société et culture - Maroc Hebdo

www.maroc-hebdo.com
Les troubles de Laâyoune.
On a brûlé le drapeau national.
Que se
passe-t-il
au Sahara ?
N°655 du 3 au 9 Juin 2005
Dominique
De Villepin
un Marocain
à Matignon
Congrès
de l’USFP
Le pari
difficile
d’Elyazghi
Enquête
Les Bahaïs
du Maroc
Maroc 15 DH - France 3 Euro - Belgique et Italie 3,90 Euro - Canada 5,95 $ - USA 6,25 $

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ÉDITO
Le droit à l’information
Par Mohamed Selhami
POLITIQUE
Le Maroc diabolisé devant le congrès américain
Les élucubrations de Claude Moniquet
VIIème congrès de l’USFP
Le pari difficile d’Elyazghi
Réélection de Thami Khyari à la tête du FFD
L’homme au centre des préoccupations
L’Initiative nationale de développement humain
expliquée à la presse
Quelle politique sociale alternative?
Eclairage
Une monarchie sociale
ÉCONOMIE
Feuilleton judiciaire de l’affaire Palais des Roses
Le chaînon manquant
La stratégie de la Banque mondiale au
Maroc pour 2005-2009
Appui au social
Le Maroc adopte l’horaire continu
Travail non stop
6,7 milliards de dirhams pour la Samir
L’investissement de l’espoir
Larbi Bellaha, président du directoire de la Régie
des Tabacs
L’homme de tous les défis
Résultats du groupe BCP pendant le 1er
trimestre 2005
Satisfaction sur toutes les lignes
SOCIÉTÉ ET CULTURE
Plus de 24.000 piqûres par an au Maroc
Attention aux scorpions
Deuxième Festival des musiques du désert
Quand les dunes chantent
La capitale du Détroit gagne son pari
Tanjazz, acte VI
Spectacle de Lara Fabian à Casablanca
Lara, en toute intimité
La chronique de Driss Fahli
Le divorce de Marianne
SOMMAIRE
Couverture
n°655
On a brûlé le drapeau national à Laâyoune
Que se passe-til
au Sahara ?
Les troubles de Laâyoune
ont commencé avec le
transfert du prisonnier
Hadi Ahmed Mahmoud à
la prison d’Aït Melloul. Ils
ont pris une dimension
politique disproportionnée.
Explications. p10-13
Dominique de Villepin, Premier
ministre français
Un Marocain à
Matignon
Après le non
français à la
constitution
européenne,
Dominique
De Villepin,
natif de
Rabat, a été nommé Premier
ministre. Parcours d’un haut commis
de l’État. p.22-23
Les Bahaïs du Maroc
Une communauté
très secrète
Estimée à quelque 400
adeptes, la communauté
bahaïe marocaine
cultive la discrétion
comme une véritable
religion. Plongée dans
une ‘’secte’’ venue
d’Iran. p.34-35
MAROC HEBDO INTERNATIONAL - 14 e ANNÉE - du 3 au 9 Juin 2005
4, rue des Flamants-Riviera- Casablanca — Maroc Internet: http://www.maroc-hebdo.com E-mail : mhi@maroc-hebdo.press.ma

ÉDITORIAL
Comment peut-on qualifier les
événements qu’a connus
Laâyoune durant la dernière
semaine de mai 2005 ? Simples attroupements
de jeunes laissés-pour-compte
et d’enfants vaguement embarqués
dans l’inquiétude de leurs aînés, comme
il peut y en avoir, et il y en a, ailleurs
au Maroc ? Ou fait gravissime, le drapeau
national ayant été brûlé sous des
slogans indépendantistes, le tout sur la
place centrale de la capitale du Sahara
marocain? Les faits sont là. Sur leurs
causes et leurs significations, certainement
multiples, on pourra ergoter à l’envi
sur les trente années à
venir, juste pour faire un
chiffre rond par rapport
aux trente ans passés.
Le problème qui nous
concerne en tant que professionnels
de l’information
est précisément –excusez
la redondance- celui
de l’information. Sur
ce registre-là, et par rapport
à une question dite
“première cause nationale”, il y a un
gros déficit. Déplorable pour la profession
et pour l’opinion publique.
Bien évidemment que, de temps à autre,
des briefings sont organisés lors de
grandes manœuvres de négociations.
Mais, que celles-ci soient rondement ficelées
ou mal goupillées, c’est toujours
après coup. On comprend bien que la diplomatie
secrète, en tant qu’exception
qui ne fait pas la règle, puisse avoir ses
raisons propres, mais l’accompagnement
par l’information de la presse, chemin
faisant, est aussi une obligation et
un droit. Si cela était le cas, le rôle de
la presse, particulièrement écrite, ne se
limiterait pas à répercuter, avec quelques
commentaires, a posteriori.
Elle serait un acteur pleinement impliqué,
avec un apport actif et un impact
4
Mohamed Selhami
À Laâyoune comme à Rabat, des jeunes Sahraouis
ont remis en question, en public et à haute voix,
l’élément constitutif d’une nation: le territoire.
Le droit à l’information
efficace sur l’opinion publique.
Mais tout se passe comme si, depuis la
Marche verte -avec 70% de la population
nés après- la question du Sahara
avait été totalement étatisée. Le Sahara
affaire d’État, on le conçoit. Mais c’est
aussi l’affaire de tous les Marocains. À
ce niveau, le déficit d’information à l’intention
de la presse, se décline aussi en
déficit de mobilisation à l’adresse de la
population. Résultat, autant l’attitude
d’Alger vis-à-vis de notre intégrité territoriale
est ressentie comme une “hogra”,
pour employer un terme cher à
Bouteflika, autant le commun des citoyens
s’en remet com-
Le Sahara
affaire d’État,
on le conçoit.
Mais c’est
aussi l’affaire
de tous les
Marocains.
plètement à l’État. Une
sorte de nationalisme
rentré, une citoyenneté
passive.
C’est justement ce à
quoi on a assisté ces
derniers jours. À
Laâyoune, comme sur
le campus universitaire
de Rabat, des jeunes S
ahraouis ont remis en
question, en public et à haute voix, le
principal élément constitutif d’une nation
: le territoire. Les forces de maintien
de l’ordre ont fait leur travail, puisqu’il
y a eu détérioration d’édifices collectifs
et de biens d’autrui. On aura tout
de même enregistré qu’il n’y a eu de
réaction des populations attachées à leur
marocanité que lorsque celle-ci a été
suscitée. Alors que cela aurait pu être
spontané, si on n’avait pas inculqué ce
réflexe conditionné. Où sont donc les
structures des partis qui, manifestement,
ont pignon sur rue, puisqu’ils ont des
élus locaux ?
En définitive, et pour être juste, la
responsabilité de ce désengagement instinctif
est partagée entre l’État et les
partis. En attendant que l’on veuille bien
que la presse y soit associée.❏
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Ce numéro est tiré
à 23.000 exemplaires.
Maroc Hebdo International N° 655 - Du 3 au 9 Avril 2005

