

• nausées,<br />

• vomissements,<br />

• somnolence.<br />

LA DOULEUR<br />

postopératoire<br />

Les difficultés<br />

de l’évaluation<br />

On ne peut pas mesurer objectivement<br />

l’intensité de la <strong>douleur</strong> : il n’existe aucun<br />

marqueur biologique de la <strong>douleur</strong>. Or, de<br />

grandes variations existent dans le ressenti<br />

douloureux entre les individus et chez un<br />

même individu au cours de la journée.<br />

Pour évaluer la <strong>douleur</strong>, on utilise donc des<br />

“échelles de <strong>douleur</strong>”<br />

• la réglette Eva (échelle visuelle analogique),<br />

• l’échelle numérique simple,<br />

• l’échelle verbale simple.<br />

Cette dernière est la plus utilisée, permettant<br />

de classer la <strong>douleur</strong> suivant un chiffre :<br />

0 = pas de <strong>douleur</strong>,<br />

1 = <strong>douleur</strong> légère pour laquelle la personne<br />

ne souhaite pas d’analgésie,<br />

2 = <strong>douleur</strong> modérée,<br />

3 = <strong>douleur</strong> intense ou très intense.<br />

<strong>La</strong> <strong>douleur</strong> est donc évaluée régulièrement<br />

en postopératoire en même temps que les<br />

autres paramètres de surveillance : pouls,<br />

tension artérielle…<br />

2<br />

Centre hospitalier de <strong>Valenciennes</strong> 13


la <strong>douleur</strong> postopératoire<br />

14<br />

Dans un certain nombre d’interventions,<br />

l’utilisation de médicament intraveineux<br />

anti-<strong>douleur</strong> des trois paliers suffit à traiter<br />

la <strong>douleur</strong>.<br />

3<br />

2<br />

1<br />

Paracétamol Codéine<br />

anti-inflammatoire Dextropropoxyph<br />

Nubain<br />

Morphine<br />

Les prescriptions font appel à l’association<br />

de paracétamol, codéine, anti-inflammatoire<br />

pour les <strong>douleur</strong>s légères.<br />

Les <strong>douleur</strong>s de moyenne intensité bénéficient<br />

d’un traitement associant des médicaments<br />

correspondant aux paliers I et II.<br />

Il existe des techniques afin d’éviter des<br />

<strong>douleur</strong>s aiguës intenses, notamment<br />

l’auto-analgésie.<br />

L’ACP (analgésie<br />

contrôlée par la<br />

personne)<br />

permet à la personne soignée de s’administrer<br />

elle-même, en intraveineux le plus<br />

souvent, l’antalgique en fonction de ses<br />

propres besoins. Elle devient maître de la<br />

situation. Ainsi la dose de morphine<br />

consommée est souvent inférieure à la dose<br />

utilisée par une technique conventionnelle :<br />

sous-cutanée par exemple.<br />

Toute personne recevant des morphiniques<br />

doit faire l’objet d’une surveillance supplémentaire,<br />

et en particulier :<br />

• fréquence respiratoire,<br />

• recherche de ronflements,<br />

• degré de vigilance : coté de 0 à 4,<br />

• évaluation de l’analgésie efficace par<br />

l’échelle (Eva).<br />

Centre hospitalier de <strong>Valenciennes</strong><br />

Principe de fonctionnement<br />

de L’ACP<br />

<strong>La</strong> mise en place du matériel est simple.<br />

Il est composé de :<br />

• seringue électronique,<br />

• un micro-ordinateur gérant les prescriptions<br />

et le fonctionnement du pousseseringue,<br />

• un bouton poussoir à l’aide duquel la personne<br />

va demander une injection,<br />

• un signal sonore lui indiquant que sa<br />

demande a été enregistrée,<br />

• la seringue contenant l’analgésie munie de<br />

son kit d’injection, branché sur une voie<br />

veineuse réservée à cet effet.<br />

Exemple d’indication de l’ACP<br />

Pour une prothèse totale de la hanche,<br />

Monsieur X consulte le médecin anesthésiste.<br />

Après information et accord de Monsieur X,<br />

une ACP est prévue pour la période postopératoire.<br />

Outre l’analgésie qu’elle procurera, cette<br />

méthode lui permettra de se lever le premier<br />

jour, ce qui n’est pas possible quand l’analgésie<br />

est assurée par une péridurale.<br />

Le jour J, Monsieur X sort de la salle d’opération<br />

vers la salle de surveillance postinterventionnelle.<br />

Des analgésiques non<br />

morphiniques assurent le relais jusqu’en<br />

salle de soins post-interventionnels.<br />

L’ACP est prête, en attente, avec sa feuille de<br />

surveillance spécifique. Une titration de<br />

morphine est effectuée à raison de 3 mg<br />

toutes les cinq minutes, jusqu’à ce que la<br />

<strong>douleur</strong> soit apaisée. Ensuite le bouton<br />

poussoir est remis à la personne.


la <strong>douleur</strong> postopératoire<br />

Centre hospitalier de <strong>Valenciennes</strong> 15


la <strong>douleur</strong> postopératoire<br />

16<br />

<strong>La</strong> surveillance de :<br />

• la fréquence respiratoire,<br />

• la pression artérielle,<br />

• les pulsations,<br />

• la SPO2 (saturation en oxygène),<br />

• la vigilance,<br />

• l’évaluation de la <strong>douleur</strong>,<br />

est notée sur la feuille spécifique avant,<br />

pendant et après la titration.<br />

Mise en route de L’ACP avec surveillance<br />

horaire, puis toutes les deux heures, puis<br />

toutes les quatre heures :<br />

• de la respiration,<br />

• du niveau de la <strong>douleur</strong>,<br />

• de la sédation,<br />

• du nombre de demandes satisfaites ou<br />

non satisfaites.<br />

Les anesthésies<br />

loco-régionales<br />

<strong>La</strong> technique ACP ou PCA ne permet pas de<br />

faire face aux <strong>douleur</strong>s qui varient de façon<br />

importante lors de la mobilisation, de la<br />

toux, de la rééducation.<br />

C’est alors l’indication des anesthésies locorégionales<br />

:<br />

<strong>La</strong> péridurale<br />

L’introduction d’un cathéter dans l’espace<br />

péridural permet l’injection d’anesthésiques<br />

locaux et morphiniques. Cette technique<br />

est particulièrement appréciée en chirurgie<br />

thoracique.<br />

Une pompe d’auto-analgésie peut être<br />

branchée sur la péridurale = PCEA ou APCP<br />

(analgésie péridurale contrôlée par la personne).<br />

Centre hospitalier de <strong>Valenciennes</strong><br />

Les anesthésies loco-régionales<br />

<strong>La</strong> chirurgie de l’Hallux valgus (déformation<br />

du gros orteil) réputée très algogène ne l’est<br />

plus du tout grâce aux anesthésies locorégionales<br />

: anesthésie du nerf sciatique<br />

interne et externe permettant une analgésie<br />

du pied pendant 24 heures à 36 heures.<br />

<strong>La</strong> mise en place du cathéter crural permet<br />

l’entretien de l’analgésie du genou pendant<br />

72 heures. Cette technique est particulièrement<br />

intéressante dans les prothèses<br />

de genou car elle permet à la personne<br />

d’entreprendre sa rééducation, sans <strong>douleur</strong>,<br />

dès le 1 er jour.<br />

L’anesthésie des nerfs est réalisée en toute<br />

sécurité grâce à l’utilisation d’aiguilles<br />

atraumatiques gainées et reliées à un neurostimulateur<br />

permettant de repérer les nerfs<br />

sans les toucher.<br />

Peut-on prévenir<br />

les <strong>douleur</strong>s<br />

postopératoires ?<br />

Différents travaux ont eu pour objectif<br />

de prévenir les <strong>douleur</strong>s postopératoires :<br />

injection d’anesthésiques locaux, utilisation<br />

d’anti-inflammatoire avant la chirurgie.<br />

Les résultats ont été assez décevants :<br />

seule l’anesthésie loco-régionale réalisée<br />

avant l’acte chirurgical permet de diminuer<br />

l’intensité de la <strong>douleur</strong>.<br />

Cependant le traitement de la <strong>douleur</strong> périopératoire<br />

est capital car il permet également<br />

:<br />

• de réduire la fréquence de survenue des<br />

algodystrophies,<br />

• de supprimer la <strong>douleur</strong> du membre<br />

fantôme.


