Raoul Sangla - PDF - Filmer en Alsace
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anonymes, deux week-<strong>en</strong>ds par mois, le soin de<br />
choisir et de comm<strong>en</strong>ter, <strong>en</strong> direct, les nouvelles<br />
du jour, assistés par trois ou quatre journalistes<br />
de la rédaction. Je parlais alors, d’une « télévision<br />
qui se mêle de ceux qui la regard<strong>en</strong>t », où les<br />
acteurs de la réalité devi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t les acteurs de la<br />
télévision. Les journalistes y étai<strong>en</strong>t des amorces<br />
(photographiques – dos à la caméra ! – et<br />
pyrotechniques – boutefeux des consci<strong>en</strong>ces<br />
citoy<strong>en</strong>nes). La rédaction cria au charron. Leur<br />
déni, peut-être <strong>en</strong> partie justifi é, t<strong>en</strong>tait de<br />
masquer leur crainte de voir altérer leur rôle<br />
de “professionnels de la profession”. Leurs<br />
confrères, v<strong>en</strong>us sur le tas avec moi, par bonheur,<br />
ne partageai<strong>en</strong>t pas leur crainte. À la fi n du<br />
onzième Journal, émis de Corse, <strong>en</strong> février 1982,<br />
un sénateur socialiste de Marseille, Basti<strong>en</strong><br />
Leccia, intervint auprès de Pierre Desgraupes,<br />
présid<strong>en</strong>t d’Ant<strong>en</strong>ne 2, pour protester à propos<br />
des jugem<strong>en</strong>ts critiques exprimés par ses compatriotes,<br />
concernant les élus de l’Ile. Exit, donc,<br />
le Journal d’<strong>en</strong> France, après sa onzième édition.<br />
L’émancipation citoy<strong>en</strong>ne<br />
André Leroy-Gourhan a dit de la télévision :<br />
« Voilà un instrum<strong>en</strong>t qui apporte dans nos maisons<br />
le geste et la parole des hommes et nous ti<strong>en</strong>t devant<br />
lui, immobiles et muets. »<br />
Voilà, bi<strong>en</strong> posés, les termes d’une vieille querelle<br />
ressortissant à la langue d’Esope : s’agit-il d’un<br />
moy<strong>en</strong> d’émancipation ou d’aliénation ? La première<br />
hypothèse devrait pouvoir se vérifi er, si<br />
des valeurs fondam<strong>en</strong>tales de notre République<br />
comme le respect d’autrui, la tolérance, la solidarité,<br />
avai<strong>en</strong>t réellem<strong>en</strong>t gagné nos consci<strong>en</strong>ces<br />
de citoy<strong>en</strong>s durant les 60 ans d’histoire de notre<br />
télévision. En revanche, deuxième hypothèse :<br />
l’opiniâtre émission de l’audiovisuel brouet<br />
idéologique, pourrait avoir amolli nos facultés<br />
citoy<strong>en</strong>nes. À la vue du succès des programmes<br />
les moins exigeants, sinon les plus complaisants,<br />
dont la fringale d’histoires, le besoin d’être<br />
divertis (dét<strong>en</strong>dus et détachés à la fois) qui anime<br />
les cli<strong>en</strong>ts (comme ils dis<strong>en</strong>t), peut expliquer<br />
la pér<strong>en</strong>nité, l’on peut craindre que les vertus<br />
cardinales citoy<strong>en</strong>nes, citées plus haut, n’ai<strong>en</strong>t<br />
<strong>en</strong>core à pati<strong>en</strong>ter avant d’adv<strong>en</strong>ir.<br />
Je connais, de naissance, ce peuple que l’on ne<br />
nomme pas souv<strong>en</strong>t par son nom et la qualité<br />
de sa culture – savoir-faire et savoir-vivre – à<br />
laquelle néanmoins fait souv<strong>en</strong>t défaut l’appétit<br />
pour les choses de l’esprit que son éducation,<br />
trop tôt interrompue – aff aire de classe – fait<br />
compr<strong>en</strong>dre aisém<strong>en</strong>t.<br />
Du joli mois de mai à l’ORTF