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Cycle Cinéma Européen 2007<br />
Pour les lycées et 3èmes de collèges<br />
Organisé par l’association Cin’Ecran<br />
<strong>VOLVER</strong><br />
(Volver)<br />
Pedro Almodóvar - Espagne - 2005<br />
© Pathé Distribution<br />
1
Fiche technique (allocine.fr et site officiel) 3<br />
Synopsis long (site officiel) 4<br />
Le réalisateur (allocine.fr) 5<br />
Filmographie (allocine.fr) 6<br />
Propos de Pedro Almodóvar (site officiel) 7<br />
Notes de production (site officiel) 11<br />
Revue de presse (allocine.fr, commeaucinema.com, fluctuat.net,<br />
Chronic’Art.com) 12<br />
Actrices<br />
SOMMAIRE<br />
Penélope Cruz (allocine.fr) 18<br />
Carmen Maura (allocine.fr) 19<br />
Fiche technique en espagnol (labutaca.net) 20<br />
Director (es.wikipedia.org) 21<br />
Synopsis y críticas (clubcultura.com et labutaca.net) 23<br />
En palabras de Pedro Almodóvar (Página Oficial) 28<br />
2
Fiche technique<br />
Titre original : Volver<br />
Date de sortie : 17 mai 2006<br />
Genre : Comédie dramatique Durée : 2h 01 min<br />
Réalisateur : Pedro Almodóvar<br />
Scénario : Pedro Almodóvar<br />
Productrice : Esther García<br />
Producteur exécutif : Agustín Almodóvar<br />
Directeur de la photographie : José Luis Alcaine<br />
Montage : José Salcedo<br />
Compositeur : Alberto Iglesia<br />
Créatrice des costumes : Bina Daigeler<br />
Distributeur : Pathé Distribution<br />
Fiche artistique<br />
© Paula Ardizzoni / Emilio Pereda<br />
Raimunda Penélope Cruz<br />
Grand-mère Irene Carmen Maura<br />
Sole Lola Dueñas<br />
Agustina Blanca Portillo<br />
Paula Yohana Cobo<br />
Tante Paula Chus Lampreave<br />
Paco Antonio De La Torre<br />
Emilio Carlos Blanco<br />
Regina María Isabel Díaz<br />
Inés Nieves Sanz Escobar<br />
Assistant de production Leandro Rivera<br />
Présentatrice TV Yolanda Ramos<br />
Carlos Carlos García Cambero<br />
Voisines Pepa Aniorte, Elvira Cuadrupani, Alfonsa Rosso, Fanny<br />
De Castro, Eli Iranzo, Magdalena Broto, Isabel Ayucar,<br />
Concha Galán, Natalia Roig<br />
Niveau<br />
Lycée<br />
Fiche détaillée<br />
Synopsis Court<br />
Raimunda vit à Madrid avec son compagnon Paco, et sa fille de 14 ans, Paula. Par un jour<br />
de grand vent, elle se rend dans son village natal avec sa sœur Sole pour entretenir la<br />
tombe de ses parents, morts trois ans auparavant dans un incendie. Elle en profite pour<br />
rendre visite à sa tante Paula qui perd un peu la tête. Quelques jours plus tard, la voisine<br />
Agustina appelle : la tante Paula est morte. Au même moment à Madrid, Paula, la fille de<br />
Raimunda, tue d'un coup de couteau Paco qui tente d'abuser d'elle. À la suite de ces deux<br />
morts, la vérité sur le passé va peu à peu se faire jour.<br />
Pour voir les bandes-annonces, un extrait et un reportage :<br />
http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=18604052&cfilm=59605.html<br />
Pour voir plusieurs extraits : http://www.commeaucinema.com/bandes-annonces=45004.html<br />
3
Synopsis long<br />
Madrid. De nos jours. Raimunda est une jeune mère, entreprenante et très séduisante, dont le mari<br />
est au chômage et la fille en pleine adolescence. Le budget familial est maigre, c’est pour cela que<br />
Raimunda a plusieurs petits boulots. C’est une forte femme, une battante-née, mais elle est en<br />
même temps très fragile émotionnellement. Depuis son enfance, elle garde le silence sur un secret<br />
terrible.<br />
Sole, sa sœur, est un peu plus âgée. Timide et peureuse, son gagne-pain est un salon de coiffure<br />
clandestin. Son mari l’a abandonnée, il est parti avec une cliente. Depuis, Sole vit toute seule.<br />
Paula est la tante des deux femmes, elle vit dans le village de la Mancha où toute la famille est née.<br />
C’est un village balayé par le vent d’est qui est la cause directe du taux élevé de folie enregistré dans<br />
la région. Ce maudit vent est aussi responsable des multiples incendies qui ravagent cette zone<br />
chaque été. Les parents de Sole et Raimunda y ont trouvé la mort.<br />
Un dimanche de printemps, Sole appelle Raimunda pour lui dire qu’Augustina (une voisine du<br />
village) lui a appris par téléphone le décès de leur tante Paula. Raimunda adorait sa tante, mais elle<br />
ne peut pas aller à l’enterrement parce que, quelques minutes avant le coup de fil de sa sœur, en<br />
rentrant d’un de ses petits boulots, elle a trouvé son mari mort dans la cuisine, un couteau enfoncé<br />
dans la poitrine. Sa fille lui avoue que c’est elle qui a tué son père, qui était ivre et avait tenté<br />
d’abuser d’elle.<br />
Pour Raimunda, le plus important est de sauver sa fille. Elle ne sait pas encore comment, mais il est<br />
évident qu’elle ne peut pas accompagner Sole à l’enterrement de leur tante dans la Mancha.<br />
C’est à contrecoeur que Sole se rend seule au village. Parmi les femmes venues lui présenter leurs<br />
condoléances, Sole entend des rumeurs selon lesquelles sa mère, qui est morte dans un incendie<br />
avec son père, serait revenue de l’au-delà pour s’occuper de la tante Paula, malade, pendant ses<br />
dernières années. Les voisines parlent avec un grand naturel du « fantôme » de la mère.<br />
Lorsque Sole regagne Madrid en voiture, elle se gare, puis elle entend des bruits provenant du<br />
coffre. Une voix de femme lui demande de lui ouvrir et de la laisser sortir, tout en affirmant qu’elle est<br />
sa mère.<br />
Au début, Sole est prise de panique. Elle continue à entendre des coups à l’intérieur du coffre. Sole<br />
finit par l’ouvrir et elle découvre, entouré de sacs, le fantôme de sa mère. Sole n’ose même pas le<br />
regarder, mais quand elle réussit à vaincre sa peur, elle se rend compte que le fantôme est identique<br />
à sa mère de son vivant, sauf les cheveux qui sont à présent presque tout blancs et décoiffés, et la<br />
peau plus pâle.<br />
Sole monte dans son appartement avec elle et lui demande combien de temps elle compte rester.<br />
« Tant que Dieu le voudra », lui répond le fantôme. Face à l’énormité d’une telle réponse, Sole n’a<br />
pas d’autre choix que de cohabiter avec le fantôme maternel et de l’intégrer dans son travail au salon<br />
de coiffure. Elle présente sa mère à ses premières clientes comme une clocharde russe qu’elle a<br />
rencontré dans la rue et recueillie par charité. Quand il y a des clientes, la mère ne parle pas, elle ne<br />
fait que laver des têtes et sourire.<br />
Sole n’ose pas avouer à sa sœur la situation dans laquelle elle vit. Raimunda, quand à elle, se limite<br />
à lui dire que Paco, son mari, les a quittées et qu’elle pressent qu’il ne reviendra pas. En réalité, elle<br />
est en train d’essayer de se débarrasser du cadavre, mais elle n’en trouve pas le temps parce qu’elle<br />
a l’opportunité d’un nouveau travail qui l’arrange bien financièrement et qui, en plus, lui offre une<br />
possible solution à son pressant problème… (que faire du cadavre).<br />
[…]<br />
La grand-mère fantôme dit à Sole qu’elle veut voir sa fille Raimunda, et sa petite-fille. Elle doit parler<br />
à Raimunda ; d’ailleurs, cette conversation est la raison pour laquelle elle est revenue de l’au-delà…<br />
et cette urgence surnaturelle est liée au secret que Raimunda porte en elle depuis son enfance. Elle<br />
se garde de raconter cette dernière chose à Sole.<br />
Mais Raimunda a un caractère bien trempé, elle n’est pas aussi faible que Sole et ne croit pas aux<br />
fantômes, même pas lorsqu’elle découvre sa mère cachée sous le lit, chez Sole…<br />
Tout ceci n’est que le début d’une histoire complexe et simple, émouvante et atroce, qui affecte les<br />
femmes de la famille de Raimunda, ses voisines, et quelques hommes.<br />
Site officiel : http://www.volver-lefilm.com/<br />
4
Le réalisateur<br />
Après avoir passé ses premières années à Calzada de Calatrava, Pedro Almodóvar<br />
déménage avec ses parents à l'âge de 8 ans en Estrémadure. Il y étudie chez les Pères<br />
Salésiens et chez les Fransiscains. Pour se détendre et sortir du carcan stricte et religieux<br />
de cette éducation, il fréquente assidûment les salles obscures.<br />
A 16 ans, il part pour Madrid seul, sans argent. Pedro Almodóvar veut y apprendre le<br />
cinéma mais l'Ecole officielle du cinéma vient de fermer sur ordre de Franco. Après<br />
plusieurs petits boulots, il décroche un emploi de bureau à la Compagnie nationale de<br />
téléphone espagnole où il reste douze ans. Parallèlement, il écrit des scénarios, tourne, de<br />
1974 à 1979, des courts-métrages en Super 8, joue au théâtre au sein de la troupe<br />
indépendante "Los Goliardos" et fonde un groupe punk-rock parodique "Almodóvar y<br />
McNamara".<br />
Avec l'arrivée de la démocratie en Espagne, il sort Pepi, Luci, Born et autres filles du<br />
quartier. Alors que le mouvement culturel la Movida se développe, il tourne Le Labyrinthe<br />
des passions et Matador qui révèlent Antonio Banderas. Baroque, adepte du kitsch et de la<br />
parodie, le cinéaste se fait un nom au-delà des frontières espagnoles avec Femmes au<br />
bord de la crise de nerfs. Il s'attache à des acteurs dont Victoria Abril, héroïne de Kika,<br />
Attache-moi ! ou encore Talons aiguilles.<br />
Déjà scénariste et réalisateur, il a plus d'une corde à son arc. Avec Le Labyrinthe des<br />
passions (1982), il prouve qu'il peut être omniprésent sur un projet en enfilant les costumes<br />
de producteur, chef décorateur et compositeur. Il lui arrive même de faire quelques<br />
apparitions hitchcockiennes dans certains de ses films, comme La Loi du désir. En 1992, il<br />
fait ses premiers pas sur la croisette en devenant l'un des membres du jury du Festival de<br />
Cannes.<br />
Avec Tout sur ma mère, Pedro Almodóvar rafle un nombre impressionnant de prix : Prix de<br />
la mise en scène à Cannes, Oscar et César du Meilleur film étranger, Golden Globe ou<br />
encore sept Goya. Trois ans après, le même sort lui est réservé avec Parle avec elle, et<br />
mieux encore : Oscar du Meilleur scénario, cinq prix EFA, deux BAFTA, le Nastro<br />
d'Argento, le César et beaucoup d'autres prix partout dans le monde... sauf en Espagne. La<br />
Mauvaise éducation, présenté en ouverture du Festival de Cannes 2004, film intimiste<br />
rappelant l'adolescence du réalisateur chez les Franciscains, permet de voir naître un<br />
nouveau talent en la personne de Gael García Bernal. La même année, Almodóvar reprend<br />
la casquette de producteur exécutif pour le film, prochainement sur les écrans français,<br />
d'Isabel Coixet, The Secret life of words. Pour sa nouvelle comédie dramatique, Volver,<br />
portrait de trois générations de femmes au sein de la classe ouvrière, il retrouve certaines<br />
de ses égéries : Penélope Cruz, Carmen Maura ou encore Lola Dueñas.<br />
5<br />
Pedro Almodovar<br />
Réalisateur, Acteur, Producteur, Producteur<br />
exécutif, Scénariste, Dialoguiste,<br />
Compositeur, Chef décorateur.<br />
Né le 25 Septembre 1949 à Calzada de<br />
Calatrava (Espagne)<br />
© REUTERS
Filmographie<br />
Acteur Rôle<br />
Manifesto (2004), de Joaquin Oristrell lui-même (archives)<br />
La Mauvaise éducation (2004), de Pedro Almodóvar<br />
In bed with Madonna (1991), de Alek Keshishian lui-même<br />
Le Labyrinthe des passions (1991), de Pedro Almodóvar<br />
Pepi, Luci, Bom et autres filles du quartier (1990), de Pedro Almodóvar Emcee<br />
La Loi du désir (1988), de Pedro Almodóvar un assistant<br />
Autres fonctions<br />
La Piel que habito, réalisateur 2007<br />
Volver, réalisateur, scénariste 2006<br />
The Secret life of words, de Isabel Coixet, producteur exécutif 2006<br />
La Mauvaise éducation, réalisateur, scénariste 2004<br />
La Niña santa, de Lucrecia Martel, producteur exécutif 2004<br />
Ma vie sans moi, de Isabel Coixet, producteur exécutif 2003<br />
Parle avec elle, réalisateur, scénariste 2002<br />
L'Echine du diable, de Guillermo Del Toro, producteur 2002<br />
Tout sur ma mère, réalisateur, scénariste 1999<br />
En chair et en os, réalisateur, scénariste 1997<br />
La Fleur de mon secret, réalisateur, scénariste 1995<br />
Kika, réalisateur, scénariste 1994<br />
Talons aiguilles, réalisateur, scénariste 1992<br />
Action mutante, de Alex de la Iglesia, producteur 1992<br />
Le Labyrinthe des passions, réalisateur, compositeur, scénariste,<br />
producteur, chef décorateur 1991<br />
Pepi, Luci, Bom et autres filles du quartier, réalisateur, scénariste 1990<br />
Attache-moi !, réalisateur, scénariste 1989<br />
Matador, réalisateur, scénariste 1988<br />
La Loi du désir, réalisateur, scénariste, compositeur 1988<br />
Femmes au bord de la crise de nerfs, réalisateur, scénariste, producteur 1988<br />
Dans les ténèbres, réalisateur, scénariste 1984<br />
Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça ?, réalisateur, scénariste 1984<br />
Pestañas postizas, de Enrique Belloch, producteur, compositeur 1982<br />
Récompenses pour ce film<br />
European Films Awards 2006 : Meilleure actrice (Penélope Cruz), Meilleur réalisateur, Prix de<br />
la photographie, Meilleur compositeur, Prix du public.<br />
Goyas 2007 (Espagne) : meilleur film, meilleur réalisateur, meilleure actrice (Penélope Cruz),<br />
meilleur second rôle féminin (Carmen Maura), meilleure musique originale.<br />
Festival de Cannes 2006 : prix d’interprétation féminine aux 6 actrices du film, meilleur<br />
scénario.<br />
Oscar 2007 : nomination pour la meilleure actrice (Penélope Cruz)<br />
6
Propos de Pedro Almodóvar<br />
Le tournage par Pedro Almodóvar<br />
Le plus difficile pour Volver a été d’écrire le synopsis. Mes films sont de plus en plus<br />
difficiles à raconter et à résumer en quelques lignes. Heureusement, cette difficulté n’a pas<br />
déteint sur le travail des acteurs, ni sur celui du reste de l’équipe. Le tournage s’est passé<br />
comme sur des roulettes.<br />
Je pense que j’ai eu plus de plaisir parce que La Mauvaise Education a été un véritable<br />
enfer. J’avais oublié ce que c’était de tourner sans avoir la sensation permanente d’être au<br />
bord du gouffre. Cela ne veut pas dire que Volver soit meilleur que mon film précédent (je<br />
