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Note à l'occasion de la publication des lettres de Cioran à Carl Schmitt

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RW 265–2545<br />

20, rue Monsieur le Prince Paris, le 9 Juillet 1950<br />

Paris VI e<br />

Monsieur,<br />

Vous serez sans doute étonné d’apprendre que je vous connais <strong>de</strong> longue date. J’ai<br />

passé les années 1934-35 en Allemagne, comme boursier <strong>de</strong> <strong>la</strong> Humboldt-Schiftung. A Berlin,<br />

j’al<strong>la</strong>is <strong>de</strong> temps en temps <strong>à</strong> l’université où j’ai eu <strong>la</strong> chance <strong>de</strong> vous entendre.<br />

Comme je manque <strong>à</strong> peu près complètement <strong>de</strong> formation juridique, je n’ai pas<br />

l’avantage <strong>de</strong> connaître toute votre œuvre. Mais votre livre sur le Romantisme et celui sur le<br />

concept du politique, m’ont passionné. Vous avez une manière vive et profon<strong>de</strong> d’abor<strong>de</strong>r les<br />

problèmes. Il se dégage <strong>de</strong> vos écrits un charme, le charme <strong>de</strong>s idées, et que je retrouve dans<br />

les fragments que vous avez eu l’amabilité <strong>de</strong> m’envoyer. Sur beaucoup <strong>de</strong> points, je me sens<br />

très proche <strong>de</strong> vous. Ce que vous dites sur le « Feind » me semble d’une importance capitale,<br />

et je vous admire d’avoir pu accé<strong>de</strong>r a ce <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> détachement qui vous permet d’éliminer<br />

vos légitimes rancœurs.<br />

« Weisheit <strong>de</strong>r Zelle » est un chapitre qu’aurait pu écrire un stoïcien <strong>de</strong> l’ancienne<br />

Rome. Je retiens surtout vos <strong>de</strong>ux remarques : « Aller Betrug ist und bleibt Selbstbetrug » -<br />

« Aber alle Vernichtung ist nur Selbstvernichtung ». J’ajouterai seulement que ce ne soit pas<br />

uniquement nos tromperies et nos <strong>de</strong>structions qui se retournent contre nous-mêmes, mais<br />

que tous nos actes, bons ou mauvais, nous <strong>de</strong>vons les expier d’une manière ou d’une autre :<br />

ainsi sommes-nous nécessairement victimes <strong>de</strong> notre œuvre.<br />

Il est curieux que mes élucubrations vous aient fait penser <strong>à</strong> Stirner. Comme vous, je<br />

le connais <strong>de</strong>puis mon « Unterprima ». J’avais même fait <strong>à</strong> l’époque une sorte <strong>de</strong> dissertation<br />

sur lui. Depuis, je ne l’ai plus relu, et je souscrirais volontiers au portrait que vous en faites<br />

si, par certains endroits, je n’avais peur <strong>de</strong> lui ressembler....<br />

Quand votre livre paraîtra-t-il ? Je suis impatient <strong>de</strong> le lire. Car je m’en voudrais <strong>de</strong><br />

connaître insuffisamment <strong>la</strong> pensée d’un <strong>de</strong>s esprits les plus luci<strong>de</strong>s <strong>de</strong> notre temps.<br />

Veuillez recevoir, Monsieur le Professeur, l’assurance<br />

<strong>de</strong> toute mon admiration E. <strong>Cioran</strong><br />

RW 265-2546<br />

20, rue Monsieur le Prince Paris, le 16 Oct. 1950<br />

Cher Monsieur,<br />

Je viens <strong>de</strong> rentrer d’un voyage en Espagne. Avant mon départ j’avais lu « Ex<br />

Captivitate Salus » ; arrivé <strong>à</strong> Paris, je trouve votre « Donoso Cortés » que j’ai fini <strong>de</strong> lire<br />

aujourd’hui même. Vous dirais-je encore une fois que je suis frappé <strong>de</strong> <strong>la</strong> similitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> nos<br />

goûts ? Je connais l’importance <strong>de</strong> votre carrière, le sérieux <strong>de</strong> votre œuvre, et je sais trop<br />

bien que je ne suis qu’un dilletante, un touche-<strong>à</strong>-tout ; - n’empêche qu’en lisant vos pages sur<br />

Kleist – dont le suici<strong>de</strong> fut une <strong>de</strong> mes gran<strong>de</strong>s obsessions je me suis sentis lié <strong>à</strong> vous par un<br />

attachement <strong>de</strong>s plus profonds. J’essaie <strong>de</strong> m’imaginer votre promena<strong>de</strong> funèbre <strong>à</strong> Wannsee,<br />

dans cet automne <strong>de</strong> 1944 et toutes les pensées qui durent traverser votre angoisse d’alors. Il<br />

m’est facile <strong>de</strong> percevoir en vous un fond lyrique auquel le juriste se refuse ; mais ce refus<br />