© Ph: DR
FIL DIRECT
Carrefour économique
sur le Maghreb
L’Algérie a accueilli le 20
mai 2005 l’un des forums
économiques les plus importants
du monde arabe. Il
s’agit en effet du quatrième
symposium d’El Oued au
sud de l’Algérie. En marge
de ce symposium a eu
lieu l’organisation d’un
Hassan Bernoussi.
carrefour des entrepreneurs
Maghrébins qui a vu la participation
d’une importante délégation d’hommes
d’affaires marocains conduite par
Hassan Bernoussi, patron de la direction
des investissements extérieurs.
Ce carrefour a vu également la participation
d’un invité de marque, Hassan
Abouyoub, ancien ambassadeur du
Maroc en France et plusieurs fois ministre,
qui s’est déplacé en Algérie sur
invitation des organisateurs en tant
qu’expert. Il a participé à ce symposium
à titre personnel pour apporter
son expertise et son expérience au service
des hommes d’affaires.
De nouvelles armes russes
pour l’Algérie
Dans son édition du vendredi 27 mai
2005, le quotidien russe Kommersant
a dévoilé que l’Algérie devrait acquérir
de nouveaux équipements militaires
russes, dont 300 chars T-90, qui
viendront s’ajouter aux précédents
équipements militaires achetés auprès
de l’ex-Union soviétique. Elle pourrait
également acheter une ou deux escadrilles
de chasseurs lourds SUKHOI-
30MKI ou SUKHOI-34 pour un montant
estimé entre 800 millions et 1
milliard de dollars, ainsi que trois ou
quatre escadrilles de Mig-29SMT pour
un montant allant de 1 à 1,2 milliard
de dollars.
Citant des responsables du service fédéral
pour la coopération technico-militaire,
le quotidien russe, spécialisé
dans les milieux des affaires, a indiqué
que cet important achat d’armes
russes, a été au coeur des négociations
menées par le chef d’état-major de
l’Armée nationale populaire (ANP),
le général Ahmed Gaïd Salah, durant
son récent séjour à Moscou.
6
• Sahel en visite dans les provinces du sud
Le ministre de l’Intérieur, Mostafa Sahel, devrait se rendre, le
mercredi 8 juin, dans les provinces du sud, notamment à
Laâyoune et probablement à Smara et à Dakhla, où il s’entretiendra
avec les élus et les différentes personnalités de la
région au cours d’un programme riche en réunions et en
entrevues. Cette visite qui fait suite aux récents événements
qu’a connus la ville de Laâyoune, le mardi 24 mai, devra
relancer le processus de développement des provinces du sud
Mostafa Sahel. sur les plans économique et social. A rappeler que ces événements
ont conduit à l’arrestation de 33 personnes dont 16 ont été libérées.
Certaines sources laissent entendre que les 17 autres feront valoir la qualité d’indépendantistes.
Des ONG internationales de défense des droits de l’homme se
sont intéressées à leur sort et pourraient les considérer comme des détenus d’opinion.
© Ph: MHI
• SM le Roi reçoit de nouveaux ambassadeurs
Lundi 6 juin 2005, SM le Roi devait recevoir treize nouveaux ambassadeurs.
Il s’agit de Ahmed Ameziane, en Malaisie, Larbi Moukharik, en Inde, Lahcen
Azoulay, en Roumanie, Brahim Abdeljebbar, en Ethiopie, Abdeljalil Sabry, en
Ukraine, Mustapha Cherkaoui, au Nigeria, My Abbas Kadiri, en Hongrie,
Rachid Drissi Kaitouni, en Tchéquie, Mahfoud Rmiki, au Mexique, Badreddine
Allali, en Australie, Abderrahim Mohandiz, au Pérou, Mohamed Touhami, au
Yémen et Ali Hmaoui, au Burkina Faso. Rappelons qu’il y a une dizaine de
jours, My Mehdi Alaoui a été désigné au poste d’ambassadeur du Maroc en
Libye, en remplacement de My Driss Alaoui. Il s’agit de nouvelles nominations
pour donner un nouveau souffle à la diplomatie marocaine.
• Mohamed Bedjaoui en charge du Sahara
Lors de rencontres bilatérales qui se sont déroulées au
Luxembourg, le lundi 30 mai, en marge de la rencontre Euro
méditerranéenne, Miguel Angel Moratinos, le ministre espagnol
des Affaires étrangères, s’est longuement entretenu à propos de
la crise du Sahara avec son homologue algérien, Mohammed
Bejdaoui et le ministre marocain délégué aux Affaires étrangères,
Taïb Fassi Fihri. Il en est ressorti que les trois pays sont d’accord
pour que Kofi Annan, le secrétaire général de l’ONU, désigne
d’urgence un envoyé spécial pour le Sahara afin de pro-
Med Bedjaoui
mouvoir une nouvelle dynamique diplomatique, avec pour mission
la relance du dialogue entre les diverses parties en conflit. Par ailleurs,
c’est, désormais, Mohamed Bedjaoui, ministre algérien des Affaires étrangères,
qui a pris en charge la gestion du dossier du Sahara.
• Les fonctionnaires en sit in
L’Union syndicale des fonctionnaires, affiliée à l’Union marocaine du travail
(UMT) de Mahjoub Benseddik, passe à une nouvelle phase de protestation. Il
compte organiser un sit in devant le siège du ministère de la Modernisation des
secteurs publics à Rabat.
Prévu pour le 9 juin, ce sit in de «protestation contre le dialogue infructueux»
intervient pour appuyer les revendications des fonctionnaires. Il s’agit de l’augmentation
du salaire minimal mensuel en le fixant à 2500 dirhams et l’adoption
de mesures pour le succès de l’horaire continu.
Maroc Hebdo International N° 655 - Du 3 au 9 Juin 2005
© Ph: DR

© Ph: MHI
• L’affaire Driss Basri-MHI en appel
La première audience du procès en appel
interjeté par l’ancien ministre de
l’Intérieur, Driss Basri, contre Maroc
Hebdo International a lieu jeudi 16 juin
à 13h30 à la 11ème chambre de la cour
d’appel de Paris. Comme à l’accoutumée,
cette première audience fixera la date
d’une seconde pendant laquelle les avocats
des deux parties plaideront.
Ce procès en appel fait suite au premier jugement rendu,
le 22 avril 2005, par la 17ème Driss Basri
chambre correctionnelle
du tribunal de Paris qui a débouté Driss Basri en
relaxant Mohamed Selhami, directeur du journal et
Abdellatif Mansour, auteur de l’article incriminé, paru
dans le numéro 608 du 4 au 10 juin 2004, sous le titre
«Basri fait de l’opposition».
• La Mauritanie s’ouvre aux banques
étrangères
Le groupe bancaire hollandais "International
Netherlands Group" (ING) a été autorisé à créer une
banque d'investissement en Mauritanie en coopération
avec des hommes d'affaires français et mauritaniens.
Le capital de cette institution, 15 millions de dollars, a
été déposé dans un compte spécial de la Banque centrale
mauritanienne.
La création de cette banque pourrait contribuer au renforcement
de la crédibilité du secteur bancaire mauri-
Le pavillon marocain est à l’honneur à la
38ème édition de la foire internationale
d’Alger qui s’est ouverte jeudi 2 juin au
Palais des expositions. Sur incitation du Premier
ministre Driss Jettou, le Maroc marque son retour à
cette foire avec une forte délégation d’hommes
d’affaires marocains, présidée par Abdelhakim
Kemmou, président de la chambre d’industrie et de
commerce de Casablanca.
Aménagé sur 1100 m2, le site d’exposition marocain
porte la marque d’excellence avec quatre espaces
dédiés au tourisme, l’artisanat, les articles d’ameublement
et textiles et la gamme de production
industrielle. Il est l’un des meilleurs stands représentés
dans cette foire tant il est raffiné et typiquement
décoré et animé.
Le centre marocain de promotion des exportations
(CMPE), en charge de la coordination de la participation
des exposants marocains, veille à donner au
Rassemblé par Aïssa Amourag
tanien et accélérer son intégration dans le marché
monétaire international. L'autorisation de cette banque
intervient dans le cadre des préparatifs en cours pour le
début des exportations du pétrole et du gaz naturel
mauritaniens. La Mauritanie compte huit banques dont
deux sont financées par des fonds privés, mauritaniens
et belges.
• Coopération militaire entre les
USA et des pays africains
Selon des sources diplomatiques américaines, des
exercices militaires conjoints entre les Etats-Unis, le
Maroc et sept autres pays du Sahel seront organisés
dans les prochains jours. Cet exercice se déroulera
dans le désert, entre le Niger et le Mali.
Baptisée «Exercice Flintlock 2005», cette opération
entre dans le cadre de la «Trans Saharian
Counterrorism Initiative» (Initiative transsaharienne de
lutte contre le terrorisme). Elle verra la participation
des armées de neuf pays à savoir le Maroc, l’Algérie,
la Tunisie, le Sénégal et le Nigeria avec les autres
armées du Mali, du Niger, du Tchad et de la Mauritanie
qui ont déjà bénéficié d’un entraînement militaire technico-tactique
antiterroriste poussé, opéré durant une
année par les forces spéciales de la 8e division des
Marines.
Par son implication dans ce programme, le gouvernement
américain vise à empêcher l’établissement de
bases terroristes en Afrique, particulièrement celles
d’Al-Qaida et des Salafistes algériens, marocains et
libyens.
Le Maroc à la foire internationale d’Alger
public algérien une
idée exhaustive de la
panoplie des produits
marocains dont la
qualité a fait ses preuves
dans les marchés
d’Europe et
d’ailleurs. La foire
internationale
d’Alger, qui connaît
la participation des
principaux partenaires
économiques de Abdelhakim Kemmou.
l’Algérie, soit plus
de 40 pays, se poursuit jusqu’au 9 juin 2005.
L’Algérie, qui réalise des recettes importantes en
matière de pétrole, connaît une ruée importante des
investisseurs venus du monde entier.❏
Maroc Hebdo International N° 655 - Du 3 au 9 Juin 2005 7
© Ph: MHI

