Nouvelle Biographie Nationale - Académie royale de Belgique

VRANCKX VRANCKX
l'Intérieur le souvenir de la violente grève des
mineurs à Zwartberg. Le gouvernement avait
décidé le 17 décembre 1965 la suppression de
tout subside à la mine de Zwartberg. Cette
décision provoqua de graves incidents au
Limbourg au cours desquels il y eut deux morts.
Alfons Vranckx s'est attaché à informer le
gouvernement sur la situation réelle à Genk, à
savoir le sentiment de panique provoqué par les
craintes en ce qui concerne l'avenir. Il a
demandé que la gendarmerie soit remplacée par
des parachutistes dans les tâches de surveillance
et qu'on veille à éviter des affrontements entre la
gendarmerie et les grévistes ; il a plaidé afin que
les licenciements aillent de pair avec des réinsertions
; enfin, il a veillé à ce que les funérailles
des deux victimes puissent se passer sans
incident.
De 1966 à 1968, les socialistes étaient dans
l'opposition. Durant cette période, Alfons
Vranckx déposa sur le bureau de la Chambre
quelques propositions de loi. La première fut
celle relative à la désignation d'un médiateur
chargé de protéger les citoyens contre tout abus
ou discrimination de l'autorité. Ensuite, il y eut
la proposition de loi relative à la détention
préventive et celle relative à l'introduction d'un
système proportionnel d'amendes lié aux
revenus de chacun.
Après les élections du 31 mars 1968, Gaston
Eyskens forma un gouvernement composé de
catholiques et de socialistes. Alfons Vranckx est
nommé ministre de la Justice. Habituellement,
le ministre de la Justice est l'inconnu du gouvernement.
Alfons Vranckx est devenu un homme
connu parce qu'au moment de sa désignation le
pays se trouvait à un tournant de l'évolution
judiciaire, sociale et éthique. L'entrée en vigueur
du code judiciaire le 1 er novembre 1970 a suscité
de profondes modifications qui ont fait que,
jamais dans l'histoire de la Belgique, un
ministre de la Justice n'a été responsable de tant
de nominations dans la magistrature.
L'action d'Alfons Vranckx au ministère de la
Justice a été marquée par quelques grands
problèmes de société : la drogue, la lutte contre
la pornographie, la protection des bonnes
moeurs, le problème des étrangers, la lutte
contre la criminalité organisée, la réglementation
des armes, le primat du maintien de l'ordre
public. Alfons Vranckx a été l'objet d'attaques
virulentes tant des parlementaires que des
contestataires. Son rôle de croisé de la morale
dans lequel il s'était laissé enfermer lui donna
une image de conservateur, ce qui eut pour effet
que toute une série d'initiatives progressistes
prises par lui échappèrent à l'attention de
l'opinion publique.
Atteint par la limite d'âge établie par son
parti, Alfons Vranckx quitta la politique en
1974. En 1975, il participa à la création du
Centre d'Etudes des Réformes politiques. En
1977, il fut nommé Ministre d'Etat. Le 30 juin
1979, suite à une courte maladie, il est mort chez
lui à Louvain.
Comme beaucoup de Flamands, Alfons
Vranckx était un homme timide. Ce qui l'a
comblé dans sa vie a été le professorat à l'université.
Cela a dominé tout le reste. Il faisait
penser à un notaire de province ou à un
chanoine. En réalité, fier de ses origines, il resta
fidèle aux idéaux de sa jeunesse.
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— R. De Vleeshouwer, Henri Rolin, une voie singulière,
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Wladimir S. Plavsic
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