la <strong>douleur</strong> postopératoire<br />

On ne peut pas prévenir la <strong>douleur</strong> postopératoire<br />

mais il est clair que la prise en<br />

compte de l’aspect psychologique est capitale<br />

: lutte contre l’anxiété de la personne en<br />

expliquant et dédramatisant, information<br />

à propos des moyens de contrôler la <strong>douleur</strong><br />

(tenir son ventre pour tousser, façon de se<br />

mobiliser…). Ces explications ont lieu lors de<br />

la consultation d’anesthésie…<br />

Enfin, une étude scientifique a été réalisée,<br />

montrant l’importance de l’environnement<br />

sur la <strong>douleur</strong>. On a comparé deux groupes<br />

de personnes dont la vue offerte par la<br />

fenêtre de leur chambre était différente :<br />

• premier groupe : vue sur un mur triste,<br />

• deuxième groupe : vue sur un parc fleuri.<br />

Les personnes ayant une vue sur un mur<br />

triste consomment plus de morphiniques<br />

que les autres… démontrant bien l’impact<br />

de l’environnement et des événements extérieurs<br />

sur le ressenti de la <strong>douleur</strong>.<br />

2<br />

Centre hospitalier de <strong>Valenciennes</strong> 17


18<br />

Centre hospitalier de <strong>Valenciennes</strong>


la <strong>douleur</strong> de la parturiente et son traitement<br />

Docteur Sylvie Fontaine<br />

Praticien hospitalier<br />

Service d’anesthésie - réanimation<br />

Équipe de sages-femmes<br />

Services de gynécologie - obstétrique<br />

Techniques d’analgésie<br />

en salle de travail en<br />

dehors de la péridurale<br />

Les <strong>douleur</strong>s de l’accouchement sont dues<br />

à trois causes : les contractions utérines, la<br />

dilatation cervicale, la distension périnéale.<br />

À ces <strong>douleur</strong>s, il faut rajouter une potentialisation<br />

par l’anxiété de l’accouchement<br />

assez spécifique de l’espèce humaine.<br />

Il est possible de diminuer ces <strong>douleur</strong>s<br />

soit par des moyens agissant sur la<br />

<strong>douleur</strong> elle-même ou ses voies de conduction,<br />

soit par des techniques psychologiques<br />

agissant sur l’anxiété.<br />

Une étude de Mac Gill a pu établir une échelle<br />

de la <strong>douleur</strong> en salle de naissance.<br />

Amputation d’un doigt<br />

Coliques néphrétiques<br />

10<br />

0<br />

Primipare non préparée<br />

Primipare préparée<br />

Multipare non préparée<br />

Multipare préparée<br />

Cette <strong>douleur</strong> est difficile à évaluer compte<br />

tenu de la subjectivité et l’intensité, propres<br />

à chaque femme.<br />

>>>><br />

DOULEUR<br />

de la parturiente et<br />

son traitement<br />

<strong>La</strong> sage-femme est capable de l’évaluer plus<br />

précisément en étant attentive à l’expression<br />

de la <strong>douleur</strong> mais aussi en permettant<br />

l’auto-évaluation : réglette cotée de 0<br />

à 10 selon le ressenti de la femme.<br />

L’analgésie sans drogue<br />

• <strong>La</strong> psychoprophylaxie,<br />

préparation à la naissance<br />

Créée par Monsieur <strong>La</strong>maze en 1956, cette<br />

technique combine un conditionnement<br />

positif de la mère avec une information sur<br />

le déroulement de l’accouchement. <strong>La</strong> <strong>douleur</strong><br />

