Nouvelle Biographie Nationale - Académie royale de Belgique

VANDERNOOT VANDERNOOT
accablé de louanges... Après le dernier accord, il
y a eu un long silence, puis l'orchestre et les
chœurs ont applaudi plus fort que toute la salle.
Après, je ne sais plus rien; j'étais dans un état
indescriptible...».
Se présente à ce moment l'opportunité d'accomplir
une tournée européenne à la tête de
l'orchestre de chambre des Wiener Symphoniker.
André Vandernoot : « Je nage dans la
joie : l'orchestre que je dirige est merveilleux ; il
joue Mozart à la perfection...». Cette tournée
sera déterminante : les impresarios se précipitent,
Vandernoot est engagé par les Concerts
Colonne, au Festival d'Aix en Provence. Marcel
Cuvelier lui propose une série de concerts avec
l'Orchestre national de Belgique et Pathé
Marconi réalise ses premiers enregistrements.
Ensuite tout ira très vite : une première tournée
triomphale aux Etats-Unis, puis en Amérique du
Sud. En 1960, Vandernoot devient premier chef
de l'orchestre du Théâtre royal de la Monnaie
(TRM) : il y collabore avec Maurice Béjart.
Chacun se souvient des mémorables Sacre du
Printemps, Neuvième Symphonie, Boléro de
Ravel. La danseuse étoile du Boléro est la très
belle et talentueuse Duska Sifnios. Vandernoot
rompt les liens d'un premier mariage malheureux
pour épouser Duska en 1963. Deux enfants
naîtront de cette union : en 1963, Alexandra et en
1968, Patrick. A cette époque, Vandernoot se
libère de la direction permanente au TRM, pour
accomplir une série de tournées à travers le
monde. Les critiques sont dithyrambiques : « Un
chef d'orchestre qui sera un des plus grands de
notre temps» (L'Express), «He is the most gifted
orchestral leader this listener has encountered
here this year» (New York Times), «Ce jeune
chef a été une véritable révélation » (C. Rostand-
Combat), etc.
Vandernoot signe une série d'enregistrements
pour La Voix de son Maître, Angel records et
Command Records (avec notamment Christa
Ludwig, Christian Ferras, Gyorgy Czyffra). Il
dirige successivement le Concertgebouw, le
Wiener Philharmoniker, les orchestres de Radio-
France, les orchestres de Suisse, de Budapest,
Prague, Zagreb, Oslo, Tokyo et Monte-Carlo,
d'Espagne, d'Argentine, du Chili, de Chicago,
Pittsburgh, Houston, Dallas, Los Angeles...
Mais les aléas du voyage, les chambres d'hôtels
anonymes le lassent. Deux enfants qu'il chérira
plus que tout au monde l'attendent dans la verte
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campagne de Waterloo. Dès lors, Vandernoot
cherche à centrer ses activités professionnelles
aussi près que possible du cocon familial. Il
renoue occasionnellement avec Béjart et le TRM
(Festivals de Vérone et de Montréal), devient
chef permanent à l'Opéra royal d'Anvers, puis à
l'Orchestre national de Belgique, chef
permanent invité, à la Philharmonie d'Anvers, il
dirige fréquemment les orchestres de la RTB-
BRT.
Vandernoot n'a pas perdu son goût pour les
traits d'humour acérés, son lyrisme se double
d'un caractère autocratique qui s'accorde mal
avec certaines forces syndicales, ce qui le
conduit fréquemment à démissionner de ses
charges. En 1977, il est chef permanent du
Noord-Hollands Philharmonisch, puis rejoint le
Brabants Orkest qu'il dirige pendant neuf ans,
avant de prendre, en 1987, la direction de
l'Orchestre symphonique de la RTBF.
Malheureusement cet orchestre, traumatisé par
la scission linguistique, menacé de disparition,
n'est pas en bonne forme. En plus de quelques
très bons concerts, Vandernoot y développe une
activité qu'il avait déjà bien rodée ailleurs : la
musique racontée aux enfants. Il explique, sans
jamais employer de mots savants, puis dirige, les
plus grands chefs-d'œuvre du répertoire. Ces
concerts à succès seront doublés par une
émission de radio réalisée avec la collaboration
d'Annick Van Noyen. II obtient le Trophée Fuga
décerné par l'Union des compositeurs belges,
pour sa contribution à une meilleure connaissance
de notre musique nationale.
Hélas, en 1991, le dernier orchestre de Vandernoot
est supprimé. Il ne lui survivra pas.
Duska Sifnios raconte que, sur son lit d'hôpital,
ayant perdu conscience, il susurrait doucement
une mélodie, tandis que sa main droite, crispée
sur une baguette imaginaire battait faiblement la
mesure.
Archives de la Société philharmonique de Bruxelles.
— Archives des Jeunesses musicales, à Bruxelles. —
Archives de la RTBF, à Bruxelles. — Interviews de
Paul et Patrick Vandernoot et de Duska Sifnios.
J. Salés, Théâtre royal de la Monnaie. 1856-1970,
Nivelles, 1971, p. 382. — Th. Lassence, André
Vandernoot nous a quittés, dans La Libre Belgique, 8
novembre 1991, p. 1 et 26. — Ch. Philippon, André
Vandernoot est mort, dans Le Soir, 8 novembre 1991,
p. 1 et 14.
Paul Uy