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Bien chers Frères,<br />
PREFACE<br />
En cette année 1996, où nous rappelons le 125° anniversaire de la glorieuse mort <strong>du</strong> Père <strong>Planchat</strong>, il est<br />
bon que nous soyons incités à mieux connaître sa vie et son œuvre.<br />
Grâce au travail <strong>du</strong> P. Laberge, assisté <strong>du</strong> F. Courtin, lesquels ont saisi l’occasion de cet anniversaire pour<br />
décrypter quelques-uns de ses écrits, je suis heureux de pouvoir vous y aider en vous présentant ce beau volume<br />
des <strong>Lettres</strong> <strong>du</strong> Père <strong>Planchat</strong> (366, dont 105 autographes).<br />
D’emblée, vous remarquerez que cette correspondance est peu diversifiée. Les lettres qui traitent, plus<br />
qu’en passant, de la vie religieuse ou de la vie spirituelle, ne manquent pas mais elles ne sont pas nombreuses.<br />
Nos archives possèdent en effet d’autres documents manuscrits <strong>du</strong> P. <strong>Planchat</strong> : sermons, instructions de<br />
retraites, méditations et commentaires sur la vie religieuse, qui attendent d’être publiés et que je souhaite voir<br />
prochainement mis à la disposition de toutes les communautés. Dans ce présent recueil, <strong>Henri</strong> <strong>Planchat</strong> nous<br />
intro<strong>du</strong>it dans l’intimité de sa famille, mais surtout il nous entraîne sur deux terrains d’apostolat qu’il laboura de<br />
toutes ses forces: ses œuvres de patronage et la régularisation des mariages.<br />
Si Don Bosco avait repris pour sa Congrégation l’appel de St François de Sales au Seigneur:“Donnez-moi<br />
des âmes”, il est permis d’affirmer que son contemporain, <strong>Henri</strong> <strong>Planchat</strong> poussa, lui aussi, le même cri, dont<br />
l’écho se fit entendre, pendant près de vingt ans, dans tout le Paris charitable. La foi et la charité qui habitaient<br />
cet humble prêtre firent de son ministère sacerdotal, même brisé en plein élan, l’un des plus féconds qu’ait pu<br />
connaître le diocèse de Paris sous le Second Empire.<br />
Et pourtant, au lendemain de la Révolution, qui avait tant déchristianisé la France et désorganisé le clergé,<br />
on ne faisait plus grand cas <strong>du</strong> prêtre! Bertier de Sauvigny, fondateur de l’une de ces institutions laïques qui<br />
florissaient au début <strong>du</strong> siècle et qui firent surgir la fameuse Société de Saint Vincent-de-Paul, n’hésitait pas à<br />
écrire: “Je suis convaincu que les prêtres ne peuvent plus être les apôtres les plus efficaces”. Le XIX° siècle,<br />
siècle des laïcs? Certes, mais voyez comme cette conviction de 1820 fut quelque peu démentie, cinquante ans<br />
plus tard, en 1871, par l’hommage ren<strong>du</strong> à “l’efficacité” <strong>du</strong> P. <strong>Planchat</strong>, dans cette adresse envoyée aux<br />
Communards par des habitants <strong>du</strong> quartier de Charonne, pour obtenir sa libération : “Nous certifions que M.<br />
<strong>Planchat</strong> est le soutien de nos misères et le père de nos enfants; sa charité inépuisable nous fait défaut, surtout<br />
dans la situation où nous sommes” (recueil p. 263).<br />
Aussi est-il à relever que M. <strong>Planchat</strong> sut travailler, avec des laïques, non seulement pour le bien de<br />
jeunes apprentis, mais aussi pour redonner à des familles ouvrières, dignité humaine et vie de la grâce. On ne<br />
peut lire les billets dont il harcèle la Société St François Régis, sans être bouleversé par sa ténacité et son amour<br />
des pauvres.<br />
De même, comment ne pas souligner que le fait de son entrée dans une congrégation de Frères laïques<br />
décida de l’avenir de cet Institut, qui unira désormais prêtres et laïques, dans l’exercice de la charité. C’est bien à<br />
lui que nous devons, en grande partie, d’être ce que nous sommes aujourd’hui.<br />
Nous qui savons jusqu’où sa charité l’a poussé: “Nul parmi nous n’a porté plus loin le zèle et le<br />
dévouement pour les pauvres et les ouvriers; nul n’a pratiqué plus généreusement les vertus religieuses; nul<br />
enfin n’a professé un si tendre attachement pour notre petite famille” (P. Le Prevost), puissions-nous voir, très<br />
bientôt, ses mérites couronnés, pour qu’à son exemple nous sachions nous dévouer jusqu’au bout en faveur de<br />
notre prochain!<br />
Rome, Jeudi Saint, 4 avril 1996<br />
“Jésus, qui avait aimé les siens qui étaient dans le monde,<br />
les aima jusqu’au bout”. Jn 13,1.<br />
P. Richard Corbon, sv<br />
Supérieur Général<br />
1
PRESENTATION<br />
Un volume relié des <strong>Lettres</strong> <strong>du</strong> Père <strong>Planchat</strong> a existé, (probablement une reliure des autographes) en<br />
vue de l’étude (vers 1897) des écrits <strong>du</strong> Serviteur de Dieu. Ce volume a été égaré vers 1920-23; mais des copies<br />
circulaient. Nous avons aux archives générales une copie de la première partie <strong>du</strong> volume en question. Depuis,<br />
on a rassemblé d’autres lettres autographes et plusieurs copies, comme les lettres <strong>du</strong> Père à sa sœur Marie-<br />
Elisabeth (Maria), les lettres au jeune Edouard Cauroy, à M. Decaux des Conférences de S.V. de Paul et les<br />
lettres de la captivité.<br />
Le décryptage comporte ses difficultés et la vérification, à partir des copies, présente une possibilité<br />
de trahison <strong>du</strong> texte original, qui fait défaut. Quand il est impossible de lire, quand la copie laisse un espace<br />
blanc, des crochets indiquent ce qui manque:[...]; mais les parenthèses ( ) et les mots soulignés sont des<br />
remarques <strong>du</strong> Père <strong>Planchat</strong>; ainsi, à l’en-tête des lettres, le Père indique souvent la fête <strong>du</strong> jour et il le fait<br />
parfois en utilisant des parenthèses.<br />
Les caractères gras ont été ajoutés pour mettre en évidence un point; par exemple, après avoir<br />
annoncé la vocation sacerdotale <strong>du</strong> jeune <strong>Henri</strong>, nous avons inséré une Lettre d’un tiers, où la phrase en gras<br />
souligne des éléments de cette vocation. Les caractères en italique peuvent être des titres de livres, des citations,<br />
(comme aussi les guillemets) etc.<br />
Dans la composition de ce travail quelques modifications ont été retenues: ainsi le nom officiel des<br />
personnes a été rétabli: v. g. Monsieur Caille pour Cail, le Père Cauroy pour Caurroy, Guillot pour Guyot, etc. --<br />
puis on a changé “ci-incluse”, “ci-jointes” pour les expressions “ci-inclus”, “ci-joint” invariables lorsqu’ils<br />
précèdent leur objet. - Le Père <strong>Planchat</strong> avait un style “parlé”; aussi pour faciliter l’intelligence de la phrase, la<br />
ponctuation a été révisée et des paragraphes ont été intro<strong>du</strong>its.<br />
Plusieurs verbes, cependant, ont gardé leur saveur <strong>du</strong> temps: “qu’il aye, qu’il essaye, qu’il paye,” etc.<br />
-- Nous relevons des expressions qui nous sont moins familières, comme “faire sa soupe avec” -- “elle s’en va<br />
de la poitrine” [de la tuberculose] -- “ il est assis sur son crochet” [le paresseux?] -- “d’aimables pas de<br />
con<strong>du</strong>ite” [accompagner à la sortie] -- “causer d’abandon” avec quelqu’un -- le journal n’est pas entièrement “en<br />
courant” [il est rédigé à bâtons rompus] -- “j’avertirai aux Lazaristes” -- “pour le quart d’heure” [pour le<br />
moment] -- qu’on nous abandonne les vieux souliers... nous achèterons avec des habits”, -- “à 4.00 heures de<br />
relevée” [après midi], -- Nous ne pouvons “loger sous notre clef” [loger chez nous], “qu’il devait se trouver<br />
tranquille” [rester tranquille - ne pas vouloir changer d’obédience], -- “je n’ai su à qui entendre” [tous voulaient<br />
me parler en même temps], etc.<br />
La plupart des lettres ont une présentation; il s’agit d’attirer l’attention sur un point <strong>du</strong> contenu ou<br />
d’expliquer un détail, parfois de poser une interrogation.<br />
En guise d’intro<strong>du</strong>ction générale aux <strong>Lettres</strong>, on a jugé utile de faire une description des membres de<br />
la famille et de dresser un tableau généalogique. De plus, des lettres de tierces personnes ont été transcrites, soit<br />
qu’elles nous parlent <strong>du</strong> jeune <strong>Henri</strong>, soit qu’elles servent à mieux présenter le Serviteur de Dieu.<br />
Il a paru utile de signaler les étapes de la vie <strong>du</strong> Père <strong>Planchat</strong> pour mieux situer le contexte des<br />
lettres. Aussi le lecteur ne se surprendra pas de remarquer au passage: “le séminariste” - “la vocation au<br />
sacerdoce” - “la profession” - “le siège de Paris”, etc.<br />
Enfin, nous nous permettons de souligner l’humour <strong>du</strong> Père <strong>Planchat</strong>: par exemple il écrit à sa soeur:<br />
“ma lettre sera cependant plus longue que la dernière fois, car j’espère que tu pourras la lire! (annoncée, mais<br />
jamais venue) -- “votre château branlant de Blidah” [votre maison là-bas] -- “Dans mes efforts désespérés pour<br />
diminuer ma dette, je ne sais comment, vous, si bienveillant pour toutes les petites œuvres de notre communauté,<br />
avez été oublié” i.e. pour me venir en aide -- préparant un mariage religieux d’un couple marié civilement, il<br />
parlera <strong>du</strong> “futur passé” ! -- enfin, même dans un moment tragique, à quelques jours de son exécution, il écrira:<br />
“Que la volonté de Dieu soit faite et pour ces souffrances et pour le sacrifice de la vie, si mon nom tombe au sort<br />
à la loterie de la Commune“ -- “tout faire pour que le vieux chaudron, s'il vous revient, vous revienne le moins<br />
fêlé possible”.<br />
Bonne lecture et bon profit!<br />
INTRODUCTION<br />
a) Généalogie PLANCHAT<br />
P. Roger Laberge, sv<br />
I -- L’ENFANT<br />
postulateur<br />
3
PLANCHAT, LOUIS,<br />
Grand-père d’<strong>Henri</strong>, Louis est né le 23 octobre 1750 à St-Michel-en-Brenne, diocèse de Bourges; il protégeait des prêtres <strong>du</strong>rant<br />
la Révolution, entre autres l’abbé Rocher (nous conservons une lettre de l’abbé à François datée de 1814); il meurt en 1798. La grandmère<br />
Marie Lemoine décède en 1802.<br />
La famille se composera de neuf enfants, dont six mourront en bas âge.<br />
PLANCHAT, FRANÇOIS Ours (13-03-1791 -- 27-04-1848)<br />
Père d’<strong>Henri</strong>. Né à Loches le 13 mars 1791; devenu orphelin il sera accueilli à Châtillon-sur-Indre par une tante maternelle,<br />
probablement Françoise Lemoine, mariée à Louis Ducarrois; en 1814 il habite à Loches chez Monsieur de Marsay, - le 12 janvier 1818<br />
il est avocat à Paris; le 17 juin 1820 il est juge de paix à Compiègne, où il fait connaissance de Virginie Garanger de la Roche; ils se<br />
marient le 16 août 1822. Quatre enfants naîtront de ce mariage: <strong>Henri</strong>, Virginie, Eugène, Marie-Elisabeth. François est juge à Bourbon-<br />
Vendée (maintenant La Roche-sur-Yon) en 1823-1824; puis à Chartres de 1824 à 1829 et ensuite il se rend à Lille, toujours pour sa<br />
profession, de 1829 à 1842; il passe en Algérie, à Oran de 1842 à 1844. On le retrouve à Alger où il est Conseiller à la Cour royale de<br />
1844 à sa mort, survenue le 27 avril 1848. Il est enterré au cimetière de Bab-el-Oued d’Alger.<br />
PLANCHAT, Marie, VIRGINIE, Clémence,<br />
Celle-ci naît le 4 décembre 1825. Son parrain sera le grand-père, <strong>Henri</strong> François de Paule Garanger de la Roche et sa marraine<br />
Marie-Rose de la Forêt (tante Laforêt). Papa François l’accompagne d’Alger à Paris chez les Filles de la Charité de S. Vincent de<br />
Paul; elle portera le nom de Sœur MELANIE puis de Sœur MARIE. -- En 1847 elle est à Genève; à partir de 1851, on la retrouve en<br />
Turquie, à Constantinople ou dans la région; elle sera enseignante. Elle décède le 15 janvier 1894 à Scutari d’Asie Mineure, en Turquie<br />
d’alors.<br />
PLANCHAT, EUGENE,<br />
Il est frère unique (né à Lille le 2 juin 1832); son parrain sera le Marquis Eugène d’Ambly et sa marraine, Catherine Louis; il fait<br />
ses études en Droit et il fait <strong>du</strong> service militaire jusqu’en 1864; il passe en Algérie comme Magistrat et Juge de Paix. Il vient à Marseille<br />
en février 1867 pour épouser Marie Pauline MURE de Pélanne (+15-08-1911). Le couple aura plusieurs enfants, mais un seul survivra.<br />
Eugène sera Magistrat et Officier auxiliaire d’administration des Hôpitaux militaires. Il décédera en janvier 1893.<br />
PLANCHAT, MARIE, Elisabeth, Thérèse,<br />
Cette sœur, qu’on appellera communément Maria, est née à Lille le 2 juin 1841 -- sa marraine sera Virginie, sa sœur aînée.<br />
Marie-Elisabeth reste avec sa mère jusqu’en 1864, année où, devant se séparer de sa mère pour la santé de l’une et de l’autre, elle se<br />
rend à son ancien couvent à l’Abbaye-aux-Bois, à Paris. Elle entre dans la Congrégation de Notre-Dame des Chanoinesses de St-<br />
Augustin (fondation de saint Pierre Fourier, au 17 ème siècle) et porte d’abord le nom de Sœur ST JEAN DE LA CROIX, puis de Sœur<br />
ST ALPHONSE. Elle fait profession en 1867 et résidera longtemps à Moulins. En 1908 elle se trouve à Ste-Croix, dans les Flandres<br />
occidentales, Belgique.-- En 1912 elle habite Heuvy-Namur (Chaussée de Louvain) -- En 1919 elle revient en France. Son décès<br />
survient le 19 mars 1926.<br />
PLANCHAT, JOSEPH,<br />
Fils d’Eugène et de Marie Pauline Mure de Pélanne; il semble que <strong>Henri</strong> <strong>Planchat</strong>, avocat, soit ce même Joseph.<br />
LENSEIGNE -- PLANCHAT, Elisabeth Gertrude<br />
Elle est la sœur de François <strong>Planchat</strong>, père de l’abbé <strong>Henri</strong>. A la mort de son époux Louis Lenseigne, elle se rend à Paris pour<br />
gagner sa vie, puis à Valençay (Indre), où elle meurt le 10 février 1842.<br />
ROUSSEAU - LENSEIGNE, Louise,<br />
Elle est une des filles d’Elisabeth Gertrude <strong>Planchat</strong>, sœur de François. Louise Elisabeth épouse en 1830 Pierre Rousseau; -<br />
elle donnera naissance à six enfants; mais seul Emile aura une descendance.<br />
Louise est cousine germaine de l’abbé <strong>Henri</strong> et mère d’Emile Rousseau. C’est ce dernier qui fait des recherches pour reprendre contact<br />
avec la famille <strong>Planchat</strong>; c’est ainsi que Mme Vve <strong>Planchat</strong> écrira à Louise en 1874.<br />
ROUSSEAU, Maxime<br />
Petit-fils de Louise Lenseigne, fils d’Emile Rousseau et de Marthe Baudran.<br />
Ce dernier héritera des <strong>Lettres</strong> de l’abbé <strong>Henri</strong> à sa sœur Maria <strong>Planchat</strong> et les remettra aux F. S. V. en 1927. Il sera Curé dans l’Indre:<br />
en 1908 il est à Bommiers; en 1912, on le retrouve à Châteauroux et en 1921 il est à St Marcel. En 1940 il est à Velles, d’où il écrit son<br />
volume HENRI PLANCHAT [Editions LABOUREUR et Cie - 1941]; il meurt en 1958.<br />
FICHOT, Sœur<br />
Fille de la Charité de St Vincent de Paul. Elle est une fille de Léon Fichot et de Berthe Rousseau [sœur de l’abbé Maxime].<br />
Au début des années 1940, on la trouve à Bordeaux.<br />
4<br />
MARSAY, (de) J.<br />
François <strong>Planchat</strong> habite chez ce monsieur en 1814. J. de Marsay signe comme témoin au mariage <strong>du</strong> gd-père Louis.
Branche GARANGER<br />
GARANGER de la Roche, <strong>Henri</strong>, François de Paule<br />
Grand-père de l’abbé <strong>Henri</strong>.<br />
GARANGER de la Roche, Marie, VIRGINIE, (14-06-1804 -- avril 1877)<br />
Mère <strong>du</strong> père <strong>Henri</strong>. Après avoir résidé en Algérie, elle voyagera souvent en Algérie et en France pour ses affaires de<br />
maisons. Elle habitera à Paris: rue de Vaugirard, rue Duguay-Trouin, à Morangis, à Châlons-sur-Marne. Au moment des<br />
événements tragiques de 1871, elle réside à Compiègne, sa ville natale. Elle meurt à la fin mars ou au début d’avril 1877, dans le<br />
quartier des Batignolles à Paris.<br />
GARANGER, HENRI-Antoine<br />
Seul frère de la maman; ancien notaire à Reims, notaire honoraire à Provins (Seine et Marne); son épouse s’appellerait Joséphine;<br />
sa fille Claire épousera Molleveaux, Alfred; ils auront 4 ou 5 enfants. Claire meurt le 25. 12 . 1911.<br />
BLAMPIN de la Salle, Marie Elisabeth, grand-mère de l’abbé <strong>Henri</strong>.<br />
Joséphine Vestu, sa belle-sœur (femme Blampin de la Salle) : marraine (et grande-tante maternelle) <strong>du</strong> p. <strong>Henri</strong>.<br />
ELAMBERT, Tante Joséphine<br />
Sœur de maman <strong>Planchat</strong>, mariée à Pierre-Antoine Elambert, officier sous Napoléon 1 er , chevalier de l’ordre royal et militaire<br />
de St Louis et de la Légion d’honneur. -- Tante Joséphine décède en juin1867.<br />
ELAMBERT, Alfred<br />
Il est fils de tante Elambert de Reims: avocat, puis notaire; il épouse Mélanie Colombier en 1849, puis il acquiert de son<br />
oncle <strong>Henri</strong> Granger l’étude de notaire de Reims; il sera engagé dans les œuvres charitables avec Mgr Langénieux; en 1864 il se<br />
démettra de la Présidence de la Conférence de S. Vincent de Paul. Il aura un fils nommé Paul et une fille, Marie (qui épousera le<br />
sieur PETIT).<br />
LAFORET, Tante Marie-Rose, Clémence<br />
Autre sœur de maman <strong>Planchat</strong>; elle épouse Jean-Marie La Rigourdelle de la Forêt, originaire de St Domingue, employé des<br />
Finances, qui sera le parrain d’<strong>Henri</strong>; tante Laforêt décède le 19 décembre 1861.<br />
LECLERE, Tante<br />
Meurt fin 1848: il est question de cette tante dans les premières lettres; c’est une tante de maman <strong>Planchat</strong>.<br />
VESTU, Marie, Jeanne, Joséphine, femme Blampin de la Salle, de Compiègne:<br />
marraine <strong>du</strong> père <strong>Henri</strong>. Elle semble être la tante maternelle de Mme <strong>Planchat</strong>.<br />
MAUSSAIS, cousin: cf. lettre <strong>du</strong> 29 décembre 1861; il est parent <strong>du</strong> côté maternel.<br />
LALYRE, une cousine, voir lettre <strong>du</strong> 1 er septembre 1860.<br />
VIVIER, (<strong>du</strong>) Eugène<br />
médecin, ami de la famille. Nathalie ELAMBERT, fille de “tante Elambert”, épousera Eugène <strong>du</strong> Vivier.<br />
MOLLEVEAUX<br />
Notaire à PROVINS, notaire de confiance de la famille <strong>Planchat</strong>.<br />
Un fils, Alfred, est notaire à Provins; il épouse la cousine Claire Garanger. Ils auront les enfants: Marie, René, Henry, une<br />
autre fille? et peut-être un Joseph. Alfred Molleveaux décède le 20 janvier 1907.<br />
MURE: Marie-Pauline Mure de Pélanne<br />
Epouse d’Eugène <strong>Planchat</strong>. Elle meurt le 15 août 1911.<br />
5
) SA NAISSANCE:<br />
L’An mil huit cent vingt trois, le neuf novembre, à dix heures <strong>du</strong> matin,<br />
par devant nous, Aimé Joseph DAUTRIVE,<br />
premier adjoint <strong>du</strong> Maire de la Ville de BOURBON- VENDEE,<br />
officier de l’Etat civil,<br />
est comparu M. François PLANCHAT, juge au tribunal séant en cette ville, y demeurant, lequel nous<br />
a présenté un enfant <strong>du</strong> sexe masculin, né le jour d’hier, à sept heures <strong>du</strong> matin, de lui, déclarant, et de dame<br />
Marie Virginie GARANGER de la Roche, son épouse en légitime mariage, et auquel il a déclaré donner les prénoms<br />
de Marie Mathieu Henry.<br />
Lesquelles déclarations et présentation faites en présence...le père et les témoins ont signé avec nous<br />
après que lecture...<br />
[Extrait des Registres des Actes de l’Etat civil de la Commune de la Roche-sur-Yon, Vendée]<br />
(Archives S. V.)<br />
c) SON BAPTEME:<br />
Le trois janvier mil huit cent vingt quatre a été baptisé Marie - Mathieu <strong>Henri</strong>,<br />
né en cette ville le huit novembre dernier à sept heures <strong>du</strong> matin,<br />
<strong>du</strong> légitime mariage de Monsieur François PLANCHAT, Juge au Tribunal civil de cette ville,<br />
et Dame Marie Virginie GARANGER;<br />
il a eu pour parrain Monsieur Jean-Marie LA RIGOURDELLE de la Forêt,<br />
suivant le consentement de celui-ci, signé de lui et daté de Paris le 26 décembre dernier; et pour<br />
marraine dame Marie, Jeanne, Joséphine VESTU, femme BLAMPIN de la Salle,<br />
suivant son consentement signé d’elle et daté de Compiègne, le 23 décembre dernier,<br />
les dits parrain et marraine représentés par M. Alcide BOULANGER et Justine COSSON, lesquels se<br />
sont soussignés avec le dit père et nous.<br />
MAZIERRE, curé de Bourbon-Vendée<br />
copie déclarée conforme à l’acte de baptême<br />
<strong>Henri</strong> CROUZAT, vicaire à la Roche-sur-Yon<br />
à Lille le 7 avril 1835.<br />
[Copie de l’acte de Baptême de Marie - Mathieu <strong>Henri</strong> <strong>Planchat</strong>]<br />
(Archives S. V.)<br />
d) SA PREMIERE COMMUNION<br />
II-- L’ETUDIANT<br />
En octobre 1837, il arrive à Paris, au Collège Stanislas.<br />
Lettre d’un responsable d’études d’<strong>Henri</strong>, où l’on voit déjà sa fragilité, ses maux de tête, ses préoccupations, qui<br />
le suivront toute sa vie. Nous disposons d’une copie de lettre, non datée, écrite par Mr Buquet, futur vicaire<br />
général et évêque à Paris.<br />
Date inconnue<br />
9
Monsieur,<br />
Vous m’avez écrit, vous ou Madame, plusieurs fois, et je n’ai pas répon<strong>du</strong>; j’espère pourtant<br />
que vous n’aurez pas pris mon silence pour indifférence de ma part: non, <strong>Henri</strong> m’est tout aussi cher<br />
que l’année dernière, et je lui porte le même intérêt; restez toujours bien persuadé de cela. La tête est<br />
toujours plus ou moins préoccupée. Je le raisonne, lorsqu’il vient me parler de ses idées, je le secoue<br />
quelquefois, je me moque de lui, mais toujours amicalement et j’ai la pensée que par moment il se<br />
croit plus tourmenté qu’il ne l’est réellement. Habituellement il est gai à table; je le vois de ma place,<br />
ses camarades l’aiment beaucoup, il est très bien avec tous; il y en a qui cherchent à le distraire,<br />
lorsqu’ils le voyent un peu sombre. Monsieur Valtron (?) est très content de lui; il trouve qu’il fait<br />
généralement de bons devoirs. J’espère donc qu’en somme l’année sera bonne. Je ne l’ai pas fait<br />
quitter le catéchisme; je crois qu’il en eût été contrarié. Je lui ai proposé pour la retraite d’aller à<br />
Compiègne ou de le dispenser de plusieurs exercices: il n’a pas voulu; quand je l’aurais contraint,<br />
ç’eût été pire.<br />
En allant son petit train, comme tout le monde, je crois que ce sera mieux; mais je ne<br />
cesserai d’avoir l’œil ouvert pour le soutenir ou le remonter au besoin.<br />
Je vous prie d’agréer l’assurance des sentiments respectueux avec lesquels j’ai l’honneur<br />
d’être, Monsieur,<br />
à Mme Veuve Elisabeth Gertrude Lenseigne-<strong>Planchat</strong><br />
Place des Victoires, N o 6 — Paris<br />
votre très humble serviteur,<br />
Buquet<br />
Monsieur François <strong>Planchat</strong> écrit à sa sœur, qui après le décès de son mari, Louis Lenseigne (1784 -- 1822), a<br />
trouvé <strong>du</strong> travail à Paris: des nouvelles de la famille. La tante de Châtillon-sur-Indre, probablement Françoise<br />
Lemoine, femme Ducarrois avait recueilli le jeune François et sa sœur Elisabeth Gertrude à la mort des deux<br />
parents.<br />
Ma chère sœur,<br />
Lille, le 25 mai 1839<br />
Je ne comprends pas que tu aies pu supposer que mes sentiments d'estime et d'affection<br />
pour toi aient pu éprouver la moindre altération. Il faudrait que nous fussions aussi injustes que<br />
ridicules. Je craignais, au contraire, ainsi que ma femme, que ton amitié pour nous ne fût refroidie.<br />
Comme nous avions repon<strong>du</strong> à ta dernière lettre et que nous n'entendions plus parler de toi, je<br />
pensais que tu n'habitais plus Châteauroux, voilà pourquoi je me suis privé <strong>du</strong> plaisir de t'écrire. Je<br />
m'informai de toi aux militaires de Châteauroux en garnison à Lille, ils ne te connaissaient pas.<br />
Ta lettre nous a comblés de joie. Elle est arrivée hier. J'étais parti de Compiègne pour<br />
revenir à Lille. Que ne l'ai-je reçue il y a huit jours, j'aurais été moi-même te porter la réponse; hier<br />
encore je n'étais qu'à 19 lieues de Paris. Mais il y a moyen de nous en dédommager largement, il faut<br />
venir nous voir; tu passeras avec nous le peu de temps dont tu pourras disposer. Tu dis que tu vas à<br />
Valençay et tu ne nous marques pas pourquoi, si c'est pour y rester ou pour faire un voyage<br />
d'agrément. Si c'est pour l'habiter, tu aurais dû nous dire par quelles circonstances et avec quels<br />
avantages.<br />
Juge de mon cœur par le tien et tu auras une idée de l'intérêt que m'inspire tout ce qui te<br />
concerne. Il y a longtemps que nous t'aurions pressée de venir nous voir si nous avions pensé que tu<br />
pusses te décider à t'éloigner de tes enfants. Je suis charmé de savoir que j'ai deux neveux de ton<br />
côté. J'aurais bien des choses à te dire et des propositions à te faire que je ne puis, ignorant tout à fait<br />
l'état des choses. Sans y rien changer, viens nous voir de suite et nous t'ouvrirons notre cœur tout<br />
entier. Viens nous voir de suite, lors même que tu ne pourrais disposer que de quelques jours, ne sois<br />
pas arrêtée par la crainte de nous occasionner de la dépense. Le voyage de Lille à Paris ne nous<br />
coûtera que trente six francs, les places n'étant que de 18 F en ce moment depuis une quinzaine de<br />
jours; il serait plus élevé que cela ne nous arrêterait certainement pas. Nous aurons tant de plaisir à te<br />
10
voir, viens de suite, retiens ta place à la diligence des Messageries Royales de la rue des Victoires.<br />
S'il n'y a pas de place, on t'indiquera 2 autres diligences. Elles partent toutes le soir à 5 heures; on<br />
arrive le lendemain à la même heure le soir. Tu nous écriras et nous irons te relever à la voiture. Nous<br />
demeurons rue de l'Arc, N° 1.<br />
Notre fils aîné est à Paris au Collège Stanislas, rue Notre Dame des Champs. Il est en<br />
3 ème , il a beaucoup de succès, tu pourras le voir de midi à 1 heure 1/2; il te verra avec bien <strong>du</strong> plaisir,<br />
il a 15 ans. Sa sœur en a 13, elle est à Lille et mon plus jeune fils a 7 ans. Ils sont tous bien portants<br />
et promettent beaucoup.<br />
Viens donc de suite arranger tes affaires de manière à passer avec nous le plus de temps<br />
que tu pourras. Je ne puis penser que tu nous refuses cette satisfaction à moins que le retard doive<br />
nuire à tes intérêts. Donne-nous au moins dans ce cas les plus grands détails sur tes affaires.<br />
Adieu ma chère sœur, je t'embrasse de tout cœur en t'attendant.<br />
François <strong>Planchat</strong><br />
Je me joins à mon mari, ma chère sœur, pour vous assurer <strong>du</strong> plaisir que j'aurais à vous<br />
voir, et vous prier de faire tout ce qui vous sera possible pour que nous ne soyons pas privés de la<br />
satisfaction de vous posséder ici. Comme mon mari vous le dit, sans doute si nous avions reçu votre<br />
lettre plus tôt, nous eussions arrangé les choses pour faire cadrer le petit voyage qu'il avait à faire à<br />
18 lieues de Paris avec le vôtre et vous vous seriez déjà vus. Mais nous ne pourrions nous absenter<br />
tous deux et, en venant, toute la famille au moins vous verrait.<br />
Mes enfants ont un grand désir de vous connaître. Je me suis toujours rappelé avec plaisir<br />
les courts moments que j'ai passés avec vous, près de notre bonne tante à Châtillon, toute votre<br />
famille m'avait beaucoup intéressé. J'espère que Louise est heureuse en ménage [mariée en 1830 à<br />
Pierre Rousseau] et que vous avez <strong>du</strong> moins cette consolation, car je le sens, ma chère sœur, une<br />
bonne mère ne peut être heureuse qu'autant que ses enfants le sont.<br />
Les nôtres, Dieu soit loué, nous donnent beaucoup de consolation et mon <strong>Henri</strong> est chéri et<br />
estimé autant de ses maîtres que de ses camarades; ses bulletins sont vraiment des pièces à<br />
conserver. Si, comme je l'espère, vous pouvez l'aller voir, embrassez-le bien tendrement pour moi et<br />
si, comme je l'espère, vous pouvez venir nous voir, faites-lui en part.<br />
Adieu ma chère sœur, croyez à l'amitié bien sincère d'une sœur qui n'a jamais cessé de<br />
vous estimer et de vous aimer.<br />
Je vous avertis, pour votre gouverne, que les places sont très courues et qu'il faudra vous y<br />
prendre de suite pour retenir votre place.<br />
à Mme Veuve Elisabeth Gertrude Lenseigne-<strong>Planchat</strong><br />
Votre affectionnée sœur<br />
Difficultés financières au moment de la Révolution de juillet 1830.<br />
[Virginie] <strong>Planchat</strong><br />
Lille, le 29 mai 1839<br />
Je regrette d'autant plus de n'avoir pas reçu la première lettre 8 jours plus tôt, que tu n'as pu<br />
venir nous voir et qu'alors j'aurais été à Paris sans frais de plus, puisque je me suis ren<strong>du</strong> à<br />
Compiègne. J'aurais eu le plaisir de te voir et nous aurions pu nous entretenir de nos positions<br />
respectives avec des détails; ce qui n'est pas aussi facile par lettres. Sois bien persuadée que je ne<br />
suis pas de caractère à oublier une sœur que j'ai toujours tendrement aimée, les tribulations et les<br />
chagrins que tu as éprouvés ne sont qu'un motif de plus pour augmenter notre attachement, les<br />
malheurs...la révolution de juillet qui a arrêté...et m'a fait éprouver des pertes d'argent<br />
considérables ne me rendent que plus sensible aux malheurs de mes proches et surtout à<br />
ceux d'une sœur. J'ai déjà en partie réparé ces pertes énormes.<br />
Je regrette que tu ne me donnes aucun détail sur la place que tu vas occuper à Valençay, je<br />
vois avec plaisir qu'il n'est qu'à 10 lieues de tes enfants. J'avais pensé à te proposer de venir passer<br />
le temps qu'il t'aurait convenu avec nous et nous aurions fait notre possible pour adoucir tes chagrins.<br />
11
Si un bureau de tabac auprès de tes enfants avait pu te convenir et qu'il eût fallu te prêter le<br />
cautionnement, j’aurais fait mon possible pour le fournir; je ne serais pas assuré de pouvoir, par mes<br />
demandes, te faire obtenir un bureau ou une place analogue, parce que je suis loin d'être en crédit<br />
comme sous la Restauration.<br />
Tiens-nous au courant de tes affaires, tu dois éprouver <strong>du</strong> soulagement à t'en entretenir<br />
avec des frère et sœur qui y prendront une part si vive. Dans ta prochaine lettre, n'oublie pas de nous<br />
dire ce que te rapporte ta place et en quoi elle consiste; ne balance pas à entrer dans de plus grands<br />
détails, ce que tu ne fais pas dans ta dernière lettre. Je regrette beaucoup que tu aies été si<br />
longtemps sans nous écrire et je suis heureux que tu t'y sois enfin décidée. Peut-être aurions-nous<br />
pu, sinon prévenir, <strong>du</strong> moins adoucir beaucoup tes peines. Qu'il n’en soit plus ainsi désormais. Ecrismoi<br />
avec toute la confiance que tu dois avoir dans un frère qui est tel qu'il doit être et qui a la plus<br />
grande...<br />
[François] <strong>Planchat</strong><br />
à Mme Vve Elisabeth Gertrude Lenseigne-<strong>Planchat</strong><br />
Grave maladie de François <strong>Planchat</strong> - Nouvelles de son épouse et des enfants -- ensemble chez M. Depréville:<br />
en pension après Châtillon? plus tard ? Ta fille est-elle bien mariée? il s’agit de Louise, mariée à Pierre<br />
Rousseau en 1830; car Céleste-Delphine n’épousera François Nivet qu’en 1843. Tante Gertrude est allée voir<br />
<strong>Henri</strong> à Paris(cf Lettre <strong>du</strong> 25 mai 1839).<br />
Ma chère sœur,<br />
Lille, le 15 août 1839<br />
Depuis ma dernière lettre, j'ai fait une maladie grave dont je ne suis pas entièrement<br />
rétabli.<br />
J'ai bien regretté que tu ne sois pas entrée avec moi dans de plus grands détails sur ta<br />
position. Quelle place occupes-tu, que te rapporte-t-elle ? Tu ne dois pas craindre de me faire<br />
connaître les plus petits détails; crois-tu que j'ai oublié que nous avons été ensemble chez M.<br />
Depréville ?<br />
Si tu n'étais pas bien dans ta place, ayant quelques amis à Paris, je ferais tout mon possible<br />
pour te procurer quelque chose de mieux, par exemple une place pour soigner le linge, soit dans un<br />
collège, soit dans une maison particulière, mais importante, si cela te convenait. Il faudrait sans doute<br />
<strong>du</strong> temps pour cela, mais nous ferions pour le mieux. Il faut avant tout que je connaisse ta position actuelle.<br />
Sois persuadée que nous ferons tout ce qui dépendra de nous pour adoucir ton sort.<br />
Surtout, ne te laisse pas aller au découragement; songe bien que tu es loin d'être sans<br />
ressource, puisque tu as une famille qui t'aime et qui t'estime. Ecris-nous donc avec la plus grande<br />
confiance. Es-tu heureuse <strong>du</strong> côté de tes enfants, ta fille a-t-elle bien rencontré dans son mari? Si tu<br />
as des peines et des chagrins, à qui les confieras-tu, si ce n'est à ton frère?<br />
Nos enfants se portent tous très bien. Celui que tu as vu à Paris et qui t’aime si<br />
tendrement (<strong>Henri</strong>) est un enfant de grande espérance; l’on m’a assuré qu’il était le sujet le plus<br />
distingué de son collège; il va obtenir beaucoup de premiers prix à son collège; il aura même, j’espère<br />
quelque accessit au concours général, où il en a déjà obtenu un l’année dernière; sa mère qui est<br />
obligée d’aller passer quelque temps à Compiègne dans sa famille pour sa santé, aura le plaisir<br />
de le voir couronner à Paris. Tu vois, ma chère amie, que ton cher neveu promet beaucoup pour<br />
l’avenir.<br />
J’entre dans ces détails, persuadé que cela te fera plaisir. Le plus jeune (Eugène), qui a eu<br />
sept ans au mois de juin, montre aussi beaucoup de dispositions; il est avancé pour son âge; nous<br />
espérons qu’il suivra les traces de son frère. C’est nous-mêmes qui faisons son é<strong>du</strong>cation jusqu’à ce<br />
qu’il soit en âge d’aller rejoindre son frère.<br />
Ma fille (Virginie) qui aura 14 ans au mois de novembre est grande pour son âge; elle a<br />
aussi des succès dans sa pension, mais elle a presque continuellement mal à un oeil depuis quelque<br />
temps; ce qui lui nuit beaucoup.<br />
Ma femme part demain matin pour aller voir son fils et ils reviendront à Compiègne, où ils<br />
doivent rester trois semaines; je ferai quelques absences pendant les vacances qui commencent le<br />
premier septembre.<br />
Si donc tu m’écrivais à cette époque et que je ne te répondisse pas de suite, n’en sois pas<br />
surprise, c’est que je serais absent.<br />
12
Adieu, ma chère sœur, je t’embrasse de tout cœur, ainsi que ma femme et mes enfants<br />
F. <strong>Planchat</strong><br />
à la nièce Louise Rousseau, née Lenseigne<br />
Châteauroux, Indre<br />
Louise Elisabeth Lenseigne (1810 -- 1886) a épousé Pierre Rousseau en 1830. L’oncle François ne connaît pas<br />
l’adresse de la nièce: lettre à faire suivre.<br />
François a pu enfin voir sa sœur, Elisabeth Gertrude Lenseigne <strong>Planchat</strong>; mais elle vient de décéder (1785--<br />
1842); réactions de foi de ce dernier, qui a été frappé “d’affection cérébrale”.<br />
Ma chère nièce,<br />
Lille, le 24 février 1842<br />
Nous étions en voyage ma femme et moi lorsque nous est parvenue la lettre qui nous<br />
annonce la triste nouvelle de la mort douloureuse de notre chère sœur. Les cruelles souffrances<br />
qu’elle a éprouvées auront achevé de la purifier, et Dieu, au sortir de ce monde l’aura admise au ciel,<br />
nous pouvons l'espérer, espoir consolateur qui change les plus cuisants chagrins en douce<br />
résignation à la volonté <strong>du</strong> Seigneur qui nous a confié plutôt que donné le peu de jours que nous<br />
passons dans cette vallée de larmes, dans ce triste exil où les satisfactions et les jouissances sont si<br />
rares et si fugitives tandis que les maux, les douleurs et les cuisants chagrins nous obsèdent et nous<br />
accablent à chaque pas que nous faisons. Dieu, en nous envoyant des afflictions si fréquentes et si<br />
multipliées, nous avertit qu’ici-bas n'est point notre véritable séjour, que nous devons nous détacher<br />
d'une terre ingrate qui ne nous abreuve que d’amertumes et porter toutes nos espérances vers la cité<br />
permanente, vers notre patrie où il veut que notre cœur et tous nos désirs nous portent et nous<br />
devancent.<br />
Lorsque aux vacances je goûtai le plaisir de revoir une sœur chérie dont j'avais été si<br />
longtemps séparé, j'étais loin de croire toucher de si près une dernière séparation; nous nous étions<br />
même flattés réciproquement de l'espoir de nous revoir bientôt et plus longtemps; nous formions dans<br />
un avenir rapproché des projets que la cruelle mort devait sitôt déconcerter par ses impitoyables<br />
rigueurs.<br />
Je reverrai, il est vrai, ma chère sœur et peut-être le moment n'est pas éloigné, car un<br />
événement funeste que j'étais loin de prévoir, en bouleversant toute notre existence a failli me<br />
tuer, il y a 15 jours, par la violente secousse qu'il m’a fait éprouver. J'ai été atteint d'une<br />
affection cérébrale dont je ne suis pas rétabli parce que la cause existe toujours. Cependant,<br />
que Dieu me donne la force de prendre le dessus et me conserver quelques années encore à ma<br />
famille.<br />
Les sentiments de piété dont votre lettre est empreinte m'ont fait un plaisir infini, parce que<br />
la piété, c'est le seul bien que les démons ne puissent nous ravir, qui nous console de tout, qui<br />
adoucit nos maux et les transforme en véritables biens, en biens impérissables qui nous sont assurés<br />
dans un meilleur avenir.<br />
Recevez, ma chère nièce, l'assurance de notre vive affection et de notre attachement<br />
inaltérable.<br />
Votre oncle <strong>Planchat</strong><br />
Je n'affranchis pas cette lettre parce que, n'ayant pas donné votre adresse, on ne se mettrait<br />
pas en peine de la [...]<br />
Je partage bien vivement, chère nièce, le chagrin que vous fait éprouver la perte cruelle que<br />
vous venez de faire. Il suffit d'avoir connu votre excellente mère pour l'apprécier et pour juger <strong>du</strong> vide<br />
qu'elle doit laisser à des enfants qu'elle chérissait, mais <strong>du</strong> ciel où ses vertus l'ont con<strong>du</strong>ite, elle<br />
intercédera pour eux. Ne m'oubliez pas auprès de votre sœur.<br />
Mes enfants me chargent de vous dire mille choses aimables de leur part et combien ils<br />
prennent part à votre chagrin.<br />
Je vous embrasse bien tendrement et suis, avec une vive affection,<br />
Votre tante, Femme <strong>Planchat</strong><br />
13
III - VOCATION AU SACERDOCE<br />
En 1843, <strong>Henri</strong> communique avec l’Evêché de Paris et reçoit la réponse suivante:<br />
Mon cher <strong>Henri</strong>,<br />
J’ai appris avec grand plaisir que vous sollicitiez votre admission dans le Diocèse, bien<br />
persuadé que l’esprit de piété et l’amour <strong>du</strong> travail qui vous ont distingué jusqu’à présent ne feront<br />
que s’accroître en suivant la vocation à laquelle Dieu semblait vous avoir destiné et qu’un jour<br />
vous sortirez <strong>du</strong> Séminaire prêtre selon le cœur de Dieu.<br />
Monseigneur me charge de vous dire d’aller trouver M. Carbon; c’est lui qui devra vous<br />
répondre,<br />
Votre dévoué et affectionné<br />
Ravinet, vic. gén.<br />
En 1843 également, <strong>Henri</strong> fait partie de la Conférence de ST--VINCENT DE PAUL de la paroisse St-Lambert<br />
de Vaugirard. Il se rend souvent au PATRONAGE de la rue <strong>du</strong> Regard, à Paris, pour donner des cours <strong>du</strong> soir; il<br />
y rencontre M. Jean-Léon Le Prevost, futur Fondateur des FRERES DE ST VINCENT DE PAUL.<br />
Il passe son baccalauréat au Collège de Vaugirard (aujourd’hui Hôpital de Vaugirard). Il continue à ce Collège -<br />
dirigé jusqu’en 1852 par l’abbé Poiloup - à rendre service comme surveillant et répétiteur.<br />
En 1845 il maintient son projet <strong>du</strong> sacerdoce, mais son père veut qu’il fasse ses études de droit; voici une lettre<br />
de recommandation d’un vicaire général de Paris:<br />
à M. François <strong>Planchat</strong><br />
Conseiller à la Cour royale — Alger<br />
Monsieur,<br />
7 août 1845<br />
Votre fils me dit qu’il va partir sous peu de jours pour vous revoir après une bien longue<br />
séparation.Vous le trouverez tel qu’il a toujours été, honnête, laborieux et surtout sincèrement<br />
vertueux.<br />
Il m’a fait confidence de ses désirs et de ses projets. Déjà l’année dernière il m’en avait dit<br />
quelques mots; je lui conseillai de ne pas se presser et de mûrir sérieusement cette affaire aussi<br />
grave.<br />
Il paraît qu’il pensait, et même il aurait voulu entrer cette année au Séminaire. Il ne m’a pas<br />
caché, je ne dis pas vos répugnances, mais votre détermination d’attendre pour donner votre<br />
consentement, qu’il ait fait son droit. Ce terme lui paraît très éloigné; il craint de perdre un temps<br />
considérable et il préférerait entrer de suite dans la carrière où il croit être appelé....<br />
...vous savez que l’intérêt que je portre à votre fils ne date pas d’hier; j’ai voulu lui en donner<br />
une nouvelle marque en vous écrivant quelques mots à son sujet...<br />
L. vic. gén.<br />
Sa sœur, Maria, écrira en 1909:<br />
“Mon excellent père ne s’est nullement opposé à la vocation de son fils aîné, mais, pour<br />
offrir à Dieu, disait-il, la victime complète, il a voulu que mon frère passe la licence en droit avant<br />
d’entrer au Séminaire”.<br />
14
Notre <strong>Henri</strong> ira donc à la Faculté et obtiendra sa Licence en Droit le 28 août 1847. Il pourra enfin<br />
entrer au Séminaire pour ses études théologiques.<br />
01 - à ses parents<br />
LETTRES<br />
DE L’ABBE HENRI PLANCHAT<br />
IV -- LE SEMINARISTE<br />
Le problème des dépenses; “étant chez M. Poiloup, j’aurais pu me faire une bibliothèque” (l’abbé Poiloup<br />
dirigeait un Collège à Vaugirard; cette Institution passera aux Jésuites en 1852 (G.A. Boissinot,sv, UN AUTRE<br />
VINCENT DE PAUL, p.258);<br />
Les tantes Elambert et Laforêt sont les soeurs de Mme <strong>Planchat</strong>; tante Leclère fait partie de la famille<br />
maternelle, c’est une tante de la maman; elle décédera en fin 1848 (lettre <strong>du</strong> 6 janvier 1849) - Monsieur Daidou<br />
semble être un prêtre d’Alger. Eugène Du Vivier est l’époux de Natalie Elambert. M. Vivaillier semble tenir une<br />
petite caisse de la famille.<br />
15
Chers parents,<br />
Paris, Séminaire de St Sulpice, 12 décembre 1847<br />
Votre lettre <strong>du</strong> 4 décembre m’a vivement affligé, tant pour l’inquiétude et l’embarras que ce pauvre<br />
Eugène vous cause que pour ce cher Eugène lui-même.<br />
Je me faisais si bien une fête de recevoir une longue lettre de sa main; et il est si indisposé, si fatigué<br />
qu’il n’a même pas pu ajouter un mot à votre lettre! Oh! j’ai la ferme espérance que le bon Dieu, comme ma<br />
bonne mère le dit si bien, ne vous éprouvera point au-dessus de vos forces; que si la divine Providence permet<br />
qu’aux pertes pécuniaires viennent s’ajouter des peines bien plus sensibles, toutes ces tribulations ne<br />
dépasseront pas la mesure <strong>du</strong> plus grand bien de vos âmes; ni même celle d’une patience ordinaire; elle vous<br />
réserve, je n’en doute point, pour une époque prochaine, des consolations qui vous feront oublier vos douleurs;<br />
et bientôt le cher Eugène ne vous inspirera plus aucune inquiétude ni pour son corps, ni pour son âme. C’est <strong>du</strong><br />
moins la double grâce que je ne cesse de demander à Dieu dans toutes mes prières, de lui faire demander par<br />
toutes les personnes que je crois puissantes sur son cœur, par l’intermédiaire <strong>du</strong> cœur de notre bonne Mère, cette<br />
Consolatrice souveraine de tous les affligés.<br />
Je crains bien qu’il ne soit survenu à M. Eugène Du Vivier et par suite à ma tante Elambert quelque<br />
nouvel embarras; car je ne l’ai point revue depuis l’unique fois où elle m’a ren<strong>du</strong> le service de me faire ma<br />
provision de bougies. J’attends pour lui donner votre lettre ou sa visite ou notre sortie <strong>du</strong> Jour de l’An; car c’est<br />
une trop grande affaire ou, disons mieux, c’est une chose trop contraire à l’esprit <strong>du</strong> Séminaire que de demander<br />
une permission extraordinaire de sortir, fût-ce dix minutes, pour que je lui porte moi-même, et je n’ai pas envie<br />
de payer un commissionnaire.<br />
Je n’ai pas revu non plus ma tante Laforêt, dont je vous donne des nouvelles, -- ainsi que de ma tante<br />
Elambert -- dans un billet joint à un paquet que j’ai fait passer à M. Daidou par une occasion. Je n’ai pas vu<br />
davantage la bonne tante Leclère.<br />
Je me hâte, pressé que je suis par l’heure, d’en venir à la question des dépenses. Hélas! vous me<br />
connaissez bien peu, chers parents, si vous me croyez ou bibliomane ou dépensier, moi qui n’ai pas acheté, dans<br />
ma vie, deux de ces brochures que les jeunes gens se font un devoir de lire, pas même l’oraison funèbre<br />
d’O’Connell, moi qui, pour ne pas user de bois et économiser la lumière, ai quitté ma gentille chambre avec le<br />
feu si gai de sa cheminée, pour le chauffoir commun où l’on est <strong>du</strong> reste fort bien et pour la température et pour<br />
le travail, moi qui aurais pu, étant chez M. Poiloup, me faire de mon argent une jolie bibliothèque, comme on<br />
me le conseillait. Vous savez que je n’ai jamais refusé de faire bourse commune et que des 4.000 francs au<br />
moins que j’avais par devers moi sans Eugène, je n’ai jamais songé à regretter un sou. Si je regrette aujourd’hui<br />
quelque chose, c’est de ne rien gagner que je puisse sacrifier pour contribuer à le soulager. Je serais disposé à<br />
m’imposer toutes les privations, afin que vous puissiez pourvoir à tous ses besoins, sans vous imposer aucune<br />
privation à vous-mêmes, et, <strong>du</strong> moment où je serais convaincu que vous prenez sur votre nécessaire une partie<br />
de ce que vous me donnez, je tâcherais de faire en sorte que vous me donnassiez moins. Toutefois, et précisément<br />
à cause de ce vif désir que j’éprouve de ne vous causer de mon côté aucune gêne, aucune inquiétude,<br />
aucun ennui, il faut que je vous dissipe et le mécontentement et les craintes que votre lettre m’exprime: cela ne<br />
me sera pas difficile; il me suffira de vous faire observer<br />
1° que vous m’avez mal compris,<br />
2° qu’il vous eût suffi, pour vous rassurer, de parcourir un peu plus attentivement ma note de<br />
dépenses. D’abord vous ne m’avez pas bien compris. Jamais je n’ai dit que je comptais faire une dépense de 100<br />
francs en livres; je vous ai dit qu’il me manquait encore un de mes livres nécessaires, une histoire de l’Église;<br />
que de plus, usant de la latitude que vous m’aviez donnée d’acheter chaque année quelques livres utiles, je me<br />
procurais de suite trois ouvrages qui me profiteraient beaucoup plus, achetés maintenant qu’achetés à une autre<br />
époque de l’année; c’était dire que j’épuisais une fois pour toutes le chapitre des achats de livres utiles, pour<br />
cette année.<br />
Et cependant, c’est ma seconde réflexion, en parcourant ma note, vous auriez pu voir que les 50<br />
francs annuels marqués sur le budget pour achat de livres utiles n’étaient point absorbés par les acquisitions dont<br />
je vous prévenais. En effet, je vous ai annoncé une dépense totale à 20 francs. En lisant ma note avec plus<br />
d’attention, vous auriez encore vu que la plupart de mes dépenses étaient des dépenses une fois, des dépenses de<br />
premier établissement, dépenses prévues; dépenses dès Montrouge, dépenses en considération desquelles une<br />
différence très grande avait été établie entre le budget de cette année et celui des suivantes. Enfin je vous disais<br />
bien clairement que le port de la malle d’Augustine de Barle étant payé, il ne resterait que 10 francs, qu’il fallait<br />
que je prisse chez Vivaillier quelques chose pour payer mon histoire de l’Église, etc... (et encore ici remarquez<br />
que j’ai choisi la moins coûteuse, risque à être obligé d’en acheter une autre au sortir <strong>du</strong> Séminaire); que prendre<br />
seulement 50 francs, c’était ne mettre l’avance qu’il était convenu que j’aurais toujours, que pour cela je<br />
prendrais 100 francs...[texte per<strong>du</strong>]....Afrique un frère et un oncle; il m’a dit que l’un et l’autre avaient<br />
commencé par se porter fort mal pendant quelques mois et qu’ils s’étaient ensuite parfaitement acclimatés.<br />
16
J’espère que la petite Marie, ma chère petite Marie, a reçu son livre de lecture que j’avais envoyé à M.<br />
Daidou pour elle. Je tâcherai de lui envoyer par la prochaine occasion ses étrennes; quelque petit livre de 2 ou 4<br />
sous, avec une image, et à Eugène aussi quelque almanach amusant de 25 ou 50 c.<br />
Embrassez bien pour moi l’un et l’autre.<br />
02 - à ses parents<br />
Je vous embrasse de tout mon cœur.<br />
Votre fils soumis<br />
l’Abbé H. <strong>Planchat</strong><br />
1848: le 22 février des barricades se montent; atttaque de la Garde nationale; le 24 février, il y a des morts -<br />
Louis-Philippe abdique; la deuxième République commence.<br />
Tante Laforêt est pensionnaire chez les Bénédictines de la rue Neuve--S te Geneviève (voir lettre <strong>du</strong> 1 er novembre<br />
1864).<br />
Nathalie est la cousine Elambert (cf. lettre <strong>du</strong> 06-01-1849). Ninie est l’abréviation <strong>du</strong> nom de sa sœur religieuse,<br />
Marie Virginie, née à Chartres le 11 novembre [ou en décembre] 1825. On appelle familièrement Marie<br />
Elisabeth <strong>du</strong> nom de Maria.<br />
Chers parents,<br />
Séminaire de St-Sulpice, 29 février 1848<br />
Vous attendez sans doute impatiemment de mes nouvelles, après les grands événements dont<br />
l’annonce aura sans doute devancé cette lettre. Vous saurez, en l’ouvrant, ce que vous désirez le plus apprendre,<br />
c’est qu’on nous laisse parfaitement tranquilles, puisque nous sommes au Séminaire. Cela ne veut pas dire que<br />
nous ne l’ayons point quitté quelques instants; mais on peut bien dire que c’est par un excès de prudence ou<br />
plutôt par poltronnerie. Ce qui nous avait prédisposés à la peur, c’est que, dans la nuit <strong>du</strong> mercredi au jeudi,<br />
nous avions été réveillés par le tocsin sonné à toute volée, avec les cloches de St-Sulpice, par des jeunes gens<br />
des écoles, et que deux décharges tirées par les municipaux contre les tours pour faire peur à cette jeunesse,<br />
s’étaient mêlées au bruit <strong>du</strong> tocsin. Après la Messe, ce fut invasion chez le Supérieur, qui ne savait que nous<br />
conseiller, car il avait appris de bonne source le mercredi au soir que Paris était pacifié et dans le fait, sans la<br />
décharge <strong>du</strong> boulevard des Capucines, tirée de l’Hôtel Guizot sur la foule inoffensive et joyeuse des promeneurs,<br />
Louis-Philippe restait sur son trône. A la vue de l’indécision <strong>du</strong> Supérieur, chacun ne prit conseil que de<br />
soi-même et l’on se dispersa.<br />
Je fus bientôt arrivé à mon gîte, d’où je vis presqu’aussitôt que je pouvais parfaitement sortir avec la<br />
précaution d’un habit laïc; cependant je couchai chez ma tante Elambert les trois nuits <strong>du</strong> 24 au 25, <strong>du</strong> 25 au 26<br />
et <strong>du</strong> 26 au 27. J’y transportai une partie de mes affaires et je déposai l’autre chez Madame Beaugron, rue Madame.<br />
Me voilà rentré dans ma cellule avec un léger bagage <strong>du</strong> linge et des livres indispensables; comme je<br />
puis me passer de la plupart de mes livres et de mes petits meubles, je les laisserai sans doute indéfiniment dans<br />
les endroits où je les ai déposés et où ils ne gênent personne, afin d’éviter des dépenses de transport. Du reste, à<br />
ne considérer que ce qui s’est passé dans les trois journées et que l’état actuel de Paris, ce déménagement aura<br />
été parfaitement inutile. De ces barricades, si nombreuses qu’au delà <strong>du</strong> Pont-Neuf chaque rue en possédait une<br />
douzaine et que même dans le faubourg Saint-Germain chaque ruelle avait la sienne, si gigantesques que dans<br />
les quartiers de bataille plusieurs atteignaient jusqu’au premier étage, il ne reste plus à cette heure nulle trace.<br />
Hier les omnibus ont repris leur course, au profit des blessés, et nous, notre habitude de traverser la place en<br />
surplis. Car en exécution d’un mandement de Monseigneur, nous avons chanté une Messe pour les défunts. La<br />
veille les offices et les catéchismes s’étaient faits à la paroisse comme à l’ordinaire et nous avions chanté de<br />
toute la force de nos poumons: Dominus salvam fac Rempublicam. Pas un mot jusqu’à cette heure contre le<br />
clergé; l’opinion générale <strong>du</strong> peuple est que les prêtres partagent le libéralisme patriotique de leur chef<br />
souverain, et Châtel, en voulant, par les centaines d’affiches, - pour lesquelles il n’aurait sans doute pas trouvé<br />
d’imprimeur, si S te -Pélagie existait encore - ameuter le peuple contre les frères, n’a guère réussi qu’à provoquer<br />
des réflexions de cette sorte: quoi! il n’est pas encore mort, cet imbécile de Châtel? qu’est-ce qu’il nous veut?<br />
nous sommes républicains catholiques! vive Pie IX!<br />
Les journaux vous apprendront en détail les traits inimaginables de respect pour les choses saintes qui<br />
ont signalé la chaleur <strong>du</strong> combat et de la victoire; je me bornerai à vous dire de croire sans défiance tout ce que<br />
vous lirez et je vous le dis sur la foi d’un vicaire de St-Roch, témoin oculaire. Le Père Lacordaire, qui a commencé<br />
dimanche sa station <strong>du</strong> carême, a eu non seulement un nombreux auditoire, mais de frénétiques<br />
applaudissements.<br />
17
En voilà, je pense, assez pour vous rassurer sur mon compte; je n’ai rien de plus fâcheux à vous dire<br />
sur mes tantes, ni sur le reste de la famille. Ma présence a un peu diminué les frayeurs de ma tante Elambert; ma<br />
tante Laforêt et son couvent ont été parfaitement tranquilles; ma tante Leclère n’a éprouvé aucune commotion,<br />
malgré le voisinage d’un des champs de bataille les plus acharnés.<br />
Enfin Natalie et les Du Vivier, Alfred [Elambert] et tout le monde de Reims sont entrés sans aucune<br />
encombre dans l’ère de la République. M. et Mme St-Ange sont à Versailles; je n’ai pas de nouvelles de<br />
Ninie[Virginie]; une des postulantes de Genève arrivait à Paris mardi soir, au beau milieu de la bagarre.<br />
Voilà l’heure de la préparation de la classe qui vient de sonner, il faut que je vous quitte, d’autant plus<br />
que la révolution n’a pas avancé nos études.<br />
Embrassez bien pour moi la chère petite Maria, qui est si gentille, si bonne, même lorsqu’on lui brûle<br />
les pieds, la pauvre petite! ses pieds sont bien guéris, j’espère, et elle force souvent sa bonne petite Mère à sortir<br />
pour la promener. Il faut cependant qu’elle trouve le temps de m’écrire, puisqu’elle a déjà écrit à Ninie. Dites au<br />
cher Eugène que la prochaine fois je lui écrirai; et si vous n’y voyez pas d’inconvénient, dites-lui qu’il m’écrive.<br />
Adieu, chers parents; je vous embrasse de tout mon cœur.<br />
Votre fils très soumis,<br />
l’Abbé <strong>Planchat</strong><br />
p.s. L’avant-veille de l’avènement de la République, j’ai été retirer mon diplôme de licencié en Droit.<br />
j’ai pris chez M. Vivaillier les 100 francs que j’ai déposés chez ma tante Elambert.<br />
Mes tantes me chargent de bien des choses pour vous. Maman ferait bien plaisir à ma tante Elambert,<br />
si elle lui écrivait.<br />
03- à sa mère (Mme veuve <strong>Planchat</strong>)<br />
rue de la Caserne des Indigènes – Blidah, (Algérie)<br />
veuve: Monsieur François <strong>Planchat</strong> meurt en Algérie le 27 avril 1848;<br />
<strong>Henri</strong> se rend auprès de sa mère après la tonsure cléricale <strong>du</strong> 17 juin 1848.<br />
La séparation des missionnaires est plus <strong>du</strong>re que la nôtre - la santé a été ébranlée par le nouveau climat et de<br />
multiples soucis. -- “ancien collègue chez M. Poiloup”: au Collège de Vaugirard.-- la Soeur de Tromelieu? (ou<br />
Franelieu) -- Blidah (ou Blida) se trouve environ à 40km d’Alger.<br />
Chère et bonne Mère,<br />
Toulon, 25 septembre 1848<br />
Me voici arrivé à Toulon et tout près d’en partir; je ne puis attendre plus longtemps sans causer avec<br />
cette bonne mère qui, j’en suis sûr, se trouve si seule depuis que la frégate a emporté son <strong>Henri</strong>, [i. e. lui-même].<br />
Moi aussi, chère et bonne Mère, j’ai éprouvé un si grand vide en vous laissant sur cette terre<br />
d’Afrique, et il a fallu, pour me distraire un peu de mon ennui, la rencontre nullement atten<strong>du</strong>e d’un de mes<br />
anciens collègues chez M. Poiloup, aujourd’hui missionnaire Mariste sur le point de partir pour la Nouvelle-<br />
Calédonie. Ce jeune homme, me suis-je dit, a lui aussi des parents; la séparation pour ceux-ci est bien plus<br />
cruelle que pour ma bonne mère, et cependant le bon Dieu leur donne la force de supporter leur solitude.<br />
Comment refuserait-il à ma bonne mère les consolations et l’énergie dont elle a besoin? Car, enfin, si je ne vais<br />
pas en Océanie, c’est pour le bon Dieu que je m’éloigne de ma mère, puisque c’est pour aller continuer ma<br />
préparation au ministère auquel il me destine. Voilà de ces pensées capables d’endormir les douleurs les plus<br />
vives: hélas! combien de personnes, placées dans une situation analogue, auxquelles manque cette précieuse<br />
ressource!<br />
Il doit vous être d’autant moins difficile de surmonter votre ennui, chère et bonne Mère, que vous<br />
pouvez être sûre d’atteindre complètement le but pour lequel vous êtes privée de votre <strong>Henri</strong> depuis une<br />
quinzaine de jours. La traversée pour moi a été excellente; je n’ai point manqué un seul repas; et c’est à peine si<br />
j’ai un peu senti la mer; j’ai parfaitement dormi à Toulon comme à bord. Mon séjour ici me coûtera fort peu, car<br />
si l’ami de M. Sauve s’est trouvé trop occupé par une besogne extraordinaire pour me recevoir, je ne paye ma<br />
chambre que 1 franc et les bons Pères Maristes me payent à dîner aujourd’hui. Je pars ce soir pour Lyon,<br />
probablement avec la pluie qui ne nous a guère quittés depuis que nous avons approché de la France. Vous n’en<br />
êtes pas encore là, vous autres, mais enfin la chaleur est un peu diminuée, et vous l’avez subie tout entière, sans<br />
être même indisposée; c’est une grande grâce <strong>du</strong> bon Dieu.<br />
18
Très certainement il vous protège pour cela, comme pour le reste, d’une façon toute particulière, et je<br />
suis sûr qu’il rend la chère petite Maria plus gentille encore que de coutume, parce qu’il sait que sa maman a<br />
plus besoin, dans ce moment, d’être distraite par sa petite fille. Elle sait, cette chère enfant, combien je l’aime, et<br />
quel plaisir j’aurais eu à rester quelque temps de plus avec elle. Embrassez-la pour moi, chère et bonne mère; je<br />
vous embrasse moi-même de tout cœur.<br />
Votre fils très soumis,<br />
l’Abbé <strong>Planchat</strong>, clerc tonsuré<br />
p.s. Mille choses à M. le Curé de Blidah. J’ai fait sa commission pour la voilette. Je viens de<br />
rencontrer dans la rue ma Sœur de Tromelieu, qui me donnera ce soir une lettre pour ma tante Laforêt. Le<br />
couteau blanc de Maria n’est pas per<strong>du</strong>; je viens de le retrouver dans ma poche; je le lui enverrai par la<br />
prochaine occasion.<br />
04 - à sa mère<br />
La santé est bonne - certaines affaires sont réglées un peu vite? des réponses d’affaire à venir - le cousin Alfred<br />
Elambert devient notaire avec pignon sur rue: il achète l’étude de son oncle <strong>Henri</strong> Garanger à Reims; - intention<br />
de prière - les Du Vivier sont Natalie Elambert et son époux, Eugène.<br />
Chère et bonne Mère,<br />
Séminaire de St-Sulpice, 27 novembre 1848<br />
Ne pas vous dire qu’en lisant votre lettre je n’ai pu me défendre d’une certaine impression de<br />
tristesse, ce serait vous cacher quelque chose, et si la peine de la séparation peut être diminuée par la<br />