Jamal Zougam, le
Marocain soupçonné
d’être derrière le carnagedu
11 mars 2004, à
Madrid, a comaru mercredi
1er juin devant le tribunal
de la capitale espagnole en
tant que témoin dans le cadre
du réseau Al-Qaïda en
Espagne.
Celui que le rapport du juge
antiterroriste Balazar Garzon
présente comme étant l’un
des principaux instigateurs
desdits attentats et l'un des
poseurs des bombes ayant
endeuillé l’Espagne il ya
plus d’un an, s’est dit innocent
et "très mal traité en prison".
"J'ai travaillé en tant que
commerçant jusqu'au 13
mars (2004) quand ils sont
venus m'arrêter à ma boutique,
sans que je sache rien.
Ils ont diffusé mon nom sur
les télévisions du monde entier
sans que je sache rien",
a-t-il dit. Dans ses dépositions
à la barre, il a nié toute
relation personnelle avec
le chef présumé de cette cellule,
le Syrien Imad Eddine
Barakat Yarkas, dit "Abou
Dahdah". Il a reconnu qu'il
le connaissait dans le même
quartier de Lavapies comme
tous les autres commerçants
et qu il a eu avec lui des
relations commerciales épisodiques.
Aux questions du
procureur sur ses conversations
téléphoniques avec
Abou Dahdah, Zougam a
répondu qu'elles étaient
"pratiquement toutes à caractère
commercial".
Concernant une conversation
téléphonique datant du
5 septembre 2001 avec
8
ACTUALITÉ
Jamal Zougam comparaît au procès d’Al Qaïda en Espagne
Un témoin mal vu
Jamal Zougam. "très mal traité en prison".
Abou Dahdah dans laquelle
il lui annonçait son retour
du Maroc, Jamal Zougam a
EN BREF…
• La Map lance son Service info SMS
L'agence Maghreb arabe presse a lancé à
partir 1er juin, un nouveau service d'information
par SMS qui mettra à la disposition
de ses clients une palette de nouvelles à
caractère politique, économique et sportif,
sous forme de messages SMS classés par
rubriques.
Grâce à ce nouveau service baptisé
"MapMobile", en envoyant le code "MAP"
au 9095, le client disposera d'un crédit de
10 dirhams, lui permettant de recevoir sur
son téléphone mobile les cinq dernières
informations des rubriques politique, économique
et générale.
• Du pain sur la planche pour la Haca
Soixante-trois demandes de création de
stations radio et de chaînes de télévision
dit qu'il ne s'en "souvenait
pas". Jamal Zougam tenait
une téléboutique dans le
quartier de Lavapies où auraient
été vendus les téléphones
portables qui ont
servi pour faire exploser les
bombes à bord des trains de
banlieue de Madrid qui ont
fait 192 morts. Un de ces
téléphones, retrouvé dans le
sac d'explosifs qui n'a pas
explosé, a mené les enquêteurs
vers cette boutique et
à Zougam. Insistant dans sa
déposition sur le volet social,
il a notamment répété
avoir "travaillé où j'ai pu,
sur les chantiers, dans les
restaurants et en tant que
commerçant jusqu'au 13
mars (2004) quand ils sont
venus pour m'arrêter sans
que je sache rien’’.
Pourra-t-il convaincre ses
juges ? Rien n’est moin sûr.
Quant aux familles des victimes
du 11 mars, elles se
sentent scandalisées par les
propos du M. Zougam. Elles
réclament justice…❏ I.N
Maroc Hebdo International N° 655 - Du 3 au 9 Juin 2005
© Ph. AFP
sont parvenues à la Haute autorité
de la Communication
audiovisuelle (HACA). Sur ce
chiffre, cinquante-six demandes
portent sur la création de stations
radio, dont neuf nationales,
quarante-deux régionales et
cinq locales, et sept de télévi-
Ahmed Ghazali.
sions. La majorité des demandes
se concentrent sur les grandes villes,
notamment Casablanca, qui attire à elle
seule près de la moitié des projets. Selon
Ahmed Ghazali, Président de la HACA, la
procédure de dépôt des demandes de
licence et de leur traitement est conçue
pour aider le porteur de projet à présenter
sa demande et à exposer avec clarté les
informations nécessaires pour l'instruction
du dossier.
© Ph: DR

10
COUVERTURE
Un conflit de nature apparemment civil a pris
une tournure prodigieusement politique.
Que se passe-t-il
à Laâyoune ?
Sur le boulevard Mohammed
V, à Rabat, capitale du
Royaume, devant le
Parlement, siège de la représentation
nationale, les
manifestations de “jeunes diplômés
chômeurs”, qui, depuis, sont un peu
moins jeunes, sont quasi-régulières.
Avec leur lot de tabassage et d’interpellations.
Et ça continue, à tel point
que c’est entré dans les mœurs. La circulation
n’est même pas interrompue.
Les gens passent, en jetant un regard
furtif sur ce “déjà vu” répétitif.
Amoins d’être un oiseau migrateur
pour réduire les distances, entre Rabat
et Laâyoune cela fait, par route, une
trotte de 1.251 Kms. Il y a plus loin, si
on pousse jusqu’à Smara, Boujdour ou
Dakhla. Faut-il le rappeler, sur les
719.000 km2 du territoire national, nous
sommes toujours au Maroc. Le problème,
car il en y a un, est le suivant :
dès qu’il y a une actualité conflictuelle,
à caractère social, dans ce prolongement
méridional du pays, cela prend
des proportions complètement disproportionnées.
Laâyoune n’est plus qu’à quelques encablures
à peine de Rabat. La place
Dchira de Laâyoune devient, subitement,
plus proche que le boulevard
Mohammed V à Rabat. Normal pour les
uns, au regard de la particularité politique
de nos provinces du Sud. Pas vraiment
ordinaire pour les autres, trois dé-
© Ph.DR
Par Abdellatif Mansour
cennies après la récupération de notre
Sahara. Voyons les faits et permettonsnous
quelques commentaires.
Un conflit de nature apparemment civil
a pris une tournure prodigieusement
politique. C’est précisément ce qu’on
a vécu dans nos contreforts sahariens
durant la dernière semaine de mai. Tout
a commencé le dimanche 22 mai 2005,
au soir. Un détenu du nom de Hadi
Ahmed Mahmoud, dit El Kaïnan, poursuivi
officiellement pour un délit de
droit commun, trafic de drogue pour
être plus précis, et condamné à douze
années d’emprisonnement, devait être
transféré de la prison de Laâyoune à
celle d’Aït Melloul, quelque 550 Kms
plus loin. La protestation de la famille
contre cet éloignement peut être considérée
comme légitime.
D’autant que la tendance actuelle au
niveau de l’administration pénitentiaire
s’oriente vers le rapprochement des
incarcérés de leurs lieux de résidence familiale.
Sans préjuger de la décision
des services de justice, la raison du
transfert a immédiatement donné matière
à spéculation. Autre particularité
du Sahara marocain, où n’importe quel
justiciable de droit commun peut être
travesti en martyr de la liberté d’opinion.
Apparemment, Hadi Ahmed en
est devenu un. Puisque la famille de
celui par qui tout est arrivé a été rejointe
par un groupe de jeunes, entraînant dans
leur sillage des grappes d’enfants, pour
une manifestation de protestation. La famille
s’est retirée.
Les protestataires, eux, sont restés.
Manifestation pro Polisario
à Rabat ☛
Maroc Hebdo International N° 655 - Du 3 au 9 Juin 2005

