Nouvelle Biographie Nationale - Académie royale de Belgique
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BAEYENS BAEYENS<br />
réseau au début <strong>de</strong> son ascension, Baeyens<br />
substitue un régime plus libéral. Jouissant d'une<br />
relative autonomie, les banques patronnées se<br />
voient néanmoins interdire d'acquérir <strong>de</strong>s<br />
actions <strong>de</strong> sociétés. En cas <strong>de</strong> tension sur le<br />
marché monétaire, la Société Générale ne se<br />
prive pas <strong>de</strong> leur adresser <strong>de</strong>s recommandations<br />
quant aux mesures à prendre.<br />
Sans doute l'expérience bancaire et l'accession<br />
<strong>de</strong> Baeyens à la direction <strong>de</strong> la Société<br />
Générale pendant la gran<strong>de</strong> dépression ont-elles<br />
marqué sa politique lorsqu'il succè<strong>de</strong> à Victor<br />
Tesch en qualité <strong>de</strong> gouverneur en 1892. Cette<br />
nomination est un tournant décisif dans le recrutement<br />
<strong>de</strong>s gouverneurs <strong>de</strong> la Société Générale,<br />
dans la mesure où, pour la première fois, il n'est<br />
pas fait appel à un notable ayant exercé <strong>de</strong><br />
hautes responsabilités politiques. Elle inaugure<br />
une ère <strong>de</strong> professionnalisation dans la composition<br />
du personnel dirigeant sans impliquer pour<br />
autant l'abandon du dosage politique.<br />
Sous le règne <strong>de</strong> Baeyens, la Société<br />
Générale, outre la croissance <strong>de</strong> son activité <strong>de</strong><br />
banque <strong>de</strong> dépôts, met à profit la reprise <strong>de</strong><br />
l'économie à la fin du XIX e siècle pour diversifier<br />
ses intérêts financiers et industriels en<br />
<strong>Belgique</strong> et à l'étranger. A la veille <strong>de</strong> la<br />
Première Guerre mondiale, elle est <strong>de</strong>venue un<br />
groupe financier <strong>de</strong> dimension internationale. Si<br />
elle fait preuve d'un dynamisme incontestable<br />
dans le développement <strong>de</strong> ses intérêts bancaires<br />
à l'étranger et possè<strong>de</strong> ou acquiert une position<br />
dominante dans plusieurs secteurs industriels, la<br />
Société Générale fait rarement œuvre <strong>de</strong><br />
pionnier, laissant à d'autres le soin d'explorer<br />
<strong>de</strong>s activités nouvelles quitte à utiliser efficacement<br />
leur expérience à son profit.<br />
Non content <strong>de</strong> développer le réseau bancaire<br />
<strong>de</strong> la Société Générale en <strong>Belgique</strong>, Baeyens<br />
s'est employé activement au développement <strong>de</strong>s<br />
investissements bancaires à l'étranger. Dès les<br />
années 1870, il participe à l'implantation <strong>de</strong> la<br />
Société Générale en France avec la fondation, en<br />
association avec la maison Davillier et Cie, <strong>de</strong> la<br />
Société française et belge <strong>de</strong> Banque et<br />
Escompte en 1872. La création <strong>de</strong> la filiale parisienne<br />
offre à la Société Générale <strong>de</strong>s<br />
opportunités nouvelles <strong>de</strong> participer à <strong>de</strong>s<br />
affaires internationales. Une nouvelle étape dans<br />
l'implantation sur la place <strong>de</strong> Paris est franchie<br />
en 1890 lors <strong>de</strong> la fusion <strong>de</strong> la Société française<br />
et belge <strong>de</strong> Banque et Escompte avec la Banque<br />
20<br />
Parisienne. Non seulement elle poursuit ses<br />
investissements bancaires en France, mais c'est<br />
dans les opérations internationales que la<br />
Banque Parisienne œuvre le plus activement<br />
pour la Société Générale, grâce au concours <strong>de</strong><br />
l'un <strong>de</strong> ses administrateurs, F. <strong>de</strong> Fron<strong>de</strong>ville,<br />
qui entretient une correspondance suivie avec<br />
Baeyens. Cette intense collaboration aboutit en<br />
1904 à la création <strong>de</strong> la Banque <strong>de</strong> l'Union<br />
parisienne avec le concours <strong>de</strong> maisons <strong>de</strong> la<br />
haute banque protestante. Baeyens <strong>de</strong>vient viceprési<strong>de</strong>nt<br />
<strong>de</strong> cet établissement qui se hisse<br />
rapi<strong>de</strong>ment au rang <strong>de</strong> banque d'affaires concurrente<br />
<strong>de</strong> la Banque <strong>de</strong> Paris et <strong>de</strong>s Pays-Bas sur<br />
la place <strong>de</strong> Paris. L'objectif <strong>de</strong> participer aux<br />
gran<strong>de</strong>s affaires sur la place <strong>de</strong> Paris est atteint.<br />
C'est principalement en Amérique latine et en<br />
Russie que la Société Générale s'associe aux<br />
initiatives <strong>de</strong> la Banque <strong>de</strong> l'Union parisienne<br />
qui connaîtront <strong>de</strong>s fortunes diverses. La Société<br />
Générale est d'ailleurs engagée en Amérique<br />
latine <strong>de</strong>puis une dizaine d'années, à l'initiative<br />
<strong>de</strong> sa filiale la Banque d'Anvers et d'un groupe<br />
d'hommes d'affaires <strong>de</strong> la colonie alleman<strong>de</strong><br />
d'Anvers animé par Edouard Bunge, qui se<br />
trouve à la tête d'un groupe multinational basé<br />
sur le négoce <strong>de</strong>s matières premières. Ferdinand<br />
Baeyens et son gendre Auguste <strong>de</strong> Lantsheere<br />
jouent un rôle actif dans la jonction <strong>de</strong>s réseaux<br />
parisien et anversois en Amérique latine qui<br />
débouche sur la création <strong>de</strong> la Banque <strong>de</strong><br />
l'Union anversoise et <strong>de</strong> la Banque italo-belge.<br />
Si Baeyens est engagé avec sa famille en<br />
Amérique latine et a soutenu les investissements<br />
<strong>de</strong> la Société Générale en Russie, il témoigne<br />
par contre d'une gran<strong>de</strong> pru<strong>de</strong>nce à l'égard <strong>de</strong>s<br />
entreprises coloniales <strong>de</strong> Léopold II. Sans<br />
refuser toute participation au financement <strong>de</strong>s<br />
entreprises créées au Congo par Albert Thys à<br />
l'instigation du Roi, il faudra vingt ans pour<br />
convaincre la Société Générale <strong>de</strong> s'engager<br />
définitivement au Congo avec la création <strong>de</strong>s<br />
sociétés dites <strong>de</strong> 1906, l'Union minière du Haut-<br />
Katanga, la Compagnie du Chemin <strong>de</strong> Fer du<br />
Bas-Congo au Katanga et la Forminière,<br />
chargées <strong>de</strong> la mise en valeur du Katanga et <strong>de</strong><br />
l'exploitation <strong>de</strong>s ressources minières du<br />
Congo. De même, s'il cè<strong>de</strong> non sans réticence<br />
aux pressions <strong>de</strong> Léopold II pour la construction<br />
du chemin <strong>de</strong> fer Pékin-Hankow, il résiste<br />
fermement aux autres sollicitations du Roi pour<br />
le financement <strong>de</strong> ses vastes projets en Chine.