Nouvelle Biographie Nationale - Académie royale de Belgique
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HEGER-GILBERT HEGER-GILBERT<br />
l'avait vu développer toutes les qualités <strong>de</strong><br />
mesure, <strong>de</strong> sagesse et d'habileté qui font un<br />
négociateur <strong>de</strong> valeur et qui savait le prestige qui<br />
s'attachait à son nom. Le conseil d'administration<br />
lui confie la lour<strong>de</strong> tâche d'administrateur<br />
<strong>de</strong> l'Université, qui venait d'être rétablie, pour<br />
assister le Prési<strong>de</strong>nt dans la gestion matérielle <strong>de</strong><br />
l'Université.<br />
Chargé d'un mandat <strong>de</strong> dix ans qu'il cumule<br />
avec ses charges d'enseignement, il le conserve<br />
jusqu'en 1947. Dès le début, il mène<br />
l'Université vers <strong>de</strong>s réalisations nouvelles. En<br />
1935, il prési<strong>de</strong> à Bruxelles le Congrès international<br />
<strong>de</strong> Mé<strong>de</strong>cine légale et, peu après, est<br />
fondée l'<strong>Académie</strong> internationale <strong>de</strong> Mé<strong>de</strong>cine<br />
légale et sociale, qui le désigne comme membre<br />
titulaire. Vient la guerre et l'occupation<br />
alleman<strong>de</strong>. La position <strong>de</strong> l'Université était en<br />
totale opposition avec le fanatisme nazi. A sa<br />
réouverture, en 1940, l'Université fonctionne<br />
sous le contrôle d'un commissaire allemand. La<br />
responsabilité du Prési<strong>de</strong>nt du conseil d'administration<br />
et du Recteur <strong>de</strong> l'Université est<br />
partagée par l'administrateur.<br />
Suite à la désignation, par le commissaire<br />
allemand, le professeur Ipsen, <strong>de</strong> quatre professeurs,<br />
dont Antoon Jacob, un condamné pour<br />
haute trahison après la guerre 1914-1918, le<br />
conseil d'administration suspend les cours le 25<br />
novembre 1941. C'est le premier geste <strong>de</strong> résistance<br />
publique à l'occupant allemand. Huit<br />
membres du conseil sont emprisonnés à la<br />
Cita<strong>de</strong>lle <strong>de</strong> Huy, tandis que le Prési<strong>de</strong>nt du<br />
conseil, Frerichs, le recteur van <strong>de</strong>n Dungen et<br />
l'administrateur Heger sont consignés à leur<br />
domicile du 12 décembre 1941 au 1 er mars 1942,<br />
date où la captivité <strong>de</strong>s huit membres du conseil<br />
à Huy prend fin.<br />
Des possibilités <strong>de</strong> réouverture <strong>de</strong> l'Université<br />
sont envisagées par Nyns, secrétaire général du<br />
ministère <strong>de</strong> l'Instruction publique, en contact<br />
avec le prési<strong>de</strong>nt Frerichs. Ces tentatives<br />
n'aboutissent pas, mais elles montrent l'absolue<br />
confiance dont jouissent, à côté du Prési<strong>de</strong>nt, le<br />
Recteur et l'administrateur Heger. L'Université<br />
est finalement définitivement fermée par les<br />
autorités alleman<strong>de</strong>s.<br />
A la Libération, la santé <strong>de</strong> Fernand Heger lui<br />
impose <strong>de</strong>s ménagements. Il est promu à l'honorariat<br />
comme administrateur <strong>de</strong> l'Université.<br />
Mais, pour lui, le repos ne peut durer. En 1949,<br />
il est nommé prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la Commission<br />
d'Assistance publique <strong>de</strong> Bruxelles, la CAP, qui<br />
a notamment la charge <strong>de</strong>s hôpitaux universitaires<br />
Saint-Pierre et Brugmann. La <strong>Belgique</strong><br />
s'est dotée <strong>de</strong> nouvelles lois sociales et a<br />
instauré l'assurance maladie-invalidité. Le statut<br />
<strong>de</strong>s hôpitaux du Centre public d'Ai<strong>de</strong> sociale<br />
(CPAS) doit être adopté tant pour la gestion<br />
budgétaire que pour les nominations du<br />
personnel.<br />
Fernand Heger traite le sujet <strong>de</strong>vant<br />
l'<strong>Académie</strong> <strong>de</strong> Mé<strong>de</strong>cine, dans une importante<br />
communication sur L'enseignement <strong>de</strong> la<br />
mé<strong>de</strong>cine dans les hôpitaux universitaires. Il en<br />
résulte un projet <strong>de</strong> statut adopté par l'<strong>Académie</strong><br />
qui est remis à la Commission spéciale du<br />
ministère <strong>de</strong> la Santé publique. Les quatre<br />
facultés <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cine et les quatre CAP intéressées<br />
aboutissent à un complet accord,<br />
matérialisé par le rapport remis au ministre<br />
compétent en 1955.<br />
C'est aussi en 1949 que Fernand Heger prend<br />
part à la création du Centre <strong>de</strong> Traumatologie et<br />
<strong>de</strong> Réadaptation, le CTR, qui appelle à sa<br />
direction le docteur Pierre Houssa. Il assume sa<br />
prési<strong>de</strong>nce jusqu'à sa mort. Les résultats obtenus<br />
au CTR durant ses cinq premières années d'existence<br />
font l'objet d'une communication à<br />
l'<strong>Académie</strong> : A propos <strong>de</strong> la réadaptation fonctionnelle<br />
et professionnelle <strong>de</strong>s invali<strong>de</strong>s (1955).<br />
En 1950, l'<strong>Académie</strong> <strong>de</strong> Mé<strong>de</strong>cine l'appelle à<br />
sa prési<strong>de</strong>nce, qu'il assure avec autant <strong>de</strong><br />
compétence que <strong>de</strong> distinction. Il se dévoue<br />
encore et sans désemparer, à la Ligue contre la<br />
Poliomyélite (elle n'est pas encore éradiquée),<br />
au Fonds Joséphine-Charlotte, au Front Blanc et<br />
à l'Office médico-légal du ministère <strong>de</strong> la Santé<br />
publique. En 1955, il visite <strong>de</strong>s établissements<br />
hospitaliers aux Etats-Unis.<br />
Malgré les alertes <strong>de</strong> santé, il est présent et<br />
actif dans nombre <strong>de</strong> conseils et <strong>de</strong> commissions,<br />
où ses avis restent judicieux, clairs,<br />
précis. Dans les premiers jours <strong>de</strong> 1957, une<br />
récidive <strong>de</strong>s troubles l'oblige à prendre quelque<br />
repos. Une intervention chirurgicale urgente<br />
s'impose. Tout se passe si bien qu'il envisage <strong>de</strong><br />
partir vers le soleil du Midi <strong>de</strong> la France. Mais,<br />
le dimanche 10 février 1957, au début <strong>de</strong> la<br />
matinée, il s'éteint soudain, quelques jours avant<br />
ses quatre-vingt ans. Il était grand officier <strong>de</strong><br />
l'Ordre <strong>de</strong> la Couronne.<br />
Fidèle à la gran<strong>de</strong> activité intellectuelle et<br />
morale dont il était l'héritier, i<strong>de</strong>ntique à lui-<br />
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