correspondance, c’est à la condition qu’il n’y aura rien de secret entre nous. Aussi, chère et bonne Mère, je ne<br />
craindrai pas de vous demander que vous m’écriviez plus souvent, quoique vous ne puissiez causer avec moi<br />
que de choses assez tristes; ces confidences au moins vous soulagent, et comment alors ne me feraient-elles pas<br />
<strong>du</strong> bien, à moi aussi ?<br />
Soyez-en sûre, ce ne sera pas moi qui manquerai à la fréquence et à l’intégrité de ces épanchements<br />
mutuels. Je me ferais même un scrupule de vous celer une indisposition, une fatigue, et voilà pourquoi je vous ai<br />
parlé de ce petit dérangement de corps, si complètement guéri par les premiers jours de la vie régulière de St-<br />
Sulpice, et le seul motif de l’usage, bien court <strong>du</strong> reste, de cette ceinture de flanelle, qui vous a tant inquiétée. Si<br />
aujourd’hui je voulais vous parler de ma santé, je ne pourrais que vous répéter ce que je vous ai dit dans ma<br />
dernière lettre. Je me porte à ravir; j’ai l’esprit parfaitement libre, et bien qu’une seconde année de Séminaire<br />
ajoute au poids, toujours plus ou moins sensible d’une première, des études multipliées et plus sérieuses (le<br />
Mariage et les Sacrements en général sont en ce moment l’objet de nos cours de théologie), quoique cette année<br />
soit particulièrement pour moi grave et laborieuse, puisqu’aux examens ordinaires s’ajoutent deux examens<br />
d’ordination, je ne m’aperçois de ce surcroît qu’à une plus grande facilité à faire les choses et à les faire sans la<br />
moindre ombre de préoccupation. Et cependant mes Supérieurs veillent pour vous, et avec une grande<br />
sollicitude, je vous assure, car on a refusé de me renouveler, au commencement de cette année, une permission<br />
dont j’avais usé toute l’année dernière, celle de me lever un quart d’heure avant le réveil, à 5h. 1/4 au lieu de 5h.<br />
1/2; notez que l’on doit être dans son lit à 9h. un quart <strong>du</strong> soir.<br />
Vous voilà, je pense, pleinement rassurée à l’endroit de ma santé. Mais faut-il que vous permettant,<br />
par la grâce <strong>du</strong> bon Dieu, une si grande sécurité sous ce rapport, je devienne, par mon irréflexion, la cause<br />
involontaire d’un déplaisir pour vous, ma bonne Mère! C’est vrai, j’aurais pu donner moins sur le bateau à<br />
vapeur; mais j’ai cru que je ne pouvais moins donner qu’un marin qui partageait la table <strong>du</strong> commandant et qui<br />
me semblait n’avoir pas à se gêner avec des collègues; et puis remarquez qu’outre le domestique <strong>du</strong> capitaine et<br />
le [...] il a fallu contenter les matelots qui m’avaient aidé à descendre mes effets dans la barque. Certes, si vous<br />
aviez vu la scène que j’ai subie à mon hôtel de Toulon, plutôt que de donner 2 francs au lieu de 75 c. à celui qui<br />
m’avait apporté ma malle <strong>du</strong> port [il n’a donné que 75 c.], vous auriez compris que je n’aime pas plus qu’un<br />
autre à jeter mon argent ou plutôt l’argent (car je n’en ai point que vous ne me donniez) par les fenêtres.<br />
Mais comment ai-je pu remettre l’obligation à M. Valentin, avant d’avoir une explication de vous au<br />
sujet de la dette de cent francs pour le loyer! Sans doute, en un sens, il était d’autant plus naturel d’attendre cette<br />
explication que M. Valentin, à son âge, peut oublier; mais je croyais me rappeler que papa m’avait dit qu’on<br />
payait cent francs de moins pour le loyer, à valoir sur l’obligation. Du reste, j’ai écrit samedi soir (votre lettre ne<br />
m’est parvenue que ce jour-là) à [...] je ne vous donne pas sa réponse, parce qu’il faudrait pour l’attendre que je<br />
manquasse le courrier <strong>du</strong> 30, et je crains que vous ne soyiez inquiète. Mais vous recevrez ci-joint la réponse de<br />
19
M. Desglajeux; elle me semble avoir d’autant plus de valeur que je disais assez nettement à M. Desglajeux que<br />
quand il ne croirait pas pouvoir hasarder un conseil, cela ne m’étonnerait point.<br />
La même raison <strong>du</strong> courrier à ne pas manquer m’empêche de joindre ici ma dépense depuis le dernier<br />
bordereau; je serais bien aise que vous me disiez jusqu’à quelle époque il allait. J’avais écrit à M. Viallier pour<br />
lui demander des nouvelles de Ninie [sa sœur Virginie, religieuse] et le prier d’avertir sa Supérieure que vous<br />
désiriez vivement une lettre d’elle; j’ai su hier, par une lettre qu’elle écrivait à ma tante Laforêt, que vous<br />
deviez, à l’heure qu’il est, en avoir une d’elle. Ma tante Laforêt, que j’ai donc vue hier, se porte bien, ainsi que<br />
ma tante Elambert que je n’ai pas vue depuis un certain temps. Les Du Vivier vont bien maintenant.<br />
Alfred a été dans ces derniers temps plus souffrant qu’à l’ordinaire; on peut attribuer cela à la fatigue<br />
de ses examens de Notariat, et à la préoccupation toute naturelle de son avenir. Il faut avouer cependant que<br />
l’esprit chrétien dans lequel il envisage cet avenir doit être pour lui la source d’un grand calme; dans une lettre<br />
admirable d’affection et de piété qu’il m’écrivait dernièrement à ce sujet, il me dit que ce qui l’a déterminé à<br />
conclure la grave affaire de l’achat de l’étude de son oncle, c’est la conviction que le bon Dieu le veut à Reims<br />
pour tâcher d’y faire un peu de bien, et puis il me demande que je prie et que je fasse [prier] non pas pour qu’il<br />
fasse fortune, mais pour que le bon Dieu augmente sa Foi et sa Charité, pour qu’il suive avec probité, avec<br />
honneur, la vocation qui lui a été donnée, pour qu’il attire sur soi et sur sa maison la bénédiction <strong>du</strong> Ciel en<br />
échange <strong>du</strong> bien qu’il fera.<br />
Voici ce qu’il dit pour vous: “Combien je regrette que ma tante soit si éloignée. Lorsque tu lui écriras,<br />
ne m’oublie pas près d’elle, dis-lui que je t’ai chargé de lui faire part de mon traité avec mon oncle, et que,<br />
quand je serai nommé, je lui écrirai directement pour lui faire part de mon changement de position. Dis à Maria<br />
que je l’embrasse”.<br />
Quant à ce que dit Eugène de mon petit relâchement, vous ne devez y voir qu’une franchise<br />
charmante. Le Supérieur m’aurait écrit, s’il y avait eu la moindre chose grave; nous en étions convenus. - Je suis<br />
fâché de n’avoir pas pensé à demander à M. Desglajeux son avis sur la demande de secours, mais je le verrai. Je<br />
ne crois pas qu’il y ait le moindre inconvénient à laisser cela, au moins en attendant que je vous écrive de<br />
nouveau. - Ne reparlez pas trop vite à M. le Curé de son abonnement; vous savez qu’il est bien en avance avec<br />
nous.<br />
Embrassez dix fois pour moi la chère petite Maria; dites-lui que je suis heureux de savoir qu’elle a de<br />
petites compagnes, et que je lui enverrai, par la prochaine occasion, une jolie gravure où elle pourra, - si elle<br />
veut, - voir mon portrait; car on y représente deux séminaristes au pied de la Très Sainte Vierge dans la chapelle,<br />
si connue, de la maison de campagne <strong>du</strong> Séminaire.<br />
Je vous embrasse vous-même de tout cœur, chère et bonne mère,<br />
05 - à sa mère<br />
Votre fils très soumis,<br />
l’Abbé <strong>Planchat</strong><br />
clerc tonsuré<br />
Il a reçu les Ordres mineurs hier;<br />
Mgr Affre est mort sur les barricades en juin 1848; c’est Mgr Sibour qui lui succède.<br />
Sa petite sœur Maria est absente de la maison pour un peu de temps; -- possible retour en France de sa mère.<br />
Chère et bonne Mère,<br />
St-Sulpice, le 25 décembre 1848<br />
Sans doute, à l’heure où je trace ces lignes, vous commencez à reposer; moi je fais la veillée de Noël;<br />
elle est bien douce au Séminaire, bien douce surtout le lendemain d’une ordination, et de l’ordination la plus<br />
touchante qui se soit faite à Paris depuis dix-huit années! Oh! comme l’âme était portée à Dieu, comme elle se<br />
recueillait en lui sans effort, à la parole pénétrante de ce saint et aimable pontife que la Providence a placé sur le<br />
Siège de Paris pour réunir, ce semble, dans le Pasteur d’une Eglise si difficile à gouverner dans le temps présent,<br />
la fermeté de Mgr Affre à la grâce de Mgr de Quélen. Ainsi, n’eus-je été que simple spectateur, cette imposante<br />
cérémonie eût laissé dans mon âme un délicieux parfum; je recevais quatre ordres à la fois; jugez quelle a dû<br />
être mon émotion et mon bonheur!<br />
Mais n’est-ce pas vous parler trop de moi-même, en un jour où je devrais avoir trop peu de temps et<br />
trop peu de paroles pour vous exprimer tous les désirs de mon cœur, tous les vœux que forme ce cœur pour la<br />
meilleure et la plus tendre des mères. Oh! non, c’est au contraire vous montrer accompli, de tous vos souhaits,<br />
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l’un des plus ardents, l’un des plus continus, puisque c’est vous dire que votre <strong>Henri</strong> est heureux, que son<br />
bonheur croît chaque jour, et que dans l’avenir, dans un avenir bien peu éloigné, il entrevoit de la joie sainte et<br />
de la paix, dans l’immolation entière et irrévocable de tout son être au Seigneur [le Sous - Diaconat].<br />
Mais sera-ce, chère et bonne Mère, votre seule consolation au milieu de tant de peines, le seul gage<br />
d’une année meilleure que la terrible année qui va finir? Oh! non, car vous pouvez en juger par sa lettre si<br />
affectueuse et si simple, Eugène lui aussi réjouira votre cœur; vous pourrez conserver la douce pensée qu’il est<br />
heureux autant qu’il le peut être loin de vous, parce qu’il contente à la fois et sa conscience et tous ses maîtres.<br />
Et que cette petite Maria, cet ange que le bon Dieu, que la bonne Mère, ont placé près de vous pour<br />
égayer votre exil, sera-ce à son sujet que vous vous tourmentez? serait-ce elle qui rendrait votre isolement plus<br />
pénible? par une absence contraire aux dispositions si manifestes de la Providence? Oh! non, chère et bonne<br />
Mère, vous avez déjà compris, je n’en doute pas, que, pour elle et pour vous, la séparation devait être fort<br />
courte, au plus de quelques jours; et cette chère petite vous continue depuis longtemps déjà ses gentillesses et<br />
ses caresses, comme vous lui donnez ces soins si faciles, qui suffisent, et au delà, à un âge aussi tendre que le<br />
sien. J’en suis tellement sûr que je ne lui adresse pas à Moustapha la gravure que je lui avais promise, et que<br />
j’expédie par la poste, moyennant 10 c. de port.<br />
Quel désir vous exprimer après cela, bonne Mère, dont l’amour pour vos enfants est si désintéressé.<br />
Vous apprendre qu’ils sont heureux, même loin de vous, c’est vous faire déjà partager leur bonheur. Mais ne le<br />
goûteriez-vous pas encore davantage, ce bonheur si pur, si élevé au dessus des vicissitudes humaines, si vous<br />
étiez près d’eux? Eh bien, je ne puis m’empêcher de l’espérer, mais d’une espérance qui approche de la<br />
certitude: cette année ne s’écoulera pas sans que vous soyez au milieu de nous; le bon Dieu ne montra-t-il pas<br />
que telle est sa volonté, en vous forçant à remettre en d’autres mains ces affaires d’intérêt dont le poids était trop<br />
lourd pour vous? Oui, nous serons réunis cette année, sur la terre, en attendant que nous le soyons dans le ciel:<br />
là seulement la réunion de la famille sera complète; car, bonne maman, notre bon père et tant d’autres parents<br />
nous y attendent.<br />
Je voulais vous parler longuement de nos tantes, mais l’heure de la Poste me presse; tout le monde va<br />
bien; je vous dirai la prochaine fois ce que je suis forcé d’omettre aujourd’hui. Dites à Maria que la prochaine<br />
fois aussi, elle aura une petite lettre de son frère <strong>Henri</strong>.<br />
06 - à sa mère<br />
Votre fils très soumis,<br />
l’Abbé <strong>Planchat</strong>, clerc minoré<br />
Sa mère ferait mieux de confier ses affaires à une autre personne et de rentrer en France.- Maria est à l’extérieur<br />
-- la succession de tante Leclère.<br />
Chère et bonne Mère,<br />
St-Sulpice, 6 janvier 1849<br />
Loin d’être tentée de déchirer votre lettre, vous auriez pu vous applaudir de l’avoir écrite, car vous<br />
deviez vous dire: “je tiens à <strong>Henri</strong> la promesse qu’il réclamait de moi, il y a quelques semaines, celle de ne lui<br />
rien cacher de mes ennuis et de mes peines”. Et certainement l’une des réflexions qui ont arrêté le mouvement<br />
de tristesse qui serait naturellement dans mon âme, a été que, sans vous en douter, tout en vous le reprochant à<br />
vous-même, vous aviez soulagé votre cœur.<br />
Une autre pensée n’a pas peu contribué à éloigner la tristesse pour mettre à sa place la prière, et la<br />
prière pleine de confiance, c’est la pensée que l’état pénible où vous vous trouvez est une permission de Dieu.<br />
Une permission de Dieu, et non pas une punition, chère et bonne Mère. Si le bon Dieu vous fait passer par toutes<br />
les épreuves imaginables, ce n’est pas qu’il soit irrité contre vous et qu’il exerce un châtiment, c’est, croyez-le<br />
bien, qu’il se plaît à purifier de plus en plus votre âme. Et en effet, de quel crime le bon Dieu vous punirait-il?<br />
Cette force que vous avez trouvée dans les moments difficiles, vous l’avez toujours attribuée à une grâce<br />
spéciale d’en haut; vous devez vous rappeler que vous me l’avez dit cent fois dans vos lettres et de vive voix.<br />
Cette assurance que vous aviez dans vos démarches d’affaires ne vous a, après tout, pas si mal servie, et<br />
certainement, si vous vous êtes trompée quelques fois, ça été bien moins souvent que cent et cent hommes<br />
d’affaires; vous vous exagérez donc les choses, lorsque vous croyez reconnaître que vous n’avez fait que des<br />
sottises. Oh! non, chère et bonne Mère, jamais ni vos enfants, ni le bon Dieu, ne pourront vous reprocher d’avoir<br />
négligé les intérêts de votre famille. Non seulement vous en faites assez pour elle, mais vous en faites trop.<br />
21
Et très certainement, si tous vos enfants étaient en état de vous exprimer leur sentiment à cet égard,<br />
vous ne resteriez pas longtemps en Afrique. Pour moi, quoi que m’en ait écrit M. Daidou, qui ne pense pas que<br />
vous deviez encore revenir, je vous l’avouerai franchement, il me semble que dans l’état actuel des choses, c’est<br />
vous condamner à un martyre inutile que de rester là en présence de maisons qui ne peuvent être louées et de<br />
débiteurs que vous ne pouvez décider à payer; vous m’avez dit, dans votre dernière lettre, que vous étiez obligée<br />
de confier vos affaires à autrui. Cela fait, qui vous retiendrait encore en Afrique?<br />
Toutefois, je le sens, je n’ai le droit de parler qu’en mon nom; ainsi je ne puis me prononcer d’une<br />
manière absolue sur le départ immédiat. Mais ce que je crois pouvoir vous dire, sans assumer de responsabilité<br />
et sans m’écarter de l’opinion <strong>du</strong> Conseil de famille, est que si votre état ne s’est point amélioré à cette heure,<br />
deux mesures sont urgentes:<br />
1° que vous abandonniez la gestion à une personne de confiance, pourquoi pas à M. Gombert? est-il<br />
vraiment trop tard, comme vous semblez me le dire ?<br />
2° que vous ayez un concierge pour votre maison de Blidah; car autrement comment pourriez-vous<br />
être bien tranquille à Alger et profiter des petits voyages que vous y feriez? (ce concierge me paraît nécessaire<br />
même dans l’hypothèse d’un mieux total).<br />
Ces petits voyages, ne les plaignez pas, je vous en conjure, chère et bonne Mère, c’est comme à<br />
Montrouge; vous croyiez que sortir vous faisait <strong>du</strong> mal, et cependant cela vous distrayait. D’ailleurs, vous avez<br />
un ordre <strong>du</strong> médecin; il le faut suivre en aveugle. Le médecin vous a encore ordonné autre chose: de vous<br />
soigner pour la nourriture. Le faites-vous, chère et bonne Mère? Le faites-vous, mais de telle sorte qu’il vous<br />
semble que vous excédiez grandement? Je ne serai rassuré que lorsque vous pourrez m’assurer cela; car je sais<br />
combien facile doit vous être l’illusion, avec l’habitude invétérée que vous avez de vous traiter chétivement. Oh!<br />
ma bonne Mère, combien il me serait pénible de penser que, pendant que j’engraisse chaque jour, pendant que<br />
j’use d’une nourriture excellente et copieuse, sans coûter rien de ce côté à ma pauvre mère, ma pauvre mère se<br />
défie assez de la Providence pour se dire: “j’ai des enfants, donc il faut que j’économise sur ma nourriture, c’està-dire<br />
sur ma santé, sur ma vie, en un mot, sur les intérêts les plus précieux de ma famille”.<br />
Mais que dis-je, chère et bonne Mère, vous êtes remplie de confiance en la Providence; cette<br />
confiance dissipera, je n’en doute pas, vos inquiétudes, vos préoccupations sur la dépense; vous pouvez compter<br />
sur mon économie et sur celle de Montdidier; après cela, je vous en supplie, mettez-vous au large pour vous et<br />
pour Maria. Vous avez bien tort, chère et bonne Mère, de croire que son séjour au Sacré-Cœur diminuera<br />
quelque chose de sa tendresse pour vous. Rappelez-vous avec quelle joie elle est toujours rentrée dans sa<br />
famille.<br />
Eugène, mes tantes, Alfred et les Du Vivier vont bien; ma tante Elambert et Natalie vous écriront<br />
ensemble, un de ces jours. J’ai demandé de l’argent à Compiègne pour payer, par l’intermédiaire de ma tante<br />
Elambert, une somme de 25 francs par droits de mutation incombant à votre part dans la succession de la tante<br />
Leclère.<br />
Adieu, chère et bonne Mère, je vous embrasse de tout cœur, et je vous prie d’embrasser pour moi<br />
Maria. Je me vois encore forcé de remettre à un autre jour de lui écrire.<br />
Votre fils très soumis,<br />
l’Abbé <strong>Planchat</strong><br />
Vous pouvez faire passer à la banque les sommes que vous avez. M. Desglajeux trouve la situation<br />
assez tranquille en ce moment, quoiqu’après tout personne ne sache trop où il en est.<br />
Je l’ai vu le 2 janvier; tout le monde de chez lui m’a chargé de mille choses pour vous. M. et Mme St-<br />
Ange ont décidément trouvé leur domicile à Paris.<br />
07 - à sa mère<br />
L’ordination au Sous-Diaconat aura lieu le 2 juin 1849 - Le choléra sévit -- Le curé de la Gare serait<br />
l’abbé Parguel, ancien vicaire à St Lambert de Vaugirard.<br />
Chère et bonne mère,<br />
St-Sulpice, 30 mai 1849<br />
Tout à l’heure, à l’avant-veille de mon ordination, je serai tout de suite excusé de ne vous écrire que<br />
deux lignes. Ce sera pour vous assurer que la Sainte Vierge est toujours aussi fidèle à préserver sa maison de la<br />
façon la plus entière. Pas une indisposition à St-Sulpice; ce sera jusqu’à la fin comme jusqu’à cette heure, car<br />
voyez-vous, l’honneur de la bonne Mère y est engagé. Puis il faut voir le soin de nos bons Supérieurs à entrer<br />
22
dans les intentions de celle dont ils tiennent la place; il faut voir comme le régime alimentaire est approprié aux<br />
circonstances; plus de salade, force riz, etc. [...]<br />
On dirait qu’on veut nous habituer à commander notre dîner en temps de choléra, quand nous serons à<br />
notre ménage.<br />
Du reste le choléra respecte aussi bien la soutane hors <strong>du</strong> Séminaire que dedans; pas un prêtre n’en a<br />
été attaqué à Paris, ceux qui courent les cholériques depuis le matin jusqu’au soir, comme le curé de la Gare, pas<br />
plus que ceux qui restent chez eux; vous savez <strong>du</strong> reste que ce mal n’est en aucune façon contagieux.<br />
Une lettre que j’ai reçue d’Eugène, il y a peu de jours, me le montre dans les meilleures dispositions;<br />
il sort d’une bonne retraite. Je lui envoie votre lettre, aujourd’hui même.<br />
Adieu, bonne mère; ne vous fatiguez point, et continuez de prier avec nous le bon Dieu que les<br />
affaires soient bientôt finies; car le choléra ne va plus guère <strong>du</strong>rer, et quand il sera fini, nous serons bien<br />
impatients de vous revoir, bonne mère.<br />
Embrassez dix fois pour moi la chère petite Maria. Je vous embrasse moi-même de tout cœur,<br />
Votre fils très soumis,<br />
l’Abbé <strong>Planchat</strong>, clerc minoré<br />
Tout le monde va bien. Ma tante Laforêt est si occupée avec ses pauvres qu’il y a deux mois au moins<br />
que je ne l’ai vue. - Pour moi, je me porte à ravir, et les grandes chaleurs que nous avons depuis quelques jours<br />
ne m’ôtent nullement l’appétit - je suis un des voraces de ma table.<br />
Maria pourra, si elle le veut, donner l’image que je lui envoie à sa petite amie.<br />
08 - à sa mère<br />
Dans la foi, fêtons la nouvelle année en famille, même avec notre père défunt.<br />
La bonne Sœur Mélanie est sa sœur Virginie -- l’autre Mélanie [Colombier] est la femme d’Alfred Elambert,<br />
probablement enceinte. Natalie Elambert a épousé Eugène Du Vivier.<br />
<strong>Henri</strong> a reçu l’ordination au Diaconat le 22 décembre 1849 - il se prépare au Sacerdoce, qui lui sera conféré le<br />
21 décembre 1850.<br />
Chère et bonne Mère,<br />
St-Sulpice, 24 décembre 1849<br />
Puisque les exigences <strong>du</strong> courrier d’Afrique me font dater mes souhaits <strong>du</strong> jour où nos aïeux<br />
comptaient leur nouvelle année, passons la veillée en famille; nous le pouvons quelqu’éloignés que nous nous<br />
trouvions les uns des autres; nous le pouvons parce que tous nous sommes bien près de notre divine Mère, de<br />
Marie, dont le bonheur occupe en ce moment toutes nos pensées; bien près surtout de notre divin Frère, de<br />
Jésus, petit enfant qui nous attend à la Crèche et que dans quelques heures nous posséderons au dedans de nousmêmes.<br />
Ne nous plaignons pas qu’il manque à la réunion, celui qui en devrait être le centre visible: il est présent<br />
à notre fête, celui qui nous a précédés dans la patrie, oui, tandis qu’en priant pour lui nous remplissons un devoir<br />
qui ne cessera qu’avec la vie, <strong>du</strong> haut <strong>du</strong> ciel, nous en devons avoir la douce et ferme confiance, ce bon père<br />
bénit l’année que le Seigneur nous ouvre par sa naissance en nos cœurs comme en l’étable.<br />
Et ce petit ange que le bon Dieu, dans sa divine Providence charge plus particulièrement <strong>du</strong> soin de<br />
vous consoler, la chère Maria présente aussi son cœur au bon Jésus en attendant qu’elle puisse le lui ouvrir, et<br />
Jésus en retour lui fait goûter auprès de sa mère autant de joie qu’elle en aurait si nous étions effectivement rassemblés.<br />
Pour la bonne Sœur Mélanie, la pensée de Jésus Enfant la reporte tout de suite à cette petite sœur qui<br />
reçut de ses mains quelques-uns des soins que Marie prodigue à Jésus nouveau-né. Eugène aussi, j’en suis bien<br />
sûr, Eugène, qui naguère me recommandait de prier afin qu’il se préparât saintement à cette fête, Eugène se<br />
retrouve par ses pieuses pensées auprès de cette bonne Mère à laquelle, après Marie, son enfance et sa jeunesse<br />
devront d’être sorties victorieuses de tant de combats.<br />
Et pour moi, chère et bonne Mère, pour votre <strong>Henri</strong>, peut-il se rappeler qu’il y a deux jours le Pontife<br />
saint lui disait: “Reçois le St Esprit pour être fort contre le démon, contre ses attaques: accipe Spiritum Sanctum<br />
ad resisten<strong>du</strong>m diabolo et tentationibus ejus”, peut-il se rappeler ces paroles solennelles sans se redire aussi que<br />
sa tendre mère a formé ses premiers pas dans la carrière des luttes saintes, que sans cette main maternelle dont la<br />
divine bonté s’est servi pour le défendre et pour le soutenir, jamais sans doute il n’aurait reçu, avec l’imposition<br />
de la main épiscopale, cet Esprit qui, avant-hier, pénétrait si fortement, si doucement sa pauvre âme. Oui, ma<br />
bonne mère, j’étais heureux avant-hier; je le serai plus encore avant que ne soit finie cette nouvelle année; cette<br />
espérance pour une mère qui m’aime tant, cette espérance embellit l’année nouvelle au-delà de tous les vœux<br />
23
que peut former un cœur de fils. Votre <strong>Henri</strong> sera prêtre en 1850; vous le verrez au Saint Autel; vous recevrez<br />
de ses mains ce Jésus qu’il reçoit comme vous aujourd’hui; quel bonheur plus grand pourriez-vous goûter que ce<br />
bonheur suprême de votre <strong>Henri</strong>!<br />
Mais votre joie ne sera-t-elle pas encore augmentée par celle de la chère sœur Mélanie que transporte<br />
la pensée de son frère, offrant la Victime sainte et pour elle et pour cette mère qu’elle aime davantage à mesure<br />
qu’elle croît dans l’amour <strong>du</strong> divin Époux, pour cette tendre Maria, plus vivante au fond de son cœur à mesure<br />
qu’elle s’attache davantage à ces petites sœurs que le bon Dieu lui a données, pour notre Eugène, pour lequel<br />
elle cherche sans cesse de nouvelles sources de secours et de grâces. Mes prières à moi sont trop misérables<br />
pour consommer l’œuvre de la persévérance de ce cher enfant, mais quand ce sera Jésus que je présenterai pour<br />
lui au Seigneur, oh! les bénédictions tomberont sur lui au-delà même de ses besoins.<br />
Aidez-moi, chère et bonne mère, à sanctifier, par ces pensées et par celles de toutes les autres œuvres<br />
qui me seront confiées avec le Ministère sacré, le temps qui se doit écouler d’ici à mon sacerdoce; il sera bien<br />
court et pour ma faible science et pour ma chétive vertu.<br />
Je voudrais prolonger ce délicieux entretien, mais je veux écrire quelques lignes à part à Maria, et<br />
voilà la Messe de Minuit qui va sonner.<br />
Je termine en vous donnant les nouvelles les plus fraîches que j’aie de la famille. Ma tante Laforêt<br />
serait plutôt moins souffrante, ma tante Elambert est toujours aussi infatigable pour la prière et pour les pauvres;<br />
le bon Dieu l’en récompense en ce monde par l’espoir d’être dans 7 ou 8 mois grand-mère à Reims; Mélanie<br />
[Colombier - femme Elambert] va bien pour son état; Alfred, naturellement, oublie de parler de sa santé, qui<br />
n’était pas bien brillante, lorsqu’à la Toussaint il passa par Paris pour con<strong>du</strong>ire sa femme à Lille, au baptême<br />
d’un sien neveu; il se console aussi, tant bien que mal, de la stagnation complète des affaires; M. Du Vivier est<br />
au contraire passablement occupé; Natalie[Elambert] enfin se trouve trop souvent entre deux rhumes.<br />
Je joins ci-contre une petite sentence qui ne peut manquer d’être d’une pratique journalière en<br />
Algérie.<br />
Adieu, chère et bonne Mère, outre la famille, M. et Mme St-Ange me chargent de mille choses pour<br />
vous. Ne m’oubliez pas auprès de ces MM. d’Alger.<br />
09 - à son frère Eugène<br />
Je vous embrasse de cœur,<br />
votre fils, l’Abbé <strong>Planchat</strong>,<br />
diacre<br />
L’abbé <strong>Henri</strong> est au Séminaire de St-Sulpice; des comptes à clarifier; -- un bulletin scolaire à faire parvenir --<br />
<strong>Henri</strong> corrige les lettres de son frère; on se souviendra qu’il fut surveilllant et répétiteur au Collège de Vaugirard<br />
--- des nouvelles partagées; échange de courrier; -- la communion pascale à la fin de mars -- la dévotion à saint<br />
Joseph: un livre utile - une dévotion jusqu’à l’heure de la mort!<br />
Mon cher Eugène,<br />
St-Sulpice, mars 1850<br />
Le détail que tu me donnes des avances me satisfait entièrement, de même que celui <strong>du</strong> livre des<br />
livres et papiers. Ayant rouvert à ce propos la lettre de M. Demanchy, je te demanderai à quoi se rapporte le<br />
chiffre de 20 porté pour le drapier en outre de 5,20 c. pour le tailleur; ce n’est pas certes que je trouve ce chiffre<br />
exorbitant, mais comme il ne peut s’agir que de raccommodages, je suis bien aise d’en connaître un peu de<br />
détails. Pendant que nous en sommes aux chiffres, cela me fait penser à ton bulletin, que tu as oublié de me<br />
renvoyer; joins-le sans faute à la prochaine lettre.<br />
Ayant un peu plus de temps aujourd’hui, je vais te noter les fautes d’orthographe semées dans tes<br />
missives <strong>du</strong> 26 février et <strong>du</strong> 21 mars, dont la propreté <strong>du</strong> reste et même l’écriture laissent un peu à désirer:<br />
1ère lettre.-- Il y a bien longtemps que je ne t’ai écri, c’est un t qu’il faut; la faute est répétée 3 fois à<br />
la première ligne de la 2 ème page et à la fin. La seule que j’ai trouvée en outre peut compter pour la même: je<br />
t’ai dis pour je t’ai dit; relis ta grammaire à l’article des participes de la quatrième conjugaison.<br />
2 ème lettre, 3 fautes: nottes pour notes j’attens pour j’attends et enfin une faute de participe: les livres<br />
que j’ai reçu pour reçus.<br />
J’ai vu deux lettres également intéressantes de maman: l’une à notre tante Laforêt, toujours bien<br />
souffrante, l’autre à notre tante Elambert, dont tu ne dis pas seulement avoir reçu le petit mot que j’ai mis moi-<br />
24
même à la poste. Je ne manquerai point de te faire passer la 1 ère lettre que je recevrai de Blidah, mais je pourrai<br />
bien attendre assez longtemps, quoiqu’il y ait plus d’un mois que j’ai reçu la dernière; car notre bonne mère a<br />
bien peu de loisir avec son ménage, ses affaires, et la petite Maria; et les offices le lui enlèvent tout entier en ce<br />
temps.<br />
Cela me ramène tout naturellement à te féliciter de tes bonnes dispositions pour la grande fête de<br />
Pâques. Tu ne doutes pas, mon cher Eugène, de l’intérêt que j’y prends et tu penses bien que, s’il y a quelqu’un<br />
qui s’en réjouisse plus que moi, qui prie davantage pour leur progrès et leur continuation, ce ne peut être que<br />
notre bonne mère.<br />
Après un semestre si bien employé et si heureusement terminé, tes vacances de Pâques seront, j’en<br />
suis heureux d’avance, également joyeuses et innocentes; afin qu’il te soit plus facile de conserver la pensée de<br />
Dieu et de Marie au milieu de ces délassements, si légitimes mais si voisins de la plus grande action de l’année,<br />
je t’envoie un délicieux petit livre qui te parlera de saint Joseph, dont ta communion pascale clora le mois. Ce<br />
livre est plus portatif que celui dont nous nous servions ces vacances, tu y trouveras des lectures plus courtes,<br />
plus pieuses et plus appropriées encore à la circonstance, si tu sais les choisir à la table. Le livre en lui-même est<br />
d’ailleurs l’un des mieux faits, le plus attachant peut-être après l’imitation de N. S. Sois bien fidèle par affection<br />
pour moi ou plutôt par reconnaissance pour le bon Dieu, à lire chaque matin un chapitre de ce livre, à déposer<br />
entre les mains <strong>du</strong> bon saint Joseph, -- ce gardien si fidèle des trésors célestes, ce tendre père de tous ceux qui<br />
n’ont plus de père en ce monde -- les fruits de ta communion pascale. Enfin invoque-le chacun de tes jours de<br />
vacances à ton réveil et à ton coucher. Heureux si jusqu’à la fin de ta vie ce saint nom, uni aux noms plus sacrés<br />
encore de Jésus et de Marie, pouvait être la première et la dernière parole de chacune de tes journées. Nous<br />
aurions alors la douce assurance que ces noms sacrés seraient aussi les derniers à la mort, à laquelle il faut<br />
souvent penser. Cela n’est point amer comme on se l’imagine.<br />
Je m’en remets [...]<br />
Adieu,<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, diacre<br />
10 - à son frère Eugène<br />
Un contretemps bien accepté -- l’ordination au sacerdoce à Noël; maman viendra d’Algérie bien avant -- pas<br />
trop de préoccupation pour le baccalauréat, pour la mémorisation de l’histoire; former le style est plus<br />
important. -- la “fatigue de ma tête”: il s’en plaindra jusque <strong>du</strong>rant l’incarcération!<br />
Mon bien cher Eugène,<br />
St-Sulpice, 2 avril 1850<br />
mardi de Pâques<br />
Quoique tu doives avoir reçu une lettre où je te répétais ce que je te dis, à Reims, que je m’en remets<br />
très entièrement à M. le Supérieur de l’autorisation, ta lettre <strong>du</strong> 30 mars apportée au Séminaire il y a deux heures<br />
à peine, me fait trop de plaisir et me donne trop à craindre que, contre mon attente, tu ne t’ennuies passablement,<br />
pour que je remette à vendredi ma conversation avec toi.<br />
La manière dont tu reçois un contretemps, dont j’apprécie, je te l’assure, toute l’amertume, la<br />
délicatesse des motifs qui t’ont fait refuser une invitation pressante, tout me le prouve, par la grâce <strong>du</strong> bon Dieu<br />
et par la protection de la S te Vierge mon Eugène devient tout à fait raisonnable, mon Eugène commence à savoir<br />
se vaincre, mon Eugène sera la consolation de sa pauvre mère.<br />
Le voyant si résigné je ne craindrai pas de lui causer peut-être un désappointement en lui disant ce<br />
qu’il faut bien après tout lui dire ,pour répondre à ses questions, que jamais il ne fut question de mon ordination<br />
pour la Trinité; ce fut toujours et ce sera, s’il plaît à Dieu, pour Noël 1850. Toutefois maman, -- à en juger par<br />
ses lettres (tu le verras toi-même par la présente, je te l’envoie quoiqu’elle en annonce une prochaine sans doute<br />
à cette heure à mon adresse) -- compte venir longtemps avant, probablement dès le commencement de tes<br />
vacances. Oui, mon cher Eugène, tu prends trop bien le moyen d’obtenir <strong>du</strong> bon Dieu que tout s’arrange pour sa<br />
venue: ton bulletin que j’ai envoyé tout de suite à notre tante Laforêt est trop satisfaisant, trop consolant sur tous<br />
les points, tu ne peux manquer de goûter le bonheur de la voir.<br />
Tes lettres la consolent déjà beaucoup, mais si Notre Seigneur par la grâce de sa résurrection<br />
t’affermit dans les sentiments où je te vois, ta conversation la consolera bien plus encore, cette bonne mère. Rien<br />
de plus sage, bien cher Eugène, que tes pensées sur l’avenir, mais avant tout ne t’en préoccupe pas; des classes<br />
bien terminées, cela mène à tout, et tout me prouve que tu prends tous les moyens pour bien achever tes classes.<br />
25
Peut-être tu t’occupes un peu trop, dès à présent, de la préparation <strong>du</strong> baccalauréat et surtout de ton<br />
histoire. Sans doute pour cet examen il faut avoir des connaissances précises sur tout l’ensemble des histoires,<br />
mais ces connaissances n’ont besoin d’être ni trop vastes ni surtout trop minutieuses, et pour le travail de<br />
mémoire, quoiqu’il soit bon de le préparer d’avance, c’est surtout l’affaire des deux derniers mois avant<br />
l’examen. Avant tout songe à former ton style; on ne remplace jamais une rhétorique négligée. L’histoire se peut<br />
toujours étudier et quelques bons livres peuvent suffisamment guider dans cette étude, mais le style, pour le<br />
perfectionner plus tard, il faut absolument se l’être formé en rhétorique. Je me repens pour mon compte de<br />
n’avoir pas fait plus de discours, de n’y avoir pas donné plus d’application; je trouve, il est vrai, une excuse dans<br />
la fatigue de ma tête à cette époque. Mais enfin on me reprochait alors d’aimer les “qui” libres, et tu t’en<br />
aperçois encore à mes lettres; je suis loin d’être corrigé.<br />
Les Vêpres sont sonnées, je termine en t’exprimant encore une fois toute la satisfaction que ta lettre<br />
me fait éprouver; je le vois, saint Joseph exauce les prières que j’ai tâché de lui faire pour la famille pendant son<br />
mois.<br />
Adieu; tu peux être sûr que tes commissions seront faites avant vendredi.<br />
Je t’embrasse de tout cœur,<br />
Notre tante Laforêt va mieux; le reste de la famille est en bonne santé.<br />
11 - à son frère Eugène<br />
ton frère,<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, diacre<br />
Le séminariste écrit de Vaugirard, probablement <strong>du</strong> Collège de Vaugirard où il a fait une partie de ses études. --<br />
les vacances avec son frère se préparent -- sa dévotion à saint Vincent de Paul est déjà vivante, étant membre<br />
des Conférences S. V. de P. et sa sœur Virginie, Fille de la Charité -- Loterie de St Vincent: probablement liée à<br />
l’Œuvre des Frères de S.Vincent-de-Paul de Grenelle (cf. lettres de l’abbé Damoiseau et de Ch. Millot ci-après).<br />
Mon cher Eugène,<br />
Vaugirard, 26 juillet 1850<br />
fête de st Joachim et de ste Anne<br />
Tu m’en veux sans doute de te faire attendre si longtemps la réponse à ton aimable lettre. Tu me<br />
remercieras en la recevant (puisque tu devras à ce retard une lettre si consolante de notre bonne mère, et des<br />
détails non seulement précis, mais encore définitifs, je l’espère, sur l’emploi de nos vacances.<br />
Tu iras à Bertangles, et si M. le Supérieur l’agrée, chez l’ami dont tu me parles, jusqu’au retour de<br />
Madame Beaugrou de Barus. Notre oncle [<strong>Henri</strong> Garanger] sera de retour à Reims très certainement dans la<br />
première quinzaine de septembre; c’est ce qu’il a dit à notre tante Laforêt il y a dix jours, en passant par Paris.<br />
Nous pourrons donc passer en famille beaucoup plus de temps que je ne l’espérais; car je me garderais bien de<br />
refuser la prolongation de vacances que t’accorde M. le Supérieur.<br />
Que nous reste-t-il donc à faire, mon cher Eugène, sinon de remercier la divine Providence si aimable<br />
dans sa maternelle sollicitude, sinon de demander à la S te Vierge qu’elle nous prépare des joies pures en nous<br />
prémunissant contre les dangers inséparables des vacances. Oh! nous sommes bien sûrs d’être exaucés si nous<br />
nous adressons à Marie par saint Joachim et sainte Anne, ses glorieux parents, -- par saint Vincent aussi, dont<br />
nous célébrons aujourd’hui l’octave -- si surtout nous lui promettons, à cette bonne Mère, une communion pour<br />
chacune de ses deux grandes fêtes (j’allais dire de ses 3 grandes fêtes) si bien distribuées dans les vacances:<br />
l’Assomption et la Nativité [le Rosaire, le 1 er dimanche d’octobre, serait la 3 ème ].<br />
Tout bourgeois que je suis, j’ai bien des comptes à régler pour la loterie de St Vincent, et bien des<br />
courses à faire. Tu me pardonneras donc la brièveté de ma lettre cette fois encore.<br />
Adieu, mon cher Eugène, je t’embrasse de cœur,<br />
26<br />
V-- VOCATION à la VIE RELIGIEUSE<br />
ton frère, H. <strong>Planchat</strong>, diacre
A l’aide de notes et de quelques lettres, nous donnons des détails sur la vocation religieuse de l’abbé<br />
<strong>Henri</strong>:<br />
Le diacre <strong>Planchat</strong> est toujours en contact avec les Œuvres de M. Le Prevost et s’implique pour<br />
trouver de l’aide; voici deux lettres qu’on lui adresse à ce sujet.<br />
Cher Monsieur <strong>Planchat</strong>,<br />
12 janvier 1850<br />
Je reçois à l’instant votre lettre et je me hâte d’y répondre. Elle me reproche si doucement<br />
ma négligence inconcevable à votre égard...Je reçus, je crois me souvenir, les dix billets <strong>du</strong><br />
patronage quelques jours avant le 25 juillet (1849), jour de votre départ. J’attendis pendant trois<br />
semaines une occasion de les placer...Quand je fus revenu, et en état de songer sérieusement à<br />
m’acquitter de la mission que j’avais acceptée en recevant votre lettre, la loterie était tirée...Je vous<br />
envoie dans cette lettre les dix francs que je vous dois, avec deux francs pour le patronage de<br />
Grenelle...<br />
Damoiseau<br />
...J’espère que l’année prochaine je retournerai à Paris. Il est vrai que vous n’y serez plus<br />
peut-être, ou.....<br />
Mon cher et excellent confrère,<br />
St Dizier, ce 29 avril 1850<br />
Je viens de recevoir votre petit mot qui avait été précédé de quelques jours seulement de<br />
votre envoi de billets. C’est assez vous dire qu’il a été un mois en route pour arriver ici. J’ai regretté<br />
d’autant plus ce retard que nos enfants auraient pu en placer un certain nombre dans leur famille<br />
pendant les vacances de Pâques...<br />
Vous aurez la bonté de me faire connaître justement les billets qui auront gagné. Les 29<br />
autres billets ont été envoyés à M. le Président de la Société de S. Vincent de Paul. S’il ne pouvait les<br />
placer tous, j’en prendrais encore quelques-uns...<br />
Présentez mes hommages à M. Molleveaux (cousin <strong>du</strong> P. <strong>Planchat</strong>), aux prières <strong>du</strong>quel je<br />
me recommande...<br />
J’aurai l’honneur d’écrire incessamment à M. Gallet...<br />
votre ami le plus dévoué,<br />
Ch. Millot, prêtre<br />
Voulez-vous que je remette l’argent chez M. de Baudicourt à St Dizier [...] à Paris. Mes<br />
amitiés respectueuses à M. Le Prevost, M. Paillé, M. Myionnet, etc.<br />
Vers le mois de novembre, <strong>Henri</strong> se sent toujours interpellé au ministère des ouvriers et des pauvres:<br />
il aimerait bien se dévouer encore, comme autrefois, auprès de M. Le Prevost et des ses Œuvres: mais le petit<br />
Institut est composé seulement de Frères laïcs: il prie et consulte: il s’ouvre à M. Le Prevost et à ses Directeurs<br />
<strong>du</strong> Séminaire.<br />
Le 21 novembre 1850, Monsieur Le Prevost note au Journal de la Congrégation:<br />
"Deux autres sujets sont encore au moment d'entrer parmi nous; si comme tout l'annonce<br />
ils persévèrent..."<br />
Et le 10 décembre 1850, M. Le Prevost écrit à l'abbé <strong>Planchat</strong>, qui se prépare à l'ordination sacerdotale<br />
(prévue le 21 décembre):<br />
"...j'écrivais moi-même, en datant de l'aimable fête de l'Immaculée Conception, une note que<br />
j'envoyais à l'abbé Icard afin d'aplanir les voies, suivant ses conseils, et de préparer votre entrée au<br />
milieu de nous. Que le Seigneur est bon, très cher ami, de nous indiquer si clairement son adorable<br />
volonté et de préciser si nettement votre vocation. A l'inspiration de nos cœurs, en effet, se joignent<br />
les sentiments unanimes de votre Directeur, de MM. Carbon et Icard, vos Supérieurs, enfin de M.<br />
l'abbé Buquet, que je suis allé voir et qui, en donnant pleine adhésion à notre projet, m'a promis de<br />
régler l'affaire à l'Archevêché.<br />
27
Nous serons forts avec de telles autorisations et, bien sûrs que Dieu nous envoie, nous<br />
travaillerons avec un dévouement absolu à le servir, à le faire connaître et aimer ..."<br />
Le Prevost<br />
Durant sa retraite d'ordination au sacerdoce l'abbé <strong>Planchat</strong> note sa réflexion au sujet de son appel chez<br />
les Frères de S. Vincent de Paul:<br />
“Votre vocation me semble pure et sûre, me disait le bon curé de la Gare [l’abbé Gar<strong>du</strong>el]<br />
dans ma dernière confession; mais on peut ne pas correspondre à sa vocation”. C'est en d'autres<br />
termes ce que vient de me dire mon directeur pour ma vocation à la petite communauté de Saint<br />
Vincent. Reste à savoir si le désir que j'éprouve de m'y voir réuni ne se mêle pas quelque affection<br />
naturelle, soit aux personnes, soit aux emplois, tandis que j'y devrais rechercher uniquement les<br />
mépris, les souffrances et la pauvreté... M. Ca<strong>du</strong>c estime au moins à première vue que je trouverai à<br />
la petite communauté toute facilité pour la retraite <strong>du</strong> mois...”<br />
Le 24 décembre, voici un “cadeau de Noël”: l'abbé <strong>Planchat</strong> rejoint la petite Communauté de quatre<br />
profès laïcs et quelques "novices".<br />
Le 27 décembre suivant, M. Le Prevost écrit au Journal:<br />
"Les nouveaux frères persévèrent et montrent un désir sincère de servir Dieu dans la vie de<br />
prière et de charité; le dernier admis est un frère ecclésiastique, l'abbé <strong>Planchat</strong>, ancien membre<br />
très dévoué de la Société de St Vincent de Paul et qui a voulu se donner tout entier à ses œuvres dès<br />
qu'il a pu le faire, après son ordination.<br />
Un autre jeune prêtre de ses amis, l'abbé Gentil, sent la même inspiration et va aussi<br />
prendre place dans la petite famille..."<br />
Depuis ce moment la Congrégation des Frères de S.Vincent-de-Paul prend une nouvelle forme:<br />
elle est composée de laïcs et d'ecclésiastiques.<br />
Un ancien confrère, l’abbé Louis Vitu, écrit le 2 janvier 1851; on y devine les bonnes relations<br />
entretenues avec “ces Messieurs de Grenelle”, les premiers membres des Frères de S. Vincent de Paul; l’abbé<br />
Vitu ne semble pas être au courant <strong>du</strong> pas franchi par son ami.<br />
Les Religieux confiaient à des confrères ou à des ecclésiastiques des pauvres à visiter; -- M. Poiloup,<br />
un abbé, directeur <strong>du</strong> Collège de Vaugirard, passé ensuite aux jésuites; par la suite l’édifice est devenu une partie<br />
de l’Hôpital de Vaugirard.<br />
Monsieur l’abbé,<br />
Soissons, 2 janvier 1851<br />
Mon grand désir d’avoir de vos nouvelles ne me permet pas de retarder davantage, si je ne<br />
vous ai pas écrit plutôt, c’est que mes occupations ne me l’ont point permis; d’abord j’ai commencé<br />
par être malade, ensuite, j’ai préparé le traité de l’Eucharistie pour les Ordres mineurs, que j’ai eu le<br />
bonheur de recevoir; il est inutile que je vous dise ma joie à ce sujet, car vous le comprenez, et je<br />
vous engage à en remercier le bon Dieu pour moi. Maintenant vous savez après quoi je soupire.<br />
Je crois que vous avez reçu la prêtrise, je vous félicite de votre bonheur, j’ai pensé à vous<br />
tout spécialement pendant la retraite, j’ai demandé au bon Dieu que vous soyez toujours et en toutes<br />
choses un alter Christus, et c’est à l’occasion de la nouvelle année. Maintenant donnez-moi de vos<br />
nouvelles d’une manière assez éten<strong>du</strong>e, et dites-moi surtout ce que vous allez devenir. Parlez-moi<br />
aussi de vos vacances; j’ai su que vous êtes allé dans nos pays et à deux lieues seulement <strong>du</strong> village<br />
qu’habitait ma pauvre mère. Pour moi aussitôt que je vous vis à Vaugirard, j’ai pensé à de belles<br />
vacances et je ne fut pas trompé, je vous remercie de toutes vos bontés, de tous les agréments que<br />
vous m’avez procurés et surtout de m’avoir fait faire connaissance de ces bons Messieurs de<br />
Grenelle. Rappelez-moi à leur souvenir et dites-leur de prier pour moi, car j’en ai bien besoin.<br />
J’ai parlé d’eux à notre bon Supérieur; il en a été touché et il a fait leur éloge assez longuement, à<br />
une lecture spirituelle, en rapportant ce que je lui avais dit; mais c’est de l’eau qui tombe sur de la toile<br />
28
cirée. Je me propose bien dès le commencement de mes vacances d’aller m’offrir à ces bons<br />
Messieurs, pour visiter encore quelques familles, car je puis vous dire que ce sera là mon plus grand<br />
bonheur et je puis vous assurer que ce furent les plus beaux moments de mes vacances, ainsi que<br />
ceux de la place Dupleix, je me plais à me rappeler ces souvenirs ainsi que de ces bonnes Petites<br />
Sœurs des pauvres<br />
...<br />
Si c’est la volonté de Dieu que j’aille à Paris étant prêtre, je vous assure que ce sera bien<br />
volontiers, mais je laisserai parler mes Supérieurs, et je me gardeai bien de faire la moindre<br />
démarche. Si M. Poiloup veut de moi, comme il me l’a dit en quittant, il me demandera. Enfin la<br />
volonté <strong>du</strong> bon Dieu c’est là mon plus grand désir. En attendant....<br />
Recevez, monsieur l’abbé, ...<br />
VI -- LE JEUNE PRETRE -- RELIGIEUX<br />
a -- Apôtre de Grenelle<br />
1851 -- 1861<br />
Le Père <strong>Henri</strong> semble avoir été souvent fatigué; sa mère écrira le 22 juin 1864:<br />
l’abbé Louis Vitu<br />
“Mon médecin [Foville], qui a connu mon bon père autrefois, qui avait donné de bons<br />
conseils pour notre bon Abbé [<strong>Henri</strong>], lors de sa fatigue à la suite de ses études classiques, de celles<br />
nécessaires pour faire son droit, de celles plus sérieuses encore pour se préparer au sacerdoce...”.<br />
Or après quelques mois de ministère exercé à Grenelle, près de Paris, le jeune Père doit aller, se reposer aux<br />
Thermes; il y est encore en septembre, lorsque Monsieur Le Prevost lui écrit trois fois. Ce repos ne suffit pas: on<br />
lui prescrit un voyage; il ira en Italie.<br />
b -- Repos forcé et voyage en Italie<br />
(nov.1851- nov.1852)<br />
Voici une lettre d’Eugène résumant ce voyage-pèlerinage en Italie; elle est écrite vingt ans après les faits.<br />
Monsieur et cher ami:<br />
Paris, 10 juillet 1871<br />
L’état de ma santé altérée par les violentes secousses que la divine Providence a permis<br />
que je ressentisse [ peu après la mort de l’abbé <strong>Henri</strong>] ne me permet pas de vous donner les détails<br />
que je serais heureux de vous fournir sur mon Vénéré frère.<br />
De plus, nos volumineuses notes écrites jour par jour de notre voyage en Italie sont chez<br />
ma mère à Compiègne.<br />
Je veux cependant vous donner sous forme de sommaire quelques jalons, tels que ma<br />
mémoire peut me les fournir:<br />
Départ de Paris, avec ma mère vers la fin de novembre 1851.<br />
Arrêt à Lyon; messe à N. D. de Fourvière. De là presque directement à Rome, où nous<br />
restons jusqu’au commencement <strong>du</strong> Carême.<br />
L’abbé partage son temps entre la Conférence de S. Vincent de Paul de Saint Louis des<br />
Français, la visite des monuments, etc. etc. et il apprend assez l’italien pour pouvoir causer un peu<br />
avec les indigènes; il en profite pour catéchiser les enfants que nous rencontrons dans nos<br />
excursions...<br />
J’étais chargé de la bourse et de tous les détails <strong>du</strong> voyage pour épargner à l’abbé toute<br />
préoccupation. Il montre la docilité d’un enfant de 10 ans bien sage, quoiqu’il sente parfaitement que<br />
l’ordre naturel des choses entre nous est retourné.<br />
Nous ne manquons aucune des cérémonies papales: messe de minuit à S te Marie Majeure,<br />
messe de Noël à St Pierre, etc. etc.<br />
29
Au commencement <strong>du</strong> Carême [fin de février] départ pour Naples à pied; (quelques fois,<br />
quand l’étape est longue, nous prenons une voiture pour une partie de la route), moi un sac de<br />
touriste, l’abbé de grandes poches en cuir sous sa soutane. - ...Nous allons à Naples par Terracina,<br />
les Marais Pontins et nous prenons le chemin de fer à Capoue - 15 jours à Naples [peut-être ici une<br />
échappée à Mugnano, au sanctuaire de S te Philomène] - visite de Pompei, Ercolanum - Vu le<br />
coucher <strong>du</strong> soleil au sommet <strong>du</strong> Vésuve (couché à la maison de l’hermite) ... Visité Salerne, Portici,<br />
Sorrente, l’Ile de Capri. couché dans le couvent (à Nocera de’ Pagani) où est conservé le corps de<br />
saint Liguori; l’abbé y dit la messe. Nous partons au lever <strong>du</strong> soleil pour éviter les grandes chaleurs,<br />
mais bien souvent l’abbé a manqué de dire la messe; il se levait pour le pouvoir une heure avant moi.<br />
- Nous couchions le plus souvent dans des couvents.<br />
Retour de Naples par le Mont Cassin; nous passons un jour et demi dans le fameux<br />
monastère des Bénédictins. - Une formalité de passeport nous prive de visiter à Subiaco les grottes<br />
célèbres où se retira d’abord saint Benoît.<br />
...Arrivé à Rome le Mercredi-Saint [7 avril] nous retrouvons notre mère. Nous assistons à<br />
toutes les cérémonies de la Semaine Sainte (lavement des pieds par le Saint Père, qui sert ensuite à<br />
table 12 prêtres , etc. etc.) Le Vendredi-Saint lavement des pieds, service à la table des pèlerins des<br />
deux sexes par les princes et les princesses romains - Fête de Pâques, illumination de la Coupole.<br />
Ici nous insérons un extrait <strong>du</strong> Journal: l’audience <strong>du</strong> Pape, accordée à Mme Virginie, à Eugène et au<br />
Père <strong>Henri</strong>; le jour nous reste inconnu, probablement après Pâques:<br />
[le Pape] “dit à mon frère: vous êtes venu pour votre santé; il faut espérer que le climat de<br />
Rome vous fera <strong>du</strong> bien. Puis il me dit: vous êtes son frère, qui l’avez accompagné!...il fit à ma mère<br />
une question analogue...mon frère lui présenta cette demande, savoir: la faculté d’accorder une<br />
In<strong>du</strong>lgence plénière à tout parent jusqu’à la 3 ème génération ou à 30 années au choix... Il demanda<br />
ensuite à mon frère quel était son ministère; et sur la réponse qu’il s’occupait des enfants auxquels il<br />
avait eu la bonté d’envoyer un Bref...le Pape dit qu’il était bien sensible au souvenir de ces<br />
enfants...puis quand il lui eut parlé de la petite Communauté de Grenelle [les premiers Frères de S.<br />
Vincent de Paul], le St-Père ajouta : “E’ una cosa bella e buona!, bien utile dans la société,<br />
surtout dans le temps où nous vivons”, dit-il, avec une certaine tristesse, puis avec confiance,<br />
mais où heureusement s’opère un retour vers le bien”...<br />
Notre mère part pour Alger, où des affaires l’appellent.<br />
Nous prenons à pied la route de Lorette. -- Arrêt à Orvieto; nous couchons au couvent des<br />
Dominicains, où professa longtemps saint Thomas d’Aquin. Cascades de Terni.<br />
12 - à sa mère<br />
N. B. suite de la lettre d’Eugène <strong>Planchat</strong> après celles-ci (12 et 13) <strong>du</strong> Père <strong>Henri</strong>:<br />
<strong>Henri</strong> visite Pérouse, Assise, Lorette — difficultés de vie commune avec son frère Eugène.<br />
Il a appris la langue italienne; -- un petit mot d’Eugène à sa mère.<br />
Chère et bonne Mère,<br />
Pérouse, 7 mai 1852<br />
Je m’en aperçois bien; vous avez résolu d’obtenir de la Sainte Vierge un progrès décisif pour ma<br />
guérison pendant ce beau mois de Marie. Depuis le commencement de ce mois, l’amélioration n’a pas cessé<br />
d’augmenter notablement, et il n’y avait eu depuis le départ de Rome qu’un mauvais moment.<br />
La Sainte Vierge s’en mêle de son côté: elle m’a fait commencer son mois par célébrer la Sainte<br />
Messe à l’un de ses pèlerinages et par baiser la main encore vermeille d’une sainte dont le corps se conserve<br />
entier depuis 600 ans, de sainte Rose de Viterbe. Samedi ou dimanche, je dirai la Sainte Messe à Notre-Dame<br />
des Anges [La Portioncule], le sanctuaire de la Sainte Vierge le plus riche peut-être en in<strong>du</strong>lgences. Le<br />
lendemain, sur le corps de saint François d’Assise, et puis ensuite à Lorette.<br />
Vous pensez bien que je ne vous oublie pas, bonne Mère, en tous ces sanctuaires, non plus que<br />
personne de la famille, non plus surtout que ce bon Père [son papa]. J’ai dit la Messe pour lui presque tous les<br />
jours, notamment sur l’autel <strong>du</strong> pèlerinage, privilégié pour la délivrance des âmes <strong>du</strong> Purgatoire.<br />
30
Mon bon Eugène, mon fidèle compagnon, a toujours aussi une grande part dans mes SS. Sacrifices; et<br />
certes il le mérite bien; loin de se lasser, il est plus gentil chaque jour. La Providence <strong>du</strong> reste pourvoit à le<br />
distraire un peu. Voilà presque une semaine que nous sommes reçus dans les couvents. Outre l’économie, ce séjour<br />
a l’avantage de mettre des tiers entre nous deux, de donner à Eugène l’occasion de causer, de s’épanouir.<br />
On le trouve aimable; on le traite avec affection et, vous le savez, rien ne lui fait autant de bien. Il est tout<br />
heureux en ce moment de l’accueil que lui ont fait ici les bons Lazaristes, grâces aux lettres <strong>du</strong> P. Litardi.<br />
Eugène m’ordonne d’achever, parce que 6 heures [...] C’est fini. Il faut bien que je commence à lui<br />
obéir.<br />
Adieu donc, chère et bonne Mère, surtout soignez-vous, comme si nous ne voyagions pas. Assurez les<br />
bonnes personnes de Blidah: Mme Delahaye, Mme de Tonnac, que je ferai une mémoire spéciale d’elles dans<br />
les divers sanctuaires.<br />
Je vous embrasse de cœur,<br />
votre...<br />
<strong>Henri</strong> <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Ma chère et excellente mère,<br />
Je m’aperçois qu’<strong>Henri</strong> m’a laissé bien peu de place. Aussi je veux en profiter le mieux<br />
possible. Je vous dirai d’abord que notre cher voyageur n’a eu, depuis les douze jours que nous<br />
sommes partis (nous avons quitté Rome le samedi 24 [avril]), n’a eu qu’une journée pénible, et cela à<br />
cause de l’air malsain de l’endroit où nous étions. Le reste <strong>du</strong> temps, il a été gai, content, a bien dormi<br />
généralement. Ce n’est pas que nous n’ayons encore eu bien des petites misères, j’entends par là de<br />
petites disputes, des impatiences d’une minute, qui finissaient toujours [...]<br />
[Eugène]<br />
13 - à ses apprentis de Grenelle<br />
Extrait d’une lettre per<strong>du</strong>e, que les Chroniques <strong>du</strong> Patronage, (édition 1862), écrites par Maurice Le Prevost,<br />
alias Maurice Maignen, nous livrent sur le mois de Marie des jeunes de Lorette, en Italie.<br />
mai 1852<br />
Mes bien chers enfants,<br />
...je veux vous dire, en finissant, comment les apprentis de Lorette font leur mois de Marie, à une<br />
condition cependant, c’est que l’un de vous me racontera comment on l’a célébré cette année dans la maison de<br />
patronage...<br />
Voici comment les choses se font ici: sur une grande place, en face de la Porte de Rome, les bons<br />
apprentis de Lorette ont dressé un petit autel tout garni de bougies et de fleurs; au-dessus est un tableau de la<br />
Sainte Vierge; au-dessus encore le nom de la Sainte Vierge, dessiné avec des lanternes, et à une certaine<br />
distance, des lampions sur des perches. Un artiste ne saurait pas si bien faire.<br />
Et ne croyez pas que pour leur office ces bons enfants aient besoin d’un maître de chapelle; je ne sais<br />
pas comment ils s’y prennent, mais ils font tout à eux seuls. A huit heures et demie <strong>du</strong> soir, les trois plus grands<br />
rassemblent sur des bancs les enfants <strong>du</strong> quartier. Les mamans, les papas se tiennent debout autour. L’apprenti<br />
sacristain allume et la musique commence. Elle n’est pas trop mauvaise, je vous assure. Ce sont d’abord les<br />
Litanies de la Sainte Vierge. Les trois apprentis chantent un verset, tout le peuple chante le suivant; puis vient un<br />
cantique; oh! il faudra que je vous le tra<strong>du</strong>ise quelque jour, il est si beau! j’entendrais avec tant de plaisir mes<br />
bons enfants chanter de tout leur cœur et, comme ces bons apprentis de Lorette, invoquer le beau nom de Marie!<br />
Pendant le cantique, l’apprenti trésorier fait la quête; c’est à qui donnera, de ces bons ouvriers! Après le<br />
cantique, les trois apprentis se mettent à genoux sur un banc; tout le monde en fait autant, et l’on chante de tout<br />
cœur une belle prière. Enfin nos trois officiants donnent la bénédiction, c’est-à-dire qu’ils disent en latin, et en<br />
faisant le signe de la croix, “Que la Sainte Vierge et son saint Enfant nous bénissent.”<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
reprise de la lettre d’Eugène, de juillet 1871<br />
31
...Cascades de Terni, Urbino, (souvenirs de Raphaël) -- Assise, couvent de sainte Claire -<br />
Couvent <strong>du</strong> Mont l’Alverne: grotte où saint François reçut les Stigmates; - Couvent de la Portioncule<br />
[à côté d’Asisse, donc avant l’Alverne] - Lorette, où nous passons 8 jours chez M. l’abbé de Précy<br />
(qui... était chapelain de France) ancien condisciple de l’abbé au Collège St-Stanislas. - De là,<br />
Florence, où nous passons 3 semaines: fêtes <strong>du</strong>cales de la St-Jean [Baptiste] - Nous passons 6 semaines<br />
(juillet et commencement d’août) dans la fameuse abbaye de Vallombreuse (à six heures de<br />
Florence) que chante Lamartine.<br />
suite p. 41, après la lettre 15.<br />
14 - à sa sœur Virginie<br />
Maison des SS. de la Charité<br />
rue <strong>du</strong> Vertbois -- Paris<br />
La santé s’améliore - retour dans trois mois? -- <strong>Henri</strong> a quelques sautes d’humeur, <strong>du</strong>es à sa fatigue.<br />
M. Jean-Léon Le Prevost: fondateur de la Congrégation des FF. de S.V. de Paul; M. Beaussier: directeur<br />
sacerdotal de la Congrégation naissante; M. Ca<strong>du</strong>c: directeur spirituel de l’abbé <strong>Henri</strong> au Séminaire -- le père de<br />
Villefort: Secrétaire Général des Jésuites.<br />
L’extatique dont il est question ici n’est pas identifiée dans le Journal de voyage, sinon par “la ragazza”, la jeune<br />
fille. -- Le Monte San Savino est situé dans la province d’Arezzo.<br />
Suit un mot d’Eugène - le voyage se poursuivra en direction de Venise.<br />
Chère et bonne Sœur,<br />
Vallombreuse, 9 août 1852<br />