Pendant un quart de siècle, le choix des
hommes à des postes de responsabilités névralgiques
n’a pas toujours été judicieux.
Pendant une semaine, on n’était plus
dans l’éloignement d’un prisonnier de
la proximité de sa famille; mais dans des
slogans qui appellent à “l’indépendance
du Sahara occidental”. Avec un point
culminant, le vendredi 27 mai, en brûlant
le drapeau national et en agitant le
fanion de la république de Tindouf,
frappé de l’effigie de ses mentors
d’Alger. Du jamais vu. Bien qu’il y ait
eu, auparavant, des incursions du
Polisario, armé et encadré par l’Algérie,
jusque dans Tan Tan et dans l’Ouarkziz,
aux confins d’Agadir. C’était au temps
de la confrontation militaire. Mais, mettre
le feu aux couleurs nationales sur
la place publique, à Laâyoune, quatorze
années après le cessez-le-feu de septembre
1991, ce n’est pas seulement
inadmissible, cela mérite quelques autoquestionnements.
Sur le moment, les forces de l’ordre
sont évidemment intervenues, pas
baïonnettes au canon, main gourdins à
bout de bras. Il y a eu forcément des
blessés et des interpellés, trente-trois,
dont dix-neuf relaxés. Des scènes semblables,
les chaînes de télévision des
pays les plus démocratiques nous en
abreuvent à tous les zappings ; et pas
seulement pour calmer les hooligans
du foot.
Ce sont, comme d’habitude, des télévisions
espagnoles de l’ex-pays colonisateur,
relayées par une presse écrite
néo-franquiste qui fête actuellement le
trentenaire de la disparition du Caudillo,
qui a fait de ces images matière à fausse
conscience rétrospective en prenant
fait et cause pour un faux mouvement
de libération dont elle sait pertinemment
l’inféodation totale, congénitale,
à Alger. Toujours est-il que les pouvoirs
publics ont bien fait d’ouvrir
l’espace national aux médias étrangers,
sans éclectisme et sans ostracisme, y
compris au Sahara, dans des moments
difficiles d’auto-défense. Sans com-
Maroc Hebdo International N° 655 - Du 3 au 9 Juin 2005
plexe et sans avoir rien à cacher, d’autant
qu’il s’agit du maintien de l’ordre
dans une partie du territoire national,
une nouvelle wilaya, un peu, toutes proportions
gardées, comme l’Irak par rapport
au Koweït en 1991.
Nos médias nationaux et nos officiels
étaient dans l’obligation de réagir par
une quelconque communication, de
préférence la plus recevable et la plus
convaincante possible. Les uns et les autres,
au-delà de l’information purement
événementielle, devaient donner du
sens à ces événements. La tendance générale
a été d’y voir la main occulte du
Polisario via Alger et vice-versa, aussi
vrai que la connexion marche dans
les deux sans. Il y a, effectivement, des
“coïncidences” de calendrier qui sont
pour le moins troublantes.
On venait de sortir, quelques jours auparavant,
d’une escalade verbale du
Président algérien, Abdelaziz
Bouteflika, à propos du Sahara marocain.
Ce qui a abouti à l’annulation du sommet
de l’UMA (Union du Maghreb
Arabe) initialement prévu les 25 et 26
mai 2005, à Tripoli. Les événe-
Hadi Ahmed, un dealer notoire
Les événements de Laâyoune ont
commencé le samedi 21 mai
2005, au lendemain du 32ème
anniversaire de la création du Polisario,
et avaient pour élément déclencheur
le transfert du prisonnier Hadi Ahmed
Mahmoud vers la prison d’Aït Melloul
à Agadir. Qui est cet homme qui a failli
enflammer le sud marocain ?
Natif de Laâyoune en 1977, célibataire
et commerçant de son état, Hadi
Ahmed Mahmoud, alias El Kaïnan,
appartient à la tribu des Aroussiyine.
Voyou notoire et repris de justice, El
Kaïnan cumule nombre d’antécédents
judiciaires. Entre 1997 et 2003, il commet
plusieurs délits qui lui valent nombre
de séjours en prison notamment
pour ivresse publique, outrage à agents
de l’État, coups et blessures et escroquerie.
Le 9 décembre 2003, alors qu’il
était en prison pour ivresse et atteinte
© Ph.DR
Ahmed Mahmoud, alias El Kaïnan.
aux institutions sacrées, El Kaïnan est
cité dans une affaire de trafic de drogue.
Le cumul de ces infractions lui
vaut une condamnation à 12 ans de
prison. Derrière les barreaux, El Kaïnan
☛
se distingue par son insolence, qui le
poussera à demander à être déchu de
sa nationalité marocaine. C’est donc
cet homme que l’administration de la
prison civile de Laâyoune décide de
transférer en ce samedi 21 mai 2005
vers la prison d’Aït Melloul, dans la
région d’Agadir, 550 kilomètres au
nord. Ce transfert suscite l’ire de la famille
d’El Kaïnan qui décide, le jour
même, de manifester son mécontentement
à proximité de la prison civile
de Laâyoune.
Le lendemain, dimanche 22 mai 2005,
initiée par des éléments externes à la
famille du détenu, une autre manifestation
est organisée devant la maison
familiale d’El Kaïnan. 160 personnes,
en majorité des mineurs et des femmes,
scandent des slogans où il est surtout
question de droits de l’homme. ❏
MEL
11

