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Patrick Facchinetti
Délégué Général – Cultures, publics et territoires
Ce matin de mai 2012, lorsque je me suis rendu au Centre pénitentiaire des Baumettes, j’y ai découvert
l’adaptation cinématographique de Dans la solitude des champs de coton de Bernard-Marie
Koltès.
Je connaissais bien l’œuvre de Koltès pour l’avoir vu interprétée à plusieurs reprises. Néanmoins,
l’émotion que j’ai ressentie fût comparable à celle qui fût la mienne lorsque j’ai assisté à la représentation
de la pièce à la Manufacture des Œillets, avec Pascal Greggory et Patrice Chéreau en 1995. À
un détail près : l’adaptation apportait une nouvelle musicalité et donnait à voir de nouvelles facettes
de cette œuvre si riche et si complexe.
L’échange qui s’ensuivit avec les participants du « dedans » nous confirma qu’une action artistique
pouvait participer pleinement au processus de changement de la personne détenue, combien ce type
d’action était nécessaire en prison et combien il pouvait donner du sens à la peine.
Si nous avons rejoint le projet Frontières, dedans/dehors initié par Lieux Fictifs, c’est que nous partageons
avec eux la même vision que doivent revêtir les projets artistiques et ce, quels que soient les
territoires où ils s’engagent : des projets artistiques exigeants, porteurs de sens.
C’est aussi parce que nous partageons avec eux la même vision politique : il s’agit de faire entrer l’art
dans des lieux où cela ne va pas forcément de soi, dans des lieux où proposer des projets artistiques
et culturels devient une nécessité.
Le partenariat éducatif Grundtvig développé par Lieux Fictifs que nous avons rejoint en 2011 a permis
de faire dialoguer ensemble artistes, institutions culturelles et pénitentiaires. Ce dialogue est nécessaire
afin de faire évoluer nos représentations respectives, réfléchir conjointement aux nouveaux
modèles à inventer aux bénéfices des publics pour lesquels nous œuvrons.
De ce mouvement est née la Conférence européenne de juin 2013 sur la création artistique avec
les publics sous main de justice, point d’orgue du projet Frontières, dedans/dehors et première en la
matière en France.
La Garde des Sceaux, ministre de la Justice a organisé en France en février dernier une Conférence
de consensus sur la prévention de la récidive.
À nous maintenant de faire Consensus et de démontrer combien l’art et la culture peuvent et doivent
prendre toute leur place dans ce processus.
Patrick Facchinetti
Managing Director - Cultures, Publics et Territoires
I discovered the film adaptation of Bernard-Marie Koltès’ In the solitude of the cotton fields on a May morning in
2012 when I visited the Baumettes Prison in Marseille.
I knew Koltes’ play well, since I had seen it on several occasions. However, the emotion I felt was the same as
when I saw the play performed at the Manufacture des Œillets with Pascal Greggory and Patrice Chereau in
1995, but with one subtle difference: the adaptation provided a new musicality and opened up new facets of this
rich and complex work.
The discussions that followed with the “insider” participants were proof that such art-based actions could play a
substantial role in the process of change for a person behind bars, were necessary in the prison environment and
could give some meaning to a sentence.
We became part of the Borders, inside/outside project initiated by Lieux Fictifs because we share the same vision
of what artistic projects should be about, wherever they are carried out: challenging and meaningful.
It’s also because we share the same political vision: taking art into places it wouldn’t normally be seen, places in
which it is becoming essential to offer art and cultural projects.
The Grundtvig learning partnership developed by Lieux Fictifs -and that we joined in 2011- has engendered a
dialogue between artists, cultural institutions and prison facilities. This dialogue is essential to help our respective
representations progress and to stimulate reflection on the new forms to be invented for the target audiences
we are working for.
This movement gave rise to the European conference to be held in June 2013 on artistic creation with prisoners
and offenders, the highpoint of the Borders, inside/outside project and the first of its kind in France.
Last February, the French Minister of Justice organised a conference aims at finding a consensus on preventing
repeat offending.
It is now up to us to find a consensus and to show how art and culture can and should have a rightful place in
this process.
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