doit être “supprimée” grâce à une<br />

reconstruction positive de l’activité cérébrale<br />

aidée par une éducation sur la physiologie<br />

de la grossesse et de l’accouchement.<br />

Pendant cette préparation, on discute<br />

également des autres techniques d’analgésie.<br />

Cette préparation ne diminue pas le<br />

souhait d’analgésie péridurale mais diminue<br />

souvent la demande en produits analgésiques.<br />

<strong>La</strong> méthode de relaxation consiste en des<br />

exercices respiratoires avec une inspiration<br />

purificative suivie d’une expiration<br />

contrôlée. Pendant ce temps, l’attention de<br />

la personne doit être fixée sur un objet, une<br />

pensée positive.<br />

3<br />

Centre hospitalier de <strong>Valenciennes</strong> 19


la <strong>douleur</strong> de la parturiente et son traitement<br />

20<br />

• <strong>La</strong> sophrologie<br />

Technique de relaxation avec une dimension<br />

supplémentaire : tout est uni dans l’individu.<br />

Il existe une force intégrant des composantes<br />

psychologiques et physiques.<br />

<strong>La</strong> relaxation psychologique induira donc<br />

une relaxation physique. Le but est d’améliorer<br />

la réaction face à une situation inconnue,<br />

appréhendée mais prévisible.<br />

Au cours du premier trimestre de la grossesse,<br />

cette relaxation va aider la femme à<br />

s’adapter à sa grossesse, à une modification<br />

de son schéma corporel. Elle permettra d’atténuer<br />

ou de mieux supporter les phénomènes<br />

neurovégétatifs (pyrosis, nausées,<br />

vomissements, constipation, malaises…)<br />

qui, s’ils apparaissent, peuvent être pénibles<br />

et gêner la vie sociale.<br />

Pendant le deuxième trimestre de la grossesse,<br />

elle permet de mieux intégrer et<br />

accepter les changements morphologiques<br />

qui s’accentuent.<br />

Pendant le troisième trimestre, la relaxation<br />

est particulièrement utile pour surmonter<br />

l’impression de lourdeur et fatigue.<br />

Elle tend aussi à supprimer l’anxiété et les<br />

insomnies provoquées par la proximité de<br />

l’accouchement.<br />

Pendant l’accouchement, le but est de permettre<br />

à la femme d’être dans une situation<br />

psychologique d’acceptation des contractions<br />

utérines afin d’atténuer la <strong>douleur</strong> :<br />

activation du positif. <strong>La</strong> relaxation et l’exercice<br />

de ventilation efficace favorisent une<br />

bonne dynamique utérine, un travail plus<br />

court, un assouplissement du col utérin<br />

ainsi qu’une meilleure oxygénation du<br />

fœtus. Les postures ou positions de travail<br />

et de l’accouchement sont une autre arme<br />

Centre hospitalier de <strong>Valenciennes</strong><br />

contre l’agitation et la <strong>douleur</strong>, un atout<br />

supplémentaire pour un travail court et<br />

eutocique.<br />

Dans les suites de couches, l’éducation<br />

apportée permet à la jeune maman de<br />

s’adapter pleinement à son nouveau rôle<br />

et d’envisager de ce fait l’avenir avec plus<br />

de sérénité. Le calme qui suit la relaxation<br />

favorise en outre, l’allaitement maternel.<br />

Cette préparation à la naissance débute en<br />

général 8 à 10 semaines avant l’accouchement.<br />

<strong>La</strong> prise en charge de 10 séances est<br />

complète.<br />

Au centre hospitalier de <strong>Valenciennes</strong>, l’inscription<br />

aux cours est ouverte à toutes les<br />

femmes enceintes.<br />

Ceux-ci sont assurés par des sages-femmes<br />

ayant reçu une formation complémentaire :<br />

3 sages-femmes en ont bénéficié et assurent<br />

aujourd’hui des cours de préparation à la<br />

naissance “classique” ainsi qu’une approche<br />

sophrologique à la psychoprophylaxie.<br />

10 % des femmes, en France, sont attirées par<br />

une telle approche. Malheureusement ce<br />

chiffre tend à rester stable depuis des<br />

années.<br />

• Amélioration de l’environnement<br />

de l’accouchement<br />

L’environnement de la naissance tient une<br />

place prépondérante dans la gestion du<br />

stress occasionné par cet événement.<br />

L’accueil, la présence et un environnement<br />

adapté peuvent jouer sur l’anxiété du<br />

couple, de la future maman et donc sur le<br />

déroulement du travail et sur l’intensité<br />

douloureuse.<br />

L’accueil en salle de naissance, la sagefemme<br />

qui accueille le couple dans le calme,


la <strong>douleur</strong> de la parturiente et son traitement<br />

explique au futur papa et à la future maman<br />

le déroulement des opérations, chacun de<br />

ses gestes : elle inclut les parents, ainsi, dans<br />

l’intégralité de l’événement et leur donne<br />

une place active.<br />

Au cours du travail :<br />

• la présence de la sage-femme près du<br />

couple afin d’aider la femme à respirer<br />

efficacement devrait permettre de rehausser<br />

le seuil de <strong>douleur</strong> lors des contractions.<br />

• il faudra chercher à éviter les techniques<br />

invasives si celles-ci ne s’avèrent pas<br />

utiles : éviter la systématisation des gestes.<br />

• l’environnement doit induire la détente :<br />

– variateurs de lumière présents<br />

dans chaque salle d’accouchement,<br />

lumière indirecte,<br />

– musique de fond, douce, portes<br />

fermées, paroles douces, voix calme.<br />

• la baignoire à jet massant est proposée<br />

aux femmes en début de travail : le bain<br />

“à bulles” soulage des contractions utérines<br />

et agit le plus souvent sur le col utérin<br />

(assouplissement et dilatation).<br />

Les sages-femmes tiennent un cahier ou<br />

sont reportées les notions de soulagement<br />

et de modifications cervicales après en<br />

moyenne 1/2 heure de bain. Cahier ouvert en<br />

janvier 1996 dont toutes les données vont en<br />

ce sens.<br />

D’autres techniques d’analgésie sans drogue<br />

existent mais ne sont à ce jour pas encore<br />

pratiquées au Centre hospitalier de<br />

<strong>Valenciennes</strong> : acupuncture, stimulation<br />

électrique.<br />

L’arrivée de la baignoire à jet massant en<br />

salle de naissance a nettement amélioré<br />

l’environnement du début du travail et<br />

permet aux femmes de mieux gérer<br />

l’arrivée des contractions douloureuses.<br />

L’analgésie loco-régionale<br />

Cette technique est simple et rapide. <strong>La</strong><br />

sage-femme l’utilise pour l’expulsion<br />

lorsque la péridurale est absente. Cette<br />

méthode d’analgésie permet une expulsion<br />

spontanée ou instrumentale moins douloureuse<br />

: la distension périnéale n’est plus<br />

ressentie comme douloureuse.<br />

Elle consiste en une injection de 10 ml de<br />

xylocaine de chaque côté du périnée par<br />

voie transpérinéale au contact du nerf honteux<br />

juste derrière l’insertion du ligament<br />

sacro-iliaque sur l’épine sciatique, juste<br />

avant le début des efforts expulsifs.<br />

Les risques : l’anesthésique local est absorbé<br />

rapidement et il existe un risque d’injection<br />

vasculaire et fœtale.<br />

• Anesthésie locale pour épisiotomie<br />

C’est simple, cela ne coûte pas cher, et permet<br />

d’alléger la fin d’une anesthésie générale<br />

pour forceps ou délivrance artificielle<br />

et révision utérine.<br />

L’analgésie inhalatoire<br />

Le principe consiste à faire inhaler à la parturiente<br />

des concentrations anesthésiques<br />

pendant le travail et l’accouchement. Un<br />

impératif : maintenir la conscience et les<br />

réflexes laryngés. Deux techniques sont<br />

possibles : soit une technique intermittente<br />

au cours de laquelle l’agent est<br />

administré 30 secondes avant la contrac-<br />

3<br />

Centre hospitalier de <strong>Valenciennes</strong> 21


la <strong>douleur</strong> de la parturiente et son traitement<br />

* Correspond à des<br />

spécialités médicales<br />

et les signalent donc<br />

comme telles.<br />

22<br />

tion et arrêté au milieu de celle-ci, soit une<br />

technique continue, moins efficace mais<br />

utilisant des contractions plus faibles.<br />

• Le protoxyde d’azote<br />

Cela fait 100 ans qu’il est utilisé en salle de<br />

naissance et procure une analgésie notable.<br />

Son action et son élimination sont rapides.<br />

L’appareillage d’administration n’est pas<br />

complexe (valve d’auto-administration).<br />

Sa composition est de 50 % d’O2 et 50 %<br />

de N2O. L’analgésie procurée par le protoxyde<br />

d’azote est excellente dans 12 % des cas.<br />

Le protoxyde d’azote potentialise les effets<br />

dépresseurs respiratoires des morphinomimétiques.<br />

Le contrôle de la SPO2 (saturation<br />

en oxygène) est souhaitable.<br />

L’analgésie parentérale :<br />

• Morphinomimétique agonisé :<br />

dolosal*<br />

Il est administré en intra-musculaire<br />

