THElVlE 9 : ETHNOARCHEOLOGIE EN AFRIQUE signification des motifs. Nous savons si peu sur ces motifs et sur leur symbolique originelle! Ainsi, par exemple, la spirale - dans to utes ses variations - apparalt en leitmotiv sur les pre mieres quatre categories de <strong>boubous</strong>. La spirale est un archetype tn?s ancien qui se retrouve partout dans le monde. Il est permis de douter que la spirale puisse toujours etre interpretee comme un serpent, un cameleon, un tambour ou la pleine l<strong>une</strong>, com me peuvent le faire les brodeurs d' aujourd' hui. [10] C' est probable ment un symbole beaucoup plus complexe. En ce qui concerne la coupe it faut mentionner que <strong>Les</strong> <strong>boubous</strong> classiques les plus anciens que no us connaissons actuellement ne furent collec tionnes qu'en 1841. [11]. En dehors des fragments de textiles archeologiques, les vetements de coton les plus anciens de l' Afrique subsaharienne sont con serves a Ulm (Allemagne) depuis 1659. [12] Il s'agit de deux grandes chemises pour lesquelles le mot 'tunique' a ete adaptes. [13] Une des deux tunique est ornee par des motifs brodes. Une spirale, pourtant, ne s'y trouve pas. Des textiles nettement plus anciens proviennent des grottes necropoles des Tellem dans les falaises de Bandiagara (Mali). Pres de 500 pieces - tissus, chemises et bonnets - on ete publiees. [14] <strong>Les</strong> plus anciens de ces fragments datent du Xle siecle, les plus recents du XVle siecle. Parmi cet ensemble de textiles bien dates, ce sont 75 fragments de chemises - ou de tuniques - en coton, en different etat de conservation, qui presentent pour nous de l'interet. Ces che mises semblent representer des tuniques masculins. On ne retrouve pas la forme classique du boubou dans le complexe Tellem. Nous ignorons si c' est parce que cette forme de boubou est absente de cet ensemble ou parce qu'elle n'existait pas a l' epoque. Pourtant, pour plusieurs des chemises tardives, datant de vers 1500, la coupe est proche de celles des <strong>boubous</strong> actuels. Plus important que la coupe est le fait que cer taines composantes techniques encore presentes au XXe siecle apparaissent deja au XI Ie siecle, <strong>une</strong> continuite absolument remarquable sur pres de 900 ans. [15]. Ainsi, on retrouve a plusieurs reprises dans le complexe tellem, et me me sur les pieces les plus anciennes du Xlle siecle, <strong>une</strong> ficelle - ou cordon - cousue sur le fonds, servant comme lacet de renfort le long de l'encolure tout en se termi nant normalement en spirale. Ce lacet de ren fort se trouve sur La plupart des categories de <strong>boubous</strong>, meme aujourd'hui. En effet, tout le poids du boubou repose principalement sur cette partie qui doit donc etre renforcee pour eviter <strong>une</strong> dechirure. La spirale en soutache Parmis les 75 fragments de tuniques tellem, trois contiennent des spirales en coton. [16] It semble qu' elles se trouvaient sur le cote droit de la poitrine. Il n'y a pas de trace de spirales dans le dos. Techniquement parle, ces spirales ne sont pas brodees. L'importance pour <strong>une</strong> etude ethno archeoLogique n'est pas dans le motif, mais dans la technique: La spirale tellem n'est pas brodee, elle est <strong>une</strong> soutache. La spirale est donc formee par les fils de coton du lacet de renfort, et ces fils ont ete contournes par un autre fil en coton.