suis d’ailleurs très fier d’avoir tourné La Mauvaise Education), mais que j’ai moins souffert<br />
cette fois-ci. En fait, je n’ai pas souffert du tout.<br />
En tout cas, La Mauvaise Education m’a confirmé quelque chose d’essentiel (que j’avais<br />
déjà découvert avant, dans Matador et En chair et en os) : qu’il ne faut jamais baisser les<br />
bras. Même convaincu que ce qu’on fait est un désastre, il faut continuer à se battre pour<br />
chaque plan, chaque nouvelle prise, chaque regard, chaque silence, chaque larme. Il ne<br />
faut pas perdre une once d’enthousiasme malgré le désespoir. Le temps apporte une autre<br />
façon de voir et parfois les choses ne sont pas aussi mauvaises qu’on le croyait.<br />
La rivière<br />
Mes plus joyeux souvenirs d’enfance sont liés à la rivière.<br />
Ma mère m’emmenait avec elle quand elle allait laver le linge parce que j’étais petit et qu’il<br />
n’y avait personne pour me garder. Il y avait toujours d’autres femmes qui lavaient et<br />
étendaient le linge sur l’herbe. Je me tenais près de ma mère et je mettais la main dans<br />
l’eau pour essayer de caresser les poissons qui rappliquaient à l’appel du savon<br />
qu’utilisaient les femmes à cette époque, qu’elles fabriquaient elles-mêmes et qui d’ailleurs<br />
était écologique.<br />
La rivière, les rivières, étaient toujours une fête. C’est aussi dans les eaux d’une rivière que<br />
j’ai découvert, quelques années plus tard, la sensualité.<br />
Sans doute la rivière est-elle ce que je regrette le plus de mon enfance et de ma puberté.<br />
Pendant qu’elles lavaient, les femmes chantaient. J’ai toujours aimé les chœurs féminins.<br />
Ma mère chantait une chanson sur des glaneuses qui accueillaient l’aurore en travaillant<br />
dans les champs et en chantant comme de joyeux oiseaux. J’ai chanté les passages dont je<br />
me souvenais au compositeur de Volver, mon fidèle Alberto Iglesias, et il a découvert que<br />
c’était un chœur de la zarzuela La rosa del azafrán. Dans mon inculture, jamais je n’aurais<br />
pu imaginer que cette musique céleste fût une zarzuela. C’est ainsi que ce chœur<br />
accompagne les images du générique du début.<br />
Dans Volver, Raimunda cherche un lieu où enterrer son mari et elle décide de le faire au<br />
bord de la rivière où ils s’étaient connus enfants.<br />
La rivière, comme les tracés de n’importe quel moyen de transport, comme les tunnels ou<br />
les couloirs interminables, est une des nombreuses métaphores du temps.<br />
Famille<br />
Volver est un film sur la famille, fait en famille. Mes propres sœurs en ont été les<br />
conseillères, aussi bien pour ce qui se passe dans La Mancha que pour l’intérieur des<br />
maisons madrilènes (le salon de coiffure, les repas, les produits d’entretien, etc…).<br />
Bien que sous de meilleurs auspices, ma famille, comme celle de Sole et Raimunda, est<br />
une famille migrante qui a quitté son village pour aller à la ville en quête de prospérité. Par<br />
bonheur mes sœurs ont perpétué la culture de notre enfance, elles conservent intact<br />
l’héritage que nous avons reçu de notre mère. J’ai pris très tôt mon indépendance et suis<br />
devenu un citadin impénitent. Quand je retourne aux us et coutumes de La Mancha, mes<br />
sœurs sont mes guides.<br />
7
La famille de Volver est une famille de femmes. La grand-mère qui apparaît est Carmen Maura ;<br />
ses deux filles, Lola Dueñas et Penélope Cruz ; Yohana Cobo la petite-fille ; et Chus<br />
Lampreave, la tante Paula, qui continue à vivre au village. Il faudrait ajouter Agustina, la voisine<br />
du village (Blanca Portillo), celle qui en sait long sur les secrets de la famille, celle qui a entendu<br />
tant de choses, celle qui aussitôt debout va frapper à la fenêtre de la tante Paula et<br />
n’abandonne pas jusqu’à ce qu’elle réponde, celle qui lui apporte chaque jour sa miche de pain,<br />
celle qui la découvre morte et prévient Sole à Madrid. Celle qui accueille le cadavre pour le<br />
veiller comme il se doit en attendant l’arrivée des nièces. Celle qui fait du deuil de sa voisine le<br />
deuil de sa propre mère, disparue des années auparavant elle ne sait où. Le personnage<br />
d’Agustina s’intègre d’office dans la famille de Carmen Maura.<br />
Agustina symbolise un élément très important dans cet univers féminin : la solidarité entre<br />
voisines. Les femmes du village se partagent les problèmes et parviennent ainsi à rendre la vie<br />
plus supportable. Il peut aussi se passer le contraire (un voisin qui en déteste un autre et<br />
emmagasine sa haine de génération en génération jusqu’à ce qu’un jour éclate la tragédie sans<br />
qu’ils sachent eux-mêmes pourquoi). J’ai seulement accordé de l’attention aux bons côtés de<br />
l’Espagne profonde, ceux que j’ai connus enfant. En fait, Volver rend hommage à la voisine<br />
solidaire, cette femme célibataire ou veuve, qui vit seule et s’approprie la vie de sa vieille<br />
voisine. Ma mère a vécu une grande partie de ses dernières années assistée par ses voisines<br />
les plus proches.<br />
Agustina s’inspire de ces femmes, dont Blanca Portillo fait une création superbe. Pour moi c’est<br />
une véritable révélation, parce que je ne la connaissais pas. Je l’avais seulement vue au théâtre<br />
et elle m’avait plu, mais je ne pouvais pas imaginer que, presque sans expérience au cinéma,<br />
elle soit une actrice si précise, si juste, si débordante dans sa retenue. Agustina, seule dans la<br />
rue vide, regardant disparaître la voiture de Sole, est l’image même de la solitude rurale,<br />
dépourvue de toute fioriture.<br />
Blanca a su capter toute la profondeur de ces voisines solidaires de mon village et l’a faite<br />
sienne.<br />
Le retour de Carmen<br />
Je n’imaginais pas combien nos retrouvailles étaient attendues. Je suis surpris par le nombre de<br />
personnes qui m’ont dit qu’elles se réjouissaient de ce que Carmen et moi allions retravailler<br />
ensemble ! Une chanson de Chavela Vargas dit : « On revient toujours sur les lieux du passé où<br />
l’on a aimé la vie ». Cela peut aussi s’appliquer aux personnes.<br />
Dans ce cas il y a toujours un doute qui plane mais, heureusement, avec Carmen il s’est<br />
évanoui dans les premiers moments de travail à la table.<br />
Dans le scénario de Volver, il y a une longue séquence, presqu’un monologue, puisque seul<br />
parle le personnage de Carmen, la grand-mère fantôme. Dans cette séquence Carmen explique<br />
à sa fille chérie, Penélope Cruz, les raisons de sa mort et de son retour, tout au long de six<br />
pages intenses et de six plans non moins intenses. Cette séquence est une des raisons pour<br />
lesquelles je voulais faire le film. J’ai pleuré à chaque fois que j’ai corrigé le texte (comme le<br />
personnage qu’interprète Kathleen Turner dans À la poursuite du diamant vert, une femme<br />
écrivain ridicule de romans à l’eau de rose, très kitsch, qui pleurait pendant qu’elle écrivait).<br />
La nuit où nous l’avons tournée, toute l’équipe était consciente de son importance. On était<br />
dans l’expectative. Cela rendait Carmen un peu nerveuse, elle voulait donc l’aborder au plus<br />
vite. On a passé une nuit entière à la tourner et, du stagiaire jusqu’à moi-même, nous étions<br />
dans une concentration extrême devant les scènes difficiles qui justement devenaient les plus<br />
faciles dans la mesure où nous donnions tous le meilleur de nous-mêmes. À nouveau j’ai senti<br />
cette complicité sacrée avec Carmen, cette sensation formidable d’être devant un instrument<br />
parfaitement accordé à mes besoins. Toutes les prises ont été bonnes, et beaucoup d’entre<br />
elles extraordinaires. Penélope l’écoutait, parfois la tête baissée. Dans ce film on parle<br />
beaucoup, on cache beaucoup et, bien que ce soit une comédie (c’est ce que dit l’équipe), on<br />
pleure beaucoup.<br />
Depuis Femmes au bord de la crise de nerfs jusqu’au monologue de Volver, Carmen n’a pas<br />
changé en tant qu’actrice, m’en rendre compte a été un grand bonheur.<br />
Elle n’a rien appris parce qu’elle savait déjà tout, mais conserver ce feu intact tout au long de<br />
deux décennies est un exploit admirable et difficile ; je ne peux pas en dire autant de tous les<br />
acteurs avec lesquels j’ai travaillé.<br />
8
Confession de Pedro Almodóvar<br />
Volver [Revenir] est un titre qui englobe pour moi plusieurs retours. Je suis revenu, un peu<br />
plus, à la comédie. Je suis revenu à l’univers féminin, à la région de La Mancha (sans<br />
doute est-ce mon film le plus strictement manchego, à travers le langage, les coutumes, les<br />
patios, la sobriété des façades, les rues pavées). Je me suis remis à travailler avec Carmen<br />
Maura (dix-sept ans que cela ne nous était pas arrivé), avec Penélope Cruz, Lola Dueñas<br />
et Chus Lampreave. Je suis revenu à la maternité, comme origine de la vie et de la fiction.<br />
Et, tout naturellement, vers ma mère. Revenir vers La Mancha est toujours un retour au<br />
sein maternel.<br />
Pendant l’écriture du scénario et le tournage, ma mère a toujours été présente et très<br />
proche. Je ne sais pas si c’est un bon film (ce n’est pas à moi de le dire), mais je sais que<br />
ça m’a fait du bien de le faire.<br />
J’ai l’impression, et j’espère que ce n’est pas un sentiment passager, que j’ai réussi à<br />
emboîter une pièce manquante (dont l’absence, tout au long de ma vie, m’a apporté<br />
beaucoup de souffrance et d’anxiété, je dirais même que ces dernières années elle a<br />
empoisonné mon existence, en la dramatisant à outrance). Cet élément dont je parle c’est<br />
«la mort», pas seulement la mienne et celle des êtres que j’aime, mais la disparition<br />
inéluctable de tout ce qui est vivant. Je n’ai jamais pu l’accepter ni la comprendre. Et cela<br />
provoque un état d’angoisse devant la fuite à chaque fois plus rapide du temps.<br />
Le principal retour de Volver est celui du fantôme d’une mère qui apparaît à ses filles. Dans<br />
mon village, ces choses-là arrivent (j’ai grandi en entendant des histoires de revenants),<br />
pourtant, moi, je ne crois pas aux apparitions. Seulement quand ça arrive aux autres, ou<br />
quand ça se passe dans la fiction. Et cette fiction, celle de mon film (ici arrive ma<br />
confession), m’a apporté une certaine sérénité que je n’avais pas connue depuis longtemps<br />
(en réalité, la sérénité est un terme dont la signification est pour moi un mystère).<br />
Aussi longtemps que je me souvienne, je n’ai jamais été une personne sereine (et ça a<br />
toujours été le cadet de mes soucis), mon inquiétude innée ajoutée à une insatisfaction<br />
galopante m’ont en général servi de stimulant. Il en a été ainsi ces dernières années, quand<br />
ma vie s’est peu à peu détériorée, consumée par une terrible anxiété. Et ce n’était bon ni<br />
pour vivre ni pour travailler. Pour faire un film, la patience est plus importante que le talent.<br />
Et moi, ça faisait longtemps que j’avais perdu toute patience, précisément face aux choses<br />
banales qui en réclament le plus. Ceci ne veut pas dire que je sois devenu moins<br />
perfectionniste ou plus complaisant, absolument pas. Mais je crois qu’avec Volver j’ai<br />
retrouvé un peu de « patience », chose qui naturellement en engendre beaucoup d’autres.<br />
J’ai l’impression, à travers ce film, d’avoir fait un deuil nécessaire, un deuil indolore (comme<br />
celui du personnage de la voisine Agustina). J’ai comblé un vide, j’ai pris congé de quelque<br />
chose (ma jeunesse ?) que je n’avais pas encore quitté alors que je devais le faire, je ne<br />
sais pas. Il n’y a rien de paranormal dans tout cela. Ma mère ne m’est pas apparue, même<br />
si, comme je l’ai dit, j’ai senti sa présence plus proche que jamais.<br />
Volver est un hommage aux rites sociaux que pratiquent les gens de mon village et qui sont<br />
liés à la mort et aux morts. Les morts ne meurent jamais. J’ai toujours admiré et envié le<br />
naturel avec lequel les gens de chez moi parlent de leurs morts, cultivent leur mémoire et<br />
entretiennent régulièrement leurs tombes. Comme le personnage d’Agustina dans le film,<br />
beaucoup d’entre eux prennent soin de leurs propres tombes pendant des années, de leur<br />
vivant. Je sens avec un certain optimisme que je suis imprégné de tout ça et que quelque<br />
chose m’en reste.<br />
Je n’ai jamais accepté la mort, je ne l’ai jamais comprise (je l’ai déjà dit). Pour la première<br />
fois, je crois que je peux la regarder sans crainte, même si je continue à ne pas la<br />
comprendre ni à l’accepter. Je commence à me faire à l’idée qu’elle existe.<br />
En dépit de ma condition de non-croyant, j’ai essayé de faire venir le personnage (de<br />
Carmen Maura) de l’au-delà. Je l’ai fait parler du ciel, de l’enfer et du purgatoire. Et, je ne<br />
suis pas le premier à le découvrir, l’au-delà est ici. L’au-delà est ici-bas. L’enfer, le ciel ou le<br />
purgatoire, c’est nous, ils sont à l’intérieur de nous, Sartre l’a dit bien mieux que moi.<br />
9
Genre et ton<br />
Je dirais que Volver est une comédie dramatique. Le film comporte des scènes amusantes<br />
et d’autres dramatiques. Le ton se veut une imitation de « la vraie vie » mais ne relève pas<br />
de la peinture de mœurs. Il s’agirait plutôt de naturalisme surréel, si cela était possible. J’ai<br />
toujours mélangé les genres et je continue à le faire. Pour moi, c’est naturel.<br />
Le fait qu’il y ait un fantôme dans l’histoire est un élément essentiellement comique, dans la<br />
mesure où il est traité sur un mode réaliste. Toutes les tentatives de Sole pour le cacher à<br />
sa sœur, ou sa façon de le présenter aux clientes, engendrent des scènes très drôles.<br />
Même si ce qui est arrivé chez Raimunda (la mort du mari) est une chose atroce, la façon<br />
dont elle se démène pour que personne ne sache rien et ses tentatives pour se<br />
débarrasser de lui relèvent de la comédie.<br />
Bien que le mélange des genres soit naturel chez moi, cela ne signifie pas qu’il n’y ait pas<br />
de risques (le grotesque et le Grand-Guignol sont toujours un piège possible). Quand on<br />
navigue entre les genres et qu’on passe d’un ton à un autre en un rien de temps, le mieux<br />
