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Agone n° 18-19 - pdf (1090 Ko) - Atheles

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« PERMANENT » DE LA LUTTE CONTRE LA GUERRE D’ALGÉRIE ?<br />

Je pris l’habitude dès que je voyais une erreur de téléphoner au<br />

journal pour qu’elle soit rectifiée dans la seconde édition. Robert<br />

Gauthier m’en fut reconnaissant jusqu’à sa mort.<br />

À quoi bon le dissimuler, les journées du putsch, du 22 au 25 avril<br />

<strong>19</strong>61, qui virent quatre généraux, Challe, Jouhaud, Salan et Zeller<br />

prendre le pouvoir à Alger, je les ai vécues dans l’angoisse et la peur,<br />

peur pour le pays, peur pour moi. Dans la journée du 23, j’entendis le<br />

magnifique discours du général de Gaulle sur le « quarteron de<br />

généraux en retraite » et les officiers « ambitieux, partisans et<br />

fanatiques ». Ce fut mon jugement d’alors et je le maintiens<br />

aujourd’hui. Mais le pouvoir avait-il les moyens de résister ?<br />

Beaucoup en doutaient, dont Jérôme Lindon. Dans la journée du 23,<br />

plusieurs coups de téléphone anonymes et bizarres furent donnés à la<br />

maison. Je décidai de coucher chez Catherine et Charles Malamoud<br />

où nous détruisîmes quelques papiers compromettants. C’est là que<br />

j’entendis l’incroyable appel de Michel Debré à se rendre dans les<br />

aéroports « à pied ou en voiture » pour expliquer aux « soldats<br />

trompés » qu’ils avaient tort de se tromper. […]<br />

La fin du printemps et l’été se passa notamment à lire les comptes<br />

rendus des premiers procès sérieux intentés aux activistes de l’armée.<br />

Pour trouver une justice obéissante, de Gaulle fut obligé de créer des<br />

tribunaux spéciaux. Le procès dit « des barricades », lui, s’était<br />

terminé le 2 mars <strong>19</strong>61 par un acquittement général. Il y eut<br />

cependant le 9 juin <strong>19</strong>61 un incident que je dois évoquer. À l’heure<br />

du laitier, la police se pointa à la maison, perquisitionna et suivit<br />

même Geneviève chez le boulanger. Je fus conduit à Vérité-Liberté où<br />

ces fonctionnaires s’emparèrent du fichier. En même temps que moi,<br />

Jacques Panijel, Paul Ricœur et Paul Thibaud furent arrêtés. Cela dura<br />

un peu plus de vingt-quatre heures. La courtoisie de ces policiers était<br />

parfaite, il n’en fut pas de même lors de la nuit que je passai au Dépôt<br />

de la Préfecture de Police où je fus copieusement rossé et insulté<br />

parce que j’avais demandé à ne pas être tutoyé. La nuit que je passai<br />

dans ces locaux très évocateurs restera dans ma mémoire. Thibaud<br />

aussi sortit de cette rafle avec un œil au beurre noir. Un Michel<br />

Crouzet avait été arrêté. Ce n’était pas le nôtre. Manifestement, il y<br />

avait eu erreur. Michel Crouzet réfléchit et – il me l’a dit lui-même –

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