©Ph.DR
COUVERTURE
• Mohamed Dadach. •Ali Salem Tamek.
ments de Laâyoune s’inscrivaient en
droite ligne dans cette chronologie. Plus
grave, il y a eu des tentatives d’extension
de ces manifestations aux autres localités
du Sahara, et même sur le campus
universitaire de Rabat-Agadal par
le truchement d’une poignée d’étudiants
d’origine sahraouie. Il n’y avait qu’un
pas pour crier à la manipulation extramuros,
qui a été vite franchi. Pour peu
que ce soit la vérité vraie, ce n’est pas
suffisant et encore moins une excuse.
En affirmant que le Polisario est
dans nos murs, par éléments
sciemment infiltrés ou inconsciemment
manipulés, cela voudrait
dire que nos services de
surveillance et de défense du territoire
sont aux abonnés absents
et que le pays est devenu d’une porosité
qui confine à la passoire. Si c’était
le cas, comment alors avions-nous pu,
en toute sécurité, sortir des sables toutes
les infrastructures réalisées au
Sahara, tous les équipements nécessaires
à une vie décente et, surtout, comment
avions-nous pu y sauvegarder la
paix civile ? Si le noyautage téléguidé,
aujourd’hui invoqué, avait fait tache
d’huile au-delà de deux personnages
ou plus, tels Mohamed Dadach ou Ali
Salem Tamek qui, soit dit en passant,
jouissent de toutes leurs libertés de mouvement
et d’opinion, nous serions aujourd’hui
dans une configuration cor-
12
se, basque ou irlandaise, avec toutes
les différences possibles entre ces trois
cas de figures non comparatifs.
Ce qui, fort heureusement, n’est pas le
cas grâce à trois ingrédients vitaux : la
mise à niveau, en termes d’aménagement,
d’infrastructures de base et de
services publics; une régionalisation
qui, il est vrai, a du mal à s’implanter,
mais pour laquelle il n’y a pas d’autre
alternative; un vent de démocratie qui
souffle de plus en plus fort et de façon
Dadach et Tamek jouissent
de toutes leurs libertés de
mouvement et d’opinion.
irréversible, et dont profitent Tamek et
Dadach. Et la sécurité, l’autre ingrédient
à ne pas vilipender dans cette région
en particulier, comme partout
ailleurs dans le Royaume, encore plus
depuis la montée de la violence intégriste.
Quitte à défoncer des portes ouvertes,
tous ces paramètres sont interactifs.
Là où le bât blesse –pas plus que dans
d’autres régions, faut-il le rappelerc’est
au niveau de l’emploi. Le déficit
est national. La question, dans le contexte
d’un monde mondialisé, est internationale.
Ce n’est pas une excuse, soit. L’Agence
©Ph.DR
de développement des provinces du
Sud a, plus que ses homologues dans
d’autres parties du pays, une obligation
de résultat qui n’est pas très visible
au niveau de l’incitation à l’initiative
privée et de la création de possibilités
d’embauche. Soit. Pendant un quart
de siècle, le choix des hommes à des
postes de responsabilités névralgiques
n’a pas toujours été judicieux. Il a même,
parfois, été calamiteux. Ils se sont
servi, plus qu’ils n’ont servi. Soit. Sous
prétexte de respect de la spécificité socio-culturelle
de cette région, on a
concocté un microcosme de représentants
pas très représentatifs, fait de
chioukh insatiables et d’élus au forceps.
Soit.
De tous ces dysfonctionnements, équitablement
partagés par l’ensemble du
pays, nos compatriotes du Sahara n’ont
eu que leur lot. Et même, un peu moins
par rapport à certaines provinces beaucoup
moins loties. Mais s’ils considèrent
que la soupe est moins grasse que
ce à quoi ils avaient légitimement droit,
en tant que citoyens, ce n’est pas une
raison pour cracher dedans.
Toujours est-il que c’est de ce terreaulà,
de chômage et de mal-vivre parmi
les jeunes, que sont issus les manifestants
de Laâyoune. Ils ont, pour la quasi-totalité,
moins de trente
ans, pour la majorité entre
quinze et vingt ans. Ils sont
les enfants du Sahara marocain
récupéré. Il faudrait
peut-être leur montrer les
photos noir et blanc du
Sahara sous occupation espagnole et
les conditions d’existence de leurs parents.
Ils relativiseraient un peu plus.
Ils ne brûleraient pas le drapeau national.
Ils ne crieraient pas à l’indépendance
du Sahara.
Bien que ce soit plus par aspiration légitime
à un mieux-être que par une
quelconque manipulation téléphonée
du Polisario. Qu’Alger se rassure, le
Maroc n’est pas une forteresse recroquevillée
sur son trésor de pétro-dollars
; mais il n’est pas, non plus, une
passoire. Nos alarmistes qui pourraient
avoir quelques raisons d’être frileux
devraient, malgré tout, eux aussi, s’en
Maroc Hebdo International N° 655 - Du 3 au 9 Juin 2005

Mohamed Rharrabi, wali de la région de Laâyoune
“Une minorité
sans influence”
• Maroc Hebdo International :
Comment se présente aujourd’hui
la situation sécuritaire dans la ville
de Laâyoune après les événements
qu’elle a connus?
- Mohamed Rharrabi : Grâce à la
gestion sécuritaire efficiente de ces
événements, l’ordre a été rétabli à
Laâyoune, depuis le 25 mai 2005. La
ville connaît une vie normale, après
les actes de vandalisme limités à la rue
Al Mamoun et au quartier Maâtallah.
Un dispositif de sécurité dissuasif est
mis en place pour préserver la quiétude
et les biens des citoyens. Au sujet
des mesures prises pour empêcher la
répétition de ces événements, il faut
préciser que les poursuites judiciaires
sont lancées contre les instigateurs et
les exécutants de ces actes. Le parquet
a désigné un juge d’instruction pour diligenter
l’enquête judiciaire.
• MHI : Pourquoi c’est précisément
le quartier Maâtallah qui a été le
théâtre de la plupart de ces événements
?
- Mohamed Rharrabi : Le choix du
quartier Maâtallah est dû à l’interdiction
d’un deuxième rassemblement
projeté par les manifestants devant la
maison familiale du prisonnier Hadi
Ahmed Mahmoud, dit El Kaïnan, qui
devait être transféré.
Situé au centre-est de la ville en direction
de la route d’Es-Semara, le
quartier maâtallah abrite les premiers
lotissements créés depuis 1985, dans
le cadre de l’extension urbanistique
de la ville, habité en majorité par une
population originaire de Laâyoune,
composée de différentes couches sociales.
Il ne s’agit ni d’un bidonville ni
d’un habitat de précarité.
• MHI : Quel a été le bilan des affrontements
avec les forces de l’ordre?
- Mohamed Rharrabi : Le bilan des
affrontements avec les forces de l’ordre
a été très léger pour ces dernières,
grâce à la gestion intelligente et efficace
de l’évolution de ces événements.
Les arrestations déclenchées sur ordre
du parquet ont touché
33 personnes, dont
deux femmes, présentées
à la justice conformément
aux procédures
judiciaires en vigueur.
• MHI : Vous avez déclaré
que les manifestants
étaient motivés
par des raisons politiques...
-Mohamed Rharrabi:
Ces événements ont visé
l’atteinte à l’ordre
public. Ils n’ont porté
sur aucune doléance
Mohamed Rharrabi
Maroc Hebdo International N° 655 - Du 3 au 9 Juin 2005
COUVERTURE
sociale ou catégorielle de la population
locale.
Le timing de ces actes a été ciblé dans
une conjoncture marquée par l’évolution
que connaît la région du Maghreb.
La stratégie est focalisée sur l’exploitation
des médias internationaux pour
instrumentaliser la fibre humaine d’un
soi-disant «peuple persécuté cherchant
l’autodétermination». Une minorité
profitant du climat de liberté
que connaît notre pays sous la conduite
de SM le Roi, tente de perturber la
vie normale en exploitant un fait divers
aussi banal que le transfert d’un prisonnier
de droit commun.
Elle cherche à se positionner dans le
tissu associatif par la création d’une
entité sous couvert de la question des
droits de l’homme.
• MHI : Que fait-on pour extirper les
idées séparatistes parmi les habitants
de ces provinces ?
- Mohamed Rharrabi : L’idéal séparatiste
est prôné uniquement par cette
minorité sans influence réelle sur la
grande majorité de la population. Il y
a lieu de souligner aussi que depuis
l’intronisation de SM le Roi
Mohammed VI, que Dieu l’assiste, la
gestion locale est marquée par la mobilisation
de toutes les énergies à travers
la concertation, l’ouverture, l’implication
agissante de la société civile
et le lancement d’un programme
ambitieux de développement intégré.
Actuellement, comme vous l’avez
constaté, une délégation composée des
sensibilités du Sahara, représentant les
différentes tribus des provinces du sud,
s’est mobilisée volontairement et a tenu
différentes rencontres pour se manifester
contre le séparatisme et l’extrémisme.
❏
Propos recueillis
par Aissa Amourag
13

