download - Loris Gréaud

ANTON ZEILINGER
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ET LORIS GREAUD
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ANTON ZEILINGER est né en 1945 à Ried-im-Innkreis, en Autriche. Il vit et
travaille actuellement à Vienne. Après des études de physique et de mathématiques,
Zeilinger obtient en 1971 à l'université de Vienne son doctorat
intitulé « Neutron depolarization in dysprosium single crystals », Zeilinger
s'intéresse alors aux aspects fondamentaux de la mécanique quantique
de l'interférométrie subatomique et poursuit ses recherches sur ce sujet à
l'Atom Institute de Vienne. Zeilinger rejoint plus tard le Neutron Difraction
Laboratory du Massachusetts Institute of Technology (MIT), où il devient
maître de conférences en 1981. En 1983, il accepte un poste de maître de
conférences au Technische Universitât de Vienne et durant les années 80,
il est invité comme visiting professor dans différentes institutions internationales
telles que l'université de Melbourne en Australie, le Hampshire
College au Massachusetts, le Technische Universitât de Munich et l'Institut
Laue-Langevin à Grenoble. Zeilinger devient professeur de physique expérimentale
à l'université d'Innsbruck en 1990 et obtient la chaire de physique
expérimentale à l'université de Vienne en 1999. En 1997, Zeilinger et son
équipe confirment la possibilité de la téléportation, un aspect de la théorie
quantique démontrée puis rejetée par Albert Einstein. Zeilinger a prouvé,
par l'utilisation de photons imbriqués, la téléportation de leur état quantique
sur une distance de plusieurs kilomètres. Alors que son travail donne
lieu à de nombreuses interprétations et implique de véritables considérations
philosophiques, il pose aussi des jalons pour de futures implications technologiques
telles que les mesures d'interaction libre, l'informatique quantique et
la cryptographie quantique.
LORIS GRÉAUD est né en 1979, à Eaubonne (Val d'Oise) et travaille actuellement
entre Paris et Ho Chi Minh City. Loris Gréaud propose en 2006
un complexe projet d'expositions simultanées sur les traces de l'essai de
Williams Burroughs: "Illusion is a Revolutionary Weapon» liant et synchronisant
des événements entre Milan, New York, Londres, Tokyo et Los
Angeles. Par la suite, il est entré dans le livre des records du monde avec les
plus petites sculptures existant es grâce à son projet" Why is a Raven like a
Writing Desk », Les nanosculptures conçues avec des chercheurs du CNRS,
invisibles à l'œil nu, ont été exposées en plein centre de Frieze Art Fair.
En février 2008, le Palais de Tokyo lui confie l'ensemble des 4 500 rn? pour la
première fois depuis l'ouverture du lieu pour accueillir une importante mono-

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HANSULRICHOBRISTCONVERSATIONS
graphie« CELLAR DOOR », Loris Gréaud développe depuis plusieurs ann('!'
des réseaux entre différents métiers de la création et de la recherche (ar hi
tectes, sculpteurs, sound-designers, scientifiques, etc.) afin de créer li/II
œuvre conceptuelle inattendue. Il a participé en 2002 à l'inauguration du
centre d'art Le Plateau. À cette occasion, il a présenté son œuvre Hors prise .
En 2005, Le Plateau lui a consacré une exposition monographique « Silenrr
goes more quickly when played backwards ». Il a également participé à l' x
position collective « Notre histoire» au Grand Palais (Paris, 2006).
HUO: Bonjour Anton, nous sommes enfin prêts pour cette conversatiOIl
téléphonique entre vous, à Vienne, et Loris Gréaud et moi, à Paris. Il serail
plus simple de commencer par parler de téléportation, car c'est l'un dl'
sujets principaux concernant les activités de Loris et les projets en Cours.
ANTONZEILINGER: Quel genre de projets concernant la téléportation av z.
vous entrepris?
LORISGRÉAUD:J'utilise en fait mes outils personnels pour arriver à la tél '.
portation. Nous faisons à l'heure actuelle l'expérience de la téléportation :
nos voix vont se propager à travers un modèle de réverbération que j'ai
mis en place avec un ingénieur du son. Ce travail Sur la réverbération fait
partie d'un projet de « maison hantée » que je présente avec mon expositioll
au Plateau, mais qui a lieu près du site, sur l'île de la Cité à Paris. C'est 1I11
appartement hanté où les gens peuvent passer la nuit et faire l'expérien ('
des paliicularités du lieu. J'ai eu l'idée, mais corrigez-moi si je me tromp ,
que la réverbération des voix à travers un espace conçu exprès et le moyen
de communication que représente la radio pouvaient être compris ou vécus
comme de la téléportation.
