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32 Art. 5. Avignon, ville Celtique
Art. 5. Avignon, ville Celtique 33
l’ancien palais des papes et des vice-légats (I), et
conséquemment sur la pente du rocher. C’était
là sans doute que furent en effet construites les
premières habitations où la ville d’Avignon a
pris naissance, conformément au goût des anciens
Gaulois, attentifs, selon César, à s’établir
le long des fleuves et des rivières, sur des élévations
: c’était le goût général des peuplades qui
se formèrent après le déluge, ou du moins après
quelqu’une de ces grandes inondations auxquelles
le territoire de la ville d’Avignon devait être encore
plus sujet lorsqu’il était presqu’entièrement
inculte. Les hommes effrayés par ces tristes
souvenirs, choisissaient les montagnes pour leur
azile, et c’était, non pas précisément sur les plus
hautes, comme le dit le savant Prideaux (2),
que les villes les plus anciennes étaient bâties,
mais sur celles qui étaient assez hautes pour
que les inondations ne pussent les atteindre, et
assez basses pour que le climat n’en fût pas
trop refroidi. Cette situation, dans un tems où
(1) Avignon, déssignée et gravée par I. Silvestre, à Paris,
chez Pierre Mariette.
(2) Cité dans la Dissertation sur les Brigantes, p. 64.
plusieurs hordes sauvages s’attaquaient souvent
les unes les autres, donnait encore l’avantage
d’apercevoir l’ennemi de plus loin, et de se défendre
plus aisément. Aussi les Grecs, dont l’industrie
est si connue, construisirent-ils sur des
montagnes leurs plus anciennes villes, telles que
Sicione, Égine, Corinthe, Delphes, Décélie, Orchomène,
Larisse, et plusieurs autres (1). Rome,
la fameuse Rome, qui conquit le monde entier,
a rendu célèbres les sept collines ou montagnes
sur lesquelles elle s’élève majestueusement.
La sillabe iôn qui dans l’esprit des Phocéens-
Marseillais-Ioniens distinguait leurs colonies de
celles des Rhodiens-Doriens, avait donc encore
l’avantage, dans la langue celtique, d’exprimer
une relation avec la situation de ces diverses colonies.
En effet elle signifie en Gallois Seigneur,
Dieu ; et les Basques rendent la même idée par
Ioun, Iauna; Iunak est un héros chez les Esclavons
; Iauna, un Grand, un Seigneur chez les
Américains (2).
(1) Dissertation sur les Brigantes, p. 65.
(2) Mémoires sur la langue Celtique, par Bullet. Besançon
1760, t. 2, p. 48,