est d’adopter une interprétation naturaliste qui rende vraisemblable la situation la plus<br />
farfelue. La seule arme sur laquelle compter, en dehors d’une mise en scène réaliste, ce<br />
sont les acteurs, les actrices, en l’occurrence. J’ai eu la chance qu’elles soient toutes dans<br />
un état de grâce permanent. Le plus grand intérêt du spectacle de Volver, ce sont elles.<br />
La force et la fragilité de Penélope Cruz<br />
Et sa beauté. Penélope se trouve au sommet de sa beauté, c’est une phrase toute faite<br />
mais, dans son cas, c’est vrai (ces yeux, ce cou, ces épaules, cette poitrine ! Penélope<br />
possède un des plus spectaculaires décolletés du cinéma international). La regarder a été<br />
un des plus grands bonheurs de ce tournage. Bien qu’elle soit devenue plus sophistiquée<br />
ces dernières années, Penélope a fait la preuve (depuis ses débuts dans Jambon, jambon)<br />
qu’elle avait plus de talent pour interpréter une femme du peuple que pour incarner une<br />
femme raffinée. Il y a sept ou huit ans, dans En chair et en os, elle jouait une petite pute<br />
ordinaire qui accouche dans un autobus. C’était dans les huit premières minutes du film et<br />
Penélope crevait littéralement l’écran.<br />
Sa Raimunda dans Volver est de la même trempe que le personnage de Carmen Maura<br />
dans Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça ?, une force de la nature qui ne recule devant<br />
rien. Quand elle s’y met, Penélope possède une énergie dévastatrice, mais Raimunda est<br />
aussi une femme fragile, très fragile. Elle peut (elle doit, c’est le scénario) être très en<br />
colère et l’instant d’après s’écrouler comme une enfant sans défense. Cette désarmante<br />
vulnérabilité est ce qui m’a le plus surpris chez Penélope-actrice, ainsi que la rapidité avec<br />
laquelle elle se met dans cet état. Il n’y a pas de spectacle plus impressionnant que de voir<br />
dans le même plan comment des yeux secs et menaçants commencent très vite à se<br />
remplir de larmes, larmes qui parfois jaillissent des paupières comme un torrent, ou, dans<br />
d’autres scènes, les inondent sans jamais déborder. Avoir été témoin de cet équilibre dans<br />
le déséquilibre a été passionnant.<br />
Penélope Cruz est une actrice qui n’a pas froid aux yeux, mais c’est le mélange avec une<br />
émotivité tellement grande qui la rend indispensable dans Volver.<br />
Ce fut un plaisir d’habiller, de coiffer et de maquiller le personnage et la personne. Le corps<br />
de Penélope ennoblit tout ce qu’on lui fait porter. Nous avons choisi des jupes serrées et<br />
des cardigans parce que ce sont des tenues classiques, très féminines et populaires à<br />
n’importe quelle époque, des années 50 à l’an 2000. Et, il faut bien le dire, parce qu’elles<br />
nous rappelaient Sophia Loren dans ses débuts de poissonnière napolitaine. Pour les<br />
magnifiques cheveux savamment désordonnés, il faut remercier le coiffeur Massimo<br />
Gattabrusi et pour le maquillage Ana Lozano. Le trait au coin de l’œil fut une trouvaille. Il n’y<br />
a qu’un élément faux dans le corps de Raimunda, ses fesses. Ces femmes-là ont toujours<br />
de gros culs, or Penélope est très mince. Le reste est tout cœur, émotion, talent, vérité, et<br />
un visage que la caméra adore. Tout comme moi.<br />
10
Réactions à la lecture du scénario<br />
La plupart des écrivains que je connais s’intéressent beaucoup au cinéma. Quelques-uns<br />
d’entre eux sont des amis. Lola, mon assistante, a envoyé le scénario de Volver à Juan<br />
José Millás et à Gustavo Martín Garzo. Je vous livre leurs réactions, des paroles dont ils ne<br />
pouvaient pas se douter que je les exploiterais dans ce dossier de presse.<br />
De : Juan José Millás<br />
À : Lola García<br />
Objet : Volver<br />
Notes de production<br />
Chère Lola, j’ai lu le scénario d’une seule traite. L’hyperréalisme des premières scènes<br />
nous plonge dans un état de grande tension émotionnelle. On a donné son nom à la<br />
peinture hyperréaliste parce qu’on ne savait pas vraiment en quoi elle se différenciait de la<br />
peinture réaliste. En Espagne, on a toujours confondu le réalisme avec la peinture de<br />
mœurs. La peinture flamande est hyperréaliste autant qu’elle est fantastique, parce qu’elle<br />
nous place dans une dimension de la réalité qui nous permet de nous étonner des<br />
situations les plus quotidiennes. À partir du moment où Pedro nous a installés dans ce<br />
contexte dès le début, qui trouve sa raison d’être avec l’apparition du fantôme dans le coffre<br />
de la voiture, il peut faire ce qu’il veut avec le spectateur. Et il le fait. Volver est un tour de<br />
passe-passe narratif permanent, un mécanisme prodigieux. On n’en voit jamais les ficelles.<br />
Dans ce scénario, il n’est pas de frontière que Pedro ne se soit pas risqué à franchir. Il se<br />
déplace sur la ligne qui sépare la vie de la mort comme un funambule sur un fil. Il mélange<br />
avec un naturel étonnant des éléments de narration apparemment incompatibles. Et plus il<br />
en ajoute, plus la logique interne du récit est grande…<br />
P.-S. Je n’ai pas pu m’empêcher, en lisant Volver, de penser à Pedro Páramo. Le roman de<br />
Rulfo et le scénario de Pedro n’ont rien à voir, excepté le naturel avec lequel les deux<br />
parviennent à faire co-exister les vivants et les morts ; le réel et l’irréel ; le fantastique et le<br />
quotidien ; l’imaginaire et le vécu ; le rêve et l’état de veille. Pendant la lecture du scénario,<br />
comme pendant la lecture du roman de Rulfo, le lecteur est plongé en permanence dans<br />
une ambiance onirique. Il est bien réveillé mais embarqué dans un rêve, qui est le récit qu’il<br />
tient entre ses mains. Ce qui est curieux c’est que le roman de Rulfo est furieusement<br />
mexicain, de la même façon que le scénario de Pedro est furieusement manchego…<br />
11
Impressions cannoises<br />
Revue de presse<br />
Deuxième grand habitué du festival à présenter son film en compétition après Ken Loach<br />
hier, Pedro Almodóvar nous propose aujourd’hui son nouveau long-métrage Volver.<br />
Volver, « Revenir » en français, nous raconte l’histoire de quatre femmes, mères, filles et<br />
sœurs, qui se retrouvent face à leur destin après un décés et une mystérieuse<br />
réapparition… On ne vous en dira pas plus, inutile de vous gâcher le plaisir puisque vous<br />
pouvez découvrir cette nouvelle perle du grand, que dis-je, du très grand Pedro dans toutes<br />
les salles françaises depuis mercredi.<br />
Comme toujours chez Almodóvar, tout est soigné, parfait, un régal ! Le scénario, les<br />
comédiennes, la musique, la lumière…<br />
Commeaucinema.com - Amélie Chauvet (Cannes, mai 2006)<br />
Score - Emmanuelle Spadacenta<br />
La recette Almodovar est toujours un succès. Ce qui désoriente vraiment dans Volver, c’est<br />
Penélope Cruz. Elle si légère (…), si superficielle, voire superflue, impressionne de<br />
détermination, émeut par une sensibilité à fleur de peau, et révèle une profondeur inouïe<br />
pour une actrice de 32 ans.<br />
Positif - Yann Tobin<br />
"Volver" est l'une des oeuvres les plus accomplies de Pedro Almodovar. L'une de ses<br />
qualités les plus évidentes réside (...) dans la perfection de son scénario.<br />
Ouest France - La Rédaction<br />
(...) ce mélodrame (...) porte la belle signature d'un Pedro Almodovar inspiré. Un cinéaste<br />
de passion et de tempérament, avec ce qu'il faut de flamboyance, de déchirements et de<br />
jubilations pour nous emporter. Il ne fait pas bon être un homme dans le cinéma<br />
d'Almodovar. (…) il est accablé de tous les défauts de la terre (…) seulement capable de<br />
mettre en valeur les vertus de la femme décrite, elle, dans ses plus beaux atours.<br />
CinéLive - Xavier Leherpeur<br />
(…) Le scénario, balançant de manière un peu trop appuyée entre tragédie et comédie, ne<br />
trouve pas toujours un point d’ancrage convaincant. (…) Demeurent en revanche un goût<br />
du lyrique épuré et abrupt, un sens aigu et toujours maîtrisé du changement de ton et du<br />
bigarré émotionnel (…). Un mélo au fémini émouvant et drôle...mais un peu inégal.<br />
Studio Magazine - Sophie Benamon<br />
Tout en mariant les genres, Almodovar vient à livrer une intrigue riche en rebondissements.<br />
Elle - Florence Ben Sadoun<br />
On est pris par surprise dans une histoire de fantômes, auxquels croient les veuves dans<br />
les villages de l'Espagne profonde et bientôt le spectateur dans son fauteuil. (...) Une<br />
véritable réussite de l'incursion du fantastique dans le quotidien.<br />
aVoir-aLire.com - Samir Ardjoum<br />
Almodovar conte fleurette à la mort et signe un beau film furieux.<br />
Libération - Gérard Lefort<br />
On ne voit pas qu'il y ait de frontière entre un récit censément fantastique et un réalisme<br />
tranquille dans la façon de le mener. Almodovar parle de « naturalisme surréel »."Volver"<br />
nous parle de transmission, d'amour plus fort que tout, de chansons tristes qui font pleurer,<br />
de plaisanteries populaires qui font rire. "Volver", notre fureur de vivre. (…)<br />
12
L’Express - C. C.<br />
Ni misérabiliste ni mièvre, le film ne cesse de prendre des détours amusants.<br />
Zurban - N. T. Binh<br />
Dans cette histoire de revenants en forme de puzzle, chaque pièce surprend le spectateur<br />
avant de trouver sa place dans un ensemble impeccablement construit. "Volver" affiche la<br />
sérénité et la perfection des chefs-d'oeuvre.<br />
Les Inrocks - Jean-Baptiste Morain<br />
"Volver", film à l'équilibre fragile, qui ne ressemble, pourtant ou justement, à rien d'autre<br />
qu'à lui-même. (…) Le spectateur ne perd jamais le fil, ou plutôt le bout des différents fils de<br />
l'intrigue - performance qui demande une extrême maîtrise des règles classiques du récit et<br />
du langage du cinéma - (…).<br />
Les Cahiers du cinéma - Emmanuel Burdeau<br />
Tout va très vite, propulsé par l'énergie et le beau coffre de Raimunda. Mais il y a partout<br />
du lest pour qu'on sente mieux l'envol, l'effort et le plaisir du transport (...). On dirait qu’avec<br />
ce titre Pedro Almodovar a voulu indiquer un virage déjà amorcé par Parle avec Elle et La<br />
Mauvaise Education : débrayage, recentrement autour de la narration, nouvelle austérité<br />
(…).<br />
L’Humanité - Marie-José Sirach<br />
"Volver" est (...) un film de maîtrise et de maturité composé de l'ensemble de l'oeuvre<br />
cinématographique d'Almodovar, de sa culture littéraire et picturale qui balaie les champs<br />
de l'histoire jusqu'aux formes les plus humbles.<br />
Première - Olivier De Bruyn<br />
(…) Si l’on n’est guère sensible aux dérapages et aux soubresauts fictionnels, on risque<br />
d’être gravement décontenancé (…). Dans le cas contraire, ce film terriblement inventif<br />
bouleversera le regard et le cœur. Pas moins ...<br />
TéléCinéObs - Olivier Bonnard<br />
En équilibre entre réalisme et fantastique, Almodovar invente un monde subtilement<br />
parallèle où les hommes ne font pas de vieux os, où les femmes se serrent les coudes, où<br />
les morts côtoient les vivants. Il livre une ode vibrante à la féminité.<br />
MCinéma.com - Olivier Pélisson<br />
Avec une mise en scène enveloppante, Almodovar chante les classes populaires, le<br />
voisinage, les femmes restées au pays, les secrets enfouis. Et le charme agit. Il se dégage<br />
de cet opus des images qui restent fortement en mémoire.<br />
Télérama - Cécile Mury<br />
Funèbre, mais jamais sinistre, "Volver" est un concentré de l'univers d'Almodóvar, pour<br />
l'humour, noir et décalé, et la science du récit qui prend peu à peu le pas sur la fantaisie<br />
baroque de ses débuts. Après un détour du côté des mâles avec La Mauvaise Education, le<br />
film célèbre une fois de plus, et plus que jamais, l’amour du réalisateur pour un monde de<br />
femmes (…). (…) Pénélope Cruz se dépouille ici de ses récentes paillettes de star<br />
hollywoodienne (…). Une révélation.<br />
Le Monde - Thomas Sotinel<br />
A condition d'être réussi, Volver offrira donc les meilleurs des mondes d'Almodovar. Réussi,<br />
le film l'est.<br />
13
Fluctuat.net - Vanina Arrighi de Casanova<br />
Retour aux sources<br />
Variation sur le thème du retour, le dernier film de Pedro Almodóvar émeut comme... un film<br />
d'Almodóvar. Trois générations de femmes se partagent l'histoire de Volver, entre rire et<br />
larmes, réalisme et "naturalisme surréel" selon les mots même du cinéaste. Son implication<br />
émotionnelle évidente donne une fois encore à son oeuvre une vérité profonde et<br />
bouleversante.<br />
Le fantôme d'une mère morte depuis quelques années revient dans les vies déjà torturées<br />
de ses filles et petite fille. Déclenchant drame, doute, révélations, et toute la palette des<br />
émotions qu'il est possible de faire passer à l'écran.<br />
Volver, revenir donc. Pour le cinéaste, c'est revenir au pays, sa région natale, La Mancha et<br />
ses traditions d'un autre temps. C'est aussi forcément un retour dans le giron maternel.<br />
Almodóvar place au centre de son récit cette relation mère-fille ambiguë et complexe qui le<br />
fascine, déjà explorée dans Talons Aiguilles. Et semble exorciser la perte de sa mère à lui,<br />
morte il y a quelques années.<br />
C'est également retrouver, après 17 ans, une de ses actrices fétiches, celle des débuts<br />
difficiles, Carmen Maura. Qui dans le récit est donc le fantôme, la mère revenue d'entre les<br />
morts pour réparer des fautes et combler des manques.<br />
La mort est un des personnages principaux de Volver et les premières images,<br />
magnifiques, donnent le ton d'un récit qui n'est pourtant jamais morbide. Des dizaines de<br />
femmes, veuves ou orphelines, s'affairent dans un cimetière sur les tombes des maris,<br />
pères et grand-pères, parfois sur leur propre caveau - ça fait partie des traditions dans cette<br />
région de l'Espagne paraît-il. Elles les astiquent plutôt gaiement, bavardant et<br />
s'embrassant, bougeant comme des abeilles aux abords de leur ruche. Ce rapport<br />
dédramatisé à la mort étonne d'ailleurs et permet à une histoire hantée par la mort de rester<br />
