Nouvelle Biographie Nationale - Académie royale de Belgique

VAN ZEELAND VAN ZEELAND
puissances industrielles. Une telle coopération
pouvait, selon les mots de Roosevelt, favoriser la
paix dans le monde, en ce compris avec l'Italie
et l'Allemagne. Cette mission n'a pas abouti,
notamment en raison de la démission prématurée
de van Zeeland, mais il reste qu'elle
appartient à l'histoire de la construction
européenne et atlantique.
La démission de van Zeeland appelle une
importante mise en perspective, en particulier à
l'égard de sa victoire face à Léon Degrelle. Paul
van Zeeland connaissait le leader rexiste depuis
octobre 1933, lorsqu'il était venu le voir dans les
bureaux de la Banque Nationale pour lui
demander son aide. Degrelle l'invita encore au
meeting du 11 novembre 1935, mais van
Zeeland déclina l'invitation. Dès ce moment,
van Zeeland se distanciera toujours plus du
leader rexiste, au sujet duquel il se trouve régulièrement
informé par la Sûreté de l'Etat. Il en
deviendra même un adversaire déclaré lorsqu'il
interdit la marche rexiste sur Bruxelles en
octobre 1936, et encore davantage lors du duel
qui opposera les deux hommes aux élections
partielles de Bruxelles du 11 avril 1937, provoquées
par Degrelle.
Dès le mois de mars 1937, la campagne électorale
est passionnée, tandis que l'on voit pour la
première fois en Belgique l'apparition de
panneaux de 20 m 2 pour des élections. Quant
aux meetings, si le leader rexiste choisit le Palais
des sports, Paul van Zeeland opte pour la Salle
de la Madeleine. N'étant ni tribun, ni l'homme
des déclarations fracassantes, le Sonégien
préfère, loin des envolées lyriques, le discours
didactique, à l'image de sa voix, au timbre un
peu sourd, presque dénué d'éclat. Mais le
discours est net, clair et d'une logique implacable.
Alors qu'il obtient 76% des voix contre
19% pour Degrelle, le Premier ministre connaît
un prestige immense à caractère international.
Se rendant le mois suivant aux Etats-Unis, deux
pages lui sont consacrées dans le New York
Times Magazine, qui fait l'éloge de sa victoire
sur le fascisme. Van Zeeland est à l'apogée de sa
carrière politique.
Mais son heure de gloire sera de courte durée,
en raison de ce qui a été appelé «l'affaire de la
cagnotte». Celle-ci a éclaté le 16 mars 1937, en
pleine campagne des élections partielles de
Bruxelles, lorsque Gustave Sap a accusé van
Zeeland d'avoir perçu des émoluments de la
382
Banque Nationale alors qu'il était Premier
ministre. Après un démenti maladroit de van
Zeeland, l'incident est clos jusqu'à ce que Léon
Degrelle ne revienne à la charge le 28 juillet de
la même année. Une enquête est ouverte par
Henri de Man, alors ministre de la Justice, qui
conclut qu'il n'y a pas eu de fraude fiscale dans
la mesure où une somme de 330.000 francs a
bien été perçue, mais a servi à l'appointement de
collaborateurs de van Zeeland. Mais le 19
octobre, le Parquet ouvre une enquête judiciaire
à l'encontre de la Banque Nationale. Le Premier
ministre décide de démissionner. Même si
l'enquête a débouché sur un non-lieu, un coup
extrêmement grave a toutefois été porté à son
image de marque. Paul van Zeeland entame
d'ailleurs sa première retraite de la vie politique.
Il entre dans différents conseils d'administration,
tandis qu'à la veille de la guerre
1940-1945, le président Roosevelt lui demande
de prendre la direction de la Coordinating
Foundation for Refugees. Paul van Zeeland
s'installe, en octobre 1939, avec sa famille aux
Etats-Unis, étant convaincu que la guerre va
éclater prochainement.
Au début du second conflit mondial, la
présence de van Zeeland n'est pas souhaitée par
le gouvernement de Londres, surtout pas par
Camille Gutt ou même Hubert Pierlot. L'ancien
Premier ministre participe toutefois aux travaux
de la Cepag, la Commission d'étude pour les
problèmes d'après-guerre, qui visait à renforcer
après la guerre la coopération économique et
politique des pays d'Europe occidentale et de
l'Atlantique. C'est ainsi que dès 1942, il
préconise l'union douanière et monétaire des
pays européens. Dans l'immédiat après-guerre,
Paul van Zeeland se trouve personnellement
engagé dans la reconstruction de son pays en la
qualité de commissaire au Rapatriement, mission
que lui confie le gouvernement belge en
septembre 1944. Onze mois plus tard, son travail
est achevé.
Paul van Zeeland voyage alors à travers le
monde, participant notamment à la mission des
bons offices sur la question indonésienne en
1947, et entrant dans les conseils d'administration
de différentes entreprises belges ou
étrangères. Il compte aussi parmi les fondateurs
de la Ligue européenne de Coopération économique
et lutte en faveur de l'Occident chrétien,
notamment contre la condamnation du cardinal