Dimanche iS janvier. - Notes du mont Royal

IOURNAI. D'ANTOINfe' tiALLANO j3
cavale de couleur baye que les palefreniers nous avoient laissé
examiner avec assés de facilité, auparavant qu'il arrivât, avec
deux autres dont l'une estoit de couleur d'estourneau et l'autre
de gris sale qu'ils nous dirent valoir chascunc mille piastres ; et
d'autant qu'il pieu voit, il estoit revestu d'un iagmourlouk
rouge ' avec un bachlik ' ou couverture de mesme couleur,
mais plus trempée. L'Ibrictar 9 le suivoit avec un ibrik d'argent
doré qu'il portoit ù la main. Il avoit la mesme suite que le jour
précédent. Quand il retourna laprès disné, il amena avec luy
le petit prince, son fils, qui montoit un cheval blanc, sans que
personne fut proche de luy pour avoir soin qu'il ne tombast.
Il estoit fort bien fait, et avoit le visage un peu long, son teint
fort uni et une blancheur qui le rendoit bien dissemblable de
son père. Ils passèrent tous l'eau et trouvèrent d'autres chevaux
à l'autre bord de la rivière.
Samedy so may.
Le Grand Seigneur repassa encore ce jour la rivière avec
son fils, sur les onze heures, pour aller voir sa mère à Kierkioi,
et il en revint avec luy vers les cinq heures du soir. Je remarquay
qu'en sortant de la barque, d'abord, il estoit monté à cheval.
Les Chatirs Taccompagnoient environ vingt ou trente pas,
après quoy, ils le quittoient en touchant la main au front et la
portant presque jusques en terre en faisant une profonde inclination
du corps : que lorsqu'il descendoit de cheval, les
Chiaoux crioient fort haut en prononçant quelques paroles
avec lesquelles ils le saluoient.
Un Turc et un Juif disputant un jour ensemble touchant leur
religion, et le Juif affirmant qu'il n'y aurait que les Juifs qui seraient
dans le paradis, le Turc luy demanda ce que les Turcs
i. Manteau pour la pluie.
a. Capuchon.
3. Officier qui porte l'aiguière du Grand Seigneur.