Nouvelle Biographie Nationale - Académie royale de Belgique

BASTIN BASTIN
«traditionnel», la tour par contre se réfère au
passé et dans sa puissance gratuite mais dense
n'est pas sans évoquer l'évident romantisme de
celle encore plus gratuite qui domine le Parador
déjà évoqué de Jacques Dupuis.
Ne peut-on voir dans le nouveau couple, celui
que Roger Bastin va former avec Guy Van Oost,
la salutaire influence qui ramènera le premier à
l'équilibre, moins éclaboussant mais sûr, qui
était dans sa personnalité propre ? C'est avec ce
dernier que Bastin réalise la plupart des édifices
du culte qu'il est appelé à construire, souvent à
reconstruire, non pas le plus souvent par suite de
faits de guerre, mais plusieurs fois après
incendie; ainsi, après Jehonville qui vient d'être
cité, Villers-sur-Lesse et Bois-de-Villers.
Nombre de ces bâtiments se situent dans des
paroisses du diocèse de Namur où, avant janvier
1965, l'évêque ne permettait pas la célébration
face au peuple, alors que dans son clergé l'appel
à une évolution encore assez confuse, se faisait
sentir, à l'instar de diocèses voisins ou de
l'étranger, surtout en Allemagne où le changement
était souvent promu. Le rituel nouveau, la
messe se célébrant dans l'assemblée et celle-ci y
participant, non plus passivement, mais
concernée en tant qu'actrice, devait entraîner,
surtout après un XIX e siècle de statisme archéologique,
une profonde refonte du programme
auquel l'architecte aurait à répondre. Jusqu'ici,
un plan longitudinal, la nef depuis l'entrée
jusqu'au chœur, structurée en classes d'âge,
suivant le sexe souvent et même en classes
sociales (la tribune du château !) et au-delà du
banc de communion, l'espace réservé au clergé
et à la célébration rituelle, le célébrant le plus
loin possible, au fond de l'abside, conduisant
son peuple vers Christ, soleil levant. Maintenant,
un plan centré, souvent carré, toute barrière
ayant disparu entre les membres, le prêtre jouant
au milieu des fidèles, son rôle unificateur.
Plusieurs réalisations permettront à Bastin de
se faire la main, mais hors du diocèse : un
conseil pour une chapelle domestique, place
Ladeuze à Louvain dès avant 1950, puis à la
maison Saint-Jean à Héverlée, lieu de convivialité
interraciale, chapelle domestique où tous
encadrent l'autel (1952-1955), la grande
chapelle du collège interracial de Bujumbura au
Burundi (1952-1961, G. Van Oost et Ch.
Warnier collaborateurs), l'indispensable et
profond remodelage intérieur de l'abbatiale de
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Maredsous (1955-1958, G. Van Oost associé),
bien massacré depuis et dans le même temps,
l'église du pavillon du Vatican à l'Exposition
universelle de 1958 à Bruxelles (G. Van Oost
collaborateur). Il devenait impossible de revenir
en arrière. Aussi quand à Namur, les Sœurs de
Sainte-Marie veulent une chapelle pour leur
pensionnat de Jambes, le parti est pris dès fin
1962, après la discussion sur la liturgie à l'ouverture
du concile, de tracer un plan qui dans un
cercle, construit l'assemblée elle-même dans
l'esprit du renouveau initié. Ainsi est né un
bâtiment exemplaire, fonctionnel, où la lumière
se fait sensible en glissant à la périphérie du
cylindre, mais peut-être un peu rigide car ne
permettant pas d'autre groupement que le fer à
cheval des bancs fixés au sol en légère pente
(A. Mairy associé et G. Van Oost collaborateur).
Les architectes synthétisent ensuite leur
démarche dans un remarquable projet pour la
collégiale de Ciney qui se serait élevé en
reprenant le clocher et les autres parties
anciennes dont la conservation s'imposait, en
faisant un carrefour de la vie urbaine. Il n'en
faudrait pas tant pour prouver la liaison intime
entre un programme et son expression dans
l'espace et l'environnement, exigence constante
de Roger Bastin. La même sensibilité guide
celui-ci dans le projet non réalisé de remodelage
de la paroissiale de La Hulpe : le néogothique
est annulé, la célébration conçue telle que dans
les cas précités concerne l'assemblée entière
dans un espace neuf, le gothique est magnifié
(1969, H. V. Kockerols associé).
Nombre d'églises paroissiales et de chapelles
de Bastin et souvent avec Van Oost, s'inspirent
de Jambes, qu'elles soient récemment bâties ou
qu'anciennes, elles obligent de distribuer les
lieux liturgiques dans des espaces jamais conçus
pour eux. Les chapelles de Heer-Agimont
(1961-1962, G. Van Oost collaborateur) et de
Gênes (1962-1966, R. Lamarche associé et G.
Van Oost collaborateur), les églises d'Ourthe
(1954-1968, G. Van Oost et J. Legrain associés),
de Villers-sur-Lesse (1961-1963, Varet associé,
G. Van Oost et E. Meurisse collaborateurs),
toutes récentes, celle de Sart-en-Fagne à
considérer comme telle (1965-1968, E.
Meurisse collaborateur), virent sans difficulté
modifier l'emplacement de l'autel. Celle de
Salzinnes, (1965, A. Vermeren associé) néoromane,
rénovée et trop subtile, s'avéra malaisée