vigile de St-Laurent<br />
Il m’a fallu mon espèce de serment d’obéissance à Eugène, serment auquel il faut bien commencer<br />
enfin à être fidèle, pour me laisser mortifier jusqu’à aujourd’hui mon envie démesurée de t’écrire. Tout le<br />
monde gagne à l’obéissance, même ceux que l’on semble y sacrifier. Ainsi tu y gagneras d’apprendre que ta victoire<br />
sur le Cœur de Jésus a été décisive, puisque voilà tout à l’heure un mois que saint Vincent [de Paul] m’a<br />
renouvelé, à me rendre méconnaissable. Plus de préoccupations, oubli presque complet <strong>du</strong> passé, empire chaque<br />
jour croissant sur soi-même, gaieté parfois un peu folle, par-dessus tout, confiance sans mesure en la T.S.Vierge<br />
et dans les Saints, mes libérateurs, confiance qui s’accroît à chaque soubresaut, à chaque victoire de ma<br />
mauvaise nature.<br />
C’est de la Saint-Vincent, bien positivement, que date cette rénovation, préparée, comme je te le<br />
disais, par la Saint-Pierre et la Saint-<strong>Henri</strong>, mais tellement sensible pendant l’octave de St-Vincent que l’on ne<br />
peut douter qu’elle lui eut été réservée. Il me reste, il est vrai, bien à faire pour devenir tout à fait homme et<br />
prêtre, pour atteindre seulement le but unique auquel je vise en ce moment, de rendre à Eugène ma société aussi<br />
aimable qu’elle lui était intolérable jusqu’à cette heure et pour cette fin de m’oublier complètement moi-même<br />
pour ne songer qu’à lui faire plaisir.<br />
Mais la S te Vierge aime trop Eugène pour permettre que son caractère s’aigrisse; elle m’aidera donc<br />
puissamment. Que dis-je! elle fait ce dont je suis incapable; je le sens davantage chaque jour de cette neuvaine<br />
de l’Assomption.<br />
“Avec de la confiance vous obtiendrez par la S te Vierge la grâce que vous demandez”, telles sont les<br />
simples paroles que me disait, il y aura demain huit jours, l’extatique de Monte San Savino, après avoir prié<br />
pour moi pendant la messe où je venais d’être témoin de ses extases, empreintes de tous les caractères de la vérité,<br />
comme j’en ai acquis la conviction auprès des personnes les plus graves et les moins enthousiastes. Ces<br />
paroles me frappent vivement, non pas depuis le moment même -- mon imagination me promettait quelque<br />
chose de plus -- mais à mesure que je les repasse dans mon esprit.<br />
Confiance, certitude de guérir par la S te Vierge, tel est en effet le refrain de M. Le Prevost, de M.<br />
Beaussier, de M. Ca<strong>du</strong>c, surtout <strong>du</strong> P. de Villefort dans les moments les plus difficiles; et Dieu seul a pu le<br />
mettre dans la bouche de la Dominicaine à laquelle ces saints Directeurs sont aussi inconnus que moi-même.<br />
32
C’est bien aussi ton refrain, chère et bonne Sœur, et tu le prouves par ta persévérance infatigable à<br />
prier et à souffrir pour moi. Continue, car plus la grâce m’entoure et me soulève, plus je dois être fidèle;<br />
continue, car une voix me dit que l’œuvre de la divine miséricorde est à peine commencée, que le dessein <strong>du</strong><br />
Seigneur est de me donner, par cette épreuve, une expérience de ses voies sur les âmes, surtout une horreur et un<br />
détachement de moi-même, que je n’eusse jamais acquis sans ces misères. Quelle tâche de répondre à un pareil<br />
dessein, puisque jusqu’à cette heure, je n’ai point encore avancé d’un pas.<br />
Il me semble que je ne fais que commencer avec toi, et cependant il faut que je te quitte pour parler<br />
[une lettre à écrire] à mes chers enfants qui viennent de renouveler ou qui vont renouveler dimanche prochain<br />
[...]<br />
Adieu donc, chère et bonne Sœur; tous mes respects, avec l’assurance de ma profonde gratitude à M.<br />
Martin, à MM. Rousseau et Stur... surtout à ta bonne Supérieure; prière à tous de redoubler d’instances auprès<br />
des SS. Cœurs de Jésus et de Marie, dans lesquels je suis ton frère qui t’aime tendrement,<br />
H. <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Il faut bien que toujours passe le bout de l’oreille; j’ai oublié de te souhaiter ta fête. Je m’en punirai<br />
en pensant deux fois plus à ma chère Virginie, pendant la Sainte Messe, d’ici l’Assomption et toute l’octave.<br />
Recommande à Eugène de m’écouter, quand je lui donne des conseils pour sa santé, et de ne pas se<br />
préoccuper à l’excès de l’économie. Avec une imagination aussi active, un tempérament aussi bouillant, un soin<br />
raisonnable et les fatigues nécessaires et les sensations inévitables <strong>du</strong> voyage sont déjà trop pour une nature qu’il<br />
faut se garder d’user.<br />
Nous comptons bien que tu te fais rembourser le port de nos lettres par ma tante Laforêt, avec<br />
laquelle tu as un compte ouvert pour Maria.<br />
Chère sœur,<br />
(Fille de la Charité de saint Vincent de Paul)<br />
Que ta bonne lettre nous a fait plaisir! nous n’avions pas besoin de cette preuve pour être<br />
persuadés que tu pensais souvent à nous; Mais nous avons vu avec une bien grande joie que ta<br />
santé était bonne, que les chaleurs ne t’avaient pas trop fatiguée, ou au moins nous l’espérons bien,<br />
car tu ne nous parles pas de ta santé dans cette lettre. Je suis sûr que les bonnes prières que tu as<br />
faites pour <strong>Henri</strong> pendant la neuvaine de saint Vincent sont exaucées, car <strong>Henri</strong> va toujours très bien,<br />
voilà six semaines sans interruption, et tout porte à croire qu’avec la grâce <strong>du</strong> bon Dieu, c’est fini au<br />
moins pour toute rechute grave.<br />
Combien nous aurons à nous réjouir, à remercier le bon Dieu, quand, parfaitement rétabli, il<br />
reviendra à ses occupations. Espérons que ce sera dans trois mois au plus tard. Je ne sais si <strong>Henri</strong><br />
t’a dit qu’il avait écrit à M. Foville [son médecin], lui rendant compte de la manière dont il avait été<br />
depuis le départ de Rome, de son état actuel, et lui demandant conseil sur ce qu’il devait faire. Nous<br />
attendons.<br />
<strong>Henri</strong> ne te dit pas qu’il y a dix jours je lui ai dit qu’il valait mieux attendre cinq ou six jours,<br />
afin de mieux distribuer le temps des lettres, depuis cinq jours je lui ai dit qu’il pouvait parfaitement<br />
t’écrire, ce qui était difficile, à cause de l’excursion, et que s’il t’écrit aujourd’hui, avant de le faire à ses<br />
enfants, c’est grâce à mes instances. Mets à la poste la lettre pour ma tante, et fais parvenir le plus<br />
tôt possible le petit mot à Maria [sa petite sœur].<br />
Ce sera à Venise qu’il faudra adresser maintenant les lettres. Je te souhaite donc pour cette<br />
année, et j’espère bien que le bon Dieu l’accordera à nos prières, une santé solide pour supporter<br />
toutes les fatigues et une joie de l’âme qui ne t’abandonne jamais. Adieu encore une fois; je<br />
t’embrasse comme je t’aime,<br />
ton frère affectionné,<br />
Eugène <strong>Planchat</strong><br />
15 -- à sa sœur Maria<br />
Souhaits de Bonne Fête! je t’aime; tous t’aiment tendrement et la Reine <strong>du</strong> Ciel. La dernière lettre,<br />
annoncée pourtant, n’a pas été écrite?<br />
Ma bonne petite Maria,<br />
Vallombreuse (près Florence), 10 août 1852<br />
33
Eugène me laisse bien peu de place; ma lettre sera cependant plus longue que la dernière fois, car<br />
j’espère que tu pourras la lire!<br />
Et puis qu’ai-je à te dire pour te souhaiter la fête? Deux mots que tu sais par cœur, que je t’aime<br />
beaucoup, parce que tes maîtresses sont contentes de toi, que tu as envie de devenir une petite fille bien pieuse,<br />
parce que tu pries chaque jour pour moi, que de mon côté, je ne dis jamais la messe sans recommander au bon<br />
Dieu et à la T. S. Vierge ma chère Maria et que je tâcherai de le faire mieux le beau jour de l’Assomption. Oh!<br />
vois, ma chère petite Maria, comme tu es heureuse: non seulement tu as sur la terre de bonnes maîtresses, qui te<br />
soignent et te chérissent comme de véritables mères, une sœur qui t’aime à la folie et, pour te rendre bien sage,<br />
des frères qui ne t’aiment pas moins, des tantes qui ne sont pas moins empressées à s’occuper de toi et à te faire<br />
plaisir, par dessus tout une maman telle qu’il n’y a pas beaucoup de semblables.<br />
Mais tu as pour mère, pour patronne dans le Ciel une Reine qui t’aime bien plus encore et qui peut<br />
tout pour te rendre bonne et heureuse. Remercie-la bien, cette tendre Mère, au jour de son entrée dans le Ciel;<br />
remercie-la bien pour nous comme pour toi. Continue de lui demander que je revienne bientôt.<br />
Je t’embrasse de cœur,<br />
ton frère qui t’aime tendrement,<br />
reprise de la lettre d’Eugène, p.38<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Vers milieu d’août, départ par Bologne, Ferrare, Padoue, Venise, où nous passons une<br />
semaine au couvent des dominicains. - Auparavant nous avons visité en détail Pise, où l’abbé dit une<br />
messe, avec petite allocution à la Société de St-Vincent-de-Paul, qui nous réunit ensuite dans un<br />
banquet fraternel (après avoir visité avec nous des pauvres qu’elle assiste); - De Venise à Vérone -<br />
Milan: 8 jours - Lac de Côme - Varèse, célèbre par son pèlerinage, et depuis, par les escapades de la<br />
chemise rouge de Garibaldi - Lac Majeur, Isola Bella -- Avant, Arona, où statue colossale de saint<br />
Charles Borromée.<br />
suite p.44<br />
16 - à sa mère<br />
à Salluste (?) ou à Blidah<br />
Vous êtes sans nouvelles de nous? -- le voyage se poursuit à Bologne, Venise, Padoue.<br />
La santé physique et psychique s’améliore toujours.<br />
M. Le Prevost a écrit un mot, qui n’a pas été conservé; on peut lire la lettre suivante <strong>du</strong> fondateur datée <strong>du</strong> 17<br />
septembre 1852, expliquant la prescription <strong>du</strong> médecin: “l’offre que nous lui avons faite [pour vous] de la<br />
culture <strong>du</strong> jardin et de quelques ouvrages dans la maison ne l’a pas satisfait.” -- Eugène devrait soigner sa santé;<br />
-- souhaits que la maman quitte l’Afrique au plus tôt!<br />
Eugène écrit à la suite de son frère.<br />
Chère et bonne Mère,<br />
Venise, 1 er septembre 1852<br />
Je regrette vivement qu’à toutes vos contrariétés se joigne celle de n’avoir pas de nouvelles de nous.<br />
Nous vous avions déjà écrit à Paris [par tante Laforêt], et la lettre que reçoit en ce moment la bonne tante<br />
Laforêt eût encore augmenté votre joie. Elle vous eût appris le progrès constant de ma santé, les bonnes fortunes<br />
que la Providence a su tirer pour nous des contretemps eux-mêmes. Je puis <strong>du</strong> reste, aujourd’hui, ajouter encore<br />
à ces deux sujets de consolation. J’ai eu assez de tête dans des moments de fatigue, de mauvais temps, pour que<br />
des mauvaises humeurs -- assez notables pour fatiguer beaucoup Eugène -- se terminassent par de simples excuses,<br />
suivies <strong>du</strong> calme et de la gaieté habituelles.<br />
A trois agréables journées gratis à Bologne auprès <strong>du</strong> tombeau de saint Dominique, succèdent à<br />
Venise la réception la plus cordiale, les soins les plus délicats et les plus affectueux des bons PP. Dominicains,<br />
et nous avons, de plus, à notre service les PP. Jésuites. Nous jouirons de cette délicieuse hospitalité jusqu’à la<br />
Nativité, puis nous retournerons au tombeau de saint Antoine de Padoue, qu’Eugène tient à honorer en y faisant<br />
ses dévotions [projet non réalisé].<br />
34
Ce cher Eugène est chaque jour plus patient, plus charitable, plus modéré en toutes choses; il n’y a<br />
que lui-même qu’il s’obstine un peu trop à oublier; c’est toute une histoire pour l’obliger à prendre un bain, à ne<br />
pas veiller, à ne pas trop se fatiguer. Il est vrai que je suis parfois trop minutieux et qu’en définitive il se porte<br />
bien. Mais je voudrais que vous lui fissiez entendre qu’en fait de soins de la santé, il ne doit pas plus regarder à<br />
l’argent pour lui-même que pour moi.<br />
Quant à l’avenir, ne vous en préoccupez pas plus que moi-même et tout ira bien. Je viens de recevoir<br />
de M. Le Prevost une lettre qui entre tout à fait dans vos idées; on fera de moi ce que l’on voudra, un jardinier, si<br />
l’on veut. Le bon Dieu sait que je désire vivement reprendre le ministère; mais il sait aussi le moment où il<br />
convient que je le reprenne et la manière également. Je ne doute pas qu’il inspire à ceux auxquels je dois une<br />
obéissance aveugle la décision utile pour sa plus grande gloire et pour mon plus grand bien.<br />
Adieu donc, chère et bonne Mère, je vous embrasse comme je vous aime, c’est-à-dire de tout cœur.<br />
J’ai prié ce matin saint Joseph qu’il vous consolât et vous tirât au plus tôt de cette vilaine Afrique.<br />
votre fils...<br />
H.<strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Nous sommes passés par Florence; nous passerons par Milan [<strong>du</strong>... au 18] et la Suisse [vers le milieu<br />
d’octobre].-- Le médecin est d’avis qu’<strong>Henri</strong> rentre en France en novembre.<br />
Chère et bonne mère,<br />
Nous vous croyions déjà en France, quand une lettre que nous trouvâmes en arrivant à<br />
Venise, nous apprit que vous ne deviez partir que vers le 8 septembre. Cette nouvelle nous a fait de<br />
la peine, car vous devez avoir bien chaud là-bas; espérons pourtant que le bon Dieu vous<br />
maintiendra en bonne santé.<br />
Vous devez avoir reçu, peu de temps après avoir écrit votre dernière lettre, la nôtre, datée<br />
de Florence, où nous vous disions que nous avions reçu la réponse de M. Foville, qui était d’avis<br />
qu’<strong>Henri</strong> revînt en France au mois de novembre et jusqu’à ce moment passât le plus de temps<br />
possible dans les montagnes. Aussi comptons-nous être en Suisse dans trois semaines environ, si<br />
c’est votre avis que nous retournions en la visitant.<br />
Nous sommes maintenant à Venise, admirablement bien chez les Dominicains, où, s’ils<br />
acceptent quelque chose, le prix sera toujours très modéré, tandis qu’il est excessif dans les hôtels;<br />
nous y restons jusqu’au 10 septembre, puis nous allons à Milan et en Suisse.<br />
<strong>Henri</strong>, dimanche dernier, a dit la Messe sur le tombeau de saint Antoine de Padoue à<br />
Padoue; il va très bien.<br />
Nous vous avons écrit une lettre à Paris dans une [lettre] pour ma tante Laforêt; nous vous<br />
disions que ce que nous avions d’argent ne pourrait nous suffire jusqu’à la fin <strong>du</strong> voyage; nous avons<br />
encore 260 francs environ, qu’une fois en Suisse, nous ne pourrions guère vous indiquer notre<br />
adresse à un moment positif; qu’il vaudrait mieux faire l’envoi à Milan, où nous serons jusqu’au 18 de<br />
ce mois: Lombard Vénitien, poste restante. Je crois que 300 francs nous seraient nécessaires, non<br />
pas que je crois que nous dépenserions tout, mais ainsi nous aurions quelque chose devant nous;<br />
d’ailleurs vous savez que nous allons à la plus stricte économie. Il faudrait faire cet envoi le plus tôt<br />
possible. Je crois que trois billets de 100 francs ou un de 200 et un de 100 seraient le mieux pour ne<br />
pas tout changer à la fois; afin de ne pas avoir d’inquiétudes; assurez!<br />
Je voudrais, bonne Mère, pouvoir causer longtemps avec vous, mais je tiens à ce que la<br />
lettre parte aujourd’hui et, pour cela, il n’y a plus que quelques minutes.<br />
Adieu donc, surtout soignez-vous parfaitement et ne ménagez rien pour ne pas vous<br />
fatiguer dans le voyage; que tous trois nous nous revoyions en excellente santé.<br />
Je pense toujours à la vie heureuse que nous mènerons ensemble; il me tarde d’y arriver.<br />
Je vous embrasse comme je vous aime,<br />
votre fils obéissant et affectionné,<br />
Eugène Pl.<br />
17 - à ses apprentis de Grenelle<br />
35
La beauté <strong>du</strong> paysage. Le passage à Milan: la retraite en silence des apprentis; prière pour que je revienne<br />
bientôt.<br />
Mes bien chers enfants,<br />
Varèse, 26 septembre 1852<br />
sanctuaire de N.D. <strong>du</strong> Mont<br />
Je voudrais que vous fussiez tous ici avec nous. Vous seriez fatigués, c’est vrai, surtout si vous aviez<br />
eu, comme moi, le sac sur le dos en montant pendant deux heures entières. Mais comme vous verriez de belles<br />
choses! D’abord l’église de la Sainte Vierge, bâtie tout en haut de cette grande montagne, puis <strong>du</strong> haut en bas 14<br />
jolies églises consacrées toutes aussi à la S te Vierge, et 4 ou 5 arcs de triomphe, moins hauts que l’Arc de<br />
l’Etoile, c’est vrai, mais bien jolis aussi.<br />
Ce n’est encore là que la moindre des choses. Vous savez, l’hiver, quand la Seine est débordée et<br />
remplit toute la plaine jusqu’au parc de M. de Lepine, lorsque la montagne de Meudon, celle de Sèvres, le Mont<br />
Valérien, sont couverts de neige, cela est bien beau à voir. Et si, au lieu d’une plaine de Grenelle, on en voyait<br />
deux ou trois remplies d’eau, si au-dessous de la neige, on voyait le Bois de Boulogne tout vert, des vignes<br />
chargées de raisin, cela serait encore bien plus beau. Ce ne serait pas encore ce que je vois de la maison <strong>du</strong> bon<br />
curé chez lequel je vous écris. Au lieu de deux plaines de Grenelle inondées, je vois 7 pièces d’eau, dont la plus<br />
petite a 4 lieues, la plus grande 20 lieues de tour. Je vois 50 lieues de montagne cent fois plus hautes que le<br />
Mont Valérien et toutes couvertes de neige, et au dessous une plaine grande 200 ou 300 fois comme celle de<br />
Grenelle, toute plantée d’arbres verts et chargés de fruits.<br />
Mais pour venir de Venise, où je vous écrivais il y a quinze jours, jusqu’à cette montagne-ci, j’ai fait<br />
bien <strong>du</strong> chemin. Surtout je suis passé deux jours dans une grande ville, appelée Milan, où j’ai logé deux jours<br />
avec des apprentis comme vous. Mais devinez un peu ce qu’ils faisaient, ces apprentis. Depuis deux jours ils<br />
priaient le bon Dieu et la S te Vierge, <strong>du</strong> matin au soir, sans dire une seule parole, si ce n’est à leur confesseur. Il<br />
y en a qui trouvent que l’on reste bien longtemps à l’église pendant la retraite de première Communion; ce n’est<br />
pas encore cela, comme vous voyez. M. le Curé a beau dire à M. Maignen: “mais j’ai peur qu’en courant dans le<br />
terrain, les enfants <strong>du</strong> patronage ne renversent le lait de la parole <strong>du</strong> bon Dieu, dont vous avez rempli le petit<br />
vase de leur cœur”; M. Maignen ne défend pas de parler, ni même de courir un peu. Eh bien, ces bons enfants de<br />
Milan se privent de bon cœur de parler. J’aurais voulu que vous les vissiez dans leur cour, se promener, le<br />
chapelet à la main, ou lisant quelque livre d’histoires, ou bien faisant une bonne prière à genoux devant la S te<br />
Vierge de la cour (je pense qu’il y a maintenant une Sainte Vierge dans le terrain de Grenelle, comme dans la<br />
cour de la rue <strong>du</strong> Regard). Et c’est pendant leurs vacances que ces bons apprentis de Milan s’enferment ainsi<br />
trois jours, se mettent ainsi trois jours le cadenas à la bouche, et cela, pour avoir le bonheur de faire une bonne<br />
confession et une bonne communion; il est vrai qu’il n’y a pas au monde plus grand bonheur que celui-là.<br />
N’allez pas croire cependant que les apprentis milanais ne savent pas jouer. Oh! ils s’en donnent le<br />
quatrième jour, et tous les dimanches, ils s’en donnent encore plus que vous. Cependant on peut passer dans la<br />
rue d’à côté sans avoir les oreilles fen<strong>du</strong>es, et puis aussitôt que la cloche donne le premier signal, tous sautent<br />
sur leurs habits et au second signal, chaque coopérateur, - c’est ainsi qu’on appelle les chefs de division -- a tout<br />
son monde bien rangé. Ils finissent par une prière qu’ils font plus longue que la nôtre, mais pas meilleure; je les<br />
en défie; car on ne fait nulle part la prière <strong>du</strong> soir mieux qu’à Grenelle. Je leur ai dit, à ces bons enfants, que<br />
leurs frères de Paris priaient pour eux tous les dimanches soirs et ils m’ont promis de prier, eux, de tout leur<br />
cœur, pour leurs frères de Paris. Ils m’ont promis aussi de prier pour que je revinsse bien vite vous voir; vous<br />
continuez toujours vos prières pour cela, n’est-ce pas? Je vous en remercie et vous embrasse.<br />
Suite et fin de la lettre d’Eugène:<br />
Votre père en N.S.<br />
H. <strong>Planchat</strong> prêtre<br />
Entrée en Suisse; ascension <strong>du</strong> St--Gothard - Petits Cantons, Schwyz, Uri, Unterwalden,<br />
Lac des 4 Cantons, chapelle de Guillaume Tell - Lucerne - Pèlerinage de N. D. de [?]- Schaffhausen<br />
(chute <strong>du</strong> Rhin) -- Fribourg - Bâle - Rentrée en France par St-Louis, Mulhouse, Colmar -- 4 jours à<br />
Strasbourg - Toul - un jour à St-Nicolas de Port, où le curé, M. Le Begne de Giromont nous offre une<br />
cordiale hospitalité...- Nancy - Metz - Bar-le-Duc - St--Dizier, où nous nous arrêtons 2 jours au Collège<br />
dont le Supérieur a été condisciple de l’abbé à Vaugirard -- Châlons-sur-Marne, hospitalité au Grand<br />
Séminaire des Lazaristes - N. D. de l’Epine...Nous retrouvons à Reims notre mère, chez son frère, M.<br />
36
Garanger de la Roche, où nous passons une dizaine de jours; mais cela ne peut retenir davantage<br />
l’abbé, qui avait soif de retrouver sa Communauté et ses œuvres. - ...<br />
Votre affectionné et dévoué,<br />
c -- Fin <strong>du</strong> temps de repos<br />
et reprise <strong>du</strong> ministère à Grenelle<br />
18 - à l’abbé Louis RISSE, aumônier des orphelins<br />
rue <strong>du</strong> Champé no 35, - Metz<br />
Eugène <strong>Planchat</strong><br />
Le Père <strong>Planchat</strong> est de retour à Grenelle, faubourg de Paris; tout de suite il fonde une Conférence de S.V. de<br />
Paul pour les jeunes.<br />
Conseils pour une éventuelle fondation. -- Louis Risse (1823 - 1885) fera ses premiers vœux chez les F.S.V. le<br />
27 décembre 1861. Abbés de Géblines et Stoufflet, clergé de Metz?<br />
Monsieur et bien cher confrère,<br />
Grenelle, 10 décembre 1852<br />
fête de N.D. de Lorette<br />
Je suis bien aise de n’avoir pas trouvé un instant jusqu’à aujourd’hui pour répondre à votre aimable<br />
lettre. Ce retard me permet de mettre à profit l’expérience d’une fondation encore même incomplète. Le jour de<br />
l’Immaculée Conception [fête dont le dogme sera proclamé en 1854], nous avons inauguré une petite conférence<br />
dans notre maison d’orphelins. Un mot sur l’origine et les progrès de la grande Société, un autre mot sur la<br />
naissance des petites conférences, <strong>du</strong>e au récit de la pièce de 30 sous donnée par saint Vincent [de Paul] à l’âge<br />
de douze ans, tel a été tout le discours d’ouverture.<br />
Sont venus ensuite se ranger près de moi au bureau un grand confrère, vice-président, un trésorier, un<br />
secrétaire, un gardien <strong>du</strong> vestiaire, pris parmi les enfants admis au nombre de 10 à faire partie de la petite<br />
association. Ils ont, séance tenante, fait preuve d’un zèle et d’une sagacité au-dessus de leur âge, trouvant le<br />
moyen d’amener des ressources dans la pauvre caisse fondée avec quelques petites souscriptions mensuelles; on<br />
fera, ont-ils dit, “une quête à la Chapelle le dimanche, après vêpres; qu’on nous abandonne les vieux os, les<br />
vieux papiers, les vieux souliers, nous achèterons avec des habits”. - Les réunions auront lieu le jeudi de chaque<br />
semaine pendant la récréation de midi; les visites se feront le mercredi au commencement de la promenade, sous<br />
la con<strong>du</strong>ite de Majors de notre petite communauté.<br />
Depuis, deux enfants m’ont accompagné dans une enquête et ont bravement pris leurs notes pour le<br />
support. On exigera d’eux une sorte de compte-ren<strong>du</strong>; après les communications sur les pauvres, chacun devra<br />
dire en toute simplicité s’il n’a pas, dans toute la semaine, fait un petit acte de charité en faveur des pauvres ou<br />
de ses camarades.<br />
La question est encore indécise sur le moyen de recruter la conférence; nous attendons quelques<br />
renseignements à fournir par les aînés des autres conférences, qui nous feront prochainement visite. Nous n’en<br />
fonctionnons pas moins, en attendant, avec 5 familles et 15 membres. Faites de même, et en réponse au récit de<br />
votre fondation, rédigé s’il se peut par votre jeune secrétaire, vous recevrez <strong>du</strong> nôtre de plus amples détails. Le<br />
Saint Enfant Jésus ne peut manquer de vous bénir. Priez pour nos enfants de Paris et de Grenelle; ils prieront<br />
pour ceux de Metz.<br />
Tout à vous dans les Sacrés Cœurs,<br />
H. <strong>Planchat</strong> prêtre<br />
p.s.- Notre livre de lecture est le livre de M. l’Abbé Mullois, intitulé Charité aux enfants. Mes<br />
respects dans l’occasion à MM. de Géblines et Stoufflet.<br />
Profession religieuse : avril 1853<br />
VII -- L’APOTRE DES FAMILLES<br />
(La réhabilitation des mariages)<br />
37
19 - à la Société St Régis<br />
La Société charitable de St. Régis de Paris avait été créée pour “le mariage civil et religieux des pauvres et la<br />
légitimation des enfatns”.<br />
La Sainte-Famille est une association créée par Monsieur Jean-Léon Le Prevost pour les ouvriers et les pauvres:<br />
fête, formation et prière - fondée à la paroisse St-Sulpice, elle s’est répan<strong>du</strong>e dans les différentes Œuvres S.V.<br />
Monsieur et bien cher Confrère,<br />
Grenelle, 26 novembre 1853<br />
Je recommande à toute votre charitable activité les démarches à faire pour régulariser la position des<br />
futurs époux DUPRE (Eugène-Hippolyte) et Marie JACQUET, membres de notre Sainte-Famille.<br />
20 - à un Curé<br />
Tout à vous en N.S.. et en S. Vincent...<br />
Service pastoral dans une paroisse proche: disponibilité et sens de responsabilité.<br />
Monsieur le Curé,<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
29 juin 1854<br />
Notre communauté pourra, selon votre désir, donner les 3 et 4 juillet la messe de 6 heures, et pendant<br />
l’absence de M. Rivier, la messe de 7 heures en semaine, celle de 8 heures le dimanche. Comme cette dernière<br />
dérange nos exercices, il nous serait bien difficile de la donner plus de deux ou trois dimanches.<br />
Agréez, Monsieur le Curé, l’hommage de mon profond respect et l’expression de notre vive<br />
reconnaissance pour toutes vos bontés.<br />
21 - à un Confrère de S. Vincent-de-Paul<br />
Votre très humble serviteur et tout dévoué confrère,<br />
M. de RAINCOURT fut à la tête de la Conférence St Vincent-de-Paul de Grenelle.<br />
recherche d’extraits de baptême des enfants d’un déserteur à Londres.<br />
Monsieur et cher Confrère en S. Vincent,<br />
l’Abbé <strong>Planchat</strong>,<br />
des Frères de S. Vincent-de-Paul<br />
Vaugirard, 19 février 1855<br />
Monsieur de Raincourt m’a écrit que je fisse passer au Conseil Général les noms des enfants d’une de<br />
nos familles de Grenelle dont les extraits de baptême lui sont nécessaires.<br />
Voici ces noms:<br />
<strong>Henri</strong> et Marie, baptisés dans Warwick Chapel, Warwick Street, Regent Street, le 1 er en 1848, le<br />
2 ème en 1849;<br />
Eugène et Nathalie, baptisés dans la chapelle de Sutton Street, Soho Square le 1 er en 1845, le 2 ème en<br />
1844, (Londres).<br />
38
Tous nés de Pierre HONDU (Meunier) cet homme ayant pris un faux nom, comme déserteur de la<br />
chouannerie de 1832) et d’Elise FERRY.<br />
Soyez l’interprète de ma gratitude pour les cent almanachs qui m’ont été envoyés et comptez que je<br />
viendrai prochainement régler mes comptes.<br />
22 - au Président Général des Conférences<br />
Tout à vous en saint Vincent,<br />
La famille Hon<strong>du</strong> ne peut payer les frais des extraits; qui pourrait les obtenir gratuitement?<br />
l’Abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Vaugirard, 22 février 1855<br />
Une de nos familles de Grenelle a besoin des extraits de baptême de plusieurs de ses enfants, nés à<br />
Londres; mais elle est hors d’état de supporter la dépense de ces actes, qui est assez forte.<br />
Celles des conférences de Londres qui se rattachent aux chapelles où les enfants ont été baptisés, ou<br />
quelques membres de la conférence avec lequel vous seriez en rapport, ne pourraient-ils pas nous faciliter<br />
l’obtention gratuite de ces actes?<br />
Agréez, Monsieur le Président Général, la respectueuse assurance de mon fraternel dévouement.<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
23 - à la Société St Régis<br />
Monsieur et cher confrère,<br />
Grenelle, 11 avril 1855<br />
Je vous prie de vouloir bien donner aux futurs, porteurs de ce billet, tous les renseignements qu’ils<br />
vous demanderont relativement à l’expédition de leurs papiers, que la mère <strong>du</strong> futur consent à leur envoyer,<br />
mais à grand-peine, parce qu’elle est vieille et doit se transporter à une assez grande distance.<br />
Tout à vous en St Vincent de Paul...<br />
24 - à M. Decaux<br />
l’Abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
M. Decaux, Paul, est un membre important de la Société de S. V. de Paul. -- Mme <strong>Planchat</strong> demeure sur la rue<br />
de Vaugirard, au no 61.<br />
Mon bon Monsieur Decaux,<br />
Vaugirard, 11 septembre 1855<br />
Je vous serais bien reconnaissant si vous aviez la charité de venir dimanche prochain à 8 heures 1/4<br />
très précises <strong>du</strong> soir nous raconter une de vos charmantes histoires à la Ste Famille de Grenelle. Nous comptions<br />
bien sur vous le jour de la distribution des prix <strong>du</strong> patronage. Ce petit dédommagement diminuerait le chagrin<br />
que nous éprouvons encore de votre absence en cette occasion solennelle.<br />
Seriez-vous assez bon pour donner une réponse à ma bonne mère, qui vous portera ce billet, soit de<br />
vive voix, si elle a l’honneur de vous rencontrer, soit par un petit billet immédiatement envoyé chez elle, rue de<br />
Vaugirard, 61.<br />
Tout à vous en Saint Vincent ...<br />
l’Abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
39
25 - à M. Decaux<br />
Mon bon Monsieur Decaux,<br />
Vaugirard, 11 avril 1856<br />
La Ste-Famille de Grenelle serait tout heureuse de vous entendre le 20 courant à 8 heures précises <strong>du</strong><br />
soir. Vous me rendriez à moi-même un vrai service en m’accordant cette aimable visite.<br />
Tout à vous...<br />
l’Abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
P. S. -- Si, à mon bien grand regret, vous vous trouviez empêché, je vous serais obligé de m’avertir<br />
immédiatement.<br />
26 - à la Société St Régis<br />
PROFESSION PERPETUELLE : 19 avril 1856<br />
Grenelle, 11 octobre 1856<br />
Prière à MM. de S. Régis d’inscrire le mariage entre FERRAHY et GAILLOT, vivant ensemble<br />
depuis 16 ans, non par malice, mais par la fausse idée des difficultés pour avoir leurs papiers.<br />
Je viens d’écrire au curé <strong>du</strong> futur pour savoir si sa mère, seule existante à la date des dernières<br />
nouvelles, est encore en vie. Si elle est décédée, il vous l’écrira directement, comme il vous adressera aussi<br />
directement l’attestation de son consentement, si elle est encore de ce monde.<br />
Je ne m’explique pas plus que vous comment les certificats <strong>du</strong> futur mariage S[...] portés par moimême<br />
au percepteur, ne vous sont pas encore revenus; j’irai voir dès demain et le percepteur et le commissaire<br />
de police.<br />
Tout à vous...<br />
et le mariage GINORET: où en est-il? veuillez me l’écrire.<br />
27 - à la Société St Régis<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Grenelle, 2 novembre 1856<br />
Prière à MM. de S. Régis de vouloir bien pousser avec toute l’activité possible le futur mariage entre<br />
HECTOR et CADRETTE, sans attendre le consentement de la mère <strong>du</strong> futur, que je me charge d’avoir d’ici à<br />
très peu de jours.<br />
28- à la Société St Régis<br />
40<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre
voir lettre <strong>du</strong> 18 octobre 1859<br />
4 novembre 1856<br />
Prière à MM. de S. Régis de pousser avec toute l’activité possible le mariage MERLOT et<br />
DORIVALLE, dont j’ai longtemps désespéré.<br />
La lettre est écrite pour avoir le consentement <strong>du</strong> père de la future, consentement dont on est<br />
moralement assuré.<br />
Vous pourriez donc, et je vous en prie, remettre dès aujourd’hui les certificats aux futurs, leur<br />
recommandant, comme je l’ai fait, de les porter eux-mêmes aux diverses signatures.<br />
29 - à la Société St Régis<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Grenelle, 2 décembre 1856<br />
Prière à MM. de S. Régis de vouloir bien presser avec une diligence toute exceptionnelle la tra<strong>du</strong>ction<br />
et le visa des actes ci-joints.<br />
Les futurs ont le plus vif désir de régulariser leur position et ils ont été déjà bien retardés par un<br />
malenten<strong>du</strong> dont je fus la cause.<br />
Il leur est maintenant impossible d’ajouter à leurs dépenses.<br />
H.P.<br />
30 - à la Société St Régis<br />
Grenelle, 9 janvier 1857<br />
Prière à MM. de S. Régis de pousser avec toute la diligence possible le futur mariage entre BERGER<br />
et M. L. DURAND.<br />
Le futur a eu plusieurs fois le consentement de son père et lui écrira dimanche pour l’avoir par écrit.<br />
31 - au Grand Vicaire M. Darboy<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong><br />
Il s’agit <strong>du</strong> futur archevêque de Paris, Mgr Georges Darboy, qui sera fusillé sous la Commune, le 24 mai 1871<br />
Monsieur le Grand Vicaire,<br />
Grenelle, 13 février 1857<br />
Permettez-moi de vous rappeler la demande que je vous avais faite par la poste, il y a huit jours au<br />
moins, d’un binage pour les dimanches 15 et 22 février. Ce binage est absolument nécessaire pour la Messe de<br />
nos patronages.<br />
Je serais reconnaissant de vouloir bien remettre la réponse au porteur.<br />
J’ai l’honneur d’être, M. le Grand Vicaire, votre très humble serviteur,<br />
“FIAT UT PETITUR”,<br />
G. Darboy, vic. gén.<br />
32 - à la Société St Régis<br />
l’Abbé <strong>Planchat</strong> ptre<br />
chargé de l’Association ouvrière de la Ste-Famille<br />
41
Rappel d’une demande déjà faite le 11 octobre 1856: Ferrahy [ou Serrahy]<br />
Grenelle, 14 février 1857<br />
Prière à ces MM. de S. Régis d’activer un peu plus le futur mariage SERRAHY et GAILLOT.<br />
Ils me pardonneront de les fatiguer si souvent de mes envois et réclamations; mais s’ils touchaient <strong>du</strong><br />
doigt l’éten<strong>du</strong>e et la susceptibilité de la plaie que je découvre, et qu’eux travaillent ensuite à guérir, ils<br />
excuseraient mes importunités.<br />
Je leur rappelle le mariage CHATAUMONT.<br />
33 - à M. le curé d’Aire<br />
canton de Marchiennes (Nord)<br />
Grenelle sera annexée à Paris en 1860.<br />
Monsieur le Curé,<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Grenelle, 15 février 1857<br />
Seriez-vous assez bon pour mander le nommé FOURNIER, votre paroissien, charretier de son état,<br />
pour lui demander s’il veut consentir au mariage de son fils François, demeurant à Grenelle, près Paris, avec<br />
Geneviève BENOÎT, avec laquelle il vit malheureusement depuis trois ans.<br />
Vous auriez la charité d’adresser franc de port à M. le Président de la Société S. Régis, rue <strong>du</strong> Gindre,<br />
no 3, à Paris, un billet attestant l’intention à vous exprimée de M. Fournier; une fois munis de ce papier, la<br />
Société fournira gratuitement aux futurs tous les papiers.<br />
Agréez, Monsieur le Curé, l’hommage de mon profond respect.<br />
Votre très humble...<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
34 - à la Société St Régis<br />
Grenelle, 19 mars 1857<br />
fête de saint Joseph<br />
Messieurs, Je vous prie de vouloir bien presser activement le futur mariage BOREDON et COLLOT.<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
35 - à la Société St Régis<br />
Grenelle, 21 ème jour<br />
<strong>du</strong> mois de saint Joseph<br />
Prière à MM. de S. Régis de presser le futur mariage DUBOIS et DUBOIS, passage Bourbon à<br />
Vaugirard, cousins germains.<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
36 - à la Société St Régis<br />
42
Voir la lettre précédente.<br />
Grenelle, 26 ème jour<br />
<strong>du</strong> mois de St Joseph<br />
Je supplie ces MM. de S. Régis de vouloir bien presser avec une diligence inusitée le mariage<br />
DUBOIS et DUBOIS et de demander la publication des bans aussitôt l’arrivée des pièces essentielles.<br />
Le futur désire vivement faire sa première Communion le plus tôt possible, et je ne serais pas fâché de<br />
mettre à profit la circonstance de notre retraite de la SteFamille, laquelle se clôt le dimanche <strong>du</strong> Bon Pasteur.<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
37 - à la Société St Régis<br />
Grenelle, 28 ème jour<br />
<strong>du</strong> mois de Saint Joseph<br />
Prière à MM. de S. Régis de pousser avec toute l’activité possible le futur mariage Jos. LHERAULT<br />
et Jeanne JENNEVE.<br />
La future est sûre <strong>du</strong> consentement de son père.<br />
J’écris pour en obtenir l’attestation.<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
38 - à M. Decaux<br />
Société de S.V. de Paul,<br />
16, rue de Tournon, Paris,<br />
Paul Decaux est alors Vice-Président général de la Société de S. V. de Paul. -- L’abbé Codant est le futur<br />
Vicaire Général <strong>du</strong> diocèse de Versailles.-- “La plus belle de nos fêtes: la retraite.”<br />
Monsieur et cher ami,<br />
Grenelle, le 6 avril 1857<br />
La plus belle de nos fêtes, la retraite, commencera le lundi 20 avril à 7 heures et demie très précises<br />
<strong>du</strong> soir, et se continuera tous les soirs à la même heure, jusqu’au 26 avril inclusivement. Elle sera prêchée par un<br />
véritable ami des ouvriers, l’Abbé Codant, qui vient, pendant tout le Carême, d’attirer en foule au pied de la<br />
chaire les ouvriers de la ville de Rouen.<br />
C’est donc pour vous une excellente occasion de nous revoir, et même d’amener à nos petites<br />
réunions tous ceux qui pourraient en tirer quelque profit.<br />
Confiant dans votre zèle, je vous envoye quelques lettres pour les bons ouvriers de votre<br />
connaissance.<br />
Votre ami dévoué...<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
aumônier de la Ste-Famille<br />
39 - à la Société St Régis<br />
Voir la lettre <strong>du</strong> 26 novembre 1853 à ce projet de mariage -- La Grande Maison: orphelinat?<br />
Messieurs,<br />
Grenelle, 16 avril 1857<br />
43
Les futurs DUPRE et JACQUET, après les publications faites, se sont vus repoussés par la Mairie,<br />
sous prétexte qu’un consentement de famille était nécessaire pour la future, enfant de la Grande Maison. Ces<br />
tardives exigences les ont découragés.<br />
Ils veulent aujourd’hui reprendre à tout prix leur réhabilitation.<br />
40 - à M. Decaux<br />
Mon bon Monsieur Decaux,<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Vaugirard, 17 avril 1857<br />
vendredi de Pâques<br />
Vous me promettiez naguère de visiter prochainement la Ste-Famille de Grenelle; si vous pouviez,<br />
sans préjudice de la visite officielle, lui accorder un petit coup d’oeil sur sa retraite, venir un de ces soirs chanter<br />
et prier avec nous ?<br />
Nous en serions tous bien heureux. N.D. de Grâce, à laquelle vous vous êtes voué, vous sourirait et<br />
vous rendrait le sacrifice de votre temps toujours si précieux.<br />
Tout à vous en S. Vincent,<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Faites prier, s’il vous plaît, mardi, au Conseil de Paris pour les retraites de la Ste -Famille de Grenelle,<br />
de S. François Xavier, de Vaugirard, de la prison <strong>du</strong> Fort de Vanves et de notre petite communauté; cette<br />
dernière commence le 26 à 9.30 hres <strong>du</strong> soir.<br />
Transmettre S.V.P. idem à la Conférence de Stanislas [N.D. de Nazareth] etc...etc...<br />
41 - à la Société St Régis<br />
Grenelle, 22 avril 1857<br />
Prière à MM. de S. Régis de vouloir bien pousser avec toute l’activité possible le futur mariage<br />
VILLEDIEU et QUARRE.<br />
42 - à la Société St Régis<br />
rue <strong>du</strong> Gindre, 6 - Paris<br />
Je prie ces M.M. de S. Régis d'adopter et d'activer le mariage de...<br />
[texte qui nous est parvenu inachevé]<br />
43- à la Société St Régis<br />
pas de cohabitation “criminelle”<br />
44<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Grenelle, le 16 mai 1857<br />
[l'abbé <strong>Planchat</strong> prêtre]<br />
Grenelle, 14 juin 1857
Prière à MM. de S. Régis de presser avec toute la diligence possible le futur mariage MALAISSE et<br />
LAPIRRO.<br />
Les futurs sont chacun chez soi et désirent éviter jusqu’à la fin une cohabitation criminelle. Le retard<br />
serait pour eux une grande tentation, vu leur état de gêne.<br />
44 - à la Société St Régis<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Grenelle, le 27 juin 1857<br />
Prière à MM. de S. Régis de presser le futur mariage MAINE et HEN. Ces futurs sont d’une con<strong>du</strong>ite<br />
exemplaire, mais leur position est des plus difficiles, celle <strong>du</strong> pauvre veuf surtout.<br />
Je vous supplie donc d’aller rondement.<br />
45 - à la Société St Régis<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Grenelle, 13 juillet 1857<br />
Prière à MM. de S. Régis de presser le plus possible le futur mariage Eugène DUMESNIL et Aimée<br />
MALAR.<br />
46 - à la Société St Régis<br />
Voir billet <strong>du</strong> 27 juin 1857; bel exemple de générosité en attendant le mariage.<br />
Monsieur le Président,<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Grenelle, le 15 août 1857<br />
fête de l’Assomption.<br />
Permettez-moi de réclamer un tour exceptionnel et de faveur pour le futur mariage MAINE et<br />
Marguerite HEN, que je vous ai adressé le 1 er juin [ou le 27 juin?].<br />
Les jours sont des siècles pour un pauvre homme obligé de laisser à l’abandon une enfant épileptique.<br />
Ces futurs sont de cette rare espèce qui supportent tous les inconvénients de dépenses et autres, plutôt que de se<br />
décider à une cohabitation prématurée. C’est le sentiment chrétien qui les domine, et j’ai sur leur compte les<br />
renseignements extérieurs et les données personnelles les plus favorables. Ils réunissent donc des titres bien<br />
rares à votre bienveillance exceptionnelle. Je vous en conjure, activez leur affaire.<br />
Si quelques démarches directes de ma part pouvaient leur être utiles; veuillez aussi leur dire<br />
franchement combien de temps au moins ils ont encore à attendre.<br />
Tout à vous,<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Ces braves gens comptent retourner dans leur pays aussitôt le mariage fait, et ap ...[ici des mots<br />
manquent] à eux le vieux père de la future.<br />
45
47 - à la Société St Régis<br />
Voir lettre <strong>du</strong> 14 juin 1857<br />
Grenelle, fête de saint Louis [25 août], 1857<br />
Prière instante à MM. de S. Régis de pousser plus activement le mariage MALAISSE et LAPIRRO.<br />
Je ne m’explique pas, par exemple, comment on n’a pas encore le consentement des parents <strong>du</strong> futur,<br />
quoiqu’ils soient très certainement disposés à le donner.<br />
48 - à la Société St Régis<br />
Une formalité non nécessaire -- voici deux témoins.<br />
Monsieur et cher confrère en S. Vincent,<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong><br />
Grenelle, 27 septembre 1857<br />
Un couple que vous avez eu la bonté d’accueillir, le couple FOURNIER et BELOIN, se décourage<br />
d’une formalité que vous exigez et que, bien sûr, il ne comprend pas.<br />
Ils disent que vous demandez deux témoins attestant que la future a été mariée.<br />
Mais le certificat délivré à la Villette ne constate-t-il pas ce mariage, célébré à cette commune le 24<br />
avril 1826?<br />
Je n’y conçois rien en vérité; <strong>du</strong> reste, s’il le faut, voici deux noms de personnes qui vous certifieront<br />
ce mariage, si vous y tenez absolument: M. Aubin, Marchand de Vins, rue Virginie, à Grenelle, et M. Lamotte,<br />
demeurant chez M. Aubin.<br />
Votre très humble serviteur,<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong><br />
49 - à sa mère<br />
à Blidah<br />
Maria a maintenant 16 ans -- La maman part pour l’Afrique - Maria est restée à Provins.<br />
Arzeu: ville d’Algérie, à 32 km au N.E. d’Oran, où se trouve Eugène. - l’étude des langues espagnole et arabe. -<br />
- une punition militaire méritée?<br />
Duclair en Normandie; chez la sœur de M. Le Prevost.<br />
Chère et bonne mère,<br />
Vaugirard, 30 septembre 1857<br />
Une lettre de Maria, que je reçois aujourd’hui, me tire de l’inquiétude où commençait à me mettre<br />
votre long silence, après un si brusque départ. Cependant j’y vois que vous avez été souffrante quatre ou cinq<br />
jours, et que vous êtes accablée d’ennuyeuses et fatigantes affaires. Puisse votre bon Ange vous protéger de ses<br />
ailes contre les ardeurs <strong>du</strong> climat, plus sensibles peut-être à un étranger, quand elles se combinent avec le<br />
mouvement de la saison d’automne. Puisse-t-il encore, en vous communiquant ses lumières, vous rendre moins<br />
pénible le travail que vous impose votre dévouement vraiment maternel!<br />
Oh! que j’ai pensé à vous tous ces jours-ci au St Autel! que j’y vais penser surtout vendredi, fête des<br />
SS. Anges gardiens. Il est bien consolant de se trouver, à si grande distance que ce soit, en relation, par<br />
l’intermédiaire de ces bienheureux esprits, avec ceux que l’on aime. Nous sommes en ce moment dispersés aux<br />
quatre coins <strong>du</strong> monde. Mais nos anges sont unis par leur adoration devant le trône de Dieu, par de communs<br />
hommages à leur Reine, notre Mère. Ils s’entretiennent de nos besoins; ils se parlent de nos mutuelles prières; ils<br />
les portent ensemble dans le sein de Dieu et de Marie.<br />
46
J’ai pensé plusieurs fois qu’il devait vous être pénible de laisser ignorer à Eugène votre séjour si près<br />
de lui. Quand je pense à cette angoisse de votre cœur maternel, je me trouve si indécis sur ce que je ferais à<br />
votre place, que je ne trouve autre chose à faire que de décharger pour vous cette perplexité dans le Cœur de Jésus,<br />
et de lui dire, à ce Cœur si affligé, parce qu’il est si tendre: “Inspirez à ma bonne Mère ce qui est le mieux<br />
pour Eugène et pour elle”.<br />
Ce qui a ren<strong>du</strong> ces pensées plus vives dans mon esprit, c’est une lettre que je viens de recevoir<br />
d’Arzeu, en réponse à la mienne, datée de Duclair, pendant le petit voyage en compagnie de M. Le Prevost.<br />
Cette lettre est excellente. Eugène y montre, non seulement de très bonnes dispositions, mais une grande énergie<br />
à les soutenir. Il a, par sa patience, su rendre sans gravité, sans conséquence, une punition, la première de toutes,<br />
depuis son entrée à la compagnie, laquelle pourtant était le résultat d’une inadvertance inexplicable d’un chef<br />
subalterne; et c’est votre souvenir qui l’a ren<strong>du</strong> si fort contre lui-même. Si vous aviez un moyen de lui faire passer<br />
les livres essentiels pour l’étude de l’espagnol, je croirais la chose fort utile, parce qu’il ne peut s’absorber<br />
dans l’étude de l’arabe, et que dans l’absence de toute bibliothèque, l’étude est sa seule distraction. Il paraît<br />
désœuvré; ce qui explique son ennui; ce qui, de plus, n’est pas sans danger.<br />
Adieu, chère et bonne Mère, non seulement je me porte bien, mais je suis gras et frais; tout le monde<br />
m’en fait compliment.<br />
La famille Elambert est toute réunie à Provins; Maria me dit que tout le monde va bien.<br />
50 - à la Société St Régis<br />
Abus de bureaucratie? le couple a disparu de Grenelle.<br />
Votre fils respectueux, qui vous embrasse de cœur...<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Grenelle, 17 octobre,1857<br />
17 ème jour <strong>du</strong> mois des SS. Anges<br />
Prière à MM. de S. Régis de vouloir bien pousser avec toute la diligence possible le futur mariage de<br />
Pierre OSPITAL et Antoinelle SIGOBERT.<br />
Le futur seul a ses parents, qui connaissent la future et dont le consentement est assuré d’avance. Je<br />
viens d’écrire pour le demander.<br />
51 - à la Société S. Régis<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Grenelle, 29 ème jour des SS. Anges, année 1856 ou 1857<br />
Prière à MM. de S. Régis de vouloir bien presser le futur mariage COUGNET et BOUQUET. J’écris<br />
aux parents <strong>du</strong> futur pour le consentement dont on est moralement sûr.<br />
SUQUET et DUCOURRAY, mariés civilement par abus des papiers de la Société, ont disparu de<br />
Grenelle, sans que j’aie pu découvrir leur trace.<br />
52 - à sa mère<br />
à Alger<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Le Père est revenu de son voyage en Normandie. -- Un ministère spécial pour la Toussaint explique le retard à<br />
écrire; -- “les grands jours que nous traversons”: la Toussaint et le mois des défunts?<br />
Eugène est encore en Afrique, où il subit les conséquences de sa punition; -- Maria est à Provins.<br />
Mme <strong>Planchat</strong> possède une maison à BLIDAH (à 48 km d’Alger); elle essaie de vendre ses propriétés. -- Le<br />
Père <strong>Henri</strong> a des soucis financiers pour ses oeuvres.<br />
Vaugirard, 6 novembre 1857<br />
47
Chère et bonne Mère,<br />
vendredi dans l’octave de la Toussaint,<br />
Je vous donne en conscience le premier moment que j’ai de libre depuis la Toussaint. Il m’avait fallu<br />
négliger mes malades et mes infirmes pour confesser la veille et le jour de Toussaint, puis encore le jour des<br />
Morts. Il a fallu que ces pauvres reclus eussent leur tour.<br />
J’ai eu <strong>du</strong> travail, non pas certes en proportion des besoins dans une population de 16,000 âmes, où il<br />
n’y a pour le moment que deux prêtres en pleine activité et santé comme clergé paroissial, mais enfin plus que<br />
les autres années en pareille circonstance, et cependant je suis moins fatigué, je ne le suis pas sérieusement le<br />
moins <strong>du</strong> monde. Je conserve toute la bonne mine que j’ai rapportée de Normandie. Quelque pressé que je soye<br />
par les besoins pécuniaires de la Ste-Famille, chaque jour plus nombreuse, plus dévorante aussi, et par ceux de<br />
N.D. de Grâce, qui réclamerait ses 12,000 francs, comme l’année dernière, enfin par l’épuisement de ma petite<br />
bourse, si nécessaire pour les premiers secours d’urgence et pour les petits cadeaux de circonstance, qui vous<br />
attachent les gens; quelque absorbantes donc que soient, pour le quart d’heure, les préoccupations financières,<br />
j’irai la semaine prochaine voir mes tantes.<br />
Je viens donc de recevoir une lettre d’Eugène et une autre de Maria. Dites à Eugène, si vous lui<br />
écrivez de suite, qu’il aura, comme il le demande, sa réponse dans la deuxième quinzaine de novembre. Quant à<br />
Maria, elle paraît se trouver fort bien à Provins. il ne lui manque que sa bonne mère. Pour ma part, je ne suis pas<br />
fâché que vous ayez oublié en France cette chère enfant; cela vous fera revenir vite, bon gré mal gré. Et quoique<br />
vous disiez des délices de la température actuelle en Algérie, vous n’êtes point en mesure, pour la force et la<br />
santé, de rester tout un hiver dans les tracas de ce pays. Réglez donc, chère et bonne Mère, le plus urgent, et puis<br />
revenez-nous bien vite, <strong>du</strong>ssent les intérêts en pâtir un peu. Vous avez déjà trop souffert, quoique vous affirmiez<br />
modérer vos soucis et vous soigner en conscience. Après tout, mieux vaudrait cent fois vendre, même à perte,<br />
que de vous condamner à l’exil, et nous, à la <strong>du</strong>re séparation de celle que nous aimons uniquement en ce monde.<br />
Je crois que vous suivez à l’égard d’Eugène juste la marche qu’il faut suivre, c’est-à-dire lui faire<br />
comprendre que la raison et les dispositions de la Providence de la famille, nullement un excès de sévérité, nous<br />
obligent à le laisser achever son épreuve, puis lui procurer les adoucissements raisonnables que nous pouvons<br />
apporter à sa position. Je lui ai déjà recommandé son arabe; mais il se plaint, je crois, de n’avoir pas les livres<br />
nécessaires. Vous feriez bien de les lui procurer.<br />
Je vous avouerai que j’ai assez mal fait la commission relative aux lettres de Brousse [de Virginie, en<br />
Turquie], mais surtout parce que j’attendais de jour en jour votre retour. Dès demain j’avertirai aux Lazaristes.<br />
Vous pensez bien que toute la famille, et vous en particulier, êtes présents au S. Autel, pendant ces<br />
grands jours que nous traversons. Je n’oublierai pas non plus la famille Meyer et toute la paroisse de Blidah.<br />
Votre fils respectueux ...<br />
53 - à sa sœur Maria<br />
chez Maître Garanger, notaire honoraire<br />
rue des Faisceaux, Provins (Seine-et-Marne)<br />
Mon ministère -- la famille.<br />
Chère et bonne Maria,<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Vaugirard, 6 novembre 1857<br />
(vendredi dans l’octave de la Toussaint)<br />
Tu as eu bien raison de penser que l’excès de travail m’empêchait seul de répondre plus tôt à tes<br />
aimables lettres. Nous avons eu à Grenelle (sans compter Vaugirard, qui nous incombe aussi un peu) dans les<br />
deux jours de la Toussaint et des Morts 1000 et 1100 communions; or j’avais, comme devenant un peu ancien<br />
dans le pays, des confessions plus que ma part. Il fallait préparer tout cela un peu d’avance. Puis nous sommes<br />
au moment où poitrinaires et vieillards défilent; il faut donc être toujours aux aguets. Je viens de recevoir par le<br />
même courrier que toi une lettre de notre bonne mère, dont le contenu est nécessairement l’équivalent de ta<br />
lettre.<br />
48
Adieu, ma chère sœur; je voulais t’écrire plus longuement, mais la cloche sonne. Je me porte toujours<br />
à ravir. J’ai eu d’Eugène des nouvelles récentes, qui sont bonnes. Tu sais sans doute mieux que moi comment<br />
vont nos tantes et Natalie, car il y a longtemps que je ne les ai pas vues.<br />
Présente mon respect et mon souvenir le plus affectueux à Claire et à son mari [Alfred Molleveaux].<br />
Embrasse bien pour moi le cher petit.<br />
Je t’embrasse moi-même de cœur,<br />
ton frère qui t’aime tendrement, ...<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Je pense que le séjour de Provins ne t’a rien fait changer à tes habitudes chrétiennes.<br />
Si tu n’avais déjà fait choix d’un confesseur pour ton séjour, je t’en indiquerais un, que je puis à bon<br />
escient te dire excellent, puisque j’en ai usé: Monsieur LALONGE, curé de St-Griace. C’est l’intime ami de la<br />
famille St-Ange.<br />
Tu as vu sans doute cette vénérable famille. Fais-y une visite exprès pour me rappeler à son souvenir<br />
et l’assurer que je pense à elle devant Dieu.<br />
54 - à la Société St Régis<br />
Le dossier Maine et Hen a déjà été traité les 27 juin et 15 août.<br />
Monsieur et cher Confrère en S. Vincent de Paul<br />
Grenelle, le 15 novembre 1857<br />
dédicace des églises<br />
Permettez-moi de réclamer de vous, avec les plus vives instances, la recherche immédiate d’une pièce<br />
qui, d’après une lettre reçue de Besançon, et que j’ai entre les mains, doit être au dossier de MAINE et HEN.<br />
C’est le consentement que la mère de Maine a très positivement donné par-devant le notaire Brugnon, de<br />
Besançon et signé en <strong>du</strong>e forme le 9 octobre.<br />
Si, par impossible, ce notaire, ami des Maine, s’était oublié, veuillez me le dire. Ce retard va faire<br />
perdre à M. Maine une excellente place qui l’attend à Bordeaux.<br />
Toutes les publications sont faites.<br />
Tout à vous...<br />
55 - à M. Dublaix<br />
marchand de Vins en gros,<br />
trésorier de l’Œuvre des Stes Familles, rue <strong>du</strong> Bac, 92, Paris<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Qui pourrait faire le catéchisme de première Communion à un jeune malade?<br />
demandes d’aide à présenter à la réunion de demain.<br />
L’abbé Le Rebours participera aux funérailles <strong>du</strong> père <strong>Planchat</strong>; il insistera pour une sépulture dans le<br />
Sanctuaire N.D. de la Salette.<br />
Exemple <strong>du</strong> style parlé: “une dette de quatre, cinq cents francs...”<br />
Grenelle, le 11 décembre 1857<br />
4 ème jour de l’octave<br />
de l’Immaculée Conception de la T.S. Vierge<br />
49
Monsieur et cher Confrère en S. Vincent,<br />
Parmi les membres si nombreux et si zélés des Conférences avec lesquels vous a mis en rapport votre<br />
actif dévouement, ne pourriez-vous pas en trouver un qui visitât, pour l’instruire, le jeune Angeli, malade à<br />
l’hospice Necker, salle S. Pierre (la Sœur dira le numéro) Ce pauvre jeune homme n’aura pas de sa vie une autre<br />
occasion de faire sa première Communion.<br />
Le bon Confrère qui fera cette grande œuvre de charité répondra au vif désir de M. l’Aumônier, de la<br />
bonne Sœur et de votre serviteur, qui regrette vivement, absorbé comme il est par sa Ste-Famille, de ne pouvoir<br />
faire lui-même le catéchisme.<br />
Je ne parle pas des bénédictions que réservent à ce bon confrère les Cœurs Immaculés de Jésus et de<br />
Marie.<br />
Tout à vous...<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
N.B. Puisque vous aurez demain réunion pour le Conseil des Stes - Familles, dûment excusé par M.<br />
Decaux, qui sait que je confesse à l’heure fixée, je vous prie de vouloir bien présenter, en faveur de la Ste-<br />
Famille de Grenelle, les observations suivantes:<br />
1° Je désire une généreuse allocation d’almanachs. J’ai fondé l’année dernière une fête des étrennes,<br />
où chacun des 700 assistants reçoit un almanach. Or, je suis en ce moment avec 100 et quelques francs en caisse,<br />
fruit de plusieurs jours de laborieuse quête, en présence d’une dette de quatre, cinq cents francs pour le pharmacien<br />
seul, et d’un vestiaire vide, malgré mon invariable usage d’envoyer à chaque nouveau-né de mes 600<br />
familles au moins une petite portion de layettes.<br />
2° Je demanderais donc un peu d’argent au moins, s’il n’en reste plus dans la caisse.<br />
3° Je serais vivement reconnaissant aussi si l’on m’indiquait quelques dames charitables, à qui je<br />
puisse demander des layettes; j’ai en moyenne trois ou quatre nouveau-nés par mois.<br />
4° Nous avons eu cinq à six cents communions dans la Ste-Famille, <strong>du</strong> 1 er au 8 novembre. Le chiffre<br />
des mariages est en moyenne de 2 par semaine.<br />
5° Nous avons eu distribution générale d’images pour l’Immaculée Conception, présidée par M.<br />
l’Abbé Le Rebours, Grand Vicaire de Son Éminence. Nous aurons pour Noël distribution générale de<br />
médaillons en plâtre à 9 c. pièce, représentant la Sainte Famille ou la Nativité.<br />
Ces dépenses sont des fondations particulières de personnes charitables. Je recommande aux prières<br />
plusieurs communions d’hommes pour Noël.<br />
56 - à M. Chollet<br />
Secrétariat Général de la Société S. Vincent de Paul<br />
rue de Furstenberg, 6<br />
Baudon: Président Général de la Société S. V. de P. -- Rita De Angeli: y a-t-il un lien avec Angeli de la lettre<br />
antérieure?<br />
Un acte de baptême de l’Espagne dans une forme telle qu’il pourrait plus tard servir pour le mariage.<br />
Grenelle, 12 décembre 1857<br />
5 ème jour dans l’octave<br />
de l’Immaculée Conception de la T. Ste Vierge<br />
Monsieur et cher Confrère en S. Vincent,<br />
S’il existe une Conférence de S. Vincent-de-Paul à Valence, en Espagne -- et s’il n’en existe point,<br />
par le Conseil de Madrid -- ne pourrait-on pas me procurer l’acte suivant dont j’ai besoin pour la première<br />
communion d’un enfant de Grenelle, appartenant à une mère extrêmement gênée.<br />
C’est l’acte de Baptême de Joséphine Rita De Angeli, née à Valence le 23 octobre 1846 et baptisée<br />
deux ou trois jours après, à la paroisse S. Martin.<br />
Veuillez faire pour moi cette demande à M. Baudon.<br />
50<br />
Tout à vous en s. Vincent<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Il serait bon que l’on obtînt cet acte en la forme voulue pour qu’il pût servir, au besoin, au mariage.