malgré tout optimiste.<br />
Après La mauvaise éducation, Almodóvar renoue donc avec les femmes, exclusivement<br />
des femmes. Les hommes ne font que passer brièvement dans leur vie, souvent pour le<br />
pire. Ces figures féminines qu'aime filmer le cinéaste espagnol sont des battantes, elles<br />
luttent pour leur famille, sont toujours placées face à des drames qu'elles surmontent avec<br />
une force vitale impressionnante. Ici, Raimonda - Penélope Cruz - mère d'une jeune<br />
adolescente et fille de Irene, la revenante, se débat pour protéger sa progéniture, pour<br />
renouer avec sa mère et panser les blessures du passé. L'actrice passée par Hollywood est<br />
sublime et donne - pour la première fois ? - toute la mesure de son talent.<br />
Avec virtuosité, Almodóvar s'amuse à faire rire des tragédies qu'il raconte, jouant avec les<br />
émotions du spectateur, toujours sur un fil. Le village où se déroule une bonne partie de<br />
l'action est hanté par des fantômes et peuplé de femmes, qui survivent presque toujours<br />
aux hommes, superstitieuses ou bigotes. Mais ce village, nous dit-on, est celui qui a la plus<br />
forte proportion de fous du pays.<br />
Comme dans Parle avec elle, Almodóvar prouve son talent de conteur d'histoire, avec un<br />
humour sombre et poétique, s'éloignant un peu du fantasque baroque de ses débuts. Il ne<br />
délaisse pas son obsession esthétisante en revanche, les couleurs, les objets et les<br />
costumes kitchs, et une photo absolument magnifique. Il a d'ailleurs le don de montrer la<br />
beauté des femmes à l'écran, alors même qu'il ne fait rien pour les embellir : elles sont mal<br />
fagotées, pleurent, hurlent et se mouchent, mais elles sont vivantes.<br />
Le thème du retour implique la nostalgie : pour revenir il faut d'abord être parti, et si l'on<br />
revient c'est qu'on a quelque chose du passé à régler. La musique, et notamment un vieux<br />
tango de Carlos Gardel réactualisé, porte cette humeur du début à la fin. Mais le retour<br />
implique aussi un grand optimisme, celui de pouvoir revenir et réparer, et de ne pas se<br />
laisser arrêter par cette ligne censément infranchissable, la mort. Même sans être croyant,<br />
Almodóvar nous dit qu'on peut toujours revenir à la vie.<br />
14
Chronic’Art.com - Guillaume Loison<br />
Portrait de femme emprunt de cinéphilie, intrigue à tiroirs où fantastique et fantaisie postmovida<br />
se tiennent la main… oui, nous sommes bien chez Pedro Almodovar. Depuis<br />
quelques films, le spectateur assidu pressent un manque d’oxygénation, un trop plein de<br />
familier comme si l'oeuvre presque trop aboutie stagnait dans une perfection formelle à la<br />
limite de l’aliénation. Impossible par exemple, de ne pas appréhender La Mauvaise<br />
éducation dans cette perspective, perclus du doute tenace que la seule mécanique d’Almo<br />
ronronne trop bien qu’au final le doute soit levé. Et puis non, finalement, les films se<br />
retournent au moment où l’on ne si attend pas, ils se brisent, se tâchent ou redoublent de<br />
virtuosité et de charme. L’intérêt de Volver tient justement dans cette capacité à jouer au<br />
chat et à la souris avec le spectateur. Davantage exercice de relâchement que de drague<br />
soutenue, le film, plus sobre qu’à l’accoutumée, se permet paradoxalement tous les excès :<br />
déliquescence, ennui, clichés, tout cela finit cependant par germer.<br />
Dans son cas, parler de film de la maturité paraît galvaudé, il n’empêche qu’Almodovar n’a<br />
ici plus rien d’un formaliste complaisant. La sérénité selon lui tient autant à une tenue<br />
formelle impeccable qu’à cette manière de salir cette perfection graphique par excès de<br />
suavité. Pour un cinéaste lambda ou un faux vieux (Christophe Gans), cela engendre un<br />
bouillonnement sirupeux au fond très adolescent, alors que pour le madrilène joufflu, la<br />
souillure assèche l’ensemble et lui redonne une contenance. Il y a dans ce cinéma, une<br />
respiration intrinsèque : alors que le film sombre dans la complaisance narcissique, la<br />
boursouflure scénaristique ou formelle qui s’ensuit lui permet de retrouver du souffle, du<br />
moins une justification existentielle.<br />
L’histoire se résume ainsi en une suite de coups du sort et de défis à relever : cadavre à<br />
faire disparaître, dignité à retrouver, espace à investir. A la manière frénétique qu’a<br />
Pénélope Cruz de lustrer la tombe de ses parents avant de s’improviser restauratrice,<br />
cheftaine ou petite fille, Almodovar construit son film brique après brique. L’intérêt ne<br />
consiste plus à recouvrir de rimmel son intrigue, mais à affronter pleinement ses désirs<br />
contradictoires de cinéma. Faire revenir d’anciennes muses et les intégrer au présent,<br />
tâtonner souplement pour que chaque élément troue sa place à l’image de Carmen Maura,<br />
de moins en moins spectrale au fil du temps, comme retravaillée patiemment durant le film.<br />
Et c’est cette confiance en l’imperfection qui confère à Volver une vivacité nouvelle et<br />
insoupçonnée, principe à la fois très posé et peu rassurant pour l’avenir tant il semble aussi<br />
clairement tracé. Une chose est sûr, Pedro aime toujours autant les trompe-l'oeil et il n’en<br />
reste pas moins difficile de ne pas s’y laisser berner.<br />
Objectif-cinema.com - Nicolas Vollordre<br />
C’est pas le zéphyr,<br />
N’aurait pu suffire,<br />
C’est pas lui non plus<br />
L’aquilon joufflu,<br />
C’est pas pour autant<br />
L’autan.<br />
Non, mais c’est le plus fol<br />
Et le plus magistral<br />
De la bande à Eole,<br />
En un mot : le mistral.<br />
Il me la fit connaître,<br />
Aussi, dorénavant,<br />
Je ne mouds plus mon blé<br />
Qu’à des moulins à vent.<br />
(Brassens)<br />
15
Quelques plans insolites de Volver montrent les moulins à vent contemporains que sont les<br />
éoliennes, géants blanchis à la chaux andalouse, dispositifs écologiques s’il en est.<br />
Quoiqu’on en dise, du simple point de vue esthétique, ces totems ont de la gueule. Ils sont<br />
cependant loin d’être non-polluants, leur vacarme pour le voisinage immédiat ayant quelque<br />
chose d’infernal, un peu comme les balayeuses motorisées qui, sur les trottoirs les plus<br />
touristiques de Paris (que fait la police ? que font les petits hommes Verts ?), de Manille, ou<br />
d’ailleurs, remplacent les simples, mais jugés pas assez chers ou chics, balais à main, en<br />
émettant quantité de décibels et de vapeurs de gazolle trouant le cul du ciel. Ces plans, et<br />
d’autres signes, comme la voiture rouge de l’héroïne, immatriculée à Tolède, permettent de<br />
situer une partie des séquences du côté de la Manche - celle de Cervantès, pas celle de<br />
Flaubert. Le reste du film dévoile l’« architecture » d’un no man’s land de briques rouges,<br />
une sorte de Madrid Année Zéro, le quartier populaire de Vallecas où, après la mise à sac<br />
franquiste de la capitale, se sont agglutinés au fil des années pauvres, des milliers de<br />
paysans issus notamment de l’aride plaine castillane.<br />
Si, par hasard<br />
Sur l’Pont des Arts<br />
Tu croises le vent, le vent fripon<br />
Prudenc’, prends garde à ton jupon<br />
Si, par hasard<br />
Sur l’Pont des Arts<br />
Tu croises le vent, le vent maraud<br />
Prudent, prends garde à ton chapeau<br />
(Brassens)<br />
L’esthétique du film n’a rien à voir avec le Surréalisme, quoiqu’en disent les concombres<br />
masqués de la critique cinéma, ni même avec le fantastique - la morte n’est pas une<br />
zombie romeriste (article sur Land of the Dead de George A. Romero) ou un spectre<br />
mizoguchien, il y a simplement eu erreur sur la personne -, même si, physiquement,<br />
Almodovar pourrait à l’occasion incarner Goya à l’écran. Le cinéaste se réfère explicitement<br />
et clairement au courant néo-réaliste (para et post-fasciste) italien, citant même un des films<br />
de Visconti, Bellissima, qui date de 1951 et qui est interprété par la grosse mamma<br />
Magnani. La direction d’acteurs reprend d’ailleurs les clichés du cinéma italien d’aprèsguerre<br />
: Carmen Maura a l’air absent et l’expression ahurie d’une Giulietta Masina,<br />
Pénélope Cruz, jouant les Sophia Loren, se présente toutes fesses et seins dehors (une<br />
question, à propos de ses retouches chirurgicales, supputées ou réelles, lui est directement<br />
et ironiquement posée par une des protagonistes en ces termes : « Dis donc, tu n’avais pas<br />
ces nichons-là il y a dix ans ? »), Blanca Portillo a une coupe de cheveux qui semble<br />
hésiter entre le look pucelle (cf. Procès de Jeanne d’Arc), punk (elle fume des joints pour se<br />
donner du baume au cœur), péquenaude (la simplette du village) et cancéreuse. On est ici<br />
dans le méli-mélo fassbinderien (en moins politisé, en plus nombriliste), dans le cancan, le<br />
commérage et le futile cukoriens, le kitsch (c.à.d. le baroque du lumpenproletariat), l’eau de<br />
rose à tous les étages, les personnages féminins fantasmés par les hommes, comme chez<br />
Fellini, comme chez Bergman, bien sûr en plus léger, minoré, timoré.<br />
J’ai perdu la tramontane<br />
En trouvant Margot<br />
Princesse vêtue de laine<br />
Déesse en sabots<br />
(...) Qu’il me pardonne ou non<br />
D’ailleurs, je m’en fous<br />
J’ai déjà mon âme en peine<br />
Je suis un voyou<br />
(Brassens)<br />
16
La mort est un des thèmes d’affection du cinéaste mafflu à la moumoute bouffante, crêpée<br />
et grise qui, à l’en croire, tombe malade à l’approche de chaque tournage. Ses deux<br />
thèmes majeurs (la femme, la mort) sont d’emblée exposés, via des panos horizontaux<br />
allant de droite à gauche, dans une belle séquence inaugurale, générique, dynamique,<br />
dévoilant une foule de survivantes (les hommes, tous des salauds, des goujats, des<br />
supporters de foot glandeurs et onanistes, des violeurs, des fuyards forment le hors-champ<br />
almodovarien), de veuves joyeuses, de pleureuses et autres lavandières en goguette qui<br />
époussettent, lavent, brossent et lustrent les pierres tombales de marbre gris du cimetière<br />
de Granátula, près de Calatrava.<br />
Regarde, ami Sancho, voilà devant nous au moins trente démesurés géants, auxquels je pense livrer bataille et<br />
ôter la vie à tous tant qu’ils sont (...) Un peu de vent s’étant alors levé, les grandes ailes commencèrent à se<br />
mouvoir (...) au moment où il perçait l’aile d’un grand coup de lance, le vent la chasse avec tant de furie<br />
qu’elle met la lance en pièces, et qu’elle emporte après elle le cheval et le chevalier (...) Miséricorde ! s’écria<br />
Sancho, n’avais-je pas bien dit à votre grâce qu’elle prît garde à ce qu’elle faisait, que ce n’était pas autre<br />
chose que des moulins à vent, et qu’il fallait, pour s’y tromper, en avoir d’autres dans la tête ?<br />
(Cervantès, L’Ingénieux hidalgo Don Quichotte de la Manche, 1616)<br />
Il y est donc aussi question de vents, de ceux qu’émet l’être humain, sous forme de pets,<br />
de ceux mauvais émis par la nature, provenant toujours du Nord, et d’éventails destinés<br />
non pas simplement à se rafraîchir mais à chasser tout souffle morbide. D’un vent de folie<br />
qui serait à l’origine des dérèglements, des comportements excessifs, des actes extrêmes<br />
des personnages du film, qui ne saurait justifier la gravité de ceux-ci, mais qui permet de<br />
les expliquer et, sans doute, de les relativiser. Inceste, adultère, pyromanie, crime, on en<br />
passe et des meilleurs.<br />
Comme tous les ploucs et (jeanclaudes) vandales d’Hollywood (cf. Ray), Almodovar donne<br />
l’impression d’être à trois minutes près dans un film qui est pourtant longuet et bavard,<br />
d’une durée de près de deux heures (puisque, comme nous l’avons déjà remarqué, on ne<br />
sait plus faire court au cinéma) : il se permet non seulement d’abréger la chanson de<br />
Gardel et Lepera, Volver, qui donne son joli titre au film, mais d’intercaler un dialogue au<br />
moment où la fille d’Enrique, Estrella Morente, chante en play-back et en style flamenco un<br />
des deux chefs d’œuvre de la milonga (l’autre étant Melodia de Arrabal) créés par ces deux<br />
figures de la chanson populaire argentine. On attendra donc la sortie de son disque,<br />
Mujeres, le 3 juillet prochain, pour entendre le morceau dans son intégr(al)ité.<br />
Je devine le scintillement<br />
des lucioles qui au loin<br />
annoncent ma retournée<br />
celles-là mêmes qui allumèrent<br />
avec leurs pâles reflets<br />
les temps forts de la douleur<br />
et même si on n’souhaite pas rentrer<br />
on r’vient toujours<br />
vers son premier amour...<br />
(Alfredo Lepera, Volver, 1935)<br />
17
Penélope Cruz<br />
Actrices<br />
Actrice espagnole, née le 28 Avril 1974 à Madrid (Espagne)<br />
Penélope Cruz commence par apprendre la danse au Conservatoire National Espagnol avant<br />
d'entamer une carrière d'actrice. Elle fait de petites apparitions à la télévision de son pays avant<br />
d'obtenir un rôle secondaire dans El laberinto griego de Rafael Alcàzar, en 1991. Peu après, elle est<br />
repérée par le réalisateur espagnol José Juan Bigas Luna, qui lui propose le rôle dénudé de la belle<br />
Silvia dans Jambon Jambon. Elle accepte. Sa carrière est lancée.<br />
Les propositions affluent alors, lui permettant de choisir ses rôles et réalisateurs. Pour Alejandro<br />
Amenabar dans le vertigineux Ouvre les yeux (1997), elle représente l'objet du désir trouble et<br />
mystérieux d'Eduardo Noriega. Elle apparaît chez Pedro Almodovar en nonne craquante dans Tout<br />
sur ma mère, Prix de la mise en scène à Cannes en 1999. Son talent traverse les frontières : elle<br />
joue dans le western The Hi-Lo Country de Stephen Frears et dans la comédie culinaire Amour,<br />
piments et bossa nova. Nicolas Cage et Christian Bale, quant à eux, se battent à mort pour ses<br />
beaux yeux dans Capitaine Corelli (2001).<br />
En 2002, Penélope Cruz partage l'affiche de Vanilla sky (le remake américain d'Ouvre les yeux) avec<br />
son compagnon Tom Cruise, avant de rejoindre l'univers du producteur Luc Besson pour Fanfan la<br />
Tulipe. Devenue actrice internationale de premier plan, elle donne la réplique à Halle Berry dans le<br />