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même vous donne <strong>la</strong> force <strong>de</strong> surmonter vos dangers et d’intellectualiser vos émotions. (ce<br />

contrôle sur moi-même me faisant défaut, force m’a dit élu <strong>de</strong> me <strong>la</strong>ncer dans l’hystérie…) ;<br />

Je ne sais s’il me sera possible <strong>de</strong> me procurer l’œuvre <strong>de</strong> Donoso Cortés. En<br />

attendant, je lirai sûrement Tocqueville. Tout ce que vous en dites m’attire et m’intrigue.<br />

J’ajouterai que Joseph <strong>de</strong> Maistre est un <strong>de</strong>s auteurs que j’ai le plus fréquentés. Tout jeune<br />

encore, « Du Pape » me passionnait, et j’ai lu plus tard plusieurs fois les « Soirées <strong>de</strong> Saint-<br />

Pétersbourg », <strong>de</strong> même que ses Considérations sur <strong>la</strong> Révolution.<br />

Je passerai vos livres <strong>à</strong> quelques amis compétents. Il ne serait pas seulement<br />

souhaitable, mais nécessaire, qu’ils parussent en français. Malheureusement <strong>la</strong> France est le<br />

pays du roman. Savez-vous qu’un essai qui s’y vend un peu ne dépasse que rarement 2000<br />

exemp<strong>la</strong>ires ?<br />

En vous remerciant <strong>de</strong> vos beaux livres, je vous prie<br />

d’agréer, cher Monsieur, l’expression <strong>de</strong> ma plus sincère admiration<br />

E. <strong>Cioran</strong><br />

P.s. J’avais oublié <strong>de</strong> vous dire dans ma lettre précé<strong>de</strong>nte que je suis Roumain (né <strong>à</strong><br />

Hermannstadt), et que je parle très souvent <strong>de</strong> vous avec mon ami Elia<strong>de</strong> (que vous avez<br />

connu <strong>à</strong> Lisbonne pendant <strong>la</strong> guerre).<br />

<strong>Note</strong> <strong>à</strong> l’occasion <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>publication</strong> <strong>de</strong>s <strong>lettres</strong> d’Emil <strong>Cioran</strong> <strong>à</strong> <strong>Carl</strong> <strong>Schmitt</strong><br />

Petar Bojanić<br />

Les <strong>de</strong>ux <strong>lettres</strong> d’Emil <strong>Cioran</strong> au juriste allemand <strong>Carl</strong> <strong>Schmitt</strong> ne sont<br />

certainement qu’une partie d’une correspondance et d’un échange plus<br />

conséquents. On ne sait pas, pour l’instant, si les <strong>lettres</strong> <strong>de</strong> <strong>Schmitt</strong> ont été<br />

conservées. Dans <strong>la</strong> volumineuse correspondance <strong>de</strong> <strong>Cioran</strong> que publient les<br />

Cahiers <strong>de</strong> l’Herne (n° 90, 2009) dont le numéro consacré <strong>à</strong> <strong>Cioran</strong> a été publié<br />

ce printemps, il n’y a aucune lettre <strong>de</strong> <strong>Schmitt</strong> et son nom n’y est mentionné que<br />

dans une note sans importance. Il est intéressant que <strong>Cioran</strong> ne mentionne pas<br />

non plus <strong>Schmitt</strong> dans les textes politiques qu’il a écrits en roumain <strong>de</strong> 1933 <strong>à</strong><br />

1937 et qui ont sporadiquement paru dans <strong>la</strong> revue romaine Vremea. Ces textes,<br />

écrits <strong>à</strong> Berlin et <strong>à</strong> Bucarest (<strong>Cioran</strong> a été boursier <strong>de</strong> <strong>la</strong> fondation Humboldt <strong>de</strong><br />

l’automne 1933 <strong>à</strong> <strong>la</strong> fin <strong>de</strong> septembre 1935), ont été traduits en français pour <strong>la</strong><br />

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première fois dans ce même numéro <strong>de</strong>s Cahiers <strong>de</strong> l’Herne sous le titre<br />

« Articles politiques Berlin-Bucarest 1933-1937 ». Il est possible que <strong>Cioran</strong>,<br />

contrairement <strong>à</strong> ce qu’il affirme dans sa lettre du 9 juillet, n’ait pas connu<br />

<strong>Schmitt</strong> avant <strong>la</strong> guerre, et n’ait pas non plus assisté <strong>à</strong> ses cours. Au moment où<br />

