là en Languedoc ou en Querc y , généralement mais pas exclusivement par le Comte de Toulouse, en échange dune protection spéciale qu'on sollicitait de lui ou qu'il lui plaisait d'accorder. Cl. Brunel a publié plusieurs chartes qui se rapportent à une convention de telle nature et où le terme est emplo yé : en 1165, trois seigneurs des environs donnent à Pierre de Pu ylaurens cinq sols melgoriens à percevoir à la Pentecôte en échange de sa protection sur eux et les habitants dune petite paroisse des environs de Vicimur (56). En 1181, Arnaud de Montaigut lait abandon à l'hôpital de Saint-Jean de Jérusalem de Fronton de ses droits sur la maison de l'hôpital de Fronton et sur toute la ville, hommes et femmes y habitant, à savoir b caplei?l et l'al herg que j deinandat'a (57). La notion et l'usage se perpétuèrent au début du XIII" siècle et même, a-t-on dit (58), le comte Ravmond VII aurait abusé du procédé et ses vassaux redouté que trop de leurs cen»,itaires n'aillent grossir le nombre de ses clients. Quelques actes donnent pour cette époque divers emplois du mot caplenium dans notre région. A Albi même, en 1229, un témoin attirme dans une enquête se rapportant à des événements antérieurs (59) qu'en viron quatre-vingts notables d'Albi, dont lui-même firent hommage au comte de Toulouse, entre les mains de son baile, avec échange de serments, et que ces serments lurent faits de part et d'autre propler capren,iium (60). Quelque temps plus tard le seigneur de Castres, Philippe de Montfort, fonde Villefranche dans le pays d'Ambialet. La charte de coutumes accordée à cette occasion (1269) lait allusion expresse à tous ceux qui per la davandiclia villa se piiesco ni se deio captener, à tout homme que en aqziesfa i'ila estia... ni que par la i'ila se capfeuga.. (61). La nécessité de rechercher la protection était déjà très urgente ici à la tin du XII' siècle, comme en est signe l'instauration du commun de la paix en 1191, et les mo yens utilisés au XIII' siècle avaient été éprouvés auparavant. Les querelles du Comte de Toulouse avec le vicomte de Béziers, les violences ayant entouré « la première croisade albigeoise marquée par le premier siège de Lavaur en 1181, et dont te chef, l'abbé (le Clairvaux, Henri, cardinal évêque d'Albano, s'était installé au château de Lescure (fief du Saint-Siège) rendent très probable la conclusion de pactes de protection par le vicomte d'Albi et de Béziers dans cette partie de ses états (62). Le L'apte?mizem n'était pas très lourd, plus signe d'allégeance, de fidélité, que tribut : Pierre de Magrein se mettant avec ses biens et sa forteresse de Pechbusque dans le captein du Comte dc Toulouse Raymond VII, pour cinq ans, en 1224, s'engage à lui paver chaque année (56) CI. Brunel, Les plus anciennes chartes originales en langue d'oc, t. t, n" 105. (57) Ibid., n" 240. (58) Cf. Hist. de Lang., t. Vit, note 46 dAM.. p. 166 et suiv. (59) Quendo Gal!? recesserunt. 160) Hist. de Lang., t Viii. pr. n" 282, c. 909 et suiv. (61)Compayré, oc., p. 337. (62)Voir Jotibois, Histoire du pays d'Albigeois, dans Revue du Tarn, t. V. 1884- 1885, P. 133-136. - 16 -
un carton de froment et un d'avoine (63). Généralement, écrit Aug. Molinier, les gens qui recherchaient la puissante protection du comte de Toulouse pavaient une petite redevance annuelle en cire ou en poivre (64). En Querc y un a d'assez nombreux exemples du captenli perçu par l'abbé militaire de Moissac au début du XIII' siècle (65) et qui parfois s'est perpétué (66). Cette redevance était généralement, au XIII' siècle, d'une livre de cire, taux qui correspond exactement à celui des carens des appartenances d'Albi. Reste à prouver que le nom est le même. A côté des formes comportant la labiale plus la dentale, comme captener, caplein, cap! enh, on rencontre des formes où la labiale disparail soit par redoublement de la dentale, soit purement et simplement. Les Enquêtes administratives d'Alphonse de Poitiers (67) font plus d'une luis mention de contestations au sujet du Captennittm pour le milieu du XIII' siècle et Fournissent à côté du mot Captenium ou formes voisines, les formes cate?Iguutn. catennutu. On les trouve même à l'occasion côte à côte (68). Sans doute cette évolution linguistique est-elle peu attestée en Albigeois, où la labiale parait s'être généralement maintenue. Cependant scripras donne escriutas à Albi en 1220 (69), Bien entendu, nous ne pouvons affirmer SOUS quelle forme était le mot dans l'original de notre texte. Celui-ci a été transcrit plusieurs fois et ne constitue nullement un objet d'étude linguistique rigoureuse. Ce qui nous importe c'est d'identifier avec assez de sûreté une forme que nous admettons exceptionnelle en Albigeois. Lrs rjutts. En rappelant le Caten.s de Roumégoux, château situé à côté de Saint- Lieux, le vicomte n'oublie pas de taire mentionner la leude qui lui est due au pont de La F'enasse. Cette leude est payable en cire pesée poids d'Albi et exigible à l'entrée du Carême. Pas d'indication chiffrée. Suit une formule précisant que - sans doute toujours cette leude - sera due de chaque mas où l'on habite, c'est-à-dire de chaque leu, et poids de Montpellier; toutes les lois qu'on le demandera elle sera portée « à la foi-ce ». Enfin, que l'obligation concerne à la fois les appartenances » et les tenant-fiefs du vicomte alz asbouscals, aiz fieus et las cstejanjas. L'indication du poids de Montpellier nous parait confirmer que la redevance concerne l'Arnhialadês et le Curvallês, L'existence (l'une leude (63) Hist. do Lang., Viti, c. 1954, (64) Par exemple dans I' '. Hommage « que lui fait Gaubert de Boissa, de Buzet, en 1237 (n. st.) acte publié par Teulet, Layettes.,., t. Il. P. 334, dans lequel la notion de capterinium n'est pas explicite mais semble bien sous-entendue. Cf. Hist. de Lang., t. VII, note 46, dAM. (65) Cf. Galland, Du Franc-Alleu, Paris, 1637, p. 144 et 298. (66) Cf. Lartigaud, La seigneurie directe en Quercy au XVe siècle, communication au Congrès de la Féd. des Soc. Sav. de Lang. Pyr. Gasc., Figeac (1967), en cours de publication. (67) Publiées par P.-Fr. Fournier et Pascal Guébin, Paris, 1959. in-41. (68) Ibid., n 447. (69) Transaction entre l'évêque Guilhem Peire et les habitants, Arch. com. d'Albi, FF 1, charte - partie originale. - 17 -