thriller fantastique Gothika de Mathieu Kassovitz (2003), compose avec Charlize Theron un<br />
séduisant duo d'actrices dans Nous étions libres (2004), puis s'aventure dans le désert du Sahara<br />
(2005). Des vélléités hollywoodiennes qui ne l'éloignent pas du cinéma d'auteur, en témoigne son<br />
rôle dans A corps perdus (2004), de, et avec, Sergio Castellitto. Retour à un film d'aventures avec<br />
Bandidas, où l'actrice espagnole forme avec Salma Hayek un duo explosif (2005).<br />
Filmographie<br />
Films Rôles<br />
Manolete (Prochainement), de Menno Meyjes Antoñita "Lupe" Sino<br />
The Good night (Prochainement), de Jake Paltrow Anna<br />
In Search of Ted Demme (Prochainement) Elle-même<br />
Noel (Prochainement), de Chazz Palminteri<br />
La Piel que habito (2007), de Pedro Almodovar<br />
Volver (2006), de Pedro Almodovar Raimunda<br />
Chromophobia (2006), de Martha Fiennes Gloria<br />
Bandidas (2006), de Joachim Roenning Maria<br />
Sahara (2005), de Breck Eisner Dr. Eva Rojas<br />
A corps perdus (2005), de Sergio Castellitto Italia<br />
Nous étions libres (2004), de John Duigan Mia<br />
Gothika (2004), de Mathieu Kassovitz Chloé Sava<br />
Sans nouvelles de Dieu (2003), de Agustin Diaz Yanes Carmen Ramos<br />
Fanfan la Tulipe (2003), de Gérard Krawczyk Adeline<br />
Vanilla Sky (2002), de Cameron Crowe Sofia Serrano<br />
Masked & anonymous (2002), de Larry Charles Pagan Lace<br />
Blow (2001), de Ted Demme Mirtha Jung<br />
Capitaine Corelli (2001), de John Madden Pelagia<br />
De si jolis chevaux (2001), de Billy Bob Thornton Alejandra<br />
Amour, piments et bossa nova (2000), de Fina Torres Isabella Oliveira<br />
The Hi-Lo Country (1999), de Stephen Frears Josepha O'Neil<br />
Tout sur ma mère (1999), de Pedro Almodovar Soeur Rosa<br />
Ouvre les yeux (1998), de Alejandro Amenabar Sofia<br />
L'Amour nuit gravement à la santé (1998), de Manuel Gomez Pereira Diana jeune<br />
Don Juan (1998), de Jacques Weber Mathurine<br />
If Only (1998), de Maria Ripoll Louise<br />
La Fille de tes rêves (1998), de Fernando Trueba Macarena Granada<br />
Talk of angels (1998), de Nick Hamm Pilar<br />
En chair et en os (1997), de Pedro Almodovar<br />
Mi-fugue, mi-raisin (1995), de Fernando Colomo<br />
Belle Epoque (1994), de Fernando Trueba Luz<br />
Jambon Jambon (1993), de José Juan Bigas Luna Silvia<br />
El laberinto griego (1991), de Rafael Alcàzar Elise Sémouna<br />
Volaverunt, de José Juan Bigas Luna Pepita Tudo<br />
18
Carmen Maura<br />
Actrice espagnole Née le 15 Septembre 1945 à Madrid (Espagne)<br />
Fille d'un politicien conservateur espagnol, Carmen Maura tient une galerie d'art avant de se lancer dans la<br />
comédie. Elle sera successivement actrice de café théâtre, de théâtre classique et animatrice pour la télévision<br />
avant d'apparaître pour la première fois au cinéma en 1971 dans le drame El Hombre oculto d'Alfonso Ungria. Il<br />
faut cependant encore six ans à la jeune femme pour se faire réellement remarquer dans Tigres de papel<br />
(1977), avant de passer devant la caméra de Carlos Saura dans Les Yeux bandés en 1978.<br />
1980 voit la rencontre de l'actrice avec Pedro Almodovar sur Pepi, Luci, Bom et autres filles du quartier. La<br />
collaboration s'étend tout au long de la décennie, de Dans les tenebres (1983) à Femmes au bord de la crise de<br />
nerfs (1988) en passant par Qu'est-ce que j'ai fait pour meriter ca? (1984), Matador (1986) et La Loi du desir<br />
(1987).<br />
En 1990, Carmen Maura retrouve Carlos Saura dans Ay Carmela ! puis tourne pour Gonzalo Suarez dans La<br />
Reina anonima deux ans plus tard. Les années quatre vingt-dix voient également l'ex-égérie d'Almodovar<br />
franchir les Pyrénées pour jouer en France. Le public hexagonal la voit ainsi dans Louis, enfant roi (1993) où<br />
elle incarne Anne d'Autriche, en épouse de Michel Serrault dans Le Bonheur est dans le pré (1995), puis dans<br />
l'univers plus austère d'André Techiné dans Alice et Martin (1998).<br />
Actrice internationale bien que la majorité de ses 78 longs métrages aient été tournés en Espagne, Carmen<br />
Maura rejoint Le Harem de Mme Osmane de Nadir Mokneche en 2000, puis tourne dans la foulée sous la<br />
direction de son compatriote Alex de la Iglesia dans la comédie noire Mes chers voisins, récompensé au<br />
Festival de Cognac et dans le western comédie, 800 balles.<br />
Après un périple au côté de Jacques Gamblin dans 25° en hiver, elle côtoie deux autres égéries de Pedro<br />
Almodovar dans le loufoque Reinas (2005). Si l'actrice espagnole interprète Mrs. Breitberg dans Free zone<br />
(2005), le film israëlien très féminin d'Amos Gitaï, elle reste une des personnalités favorites de Pedro Almodovar<br />
en apparaissant dans Volver (2005) aux côtés de l'actrice Penélope Cruz.<br />
Films Rôles<br />
Les Vieux sont nerveux (Prochainement), de Thierry Boscheron<br />
Nos chères têtes blondes (Prochainement), de Charlotte Silvera<br />
Phosphène (Prochainement), de Patrice Boiteau<br />
Volver (2006), de Pedro Almodovar Abuela Irene<br />
Reinas (2006), de Manuel Gomez Pereira Magda<br />
Free zone (2005), de Amos Gitaï Mme Breitberg<br />
25° en hiver (2004), de Stéphane Vuillet Abuelita<br />
800 balles (2004), de Alex de la Iglesia Laura<br />
Le Pacte du silence (2003), de Graham Guit Mère Emmanuelle<br />
Le Ventre de Juliette (2003), de Martin Provost Julia<br />
Mes chers voisins (2002), de Alex de la Iglesia Julia<br />
Arregui, la nouvelle du jour (2001), de Maria Victoria Menis Isabel<br />
Le Harem de Mme Osmane (2000), de Nadir Moknèche Madame Ousmane<br />
Nuages (2000), de Marion Hänsel (voix espagnole)<br />
Carretera y manta (2000), de Alfonso Arandia Concha<br />
Superlove (1999), de Jean-Claude Janer<br />
Lisboa (1999), de Antonio Hernandez Berta<br />
Alice et Martin (1998), de André Techiné Jeanine Sauvagnac<br />
Alliance cherche doigt (1997), de Jean-Pierre Mocky Geneviève Lechat<br />
Tortilla Y cinema (1997), de Martin Provost Carmen Maura, la star<br />
Amores que Matan (1996), de Juan Manuel Chumilla Consuelo<br />
Le Bonheur est dans le pré (1995), de Etienne Chatiliez Dolores Thivart<br />
Louis, enfant roi (1993), de Roger Planchon Anne d'Autriche<br />
Des ombres dans une bataille (1993), de Mario Camus Ana<br />
La Reina anonima (1992), de Gonzalo Suarez Ana Luz<br />
Pepi, Luci, Bom et autres filles du quartier (1990), de Pedro Almodovar Pepi<br />
Ay Carmela ! (1990), de Carlos Saura Carmela<br />
Matador (1988), de Pedro Almodovar Julia<br />
La Loi du désir (1988), de Pedro Almodovar Tina Quintero<br />
Bâton Rouge (1988), de Rafael Moleon Isabel<br />
Femmes au bord de la crise de nerfs (1988), de Pedro Almodovar Pepa Marcos<br />
Tata Mia (1986), de José Luis Borau Elvira<br />
Dans les ténèbres (1984), de Pedro Almodovar Soeur Perdida<br />
Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça ? (1984), de Pedro Almodovar<br />
Salut l'ami, adieu le trésor (1981), de Sergio Corbucci<br />
Sur la terre comme au ciel (1981), de Marion Hänsel Maria<br />
Les Yeux bandés (1978), de Carlos Saura<br />
Tigres de papier (1977), de Fernando Colomo Carmen<br />
El Hombre oculto (1971), de Alfonso Ungria La jeune fille<br />
19
Ficha artística<br />
Interpretación:<br />
Penélope Cruz Raimunda<br />
Carmen Maura Abuela Irene<br />
Lola Dueñas Sole<br />
Blanca Portillo Agustina<br />
Yohana Cobo Paula<br />
Chus Lampreave Tía Paula<br />
María Isabel Díaz Regina<br />
Neus Sanz<br />
Pepa Aniorte<br />
Yolanda Ramos<br />
Antonio de la Torre<br />
Carlos Blanco<br />
Fiche technique<br />
Volver<br />
Volver<br />
Ficha Técnica<br />
Dirección y guión: Pedro Almodóvar<br />
País: España<br />
Año: 2006<br />
Duración: 110 min<br />
Género: Comedia dramática<br />
Producción: Esther García<br />
Música: Alberto Iglesias, Estrella Morente<br />
Fotografía: José Luis Alcaine<br />
Montaje: José Salcedo<br />
Estreno en España: 17 Marzo 2006.<br />
Trailer de "Volver" : http://es.movies.yahoo.com/v/volver/index-369431.html<br />
20
Director<br />
Pedro Almodóvar<br />
Infancia y juventud (1951 - 1984)<br />
Nació el 24 de septiembre de 1951 en Calzada de<br />
Calatrava, una pequeña localidad en la provincia de<br />
Ciudad Real, en una humilde familia de<br />
campesinos. A los 8 años emigró a Extremadura;<br />
estudió el bachillerato con los padres Salesianos y<br />
Franciscanos en Cáceres; en esta ciudad se aficionó<br />
al cine de manera compulsiva. A los 16 años se<br />
marchó a Madrid con el propósito de estudiar cine.<br />
La escuela de Cine había sido cerrada por Franco y<br />
no pudo matricularse. Trabajó en múltiples y<br />
esporádicos empleos, pero no pudo comprarse su<br />
primera cámara de Súper 8 hasta que no consiguió<br />
un empleo de auxiliar administrativo en la<br />
Telefónica donde estuvo 12 años, y empezó a<br />
interesarse por el cine y el teatro de vanguardia<br />
como miembro del grupo teatral Los Goliardos en el<br />
que conoció al fallecido Félix Rotaeta y a la que<br />
sería una de sus musas: Carmen Maura.<br />
A finales de los 70 escribió guiones de cómic y colaboró en revistas contraculturales<br />
como Star, Víbora y Vibraciones con relatos y artículos creando incluso un personaje<br />
propio llamado Pathy Dhyfusa. En 1972 comenzó a rodar sus primeros cortos en Super<br />
8 y los lleva de Madrid a Barcelona haciendo de manera casera él mismo el doblaje. Se<br />
convirtió en uno de los protagonistas de la llamada movida madrileña; en ella participó<br />
como cantante junto a Fabio McNamara en un dúo de punk-glam-rock paródico en un<br />
local de ambiente. Publicó entonces y después, entre otras cosas, una novela corta<br />
(Fuego en las entrañas), alguna fotonovela porno (Toda Tuya) y múltiples<br />
colaboraciones en periódicos y revistas: El País, Diario 16 y La Luna. Su primera película<br />
fue Pepi, Luci, Bom y otras chicas del montón, elaborada con medio millón de pesetas<br />
(aprox. 3000 €) gracias a la colaboración de Félix Rotaeta y Carmen Maura y a salto de<br />
mata con un guión de fotonovela escrito por Pedro a raíz de un encargo de la revista El<br />
Víbora, titulado Erecciones Generales.<br />
Madurez (1985 -)<br />
Tras el éxito dentro de la Movida, hizo varias películas más y, harto de mendigar<br />
financiación, fundó junto a su hermano Agustín la compañía productora «El Deseo» en<br />
1985 para producir con independencia sus guiones; el primer largometraje de esta<br />
época es La ley del deseo, 1986. Esta película, realizada con grandes dificultades, se<br />
convirtió en una de las más transgresoras del cine español. Desde entonces, aparte de<br />
los de Almodóvar, El Deseo ha producido filmes de directores como Álex de la Iglesia,<br />
Guillermo del Toro, Daniel Calparsoro, Mónica Laguna y recientemente a Isabel Coixet y<br />
a la pareja formada por Dunia Ayaso y Félix Sabroso.<br />
En el 2003, manifestó que la Academia de las Artes y las Ciencias Cinematográficas de<br />
España se había equivocado al no seleccionar a Hable con ella para la categoría de<br />
mejor película extranjera. Este pronóstico se corroboró cuando la Academia de Cine que<br />
otorga los Oscars descartó Los lunes al sol como finalista en la categoría de mejor<br />
película extranjera, y premió con el Óscar al mejor guión a Hable con ella, nominándola<br />
además en el apartado de mejor director, algo tremendamente insólito.<br />
21
Dos años después, Pedro Almodóvar y su hermano abandonaron la Academia de las<br />
Artes y las Ciencias Cinematográficas de España, alegando su desacuerdo con el<br />
sistema vigente de votaciones de los Goya por el que, con muy pocos votos, una<br />
película puede hacerse ganadora de un premio, además de manifestar su contrariedad<br />
ante un sitio en el que no se los quiere.<br />
Un año antes, en el 2004, durante la presentación de la película "la mala educación" ya<br />
había dado muestra de su carácter impulsivo al declarar que "el PP estuvo a punto, el<br />
sábado a las doce de la noche, de provocar un golpe de Estado", aunque luego rectificó<br />
[Terra].<br />
En la última edición de los premios, éstos habían ido en su mayor parte a Alejandro<br />
Amenábar con su película Mar adentro, dejando sin ninguno a la La mala educación, la<br />
cual había obtenido 4 nominaciones. La muerte de su madre supuso un cierto giro en su<br />
trayectoria, que le hizo volver hacia sus orígenes, recientemente representados en<br />
Volver (2006), película que le ha reportado grandes éxitos internacionales, tanto a él<br />
como a su actriz principal Penélope Cruz, la cual junto al resto del reparto femenino del<br />
film fue galardonada en Cannes.<br />
http://es.wikipedia.org/wiki/Pedro_Almod%C3%B3var<br />
PELÍCULAS:<br />
Volver 2006<br />
La mala educación 2004<br />
Hable con ella 2002<br />
Todo sobre mi madre 1999<br />
Carne trémula 1997<br />
La flor de mi secreto 1995<br />
Kika 1993<br />
Tacones lejanos 1990<br />
Átame 1989<br />
Mujeres al borde de un ataque de nervios 1987<br />
La ley del deseo 1986<br />
Matador 1985<br />
¿Qué he hecho yo para merecer esto? 1984<br />
Entre Tinieblas 1983<br />
Laberinto de Pasiones 1982<br />
Pepi, Luci, Bom y otras chicas del montón 1980<br />
PRODUCCIONES:<br />
Acción Mutante 1993<br />
Tengo una casa 1996<br />
Pasajes 1996<br />
El espinazo del Diablo 2001<br />
La fiebre del loco 2001<br />
Mi vida sin mi 2003<br />
Descongélate 2003<br />
Los sin tierra 2004<br />
La niña santa 2004<br />
http://www.clubcultura.com/clubcine/clubcineastas/almodovar/esp/home.htm<br />
22
Sinopsis<br />
Sinopsis y críticas<br />
Tres generaciones de mujeres sobreviven al viento solano, al fuego, a la locura, a la<br />
superstición e incluso a la muerte a base de bondad, mentiras y una vitalidad sin<br />
límites.<br />
Ellas son Raimunda (Penélope Cruz) casada con un obrero en paro y una hija<br />
adolescente (Yohana Cobo). Sole (Lola Dueñas), su hermana, se gana la vida como<br />
peluquera. Y la madre de ambas, muerta en un incendio, junto a su marido (Carmen<br />
Maura). Este personaje se aparece primero a su hermana (Chus Lampreave) y después<br />