POLITIQUE
Fatiha Mohamed Taher Hassani, la veuve de Abdelkrim Thami Mejjati,
a adressé une demande pour que les dépouilles de son mari et de son
fils Adam soient ensevelies en Arabie Saoudite.
Le combat d’une veuve
de terroriste
Interviewée par notre confrère La
Gazette du Maroc, Fatiha
Mohamed Taher Hassani a déclaré
qu’elle aurait adressé sa demande
pour que les dépouilles de son mari et
de son fils Adam soient ensevelies en
Arabie Saoudite, à partir du 10 avril
2005. Soit cinq jours à peine après la fin
sanglante de son mari, le 5 avril 2005.
La veuve de Mejjati aurait formulé
sa requête dans deux lett-
res adressées le même jour aux
ministères des Affaires étrangères
marocain et saoudien. Très
sceptique par rapport aux circonstances
de la mort de son époux et de son
fils, qui était à peine âgé de 11 ans et demi,
la veuve de Mejjati a également
émis le vœu pour que lui soit donnée la
possibilité de constater de visu la mort
de ses deux proches. Elle n’écarte pas
non plus la possibilité de recourir à des
tests ADN pour prouver leur mort.
Chose qui, selon elle, lui permettrait
d’en avoir le cœur net
pour qu’elle puisse enfin faire
le deuil de ses proches et tourner
la page.
Avec force détails, Fatiha
Mohamed Taher Hassani explique
dans le même entretien,
les conditions de son arrestation
en compagnie de son fils aîné,
Ilyas, le 23 mars 2003, après une
visite chez un ophtalmologue.
Elle relate par la suite ses douze
mois de détention qui les
menèrent, elle et son fils, à travers
deux prisons saoudiennes,
puis dans un centre de détention
marocain.
Une période pendant laquelle
Fatiha et son fils Ilyas subirent
les interrogatoires des services de
14
police saoudiens et marocains en vue de
lui soutirer des informations sur son
époux, objet de cinq mandats d’arrêt
internationaux.
Tout en admettant qu’elle n’a subi que
des pressions psychologiques, Fatiha
explique qu’en Arabie Saoudite son fils
et elle étaient emprisonnés dans une immense
cellule éclairée 24 heures sur 24
Elle déclare avoir eu
connaissance de la mort de son
mari à travers une amie.
par seize tubes de néon. «Ils nous réveillaient
souvent tard dans la nuit pour
prendre des empreintes et des photos…
Un jour, ils ont même éteint la climatisation.
Dans une cellule hermétique
et le temps qu’il faisait à Riyad (plus
de 40 degrés), nous pouvions à peine
respirer».
Cancéreuse à l’époque, Fatiha a vécu
Fatiha Mohamed Taher Hassani. tourner la page.
cette période comme un vrai calvaire
avant d’être transférée au Maroc à bord
d’un jet privé qui a fait une escale au
Caire, avant d’atterrir dans un aéroport
qui lui est inconnu. Elle décrit transfert,
qui se serait passé, selon elle, dans des
conditions très convenables comparables
à un traitement VIP.
À son arrivée au Maroc, la veuve de
Mejjati a été incarcérée en compagnie
de son fils durant neuf
mois dans un lieu de détention
secret avant d’être libérés le 17
mars 2004. Elle déclare avoir eu
connaissance de la mort de son mari à
travers une amie, qui l’aurait apprise
via la chaîne Al Arabiya. Lorsque le
journaliste de La Gazette du Maroc l’interroge
sur la probable implication de
son époux dans les attentats de Riyad,
Casablanca et ceux de Madrid, elle n’écarte
pas la possibilité de son implication
dans ceux de Riyad, mais balaie
toute possibilité d’implication
dans ceux de Casablanca et de
Madrid. Une accusation qu’elle
trouve ridicule. «Puisque nous
y sommes, pourquoi pas Pearl
Harbor, Hiroshima, l’assassinat
de Kennedy et le Tsunami?»,
ironise-t-elle. Et de conclure,
perspicace : «Comment se faitil
que Karim Mejjati se soit déplacé
dans plusieurs pays sans
qu’il ne soit repéré par les services
secrets qui étaient à ses
traces? Mesurant 1m95, il ne
peut en aucun cas se déguiser
dans des vêtements féminins,
pour se rendre au Maroc, exécuter
ses projets, puis aller en
Espagne pour les mêmes objectifs
et regagner le territoire
saoudien».❏ MEL
Maroc Hebdo International N° 655 - Du 3 au 9 Juin 2005

POLITIQUE
Claude Moniquet, ex-journaliste, “expert” en terrorisme, diabolise le
Maroc devant une commission du Conrès américain. À partir de banalités
et de généralités.
Les élucubrations
de Monsieur Claude
Reuters a publié, le
26 mai 2005, une synthèse
L’agence
du «témoignage», de
Claude Moniquet, ancien journaliste
et actuel président du Centre européen
pour le Renseignement stratégique
et la Sécurité, devant la
Commission des relations internationales
du Congrès américain sur « La
radicalisation de la jeunesse musulmane
en Europe : Réalité et étendue
de la menace » (disponible en anglais
sur : http://wwwc.house.gov/international_relations/109/mon042705.pdf)
Le moins que l’on puisse dire, c’est
que l’image d’un Maroc pacifique et
ouvert à la modernité que l’on s’efforce
de renvoyer au monde en prend
un sacré coup.
Après une digression sur l’Islam, où
la banalité le dispute à la généralité et
où l’amalgame l’emporte sur la rigueur
scientifique, Claude Moniquet
en vient à la conclusion que le Maroc
est la pire menace pour l’Europe et,
par ricochet, pour l’Amérique du
16
Nord. Honneur suprême pour le
Royaume, Claude Moniquet lui réserve
toute une partie de sa “dissertation”,
intitulée « Les développements
au Maroc, une réelle préoccupation
». Dénonçant le déficit de réformes,
il avertit : « Si le terrorisme
n’est pas éradiqué (au Maroc), s’il
reste vigoureux, les
conséquences se feront
ressentir sur le vieux
Continent ». Et il impute:
«… ce sera à cause
de l’importance des communautés
marocaines
établies là-bas (en
Europe), à l’intérieur
desquelles les terroristes
peuvent recruter de nouveaux
sympathisants.»
Selon M. Moniquet « la
nouvelle génération de terrorisme islamiste
en Europe commence à peine
à se manifester. » Prenant pour
exemple le cas de Samir Azzouzi, le
Hollandais d’origine marocaine pourtant
innocenté en bonne et due
forme par la justice hollandaise
début avril 2005, il avertit
que «les recrues proviennent
de la troisième génération de
l’immigration, qui a des problèmes
identitaires et se sent
la victime d’un intégration ratée.»
La façon dont M. Moniquet
saute du coq des problèmes de
jeunes nés et éduqués en
Europe à l’âne des «développements
au Maroc» ne peut
que susciter des interrogations
sur les motivations réelles de
Claude Moniquet. L’amalgame l’emporte
sur la rigueur scientifique.
son « témoignage ».
Ce n’est pas la première fois que
Claude Moniquet sévit contre le
Maroc. En mai 2004 déjà, dans une
interview au site «proche-orient.info»,
une officine dédiée à l’amitié
Québec-Israël, il déclarait que « le
terrorisme le plus préoccupant est
clairement celui d'origi-
Une telle
désinformation
ne peut
et ne doit pas
passer sans
susciter de
réaction.
ne algérienne ou marocaine
».
Le sieur Claude en luimême
importe peu, d’autant
plus qu’il n’était pas
le seul « expert » à témoigner
devant une
commission. Mais il faut
garder à l’esprit que le
destinataire de cette analyse
à la tronçonneuse,
c’est le Parlement le plus
puissant au monde, où il ne fait pas
bon être mal vu.
Et, là, une telle désinformation ne
peut et ne doit pas passer sans susciter
de réaction.
D’autant plus que ces élucubrations
commencent à trouver écho auprès
d’une presse mondiale en manque de
sensationnalisme. Même le lointain
Hindustan Times indien leur a consacré
une bonne place dans son édition
du 26 mai 2005.
En attendant, l’actualité des
Maghrébins en Europe, c’est plutôt
le meurtre d’un troisème “Beur” à
Perpignan, dans le Sud de la France
et les attentats anti-MRE en Corse.
Un climat de haine auquel des experts
de l’amalgame et de la désinformation
tels le sieur Moniquet ne sont pas
étrangers. Je te comprends Rachid,
même si je ne t’excuse pas.❏
Abdellah Rajy
Maroc Hebdo International N° 655 - Du 3 au 9 Juin 2005

