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Extrait du guide des analyses spécialisées Cerba ... - CBM 25

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Pyruvate kinase<br />

Le déficit en pyruvate kinase (PK) érythrocytaire est le<br />

plus fréquent <strong>des</strong> déficits enzymatiques affectant la<br />

glycolyse dans le globule rouge. C’est une affection<br />

héréditaire transmise sur le mode autosomique récessif<br />

qui est responsable d’une anémie hémolytique chronique<br />

chez les sujets homozygotes ou hétérozygotes<br />

composites.<br />

Structure<br />

La PK érythrocytaire est un homotétramère constitué<br />

de 4chaînes de 574 aci<strong>des</strong> aminés et dont la masse<br />

moléculaire est d’environ 235 kDa.<br />

Chez l’homme, la PK existe sous 4isoformes codées par<br />

deux gènes :<br />

• le gène PK-M (situé sur le chromosome 15 en q22),<br />

qui code pour la PK-M1 musculaire et la PK-M2 ubiquitaire<br />

grâce àunmécanisme d’épissage alternatif ;<br />

• le gène PK-LR (situé sur le chromosome 1enq21),<br />

qui code pour la PK-L hépatocytaire et la PK-R érythrocytaire.<br />

Ces deux enzymes sont pro<strong>du</strong>ites grâce à<br />

deux promoteurs tissu-spécifiques.<br />

Dans les hématies, l’isoforme Rremplace progressivement<br />

l’isoforme M2 présente dans les précurseurs érythroblastiques.<br />

Fonction<br />

Dépourvu de noyau et de mitochondries, le globule<br />

rouge parvient àconserver son intégrité cellulaire pendant<br />

environ 120 jours grâce àlaglycolyse anaérobie.<br />

Le passage <strong>du</strong> glucose àl’acide lactique s’effectue principalement<br />

(90 %) par une chaîne enzymatique qui<br />

porte le nom de voie d’Embden-Meyerhof. Cette voie<br />

métabolique, qui comporte une dizaine d’enzymes,<br />

fournit, sous forme d’ATP, toute l’énergie nécessaire au<br />

maintien de l’intégrité structurale et fonctionnelle de la<br />

cellule.<br />

La PK catalyse la dernière étape de cette voie, la conversion<br />

<strong>du</strong> phosphoénol pyruvate (PEP) en pyruvate couplée<br />

àlapro<strong>du</strong>ction d’ATP.<br />

La PK est un exemple d’enzyme allostérique :elle existe<br />

sous deux configurations et sa cinétique de fixation <strong>du</strong><br />

PEP est une courbe sigmoïde.<br />

Déficit<br />

La plupart <strong>des</strong> déficits en PK sont <strong>du</strong>s àlasynthèse<br />

d’une enzyme qui présente <strong>des</strong> propriétés physiques ou<br />

cinétiques anormales. Plus rarement, il peut s’agir d’un<br />

déficit ou d’une absence de synthèse de la protéine.<br />

Une <strong>des</strong> conséquences de ce déficit est de bloquer la<br />

voie métabolique et donc de diminuer la synthèse<br />

d’ATP ;cela a<strong>des</strong> répercussions sur le maintien <strong>des</strong><br />

fonctions membranaires. Le résultat en est une impossibilité<br />

pour les hématies de traverser les sinusoï<strong>des</strong> spléniques,<br />

d’où une hémolyse locale particulièrement<br />

importante. Les tableaux d’hémolyse chronique sont<br />

souvent améliorés par la splénectomie. L’autre conséquence<br />

est l’accumulation <strong>des</strong> métabolites pro<strong>du</strong>its en<br />

amont. C’est notamment le cas <strong>du</strong> 2,3-DPG, dont la<br />

présence en excès diminue l’affinité de l’hémoglobine<br />

pour l’oxygène, ce qui est àlafois responsable d’une<br />

anémie mieux tolérée et d’un défaut de stimulation de<br />

l’érythropoïèse.<br />

—Manifestations cliniques<br />

Le déficit en PK érythrocytaire est dû à<strong>des</strong> mutations<br />

<strong>du</strong> gène PK-LR. L’expression <strong>du</strong> gène PK-LR étant<br />

