Nouvelle Biographie Nationale - Académie royale de Belgique

BASTIN BÈDE
se distinguent les unes des autres parce que
toutes adaptées à chaque cas, mais se donnent un
air de famille par la main du maître d'œuvre et
finalement par la discrétion sans prétention, dont
la science des articulations s'efface dans la
simplicité claire des volumes.
De 1936 à son décès en 1986, l'œuvre de
Roger Bastin couvre cinquante ans et déploie
une activité bien spécifique dans un temps où le
pays cherche péniblement, si pas une architecture
à lui-même, mais une insertion valable dans
une modernité vraie. L'école de La Cambre
s'affirme en tête de cette recherche. Les principaux
architectes qui comptent, en sont issus.
Bastin se distingue parmi les meilleurs. Sa
spécificité se marque surtout après l'association
fructueuse menée au sortir de la guerre avec
Jacques Dupuis dont le génie s'exprimait à sa
manière propre, sans perdre son caractère
poétique, dans des œuvres non exemptes
d'effets dans la capture de la lumière, le jeu du
décor, les réminiscences du passé. Roger Bastin,
aussi personnellement mais avec une rare discrétion,
est allé à la faveur de nombreuses
commandes, vers des réalisations qui restent des
exemples de mesure, de justesse, d'absence de
prétention, même dans les ensembles les plus
marquants. Ses collaborateurs les plus proches,
Guy Van Oost et ensuite Pierre Lamby, se sont
associés à la qualité d'une démarche conditionnée
de multiples façons. Pour ne pas insister
sur les problèmes financiers, parfois très contraignants,
il importe de relever combien la
construction est soumise à des règlements sur la
bâtisse qui à tort ou à raison, tendent au nivellement
des interventions sans aider à leur
harmonie profonde. Telle maison sur pilotis et
toiture plate proposée en 1962 sur la commune
de Namur, peut-être lointainement issue de la
villa Savoye de Le Corbusier, s'est vue refusée
pour se soumettre entre autres à l'obligation
d'une toiture à deux versants. Une toile peinte,
rejetée par un jury, peut remonter en première
ligne d'une exposition quelques années plus
tard, pas une maison. De même, les matériaux
traditionnels, telle que la brique, seront souvent
imposés et l'adresse sera de tirer parti des servitudes,
avec talent. Et quand liberté est donnée,
dans certains programmes plus exceptionnels et
donc moins catalogués par les fonctionnaires, le
même don toujours en éveil permettra à l'architecte
d'intervenir avec tact à une échelle
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visuelle marquée dans le paysage. Resteront
toujours les conditionnements des métiers moins
bien au fait de la mise en œuvre du béton ou des
matériaux des toitures-terrasses, par exemple.
L'architecture est un art fragile. La démarche de
Roger Bastin demeure celle d'un plasticien,
d'un sculpteur de volumes et de rapports subtils
entre eux. Cette architecture peut apparemment
paraître élémentaire. Elle est en fait très étudiée
et reste toujours en osmose à l'intérieur avec
l'homme, le corps qui se meut, franchit une
porte, l'œil conduit d'un plan à l'autre, d'une
fonction à l'autre dans la légèreté des passages.
Sans expressionnisme. Aussi dans l'accueil à
partir de la rue, sans projection au dehors d'une
individualité démonstrative. Dans une église
aussi, sans affirmation d'autorité ou de
puissance, mais de présence discrète. Le respect
du terrain est du même ordre ; comme celui du
corps. C'est ainsi qu'une architecture mérite de
durer, d'être vue et méditée. Et d'être poésie.
Roger Bastin était entré à l'Académie royale
de Belgique, élu correspondant le 6 juin 1963 et
membre le 9 janvier 1969.
La Maison, 1966, n ° 8, p. 231-269, numéro spécial
consacré à l'œuvre de l'architecte Roger Bastin. — G.
Bekaert et Fr. Strauwen, La construction en Belgique
1945-1970, Bruxelles, 1971. — P. Puttemans et L.
Hervé, Architecture moderne en Belgique, Bruxelles,
1974. — A. Lanotte, Notice sur Roger Bastin, dans
Annuaire de l'Académie royale de Belgique, vol. 159,
Bruxelles, 1993, p. 165-204, portrait photographique
et bibliographie. — H. Pouillon, L'habitation individuelle
dans l'œuvre de Roger Bastin (1913-1986).
Modernité ou régionalisme en Belgique, thèse de
doctorat présentée à l'Université catholique de
Louvain, 1997. — M. Cohen et J. Thomaes, Jacques
Dupuis, l'architecte, Bruxelles, 2000. — Roger
Bastin, architecte 1913-1986, Liège, 2001, inventaire
de l'œuvre.
André Lanotte
Illustration : Planche I, face à la page 32
Roger Bastin : « Puits de Lumière », Musées
royaux des Beaux-Arts de Belgique.
BÈDE, Emile, Antoine, François, physicien,
ingénieur, né à Stavelot le 9 mai 1828, décédé à
Bruxelles le 19 mars 1914.
BÈDE, Jean, Philippe, enseignant, journaliste,
né à Stavelot le 1 er octobre 1803, décédé à
Bruxelles le 15 février 1866.