57 - à sa mère<br />
à Alger<br />
Maman est encore en Afrique; -- je vais à merveille; M. Le Prevost veille à notre repos; -- action de grâce pour<br />
l’année qui achève; -- mes besoins matériels.<br />
Chère et bonne Mère,<br />
Grenelle, le 31 décembre 1857<br />
7 ème jour de l’octave de Noël<br />
En attendant que je trouve un peu de loisir pour causer d’abandon avec vous, je veux au moins vous<br />
souhaiter la bonne année au jour où je le ferais, si vous étiez à Paris.<br />
C’est bien pour moi une peine de cœur de ne pouvoir cette fois vous embrasser, surtout vous sachant<br />
accablée d’ennuyeuses affaires. Je puis dire au moins que cette absence m’a fait me souvenir plus<br />
particulièrement de vous au S. Autel. Après tout, c’est là seulement que les vœux sont efficaces. A notre Bon<br />
Maître seul, il appartient de rendre heureux les jours qu’il nous a comptés; de lui seul découlent toutes les<br />
bénédictions, celle <strong>du</strong> temps, comme celles plus précieuses et seules à désirer de l’éternité.<br />
J’ai pour moi bien des actions de grâce à lui rendre en repassant dans mon esprit les jours de cette<br />
année qui s’achève. Jamais je ne me suis mieux porté, ni senti plus fort, à la suite même de notables fatigues,<br />
comme celles des fêtes de Noël. Il est vrai que notre bon Supérieur [M. Le Prevost] est toujours là, soigneux de<br />
mettre le repos après le travail.<br />
Même remerciement à Dieu et à Marie pour mon petit ministère. Sans doute il serait bien plus éten<strong>du</strong><br />
et bien moins stérile, si mes misères ne venaient pas à chaque instant arrêter et gâter l’œuvre de Dieu. Mais<br />
enfin, malgré tout, la divine semence fructifie.<br />
Priez pour que mes maladresses et gaspillages de temps nuisent moins aux pauvres âmes.<br />
Priez aussi pour que je trouve les ressources matérielles, plus que jamais nécessaires à la fondation<br />
bien lourde de N.D. de Grâce (le 27 janvier, notre Sermon de charité à S. Roch par le P. Lefebvre) et à ma<br />
pauvre Ste-Famille qui doit, à cette heure, plus de 600 francs au pharmacien, sans parler des dépenses courantes.<br />
J’ai ouvert, chez M. Daniel, à votre intention, un compte qui doit se monter à une vingtaine de francs. Comme il<br />
commence à vieillir, je serais bien aise que vous ne tardiez pas à le solder. J’aurais bien besoin, pour une foule<br />
de choses, <strong>du</strong> reste de mes étrennes.<br />
Je n’ai pu encore voir Maria, depuis son retour; mes tantes se portent bien et aussi Natalie.<br />
Je vous embrasse de cœur.<br />
Votre fils...<br />
58 - à la Société St Régis<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Grenelle, 28 janvier 1858<br />
fête des épousailles de la Ste Vierge<br />
Prière à MM. de S. Régis d’admettre et de presser avec grande diligence, car il traîne depuis le mois<br />
d’octobre, le futur mariage MENARD et GAUTHIER...<br />
59 - à M. Grand<br />
rue St-Louis, 61, Grenelle<br />
La rue de Grenelle s’appelle aujourd’hui rue de Lourmel.<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
51
Monsieur Grand,<br />
Grenelle, le 20...1858<br />
Mon bon ami, vous me feriez plaisir si vous veniez me voir, rue de Grenelle, 29. J’aurais besoin de<br />
vous parler jeudi ou samedi, de 7.00 à 9.00 hres <strong>du</strong> soir.<br />
60- à la Société St Régis<br />
Votre tout dévoué ami...<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Depuis le 14 juin et le 25 août 1857 deuxième rappel. -- Voici maintenant des conséquences fâcheuses!<br />
MM. de S. Régis,<br />
Grenelle, 2 février 1858<br />
fête de la Chandeleur<br />
Je supplie M. le Président de donner des ordres pour hâter l’expédition <strong>du</strong> mariage Jean MALAISSE<br />
et Julie LAPIRRO.<br />
Je ne puis m’expliquer comment depuis le 15 juin 1857, tout n’est pas terminé.<br />
Je désire positivement savoir à quoi tient un pareil retard, qui aboutit enfin à une déplorable<br />
cohabitation.<br />
61- à la Société St Régis<br />
Mariage Malaissé et Lapirro: voir 14 juin et 25 août 1857 et 2 février 1858.<br />
M. le Président de la Société<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Grenelle, 22 février 1858<br />
Chaire de S. Pierre<br />
Je vous adresse Mlle Julie LAPIRRO, future <strong>du</strong> nommé Jean MALAISSE, qui vient vous expliquer sa<br />
désolation de voir son mariage retardé indéfiniment par un fâcheux malenten<strong>du</strong>.<br />
On m’a écrit des bureaux de S. Régis qu’en décembre le Juge de Paix avait répon<strong>du</strong> aux demandes de<br />
la Société: “Malaissé ne veut plus se marier” et que là-dessus tout avait été arrêté.<br />
MALAISSE m’assure que ses parents, s’ils ont ainsi parlé, ont parlé de leur chef et contre sa pensée.<br />
Il en donne pour preuve le consentement authentique dressé sous ses yeux au pays et, affirme-t-il,<br />
immédiatement adressé à la Société.<br />
Quoi qu’il en soit des dispositions postérieures des parents, une simple déclaration verbale ne peut<br />
infirmer cette déclaration authentique et rien, ce me semble, ne peut empêcher l’affaire de marcher.<br />
Déjà les retards ont eu ce triste résultat de mettre en concubinage une jeune fille jusque-là honnête et<br />
chrétienne. Je supplie que l’on rachète par une grande activité ces funestes délais.<br />
Tout à vous...<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
52
62- à la Société St Régis<br />
Grenelle, 1 er avril 1858<br />
Jeudi-Saint<br />
Prière à MM. de S. Régis de vouloir bien accueillir avec une bienveillance particulière les futurs<br />
CONTE et DORE, que je poursuis depuis deux ans, et qui consentent enfin à sortir d’un long concubinage...<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
63 - à la Société St Régis<br />
Grenelle, 4 mai 1858<br />
4 ème jour <strong>du</strong> mois de Marie<br />
Prière à MM. de S. Régis de vouloir bien inscrire et presser le futur mariage RENARDET, Pierre et<br />
Philiberte CHARLES...<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
64 - à la Société St Régis<br />
Cf. le 28 janvier 1858.<br />
Grenelle, 15 mai 1858<br />
15 ème jour <strong>du</strong> mois de Marie<br />
Monsieur, je vous serais reconnaissant de vouloir me dire où en est le mariage J.B. Pierre MENARD<br />
et Marie Octavie GAUTHIER.<br />
S’il était possible de l’activer!<br />
Tout à vous...<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
65 - à la Société St Régis<br />
à MM. de S. Régis:<br />
Grenelle, 29 ème jour <strong>du</strong> mois de Marie 1858<br />
Je suis passé à la Mairie de Grenelle et j’ai constaté l’absence de deux pièces essentielles dans le<br />
dossier Augustin DUCHATEL et Marguerite HENRY, à savoir:<br />
1° le congé de M. Duchâtel à retirer à Melun des mains de M. le Capitaine de recrutement, qui ne<br />
veut, à ce qu’il paraît, le remettre qu’à Duchâtel; (écrire de suite pour savoir la raison de cette singulière<br />
exigence).<br />
2° et l’acte de naissance (à la maternité) de l’enfant à légitimer, deux ans au 5 mars dernier.<br />
La future étant sourde, beaucoup de patience avec elle, s’il vous plaît.<br />
Duchâtel a eu son congé en avril 1856....<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
66 - à des parents<br />
d’une jeune fille<br />
Grenelle, le 1 er juin 1858<br />
Persuadé que vous avez l'intention de faire renouveler à votre chère [...] sa première communion, je<br />
vous avertis que cette année la première communion se fait le mercredi 9 juin.<br />
53
Il serait bien à désirer que votre chère [...] pût assister à la retraite au moins depuis le dimanche 6 juin.<br />
Je désirerais dans tous les cas la voir le 6; elle pourra me trouver ce jour-là à l'église de Grenelle de 5<br />
h.1/2 à 9 h. 1/2 <strong>du</strong> matin et de midi à 2 h.<br />
67 - à la Société St Régis<br />
rue <strong>du</strong> Gindre, Paris<br />
Votre très humble serviteur,<br />
Lenteurs pénibles; refus d’assister de la part <strong>du</strong> père. Voir lettre <strong>du</strong> 28 janvier 1858.<br />
l'abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Grenelle, 14 ème jour<br />
<strong>du</strong> mois <strong>du</strong> S.Cœur 185[8]<br />
Le père de J.B. Pierre Marin MENARD, au moment de se marier avec Marie-Octavie GAUTHIER,<br />
renonce à venir assister au mariage; il est prêt à donner son consentement aussitôt qu’il en sera requis par la<br />
Société. Je supplie ces MM. d’écrire de suite.<br />
Il y a un an que ce mariage traîne, sans aucune faute de la Société, je le sais bien, mais à ma grande<br />
désolation.<br />
68 - à la Société St Régis<br />
Cf. le billet <strong>du</strong> 29 mai 1858.<br />
Monsieur le Président et cher confrère,<br />
l’Abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Grenelle, 23 juin 1858<br />
23 ème jour <strong>du</strong> mois <strong>du</strong> Sacré-Cœur<br />
DUCHATEL a été à Melun pour son congé. On le lui délivrera demain au Ministère de la Guerre.<br />
Il affirme que la petite, déposée sous le nom de Marguerite Clarisse HENRY, est bien née de ses<br />
œuvres: il demande, si cela étant, il ne peut pas, en présentant l’acte de naissance déposé à la Mairie, reconnaître<br />
et légitimer tout à la fois cette chère petite.<br />
Recommandez-lui maintenant de presser la célébration, afin que ses bans ne soient pas périmés.<br />
69 - à M. Léon Gossin<br />
Président de la Société S. Régis,<br />
Tout à vous...<br />
Cf. au 22 février 1858 et les démarches antérieures; une lettre au Président sera-t-elle décisive?<br />
M. et cher confrère en S. Vincent,<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Grenelle, 28 juin 1858<br />
28 ème jour <strong>du</strong> mois <strong>du</strong> S.-Cœur<br />
Je suis désolé de voir combien traîne le mariage MALAISSE (Jean) et LAPIRRO (Julie), surtout dans<br />
l’état de la future.<br />
Veuillez, je vous en conjure, me dire :<br />
1° ce qui retarde encore la conclusion,<br />
2° si une lettre de moi aux personnes à qui il appartient de délivrer la pièce dernière pourrait hâter son<br />
expédition.<br />
54
70 - à sa sœur Maria<br />
rue de Vaugirard, 61 - Paris<br />
Tout à vous...<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Maman et Maria habitent Paris. -- Une pauvre communiante à habiller au complet; je ne puis soutenir une<br />
dépense extérieure à mes fonctions.<br />
Chère et bonne sœur,<br />
Vaugirard, 28 ème jour <strong>du</strong> mois <strong>du</strong> Sacré-Cœur 1858<br />
Samedi, je te demandais d’habiller mon bréviaire; aujourd’hui, je te demande d’habiller ma petite<br />
orpheline qui fait sa Première Communion le 11 juillet. Elle n’a ni la robe de dessus, ni même celle de dessous,<br />
ni le voile, ni les souliers, ni le cierge, rien à peu près que ce qu’elle peut conserver de sa garde-robe actuelle,<br />
bien pauvre, hélas! et bien chétive!<br />
Dis-en un petit mot à ton amie, Mlle BOCQUILLON; elle sera tout heureuse de t’aider, peut-être tu<br />
peux frapper à quelqu’autre porte encore, à celle des demoiselles DANIEL, par exemple.<br />
Qui refuse pour une pauvre enfant abandonnée, au moment où elle va devenir le tabernacle de Jésus-<br />
Christ? Ainsi se trouvera couronnée l’œuvre que nous portons depuis longtemps, combien péniblement, tu le<br />
sais!<br />
Si au milieu de ces excessives chaleurs survenait un jour supportable, maman ne pourrait-elle pas<br />
retourner à Conflans pour faire de nouvelles instances en faveur de ma pauvre enfant ?<br />
La prudence, la charité même qui m’attache à mon œuvre propre et principale de la Ste-Famille, ne<br />
me permettent pas de garder l’enfant à ma charge plus tard que le mois de septembre exclusivement, époque <strong>du</strong><br />
renouvellement. Encore serait-ce me rendre grand service que de la caser aussitôt après sa Première Communion.<br />
Ton frère qui t’embrasse de cœur, ...<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Ces dames de l’œuvre des SS. Anges disent mille choses à notre bonne mère et à toi. Egaye bien cette<br />
bonne mère et embrasse-la pour moi.<br />
Adresse-toi aussi aux jeunes demoiselles BEAUGRAND.<br />
71 - à la Société St. Régis<br />
Frais d’un procès? que la Société y songe!...<br />
Grenelle, le 3 décembre 1858<br />
fête de st François Xavier<br />
Prière à MM. de S. Régis d’écouter l’exposé de la grave affaire que viennent lui communiquer les<br />
porteurs, et d’adopter le mariage HARAN et BAUDOUX, s’il n’y a pas d’autre moyen de rectification que le<br />
recours à la justice, car ils ne peuvent faire les frais d’un procès.<br />
72 - à la Société St Régis<br />
Une affaire si simple à régler!<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Grenelle, le 17 janvier 1859<br />
55
fête de st Antoine<br />
Je supplie M. l’Agent de me dire où en est le mariage PETREMONT (Michel) et DUBOIS (Uralie).<br />
Je ne puis vraiment m’expliquer comment une affaire si simple n’est pas encore terminée.<br />
73 - à Mgr de Ségur<br />
Association de S. François de Sales<br />
rue de Grenelle, 39<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Les heureux fruits de l’œuvre de la Ste-Famille -- cette dernière répond au but de l’Association de S. François<br />
de Sales -- des conversions <strong>du</strong> protestantisme et une protection -- Elle mérite votre aide.<br />
Monseigneur,<br />
Grenelle, le 26 janvier 1859<br />
5 ème jour de la neuvaine de s. François de Sales<br />
Les efforts de la Ste-Famille de Grenelle rentrent, je crois, dans le double but de l’Association de S.<br />
François de Sales. Ils combattent l’indifférence; ils disputent à la propagande protestante le terrain et ses<br />
victimes.<br />
L’indifférence est combattue par l’instruction religieuse que l’œuvre procure dans les séances semihebdomadaires<br />
et dans les deux retraites de Pâques et de l’Assomption à 700 familles ouvrières. Les résultats de<br />
pratique sont sept à huit cents Pâques au moins, dont près de la moitié d’hommes; 500 communions à Noël, dont<br />
plus de 100 d’hommes; des retours nombreux aux fêtes principales, plusieurs Pâques arriérées chaque dimanche;<br />
en moyenne deux à trois mariages réhabilités chaque semaine. Chaque année une douzaine de premières<br />
communions d’a<strong>du</strong>ltes et une trentaine de confirmations.<br />
La Ste-Famille dispute aussi leur proie aux Protestants: chose difficile dans un pays tout entier pauvre<br />
où l’hérésie compte quatre écoles (le territoire de la Ste-Famille embrasse une grande partie de Vaugirard et<br />
d’Issy) deux orphelinats et deux temples, où surtout elle verse l’argent à pleines mains.<br />
Je me borne à deux faits récents:<br />
1° La Ste-Famille a fait rentrer, au lit de mort, dans le giron de l’Eglise un pauvre ouvrier; elle<br />
soustrait par là sa veuve et deux orphelins à la corruption de l’or protestant. Elle a, de plus, procuré par ses<br />
démarches et par ses secours le baptême catholique de l’un de ces deux orphelins, enfant de deux ans, envoyé<br />
dans le Nivernais, après avoir été présenté à l’Oratoire de Paris.<br />
2° Une enfant de neuf ans vient d’être arrachée à l’orphelinat protestant de Vaugirard. Son père veuf<br />
la laissait dans la rue; un oncle, -- gagné par les protestants, qui ont attiré à leur école ses deux fils, catholiques<br />
de naissance, comme lui, -- allait s’emparer de cette enfant au nom des protestants, quand elle a été cachée dans<br />
l’excellente maison des Sœurs de S. Paul à Illiers (Eure-et-Loire). La direction de la Ste-Famille a dû, pour cela,<br />
s’engager à fournir pendant trois années consécutives la somme de 75 fr.; la sœur supérieure de Grenelle a pris<br />
de son côté pareil engagement.<br />
Je ne parle pas de l’abjuration solennelle d’une luthérienne dans l’église de Grenelle à la fête de la<br />
Purification 1858, ni de huit à dix mariages mixtes, (plusieurs civils de date plus ou moins ancienne) lesquels<br />
ont assuré l’avenir d’autant de femmes catholiques et de leurs enfants. Un employé des prisons de Rouen a<br />
abjuré dans l’église de Grenelle le samedi de la Pentecôte 1858 [29 mai].<br />
Mais les charges matérielles de la Ste-Famille de Grenelle sont lourdes. Sans tenir compte des œuvres<br />
spéciales pareilles à celle mentionnée ci-dessus; la dépense monte chaque année à 2000 fr. au moins. Il faut dire<br />
qu’outre les médicaments attachés à l’assistance régulière aux séances, l’œuvre s’est imposé de ne laisser aucun<br />
ménage sans un crucifix, une Ste Vierge et un livre de Messe, tout au moins le petit manuel de la Ste-Famille;<br />
sans quelque bonne lecture, tout au moins l’almanach et les petites feuilles de la Société de S. Vincent de Paul.<br />
Elle s’efforce aussi chaque jour, sinon d’enrichir beaucoup, d’entretenir <strong>du</strong> moins, sa bibliothèque et d’en faire<br />
circuler les livres.<br />
Or ces charges pèsent à peu près exclusivement sur le Directeur, pauvre religieux placé dans des<br />
circonstances telles qu’il ne peut même appeler à son secours les in<strong>du</strong>stries ordinaires. D’autres œuvres, dans les<br />
paroisses de Grenelle et de Vaugirard, ont en effet leurs sermons, leurs souscriptions, leur loterie.<br />
On ne s’étonnera donc pas que la Ste-Famille de Grenelle se trouve en ce moment endettée de mille<br />
francs.<br />
56
Elle s’adresse avec confiance à l’association de S. François de Sales pour en obtenir un secours qui<br />
l’aide à se libérer. Ce grand saint, aux approches de sa fête, ne peut manquer d’inspirer aux initiateurs de son<br />
zèle un nouvel acte de cette générosité qui fait le caractère et la force de la bénite association que son nom<br />
protège.<br />
Dans cet espoir, Monseigneur, je vous prie d’agréer l’expression anticipée de ma profonde gratitude.<br />
Votre très humble serviteur,<br />
[en surimpression on lit] : 4 février -- refusé -- lui offrir des livres.<br />
74 - au Comte Anatole de Ségur<br />
Secrétaire Général de l'Association catholique de S. François de Sales<br />
rue de Verneuil, 11, Paris<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Directeur de la Ste-Famille<br />
Une explication, malgré le refus de votre Société, en suite de la lettre <strong>du</strong> 26 janvier dernier: l’aide de votre<br />
Association n’est pas une décharge pour la Société de S.Vincent de Paul. -- La Ste-Famille de Grenelle est une<br />
situation à part, à cause des protestants. Je suis seul à porter le fardeau!<br />
Monsieur et cher Confrère en S. Vincent de Paul,<br />
Grenelle, le 7 février 1859<br />
Je vous suis reconnaissant de votre offre obligeante de livres de controverse; je l'accepte d'autant plus<br />
volontiers que ma petite provision est complètement épuisée depuis un certain temps déjà et que mes affaires de<br />
mariage m'ont mis à même de suivre plusieurs protestants en voie de conversion.<br />
Me permettrez-vous une toute petite explication au sujet <strong>du</strong> motif qui a fait prendre au Conseil de S.<br />
François de Sales la décision dont il m'exprime si obligeamment par votre organe, Monsieur le Comte, son vif<br />
regret.<br />
La Société de S.Vincent de Paul reconnaît elle-même la position tout exceptionnelle de la Ste-Famille<br />
de Grenelle, obligée de faire face en grande partie aux besoins spirituels et temporels d'ouvriers nombreux<br />
appartenant à diverses paroisses; reposant de plus tout entière sur son pauvre religieux, qui succombe à la tâche<br />
et qui doit ravir aux soins si pressants de son ministère sacerdotal le temps qu'il consume, hélas trop vainement,<br />
à la recherche des ressources matérielles.<br />
Je crois donc qu'aider ce pauvre religieux dans son embarras, ce ne serait point décharger la Société<br />
de S.Vincent de Paul, mais empêcher la chute d'une œuvre en détresse et faisant face à bien d'autres besoins que<br />
ceux auxquels s'adressent les Stes-Familles ordinaires.<br />
Je conjure donc le Conseil de prendre note de mon humble et suppliante démarche pour le moment<br />
favorable où l'état de sa caisse lui permettra de s'en souvenir.<br />
En attendant je prierai chaque jour au St Autel pour la prospérité d'une œuvre aussi sainte et aussi<br />
nécessaire que la généreuse et bénite Association de S. François de Sales.<br />
Veuillez agréer, Monsieur et cher Confrère en S. Vincent de Paul l'expression de mon fraternel<br />
dévouement et de ma sincère gratitude.<br />
Votre très humble serviteur et confrère,<br />
l'abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre ; directeur de la Ste-Famille<br />
membre de la Communauté des Frères de S. Vincent de Paul<br />
Seriez-vous assez bon pour me faire savoir quand je pourrai faire prendre les livres de controverse que<br />
le Conseil veut bien m'accorder?<br />
[en surimpression] : REPONDRE QU'ON NE PEUT LE SECOURIR POUR LE MOMENT - 2 mars<br />
57
75 - à la Société St Régis<br />
Monsieur et cher confrère,<br />
Grenelle, le 1 er mars 1859<br />
1 er jour <strong>du</strong> mois de S. Joseph<br />
La lettre ci-jointe me paraît équivaloir à la promesse de consentement.<br />
J’écris à M. le Curé <strong>du</strong> futur LAFOURCADE pour lui expliquer que l’acte de notoriété peut se<br />
dresser ici, surtout avec cette lettre qui renferme le témoignage des parents de Lafourcade et le sien.<br />
l’Abbé <strong>Planchat</strong>,<br />
Lafourcade me déclare qu’il lui est impossible de faire la dépense d’un voyage au pays. Veuillez<br />
appeler sans délai Lafourcade pour lui indiquer la marche à suivre pour son acte de notoriété.<br />
76 - à la Société St Régis<br />
Grenelle, le 7 mars 1859<br />
7 ème jour <strong>du</strong> mois de S. Joseph<br />
Prière à MM. de S. Régis de recevoir et presser le mariage SOUQUET (Ed. B.) et PLISSON (Louise<br />
Cat.), veuve ADAM.<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
77 - à la Société St Régis<br />
Grenelle le 13 mars 1859<br />
13 ème jour <strong>du</strong> mois de S. Joseph<br />
Prière à MM. de S. Régis d’inscrire et de pousser le futur mariage AUNEAU (René) et PIERSON<br />
(Thérèse)<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
78 - à la Société St Régis<br />
Grenelle, le 18 mars 1859<br />
veille de S. Joseph<br />
Prière à MM. de S. Régis d’inscrire et de presser le futur mariage MASSON (Joseph) et FLEURY<br />
(Augustine)<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
79 - à Mgr de Ségur<br />
Président de l'œuvre de S. Francois de Sales,<br />
39 rue <strong>du</strong> Bac, Paris<br />
Difficulté pastorale à cause <strong>du</strong> protestantisme dans le quartier; le pasteur Météthal et le ministre calviniste sont<br />
astucieux et zélés.<br />
58<br />
Grenelle, le 28 mars 1859
Monseigneur,<br />
28 ème jour <strong>du</strong> mois de S. Joseph<br />
Je suis heureux de vous dire que les causeries font <strong>du</strong> bien ici. Dans une lettre engagée, un peu<br />
malgré moi, il est vrai, mais faute de mieux sous ma surveillance, entre un solide chrétien de la Ste-Famille et<br />
un réfugié Belge qui n'avait fait qu'y passer, les causeries ont ré<strong>du</strong>it le réfugié au mutisme le plus complet. Il en<br />
a référé au Sieur Météthal, ministre de Grenelle et Vaugirard. Celui-ci n'a trouvé rien de mieux à faire que de<br />
crier bien haut à son prêche qu'il attaquerait en justice Mgr de Ségur.<br />
Ce même Météthal comble de ses assi<strong>du</strong>ités un ménage mixte où il vient de naître un enfant. Et<br />
comme sur l'avis de M. le Curé, j'oppose visite à visite, il ose bien dire: “c’est étrange! que ces MM. prêchent<br />
dans leur église tout ce qu'ils voudront; mais qu'ils ne viennent pas prêcher à domicile.”<br />
J'ai de tristes preuves de la recrudescence et de l'extension de la propagande protestante à Grenelle. Ce<br />
n'est pas seulement Météthal qui missionne ici; le pasteur <strong>du</strong> temple calviniste, récemment installé vis-à-vis S.<br />
Roch, est parvenu à acheter, tout près de notre maison, une famille de campagnards, débarqués il y a peu. Visites<br />
<strong>du</strong> ministre, réceptions cordiales à l'oratoire S. Roch, puis à la table pastorale, enfin association à une sorte de<br />
cercle ouvrier qui se tient le dimanche soir et où le temps se partage entre des jeux et la lecture de la Bible, enfin<br />
aimable pas de con<strong>du</strong>ite au sortir <strong>du</strong> cercle, tout est prodigué à ces pauvres gens ébahis.<br />
Le point de départ de la captation a été d'exploiter le mécontentement injuste que le malheureux<br />
homme éprouvait contre la Société de S. François-Xavier de Vaugirard. Il avait trois francs et il voulait<br />
absolument, avant les trois mois révolus, avoir le médecin et les médicaments.<br />
Le zèle et le ravissement de ces malheureux n'ont point de bornes. La femme a brûlé son crucifix,<br />
image défen<strong>du</strong>e par l'Ecriture et a fait sa soupe avec; l'homme ne travaille qu'une petite journée et va presque<br />
chaque soir apprendre à lire à l'Ecole S. Roch pour pouvoir par lui-même étudier la Bible. On dit que tous deux<br />
vont se faire rebaptiser dimanche prochain. Il faut dire qu'une telle con<strong>du</strong>ite inspire dans la maison, l'une<br />
pourtant des plus mal composées de Grenelle, une réprobation universelle; que la femme <strong>du</strong> même ouvrier --<br />
que Météthal redoute et anathématise -- a vertement rivé son clou au missionnaire calviniste essayant de<br />
l'attirer.<br />
Mais les apostats n'en sont pas moins des agents dévoués; ils répandent les brochures qu'eux-mêmes<br />
ne peuvent lire; ils ne se lassent point de vanter le bonheur qu'ils éprouvent et dans l’occasion les avantages que<br />
l'on retrouverait à les inviter.<br />
Si les préoccupations matérielles que j'ai eu plus d'une fois l'honneur d'exposer à Mgr ne m'eussent<br />
absorbé, j'aurais continué à visiter ce ménage que j'avais vu une fois ou deux dans le temps de la maladie et je<br />
n'aurais pas appris trop tard la funeste action qu'ils ont subie.<br />
Tout à vous dans les Sacrés Cœurs,<br />
80 - à un bienfaiteur<br />
Monsieur,<br />
l'abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Grenelle, le 12 avril 1859<br />
mardi de la Passion,<br />
Dans mes efforts désespérés pour diminuer ma dette de 1300 fr. pour les médicaments de la Ste-<br />
Famille, je ne sais comment, vous, si bienveillant pour toutes les petites œuvres de notre communauté, avez été<br />
oublié.<br />
L’extrême détresse où je me trouve au moment de ma retraite annuelle de la Ste-Famille, sans un sou<br />
pour faire face aux frais journaliers de l’expédition des lettres, à bout de toutes les provisions d’objets de piété<br />
qui me deviennent plus nécessaires que jamais, m’enhardit à solliciter votre charité.<br />
Vous pouvez en toute sûreté remettre votre aumône à mon commissionnaire, en notant seulement le<br />
chiffre sur un papier signé de vous.<br />
81 - à M. l’abbé Ravinet<br />
Votre très humble et très reconnaissant serviteur,<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
59
[Vicaire Général]<br />
Cf. lettre <strong>du</strong> 16 juin 1859: la dédicace et la signature.<br />
Monsieur et bien cher Père en N. S.<br />
Grenelle, 12 mai 1859<br />
Je vous prie de vouloir bien m’accorder une dispense totale de bans pour de pauvres ouvriers qui,<br />
mariés à la mairie le jeudi de la mi-carême, n’ont pas été à l’église, parce qu’on leur avait dit qu’il fallait de<br />
l’argent.<br />
Votre enfant en N. S.<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Il me revient en mémoire une autre dispense à demander pour un autre couple, marié civilement, faute<br />
d’un acte de baptême que j’obtiens enfin.<br />
82 - à la Société St Régis<br />
Grenelle, le 31 mai 1859<br />
dernier jour <strong>du</strong> mois de Marie<br />
Je supplie MM. de S. Régis de vouloir bien presser l’expédition <strong>du</strong> mariage LEROUGE (Louis,<br />
Victor) et BAILLEULE (Victorine, Rosalie).<br />
Le pauvre homme parle de retourner un de ces quatre matins en province, parce qu’il ne gagne pas<br />
assez pour donner <strong>du</strong> pain à son enfant.<br />
83 - à l’Abbé Louis RISSE<br />
aumônier des Orphelins,<br />
rue de la Fonderie, 7, Metz.<br />
l’Abbé Pl.<br />
Le Père <strong>Planchat</strong> prie pour lui et l’invite à devenir F. de S.V. de Paul. -- nous sommes six ecclésiastiques --<br />
l’attention constante des premiers religieux à étudier les vues de la Providence, “afin de nous y conformer<br />
docilement”.<br />
Mon bien cher M. Risse,<br />
Grenelle, le 10 juin 1859<br />
10 ème jour <strong>du</strong> mois <strong>du</strong> S.- Cœur<br />
Je fais part à Millet <strong>du</strong> juste mécontentement de sa bonne mère. Son service l’accable, cependant il<br />
trouvera le loisir d’écrire un de ces jours.<br />
Vous me demandez de prier pour vous. Votre post-scriptum m’y oblige plus que je ne saurais dire,<br />
même abstraction faite de votre empressement si aimable à m’obliger de toute façon. Il me montre en effet que<br />
vous nous êtes uni de cœur et de désir; pourquoi ne serait-ce pas aussi un jour, et bientôt, de vocation et de vie<br />
commune?<br />
Je me hâte donc de vous envoyer, comme vous me le demandez, une petite note sur la communauté<br />
des Frères de S.Vincent de Paul. Nous n’avons encore fait imprimer aucun document complet. La petite note cijointe<br />
a été faite à la demande de M. Baudon, Président Général de la Société de S.Vincent de Paul, et elle<br />
concerne plus particulièrement les frères laïcs. Elle est cependant applicable aux frères ecclésiastiques dans ses<br />
dispositions générales.<br />
Ces notions générales auront pour effet, je l’espère, de vous rapprocher de plus en plus de nous. Par le<br />
cœur cette union serait, je le crois, bientôt consommée, et nous n’aurions sans doute guère de peine à nous<br />
entendre; j’en trouve la pleine assurance dans la conformité de nos vues et dans la parité de nos œuvres. Seulement<br />
les obligations des œuvres, les liens de position, peuvent parfois créer quelques difficultés. Nous<br />
souhaitons bien, cher Monsieur l’Abbé, qu’aucun obstacle sérieux ne vous semble se mettre entre vous et nous.<br />
60
Pour ceux qui vous paraîtraient résulter de notre constitution, j’oserais bien dire d’avance qu’ils ne<br />
sont qu’apparents. Quelques points de notre règlement peuvent, il est vrai, n’être pas encore assez définis; mais<br />
ils sont un témoignage de notre attention constante à étudier les vues de la Providence à notre égard, afin de<br />
nous y conformer docilement.<br />
Cette façon d’agir nous a si bien réussi jusqu’à ce jour que nous devons y persévérer. Du reste, dans<br />
la pratique, nous vivons en paix parfaite, et dans des conditions excellentes pour accomplir tout le bien que les<br />
œuvres nous donnent l’occasion d’espérer. Nous sommes six frères ecclésiastiques; nous nous concertons entre<br />
nous, sous la direction d’un vénérable prêtre [l’Abbé Beaussier] qui nous a dirigés, ecclésiastiques et laïcs dès le<br />
commencement, en tout ce qui regarde notre ministère, et nous cherchons ensemble tous les moyens de procurer<br />
la plus grande gloire de Dieu par nos humbles travaux.<br />
Adieu, cher ami, priez et faites prier pour nous.<br />
84 - à l’Abbé Ravinet<br />
Grand-Vicaire, vice-Official,<br />
127, rue de Grenelle, St-Germain.<br />
Tout à vous dans les S. Cœurs<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Cf. la lettre <strong>du</strong> 10 juillet 1859 -- Le Vicaire Général Ravinet avait écrit au futur séminariste <strong>Planchat</strong> en 1843. --<br />
A cause <strong>du</strong> travail <strong>du</strong> “futur” le mariage ne peut être célébré que le soir<br />
Monsieur et bien cher Père en N. S.<br />
Grenelle, le 16 juin 1859<br />
16 ème jour <strong>du</strong> mois <strong>du</strong> S. Cœur<br />
Je vous serais reconnaissant de vouloir bien accorder dispense des deux derniers bans pour le mariage<br />
de MUTELET et AUBIN, pauvres ouvriers mariés civilement. Je me suis assuré qu’il n’y avait nul<br />
empêchement canonique à ce mariage.<br />
Le motif de la dispense est dans les fréquentes absences <strong>du</strong> mari pour son travail. Il ne peut non plus<br />
être marié, à cause de la presse de son travail, que le soir de 7 à 8h; au moment de la prière.<br />
Monsieur le Curé, étant absent, n’a pu signer.<br />
85 - à la Société St Régis<br />
Votre enfant en N. S.<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Grenelle, le 20 juin 1859<br />
20 ème jour <strong>du</strong> mois <strong>du</strong> S. Cœur<br />
Prière à MM. de S. Régis de voir s’ils ne pourraient s’occuper <strong>du</strong> mariage de DEMEULIN (Pierre) et<br />
FERCOT (Elise).<br />
Le futur est encore sous les drapeaux, mais en congé de convalescence et libérable presqu’aussitôt<br />
après l’expiration de ce congé.<br />
La future, seule, a sa mère, dont le consentement est assuré; elle lui écrit ce soir même pour vous<br />
pouvoir fournir une preuve des intentions de sa mère.<br />
86 - à l’Abbé Clauzet<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
61
Cf. la lettre <strong>du</strong> 16 juin 1859. -- Préparer la célébration <strong>du</strong> mariage à la paroisse Y, après avoir célébré le<br />
Sacrement de la Réconciliation.<br />
M. l’Abbé Clauzet,<br />
Grenelle, 10 juillet 1859<br />
Muni des permissions ci-contre, j’ai fait promettre aux futurs MUTELET et AUBIN de venir me<br />
trouver, rue de Grenelle, 29, demain vers 7h. <strong>du</strong> soir, pour de là se rendre à l’église [et s’y confesser]. Ce serait<br />
donc un mariage à inscrire pour 7. 3/4 h., demain soir.<br />
J’ai pensé qu’il vous serait facile de prévenir le bon M. Cornubert, qui est de garde demain.<br />
Tout à vous...<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
J’ai vu Mme Hébert, qui va toujours bien mal, et qui comptait sur votre visite aujourd’hui, dans la<br />
soirée (23, rue Ste-Marie)<br />
87 - à M. Léon Gossin<br />
(Société St Régis)<br />
Cf. lettre <strong>du</strong> 31 mai 1859 -- Le marié a dû emprunter des vêtements pour son mariage.<br />
M. le Président,<br />
Grenelle, le 6 août 1859<br />
Transfiguration de N. S.<br />
M. et cher confrère en S. Vincent, je vous serais reconnaissant de vouloir bien procurer à M.<br />
LEROUGE, — qui vous remettra avec ce billet l’attestation de son mariage — quelques effets qui lui seraient<br />
bien nécessaires pour occuper une place qu’on lui a presque promise; il a dû, pour son mariage, en emprunter.<br />
Je tâcherai bien de lui procurer un pantalon; mais c’est tout ce que je pourrai faire, accablé de toutes<br />
sortes d’occupations et de besoins.<br />
Je suis content de la façon sérieuse dont ces pauvres gens se sont préparés à leur mariage, et de leurs<br />
dispositions actuelles.<br />
88 - à M. Léon Gossin<br />
(Société St Régis)<br />
Tout à vous...<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Cf. les lettres <strong>du</strong> 31 mai et <strong>du</strong> 6 août -- il vaut la peine d’aider ce jeune Lerouge; il est débrouillard et se montre<br />
très responsable.<br />
Monsieur et cher confrère,<br />
Grenelle, le 22 août 1859<br />
octave de l’Assomption<br />
Permettez-moi de rappeler à votre souvenir le nommé LEROUGE, récemment marié par la Société S.<br />
Régis. J’ai déjà eu l’occasion de vous le recommander.<br />
Il continue à me donner pleine satisfaction; je m’affermis chaque jour dans la conviction que ce<br />
mariage les a, lui et sa femme, complètement changés. Il s’est empressé, aussitôt qu’un petit secours, obtenu<br />
d’un bienfaiteur par ses seules démarches, lui a permis de se liquider, de quitter pour un logement plus<br />
convenable le garni qu’il occupait.<br />
62
Il lui faudrait pour se tirer d’affaire un petit emploi, et il en est plus d’un qu’il remplirait, avec<br />
intelligence et activité.<br />
Veuillez s.v.p. penser à lui:<br />
M. Lerouge,<br />
31, rue Croix-Nivert, à Grenelle.<br />
89 - à M. le curé de Moncel<br />
Cf. lettre <strong>du</strong> 18 mars 1859.<br />
Tout à vous...<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Grenelle, 30 août 1859<br />
fête de ste Rose de Lima<br />
Ci-joint une lettre pour le curé de l’endroit où MASSON, qui vous remettra le tout, présume que sa<br />
mère peut se trouver en ce moment.<br />
Remplir, s.v.p., le blanc laissé pour le nom <strong>du</strong> notaire à qui vous avez demandé de recevoir le<br />
consentement de la veuve Masson, afin que M. le Curé puisse communiquer à ce notaire.<br />
La découverte une fois faite, m’envoyer, s.v.p., le nom et la résidence de votre notaire...<br />
90 - à l’Abbé Ravinet<br />
M. et bien cher Père en N . S.,<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Grenelle, le 30 août 1859<br />
fête de s. Rose de Lima<br />
Je vous prie de vouloir bien accorder dispense de deux bans pour le mariage LANGLOIS et CARTE,<br />
célébré civilement, il y a six mois et que je désespérais de réhabiliter. Je me suis assuré de l’absence de tout<br />
empêchement canonique.<br />
91 - à la Société St Régis<br />
Cf. lettres <strong>du</strong>18 mars et <strong>du</strong> 30 août 1859<br />
M. l’Agent principal de S. Régis,<br />
Votre enfant en N. S...<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Grenelle, 22 septembre 1859<br />
fête de s. Thomas de Villeneuve<br />
J’ai écrit le 30 août au curé de Moncel, au sujet de la veuve Masson, que vous ne pouvez trouver pour<br />
le mariage de MASSON (Joseph) et FLEURY (Marie). Je suppose que ce curé vous aura écrit, ne m’ayant pas<br />
répon<strong>du</strong> à moi.<br />
Je ne puis m’expliquer le statu quo où demeure depuis cinq mois ce mariage; veuillez me dire où il en<br />
est, et ce qu’il y aurait à faire pour avancer les choses.<br />
Réponse de suite, s.v.p.,<br />
Votre humble...<br />
63
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Je supplie que l’on veuille bien me dire ce qui retarde encore le mariage FERRAND et<br />
COMMISSAIRE (37.118).<br />
92 - à la Société St Régis<br />
Grenelle , le 22 septembre 1859<br />
fête de s. Thomas de Villeneuve<br />
Prière à MM. de S. Régis de vouloir bien inscrire et presser le futur mariage PROVOST et LE<br />
BORGNE.<br />
J’ai été profondément touché de la honte et <strong>du</strong> regret que la pauvre fille a témoigné de son triste état<br />
par ses larmes et par ses sanglots....<br />
93 - à la Société St Régis<br />
Mariage urgent à cause de la maladie grave de la future.<br />
M. et cher confrère,<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Grenelle, le 24 septembre 1859<br />
Je vous prie de vouloir bien inscrire et presser le futur mariage BREL et HANTZER.<br />
Ce mariage est urgent; car la femme, qui sent sa faute et désire vivement la réparer, s’en va de la<br />
poitrine. Je l’ai fait entrer à l’hospice Necker, salle Ste-Adelaïde, 22; elle ira loin encore.<br />
Je vous prie donc de recevoir, par exception, l’homme seul, avec les certificats que j’ai dû faire<br />
signer, car cet homme est très occupé.<br />
94 - à la Société St Régis<br />
Cf. la lettre <strong>du</strong> 4 mai 1858. -- Ils avaient laissé tomber le projet commencé l’an dernier.<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Grenelle, le 26 septembre 1859<br />
Je vous envoye de nouveau le couple RENARDET et CHARLES (35.087) qu’avait rebuté la pensée<br />
de ne pouvoir légitimer une petite fille de la future et non <strong>du</strong> futur.<br />
RENARDET n’aurait-il pas la ressource de l’adopter ?... Un petit garçon des deux à retirer des<br />
orphelins.<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
95 - à la Société St Régis<br />
Un religieux de S. V. de Paul, de la communauté de Grenelle, ancien membre de la Conférence de Nantes (cf.<br />
lettre <strong>du</strong> 7 octobre 1859) est probablement Georges de Lauriston; puis-je agir directement avec la Société de<br />
Nantes? Cf. lettre <strong>du</strong> 22 septembre 1859.<br />
64<br />
Grenelle, le 26 septembre 1859
Ayant dans la Communauté un ancien membre des Conférences [S.V. de P.] de Nantes, bien posé<br />
dans la Société de cette ville, je me demande si je ne pourrais pas accélérer le mariage PREVOST (Frédéric) et<br />
LEBORGNE (Julie), inscrits hier, en agissant directement auprès de la Société S. Régis de Nantes pour l’avis à<br />
obtenir d’un conseil de famille à rassembler pour la fille Leborgne.<br />
Si vous pensez comme moi, veuillez de suite me dire les démarches à faire à Nantes, tant auprès des<br />
membres présumés de ce conseil de famille qu’auprès de la Société S. Régis de Nantes.<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
96 - à la Société St Régis<br />
Prière d’inscrire et de presser le futur mariage LIREPENNE et SORLET.<br />
97 - à la Société St Régis<br />
Grenelle, le 26 septembre 1859<br />
l’Abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Grenelle, le 27 septembre 1859<br />
Prière d’inscrire et de presser le futur mariage LILLION (J. Baptiste) et BIGEL (Catherine). Trois<br />
enfants, Annette Bigel, six ans, au pays,<br />
Héloïse Lillion et Louis Lillion.<br />
L’acte de naissance de Catherine Bigel n’est pas légalisé.<br />
Bien accueillir le futur, qui a longtemps résisté aux instances de ses parents pour le mariage. Ils y<br />
viendront.<br />
98 - à M. Léon Gossin<br />
Cf. lettre 22 et 26 septembre 1859.<br />
Monsieur et cher confrère en s. Vincent,<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Grenelle, le 7 octobre 1859<br />
7 ème jour <strong>du</strong> mois des SS. Anges<br />
Dans le mariage PROVOST et LEBORGNE, inscrit à S. Régis sous le N o 37475, la principale<br />
difficulté vient de la minorité de la future et <strong>du</strong> peu de relations qu’elle a conservées avec Nantes, son pays<br />
natal. On lui avait conseillé, à S. Régis, d’écrire elle-même aux personnes de sa famille ou de ses connaissances<br />
dont elle se rappellerait l’adresse.<br />
Il m’a semblé qu’il pourrait être plus utile de demander les démarches à la Société S. Régis de Nantes,<br />
envoyant les noms à son président. D’autant plus qu’un de nos frères de la petite communauté de S. Vincent de<br />
Paul de Grenelle a de grandes relations à Nantes dans le monde charitable. Toutefois, je n’ai voulu modifier en<br />
rien la marche indiquée à la Société, avant d’avoir votre avis.<br />
Ce qui m’a suggéré l’expédient ci-dessus, c’est et la négligence habituelle des gens à qui on demande<br />
pareil service, et le peu de bonne volonté <strong>du</strong> frère de la future, dans la circonstance présente.<br />
65
Je vous serai reconnaissant d’une prompte réponse, car une lettre écrite, il y a huit jours pour le<br />
même objet, n’est point parvenue, faute d’avoir été affranchie.<br />
99 - à la Société St Régis<br />
Tout à vous...<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Grenelle, le 8 octobre 1859<br />
Vigile de S. Denis<br />
8 ème jour <strong>du</strong> mois des SS. Anges<br />
Prière d’inscrire et de presser (la future a, <strong>du</strong> premier lit, une fille de 15 ans) le mariage projeté<br />
PRUDHOMME (Joseph) et REGNIER Célestine (veuve SAUDRAS).<br />
Ne pas oublier de réclamer au futur, avant l’envoi <strong>du</strong> paquet à la mairie, sa permission militaire pour<br />
le mariage.<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
100 - à la Société St Régis<br />
Cf. lettre <strong>du</strong> 20 juin 1859; vous vous étiez chargé d’écrire!<br />
Monsieur,<br />
Grenelle, le 8 octobre 1859<br />
Vigile de S. Denis,<br />
8 ème jour <strong>du</strong> mois des SS. Anges<br />
Voilà qu’en repassant les papiers pour rédiger l’acte de mariage DEMEULIN et FERCOT, on cherche<br />
en vain la permission que vous étiez chargé d’obtenir <strong>du</strong> Colonel pour devancer d’un mois la libération<br />
définitive.<br />
Auriez-vous oublié ce papier, ou l’auriez-vous reçu tout récemment et remis à l’envoyé, pensant que<br />
la troisième publication était demain?<br />
Dispense obtenue de cette publication, le mariage devait se faire aujourd’hui; il se ferait encore, si<br />
vous aviez la pièce.<br />
101 - à M. Léon Gossin<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Vaines recherches pour obtenir le consentement des parents. -- Peut-on établir un acte de notoriété de disparition<br />
de ces parents? -- Onze ans de vie commune.<br />
M. et cher confrère en s. Vincent,<br />
Grenelle, le 18 octobre 1859<br />
18 ème jour <strong>du</strong> mois des SS. Anges<br />
Le couple LEDUC et CAPLAIN s’est déjà présenté à la Société S. Régis sur ma recommandation, il<br />
y a quatre ans environ. Vous lui dites alors de faire préalablement toutes recherches nécessaires pour découvrir<br />
la mère de la future.<br />
Plusieurs lettres écrites, soit par Le<strong>du</strong>c, soit par moi, tant au Maire qu’au Curé, obtinrent pour unique<br />
réponse: “la veuve Caplain a disparu <strong>du</strong> pays”.<br />
N’y a-t-il pas là lieu à un acte de notoriété de disparition, comme dans le mariage MERLOT et<br />
DORIVALLE, légalisé à Grenelle par ce moyen et par votre entremise le 7 juillet de cette année, en des<br />
circonstances identiques ? [voir lettre <strong>du</strong> 4 novembre 1856]<br />
66
Ici le concubinage est encore de plus longue <strong>du</strong>rée, il date de onze ans.<br />
102 - à sa tante Laforêt<br />
12, rue Neuve--Ste-Geneviève, Paris.<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
La tante Veuve Laforêt est très charitable -- La maladie appauvrit davantage le couple Bourgeois; pourriez-vous,<br />
en attendant...?<br />
Ma bonne tante,<br />
Grenelle, le 24 octobre 1859<br />
fête de s. Raphaël, archange<br />
J’ai suivi en tous points vos conseils. M. Rataud a été d’une charité admirable; il a payé la plus grande<br />
partie <strong>du</strong> loyer <strong>du</strong> couple BOURGEOIS, 13, rue Royer-Collard; il a procuré, pendant la petite vérole de la<br />
femme, médecin, médicaments, visite des Sœurs.<br />
Mais dans quel embarras cette maladie a, de nouveau, jeté le couple infortuné! Arriéré pour l’enfant<br />
en nourrice; il ne sait comment pourvoir aux besoins de chaque jour, surtout avec une vieille mère sur les bras.<br />
J’écris à une bonne dame <strong>du</strong> quartier; mais elle est à la campagne.<br />
En attendant, faites, je vous en prie, une petite visite à ces infortunés, si longtemps dans l’aisance.<br />
Leur mariage est en bonne voie.<br />
Votre neveu reconnaissant...<br />
103 - à la Société St Régis<br />
Monsieur,<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Grenelle, le 10 novembre 1859<br />
Par suite de la lettre ci-jointe de M. le Curé de St-Lambert de Vaugirard, la validité <strong>du</strong> mariage<br />
LAMOTTE et DUMET cesse d’être atteinte par le changement de domicile des futurs.<br />
Mais il faudrait alors obtenir <strong>du</strong> Maire de Vaugirard une autorisation pareille pour celui de Grenelle.<br />
Voyez ce que vous pouvez faire à cet égard. ...<br />
104 - à la Société St Régis<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Grenelle, le 12 novembre 1859<br />
Prière à MM. de S. Régis d’inscrire le futur mariage OTT, (il n’y a plus d’ascendants), libérable au<br />
1 er janvier 1860 et HALTER, ayant un enfant de deux ans, des œuvres <strong>du</strong> futur.<br />
J’ai écrit lundi au curé de Fessenheim, commune de Neuf-Brisach (Ht Rhin) pour obtenir l’attestation<br />
<strong>du</strong> consentement présumé <strong>du</strong> père de la future.<br />
105 - à la Société St Régis<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
67
Le curé, trop occupé; et il a égaré des documents; dommages pour le couple.<br />
Grenelle, le 19 novembre 1859<br />
Ste Elisabeth<br />
Prière d’inscrire et de presser le futur mariage GRASSAT -- GRANGE et MAIRE, Marie.<br />
Ces braves gens sont tout découragés de ce que M. le Curé de Plaisances, entraîné par ses affaires, n’a<br />
pas pu, selon sa promesse, suivre leur demande et a égaré deux ou trois papiers que le futur lui avait remis.<br />
Grassat sacrifie, pour venir, sa journée de cocher.<br />
Les certificats ont été préparés; la demoiselle Mairé les apportera signés.<br />
106 - à la Société St Régis<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Grenelle, le 19 novembre 1859<br />
Ste Elisabeth<br />
Prière de donner au couple DRIEU et LONTAIN les conseils dont il a besoin pour lever la difficulté<br />
d’un tuteur ad hoc, nécessaire pour autoriser la future (enceinte).<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
107 - à la Société St Régis<br />
Grenelle, le 24 novembre 1859<br />
Je supplie ces MM. de S. Régis de mener rondement le futur mariage BONSEIGNON et PLADIS.<br />
Trois enfants, déjà, depuis quatre ans.<br />
Le malheureux Pladis--père est aux galères à perpétuité pour attentat sur sa fille. Cette circonstance<br />
rendait les futurs timides à se présenter. Le père <strong>du</strong> futur l’a reconnu, mais n’est pas marié.<br />
Le père Bonseignon et la mère Pladis sont tout disposés à consentir et présents ici.<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
108 - à M. Léon Gossin<br />
Cf. lettre <strong>du</strong> 18 octobre 1859.<br />
M. et cher Confrère en s. Vincent de Paul,<br />
Grenelle, le 24 novembre 1859<br />
fête de s. Jean de la Croix<br />
Par une lettre en date <strong>du</strong> 26 août, M. Petel, l’un de vos charitables collaborateurs, me promettait<br />
l’action la plus active de la Société en faveur des futurs LEDUC (Charles) et CAPLAIN (Marie), inscrits à cette<br />
date. Il m’affirmait que le conseil déciderait la demande d’acte de notoriété de l’absence de la mère de la future,<br />
dont on ne peut pas avoir de nouvelles depuis cinq ans, absence de nouveau prouvée par le silence <strong>du</strong> Maire, à<br />
qui j’ai écrit le 23 octobre.<br />
Les père et mère <strong>du</strong> futur ont déclaré entre mes mains désirer ardemment ce mariage.<br />
Je désire savoir ce qu’a fait la Société et la conjure de se hâter.<br />
Le mariage <strong>du</strong> frère de Charles, le mariage LEDUC (Simon) et BERCIAUX (Aspasie, dite Aspasie<br />
SYLVAIN) a enfin été célébré à l’église le 10 courant.<br />
68<br />
Tout à vous ...<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre
109 - à la Société St Régis<br />
Grenelle, 24 décembre 1859<br />
Veille de Noël<br />
Prière de recevoir et de questionner aujourd’hui au sujet <strong>du</strong> décès de sa mère le Sieur DEVOIX, qui<br />
se trouve libre, et qui travaillerait lundi.<br />
l’Abbé <strong>Planchat</strong><br />
Devoix me dit que sa mère a été à l’hospice de Montmorillon; elle y sera morte, sans doute. Y écrire<br />
dès aujourd’hui.<br />
La mère de Devoix est morte en couches <strong>du</strong> frère puîné <strong>du</strong> susdit, et ce frère a sept ans de moins que<br />
lui. La femme Devoix doit donc être morte en 1832.<br />
110 - à M. Dublaix<br />
92 rue <strong>du</strong> Bac, Paris<br />
Trésorier de l’œuvre des Saintes-Familles; cf. Lettre <strong>du</strong> 11 décembre 1857 -- je suis débordé! -- Venez conter<br />
une histoire à notre Ste-Famille; en retour nous prierons pour vous.<br />
Monsieur et bien cher confrère en st Vincent,<br />
Grenelle, Paroisse St Jean Baptiste, 18 janvier 1860<br />
Chaire de saint Pierre à Rome<br />
Vous me ferez la charité, n’est-ce pas, de venir dimanche prochain, 22 courant, raconter une histoire à<br />
la Ste-Famille de Grenelle à 7 h. 1/2 <strong>du</strong> soir. Je ne sais où donner de la tête; vous ne me condamnerez pas à<br />
chercher. Tombée pendant l’été, la Ste-Famille est à peu près relevée; il faut pour la soutenir, une chaude parole<br />
comme la vôtre.<br />
J’ai <strong>du</strong> reste à vous entretenir d’une petite affaire qui vous intéresse. Pour votre peine de visiter le<br />
20 ème arrondissement vous aurez un mémento de votre serviteur et une bonne prière de la Ste-Famille pour<br />
votre santé, pour vos enfants et pour vos affaires.<br />
Tout à vous en saint Vincent,<br />
réponse de suite en ces deux mots: je suis à vous.<br />
111 - à la Société St Régis<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong> prêtre<br />
Grenelle, le 21 janvier 1860<br />
Prière d’inscrire et de presser le futur mariage BOUSSARD, veuf de BEAUNE (Anne) et PAILLOT.<br />
La future est dans un état d’infirmité qui ne lui permet pas de se transporter à la Société. Le futur<br />
apporte <strong>du</strong> reste tous ses papiers.<br />
Accueillir Boussard avec une particulière bienveillance. Plongé dans une affreuse misère, dont l’excès<br />
de travail -- principe d’une cruelle infirmité -- est la seule cause, il est rempli de la plus grande bonne volonté;<br />
donnés hier, ses certificats sont signés aujourd’hui.<br />
La fille Paillot, étant sur le point d’accoucher, je supplie ces MM. de traiter cette affaire d’urgence.<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
69
112 - à la Société St Régis<br />
Des malenten<strong>du</strong>s ont déjà fait perdre <strong>du</strong> temps. — Pour le couple Bourgeois, cf. lettre <strong>du</strong> 24 octobre 1859;<br />
l’adresse diffère: 13 ou 17 rue Royer--Collard: il s’agit d’un lapsus.<br />
Grenelle, 24 janvier 1860<br />
Je recommande d’une façon toute particulière l’expédition <strong>du</strong> mariage EPPARS et COUZET, inscrit<br />
sur mes listes depuis le 21 juin 1859.<br />
Divers malenten<strong>du</strong>s ont retardé la présentation à S. Régis de ces futurs que vous avez bien voulu<br />
inscrire déjà provisoirement dimanche dernier. Jugez par là de la nécessité de réparer le temps per<strong>du</strong>.<br />
Le futur est un peu sourd et se prépare péniblement à faire sa première Communion; double titre à<br />
toute votre in<strong>du</strong>lgence. Peu intelligents l’un et l’autre.<br />
l’Abbé <strong>Planchat</strong><br />
J’aurais absolument besoin de savoir le N o <strong>du</strong> couple BOURGEOIS et BOURGEOIS-GARBE,<br />
cousins germains, 17, rue Royer-Collard, présentés par M. Vincent, de la Conférence S. Jacques <strong>du</strong> Haut-Pas.<br />
Dans une lettre <strong>du</strong> 17, M. Vincent se plaint à moi que l’affaire languit à S. Régis; pourtant les pauvres<br />
gens souffrent bien de ces retards avec leur enfant.<br />
113 - à Mgr de Ségur<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Mgr de Ségur est responsable de l’Association ou Œuvre de St François de Sales: diffusion de la bonne presse --<br />
Le Siècle est un mauvais journal; vos opuscules sont un contrepoison. -- Des vœux à Mme de Pétrée, votre<br />
soeur! -- Mgr de Ségur s’est occupé des zouaves pontificaux.<br />
Monseigneur,<br />
Grenelle, 26 janvier 1860<br />
6 ème jour de la Neuvaine de S. François de Sales<br />
Sous le patronage <strong>du</strong> bon saint François de Sales, et pendant sa neuvaine que nous faisons de notre<br />
mieux (car il est l'un des Patrons de notre petite Communauté) permettez-moi de vous adresser pour vous-même<br />
et pour votre belle œuvre une petite demande de livres. Les 800 ménages de notre Ste-Famille ont grand besoin<br />
de bonnes lectures.<br />
Je voudrais en particulier offrir à mes bonnes gens le contrepoison <strong>du</strong> Siècle, qu'ils lisent souvent bon<br />
gré mal gré. Votre petit livre: le Pape me parait excellemment ce contrepoison. Vous m'en accorderez, n'est-ce<br />
pas, un bon nombre d'exemplaires? car avant qu'il eût paru, j'avais épuisé toutes mes petites ressources à répandre<br />
le Pape et Rome de Monsieur Mullois. Vous aviez aussi la charité de me faire voter par le Conseil de S.<br />
François-de-Sales un nombre respectable de Réponses et autres livres semblables. J'attendais pour renouveler ma<br />
provision, complètement épuisée depuis trois mois, un don que je recevais toujours au mois de janvier et qui me<br />
manque cette année.<br />
Daignez agréer, Monseigneur, la nouvelle expression de ma profonde gratitude avec mes souhaits<br />
bien sincères pour l'année qui vient de commencer. Puissent les plus abondantes bénédictions se répandre sur<br />
toutes vos œuvres et, surtout, sur la Mission que doit donner cette année à Grenelle votre chère Société.<br />
Veuillez être aussi l'interprète de ma gratitude et de mes vœux envers votre digne sœur, Madame de<br />
Pétrée, si bienveillante et si zélée, cette année comme l'an dernier, pour les misères sans nombre et pour les<br />
petites œuvres de Grenelle.<br />
70<br />
Tout à vous en N. S.<br />
l'abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre
P. S. Vous avez eu l'extrême bonté d'apostiller une demande que le nommé Dumoulin, l'un de mes<br />
bons amis de la Ste-Famille, naguère l'un des vôtres comme zouave en garnison à Rome, avait présentée pour<br />
entrer, vu ses infirmités contractées au service, dans l'administration des Eaux de la Ville. Ne s'étant pas trouvé<br />
là de places vacantes, il va former une demande pour entrer au Louvre comme gardien.<br />
Ne pourriez-vous, Monseigneur, appuyer cette demande, autrement dépourvue de toute chance de<br />
succès? La réussite serait le salut d'une famille de cinq personnes, où le père et la mère sont malades et les trois<br />
enfants, en bas âge.<br />
Livres envoyés 28 janvier.<br />
114 - à M. <strong>Henri</strong> Guillot<br />
chez Monsieur Caille;<br />
Maison S.Vincent de Paul, faubourg de Noyon, Amiens<br />
<strong>Henri</strong> Guillot: F.S.V., entré en juillet 1855 - décédé en octobre 1890.<br />
Caille, Florent: entré le 14 mai 1852 -- profession le 8 octobre 1852 -- sorti en 1874 ou 1875.<br />
Desouches,Victor: entré chez les F.S.V. en mai 1858 et parti en avril 1860.<br />
Mon bon frère <strong>Henri</strong>,<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Grenelle, 31 janvier 1860<br />
fête remise pour Paris de s. François de Sales<br />
Un brave ouvrier de Grenelle, le Sieur LAGIER (Jean Claude) en congé de semestre expirant le 31<br />
mars prochain, s’était fait délivrer ce congé à la destination d’Amiens.<br />
Voulant rester à Paris, ville pour laquelle on ne pouvait pas lui délivrer de congé, parce qu’il n’en est<br />
pas originaire, il s’est borné à envoyer son congé avec le certificat de son patron de fabrique, attestant qu’il<br />
travaille ici et fournissant, par conséquent, motif d’obtenir une permission de séjour à Paris. En réponse à ce<br />
double envoi, M. Lagier attendait, soit un permis de séjour ici, soit un ordre de se rendre à Amiens. Trois lettres<br />
pour réclamer réponse et papiers, demeurant ind [...]<br />
Je recours à vous, bien cher frère, pour savoir si ce silence vient de ce que les papiers, adressés d’une<br />
façon trop vague au Commandant de la Gendarmerie, à Amiens, auraient été per<strong>du</strong>s ou si ce silence équivaut à<br />
un refus <strong>du</strong> permis de séjour ici.<br />
Vous prendrez, n’est-ce pas, cher frère, dans le plus bref délai possible, les indications nécessaires.<br />
Je suis tout heureux de saisir cette occasion pour vous assurer que personne ici ne vous oublie, surtout<br />
devant Dieu. Présentez, s.v.p., mes amitiés les plus tendres à nos bons frère Caille [Florent], Desouches [Victor]<br />
et Streicher.<br />
Tout à vous dans les Sacrés-Cœurs de Jésus, de Marie et de Joseph,<br />
M. Lagier demeure dans le pourtour de l’église, à Grenelle.<br />
115 - à M. Léon Gossin<br />
Monsieur et cher Président,<br />
l’Abbé <strong>Planchat</strong><br />
Grenelle, 4 février 1860<br />
Les Protestants profitent des lenteurs qu’entraîne ici, dans vos bureaux, le changement d’organisation.<br />
Entre autres couples, le couple DESFLECHEN et FAVENT, demeurant 20, avenue S. Charles, couple<br />
inscrit par vous le 4 septembre 1859, a été sollicité par eux avec promesse d’expédier en quelques semaines (à<br />
force d’argent sans doute) ce mariage, dont la lenteur désespère les futurs.<br />
71
Par contre, là où ils sont les maîtres, les Protestants ont pour le mariage des indigents d’inqualifiables<br />
exigences, comme le prouve la lettre ci-jointe.<br />
M. de Marolles, Juge de Paix <strong>du</strong> 15 ème , vous propose, en pareille circonstance, d’appliquer aux<br />
futurs GEISER (protestant) et DEVAUX -- que je vous recommande, comme inscrits sur mes tablettes depuis<br />
trois ans au moins -- la coutume qui est notre seule ressource pour les pays qui refusent, ou équivalemment, à<br />
leurs nationaux leurs papiers pour se marier en France, tels que le Wurtemberg, Bade, la Bavière, c’est-à-dire de<br />
suppléer les actes de l’état-civil et de consentement par des actes de notoriété.<br />
Voyez, mais voyez vite, s.v.p.: il y a deux ou trois enfants.<br />
Réponse, s.v.p. par les porteurs; et toujours recommandation de m’apporter leur N° d’inscription.<br />
116 - à la Société St Régis<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Grenelle, le 18 février 1860<br />
Prière d’examiner sérieusement si les futurs CLOUG et PIERRE, porteurs <strong>du</strong> présent, ne sont pas liés<br />
par l’empêchement civil d’oncle à nièce.<br />
117 - à la Société St Régis<br />
Cf. lettre <strong>du</strong> 18 février 1860.<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Grenelle, le 23 février 1860<br />
J’envoye à ces MM. les certificats pour le mariage CLOUG et PIERRE, et leur exprime le regret de<br />
n’avoir pas reçu de réponse à la petite lettre qu’apportaient les futurs et où je demandais s’il n’y avait à leur<br />
mariage aucun empêchement.<br />
118 - au Commissaire de Police de Vaugirard<br />
Faire gratuitement ce document?<br />
Monsieur le Commissaire,<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Grenelle, le 5 mars 1860<br />
De bons jeunes gens, habitant votre ressort, le nommé BARROIS (Célestin) et la demoiselle<br />
TISSERAND (Aimé, veuve Pelletier), domiciliés 54, rue de Sèvres, à Vaugirard, se voient arrêtés dans leur<br />
projet d’union par la disparition depuis 18 mois de la mère de la future, laquelle, cependant, n’a point quitté<br />
Paris.<br />
Ces gens sont pauvres, comme il appert des certificats d’indigence qu’ils soumettent en ce moment à<br />
votre signature, pour obtenir leurs papiers par le moyen de la société charitable de S. Régis.<br />
N’y aurait-il aucun moyen de faire faire gratuitement, par la Préfecture de Police, la recherche de la<br />
veuve Pelletier, et dans ce cas, quelle serait la marche à suivre pour obtenir cette recherche?<br />
Agréez, M. le Commissaire, l’assurance de ma considération distinguée,<br />
119 - à M. Maurice Maignen<br />
72<br />
l’Abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre,<br />
Directeur de l’Association Ouvrière de la Ste-Famille
MAIGNEN, Maurice, est le troisième frère de la Congrégation; il est entré en octobre 1846, a fait<br />
profession le 8 octobre 1852 et est décédé le 3 décembre 1890 -- l’abbé Louis Vitu, <strong>du</strong> pays des Autels près<br />
Brunehamel, Aisne, est un collègue au Collège de Vaugirard, dirigé par l’abbé Poiloup.<br />
L’abbé <strong>Henri</strong> recommande le jeune Auguste DOUCE.<br />
Grenelle, 17 avril 1860<br />
Je m’intéresse vivement à ce jeune homme sur lequel le saint Curé des Autels, -- mon ami de chez M.<br />
Poiloup -- m’a donné dans une autre lettre -- que je regrette de n’avoir pas sous la main -- des renseignements<br />
plus détaillés et plus favorables encore que dans la lettre ci-jointe.<br />
120 - à la Société St Régis<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong> prêtre<br />
Grenelle, 10 juillet 1860<br />
1 er jour de la neuvaine de S. Vincent de Paul<br />
Prière d’inscrire et de presser le futur mariage SCHMAHL et PICARD.<br />
J’écris au père <strong>du</strong> futur pour le consentement; le tuteur de la future l’accompagne.<br />
Je prie MM. de S. Régis d’entamer cette affaire avant le consentement <strong>du</strong> père <strong>du</strong> futur, consentement<br />
dont je me charge.<br />
La mise en train de ce mariage aura pour résultat immédiat de délivrer la future des obsessions d’un<br />
homme marié.<br />
121 - à la Société St Régis<br />
Messieurs,<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Grenelle, 26 juillet 1860<br />
fête de Ste-Anne, octave de S. Vincent<br />
Je recommande à toute votre bienveillante attention et à toute votre sollicitude la plus active le couple<br />
BHUMET-CHAPELLE et GOUGET, porteur de ce billet.<br />
Depuis huit ans ces pauvres gens vivent ensemble. Ils ont eu la promesse <strong>du</strong> père <strong>du</strong> futur, qui, les<br />
bans publiés, est venu objecter qu’il fallait que sa femme, obligée par les mauvais traitements à regagner son<br />
pays, rentrât d’abord avec lui.<br />
Il sera facile de s’assurer que le Sieur Rhumet-Chapelle [ou Bhumet] est, dans le fait, mauvais père,<br />
car on le peut trouver chaque jour assis sur son crochet au coin des rues S. Dominique et S. Guillaume. S’il<br />
s’obstine, c’est évidemment le cas d’un acte irrespectueux (le futur a trente ans).<br />
Je ne doute pas que le cas échéant, la Société ne consente à se décharger de cet acte; je prie seulement<br />
que la délibération <strong>du</strong> conseil se fasse promptement, et que l’on me fasse savoir de suite le résultat, quel qu’il<br />
soit.<br />
122 - à la Société St Régis<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Grenelle, 26 juillet 1860<br />
fête de Ste-Anne<br />
Prière d’inscrire et de presser avec un intérêt tout particulier le futur mariage FROHBART et<br />
GASTING.<br />
73
La future avait quitté le futur, parce qu’il ne voulait pas se faire catholique; c’est sur sa promesse<br />
d’abjurer le luthéranisme qu’elle poursuit le mariage.<br />
Ecrire sous enveloppe aux futurs, qui veulent le secret, à leur domicile.<br />
l’Abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Le futur écrit demain même à Wolfenbüttel (Allemagne) à sa mère, pour obtenir une lettre de<br />
consentement qu’il sait ne devoir pas lui être refusée.<br />
123 - à sa sœur Maria<br />
Rempart <strong>du</strong> Midi, Avize (Marne)<br />
La ”Sœur Marie” est sa sœur religieuse -- Eugène prépare son dernier examen de Droit, à l’aide d’un livre d’un<br />
autre étudiant; il va passer à Avize. - La cousine Lalyre serait de la famille Garanger. — Mlle Elise Payen, fille<br />
<strong>du</strong> chimiste Anselme Payen, dirige à Grenelle le patronage N. D. <strong>du</strong> Bon Conseil pour les jeunes ouvrières.<br />
Chère Maria,<br />
Grenelle, le 1 er septembre 1860<br />
Je n’arrive qu’hier soir de Chaville; voilà le secret <strong>du</strong> nouveau retard de tes Petites Lectures. Fais<br />
pressentir que l’an prochain, il faudra, ou bien faire prendre les livraisons à Epernay où il y a une Conférence de<br />
S. V. de Paul, je le crois <strong>du</strong> moins, (dans le cas contraire ce serait à Reims) ou bien payer 10 cent. en sus pour le<br />
port, soit par an 30 cent. au lieu de 20 cent. J’ai voulu cette année, comme encouragement, prendre le port à ma<br />
charge.<br />
J’ai les lots de la loterie <strong>du</strong> Bon-Conseil; indique-moi comment te les faire parvenir par occasion; si tu<br />
ne m’indiques rien d’ici à la fin <strong>du</strong> mois, je te les expédierai par le chemin de fer.<br />
Que je suis heureux des bonnes nouvelles que tu me donnes de maman! La sœur Marie aura tant prié<br />
pour elle à l’occasion de sa fête. J’aurais bien désiré à ce propos, que tu me renvoyasses, comme je te l’avais<br />
demandé, la lettre de la Sœur Marie. Pour ta pénitence, envoie-la directement à Mlle Payen, 69, rue Violet, avec<br />
les bonnes nouvelles de maman, qui la préoccupait beaucoup.<br />