(ampoule de 2 ml = 100 mg, sans dépasser<br />

200 mg) utilisé par les sages-femmes en<br />

début de travail lorsque les antispasmodiques<br />

mineurs n’ont pas d’efficacité<br />

(atarax* + spasfon* intra-musculaire).<br />

Il procure une analgésie limitée et conduit<br />

parfois à une narcose et à une sédation.<br />

Seul morphinique qui possède des propriétés<br />

para-sympatholytiques avec diminution<br />

des sécrétions salivaires et bronchiques<br />

et parfois accélération du rythme<br />

cardiaque fœtal. On note également des<br />

nausées et des vomissements.<br />

Centre hospitalier de <strong>Valenciennes</strong><br />

Son métabolisme est très variable d’une<br />

femme à l’autre. Chez le nouveau-né, les<br />

risques sont non négligeables : métabolisme<br />

ralenti et plus grande sensibilité des<br />

centres respiratoires, surtout chez le<br />

prématuré, moindre fixation protéique<br />

paradoxale du nouveau-né en acidose.<br />

Demi-vie chez le nouveau-né de 11 à<br />

22 heures.<br />

Les effets cliniques néonataux sont : diminution<br />

de la ventilation minute, augmentation<br />

de la teneur en gaz carbonique sanguine<br />

(PACO 2) et surtout augmentation du<br />

nombre des apnées au cours du<br />

sommeil agité et ce parfois à distance de<br />

l’accouchement, somnolence et diminution<br />

de l’accoutumance aux stimulis auditifs,<br />

diminution du réflexe de succion sont aussi<br />

observés.<br />

• Le dolosal* :<br />

régulariserait l’activité utérine et accélérerait<br />

la dilatation cervicale.<br />

L’antidote, utilisé chez le nouveau-né, est le<br />

narcan* : traitement des intoxications aux<br />

morphinomimétiques.<br />

Narcan* : ampoule de 2 ml = 0,4 mg<br />

1/4 ampoule en IM, ou IV ou intratrachéale,<br />

+/- à renouveler 1/4 d’heure après.<br />

>>>>


la <strong>douleur</strong> de la parturiente et son traitement<br />

Centre hospitalier de <strong>Valenciennes</strong> 23


la <strong>douleur</strong> de la parturiente et son traitement<br />

* Correspond à des<br />

spécialités médicales<br />

et les signalent donc<br />

comme telles.<br />

24<br />

L’anesthésie péridurale<br />

Son but est de supprimer la <strong>douleur</strong> en permettant<br />

à la parturiente de participer à son<br />

accouchement, par l’action d’anesthésiques<br />

locaux associés ou non à des dérivés morphiniques<br />

sur les nerfs rachidiens.<br />

Elle est utilisée à dose analgésique pour le<br />

travail et la période post opératoire, à dose<br />

anesthésique pour les césariennes.<br />

Proposée depuis plus de 20 ans, mise<br />

en place en début de travail, elle est<br />

entretenue soit par :<br />

• des injections répétées à la demande<br />

de la future maman par le médecin<br />

anesthésiste.<br />

• une injection continue en seringue<br />

autopulsée afin d’éviter l’analgésie<br />

en “dent de scie”.<br />

• une pompe à analgésie auto contrôlée par<br />

la femme.<br />

L’acquisition de ces pompes permet :<br />

– la participation de la future maman à la<br />

prise en charge de sa <strong>douleur</strong>.<br />

– une augmentation de la sécurité par<br />

adaptation des doses aux besoins réels<br />

de la personne (réduction de 20 à 50 %<br />

de la consommation à satisfaction égale<br />

ce qui permet également de réduire le<br />

bloc moteur ce qui peut gêner la rotation<br />

de la tête fœtale dans le pelvis et<br />

par là allonger le temps du travail de<br />

même que gêner l’expulsion).<br />

– un raccourcissement des délais entre la<br />

demande et l’injection de l’antalgique,<br />

diminuant ainsi l’anxiété de la future<br />

maman.<br />

Centre hospitalier de <strong>Valenciennes</strong><br />

L’anesthésie périrachi<br />

séquentielle<br />

Posée en salle d’accouchement, permet à<br />

la parturiente de déambuler.<br />

Une fois l’espace péridural repéré, une injection<br />

d’anesthésique local et de morphinique<br />

est réalisée en rachi puis le cathéter de péridural<br />

est introduit. <strong>La</strong> rachi anesthésie va<br />

amener un soulagement immédiat sans bloc<br />

moteur.<br />

Le cathéter péridural assurera le relais dès<br />

réapparition des sensations.<br />

Cette méthode n’est pas encore pratiquée<br />

dans le service par manque de locaux adaptés<br />

à la déambulation des futures mères et<br />

par manque de personnel.<br />

<strong>La</strong> PCA<br />

Méthode d’analgésie intra veineuse proposée<br />

dans le cas de travail hyper algique<br />

avec contre indication à l’anesthésie<br />

péridurale.<br />

Le rapifen* (morphinique de demie-vie très<br />

courte, passant par la barrière placentaire)<br />

est utilisé.<br />

<strong>La</strong> parturiente utilise le bouton poussoir de<br />

la pompe d’analgésie dont les différents<br />

paramètres (bolus, période réfractaire, dose<br />

maximale sur 4 heures) seront définis par le<br />

médecin anesthésiste.<br />

Cette technique demandant une surveillance<br />

permanente de la part de l’anesthésiste est<br />

peu utilisée dans le service par manque de<br />

disponibilité.<br />

Toutes ces techniques relèvent de l’anesthésie<br />

et donc sous entendent que les futures<br />

mamans qui vont en bénéficier aient été<br />

vues en consultation d’anesthésie…


la <strong>douleur</strong> de la parturiente et son traitement<br />

Conclusion<br />

L’analgésie obstétricale est une exigence de<br />

notre temps. Les différentes méthodes applicables<br />

ont une efficacité variable. <strong>La</strong> part<br />

essentielle est et restera longtemps représentée<br />

par l’analgésie péridurale qui reste<br />

une des plus efficaces et peut se transformer<br />

en méthode d’anesthésie pour césarienne.<br />

Il importe toutefois de connaître d’autres<br />

méthodes pour répondre à toutes les<br />

demandes : toutes les femmes ne souhaitent<br />

pas forcément de péridurale, le travail<br />

est parfois trop rapide pour pouvoir la poser,<br />

les conditions ne sont pas toujours favorables<br />

à la pose de la péridurale…<br />

D’autres “petits moyens” pratiqués par la<br />

sage-femme peuvent avoir et doivent avoir<br />

leur place dans l’analgésie en salle de naissance.<br />

Centre hospitalier de <strong>Valenciennes</strong><br />

3<br />

25


26<br />

Centre hospitalier de <strong>Valenciennes</strong>


la migraine<br />

Docteur Mariam Majid<br />

Praticien hospitalier<br />

Service de neurologie<br />

Pas ce soir chéri…<br />

J’ai la migraine<br />

>>>><br />

Cette expression bien connue sous-entend<br />

par sa popularité que la migraine est une<br />

pathologie fréquente touchant principalement<br />

les femmes et qu’elle peut être suffisamment<br />

invalidante pour que l’on puisse<br />

souhaiter se reposer… Et bien en effet, on<br />

estime concernés en France, 10 à 12 % de la<br />

population soit 5 à 6 millions de personnes<br />

avec un rapport de 3 à 4 femmes pour un<br />

homme. Quant aux répercussions autres<br />

que sur la vie affective… il semble que<br />

celles-ci soient significatives non seulement<br />

en terme de journées d’absence au travail<br />

mais également en terme de productivité<br />

réduite sur le lieu de travail et ce, d’autant<br />

que le maximum de prévalence concerne<br />

les âges de 30 à 45 ans.<br />

Revenons-en à Madame et demandonsnous<br />

si, comme elle le prétend, elle a bien<br />

la migraine ? En effet ce terme est le plus<br />

souvent galvaudé pour désigner un “simple<br />

mal de tête” quelqu’en soit la cause alors<br />

qu’il s’agit en fait de céphalées (en pratique,<br />

<strong>douleur</strong>s localisées au niveau de la<br />

boîte crânienne) répondant à des critères<br />

précis définis par l’International Headache<br />

Society (IHS). Il s’agit d’un diagnostic cli-<br />

LA MIGRAINE<br />

nique chez un sujet ayant en dehors de la<br />

“crise migraineuse” un examen neurologique<br />

normal (20 à 25 % des crises étant<br />

précédées d’une “aura” constituée de signes<br />

neurologiques, les plus fréquents étant<br />

visuels et constituant la classique “migraine<br />

ophtalmique”).<br />

<strong>La</strong> <strong>douleur</strong> migraineuse est périodique et<br />

évolue par crises. L’IHS considère qu’une<br />

personne souffre de migraine sans aura s’il<br />

répond aux critères diagnostiques suivants :<br />

• au moins 5 crises avec :<br />

• des céphalées durant entre 4 et 72 heures<br />

en l’absence de traitement.<br />

• des céphalées ayant au moins 2 des caractéristiques<br />

suivantes : unilatérale, pulsatile,<br />

intensité modérée ou sévère, aggravée<br />

par les efforts physiques ordinaires.<br />

• durant les céphalées, au moins l’un des<br />

caractères suivants : nausées et/ou vomissements,<br />

photophobie ou phonophobie.<br />

En ce qui concerne notre chère “migraineuse”,<br />

