05.04.2013 Views

Nouvelle Biographie Nationale - Académie royale de Belgique

Nouvelle Biographie Nationale - Académie royale de Belgique

Nouvelle Biographie Nationale - Académie royale de Belgique

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

GILBERT GILBERT<br />

n'abandonne pas le théâtre, reprenant par<br />

exemple en 1960 le rôle <strong>de</strong> Beulemans au<br />

Théâtre <strong>de</strong>s Galeries, dans Le mariage <strong>de</strong> ma<strong>de</strong>moiselle<br />

Beulemans. Il excelle dans le parler<br />

bruxellois autant que borain et on le surnomme<br />

«Le Wallon <strong>de</strong>s Marolles».<br />

Il plai<strong>de</strong>ra et militera toute sa vie pour la<br />

diffusion <strong>de</strong>s pièces <strong>de</strong> théâtre wallon à la télévision.<br />

Il fit beaucoup entre autres pour la<br />

reconnaissance du wallon-picard <strong>de</strong> Mouscron<br />

en captant les pièces écrites par Marius Staquet,<br />

sous le nom duquel fut baptisé le Centre culturel<br />

mouscronnois. André Gevrey est pour cette<br />

raison Bailli d'honneur <strong>de</strong> cette ville. Après<br />

l'âge <strong>de</strong> la retraite, André Gevrey continue<br />

d'assurer les captations <strong>de</strong>s dramatiques<br />

wallonnes. Pour le centre RTBF-Charleroi il<br />

mettra en scène <strong>de</strong> nombreux spectacles<br />

wallons.<br />

Epicurien, philosophe à sa manière, André<br />

Gevrey se plaisait à déclarer que s'il ne<br />

s'amusait plus, il s'en allait. Excellent documentaliste,<br />

il fit don <strong>de</strong> son travail sur le théâtre<br />

et la télévision à la Maison <strong>de</strong> la Bellone.<br />

Mémoires d'enfance, dans Pourquoi pas?, 4 février,<br />

1982. — J. De Decker, Le Beulemans <strong>de</strong> Boussu, dans<br />

Le Soir, 5 septembre 1993. — R. Balmet, André<br />

Gevrey, dans Télémoustique, octobre 1978. — R.<br />

Marcillac, Chronique <strong>de</strong> la télévision, s.l. 1996.<br />

Jacques Mercier<br />

GILBERT, Pierre, Jean, Jacques, philologue<br />

classique, historien <strong>de</strong> l'art, égyptologue,<br />

professeur à l'Université libre <strong>de</strong> Bruxelles, né à<br />

Saint-Gilles (Bruxelles) le 19 septembre 1904,<br />

décédé à Uccle (Bruxelles) le 22 août 1986.<br />

Issu d'une famille <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> culture, Pierre<br />

Gilbert fut, dès son plus jeune âge, grand lecteur<br />

<strong>de</strong> poètes et d'écrivains antiques. D'instinct, il<br />

se tourna vers les œuvres <strong>de</strong> pensée qui exaltaient<br />

l'homme et sa quête du bonheur, Euripi<strong>de</strong><br />

certes, mais aussi les poètes latins, Horace et son<br />

goût <strong>de</strong> la vie, l'admirable Catulle et son sens <strong>de</strong><br />

l'amour, tendu vers l'absolu jusqu'à en mourir.<br />

Ses cours en classe <strong>de</strong> poésie à l'Athénée<br />

d'Uccie restent gravés dans la mémoire <strong>de</strong> tous<br />

ses élèves. Il y enseigna jusqu'en 1940. De l'épicurisme<br />

d'Horace, il rechercha les sources<br />

égyptiennes à travers la poésie amoureuse du<br />

Nouvel Empire égyptien et les Chants <strong>de</strong><br />

Harpistes {Poésie égyptienne, Bruxelles, 1943);<br />

Les chants du harpiste, dans Chronique<br />

d'Egypte, (t. XV, 1940) ; Catulle et Horace, dans<br />

Latomus (t. 1, 1937), <strong>de</strong> Catulle encore il fit une<br />

anthologie, Rarae Gemmae (Bruxelles, 1945) et<br />

plusieurs articles dont Catulle, poète <strong>de</strong> l'intensité,<br />

dans Latomus (t. 3, 1939).<br />

Sensible aux textes comme aux formes, Pierre<br />

Gilbert avait pour la traduction une passion <strong>de</strong><br />

poète que ne possè<strong>de</strong>nt pas toujours les philologues,<br />

la passion <strong>de</strong> transmettre le sens sans<br />

renier la poésie, la musique <strong>de</strong> la forme. «Je<br />

voudrais que mes traductions soient <strong>de</strong>s<br />

poèmes», écrivait-il dans l'introduction du<br />

recueil <strong>de</strong> poèmes égyptiens en traduction<br />

française, Poésie égyptienne, l'un <strong>de</strong> ses plus<br />

beaux livres. Si <strong>de</strong>s philologues sourcilleux y<br />

trouvent à redire, c'est qu'ils n'ont <strong>de</strong> sens que<br />

celui <strong>de</strong> la grammaire. Pour Pierre Gilbert, la<br />

poésie était universelle, comme l'art, fibre<br />

vibrante, musique intérieure qui se moque <strong>de</strong>s<br />

clivages linguistiques. Sans se prétendre philosophe<br />

ni théoricien <strong>de</strong> l'esthétique, il recherchait<br />

dans l'humanité les principes essentiels, c'est-àdire<br />

positifs, <strong>de</strong> la vie et <strong>de</strong> la culture. Homme<br />

<strong>de</strong> sagesse et d'équilibre, il n'aimait guère l'expressionnisme<br />

en art. La vision sumérienne <strong>de</strong><br />

l'être humain, corps déjeté, yeux écarquillés,<br />

dans une sorte d'ivresse <strong>de</strong>structrice face au<br />

divin, tout comme la vision du baroque<br />

européen, lui faisait peur. Il y reconnaissait la<br />

marque <strong>de</strong> la mort, l'angoisse, la terreur face<br />

aux dieux. Profondément laïque, il redoutait les<br />

dieux terribles et jaloux qui enlèvent à l'homme<br />

sa dignité, mais il se réjouissait <strong>de</strong>s hymnes<br />

solaires <strong>de</strong> l'ancienne Egypte où l'humain<br />

s'exalte en s'associant à la puissance rayonnante<br />

<strong>de</strong> la lumière.<br />

Solaire, Pierre Gilbert l'était pleinement, jubilatoire<br />

et mo<strong>de</strong>ste, enthousiaste et discret,<br />

amoureux <strong>de</strong> la vie autant que <strong>de</strong> l'art. Sans<br />

doute, n'est-ce pas sans raison que ses premières<br />

étu<strong>de</strong>s - couronnées en 1929 par le titre <strong>de</strong><br />

docteur en philosophie et lettres <strong>de</strong> l'Université<br />

libre <strong>de</strong> Bruxelles (ULB) - furent consacrées à<br />

Imhotep, ministre du pharaon Djéser sous la<br />

troisième dynastie, et génial créateur <strong>de</strong> l'idée<br />

<strong>de</strong> la pyrami<strong>de</strong>. Car la pyrami<strong>de</strong> n'est pas<br />

une forme comme les autres. Bien au-<strong>de</strong>là<br />

<strong>de</strong>s détours et <strong>de</strong>s fioritures <strong>de</strong> la théologie,<br />

elle s'impose avec une évi<strong>de</strong>nce absolue.<br />

211

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!