Nous allons employer la neuvaine et l’octave de la Nativité à remercier la T. S. Vierge. Faites de<br />
même là-bas.<br />
Adieu, bien chère sœur; j’embrasse ma bonne mère et je t’embrasse avec mes joues de vacances.<br />
J’allais oublier de vous présenter le bonjour d’Eugène. Il espère une permission de quelques jours<br />
pour Avize. Dites-lui qu’il sera le bienvenu. Il va emprunter, pour préparer son dernier examen de droit, les<br />
livres de LETULLE, qui a fini.<br />
Encouragez-le bien.<br />
envoie.<br />
Nativité.<br />
Ton frère ...<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Je ne sais comment, mais je me trouve posséder les Petites Lectures d’octobre, le n o 10. Je te les<br />
Assure la cousine LALYRE de mon souvenir tout particulier au saint autel, pendant ce temps de la<br />
124 - à Mgr de Ségur<br />
Président de l’Œuvre de S. François de Sales<br />
74
39, rue <strong>du</strong> Bac, -- Paris<br />
Le Père écrit: PRESSE, REPONDRE -- les manœuvres des protestants pour gagner des “fidèles”.<br />
Monseigneur,<br />
Grenelle, le 8 septembre 1860<br />
Nativité de la T. Sainte Vierge<br />
La T. S. Vierge est le divin marteau qui pulvérise l'hérésie; c'est donc, je crois, appeler son secours sur<br />
notre pauvre paroisse que de choisir le jour de sa naissance pour vous signaler diverses manœuvres de la<br />
propagande protestante. Sans doute ces manœuvres doivent être générales, mais c'est tout récemment que je les<br />
ai constatées à Grenelle:<br />
l° Les écoles protestantes donnent leurs vacances avant les écoles communales et rouvrent juste après<br />
la distribution des prix de celles-ci. Les parents, toujours gênés <strong>du</strong> fardeau de leurs enfants désœuvrés, quand<br />
même leur travail permet de porter ce fardeau, voient venir à eux maîtres d'école et pasteur évangélique. Alors<br />
on recherche les enfants qui, après une simple apparition à l'aide évangélique, par coup de tête ou dépit contre<br />
les Frères ou contre les Sœurs, étaient rentrés au bercail.<br />
On dirait que l'inscription sur les listes de l'école protestante est un pacte fait avec Satan. Si le billet<br />
d'avis <strong>du</strong> maître protestant, billet porté par quelques camarades bien entraînants, si ce billet n'a pas suffi, on<br />
envoye demander aux parents ce qui empêche de remettre leur enfant à l'école évangélique. Si pour se<br />
débarrasser même, les parents disent: “l'enfant ne peut aller à l'école parce qu'il lui manque quelque chose”, le<br />
jour même l'objet est envoyé. Puis le ministre, et il s'y entend, car il a femme et enfant (c'est la remarque toute<br />
récente d'une brave femme), vient faire l'inspection <strong>du</strong> ménage; un lit de plus est-il commode? il le prouve.<br />
2° Lorsque l'adresse d'une bonne catholique a fait, bon gré mal gré, tenir à son mari protestant la<br />
promesse qui fut la condition <strong>du</strong> mariage, lorsque malgré les observations <strong>du</strong> ministre un garçon a été baptisé<br />
catholique, le ministre ne se regarde pas pour cela comme battu.<br />
Les gens sont au-dessus <strong>du</strong> besoin? n’importe, ils ne refuseront pas une loge de concierge; le ministre<br />
leur en procure une à sa portée, dans sa maison, s'il est possible (le cas vient d’arriver à Vaugirard pour un<br />
ménage de Grenelle), afin que le premier enfant qui viendra procure à Satan sa revanche.<br />
Nous voici affligés d'un établissement protestant de plus. C'est un asile pour l'enfance,<br />
commencement évident d'une école, dans un quartier où l'école libre -- que soutient, pour sa part, l'œuvre de S.<br />
François-de-Sales -- se trouve à cette heure tout à fait insuffisante, à l'avenue S. Charles. Suivant la tactique<br />
ordinaire, on a profité, pour l'ouvrir, des courtes vacances de l'asile communal; les premiers élèves sont les<br />
enfants catholiques de familles mixtes.<br />
En présence de pareils efforts, la S. Famille doit employer tous les moyens pour les combattre. Les<br />
petits livres ne sont pas inutiles; or en ce moment la S. Famille est tout à fait dépourvue et de ces petits livres et<br />
de ressources pour en acheter. Je demande donc pour elle un bon nombre de Réponses, de causeries, de petits<br />
traités.<br />
Daignez agréer, Monseigneur, l’hommage de mon profond respect et de ma vive gratitude pour<br />
l’Œuvre de S. François-de-Sales et pour vous.<br />
Votre très humble serviteur,<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Directeur de la Ste-Famille<br />
5 Carnets, 25 Réponses, 25 Consciences, 12 Manuels, 12 Napoléon, 6 Jésus Christ Expédiés le 22 octobre.<br />
125 - à Mgr de Ségur<br />
J’aimerais recevoir vos publications; je n’ai pas de quoi les payer...les diffuser est une “œuvre” de zèle et de<br />
miséricorde.<br />
Monsieur et Vénérable Confrère<br />
Grenelle, 23 janvier 1861<br />
Fête <strong>du</strong> Mariage de la Très Ste Vierge<br />
3 ème jour de la neuvaine de S. François de Sales<br />
Je ne saurais vous dire combien je trouve excellent votre petit livre de la Ste Communion. J'ai travaillé<br />
tant que j'ai pu à le répandre, non seulement en distribuant les 50 exemplaires que vous avez bien voulu me<br />
donner, mais en achetant tout ce que j'ai pu ensuite m'acheter, en envoyant par la poste à des amis éloignés un<br />
75
on nombre d'exemplaires. D'où la confiance d'en avoir, par ces divers moyens, fait acheter des centaines. Je<br />
voudrais ne pas m'arrêter dans cette propagande que je regarde comme une œuvre, tant je vois le cher petit livre<br />
goûté, efficace pour la gloire <strong>du</strong> bon Maître.<br />
Mais ma pauvreté est telle que l° je n'ai pu faire mes achats que par petites parties; ce qui me les a fait<br />
payer le double; que 2° je ne puis aucunement les renouveler; et cependant j'aurais encore beaucoup<br />
d'exemplaires à placer, tant pour le bien des âmes que pour la diffusion de cette doctrine si excellente et si peu<br />
répan<strong>du</strong>e. Voyez, Monseigneur, ce que vous pouvez faire pour moi.<br />
Je recevrais aussi avec une vive reconnaissance un certain nombre d'exemplaires de votre brochure<br />
sur l'Eglise. Je n'en ai pu acheter qu'un petit nombre et je me trouve arrêté, comme pour la première. Cependant<br />
je la crois non moins utile dans son genre. Je n’en ai point encore reçu de votre générosité.<br />
Pardonnez-moi mes importunités, mais je souhaiterais tant faire arriver aux âmes cette doctrine<br />
onctueuse et pure que Dieu, dans sa miséricorde, fait découler de votre cœur! Que le bon saint François de Sales,<br />
dont la fête approche, conserve et augmente en vous ces dons précieux. Je le lui demanderai, en retour de votre<br />
grande charité.<br />
Tout à vous dans les Sacrés Cœurs,<br />
Expédiés 9 février 25 Eglises, 50 Communions,<br />
abbé Roussel 100 Eglises , 25Communions, 25 Rome.<br />
126 - à sa mère<br />
VIII -- LE GRAND FRERE à Arras et à Amiens<br />
1861-1863<br />
l'abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Notons qu’<strong>Henri</strong> se trouve maintenant à Arras. Le Père Le Prevost a dû l’envoyer à l’extérieur de Paris, parce<br />
qu’il n’est plus agréé <strong>du</strong> curé de la paroisse; son zèle dérange! -- il se rend à Amiens deux fois par mois.—<br />
<strong>Henri</strong> Halluin entre chez les F.S.V. en juin 1856 et quitte en avril 1864.<br />
Mme <strong>Planchat</strong> est de nouveau en Afrique; elle a été malade -- Mlle Payen était responsable de l’Œuvre <strong>du</strong> Bon<br />
Conseil de Grenelle, où l’abbé <strong>Planchat</strong> assurait un service pastoral.<br />
Chère et bonne Mère,<br />
Amiens, 12 juillet 1861<br />
3 ème jour de la neuvaine de S. Vincent<br />
C’est une petite vacance pour moi que ma visite de deux fois le mois à la Maison d’Amiens. Je profite<br />
de ma vacance pour vous écrire. Je serai ce soir rentré à Arras.<br />
Merci de votre bonne lettre. Elle m’a fait <strong>du</strong> bien, parce qu’elle m’a prouvé ce que vous me dites, que<br />
par la grâce de Dieu, vous avez heureusement supporté une rude secousse.<br />
76
Merci de vos bonnes prières pour nos chers orphelins; nous en avons ressenti l’effet. La première<br />
Communion, qui a eu lieu dimanche dernier, s’est bien passée. Je n’ai pas oublié de faire payer par nos chers<br />
enfants, immédiatement après leur avoir donné la Ste Communion, leur dette envers tous ceux qui avaient prié<br />
pour eux. Priez de nouveau maintenant pour la persévérance des premiers communiants et des nouveaux<br />
apprentis et jeunes ouvriers qui les ont accompagnés.<br />
Merci, en troisième lieu, ma bonne Mère, pour vos souhaits si tendres de la S. <strong>Henri</strong>. Je ne l’aurai<br />
jamais vu si solennelle que cette année. C’est la fête <strong>du</strong> saint prêtre, fondateur et supérieur de la maison<br />
d’Arras. C’est encore la fête de deux autres frères d’Arras [dont <strong>Henri</strong> Guillot]. Tous les <strong>Henri</strong> de la<br />
Communauté s’y trouvent réunis. Je me porte à ravir et je ne sens déjà plus <strong>du</strong> tout la fatigue de la retraite de<br />
première Communion. Il est vrai que depuis deux jours, je me donne <strong>du</strong> bon temps.<br />
Hier, en venant d’Arras à Amiens, je me suis arrêté au fameux pèlerinage de N.D. d’Albert, et là j’ai<br />
dit la Messe pour Eugène et pour la famille d’Afrique, en même temps que pour mes premiers communiants, et<br />
pour les œuvres.<br />
Je voudrais vous écrire plus longuement; mais je dois vous quitter pour Mlle Payen, à qui, depuis<br />
tantôt quinze jours, je n’ai pas répon<strong>du</strong>. Ecrivez-lui, de votre côté; elle a tant prié et fait prier pour vous; elle m’a<br />
si souvent demandé de vos nouvelles, quand vous étiez malade. Que Maria joigne à votre lettre son petit mot;<br />
car ni Mme ni Mlle Payen ne l’oublient; ces pauvres dames sont dans l’embarras et dans l’épreuve au sujet de<br />
leurs œuvres si importantes, que le clergé de la paroisse -- dont le personnel a un peu changé -- ne comprend<br />
plus comme autrefois.<br />
Je remercie bien ma chère Maria de sa charmante petite lettre. Je lui répondrai pour sa fête. Je<br />
l’embrasse de cœur, ainsi que vous, bonne Mère. Soignez-vous bien toutes deux pendant ces grandes chaleurs de<br />
l’Afrique. Je le fais, moi, à Arras.<br />
Votre fils soumis et reconnaissant,<br />
127 - à M. Florent Caille<br />
32, rue de Noyon, Amiens<br />
l’Abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
chez M. l’Abbé Halluin (Arras)<br />
Le Père <strong>Planchat</strong> assure une présence de grand frère auprès des autres - Le noviciat en bonne et <strong>du</strong>e forme<br />
n’existe pas encore.<br />
Mon bon frère Caille,<br />
Arras, 23 juillet 1861<br />
mardi dans l’octave de S. Vincent<br />
Je vous viendrai jeudi à la même heure que la dernière fois et pour le même temps.<br />
Notez <strong>du</strong> reste une fois pour toutes (car je suis honteux de m’annoncer ainsi chaque fois que je viens à<br />
Amiens) le 2 ème et le 4 ème jeudi de chaque mois, sauf avis contraire.<br />
Mille amitiés à nos frères Alphonse [Vasseur], François et Gustave. J’espère que notre bon<br />
persévérant n’est plus malade.<br />
Tout à vous...<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Si on pouvait, jeudi, retarder la lecture jusqu’à 2 heures 1/2, j’y serais certainement; d’autant que<br />
j’arriverai moins affamé que l’autre jour.<br />
128 - à sa sœur Maria<br />
Un ennui: des billets de loterie à placer; une consolation: causer avec sa sœur autour de la fête de l’Assomption<br />
de la Vierge.<br />
Amiens, 8 août 1861<br />
(2 ème jour de la neuvaine de l’Assomption)<br />
Ma chère Maria,<br />
77
Le courrier t’apportera tout à la fois et un ennui et une consolation.<br />
La consolation, c’est la petite lettre que j’ai semblé te refuser l’autre jour et que certes je te dois bien<br />
pour ta fête.<br />
L’ennui, c’est la corvée de placer quelques billets de loterie à 10 cent. Mais en vérité je ne puis rendre<br />
ces billets ni à Mlle Payen (je suppose que maman lui a écrit et tient à participer à ses œuvres si précieuses, par<br />
sa souscription de 2 f. par an), ni à nos chers apprentis de la petite conférence d’Amiens. Et cependant je ne sais<br />
que faire de ces billets, -- nouveau comme je suis à Arras (c’est toujours là qu’il faut m’écrire; je ne suis jamais<br />
à Amiens qu’en passant).<br />
Venons à notre petit entretien dont je me fais un bonheur autant que toi. Que te souhaiterais-je, ma<br />
chère Maria? D’abord d’aimer chaque jour davantage ta sainte et divine patronne [le 15 août] et de célébrer son<br />
octave par le plus grand nombre de communions que tu pourras. Nous avons tout à demander pour la famille,<br />
pour les bonnes œuvres, pour l’Eglise, puis de diminuer pour maman l’ennui de ce séjour d’Afrique où tu as été,<br />
dès l’abord et en des moments bien difficiles, l’ange consolateur de cette bonne mère, enfin de surmonter pour<br />
toi-même cet ennui qui, je l’espère, aura bientôt un terme dans le retour plus près <strong>du</strong> reste de la famille.<br />
Je ne peux complètement te souhaiter la fête sans avoir un souvenir pour ce petit nombre d’amis que<br />
le bon Dieu t’a donnés sur la terre d’exil. Les vœux que je fais pour ta santé, pour ton bonheur, je les fais pour le<br />
bonheur et pour la santé de ces personnes que tu peux assurer de toute ma reconnaissance.<br />
Comme j’aurai prié pour toi et pour tes amis pendant la neuvaine de la Bonne Mère, prie pour ton<br />
frère, pour ses enfants d’Arras, bien exposés par suite de la foire pendant les derniers jours <strong>du</strong> mois d’août, et<br />
pour ses intentions diverses.<br />
Une réunion me réclame; je te quitte à regret.<br />
Ton frère qui t’embrasse tendrement ...<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Embrasse trois fois pour moi ma bonne mère; je prie et fais prier pour elle à l’occasion de votre fête.<br />
N’oublie pas l’âme de notre si excellent père le jour de la Bonne Mère.<br />
129 - à M. Florent Caille<br />
M. Caille se repose enfin à l’extérieur. -- Un postulant n’est pas accepté au noviciat; M. Caille le prendrait-il<br />
dans sa Maison? -- Vous l’aiderez! -- M. Alphonse Vasseur écrit à Arras pour offrir ses services, sans y être<br />
autorisé; -- Vous pourriez fêter N. D. de la Salette en dehors <strong>du</strong> sanctuaire de Paris; -- si vous tenez à ce que je<br />
confesse, demandez les autorisations.<br />
Mon bon frère,<br />
Amiens, le 13 septembre 1861<br />
vendredi dans l’octave de la Nativité de la Ste Vierge<br />
M. Le Prevost vient de déclarer à M. Halluin terminée -- dans le sens de la rentrée parmi les ouvriers -<br />
- l’épreuve d’un persévérant, envoyé d’Arras à Vaugirard.<br />
Ce jeune homme vient d’atteindre sa 21 ème année. Il est de la con<strong>du</strong>ite la plus régulière; il lui manque<br />
seulement l’esprit d’abnégation nécessaire pour notre petit institut. Cette espèce de mollesse est, comme ouvrier,<br />
son seul défaut; il a l’adresse dans les mains et peut faire un fort bon menuisier. Il retournerait volontiers à<br />
Arras, où M. Le Prevost le trouverait beaucoup mieux qu’à Paris.<br />
Mais M. Halluin voit deux inconvénients à le reprendre. Le premier, et le plus considérable, c’est<br />
qu’il se sentirait peut-être trop soutenu matériellement à Arras; le deuxième, c’est qu’il y pourrait retrouver des<br />
compagnies, oubliées il est vrai depuis longtemps, mais qui avaient failli lui devenir funestes. M. Halluin vous<br />
prie de vouloir bien le recevoir chez vous et le placer à Amiens, le mettre, en un mot, au nombre de vos jeunes<br />
ouvriers internes.<br />
Si vous n’y voyez pas d’inconvénient, écrivez-le de suite à M. Le Prevost, qui désire que cette affaire<br />
se termine de suite. Ce jeune homme a quelque argent à toucher comme atteignant sa majorité; vous donneriez<br />
avis de suite de son entrée chez vous à M. Halluin, qui s’entendrait avec vous au sujet de cet argent.<br />
J’ai trouvé ici une lettre de M. Lantiez, me recommandant M. Victor [Trousseau] au nom de M. Le<br />
Prevost. J’étais chargé de le voir pour lui faire à la fois l’aumône corporelle et l’aumône spirituelle. Vous me<br />
remplacerez sans peine à votre retour; il n’y a que le retard à regretter. - M. Le Prevost a oublié que je l’avais<br />
78
prévenu de votre absence et me faisait dire de vous demander l’adresse. Veuillez, le 4 ème jeudi <strong>du</strong> mois, me<br />
rappeler que je dois à M. Victor une visite à chaque voyage. M. Le Prevost vous tiendra compte de l’argent<br />
dépensé pour lui.<br />
M. Alphonse a eu depuis votre départ une étrange boutade. Il a écrit à M. Halluin une lettre où il<br />
demandait équivalemment à rentrer à Arras. Vous comprenez ce que M. Halluin lui a répon<strong>du</strong>: qu’il devait se<br />
trouver tranquille à Amiens; qu’à Arras les affaires étaient assises et que l’on ne pensait qu’à une augmentation<br />
<strong>du</strong> personnel secondaire, nullement à un changement nouveau.<br />
Ce qui a étonné comme moi M. Halluin, c’est que M. Alphonse écrivît des lettres et surtout de telles<br />
lettres, sans les montrer à son Supérieur. Ce n’est pas qu’il y eût un mot de plainte sur la situation à Amiens.<br />
Pauvre ami, sa tête travaille toujours; il ne comprend pas bien encore la portée pratique de l’obéissance.<br />
Toutefois, j’ai été content de la manière dont le frère Alphonse a reçu mes observations; je préviens de l’incident<br />
notre bon M. Le Prevost. M. Alphonse, <strong>du</strong> reste, paraît ne pas comprendre toute la portée de sa boutade; vous<br />
pourriez donc noter simplement le fait, sans lui en parler.<br />
C’est jeudi, 19 courant, N. D. de la Salette. Ce sera fête solennelle à Vaugirard. Ne serait-ce pas<br />
naturel de faire aussi un peu fête dans chacune de nos maisons, où N. D. de la Salette est quotidiennement<br />
invoquée? J’en parlerai à M. Halluin pour Arras. Ne pourriez-vous ici: 1° de dimanche à jeudi, faire à vos<br />
internes une sorte de préparation, consistant par exemple en une visite à N. D. de la Salette, où l’on réciterait les<br />
litanies; 2° demander au P. Charlet quelques mots aux enfants avant la messe de jeudi, et l’Ave Maria à N. D. de<br />
la Salette à la fin; on allumerait l’autel, etc. j’ai oublié d’en écrire à M. Le Prevost, mais je crois être dans sa<br />
pensée.<br />
Tout me paraît aller comme il le faut en votre absence; cependant ces deux MM. pourraient-ils, avec<br />
un peu plus d’attention à cela, arriver à se remplacer de façon à faire plus complètement leurs exercices de piété.<br />
Que je suis heureux de vous voir vous reposer comme je le désirais, et faire partager ce repos à M.<br />
Marcaire! C’est, je suppose, pour votre ménage que vous aurez emmené le persévérant. Et puis tres faciunt<br />
capitulum; vous vous trouverez en communauté au bourg d’Hault.<br />
Tout à vous...<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Si vous persistez à désirer que je confesse vos plus jeunes écoliers, demandez s.v.p. à M. Le Prevost<br />
sa réponse à ce sujet; puis, dans le cas de l’affirmative, mes pouvoirs -- de suite.<br />
Une personne des environs d’Amiens, que j’ai eu occasion de remettre en route à son passage à Paris,<br />
et qui doit pratiquer en cachette, m’écrit pour savoir si elle me pourra joindre ici.<br />
130 - à sa mère<br />
M. Le Prevost répond à Mme <strong>Planchat</strong> par l’intermédiaire de son fils; - Cette dernière se fait propagandiste des<br />
bonnes lectures; - le séjour <strong>du</strong> Père <strong>Henri</strong> à Arras se prolongera... Des travaux à la chapelle de Grenelle sont en<br />
cours; l’Abbé ROUSSEL cherchera à payer les frais (ce dernier est entré chez les F. de S. V. de Paul le 30<br />
décembre 1854 et a quitté en novembre 1865; il est le fondateur en 1866 de l’Œuvre des Orphelins Apprentis<br />
d’Auteuil). Qui me remplacera à Arras et à Amiens après mon départ? - je serais ingrat d’oublier Grenelle - je<br />
suis bien ici: des vocations s’annoncent; - ma santé est très bonne - préoccupation pour Eugène - soignez votre<br />
santé (v. g. pendant le sirocco, un vent oriental). - Une retraite de la Communauté à Vaugirard; - Mlle Payen<br />
s’informe de vous.— Brousse: lieu d’apostolat de sa soeur Virginie, en Turquie, où il y a risque de fermeture?<br />
Chère et bonne Mère,<br />
Arras, 13 octobre 1861<br />
13 ème jour <strong>du</strong> mois des SS. Anges<br />
Une lettre de M. Le Prevost, reçue aujourd’hui même, me prouve que votre lettre lui est bien<br />
parvenue. Il me l’avait adressée à Arras. Je ne l’ai pas reçue; ni M. Le Prevost ni moi ne pouvons nous expliquer<br />
comment cela s’est fait.<br />
Ce bon Père me charge de vous exprimer tous ses regrets de l’inquiétude qu’il vous a bien<br />
involontairement causée et de “vous assurer de son respect, de son affectueux intérêt pour tout ce qui vous<br />
touche, vous et votre famille”.<br />
79
J’ai chargé ma tante Elambert de vous abonner au Secrétariat général de la Société [de S. V; de Paul]<br />
pour 25 exemplaires des Petites Lectures, (on ne s’abonne que pour 10, 25 ou 50, etc.) et de payer à votre<br />
compte les huit francs pour 1861. En conséquence, vous recevrez franco par le courrier qui suivra cette lettre,<br />
sinon par le même qui vous l’apportera, les dix premières livraisons de 1861 à 25 exemplaires; les deux<br />
dernières arriveront franco en leur temps. Vous aurez donc à vous faire rembourser 40 c. pour chaque<br />
abonnement; ce ne serait que 30 c. si l’on réunissait 50 souscripteurs.<br />
Vous ne sauriez croire, chère et bonne Mère, tout le plaisir que vous me faites en vous livrant à cette<br />
propagande. C’est peut-être, dans votre position, la seule œuvre de zèle que vous puissiez faire, et certes elle a<br />
son mérite; elle apportera sa bénédiction que le pauvre Eugène, — dont je n’ai nulle nouvelle depuis l’avis de<br />
son départ de Paris — partagera avec vous. L’ignorance de notre sainte Religion est si grande, l’horreur <strong>du</strong><br />
catéchisme tout cru, si invincible et la [...] <strong>du</strong> mal si commune et chaque jour présentée sous des formes si<br />
attrayantes.<br />
Je ne puis vous dire, chère et bonne Mère, sur mon séjour à Arras, autre chose, sinon qu’il se<br />
prolongera probablement tout cet hiver. M. Le Prevost lui-même ne voit pas clair encore dans la question<br />
d’avenir. La chapelle de Grenelle, à peu près couverte maintenant, sera sans doute achevée avant la fin de<br />
l’année. Il s’en faut qu’elle soit payée. M. l’Abbé Roussel pourra-t-il, lui seul, en organiser le service et en<br />
préparer le payement? c’est ce que l’on ne peut encore décider. D’un autre côté, l’on ne voit pas qui envoyer<br />
pour aider et Arras et Amiens, quand je reviendrai. Or, il faut quelqu’un pour donner cet appui.<br />
Priez le bon Dieu que sa sainte Volonté se fasse, et se fasse seule, sans aucun égard pour moi ni pour<br />
qui que ce soit. Du reste, je n’ai jamais été ni plus heureux ni plus indifférent à toutes choses; non pas certes que<br />
je ne demeure aussi profondément attaché à Grenelle que la Sœur Marie demeure attachée à Brousse. Si j’oubliais<br />
Grenelle, je serais un grand ingrat; j’en ai bien reçu cent lettres depuis trois mois et demi. Ayant dû y<br />
reparaître trois semaines après mon départ, je n’ai su à qui entendre; une communion des grands <strong>du</strong> Patronage<br />
s’est trouvée organisée à la Messe que j’ai dite à N. D. de Grâce à onze heures, le dimanche que j’y ai passé.<br />
Malgré une chaleur étouffante, l’église s’est trouvée pleine le soir à la réunion de la Ste-Famille. Mais à la<br />
grande différence de Brousse, les deux œuvres dont j’étais chargé continuent par les soins de M. Roussel et de<br />
M. Lantiez, et l’on peut fort aisément se passer de moi jusqu’à présent. Dans un temps il y aurait eu, nonobstant<br />
tout cela, une cruelle séparation pour moi. Le bon Dieu a tellement disposé mon esprit que je n’ai pas senti la<br />
peine <strong>du</strong> sacrifice. Du reste je suis, comme vous le supposez, fort satisfait de mes enfants. On m’avait dit dès<br />
l’abord que, soignés, ces pauvres orphelins seraient fort pieux. Certes je les soigne bien mal et cependant<br />
plusieurs comprennent et goûtent les choses de Dieu de façon à me confusionner. J’entrevois même pour notre<br />
petite Communauté quelques vocations que j’aurai à éprouver longuement, mais qui m’intéressent et que je<br />
recommande à vos prières.<br />
Quant à ma santé, je ne crois pas qu’elle aye jamais été meilleure, ni qu’elle puisse l’être. Tout, <strong>du</strong><br />
reste, est arrangé au mieux pour cela: repas, sommeil et vie toute entière exactement réglés, puisque c’est moi<br />
qui dois faire vivre dans la règle la petite communauté [locale]; promenade de deux ou trois heures en étudiant<br />
mes instructions par les champs, au moins quatre fois par semaine, de temps en temps une excursion plus<br />
longue, enfin, comme distraction, voyage de 48 heures à Amiens deux fois le mois; n’est-ce pas un arrangement<br />
parfait pour ma nature?<br />
Vous, ma bonne Mère, vous n’êtes ni si tranquille ni, quoique vous disiez, si soigneuse de votre santé.<br />
Je conçois toutes vos tristesses et préoccupations au sujet d’Eugène. Mais certes vous n’avez à vous faire, à son<br />
égard, aucun reproche ni d’indifférence ni de faiblesse. Et ce n’est pas d’aujourd’hui que nous sommes<br />
contraints d’abandonner le pauvre enfant à la Providence. Croyez-le, je partage ce que vous éprouvez à son<br />
sujet, et, comme vous, je me réfugie dans la prière [...] restons-y l’un et l’autre en paix et en confiance. Mais je<br />
vous en conjure, prenez pendant le sirocco les [...] et exercice convenable; et ne vous confinez plus dans votre<br />
maison pour attendre les locataires qui [...] Il n’en viendra point pendant les heures que réclameront votre santé.<br />
J’envoye à Maria, pour sa seconde fête, une charmante petite vie de Sainte Thérèse [d’Avila]. Le<br />
pieux commerce avec les morts est à votre intention; vous êtes si près d’une tombe chérie [celle de son époux,<br />
François] et voilà que la Toussaint approche. Les couvertures de ces deux petits livres sont, de plus, un<br />
programme d’excellente et facile propagande de bonnes lectures. Vous en tirerez, j’en suis sûr, bon parti pour la<br />
gloire de Dieu.<br />
Adieu, chère et bonne Mère, priez, ainsi que Maria, pour que les fruits de la Retraite de la<br />
Communauté, qui s’ouvre à Vaugirard, au moment même où je vous écris, soyent abondants et solides; pour que<br />
ces fruits rejaillissent sur nos Maisons d’Amiens et d’Arras, qui s’imposent une gêne momentanée assez grande,<br />
en envoyant chacune plusieurs de leurs membres à la retraite.<br />
80<br />
Votre fils reconnaissant...<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre
Mlle Payen me demande souvent de vos nouvelles. Si vous et Maria lui écriviez quelques lignes en<br />
lui envoyant en timbres-poste vos 2 francs pour sa souscription -- qui se recueille ces jours-ci --. Elle serait, j’en<br />
suis sûr, profondément touchée de ce souvenir. Mme Payen est autant que sa fille préoccupée de votre santé.<br />
131- à sa mère<br />
Le Père écrit de Hénin-Liétard, à cinq lieues d’Arras; - S. Acheul: Collège des jésuites à Amiens - Projet de<br />
Mme <strong>Planchat</strong> de revenir en France?<br />
Un mot sur sa mission de “frère aîné” à Arras et à Amiens - “quand aurai-je davantage d’engagement pastoral?”.<br />
La Société de S. Vincent de Paul est persécutée par le Gouvernement - un couple dont il faut régulariser le<br />
mariage et qu’il faut aider financièrement.<br />
Chère et bonne Mère.<br />
Hénin-Liétard, 2 décembre 1861<br />
3 ème jour de la neuvaine<br />
de l’Immaculée Conception de la T. S. Vierge<br />
Voilà, ce me semble, plus d’un mois que je vous ai écrit. J’attendais, je l’avoue, une réponse un peu<br />
plus tôt. Si je n’en ai point encore, c’est peut-être que vous méditez, soit un voyage à Paris, soit votre retour<br />
définitif d’Afrique. Oh! dans cette hypothèse, je vous pardonnerais votre silence! Votre présence ferait tant<br />
d’heureux! Nos bonnes tantes vous désirent tant! Puis de Paris il y a moins loin à Arras que d’Alger; on pourrait<br />
se voir quelque jour, par exemple au mois d’avril où, bien sûr, j’irai à la Retraite.<br />
A propos de retraite, nous venons d’avoir la Retraite générale annuelle de nos orphelins. Elle était<br />
prêchée par un zélé missionnaire de S. Acheul. Ce bon père jésuite a fort bien réussi auprès de nos jeunes gens.<br />
C’est à peine si trois ou quatre ont manqué à communier.<br />
Moi, je suis comme un coq en pâte: confesser un peu chaque jour et faire quelques catéchismes, voilà<br />
tout mon travail. Sans doute j’ai aussi à m’occuper de nos bons frères d’Arras et d’Amiens; mais c’est là une<br />
consolation et une joie plutôt qu’un labeur. Ces huit bons frères sont si fervents, si déférents à la petite Direction<br />
affectueuse que j’ai à effectuer envers eux, non certes comme Supérieur — j’ai le mien à Paris et à Arras, et je<br />
ne le suis de personne, — mais comme frère aîné, délégué pour cela par M. Le Prevost. Cet excellent père est<br />
toujours aussi tendre pour moi. J’en reçois deux lettres au moins chaque mois.<br />
Quand cette vie si peu active, comparée à celle de Grenelle, se complétera-t-elle par un travail<br />
extérieur? je ne sais... Cela, pourtant, peut arriver un jour ou l’autre. Déjà le soin des orphelins me crée quelques<br />
relations. C’est dans le loisir d’une pédestre excursion à cinq lieues d’Arras, pour visiter quelques-uns de nos<br />
enfants, que je vous trace ces lignes. Mon hôte est le président de la petite conférence <strong>du</strong> pays, médecin chrétien<br />
à qui nous avons donné pour commis un de nos meilleurs jeunes gens.<br />
Pauvre Société de S. Vincent de Paul, ou plutôt pauvre Gouvernement qui s’amuse à la persécuter!<br />
On ne sait en vérité pour lequel des deux on doit le plus prier. Notre chère Société se trempera, je l’espère, plus<br />
vigoureusement par les épreuves; elle semblait les ignorer jusqu’à ce jour. Cependant il est toujours des hommes<br />
que les épreuves effrayent et font reculer, qui encore écoutent trop le premier mouvement d’une juste<br />
indignation et, pour protester, précipitent le dénouement que l’ennemi, malgré son désir, hésiterait à procurer.<br />
Ainsi, à Paris, le coup qui frappe le Conseil général, tête de la Société, a réveillé le zèle des Conférences et<br />
resserré les liens qui unissent les membres entre eux. Dans le Midi, au contraire, des Conférences se seraient<br />
dissoutes plutôt que de se courber devant l’exigence, ridicule, il est vrai, mais, jusqu’à plus ample expérience,<br />
inoffensive de l’autorisation.<br />
Prions donc, prions surtout Marie conçue sans péché, patronne de la Société de S. Vincent de Paul.<br />
L’Immaculée Conception est aussi la fête de notre orphelinat d’Arras. Vous recevrez cette lettre au moins<br />
pendant l’octave de cette belle fête.<br />
Je demande à Maria et à vous une communion, en sus de celle <strong>du</strong> jour même de la fête, pour nos chers<br />
enfants et pour un mariage auquel je m’intéresse vivement. C’est le premier dont j’aurai à m’occuper à Arras.<br />
Pauvres gens! leur position est bien embarrassée, et pourtant bien digne d’intérêt! Un orphelin qui<br />
voit sa belle-sœur dans l’abandon avec deux enfants et qui ne trouve d’autre ressource que de la prendre avec<br />
lui. Il y a maintenant deux enfants de plus, et de là une grande difficulté pour obtenir la dispense civile. Ces<br />
pauvres petits sont si bien élevés; il faut absolument leur faire une position; les parents seraient si chrétiens sans<br />
cette entrave de leur état irrégulier! il faut absolument la régulariser. Peut-être il faudra recourir à une séparation<br />
de quelques mois. Cette séparation accroîtra la misère déjà grande par ces temps si <strong>du</strong>rs.<br />
81
Bonne Mère, si peu que vous me puissiez envoyer (en timbres-poste pour éviter retards et frais) pour<br />
cette famille, je vous en serais reconnaissant; cette aumône serait bénie; d’autant plus qu’elle s’ajouterait aux<br />
sous de nos orphelins de l’Association des Enfants de Marie et autres, sous qui procurent chaque semaine le peu<br />
de pain et de viande porté par eux et par moi à ces pauvres gens. S’il y avait un franc ou deux en sus pour deux<br />
saints pauvres que nous voyons aussi chaque semaine, ils prieraient bien pour vous.<br />
Quant au montant des billets de loterie, j’attends vos ordres pour ma tante Elambert; d’autant plus<br />
qu’une part est à solder à Paris. J’ai écrit à Eugène à peu près en même temps qu’à vous. Point de réponse<br />
encore. Il est vrai que j’engageais nettement, quoiqu’avec douceur, ce pauvre enfant à réfléchir devant Dieu sur<br />
les nouveaux chagrins qu’il venait de nous causer.<br />
Alfred [Elambert] est, à ce qu’il paraît, bien souffrant; ma tante Laforêt aussi. J’embrasse de tout<br />
cœur Maria et vous.<br />
Je me porte à ravir.<br />
votre fils soumis...<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
132 - à sa mère<br />
Le P. <strong>Henri</strong> se trouve à Paris pour les obsèques de tante Laforêt; — la chapelle de Grenelle a été bénite le 8<br />
décembre dernier.<br />
Chère et bonne Mère,<br />
Paris, 20 décembre 1861<br />
4 ème jour de la neuvaine de Noël<br />
Le précédent courrier vous aura apporté la nouvelle si douloureuse pour vous, plus que pour aucun<br />
autre de la famille, de la mort, <strong>du</strong> reste précieuse devant Dieu, de la bonne et sainte Mme Laforêt.<br />
J’en ai été prévenu hier matin à Arras. Tout de suite je me suis dit: ”Ce sera pour ma bonne Mère une<br />
consolation que je l’aye représentée aux obsèques de sa sœur chérie”; je suis parti, malgré les difficultés de<br />
l’approche de Noël, malgré mon apparition à Paris huit jours auparavant pour la bénédiction de la chapelle de<br />
Grenelle. J’ai pu à l’arrivée prendre mes mesures pour chanter moi-même la Messe de ma bonne tante; je ferai<br />
aussi, je l’espère, la sépulture. Si donc je suis seul ici sur cinq [de la famille], <strong>du</strong> moins il y aura quelque<br />
compensation, puisque j’aurai, plus qu’aucun autre de la famille, ren<strong>du</strong> les derniers devoirs à cette sainte tante.<br />
C’était <strong>du</strong> reste un besoin de mon cœur. Je n’oublierai jamais le tendre intérêt que ma bonne tante m’a<br />
porté en toute circonstance, mais surtout dans ma longue maladie, intérêt qui de moi se reportait sur les œuvres<br />
et sur toutes les petites affaires de la Communauté.<br />
Je vous quitte, chère et bonne Mère, pour recommander l’âme de ma bonne tante à diverses personnes<br />
et recueillir ainsi le plus possible de prières immédiates, afin que cette âme chérie aille célébrer Noël au Paradis.<br />
Embrassez bien pour moi Maria; je vous embrasse moi-même de cœur.<br />
133 - à M. Florent Caille<br />
Votre fils respectueux...<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
La chapelle de Grenelle a été bénite; tante Laforêt était bienfaitrice matérielle et spirituelle de Vaugirard et de<br />
Grenelle, etc. - Le 27 décembre est la fête de la St-Jean; c’est l’occasion de fêter chaque année le Supérieur, le<br />
Père Jean-Léon Le Prevost.<br />
Le frère Louis PAILLE, confrère et avocat, est le quatrième membre de la Communauté; il est entré le 17 juin<br />
1848; il fut “infirmier” de M. Le Prevost dans ses cures et supérieur à N. D. de Nazareth, sur le Boul.<br />
Montparnasse à Paris.<br />
Fêterez-vous la St-Jean? -- Le Père Guidée s.j. vit à St-Acheul d’Amiens: un billet pour lui -- Le Post-scriptum<br />
est pour M. Caille.<br />
82<br />
Mon bon frère Caille,<br />
Arras, 21 décembre 1861<br />
fête de s. Thomas
Je reviens de Paris pour la seconde fois depuis que je vous ai quittés. Le 8, je m’y suis trouvé à la<br />
bénédiction de la chapelle de Grenelle. Hier, j’y ai enterré la sœur bien-aimée de ma pauvre mère. J’espérais,<br />
jeudi, m’arrêter à Amiens. Il eût fallu pour cela un train de 10.00 heures, qui n’existe pas.<br />
Avec tous ces arrangements, le travail de Noël me privera jusqu’au 2 ou 3 janvier prochain <strong>du</strong> plaisir<br />
de vous voir. Je vous souhaite donc à tous par avance la bonne année. Je vous demande en échange beaucoup de<br />
prières pour moi, qui en ai tant besoin, puis pour ma pauvre mère pour qui la nouvelle d’une perte aussi sensible<br />
et aussi subite que celle que nous venons de faire, sera une terrible épreuve, dans son isolement d’Algérie; enfin<br />
pour ma bonne tante, morte, on peut le dire, dans l’exercice de la charité, puisque résistant jusqu’à la fin aux<br />
étreintes de la mort, elle avait encore visité ses pauvres samedi dernier [le 14 décembre]. Sa dernière sortie a été<br />
dimanche pour aller porter à M. le Curé son offrande <strong>du</strong> Denier de S. Pierre.<br />
Une messe sera, je pense, dite à Grenelle et à Vaugirard pour elle. Elle était bienfaitrice de ces deux<br />
Maisons depuis leur fondation. Elle n’a fait que prier pour Amiens; je serais tout heureux, cependant, qu’une<br />
messe de Requiem y fût dite dans notre chapelle lundi, dernier jour libre d’ici à bien longtemps.<br />
Je compte que vous irez à Paris et à Vaugirard pour le 27. Je vous ai annoncé à M. Le Prevost.<br />
Voici trois petites commissions:<br />
1° prendre, rue Furstenberg, 6, un paquet raisonnable que M. Decaux aura dû faire préparer pour<br />
moi;<br />
2° Écrire à Mme la Comtesse Ferrand, 1, rue Ste-Catherine d’Enfer, la rue et le n° de votre Hôtel<br />
d’Amiens. Jamais je ne les puis retenir et Mme la Comtesse veut bien faire de temps en temps, pour moi, le<br />
dépôt d’une revue pieuse;<br />
3° Demander à M. Paillé un crucifix en cuivre que j’ai laissé sur le bureau ou la table de la salle<br />
d’étude de Nazareth.<br />
Tout à vous...<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Amiens vous députera à Vaugirard pour la fête <strong>du</strong> bon Père [Le Prevost]. Mais les frères qui resteront<br />
ne feront-ils rien pour la St-Jean? Ici, nous aurons la messe pour tous, apprentis comme écoliers, et j’espère<br />
qu’un certain nombre d’écoliers communiera.<br />
Prière de faire passer au Père Guidée le billet ci-inclus.<br />
Nota bene - Ruffet, 38, rue S.- Sulpice, doit faire déposer à Vaugirard, à votre adresse, pour le 27,<br />
une douzaine de jolis almanachs. Seriez-vous assez bon pour réclamer ce petit paquet qui pourrait bien rester,<br />
non point chez le portier (il n’y en a pas de réel aux orphelins) mais à la loge? S’il n’y est point, passer chez<br />
Ruffet pour lui rafraîchir la mémoire; il doit en même temps me faire passer mes 100 abonnements [...] de la<br />
petite feuille l’Union catholique. Il a besoin, pour les envois suivants, de l’adresse exacte de l’hôtel d’Amiens.<br />
134 - à sa mère<br />
La sépulture de tante Laforêt a eu lieu au nouveau cimetière d’Ivry - détails sur les funérailles; -- cousins<br />
Maussais: probablement <strong>du</strong> côté maternel, - M. Ca<strong>du</strong>c était le directeur spirituel <strong>du</strong> Père <strong>Henri</strong> au Séminaire. --<br />
Mme <strong>Planchat</strong> devrait revenir en France <strong>du</strong>rant la nouvelle année. -- Vœux de M. Le Prevost à sa mère.<br />
Chère et bonne mère,<br />
Arras, le 29 décembre 1861<br />
SS. Innocents<br />
Bien qu’un peu pressé par le travail de préparation <strong>du</strong> dimanche, je ne puis me résoudre à vous faire<br />
attendre mes souhaits de bonne année. Plus encore qu’en décembre dernier, j’éprouve le besoin de suppléer cette<br />
causerie si douce qui se passait presque tout entière chez celle hélas! que nous venons de perdre.<br />
Nous consoler les uns les autres, en nous rappelant les vertus de cette bonne tante et en nous disant les<br />
prières qui l’ont, de toute part, accompagnée, voilà l’épanchement que réclament nos cœurs affligés. C’était bien<br />
en cette occasion <strong>du</strong> renouvellement de l’année que la bonté d’âme de cette chère défunte éclatait tout entière.<br />
Ces jours étaient ceux de ses grandes souffrances; or qui l’eût dit, à la voir si oublieuse d’elle-même, si<br />
83
préoccupée des petits tracas et des moindres malaises de chacun? Les larmes et les prières de tous les siens,<br />
(puisque la part principale à moi réservée compensait votre absence) l’ont accompagnée à sa dernière demeure.<br />
Nos trois maisons de Paris avaient chacune envoyé leur représentant à ses funérailles, quoique<br />
prévenues seulement la veille à 9.00 heures <strong>du</strong> soir. Mon bon oncle [<strong>Henri</strong> Garanger], Alfred [Elambert], M.<br />
Molleveaux [Alfred] (il vous a écrit pour les affaires) étaient là. A peu près tout le clergé de St-Etienne<br />
[paroisse], et notamment M. le Curé, assistaient à la messe que j’ai chantée. C’est moi qui ai con<strong>du</strong>it cette chère<br />
défunte au cimetière et qui ai béni doublement sa fosse, parce qu’elle repose à Ivry[banlieue de Paris], dans le<br />
nouveau cimetière de la ville, non encore consacré.<br />
J’espère que ma tante Elambert n’est pas malade de ses fatigues et de sa douleur. Elle a montré un<br />
courage héroïque; toutefois, au cimetière, elle était bien émue.<br />
J’ai dû me séparer au cimetière de toute la famille. Il fallait repartir le soir même pour Arras, où mon<br />
absence laissait un vide fâcheux aux approches de Noël. Mon oncle [<strong>Henri</strong> Garanger] et M. et Mme Du Vivier,<br />
le cousin et la cousine Maussais, se portaient bien. Alfred [Elambert] n’était pas trop souffrant, bien qu’il n’eût<br />
pu reposer de la nuit. Les nouvelles de ma tante Garanger, de Claire et de Mélanie étaient bonnes.<br />
Que vous dirai-je en terminant, car mon catéchisme général de demain est à préparer sans plus de<br />
retard. Chère Mère, voilà une rude année. Mais là-haut, j’en suis sûr, elle comptera pour deux. Et puis, comme<br />
le bon Dieu mêle d’ordinaire les consolations aux [...] vont venir en 1862 [...] compensations pour votre cœur.<br />
Les prières de la bonne tante vont convertir Eugène. Vous vous rapprocherez [prochain retour en France] de<br />
cette bonne tante Elambert, qui éprouve à cette heure un si grand vide et dont la présence rendra le vôtre moins<br />
sensible.<br />
Sans doute alors nous nous verrons et ce sera l’une de nos plus douces joies, en attendant la réunion<br />
de là-haut. Toutes choses que je demanderai chaque jour au S. Sacrifice, après l’accomplissement sur nous de<br />
l’adorable volonté de Dieu. Aux pieds de la crèche, surtout, adorant le petit Jésus, en union avec Joseph et<br />
Marie, je prierai pour vous et pour la chère Maria, plus que jamais votre Ange consolateur. Je ne serai pas le<br />
seul à prier pour vous à l’autel. M. Le Prevost, j’en suis sûr, ne vous oubliera pas, ni le vénérable M. Ca<strong>du</strong>c, non<br />
plus. Je lui ai fait part de cette nouvelle épreuve qui vous venait de la main <strong>du</strong> Bon Maître. Il m’a répon<strong>du</strong> qu’il<br />
vous avait recommandée à N. D. des Victoires. Je l’ai fait de mon côté à Arras, où l’Archiconfrérie est érigée<br />
dans cette chapelle des Bénédictines <strong>du</strong> St-Sacrement, que je dessers pour une petite part.<br />
Je me porte à ravir. Le travail de Noël n’était ici qu’un jeu auprès de celui de Grenelle.<br />
Notre bon supérieur, M. Halluin, me charge de vous présenter ses respects et ses vœux. Vous<br />
comprendrez bien que mes enfants prient pour vous.<br />
Votre fils respectueux...<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Ma tante Elambert m’a remis les 100 francs d’étrennes et l’argent des billets.<br />
Dans l’apparition que je fis à Vaugirard à l’occasion de la bénédiction de notre chapelle de Grenelle,<br />
le 8 courant, M. Le Prevost me recommanda bien de vous présenter ses respects les plus affectueux.<br />
135 - à sa mère<br />
Mme <strong>Planchat</strong> est malade, déprimée. “Il faut m’obéir; vous devez vendre votre maison: saint Joseph y verra”. --<br />
Mmes de Tonnac et Delahaye sont des familles amies d’Algérie. -- quelques notes de finances; Mlle PAYEN<br />
était responsable de l’Œuvre <strong>du</strong> Bon Conseil à Grenelle et l’abbé <strong>Planchat</strong> y assurait un service pastoral. -- le<br />
“peu et souvent” est écrit en italique pour faciliter la lecture.<br />
Chère et bonne Mère,<br />
Arras, 5 mars 1862<br />
Mercredi des Cendres<br />
5 ème jour <strong>du</strong> mois de S. Joseph<br />
Deux mots en réponse à la lettre de Maria qui vient de se croiser avec la mienne. Deux mots, c’est<br />
bien peu; mais dans la situation pénible où il plaît au bon Dieu de vous mettre, le cœur, comme l’estomac, aime<br />
bien, peu et souvent.<br />
Chère et bonne Mère, je vous en conjure, ne vous laissez point aller à l’ennui. Quel serait le sujet de<br />
votre mélancolie croissante? Ne trouvons-nous pas bien fait tout ce que vous faites? Une autre fois, quand on<br />
84
vous proposera d’acheter votre maison, pour n’avoir nul regret, vous demanderez huit jours et vous consulterez<br />
mon oncle [<strong>Henri</strong> Garanger], à qui vous exposerez ou ferez exposer par Maria vos incertitudes. En définitive,<br />
qu’y a-t-il à regretter pour le présent? On dit que vous ne trouverez plus d’acheteurs? Et moi, je vous dis que<br />
saint Joseph vous vendra votre maison et vous la vendra bien. Je vais lui demander, tout son mois, le retour de<br />
notre bonne mère, le jour de sa fête surtout. Il faudra bien qu’il me l’amène jusqu’à Arras. Or, le bon saint<br />
Joseph sait bien que ma bonne Mère ne reviendrait pas tranquille, sans avoir ven<strong>du</strong>; donc elle vendra.<br />
Encore une fois, plus de tristesse. Vous irez au temps de Pâques à Blidah: chantez d’avance<br />
l’Alléluia. Mais votre état ne se raisonne pas; je le sais. Eh bien, prenez-moi pour votre Directeur et obéissezmoi,<br />
comme je <strong>du</strong>s jadis vous obéir, en situation analogue, à la vôtre. Promenez souvent Maria; elle en a besoin;<br />
promenez-la vous-même; il vous faut cela, et c’est une ordonnance. Quand vous la menez chez Mmes de<br />
Tonnac ou Delahaye, restez-y avec elle; on vous y aime tant!<br />
C’est moi qui me suis trompé pour les 10 francs de Mlle Payen; c’était de bonne foi, je croyais payer<br />
les billets dont ma tante Elambert a les lots. Mais allez, le malheur n’est pas gros: ces 10 francs sont si bien<br />
placés, qu’ils vous feront vendre et vous ramèneront près de nous.<br />
Le catéchisme sonne; adieu. Je vous embrasse, vous et Maria, de cœur.<br />
136 - à sa mère<br />
Votre fils bien respectueux et bien tendre,<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Village natal de saint Benoît Joseph Labre: Amettes.<br />
Les Pères maristes sont accueillants, même après la pluie -- une souscription pour agrandir l’église devenue trop<br />
petite et pour une maison à l’usage des missionnaires.<br />
HELLO, Emile, est ordonné prêtre le 17 décembre 1853, avant d’entrer dans l’Institut en 1854; il est le<br />
troisième prêtre (<strong>Planchat</strong>, Lantiez et Hello) : il fera profession le 27 avril 1855 et décédera le 29 août 1900.--<br />
de son vivant, il avait une réputation de sainteté.<br />
Ma bonne Mère,<br />
8 juillet 1862<br />
Me voilà de nouveau dans le village natal <strong>du</strong> Bienheureux Benoît Joseph Labre et m’y voilà dans des<br />
conditions telles, que je crois qu’il ne me refusera pas ce que je viens de lui demander au saint Autel pour Maria<br />
et pour vous. Je ne suis pas seul en effet au sanctuaire <strong>du</strong> Bienheureux, j’y suis avec notre saint petit Père Hello,<br />
l’aumônier de cette belle chapelle de Nazareth; j’y suis avec un de nos enfants, que ce bon père est venu, de<br />
Paris, préparer à la Première Communion. Ce cher petit vient de faire pour tous ceux qui l’aiment une<br />
communion le surlendemain de la première de toutes. J’aurais dû avant toute autre prière lui faire dire un Ave<br />
Maria pour les exilés d’Afrique; je réparerai cet oubli après déjeuner.<br />
J’ai déjeuné et je tire sur vous pour payer le simple et excellent repas offert par la cordiale hospitalité<br />
des bons Pères Maristes.<br />
Ils ont été, ces bons pères, jusqu’à nous prêter leurs chaussures pour que, venus par la pluie, nous<br />
disions la messe les pieds secs. Eh bien! les voyant refuser tout argent pour notre repas, je vous ai inscrite et je<br />
me suis inscrit pour la souscription dont il est fait mention ci-contre. Je ne doute pas que pour cette année, où je<br />
suis ruiné, vous n’ajoutiez les 4 francs à mon banquet déjà préparé de la St-<strong>Henri</strong>.<br />
Le bon saint était si reconnaissant des moindres services qu’on lui rendait; comme il bénira ceux qui,<br />
<strong>du</strong> fond de l’Afrique, contribueront à agrandir l’église désormais trop étroite où il fut baptisé et à fonder la<br />
maison si nécessaire des missionnaires dans un pays où, avec la foi, sont restés les délices de la piété. Mais faute<br />
de missionnaires, ces dehors couvrent une immoralité profonde.<br />
Adieu; je me porte à merveille; le chemin de fer va me ramener à Arras. Je vous embrasse.<br />
Bientôt écrivez-moi; embrassez pour moi Maria.<br />
Votre très reconnaissant<br />
85
137- à un Frère<br />
Je n’oublierai pas de prier pour la famille de Tonnac.<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Partie de lettre retrouvée et dont la date n’apparaît pas; les indices de cette date seraient: un moment après une<br />
retraite de Première Communion à une époque très chaude de l’année, la présence de ce petit gamin de Paris,<br />
dont il était aussi question dans la lettre antérieure et une suite plausible dans la lettre <strong>du</strong> 14 juillet 1862 envoyée<br />
à M. Caille.<br />
sans date précise, juillet 1862<br />
... La protection des Cœurs Sacrés de Jésus et de Marie et <strong>du</strong> Bienheureux Benoît Joseph Labre<br />
auxquels la Retraite avait été vouée, a parfaitement réussi. Dans une chapelle qui était une véritable étuve, pas<br />
un des premiers Communiants n’a dormi. Tous nos pauvres petits étaient délicieux, le dimanche à la messe, de<br />
recueillement simple et de pieuse joie. Un gamin de Paris, que j’avais amené depuis deux mois à peine, s’est<br />
levé de son banc, au moment de partir pour la Communion, pour me dire: “Monsieur, ceci me revient à<br />
l’instant...”.<br />
La visite des pauvres, faite avec l’aumône de leurs petits sous, a [...]<br />
138 - à M. Florent Caille<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Quelques commissions à faire; avez-vous des manuels de l’apprenti à offrir? - M. Jean: il pourrait s’agir <strong>du</strong><br />
séminariste Jean Marie Gauffriau est entré en communauté le 3 mars 1859.<br />
Marcaire, Jules: entré le 2 avril 1853 - profession le 13 mai 1854 - décédé le 8 juillet 1918.<br />
Mon bon frère Caille,<br />
Arras, 14 juillet 1862<br />
4 ème jour de la neuvaine de S. Vincent<br />
J’ai oublié de vous demander de vouloir bien apporter le ciboire pour M. Halluin, et de l’étoffe<br />
pareille à celle dont vous faites vos gilets, pour M. Guillot; le sien a besoin d’être raccommodé.<br />
Ne pourriez-vous aussi, faire demander chez M. de Ponsortet de m’apporter: 1° 12 abonnements aux<br />
Petites Lectures <strong>du</strong> 1 er janvier à aujourd’hui. 2° deux quatrième numéro de cette année. M. Marcaire solderait<br />
comptant sur le peu qui me reste entre ses mains.<br />
Tout à vous, au plaisir de vous embrasser demain...<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Apportez-nous de bien bonnes nouvelles de M. Jean. Si vous aviez, un peu avariés, des Manuels de<br />
l’apprenti, comme ceux que vous aviez, dans le temps, procurés à M. Halluin, il vous serait obligé de vouloir<br />
bien en apporter une ou deux douzaines. Ces livres servaient journellement aux écoliers pour se préparer à la<br />
confession; ils sont usés.<br />
139 - à sa mère<br />
Souvenir de son père, enseveli à Bab-el-Oued, et des autres défunts de la famille; je n’ai toujours pas grandchose<br />
à faire; la pauvreté nous empêche de célébrer plus souvent pour les défunts de la famille ou des pauvres. -<br />
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il y aurait tant à faire ici: tout est à créer -- Des nouvelles de son frère Eugène; ce dernier fait son service<br />
militaire.<br />
Chère et bonne Mère,<br />
Arras, 4 novembre 1862<br />
S. Charles<br />
2 ème jour de l’octave des Morts<br />
Les saints jours que nous parcourons reportent tout naturellement mon cœur vers la terre d’Afrique.<br />
Une seule fois j’ai pu m’agenouiller sur l’humble tombe qui recouvre à Bab-el-Oued une dépouille bien chère.<br />
C’était avec vous, bonne Mère! Là nous avons prié ensemble pour celui qui sacrifia tout à sa famille, tout jusqu’à<br />
sa vie! Si nous étions hier séparés de corps, nous étions unis d’esprit dans les Cœurs Sacrés de Jésus et de<br />
Marie pour y puiser ces grâces de rafraîchissement, de lumière et de paix dont la source est en ces divins Cœurs,<br />
attentifs aux larmes <strong>du</strong> Purgatoire, comme aux larmes de la terre.<br />
Bien enten<strong>du</strong>, j’ai dit la messe hier pour tous les défunts de la famille, à commencer par mon bon<br />
père. Au second rang dans mon mémento figurait la bonne tante Laforêt. Voilà tout à l’heure onze mois qu’elle<br />
nous a quittés! Bien sûr, il y a longtemps qu’elle prie pour nous; son purgatoire était fait sur la terre.<br />
C’est pourtant pour moi une rude privation, que celle imposée par notre extrême pauvreté, de ne<br />
donner que bien rarement une messe aux défunts de la famille ou des pauvres familles de Grenelle, dont les<br />
nouvelles m’arrivent encore (je ne parle pas d’Arras, où je reste étranger, comme au premier jour). Enfin ici les<br />
messes se payent cher: 1.50 f. de règle, sans compter les gracieusetés des personnes aisées et de bon ton. Nos<br />
messes, à nous deux, sont un des bons revenus de M. Halluin pour payer le pain de ses pauvres enfants.<br />
Chère et bonne Mère, il me semble que j’attends depuis bien longtemps la réponse à ma dernière<br />
lettre. Seriez-vous malade? Retomberiez-vous insensiblement dans votre ennui si funeste? Je vous en prie,<br />
donnez-moi vite de vos nouvelles et de celles de Maria.<br />
Moi, je me porte à ravir. Il n’y a pas encore huit jours, un bon Père de la Miséricorde, absent depuis<br />
quatre mois seulement, me disait: “Vous n’aviez pas mauvaise mine quand je vous quittai; mais vous avez bien<br />
meilleure mine encore aujourd’hui”.<br />
Priez seulement pour que j’aye quelque chose à faire à Arras. Tout y est à créer pour les pauvres et les<br />
ouvriers en fait d’instruction religieuse et de soins spirituels spéciaux. Et je suis là depuis dix-sept mois les bras<br />
absolument croisés. Pourtant tel quartier d’Arras vaut pour le moins Grenelle au point de vue moral et chrétien!<br />
J’ai des nouvelles toutes fraîches d’Eugène. Le voilà rentré à Lyon ou plutôt au camp de Sathonay. Il<br />
s’ennuie à mourir, faute de livres; je ne connais personne à Lyon; je pourrai tenter néanmoins, par le moyen<br />
d’un bon Monsieur de Grenelle, lyonnais de naissance, de lui indiquer, à ce pauvre Eugène, quelque ressource.<br />
Veuillez présenter mon respect à M. et à Mme de Tonnac. Je me sens plus que jamais obligé à me<br />
souvenir devant Dieu de toute leur pieuse famille.<br />
140 - au P. Le Prevost<br />
Votre fils respectueux...<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Le Père Louis Lantiez entre le 10 janvier 1852; il fait profession religieuse, avec le premier groupe, le 8 octobre<br />
1852; il sera le premier Supérieur Général à succéder au Père Fondateur; il mourra en juillet 1916. Avant de<br />
quitter l’Institut après un essai d’un an, l’abbé Gentil avait invité l’abbé Lantiez à le remplacer dans la<br />
Congrégation.<br />
Divergence <strong>Planchat</strong> - Halluin sur la confession fréquente: ajouter à la confession mensuelle celle des quatre<br />
grandes fêtes est tout ce que l’on peut désirer?<br />
Un aumônier qui sent son inutilité absolue; un congréganiste <strong>du</strong> Patronage d’Amiens est décédé; j’en écrirai à<br />
CAUROY. (Edouard, né en 1848, entrera en 1868 comme ecclésiastique et mourra en 1894).<br />
Mon bon Père,<br />
Amiens, le 28 novembre 1862<br />
Le bon frère Lantiez vous aura dit toute ma joie de causer à loisir avec lui, sur le chemin d’Arras, de<br />
la Communauté, <strong>du</strong> Noviciat, d’Arras et de Grenelle. Son passage nous aura fait grand bien, je l’espère, surtout<br />
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s’il peut suivre l’importante question entamée avec M. Halluin, à propos <strong>du</strong> spirituel des enfants. Le bon frère<br />
Lantiez a pu voir combien M. Halluin serait difficile à convertir à cette idée qu’il ne faut pas simplement viser à<br />
poser des jalons dans la vie de ses jeunes gens, en acceptant comme habituel l’état de péché mortel, le sommeil<br />
dans les habitudes les plus honteuses.<br />
Si M. Lantiez a bonne mémoire, il se rappellera que tout en l’écoutant avec déférence, M. Halluin n’a<br />
nullement renoncé à son vieux système, de viser à la seule confession <strong>du</strong> mois, sous le prétexte que tomber de<br />
cette confession à celle des quatre grandes fêtes, est tout ce que l’on peut désirer pour nos jeunes gens d’Arras<br />
dans le monde. Il ne veut pas comprendre deux choses: d’abord que d’après son aveu, presque tous nos jeunes<br />
gens sont à corriger d’habitudes ou quotidiennes, ou approchant de ce degré, et que sous peine d’arriver dans le<br />
monde <strong>du</strong> débordement le plus affreux -- dont il a tant d’exemples pour ses anciens -- il faut, avant tout, tirer<br />
d’un tel bourbier les pauvres âmes. Ce qui ne se peut absolument sans la confession très fréquente et la<br />
Communion de deux ou trois fois le mois, de chaque dimanche même, nec plus ultra d’un apprenti.<br />
Dans sa persuasion, le bon Père Halluin suit ceux qui communient à peine chaque mois pour arriver à<br />
constater s’ils se sont soutenus dans l’intervalle. Il va jusqu’à se réjouir quand, les communions s’espaçant, on<br />
ose lui répondre qu’on se soutient. Il ne croit pas à la possibilité <strong>du</strong> mensonge dans les réponses à des interrogations<br />
pareilles, faites en dehors de la confession. Si au contraire un grand mauvais sujet, pour se débarrasser<br />
de ses instances sur l’accomplissement de ses devoirs, va lui dire: “je me suis confessé à M. <strong>Planchat</strong>, mais je<br />
n’ai pas communié, parce que j’avais caché telle chose”, voilà le P. Halluin qui tremble pour la sincérité en<br />
général de ceux qui se confessent à M. <strong>Planchat</strong>, et il [M. Halluin] favorise le passage à d’autres confesseurs<br />
impuissants à suivre d’un peu près les âmes.<br />
Voilà comment il se fait (M. Lantiez a parcouru la liste avec M. Halluin) qu’ayant fait faire depuis<br />
dix-huit mois la première communion à plus de 80 enfants, restés pour la plupart dans la maison et dont 17<br />
seulement restent écoliers, je n’ai pas pour la Toussaint confessé 40 apprentis.<br />
De plus M. Lantiez insistait pour qu’on travaillât à former dans l’orphelinat une tête de bons jeunes<br />
gens communiant habituellement chaque dimanche, M. Lantiez sent bien que M. Halluin n’a nullement adopté<br />
cette pensée; j’ai observé que j’avais eu quelques mois un commencement de cela, mais que l’inquiète observation<br />
dirigée sur ces jeunes gens et la crainte de me soutenir avaient pro<strong>du</strong>it ce résultat que plus un apprenti ne<br />
communiait chaque dimanche. M. Halluin s’est borné à répondre: “Je suis bien fâché de faire de la peine à M.<br />
<strong>Planchat</strong>”.<br />
Cependant la mise en train pendant les trois premiers mois avait été heureuse, M. Halluin l’avoue;<br />
cependant je ne me suis jamais découragé; je n’ai jamais rudoyé les enfants qui me revenaient après un long<br />
intervalle; j’ai même cherché à transiger avec eux autant que l’urgent besoin de leurs âmes me semblait le<br />
permettre. M. Halluin ne veut pas admettre cela et il ne voit d’autres explications d’une baisse spirituelle (qui,<br />
après tout, est loin de l’alarmer, puisqu’elle rentre dans son système) que mon caractère trop impétueux. Quel<br />
moyen d’arriver à quelque chose, lorsqu’il suffit d’une grimace de mécontentement de quelqu’enfant pour faire<br />
changer M. Halluin de manière et lui faire réprouver la méthode d’autrui?<br />
Ne croyez pas cependant que je me désole ni ne me décourage outre mesure. Je souffre de mon<br />
inutilité absolue; je souffre de voir M. Halluin me mettre de plus en plus de côté pour le spirituel des apprentis,<br />
ne me laissant pas même ma part dans les exhortations <strong>du</strong> soir, me confinant absolument dans les catéchismes;<br />
mais je me résigne [...] et de mon pèlerinage au Bienheureux Joseph Labre [...] sa surveillance.<br />
Rien de saillant pour le journal d’Arras ni d’Amiens. Je regrette de n’avoir pas pensé à rédiger une<br />
petite notice sur la mort, si propre à impressionner, d’un congréganiste <strong>du</strong> patronage d’Amiens et sur les<br />
honneurs si touchants ren<strong>du</strong>s à sa dépouille mortelle; je tâcherai d’en faire l’objet d’une petite lettre à Cauroy.<br />
Priez s.v.p. pour la distribution des prix d’Arras (7 décembre) et pour tout l’ensemble de notre fête de<br />
l’Immaculée Conception fixée à ce jour. La distribution a stimulé[...] émulation des enfants, mais ils sont si<br />
susceptibles pour l’appréciation des récompenses! Priez aussi pour la fête de la Congrégation au patronage d’Amiens<br />
et pour notre Avent à tous.<br />
J’oubliais de vous dire que la Présentation s’est très bien faite à Amiens. M. Caille vous en a parlé <strong>du</strong><br />
reste.<br />
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Votre enfant en N. S.,<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre
IX -- LE SECRETAIRE <strong>du</strong> Père Le Prevost<br />
141 - à M. Louis Lantiez<br />
(à M. Halluin pour remettre au P. Lantiez, et pour ouvrir en l’absence de celui-ci)<br />
Le Père <strong>Planchat</strong> est ren<strong>du</strong> à Vaugirard; -- Charles Lenoir sera postulant: à qui iront les indemnités: à Arras? à<br />
Vaugirard? -- Pour mon obédience: à Arras? à Vaugirard? les besoins sont là partout. Je suis indifférent: fiat<br />
voluntas! P. S. de M. Le Prevost: j’attends votre retour pour décider.<br />
Mon bon P. Lantiez,<br />
Vaugirard, 19 janvier 1863<br />
M. le Supérieur vous laisse à décider avec M. Halluin ce qui convient mieux pour notre bon petit<br />
Charles Lenoir. Si M. Halluin recevait encore pour cet enfant une indemnité, M. Le Prevost pense qu’elle<br />
devrait être perçue le plus longtemps possible au profit de Vaugirard, si décidément il y entrait. Par bonheur j’ai<br />
su, en général, me présenter comme un passant [<strong>du</strong>rant le séjour à Arras].<br />
Pour moi-même je suis, je vous l’assure, dans l’indifférence. Si deux sentiments me partageaient, ce<br />
serait, il me semble, celui de la peine de notre bon P. Halluin, des besoins de nos enfants d’Arras et <strong>du</strong> quartier<br />
St-Géry, d’une part; d’autre part, le sentiment des besoins de Vaugirard, et surtout de M. le Supérieur.<br />
J’ai répété ces trois jours au S. Sacrifice le fiat voluntas. Je demande à Dieu par Marie et Joseph de le<br />
dire de tout mon cœur, en oubliant entièrement mes goûts personnels et mes affections.<br />
P.S. de M. Le Prevost<br />
Mon bon abbé,<br />
Tout à vous dans les Sacrés Cœurs,<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
M. <strong>Planchat</strong> vous dit mon sentiment, en même temps que le sien propre; je regretterais bien<br />
de mettre M. Halluin en peine, quoique, à vrai dire, nous puissions utiliser davantage M. <strong>Planchat</strong> ici<br />
qu’à Arras; je suspendrai donc la décision définitive, jusqu’à votre retour, sur ce point; assurez M.<br />
Halluin de nos sincères affections et prenez-en vous-même votre part.<br />
Mille amitiés à nos frères,<br />
Le Prevost<br />
142 - à M. Florent Caille<br />
32, rue de Noyon, à Amiens, Somme<br />
Le Noviciat s’installe, à Chaville; mes nouvelles fonctions; con<strong>du</strong>ire à M. Halluin un orphelin.<br />
Une messe par semaine aux intentions <strong>du</strong> Supérieur. -- La Réunion d’octobre 1862: un genre de Chapitre<br />
général avant la lettre.<br />
Mon bon frère Caille,<br />
Vaugirard, 22 janvier 1863<br />
M. le Supérieur [M. Le Prevost] m’a fait revenir, au moins provisoirement, à Vaugirard, pour l’aider<br />
un peu dans l’expédition de ses lettres — son travail de direction étant augmenté et compliqué par l’installation<br />
<strong>du</strong> Noviciat à Chaville —. Peut-être aurai-je la place de M. Lantiez, trop occupé, à Grenelle, à visiter fréquemment<br />
Arras, et serai-je chargé de vous aider, en passant, à votre petite retraite <strong>du</strong> mois; toujours est-il que je ne<br />
pourrai venir ce soir.<br />
Je mets à profit cette occasion pour vous faire connaître une décision <strong>du</strong> Conseil, appliquant une des<br />
mesures prises à la Réunion <strong>du</strong> mois d’octobre. Désormais, dans toutes les maisons où se trouve un prêtre de la<br />
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Communauté, il sera dit chaque semaine une messe aux intentions de M. le Supérieur. Comme vous avez un<br />
aumônier étranger, M. le Supérieur se contente de vous demander l’application, une fois chaque semaine, des<br />
communions des Frères à ses intentions.<br />
Je recommande à toute votre charité, pour le faire arriver à bon port jusque chez M. Halluin, un<br />
orphelin de Dalmas, âgé de huit ans et demi, qui vous sera tout prochainement adressé à cet effet; on vous<br />
versera, je pense, le premier mois de sa pension, fixée, ce me semble, à 240 francs. Je devais emmener<br />
d’Amiens [à Arras] cet enfant.<br />
Tout à vous...<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Ce serait entre vos mains que l’on verserait régulièrement, par trimestre, si je m’en souviens bien, la<br />
pension de l’orphelin de Dalmas.<br />
143 - à sa sœur Maria<br />
Le portrait <strong>du</strong> Curé d’Ars (décédé en réputation de sainteté le 4 août 1859) -- M. Le Prevost salue la mère <strong>du</strong><br />
Père <strong>Planchat</strong>, qui a quitté Arras.<br />
Ma bonne petite sœur,<br />
Arras, 5 février 1863<br />
Tu recevras probablement par le même courrier deux petits livres et le portrait <strong>du</strong> curé d’Ars? Ce<br />
n’est qu’en me retrouvant, dans ma visite mensuelle à Arras, chez le libraire où j’avais pris le premier portrait<br />
que je me suis rappelé ta demande. Je suis heureux, ma bonne petite sœur, de te faire un peu plaisir et de te<br />
distraire un peu.<br />
Continue à offrir, avec courage et silence, tes épreuves au bon Dieu pour notre bonne mère, et tu le<br />
verras bientôt, tout sera arrangé pour le mieux.<br />
Remercie-la bien, cette bonne mère, pour moi, de ses 50 francs que je n’ai point encore demandés à<br />