POLITIQUE
L’USFP organise son VIIème congrès, les 10, 11 et 12 juin 2005 à
Bouznika. Le gotha de l’Internationale socialiste y est attendu.
Une grand-messe pour ce parti.
Le pari difficile
d’Elyazghi
Mohamed Elyazghi.Comment le “Projet Socialiste” a été appliqué ?
Le VIIème congrès de l’Union
socialiste des forces populaires
sera surtout un grand rendezvous
avec lui-même autour de cette
question de principe: qu’est-ce que
l’USFP aujourd’hui? Et avec ce corollaire:
l’USFP, pour quoi faire?
En effet, pour la première fois dans son
parcours historique passablement heurté
depuis trois décennies, le parti fondé
par son regretté leader historique
Me. Abderrahim Bouabid se tient dans
des conditions “normales” tant il est
vrai que toutes les précédentes assises
se sont tenues dans des circonstances exceptionnelles.
Pour autant, ce VIIème
congrès a devant lui un ordre du jour décisif
et ce, pour plusieurs raisons. La
première a trait à l’état organisationnel
du parti lui-même. Sur la base de la plate-forme
du bureau politique en date du
18
28 novembre 2003, au lendemain de la
démission du Premier secrétaire, Me.
Abderrahmane Youssoufi, une “feuille
de route” avait été fixée, articulée sur un
programme de travail ainsi que sur le
fonctionnement des structures organiques
internes. La direction actuelle
devra faire le point sur ces questions.
Elle aura à apprécier si les “fronts de
l’action” retenus alors, tant au niveau des
instances que d’autres secteurs d’activités
(jeunesse, femmes, FDT, conseils
communaux, parlementaires, ministres),
peuvent exciper d’un bilan significatif.
Et s’il va ou non rassembler tous
les socialistes. Autre raison de l’intérêt
de ces assises : le bilan qui pourra être
fait de deux expériences gouvernementales,
l’une avec le cabinet d’alternance
dirigé par Me. Youssoufi en personne,
et l’autre, depuis octobre 2002,
avec son successeur, Driss Jettou.
Comment a été appliqué le “Projet
Socialiste” mis en avant en 1997, lors
des élections? Qu’est-ce qui peut être
crédité au compte de l’USFP ? Dans
une interview à MHI, voici deux ans,
Mohamed Elyazghi avait donné cette réponse:
“Le gouvernement applique les
grandes lignes de notre programme; ce
sont nos réformes qui sont en chantier…”
À l’épreuve de la gestion gouvernementale
depuis sept ans, la difficulté a
été d’articuler le changement réformateur.
Surtout que S.M Mohammed VI
a pris en charge et investi le lancement
et la réalisation de grands chantiers d’équipements
et d’infrastructures, mais
aussi les secteurs sociaux. Dans ces
conditions, que peut revendiquer en
nom propre l’USFP ? Et, avec quelles
alliances ? La Koutla n’a-t-elle pas
épuisé ses vertus et ses effets ? Se présenter
comme l’ossature du bloc progressiste
et démocratique, avec le PSD
et le RNI, pour faire pièce aux autres.
Revendiquer la modernité face à la composante
islamiste et s’ouvrir à de nouvelles
“forces vives” du champ politique
et social ?
Enfin, le VIIème congrès ne devrait pas
manquer d’évaluer la pratique institutionnelle
actuelle : Comment a été appliquée
la Constitution ? Quels amendements
éventuels y apporter ?
Comment renforcer le rôle du Premier
ministre et revaloriser celui du
Parlement ? Que faire du système bicaméral
? Et comment enraciner les
droits de l’Homme, les libertés et la décentralisation
? Un programme chargé
pour un congrès qui se veut pourtant
“ordinaire’’.❏ Mustapha Sehimi
Maroc Hebdo International N° 655 - Du 3 au 9 juin 2005

Réelection de Thami Khyari à la tête du FFD
L’homme au centre
des préoccupations
Thami Khyari. Deuxième mandat de 4 ans.
Candidat unique, Thami
Khyari a été réélu à la tête du
parti du Front des Forces démocratiques
(FFD), lors du deuxième
congrès de cette formation, tenu
à Marrakech, les 27, 28 et 29 mai
2005. Coïncidence, le congrès qui
intervient une semaine après l’annonce
de l’Initiative nationale
pour le Développement humain, a
vu son mot d’ordre adapté à cette
nouvelle.
C’est sous le slogan L’homme est
notre richesse, ses droits sont nos
engagements que, trois jours durant,
les 1.500 congressistes ont eu à débattre
du projet de rapport, de la
charte et du programme économique,
socio-culturel du parti, du
statut et du guide du militant. Sans
oublier la question cruciale du renouvellement
des structures dirigeantes
du parti. «Nous considérons
que le FFD a entamé une nouvelle
phase de sa vie et qu’il se prépare
pour les élections de 2007 avec sérénité.
Notre parti sera plus fort que ja-
mais», déclare M.
Khyari.
Selon ce dernier, le
FFD est pour une
participation active
de la femme à la société
civile et à la vie
politique. L’exemple
a été donné par les
instances du parti,
puisque 29 % des
participants ont été
des femmes. 28 %
d'entre elles, dont la
majorité disposent
d'un niveau universitaire,
ont gagné des
sièges au sein de la
direction nationale
du parti. Qui dit
mieux ?, semblait dire
M. Khyari.
Conjoncture oblige, les congressistes
ont mis l’accent sur les conditions
nécessaires à la réalisation du
développement et la réussite des
grands chantiers lancés au Maroc.
En effet, le communiqué final a relevé
qu’il urge d’adopter une stratégie
d'action globale et intégrée.
«Le parti propose pour le pays un
projet spécifique qui se base sur la
mobilisation de toutes les énergies
humaines et le développement des
secteurs productifs.
Ce projet repose sur une stratégie
globale de la réforme politique, appelée
projet démocratique moderniste,
qui vise la préparation d'une
nouvelle Constitution ». Ceci sans
omettre de signaler que « les conditions
socio-économiques ont empiré
en raison de l'absence d'une vision
politique claire chez le gouvernement
actuel ». Il faut dire que
M. Khyari et ses adeptes n’ont pas
ménagé le gouvernement, le qualifiant
d’incapable de résoudre les
problèmes que vit le pays.❏
N. J.
Maroc Hebdo International N° 655 - Du 3 au 9 Juin 2005
© Ph. AFP
ILS ONT DÉCLARÉ
Saadeddine Elothmani, secrétaire
général du PJD
“Nous n'avons jamais
demandé à voir l'archevêque
de Madrid mais
nous voulions voir
l'Eglise catholique
d'Espagne et la rencontre
n'a pas été possible
pour des raisons d'agenda”.
M. Benaïssa , ministre des
Affaires étrangères
“L'immigration est un problème universel
qui doit aussi être traité avec les pays
d'Afrique subsaharienne”.
George Bush,
président américain
Philippe Bouvard,
chroniqueur et écrivain
“Je suis au courant du
rapport d'Amnesty
International. Il comporte
des accusations
absurdes. Les Etats-
Unis sont un pays qui
encourage la liberté
dans le monde.”
“Si, à partir d’un certain nombre d’années
de journalisme, on ne devient pas
quelque peu moraliste, on passe à côté
de l’unique alibi pour avoir mis son nez
dans les affaires des autres … ”.
Mohamed Achâari,
ministre de la Culture
“Au-delà de la programmationd'événements
culturels en
Espagne et au Maroc
pour les années 2005 et
2006, le programme
que nous venons de lancer
jette les bases d'une méthode de travail
et de coopération stable et durable.”
Jean Marie Le Pen, président du
Front national français
“M. Chirac, qui ne fait jamais des choses
simples et aisément compréhensibles, a
préféré une solution bâtarde, en réunissant
des gens dont on sait que ce n'est pas
l'amour parfait entre eux. ”.
19
© Ph. MHI
© Ph. AFP

