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Vincent Probst<br />
Institut du thorax, CHU, Nantes<br />
Attitudes<br />
I FMC - recommandations - sociétés savantes - pratique clinique I<br />
La réponse à la question pourrait être extrêmement simple<br />
et se résumer à « oui bien sûr puisque j'en ai vu ». La question<br />
est en fait probablement plus complexe et doit amener<br />
à se demander si les formes familiales des valvulopathies<br />
ont véritablement un sens clinique.<br />
Nous allons donc voir, pour les deux formes de valvulopathie<br />
les plus fréquentes, le rétrécissement aortique et le<br />
prolapsus valvulaire mitral, si les formes familiales de ces<br />
maladies existent, quelle est leur fréquence et si<br />
l'identification de ces formes familiales doit modifier le<br />
mode de prise en charge.<br />
Le prolapsus valvulaire mitral<br />
Les valvulopathies à dégénérescence myxoïde sont des maladies<br />
cardiaques fréquentes. Elles forment un groupe complexe<br />
de maladies se caractérisant par une atteinte valvulaire<br />
commune définie par un épaississement valvulaire par<br />
l’accumulation de protéoglycanes et une rupture de la structure<br />
conjonctive.<br />
Le prolapsus valvulaire mitral est de loin la forme la plus fréquente.<br />
Il touche entre 2 et 3% de la population.<br />
L'identification des premières formes familiales de cette<br />
pathologie est ancienne, mais le caractère génétique, et<br />
donc indéniablement héréditaire, a été récemment trouvé<br />
lors de l'identification du premier locus de prolapsus valvulaire<br />
mitral en 1999 par l’équipe de X. Jeunemaître en 16p11-13 (1) .<br />
Depuis, deux autres localisations sur les chromosomes 11 et<br />
13 ont été rapportées par une équipe américaine (2,3) .<br />
La localisation chromosomique du prolapsus valvulaire dans<br />
ces différentes familles permettait donc d'affirmer que le<br />
Les valvulopathies familiales<br />
existent-elles vraiment ?<br />
BSIP<br />
prolapsus valvulaire mitral pouvait être d'origine génétique,<br />
mais à ce stade la cause génétique de la pathologie n'était<br />
pas encore identifiée.<br />
Notre équipe avait identifié une grande famille, comportant<br />
plus de 300 membres, atteinte de dystrophie valvulaire<br />
liée à l’X (XMVD). La valvulopathie coségrégait avec une<br />
hémophilie A mineure, ce qui nous a permis de localiser en<br />
1998 le gène responsable de XMVD en Xq28, puis récemment<br />
d'identifier une mutation faux sens C A c1910 dans<br />
l’exon 13 A qui est prédit pour entraîner le remplacement<br />
d’une proline par une glutamine au niveau de l’acide aminé<br />
637 (P637Q) du gène codant pour la filamine A (4-6) .<br />
L'identification de cette première anomalie génétique responsable<br />
de formes non syndromiques de prolapsus valvulaire<br />
mitral permet donc de commencer à comprendre la<br />
physiopathologie de cette maladie. En effet, la filamine<br />
module l’organisation du cytosquelette d’actine en réseaux<br />
parallèles ou orthogonaux. Elle joue un rôle dans<br />
l’interaction entre les réseaux d’actine et les récepteurs transmembranaires<br />
pour moduler les signaux de transduction de<br />
cellule à cellule et a un rôle essentiel dans la voie de signalisation<br />
du TGF-bêta.<br />
Nous avons depuis recherché des mutations dans ce gène<br />
dans plusieurs petites familles ayant une transmission liée<br />
à l’X de la valvulopathie. Nous avons pu retrouver la présence<br />
d'une mutation sur 4 des 7 familles qui correspondaient<br />
à ces critères montrant que la filamine A joue un rôle<br />
majeur dans la survenue des valvulopathies lorsque la transmission<br />
se fait sur le chromosome X.<br />
Une recherche systématique de la présence de mutations<br />
dans la filamine A sur des cas sporadiques de valvulopathie<br />
myxoïde n'a permis de retrouver une mutation que chez un<br />
seul des 50 patients testés, ce qui montre que ce type<br />
d'anomalie génétique n’est responsable que d'une part<br />
mineure des valvulopathies. En revanche, notre équipe a<br />
réalisé de manière systématique la recherche de formes familiales<br />
de la maladie sur les cas sporadiques hospitalisés pour<br />
une chirurgie de plastie mitrale. Parmi les 160 patients que<br />
nous avons contactés, une enquête familiale a pu être réalisée<br />
chez 65 d'entre eux. Sur ces 65 familles, 45 (69%)<br />
avaient au moins un deuxième cas de valvulopathie myxoïde<br />
mitrale. Ces résultats montrent que les formes familiales de<br />
valvulopathie myxoïde mitrale sont très fréquentes.<br />
Le rétrécissement aortique<br />
Le rétrécissement aortique est actuellement la forme la plus<br />
fréquente de valvulopathie. Il touche environ 2 à 3% des sujets<br />
âgés. Nous avons tous appris, lors de nos études de médecine,<br />
que le rétrécissement aortique est une maladie du sujet âgé,<br />
CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 40 Juin 2008