ma tante. Dis-lui que M. Le Prevost me charge de le rappeler à son souvenir et de l’assurer <strong>du</strong> sien devant Dieu.<br />
J’espère la voir bientôt nous visiter à Vaugirard.<br />
Adieu, bonne petite sœur; je t’embrasse de cœur, ainsi que notre bonne mère. Je suis un peu pressé. je<br />
me porte à ravir.<br />
Ton frère...<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Prie pour mes enfants d’Arras qui n’ont encore personne pour me remplacer. Je n’oublie pas les<br />
personnes que tu m’a recommandées.<br />
144 - à M. Halluin<br />
Une note sur la mort édifiante d’Auguste Charpentier, un jeune de Vaugirard.<br />
Justin Faÿ reçoit le sacerdoce le 20 décembre 1856; il entre en communauté le 31 mars 1857, fait sa profession<br />
religieuse le 8 avril 1859 - il mourra le 25 décembre 1871.<br />
Antoine Chaffaut, frère laïc, entré en mai 1862 - profession en 1864 et décès en 1903.<br />
Tel temps qu’il fît: quelque temps qu’il fît.<br />
Mon bon Père Halluin,<br />
Vaugirard, 12 février 1863<br />
Je tiens à vous communiquer, toute fraîche, la suave impression de la mort un peu soudaine et toute<br />
sainte d’un de nos meilleurs petits enfants de Vaugirard. Je tiens aussi à obtenir tout de suite, de nos bons<br />
écoliers d’Arras, quelques prières et, s’il est possible, quelques communions pour la prompte délivrance de cette<br />
chère âme.<br />
Le petit Auguste Charpentier était soigné pour une rechute de rougeole; tout à coup, hier matin, le<br />
médecin déclare qu’il est au plus mal. Il reçoit l’Extrême-onction [le Sacrement des Malades] pieusement; mais<br />
il n’a que neuf ans. on ne s’attendait pas <strong>du</strong> tout à cette crise; comment lui faire faire sa première communion?<br />
Nous décidons, M. Faÿ et moi, que, si l’on peut donner à l’enfant une idée nette, quoique sommaire, <strong>du</strong><br />
Sacrement et lui en inspirer le désir, on le fera communier. M. Faÿ est aussitôt émerveillé de trouver dans le cher<br />
petit, et une instruction plus que suffisante et surtout le plus ardent désir de recevoir son Dieu.<br />
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Il communie avec la piété la plus naïve et la plus tendre. Son action de grâces <strong>du</strong> cœur terminée, il<br />
prend son petit chapelet et essaye à plusieurs reprises de le réciter en prononçant distinctement toutes les<br />
paroles; puis il appelle l’infirmier: “M. Chaffaut, M. Chaffaut, quel malheur, je ne puis dire mon chapelet; cela<br />
me fait mal à la gorge!” A quelques moments de là: “M. Chaffaut, mais maintenant je pourrai communier le<br />
dimanche avec les autres, n’est-ce pas?” Sa pauvre mère accourt de l’Ecole normale, où elle est femme de<br />
chambre chez le Directeur: “Maman, Maman”, dit-il d’une voix entrecoupée, au milieu des souffrances que lui<br />
occasionne un large et puissant vésicatoire appliqué sur la poitrine pour tenter une dernière chance de salut,<br />
“maman, j’ai reçu l’Extrême-onction, j’ai fait ma première communion! Oh! je suis bien content!” Puis quelques<br />
instants après: “Maman! tu vas m’ôter mon vésicatoire, il me fait tant souffrir!’ - “ Mon enfant, tu le sais, petite<br />
mère ne t’a jamais menti, je te l’ôterai dans quelques instants, sitôt qu’on m’en aura donné la permission”. -<br />
“Oui, c’est cela, il faut demander la permission à M. Chaffaut - - Maman, maman, ne va-t-on pas me l’ôter? “ -<br />
“Mon enfant, le bon Dieu a tant souffert pour nous, tu l’as reçu; ne veux-tu pas souffrir un peu pour lui? “ - Et<br />
les cris de l’enfant s’apaisent.<br />
Comme l’assoupissement qui venait le con<strong>du</strong>ire à la mort venait de se déclarer: “ Mon enfant, lui disje,<br />
aimez-vous bien la Sainte Vierge? “ - “Oh! oui,” répond-il en ouvrant les yeux. “Seriez-vous bien aise de<br />
recevoir le S. Scapulaire? “ - “Oh! oui!”.-- Je lui donne; il se soulève péniblement à cause de l’enflure et de la<br />
somnolence, mais énergiquement, pour que je lui passe sous les épaules. “Baisez le crucifix, mon petit ami”. Il<br />
ouvre les yeux et soulève la tête pour le baiser avec plus d’attention et d’amour. Je <strong>du</strong>s le quitter pour aller<br />
exposer le St Sacrement pour l’adoration nocturne; comme les prières de l’ouverture de l’adoration se<br />
terminaient quelques instants après que le Bon Maître l’eut, de la chapelle, spécialement béni sur sa couche de<br />
douleur, l’infirmier s’approchait pour lui donner à boire; il essaye d’obéir, puis il dit: “Je ne puis plus...je ne puis<br />
plus boire...” et il expire. Je n’ai pu le voir que ce matin, à 8 heures et 1/2, sur son lit; jamais figure calme,<br />
souriante, ne réalisa mieux, à la pâleur près, l’idée que nous aimons à nous faire de Jésus enfant, endormi.<br />
Cette mort, si douce et si consolante pour la foi, avait son explication dans la vie, si courte cependant,<br />
de cet enfant, non seulement dans sa vie d’écolier à Vaugirard, où il a passé un peu moins de deux ans, mais<br />
dans sa vie antérieure, au milieu d’une famille bien désolée.<br />
A Vaugirard, il avait été un modèle d’obéissance et de piété. Donné au père Louis [Lantiez] pour<br />
l’aider dans un travail ingrat, vous le savez, il ne lui avait désobéi qu’une fois. Le Père Louis lui avait donné<br />
pour pénitence d’aller tous les jours, pendant cinq jours, à telle heure, à telle chapelle, réciter cinq Pater et cinq<br />
Ave en l’honneur des cinq plaies de N. S. Il n’avait pas manqué à sa pénitence et il n’était jamais retombé dans<br />
sa faute. Je ne pouvais troubler par des questions la douleur de la pauvre mère, assistant avec moi le cher enfant<br />
pendant la plus grande partie de son agonie.<br />
Mais je devais laisser son cœur se soulager en me parlant lui-même [ce cœur] de son enfant: “Si vous<br />
saviez, me disait-elle, combien mon cher petit Auguste se trouvait heureux chez vous! Un jour madame X lui<br />
demanda: “Te plais-tu à Vaugirard ?” - “Oh! oui” répondit Auguste. “D’abord j’avais enten<strong>du</strong> Madame N. dire à<br />
Maman qu’à [...] son garçon, placé comme moi, était battu bien fort par ses camarades; à Vaugirard, on ne se bat<br />
jamais. Et puis, Madame, je prie tant le bon Dieu, la sainte Vierge et saint Joseph! Oh! que je suis content de<br />
prier comme cela pour petite mère... et puis pour papa... tout de même.” Lorsqu’il se confessa à Vaugirard pour<br />
la première fois, cela lui fit tant d’impression, il en fut si joyeux, qu’il accourut tout rayonnant vers moi à la<br />
sortie suivante, en me disant: “Maman, maman j’ai fait ma première confession, et il me fallut lui expliquer<br />
comme quoi son bonheur n’était encore que commencé. Si je voulais vous raconter tous les traits charmants de<br />
son enfance entre cinq et sept ans, époque de son entrée chez vous, je n’en finirais pas. Oh! mon Dieu! vous me<br />
prenez l’enfant sur lequel je comptais pour me dédommager de toutes mes peines! Mais enfin, il est à vous!”<br />
Ce que je me rappelle des récits entrecoupés de la pauvre mère sur ces deux années de son enfant<br />
béni, peut se résumer en trois mots: Il aimait déjà beaucoup la prière; il était d’une obéissance courageuse et<br />
constante. Il saisissait toutes les occasions de rendre service à tous et surtout à sa mère.<br />
Un fait d’abord comme exemple à la fois de son obéissance en même temps que de son amour pour<br />
la prière: “Tous les soirs, dit la mère, hiver comme été, tel temps qu’il fît, il allait à 6.00 heures <strong>du</strong> matin me<br />
chercher mon lait. Nous demeurions rue des Ursulines, là où se trouve le couvent de l’Adoration réparatrice,<br />
avec l’exposition nuit et jour <strong>du</strong> S. Sacrement. Jamais en revenant il ne manquait d’entrer. Il déposait son petit<br />
broc en fer-blanc dans le vestibule, et là, me disait la donneuse d’eau bénite, il se tenait quelques minutes à<br />
genoux, au bas de l’église, les mains jointes, comme un petit Ange, et les yeux fixés sur le resplendissant ostensoir.”<br />
“J’avais à cette époque un enfant de six mois, le dernier des quatre que le Tribunal m’avait laissés, en<br />
me séparant de mon mari. Cet enfant, né au milieu des angoisses et des larmes, était toujours souffrant et<br />
inquiet; les nuits surtout étaient affreuses. Auguste, de lui-même, se levait, jusqu’à deux et trois fois la même<br />
nuit, et, pour m’éviter un refroidissement, allait me chercher près <strong>du</strong> poêle les langes de son petit frère.”<br />
“Un jour je m’aperçus qu’il manquait une pièce de dix sous. “Auguste, lui dis-je, me l’aurais-tu prise<br />
?” Auguste de rougir. Tu as pris ma pièce de 10 sous, et nous n’avons pas de pain! - “Oh! maman, maman, tous<br />
les matins, en passant devant l’église St Jacques, je vois un homme qui n’a plus de jambe et qui n’a plus d’oeil<br />
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(borgne et jambe de bois); ça me fait tant de peine que j’ai pris la pièce de dix sous pour lui donner. Je ne<br />
croyais pas que cela était mal. Mais puisque c’est mal, je te le promets, jamais je ne recommencerai plus!” Et il<br />
pleurait, sanglotait si fort qu’il en eut la fièvre huit jours. Complaisant et actif, comme il l’était, en faisant mes<br />
commissions, il faisait souvent aussi celles de plusieurs voisins. Cela lui rapportait de temps en temps un petit<br />
sou. “Voilà pour toi, maman, disait-il aussitôt. Bien, je le mettrai de côté pour te commencer une petite bourse,<br />
puisque je suis contente de toi. - Non! c’est pour toi! -- Tu ne veux donc jamais avoir un cerceau pour jouer le<br />
dimanche au [jardin <strong>du</strong>] Luxembourg? - Mais, maman je t’ai pris dix sous; il faut que je les rende...”<br />
Comme preuve authentique de tous ces faits, je vais repro<strong>du</strong>ire textuellement une petite lettre<br />
charmante de piété et de naïveté, qui vous fera connaître le caractère aimable de notre cher enfant. Nous avons<br />
trouvé cette lettre aujourd’hui, dans ses affaires de classe; sans doute qu’une circonstance imprévue l’avait<br />
empêché de l’envoyer à sa mère à l’époque <strong>du</strong> Jour de l’An.<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
“Ma chère mère,<br />
“Je vois avec plaisir le jour de l’an arriver, et je voudrais bien sortir pour te voir, et je prie le<br />
bon Dieu pour que tu deviennes riche, et tu sais que les richesses de la terre sont rien <strong>du</strong> tout auprès<br />
de Dieu, mais j’aime bien mieux les richesses <strong>du</strong> ciel que les richesses de la terre, et je t’aime<br />
beaucoup, et je suis très bien à la maison où tu m’as mis, et on dit à la maison que les messieurs sont<br />
trop sévères, et moi je trouve qu’ils ne sont pas assez sévères.<br />
“Ma chère mère, si je sors le jour de l’an, je désirerais de voir mon petit frère et ma petite<br />
sœur, et je termine en te disant: si tu peux me mener voir ma petite sœur que je n’ai pas encore vue.”<br />
Charpentier / M. Faÿ<br />
145- à sa sœur Maria<br />
3, rue de la Caserne indigène -- Blidah, Algérie.<br />
Prions pour maman en ce mois de S. Joseph -- Maurice Maignen: troisième frère -- Louis Paillé: quatrième<br />
frère -- Du Vivier: Eugène et cousine Natalie Elambert -- Sœur de Constantinople: Virginie, sa sœur.<br />
Ma bonne petite Maria,<br />
Paris, Communauté de N. D. de Nazareth, 23 février 1863<br />
Me voilà encore déménagé! Le bon petit abbé Hello, -- aumônier de N. D. de Nazareth, 11, rue<br />
Stanislas, ou si tu veux, boulevard Montparnasse, à Paris, -- est fatigué et se repose quelques semaines à<br />
Chaville. Je fais l’intérim; tu vas bien prier pour qu’il soit fructueux et pour que notre petit saint, -- car cet abbélà,<br />
c’est le petit saint de la Communauté -- se trouve remis pour les Pâques où le bon Dieu lui donne toujours<br />
grande moisson. Tu n’oublieras pas mes enfants d’Arras, bien délaissés. Ils m’avaient si cordialement accueilli<br />
dans ma visite <strong>du</strong> commencement de ce mois! Je me faisais une fête d’aller leur ouvrir le mois de S. Joseph.<br />
Chère sœur, tu le feras avec maman de ton mieux, ce beau mois, n’est-ce pas? Tu le feras faire autour de toi, à<br />
Mme de Tonnac, à Mme Delahaye, etc. je vais t’envoyer deux petites livres à cette intention. Je sais bien pour<br />
qui tu le feras avant tout, comme moi-même, bonne petite sœur: pour notre chère mère! j’ai la ferme confiance<br />
que c’est saint Joseph qui va lui rendre la santé et terminer heureusement toutes ses affaires. Qu’elle lui<br />
promette quelque chose pour mes petites œuvres si, comme elle ne le peut être, notre confiance n’est pas<br />
trompée.<br />
Ma tante Elambert va bien et m’a remis les 50 francs. Les Du Vivier vont bien. J’ai de bonnes<br />
nouvelles de la sœur de Constantinople; je me porte fort bien. Prions tous pour le succès <strong>du</strong> Carême partout.<br />
Je t’embrasse de cœur, après notre bonne mère. Elle va, j’en suis sûr, me prouver, et à ma tante,<br />
qu’elle est guérie, en m’écrivant quelques lignes. M. Le Prevost se rappelle, ainsi que M. Paillé et Maignen, à<br />
ton souvenir.<br />
92<br />
Vous aurez vu par le petit livre sur l’oraison (fais-la bien) que Monsieur C. pensait à vous.<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre
146 - à sa sœur Maria<br />
Monsieur Hello va mieux cf. lettre <strong>du</strong> 23 février 1863; je pense aller à Arras le 18 mars. -- enrôle les personnes<br />
dans l’Association <strong>du</strong> culte perpétuel à S. Joseph -- prie pour les retraites, dont celle d’Arras et <strong>du</strong> Bon-Conseil<br />
de Mlle Payen.<br />
Ma bonne petite Maria,<br />
Paris, 1 er mercredi <strong>du</strong> mois de S. Joseph [4 mars] 1863<br />
Je suis inquiet de ne pas recevoir de lettre de toi. Donne-moi sans plus tarder des nouvelles de<br />
maman, de Mme de Tonnac, de Mme Delahaye et de toi même.<br />
Tâche d’enrôler ces dames et les autres personnes que tu peux connaître dans l’association si simple,<br />
si pieuse et si profitable aux âmes, <strong>du</strong> culte perpétuel de S. Joseph.<br />
Je crois t’avoir écrit que je remplaçais à Nazareth M. l’abbé Hello, fatigué. Ce bon abbé va beaucoup<br />
mieux et je compte aller vers le 18 à Arras, pour y préparer nos enfants aux Pâques. Je reviendrai ensuite à Paris<br />
pour la retraite d’un de nos patronages de garçons et pour celle des jeunes ouvrières <strong>du</strong> Bon-Conseil de<br />
Grenelle.<br />
Prie bien pour cette retraite et pour toutes les autres, en particulier pour celle de la Ste-Famille de<br />
Nazareth, dont je commence aujourd’hui à m’occuper sous la spéciale protection <strong>du</strong> bon père saint Joseph.<br />
Travaille aussi pour lui là-bas; ce sera travailler merveilleusement pour maman et pour toi-même.<br />
Adieu, bonne petite sœur; je t’embrasse de cœur, ainsi que notre bonne mère.<br />
Ton frère...<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
147 - à M. Buquet Vicaire général de Paris<br />
Oubli à corriger; retraite de communion pour cérémonie à la paroisse.<br />
17 mars 1863<br />
Monsieur Le Prevost me prie d’ajouter à la nomenclature de nos maisons d’œuvres celle <strong>du</strong> patronage<br />
Ste-Anne, qui se trouve oubliée.<br />
Dans cette œuvre des enfants, jeunes gens et parents de toutes paroisses sont convoqués pour une<br />
retraite dont la communion se fait à Ste-Marguerite.<br />
148 - à M. Cauroy<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Le P. <strong>Planchat</strong> exerce un apostolat à Charonne, Paris. -- le jeune Cauroy, appelé Joseph à sa Confirmation, est à<br />
Metz.<br />
Mon bon petit Joseph,<br />
Charonne, 19 mars 1863<br />
à minuit et demie<br />
Deux mots seulement à cette heure; comme votre pieuse et généreuse bienfaitrice, c’est sous le nom<br />
de Joseph que j’aime à vous présenter à ma mémoire de père et à notre bon Maître.<br />
Vous aurez, cher ami, votre grande part dans mes messes d’aujourd’hui et de lundi. Je me convaincs<br />
chaque jour davantage que saint Joseph vous a réellement adopté. Appliquez-vous plus que jamais à lui obéir,<br />
comme le faisait l’Enfant-Dieu lui même. Ite ad Joseph; omnia quaecumque dixerit vobis, facite. Alors vous lui<br />
pourrez tout demander pour vous-même et pour les autres.<br />
93
Parmi ce prochain, objet de vos prières, vos parents nourriciers, votre bienfaitrice, la Communauté de<br />
S. Vincent, votre mère spirituelle, votre Père Supérieur de Paris, celui de Metz, enfin moi-même, ne serons pas<br />
oubliés, n’est-ce pas?<br />
Je vous embrasse de tout cœur...<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Je rouvre ma lettre pour dire mille choses au bon Père Lantiez, et à tous les Frères de Metz; bonsoir ou<br />
bonjour à tous.<br />
149 - à M. Baloche<br />
Baloche: confrère de S. V. de Paul qui vient de perdre une petite fille; un autre Baloche est prêtre.<br />
Paris, 1 er avril 1863<br />
Mercredi Saint<br />
Monsieur et cher confrère en Saint Vincent,<br />
La nouvelle de votre affreux malheur m’a été donnée dimanche soir à mon retour d’Arras par la<br />
concierge de notre maison des Jeunes Ouvriers de la rue Montparnasse, amie de votre concierge <strong>du</strong> 90.<br />
Je prends, croyez-le bien, la plus vive part à votre profonde affliction. J’ai, bien des fois déjà,<br />
recommandé au saint autel Madame Baloche et vous, encore plus que la chère défunte.<br />
Oh! pour elle, elle est heureuse; avant d’avoir connu le monde et les dangers de la vie à part où peutêtre<br />
elle allait entrer, Dieu l’appelle des bras de sa pieuse mère dans les siens. Mais pour vous: quel vide! je<br />
dirais quel désespoir, si vous n’étiez pas chrétien; mais N. S. vous adresse avec une tendre affection ces paroles<br />
aussi bien qu’à votre sainte épouse: “Moi-même, je vous consolerai”.<br />
Comme il vous les fera doucement entendre au cœur ces fortifiantes paroles quand vous l’allez<br />
recevoir pour les fêtes pascales! votre deuil si amer vous rapprochera plus que jamais <strong>du</strong> Dieu de toute<br />
consolation; bien souvent désormais on vous verra près de Mme Baloche à la Table Sainte. Vous vous y assiérez<br />
en particulier plus volontiers pendant ce beau mois de Marie, qui va bientôt amener de grandes fêtes aussi.<br />
Marie est la Mère des douleurs, et pour cela même, la plus puissante Consolatrice des affligés.<br />
Si votre douleur vous le permet, donnez-moi quelques détails sur la fin si pieuse de votre chère<br />
enfant. Surtout, donnez-moi des nouvelles de M. l’Abbé Baloche.<br />
Je recommande aux ferventes prières de toute la famille la retraite que je prêche depuis dimanche à<br />
300 apprentis et jeunes ouvriers <strong>du</strong> faubourg Saint-Denis. Cette retraite se termine le jour de Pâques.<br />
150 à M. Florent Caille<br />
Votre ami dévoué...<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
M. Léon “ne fera pas ses voeux à la retraite”; il s’agit de M. Léon Guichard - voir lettre <strong>du</strong> 2 octobre 1863.<br />
Rémond, Louis: un postulant qui s’éloignera bientôt;<br />
pas d’aide pour le temps de la retraite.<br />
Jeunes Ouvrières de Grenelle: Œuvre <strong>du</strong> Bon-Conseil dirigée par Mlle Payen.<br />
Retraite.<br />
94<br />
Mon bon Monsieur Caille,<br />
Grenelle, 21 avril 1863<br />
4 ème jour de la neuvaine <strong>du</strong> patronage de S. Joseph<br />
Monsieur le Supérieur ne peut, à son grand regret, envoyer personne à Amiens pour le temps de la
Il décide que M. Léon ne fera pas ses voeux maintenant; vous êtes donc parfaitement libre d’envoyer,<br />
de M. Léon ou de M. Rémond, lequel vous voudrez. C’est, vous le savez, dimanche 26 au soir que la retraite<br />
commencera. Prions ardemment qu’elle nous renouvelle tous.<br />
Un petit souvenir aussi auprès <strong>du</strong> Bon Maître, et auprès de Marie et Joseph, pour la retraite des Jeunes<br />
Ouvrières de Grenelle, que je commence ce soir.<br />
151 - à une bienfaitrice<br />
Tout à vous...<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Besoin d’aide pour images, etc. pour mes apprentis et pour ceux d’Arras -- pauvres et malades -- M. Jean Marie<br />
Tourniquet entre le 16 octobre 1854; il fait profession le 27 octobre 1855; directeur au patronage St-Charles,<br />
puis au Cercle militaire de Rome; il meurt le 7 juillet 1871.<br />
Madame,<br />
Vaugirard, 9 ème jour <strong>du</strong> Mois de Marie 1863<br />
Je sais combien vous aimez le Très Sainte Vierge; je crois donc vous faire plaisir en vous procurant le<br />
moyen de m’aider à la faire honorer. Vous assureriez aussi par là à toute votre petite famille, et en particulier à<br />
votre cher aîné, les prières de plus de cinq cents enfants pauvres, orphelins et autres. C’est une joie pour moi de<br />
reparaître un jour à la maison de Patronage des faubourgs St-Denis et St-Martin (la maison St-Charles, 12, rue<br />
de Bossuet, où je prêchai la retraite pascale) pour y parler un peu de la Bonne Mère; mais il faut bien que je<br />
laisse son image aux mains de chacun de nos trois cents apprentis et que je donne aux plus grands quelques<br />
petits livres <strong>du</strong> Mois de Marie. Je ne le puis, sans dépenser une vingtaine de francs. J’ai fait envers la Ste Vierge<br />
cet acte de confiance de les emprunter, pensant un peu à vous, Madame.<br />
Mais je ne puis oublier mes orphelins d’Arras, eux les plus pauvres, les plus délaissés de tous! Je pars<br />
vendredi pour les préparer à célébrer le mois de Marie par une communion générale à la Pentecôte. Les<br />
précédentes années, ce mois béni était marqué pour tous par une belle vente de statuettes, de livres, d’images,<br />
d’effets d’été, donnés par la Ste Vierge à ceux qui avaient le plus de bons points de catéchisme.<br />
Pour les deux associations de la T. Ste Vierge il y avait pèlerinage à un Mois de Marie de campagne,<br />
avec souper extraordinaire sur la pelouse, payé, moitié par moi, moitié par le bon curé <strong>du</strong> village que nous<br />
visitions. Je voudrais bien ne pas laisser tomber cet usage. Cependant je n’ai rien pour faire face à la dépense.<br />
Les deux dernières années mes amis de Paris m’envoyaient [des subsides] je les ai, cette année, épuisés pour les<br />
trois petites missions que j’ai dû donner à Paris même, dont une dans votre quartier. Voyez si Mme Pinard et<br />
Mme Fournier ne pourraient pas me venir, comme vous, encore une fois en aide.<br />
Vous serez la quêteuse de Marie en un samedi de son mois; Marie vous comblera de nouvelles<br />
bénédictions.<br />
Vous pourriez me faire passer ce que vous aurez, demain dans la journée, à la maison de St-Charles.<br />
Demain passé, vous l’adresseriez au même lieu:<br />
à M. Jean-Marie, directeur <strong>du</strong> Patronage,<br />
pour M. l’abbé <strong>Planchat</strong>.<br />
J’oubliais de vous dire que, la Semaine Sainte, vos prières et aumônes avaient admirablement fructifié<br />
à St-Charles. Il y aura eu en définitive plus de 300 Pâques de jeunes ouvriers ou apprentis.<br />
Excusez, Madame, mes importunités; c’est Marie qui vous demande pour ses enfants les plus pauvres,<br />
partant les plus chéris.<br />
Votre très reconnaissant serviteur,<br />
La pauvre petite image est pour votre cher aîné; je l’ai bénite à son intention.<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
95
Me permettez-vous de vous rappeler la famille Démalle. Je ne sais si le pauvre infirme est mort; ce<br />
que j’ai appris, c’est que l’un de nos deux enfants qui soutenaient la famille par leur chétif travail, est à l’hôpital.<br />
152 - à une bienfaitrice<br />
Il s’agit de la suite donnée à la lettre d’hier! Merci! à vous et à Mme Pinard; -- dans la rue: ne donner que des<br />
bons de charité! -- Le 12 rue de Bossuet est l’adresse <strong>du</strong> Patronage St-Charles.<br />
Madame,<br />
Paris, 10 ème jour <strong>du</strong> mois de Marie 1863<br />
Merci mille fois; que la Ste-Vierge vous rende selon votre grande charité! Je me regarde comme<br />
obligé de la prier et faire prier chaque jour et de recommander chaque matin au saint Autel toutes vos intentions.<br />
Vous savez que l’une d’elles surtout m’est bien chère. Tous nos enfants de St-Charles les présenteront tout à<br />
l’heure au Salut à notre divin Seigneur. Oh! aimons-le, soignons-le dans la personne de ses pauvres.<br />
Je crois toutefois qu’il est mieux dans la rue de ne donner que quelques bons de fourneaux; avec ces<br />
petites cartes que vous pourrez vous procurer ici, rue de Bossuet, 12, et qui coûtent 10 centimes chaque, vous<br />
procurez une bonne soupe et un peu de pain, un petit repas en un mot. Il est difficile de les vendre pour boire.<br />
Dieu vous aidera pour que vous puissiez continuer de si généreuses charités, faites à de si pieuses intentions.<br />
J’ai reçu 20 francs de vous, 20 f. de Mme Pinard; veuillez la remercier mille fois pour nos chers<br />
artisans et pour moi. Je fais miennes toutes ses intentions comme les vôtres.<br />
153 - à M. Florent Caille<br />
Votre très reconnaissant serviteur,<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Jean-Marie Gauffriau est entré en communauté le 3 mars 1859; profession le 26 octobre 1860; cette ordination<br />
au sous-diaconat sera retardée un peu: voir lettre <strong>du</strong> 4 juin 1863. Il sortira en 1871. -- Le père de M. Risse est<br />
décédé; prions pour lui.<br />
Mon bon frère Caille,<br />
Arras, 21 mai 1863<br />
octave de l’Ascension<br />
21 ème jour <strong>du</strong> mois de Marie<br />
Je vous arriverai le lundi de la Pentecôte à midi et demi. Je vous demanderai l’hospitalité d’une nuit<br />
pour un de nos bons jeunes gens que j’accompagne à Paris.<br />
Ce serait demain que commencerait la petite neuvaine que l’on fera, je pense, en chacune de nos<br />
maisons, pour l’ordination de M. l’Abbé Jean (il va être sous-diacre bientôt) et pour celle de M. d’Arbois<br />
(prêtre). Le mieux serait, je crois, d’appliquer à cette intention le Veni Creator habituel et l’Ave Maria à N. D.<br />
de la Salette. Les enfants ne pourraient-ils pas dire cet Ave Maria à l’intention de M. Jean?<br />
Vous avez sans doute reçu la lettre de faire-part de la mort <strong>du</strong> vénérable père de M. Risse. Si je<br />
pouvais lui dire qu’à Amiens comme à Vaugirard une messe a été dite pour le repos de cette chère âme, le cœur<br />
<strong>du</strong> bon abbé serait, je crois, profondément touché de cet acte de charité fraternelle.<br />
Tout à vous dans les Sacrés Cœurs<br />
et dans l’attente de l’Esprit-Saint, si nécessaire à toutes nos misères et faiblesses.<br />
154 - à M. Jean Marie Gauffriau clerc minoré, chez M. Risse<br />
7 rue de la Fonderie, Metz.<br />
96<br />
l’Abbé <strong>Planchat</strong>
Le Frère Tharsice est le jeune Père Léon d’Arbois; son ordination sacerdotale eut lieu le 30 mai 1863.<br />
M. Georges, Law, de Lauriston, frère laïc: entré en 1857; profession le 8 avril 1859; décès le 2 décembre 1883.<br />
Comment souligne-t-on le mois <strong>du</strong> Sacré-Cœur dans la Communauté?<br />
M. Roussel prêchera la retraite de première communion à Arras. -- La communion fréquente n’était pas<br />
quotidienne à ce moment-là. -- Les repas <strong>du</strong> midi et <strong>du</strong> soir sont le dîner et le souper.<br />
M. Paul, Luzier, frère laïc, entré en 1858 - profès en 1860 - sorti en 1866.<br />
Le père d’Arbois ajoute un petit mot.<br />
Mon bon frère Jean,<br />
Vaugirard, 4 juin 1863<br />
fête <strong>du</strong> T. S. Sacrement<br />
J’allais écrire à notre bon frère Risse pour lui rappeler, de la part <strong>du</strong> P. Supérieur, les pratiques en<br />
usage dans la Communauté pour le mois <strong>du</strong> Sacré-Cœur, lorsque j’ai reçu votre aimable lettre. Ce sera donc<br />
cette fois encore sous votre couvert que Metz recevra de nos nouvelles.<br />
Samedi dernier, arrivé trop tard à l’ordination pour imposer les mains à notre heureux frère Tharsice,<br />
j’ai, <strong>du</strong> moins, [...] témoin <strong>du</strong> spectacle de son angélique [...] et j’ai ensuite reçu à la porte de sa chambre sa<br />
deuxième bénédiction; M. Hello avait dérobé la première.<br />
Je me faisais une fête d’assister à la première messe de notre cher frère; mais avant tout il fallait que le<br />
Père de famille jouît <strong>du</strong> bonheur de son enfant. M. Le Prevost étant au séminaire à 6 heures et 1/2 pour la messe<br />
de Communauté, qui était celle <strong>du</strong> frère Tharsice, impossible qu’il se trouvât à 6 heures 3/4 à Chaville pour la<br />
messe <strong>du</strong> Noviciat; j’ai dû la dire; car nous sommes si riches en prêtres que notre Maître des Novices est en<br />
même temps aumônier de St-Charles. Enfin le bon P. Tharsice est à nous; il attend dans sa cellule le moment<br />
fortuné de sa première Grand-messe. Je vais lui recommander de bien penser à vous.<br />
Venons-en au mois <strong>du</strong> Sacré-Cœur. M. Georges, qui aime tant les litanies de toute sorte, ne vous aura<br />
pas laissé ignorer qu’à la fin de chaque exercice de Communauté on répète l’invocation Cor Jesu... Cor<br />
Mariae... et qu’après le Veni Creator quotidien, on lit l’acte de consécration au Sacré-Cœur. Mais avez-vous<br />
chacun votre petit livre <strong>du</strong> Mois <strong>du</strong> Sacré-Cœur pour le lire à votre loisir? Si cet opuscule vous manque,<br />
achetez-en un, et faites-y, comme à Arras, la lecture pieuse <strong>du</strong> dîner ou <strong>du</strong> souper.<br />
Ce qui vous semblera plus difficile, c’est la communion d’un frère chaque jour, en l’honneur <strong>du</strong><br />
Sacré-Cœur au nom de la Communauté. Cependant vous êtes quatre, M. Risse pouvant donner chaque semaine<br />
une messe à cette intention, et puis chacun des simples frères communie plus d’une fois par semaine. Cette<br />
communion perpétuelle <strong>du</strong> mois de juin se fait, dans la Communauté, partout où j’ai pu avertir; elle se fait en<br />
esprit de réparation et pour les besoins de l’Eglise, de la France et de la Communauté.<br />
Adieu, mon bon frère; le temps me presse pour écrire à Amiens et à Arras, avec lesquels je suis en<br />
retard, comme avec vous.<br />
Tout à vous et au bon P. Risse, ainsi qu’à nos chers frères Paul et Georges. Qu’ils redoublent de prière<br />
pour toute la maison d’Arras. Le bon P. Roussel y prêchera la première communion <strong>du</strong> 1 er au 5 juillet. Je<br />
l’assisterai dans la grande tâche de faire participer toute la maison à cette fête touchante.<br />
Tout à vous...<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Bon frère Jean,<br />
Je me réjouis que votre ordination <strong>du</strong> sous-diaconat soit remise seulement de si peu; ce me<br />
sera une vive joie de vous voir promu à cet ordre si fécond en consolations et en force.<br />
J’aurai le plaisir de vous voir dans peu à Metz. Je vous embrasse de tout mon cœur, en<br />
vous remerciant de toutes vos bonnes prières.<br />
Mes respects et amitiés au bon Monsieur Risse qui m’a écrit quelques lignes d’affection<br />
dont je le remercie bien.<br />
Mille choses aux bons frères,<br />
F. Tharsice, prêtre<br />
155 - à sa sœur Maria<br />
rue de la Caserne Indigène -- Blidah (Algérie)<br />
97
Dans les peines invoquer Jésus et Marie, comme le fait Pie IX -- le mois <strong>du</strong> S. Cœur <strong>du</strong>re trente-trois jours -- la<br />
communion quotidienne n’existe pas encore -- la vente de la maison d’Alger sera avantageuse pour tous -- S’il<br />
le faut, j’irai à Alger pour vous aider à en sortir.<br />
Chère bonne petite sœur,<br />
Vaugirard, 5 juin 1863<br />
(1 er vendredi <strong>du</strong> mois <strong>du</strong> Sacré-Cœur)<br />
Je ne puis laisser s’avancer davantage le mois <strong>du</strong> Sacré-Cœur de Jésus sans t’inviter à te réfugier dans<br />
ce Cœur, infiniment compatissant, ressource et consolation de chaque âme chrétienne dans les afflictions qui<br />
l’accablent toujours plus ou moins sur cette misérable terre.<br />
Ma bonne petite sœur, répète bien souvent, et surtout à chaque peine que tu éprouves, ces deux<br />
puissantes invocations: Cœur sacré de Jésus, ayez pitié de nous -- doux Cœur de Marie, soyez mon refuge<br />
(oraison jaculatoire habituelle de Notre Saint Père, Pie IX) et tu verras quelle douceur, quelle force, quelle paix<br />
rempliront chaque fois ton cœur attristé et brisé.<br />
Si renfermée que tu sois dans ce tombeau de la rue de la Caserne, tu connais néanmoins à Blidah<br />
quelques âmes pieuses; engage-les à faire avec toi le mois <strong>du</strong> Sacré-Cœur (elles y mettront toujours les 33 jours<br />
qui correspondent aux 33 années de Notre Seigneur, ne le commençant peut-être qu’au reçu de cette lettre, elles<br />
le finiront à la mi-juillet)<br />
Que ces saintes âmes s’habituent comme toi aux pieuses invocations ci-dessus. Entends-toi avec elles<br />
pour que chaque semaine il y ait plusieurs communions faites en l’honneur <strong>du</strong> Sacré-Cœur. Le mieux serait qu’il<br />
y en eût une chaque jour; pourvu que vous fussiez trois ou quatre, la chose serait facile. Tu peux bien pour ta<br />
part donner quatre jours par semaine, tout au moins; surtout que le vendredi, ce jour <strong>du</strong> Sacré-Cœur par<br />
excellence, ne soit jamais oublié! Pour vendredi prochain, le propre jour de la fête <strong>du</strong> Sacré-Cœur (quand elle se<br />
trouverait pour la solennité remise à un dimanche) récolte, récolte des communions de personnes même qui ne<br />
feraient pas en règle le mois <strong>du</strong> Sacré-Cœur. Tâche de former à cette occasion, de commencer <strong>du</strong> moins une<br />
série pour la Communion réparatrice (tu recevras le livret de cette dévotion avec un papier de série placé à la fin<br />
<strong>du</strong> livret. Je t’envoie aussi divers petits livres sur le Sacré-Cœur, entre autres un Mois, pour Mme de Tonnac, si<br />
elle n’en avait pas ou pour quelque autre bonne âme).<br />
Si j’ai parlé à mon oncle [<strong>Henri</strong> Garanger] d’aller [moi-même], au besoin, jusqu’à Blidah, pour vous<br />
y rechercher, c’est que je suis réellement disposé à en demander la permission, au moment que la Providence<br />
marquerait pour cette démarche, comme pouvant obtenir son but. Du reste, la chose ne se ferait pas sans difficultés<br />
à cause de l’urgence des œuvres. Je compte sur le Cœur Adorable de Jésus et sur le Cœur si tendre de<br />
Marie pour me rendre, sans ce suprême effort, ma sœur et ma mère bien-aimées. Quelques regrets que la<br />
mauvaise disposition des nerfs inspire à notre bonne mère au sujet de la vente de la maison d’Alger, je vois dans<br />
cette vente -- avantageuse à tout prix dans l’état présent des affaires, à part même l’intérêt personnel <strong>du</strong> retour --<br />
un coup de la bonne Providence, rompant le premier de nos liens. Bientôt vous chanterez avec David: “Tous<br />
sont rompus”. Combien je te remercie, bonne petite sœur, au nom de toute la famille, d’avoir contribué à ce<br />
résultat si heureux!<br />
Courage, ma bonne petite sœur. Prie bien et fais prier les Cœurs Sacrés de Jésus et de Marie pour la<br />
Première Communion de l’orphelinat de Vaugirard (2 juillet) et de l’orphelinat d’Arras (5 juillet).<br />
Je te quitte pour aller dire, devant le Saint-Sacrement exposé, la messe <strong>du</strong> premier vendredi <strong>du</strong> mois.<br />
Ma bonne mère et toi, je vous laisse, après vous avoir tendrement embrassées, dans le Cœur adorable de notre<br />
doux Maître.<br />
156 - à M. Louis Risse<br />
Tout à toi, bonne petite sœur,<br />
ton frère, l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Abelly a écrit une vie de saint Vincent de Paul; -- comment fêter notre saint Patron; suites de la première<br />
communion à Vaugirard. — L’abbé Taillandier, Louis, curé de St-Augustin à Paris, restera toujours en relation<br />
avec M. Le Prevost, qui l’a soutenu dans sa vocation (cf. P. Boissinot, in Un autre Vincent de Paul, p. 185). —<br />
Le bon père Marty est un prêtre diocésain, devenu novice chez nous; il sera en même temps Maître des Novices<br />
(cf. voir lettre <strong>du</strong> 25 septembre 1863).— La lettre reste inachevée: la suite a été per<strong>du</strong>e?<br />
98
Mon bon frère Risse,<br />
Vaugirard, 10 juillet 1863<br />
fête des sept frères martyrs<br />
Notre P. Supérieur me charge de vous rappeler la neuvaine de notre saint Patron. Elle consiste 1° à<br />
faire chaque jour, <strong>du</strong> 11 au 19; la méditation sur les vertus de saint Vincent; la matière est facile, à puiser dans<br />
Abelly. Vous ferez sans peine, alternativement, le frère Georges, le frère Jean et vous, le petit travail de mise en<br />
forme. Vous pourriez même donner au frère Luzier (Paul) une méditation à préparer; cela l’exercerait utilement.<br />
Le P. Marty fait ainsi pour ses novices; il leur donne le titre de la méditation, leur met en main Abelly, enfin<br />
revoit leur ébauche. Il y a là une étude de notre admirable modèle, conforme à la recommandation que renferme<br />
le dispositif <strong>du</strong> Conseil de Chaville. -- 2° ajouter à la fin de tous les exercices communs l’invocation à saint<br />
Vincent.<br />
Vous serez sans doute obligé de transférer, comme nous, à un jour de l’octave, la fête de famille dans<br />
la Communauté. A Vaugirard, office et promenade sont remis au mardi. Les maisons de Paris se réuniront ce<br />
jour à Chaville pour fêter saint Vincent.<br />
Voilà faites nos deux [Premières] Communions d’Arras et de Vaugirard. A Vaugirard, malgré<br />
plusieurs contretemps, la retraite et le grand jour ont donné des consolations inespérées. Un enfant était à la Ste<br />
Table: tout à coup, au moment où le prêtre (notre vieil ami M. l’Abbé Taillandier, curé de la Chapelle St-Denis)<br />
lui présente la Ste Hostie, il détourne la tête, se lève, et va courageusement exposer son scrupule à M. Faÿ, qui<br />
se trouvait à quelques pas en arrière. Le lendemain, premier vendredi <strong>du</strong> mois, presque tous ont communié une<br />
seconde fois, un ou deux le samedi, tous le dimanche. Pour mercredi dernier, jour de messe et de sortie, tout à la<br />
fois, il a fallu, pour empêcher la masse des demandes dont quelques-unes eussent pu être hasardeuses, à cause<br />
<strong>du</strong> milieu peu chrétien peut-être où plusieurs allaient passer la journée, il a fallu que M. Faÿ déclarât qu’il<br />
remettait toutes les communions à dimanche, jour de la Confirmation.<br />
A Arras, la tâche était plus difficile; les apprentis, arrachés à leur atelier pour se préparer à renouveler,<br />
formaient plus de la moitié des 70 retraitants. Il fallait, en outre, agir par un seul mot, dit le matin à 5 heures 1/4,<br />
le soir à 9.00 heures; le reste des communiants de la maison, jeunes gens de 15 à 22 ans; le bon Père Roussel y a<br />
mis tout son cœur, et Dieu aidant, par...<br />
[Lettre inachevée ou fragment de lettre]<br />
157 - à M. <strong>Henri</strong> Guillot<br />
[l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre]<br />
Extrait d’une lettre déchirée: nous respectons le choix de l’édition 1995 des <strong>Lettres</strong> de M. Le Prevost (p.238), en<br />
plaçant ce fragment ici.<br />
août 1863<br />
“... Qui renferment le plus de frères fatigués et souffrants. Avant tout, notre bon Père Halluin, avec<br />
toutes ses infirmités, devrait grandement se ménager par un temps pareil. Le lui écrire directement serait<br />
presqu’inutile; chez lui, l’abnégation est portée jusqu’à un trop complet oubli de soi.<br />
Notre bon Père [Le Prevost] me charge donc de vous prier, demain à votre petit Conseil de<br />
communauté, de conjurer M. Halluin d’avoir soin de lui-même, et cela au nom de l’intérêt de ses chers enfants,<br />
petits et grands, lesquels ont en ce ....<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
P.S. de M. Le Prevost:<br />
Il va sans dire, bien cher ami, que les petites recommandations ne doivent être l’occasion<br />
d’aucune contrariété pour M. Halluin dont je vois tout le bon vouloir et auquel je vous prie surtout de<br />
venir en aide en lui rappelant les besoins qui vous auraient frappé en ce qui concerne les frères.<br />
Adieu, bien cher ami; je vous embrasse affectueusement.<br />
Votre ami et Père en N. S. Le Prevost<br />
158 - à M. Florent Caille<br />
99
Préparer la fête de N. D. de la Salette -- j’écris pour remplacer mes visites; vous gagnerez à recevoir la visite des<br />
“représentants les plus vénérables et plus autorisés “de la Communauté: Père Lantiez et Frère Myionnet; -- la<br />
frêle santé <strong>du</strong> Père Le Prevost ne lui permet pas de passer par Amiens en allant se reposer en Normandie. -- Nos<br />
activités à venir dont la retraite de Communauté et le Conseil extraordinaire; nous attendons vos remarques à ce<br />
sujet.<br />
Mon bien cher Frère,<br />
Vaugirard, 10 septembre 1863<br />
(1 er jour de la neuvaine de N. D. de la Salette)<br />
Peut-être vous nous avez devancés dans la préparation à l’anniversaire de la Sainte Apparition. Les<br />
bonnes âmes qui entretiennent avec tant d’amour votre pieuse grotte, seraient là pour vous annoncer le 19<br />
septembre, quand, par impossible, vous n’y penseriez pas dès le commencement de la neuvaine.<br />
Cependant notre bon Père Supérieur m’ayant chargé de rappeler à chaque maison la fête de N. D. de<br />
la Salette, je n’aurais garde d’oublier Amiens. Vous écrire est un dédommagement pour la privation de ce plaisir<br />
que j’avais depuis deux ans de vous voir et de vous entretenir souvent. La nouvelle maison de Ste-Anne, bien<br />
qu’elle n’existe encore qu’en préparation plus ou moins lointaine, ne me permet plus les excursions périodiques<br />
à Arras ni à Amiens. Vous gagnerez <strong>du</strong> reste à ce changement, de voir de temps en temps les représentants plus<br />
vénérables et plus autorisés de la Communauté, le bon Père Lantiez et le bon Frère Myionnet.<br />
Comme je l’avais prévu, notre bon Père Supérieur était trop fatigué par les trop grandes chaleurs et<br />
trop dérangé par le partage entre Vaugirard et Chaville, pour pouvoir ajouter à son petit voyage de Normandie<br />
l’excursion qu’il eût, sans cela, tant désiré faire à Amiens. Le raffermissement <strong>du</strong> temps avait un peu remonté<br />
notre bon Père; je crains que les froids prématurés qui s’annoncent, n’éprouvent de nouveau sa frêle santé.<br />
Vous la recommanderez [sa santé] à N. D. de la Salette avec tous nos autres besoins, avec le retraite<br />
des écoliers réunis pendant les vacances à St-Charles, avec la retraite de Communauté, que nous tâcherons de<br />
placer au commencement d’octobre, avec la deuxième session <strong>du</strong> Conseil extraordinaire, qui suivra de tout près<br />
la retraite.<br />
Adieu, mon bon Frère; je vous embrasse de cœur, ainsi que tous nos Frères d’Amiens; le bon Père<br />
Supérieur vous bénit tous.<br />
Vos petits écoliers amiénois se portent à ravir et sont fort gentils.<br />
Tout à vous<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
P.S. de M. Le Prevost:<br />
J’embrasse, bien cher ami, vous et vos frères très cordialement; je n’oublie point le<br />
remplacement de M. Rémond; je cherche toujours ce qui serait le mieux; nous arriverons sans trop de<br />
retard, espérons-le à quelque combinaison satisfaisante. M. Luzier est revenu de Metz; il prend un<br />
peu de repos, sa santé étant fatiguée. Nous verrons s’il se remet assez pour vous convenir.<br />
Votre tout affectionné ami et Père Le Prevost<br />
M. Léon Guichard est arrivé au moment de faire ses premiers voeux à la prochaine retraite;<br />
je pense que vous le trouvez bien disposé pour cette consécration.<br />
La fête de la Salette n’est pas une solennité extérieure; c’est une dévotion à laquelle d’habitude ne<br />
manquent point les diverses maisons de la Communauté.<br />
Ci-joint une ébauche <strong>du</strong> programme <strong>du</strong> Conseil extraordinaire. Si vous pouviez adresser au Père<br />
Supérieur vos réponses et réflexions pour le 20 courant, cela l’aiderait grandement à rédiger le programme<br />
définitif.<br />
159 - à M. Halluin<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Maintenir la dévotion à N. D. de la Salette;<br />
Le Père Roussel (cf. Lettre <strong>du</strong> 13 octobre 1861) sera à la Montagne de la Salette (Alpes) -- Ste-Anne m’absorbe<br />
maintenant; je pense à vos écoliers -- belles confessions. -- P.S. de M. Le Prevost. -- Brice, Alfred, laïc:<br />
profession: 26 octobre 1860 et sortie en 1867.<br />
100
Monsieur et bien cher frère en N. S.<br />
Vaugirard, 10 septembre 1863<br />
1 er jour de la neuvaine de N. D. de la Salette<br />
Voilà que nous touchons à l’anniversaire de l’apparition de la Salette. Ce jour, vous le savez, est cher<br />
à la petite Communauté. M. le Supérieur sait qu’on n’oublie pas de la fêter à Arras, où <strong>du</strong> reste cette dévotion<br />
n’est pas exclusivement propre à la Communauté, puisque N. D. de la Salette a son Office solennel à Ste-Agnès.<br />
Cependant le P. Supérieur me charge de rappeler à l’avance le 19 septembre à chacune de nos maisons, afin que,<br />
loin de Vaugirard et de son petit sanctuaire, chaque frère fasse, comme à Vaugirard même, sa petite préparation,<br />
pour recueillir plus abondamment les grâces de ce saint Jour.<br />
Cette année, comme l’an dernier, la Communauté se trouvera représentée sur la Sainte Montagne, et<br />
ce sera cette fois le 19 septembre même. Le bon Père Roussel a le souvenir d’Arras trop présent à la mémoire<br />
pour que tous les chers enfants de M. Halluin, et en particulier ceux de la Première Communion de cette année,<br />
n’ayent pas une part spéciale dans le Mémento de sa messe sur la Sainte Montagne. Mieux que tout autre, le bon<br />
frère Guillot pourra s’unir à lui de cœur.<br />
Vous trouverez, j’en suis sûr, moyen de faire préparer mes chers écoliers cette année, comme l’an<br />
dernier, pour la fête de N. D. de la Salette, et de leur procurer, ainsi qu’à la Communauté, une petite instruction<br />
avec Salut.<br />
A Vaugirard il y aura fête le matin et le soir; on espère pouvoir renouveler la procession qui avait<br />
attiré pas mal de monde l’an dernier. Je vous adresse ci-inclus 6 francs en timbres-poste pour compléter les 36 f.<br />
versés pour les mois d’août et de septembre par le père <strong>du</strong> petit Germain. Monsieur Berthelotte a reçu ces joursci<br />
30 f., qu’il vous remettra.<br />
Adieu, mon bon Père, Ste-Anne m’absorbe trop maintenant pour que je puisse vous embrasser de fait<br />
aussi souvent que par le passé: je ne le fais que plus cordialement en esprit. Rappelez-moi, s.v.p. au souvenir de<br />
tous mes chers enfants, écoliers ou apprentis. Dites aux petits écoliers que je compte bien sur leur souvenir<br />
devant Dieu le jour de N. D. de la Salette.<br />
Pour moi, c’est tous les jours que je porte à l’autel tous les enfants d’Arras. Je les y ai portés en<br />
particulier ce matin devant le T. S. Sacrement exposé pour l’adoration nocturne. Je compte de plus qu’on prie à<br />
Arras pour les enfants de Ste-Anne, dont je n’ai <strong>du</strong> reste qu’à me louer, surtout pour leur empressement à<br />
s’approcher des sacrements. Il faisait, samedi soir, un temps affreux, et cependant j’ai confessé jusqu’à 10<br />
heures: plusieurs venaient de 2 et de 3 kilomètres de distance. Nous serons deux, samedi prochain, pour<br />
confesser; obtenez-nous beaucoup d’ouvrage à chacun pour la gloire de Marie; c’est dimanche que les<br />
patronages fêtent sa Nativité.<br />
Je vous embrasse une seconde fois, vous et tous nos frères d’Arras.<br />
Notre bon P. Supérieur vous bénit tous.<br />
Votre tout dévoué frère en N. S.<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Une intention au Veni Creator de la Communauté, à la dizaine de chapelet que disent les enfants au<br />
commencement de la messe, pour la retraite de nombreux écoliers réunis à St-Charles pendant les vacances.<br />
P.S. de M. Le Prevost:<br />
Mille affections à vous et à vos frères, de votre dévoué ami et père,<br />
Le Prevost<br />
P. S. M. Brice aurait à renouveler ses voeux à la prochaine retraite; pensez-vous qu’il soit<br />
prudent de l’y autoriser?<br />
160 - à M. Louis Risse<br />
7, de la Fonderie, Metz<br />
Ne pas oublier de fêter N. D. de la Salette; laquelle n’est pas encore reconnue sur le plan liturgique - besoin de<br />
causer avec mes frères de Metz. --Les messins sont les habitants de Metz.<br />
Le frère Jean Gauffriau est encore désappointé.<br />
Apostolat <strong>du</strong> P. <strong>Planchat</strong> à Charonne, au Patronage dédié à Sainte Anne.<br />
101
prochaine Retraite - prochain Conseil extraordinaire, (Chapitre général de l’époque).<br />
Un post-scriptum de M. Le Prevost.<br />
Mon bon cher frère en N. S.<br />
Vaugirard, 10 septembre 1863<br />
1 er jour de la neuvaine de la Salette<br />
Le bon P. Supérieur me charge de rappeler à chacune de nos maisons la fête de N. D. de la Salette.<br />
Metz, si fidèle à tous les usages de la Communauté, n’a pas, sans doute, besoin de ce rappel. Mais j’ai besoin,<br />
moi, de causer avec nos bons frères de Metz; ils me savaient si bavard! ils finiraient par me croire muet. Depuis<br />
si longtemps nos entretiens sont suspen<strong>du</strong>s.<br />
J’ai vivement ressenti le nouveau désappointement de l’excellent frère Jean. Oh! que le grand pas lui<br />
coûtera peu dans trois mois! Il aurait en vérité le droit d’en faire quatre au lieu d’un!<br />
Le bon frère Georges s’irritera peut-être de ce que le patronage de Charonne me fait négliger<br />
définitivement son Eugène et sa Mélanie. Il peut être bien sûr que M. Halluin n’a pas besoin de me voir pour<br />
penser à eux.<br />
Le bon frère Luzier vous aura, sans doute, écrit son arrivée à bon port. Il nous a paru bien pâle; mais il<br />
descendait de chemin de fer. Il va probablement se reposer quelque temps à Chaville.<br />
Adieu, mon bon frère; je ne me rappelle plus au juste quand vous devez nous arriver; mais si vous<br />
n’êtes pas ici le 19, je vous raconterai de mon mieux notre fête de N. D. de la Salette. En attendant, je prie cette<br />
bonne Mère pour tous vos jeunes gens. Votre chère œuvre a eu sa large part, bien enten<strong>du</strong>, dans notre adoration<br />
de cette nuit.<br />
De votre côté, priez beaucoup pour nous, pour les œuvres de Paris et d’ailleurs, toutes bien<br />
imparfaites: pour Ste-Anne, si difficile à soigner, à une telle distance (de Vaugirard); pour la Retraite, à laquelle<br />
on doit songer déjà; car elle sera (nous tâcherons <strong>du</strong> moins de la disposer ainsi) tout au commencement<br />
d’octobre, enfin pour la deuxième session <strong>du</strong> Conseil extraordinaire.<br />
Vous autres, pieux Messins, vous avez sans doute fêté la Nativité le jour même; pour nos patronages<br />
de Paris, elle n’est que dimanche prochain; aidez-nous par vos Memento à la faire bien belle.<br />
Sans doute M. le Supérieur vous aura donné avis qu’il avait pris pour vous 40 intentions de messes et<br />
que l’on désirait que ces intentions fussent acquittées par vous. Si notre bon Père Supérieur avait oublié cette<br />
communication, commencez à dire ces messes, autant que possible aussitôt cette lettre reçue.<br />
Tout à vous...<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Au milieu de toutes mes recommandations, j’ai oublié la retraite des nombreux écoliers réunis à S.<br />
Charles pendant les vacances; priez pour cette petite mission à des enfants de faubourg et d’écoles mutuelles<br />
qu’on n’a guère le temps de confesser.<br />
P.S. de M. Le Prevost:<br />
Mille affections pour vous et pour vos frères de<br />
votre ami et Père, Le Prevost<br />
La fête de N. D. de la Salette n’est pas une solennité extérieure, mais seulement une dévotion à<br />
laquelle les diverses maisons de la Communauté ne manquent pas d’habitude.<br />
Ci-joint l’ébauche <strong>du</strong> programme <strong>du</strong> Conseil extraordinaire. Le bon frère Georges le doit étudier<br />
comme membre <strong>du</strong> Conseil ordinaire de la Communauté. Si ses réponses et réflexions pouvaient être prêtes pour<br />
votre départ, le petit [...] arriverait juste à point pour aider notre P. Supérieur à rédiger le programme définitif.<br />
161 - à M. Florent Caille<br />
32, rue Noyon, Amiens<br />
Trouver un remplaçant pour Louis Rémond - Adolphe Schwiren: un postulant germanophone -- la Retraite et le<br />
prochain Conseil extraordinaire.<br />
Fête de N. D. de la Salette à Vaugirard. -- le jeune Luzier [voir lettre et note <strong>du</strong> 4 juin 1863].<br />
102
Braun, Victor: ordonné prêtre en juin 1851 -- entré le 15 avril 1862 -- profession le 23 avril 1864 et sortie vers<br />
1874 -- il fonde la Congrégation des Servantes <strong>du</strong> Sacré-Cœur de Jésus. — Braun, Eugène, est jésuite et<br />
missionnaire en Chine pour un temps.— le p. Braun avait également un demi-frère jésuite, Antoine,<br />
missionnaire au Canada: à Québec (SS. de la Charité de Québec et SS. <strong>du</strong> Bon Pasteur de Québec) puis à<br />
Montréal.<br />
Le Voyant de la Salette, Maximin, est de passage au Sanctuaire.<br />
L’abbé Chantaud fut postulant.<br />
M. et bien cher frère en S. Vincent,<br />
Vaugirard, 24 septembre 1863<br />
N. D. de la Merci<br />
Le dispositif <strong>du</strong> Conseil extraordinaire de 1862 contient une disposition formulée à peu près en ces<br />
termes: “Le 27 septembre de chaque année, la Communauté fera mémoire <strong>du</strong> Trépas de S. Vincent: petite<br />
Instruction, et, si possible, bénédiction.” Notre bon P. Supérieur me charge de rappeler à chaque maison cet<br />
article <strong>du</strong> dispositif. Vous l’exécuterez <strong>du</strong> mieux qu’il vous sera possible. Le 27 se trouvant cette année un<br />
dimanche, la commémoraison <strong>du</strong> Trépas de notre bon Père saint Vincent doit nécessairement être remise. Notre<br />
Ordo Romain portant un semi-double le 28, nous célébrerons à Paris et à Chaville cette petite fête de famille<br />
lundi prochain. Il se peut que quelque Saint, propre au diocèse d’Amiens, occupe chez vous le 28. Alors vous<br />
prendrez, pour la messe votive, le jour libre le plus rapproché; chez nous un autre semi-double se rencontre au 3<br />
octobre.<br />
Vous avez peut-être quelque sujet de penser que nous oublions votre demande instante et motivée de<br />
remplacement de M. Rémond; il n’en est rien. Cette question nous préoccupe à chaque Conseil; hier encore, elle<br />
nous a retenus longtemps. Nous pensions d’abord vous donner le jeune Luzier ; on en était content à Metz, mais<br />
il avait là trop de fatigue pour sa chétive santé. Cette santé se remettra, mais il faudra pour cela un séjour à<br />
Chaville (où il est présentement) un peu prolongé. Donc, en attendant, nous vous offrons M. Adolphe Schwiren,<br />
actuellement employé à Grenelle, où sans doute il fera faute pour l’œuvre des allemands. Mais il appartient à M.<br />
Lantiez et ce bon Père, quand il s’agit de sacrifices pour le bien de quelqu’une de nos maisons, est toujours prêt.<br />
M. Adolphe est un homme déjà mûr, de bonne tenue, intelligent, fort propre à tous les soins d’intérieur. Il n’a<br />
contre lui que sa science imparfaite encore de notre langue; elle est suffisante toutefois pour exécuter tout ordre,<br />
pour suivre toute indication et pour se faire très convenablement comprendre. Il vous serait, avons-nous pensé,<br />
vraiment utile en attendant M. Luzier.<br />
Sans que la date soit encore fixée d’une manière certaine, nous avons sujet d’espérer que la Retraite<br />
pourra s’ouvrir le 4 octobre au soir. Le mardi d’après la clôture s’ouvrirait à Chaville le Conseil extraordinaire,<br />
lequel serait, comme l’an dernier, de trois jours.<br />
En tous cas, il est temps, pour tous, de prier à l’intention de ces deux importantes réunions et pour<br />
ceux qu’elles concernent directement, de commencer à s’y préparer? C’est le bien vif désir de notre bon P.<br />
Supérieur qu’il en soit ainsi. Nous attendons pour mardi soir , 29 courant, vos réponses aux questions que je<br />
vous ai récemment communiquées. Mercredi matin se tient un Conseil spécial dans le but de fixer, à l’aide des<br />
réponses remises par chaque membre <strong>du</strong> Conseil, le programme de la Réunion de Chaville.<br />
Évidemment la bonne Mère a eu pour agréable notre petite fête de la Salette à Vaugirard. D’abord<br />
exceptionnelle et splendide sérénité <strong>du</strong> temps. Puis affluence de pèlerins de 6.00 heures <strong>du</strong> matin jusqu’au soir,<br />
malgré l’absence pour nous de moyens de publicité. Six messes, dont la première dite par le P. Braun, jésuite,<br />
partant pour la Chine, et cousin de notre frère, l’Abbé Braun, dite à 5 h; 1/2 pour la Communauté et pour les<br />
persévérants; à 7 heures, messe et communion pour les enfants; tous ceux non encore en apprentissage définitif,<br />
et à peu près tous les domestiques, y ont communié. A la messe un peu plus solennelle de 9 heures, assistance<br />
refluant dans le corridor, dans la grande chapelle [des Saints Cœurs?] et jusque dans la tribune où la psallette<br />
exécutait de délicieux cantiques. A cette messe on remarquait, près de l’autel, Maximin, qui y a fait la Ste-<br />
Communion. Il va sans dire qu’à toutes les messes et à celle-là surtout, les communions étaient nombreuses.<br />
Plusieurs pèlerins, entre autres quatre pénitents de M. Braun[Victor], venaient remercier N. D. de la Salette de<br />
guérisons inespérées. Quelques pèlerins, pour rester tout le jour aux pieds de la Bonne Mère, ont collationné de<br />
leurs provisions sur nos bancs de gazon. A 3 heures, instruction par notre bon abbé Chanteaud, procession à<br />
laquelle assistaient au moins 400 personnes, venues de tous les quartiers de Paris, un certain nombre en<br />
équipages. Remercions le Bon Maître et redoublons de confiance en N. D. de la Salette.<br />
Tout à vous et à tous nos frères ...<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
103
162 - à M. Florent Caille<br />
S.Acheul: Collège des jésuites, dans la Commune d’Amiens.(cf. lettre <strong>du</strong> 2 décembre 1861).- Un postulant<br />
venant de deux expériences ailleurs ! ..jugez vous-même, avec l’inspiration de l’Esprit, de l’utilité d’un essai<br />
prolongé chez vous.— Un post-scriptum de M. Le Prevost.<br />
M. et cher frère en N. S.,<br />
Vaugirard, 25 septembre 1863<br />
vendredi dans l’octave de N. D. de la Salette<br />
Notre bon P. Supérieur vous remercie des consolants détails que vous lui donnez sur les œuvres<br />
d’Amiens. Il rend surtout grâces à Dieu avec vous, il bénit avec vous Marie, -- toujours secourable à ceux qui,<br />
sous sa protection puissante, se donnent aux petits et aux pauvres -- des résultats spirituels toujours croissants<br />
qu’il leur plaît de donner à vos travaux. C’est bien là notre grande et unique récompense ici-bas: gagner à Jésus<br />
par Marie des cœurs qui nous aideront à Les bénir <strong>du</strong>rant l’éternité.<br />
Quant au bon frère qui demande à passer de S. Acheul chez nous, le P. Supérieur voit bien un préjugé<br />
peu favorable dans le séjour de plusieurs années aux Ecoles Chrétiennes, de plusieurs mois aux Jésuites, séjours<br />
aboutissant pareillement à une sortie. Toutefois, il vous laisse juge de l’opportunité pour ce sujet d’une épreuve<br />
préliminaire en vue de notre Communauté. Le P. Supérieur voit l’élément essentiel de votre décision dans votre<br />
conversation avec le P. Dorr. Il pense que ce bon Père ne se croira pas obligé à refuser les explications les plus<br />
précises et les plus complètes à l’égard de ce sujet qu’il nous propose.<br />
Si à la suite de l’entretien avec le Père et de celui avec le sujet lui-même, vous ne voyez pas<br />
d’inconvénient à un postulat, M. Le Prevost trouverait tout à fait convenable un postulat un peu prolongé à la<br />
maison d’Amiens.<br />
Nous comptons, comme je vous le dis dans la lettre que vous venez de recevoir avant celle-ci [<strong>du</strong> 24<br />
septembre] sur vos notes en réponse aux questions récemment envoyées pour la préparation <strong>du</strong> Conseil<br />
extraordinaire; nous comptons, dis-je, sur ces notes pour mardi soir au plus tard.<br />
Tout à vous...<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
P.S. de M. Le Prevost:<br />
Mon bien bon ami, je m’en rapporte pleinement à votre jugement pour ce qui regarde le<br />
sujet proposé par les RR. PP.; vous serez mieux à même, sur les lieux, d’examiner l’affaire et vous la<br />
traiterez comme le Bon Maître vous inspirera de le faire. Je vous remercie d’avoir procuré un peu de<br />
repos à notre cher F. Marcaire.<br />
Mille affections à vous et à tous, Le Prevost<br />
163 - à M. Florent Caille<br />
Retraite avec le P. Bertrand, jésuite; - Léon Guichard fera ses premiers vœux le 10 octobre 1863, mais il quittera<br />
en septembre 1871.<br />
Maurice Maignen, troisième membre de l’Institut (1823-1890). - Une Association à la T. S. Vierge commence à<br />
Charonne, au patronage Ste-Anne. - le Père Charlet, directreur d’une Association de la T. S. V. Marie<br />
(congrégation mariale) qui vit à Amiens, au Collège S. Acheul.<br />
Mon bon frère Caille,<br />
Vaugirard, 2 octobre 1863<br />
SS. Anges gardiens, 1 er vendredi <strong>du</strong> mois<br />
C’est dimanche 4 courant, à 9h. <strong>du</strong> soir, que commence notre retraite. Elle sera donnée par le R. P.<br />
Bertrand, jésuite. Ce bon Père nous a déjà fait faire les exercices avec grande joie et grand profit spirituel pour<br />
tous.<br />
Vous remercierez avec nous le Cœur de N. S. d’avoir ainsi exaucé nos désirs pour cette importante<br />
affaire de la Retraite;<br />
104
Notre R. P. Supérieur espère que vous pourrez, comme l’an dernier, nous envoyer les retraitants pour<br />
l’ouverture même de la retraite. Ce seront, pense-t-il, les frères Léon et Rémond. A moins d’avis contraire de<br />
votre part, le R. P. Supérieur serait assez disposé à laisser prononcer à M. Léon ses premiers voeux.<br />
Nous vous attendons vous-même à Chaville dans la journée <strong>du</strong> lundi 12 courant. C’est le soir de ce<br />
jour, à 9h., que s’ouvre, par le Veni Creator, le Conseil extraordinaire. M. Maignen attend de vous, pour son<br />
rapport d’ensemble, rapport sur les œuvres et sur la Communauté d’Amiens (62-63).<br />
Vous prierez avec nous pour que les bons Anges amènent ici, tout prédisposés au recueillement, vos<br />
deux bons frères et vous rendent au centuple en force pour les œuvres ce qu’ils auront consacré de temps à la<br />
solitude et à la prière.<br />
Embrassez bien d’avance ces bons frères pour moi, ainsi que M. Marcaire, et, si vous l’avez<br />
décidément, le cher postulant.<br />
Tout à vous ...<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Dimanche, fête <strong>du</strong> S. Rosaire, se fonde tout petitement à Ste-Anne, pour nos bons apprentis et jeunes<br />
ouvriers <strong>du</strong> faubourg St-Antoine, une Association de la T. S. Vierge. Recommandez bien s.v.p. cet essai à votre<br />
fervente Association et à son admirable Directeur, le Père Charlet, et par lui aux PP. et aux congréganistes <strong>du</strong><br />
Collège de la Providence. Si Dieu, dans sa miséricorde, pouvait me donner quelque part à l’esprit si calme, si<br />
ardent à la fois et si ferme <strong>du</strong> bon P. Charlet!<br />
164 - à Mlle Erdeven<br />
Des recrues pour votre patronage féminin.<br />
Mademoiselle,<br />
Auteuil, 21 ème jour <strong>du</strong> mois des SS. Anges 1863<br />
Si vous devez, un de ces jours, un lundi, de 11 heures 1/2 à midi et demi, m’amener à Charonne; le<br />
futur de la fille LEFEVRE; vous pourriez peut-être, en passant, vous présenter dans les maisons suivantes où<br />
vous trouveriez, je crois, de faciles recrues pour votre patronage:<br />
1° no 40, rue de la Muette, une demoiselle GIRARD de 19 ans, bonne franc-comtoise, travaillant<br />
avec sa mère veuve (faciles à ramener à la pratique), sœur d’un enfant qui a fait sa première communion au<br />
patronage et que vous pourriez m’aider à attirer rue des Bois.<br />
2° 191, rue de Charonne: ménage GRIZET; il y a là une jeune fille de 19 ans, bonne ouvrière, sœur<br />
d’un de nos apprentis assi<strong>du</strong> et sage.<br />
3° Boulevard Charonne, no 70, KIBLINGER ou RIBLINGER; il y a là une grande fille nommée<br />
Catherine, sœur d’un de nos enfants, travaillant à la fabrique qui fait face à Ste-Anne et que l’aspect de la<br />
famille me fait présumer assez bonne encore.<br />
Priez pour que la volonté <strong>du</strong> bon Dieu se fasse au sujet de notre installation de Charonne, dont le<br />
moment paraît ajourné indéfiniment. Mes misères empêchent que nous puissions venir un peu efficacement en<br />
aide aux âmes qui périssent dans tous ces pauvres quartiers.<br />
Votre très humble serviteur,<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong> prêtre<br />
Le jeune CLOPIN est venu dimanche au patronage et paraît s’y plaire. J’écris à quelqu’un pour<br />
presser à la Préfecture la recherche <strong>du</strong> jeune BIGOT. J’ai vu cette pauvre famille.<br />
165 - à Mme Baloche<br />
59 ou 61, près de la Chapelle de N. D. de Grâces,<br />
rue de Fondarie - Grenelle<br />
Cf. lettre <strong>du</strong> 1 er avril 1863 -- “missionnaire” au faubourg St-Antoine, (Charonne) au patronage Ste-Anne;<br />
pauvreté d’où demande de couvre-nappe d’autel.<br />
105
Madame,<br />
Vaugirard, 22 ème jour <strong>du</strong> mois des Saints Anges 1863<br />
Vous le savez, sans doute, me voilà depuis trois mois, plus ou moins missionnaire au faubourg St-<br />
Antoine. J’ai installé, comme j’ai pu, dans le nouveau local <strong>du</strong> patronage de ce quartier, qui est la maison Ste-<br />
Anne de Charonne, une chapelle provisoire, mais la pauvreté de ce petit sanctuaire est telle que, depuis trois<br />
mois, nous n’avons pu encore trouver un surtout d’autel; nous sommes obligés, quand on balaye, de couvrir la<br />
nappe avec une couverture que j’ai ôtée de mon lit de Vaugirard, où je la remplace en ces premiers froids par<br />
mes habits; pour arriver à blanchir notre nappe d’autel, nous allons être obligés de couper en deux notre nappe<br />
de communion. J’aurais bien voulu venir vous conter moi-même ces détresses, mais Vaugirard me nourrit,<br />
même les trois jours que je puis passer seul à Charonne dans l’état actuel des choses; je suis donc obligé<br />
d’économiser mon temps pour Vaugirard, les quatre jours que j’y passe.<br />
Vous pouvez remettre en toute sécurité votre aumône au jeune commissionnaire porteur <strong>du</strong> présent.<br />
Cette aumône priera sur notre autel le beau jour de la Toussaint pour vos chers défunts, et surtout pour cette<br />
enfant bien-aimée que nous regrettons tous et que je n’ai garde d’oublier devant Dieu.<br />
Si à votre offrande, vous pouviez joindre un billet m’indiquant quelqu’une de vos connaissances à<br />
Paris, chez qui je puisse me présenter pour mon faubourg Saint-Antoine, je vous en serais vivement<br />
reconnaissant.<br />
Mes amitiés à M. Baloche et à l’excellent abbé.<br />
166 - à M. Florent Caille<br />
Votre très humble serviteur,<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong> prêtre<br />
Rassemblement pour la messe des Défunts de la Communauté et visite au cimetière.<br />
Priez pour nos œuvres parisiennes; que le P. Charlet et ses congréganistes prient pour notre naissante<br />