nous espérons que la prochaine<br />

fois, elle saura se préserver de certains facteurs<br />

déclenchants : il peut s’agir de facteurs<br />

alimentaires, d’une hypoglycémie, de stress<br />

ou de sa levée (la fameuse migraine du<br />

week-end) de fluctuations hormonales, climatiques…<br />

4<br />

Centre hospitalier de <strong>Valenciennes</strong> 27


la migraine<br />

28<br />

Sur le plan thérapeutique, après l’avoir rassurée<br />

sur la bénignité de son état, on lui<br />

proposera un simple traitement de la crise<br />

de migraine ou son association à un traitement<br />

dit “de fond” si celles-ci sont<br />

fréquentes, intenses et de longue durée.<br />

Les traitements actuels de la migraine,<br />

si ceux-ci sont pris dans de bonnes conditions<br />

(posologie, moment de la prise, durée<br />

du traitement, respect des contre-indications),<br />

permettent de dire que la migraine<br />

n’est plus une fatalité.<br />

Mais si Madame n’avait pas la migraine ? Et<br />

bien en dehors du prétexte… le plus probable<br />

est une céphalée dite de “tension”<br />

encore appelée céphalée psychogène, plus<br />

fréquente que la migraine, et qui n’a pas de<br />

rapport avec l’hypertension artérielle. C’est<br />

la plus fréquente des céphalées chroniques.<br />

Elle se distingue de la migraine par son<br />

siège bilatéral souvent en casque, localisé<br />

à la nuque et à l’occiput, ou au sommet du<br />

crâne ou à la racine du nez. Elle est décrite<br />

Centre hospitalier de <strong>Valenciennes</strong><br />

comme un serrement ou une pression non<br />

pulsatile, d’intensité légère à modérée,<br />

n’augmentant pas avec l’activité physique,<br />

sans nausées mais avec parfois une photophobie<br />

ou une phonophobie. Elle dure 30<br />

minutes à 7 jours. Le plus souvent, elle<br />

répond bien aux antalgiques simples. On<br />

associe parfois un traitement anxiolitique,<br />

ces céphalées étant souvent secondaires à<br />

un état de tension psychique excessive, aux<br />

stress de la vie quotidienne…<br />

Notre chère Madame allant mieux, nous<br />

arrêtons ici notre discours sans oublier bien<br />

sûr qu’il existe bien d’autres causes à des<br />

céphalées : les traumatismes crâniens, la<br />

méningite et l’hémorragie méningée, les<br />

tumeurs cérébrales, l’algie vasculaire de la<br />

face et la névralgie faciale, les causes<br />

toxiques et médicamenteuses, la maladie<br />

de Horton, les céphalées associées à des<br />

affections de voisinage ophtalmologiques,<br />

stomatologiques, ORL ou cervicales…


cancer hématologie et <strong>douleur</strong><br />

Docteur Sylvie Block<br />

Praticien hospitalier chef de service<br />

Service d’oncologie médicale<br />

Équipes du service d’hématologie<br />

et du service d’oncologie médicale<br />

Le cancer est une maladie fréquente : en<br />

1989, 200 000 nouveaux cas étaient diagnostiqués<br />

en France.<br />

<strong>La</strong> prévalence de la <strong>douleur</strong> dans le<br />

cancer est importante.<br />

Une étude menée en France par <strong>La</strong>rue et<br />

Collaborateurs en 1991 a montré que 57 % des<br />

personnes hospitalisées pour une maladie<br />

cancéreuse présentaient des <strong>douleur</strong>s.<br />

Il faut noter que 30 % de ceux-ci ne recevaient<br />

aucun traitement pour soulager leur<br />

<strong>douleur</strong>. On a tenté de retrouver des facteurs<br />

pour expliquer cette insuffisance de traitement.<br />

Le principal est la différence d’évaluation de<br />

la <strong>douleur</strong> entre la personne soignée et les<br />

soignants avec des scores en échelle numérique<br />

de 1 à 10 significativement supérieurs<br />

pour les personnes qui souffrent par rapport<br />

aux soignants lorsqu’on réalisait de façon<br />

concomitante une auto-évaluation de la<br />

<strong>douleur</strong>.<br />

D’autres facteurs de risques ont été repérés<br />

dont il faut tenir compte, notamment l’âge,<br />

(les plus jeunes étant moins souvent soulagés)<br />

et l’état général, les traitements antalgiques<br />

étant souvent “réservés” aux personnes<br />

en fin de vie.<br />

CANCER<br />

5<br />

>>>><br />

hématologie et <strong>douleur</strong><br />

Lors d’une enquête réalisée par Andrieux<br />

en 1992 sur 1 001 personnes interrogées par<br />

téléphone, on notait que la notion de <strong>douleur</strong><br />

est fréquemment associée au cancer<br />

puisque 75 % des personnes interrogées<br />

pensaient que la <strong>douleur</strong> est très présente<br />

en phase avancée de la maladie.<br />

D’autre part, cette étude soulignait le fait<br />

qu’il existe une incertitude quant à la possibilité<br />

de soulagement de ces <strong>douleur</strong>s,<br />

puisque 50 % des personnes interrogées<br />

pensaient qu’un traitement efficace sur la<br />

<strong>douleur</strong> était possible.<br />

Les réactions de cet échantillon représentatif<br />

de la population au mot morphine étaient<br />

également intéressantes puisque 26 % des<br />

personnes interrogées associaient ce mot à<br />

une toxicomanie, 24 % à une mort prochaine<br />

et 14 % à l’euthanasie.<br />

Ceci explique l’importance du dialogue et<br />

de l’information des personnes soignées et<br />

de leur famille lors de l’instauration d’un<br />

traitement par la morphine.<br />

Actuellement, les médecins s’attachent de<br />

plus en plus à tenter de soulager la <strong>douleur</strong><br />

cancéreuse.<br />

Dans la plupart des nouvelles études<br />

publiées pour juger de l’efficacité des<br />

Centre hospitalier de <strong>Valenciennes</strong> 29


cancer hématologie et <strong>douleur</strong><br />

30<br />

thérapeutiques, la qualité de vie évaluée<br />

par des échelles validées est étudiée de la<br />

même façon que la réponse au traitement<br />

et la survie.<br />

D’autre part, la prise en compte de ce nouveau<br />

paramètre a permis de constater que<br />

dans la plupart des cas, l’amélioration<br />

de la qualité de vie et notamment la<br />

diminution des <strong>douleur</strong>s étaient associées à<br />

un meilleur pronostic carcinologie.<br />

Gageons que ces résultats ainsi que la publication<br />

en 1995 de 67 recommandations pour<br />

une meilleure prise en charge de la <strong>douleur</strong><br />

du malade cancéreux dans le Bulletin<br />

du Cancer permettront une meilleure prise<br />

en charge de la <strong>douleur</strong> cancéreuse.<br />

Vies et cancer<br />

C’est à partir d’un cas clinique que nous<br />

avons choisi de vous faire partager notre<br />

expérience en cancérologie.<br />

Ce témoignage vient nous rappeler avec<br />

force que la détresse d’une situation en fin<br />

de vie n’est pas synonyme de “il n’y a plus<br />

rien à faire”.<br />

Au contraire l’énergie de toute une équipe<br />

est nécessaire pour accompagner une personne<br />

qui vit jusqu’au bout.<br />

Madame G., 45 ans suivie depuis 3 ans pour<br />

un cancer de l’intestin grêle, entre pour de<br />

violentes <strong>douleur</strong>s abdominales.<br />

Elle pèse 40 kg pour 1,65 m. Constipée<br />

depuis deux semaines, elle vomit, le<br />

moindre mouvement l’essouffle. Elle est<br />

épuisée, incapable de quitter le lit.<br />

Centre hospitalier de <strong>Valenciennes</strong><br />

Madame G. est une femme très réservée,<br />

elle ne veut pas déranger, elle se force à se<br />

laver seule. Elle marie son fils unique dans<br />

3 semaines. Elle est manifestement en fin<br />

de vie, aucun traitement curatif n’est à envisager.<br />

Tout est mis en place pour l’aider à<br />

récupérer des forces et traiter les symptômes.<br />

<strong>La</strong> dernière semaine :<br />

Lundi :<br />

• le traitement contrôle les <strong>douleur</strong>s,<br />

• la constipation est levée, elle mange un<br />

peu “j’ai envie de fruits rouges”,<br />

• elle reste très gênée sur le plan respiratoire<br />

malgré les thérapeutiques,<br />

• elle est toujours épuisée et ne supporte<br />

pas la position assise.<br />

Son visage exprime une extrême tristesse,<br />

elle a un regard “traqué”.<br />

Madame G. veut sortir jeudi pour assister au<br />

mariage, son mari dit que c’est impossible.<br />

Son projet paraît utopique mais nous espérons<br />

l’aider pour sortir quelques heures.<br />

Nous lui expliquons ce qui est mis en place<br />

pour lui permettre d’assister à la cérémonie.<br />

Elle participe à ce projet en s’efforçant de<br />

prendre des compléments alimentaires, en<br />

acceptant notre aide pour les gestes quotidiens<br />

afin d’économiser ses forces.<br />

Mercredi matin :<br />

• essaie de la mettre au fauteuil,<br />

• impossible,<br />

• Madame G. “ça ne fait rien, je ne sortirai<br />

pas, ça n’a pas d’importance”, paroles<br />

bien contradictoires avec l’immense<br />

détresse qu’elle nous renvoie.