tissu-spécifique, l’anomalie ne s’exprime que dans les<br />

érythrocytes.<br />

Àl’état hétérozygote, l’activité enzymatique est la moitié<br />

de la normale et le déficit est parfaitement bien<br />

toléré. Seuls les sujets homozygotes ou hétérozygotes<br />

composites sont mala<strong>des</strong>.<br />

Le tableau clinique consiste en une anémie hémolytique<br />

chronique plus ou moins importante (en général modérée)<br />

pouvant aller d’une forme àdébut néonatal sévère,<br />

nécessitant l’exsanguino-transfusion puis de multiples<br />

transfusions, àune hémolyse parfaitement compensée<br />

chez un a<strong>du</strong>lte sain. Chez l’enfant, l’anémie atendance<br />

às’améliorer avec l’âge, pour disparaître dans certains<br />

cas. Chez l’a<strong>du</strong>lte, le degré de l’anémie est stable.<br />

L’hémolyse peut être exacerbée par différentes agressions<br />

(infections, grossesse). On retrouve généralement<br />

une splénomégalie.<br />

Parmi les complications habituelles, on retrouve un<br />

risque élevé de lithiase biliaire et de surcharge en fer.<br />

Seuls d’exceptionnels cas de mort fœtale in utero avec<br />

hydrops foetalis ont été rattachés àundéficit en PK.<br />

—Variants de PK érythrocytaire<br />

Environ 150 anomalies impliquées dans <strong>des</strong> syndromes<br />

hémolytiques ont été caractérisées au niveau moléculaire<br />

sur le gène PK-LR. Leplus souvent, il s’agit de<br />

mutations privées. Il existe cependant un petit nombre<br />

de mutations récurrentes. En l’absence de consanguinité,<br />

les patients sont le plus souvent <strong>des</strong> hétérozygotes<br />

composites.


La plupart <strong>des</strong> déficits en PK ont été décrits chez les<br />

Européens <strong>du</strong> Nord, aux États-Unis et au Japon, mais<br />

l’anomalie est ubiquitaire. La fréquence de l’anomalie<br />

àl’état hétérozygote dans la population générale aété<br />

évaluée àenviron 1à2%par la plupart <strong>des</strong> étu<strong>des</strong>.<br />

