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22<br />

Vincent Probst<br />

Institut du thorax, CHU, Nantes<br />

Attitudes<br />

I FMC - recommandations - sociétés savantes - pratique clinique I<br />

La réponse à la question pourrait être extrêmement simple<br />

et se résumer à « oui bien sûr puisque j'en ai vu ». La question<br />

est en fait probablement plus complexe et doit amener<br />

à se demander si les formes familiales des valvulopathies<br />

ont véritablement un sens clinique.<br />

Nous allons donc voir, pour les deux formes de valvulopathie<br />

les plus fréquentes, le rétrécissement aortique et le<br />

prolapsus valvulaire mitral, si les formes familiales de ces<br />

maladies existent, quelle est leur fréquence et si<br />

l'identification de ces formes familiales doit modifier le<br />

mode de prise en charge.<br />

Le prolapsus valvulaire mitral<br />

Les valvulopathies à dégénérescence myxoïde sont des maladies<br />

cardiaques fréquentes. Elles forment un groupe complexe<br />

de maladies se caractérisant par une atteinte valvulaire<br />

commune définie par un épaississement valvulaire par<br />

l’accumulation de protéoglycanes et une rupture de la structure<br />

conjonctive.<br />

Le prolapsus valvulaire mitral est de loin la forme la plus fréquente.<br />

Il touche entre 2 et 3% de la population.<br />

L'identification des premières formes familiales de cette<br />

pathologie est ancienne, mais le caractère génétique, et<br />

donc indéniablement héréditaire, a été récemment trouvé<br />

lors de l'identification du premier locus de prolapsus valvulaire<br />

mitral en 1999 par l’équipe de X. Jeunemaître en 16p11-13 (1) .<br />

Depuis, deux autres localisations sur les chromosomes 11 et<br />

13 ont été rapportées par une équipe américaine (2,3) .<br />

La localisation chromosomique du prolapsus valvulaire dans<br />

ces différentes familles permettait donc d'affirmer que le<br />

Les valvulopathies familiales<br />

existent-elles vraiment ?<br />

BSIP<br />

prolapsus valvulaire mitral pouvait être d'origine génétique,<br />

mais à ce stade la cause génétique de la pathologie n'était<br />

pas encore identifiée.<br />

Notre équipe avait identifié une grande famille, comportant<br />

plus de 300 membres, atteinte de dystrophie valvulaire<br />

liée à l’X (XMVD). La valvulopathie coségrégait avec une<br />

hémophilie A mineure, ce qui nous a permis de localiser en<br />

1998 le gène responsable de XMVD en Xq28, puis récemment<br />

d'identifier une mutation faux sens C A c1910 dans<br />

l’exon 13 A qui est prédit pour entraîner le remplacement<br />

d’une proline par une glutamine au niveau de l’acide aminé<br />

637 (P637Q) du gène codant pour la filamine A (4-6) .<br />

L'identification de cette première anomalie génétique responsable<br />

de formes non syndromiques de prolapsus valvulaire<br />

mitral permet donc de commencer à comprendre la<br />

physiopathologie de cette maladie. En effet, la filamine<br />

module l’organisation du cytosquelette d’actine en réseaux<br />

parallèles ou orthogonaux. Elle joue un rôle dans<br />

l’interaction entre les réseaux d’actine et les récepteurs transmembranaires<br />

pour moduler les signaux de transduction de<br />

cellule à cellule et a un rôle essentiel dans la voie de signalisation<br />

du TGF-bêta.<br />

Nous avons depuis recherché des mutations dans ce gène<br />

dans plusieurs petites familles ayant une transmission liée<br />

à l’X de la valvulopathie. Nous avons pu retrouver la présence<br />

d'une mutation sur 4 des 7 familles qui correspondaient<br />

à ces critères montrant que la filamine A joue un rôle<br />

majeur dans la survenue des valvulopathies lorsque la transmission<br />

se fait sur le chromosome X.<br />

Une recherche systématique de la présence de mutations<br />

dans la filamine A sur des cas sporadiques de valvulopathie<br />

myxoïde n'a permis de retrouver une mutation que chez un<br />

seul des 50 patients testés, ce qui montre que ce type<br />

d'anomalie génétique n’est responsable que d'une part<br />

mineure des valvulopathies. En revanche, notre équipe a<br />

réalisé de manière systématique la recherche de formes familiales<br />

de la maladie sur les cas sporadiques hospitalisés pour<br />

une chirurgie de plastie mitrale. Parmi les 160 patients que<br />

nous avons contactés, une enquête familiale a pu être réalisée<br />

chez 65 d'entre eux. Sur ces 65 familles, 45 (69%)<br />

avaient au moins un deuxième cas de valvulopathie myxoïde<br />

mitrale. Ces résultats montrent que les formes familiales de<br />

valvulopathie myxoïde mitrale sont très fréquentes.<br />

Le rétrécissement aortique<br />

Le rétrécissement aortique est actuellement la forme la plus<br />

fréquente de valvulopathie. Il touche environ 2 à 3% des sujets<br />

âgés. Nous avons tous appris, lors de nos études de médecine,<br />

que le rétrécissement aortique est une maladie du sujet âgé,<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 40 Juin 2008

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