HUO: Anton, je me demandais si vous pouviez m'en dire davantage sur
votre relation avec la radio et Comment vous la reliez à la téléportation.
ANTONZEILINGER:La radio est un ancien moyen de communication, la
téléportation est quelque chose de nouveau. Avec la radio, nous avons
un moyen de communication qui relie, au moment même du transfert
d'informations, les deux lieux. Dans le cas de la téléportation, ce n'est plus
nécessaire.
HUO: Peut-être serait-il important de nous rappeler les débuts de votr
travail, vos premières expériences sur la téléportation.
ANTONZEILINGER: Les débuts sont intéressants dans la mesure où Bennett,
Brassard, Crépeau, Jozsa, Peres et Wootters ont présenté dans un articl
scientifique publié en 1992 ce concept de téléportation quantique et, à cett
période, dans mon groupe, nous avions le sentiment que c'était impossible,
que cela ne pouvait pas se faire parce que c'était très exigeant. Ce dont
nous n'avions pas encore pris conscience à ce moment-là, c'est que nous
ANTONZEILINGERET LORISGRÉAUD
' .,
ivions déjà
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cert am . s des outils de base . nécessaires d t
, lisé 'en 1995 et depuis cette a e
la télêportation .. Nous ne l'a:~~: ~:~~~ert~~ion quantique qui s'est ef~ecnous
travaillons d~~ecte~ent s 1997 Nous devions développer deu:, o~hls :
tuée pour la prerrnere fOIS en : t' r s et un autre outil pour intriquer
d'abord la source pour des photons m nq~e rti de là que les informations
' , , , nt car c'est a pa Ir 1
deux photons crees sep

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per~onnell~ment que la t~léportation sera le meilleur moyen pour 1 fi JlI"
c.hams ordinateurs quantiques de communiquer, d'échanger des inf 1111 1
bons p~r~e q~~ l'on pourr~ téléporter les données d'un ordinateur quantiqm
et ~elui-ci utilisera sa methode de calcul qui sera bien plus rapide qll'II'I
ordinateur classique ... mais c'est vraiment de la science-fiction cela 111111
emmène très loin dans le futur. '
HUa: Nous avi?ns parlé dans notre entretien précédent d'une qu 11111
f~ndamenta~e qUI concerne l'original et il serait intéressant aujourd'hu
d a?p~ofondlr un peu ce probleme ou cette question, du fait du conu xh
arhshqu,e ~ans lequel nous nous trouvons. La dernière fois, je vous uv 1
demande SI toute cette question sur la téléportation conduit à une 1
d~ l'original. Vo~s. m'expliquiez en effet que l'original ne possède plI!
d informations spécifiques. Je me demandais donc si vous pouviez me pt l'h 1
un peu de cette crise de l'original et si vous pensez que l'original fait aleu
doublon.
ANTONZEILINGER: C'est en fait la question la plus fascinante en t rllll
philosophique soulevée par la téléportation quantique parce que ce que n III
faisons .
HUO: Allô P
ANTONZEILINGER: Vous êtes encore là ?
HUa: Oui, on vous a perdu un bref moment .
ANTONZEILINGER: OK, je recommence alors Vous avez mentionné en f lit
l~ question philosophique la plus importante en ce qui concerne ces exp
nences parce que ce qUI s'est passé, c'est que nous transférons des inforrn 1
tions d'une particule à une autre ... Êtes-vous toujours là ?
HUO: Oui, maintenant on vous entend mieux.
ANTONZEILINGER: Ah ? OK !
HUa: Cela n'a jamais été mieux que maintenant...
ANTONZEILINGER: Cela n'a jamais été mieux que maintenant?
HUa: Oui.
