Dimanche iS janvier. - Notes du mont Royal
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JOURNAL D ANTOINE GALLAND IOD<br />
arriva auprès de Son Excellence pour l'informer d'un demeslé<br />
qui s estoit mcu ù son occasion à Smyrne, où le consul d'Angleterre<br />
estoit aussi entré, ù cause d'un coup de pistolet qui<br />
avoit esté tiré dans sa porte. On a sceu par son moien que les<br />
Moltois avoicnt pris cinq vaisseaux et quatre saïques sur la caravane<br />
qui venoit <strong>du</strong> Caire, et que, parmy les vaisseaux, il y en<br />
avoit un qui s'appelloit la Sultane, lequel appartenoit au Grand<br />
Visir.<br />
Ce mesme jour, un des domestiques de M. l'Ambassadeur,<br />
portant la livrée, se laissa noyer dans la rivière où il estoit entré<br />
pour se baigner. C'est l'ancien Ebrc, fameux dans l'antiquité<br />
par Thistoire ou fable d'Orphée, lequel, quoy qu'il ne soit pas<br />
bien large, ne laisse pas toutes fois destre rapide et fort dangereux,<br />
à cause <strong>du</strong> sable qu'il roule avec soy, lequel, formant de<br />
fréquents vortiges, fait qu'il n'est pas sceur de s'y baigner.<br />
Le sieur Zacharie, drogman de Smyrne, qui estoit venu avec<br />
M. Gaillard, mit entre les mains de M. l'Ambassadeur un modèle<br />
d'attestation, que le métropolite de Smyrne luy envoyoit<br />
afin qu'il vît s'il luy plaisoit qu'il la luy expediast dans ceste<br />
forme. Et Son Exe. me la remit en mesme temps entre les<br />
mains pour en foire la tra<strong>du</strong>ction. J'oubliois de remarquer que<br />
deux personnes des domestiques de M. l'Ambassadeur, avec<br />
un horlogeur, n'avoient pas aussi esté fort éloignés de se noyer.<br />
J'appris <strong>du</strong> chirurgien de M. l'Ambassadeur, qui pansoit un<br />
Grec <strong>du</strong> village, à qui un autre Grec avoit crevé un œil par accident<br />
en jouant à la girit ' avec luy, que celuy qui avoit fait le<br />
coup ne voulant pas subir la peine <strong>du</strong> talion, avoit mieux aimé<br />
estre condamné à en payer le prix qui est de quarante mille<br />
aspres, dont il en resta vingt pour le cadi et les vingt autres<br />
pour le blessé. Quarante mille aspres font mille francs.<br />
i. Gerit. Cett un dard que lea Turcs lancent avec une •tirette admirable. Ils tout fort<br />
curieux à a'exercer en cela, et la cavalerie te sert fort à la guerre <strong>du</strong> Gcrit% qu'elle lance<br />
contre le» rnnrmi» La Cour otkomane» page 86.