association...<br />
Mon bon frère Caille,<br />
Vaugirard, 28 octobre 1863<br />
SS. Simon et Jude<br />
Le mardi dans l’octave de la Toussaint, les frères de Paris se réuniront à Chaville pour la messe des<br />
défunts de la Communauté et pour la visite à la tombe de nos frères. Ne pourriez-vous avoir, ce même jour, une<br />
messe dans votre chapelle à la même intention?<br />
Nous comptons sur la consolante communication des résultats spirituels que vous auront donnés les<br />
beaux jours de la Toussaint et des morts.<br />
Si une circonstance quelconque réunissait d’ici-là à N. D. <strong>du</strong> Bon-Secours quelques-uns de vos<br />
fervents congréganistes, recommandez-leur s.v.p. la Toussaint dans les œuvres de Paris et surtout à Ste-Anne.<br />
Combien je vous serais reconnaissant d’un Ave Maria pour ces œuvres, après la Communion générale! Si le P.<br />
Charlet pouvait faire quelquefois prier ses congréganistes pour la naissante association de Ste-Anne...<br />
167 - à Mlle Erdeven<br />
3, rue Barbette.<br />
106<br />
Tout à vous et tout à nos frères d’Amiens...<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre
Deux visites aux pauvres: recrue et assistance -- Mlle Erdeven? -- le ”patronage” de Mlle Sarrazin: s’agit-il de<br />
l’Institution: Patronage? ou <strong>du</strong> patronage ou attention de Mlle N? -- Sœurs de Sainte-Marguerite: i.e. de la<br />
paroisse Ste-Marguerite?<br />
Mademoiselle,<br />
Vaugirard, 5 novembre 1863<br />
(jeudi dans l’octave de la Toussaint)<br />
Deux familles à visiter par vous pour le patronage de Mlle Sarrazin, toutes deux 17, rue Sedaine:<br />
1° Famille GUERIN: jeune fille de 15 ans, n’ayant pas été élevée chez les Sœurs; sa mère la verrait<br />
bien volontiers aller au patronage.<br />
2° Mlle DESTIGNY: sœur d’un de nos enfants -- 16 ou 17 ans, je crois; jadis très aimée des Sœurs<br />
de la rue des Minimes. -- Bourreau de travail.<br />
Pourriez-vous passer un jour chez un nommé HUGUE, 95 rue de Charonne. Il relève de maladie et est<br />
chargé de petites orphelines. Je cède -- en vous faisant la prière de recommander cette détresse à qui de droit --<br />
au sentiment inspiré par le spectacle d’un bel acte de charité. Le frère de ces pauvres petites avait fort peu<br />
contenté son maître d’apprentissage, lequel néanmoins les recueille le jeudi et les donne pour compagnes à ses<br />
propres filles.<br />
Souvenez-vous, s’il vous plaît, <strong>du</strong> jeune MAGNE, 15, rue Louis--Philippe pour <strong>du</strong> linge des Sœurs de<br />
Sainte-Marguerite.<br />
Votre très humble serviteur,<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre.<br />
en surimpression :<br />
Jemont, rue Sedaine, 44 à visiter pour l’engager à venir au Patronage.<br />
168 - à Mlle Erdeven<br />
Plusieurs personnes à visiter pour aide aux enfants ou à elles-mêmes.<br />
Mademoiselle,<br />
Vaugirard, 13 novembre 1863<br />
(S. Stanislas Kostka)<br />
J’ai toutes sortes d’excuses à vous faire. Dimanche dernier, j’ai complètement oublié votre bon<br />
conseil et ne suis arrivé à [rue] Keller qu’à 1 h. 40. Là, j’ai presque bousculé Mlles Sarrazin et Fayet, parce que<br />
vous n’y étiez pas; je n’ai pas su encore m’arranger pour voir votre famille BARTELEMY. Je tâcherai de la voir<br />
demain.<br />
Malgré tous ces méfaits, je recours encore à votre obligeance:<br />
1° Pourriez-vous voir demain, soit rue des Vosges, 3, son domicile, soit rue Keller, 15, où elle<br />
travaille chez un doreur, la demoiselle Louise EBNER. C’est la sœur d’un de nos bons enfants qui vient d’être<br />
bien malade et qui, j’espère, retournera dimanche au patronage. J’ai parlé de votre patronage à Louise, qui me<br />
paraît bonne fille et à la veuve Ebner, qui me semble fort bonne aussi. Toutes les deux sont très disposées, il m’a<br />
semblé, à répondre à vos avances. Louise serait, paraît-il, assez libre le dimanche. Je crains seulement pour elle<br />
une amie qui était là lors de ma visite, l’attendant pour la con<strong>du</strong>ire à son travail.<br />
2° Cette excellente demoiselle Fayet qui a fait preuve dimanche de tant de patience, ne pourrait-elle<br />
voir, cité In<strong>du</strong>strielle, 24, rue de la Roquette, à gauche, immédiatement après le boulevard <strong>du</strong> Prince-Eugène, la<br />
famille BRICOT, famille chargée d’enfants, laquelle, à ce que j’ai cru comprendre, est déjà visitée par la<br />
Conférence de St-Vincent-de-Paul de St-Ambroise, probablement. Il y a là une jeune fille de 15 ans pour<br />
laquelle j’ai parlé de votre patronage, et un petit garçon de 12 ans que les parents parlent d’envoyer au nôtre; il<br />
est placé dans la même cité, chez un ébéniste fort poli, mais peut-être assez peu disposé à se priver de son apprenti<br />
le dimanche. Si Mlle Fayet ne voyait pas autre chose à faire, elle pourrait <strong>du</strong> moins prier son père de<br />
s’entendre avec M. le Président de St-Ambroise au sujet de cette famille, où il me semble y avoir beaucoup de<br />
bien à faire facilement.<br />
107
3° Il serait facile encore à Mlle Fayet de demander à Monsieur son père ce qu’il penserait, pour les<br />
visites de charité <strong>du</strong> Bon-Conseil, de la veuve MOYER, 96, rue de Montreuil, visitée, je crois, par la conférence<br />
Sainte-Marguerite. Il y a là trois enfants: l’aîné, âgé de 12 ans 1/2, est un des bons <strong>du</strong> patronage dont il ne bouge<br />
pas chaque dimanche, de 7 h. <strong>du</strong> matin à 6 h. <strong>du</strong> soir. Il y a en outre un charmant petit garçon et une bonne petite<br />
fille. La pauvre veuve meurt de faim à faire des jarretières.<br />
4° Autre famille, dont Mlle Fayet pourrait faire elle-même la visite préliminaire en vue <strong>du</strong> Bon-<br />
Conseil, ou, -- si l’existence d’un garçon, toujours néanmoins le dimanche au patronage, rendait cette visite<br />
contraire à votre règlement -- pour quelque autre Société charitable: la veuve LAVEZ, 33, rue de Montreuil,<br />
marchande de papier à lettres, 50 ans au moins. Secourue des Sœurs pendant la longue maladie de son mari, elle<br />
en a été, paraît-il, délaissée depuis sa mort assez récente. Il paraît que le fils attend souvent pour rompre le jeûne<br />
le repas que son patron lui donne au milieu <strong>du</strong> jour. J’ai dû donner un lit pour que le jeune homme ne couchât<br />
point avec sa mère. Il y aurait à surveiller discrètement la liaison de la veuve Lavez avec une dame dite femme<br />
GODART, demeurant à Charonne, mère d’un de nos autres apprentis. La femme Godart, bien digne de pitié<br />
comme aveugle, vit en a<strong>du</strong>ltère avec un maçon depuis de longues années.<br />
5° Enfin, une excellente famille AVON, 93 rue de Montreuil, -- dont les deux fils, encouragés par<br />
leurs parents, sont tout zèle pour le patronage -- a une fille de 16 ans pour laquelle votre patronage me<br />
semblerait une précieuse ressource. Parfaitement douce et candide, cette pauvre enfant est un peu simple d’esprit<br />
et légèrement contrefaite de figure, résultat de convulsions survenues à l’âge de 12 ans. Elle a cependant fait sa<br />
première communion et je ne la croirais pas plus incapable, au premier coup d’oeil <strong>du</strong> moins, qu’une certaine<br />
Marie BONNIN, restée longtemps au patronage de Grenelle (Mlle Payen vous en pourra parler), d’approcher<br />
aux grandes fêtes, des sacrements. Mlle Avon a sur Marie Bonnin cet avantage immense de travailler toujours<br />
chez elle et d’avoir encore son père, homme parfait. Ses excellents parents désireraient bien pour elle un peu de<br />
distraction et la continuation de ses devoirs religieux. Du reste n’ayant fait que passer dans la famille, je vous<br />
laisse entièrement juge de cette question; le degré des infirmités de cette pauvre enfant est-il ou non tel qu’elle<br />
puisse gêner ou être gênée au patronage. J’obtiendrais bien, je crois, la permission de la confesser le lundi à Ste-<br />
Anne. En tous cas, il y a là une œuvre quelconque à faire, bien digne de votre charité.<br />
Je n’ai pas revu dimanche dernier le futur mariage Barré et fille dite LEFEVRE.<br />
Priez bien pour toutes nos misères et impuissances à Ste-Anne.<br />
169 - à M. Florent Caille<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Pénurie grave de personnel à Arras.<br />
Mitouard, Jacques entre le 19 octobre 1863, fait profession le 29 septembre 1866 - et décède en communauté le<br />
5 décembre 1887;<br />
André Brouand: entré en 1861, profès le 10 octobre 1863; il quitte en 1867.<br />
Myionnet, Clément est le premier frère à entrer en Communauté le 1 er mars 1845; il décède le 3 décembre 1886.<br />
Sadron, <strong>Henri</strong> entre en 1858 - fait profession le 26 octobre 1860 - remplacera M. Myionnet, Clément à<br />
l’Orphelinat de Vaugirard -- il décède le 28 août 1907.<br />
Guillot, <strong>Henri</strong>, religieux - Lucien: Jacquart, entré en mars 1863 et sorti en 1868.<br />
Leclerc, Edmond, postulant; Bosmel, Ferdinand, postulant.<br />
Vaugirard, 15 décembre 1863<br />
octave de l’Immaculée Conception<br />
Mon bien cher frère,<br />
Notre P. Supérieur, en présence des graves embarras que causent à M. Halluin la fatigue et le malaise<br />
de la plupart de nos frères d’Arras, notre P. Supérieur vous propose, pour le bien de notre chère maison de<br />
l’Immaculée Conception, l’arrangement suivant:<br />
Vous pourriez mander chez vous, pour y être à l’essai comme postulant, ce jeune surveillant de la<br />
maison <strong>du</strong> Gard qui demande à entrer dans la Communauté. Quand vous l’aurez assez vu pour savoir s’il<br />
pourrait travailler utilement avec vous pendant un certain temps seulement, comme épreuve sérieuse en vue de<br />
son admission parmi nous, vous enverriez alors à Arras M. Mitouard, dont le séjour au Gard ne pourra, nous le<br />
supposons, se prolonger beaucoup maintenant.<br />
Faisons échange de prières à l’occasion de la préparation pour Noël. Nous pouvons tout obtenir par<br />
Marie Immaculée.<br />
108
Notre plus affectueux souvenir et la bénédiction de notre P. Supérieur à tous vos frères et à vousmême.<br />
Notre bon Supérieur regrette bien de ne vous avoir pas vu lors de votre dernier passage à Paris. Les<br />
besoins d’Arras sont un peu pressants, l’embarras d’y satisfaire ayant tardé un peu à répondre. Notre frère André<br />
se fortifie de jour en jour dans son heureuse convalescence. Marie Immaculée l’a sauvé.<br />
Tout à vous...<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
A Arras, cher ami, MM. Sadron et Leclerc sont souffrants et obligés de se ménager, ainsi que M.<br />
Guillot. M. Halluin reste seul avec M. Brouand pour 250 enfants.<br />
A Vaugirard, M. André, malade, MM. Ferdinand et Lucien rappelés comme appartenant à la réserve.<br />
Nos difficultés sont grandes.<br />
170 - à M. Florent Caille<br />
Remarquons le titre de Très Honoré Père Le Prevost.- Séruzier est un postulant -- l’abbé MANGOT est<br />
conseiller spirituel. -- Allard est un postulant. -- on espère <strong>du</strong> renfort en personnel.<br />
Mon bon Frère Caille,<br />
Vaugirard, 18 décembre 1863<br />
(fête de l’attente de la T. S. Vierge)<br />
Notre Très Honoré Père, trop souffrant, pour un peu longtemps peut-être (recommandez-le bien à<br />
toutes les prières possibles), pour vous l’écrire lui-même comme il l’aurait voulu, me charge de vous témoigner<br />
toute sa joie et toute sa reconnaissance pour la générosité avec laquelle vous vous êtes sacrifié au bien de la<br />
pauvre maison d’Arras.<br />
De notre côté, nous faisons un vrai sacrifice en vous envoyant de suite, les yeux fermés sur les besoins<br />
de notre atelier de cordonnerie, le jeune Séruzier, porteur <strong>du</strong> présent message, jeune homme intelligent, de<br />
bonne tenue et vraiment désireux de faire un peu de bien. Sans doute nous voudrions que ce cher enfant eût 20<br />
ans au lieu de 16, mais le bon Frère Marcaire le guidera charitablement. Pour le spirituel qui chez lui est droit et<br />
solide, M. l’abbé Mangot le soutiendra et perfectionnera; tout ira donc bien pour le mois que ce jeune homme<br />
doit passer à Amiens.<br />
Nous pensons en effet qu’au bout de ce temps M. Mitouard se trouvera suffisamment remis pour<br />
aborder son importante tâche d’Arras. Lui seul, et non également M. Léon, pourra suffire à cette tâche et<br />
préparer à M. Sadron la possibilité d’un repos à Vaugirard. Allard ne peut absolument en ce moment quitter<br />
l’atelier des bronzes.<br />
Tout à vous, mon bon Frère, et à M. Marcaire, dans les Cœurs Sacrés de Jésus, de Marie et de Joseph,<br />
attendant tous deux la naissance <strong>du</strong> divin Enfant ...<br />
Notre bon Père en échange de vos prières offrira pour vous ses souffrances.<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
P.S. de M. Le Prevost:<br />
Mon indisposition, bien cher ami, n’a rien, je pense, de dangereux (ce sont seulement des<br />
hémorroïdes assez violentes pour être fort incommodes et douloureuses).<br />
Je vous embrasse affectueusement, ainsi que nos frères.<br />
Votre ami et Père, Le Prevost<br />
vous.<br />
Mille respects à l’abbé Mangot; c’est une joie pour moi de le voir de nouveau veiller sur<br />
19 décembre<br />
Je viens de recevoir votre lettre d’hier; vous faites très bien de ménager M. Mitouard;<br />
laissez-le se remettre avant de songer à l’envoyer à Arras. Avec M. Léon Guichard, M. Halluin peut<br />
prendre mieux patience; je vous sais bien bon gré, ainsi qu’à mon f. Marcaire, de l’empressement que<br />
109
vous avez mis l’un et l’autre à secourir M. Halluin, malgré la gêne que vous en deviez trouver.<br />
Assurez M. Marcaire de mes sentiments affectueux, bon souvenir aussi à M. Mitouard; je suis<br />
heureux <strong>du</strong> bien que vous me dites de lui.<br />
Je bénis Dieu aussi de tout le bien qui se fait dans nos chères œuvres d’Amiens.<br />
Votre dévoué ami et Père Le Prevost<br />
171- à M. Decaux<br />
Président des Conférences S. V. de Paul<br />
Mes étrennes: de bonnes lectures, comme apostolat.<br />
Monsieur et cher Président,<br />
X -- L’APOTRE DE CHARONNE<br />
Patronage Sainte-Anne<br />
Paris, 18 décembre 1863<br />
fête de l’Attente de l’Enfantement de la T. S. Vierge<br />
Permettez-moi de vous demander deux choses pour mes étrennes:<br />
1° L’abandon par le Secrétariat d’une petite créance de 8 fr. 30, se composant a) <strong>du</strong> prix d’une<br />
livraison dépareillée des Petites Lectures; b) de la facture de quelques abrégés de Ce que tout chrétien... et de<br />
quelques livres allemands; c) de quelques livres-manuels de la Ste-Famille.<br />
2° Le don, comme l’an dernier, <strong>du</strong> plus grand nombre possible de Petites Lectures dépareillées de<br />
1863 ou même des années précédentes, s’il en restait.<br />
Mes nombreuses visites dans le faubourg St-Antoine et la nécessité d’y répandre de bonnes lectures,<br />
en opposition avec les distributions actives des protestants sont les motifs de ma demande. Je ne sais comment<br />
faire face à ces besoins et à tant d’autres.<br />
L’Abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre,<br />
aumônier de Ste-Anne, à Vaugirard, Chemin <strong>du</strong> Moulin, no 1.<br />
172 - à Mlle Erdeven<br />
ERDEVEN, Mlle est responsable d’un patronage; Mme CLOPIN; cf. lettre <strong>du</strong> 21 octobre 1863. -- Je passerai à<br />
votre patronage une heure à Noël au midi -- voici des billets pour la Messe de Minuit -- des visites à faire -- des<br />
recrues pour votre patronage.<br />
110<br />
Mademoiselle,<br />
Vaugirard, 22 décembre 1863<br />
(6ème jour de la neuvaine de Noël)
J’ai pris mes mesures pour venir à votre patronage le jour de Noël. J’y serai à 1h. 1/4. Je n’y pourrai<br />
rester que jusqu’à 2h. 1/4 au plus tard. Voyez comment caser dans cet intervalle, sans déranger vos<br />
divertissements, ma petite instruction.<br />
Si vous pouviez d’ici à jeudi voir vous-même Mme Clopin? Je n’ai pu lui faire promettre<br />
positivement de venir se confesser; elle est pourtant bien bonne et se prive courageusement <strong>du</strong> charmant petit<br />
Charles; chaque samedi soir il nous est utile, et chaque dimanche dès le matin. Vous la décideriez, je crois, à me<br />
venir trouver ou à voir M. Lantiez.<br />
Le P. Hamon a promis de venir pour Noël. En attendant, je n’ai pas revu dimanche passé Théodore<br />
qui, le dimanche précédent, avait communié de si grand cœur. Passez-y, s’il vous plaît, ou <strong>du</strong> moins écrivez. Ciinclus<br />
un billet pour la veillée et pour la messe de minuit, à l’intention <strong>du</strong> P. Hamon. Si vous en portiez un aussi<br />
à ce bon P. Barthélémy? La messe de minuit est plus favorable aux gens faibles dans la foi. Mais après tout il y<br />
aura encore celles de 6h., 8 h. 1/2 et 12 h. 1/2.<br />
Nous voici arrivés à la dernière heure pour le mariage BARRE. Il n’est pas trop tard. Si ce mariage<br />
est fait; envoyez-moi, demain soir à Ste-Anne, M. Barré. Je lui ferai faire sa Première Communion à la messe de<br />
minuit (je suis à Ste-Anne de demain 23 courant à midi à lundi 28 courant à midi, toujours visible à midi et de<br />
7h. à 9h. <strong>du</strong> soir).<br />
Si vous pouviez passer rue des Boulets 38, près la rue Charonne? Il y a là une veuve DIMOFF, mère<br />
d‘un de nos meilleurs enfants, qui vous donnerait, je l’espère, pour le patronage sa bonne et grande fille<br />
Clotilde. - Mme Dimoff est intime avec la famille GAY , nouvelle débarquée de Toulouse. Je vous envoie pour<br />
les Gay un billet de messe de minuit. Bertrand Gay est un charmant enfant de 13 ans que l’on m’a promis pour<br />
la communion de Noël.<br />
Mlle SARRAZIN a dû vous parler de l’urgence d’admettre à la maison <strong>du</strong> Bon-Conseil Catherine<br />
HILT, 129, rue de la Roquette. Son oncle Hilt, 51, rue de Charonne, se porte répondant. De plus je puis recourir,<br />
ou vous-même le pouvez, à M. LASMER, boulevard Beaumarchais, 60, commissaire <strong>du</strong> quartier, pour les<br />
convalescentes de la Salpétrière. Il s’est déjà intéressé à Catherine à l’occasion de sa mère, en rechute à la<br />
Salpétrière.<br />
Priez pour nos Noël et pour nos Premières Communions. Nous prions pour vos Noël.<br />
Votre très humble serviteur,<br />
173 - à M. Florent Caille<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre.<br />
M. Mitouard irait à Arras, avec recommandations pour sa santé - il n’a pas fait de stage à Vaugirard ou à<br />
Chaville pour sa formation!<br />
Mon bon frère Caille,<br />
Vaugirard, 5 janvier 1864<br />
Vigile de l’Epiphanie<br />
Notre vénéré P. Supérieur n’a jamais douté de votre désintéressement parfait en vue <strong>du</strong> plus grand<br />
bien de la Communauté. Il en trouve une nouvelle preuve dans les observations si mesurées et si pleines de<br />
l’esprit de charité que renferme votre bonne lettre, au sujet de la destination définitive à donner à M. Mitouard.<br />
Il craint toutefois de ne pouvoir tenir de ces observations, si judicieuses, tout le compte qu’il voudrait.<br />
Car il n’entrevoit, pas plus aujourd’hui qu’il y a un mois, d’autre moyen pour aider M. Halluin, toujours en<br />
embarras extrême de côté de ses écoliers, et pour refaire M. Sadron, épuisé, que l’envoi à Arras de M. Mitouard.<br />
Notre bon Père désirerait savoir de vous si, en présence de pareilles difficultés, vous persisteriez à penser que M.<br />
Mitouard ne pourrait réellement porter le fardeau d’Arras, à la condition d’être, à Arras, ménagé et soigné. M.<br />
Le Prevost écrirait très positivement en ce sens à M. Halluin. Il chargerait de plus M. Guillot de veiller à l’exécution<br />
<strong>du</strong> régime prescrit à M. Mitouard. Notre bon P. Supérieur compterait sur vous pour les indications sur<br />
lesquelles ce régime pourrait se baser.<br />
Quant à l’inconvénient des mutations au début <strong>du</strong> travail dans la Communauté, sans doute, il eût été<br />
désirable que le bon M. Mitouard pût venir d’Amiens à Chaville ou à Vaugirard. Mais en définitive, il n’a<br />
encore été jusqu’à cette heure qu’à Amiens; l’apparition à Vaugirard et le petit séjour au Gard ne peuvent<br />
compter.<br />
111
Notre bon Père Supérieur est tout heureux de vous donner, à vous et à tous les membres de la petite<br />
Communauté d’Amiens, sa bénédiction, en ce renouvellement de l’année et en la vigile de cette belle fête de<br />
l’Epiphanie.<br />
174 - à M. Halluin<br />
Tout à vous en Jésus Enfant...<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Où il est question de la lettre <strong>du</strong> P. Le Prevost, celle <strong>du</strong> 5 janvier(n o 926): aller voir le papa de notre petit Charles<br />
LENOIR pour un problème avec le jeune Joseph LUCAS. -- P.S. <strong>du</strong> Père Le Prevost: M. Mitouard arrive,<br />
fatigué.<br />
Mon bon Père Halluin,<br />
Vaugirard, 8 janvier 1864<br />
(vendredi dans l’octave de l’Epiphanie)<br />
Notre Père Supérieur me charge de vous expliquer plus au long une petite affaire dont il vous a touché<br />
deux mots hier ou avant-hier. Une nouvelle lettre <strong>du</strong> père de Charles Lenoir, nous oblige à réclamer de vous une<br />
prompte et énergique intervention auprès de ce brave et digne vieillard, bien vivement et bien mal à propos<br />
inquiet.<br />
Un nommé Joseph Lucas, jeune homme de 19 ans, nous avait été en quelque sorte imposé pour les<br />
études latines par un excellent Père Dominicain qu’avaient trompé des dehors hypocrites et un rare génie<br />
d’intrigue. Dès l’arrivée de Charles à Vaugirard, ce jeune chercha à faire de notre bon petit ami son intime; un<br />
sens droit et l’expérience tinrent Charles sinon complètement, au moins suffisamment en garde contre les<br />
avances de ce mauvais garnement. Néanmoins, dominateur et entraînant au possible, ce vilain drôle aurait fini<br />
par dévoyer et remplir de son mauvais esprit non seulement Charles, mais plusieurs autres de nos bons jeunes<br />
gens. De mauvaises conversations avec un de nos latinistes et le soupçon qui se confirme de plus en plus, d’un<br />
vol considérable, nous firent expulser Lucas, il y a environ trois semaines. Lucas avait juré d’emmener avec lui<br />
Charles, fort peu disposé à le suivre. Mais la Providence a voulu que je saisisse, sans l’avoir cherché le moins <strong>du</strong><br />
monde la première lettre d’une correspondance que Lucas, de son propre mouvement, et sans aucune réciprocité<br />
de la part de Charles, voulait absolument établir avec celui-ci, pour en venir à ses fins. D’autres lettres se<br />
succédèrent coup sur coup; mais malgré mille ruses, poussées jusqu’au changement d’écriture, pas une ne<br />
parvint à son destinataire. Nous en avons formé un dossier que, le Père Dominicain étant changé de maison,<br />
nous allons remettre entre les mains de Mgr de Ségur sur lequel le Père se reposait <strong>du</strong> nouveau casement en<br />
séminaire de Lucas, actuellement en attente chez un curé de Normandie.<br />
Toutefois, sous prétexte de venir se confesser à M. Faÿ (le misérable avait bien, avant de partir,<br />
demandé hypocritement à notre Père Supérieur sa bénédiction) Lucas put pénétrer de nouveau quelques instants<br />
dans la maison et entretenir, à la dérobée, Charles auquel il extorqua l’adresse de son père. Là-dessus il écrivit<br />
au pauvre vieillard la lettre la plus odieuse par les calomnies contre la maison, par le perfide intérêt pour Charles<br />
et par les folles promesses de travailler à l’avenir de l’enfant. Lui, nourri par la charité qu’il vilipende et se<br />
donnant des aises avec l’argent qu’il ne peut qu’avoir dérobé, n’en étant pas <strong>du</strong> reste probablement à son coup<br />
d’essai, car il nous est passé sous les yeux une certaine lettre de famille, parlant d’huissiers lancés contre lui, peu<br />
après son départ <strong>du</strong> village, Lucas a bien osé adresser à Charles (c’est à nous qu’elle est parvenue) une copie ou<br />
plutôt un commentaire d’une lettre à lui répon<strong>du</strong>e par le père Lenoir, en ayant l’effronterie de joindre à ce<br />
commentaire l’original, passablement différent de sa glose. Charles commence à s’étonner de n’avoir point de<br />
réponse à la lettre écrite à son père pour le Jour de l’An. Je lui ai dit que j’écrirais lundi, s’il ne lui venait rien<br />
d’ici là. Dans le fait arrive ce matin une épître <strong>du</strong> père Lenoir, où celui-ci gémit sur sa misère à l’hospice et<br />
insinue à Charles que s’il était là, sa présence lui procurerait de petites douceurs et de la consolation.<br />
C’est le thème dicté par le perfide Lucas. Jamais Charles n’a été plus content ici, ni plus disposé à se<br />
donner au Bon Dieu, lorsqu’il en sera temps. Il sort de faire pour l’octave de l’Immaculée Conception une<br />
excellente retraite dont les fruits ont été sa fermeté personnelle contre les assauts de Lucas et la découverte de<br />
l’infâme complot. Il dit lui-même que Lucas lui pesait par ses plaintes continuelles sur toutes choses et, certes, je<br />
voudrais que le père Lenoir vît ses joues roses et rebondies pour juger s’il manque ici, quand il est traité pour le<br />
moins aussi bien que nous, qu’il vît son visage riant, quand on le représente comme un triste esclave et qu’on<br />
112
change en une domesticité rebutante un service de confiance et de charité, paternellement mesuré à ses forces et<br />
à ses aptitudes.<br />
Voyez donc au plus tôt le père Lenoir; mettez-le bien au fait des choses; tâchez de lui faire<br />
comprendre qu’à Arras Charles ne lui pourrait procurer aucune douceur, tandis qu’il vous est facile à vous<br />
d’intéresser une bonne âme de la ville au vieillard qui donne deux de ses enfants à Dieu. Faites-lui honte d’avoir<br />
de prime abord retiré sa confiance au P. Halluin et à moi qui nous sommes chargés de son enfant, qui le lui<br />
rendrions demain, s’il demandait à partir, mais qui ne voulons pas jouer son avenir temporel et éternel en<br />
étouffant une vocation possible, qui ne voulons surtout à aucun prix le livrer à un mauvais sujet. Ajoutez qu’il<br />
ne sera pas bien longtemps sans voir Charles, car de deux choses l’une, ou bien Charles demandera son retour à<br />
Arras après avoir prié, libre de toute influence de Lucas, pour connaître la volonté de Dieu; ou bien, quand nous<br />
le verrons suffisamment affermi, M. Lantiez pourra le faire compagnon d’un de ses voyages pour procurer au<br />
vieux père la joie d’embrasser son enfant et de juger lui-même de ses progrès en santé et en développement<br />
intellectuel et chrétien.<br />
Tout à vous et à tous les Frères d’Arras, au père Lenoir aussi.<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>; prêtre<br />
P.S. de M. Le Prevost:<br />
Cher Monsieur l’abbé,<br />
J’ai pris mes mesures pour que M. Mitouard vous arrive demain samedi. J’espère que son<br />
concours sera un soulagement pour vous et pour nos frères. M. Mitouard, en suite des fatigues qu’il a<br />
eues dernièrement au Gard, a été grippé. Il reste encore un peu faible. Je vous demande pour lui un<br />
peu de ménagement quant au régime et aux garanties contre le froid. Votre sollicitude saurait bien y<br />
pourvoir. J’ai cru seulement à propos de signaler le fait à votre attention.<br />
Adieu, cher Monsieur l’abbé; nous vous demeurons bien affectueusement unis en N. S.<br />
Le Prevost<br />
175 - à Mlle Sarrazin<br />
L’œuvre <strong>du</strong> Bon Conseil, avec Mlle Erdeven; -- Hilt, Catherine (cf. lettre <strong>du</strong> 22 décembre 1863) est à placer au<br />
travail.<br />
Charonne, 11 janvier 1864<br />
lundi dans l’octave de l’Epiphanie<br />
Je recommande instamment pour être placée, à Mlle Sarrazin, Mme Veuve BADOUX dont le<br />
certificat est ci-inclus. C’est la mère d’un de nos apprentis que nous instruisons pour la Première Communion.<br />
M. Hilt est venu me trouver. Il est urgent que l’on place sa nièce, Catherine, pour laquelle je vous<br />
avais parlé de la maison <strong>du</strong> Bon-Conseil. Elle est grande et forte, sage jusqu’à présent, mais seule toute la<br />
journée au logis; elle prend des habitudes de paresse et est exposée à toutes les visites possibles. Vous savez à<br />
quelle extrémité son père est ré<strong>du</strong>it pour le coucher.<br />
Je conjure Mlle Erdeven et vous de se mettre en quatre tout de suite pour lui trouver place de bonne<br />
ou apprentissage couché et nourri. Quoiqu’elle ait 17 ans, le père veut bien donner quatre ans. Le père, 12, rue<br />
Basfroi, à peu près introuvable, l’excellent oncle toujours chez lui avec sa femme; c’est lui qui est venu hier et<br />
s’occupe des enfants de son pauvre frère, dont la femme est à la Salpétrière, cet oncle demeure rue de Charonne,<br />
51. -- Catherine nous intéresse doublement; elle est la sœur et cousine de deux de nos meilleurs apprentis de Ste-<br />
Anne.<br />
176 - à M. Florent Caille<br />
Mme Badoux<br />
Cité des Singes 8 ou 11<br />
à côté de la Maison Ste-Anne, à Charonne<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre.<br />
113
S. François de Sales était alors fêté le 29 janvier; le jeune Edouard Séruzier et son frère (cf. également la lettre à<br />
M. Caille <strong>du</strong> 18 décembre 1863; -- invitation à communiquer des nouvelles de la maison; intentions de prières,<br />
dont la maladie de Mme <strong>Planchat</strong> ; Mgr Buquet, Auxiliaire à Paris viendra donner le Sacrement de la<br />
Confirmation.<br />
Mon bien cher Monsieur Caille,<br />
Vaugirard, 26 janvier 1864<br />
5 ème jour de la neuvaine à s. François de Sales<br />
M. Le Prevost ne s’oppose point à ce que le jeune Séruzier donne à son frère les 38 francs dont<br />
mention est [faite] dans votre lettre et dans la sienne. Il croit seulement convenable qu’Edouard, avant de faire<br />
ce don, consulte, sur son opportunité, son frère aîné.<br />
Nous recevrions avec grand plaisir, d’ici à quelques jours, le petit journal de ce qui peut s’être passé<br />
de notable à Amiens depuis le jour de Noël jusqu’à présent; nous apprendrions en particulier avec grande joie<br />
que notre aimable patron, saint François de Sales, a été bien fêté chez vous.<br />
Un souvenir, s’il vous plaît, devant Dieu 1° pour un de nos orphelins (13 ans 1/2) qui agonise depuis<br />
plusieurs semaines,<br />
2° pour les baptêmes, fixés au 29, d’un grand garçon protestant, qu’on nous a envoyé de Genève, et<br />
d’un de nos orphelins, âgé de 12 ans.<br />
3° pour la confirmation que Mgr Buquet, le protecteur de notre petite Communauté, vient le 31<br />
courant donner au patronage de Charonne.<br />
4° pour ma pauvre mère, plus malade que jamais.<br />
Tout à vous...<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
P.S. de M. Le Prevost:<br />
Je n’ajoute rien, mon bon ami, à la lettre de notre cher abbé <strong>Planchat</strong>, sinon l’assurance<br />
accoutumée de tous mes sentiments de tendre affection pour vous et pour votre maison.<br />
Votre ami et Père, Le Prevost.<br />
177 - à M. Halluin<br />
25, rue de Beaufort -- Arras<br />
Santé de M. <strong>Henri</strong> Sadron s. v. -- la S. François de Sales -- deux baptêmes - Mgr Buquet, protecteur de la<br />
Communauté dès l’origine, viendra confirmer dimanche. -- M. Emile BEAUVAIS: entré le 2 octobre 1854 -<br />
profession le 27 octobre 1855 -- sorti le 31 juillet 1885; il fut Econome général. Mme <strong>Planchat</strong> est très malade --<br />
M. Simonnet ? -- rédigez un Journal de l’Oeuvre.<br />
Monsieur et bien cher Frère en N. S.<br />
Vaugirard, 26 janvier 1864<br />
(5 ème jour de la neuvaine de S. François de Sales)<br />
Vous devez être étonné de n’avoir pas encore eu la visite de M. Lantiez. Si vous jugiez sa présence<br />
immédiate tout à fait utile, il s’échapperait à l’instant même de Grenelle. Si vous ne voyez pas d’inconvénient à<br />
ce que ce bon Père Lantiez diffère sa visite chez vous de deux ou trois semaines, l’expédition de ses affaires personnelles<br />
s’en trouverait mieux.<br />
Nous aimerions n’être pas trop longtemps sans nouvelles de M. Sadron. Sa santé se remet-elle ? Les<br />
soins maternels que le bon M. Mitouard donne à nos chers petits écoliers d’Arras sont-ils combinés de façon à<br />
ne pas trop gêner la discipline et à ne pas contrarier les mouvements de M. Sadron ? Notre Père Supérieur vous<br />
a écrit, je crois, qu’il lui paraissait convenable, provisoirement <strong>du</strong> moins, de laisser à M. Sadron la con<strong>du</strong>ite de<br />
l’ensemble chez les écoliers.<br />
Le fête de saint François de Sales, cet aimable patron de la Communauté, sera marquée, à Vaugirard<br />
par le baptême de deux élèves, dont l’un protestant genevois, âgé de 16 ans, envoyé exprès par le curé de<br />
l’Immaculée Conception de Genève pour se préparer à son abjuration. Nous vous recommandons nos deux catéchumènes,<br />
ainsi qu’un pauvre petit de la maison, depuis plusieurs semaines à l’agonie et ne pouvant achever de<br />
114
mourir. Enfin je vous recommande la Confirmation que viendra donner dimanche prochain au patronage Ste-<br />
Anne Mgr Buquet, le protecteur de notre petite Communauté dès l’origine.<br />
Nous aimerions à recevoir bientôt de vous une sorte de petit journal de ce qui s’est passé à Arras<br />
depuis Noël, et notamment le récit de votre petite fête de S. François de Sales. J’ai touché <strong>du</strong> grand-père de<br />
Germain 30 f. pour ses mois de janvier et de février; je les ai remis à M. Emile [Beauvais].<br />
Tout à vous dans les Sacrés-Cœurs ...<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
J’oubliais de vous recommander ma mère bien malade -- J’ai aperçu en omnibus M. Simonnet.<br />
P.S. de M. Le Prevost:<br />
Je n’ajoute rien à la lettre de notre cher abbé <strong>Planchat</strong>, sinon les nouvelles assurances de<br />
ma vive affection pour vous, cher Monsieur l’abbé, et pour toute votre Maison. Dites bien à nos frères<br />
que je n’en oublie aucun dans mes prières. J’ai reçu avec plaisir leurs lettres toutes cordiales et<br />
toutes pleines d’excellentes dispositions; elles m’ont été une vraie consolation.<br />
Votre ami et Père en N. S.<br />
Le Prevost<br />
178 - à M. Florent Caille<br />
M. Alexandre Legrand: entré le 26 décembre 1861 -- un séjour à Amiens serait une épreuve pour sa vocation? --<br />
profession le 23 avril 1864 et décédé le 26 janvier 1875. -- Pénitences <strong>du</strong> Carême: avec discrétion pour les<br />
santés délicates des frères; -- priez pour le tirage au sort en vue <strong>du</strong> service militaire de sept de nos frères.<br />
Mon bon frère Caille,<br />
Vaugirard, 5 février 1864<br />
Ste Agathe<br />
Les parents de M. Alexandre insistent beaucoup pour qu’il aille à Amiens à l’occasion de son tirage<br />
au sort. M. Alexandre se persuade que leur arrière-pensée est de le détourner de sa vocation. Or, il veut<br />
s’épargner cette secousse, défiant de lui-même autant qu’attaché, il l’est plus que jamais, à son saint état. Ces<br />
pensées fâcheuses ne seraient-elles pas inspirées aux parents de M. Alexandre, et surtout à sa belle-mère, par<br />
une gêne plus grande en ce moment que d’ordinaire, en conséquence de la maladie <strong>du</strong> frère de M. Alexandre?<br />
Peut-être vous pourriez voir cette famille avec laquelle vous êtes un peu en relations, et par là vous assurer <strong>du</strong><br />
véritable état des choses.<br />
Voici venir le Carême. Je sais avec quel soin vous étudiez ce que vos frères, peu forts et ayant,<br />
comme vous-même, beaucoup à travailler, peuvent porter des pénitences de l’Eglise? Pour suppléer au jeûne qui<br />
sera pour plusieurs ou nul ou bien peu rigoureux, le Conseil a cru pouvoir exprimer à chaque maison cette<br />
pensée: le dispositif de Chaville recommande les pénitences corporelles, dans la mesure de la discrétion et de<br />
l’obéissance. Ne pourrait-il pas, dans chaque maison, en être offert une, chaque jour, pour les sept jeunes frères<br />
qui vont tirer au sort cette année, et pour trois desquels nous ne connaissons aucun cas d’exemption?<br />
Tout à vous et à tous les frères d’Arras dans les Sacrés-Coeurs<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Remerciez Dieu de la bonne Confirmation de Ste-Anne de Charonne, et priez pour son Adoration de<br />
dimanche et pour ma mère, bien malade.<br />
P.S. de M. Le Prevost:<br />
La visite que je vous prie, mon bon ami, de faire à la famille Legrand, serait surtout pour<br />
observer et juger l’état et les dispositions de cette famille. M. Alexandre croit qu’on l’a laissé partir à<br />
regret et qu’on voudrait le ramener à Amiens, dans la pensée, sans doute, qu’il pourrait aider les<br />
siens; le père gagne, mais il boit, je crois, plus qu’il ne serait sage de le faire. Notre jeune frère aurait<br />
115
une grande répugnance à se retrouver dans ce milieu. Je ne crois pas que vous ayez à leur parler de<br />
tout cela, s’ils n’en parlent eux-mêmes; voyez, observez et faites ce qui vous semblera à propos.<br />
Le Prevost<br />
179 - à un père de famille<br />
Mon bon ami,<br />
Charonne, 5 février 1864<br />
Plusieurs ouvriers ont demandé à faire dimanche prochain de midi à 5 h. un peu d'adoration devant le<br />
S. Sacrement, en même temps que nos jeunes gens <strong>du</strong> patronage, leurs enfants. J'ai pensé que vous pourriez<br />
peut-être partager ce désir, et je vous envoye l'heure à laquelle vous pourriez plus utilement, si vous vous<br />
trouviez libre à ce moment, faire un peu d'adoration.<br />
180 - à M. Florent Caille<br />
Votre ami dévoué,<br />
Léon Guichard -- jeûne à remplacer <strong>du</strong>rant le carême; à nous de faire pénitence...<br />
Mon bon frère Caille,<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Vaugirard, 16 février 1864<br />
1 er mardi de Carême<br />
Notre P. Supérieur trouve prudente et selon Dieu votre pensée au sujet <strong>du</strong> carême de M. Léon. Il faut<br />
ménager, en vue de l’aide plus vigoureuse qu’il prêterait à M. Marcaire, les forces de notre bon frère Léon.<br />
Notre P. Supérieur trouve donc à propos que M. Léon remplace le jeûne rigoureux par la mortification positive<br />
en chaque repas. Ainsi le matin, au lieu de votre lait, café ou chocolat <strong>du</strong> courant de l’année, <strong>du</strong> pain avec<br />
quelques figues ou autres choses semblables; à midi, privation d’un dessert; à la collation, plus sans doute de<br />
nourriture que pour le jeûne, un peu moins cependant qu’à un souper ordinaire.<br />
Que nous aurions besoin, nous autres, d’ajouter pénitences à pénitences en présence des innombrables<br />
et effrayants besoins spirituels que nous devons, dans notre impuissance, abandonner à peu près complètement<br />
au travail direct de Dieu sur les âmes!<br />
Tout à vous...<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
P.S. Vous avez appris, sans doute, qu’on a tiré pour notre frère Alexandre un bon numéro (114). Vous<br />
en remercierez Dieu avec nous et saint Joseph, à qui nous avions confié cette affaire.<br />
181- à M. Florent Caille<br />
Souligner le mois de S. Joseph; intentions de prières. -- Frère Alexandre Legrand -- Frère Noël serait un<br />
postulant; l’extraction des numéros est en vue <strong>du</strong> service militaire.<br />
Mon bon frère Caille,<br />
Vaugirard, 26 février 1864<br />
fête <strong>du</strong> S. Suaire<br />
Notre P. Supérieur sait avec quel zèle se célèbre à Amiens le mois de S. Joseph, soit à la<br />
Communauté, soit dans les œuvres. Il éprouve néanmoins le besoin de vous rappeler par le petit envoi ci-joint ce<br />
mois béni. Pour vous la photographie, pour vos frères les lithographies.<br />
116
Nous avons remercié de tout cœur saint Joseph pour M. Alexandre; nous avons toute espérance de le<br />
pouvoir remercier pour le frère Noël de Chaville, dont le numéro est assez bon. Prions bien pour les autres.<br />
Prions bien pendant tout le mois de S. Joseph pour les nécessités si diverses et si pressantes de la Communauté,<br />
des œuvres et surtout de nos retraites pascales en tous lieux.<br />
Tout à vous et à tous...<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
182 - à sa mère<br />
Un innocent complot de la famille pour faire se reposer et sa mère et sa sœur. -- Mgr Buquet est protecteur de la<br />
famille; ainsi Maria sera accueillie pour un mois à son ancienne pension, chez les Sœurs de la Congrégation de<br />
Notre - Dame. -- Future résidence de maman: rue Duguay-Trouin à Paris.<br />
Chère et bonne Mère,<br />
Vaugirard, 26 février 1864<br />
fête <strong>du</strong> S. Suaire de N. S.<br />
Vous le comprenez, notre inquiète sollicitude pour Maria et pour vous, nous a forcés d’ourdir en<br />
famille un innocent complot. Il fallait vous décider ainsi au seul parti qui puisse procurer à Maria et à vous les<br />
quelques semaines de repos nécessaires à toutes deux. C’est de la main même de Mgr Buquet qu’ont été choisies<br />
les excellentes Sœurs qui vous accueillent avec toute la charité que peut inspirer le dévouement chrétien envers<br />
les personnes souffrantes, isolées à Paris. Elles se promettent de si bien faire par leurs bons et aimables soins,<br />
que dans l’espace d’un mois toutes vos tristes idées se seront évanouies. Maria est reçue à bras ouverts, toujours<br />
sur la recommandation de Mgr Buquet, dans les rangs de ses anciennes compagnes, les pensionnaires de<br />
l’Abbaye-aux-Bois, également pour un mois.<br />
Adieu, chère et bonne Mère, je vous embrasse de cœur, n’ayant pas eu le courage de le faire<br />
autrement. Je prie toute la journée la Ste Vierge et N. S. pour vous. Il faudra bien que saint Joseph m’obtienne,<br />
comme couronnement de son mois, votre retour rue Duguay-Trouin. Je viendrai vous voir aussi souvent que me<br />
le pourra permettre le travail des Pâques à Charonne.<br />
183 - à sa mère<br />
Votre fils reconnaissant et dévoué,<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Nécessaire séparation de la mère et de la fille. -- La “bonne sœur qui vous aime tant” sera celle qui prend soin<br />
d’elle à la pension.<br />
Chère et bonne Mère,<br />
Vaugirard, 1 er jour <strong>du</strong> mois de S. Joseph 1864<br />
J’éprouve le besoin de vous dire une seconde fois, vous me pardonnerez, n’est-ce pas, l’innocent<br />
stratagème auquel j’ai dû recourir pour abréger les moments, si pénibles à notre cœur comme au vôtre, d’une<br />
séparation devenue nécessaire dans l’intérêt de votre complet retour à votre état ordinaire de paix et de liberté<br />
d’esprit. J’étais bien préoccupé au milieu de mes travaux jusqu’au moment où j’ai reçu la lettre plus rassurante<br />
de la bonne Sœur qui vous aime tant. Vous devez le comprendre, bonne Mère, tant que je ne saurai pas<br />
positivement qu’enfin vous croyez à la droiture de mes intentions, à la sagesse <strong>du</strong> parti indiqué à la famille par<br />
ce médecin si respectable, si expérimenté, si désintéressé, par ce bon docteur Foville à qui je dois tout, après<br />
vous, à qui je devrai pour vous, j’en suis sûr, tout après le secours de Jésus, de Marie et de Joseph; tant que je ne<br />
serai pas pleinement rassuré à cet égard, le poids de mon travail sera doublé. En même temps mon activité se<br />
trouvera paralysée dans le moment où il serait le plus naturel de la déployer pour le soin des âmes.<br />
Oh! comme je serais soulagé, si vous m’écriviez: “c’est vrai, jusqu’ici je ne consentais pas à rester<br />
chez les bonnes Sœurs, mais maintenant, c’est par ma volonté comme par celle de la famille que j’y demeure”.<br />
Ce serait pour nous tous, chère et bonne Mère, non seulement un allégement pour l’heure présente, mais le plus<br />
rassurant espoir pour l’avenir. Nous dirions: “Maman a supporté convenablement cette rude épreuve; donc dans<br />
117
un mois, elle sera complètement revenue à elle-même, et Maria, bien reposée à l’Abbaye, pourra lui être<br />
ren<strong>du</strong>e”.<br />
Chère et bonne Mère, vous m’avez affectueusement remercié des prières que j’avais fait faire pour<br />
vous, quand vous étiez malade en Algérie; ah! faites qu’à mon tour je puisse vous remercier de nous avoir à tous<br />
ren<strong>du</strong> la paix et la joie, absentes en ce moment de nos cœurs.<br />
J’attends avec impatience, très chère mère, dix bonnes lignes de vous; je les demande à St Joseph.<br />
Je vous embrasse de cœur et bien affectueusement.<br />
Présentez s.v.p. mon respect à la bonne Sœur,<br />
184 - à M. Decaux<br />
Votre fils tendrement dévoué...<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Avec le concours <strong>du</strong> P. Pica, le P. <strong>Planchat</strong> organise la première retraite pour les Italiens installés dans les<br />
environs de l’œuvre de Sainte-Anne. -- L'Œuvre de Saint-François de Sales avait été fondée par Mgr de Ségur<br />
pour la défense et la promotion de la foi et aidait flnancièrement différentes œuvres d'apostolat. -- Grizelain,<br />
Etienne, entré le 19 jullet 1865 - profession le 9 mai 1868 - sorti le 5 août 1889.<br />
Mon bien cher Monsieur Decaux,<br />
Charonne, 7 e jour <strong>du</strong> mois de saint Joseph 1864<br />
Je m'empresse de vous annoncer une bonne nouvelle. La Providence nous donne un excellent père<br />
Barnabite pour faire aux Italiens une mission toute la semaine de la Passion, et la Société de Saint-François de<br />
Sales me vient un peu en aide pour les dépenses <strong>du</strong> luminaire, <strong>du</strong> culte, des souvenirs, etc. de cette mission.<br />
Les Italiens sont, vous le savez, la part que M. Ie curé de Charonne m'a dévolue dès le principe et<br />
proprio motu parmi ses ouailles, errantes en trop grand nombre. Je n'en aurai qu'un plus grand soin de le mettre<br />
au courant de l'ensemble des exercices quand je vais les avoir réglés avec le père. M. le curé m'a déjà promis, le<br />
cas échéant, de venir, une fois au moins, donner la bénédiction Pour trancher toute difficulté de Pâques, je le<br />
prierai de faire comme M. le curé de Notre-Dame des Champs, de dire la messe de communion; je me munirai<br />
pour cela d'un binage. J'espère avoir le père Barnabite les huit jours à demeure à Sainte-Anne. En tous cas, le<br />
supérieur m'a prévenu qu'il faudrait qu'il y couchât, parce que leur couvent se clôt sans exception à 9 heures.<br />
Sauf le samedi, je ne verrais pas là de difficulté; le lit et la chambre de M. Grizelain pourraient servir au père,<br />
mais cette difficulté <strong>du</strong> samedi est réelle, elle se repro<strong>du</strong>ira pour le père picputien qui m’est à peu près promis et<br />
qui serait excellent pour la retraite <strong>du</strong> patronage; il confessera bien tard le Vendredi et le Samedi Saint (nous<br />
avions hier 300 enfants au moins et 60 communions environ pour la Saint-Joseph; nos inscrits dépassent 500).<br />
Si la commission de Sainte-Anne garnissait <strong>du</strong> coucher une cellule de plus, ne serait-ce pas chose faite pour<br />
l'installation de la communauté ici?<br />
Quelque chose me dit que, si des bénédictions abondantes sont accordées aux deux retraites, ce pourra<br />
être pour nos supérieurs un signe de hâter notre demeure ici. Voilà un doute que je vous exprime, je ne voudrais<br />
nullement insister sur une nouvelle dépense après tant d'autres que votre cœur paternel vous a fait faire<br />
spontanément pour Sainte-Anne; et puis vos charges principales sont si accablantes!<br />
Tout à vous en saint Vincent et en saint Joseph<br />
L'abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre.<br />
Ne vous paraîtrait-il pas utile de faire savoir cette mission et cette présence d'un religieux italien à<br />
Sainte-Anne au Conseil de Paris, pour obtenir ses prières, pour qu'aussi les conférences <strong>du</strong> voisinage au moins<br />
vissent des auditeurs à nous envoyer? Il serait possible que de cette mission sortît une espèce de Sainte-Famille<br />
italienne. En ce cas, pourrait-on compter un peu sur les allocations <strong>du</strong> Conseil de Paris ? (<strong>du</strong> lundi au samedi,<br />
l'exercice à 8 heures <strong>du</strong> soir).<br />
118
185 - à M. l’Abbé Demante<br />
Demante: l’abbé Victor, qui entra chez les F.S.V. le 25 février 1869; il fit profession le 7 octobre 1871 et quitta<br />
à l’expiration de ses voeux temporaires en 1873. -- Deux retraites à la rue des Bois. -- Merci de votre don --<br />
Nous aurions chez vous le Salut <strong>du</strong> S.S. Sacrement, lors de notre promenade le lundi de la Pentecôte.<br />
Mon bien cher Monsieur Demante,<br />
Charonne, 10 ème jour <strong>du</strong> mois de Saint Joseph 1864<br />
Nous allons habiter la rue <strong>du</strong> Bois, de samedi prochain au 28 mars pour les deux retraites des Italiens<br />
et <strong>du</strong> Patronage. A cette occasion, je les recommande à vos Mémentos et aux prières de vos bonnes âmes. Il<br />
nous serait donc plus facile dans cette quinzaine qu’à tout autre moment, d’envoyer prendre au chemin de fer de<br />
Lyon cet ornement rouge, destiné par votre gracieuse charité à notre extrême pauvreté.<br />
M. le Directeur <strong>du</strong> patronage accepte avec empressement l’offre que vous avez bien voulu lui faire,<br />
par mon intermédiaire, de recevoir dans votre église pour le Salut un jour de la belle saison, nos 40 à 50 jeunes<br />
ouvriers. Il a choisi déjà le lundi de la Pentecôte (16 mai).<br />
Je n’oublierai pas mon petit sermon de charité chez vous aux environs de la Fête-Dieu.<br />
Tout à vous en Saint Joseph...<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
186 - à sa mère<br />
M. Foville, médecin de la famille, donne des espérances d’une guérison rapide. - Retraite des Italiens. -<br />
Relations nouées avec le Conseil supérieur de la Soc. S.V. de Paul italienne, dont le siège est à Gênes - retraite<br />
des apprentis.<br />
Chère et bonne Mère,<br />
Vaugirard, 23 ème jour <strong>du</strong> mois de S. Joseph[1864]<br />
Deux lettres, l’une de M. Foville, l’autre de mon oncle [<strong>Henri</strong> Garanger], me comblent de joie. Le<br />
mois de S. Joseph ne finira pas sans que vous soyez tout à fait guérie de votre malheureuse tristesse. Je le<br />
demande et je le fais demander à ce grand saint et j’ai toute confiance d’être exaucé.<br />
Remerciez Dieu, s.v.p. <strong>du</strong> succès de la retraite des Italiens, après un manque aussi complet, bien<br />
qu’involontaire, de préparation: 130 communions d’hommes principalement, dont 40 retours et 10 premières<br />
communions mises en train. Relations nouées dans les termes de cordiale charité avec le Conseil supérieur de la<br />
Société de S. Vincent en Italie (il est à Gênes).<br />
Priez pour le succès de la retraite des apprentis, -- pour nos 15 premières communions de Français,<br />
dimanche, -- pour que je trouve de l’argent; toutes mes ressources et relations sont épuisées.<br />
Je me soigne et n’ai qu’un peu de fatigue.<br />
l’Abbé <strong>Planchat</strong><br />
Maria va mieux, mais elle en aura pour longtemps à se remettre de sa fatigue.<br />
187 - à Mgr l’Evêque de Versailles<br />
Permission d’avoir le Salut <strong>du</strong> S.S. Sacrement <strong>du</strong>rant les promenades à l’extérieur. - Bienveillance de<br />
Monseigneur pour la Communauté et pour son Noviciat de Chaville. -- Ministère auprès des Italiens et des<br />
apprentis. -- Indispensable préparation des promenades.<br />
Suite de cette lettre au 6 août 1864.<br />
Monseigneur,<br />
mars 1864<br />
119
Permettez à l’aumônier <strong>du</strong> Patronage de S. Vincent de Paul <strong>du</strong> Faubourg St-Antoine [Charonne] de<br />
vous demander une faveur pour ce patronage.<br />
Il s’agirait de la permission d’un Salut spécial pour ce patronage, dans une église rurale quelconque<br />
de votre diocèse, les lundis de Pâques et de la Pentecôte, à la condition, bien enten<strong>du</strong>, de se concerter à l’avance<br />
avec M. le Curé <strong>du</strong> lieu.<br />
Notre patronage jouit <strong>du</strong> droit à un Salut [<strong>du</strong> S.S. Sacrement], comme couronnement de toute<br />
instruction qui lui est faite.<br />
Or nous tenons à cette instruction et à ce Salut tout particulièrement les lendemains de grandes fêtes, à<br />
cause de la Communion de la veille pour le plus grand nombre, pour un nombre notable aussi le matin même.<br />
Mais les deux jours susdits, nous menons soit nos 250 à 300 enfants, soit la section des jeunes<br />
ouvriers (50 environ) en promenade, de la Messe jusqu’au soir, et cela, le plus habituellement, dans une<br />
campagne <strong>du</strong> diocèse de Versailles. Il nous serait souvent difficile de calculer les mouvements de notre monde<br />
sur l’heure <strong>du</strong> Salut de la paroisse où nous stationnerons.<br />
Du reste, malgré la permission que daignerait nous accorder Votre Grandeur, nous serions heureux de<br />
nous unir aux fidèles de la paroisse, lorsque la chose ne serait pas trop incommode pour nous.<br />
Oserai-je, en terminant, Monseigneur, vous demander votre bénédiction et pour ma Communauté<br />
dont vous encouragez si paternellement le Noviciat à Chaville, et pour moi-même, si inférieur à la lourde tâche<br />
qui m’incombe; enfin pour notre faubourg et pour notre maison Ste-Anne, surtout pour ses deux retraites pascales<br />
des Italiens et des apprentis.<br />
L’exploration des lieux, préliminaire indispensable de toute promenade, devant avoir lieu, pour celle<br />
de Pâques, avant la Semaine Sainte; nous serions, Monseigneur, vivement reconnaissants à votre Grandeur de<br />
vouloir bien nous faire donner une prompte réponse.<br />
Je suppose que la permission ci-dessus demandée nous serait accordée une fois pour toutes.<br />
Agréez, Monseigneur, l’expression de mon profond respect et de notre vive gratitude à tous,<br />
Votre très humble serviteur,<br />
188 - à Mgr de Ségur<br />
l’Abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
de la Communauté des Frères de St Vincent de Paul,<br />
Secrétaire <strong>du</strong> P. Supérieur Général,<br />
aumônier <strong>du</strong> Patronage Ste-Anne de Charonne, Paris<br />
Un long rapport sur les deux dernières retraites, celle des Italiens et celle <strong>du</strong> patronage; bonne connaissance de<br />
ses ouailles italiennes; projet d’une Ste-Famille italienne, quand viendront résider ici les Frères de S.V.d.P.; les<br />
prédicateurs: le P. Picca et un Père “de Picpus“; considérations pour l’avenir; promenade <strong>du</strong> Lundi de Pâques;<br />
“Accidents de famille”: cf. lettre <strong>du</strong> 21. 04.1864.<br />
Monseigneur,<br />
Vaugirard, 6 avril 1864<br />
fête remise, de s. Gabriel<br />
Avant tout je dois vous exprimer, et témoigner aussi à la Société de S. François de Sales, toute ma<br />
reconnaissance pour les deux cents francs que la Société de S. François a bien voulu m'adresser. Pour assumer la<br />
lourde charge de deux retraites successives, je me suis confié en la Providence; la Providence ne fait défaut à<br />
personne; par vous elle m'est venue en aide en un pressant besoin. Ce qui peut donner plus de prix à vos yeux<br />
aux humbles résultats obtenus par la retraite des Italiens et par celle <strong>du</strong> patronage, c'est la spontanéité de ces<br />
résultats. Complètement livré à moi-même pour la préparation de la retraite des Italiens, j'ai vu, de plus, mes<br />
faibles efforts paralysés et par l'effrayante distance qui sépare Vaugirard de Charonne, et par la préoccupation<br />
que me causaient de pénibles accidents de famille. Seul de son côté pour préparer et préparer de si loin sa<br />
retraite, M. le Directeur <strong>du</strong> patronage ne put adresser en temps vraiment utile ni aux parents ni même aux patrons<br />
les convocations ordinaires. Les deux retraites se sont donc préparées en quelque sorte d'elles-mêmes. Dieu seul<br />
ayant égard aux prières d'un certain nombre de bonnes âmes a pu prédisposer et attirer les cœurs:<br />
l° Retraite des Italiens<br />
Ouverte le dimanche de la Passion à 7h. <strong>du</strong> soir, cette retraite a été prêchée huit jours entiers avec un<br />
zèle aussi simple, aussi modeste qu'ardent par un excellent père barnabite, natif d'Aquila (les Abruzzes), par le R.<br />
Père Picca, isolé tout ce temps de sa maison de la rue de Monsieur pour se donner complètement à Ste-Anne.<br />
120
Quarante à cinquante personnes composaient tout l'auditoire <strong>du</strong> premier jour. Dès le lundi ce nombre fut presque<br />
doublé. L'excellent premier vicaire d'une paroisse voisine amena toute une compagnie de braves ouvriers<br />
italiens, fidèles jusqu'à la fin au rendez-vous de chaque soir, et zélés pour la propagande sainte. Dès le mercredi<br />
le côté des hommes était rempli; l'auditoire atteignait le chiffre de cent soixante-dix personnes environ. Ce jour<br />
consacré au bon saint Joseph a été pour nous un jour privilégié. Le clergé de la paroisse de Charonne et<br />
Monsieur le Président <strong>du</strong> Conseil de Paris, accompagné d'un des anciens de ce Conseil s'étaient sans doute donné<br />
rendez-vous dans notre humble sanctuaire. Assisté de ses deux vicaires, M. le Curé de Charonne présida la<br />
séance et la suivit dans ses détails avec un paternel intérêt. Son cœur s'ouvrit pour encourager et accueillir ces<br />
braves gens, dont la moitié peut-être étaient ses paroissiens. Ses paroles toutes de zèle et de charité furent redites<br />
en italien par le R. P. Picca. M. le Curé donna la bénédiction <strong>du</strong> saint ciboire et ne se retira qu'après avoir suivi<br />
des yeux le défilé silencieux de tous. Le nombre des assistants <strong>du</strong> soir augmenta encore le jeudi et le vendredi; le<br />
dimanche des Rameaux la chapelle était remplie. De 200 à 250 Italiens assistaient à la cérémonie de clôture. Les<br />
hommes dès l'abord, et toujours les hommes, furent en majorité de plus de moitié. Cela s'explique et par le grand<br />
nombre d'hommes qui viennent seuls à Paris, qu'ils soient ou non mariés, et par l'existence de compagnie de<br />
musiciens et par le grand nombre d'enfants dans les familles qui émigrent toutes entières.<br />
Tel est le nombre de ces enfants que nous n’eussions presque pas eu de femmes à la retraite, si nous<br />
eussions rigoureusement exclu les enfants en bas âge, je dirai plus, les enfants à la mamelle. Même à la messe de<br />
Communion générale, tel père et telle mère ont dû se passer leur petit innocent pour aller successivement à la sainte<br />
Table; ce qui n'était pas moins caractéristique, c'était les chants de ces braves gens. Ils sont de contrées bien<br />
diverses de l'Italie; cependant tous savent par cœur et chantent sur un ton à eux particulier les litanies de Lorette<br />
en latin. Un d'eux les entonnait et tous suivaient. Le chapelet également dirigé par un brave gênois et récité avec<br />
l'indication des mystères <strong>du</strong> Rosaire, ouvrait la séance <strong>du</strong> soir, séance de fond. Et puis venait une glose<br />
doctrinale <strong>du</strong> Père sur les commandements de Dieu; ensuite les litanies, puis l'instruction d'une demi-heure; enfin le<br />
tout petit Salut, où les bons italiens chantaient le Tantum Ergo à la façon de leur pays; après la bénédiction, avis final<br />
comme dans nos retraites françaises. Le matin une première messe à 6h., suivie d'un petit exercice <strong>du</strong> mois de S.<br />
Joseph, fort goûté par les bons italiens; puis à 7h.1/4 la messe <strong>du</strong> Père, suivie d'une très courte instruction catéchistique<br />
sur les sacrements de Pénitence et d'Eucharistie. Une quarantaine de ces braves gens assistaient à l'un ou à<br />
l'autre de ces exercices <strong>du</strong> matin. Le soir, dès le mardi, trois prêtres furent occupés à entendre les confessions en<br />
italien. A partir <strong>du</strong> mercredi la plus grande partie <strong>du</strong> jour le Père et l'aumônier de Ste-Anne se trouvèrent absorbés<br />
par les confessions. Les napolitains venaient par bandes de la place Maubert, sacrifiant leur après-midi, à la<br />
“Doctrine”, comme ils disent, et à la confession.<br />
Hélas! les pauvres gens, chassés presque tous par la guerre des Calabres, de la Basilicata, avaient<br />
quitté leur pays, la plupart sans avoir fait de première communion et sans avoir reçu d'autres instructions<br />
chrétiennes que celle <strong>du</strong> signe de la croix et de vagues notions sur la Trinité et le crucifix; peu même savaient<br />
bien leur Pater, aussi pour le plus grand nombre la retraite s'est bornée à se confesser une première fois de leur<br />
vie. Moins ignorants, bien que presqu’aucun ne sache lire sont les génois, cantonnés presque tous à Charonne et<br />
dans le faubourg St-Antoine et les Lucquois s'échelonnent rue de la Roquette, rue Baffroid, rue Popincourt etc.<br />
Les plus instruits sont 1° les Tessinois, tous vitriers ou peintres en bâtiments; ils ont pour quartier général<br />
Ménilmontant; 2° les Milanais, les moins nombreux de tous les émigrés. Les génois descen<strong>du</strong>s ici presque tous<br />
des montagnes de Chiàvari, apportent avec eux un orgue, une sérinette ou un accordoir. Ils vont et viennent<br />
beaucoup de France en Italie et réciproquement.<br />
La Doctrine était faite, le matin après la messe et le soir avant la séance, à de nombreux enfants de tout<br />
âge que les pères et mères envoyaient ou amenaient à cet effet. Le noyau de cette réunion était formé par huit<br />
enfants de 12 à 16 ans (sept garçons et une fille) assi<strong>du</strong>s depuis cinq mois à un catéchisme italien hebdomadaire;<br />
deux jeunes gens se sont ajoutés à eux pendant la retraite. La Communion générale a été de 120 personnes y<br />
compris dix premières communions. Le total des pâques pro<strong>du</strong>ites par la retraite a été de 150, dont 40 retours<br />
d'hommes pour la plupart, et un grand nombre après 10 et 15 ans d'oubli. On peut prévoir que le chiffre définitif<br />
des pâques montera à 170 au moins pour le dimanche <strong>du</strong> Bon Pasteur. Quatre mariages sont sur le métier, une<br />
réconciliation éclatante a eu lieu entre deux femmes.<br />
Rien de plus touchant que la cérémonie de clôture. Le Magnificat entonné par les napolitains (joueurs<br />
de harpe pour la plupart) y a été chanté avec un véritable élan <strong>du</strong> cœur. Tous se sont levés pour recevoir le saint<br />
scapulaire. Bien tristes se sont retirés ceux à qui l'insuffisance de la provision et l'heure avancée déjà n'ont pas<br />
permis d'imposer l'habit de la Madone. Chacun baisait avec respect et avec joie les crucifix, bénitiers,<br />
médaillons, bénits et distribués en souvenir de la mission. Les savants étaient fiers d'emporter chacun un petit<br />
livre de piété en langue italienne (ces petits livres avaient été envoyés avec les vœux les plus sympathiques par le<br />
Conseil Supérieur de la Société de S.-Vincent-de-Paul de Gênes) Tous ont donné leurs noms pour la Ste-Famille,<br />
œuvre nécessairement ajournée au moment où une colonie de Frères de S. Vincent de Paul pourra s'installer à<br />
poste fixe à Ste-Anne.<br />
En résumé,<br />
121
1° Les immenses besoins spirituels des 20,000 ouvriers italiens disséminés et sur la rive droite de la<br />
Seine, dans la zone de Ste-Anne, et sur la rive gauche, à la place Maubert; ces besoins ont été, sinon approfondis,<br />
<strong>du</strong> moins entrevus assez pour exciter le zèle des amis des Pauvres de Dieu.<br />
2° Il est évident que la foi vit encore dans ces âmes. Car cette retraite improvisée a donné un élan<br />
constaté par les confessions, qui se continuent pendant la semaine même de Quasimodo.<br />
3° Si l'on ne veut pas laisser cette foi périr, étouffée sous l'ignorance, le moment paraît venu de former<br />
pour ces braves gens deux ou trois groupes d'instruction chrétienne, dont la sphère serait déterminée d'après leur<br />
provenance et d'après leur habitation; une Ste-Famille italienne à Ste-Anne et une à St-Nicolas <strong>du</strong> Chardonnet<br />
auraient, ce semble, beaucoup d’avenir.<br />
Les objets pieux ravissent ces pauvres gens. La croix manquait dans plusieurs des rares maisons que<br />
nous avons pu visiter. Tel homme qui n'avait pu assister à l'exercice de clôture est venu de la Place Maubert réclamer<br />
son crucifix. Tel ménage a soigneusement emballé des souvenirs de retraite pour les montrer bientôt à tous au pays.<br />
2- Retraite <strong>du</strong> Patronage<br />
Comment à 4h. 1/2 de l'après-midi le dimanche des Rameaux la pauvre chapelle Ste-Anne a-t-elle pu<br />
réunir près de 300 apprentis et jeunes ouvriers, quelques-uns de leurs parents, et 7 à 8 bons confrères de S.-<br />
Vincent-de-Paul appartenant la plupart aux conférences <strong>du</strong> quartier latin? C'est le secret de la Providence; aussi<br />
M. le Curé de Charonne était-il visiblement ému, en faisant, avec une bienveillance plus que paternelle et avec<br />
une ardeur toute apostolique, l'ouverture de nos petits exercices. L'un des Pères les plus éminents de la Maison-<br />
Mère de Picpus a donné ensuite la première instruction avec une simplicité pleine d'onction, avec un accent de<br />
tendresse pour les âmes de nos ouvriers petits et grands, qui devaient assurer le succès de la retraite.<br />
Le lundi, nous tremblions à la pensée <strong>du</strong> vide qui allait se faire pour la réunion <strong>du</strong> soir, réunion bien<br />
tardive, dans une saison si peu avancée, réunion que pourtant les exigences <strong>du</strong> travail ne permettaient pas de<br />
fixer plus tôt que 8h. La différence <strong>du</strong> nombre entre ce jour et la veille à 8h. et 8h.1/4 était à peine sensible. Le<br />
recueillement était absolument le même; recueillement touchant par sa cordiale simplicité; recueillement<br />
soutenu, non seulement pendant toute la <strong>du</strong>rée de la séance, mais jusqu'à la dernière instruction de la retraite. Les<br />
confessions, nombreuses déjà le dimanche des Rameaux, ont occupé chaque soir, une heure avant l'instruction, le<br />
père de la retraite, et M. le premier aumônier <strong>du</strong> Père Lachaise tout entier pendant dix jours, aux veilles de Ste-<br />
Anne, que précédaient pour lui de rudes labeurs de la fosse commune. Les confessions occupaient, encore après<br />
l'instruction et souvent même pendant le temps de la séance, outre l'aumônier de Ste-Anne, M. l'aumônier <strong>du</strong><br />
Père Lachaise et l'humble prêtre breton, infatigable apôtre des œuvres en détresse.<br />
On peut compter pendant la retraite près de 400 confessions d'apprentis et de jeunes ouvriers. Nombre<br />
d’anciens, de frères, plus ou moins étrangers à nos réunions étaient accourus de distances parfois considérables,<br />
<strong>du</strong> Marché <strong>du</strong> Temple ou de St-Gervais, par exemple, et commençaient tout franchement leur retraite par la<br />
confession. On peut présumer qu'une quinzaine au moins de jeunes gens de quatorze à dix-huit ans se<br />
confessaient pour la première fois depuis leur première communion; car il n'est pas de dimanche qui n'amène à<br />
Ste-Anne de pareils retardataires; les a<strong>du</strong>ltes n'ayant pas fait leur première communion étaient admis à la retraite.<br />
Il y en a eu un certain nombre qui se sont, à 14, 15, à 17 ans, confessés pour la première fois.<br />
Chaque dimanche en effet apporte à Ste-Anne son contingent de confessions pareilles. Nous n'avions<br />