ANTONZEILINGER: Oh, super, donc on y est! Je reviens donc sur ce point,
Vous ve.ne~ de soulever la question philosophique la plus importante 1\1
la plus intéressante en ce qui concerne ces expériences; l'idée c'est qin
nous transférons toute l'information portée sur un photon - une particuh
de ,l~mière - à ~n a~t~e, ~e telle manière ~u~ l'~riginal perd ses propriét
specifiques. Il s assimile a un autre, ce qUI signifie que c'est une individur
lit~ étrange. Il n'est plus défini en vérité comme tel, il n'a plus aucune pro
pnété. Toutes ses propriétés ont été transférées sur un autre. Désormai
la question qui se pose c'est: « Est-ce l'original? Quel est l'original?» ri/
la ?ouv~lle, particule ?orte t~utes. s~s caracté~istiques. Cependant, voici ('
qUI est intéressant désormais : SI Je parle d'intervention sur la réalité,
ANTONZEILINGERET LORISGRÉAUD 897
savoir que nous parlons de réalité seulement dans le contexte de ce qui est
réalisable expérimentalement, je dois dire alors que la nouvelle particule ne
se distingue absolument pas de l'ancienne ni des propriétés qu'elle possède.
Ainsi, la nouvelle est l'originale, même si, dans un sens, elle est faite à partir
d'une autre substance, mais cela reste secondaire. Vous savez, ce qui définit
une individualité, même pour les gens, ce sont ses propriétés spécifiques, ses
caractéristiques spécifiques, mais pas la substance à partir de laquelle elle
est faite.
LORISGRÉAUD: Je m'intéresse beaucoup à 1'« utopie» qui vient juste d'être
réalisée en Australie: un groupe de recherche a téléporté récemment une
forme de lumière, une sorte de laser ou quelque chose de similaire et cette
expérience trouve ses bases dans vos recherches ou les poursuit d'une certaine
manière ... J'imagine que vous êtes au courant?
ANTONZEILINGER:Je suis au courant de cette expérience réalisée en
Australie, c'est une sorte de travail complémentaire au nôtre, ce que nous
téléportons c'est l'état quantique d'un système de q-bits à deux états, c'est-àdire
que nous nous intéressons à la polarisation de photons. Eux téléportent
des états quantiques spécifiques de rayon laser appelé « états à variable
continue », ce qui est aussi très intéressant et complète d'une certaine façon
notre travail.
LORISGRÉAUD: La science-fiction est un autre aspect de votre recherche,
puisque celle-ci est intimement liée à la réalité; toutes ces histoires deviennent
ainsi réelles pour nous: elles nous ouvrent un chemin de possibilités
infinies. Ce qui veut dire en fait que quelqu'un comme Philip K. Dick n'est
plus aussi intéressant. Ce que je veux dire par là c'est que, ce qui devient
intéressant c'est ce qui est en train de se produire maintenant, ce qu'Anton
Zeilinger est en train d'expérimenter à ce moment très précis ...
ANTONZEILINGER: Je suis d'accord avec vous sur certains points, mais le
problème pour moi c'est que la science-fiction est devenue réelle jusqu'à
un certain point car à un moment donné elle se différencie de la réalité.
Nous ne transportons pas des individus, cela permet de se poser des questions,
plus intéressantes que celles soulevées par la science-fiction, qui sont
celles concernant l'original. Qu'est-ce qui permet de savoir si j'ai vraiment le
même objet ou un objet différent? Ce sont des questions très profondes que
la science-fiction ne soulève pas d'habitude, alors que les expériences de la
physique le font. Elles suscitent plusieurs interrogations qui sont complètement
nouvelles et, chose intéressante, elles n'ont pas encore été empruntées
par des philosophes, or ils devraient parce que ce sont des questions philosophiques
très profondes.
LORISGRÉAUD: J'ai une autre question: savez-vous pourquoi le mouvement
de la « culture spirituelle» suit de façon étroite vos travaux et vos propos,

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HANSULRICHOBRISTCONVERSATIONS
~~é~::~~::e~:r~~~:s ~lacent à côté de sujets comme les fantômes et autr
ANTONZEILINGER.Je ne comprends ti
vous de questions é'sotériques ? pas en ierement votre question, parlez-
HULo: ou; la ~ulture spirituelle récupère vos propos les utilise J
que ons voulait vous demander ,... e pens
spirituel récupère vos propos et c~~~~~/l?:s f.ensez du f~it que le champ
ANTONZEILINGER. J '. xp iquea-vous .