<strong>Cioran</strong> séjourne <strong>à</strong> Berlin, <strong>Schmitt</strong> vient <strong>de</strong> quitter l’Université <strong>de</strong> Cologne où il a<br />

travaillé quelques mois, et est <strong>de</strong>venu Professeur <strong>de</strong> <strong>la</strong> Hochschule für Politik <strong>à</strong><br />

Berlin. Ses cours, très techniques, ne se tiennent pas régulièrement, puisque<br />

<strong>Schmitt</strong> est engagé en politique comme conseiller d’État <strong>de</strong> <strong>la</strong> Prusse, et <strong>de</strong> ce<br />

fait voyage constamment <strong>à</strong> travers l’Allemagne. Bien que <strong>Cioran</strong>, dans ses<br />

textes politiques d’avant-guerre, traite en détail <strong>de</strong> <strong>la</strong> dictature, il ne semble pas<br />

qu’il ait lu un <strong>de</strong>s ouvrages majeurs <strong>de</strong> <strong>Schmitt</strong>. Dans Transfiguration <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Roumanie [Schimbarea <strong>la</strong> Fatâ a României], publié en roumain en 1936, <strong>Cioran</strong><br />

ne fait qu’une fois allusion <strong>à</strong> <strong>la</strong> distinction entre l’ami et l’ennemi [dusman-<br />

prieten] (Humanitas, Bucurest, 1990, p. 166). Ceci, bien sûr, ne prouve pas qu’il<br />

a lu <strong>Schmitt</strong> : au contraire, il serait étrange qu’il ne le mentionne pas dans un<br />

livre où il parle par ailleurs aussi <strong>de</strong> C<strong>la</strong>usewitz, Meinecke, Kelsen, Spengler,<br />

Weininger, Stirner, Maurras, etc.<br />

Les Archives <strong>Schmitt</strong>, qui se trouvent <strong>à</strong> Düsseldorf (« Lan<strong>de</strong>sarchiv<br />

NRW, Abteilung Rhein<strong>la</strong>nd »), possè<strong>de</strong>nt ces <strong>de</strong>ux <strong>lettres</strong> <strong>de</strong> <strong>Cioran</strong> datées <strong>de</strong><br />

1950 (RW 265-2546/2545), ainsi que <strong>de</strong>ux <strong>lettres</strong> <strong>de</strong> Mircea Elia<strong>de</strong> adressées en<br />

1952 <strong>à</strong> <strong>Schmitt</strong> (19 septembre et 10 octobre 1952 ; RW 265 – 3175/3176). Dans<br />

celles-ci, également écrites en français, <strong>Cioran</strong> n’est pas mentionné. Je les ai<br />

trouvées cet été, au cours <strong>de</strong> recherches sur <strong>Schmitt</strong> et Rosenzweig. En<br />

consultant les exemp<strong>la</strong>ires personnels <strong>de</strong> <strong>la</strong> bibliothèque <strong>de</strong> <strong>Schmitt</strong> et les<br />

dossiers concernant Benjamin, Bloch, Marcuse et Lukaćs, je me suis pris<br />

d’intérêt pour les voyages et les cours que <strong>Schmitt</strong> a faits <strong>de</strong> 1933 jusqu’<strong>à</strong> <strong>la</strong> fin<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> guerre (il séjourne en Roumanie <strong>à</strong> partir <strong>de</strong> 1943, y tient <strong>de</strong>ux conférences<br />

<strong>de</strong>vant quelques centaines <strong>de</strong> personnes et est reçu par le Premier ministre et le<br />

Ministre <strong>de</strong>s Affaires Étrangères <strong>de</strong> l’époque Mihail Antonescu).<br />

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En tant que Conseiller culturel <strong>à</strong> <strong>la</strong> légation roumaine <strong>de</strong> Vichy <strong>à</strong> partir <strong>de</strong><br />

mai 1941, <strong>Cioran</strong> a pu avoir vent <strong>de</strong> <strong>la</strong> conférence que <strong>Schmitt</strong> tient en français<br />

le 16 octobre 1941 <strong>à</strong> l’Institut allemand <strong>de</strong> Paris, « La mer contre <strong>la</strong> terre – <strong>la</strong><br />

contradiction fondamentale dans le droit international ». En tant qu’ami d’Elia<strong>de</strong><br />

qui a vu <strong>Schmitt</strong> <strong>à</strong> Lisbonne en mai 1944, <strong>Cioran</strong> a peut-être appris qu’Elia<strong>de</strong> a<br />

rendu visite <strong>à</strong> <strong>Schmitt</strong> <strong>à</strong> Berlin au cours <strong>de</strong> l’été 1942 où ces <strong>de</strong>rniers ont discuté<br />

<strong>de</strong>s étudiants roumains <strong>de</strong> <strong>Schmitt</strong>.<br />

