baronnie de Candé - histoire du Haut-Anjou
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« Histoire <strong>de</strong> la <strong>baronnie</strong> <strong>de</strong> <strong>Candé</strong>, Comte René <strong>de</strong> l’Esperonnière Angers, 1894 »<br />
numérisation <strong>de</strong> l’ouvrage effectuée bénévolement en 2006 par Odile HALBERT<br />
ATTENTION, lire la mise en gar<strong>de</strong> en page 1<br />
car la ville <strong>de</strong> <strong>Candé</strong>, par sa situation géographique entre Bécon 4 et Saint-Julien-<strong>de</strong>-<br />
Vouvantes 5 , <strong>du</strong>t, à coup sûr, être témoin <strong>du</strong> phénomène :<br />
« Le vingt-sixième jour <strong>de</strong> septembre, l'an 1476, il commença à passer et voller par<br />
gran<strong>de</strong>s turbes et monceaux tant <strong>de</strong> jays (geais) que c'estoit une chose merveilleuse, et en<br />
estoit le peuple moult emerveillé , car ils ne passoient et volloient sinon par environ<br />
Saulmur, par les pays <strong>de</strong> Normandie, <strong>du</strong> Mayne, Guyenne, par la Rochelle, Poitou, par<br />
Provence, Bescon et par Saint-Jullien-<strong>de</strong>-Voventes, et <strong>du</strong>ra leur vol et passaige par huit<br />
jours entiers et plus, lesquels pays passoient et volloient incessamment contre bas pour<br />
passer et voller au pays <strong>de</strong> Bretaigne ; et fut rapporté par gens bien digues <strong>de</strong> foy que le<br />
quatrième .jour d'octobre, eux estant à la messe en laditte église <strong>de</strong> Saint-Jullien-<strong>de</strong>-<br />
Voventes, en passa à si grand nombre <strong>de</strong>sdits jays tant et tellement que l'ombre <strong>du</strong> vol<br />
<strong>de</strong>sdits jays empescha à voir Corpus Domini à l’élévation, car ils disoient que l'air en fût<br />
obumbry 6 <strong>du</strong> vol <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> quantité <strong>de</strong>sdits jays.<br />
Détail curieux, Rabelais a rappelé ce prodige dans le premier prologue <strong>du</strong> livre IV <strong>de</strong><br />
Pantagruel : Ce fut, dit-il, peu <strong>de</strong> temps avant la bataille <strong>de</strong> Saint-Aubin-<strong>du</strong>-Cormier « l'an <strong>de</strong><br />
la bonne vinée ; on donnait la quarte <strong>de</strong> bon vin et friand pour une aiguillette borgne. » Et<br />
avec sa verve gauloise, il raconte que les geais livrèrent un furieux combat aux pies, réunies<br />
en nombre aussi considérable « près la croix <strong>de</strong> Malchara. » Les pies perdirent la bataille, et<br />
« furent felonnement occises jusques an nombre <strong>de</strong> 2,589,362,109 sans Ies femmes et petits<br />
enfants, c'est à dire sans les femelles et petitz piaux, vous enten<strong>de</strong>z cela... » De là naquit le<br />
proverbe « croquer la pie »<br />
- 9 -<br />
Mais toutes les pages d'Oudin ne sont pas aussi joyeuses et mentionnent trop souvent<br />
<strong>de</strong>s guerres, <strong>de</strong>s famines. <strong>de</strong>s tremblements <strong>de</strong> terre :<br />
En l'année 1481, il y eut une gran<strong>de</strong> disette, non seulement en <strong>Anjou</strong>, mais dans tout le<br />
royaume <strong>de</strong> France.<br />
En 1482, « régna et avoit cours une maladie qu'on appeloit fièvre, laquelle faisoit <strong>de</strong>venir<br />
les gens furieux et enragez, et enfin une gran<strong>de</strong> épidémie, mortalité, tellement que <strong>de</strong>s plus<br />
grands <strong>de</strong> la ville d'Angers en furent persecutez, sans les antres dont il mourut grand<br />
nombre ; mais plusieurs en eschapèrent parce qu'ils se firent raire 7 la teste. »<br />
1483 fut une année d'abondance « bonne vinée à merveilles et d'autres biens sur terre ; »<br />
mais en 1484, le 14 mars, un violent tremblement <strong>de</strong> terre effraya toute la population <strong>de</strong> la<br />
province.<br />
Le 9 mars 1493, « la terre trembla tant que merveille incessamment, tellement que par<br />
chaque jour ou que ce soit <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux jours en <strong>de</strong>ux jours, et continuellement par trois sepmaines,<br />
fit <strong>de</strong> grands tonnerres, par telle manière que le mon<strong>de</strong> en estoit tout esbay, car il semblait<br />
que le tonnerre vint <strong>de</strong> loin <strong>de</strong> l’air ou <strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> la terre. »<br />
Le XVI e siècle fut ensanglanté par les guerres <strong>de</strong> religion, qui n'épargnèrent pas le pays<br />
<strong>de</strong> <strong>Candé</strong>. La narration <strong>de</strong> ces événements nous entrainerait trop loin : d'ailleurs, les détails<br />
4 BÉCON, commune, canton <strong>du</strong> Louroux-lléconnais, arrondissement d’Angers.<br />
5 SAINT-JULIEN-DE-VOUANTES, chef-lieu <strong>de</strong> canton (Loire-Inférieure), entre <strong>Candé</strong> et Château-<br />
briant.<br />
6 OBUMBRY : Obscurci<br />
7 RAIRE : Raser<br />
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