~~én.omè~es sociol~gi~u:~, s:=i:j: ~:n~~n~~'ife;s~n;:a;~:p e~~~;;~:p;~s
fai~~~:a ab~:u propos. Personnellement, je ne crois pas que ce que nou~
lement c .co~ de rapport ~vec ,le.monde spirituel tel qu'il est habituel-
~~~ife~u:~f2~~!:~~fl~~o~::1o~;:,~~n~:: ~~t~~:~i~~~~;é~'~~;;i~:t~~~~
les institutions
.'
sique quantique
Mais ja.ime d~hnagbe1~t' Cdesd~ersonnes sont certainement contre
u e rre que ce que l'on d h
sur la réalité est bien plus étran e ue appren en P Y:
parlent des composants spirituels de l'u . g q . ce q.ue les gens, qUI
alors que l'on se familiarise d'abord ave~l~:rs, :e~vent 1mag1!:er. Je suggère
l'on reprenne cette conversation. s P ysiques quantiques, puis que
Th~:~ss G;~:,UD : Désol~ d'ins~st~r sur ce point mais tout le monde sait que
ison a passe sa V1e a essayer de communiq 1
:!c~~~~~:::~s~~ ~~~:~~~~:~le nous pouvons parler aujo~:~'::i~~r~~em:::~
ANTONZEILINGER. Ah 1 cela c'est f . t· " .
très fascinant... '. ascman ,Je n etais pas au courant! C'est
LORISGRÉAUD. Oui et Mo . 1 E fai
S:~:~::~Fi:~~~:~mg';:~:p~~~'~~~:~:~~~é~~::;~~::~:;f:
t' hi . ,onee comme la première maison h
ee 1st?nque. Cert~ins avaient l'habitude de dire qu'après sa mort M ana
essaye de commumquer avec des gens dans cette maison de cam ' or~e
:::~yeCnOsded' En résum.é, c~s deux scientifiques ont inventé des form~:~:e ;~:
e commumcatlOn pour pou . .
l êfé '1'" , V01r commumquer avec les morts d'où
a re erence a a spiritualité et mon intérêt à vous interroger sur ce sujet
ANTON ZEILINGER: Oh maintenant 'e .'
compren~s 1: contexte de 'votre question ... J ce ~?~r~:~d~~e m:~?t~~~ant je
partage, Je n entreprends pas mon travail dans l'intention d: q.ue Je
~:l:c ~~~%O~~so~:~~~!~~.esprits ou ce que vous voulez. Ce n'e~~;=~~~::
LORISGRÉAUD. Pour m "t' .
quer a" . a genera lon, Je ne suis pas sûr qu'il faudrait l'évomS1
parce que vous penserez que c'est une drôle de manière de rnédia-
ANTONZEILINGERET LORISGRÉAUD 899
tiser votre recherche, mais vous êtes quand même une sorte de « chaman »,
quelqu'un qui fait passer des êtres dans un autre monde, mais quelqu'un qui
peut aussi faire que des utopies traversent la réalité.
ANTONZEILINGER: (Rires) C'est très drôle, je ne pense pas que ce que
nous faisons ait à voir avec la position d'un « chaman », mais je sens - c'est
un problème - que les leçons philosophiques et conceptuelles des physiques
quantiques ne sont pas encore comprises. Je sens très fortement que notre
concept de la réalité est limité. Sur ce point, je sens que les expériences ont
des implications philosophiques et conceptuelles que nous ne comprenons
pas. Je pense simplement que nous devons vraiment trouver une nouvelle
façon de regarder le monde, un nouveau mode, qui n'existait pas avant, et je
ne pense pas que ces positions actuelles puissent beaucoup nous aider.
HUO: L'exposition, que Loris a décrite comme une série d'expériences
concrètes, nous oblige en effet à une expérience concrète avec le spectateur.
Et vous y avez impliqué le spectateur avec votre fameuse expérience réalisée
à Kitakyushu. Nous étions dans le contexte de « Bridge the Gap» en train de
débattre et d'avoir des conversations portant sur l'art, les mathématiques, la
téléportation ... Toutes sortes de disciplines qui essaient d'établir des passerelles
entre différents domaines de connaissances. Et l'un des moments les
plus forts de cette semaine était l'attente de la valise parce qu'il y avait une
valise de Vienne, une valise magique, que nous avons faite à Kitakyushu le
dernier jour, qui vous permettait de faire l'expérience avec les visiteurs. Je
me demandais si vous pouviez raconter à Loris cette expérience parce que
je pense qu'elle est intéressante dans ce contexte de l'exposition.
