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Nouvelle Biographie Nationale - Académie royale de Belgique

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CHAVÉE CHAVÉE<br />

encore aujourd'hui mystérieuses, Chavée<br />

n'ayant pas jugé utile <strong>de</strong>s années plus tard <strong>de</strong><br />

s'en justifier. Il sera à son retour, sur base <strong>de</strong><br />

témoignages, l'objet d'une vigoureuse campagne<br />

<strong>de</strong> diffamation, principalement orchestrée par<br />

les journaux La Libre <strong>Belgique</strong>, La Gazette du<br />

Centre ou Le pays réel <strong>de</strong> Léon Degrelle, mais<br />

n'en poursuivra pas moins son action en faveur<br />

<strong>de</strong> l'Espagne républicaine par <strong>de</strong>s meetings et<br />

<strong>de</strong>s actions <strong>de</strong> soutien au peuple espagnol.<br />

C'est d'Espagne, quelques jours après son<br />

arrivée sur le front d'Albacete qu'il apprend le<br />

décès <strong>de</strong> sa mère pour laquelle il nourrissait une<br />

passion œdipienne : «Et moi qui n'ai jamais dit<br />

adieu à personne / apprenez que je suis aussi en<br />

vous / Celle que je ne reverrai plus jamais est en<br />

moi / Je ne lui ai pas dit adieu / pour notre<br />

<strong>de</strong>rnier regard embué <strong>de</strong> pleurs /(...) Quand je<br />

retournerai dans son pays notre pays / J'irai lui<br />

dire voilà maman / Je suis revenu je suis<br />

toujours votre enfant / Votre enfant fidèle / qui<br />

jamais ne dit adieu à personne» (Une foi pour<br />

toutes, La Louvière, 1938). Mais cette terrible<br />

peine qui l'étreint le rapproche aussi <strong>de</strong> ceux qui<br />

luttent à ses côtés. Le front lui inspire quelques<br />

poèmes qui paraîtront en 1938 dans la plaquette<br />

Une foi pour toutes sous forme d'un chapitre<br />

intitulé Espagne : « Mon cœur / veine ou déveine<br />

/ aura <strong>de</strong>s ailes / dans les montagnes et dans la<br />

plaine / <strong>de</strong>s hommes meurent pour la liberté».<br />

Une foi pour toutes est dédié à Paul Eluard<br />

qu'en compagnie d'André Breton, Achille<br />

Chavée a rencontré à Paris en <strong>de</strong>scendant vers<br />

l'Espagne.<br />

En son absence, Rupture n'a pu produire un<br />

second cahier, ni concrétiser une action collective.<br />

Aux différends entre les «littéraires» d'une<br />

part et les «politiques» d'autre part, qu'incarnent<br />

au sein du groupe André Lorent et Albert<br />

Ludé viennent s'ajouter les divergences entre<br />

partisans <strong>de</strong> Staline et défenseurs <strong>de</strong> Trotsky. Si<br />

l'amitié permet un temps d'élu<strong>de</strong>r ces questions,<br />

l'engagement politique <strong>de</strong> Breton, sa rencontre<br />

avec Léon Trotsky en 1938 au Mexique et la<br />

création par ces <strong>de</strong>rniers <strong>de</strong> la Fédération internationale<br />

<strong>de</strong>s Artistes révolutionnaires indépendants<br />

contraindront Rupture à prendre<br />

position.<br />

Ce sera, début 1939, l'éclatement du groupe et<br />

la naissance à Mons du Groupe surréaliste du<br />

Hainaut ralliant outre Chavée et Dumont, le<br />

<strong>de</strong>ssinateur Armand Simon, le photographe<br />

Marcel Lefrancq, les peintres Pol Bury et Louis<br />

van <strong>de</strong> Spiegele. En 1940 paraît La Question <strong>de</strong><br />

Confiance, quatrième plaquette du poète, dédiée<br />

à son ami Fernand Dumont. Les souvenirs<br />

d'Espagne n'y sont pas encore enfouis que la<br />

menace du conflit y point déjà : « Pour moi /<br />

<strong>de</strong>puis longtemps déjà / le visage du mon<strong>de</strong> est<br />

brûlé /je suis à jamais étranger aux complots <strong>de</strong><br />

leur vie / Je sais que les prédictions <strong>de</strong>s fous /<br />

vont tomber comme <strong>de</strong>s couperets». L'on y<br />

trouve également sous la rubrique La poésie doit<br />

être faite par tous, non par un, une analyse où<br />

Chavée réaffirme tant son adhésion aux<br />

principes <strong>de</strong> l'écriture automatique que son<br />

intérêt pour les jeux surréalistes qui «... constituent<br />

<strong>de</strong>s sources authentiques d'images<br />

irréfutables... ». II en fait d'ailleurs la relation en<br />

publiant sous le titre Jeux surréalistes appelés<br />

dialogues un jeu <strong>de</strong> questions et <strong>de</strong> réponses<br />

mené en compagnie du patron d'un café louviérois<br />

qu'il fréquente alors.<br />

Dès 1941, Achille Chavée est contraint à la<br />

clan<strong>de</strong>stinité : son passé <strong>de</strong> combattant en<br />

Espagne et sa qualité <strong>de</strong> communiste le<br />

désignent à la vindicte <strong>de</strong> l'occupant. Désertant<br />

son domicile louviérois, il se terre chez ses<br />

beaux-parents à Hou<strong>de</strong>ng-Aimeries où il<br />

échappe <strong>de</strong> peu à quelques perquisitions menées<br />

par les rexistes ou la police alleman<strong>de</strong>. Il tient<br />

dans les <strong>de</strong>rniers mois <strong>de</strong> sa captivité un journal<br />

qui ne sera publié qu'en 1994 par les éditions<br />

Les Marées <strong>de</strong> la nuit où ce «prisonnier qui doit<br />

<strong>de</strong>meurer invisible» égrène les journées <strong>de</strong><br />

solitu<strong>de</strong>, d'ennui et d'inconfort, et où parfois le<br />

doute survient quant à l'automatisme : «Et en<br />

outre quelques tentatives poétiques qui n'aboutissent<br />

à rien (<strong>de</strong> l'automatisme stéréotypé mais<br />

qui ne sait produire que ces sortes <strong>de</strong> « placards »<br />

qui parfois me séduisent)» {Journal. 1944,<br />

Morlanwelz, 1994, p. 83). Dans cette retraite, il<br />

jette pour la <strong>de</strong>rnière fois un regard sur une<br />

œuvre qu'il ne questionnera plus guère : «La<br />

forme s'est perfectionnée, c'est naturel et c'est<br />

heureux. Les poèmes <strong>de</strong> mes premiers livres<br />

avaient un rythme extérieur qui n'est pas à<br />

dédaigner. Sans doute, ce progrès est-il dû, dans<br />

une certaine mesure, à la technique qui, <strong>de</strong> jour<br />

en jour, serait plus sûre <strong>de</strong> ses moyens et en<br />

développe <strong>de</strong> nouveaux» (Journal. 1944,<br />

Morlanwelz, 1994, p. 88).<br />

C'est dans sa tanière que lui parvient,<br />

déjouant la vigilance policière, le <strong>de</strong>rnier et

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