Nouvelle Biographie Nationale - Académie royale de Belgique
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DESMETH DESMETH<br />
Kortenberg chez ses anciens concierges. Sa<br />
générosité envers les artistes ayant rendu sa<br />
situation fort précaire, il est obligé <strong>de</strong> sa séparer<br />
<strong>de</strong> quatre <strong>de</strong> ses huit Spilliaert. Paysages bruxellois<br />
paraît en 1937 et en 1938, les cahiers du<br />
Journal <strong>de</strong>s Poètes publient sa réponse à leur<br />
enquête sur L'Inspiration poétique et la<br />
métrique. Gallimard publie en 1939 une<br />
nouvelle édition <strong>de</strong> Simplifications suivi d'Avec<br />
la nuit. Mais l'approche <strong>de</strong> la guerre l'inquiète<br />
et l'amène à douter <strong>de</strong> la valeur et <strong>de</strong> la portée<br />
<strong>de</strong> son œuvre. Pourtant, il estime que «<strong>de</strong>s<br />
éclairs y subsistent, absolus». Il écrit <strong>de</strong><br />
nombreuses lettres à Marie Gevers, à Robert<br />
Guiette qu'elle lui a fait connaître, et modifie<br />
sans cesse le texte <strong>de</strong> ses poèmes auxquels il<br />
souhaite donner un caractère définitif. Il va<br />
jusqu'à reprendre les exemplaires <strong>de</strong> ses amis<br />
pour les corriger. Il a dû quitter Kortenberg et<br />
rési<strong>de</strong>, <strong>de</strong>puis mai 1940, à l'Hôtel du Cerf, place<br />
du Luxembourg à Bruxelles, où il travaille «tous<br />
les jours, lentement». Il participe aux dîners<br />
littéraires du Groupe du lundi et répond à<br />
l'enquête <strong>de</strong> Marcel Lecomte sur les Souvenirs<br />
déterminants : «Un poète [...] conçoit chacune<br />
<strong>de</strong> ses oeuvres [...] comme une synthèse où <strong>de</strong>s<br />
sensations très personnelles sont complétées par<br />
l'invention d'images, <strong>de</strong>s scènes». Il doit vendre<br />
une partie <strong>de</strong> sa bibliothèque et recopie <strong>de</strong> longs<br />
passages <strong>de</strong> ses livres avant <strong>de</strong> s'en séparer.<br />
En 1945, la guerre terminée, il quitte pour la<br />
première fois Bruxelles pour se rendre à<br />
Missembourg et discute avec Marie Gevers <strong>de</strong>s<br />
Poèmes choisis d'Emile Verhaeren qu'il publiera<br />
en 1947 aux Editions <strong>de</strong>s Artistes. Une édition<br />
augmentée <strong>de</strong> Simplifications paraît chez<br />
Gallimard en 1948. Des poèmes <strong>de</strong> Desmeth<br />
apparaissent dans les anthologies réunies par<br />
Jean Paulhan et Dominique Aury, Poètes d'aujourd'hui<br />
(1947) et par René Guiette, Poètes<br />
français <strong>de</strong> <strong>Belgique</strong>, <strong>de</strong> Verhaeren au<br />
Surréalisme (1948), ainsi que dans le Journal<br />
<strong>de</strong>s Poètes à partir <strong>de</strong> 1949. En novembre 1953,<br />
il rencontre Paul Nougé mais il se tiendra<br />
toujours en marge du surréalisme.<br />
En 1956, commence une longue correspondance<br />
avec le jeune poète français Pierre Borei,<br />
dont il <strong>de</strong>vient l'ami et le conseiller. II souhaite<br />
encore remanier Simplifications et voudrait en<br />
donner une édition définitive pour l'Exposition<br />
<strong>de</strong> Bruxelles en 1958. Il accomplit son <strong>de</strong>rnier<br />
grand voyage en 1956 : Vienne, Munich, Zürich,<br />
164<br />
Berne, les Alpes et le Jura. A Paris, il rencontre<br />
fréquemment les rédacteurs <strong>de</strong> la <strong>Nouvelle</strong><br />
Revue Française, Marcel Arland et Jean<br />
Paulhan, qui se chargent <strong>de</strong> présenter son livre<br />
au comité <strong>de</strong> lecture, mais il se sent isolé par<br />
rapport aux nouveaux poètes lancés par<br />
Gallimard. Il lit Montaigne en entier pour la<br />
troisième fois mais se familiarise aussi avec les<br />
œuvres <strong>de</strong> René Char et <strong>de</strong> Jean Cocteau. Il<br />
écoute avec ferveur les concerts d'orgue<br />
consacrés à Bach au Palais <strong>de</strong>s Beaux-Arts.<br />
L'Exposition universelle <strong>de</strong> 1958 suscite en<br />
lui un vif intérêt. Il en prépare la visite par <strong>de</strong>s<br />
lectures scientifiques et techniques, notamment<br />
sur la cybernétique et la pensée artificielle. Il se<br />
réinstalle à Kortenberg pour éviter les foules<br />
amenées par l'exposition. Ses Poèmes d'été<br />
paraissent à la N.R.F. Il tente <strong>de</strong> réunir les fonds<br />
en vue d'un voyage lointain dont il rêve en se<br />
rendant à l'aéroport ou au port d'Anvers. Mais il<br />
a <strong>de</strong>s soucis matériels, il est éprouvé par un<br />
acci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> tramway. Fin octobre 1960, il est<br />
gravement mala<strong>de</strong> pour la première fois; il<br />
reprend vie en mars 1961 et revoit ses cours <strong>de</strong><br />
géométrie. Hébertot lui propose d'écrire pour le<br />
théâtre mais Paul Desmeth veut encore restructurer<br />
son œuvre. Cependant, en 1965, il doit<br />
affronter le refus <strong>de</strong> Gallimard <strong>de</strong> rééditer une<br />
fois <strong>de</strong> plus Simplifications dont il a fait mettre<br />
au pilon les éditions précé<strong>de</strong>ntes. Marcel Arland<br />
et Jean Paulhan continueront toutefois à publier<br />
régulièrement ses poèmes dans la N.R.F.<br />
Georges Houyoux édite ses proses en 1966 sous<br />
le titre Passages à l'intimité, et en 1968 une<br />
édition remaniée <strong>de</strong> Simplifications, avec trente<br />
poèmes inédits. Ils sont appréciés entre autres<br />
par Marie Gevers, Franz Hellens, Robert Guiette<br />
avec lesquels il continue à correspondre.<br />
Le Prix Denayer lui est attribué en 1967 par<br />
l'<strong>Académie</strong> <strong>royale</strong> <strong>de</strong> langue et <strong>de</strong> littérature<br />
françaises. A quatre-vingt-cinq ans, il songe<br />
toujours aux voyages, même lointains, et la<br />
revue Marginales publie son <strong>de</strong>rnier poème :<br />
Hommage aux astronautes, quelques mois avant<br />
sa mort. Pierre Borei prépare une étu<strong>de</strong> sur<br />
Rimbaud, ce qui amène Paul Desmeth à <strong>de</strong>s<br />
réflexions sur la synthèse <strong>de</strong> la création<br />
poétique. Il groupe <strong>de</strong>s inédits sous le titre<br />
Rencontres mais il se sent mala<strong>de</strong> et rédige son<br />
<strong>de</strong>rnier texte le 17 avril 1970 : «avait cessé pour<br />
lui le temps <strong>de</strong> la liberté d'agir, un autre, celui <strong>de</strong><br />
la nécessité, était commencé».