ANTONZEILINGER: Eh bien, c'était l'expérience standard de « l'influence de
la double fente », dans laquelle une source de lumière éclaire une plaque avec
deux fentes et vous voyez l'interférence des ondes de lumière à travers celles-ci.
Puis, quand vous considérez que ce sont des photons individuels - et
dans cette expérience je montrais que nous avons des photons individuels,
j'avais également un compteur de photons dans la valise - une question se
posait: par quel trou passe la particule? puis une autre question survenait
: si l'une passe, comment sait-elle si la seconde est ouverte ou non?
Ce n'étaient que des questions sur la réalité qui nous poussaient à nous
demander jusqu'où la réalité existe indépendamment de nous ou pas. Ces
questions survenaient dans ce type d'expérience et c'est ce que j'ai pu montrer
à Kitakyushu il y a quelques années.
HUO: Avez-vous d'autres expériences faites avec un public que vous expérimentez
de temps en temps?
ANTONZEILINGER:Ce que j'expérimente parfois, ce sont des expériences
d'inférences quantiques avec des photons individuels dans de la fibre optique.
Cela peut très bien se faire, cela soulève des questions similaires et nous

900 HANS ULRICH OBRIST CONVERSATIONS
sommes en ce moment en train de réaliser une expérience à Berlin: il y a unt
grande exposition sur l'Année mondiale de la physique, 1'« année Einstein.
comme on l'appelle aussi. À Berlin, nous avons réalisé une expérience 1
nous avions une source pour des paires de photons intriqués, où la mesure
d'un photon influence l'état de l'autre, à quelque distance qu'il se trouv ,
Dans cette expérience, les gens peuvent jouer avec cette source, peuvent voit'
comment elle fonctionne. Un étudiant à Berlin veille chaque jour sur cetu
expérience pour s'assurer que cela fonctionnera pendant toute la durée ch
l'exposition qui se tiendra, si j'ai bien compris, jusqu'en septembre.
HUa: Très bien. J'ai pensé que cela serait bien maintenant que Loris vou.
décrive l'une de ses expériences.
ANTON ZEILINGER : D'accord.
LORIS GRÉAUD : En fait, j'aimerais évoquer une œuvre que l'on peut actuellement
voir à l'exposition ici à Paris. Elle s'appelle «Esprit ». C'est un
œuvre olfactive. J'ai travaillé en collaboration avec Pascal Rousseau, un
historien d'art français. Nous avons analysé de nombreux livres de scienc -
fiction, mais surtout des articles scientifiques récents à propos des mission.
sur la planète Mars, principalement la Mars Exploration Rover (mission
spatiale initiée par les États-Unis et confiée à la Nasa sur la planète Mars)
sélectionnant plusieurs descriptions possibles de l'odeur sur Mars. Nou.
nous sommes retrouvés avec une sorte de liste de descriptions détaillées d
cette odeur, que nous avons synthétisée. Par moments, dans l'espace d'exposition,
on peut sentir les émanations de ce parfum de synthèse qui, je pens ,
est la représentation collective de l'odeur possible de la planète Mars.
ANTON ZEILINGER : C'est donc quelque chose qui aurait à voir avec l'imagination
collective, non?
LORIS GRÉAUD : Tout à fait.
HUa: Je me demandais si votre intérêt pour la té1éportation avait
commencé dans votre enfance ?
ANTON ZEILINGER : Oh ! On n'a pas encore évoqué mon enfance! C'est un
très bonne question ... Cela a commencé avec l'article théorique écrit par
Bennett, Brassard, Crépeau, Peres, Jozsa et Wootters où en 1992 ils ont
proposé ces expériences. On pensait à ce moment-là que c'était impossible
alors que l'on développait certains éléments. Au début, nous n'étions même
pas au courant que nous étions en train de développer les composants de la
té1éportation. Mais pour parler de mon enfance, je crois que tous les enfants
font des rêves sur la té1éportation, sur différentes manières de voyager, j
ne crois pas sortir du lot...