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130102_ANT.pdf - Ecole alsacienne

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simulation ». Ils sont dupés ou marqués par « une servitude volontaire» qui les fait contribuer<br />

« à la construction d’une mythologie oppressive, voire totalitaire .»<br />

Certes la lucidité et le courage en France d’un André GIDE 90 permet de nuancer cette<br />

analyse, mais pour l’analyste, les intellectuels critiques, dont GIDE fait partie, restent dans la<br />

définition de TROUSSON, non comme utopistes, mais comme anti ou contre-utopistes.<br />

15. Les utopies pédagogiques<br />

C’est AINSA qu’y rajoute ce groupe, et cela semble évident tant le souci de forger les<br />

esprits et les âmes pour la nouvelle société est omniprésent dans toutes les utopies.<br />

Pour l’histoire du mouvement libertaire, l’utopie pédagogique est essentielle à la fois pour<br />

la même chose (forger les cœurs et les esprits pour réussir la société nouvelle), mais également<br />

pour son contraire (développer l’esprit critique, l’autonomie chez l’apprenant, afin de conter toute<br />

menace conformiste, autoritaire ou totalitaire.<br />

Ainsi les écrits et activités autour de la pédagogie... sont donc des moyens privilégiés<br />

d’atteindre ou d’expérimenter l’idéal, souvent même c’est la condition sine qua non pour pouvoir le<br />

réaliser.<br />

La plupart des utopistes sociaux attribuent à la pédagogie, l’éducation... un rôle majeur,<br />

parfois central pour arriver à former l’homme nouveau. Deux voies s’offrent alors : celle de<br />

l’éducation-élevage, vrai « bourrage de crâne » qui préfigure l’hitlérisme et qui est conformiste,<br />

pleine d’obéissance et de soumission, faisant partie intégrale de la propagande ; et celle de<br />

l’éducation libertaire, en accord entre fin et moyens, qui proposent des axes de pédagogie<br />

moderne respectant l’apprenant, l’aidant à acquérir sa liberté et son autonomie en ne voyant<br />

dans le formateur qu’un aide, un égal, un « maître-camarade » pour reprendre l’expression des<br />

pédagogues révolutionnaires allemands du début du siècle.<br />

16. Les utopies négatives, satiriques, ou dystopiques...<br />

Ces contre-utopies ou anti-utopies qui fleurissent surtout au XX ème siècle sont analysées<br />

comme de vraies critiques libertaires de mondes totalitaires ou contraignants dans un chapitre<br />

ultérieur (Chap.III-B). L’utopie traditionnelle y est alors vue comme un anti-humanisme absolu<br />

qu’il faut combattre, ou en amont, qu’il faut empêcher de se réaliser. Une des premières<br />

formulations dans les années trente les nomment utopies pessimistes, mais perspicaces. 91<br />

Gérard ROULET dans l’article cité (L’utopie est-elle un concept ?) de la revue Ligne de<br />

1992 nous rappelle à juste titre qu’utopie et anti-utopie sont issues du même monde, d'écrits<br />

semblables dès l’Époque Moderne. L’anti-utopie est également une utopie, mais qui s’autocritique,<br />

qui pratique l’auto-négation, qui prend du recul pour éviter de s’identifier de manière<br />

présomptueuse à la réalité, et pour tenter de désamorcer le risque totalitaire inhérent au genre.<br />

TROUSSON les inclut tout en les différenciant.<br />

À la suite de François HOURM<strong>ANT</strong> (Cf. ci-dessus), on peut rajouter aux écrits contreutopiques<br />

les récits critiques et dénonciateurs faits par les voyageurs revenant des mondes<br />

« communistes ».<br />

17. Utopie comme nécessaire pulsion de l’inconscient<br />

Si l’on analyse l’essai de Roger DADOUN L’utopie haut lieu d’inconscient, publié en 2000<br />

chez sens&tonka, on retient l’idée d’une utopie, comparée au rêve, comme « accomplissement<br />

de désir ». Pour DADOUN, l’utopie ne doit pas se réaliser, devenir « réelle », sinon c’est à nos<br />

risques et périls puisque chaque fois que cela a eu lieu, « on n’obtient rien d’autre qu’obscénité,<br />

pourriture ou désastre ». Au contraire l’utopie doit rester un anti-réel, un surréel, une action ou<br />

une œuvre contre le réel, ce qui est libertaire par essence puisqu’elle accroît alors le champ de la<br />

subjectivité et de la liberté. Contre une raison, une vision scientifique sclérosantes et<br />

dangereuses, il faut rétablir le pouvoir du désir, de la libre sexualité, de la poésie, du « vouloir de<br />

jouissance ».<br />

18. L’hétérotopie, dans la lignée de FOUCAULT<br />

90 GIDE André Retour d’URSS, 1936 et Retouches à mon retour d’URSS, 1937<br />

91 DOYON René-Louis Les variations de l’utopie, 1933, publié dans le dossier Utopie de la BNF.<br />

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