c a n c e r h é m a t o l o g i e e t d o u l e u r<br />

Mercredi après-midi :<br />

• son mari et son fils viennent la voir,<br />

• un nouveau projet est discuté avec eux<br />

pour essayer d’organiser une petite “fête”<br />

samedi dans la chambre,<br />

• Madame G. a une lueur dans le regard<br />

mais reste réservée. Son fils semble hésiter.<br />

Son mari dit que ce n’est pas possible.<br />

Il paraît débordé par les préparatifs, incapable<br />

de modifier ses projets.<br />

Jeudi, vendredi :<br />

• Madame G. est plus calme, plus paisible,<br />

plus proche de nous. Elle ose parler de son<br />

désir de voir son fils, des liens qui les unissent.<br />

Samedi :<br />

• Mauvaise journée, elle est au plus mal,<br />

sa fille vient la voir.<br />

Dimanche :<br />

• Elle meurt à 10 heures.<br />

Bilan :<br />

Bien sûr nous sommes tous un peu tristes,<br />

mais pas insatisfaits. Oui, les thérapeutiques<br />

ont leurs limites. Oui, malgré les efforts tout<br />

projet ne peut pas être réalisé. Mais ce qui<br />

a été positif : c’est la mobilisation de<br />

l’équipe qui s’est relayée pour soutenir<br />

Madame G.<br />

Jusqu’au bout, elle est restée elle-même,<br />

avec ses envies, ses projets, ses espoirs, ses<br />

petites joies, comme le jour où la “cuisine”<br />

nous a donné quelques framboises et que<br />

nous avons pu voir son visage s’illuminer.<br />

<strong>La</strong> cancérologie c’est cela, des vies qui se<br />

croisent : celles de l’équipe, des personnes<br />

soignées, des familles et des proches.<br />

Hématologie clinique<br />

Secondaire à la chimiothérapie, la mucite se<br />

traduit par l’inflammation des muqueuses<br />

buccales et digestives.<br />

Elle s’installe le plus souvent 5 à 8 jours<br />

après le traitement. Les conséquences<br />

néfastes des mucites sont souvent graves<br />

et multiples :<br />

• <strong>douleur</strong> intense, gêne à la déglutition,<br />

perte de l’appétit…<br />

• les lésions muqueuses favorisent les infections<br />

digestives l’origine mycotique<br />

(champignons).<br />

Le traitement des mucites est essentiellement<br />

symptomatique :<br />

• bains de bouche, anesthésiques locaux,<br />

pansements digestifs, antimicosiques,<br />

• alimentation parentale (perfusions),<br />

• en fonction de l’intensité de la <strong>douleur</strong>,<br />

les équipes soignantes ont recours à<br />

l’utilisation de la morphine.<br />

Centre hospitalier de <strong>Valenciennes</strong> 31<br />

5


sida et <strong>douleur</strong><br />

Compte rendu SOFRED<br />

Il est très difficile de parler de la souffrance<br />

des soignants et des personnes confrontées<br />

au sida. En phase terminale, la <strong>douleur</strong> des<br />

patients atteint souvent son paroxysme et<br />

provoque chez eux des gémissements et des<br />

crispations incessants.<br />

Afin de soulager celle-ci, les malades disposent<br />

la plupart du temps de pompes, contenant<br />

divers produits (morphine, neuroleptiques,<br />

anti-inflammtoires et anxiolytiques).<br />

Dans le cas du sida, les soignants sont souvent<br />

interpellés par les patients quant à leur<br />

capacité à les accompagner jusqu’au terme<br />

de leur vie, tout en leur épargnant le plus<br />

possible ces <strong>douleur</strong>s et ces atteintes à leur<br />

intégrité d’êtres humains. Il arrive aussi qu’ils<br />

soient confrontés à des demandes particulières<br />

concernant les limites de leur tolérance<br />

à la souffrance et les possibilités d’interruption<br />

définitive de celle-ci.<br />

Face à ces patients, les soignants sont eux<br />

aussi sujets à des angoisses et des souffrances<br />

car il est difficile voire impossible de s’habituer<br />

aux <strong>douleur</strong>s physiques et morales de ces<br />

êtres, jeunes ou âgés, confrontés à une mort<br />

inéluctable, et dont la vie a perdu dignité,<br />

beauté et signification.<br />

Tout l’entourage (parents, amis, soignants)<br />

souffre dans ce genre de situation. Il est<br />

nécessaire dès lors de pouvoir en parler et de<br />

ne pas s’enfermer dans sa propre <strong>douleur</strong>,<br />

afin de l’accepter et de la dépasser.<br />

SIDA<br />

6<br />

et <strong>douleur</strong><br />

>>>><br />

Les personnels hospitaliers sont donc souvent<br />

amenés à écouter les malades et leurs<br />

proches.<br />

Le sida, plus que toute autre maladie, établit<br />

un lien entre le patient et le soignant fait<br />

entre autre chose d’impuissance, de révolte,<br />

de colère mais aussi de confiance, de respect,<br />

et surtout d’humilité.<br />

<strong>La</strong> gestion des sentiments, la mobilisation<br />

des défenses contre la souffrance demande<br />

une grande énergie au soignant, une grande<br />

énergie psychique, surtout face au sida qui<br />

actuellement entraîne une répétition des<br />

décès.<br />

Le caractère répétitif peut finir par se manifester<br />

sous la forme d’un syndrome d’épuisement<br />

qui touche surtout les équipes impliquées<br />

dans la prise en charge des patients<br />

atteints du sida.<br />

C’est pour cette raison que le travail<br />

pluridisciplinaire, les réunions d’équipe pendant<br />

lesquelles un temps de parole est donné<br />

à chacun, sont des facteurs qui<br />

permettent de mieux gérer et de faire face à<br />

ces sentiments douloureux.<br />

Il est capital que les souffrances des<br />

soignants soient prises en compte et qu’ils<br />

puissent en parler et être aidés, car c’est<br />

aussi le seul moyen d’écouter et de contenir<br />

vraiment les <strong>douleur</strong>s des patients.<br />

Centre hospitalier de <strong>Valenciennes</strong> 33


34<br />

Centre hospitalier de <strong>Valenciennes</strong>


<strong>douleur</strong> de l’esprit<br />

Docteur Philippe Granato<br />

Praticien hospitalier<br />

Service de psychiatrie adultes secteur<br />

de <strong>Valenciennes</strong> - Trith<br />

L’angoisse est à l’esprit ce que la <strong>douleur</strong> est<br />

au corps. L’angoisse peut se définir comme<br />

“un sentiment pénible d’attente”, “une<br />

peur sans objet (Janet)”, ou “comme le sentiment<br />

d’un danger imprécis et mal définissable<br />

(Guyotat)”. Elle possède une fonction<br />

d’alarme. Autrement dit, l’angoisse est<br />

la peur d’un événement à venir dont on<br />

ignore la nature. Les limites entre une<br />

angoisse normale et pathologique sont<br />

floues. L’angoisse “normale” élève le niveau<br />

de vigilance, stimule l’activité psychique<br />

en facilitant l’attention. L’angoisse devient<br />

pathologique lorsque ses manifestations<br />

physiques sont source de souffrance pour le<br />

sujet. Dans ce cas, l’angoisse s’associe à<br />

des manifestations physiques telles le tremblement,<br />

la difficulté à respirer, les palpitations,<br />

les <strong>douleur</strong>s thoraciques, l’augmentation<br />

du rythme cardiaque, l’augmentation<br />

de la tension artérielle etc.<br />

Il est difficile d’affirmer qu’une <strong>douleur</strong><br />

somatique est spécifique de la souffrance<br />

d’un organe donné. Le plus souvent, la <strong>douleur</strong><br />

d’une région est évocatrice de la souffrance<br />

d’un organe. Ainsi, il n’est pas aisé<br />

de rattacher une <strong>douleur</strong> abdominale à l’atteinte<br />

spécifique du foie, de l’appendice<br />

ou d’un autre organe. Il en est de même en<br />

psychiatrie. L’angoisse est évocatrice de la<br />

>>>><br />

ANGOISSE<br />

<strong>douleur</strong> de l’esprit<br />

souffrance de l’appareil psychique.<br />

Néanmoins, certaines caractéristiques orientent<br />

le psychiatre. <strong>La</strong> cause de cette souffrance<br />

peut être réactionnelle à un événement<br />

de vie, extérieur à l’individu et donc<br />

compréhensible (deuil, séparation, maladie,<br />

etc). Le sujet a conscience de sa <strong>douleur</strong><br />

psychique qu’il parvient à verbaliser.<br />

Néanmoins, dans certaines situations le<br />

dysfonctionnement croissant de l’appareil<br />

psychique conduit à une angoisse si importante<br />

que l’interlocuteur en est troublé et<br />

lui-même angoissé. L’exacerbation de l’angoisse<br />

finit par aboutir à la non perception<br />

de cette dernière et de la réalité extérieure.<br />

Dans cette situation, le dysfonctionnement<br />

psychiatrique est imprévisible et difficilement<br />

associé à un événement extérieur.<br />

L’évaluation de l’angoisse prend en compte :<br />

• la durée d’évolution,<br />

• l’intensité de son expression,<br />

• l’existence ou non d’un événement de vie<br />

qui est à l’origine de l’angoisse,<br />

• le retentissement dans la vie sociale et<br />

professionnelle du sujet,<br />

• les répercussions sur la vie des proches.<br />

L’angoisse peut s’installer insidieusement<br />

sans cause évidente et envahir l’ensemble<br />

des situations au quotidien. Le sujet se<br />

7<br />

Centre hospitalier de <strong>Valenciennes</strong> 35


<strong>douleur</strong> de l’esprit<br />

36<br />

recroqueville dans son domicile à l’abri du<br />

monde extérieur. L’angoisse, vaporeuse,<br />

peut se cristalliser sur des objets ou des<br />

situations précises. Dans ces cas, elle prend<br />

le nom de phobies : peur de traverser un<br />

pont, peur des grands espaces, peur de<br />

parler en public, etc… A contrario, l’angoisse<br />

peut toucher un sujet sain de façon<br />

brutale et inattendue. Elle prend le nom<br />

d’attaque de panique. Ce type de manifestations<br />

peut se reproduire de façon<br />

imprévisible conduisant à la peur d’avoir<br />

peur.<br />

L’intensité permet d’affiner la description de<br />

la <strong>douleur</strong> physique. Ainsi, chacun de nous<br />

est compatissant face à une <strong>douleur</strong> migraineuse<br />

autant il se retrouve directement<br />

impliqué, interpellé et dans un sentiment<br />

d’impuissance et de souffrance personnelle<br />

face à un sujet conscient et craint sa <strong>douleur</strong><br />

physique. Sa <strong>douleur</strong> nous atteint, nous<br />

fait mal, nous souffrons aussi. Parallèlement,<br />

la <strong>douleur</strong> psychique peut atteindre une<br />

intensité qui est à la fois sidérante pour le<br />

sujet mais aussi déstabilisante pour les personnes<br />

qui vivent avec lui ou qui ont la<br />

charge du soin. Ce type de situation est<br />

souvent le résultat de l’évolution d’une<br />

situation non prise en charge suffisamment<br />

tôt. L’intensité de cette angoisse est en rapport<br />

avec des modifications graves de l’appareil<br />

psychique avec une perturbation :<br />

• de la vision de soi-même, d’autrui et des<br />

événements,<br />

• de l’affectivité dans son intensité, sa labilité<br />

et de l’adéquation de la réponse émotionnelle,<br />

• du fonctionnement interpersonnel,<br />

• du contrôle des pulsions.<br />

Centre hospitalier de <strong>Valenciennes</strong><br />

Cette description n’est pas exhaustive, l’angoisse<br />

est omniprésente en psychiatrie.<br />

Cependant, la dépression grave exprime<br />

une angoisse originale. En effet, le sentiment<br />

de culpabilité, le manque d’estime<br />

de soi, et la conviction désespérée d’un<br />

désastre personnel, imminent et irrésistible<br />

à type de châtiment expriment une <strong>douleur</strong><br />

morale.<br />

L’angoisse peut prendre des masques somatiques<br />

en fonction de la personnalité du<br />

sujet. Dans ces cas, il s’agit de manifestations<br />

fonctionnelles de l’angoisse ou de<br />

maladies psychosomatiques (ulcères de<br />

stress, certains asthmes, etc.). Dans ce cas,<br />

il s’agit d’une expression organique de l’angoisse.<br />

L’appareil psychique exprime sa<br />

souffrance au travers du corps. Inversement<br />

une <strong>douleur</strong> corporelle conduit à une souffrance<br />

de l’appareil psychique.<br />

<strong>La</strong> <strong>douleur</strong> psychique est le témoin d’une<br />

souffrance qu’il importe de ne pas banaliser.<br />

Il s’agit d’un signe précoce. Sa prise<br />

en considération doit conduire à une<br />

consultation spécialisée afin d’en connaître<br />

l’origine et de la traiter précocement.


k i n é s i t h é r a p i e e t d o u l e u r<br />

Équipe de kinésithérapie >>>><br />

Le traitement non<br />

médicamenteux<br />

de la <strong>douleur</strong><br />

L’une des facettes<br />

de la kinésithérapie<br />

Un des principes de base des kinésithérapeutes<br />

est de travailler sous le seuil de la<br />

<strong>douleur</strong>, sachant que celle-ci est un obstacle<br />

à une kinésithérapie de qualité. C’est<br />

pourquoi bon nombre de techniques de<br />

cette discipline, sont aussi antalgiques.<br />

De plus, comme le souligne l’étymologie<br />

du mot kinésithérapie (traitement par le<br />

mouvement) le kinésithérapeute lutte contre<br />

l’immobilité et ses effets (escarres, rétractions,<br />

troubles circulatoires…) et de ce fait<br />

lutte contre la <strong>douleur</strong>.<br />

Il existe des techniques antalgiques pures,<br />

mais aussi de nombreuses autres techniques<br />

qui agissent à un moment ou à un autre<br />

sur la <strong>douleur</strong> comme la mobilisation.<br />

KINÉSITHÉRAPIE<br />

et <strong>douleur</strong><br />

8<br />

Techniques antalgiques pures<br />

Techniques<br />

Massage<br />

• Pétrissage<br />

• Pression-glissée<br />

• Friction<br />

• Cyriac*<br />

• DLM<br />

• Massage veineux<br />

• Ponçage<br />

Physiothérapie<br />

• Fangothérapie (chaleur)<br />

• Balnéothérapie<br />

• Cryothérapie (froid)<br />

• Électrothérapie<br />

Effets<br />

•<br />

courant continu<br />

courant variable<br />

Ondes mécaniques<br />

ultra sons<br />

Ondes<br />

électro-magnétiques<br />

Ondes courtes<br />

Infra-rouges<br />

Relaxation<br />

Jacobson<br />

Schultz<br />

Sophrologie<br />

Relâchement<br />

musculaire<br />

• Assouplissement<br />

des tissus<br />

• Suppression<br />

des adhérences<br />

• Diminution de l’excitabilité<br />

nerveuse<br />

* Correspond à des<br />

spécialités médicales<br />

et les signalent donc<br />

comme telles.<br />

• Hypotonie, relâchement<br />

musculaire<br />

• Effet sédatif de l’apesanteur<br />

partielle et de<br />

la chaleur de l’eau<br />

• Vasoconstriction locale,<br />

action sur la spasticité,<br />

action sur les séquelles<br />

des lésions<br />

traumatiques (œdèmes,<br />

hématomes)<br />

• Ionisation : antalgique<br />

via gate contrôle (effet<br />

rapide) ou par libération<br />

d’endorphines (effet<br />

progressif) selon le<br />

courant utilisé<br />

Effets thermiques,<br />

sclérolytiques, antalgiques<br />

Effets thermiques en<br />

profondeur<br />

Effets thermiques en<br />

surface<br />

• Diminution des tensions<br />

musculaires<br />

• Gestion du degré de<br />

tonicité par la suggestion<br />

• Déplacement dans<br />

différents niveaux de<br />

vigilance.<br />

Centre hospitalier de <strong>Valenciennes</strong> 37


kinésithérapie et <strong>douleur</strong><br />

38<br />

Autres techniques<br />

Nous n’envisagerons que le cas de la mobilisation,<br />

technique de base de la profession.<br />

Impotence fonctionnelle<br />

Raideur articulaire<br />

Douleur<br />

Contractures<br />

<strong>La</strong> mobilisation a de nombreux atouts : elle<br />

diminue les contractures, prévient l’enraidissement,<br />

l’impotence fonctionnelle et<br />

donc la <strong>douleur</strong>.<br />

Elle agit également sur la circulation par<br />

un effet de pompage. Les tissus sont ainsi<br />

mieux irrigués. Elle lutte contre l’œdème et<br />

donc la <strong>douleur</strong> qu’il occasionne.<br />

Centre hospitalier de <strong>Valenciennes</strong><br />

Les contractions musculaires intenses<br />

(mobilisation active) déclenchent la libération<br />

d’endorphines. On parle “d’ivresse du<br />

marathonien”.<br />

<strong>La</strong> mobilisation passive, elle aussi fait intervenir<br />

le système endorphinique chez les<br />

personnes dont le seuil de perception de la<br />

<strong>douleur</strong> est bas.<br />

Dans la prise en charge de la <strong>douleur</strong>,<br />

le kinésithérapeute tient une place non<br />

négligeable au sein d’une équipe pluridisciplinaire.<br />

Contrairement aux idées reçues,<br />

la séance de kinéthérapie n’est jamais “une<br />

séance de torture”, bien au contraire, elle<br />

doit toujours directement ou indirectement,<br />

soulager.