Il n’existe pas d’indication précise quant <strong>à</strong> <strong>la</strong> question <strong>de</strong> savoir qui a pu<br />

être l’intermédiaire entre <strong>Cioran</strong> et <strong>Schmitt</strong>. Il est probable que ce soit Nico<strong>la</strong>us<br />

Sombart (1923-2008), un jeune ami <strong>de</strong> <strong>Schmitt</strong> qui passe quelques années<br />

d’étu<strong>de</strong>s <strong>à</strong> Paris. Sombart re<strong>la</strong>tera ses rencontres avec <strong>Cioran</strong> et ses longues<br />

conversations sur <strong>Schmitt</strong> (Pariser Lehrjahre: 1951–1954, leçons <strong>de</strong> sociologie,<br />

Hamburg, Hoffmann & Campe, 1995, p. 104 (« Chaque séminaire <strong>de</strong> <strong>Carl</strong><br />

<strong>Schmitt</strong> on pourrait commencer avec <strong>la</strong> lecture d’un texte <strong>de</strong> <strong>Cioran</strong> ».).<br />

L’échange entre <strong>Cioran</strong> et <strong>Schmitt</strong> relève très certainement <strong>de</strong>s très<br />

nombreuses tentatives <strong>de</strong> <strong>Schmitt</strong>, immédiatement après son arrestation et son<br />

interrogatoire <strong>à</strong> Berlin et Nuremberg (soupçonné d’avoir théoriquement fondé<br />

les guerres d’offensive et <strong>la</strong> possibilité <strong>de</strong>s crimes <strong>de</strong> guerre) et son retour dans<br />

sa ville natale Plettenberg, d’entamer une correspondance et <strong>de</strong> col<strong>la</strong>borer avec<br />

<strong>de</strong>s personnalités totalement différentes, pour permettre sa propre réhabilitation<br />

et son retour sur <strong>la</strong> scène intellectuelle européenne. L’arrière-p<strong>la</strong>n <strong>de</strong> cet<br />

échange encore non élucidé est renforcé par le fait que <strong>Schmitt</strong> envoie <strong>à</strong> <strong>Cioran</strong><br />

le manuscrit <strong>de</strong> son ouvrage non encore publié (« Weisheit <strong>de</strong>r Zelle » est une<br />

partie du livre Ex Captivitate Salus que <strong>Schmitt</strong> lui envoie au cours <strong>de</strong> l’été<br />

1950 ; il est publié en août) et qu’ils entrent en contact en 1950, au cours d’une<br />

année <strong>à</strong> plusieurs égards compliquée et incroyablement importante pour <strong>Schmitt</strong>.<br />

En effet, <strong>Schmitt</strong>, pendant ces années-l<strong>à</strong>, <strong>de</strong> même que son ami Ernst Jünger, a<br />

pour habitu<strong>de</strong> d’envoyer ses manuscrits sous pseudonyme <strong>à</strong> <strong>de</strong>s adresses très<br />

diverses. Il envoie par exemple son livre Le Nomos <strong>de</strong> <strong>la</strong> terre <strong>à</strong> quasiment <strong>de</strong>ux<br />

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cents adresses. 1950 est l’année qui marque pour <strong>Schmitt</strong> <strong>la</strong> fin <strong>de</strong> l’interdiction<br />

<strong>de</strong> publier. Cette année-l<strong>à</strong>, il publie ses trois livres chez l’éditeur colonais<br />

« Greven », d’inspiration catholique, qui existe encore aujourd’hui. On sait que,<br />

plus tard, l’éditeur « Duncker & Humblot » prendra en charge leur <strong>publication</strong>,<br />

ainsi que celle <strong>de</strong> ses autres livres. Hormis Ex Captivitate Salus, <strong>Schmitt</strong> envoie<br />

<strong>à</strong> <strong>Cioran</strong> en guise <strong>de</strong> ca<strong>de</strong>au ses quatre dissertations sur Donoso Cortès (Donoso<br />

Cortès in gesamteuropäischer Interpretation. Vier Aufsätze), publiées en<br />

octobre. Le nom <strong>de</strong> <strong>Cioran</strong> ne se trouve pas sur <strong>la</strong> liste <strong>de</strong>s personnes auxquelles<br />

<strong>Schmitt</strong> envoie son œuvre majeure d’après-guerre Le Nomos <strong>de</strong> <strong>la</strong> terre (cette<br />

liste se trouve <strong>à</strong> <strong>la</strong> première page <strong>de</strong> son exemp<strong>la</strong>ire personnel du livre ; RW 265<br />

– 28259), qui paraît <strong>à</strong> <strong>la</strong> fin du moins <strong>de</strong> novembre <strong>de</strong> <strong>la</strong> même année.<br />

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