a Sole, aunque con quien dejó importantes asuntos pendientes fue con Raimunda y con<br />
su vecina del pueblo, Agustina (Blanca Portillo).<br />
" Volver" no es una comedia surrealista, aunque en ocasiones lo parezca. Vivos y<br />
muertos conviven sin estridencias, provocando situaciones hilarantes o de una emoción<br />
intensa y genuina. Es una película sobre la cultura de la muerte en mi Mancha natal. Mis<br />
paisanos la viven con una naturalidad admirable. El modo en que los muertos continúan<br />
presentes en sus vidas, la riqueza y humanidad de sus ritos hace que los muertos no<br />
mueran nunca.<br />
“Volver” destruye los tópicos de la España negra y propone una España tan real como<br />
opuesta. Una España blanca, espontánea, divertida, intrépida, solidaria y justa.<br />
http://www.clubcultura.com/clubcine/clubcineastas/almodovar/volverlapelicula/index.html<br />
Críticas<br />
Chicago Sun-Times - Roger Ebert<br />
Encantadora, tierna, transgresora (...) Sus personajes afrontan los problemas no con<br />
metafísica sino con sentido común. (...)<br />
Diario El Mundo - Carlos Boyero<br />
La hermosa película.<br />
Diario El País - M. Torreiro<br />
Trabajo primoroso de repliegue hacia el Almodóvar más recóndito y personal, Volver no<br />
sería lo que es sin el trabajo brillante de todas las actrices (...) inmensas en sus<br />
golosos, extraordinarios personajes.<br />
Diario ABC - E. Rodríguez Marchante<br />
Almodóvar se abre de par en par. (...) El material narrativo que maneja es, como<br />
siempre, insólito, entre inverosímil y surrealista.<br />
Diario El País - Diego Galán<br />
Una película excepcional.<br />
http://www.filmaffinity.com/es/film428723.html<br />
23
CRÍTICA por Miguel Laviña Guallart<br />
A vueltas con el pasado<br />
El título de la nueva obra de Pedro Almodóvar, en apariencia tan sencillo, esconde<br />
numerosos significados. “Volver” es un regreso, más bien un viaje de ida y vuelta, a los<br />
orígenes del director, un en-clave de La Mancha muy similar al lugar donde nació.<br />
Significa la vuelta a la comedia y al universo femenino, que ha ocupado gran parte de<br />
su filmografía, y también el reencuentro con una de sus actrices más emblemáticas,<br />
Carmen Maura. Supone incluso una mirada a su propia trayectoria hasta el momento,<br />
una especie de resumen que contiene parte de sus constantes temáticas junto a la<br />
estilización formal alcanzada en sus últimos trabajos. Todo ello en una nueva muestra<br />
del momento de gran madurez creadora que atraviesa el cineasta.<br />
A pesar de ser considerado un autor esencialmente urbano y uno de los que mejor ha<br />
captado el espíritu de las calles de Madrid, la sombra del pueblo ha planeado muchas<br />
veces sobre sus personajes, como una especie de llamada y lugar seguro donde<br />
refugiarse. En “¿Qué he hecho yo para merecer esto?” Chus Lampreave, inolvidable<br />
Abuela, decidía abandonar la ciudad, toda una declaración de intenciones. En las últimas<br />
secuencias de “Átame” Ricky-Antonio Banderas huía hasta la deshabitada localidad de<br />
su nacimiento, y, entre otras referencias, en “La flor de mi secreto” Leo-Marisa Paredes,<br />
tras su ruptura matrimonial y exclamar aquello de “¿Existe alguna posibilidad, por<br />
pequeña que sea, de salvar lo nuestro?”, volvía en busca del consuelo de su madre (de<br />
nuevo, Lampreave) que le diagnosticaba cómo desde que la había abandonado su<br />
marido estaba “como vaca sin cencerro”.<br />
Han pasado ya suficientes años para que Almodóvar pueda mirar hacia atrás sin ira y<br />
analizar el entorno del que un día salió, sin duda, entre otras razones, en busca de<br />
libertad. Esta aproximación frontal, toda una catarsis de su pasado, tuvo su primer y<br />
amargo episodio en “La mala educación”. Se pregunta ahora con gran sabiduría qué se<br />
esconde tras los muros y los portones de las casas, y qué se mueve en torno a esos<br />
patios. Sigue existiendo el valor de vecindad, una cadena similar a la familiar, la<br />
presencia y aceptación de la muerte como parte más de la propia vida, a espaldas de<br />
una sociedad que se empeña en ignorarla, y descubre cómo un lugar cerrado puede<br />
esconder oscuros secretos. Reivindica estos signos de identidad bajo el que subyace una<br />
profunda reivindicación del papel de la mujer y, en especial, de la figura de la madre.<br />
Conjuga la comedia con el costumbrismo y aires del realismo social, el melodrama y la<br />
intriga, junto con unos toques fantásticos y de humor negro. Demuestra de nuevo su<br />
maestría para entrelazar de manera única los distintos géneros y, al igual que en la vida<br />
misma, pasar de la risa al llanto en un instante. Logra uno de los retos más difíciles en<br />
la comedia, que es construir, a partir de unas circunstancias dramáticas, unos diálogos<br />
cargados de ingenio y humor. Al mismo tiempo, utiliza unos elementos emocionales que<br />
llevados a su extremo dan como resultado el melodrama. Las desaforadas historias del<br />
cine clásico en las que tanto se inspira han resistido bien el paso del tiempo y, hoy día,<br />
es uno de los pocos capaces de evocar aquella forma tan especial de expresarse, sin<br />
ningún pudor y cargado de convicción. De esta forma, se suceden algunas admirables<br />
secuencias que sortean un argumento difícil de sacar hacia delante, y que en algún<br />
tramo no puede evitar tener algunas grietas.<br />
Continúa con una depuración estilística que tiene como mejor exponente la magistral<br />
sencillez alcanzada con “Hable con ella”. Se rodea de algunos de sus colaboradores<br />
habituales, la vibrante música de Alberto Iglesias, el montaje de José Salcedo y la<br />
fotogra-fía J.L. Alcaine, un maestro de la luz que combina la naturalidad con la<br />
sensación de irrealidad en los interiores manchegos. Evita la dispersión de los<br />
personajes episódicos o las digresiones, y es tan sólo innecesaria, por ya conocida, la<br />
crítica a la llamada televisión basura. Rueda sin artificios, su presencia se hace menos<br />
evidente mediante una dirección totalmente al servicio de lo narrado y sus intérpretes,<br />
con una mirada de enorme profundidad, junto con algunos curiosos guiños al pasado.<br />
24
Todo ello se sustenta en la solidez del reparto femenino. Penélope Cruz, algo perdida<br />
en su periplo internacional, recibe un papel que sería un regalo para cualquier actriz.<br />
Pone su alma y el director sabe guiarla, construyendo, además, unos planos que sacan<br />
más partido que nunca a su belleza. Pese al notable esfuerzo de interpretación y<br />
caracterización, es tal su fulgor que precisamente éste es uno de los problemas de la<br />
cinta: en algunos momentos cuesta creerla como madre de una adolescente venida a la<br />
ciudad, trabajando y tirando de su familia. Un momento que pone de manifiesto la<br />
fascinación por su intérprete y, al mismo tiempo, lo aleja peligrosamente de la credibilidad,<br />
es la utilización de forma inadecuada y artificiosa de la hermosa versión de<br />
“Volver” con voz de Estrella Morente. Esta dificultad se hace todavía más visible al<br />
estar rodeada por Lola Dueñas y Blanca Portillo, que encajan de forma espléndida en<br />
sus personajes.<br />
El encuentro con Carmen Maura es uno de los acontecimientos más felices de los<br />
últimos tiempos en nuestro Cine. La actriz, de gran eficacia naturalista, capaz de<br />
cambiar de registro con aparente facilidad, lo acompañó en la primera etapa de su<br />
carrera, que tuvo como culminación “Mujeres al borde de un ataque de nervios”, y uno<br />
de sus puntos más brillantes su caracterización en “La ley del deseo”. La complicidad y<br />
la conjunción del talento de ambos les llevó hacia los límites de la creación, a<br />
experimentar todos los recovecos interpretativos. En este esperado regreso emociona<br />
con un conmovedor monólogo y algunas de las secuencias de mayor calado dramático.<br />
Al igual que otros creadores que cuentan cómo crecieron metidos en los patios de<br />
butacas, Almodóvar siempre ha mostrado su pasión por contar historias y su admiración<br />
por este arte con multitud de referencias cinematográficas. En este film se inspira<br />
especialmente en el cine italiano de posguerra y, de forma explícita, recuerda<br />
“Bellísima” de Luchino Visconti. Por encima de todo, impone su propio estilo,<br />
acuñado ya como un adjetivo, “almodovariano”, hacia aquello que tenga que ver con el<br />
universo que ha escrito y plasmado en imágenes a lo largo de estos años. Tal vez esta<br />
propuesta no posee los elementos más novedosos y rupturistas de sus mejores películas,<br />
pero sin duda, integra las mejores cualidades de su cine.<br />
CRÍTICA por Joaquín R. Fernández<br />
Nunca he comprendido la expectación que genera la obra de Pedro Almodóvar, no ya en<br />
España, sino especialmente en el extranjero, donde incluso algunos de sus trabajos se<br />
colocan en las habituales listas de las mejores películas de la Historia del Cine que<br />
determinados medios de comunicación elaboran con tanta fruición (una de ellas ha sido<br />
confeccionada recientemente por los críticos de la revista Time, formando parte de la<br />
misma "Hable con ella"). Tras la decepcionante "La mala educación", toda una muestra<br />
del indiscutible dominio de la técnica que ha alcanzado este autor pero en la que, no<br />
obstante, se liaba en exceso con una trama que no conseguía suscitar el interés del<br />
espectador, ahora nos llega "Volver", un largometraje que, a pesar de que conserva<br />
algunos de los elementos habituales de la filmografía de este realizador, los presenta de<br />
forma más comedida y dentro de un conjunto que, a pesar de algunas pequeñas<br />
licencias, resulta más sólido de lo esperado.<br />
No es sencillo explicar la trama de "Volver", no porque el argumento sea complejo, que<br />
no lo es, sino más bien porque explayarse demasiado en ella supondría desvelar al<br />
lector que no ha visto la película una serie de acontecimientos que es mejor descubrir<br />
por uno mismo. Basta con saber que las protagonistas del relato son dos hermanas,<br />
Raimunda y Sole, que visitan con la hija de la primera a una tía que vive en un pueblo.<br />
Allí se reencuentran también con Agustina, una vecina que les explica que la mujer,<br />
anciana y achacosa, se las arregla muy bien ella sola, o al menos eso es lo que parece,<br />
puesto que hasta prepara comida para que se la lleven sus sobrinas. Sin embargo, poco<br />
después la tía fallece, apareciendo de forma misteriosa la figura de Irene, la madre de<br />
Raimunda y Sole.<br />
25
"Volver" es, a pesar de la truculencia de algunos de los temas que aborda, una curiosa<br />
comedia con un argumento central bien definido pero al que Almodóvar le ha añadido<br />
una serie de innecesarios pasajes que estropean lo que hubiera podido ser un guión casi<br />
redondo. Me explico: cuando el espectador observa los minutos iniciales del filme, no<br />
exentos de garbo y de solera y en los que la tía Paula se convierte por derecho propio<br />
en la protagonista de la función, poco le hace sospechar que luego la historia dará un<br />
giro brusco, transformándose en una desafortunada cinta de suspense en la que se ve<br />
envuelto el marido de Raimunda. Se suceden aquí una serie de escenas toscas y huecas<br />
que el director nos podría haber ahorrado, estando relacionadas todas ellas con el<br />
encubrimiento de un asesinato, obligándonos a visionar la ridícula ocultación de un<br />
cadáver (sin duda, lo peor de la película, fracasando Almodóvar en su intento de<br />
homenajear a maestros como Hitchcock).<br />
Sin embargo, y dejando a un lado tan importante traspiés, creo que en general el<br />
público disfrutará con este relato, especialmente en su deliciosa vertiente cómica,<br />
siendo toda una sorpresa lo bien que maneja Almodóvar uno de los subgéneros más<br />
difíciles de la comedia: el del equívoco. El responsable de "Volver" no abusa de este<br />
recurso, utilizándolo con mesura y naturalidad, de tal modo que por unos instantes uno<br />
se siente inmerso en uno de esos clásicos filmes que manejaban con tanto tiento este<br />
tipo de situaciones. Además, el largometraje se completa con dramas del pasado y del<br />
presente que nos aproximan aún más a los personajes y nos permiten comprender sus<br />
comportamientos.<br />
De cuidada factura, con planos trabajados, una preciosa fotografía y una banda sonora<br />
que recoge las distintas tonalidades de la cinta, de ahí que escuchemos temas cargados<br />
de emoción con otros que parecen sacados de una película de cine negro, "Volver"<br />
destaca principalmente por la luciente interpretación de Penélope Cruz y, en general, de<br />
todo el reparto femenino. Es la confirmación de que Pedro Almodóvar es un excelente<br />
director de actrices y que sabe cómo sacar lo mejor que hay en ellas, de ahí que<br />
recupere para la pantalla grande el talento de una mujer que bien podría quejarse por el<br />
daño que le hizo a su carrera esa tontería llamada "Sahara" y en la que la artista<br />
española estaba más perdida que Dirk Pitt y Al Giordino en el desierto. No quisiera que<br />
las alabanzas no se extendieran al resto del elenco, con unas impecables Carmen<br />
Maura, Lola Dueñas, Blanca Portillo, Yohana Cobo y Chus Lampreave. En definitiva, si<br />
Almodóvar sigue por este camino, creo que hasta a los que no nos entusiasma su obra<br />
esperaremos con impaciencia su siguiente trabajo.<br />
CRÍTICA por Julio Rodríguez Chico<br />
De entre los muertos<br />
Ya con el título de la película, Almodóvar confiesa la necesidad personal de regresar a<br />
sus orígenes manchegos para encontrarse a sí mismo, y también su voluntad de<br />
recuperar en su imaginario a su madre fallecida mediante miradas femeninas que<br />
hablan de la solidaridad, complicidad y vecindad de cierta España profunda.<br />
El retorno a una tierra llena de recuerdos de su infancia y el dolor revivido con la<br />
muerte de su madre humanizan, por tanto, el objetivo de su cámara, y hacen que se<br />