soignants et <strong>douleur</strong><br />

Groupe “soignants”<br />

Du groupe <strong>douleur</strong><br />

Faire le point<br />

>>>><br />

“Il a mal. Il a encore mal”<br />

“C’est toujours pareil, il a mal”<br />

Ces mots suffisent-ils ?<br />

Non. Soyons des professionnels !<br />

Monsieur C. a des <strong>douleur</strong>s dans la jambe<br />

droite empêchant toute mobilisation, il dit :<br />

“j’ai la jambe comme un chiffon mou, j’ai<br />

l’impression qu’une grosse pince me brise<br />

la cuisse et je ressens des décharges électriques<br />

tout le long du mollet”.<br />

Entre 0 et 10, il situe sa <strong>douleur</strong> à 8 au repos,<br />

10 à la mobilisation.<br />

L’antalgique que nous lui donnons toutes les<br />

6 heures ne le soulage que 2 heures. Il a mal<br />

dormi, perd l’appétit. Ce matin, il est agressif,<br />

ne veut pas discuter, son visage est<br />

crispé, il n’a pas le moral.<br />

Et voilà, c’est simple :<br />

• localisation,<br />

• description réalisée par la personne qui<br />

souffre et qui aide à reconnaître le type de<br />

<strong>douleur</strong> (ici désafférentation et excès de<br />

nociception),<br />

• intensité,<br />

• temps d’efficacité du traitement,<br />

• répercussions de la <strong>douleur</strong> sur sa qualité<br />

de vie,<br />

SOIGNANTS<br />

et <strong>douleur</strong><br />

sont autant d’éléments qui vont permettre<br />

au médecin d’adapter un traitement et d’en<br />

évaluer l’efficacité.<br />

Mais encore en tant que soignants, avonsnous<br />

fait attention :<br />

• aux gestes quotidiens,<br />

• à l’installation confortable,<br />

• à l’environnement calme,<br />

• aux soins personnalisés ?<br />

Soulager oui<br />

mais encore<br />

Il ne faut pas oublier que la relation privilégiée,<br />

appelée relation d’aide, a des vertus<br />

thérapeutiques pour une personne qui<br />

a mal :<br />

• l’aborder avec une attitude tranquille, disponible,<br />

lui laisser le temps de parler va lui<br />

permettre d’exprimer ce qu’elle ressent,<br />

• l’inviter à parler en lui montrant notre<br />

disponibilité à l’écouter par un regard, un<br />

signe, une parole “je viens parler avec<br />

vous”,<br />

• “Comment vous sentez-vous ?” cette question<br />

simple ouvre la porte au dialogue,<br />

• reformuler ses propos va lui renvoyer que<br />

nous la croyons, que nous percevons ses<br />

ressentis douloureux.<br />

9<br />

Centre hospitalier de <strong>Valenciennes</strong> 39


soignants et <strong>douleur</strong><br />

40<br />

Cela permet à la personne de se sentir écoutée.<br />

Elle est en confiance et peut exprimer<br />

librement ce qu’elle ressent : cela la libère.<br />

C’est l’ensemble de cette démarche qui permettra<br />

de prendre en compte et de répondre<br />

aux besoins de la personne.<br />

Petit exercice<br />

Et voilà, inversons les rôles.<br />

Isolez-vous 5 minutes.<br />

C’est vous la personne soignée, vous êtes<br />

très mal, vous voyez le personnel courir. N’en<br />

pouvant plus vous interpellez un soignant :<br />

“Je souffre et personne ne me dit rien”<br />

Qu’aimeriez-vous entendre comme réponse ?<br />

Centre hospitalier de <strong>Valenciennes</strong><br />

Le groupe<br />

Kinésithérapeutes, infirmier(e)s, puéricultrices,<br />

nous nous efforçons de promouvoir<br />

le rôle des soignants dans la prise en charge<br />

de la <strong>douleur</strong>.<br />

Une enquête auprès de 750 à 800 personnes<br />

soignées pour mettre en évidence les maux<br />

provoqués par nos soins quotidiens, savoir<br />

ce qu’elles en pensent, a été menée en 1997.<br />

Vous êtes venus nombreux à la journée<br />

“<strong>douleur</strong>” du 11 décembre 1997. Votre présence,<br />

vos questions, vos remarques vont<br />

nous permettre de repenser nos gestes de<br />

tous les jours.


la <strong>douleur</strong> et l’enfant<br />

Docteur Patrick Debray<br />

Praticien hospitalier<br />

Service en pédiatrie<br />

>>>><br />

LA DOULEUR<br />

et l’enfant<br />

10<br />

Centre hospitalier de <strong>Valenciennes</strong> 41


l a d o u l e u r e t l ’ e n f a n t<br />

Arrivée<br />

Départ<br />

42<br />

14<br />

1<br />

2<br />

13<br />

Centre hospitalier de <strong>Valenciennes</strong><br />

3<br />

<strong>La</strong> <strong>douleur</strong>,<br />

<strong>c'est</strong> pas du jeu !<br />

Mettons la <strong>douleur</strong> hors-jeu<br />

<strong>La</strong> <strong>douleur</strong> non prise en compte, la <strong>douleur</strong> infligée<br />

à l'enfant nous culpabilisait tellement que notre<br />

seule réponse était de nier son existence. Depuis<br />

que nous avons accepté d'ouvrir les yeux, il n'y a<br />

pas si longtemps, depuis que nous nous sommes<br />

donné les moyens de vaincre et de prévenir la <strong>douleur</strong><br />

de nos petits malades, ils souffrent moins, et<br />

nous aussi nous allons mieux ! Nous ne sommes<br />

plus des bourreaux… <strong>c'est</strong> ça aussi, <strong>c'est</strong> ça surtout,<br />

l'humanisation des services de soins.<br />

12<br />

11<br />

4<br />

10<br />

9<br />

5<br />

8<br />

7<br />

6


l a d o u l e u r e t l ’ e n f a n t<br />

2<br />

Touche pas à mon<br />

cocon !<br />

Quand j'étais tout petit bébé, en néonatologie,<br />

l'équipe a pris grand soin de mon<br />

confort. Bien installé dans mon petit nid<br />

douillet, niché dans mon cocon, bercé par<br />

mon matelas à eau préparé à ma mesure.<br />

Merci d'avoir respecté ma position préférée,<br />

cela m'a aussi permis d'éviter les déformations<br />

douloureuses. Pour tous mes petits<br />

bilans et tous les gestes agressifs, j'ai eu le<br />

droit à ma petite dose de saccharose sous ma<br />

langue et avec ça la <strong>douleur</strong> a fait la pause.<br />

Papa et maman pouvaient venir s'occuper<br />

de moi autant qu'ils le souhaitaient, cela<br />

nous a beaucoup aidés. Chut ! le moins de<br />

bruit possible pour m'éviter de sursauter et<br />

de me réveiller. Continuez, il y a du progrès,<br />

vous allez y arriver…<br />

Équipe de néonatologie<br />

5<br />

Si j'ai mal en moi,<br />

est-ce que tu le vois ?<br />

<strong>La</strong> <strong>douleur</strong> du nourrisson reste encore un<br />

phénomène assez difficile à évaluer, car<br />

celui-ci ne peut dire verbalement ce qu'il<br />

ressent. Cependant, le bébé est tout à fait<br />

capable de faire comprendre qu'il a mal !<br />

Aussi, dans le service des tout-petits, nos<br />

principales sources d'informations concernant<br />

la <strong>douleur</strong> de l'enfant passent par un<br />

échange particulièrement détaillé entre les<br />

parents et les puéricultrices. Cet échange<br />

servira donc de préambule à l'observation<br />

plus précise du bébé faite par les puéricultrices,<br />

dès son entrée et cela tout au long de<br />

son hospitalisation.<br />

Prochainement une aide sera apportée à<br />

notre étude par les échelles de <strong>douleur</strong>, ce<br />

qui permettra de faire une évaluation quantitative<br />

plus objective mais incontestable<br />

de l'existence de cette <strong>douleur</strong> encore trop<br />

souvent négligée.<br />

Équipe de pédiatrie nourrissons - 6 e C<br />

7<br />

Magique, ta crème !<br />

Pas de piqûre ! maman !!!<br />

Tu n'auras pas mal, on va te mettre de la<br />

“pommade magique”.<br />

Pour supprimer cette hantise de la piqûre<br />

chez l'enfant, les puéricultrices se sont mobi-<br />

lisées en utilisant de façon courante la crème<br />

Emla*, dite “pommade magique”. Elle est<br />

utilisée au cours de tout geste agressif, par<br />

exemple ponction veineuse, artérielle, lombaire,<br />

intra-dermo, etc. Il faut respecter<br />

impérativement le délai de pose qui est<br />

d'une heure minimum. Le geste s'effectue en<br />

confiance, de façon plus détendue et avec<br />

un succès total tant pour les enfants que<br />

pour les parents et tout le personnel.<br />

Équipe de pédiatrie 7 e D<br />

10<br />

Hilarant !<br />

Entonox* (oxygène +<br />

protoxyde d'azote) en pédiatrie<br />

et aux urgences<br />

Pour certains gestes de courte durée, l'utilisation<br />

de cet analgésique de surface est<br />

devenue courante. <strong>La</strong> puéricultrice ou l'infirmière,<br />

sous la responsabilité du médecin,<br />

pratique cet acte en faisant respirer<br />

l'enfant dans un masque parfumé (à la fraise<br />

par exemple). L'enfant a la possibilité de<br />

choisir la couleur de son sifflet pour s'écouter<br />

respirer avec les encouragements des<br />

soignants et de ses parents. L'utilisation de<br />

l'Entonox* détend l'enfant et permet de pratiquer<br />

avec confiance les soins douloureux :<br />

les diverses ponctions, par exemple ponction<br />

lombaire, ponction d'adénite… la petite<br />

chirurgie, par exemple sutures, parages de<br />

plaies, extraction de corps étranger… le<br />

déshabillage et l'examen d'un enfant suspect<br />

de fracture…<br />

L'Entonox* est euphorisant (l'enfant en redemande)<br />

<strong>c'est</strong> pourquoi le protoxyde d'azote<br />

qu'il contient a été appelé “gaz hilarant”.<br />

L'examen terminé, l'enfant est chaleureusement<br />

félicité.<br />

Équipes des urgences<br />

et de pédiatrie 7 e D<br />

11<br />

Des petits moyens<br />

pour nos bambins<br />

<strong>La</strong> simple immobilisation plâtrée est une<br />

priorité pour lutter contre la <strong>douleur</strong> postopératoire<br />

de l'enfant en chirurgie osseuse.<br />

En effet, la plupart des pathologies traitées<br />

dans le service ainsi que nos soins quotidiens<br />

engendrent des <strong>douleur</strong>s aiguës. Outre<br />

l'utilisation de l'Entonox* et de la crème<br />

Emla*, un des objectifs de l'équipe soignante<br />

est de réduire les <strong>douleur</strong>s provoquées par<br />

de “petits moyens”. Un groupe de travail<br />

s'est ainsi constitué afin de réfléchir sur ces<br />

stratégies non médicamenteuses et de les<br />

tester en équipe. Cette réflexion a permis<br />

de nous sensibiliser à cette <strong>douleur</strong> provoquée<br />

et de modifier nos comportements face<br />

à des gestes quotidiens souvent banalisés.<br />

En avant-première : techniques d'installation<br />

dans le lit, recueil des urines (pour<br />

analyse) sur compresses, protection cutanée<br />

avant l'application de sparadrap<br />

(chez le nourrisson), utilisation de garrot<br />

progressif.<br />

À suivre…<br />

Équipe de chirurgie infantile et orthopédie<br />

12<br />

Douleur<br />

postopératoire ?<br />

un contrat de confiance<br />

Un enfant qui doit être opéré ne comprend<br />

pas toujours bien pourquoi, car il n'est pas<br />

toujours vraiment malade, et il a peur<br />

d'avoir mal. En consultation d'anesthésie<br />

nous essayons d'établir une relation de<br />

confiance avec l'enfant. Nous lui expliquons<br />

qu'effectivement, une intervention chirurgicale<br />

fait mal, et que <strong>c'est</strong> pour cela qu'on<br />

l'endort, pour qu'il ne sente rien. Nous lui<br />

expliquons également que nous ferons tout<br />

pour qu'il n'ait pas mal quand il se<br />

réveillera. Il doit surtout bien comprendre<br />

que si après cela il ressent encore une <strong>douleur</strong>,<br />

il peut nous le dire sans crainte et il y<br />

aura toujours quelqu'un pour l'écouter et lui<br />

administrer un calmant adapté.<br />

Équipe d’anesthésie-réanimation<br />

14 <strong>La</strong> souffrance<br />

morale, <strong>c'est</strong> aussi une<br />

<strong>douleur</strong><br />

J'ai le blues, j'suis bon à rien, j'en ai<br />

marre… !<br />

Écouter… Entendre… Comprendre…<br />

Mettre un sens à ses actes, y mettre des mots<br />

peuvent l'aider !<br />

Équipes de pédopsychiatrie<br />

et de pédiatrie adolescent 6 e D<br />

Centre hospitalier de <strong>Valenciennes</strong> 43


44<br />

Centre hospitalier de <strong>Valenciennes</strong>


communications diverses<br />

Forum du 11 décembre 1998<br />

Docteur Cécile Vigier<br />

Praticien hospitalier<br />

Service d’anesthésie-réanimation<br />

>>>><br />

Le centre hospitalier de <strong>Valenciennes</strong> se<br />

positionne en tant que site pilote dans la<br />

prise en charge de la <strong>douleur</strong> dans le<br />

Hainaut.<br />

“<strong>La</strong> <strong>douleur</strong>… tous concernés” était le thème<br />