On reconnaît deux catégories de variants possibles :<br />

• ceux donnant une enzyme instable et qui présentent<br />

une activité très abaissée (10 à30%delanormalité) ;<br />

• ceux donnant une enzyme stable àcinétique perturbée<br />

in vivo et dont l’activité in vitro peut être mesurée<br />

jusqu’à 60 %delanormale.<br />

—Traitement<br />

Aucun traitement spécifique n’est capable d’augmenter<br />

l’activité PK in vivo.<br />

Les transfusions sont parfois nécessaires, surtout chez<br />

l’enfant quand l’anémie est mal tolérée. La splénectomie<br />

peut être proposée après l’âge de 5ans :elle n’empêche<br />

pas l’hémolyse, mais permet de ré<strong>du</strong>ire les besoins<br />

transfusionnels en augmentant le taux d’hémoglobine.<br />

Diagnostic biologique<br />

Le diagnostic biologique est évoqué devant une anémie<br />

hémolytique avec bilirubine libre augmentée et haptoglobine<br />

abaissée. Le taux de réticulocytes est généralement<br />

peu élevé avant splénectomie, et il n’est pas<br />

proportionnel àl’intensité de l’anémie, contrairement à<br />

ce qui est observé dans les autres anémies hémolytiques.<br />

Sur le frottis, outre l’anisocytose et la polychromatophilie,<br />

on peut parfois noter la présence d’échinocytes en<br />

proportion variable (3 à30%).<br />

Le diagnostic différentiel repose sur l’élimination d’une<br />

hémolyse autoimmune (test de Coombs direct normal),<br />

d’une hémoglobinopathie ou d’une maladie de la membrane<br />

érythrocytaire.<br />

Le diagnostic de déficit est généralement possible avec<br />

le dosage de l’activité enzymatique.<br />

—Dosage enzymatique<br />

Il doit, toujours être pratiqué àdistance d’une transfusion.<br />

La mesure est réalisée sur un hémolysat préparé après<br />

lavage soigneux <strong>des</strong> érythrocytes. L’élimination préalable<br />

<strong>des</strong> leucocytes est une étape essentielle, car le taux<br />

de PK-M2 dans les leucocytes n’est pas affecté dans<br />

les variants hémolytiques ; en outre, les leucocytes<br />

contiennent <strong>des</strong> taux de PK environ 300 fois plus élevés<br />

que les hématies.<br />

Le dosage utilise la transformation <strong>du</strong> PEP en pyruvate<br />

par la PK de l’hémolysat. Le pyruvate est ensuite trans-<br />

formé en lactate par la LDH en présence de NADH,<br />

H+. La diminution de densité optique observée à<br />

340 nm est proportionnelle àl’activité PK présente dans<br />

l’échantillon et s’exprime en UI par gramme d’hémoglobine<br />

dans l’hémolysat. Les valeurs usuelles sont de<br />

l’ordre de 6à8U/gHb.<br />

L’activité mesurée est souvent assez élevée, de 5à<strong>25</strong> %<br />

de l’activité normale pour la plupart <strong>des</strong> variants. La<br />

profondeur de l’anémie n’est pas liée àlasévérité <strong>du</strong><br />

déficit mesuré in vitro.<br />

Certains patients déficitaires peuvent présenter <strong>des</strong> taux<br />

normaux, voire augmentés. Différentes raisons peuvent<br />

être évoquées :<br />

• un taux de réticulocytes élevé peut masquer la présence<br />

d’un variant instable ;<br />

• l’isoenzyme M2, ubiquitaire, peut être exprimée dans<br />

les hématies de certains patients, contribuant àl’activité<br />

mesurée ;<br />

• les variants présentant une cinétique anormale et inefficiente<br />

in vivo peuvent présenter une activité catalytique<br />

normale ou augmentée dans les conditions<br />

optimales et artificielles <strong>du</strong> dosage in vitro.<br />

Il est toujours important de pouvoir comparer la valeur<br />

trouvée àcelle d’une autre enzyme de la glycolyse, afin<br />

d’éviter de considérer comme normale une valeur<br />

accrue par une forte réticulocytose ou, au contraire,<br />

comme un déficit une valeur basse résultant d’un<br />

échantillon mal conservé.<br />

En cas de déficit supposé, il est fortement recommandé<br />

de répéter l’examen sur un second prélèvement pour<br />

confirmer le résultat et de réaliser une enquête familiale<br />

pour rechercher l’anomalie àl’état hétérozygote chez<br />

les autres membres de la famille. Les sujets hétérozygotes<br />

présentent <strong>des</strong> taux généralement diminués de<br />

moitié, mais il existe un recouvrement important avec<br />

les taux normaux.<br />

Il a également été décrit de rares cas (2 familles)<br />

d’hyperactivité PK dont la transmission est autosomique<br />

dominante et qui peut être associée àune polyglobulie.<br />

Biologie moléculaire<br />

Les tests de biologie moléculaire ont supplanté<br />

l’approche protéique <strong>des</strong> variants. Ils sont utilisés pour<br />

caractériser les mutations par séquençage et sont également<br />

très utiles dans les étu<strong>des</strong> familiales pour permettre<br />

le diagnostic prénatal.<br />

☞ Glucose-6-phosphate-déshydrogénase<br />

Glader B.<br />

Hereditary hemolytic anemias <strong>du</strong>e to enzyme disorders.<br />

In :Mentzer WC, Wagner GH.


Wintrobe’s clinical hematology.<br />

Philadelphia :Lippincott Williams &Wilkins, 2004 ;pp. 1115-1140.<br />

Zanella A, Fermo E, Bianchi P, Valentini G.<br />

Red cell pyruvate kinase deficiency :molecular and clinical aspects.<br />

Br JHaematol 2005 ;130 :11-<strong>25</strong>.

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