muestre más cercano a sus personajes y se emocione con ellos, que se interese por sus<br />
creencias y tradiciones ancestrales, que indague en heridas abiertas para buscar el<br />
perdón y la reconciliación. La cinta tiene mucho de personal y autobiográfico, y llega<br />
con menor carga ideológica y transgresora que “La mala educación”, y también con<br />
cierto alejamiento del esteticismo manierista del que hacía gala en “Hable con ella”. Sin<br />
que esto suponga un abandono de su propio universo y de su estética, se adivina una<br />
vuelta a los tipos castizos y a las situaciones de “¿Qué he hecho yo para merecer<br />
esto?”, para mirar la vida y la muerte desde el humor negro de la tragicomedia<br />
berlangiana, a los que se suman rendidos homenajes al neorrealismo italiano y a<br />
Hitchcock: Visconti y Anna Magnani (“Bellísima”) o De Sica y Sofia Loren (“Dos mujeres”)<br />
inspiran a Almodóvar y a Penélope Cruz en unos retratos populares fuertes y muy<br />
26
físicos, mientras que el director de “Psicosis” sirve de referencia para dar un toque<br />
tenebrista y de suspense a esta historia familiar.<br />
En esta explosiva mezcla es el costumbrismo nacional el elemento mejor conseguido,<br />
con una religiosidad popular teñida de superstición y unos espíritus que vuelven desde<br />
la muerte para ajustar cuentas pendientes, besos entre las vecinas tan auténticos como<br />
sonoros, patéticos duelos de otra época y mujeres que gritan sin reparo desde las<br />
ventanas. Lo esperpéntico se alterna con lo emotivo —con el clímax alcanzado en el<br />
número musical— y lo dramático en escenas llenas de nostalgia y naturalidad al relacionarse<br />
con la muerte, y donde la negrura viene de la mano de unos hombres<br />
depravados y violentos. Comicidad, ingenuidad y ternura de unos personajes femeninos<br />
que se necesitan y que buscan el perdón, pero que esconden un pasado terrible de<br />
abusos deshonestos, infidelidades conyugales y mentiras de supervivencia: un<br />
submundo sórdido y turbio en el que ellas intentan poner la luz y la bondad para<br />
ayudarse, y que pone de manifiesto la sensibilidad y facilidad de Almodóvar para asumir<br />
ciertos resortes femeninos. Al final, el humor blanco triunfa sobre el negro, y de nada<br />
sirve a Alberto Iglesias evocar al Bernard Herrmann de “Psicosis” con unos acordes<br />
punzantes que —aunque logrados en sí mismos— suenan a impostados en una historia<br />
poco angustiosa, y que se subrayan en exceso sin generar el misterio y suspense<br />
buscados.<br />
Almodóvar mira a la muerte desde la luminosidad de sus mujeres, pero lo hace de reojo<br />
y desde una comicidad que no pasa de lo sensiblero y superficial: en su empeño por<br />
reflejar un ambiente sumido en la subcultura, sólo afronta esos trascendentales momentos<br />
desde el deseo de recuperar la presencia, el afecto y el perdón del ser querido<br />
que se ha ido, y no puede ocultar el miedo que le produce enfrentarse al vacío que<br />
siente o los aspectos más sórdidos de una vida con muchos cadáveres enterrados. Buenas<br />
y catárquicas intenciones para un tratamiento epidérmico de la muerte, en una<br />
película que funciona mejor como comedia costumbrista que como drama existencial, y<br />
que adolece de perspectiva moral.<br />
Si Hitchcock le sirve de pauta en algunas planificaciones —como la ubicación de la<br />
cámara y los reiterados planos cenitales— y en la partitura musical, también los títulos<br />
de crédito finales hablan del Saul Bass de “Psicosis”, con sus puñaladas, locuras y<br />
muertes como tristes realidades de las que conviene liberarse. Inspiraciones evidentes<br />
que, sin embargo, no restan personalidad a quien las trae a su propio mundo y las<br />
recrea con un guión bien construido —no tan complejo y articulado como en sus anteriores<br />
films—, a quien logra una puesta en escena minimalista y llena de autenticidad<br />
castiza, y a quien se muestra como un extraordinario director de actrices. Entre éstas,<br />
sobresale la interpretación de Penélope Cruz, que soporta el peso de la trama con un<br />
papel más cercano al de “No te muevas” que a los de su aventura americana. Carmen<br />
Maura como la madre que vuelve para congraciarse con su hija y Lola Dueñas como<br />
hermana crédula están a su altura para dar el tono cómico y absurdo a una historia de<br />
tierra adentro.<br />
http://www.labutaca.net/films/40/volver.htm<br />
27
Rodaje<br />
Lo más difícil de “Volver” ha sido escribir su sinopsis.<br />
Mis películas cada vez son más difíciles de contar y de resumir en pocas líneas.<br />
Afortunadamente esta dificultad no se ha reflejado en el trabajo de los actores, ni del<br />
resto del equipo. El rodaje de Volver ha ido como la seda.<br />
Supongo que lo he disfrutado más porque el último (“La mala educación”) fue un<br />
absoluto infierno. Me había olvidado de que lo que era rodar sin tener la sensación de<br />
estar continuamente al borde del abismo. Esto no significa que “Volver” sea mejor que<br />
mi anterior película, (de hecho estoy muy orgulloso de haber rodado “La mala<br />
educación”) sólo que esta vez he sufrido menos. De hecho, no he sufrido nada.<br />
De todos modos, “La mala educación” me confirmó algo esencial (que ya había<br />
descubierto antes, en Matador y Carne Trémula): que no hay que tirar nunca la toalla.<br />
Aunque estés convencido de que tu trabajo sea un desastre hay que seguir luchando<br />
por cada plano, cada repetición, cada mirada, casa silencio, cada lágrima. No hay que<br />
perder un ápice de entusiasmo aunque uno esté desesperado. El paso del tiempo te da<br />
otra perspectiva y a veces las cosas no eran tan malas como uno creía.<br />
El río<br />
Los recuerdos más alegres de mi infancia están relacionados con el río.<br />
Mi madre me llevaba con ella cuando iba a lavar porque era muy pequeño y no tenía<br />
con quién dejarme. Siempre había varias mujeres lavando y tendiendo la ropa sobre la<br />
hierba. Yo me situaba cerca de mi madre y metía la mano en el agua tratando de<br />
acariciar los peces que acudían a la llamada del casualmente ecológico jabón que<br />
usaban las mujeres de la época, fabricado por ellas mismas.<br />
El río, los ríos, siempre eran una fiesta. Fue también en las aguas de un río donde<br />
descubrí unos años más tarde la sensualidad.<br />
Sin duda, el río es lo que más añoro de mi infancia y pubertad.<br />
Mientras lavaban, las mujeres cantaban. Siempre me han gustado los coros femeninos.<br />
Mi madre cantaba una canción sobre unas espigadoras que recibían la aurora<br />
trabajando en el campo y cantando como alegres pajarillos. Le canté los fragmentos<br />
que recordaba al músico de “Volver”, mi fiel Alberto Iglesias y me descubrió que era un<br />
tema de la zarzuela “La rosa del azafrán”. En mi incultura, nunca hubiera imaginado que<br />
aquella música celestial fuera una zarzuela. De esta manera, el tema ha pasado a ser la<br />
música que acompaña los primeros títulos de crédito.<br />
En “Volver” Raimunda busca un lugar para enterrar a su marido y decide hacerlo a la<br />
orilla del río en el que se conocieron de niños.<br />
El río, como los gráficos de cualquier transporte, como los túneles o los pasillos<br />
interminables, es una de tantas metáforas del tiempo.<br />
Familia<br />
En palabras de Pedro Almodóvar<br />
Volver es una película sobre la familia, y hecha en familia. Mis propias hermanas han<br />
sido las asesoras tanto de lo que ocurría en La Mancha, como en el interior de las casas<br />
de Madrid (la peluquería, las comidas, artículos de limpieza, etc.)<br />
Aunque con mayor fortuna, mi familia, como la de Sole y Raimunda, es una familia<br />
trashumante que vino del pueblo a la gran ciudad en busca de prosperidad.<br />
Afortunadamente mis hermanas han seguido cultivando la cultura de nuestra infancia, y<br />
conservan intacta la herencia recibida por mi madre. Yo me independicé muy pronto y<br />
me convertí en urbanita impenitente. Cuando vuelvo a los usos y costumbres<br />
manchegos ellas son mis guías.<br />
28
La familia de “Volver” es una familia de mujeres. La Abuela aparecida es Carmen Maura,<br />
sus dos hijas, Lola Dueñas y Penélope Cruz. Yohana Cobo la nieta, y Chus Lampreave,<br />
la Tía Paula, que sigue viviendo en el pueblo. A este grupo habría que añadir a la<br />
Agustina, la vecina del pueblo (Blanca Portillo), la que conoce muchos de los secretos<br />
de la familia, la que tiene tantas cosas oídas, la que nada más levantarse le toca a la Tía<br />
Paula en la ventana y hasta que no la oye no ceja, la que le trae cada día su buena<br />
barra de pan, la que la descubre muerta y llama a Sole a Madrid. La que abre su casa al<br />
cadáver para velarlo como Dios manda mientras llegan sus sobrinas. La que convierte el<br />
duelo de la vecina en el duelo de su propia madre, desaparecida hace años, no sabe<br />
dónde. El personaje de Agustina se integra por derecho propio en la familia que<br />
encabeza Carmen Maura.<br />
Agustina representa un elemento muy importante en este universo femenino: la<br />
solidaridad de las vecinas. Las mujeres del pueblo se reparten los problemas, los<br />
comparten. Y consiguen que la vida sea mucho más llevadera. También ocurre lo<br />
contrario, (el vecino que odia al vecino y almacena su odio de generación en generación<br />
hasta que un día explota la tragedia sin que ellos mismos sepan porqué). Yo sólo he<br />
prestado atención a la parte positiva de la España Profunda, que es la que yo he<br />
experimentado de niño. De hecho, Volver rinde homenaje a la vecina solidaria, esa<br />
mujer soltera o viuda, que vive sola y hace de la vida de la anciana de al lado su propia<br />
vida. Mi madre vivió gran parte de sus últimos años asistida por sus vecinas más<br />
próximas.<br />
En esas mujeres está inspirada Agustina, de la cual hace una creación soberbia Blanca<br />
Portillo. Para mí es la auténtica revelación, porque no la conocía. Sólo la había visto en<br />
una función de teatro y me gustó, pero no podía imaginarme que sin casi experiencia<br />
cinematográfica fuera una actriz tan precisa, tan rotunda, tan desbordante en su<br />
contención. Agustina, sola en la calle vacía, mirando cómo desaparece el coche de Sole,<br />
es la imagen de la soledad rural, despojada de todo adorno.<br />
Blanca ha absorbido la esencia de todas las buenas vecinas de mi pueblo y la ha hecho<br />
suya.<br />
La vuelta de Carmen<br />
No imaginaba que había tanta expectación por nuestro reencuentro. Me sorprende la<br />
cantidad de gente que me ha dicho lo contentos que estaban porque Carmen y yo<br />
volviéramos a trabajar juntos! Dice una canción de Chavela: “uno vuelve siempre a los<br />
viejos sitios donde amó la vida”. Esto se puede aplicar también a las personas.<br />
Siempre existe la incertidumbre, pero afortunadamente la de Carmen se despejó en los<br />
primeros trabajos de mesa.<br />
En el guión de “Volver” hay una larga secuencia, casi un monólogo, porque sólo habla el<br />
personaje de Carmen, la abuela fantasma. En dicha secuencia Carmen explica a su hija<br />
del alma, Penélope Cruz, las razones de su muerte y las de su vuelta, a lo largo de seis<br />
intensas páginas y seis no menos intensos planos. Esta secuencia es una de las razones<br />
por las que yo quería rodar la película. He llorado todas y cada una de las veces que he<br />
corregido el texto (como el personaje que interpretaba Kathleen Turner en “Tras el<br />
corazón verde”, una ridícula escritora de novelas rosa, muy kitch, que lloraba mientras<br />
escribía).<br />
La noche que la rodábamos todo el equipo era consciente de su importancia. Había<br />
mucha expectación. Esto ponía un poco nerviosa a Carmen que quería abordarla cuanto<br />
antes.<br />
Empleamos toda una noche en rodarla, y desde el meritorio hasta yo mismo teníamos<br />
esa extrema concentración ante las escenas difíciles que justo por ello se convierten en<br />
las escenas más fáciles, porque todos damos lo máximo de nosotros mismos.<br />
De nuevo volví a sentir esa complicidad sagrada con Carmen, esa maravillosa sensación<br />
de estar ante un instrumento perfectamente afinado para mis manos. Todas las tomas<br />
fueron buenas, y muchas de ellas extraordinarias. Penélope la escucha, a veces con la<br />
cabeza baja. En esta película se habla mucho, se oculta mucho y para ser una comedia<br />
(eso dice el equipo) se llora mucho.<br />
29
Desde “Mujeres...” hasta el “monólogo de Volver” Carmen no ha cambiado como actriz,<br />
y descubrirlo ha sido maravilloso.<br />
No ha aprendido nada porque ya lo sabía todo, pero mantener ese fuego intacto a lo<br />
largo de dos décadas es una tarea admirable y difícil que no podría decir de todos los<br />
actores con los que he trabajado.<br />
Confesión<br />
“Volver” es un título que incluye varias vueltas, para mí. He vuelto, un poco más, a la<br />
comedia. He vuelto al universo femenino, a La Mancha (sin duda es mi película más<br />
estrictamente manchega, el lenguaje, las costumbres, los patios, la sobriedad de las<br />
fachadas, las calles empedradas). He vuelto a trabajar con Carmen Maura (hace<br />
diecisiete años que no lo hacíamos), con Penélope Cruz, Lola Dueñas y Chus<br />
Lampreave. He vuelto a la maternidad, como origen de la vida y de la ficción. Y<br />
naturalmente, he vuelto a mi madre. Volver a La Mancha es siempre volver al seno<br />
materno.<br />
Durante la escritura del guión y el rodaje mi madre ha estado siempre presente y muy<br />
cerca. No sé si la película es buena (no soy yo quién debe decirlo), pero sí estoy seguro<br />
de que me ha sentado muy bien hacerla.<br />
Tengo la impresión, y espero que no sea un sentimiento pasajero, de que he conseguido<br />
encajar una pieza, (cuyo desajuste, a lo largo de mi vida me ha provocado mucho dolor<br />
y mucha ansiedad, diría incluso que en los últimos años había deteriorado mi existencia,<br />
dramatizándola más de la cuenta). La pieza a la que me refiero es “la muerte” (no sólo<br />
la mía y la de mis seres queridos) sino la desaparición implacable de todo lo que está<br />