cru pouvoir inviter à la retraite avec nos enfants que leurs pères, vu l’exiguïté <strong>du</strong> local. Dès le dimanche des<br />
Rameaux le choeur était garni de ces braves gens; il fallut, les jours suivants, serrer les rangs réservés à cette<br />
avant-garde, au point de gêner les mouvements <strong>du</strong> prêtre à l'autel; encore, étions - nous obligés, auprès des deux<br />
seuls confessionnaux organisés au fond de la chapelle, de laisser à peine l'espace nécessaire aux mouvements des<br />
pénitents. Le Vendredi Saint la foule affluait assez avant sur le palier. On peut évaluer à 60 le nombre des<br />
parents, presque tous hommes, qui ont profité de la retraite. Plus de la moitié se sont confessés. Ils l’ont fait avec<br />
une simplicité pleine de courage, fendant la foule de leurs camarades, ou même des patronnés, pour aller trouver<br />
le prêtre.<br />
Ce ne sont pas les seuls que nos chers enfants nous aient amenés. Le dimanche de Quasimodo de<br />
grand matin plusieurs hommes encore nous arrivaient, vaincus par les insistances de leurs enfants, presque tous<br />
les pères, qui se sont confessés à la chapelle; ils y ont communié avec leurs enfants. Monseigneur avait éten<strong>du</strong><br />
aux parents assi<strong>du</strong>s à la retraite la permission des Pâques à Ste-Anne. Un de ces excellents pères de famille,<br />
obligé de faire une rude corvée le matin de Pâques, arrivait ce saint jour au patronage à 12h., encore à jeun; il y<br />
communiait à côté d'un bon jeune homme de 14 ans, frère d'un de nos premiers communiants <strong>du</strong> matin.<br />
En effet comme la retraite des Italiens, la retraite <strong>du</strong> patronage a eu ses premiers communiants. Sans<br />
doute les premières communions italiennes avaient été le prix d'un labeur plus difficile. Rassembler de pauvres<br />
enfants que le travail de musiciens ou de balayeurs, de charbonniers ou de maçons rend également insaisissables,<br />
difficilement accessibles à toute autre instruction que la leçon purement orale de catéchisme; faire cela de<br />
Vaugirard, c'était un tour de force et donc la main de la Madone s'était montrée dans l'arrivée <strong>du</strong> père Barnabite,<br />
si nécessaire pour compléter une œuvre aussi imparfaite. Sans doute le résultat de cette œuvre avait été consolant<br />
par la piété timorée de nos bons petits Italiens pendant leurs deux jours de clôture et de retraite au patronage, par<br />
122
leur attitude angélique à la Sainte Table, à la rénovation des voeux et tout le grand jour de leur première<br />
communion; sans doute, on le peut espérer, ce résultat sera <strong>du</strong>rable, car il était préparé par une assi<strong>du</strong>ité bien<br />
méritoire à la messe et à la confession bimensuelle, comme au catéchisme; car le jour de Pâques presque tous se<br />
sont unis aux Français pour la communion générale.<br />
Mais j'éprouve le besoin d'insister quelque peu sur la première communion de nos apprentis et de nos<br />
jeunes ouvriers. Dans la zone <strong>du</strong> patronage Ste-Anne le zèle <strong>du</strong> clergé paroissial, uni à celui des frères et des<br />
admirables Sœurs de la Charité, multiplie les institutions et les efforts pour faciliter la première communion à<br />
cette masse effrayante d’enfants travaillant dès le plus bas âge dans les usines, fabriques et chambrées de toutes<br />
sortes. Cependant la statistique des résultats obtenus est là pour le prouver, plus de la moitié de ces malheureux<br />
enfants, des milliers, par conséquent, grandissent encore sans première communion; par suite, sans les premiers<br />
éléments de l'instruction chrétienne, sans savoir même leur Pater. Un catéchisme dominical est pour un certain<br />
nombre de ces pauvres esclaves une précieuse ressource.<br />
Avec la haute approbation de l'autorité épiscopale avec les plus paternels encouragements de MM. les<br />
Curés; avec les précautions les plus minutieuses pour éviter tout détriment au catéchisme de paroisse, ce<br />
catéchisme dominical se fait à Ste-Anne par les FF. ou par les confrères de S. Vincent de Paul, sous la direction<br />
de l'aumônier, direction aussi attentive que le lui permet la surcharge <strong>du</strong> travail. L'assistance à la messe de midi<br />
et demie en la Chapelle de l'Œuvre est 1e préliminaire obligé. Les difficultés incroyables qui entourent la plupart<br />
de ces pauvres enfants et jeunes ouvriers inspirent à l'aumônier de cette œuvre une grande in<strong>du</strong>lgence. Il se borne<br />
à exiger l'assi<strong>du</strong>ité pendant plusieurs mois au catéchisme dominical et puis l'assi<strong>du</strong>ité à la confession<br />
bimensuelle, enfin celle d'un mois au moins à un catéchisme <strong>du</strong> jeudi soir, catéchisme supplémentaire. Eh bien,<br />
malgré cette facilité le quart à peine des a<strong>du</strong>ltes qui recourent, pour leur première communion, à cette ressource<br />
suprême <strong>du</strong> patronage peut atteindre le but désiré. Ces préliminaires feront mieux comprendre la valeur de notre<br />
première communion <strong>du</strong> jour de Pâques.<br />
La connaissance de tels besoins, atténués encore par l'imparfaite exploration de nos pauvres quartiers<br />
attirera, nous l'espérons, sur notre œuvre quelques prières et quelques aumônes aussi. Je dis quelques aumônes,<br />
non pas que nous ayons à marchander avec les patrons ni même avec les parents la première communion de leurs<br />
enfants. Sur ces 21 a<strong>du</strong>ltes (je ne compte point 2 malades) qui ont participé, tant à la première communion<br />
italienne qu'à la première communion française, la moitié tout au plus ont été aidés par nous pour leur<br />
habillement; trois seulement, placés en dehors de toutes les assistances charitables ordinaires, ont reçu un habillement<br />
complet. Mais enfin cette assistance si mesurée pour l'habillement est lourde encore. Mais surtout nous<br />
tenons à isoler trois jours nos chers néophytes pour les tenir sous l'oeil de Dieu, dans l'atmosphère de la prière et<br />
de l'instruction chrétienne; notre petite expérience <strong>du</strong> reste nous prouve déjà pleinement l'utilité de ce plan pour<br />
la préparation solide et vraie de ces âmes peu dégrossies mais simples et très accessibles aux paroles et aux<br />
impressions de la foi. Il faut donc, sinon coucher, <strong>du</strong> moins nourrir quatre jours <strong>du</strong>rant, -- nous nous garderions<br />
bien de leur laisser faire fête le grand jour ailleurs qu'au patronage -- ces enfants et ces jeunes gens. Il faut<br />
fournir encore aux frais de souvenirs et d'une solennité modeste, il est vrai, et toute renfermée à l'intérieur <strong>du</strong><br />
patronage, cependant coûteuse encore.<br />
Revenons, pour terminer, à la communion générale <strong>du</strong> patronage. Après l'assi<strong>du</strong>ité complète de 130<br />
apprentis et jeunes ouvriers, chaque soir des 7 jours de retraite et l'assi<strong>du</strong>ité très notable de plus de 250 autres<br />
(après un recueillement parfait observé pour la sortie et gardé jusqu'à son quartier, d'irrécusables témoignages<br />
nous l'avaient prouvé), après la bénédiction de M. le Curé de Charonne au début de la retraite; après surtout la<br />
bénédiction que Monseigneur l’Archevêque avait chargé M. le Vicaire Général, -célébrant-, de nous apporter à<br />
notre messe de Communion, nous étions autorisés à beaucoup espérer. Cependant notre attente a été dépassée.<br />
245 patronnés et 60 parents, parmi eux 18 femmes seulement et 15 convertis au moins, dont plusieurs arriérés de<br />
10 à 20 ans, ont reçu la Ste Communion le jour de Pâques en notre chapelle, presque tous de la main de M.<br />
l'Archidiacre de St- Denis. Le lundi de Pâques 50 patronnés et 49 parents la recevaient de la main de M. l'Aumônier<br />
<strong>du</strong> patronage. Depuis les parents jusqu'au plus jeune apprenti, tous avaient évidemment recueilli les paroles<br />
si bien senties, si bien appropriées aux besoins de chacun prononcées par M. le Vicaire Général et après la<br />
Communion de Pâques; mais les aînés surtout avaient été électrisés par les témoignages d'affectueuse estime que<br />
leur avait donnés le représentant de Monseigneur, en présidant, avant de quitter l'autel, au renouvellement des<br />
dignitaires <strong>du</strong> patronage. A ces témoignages d'une haute et tendre bienveillance nos chers aînés, toujours <strong>du</strong> reste<br />
la joie et le soutien de l'œuvre, répondaient par un bon exemple. Ils voulurent renouveler en masse le lundi leur<br />
communion de la veille. Faite avec la franchise et avec l'élan qui les caractérise, cette pieuse démarche attira sur<br />
la promenade une bénédiction privilégiée. Invoqué au départ, honoré tout le jour par les deux cierges entretenus<br />
devant son image, saint Joseph fixa l'incertitude <strong>du</strong> temps. Il la fit braver à 7 membres des Conférences, fidèles<br />
au rendez-vous. Sous la direction de ces excellents confrères, nos bons jeunes gens firent des prodiges d'entrain,<br />
d'activité, d'intelligente et fraternelle vigilance. Deux cents apprentis et jeunes ouvriers purent passer leur journée<br />
en chemin de fer et dans les bois, sans que l'on eût à déplorer ni le moindre désordre ni le moindre accident.<br />
Nous le devons reconnaître avec bonheur, puisque le vénérable curé de Rièvres a cru pouvoir et le dire et l'écrire,<br />
nos jeunes amis ont édifié la paroisse choisie pour but de leur promenade. Dans le fait, le recueillement de tout<br />
123
ce petit peuple ouvrier mêlé, pendant l'instruction et pour le Salut, à de nombreux fidèles, devait pro<strong>du</strong>ire sur eux<br />
une impression heureuse. Que le bon Maître, par l'intercession de Marie Immaculée et <strong>du</strong> bon saint Joseph,<br />
pourvoyeurs et patrons de nos deux retraites, nous fasse la grâce de résider à Ste-Anne et quelques âmes de plus<br />
seront remises sur le chemin <strong>du</strong> seul et vrai bonheur ici-bas.<br />
[en surimpression]: Bien abréger et ne prendre que la fleur.<br />
189 - à sa mère<br />
l'abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
aumônier de Ste-Anne<br />
En retraite on n’écrit à personne; cependant...— Sollicitude réciproque de la mère et des enfants <strong>Planchat</strong>. -- La<br />
séparation mère-fille était nécessaire! -- Rue des Anglaises...<br />
Chère et bonne Mère,<br />
Vaugirard, 21 avril 1864<br />
En retraite, il est d’usage de n’écrire à personne; cependant M. Le Prevost m’autorise à vous<br />
demander de vos nouvelles, en attendant mardi prochain, le premier jour où je pourrai vous aller voir.<br />
Croyez-le bien, chère et bonne Mère, si la tendresse de vos enfants ne peut égaler votre dévouement<br />
de tous les jours, de toutes les heures aux intérêts de la famille et à l’avenir de chacun d’eux, cette tendresse<br />
répond au moins à votre héroïque sollicitude.<br />
Je ne suppose pas que vous ayez jamais pu croire à un calcul quelconque de la part d’aucun de nous;<br />
vous m’avez compris quand, rue des Anglaises, je vous ai dit, les larmes aux yeux, que si quelque chose pouvait<br />
entraver nos projets, nos œuvres, troubler notre présent et notre avenir à tous et à chacun, c’était la préoccupation<br />
incessante causée par votre santé, par les mesures, aussi, que cette santé si chère nous faisait un devoir de<br />
prendre à l’égard de notre bonne Mère; mais j’ai besoin d’ajouter un mot de plus afin de compléter votre<br />
conviction à cet égard. Quand je vous parlai, rue des Anglaises, je n’avais pas encore eu la pensée de faire à<br />
Maria la moindre question sur son avenir. La décision formelle et spontanée de M. Foville, basée sur son long et<br />
sérieux entretien avec Maria devant ma tante, décision ainsi conçue: “Pour le bien de votre mère et pour celui<br />
surtout de Mlle Maria, une séparation indéfinie est nécessaire”, la décision de M. Foville me donna seule,<br />
comme il est bien naturel, la pensée d’interroger Maria.<br />
Pauvre enfant, elle a compris notre tendresse à tous pour vous, chère et bonne Mère; elle s’est<br />
regardée comme ayant charge de nous représenter tous auprès de vous, et c’est dans ce sentiment qu’elle a puisé<br />
la force d’aller aussi loin dans son sacrifice qu’il lui était possible d’aller.<br />
Pour n’avoir pas pu vous la témoigner de la sorte, vos autres enfants n’ont pas pour vous une<br />
tendresse moindre et voilà ce qui les met dans l’anxiété la plus profonde quand ils se demandent si vous allez<br />
vous trouver toute seule chez vous. Oh! non, chère et bonne Mère, vous ne nous jetterez point dans ces<br />
angoisses. Dès demain, si vous ne l’avez déjà fait, vous chercherez vous-même, ou vous demanderez soit aux<br />
bonnes Sœurs, soit à nous, de vous chercher une personne dont la présence auprès de vous rassure toute la<br />
famille contre les assauts de tristesse qui pourraient revenir.<br />
Les jours de Retraite sont des jours de prière; votre pensée a partagé avec notre chère Communauté,<br />
avec la fondation de Ste-Anne, l’intention de toutes mes prières et y tiendra jusqu’à la fin une large place.<br />
Adieu, chère et bonne Mère, je vous embrasse de cœur,<br />
190 - à M. Decaux<br />
124<br />
Monsieur et cher confrère en s. Vincent,<br />
Votre fils...<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Vaugirard, 23 avril 1864
Vous le voyez, j’ai échoué dans ma démarche auprès de l’Abbé Sibon (voyez la lettre ci-incluse en<br />
réponse à l’invitation faite en votre nom de présider la réunion générale à Ste-Anne des Petites Conférences le<br />
jour de l’Ascension); si vous me croyez en position d’en faire une autre [démarche], quelque surchargé que je<br />
me trouve, je suis tout prêt.<br />
191 - à M. l’abbé Demante<br />
Tout à vous en s. Vincent...<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
MOUTIER, Léopold: entré le 6 janvier 1862 -- profession le 10 octobre 1863 -- sorti en 1871 -- préparatifs de la<br />
promenade-- recherche de bienfaiteurs..-- Serez-vous des nôtres un jour?<br />
Mon bien cher Monsieur Demante,<br />
Charonne, 25 avril 1864<br />
(S. Marc)<br />
Je le comprends, à Bonneuil, comme à St-Paul, votre cœur charitable a souvent des élans qui<br />
dépassent vos ressources; vos bonnes filles des Sœurs le savent assez pour pleurer chaque jour votre départ.<br />
C’est chose bien convenue; vous ne vous chargez pour nos jeunes 50 jeunes gens que de la boisson<br />
seulement; vous direz un Ave pour qu’au lieu de 20 francs j’en trouve 30 pour la promenade; Dieu seul sait où,<br />
peut-être il vous enverra quelque bonne âme à qui vous pourrez parler de vos détresses.<br />
M. Moutier, directeur laïc <strong>du</strong> Patronage, viendra la veille de la Pentecôte (14 mai) au plus tard,<br />
prendre ses dispositions à Créteil et à Bonneuil pour la promenade. Il vous verra pour savoir définitivement si<br />
l’organiste peut céder un peu son orgue et ce que nous chanterons, soit à la messe, soit au Salut.<br />
Vous aviez sans doute, mardi dernier, vu la famille DE MARBEAU et su s’il y aurait moyen pour nos<br />
jeunes gens de faire un tour dans le grand parc. On me parlait samedi dernier de l’intelligente et généreuse<br />
charité de cette famille. Je demande chaque jour à Dieu que votre aimable in<strong>du</strong>strie -- pour me mettre en rapport<br />
avec cette famille, au profit de Ste-Anne -- obtienne plein succès. Vous saurez sans doute le lundi de la<br />
Pentecôte si la famille devra se trouver à son Château le jour de la première Fête-Dieu.<br />
Tout à vous dans les Sacrés Cœurs et dans l’espoir d’une fraternelle union<br />
quelque jour.<br />
L’Abbé <strong>Planchat</strong> prêtre<br />
Deux feuilles <strong>du</strong> culte perpétuel de Saint Joseph pour vos deux bonnes Sœurs. Nous venons d’ouvrir<br />
un registre à la maison des Orphelins de Vaugirard.<br />
192 - à sa mère<br />
Nous avons tous, dans la famille, un tempérament nerveux impressionnable. Maria a besoin d’une solitude<br />
prolongée. -- Tentation de faire un voyage trop fatigant.<br />
Chère et bonne Mère,<br />
Vaugirard, 2 ème jour <strong>du</strong> mois de Marie 1864<br />
J’ai su par Madame la Supérieure de l’Abbaye-aux-Bois combien vous étiez peinée de la résolution<br />
qu’a prise Maria de prolonger le repos complet si nécessaire à sa santé. Vous le savez mieux que moi, ma bonne<br />
Mère, Dieu a permis que tous nous ayons tempérament nerveux extrêmement impressionnable. De nous tous,<br />
éprouvés chacun à notre tour un peu fortement, Maria, vous le reconnaissez, est la plus délicate. Rien d’étonnant<br />
donc que ses nerfs soient ébranlés et qu’ils aient besoin, pour se remettre, de quelques mois d’une solitude<br />
entière. Ainsi le jugent les médecins savants, vénérés et d’un entier désintéressement. Je fais appel, chère et<br />
bonne Mère, à votre si vive et si constante tendresse pour nous tous, pour Maria en particulier, à cette tendresse,<br />
seule cause <strong>du</strong> cuisant chagrin que vous éprouvez, que je partage et dont je voudrais pouvoir, en conscience,<br />
faire cesser immédiatement la cause. Le repos que Maria s’est choisi est le repos nécessaire; vous ne voudrez<br />
pas le troubler d’une façon pleine de dangers pour cette chère enfant. Mais, chère et bonne Mère, vous détruiriez<br />
125
toute paix dans l’âme de la pauvre enfant, si vous cédiez aux inspirations de votre douleur; si vous vous<br />
éloigniez de nous; vous êtes ici au milieu de vos enfants et de vos parents qui vous chérissent comme la plus<br />
tendre et la plus dévouée des mères. Avec nous, demandez à Dieu, à Marie, pour vous comme pour nous, la<br />
force de supporter cette épreuve. Si vous vous abstenez de toute démarche extraordinaire envers Maria, comme<br />
envers nous, cette épreuve n’aura qu’un temps et sera couronnée de succès, sans compter le poids de mérites<br />
ajouté devant N. S. à tout ce que vous avez déjà fait et souffert pour lui.<br />
La T. S. Vierge, à qui j’ai demandé de me dicter cette lettre, me donne la confiance qu’elle obtiendra<br />
le succès ardemment désiré.<br />
193 - à Mr l’abbé Victor Braun<br />
Je vous embrasse donc bien affectueusement...<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
BRAUN, Pierre Victor entre chez les F.S.V. le 15 avril 1862; il fait profession religieuse le 23 avril 1864; il se<br />
dévoue auprès des “Allemands” (ou mieux germanophones) de Grenelle. Il quitte la Congrégation des F.S.V.<br />
entre 1874 et 1875, très occupé à soutenir sa fondation d’un Institut féminin, les Servantes <strong>du</strong> Sacré-Cœur de<br />
Jésus, actuellement en France, en Autriche et en Angleterre.<br />
Trèves: (en all. TRIER) en Rhénanie-Palatinat, vestiges romains -- S. Régis: la Société créée pour aider à la<br />
préparation des mariages.<br />
Mon bien cher M. Braun,<br />
Vaugirard, 3 ème jour <strong>du</strong> mois de Marie 1864<br />
Je vous adresse avec bonheur deux braves Allemands, en concubinage bien contre leur gré, fort<br />
désireux de régulariser au plus vite leur position. Mieux que personne, vous pourrez et les confesser et faire<br />
venir directement le peu qui leur manque de papiers. Ce couple est le couple: Jacques DENIS et Louise<br />
WOOLF, n o 109, Grande--Rue à Vaugirard.<br />
Cette dernière est de Trèves, où l’on ne peut, par défaut d’obligeance, croit-elle, retrouver ni son acte<br />
de naissance ni son acte de baptême. Ce sont là, paraît-il, les seules pièces qui manquent. Un mot de vous au<br />
secrétariat de l’Evêché de Trèves obtiendra et l’acte de baptême pour lequel la future a des indications précises,<br />
et une démarche pour procurer l’acte de naissance.<br />
N’allez pas vous jeter pour si peu dans les lenteurs de S. Régis<br />
194 - à sa mère<br />
Voir s’ils sont mariés.<br />
Tout à vous en Marie et Joseph,<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Voyage de C.P.: projet d’aller à Constantinople (cf. lettre <strong>du</strong> 16 juin 1864). -- Un reçu à faire. -- des dépenses<br />
urgentes et nécessaires.<br />
Chère et bonne Mère,<br />
Vaugirard, 6 ème jour <strong>du</strong> mois de Marie 1864<br />
fête de S. Jean devant la Porte Latine<br />
deuxième fête de M. Le Prevost<br />
Quel bien m’a fait M. Le Prevost, en me disant que vous renonciez à ce voyage de C. P. qui vous vous<br />
eût tant fatiguée, et mise sous un climat si contraire à votre santé!<br />
Je regrette, après cette joie que vous nous donnez, de venir vous causer une contrariété. Mais, d’après<br />
ce que me dit Maria, il n’y a pas moyen de faire autrement; le reçu, que l’on eût accepté de sa main ou de la<br />
mienne, ne pouvant être fait en pleine connaissance de cause que par vous toute seule. Les réparations, dont<br />
126
vous trouverez peut-être le chiffre bien élevé, étaient vraiment urgentes, me dit Maria; c’est moi qui ai pris sur<br />
moi de faire garder à Maria les 100 francs, pensant que peut-être vous compteriez avec elle et que les opérations<br />
<strong>du</strong> compte, et les délais pour réaliser, pourraient la mettre en grande gêne. Ces 100 francs sont ceux que j’ai<br />
marqués sur la note de l’autre jour comme versés à l’Abbaye-aux-Bois; il doivent être, à l’heure qu’il est,<br />
employés.<br />
Adieu, chère et bonne Mère, je prie chaque jour de tout cœur Marie pour vous, la suppliant de réparer<br />
nos maladresses. Certes elles ont été faites dans la vue <strong>du</strong> plus grand bien et avec assez de réflexion et de conseil<br />
pour que je n’aye rien à me reprocher. Il m’en a assez coûté de faire ce que, je crois, je devais faire. Je remercie<br />
Dieu de n’avoir pas permis qu’au milieu de tant d’autres préoccupations, celles de la santé, des peines, des<br />
contrariétés si vivement exprimées de ma bonne Mère, troublassent ma paix, ni ma tête, toujours cependant,<br />
faible et distraite.<br />
Adieu, chère et bonne Mère, je vous embrasse de cœur,<br />
195 - à Mlle Erdeven<br />
de l’œuvre (féminine) de la rue Keller<br />
votre fils tendrement dévoué...<br />
Mlle Erdeven, responsable d’un patronage.<br />
Je serai absent dimanche; voici deux histoires à raconter; celle d’<strong>Henri</strong>ette et celle de Louis. -- Lariboisière:<br />
Hôpital de la rue Ambroise Paré, à Paris .-- Le travail précoce et dangereux confié aux enfants; -- Du Garreau,<br />
Charles Abel, f. s. v. entré le 16 décembre 1861 - profession le 1 er mai 1863 - décédé le 17 décembre1901. --<br />
Chanteaud, abbé, aumônier au Gros-Caillou: prêtre de la paroisse Saint-Séverin, fit un essai d’un an chez les<br />
F.S.V.<br />
Mademoiselle,<br />
Charonne, 27 ème jour <strong>du</strong> mois de Marie 1864<br />
Dimanche prochain je suis obligé d’aller faire un petit prône à la campagne dans l’espoir d’intéresser<br />
à Ste--Anne une riche et chrétienne famille. Je ne pourrai qu’avec peine être revenu pour clore à Ste-Anne la<br />
petite Adoration <strong>du</strong> S. S. Sacrement. Impossible donc d’aller rue Keller.<br />
Deux canevas d’histoires que vous pourrez développer à vos enfants; (je suis horriblement pressé).<br />
Une jeune fille de 15 ans et demi se trouvait, il y a trois semaines, chez les Sœurs de Charonne pour y<br />
chercher des médicaments; “Vous êtes bien souffrante, mon enfant ? - Oui, et ce qu’il y a de pire, c’est que je<br />
n’ai pas fait ma première communion. --- Eh bien, venez dimanche aux offices et au catéchisme; M. le Curé<br />
vous interrogera.” Elle vint et fut si souffrante ensuite qu’on <strong>du</strong>t la recon<strong>du</strong>ire chez elle sous le bras.<br />
Cette pauvre enfant, dont la mère est sourde et le père aveugle, qui a un jeune frère et une jeune sœur,<br />
fut mise à 12 ans chez une blanchisseuse où le travail l’a tuée. La veille de l’Ascension, la Sœur de Charonne<br />
vint, de la part de M. le Curé, me charger de préparer d’urgence cette première communion. Je visitai le plus<br />
souvent que je pus la pauvre enfant. Plusieurs fois je la trouvai sommeillant, son chapelet au bras et son<br />
catéchisme ouvert sur son lit. Elle épelait à peine; mais sa mère lui apprenait quelques réponses. Le samedi,<br />
veille de la Pentecôte, à 8h. <strong>du</strong> matin, la petite chambre de l’aveugle était propre par extraordinaire. Même il s’y<br />
dressait une table couverte d’un linge blanc, orné de deux cierges et de deux bouquets d’aubépine rose.<br />
<strong>Henri</strong>ette, dans ses draps éclatant de blancheur, était parée de blanc; son visage amaigri se perdait dans un grand<br />
voile. La bonne Sœur qui lui avait fait l’école quelques mois avant son malheureux apprentissage était là,<br />
accompagnée d’une autre bonne Sœur; je trouvai dans l’attente et la pauvre mère et surtout <strong>Henri</strong>ette. Le<br />
recueillement de la malade était profond. Je ne saurais redire l’accent naïf et convaincu de sa voix, quand elle<br />
répondit à cette question: “ Mon enfant, êtes-vous heureuse de recevoir le bon Dieu? “ -- Oh! oui, dit-elle, bien<br />
heureuse.” Je ne saurais exprimer, non plus, l’ardeur avec laquelle elle s’unit à notre prière d’action de grâces,<br />
avec laquelle surtout elle baisa son cachet de première communion et son image de consécration à la Ste Vierge.<br />
Aujourd’hui, elle a éprouvé un mieux inespéré; nous ne désespérons pas de la con<strong>du</strong>ire demain, <strong>du</strong><br />
moins en voiture, à la confirmation de la paroisse.<br />
Louis L., charmant apprenti de treize ans, me fut confié par M. le Curé le même jour et pour le même<br />
objet qu’<strong>Henri</strong>ette. Une affreuse blessure au bras, creusée par un engrenage d’imprimerie l’avait con<strong>du</strong>it, il y a<br />
quatre mois, à Lariboisière, d’où un ennui profond le chassa bientôt chez ses pauvres parents. Aujourd’hui, son<br />
bras est cicatrisé, mais la masse de sang se décompose par l’effet de la peur et une jambe affreusement enflée<br />
127
dévore, par une suppuration continuelle, toute la substance de l’enfant. “Nul de mes malades n’a une fièvre<br />
pareille”, disait, il y a quatorze jours, le médecin.<br />
A ce récit, je me hâtai, j’achevai rapidement la préparation commencée et, en sortant de chez<br />
<strong>Henri</strong>ette, N. S. entra chez Louis. Plus naïvement encore et plus amoureusement qu’<strong>Henri</strong>ette, j’entendis Louis<br />
me dire et me répéter: “Comme je suis content de recevoir le bon Dieu!” Quand je revins le dimanche soir: “ Si<br />
vous saviez, me dit sa mère, comme Louis m’a dit qu’il était content; que c’était beau; qu’il voudrait bien<br />
recommencer. --- “Volontiers, cher enfant”; un peu plus tard: “Qu’avez-vous devant votre lit? --- Le portrait de<br />
ma première communion”. Louis, attaché dès onze ans à la con<strong>du</strong>ite de la fatale machine, n’avait été que<br />
quelques mois à l’école des bons Frères de la rue St-Bernard.<br />
Cependant, le matin à son départ pour l’ouvrage, et le soir, à son retour, il trouvait toujours moyen de<br />
passer devant Ste-Marguerite et d’y faire sa petite prière. Si, attardé, il trouvait l’église fermée, il pleurait<br />
jusqu’à la maison. C’est ce que me racontait, ces jours-ci, son frère aîné. Lundi dernier, les 10 jours accomplis,<br />
il a renouvelé sa Première Communion. Mais il va bien mal. Je vais peut-être le trouver mort tout à l’heure.<br />
Priez pour lui et pour <strong>Henri</strong>ette.<br />
l’Abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre,<br />
Si vous pouviez faire copier ce griffonnage et l’envoyer de ma part à M. Abel, Directeur <strong>du</strong> patronage<br />
S. Jean, passage Landrieu, au Gros-Caillou, pour le remettre après l’avoir lu, s’il veut, à M. l’Abbé Chanteaud,<br />
son aumônier, rédacteur des annales de la Première Communion.<br />
196 - à une bienfaitrice<br />
Difficile de faire la procession <strong>du</strong> T. SS. Sacrement, à cause des frais. -- Déjà je ne puis payer le pain que la<br />
Communauté mange ici 4 jours/semaine. -- Pourriez-vous m’aider un peu; je prierai à toutes vos intentions.<br />
Madame,<br />
Vaugirard, 31 ème jour <strong>du</strong> mois de Marie 1864<br />
Je me rappelle avec une profonde édification ces paroles d’un billet que vous m’envoyiez, avec une<br />
aumône pour Arras où j’allais en mission d’orphelins, vers la fin <strong>du</strong> mois de Marie 1863: “Je ne puis vous<br />
refuser ce que vous me demandez au nom de la T. S. Vierge”. Aujourd’hui, c’est un hommage plus direct encore<br />
à N. S. que je viens vous demander comme couronnement <strong>du</strong> mois de Marie.<br />
Le cœur bien gros, sans doute, mais enfin pour ne pas tenter la Providence, j’avais renoncé pour cette<br />
première année à Ste-Anne à la Procession si touchante <strong>du</strong> T. S. Sacrement, qui se fait généralement dans nos<br />
maisons de patronage. Impossible en effet de me procurer sans une dépense au--dessus de nos forces, le dais le<br />
plus modeste.<br />
Mon excellent confrère <strong>du</strong> Patronage St-Charles, 12, rue de Bossuet, (où je prêchai, vous le savez, la<br />
retraite pascale de 1863) vint ces jours-ci m’offrir son dais et sa troupe angélique. Je résolus alors de<br />
m’abandonner à Dieu pour le reste de la dépense. Votre nom m’était venu à l’esprit. Ce n’est pas que je prétende<br />
que vous puissiez me procurer absolument toute la somme. N. S. est l’hôte quotidien de votre âme; à lui seul de<br />
vous inspirer ce qu’il lui plaira. Je dois seulement vous le dire en toute simplicité: j’en étais, il y a huit jours,<br />
ré<strong>du</strong>it à devoir près de deux cents francs pour le pain que le bon frère Directeur <strong>du</strong> patronage Ste-Anne et moi,<br />
l’aumônier de ce patronage, mangeons pendant les quatre journées de notre séjour hebdomadaire à Ste-Anne.<br />
Un suprême effort fait auprès de Mgr Buquet et de quelques autres amis, les derniers peut-être que je n’eusse<br />
pas épuisés, m’a remis juste au pair. Où trouverai-je les 50 à 60f. minimum de la dépense à faire pour le<br />
luminaire et pour les reposoirs de dimanche? Déjà je dois 10f. de cire pour la petite adoration de dimanche<br />
dernier.<br />
Enfants, public presque insignifiant, qui se compose de leurs pauvres parents, tous ont fait plus que<br />
force en m’aidant à installer pour le mois de Marie, dans notre chapelle, une statue convenable de Marie et en<br />
l’entretenant de lumière et de fleurs.<br />
Nous avons prié de notre mieux pour nos bienfaiteurs pendant le mois de Marie et aux fêtes de la<br />
Pentecôte. Si j’ai dimanche le bonheur de tenir 3/4 d’heure N. S. entre mes mains pour notre procession, je lui<br />
recommanderai mille et mille fois, et le cher petit Léonce et votre vénérable défunte et surtout les deux<br />
conversions que vous m’avez vous-même recommandées tant de fois.<br />
128
Chaque dimanche <strong>du</strong> mois de Marie, nous avons eu de 50 à 55 communions, un peu plus à<br />
l’Ascension, 140 le jour et le lundi de la Pentecôte. A la Pentecôte 8 Premières Communions de pauvres<br />
apprentis ou jeunes gens de fabrique et 3 de malades.<br />
Ce n’est rien en face des milliers de personnes qui grandissent dans nos quartiers, sans faire de<br />
première communion.<br />
Toujours nous faut-il beaucoup remercier N. S. Vous m’aiderez, Madame, à le faire.<br />
Votre très reconnaissant serviteur,<br />
à partir <strong>du</strong> samedi à midi: 6, rue des Bois, à Charonne.<br />
197- à une bienfaitrice<br />
L’abbé <strong>Planchat</strong><br />
chemin <strong>du</strong> Moulin à Vaugirard<br />
Asile Keller des Jeunes-Ouvrières: cf. Lettre <strong>du</strong> 27 mai 1864 sur cette maison de la rue Keller. Le récit de la<br />
Communion des enfants malades -- le“petit Louis est mort”. -- Cf. lettre <strong>du</strong> 27 mai 1864 -- Chanteaud, abbé: cf.<br />
lettre 195 -- l’Abbaye-aux-Bois: cf. lettres <strong>du</strong> 26 février et <strong>du</strong> 2 mai 1864 -- M. Louis Lantiez S.V.<br />
Charonne, 16 ème jour <strong>du</strong> mois <strong>du</strong> Sacré-Cœur 1864<br />
Ci-inclus 15 francs sur 20 pour souscriptions recueillies à l’Abbaye-aux-Bois en faveur de votre asile<br />
Keller des Jeunes Ouvrières. Ma pénurie est telle en ces jours où j’expédie maman en province pour sa santé,<br />
que j’ai dû vous emprunter les autres 5 francs.<br />
Vous ferez bien d’aller en mon nom voir Mme la Supérieure de l’Abbaye-aux-Bois, la remercier et lui<br />
parler de votre Faubourg et son asile. M. Charles confesse le pensionnat et vous appuiera. Je vous ai, moi,<br />
ouvert l’entrée, c’est tout ce que je puis faire; à vous de suivre doucement la chose.<br />
M. Chanteaud (l’abbé) n’avait pas encore reçu lundi dernier la feuille contenant les deux récits de<br />
Première Communion d’enfants malades, que je vous avais prié de lui retourner. Vous voudrez bien ajouter que<br />
le petit Louis est mort comme un saint, après avoir pieusement renouvelé sa Première Communion en me<br />
réclamant. J’étais hélas! à Vaugirard.<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
M. l’abbé Chanteaud, directeur des Annales de la Première Communion, à la sacristie de l’église<br />
Saint-Séverin, Paris.<br />
M. Lantiez vous portera la réponse dernière de M. le Curé de Sainte-Marguerite.<br />
198 - au notaire Alfred Molleveaux<br />
L’intervention d’un cousin, probablement le notaire MOLLEVAUX, époux de la cousine Claire Garanger, pour<br />
convaincre Mme <strong>Planchat</strong> d’un changement; voir lettre <strong>du</strong> 1 er novembre 1864. — le début de la lettre manque.<br />
juin 1864<br />
... puissiez-vous aller ensemble, rue des Anglaises. Je vous serais obligé de me répondre le plus tôt<br />
possible.<br />
Le temps nous presse, en effet, puisque la personne de confiance vous a prévenue de son départ pour<br />
le 28 courant.<br />
Je n’ai pas besoin de vous dire, mon cher cousin, qu’en ceci il n’y a pas l’ombre d’un mensonge. C’est<br />
une de ces ruses toutes légitimes pour faire prendre à un malade un remède nécessaire.<br />
C’est de concert avec mon oncle, l’ancien notaire, et avec toute la famille que j’agis. Seulement je<br />
recours à vous, parce que Maman n’a pas la moindre défiance de vous et que vous êtes de tous, au sortir de nos<br />
tristes discussions d’affaires, celui pour qui elle conserve le plus d’affection.<br />
Nous vous serons, Maria, Eugène, la Sœur de Constantinople, tous les autres parents et moi,<br />
reconnaissants de votre démarche comme d’un grand service.<br />
129
199 - à M. Cauroy<br />
Mes respectueuses amitiés à ma bonne cousine.<br />
Votre cousin affectionné...<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
GAUFFRIAU Jean: profès le 26 octobre 1860 -- BRICE, Alfred: profès à la même date. -- GUILLOT, <strong>Henri</strong>:<br />
profès le 3 octobre 1856. -- Un prêtre d’Alsace vient d’arriver à Vaugirard: l’Abbé Augustin BALTENWECK<br />
(il arrive en juin 1864 et quittera en 1867). -- Vous avez la vocation! -- donnez-moi votre règlement particulier -<br />
- votre protectrice paiera encore pour un semestre.<br />
Mon cher petit Joseph,<br />
Charonne, 2 juillet 1864<br />
(Visitation de la T. S.Vierge)<br />
Dieu me garde de vous oublier. Chaque jour je pense à vous à l’autel; j’y ai pensé plus<br />
particulièrement depuis votre départ. Mais je veux vous donner une preuve extérieure de ce souvenir. Parmi<br />
divers livres donnés aujourd’hui au patronage, j’ai trouvé celui que vous recevrez par le même courrier que cette<br />
lettre. Peut-être vous ne faites pas la méditation avec la communauté; ce petit livre, excellent d’ailleurs et se<br />
rapportant à peu près à l’époque présente de l’année, vous aiderait en ce cas à varier vos sujets.<br />
Avec ce petit memento d’amitié, deux petits conseils, cher ami. Vous m’apprendrez bientôt, n’est-ce<br />
pas, quel est votre règlement particulier à Metz. On y a inséré, je suppose, quelques services à rendre à la<br />
maison. Oh! cher enfant, trouvez-vous heureux d’avoir une toute petite occasion de travailler pour l’intérêt<br />
commun. Tout aussi sérieusement que votre bon camarade, Charles Lenoir, je vous crois, mon bon Joseph,<br />
appelé à vivre parmi nous, à vous immoler avec nous au bien des orphelins, vos petits frères et des pauvres<br />
ouvriers. Eh bien! la marque certaine de cette vocation sera votre cordiale affection pour vos maîtres, pour tous<br />
leurs intérêts et pour toutes leurs œuvres. La communauté de S. Vincent, cher ami, c’est votre pays, votre<br />
famille, dans les miséricordieux desseins de notre Père des Cieux.<br />
En second lieu, je vous engage à vous mettre dès l’abord, bien à votre aise avec votre confesseur.<br />
Vous avez eu déjà quelques tristesses, vous en aurez encore, cher ami. C’est la croix de votre âge, et chaque état,<br />
chaque phase de notre carrière, doit avoir sa croix. Tout cela n’est rien pour une âme qui s’épanche volontiers<br />
dans le cœur de son père spirituel. Dieu lui a donné la tendresse nécessaire pour remplacer tous les amis.<br />
Pendant que je vous écris ces dernières lignes, Charles doit aborder à la gare de Paris. Il a trouvé longs<br />
et ennuyeux ses quinze jours de vacances. Il sent, nous a-t-il écrit deux fois, malgré tout son bonheur de voir son<br />
père, son vieux père, qu’il n’est à sa place, lui, qu’à Vaugirard.<br />
Adieu, mon cher Joseph, à bientôt votre réponse, où vous me direz:<br />
1° votre règlement à Metz;<br />
2° Votre travail d’acclimatation;<br />
3° L’état de votre âme.<br />
MM. Gauffriau, Brice et Guillot joindront, je l’espère, chacun dix lignes pour moi, à votre lettre.<br />
Quant à M. l’abbé Risse, votre bon Supérieur, ce sont des lettres entières qu’il m’écrit; je lui en suis bien<br />
reconnaissant. Nous avons à Vaugirard un nouveau prêtre, bon curé d’Alsace; priez tous à Metz que ce secours<br />
arrivé à l’orphelinat, hâte notre installation à Ste-Anne.<br />
Votre bonne protectrice est heureuse de vous savoir parti joyeux pour Metz. Elle a payé votre voyage<br />
et le semestre de votre pension <strong>du</strong> 15 juin au 15 janvier 1865. M. Risse n’aura qu’à s’entendre avec M. Emile<br />
[Beauvais, s.v.] pour le toucher; Mme Corcelet compte que vous allez travailler avec ardeur pour vous retrouver,<br />
dans un an au plus tard, à Chaville [Petit Noviciat].<br />
Je vous embrasse de cœur.<br />
200 - à M. Cauroy<br />
130<br />
Votre père et ami dans les Sacrés Cœurs,<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre
Séjour à Vaugirard et à Charonne.-- Départ pour Metz. -- Courage pour corriger votre caractère. -- Ouverture à<br />
votre directeur.<br />
Mon bon petit Joseph,<br />
Vaugirard, 15 juillet 1864<br />
(St <strong>Henri</strong>)<br />
6 ème jour de la neuvaine de S. Vincent<br />
Le Bon Dieu, j’en suis sûr, vous a déjà ôté de l’esprit cette sotte idée que, pour avoir passé avec moi<br />
trois jours à Charonne, au sortir de Vaugirard, vous éprouveriez répugnance et honte à rentrer à Vaugirard. Moi,<br />
je suis certain que, si vous y étiez rentré, comme Charles au bout de quinze jours, vous vous y trouveriez aussi à<br />
l’aise que lui. Vous n’y seriez pas en effet moins bien accueilli par vos camarades. Continuez à bien aimer votre<br />
excellent Supérieur et confesseur, M. l’abbé Risse, M. l’abbé Jean, votre si aimable professeur et le bon M.<br />
Guillot. Rappelez-vous bien la ferme résolution que vous avez prise avant votre départ pour Metz, de retenir<br />
coûte que coûte toute expression d’indocilité ou de mauvaise humeur dans vos rapports avec vos bons maîtres;<br />
et si, par malheur, vous vous étiez échappé de ce côté, de faire de vous-même, et autant que possible de suite, de<br />
franches et humbles excuses.<br />
Je vois avec plaisir que vous êtes chargé le dimanche <strong>du</strong> contrôle; vous vous en acquittez, j’en suis<br />
sûr, avec zèle.<br />
Surtout, cher ami, ouvrez-vous à votre bon directeur, simplement, entièrement, comme vous le faisiez<br />
à moi. Cette ouverture est une condition nécessaire avant tout pour attirer sur vous les bénédictions <strong>du</strong> Bon<br />
Dieu, ensuite pour prévenir, pour empêcher <strong>du</strong> moins de s’aggraver, toutes vos petites tristesses.<br />
Auriez-vous par distraction, emporté à Metz la chemise prêtée à Ste-Anne, que vous deviez déposer à<br />
St-Charles ?<br />
Adieu, cher ami; priez un peu pour moi (j’en ai un besoin particulier en ce moment), à l’occasion de<br />
la Saint-<strong>Henri</strong>. Je ne vous oublierai pas le jour de la Saint-Vincent, notre patron et père à tous.<br />
Surtout faites exactement autant de communions qu’à Vaugirard et ne négligez pas l’extra des petites<br />
fêtes.<br />
201 - à Mgr l’Evêque de Versailles<br />
Tout à vous,<br />
l’Abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Réaction à la réponse de l’Evêque; cf. lettre de mars 1864 et nouvelle permission à venir; -- retraite pour les<br />
petits Italiens...<br />
Monseigneur,<br />
Charonne, 6 août 1864<br />
fête de la Transfiguration<br />
L’insigne honneur que vous nous avez fait à Pâques en écrivant de votre propre main la formule la<br />
plus large de concession comme réponse à ma demande pour le patronage <strong>du</strong> Faubourg St-Antoine; cette<br />
attention si délicate nous prouve une bienveillance à laquelle vous me permettrez de recourir encore:<br />
Le dimanche après l’Assomption est le jour de notre troisième et dernière promenade de l’année.<br />
Villeneuve--St-Georges est notre but. Selon toute apparence, quelqu’autre localité de votre diocèse, sinon la<br />
même le sera les autres années à pareille époque. Nous aurions besoin, vu la circonstance <strong>du</strong> dimanche où notre<br />
chapelle ne peut manquer de ses messes habituelles, ni surtout nos 400 apprentis ou jeunes ouvriers de leur<br />
messe de communion:<br />
1° de la permission pour moi de biner à l’arrivée dans une église de votre diocèse, le dimanche de<br />
notre promenade dite “de l’Assomption”.<br />
2° pour le même jour, d’une permission de Salut à nous spécial, que cette bénédiction soit donnée<br />
après la messe de la promenade, ou dans le cours de l’après-midi.<br />
Agréez une fois de plus, Monseigneur, l’expression de notre profonde gratitude pour vos paternelles<br />
bontés, pour votre paternelle bénédiction, qui nous a porté bonheur, vous le voyez, par l’augmentation de notre<br />
nombre.<br />
131
J’ose la solliciter de nouveau, cette précieuse bénédiction, en particulier pour notre petite retraite des<br />
Enfants de Marie, pour notre Communion générale et pour nos premières Communions de pauvres petits<br />
Italiens à l’occasion de l’Assomption.<br />
202 - à M. Cauroy<br />
De votre Grandeur, Monseigneur, le très humble serviteur,<br />
l’Abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
de la Communauté de M. Le Prevost,<br />
aumônier <strong>du</strong> Patronage <strong>du</strong> Faubourg St-Antoine<br />
L’abbé Jean Gauffriau a eu une nouvelle obédience -- s’habituer en communauté aux changements de<br />
confesseurs, etc. -- soyez docile -- préparez votre vocation sacerdotale.<br />
Mon bon petit Joseph,<br />
Chaville, 31 août 1864<br />
Depuis le départ de ce bon M. Jean, je me demande souvent comment vous avez supporté cette<br />
privation momentanée. Déjà vous vous étiez attaché à ce bon et aimable prêtre, chose bien naturelle. Le bon<br />
Dieu vous veut à lui, et voilà pourquoi il vous habitue de bonne heure à ne vous pas trop attacher à telle ou à<br />
telle personne bienveillante pour vous, comme votre bon petit cœur vous y porterait. Du reste votre foi est là<br />
pour vous commander confiance aussi bien que respect envers tous vos Supérieurs, et en particulier envers ceux<br />
qui, comme le vénérable M. Risse, sont plus positivement chargés de vous. Vous avez, j’en suis sûr, à l’heure<br />
qu’il est, ouvert votre âme toute entière à ce saint prêtre, dont le cœur est si tendre et la direction si forte et si<br />
sage pour redresser doucement et fermement les défauts de ses enfants spirituels.<br />
Vous aurez pleinement aussi surmonté cette tendance à ne pas toujours recevoir assez docilement les<br />
ordres, assez humblement les avis de l’excellent M. H. Guillot. Retenez-le, cher ami, la marque décisive à<br />
laquelle on reconnaîtra si définitivement vous avez la vocation pour le sacerdoce, c’est l’empire que vous<br />
acquerrez petit à petit sur votre caractère un peu rude, sur votre tête un peu difficile à plier.<br />
Selon moi, si vous devenez prêtre, vous le devez être dans notre communauté. Dieu ne m’a jamais<br />
donné d’autre pensée. Dès lors l’obéissance est la condition première de votre avancement. Me tromperais-je sur<br />
cette circonstance et Dieu vous voudrait-il prêtre séculier, il ne vous appellerait encore à ce sacerdoce ordinaire,<br />
qu’autant que, par votre fidèle correspondance à la grâce, vous parviendriez à dompter votre tête.<br />
Adieu, mon petit Joseph, je prie pour vous, priez pour ma pauvre mère et pour moi.<br />
Je vous embrasse et vous bénis.<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong><br />
Charles [Lenoir] va très bien de toutes façons; il vous embrasse et avec lui tous les persévérants, ceux<br />
de Vaugirard; ceux de Chaville surtout, qui vous attendent, se rappelent à votre fraternel souvenir et prient pour<br />
vous.<br />
203 - à la Société St Régis<br />
Un mariage entre personnes qui ne cohabitent pas -- un mariage secret et une complication pour l’enfant à<br />
légitimer.<br />
Charonne, 24 septembre 1864<br />
Prière d’inscrire définitivement et de presser le mariage CUNEO et CABONA, séparés et jeunes.<br />
Tâchons d’encourager une con<strong>du</strong>ite honorable et de prévenir le mal.<br />
l‘Abbé <strong>Planchat</strong> ,prêtre<br />
132
Seriez-vous assez bon pour me résoudre une difficulté ? Dans un mariage qui doit se faire secrètement<br />
pour des raisons graves, il y a à légitimer un enfant, encore aujourd’hui aux Enfants Trouvés.<br />
Or en déclarant cet enfant, la future a dit que son père s’appelait Ferdinand, et il s’appelle Léonard,<br />
nom que porte son acte de naissance à elle. Pourrait-on, par une [...] quelconque, obtenir que le Maire passât<br />
outre, malgré ce désaccord?<br />
Il est certain que les lenteurs exigées par un jugement de rectification feraient manquer le mariage. Le<br />
futur dit lui-même: “Faites vite, autrement je vais retomber dans mon vieil entêtement de ne pas me marier”.<br />
204 - au P. Le Prevost<br />
1, Chemin <strong>du</strong> Moulin à Vaugirard<br />
Ce Chemin <strong>du</strong> Moulin est devenu aujourd’hui la rue de Dantzig. -- Permission de ne pas assister au Conseil<br />
Supérieur pour raisons sérieuses - l’Abbé <strong>Henri</strong> demeure disponible à venir sans regret.<br />
Godard n’aura été que postulant; -- Marty, Victor, entré le 14 août 1862 -- profession le 23 avril 1864 - sortie en<br />
octobre 1864. -- Tourniquet, Jean-Marie: entré le 16 octobre 1854 - profession le 17 octobre 1855 -- directeur <strong>du</strong><br />
Patro S. Charles et ensuite <strong>du</strong> Cercle militaire de Rome - il décède le 7 juillet 1871.<br />
Mon bon Père,<br />
Paris, 27 septembre 1864<br />
6.00 heures<br />
fête <strong>du</strong> Trépas de S. Vincent<br />
Comme je vous l’avais fait dire par le frère Godard, j’ai examiné devant Dieu les raisons qu’il pouvait<br />
y avoir pour moi de ne pas quitter S. Charles avant la retraite achevée:<br />
1° - Nos jeunes gens et enfants vont bien, mais grâce à un petit ordre de mouvements et de choses,<br />
soigneusement surveillé par moi. Je crains que M. Marty, occupé à confesser, ne le connaissant que par ouï-dire<br />
de M. Jean Marie, ne le maintienne pas assez et que la dissipation ne survienne pendant cette dernière et si<br />
importante après-midi,<br />
2° - mercredi soir aura lieu le baptême d’un jeune Genevois de 22 ans. Les confessions permettrontelles<br />
à M. Marty de préparer ce baptême et de le faire?<br />
3° - Le patron de ce jeune homme, son second père, qui l’a amené de Genève, fait un vrai sacrifice, au<br />
moment d’une presse, en nous le donnant à partir d’aujourd’hui à onze heures pour achever de le préparer au<br />
baptême et à la Première Communion. Il faudra que je lui fasse retrouver, en le prenant à part et surtout demain,<br />
pendant la récréation de midi, le temps per<strong>du</strong>; c’est à cela que j’ai pensé, en arrangeant hier, dans ma visite à<br />
Clignancourt, cette retraite abrégée.<br />
Voilà mes raisons pour ne figurer au Conseil que comme lorsque j’étais en mission à Arras, par une<br />
note écrite.<br />
Si vous en jugez autrement, je m’absenterai sans regret. Vous aurez, en ce cas, la bonté de m’écrire<br />
ces deux mots: “on vous attend au Conseil (à Vaugirard, je suppose) à 2h.”<br />
Votre enfant en N. S.<br />
l’Abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Priez pour la petite retraite et pour les parents de nos enfants (il serait encore possible que quelquesuns<br />
de ces parents me vinssent trouver mercredi après-midi, pour se confesser).<br />
Priez le bon saint Vincent. Nous avons eu ce matin sa messe votive; ses reliques demeurent exposées<br />
tout le jour dans la chapelle S. Charles.<br />
205 - à M. Cauroy<br />
Maison des Jeunes ouvriers de l’Enfant-Jésus -- Metz<br />
Rappel des interventions de la grâce dans la vérification de sa vocation.-- Edouard a dû prendre le nom de<br />
Joseph: sa protectrice, Mme Corcelet, met cette condition à son aide financière.<br />
Vaugirard, 11 octobre 1864<br />
133
Mon bon petit Joseph<br />
(11 ème jour <strong>du</strong> mois des Saints Anges)<br />
Je viens de faire à votre intention une visite à la Salette et une autre à Saint Joseph, demandant à la<br />
bonne Mère et à votre tout-puissant protecteur qu’ils voulussent bien empêcher le mauvais effet de ma<br />
négligence à vous répondre et m’inspirer ce que je vous devais dire.<br />
Je me sens porté, cher ami, à vous rappeler ce grand principe de foi, qui est aussi un axiome de bon<br />
sens: il ne faut pas se gouverner par des impressions de goût ou de dégoût, mais par le souvenir de ce que Dieu<br />
a fait pour nous et par le conseil de ceux que Dieu a placés au-dessus de nous.<br />
Or, mon cher enfant, reportez-vous à l’époque de votre Première Communion. Qui vous suggéra pour<br />
lors cette pensée de vous consacrer à Dieu pour le servir à l’autel ? Ce n’est pas moi certainement. Vous me<br />
confiâtes cette pensée; je vous donnai six mois pour la mûrir. Les six mois écoulés, cette pensée était en vous<br />
plus forte que jamais. Naturellement je <strong>du</strong>s attribuer ce développement <strong>du</strong> germe déposé dans votre cœur à<br />
l’action de N. S. lui-même, vivant en vous par les nombreuses et pieuses communions que vous aviez faites pour<br />
obtenir lumière et grâce. Je me rappelais cette réponse que vous m’aviez faite d’abord, quand je vous demandai<br />
pourquoi vous désiriez être prêtre: “pour recevoir chaque jour N. Seigneur”. Intention toute pieuse et toute pure.<br />
Des obstacles de plus d’un genre s’opposaient à l’exécution <strong>du</strong> plan que je concevais pour préparer de<br />
loin la réalisation de vos saints désirs. Les Supérieurs de Vaugirard étaient peu disposés à tenter un nouvel essai<br />
pour un enfant venant d’Arras. Les ressources manquaient absolument. Nous touchions au mois de saint Joseph.<br />
Vous vous consacrâtes à ce grand Saint; vous lui demandâtes avec moi, comme signe de son adoption propre à<br />
fléchir par son évidence les Supérieurs de Vaugirard, que les ressources arrivassent quand elles ne pouvaient<br />
venir que de Paris, où à peine conservais-je quelques relations, et encore par correspondance.<br />
Et voilà qu’une <strong>du</strong>chesse, à laquelle je vous recommandais au nom de son unique fils, se déclare<br />
impuissante à me donner le secours demandé. C’est une dame, mère adoptive déjà d’une foule d’autres enfants,<br />
une dame à laquelle à peine osais-je demander 20 francs, qui vous adopte, sans vous connaître ni vous avoir<br />
jamais vu, à la seule condition que vous prendrez le nom de Joseph.<br />
Souvenez-vous de ces bienfaits de Dieu et demandez-vous si le bon saint Joseph a fait tout cela pour<br />
vous abandonner; si vous deviez vous défier jamais de son secours dans vos difficultés et dans vos peines.<br />
Evidemment ce serait vous qui manqueriez à l’invoquer, qui repousseriez sa main secourable, si vous veniez un<br />
jour à défaillir. Rappelez-vous-le bien encore; si votre bonne protectrice fit pour vous ce sacrifice, c’était en vue<br />
de la direction, que vous alliez prendre vers les bonnes œuvres dans notre Communauté. Je vous l’avais <strong>du</strong> reste<br />
dit d’abord, si c’est dans un Petit Séminaire que vous voulez entrer, si vous répugnez à Vaugirard, déclarez-le<br />
moi.<br />
Voilà donc le passé; méditez-le bien.<br />
Second principe à ne pas perdre de vue: Dans les dégoûts et perplexités, c’est aux directeurs qu’il<br />
nous a donnés que Dieu accorde grâce et mission pour nous consoler et pour nous dicter une décision. Sans<br />
doute il faut, avant tout, franche et complète ouverture avec eux. Peut-être en avez-vous manqué jusqu’ici avec<br />
M. l’abbé Risse. Vous nous parlez, ce me semble, à cœur ouvert, en ce moment, à M. Faÿ et à moi.<br />
Or que vous répond M. Faÿ?: “Vous vous découragez trop vite”. C’est aussi ce que je me sens porté à<br />
vous répondre. Demeurez donc en paix et reprenez vigueur. Vous trouverez grande différence entre le milieu de<br />
Metz et celui de Vaugirard. Il faut bien, mon ami, pour savoir ce que vous ferez en renonçant au monde, que<br />
vous y ayez un peu vécu. Metz vaudra pour vous ce qu’a valu pour Charles l’atelier. Par exemple, vous relâcher<br />
-- dans cet état de sécheresse intérieure et de lutte extérieure -- de la prière et des sacrements, ce serait une<br />
souveraine imprudence, le moyen de manquer à une vocation que Dieu vous a, je le crois, moi, donnée , et si je<br />
me trompais, d’entrer dans le monde où alors Dieu vous voudrait, tout désarmé pour de violents combats.<br />
Je vous ai laissé deux conseils avant de vous quitter à Charonne:<br />
1° envers Dieu: fidélité à votre règlement de Vaugirard pour la confession hebdomadaire et pour la<br />
communion semi-quotidienne;<br />
2° envers vos maîtres: docilité respectueuse, quoi qu’il vous en coûte! vous pourrez avec votre naturel<br />
brusque et peu façonné dans l’enfance, vous oublier un premier moment; revenez vite, cordialement et sans<br />
arrière-pensée de dédommagement par la cabale. On me dit que vos saillies deviennent rares. Prenez garde aux<br />
avances de quelques jeunes gens qui chercheraient appui contre une ferme con<strong>du</strong>ite.<br />
Et puis, répondez-moi au plus tard après la Toussaint que vous m’avez compris et m’avez écouté.<br />
Votre père en Notre Seigneur,<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Charles et les latinistes de Chaville pensent à vous, prient pour vous et vous embrassent; notre Supérieur vous<br />
bénit.<br />
134
206 - à sa mère<br />
La rue Neuve--Ste-Geneviève devient rue Tournefort. - Un logement vous attend chez les Bénédictines.<br />
Charonne, 1 er novembre 1864<br />
La Toussaint<br />
Chère et bonne Mère,<br />
Sans perdre de temps, je vous annonce avec bonheur qu’il se trouve libre chez les dames<br />
Bénédictines, rue Tournefort, 16, (ainsi est changé le nom de la rue Neuve Ste-Geneviève) un appartement<br />
convenable, et que Mme la Prieure est heureuse de recevoir la sœur de la vénérable Mme Laforêt.<br />
Seulement l’appartement ne sera complètement libre que lundi prochain. Les meubles ne peuvent<br />
donc y être portés que ce jour. Peut-être feriez-vous bien de ne vous y installer que mercredi 9 courant. C’est <strong>du</strong><br />
reste le jour de notre bon saint Joseph qui commença de vous rendre la vie.<br />
207 - à sa mère<br />
Votre fils soumis, qui vous embrasse tendrement,...<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong><br />
Un déménagement de Châlons avec moi? ou avec le cousin Alfred Molleveaux? -- une visite chez les parents à<br />
Avize et à Pierry (lesquels?) -- suite: à la lettre <strong>du</strong> 15 novembre 1864.<br />
Chère et bonne Mère,<br />
Vaugirard, 4 novembre 1864<br />
S. Charles<br />
Soyez sans inquiétude pour votre déménagement, arrêté dans ses moindres détails dès hier, aux<br />
dépens de mes malades, même les plus pressés. Nous avons pris, Maria et moi, les précautions convenables pour<br />
l’argenterie et pour les papiers. Une personne sûre prépare les paquets et ne quittera pas d’une minute les<br />
déménageurs. Je serai là moi-même pour donner le coup d’œil <strong>du</strong> maître lundi prochain, jour de l’enlèvement.<br />
Maintenant, chère et bonne Mère, laissez-moi vous faire une demande. J’étais bien triste quand je ne<br />
pouvais pas même recevoir une lettre de vous. J’éprouvais le besoin de me dédommager en vous embrassant<br />
vingt-quatre heures plus tôt. Si vous me permettez de venir vous prendre à Châlons et de vous con<strong>du</strong>ire moimême<br />
chez ces dames Bénédictines, où je tâcherai que, même pour ce trop court passage <strong>du</strong> dépôt de vos<br />
malles, vous ne soyez pas trop mal installée?<br />
Peut-être vous préféreriez que notre cousin Mollevaux fasse ce petit voyage et jette lui-même un coup<br />
d’oeil sur votre nouvel intérieur. En ce cas, vous n’avez qu’à lui écrire. Peut-être, il est vrai, cela le dérangeraitil<br />
plus que moi, à qui certes un petit voyage ne peut pas faire de mal. Je partirais mardi, de grand matin, ou<br />
même lundi soir, en sortant de ranger provisoirement votre appartement. Nous pourrions, si vous le vouliez,<br />
aller faire ensemble une visite à nos parents d’Avize et de Pierry.<br />
Adieu, chère et bonne Mère; je vous embrasse de cœur, tout ému de la pensée de vous embrasser<br />
bientôt en effet et de passer peut-être deux bons jours pleins avec vous.<br />
Votre fils...<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
J’attends votre réponse pour prendre mes petites dispositions en vue d’une petite absence.<br />
208 - à la Société St Régis<br />
Cf. lettre <strong>du</strong> 24 septembre 1864.<br />
Charonne, 8 novembre 1864<br />
135
N’ayant pas de réponse à la lettre que je vous ai récemment écrite au sujet <strong>du</strong> mariage CONIO<br />
[CUNEO] et CABONA -- 45756 -- je prends la liberté d’envoyer les susdits à S. Régis.<br />
Je le dois faire d’autant plus que Conio, maçon, doit profiter d’un dimanche libre pour presser son<br />
affaire. Il pense à partir pour Londres. Ne le négligez pas.<br />
Ecrivez-moi où en est le mariage.<br />
l’Abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
209 - à la Société St Régis<br />
Belleville: quartier de Paris. -- texte russe et latin d’un acte de naissance et (ou) de baptême.<br />
Charonne, 12 novembre 1864<br />
La Mairie <strong>du</strong> 20 ème est intriguée par cette page en russe au bas de laquelle se lit l’acte latin <strong>du</strong><br />
baptême de Marie CASAGRANDE.<br />
De deux choses l’une: ou on distingue en Russie acte de naissance et acte de baptême, ou on ne<br />
distingue pas. Si on distingue, pourquoi ne réclamez-vous pas [de la] Mairie de Belleville l’acte de naissance de<br />
Rose? Si on n’exige pour le civil que l’acte de baptême, vous avez celui des deux enfants, et qu’importe le<br />
grimoire russe?<br />
Avant de faire à Belleville ces réflexions qui pourraient mettre en défiance contre la valeur civile de<br />
l’acte de baptême de Rose, j’ai voulu vous consulter.<br />
S’il fallait faire tra<strong>du</strong>ire la page russe, vous iriez vite, n’est-ce pas, puisque les publications<br />
commencent demain à la mairie et à l’église.<br />
Rendez-vous est donné à Belleville le 23 pour fixer le mariage.<br />
210 - à sa mère<br />
l’Abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Cf. lettre <strong>du</strong> 4 novembre 1864; l’abbé <strong>Planchat</strong> est allé au déménagement. -- Mme <strong>Planchat</strong> se trouve bien à la<br />
campagne, moins bien dans son nouveau logement: on verra.<br />
Chère et bonne Mère,<br />
Vaugirard, 15 novembre 1864<br />
S. Eugène<br />
J’apprends avec joie que vous vous trouvez bien à la campagne. Moi, je n’ai ressenti nulle fatigue de<br />
mon voyage. Je ne supporte pas trop mal ce temps orageux et humide, bien mauvais pourtant pour les nerfs.<br />
Maria m’écrit que vous trouvez triste et peu confortable votre petit appartement des Bénédictines. Il<br />
m’avait bien fait aussi un peu cette impression; mais c’était incomparablement le plus convenable des deux<br />
seuls vacants, et pour tout au monde je n’aurais pas voulu retarder d’un jour votre retour.<br />
Quand vous reviendrez à Paris, nous verrons à faire pour le mieux, et quelles que soient mes<br />
occupations à Vaugirard et à Charonne, je vous prêterai toute l’aide que vous désirerez.<br />
Priez et faites prier pour mes 15 à 20 Premières Communions <strong>du</strong> 4 décembre. Grand travail pour<br />
préparer l’esprit et l’âme de ces pauvres enfants et pour vêtir leur corps. Presque tous extrêmement pauvres, il<br />
s’en faut qu’ils soient tous inscrits au bureau de bienfaisance.<br />
Votre fils, bien tendrement...<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Je vous avais retourné, 16, rue Tournefort, une lettre d’Eugène et une de la Sœur de C. P.<br />
[Constantinople] avant de connaître votre adresse. Ces lettres vous sont-elles parvenues ?<br />
211 - au Curé de St Antoine des Quinze Vingts<br />
Une permission demandée au curé.<br />
136
M. le Curé,<br />
Charonne, 17 novembre 1864<br />
Voici un cas bien embarrassant. A vous de le décider.<br />
Mme Veuve Sue, demeurant sur votre paroisse, avenue Daumesnil, Impasse Guillaumot, 3, s’était, sur<br />
mon conseil, décidée à un grand sacrifice: à remettre à l’école, pour sa première Communion, son petit Louis,<br />
travaillant depuis 8 ans. Elle avait compté sur l’affection des aînés pour leur petit frère. Ils ne pensent plus qu’à<br />
s’amuser.<br />
N’y aurait-il pas moyen d’aider un peu Mme Sue pour son loyer et pour la nourriture de Louis,<br />
jusqu’à l’époque de la première Communion de S. Antoine, afin que cet enfant soit plus soigneusement préparé<br />
et communie à sa paroisse?<br />
Il a onze ans et demi; ou bien faut-il, contre nos règles qui fixent douze ans et demi, le préparer pour<br />
la première Communion <strong>du</strong> Patronage?<br />
212 - à M. Cauroy<br />
Votre enfant en N. S.<br />
Le Père jésuite confirme notre perception: vous avez une vocation ecclésiastique.<br />
Mon bon Joseph,<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Vaugirard, 22 novembre 1864<br />
(Ste Cécile)<br />
Si j’avais mesuré l’empressement de ma réponse au plaisir que me faisait votre bonne et naïve<br />
confidence, je vous aurais écrit poste pour poste.<br />
Oui, mon cher enfant, c’est un trait de lumière, venu <strong>du</strong> ciel même, que cette exhortation si vive <strong>du</strong><br />
bon Père jésuite à des sentiments nobles et purs. Cette véhémente impulsion que le Père s’est senti inspiré de<br />
vous donner, prouve que, <strong>du</strong> premier coup, il reconnaît en vous ce que nous avons constaté, -- vous suivant<br />
depuis votre enfance -- une vocation ecclésiastique.<br />
Y manquer, si en définitive elle est réelle, serait en effet mettre en danger votre salut. Or ce serait y<br />
manquer, ce serait dévier de la route tracée par la Providence qui vous a pris au milieu des pauvres pour les<br />
servir, que de s’arrêter à de basses pensées d’intérêt ou d’amour--propre susceptible. Dieu vous a fait voir clairement<br />
le danger; il vous en préservera. Priez-le pour moi et pour M. Myionnet. -- Vous lui écrivez, je pense, pour<br />
la Saint-Clément -- .<br />
Mille choses à tous ces Messieurs de Metz.<br />
Mon affectueux respect à MM. Risse et Gauffriau.<br />
Votre père bien dévoué en N. S. ,<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
Surtout soyez fidèle à vos résolutions de bien respecter tous vos maîtres et de ne manquer aucune de<br />
vos communions. Notre Père Supérieur, sachant que je vous écris, me charge de vous dire qu’il vous embrasse<br />
et vous bénit.<br />
213 - à M. Decaux<br />
M. Veilleux est Président local de la Conférence S. V. de P.-- Une demande d’aide spirituelle et financière. --<br />
L’abbé Gœury, prêtre breton, aidera dans les Patronages, surtout à Charonne.<br />
M. et cher Président,<br />
Charonne, 26 novembre 1864<br />
11 heures 1/2 <strong>du</strong> soir<br />
137
Quelque tard qu’il soit, je ne puis remettre à lundi à vous envoyer un Memento pour la<br />
recommandation aux prières <strong>du</strong> Conseil de Paris de la Première Communion <strong>du</strong> 4 et de la Confirmation <strong>du</strong> 11.<br />
Vingt jeunes gens arrachés aux funestes conséquences de l’apprentissage prématuré commandé par la misère; ce<br />
n’est rien assurément pour nos seize paroisses.<br />
Pour moi, néanmoins, le fardeau de les nourrir quatre jours et de les habiller en grande partie est tel<br />
que mes nuits s’y consument après mes jours. Ces enfants sont bien préparés par six mois, un an même,<br />
d’assi<strong>du</strong>ité sérieuse au patronage, d’instructions à leur petite portée, de confessions deux fois le mois au moins<br />
par le saint abbé Gœury. Cependant, ne sachant lire presque aucun, ils ont encore bien besoin d’utiliser, pour<br />
achever de s’instruire et de se pénétrer des vérités saintes, le temps de la retraite. Combien donc ne me sont pas<br />
[sic] nécessaires ainsi qu’à eux les prières de nos bonnes et pieuses Conférences de Paris.<br />
Je termine par une autre supplique toute personnelle à notre si généreux et si dévoué Président de Ste-<br />
Anne.<br />
Pour achever l’œuvre dignement commencée par sa prévoyante sollicitude, pour compléter le système<br />
de chauffage de la maison Ste-Anne, nous avons dû dépenser ces jours-ci cent cinquante francs. Pour ne pas<br />
augmenter d’autant nos dettes, il nous a fallu épuiser les bienfaiteurs qui l’an dernier nous avaient puissamment<br />
aidés à passer un rude hiver. Après cet effort, tout dans l’intérêt de nos enfants, nous en sommes à nous<br />
demander comment nous pourvoirons à Noël et au reste, d’ici au printemps. Notre excellent M. Veilleux, après<br />
avoir contribué de sa bourse pour le calorifère enfin décent et économique de la chapelle, disait: “Vous avez tort<br />
de ne pas écrire à M. Decaux; il prendrait ”sa part de cette dépense”. J’hésitais à vous transmettre cette parole de<br />
celui que vous avez délégué pour veiller sur Ste-Anne. Après y avoir pensé devant Dieu, je me crois obligé en<br />
conscience à vous redire cette phrase de notre bon président local.<br />
214 - à une communauté de religieuses<br />
Tout à vous...<br />
Une malade à guérir et une famille à convertir. -- Des signes que je pourrai intervenir.<br />
l’abbé <strong>Planchat</strong>, prêtre<br />
fin novembre ou début décembre1864<br />
Il m’en coûte de n’avoir pu, dès lundi recommander aux prières de vos Mères et de vos enfants une<br />
pauvre malade que m’ont remise dimanche dernier les Sœurs de Charonne.<br />
Cette malheureuse enfant a 13 ans et se meurt de la poitrine; elle n’a jamais rien appris; à peine a-telle<br />