du premier forum anti<strong>douleur</strong> du centre<br />

hospitalier de <strong>Valenciennes</strong>. Plus de 700<br />

personnes ont assisté à cette journée du 11<br />

décembre 1997, témoignant de la préoccupation<br />

des soignants et de chacun pour un<br />

sujet d’extrême actualité.<br />

25 services de l’établissement ont présenté<br />

et abordé 18 thèmes différents, reflétant<br />

ainsi la pluridisciplinarité de ce problème.<br />

Alternant tables rondes, diaporamas, vidéo<br />

communications, posters et démonstrations,<br />

cette journée s’est déroulée dans une<br />

atmosphère particulièrement enrichissante.<br />

Ont été abordés les <strong>douleur</strong>s lors de l’accouchement,<br />

la <strong>douleur</strong> post-opératoire,<br />

l’aide apportée à la rééducation, les bienfaits<br />

de la kinésithérapie.<br />

<strong>La</strong> souffrance des enfants et de leurs parents<br />

a été mise en exergue : en néonatologie,<br />

lors de l’hospitalisation de l’enfant, dans<br />

le cas de maladie chronique.<br />

<strong>La</strong> <strong>douleur</strong> globale des personnes en fin de<br />

vie en oncologie déstabilise les familles et<br />

les soignants. Ceux-ci mettent en jeu des<br />

COMMUNICATIONS<br />

diverses<br />

mécanismes de défense dont l’identification<br />

et l’analyse s’avèrent primordiales.<br />

Les <strong>douleur</strong>s en rhumatologie, en rééducation<br />

fonctionnelle, en diabétologie et les<br />

<strong>douleur</strong>s provoquées par les techniques de<br />

soins ont été particulièrement développées.<br />

<strong>La</strong> clôture du forum, les médecins psychiatres<br />

ont mis en évidence l’implication de<br />

la culture dans l’expression de la <strong>douleur</strong>.<br />

À l’occasion de cette manifestation, le docteur<br />

L. Vanseymortier, secrétaire général<br />

du comité du Nord, Ligue National contre le<br />

cancer, a remis à Philippe Domy, directeur<br />

de l’établissement, une pompe à analgésie<br />

contrôlée par la personne soignée (PCA).<br />

Ce don a pu être réalisé grâce à l’instigation<br />

de Monsieur Prince de la ville de Préseau<br />

qui organise régulièrement des manifestations<br />

au profit du comité du Nord et qui<br />

souhaitait que l’argent collecté par son<br />

association serve à l’acquisition d’une<br />

pompe.<br />

11<br />

Centre hospitalier de <strong>Valenciennes</strong> 45


c o m m u n i c a t i o n s d i v e r s e s<br />

46<br />

Citations<br />

“L’étude de la <strong>douleur</strong> conduit à une<br />

médecine humaine en tous ses gestes”.<br />

René Leriche 1940<br />

Repérer la <strong>douleur</strong><br />

Y croire<br />

L’évaluer<br />

<strong>La</strong> soulager par un traitement précoce<br />

et adapté<br />

Écouter le malade<br />

Dire<br />

“<strong>La</strong> santé est un état complet de bien<br />

être physique, mental et social et ne<br />

consiste pas seulement en une absence de<br />

maladie ou d’infirmité”.<br />

Organisation mondiale de la santé<br />

<strong>La</strong> <strong>douleur</strong> n’est pas un symptôme comme<br />

un autre. S’y intéresser, c’est s’ouvrir à<br />

toute la vie du malade : qui est-il ? que<br />

pense-t-il de sa maladie ? que craint-il ?<br />

Qu’attend-t-il ?<br />

“<strong>La</strong> lutte contre la <strong>douleur</strong> est une usure…<br />

Consentir à la souffrance est une sorte de<br />

suicide lent… Et il n’y a qu’une <strong>douleur</strong><br />

qu’il soit facile de supporter, c’est la <strong>douleur</strong><br />

des autres”.<br />

René Leriche<br />

“Personne ne sait combien de temps peut<br />

durer une seconde de souffrance. Elle<br />

peut durer un purgatoire ou toute l’éternité”.<br />

Graham Green (<strong>La</strong> puissance et la Gloire)<br />

“Chacun peut maîtriser une souffrance<br />

excepté celui qui l’a sent. On n’a jamais<br />

vu un philosophe qui endurait patiemment<br />

le mal aux dents”.<br />

Shakespeare (Othello)<br />

Centre hospitalier de <strong>Valenciennes</strong><br />

“<strong>La</strong> <strong>douleur</strong> qui persiste au-delà de sa<br />

fonction de système d’alarme d’une lésion<br />

tissulaire est certes un dédi pour la victime,<br />

la société et la médecine, mais ne<br />

doit plus être considérée comme une fatalité”.<br />

Y. <strong>La</strong>zorthes (les <strong>douleur</strong>s rebelles).<br />

Morceaux choisis<br />

Morphine et <strong>douleur</strong><br />

cancéreuse<br />

Prends, s’il le faut, docteur, les ailes<br />

de Mercure<br />

Pour m’apporter plus tôt ton baume<br />

précieux !<br />

Le moment est venu de faire la piqûre<br />

Qui, de ce lit d’enfer, m’enlève vers les<br />

Cieux.<br />

Merci, docteur, merci ! Qu’importe si la<br />

cure<br />

Maintenant se prolonge en des jours<br />

ennuyeux !<br />

Le divin baume est là, si divin<br />

qu’Épicure<br />

Aurait dû l’inventer pour l’usage des<br />

Dieux !<br />

Je le sens qui circule en moi, qui me<br />

pénètre !<br />

De l’esprit et du corps ineffable<br />

bien-être,<br />

C’est le calme absolu dans la sérénité.<br />

Ah ! perce-moi cent fois de ton aiguille<br />

fine<br />

Et je te bénirai cent fois, Sainte<br />

Morphine<br />

Dont Esculape eût fait une Divinité<br />

Jules Verne “À la morphine”.<br />

Extraite de : la <strong>douleur</strong> J.-M. Besson,<br />

éditions Odile Jacob, 1992, p213.


communications diverses<br />

Mireille Cheval<br />

Bibliothèque médicale<br />

Dans le cadre de la constitution<br />

du groupe référent “Douleur”<br />

mis en place suite aux volontés<br />

administratives et médicales,<br />

un dossier bibliographique<br />

a été constitué à la bibliothèque<br />

médicale du centre hospitalier<br />

de <strong>Valenciennes</strong>.<br />

<strong>La</strong> démarche et les méthodes proposées<br />

permettent d’étoffer ce dossier avec<br />

l’actualité. Chaque participant du groupe<br />

en est l’instigateur en déposant à la<br />

bibliothèque médicale ses recherches<br />

fructueuses…<br />

<strong>La</strong> centralisation des différents documents<br />

sur un même lieu permet une gestion plus<br />

efficace et un accès facilité à l’information<br />

pour l’ensemble du personnel hospitalier.<br />

Faire en sorte que le personnel<br />

concerné trouve des réponses appropriées<br />

à ses besoins est l’objectif principal de<br />

la bibliothèque afin de susciter une dynamique<br />

interne.<br />

Je me tiens donc à votre disposition pour<br />

toute aide à la consultation (poste 3500).<br />

<strong>La</strong> bibliothèque médicale est située à<br />

L’école St Vincent - 1er étage - Hôtel Dieu,<br />

(site Désandrouin).<br />

Les thèmes retenus<br />

sont les suivants :<br />

• Douleur actualités<br />

• Douleur antalgiques généralités<br />

antalgiques I et II<br />

antalgiques III<br />

(morphiniques)<br />

• Douleur éthique<br />

• Douleur évaluation<br />

• Douleur législation (textes…)<br />

• Douleur kinésithérapie (sophrologie,<br />

musicothérapie)<br />

• Douleur neurologie<br />

• Douleur oncologie<br />

• Douleur pédiatrie<br />

• Douleur personnes âgées<br />

• Douleur physiopathologie<br />

• Douleur post-opératoire<br />

• Douleur prise en charge globale<br />

de la <strong>douleur</strong> (organisation,<br />

réflexion…)<br />

• Douleur psychiatrie<br />

• Douleur sida<br />

• Douleur sympathique<br />

• Douleur techniques (anesthésiologie,<br />

chirurgie, rhumatologie)<br />

Centre hospitalier de <strong>Valenciennes</strong><br />

11<br />

47


Le groupe “Douleur”<br />

remercie la direction<br />

du centre hospitalier<br />

de <strong>Valenciennes</strong><br />

qui a mis en place<br />

les moyens nécessaires<br />

pour la réalisation<br />

pratique de la journée<br />

du 11 décembre 1997<br />

et de ce numéro spécial.<br />

Conception - Mise en page : Ikkon<br />

Achevé d’imprimer sur les presses de la s.a. Les Lices - juillet 1998

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