vivo. Nunca lo he aceptado, ni lo he entendido. Y eso te pone en una situación<br />
angustiosa ante el cada vez más rápido paso del tiempo.<br />
La principal vuelta de “Volver” es la del fantasma de una madre, que se aparece a sus<br />
hijas. En mi pueblo estas cosas pasan, (me he criado oyendo historias de aparecidos),<br />
sin embargo yo no creo en las apariciones. Sólo cuando le ocurren a los demás, o<br />
cuando ocurren en la ficción. Y esta ficción, la de mi película (y aquí viene mi confesión)<br />
ha provocado en mí una serenidad como hace tiempo no sentía (realmente, serenidad<br />
es un término cuyo significado es un misterio para mí).<br />
En los años que llevo de vida, nunca he sido una persona serena, (ni me ha importado<br />
lo más mínimo) mi innata inquietud junto a una galopante insatisfacción me han servido<br />
generalmente de estímulo. Ha sido en los últimos años, en los que mi vida se ha ido<br />
deteriorando, consumida por una terrible ansiedad. Y eso no era bueno ni para vivir, ni<br />
para trabajar. Para dirigir una película es más importante tener paciencia que talento. Y<br />
yo, hace tiempo que había perdido toda la paciencia, en especial, para con las cosas<br />
triviales que son las que más paciencia demandan. Esto no quiere decir que me haya<br />
vuelto menos perfeccionista o más complaciente, en absoluto. Pero creo que con Volver<br />
he recuperado parte de la “paciencia”, palabra que naturalmente entraña muchas otras<br />
cosas.<br />
Tengo la impresión de que, a través de esta película, he pasado un duelo que<br />
necesitaba, un duelo indoloro (como el del personaje de la Vecina Agustina). He llenado<br />
un vacío, me he despedido de algo (¿mi juventud?) que aún no había despedido y<br />
necesitaba hacerlo, no sé. No hay nada paranormal en todo esto. No se me ha<br />
aparecido mi madre, aunque como he dicho he sentido su presencia más cerca que<br />
nunca.<br />
Volver es un homenaje a los ritos sociales que viven las gentes de mi pueblo en relación<br />
con la muerte y con los muertos. Los muertos no mueren nunca. Siempre he admirado<br />
y envidiado la naturalidad con que mis paisanos hablan de los muertos, cultivan su<br />
memoria y asisten sus tumbas perennemente. Como en la película, el personaje de<br />
Agustina, muchos de ellos cuidan su propia tumba durante años, en vida. Tengo la<br />
optimista sensación de que me he impregnado de todo esto, y algo se me ha pegado.<br />
Nunca acepté la muerte, nunca la he entendido (ya lo he dicho). Por primera vez, creo<br />
que puedo mirarla sin miedo, aunque siga sin entenderla ni aceptarla. Empiezo a<br />
hacerme a la idea de que existe.<br />
30
A pesar de mi condición de no creyente, he intentado traer al personaje (de Carmen<br />
Maura) del más allá. Y la he hecho hablar del cielo, el infierno y del purgatorio. Y, no<br />
soy el primero en descubrirlo, el más allá está aquí. El más allá está en el más acá. El<br />
infierno, el cielo o el purgatorio somos nosotros, están dentro de nosotros, ya lo dijo<br />
Sartre mejor que yo.<br />
Género y tono<br />
Supongo que “Volver” es una comedia dramática. Tiene secuencias divertidas y<br />
secuencias dramáticas. Su tono imita a “la vida misma”, pero no es costumbrista. Más<br />
bien es de un naturalismo surreal, si eso fuera posible. Siempre he mezclado los<br />
géneros y sigo haciéndolo. Para mí es algo natural.<br />
El hecho de incluir en el argumento un fantasma es un elemento básicamente cómico,<br />
en especial si lo tratas de un modo realista. Todos los intentos de Sole por ocultarlo a su<br />
hermana, o el modo de presentarlo a las clientas provoca escenas muy cómicas.<br />
Aunque lo ocurrido en casa de Raimunda (la muerte del marido) es algo atroz, el modo<br />
en que ella lucha para que nadie se entere y la manera en que intenta desembarazarse<br />
de él también crea situaciones de comedia.<br />
Aunque la mezcla de géneros sea natural en mí, eso no significa que no esté exento de<br />
riesgos (lo grotesco y el grand guiñol son siempre una amenaza). Cuando uno se mueve<br />
entre géneros, y atraviesa tonos opuestos en cuestión de segundos, lo mejor es adoptar<br />
una interpretación naturalista que consiga hacer verosímil la situación más disparatada.<br />
La única arma con la que cuentas, además de una puesta en escena realista, son los<br />
actores. Las actrices, en este caso. He tenido la suerte de que todas estén en continuo<br />
estado de gracia.<br />
El gran espectáculo de “Volver” son ellas.<br />
La fuerza y la fragilidad de Penélope Cruz<br />
Y su belleza. Penélope se encuentra en el esplendor de su belleza, es una frase hecha<br />
pero en su caso es verdad. (Esos ojos, el cuello, los hombros, los pechos! Penélope<br />
posee uno de los escotes más espectaculares del cine mundial). Mirarla ha sido uno de<br />
los grandes gozos de este rodaje. A pesar de que se ha estilizado en los últimos años,<br />
Penélope demostró (desde su debut en “Jamón, jamón”) tener más garra en los<br />
personajes de plebeya que de superfina. Hace siete u ocho años, en “Carne trémula”,<br />
interpretaba a una putilla cateta que se pone de parto y da a luz en un autobús. Eran<br />
los primeros ocho minutos de la película y Penélope devoraba literalmente la pantalla.<br />
Su Raimunda en “Volver” pertenece a la misma estirpe que el personaje de Carmen<br />
Maura en “Qué hecho yo para merecer esto?!”, una fuerza de la naturaleza que no se<br />
arredra ante nada. Cuando se pone, Penélope posee esa energía arrolladora, pero<br />
Raimunda también es una mujer frágil, muy frágil. Puede (y debe, por guión) estar<br />
furiosa y al instante derrumbarse como una niña indefensa. Esta desarmante<br />
vulnerabilidad es lo que más me ha sorprendido de Penélope-actriz, y la rapidez con que<br />
puede conectar con ella. No hay un espectáculo más impresionante que contemplar en<br />
el mismo plano cómo unos ojos secos y amenazadores de pronto empiezan a llenarse<br />
de lágrimas, lágrimas que a veces desbordan los párpados como un torrente, o como en<br />
algunas secuencias, sólo los inundan sin desbordarlos nunca. Ser testigo de ese<br />
equilibrio en el desequilibrio ha sido apasionante.<br />
Penélope Cruz es una actriz de rompe y rasga, pero es la mezcla con esta emotividad<br />
tan fulminante lo que la hace imprescindible en “Volver”.<br />
Ha sido un placer vestir, peinar y maquillar al personaje y a la persona. El cuerpo de<br />
Penélope ennoblece todo lo que le pones. Nos decidimos por las faldas estrechas y la<br />
rebecas porque son prendas clásicas, muy femeninas y populares en cualquier década,<br />
desde los 50 al 2000. Y, también hay que decirlo, porque nos recordaban a Sophia<br />
Loren, en sus inicios de pescadera napolitana. Los maravillosos despeinados hay que<br />
agradecérselos al peluquero Massimo Gattabrusi y el maquillaje a Ana Lozano. El rabillo<br />
31
del ojo fue un hallazgo. Sólo hay un elemento falso en el cuerpo de Raimunda, el culo.<br />
Estos personajes son siempre mujeres culonas y Penélope está demasiado estilizada. El<br />
resto es todo corazón, emoción, talento, verdad, y un rostro al que la cámara adora.<br />
Como yo.<br />
Reparto<br />
El resto del reparto ha estado a la altura de sus compañeras. Lola Dueñas<br />
probablemente hace uno de sus trabajos más complejos. Es la más excéntrica de las<br />
cuatro mujeres de su familia. Lola se preocupó personalmente de dominar el complicado<br />
acento manchego. Aprendió los secretos del oficio de peluquera y ha desarrollado una<br />
vis cómica inédita en ella. Es intensa, auténtica y rara, en el mejor sentido del término.<br />
Otra de las bendiciones de este rodaje, es que todas las chicas vivían y trabajaban muy<br />
unidas, tenían una maravillosa relación, como de familia. Y eso el objetivo también lo<br />
capta.<br />
Me emociona mucho la interpretación de la joven Yohana Cobo. Está presente en casi<br />
todas las secuencias pero como testigo. Hace una de las cosas más complicadas de<br />
actuar que es oír y estar presente. Y que su presencia sea elocuente casi sin hacer<br />
nada. Pero el trabajo de Yohana es consciente, sutil y muy rico. Además de “sus”<br />
secuencias, su monólogo ante el padre muerto... etc., el resto, siempre pegada a la<br />
madre, entendiéndola sin saber qué le sucede, me provoca mucha ternura. Además<br />
tiene una mirada abrasiva. Ojalá le vaya muy bien.<br />
Chus Lampreave, María Isabel Díaz, Neus Sanz, Pepa Aniorte y Yolanda Ramos<br />
completan el reparto, además de Antonio de la Torre, Carlos Blanco y Leandro Rivera.<br />
José Luis Alcaine, en la fotografía, Alberto Iglesias en la música y Pepe salcedo en el<br />
montaje, han sintonizado una vez más con mis secretas intenciones, cada uno en sus<br />
respectivos campos.<br />
CARTAS DE JUAN JOSÉ MILLÁS Y GUSTAVO MARTÍN GARZO<br />
A la mayoría de los escritores que conozco les interesa mucho el cine. Alguno de ellos<br />
son amigos míos. Lola, mi ayudante, les mandó el guión de “Volver” a Juan José Millás y<br />
a Gustavo Martín Garzo. Éstas fueron sus respuestas, palabras que nunca pensaron que<br />
yo utilizaría parasitariamente en este pressbook (Pedro Almodóvar).<br />
Juan José Millás<br />
A Lola García<br />
Asunto: Volver<br />
Querida Lola, leí el guión en un suspiro. El hiperrealismo de las primeras escenas te<br />
coloca en una situación de enorme tensión emocional. A la pintura hiperrealista se le ha<br />
dado este nombre porque no sabían en qué se diferenciaba exactamente de la realista.<br />
En este país hemos confundido desde siempre el realismo con el costumbrismo. La<br />
pintura flamenca es hiperrealista porque es fantástica, porque nos coloca en una<br />
dimensión de la realidad que nos permite extrañarnos de las situaciones más cotidianas.<br />
Una vez que Pedro nos ha colocado en esa situación del principio, que se resuelve con la<br />
aparición del fantasma en el maletero del coche, puede hacer lo que quiera con el<br />
espectador. Y lo hace. “Volver” es un juego de manos narrativo permanente, un<br />
artefacto prodigioso. Y nunca sabes dónde está el truco.<br />
No hay en este guión frontera que Pedro no se haya atrevido a traspasar. Se mueve en<br />
la línea que separa la vida de la muerte como un funambulista en un alambre. Mezcla<br />
materiales narrativos de procedencias aparentemente incompatibles con una<br />
naturalidad pasmosa. Y cuantos más materiales añade, mayor es la lógica interna del<br />
relato...<br />
P.D. No podía evitar, mientras leía “Volver”, evocar la lectura de Pedro Páramo. No tiene<br />
nada que ver la novela de Rulfo con el guión de Pedro, excepto en la naturalidad con la<br />
que ambos logran que convivan los muertos con los vivos; lo real con lo irreal; lo<br />
fantástico con lo cotidiano; lo imaginado con lo vivido; el sueño con la vigilia. Durante la<br />
lectura del guión, como durante la lectura de la novela de Rulfo, el lector tiene una<br />
32
sensación onírica permanente. Está despierto, desde luego, pero atrapado en un sueño,<br />
que es el relato que tiene entre manos. Lo curioso es que la novela de Rulfo es<br />
furiosamente mejicana del mismo modo que el guión de Pedro es furiosamente<br />
manchego...<br />
Gustavo Martín Garzo<br />
Querido Pedro: El guión de tu nueva película me ha gustado mucho. Todo en él me<br />
resulta muy familiar, muy tuyo. Me recuerda al mundo de “Qué he hecho yo para<br />
merecer esto?!”<br />
Pero es menos barroco, hay en él una transparencia que nos sitúa de nuevo en ese<br />
mismo mundo, como no podría ser de otra manera, pero de una forma distinta, más<br />
poética, más sabia, más conmovedora. Es maravillosa esa mezcla de horror y de<br />
felicidad. Como si tus personajes supieran encontrar en medio del infierno, como quería<br />
Calvino, aquello que no es infierno, y se las arreglaran siempre para hacerlo durar en<br />
sus vidas. Esa mezcla tan tuya de candor y perversidad, que hace graciosas las cosas<br />
más tremendas y acierta a encontrar la belleza y la esperanza donde parece que no<br />
pueden existir, me parece una de las cosas más maravillosas de tu cine.<br />
Tu guión me ha recordado una historia que Tolstoi cuenta en algún lugar. Un pater<br />
visita uno de sus monasterios perdidos en las islas griegas y se encuentra con cuatro<br />
monjes. Descubre que no saben el Padre Nuestro y escandalizado se lo enseña. Luego<br />
se despide de ellos. Ya está lejos de la costa cuando ve algo que se desliza veloz hacia<br />
su barca. Se fija más y enseguida comprueba que son los monjes que acaba de visitar.<br />
Y que vienen corriendo sobre el agua! Cuando le alcanzan le dicen que han olvidado la<br />
oración que acaba de enseñarles, y si se la puede repetir. Y el pater contesta conmovido<br />
que no tienen que recordarla, que ellos no la necesitan.<br />
Así me parecen los personajes de tu película. Vienen a nosotros a pedirnos socorro,<br />
vulnerables y perdidos, pero lo hacen corriendo sobre las aguas. Ellos no se dan cuenta,<br />
pero es ese el extraño y maravilloso camino que siguen para llegar a nosotros. Y<br />
entonces, ¿qué podemos decirles? Que no importa lo que les pasa, lo que sufren, las<br />
cosas extrañas y terribles que les suceden, que nosotros no somos nadie para juzgarles.<br />
Aún más, que son ellos los que podrían juzgarnos a nosotros, aunque sabemos que no<br />
lo harán nunca, porque ellos no están obsesionados por la justicia sino por el amor. Y<br />
que lo mejor que pueden hacer es seguir siendo como son.<br />
Así veo este guión, como un cuento. En los cuentos hay cosas terribles:<br />
descuartizamientos, padres que quieren acostarse con sus hijas adolescentes, niños que<br />
son abandonados en el bosque, criaturas feroces que devoran carne humana... todo lo<br />
más extremo cabe en ellos, y sin embargo, al lado de ese horror, siempre aparece eso<br />
tan raro que llamamos inocencia. Es muy difícil de definir lo que es pero nada más fácil<br />
de identificar cuando aparece. Creo que el arte está para perseguir esa inocencia, que<br />
suele aparecer en los parajes más oscuros...<br />
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