©Ph. DR
POLITIQUE
Réunissant, jeudi 19 mai, des responsables de presse, Abdelaziz
Meziane–Belfkih, Mustapha Sahel et Abderrahim Harrouchi ont
expliqué l’Initiative nationale de Développement humain.
Quelle politique
sociale alternative?
Abdelaziz Meziane Belfkih.
Le cap a été tracé par le
Souverain dans son discours
du 18 mai 2005. On ne peut
plus, en effet, continuer, comme par
le passé, à saupoudrer des actions ici
et là et à se borner à une approche
sectorielle; il faut faire autre chose.
Recevant la presse, le lendemain du
discours royal, Abdelaziz Meziane
Belfkih, conseiller du Roi, a souligné
à cet égard qu’il “y a aujourd’hui un
changement d’équation du fait que le
social est un facteur de développement”.
Et d’ajouter: «il nous faut trouver
les moyens, compter sur nous-mêmes
et sur nos potentialités, nous
échouerons ou nous réussirons tous
20
ensemble». Interrogé sur le financement
de ce programme, il a précisé
qu’il y aura davantage d’efficacité et
d’efficience dans l’allocation et les
dépenses sociales. Un gros effort est
consenti par l’Etat dans ce domaine,
avec des budgets de 55%. Il faut faire
autrement, a-t-il relevé, et arriver
à optimiser une meilleure gouvernance
des dépenses publiques. Au
lieu des approches sectorielles et centralisées,
c’est une nouvelle méthodologie
à mettre en œuvre pour prendre
en compte les besoins et les attentes
des citoyens. Quant au coût de
ce programme, «il sera de 1,5 milliard
de Dh dans une première étape». Une
mise à plat des enveloppes actuelles
sera nécessaire, elle permettra de
“mieux dépenser”. A cela, il faut ajouter
des concours extérieurs, en particulier
de la Banque mondiale. Cette
institution vient d’approuver son programme
d’aide au Maroc pour la période
2005/2009 à hauteur de 300
millions de dirhams.
Mustapha Sahel, ministre
de l’Intérieur,
présent lors de cette
rencontre, donne les
détails sur la mise en
œuvre de l’INDH, laquelle
doit faire l’objet
d’un plan d’action
du gouvernement
dans trois mois. Il a
expliqué que c’est
une nouvelle métho-
On dispose
d’une boîte à
outils en matière
de développement
social
avec le microcrédit.
dologie qui sera appliquée sur la base
de certains principes : rationalisation
et cohérence des actions prévues
ou en cours, identification des besoins
exprimés par les citoyens et les com-
munes, inclusion sociale, création
d’emplois et de revenus, sans oublier
l’élaboration d’une configuration de
l’ensemble des projets retenus sur la
base de mécanismes, de procédures et
de moyens.
Le ministre du Développement social,
Abderrahim Harrouchi, a souligné
que “le caractère novateur, c’est
de s’attaquer à la pauvreté et à l’exclusion.
Ce n’est pas de l’assistance
mais une dynamique de développement
humain. On dispose d’une boîte
à outils en matière de développement
social avec le micro-crédit, l’assistance
technique, la formation qualifiante.
On peut et on doit réussir.
Une démarche participative, citoyenne
donc ; un projet sociétal aussi. Tel
est bien l’enjeu. Il reste à veiller à ce
que «de vrais besoins sociaux soient
présentés» et qu’ils ne relèvent pas
de préoccupations électoralistes ou
clientélistes. Il importe aussi que cette
nouvelle approche du développement
social, qui ne se
veut ni technique ni
technocratique, puisse
assurer l’accession des
pauvres et des exclus
aux processus d’inclusion.
Comment réussir cette
appropriation pour leur
éligibilité à une citoyenneté
réelle et agissante
dans la production
sociale et économique
? Penser autrement, agir différemment
: c’est tout un rapport culturel
au développement qui est désormais
à l’ordre du jour.❏
Mustapha Sehimi
Maroc Hebdo International N° 655 - Du 3 au 9 Juin 2005

Le volet social dans la constitution marocaine
Une monarchie
sociale
Il faut relire la Constitution. Et dès son article
premier, elle proclame que “le Maroc est une
monarchie constitutionnelle, démocratique et
sociale”. Sociale : on oublie souvent d’y faire référence,
le tropisme politique et partisan portant plutôt
sur les deux premiers qualificatifs. Pourtant,
d’autres dispositions de la même loi fondamentale
intègrent, elles aussi, cette dimension sociale.
Ainsi, l’article 13 précise que “tous les citoyens ont
également droit à l’éducation et au travail”.
Assurément, ce ne sont pas
ce que l’on appelle des
droits–créances pouvant être
opposables à l’Etat, ni immédiatement
exigibles : ce
sont des obligations de
moyen et non de résultat.
Pour autant, n’est–ce pas
l’expression d’une philosophie
sociale ?
À cela, il faut ajouter l’article
17, qui institue le droit à
la solidarité nationale : “Tous
supportent, en proportion de
leurs facultés contributives,
les charges publiques…”
Cela dit, que met en valeur le
discours officiel depuis des
lustres ?
La notion
de “monarchie
exécutive” a été
mise en avant pour
expliquer l’initiative,
le suivi et la
multiplication
des chantiers
ouverts.
Il est connu que Hassan II n’appréhendait, comme
Roi du Maroc, le peuple que comme une communauté
organique et qu’il n’allait pas jusqu’à se préoccuper
de ses composantes défavorisées ou exclues.
Celles-ci étaient défendues, de manière concurrentielle
par l’opposition historique (UNFP-USFP, Parti
de l’Istiqlal) et des relais syndicaux (UMT, UGTM,
CDT).
Aujourd’hui, le bilan social est lourd, préoccupant, sinistré
même – de la manière la plus autorisée qui soit-
, l’état des lieux dressé par le Souverain, le 18 mai
2005, est significatif à cet égard. Quels en sont les paramètres
d’explication ? Sans doute la priorité donnée
à la politique et à son versant sécuritaire. Mais aus-
Maroc Hebdo International N° 655 - Du 3 au 9 Juin 2005
ÉCLAIRAGE
Mustapha Sehimi
si l’option infrastructurelle. Pas seulement, tant il est
vrai que d’autres facteurs ont pesé dans ce même sens
: intérêts des élites urbaines, choix des politiques qui
occultent l’“Autre Maroc”, déficit de la stratégie d’aménagement
du territoire, sans oublier que les “pauvres”
et les “exclus”, faute de lobbies, n’ont pas de
voix, sinon lors des grèves et des émeutes…
Le Programme d’ajustement structurel (1983-1992)
a privilégié une approche macroéconomique et la
maîtrise des grands équilibres en évacuant pratiquement
leur “traitement social”.
Le cabinet d’alternance de
Me. Youssoufi (1998-2002) a
été largement velléitaire sur
les chantiers sociaux.
Dès son nouveau règne, SM
Mohammed VI a pris en
mains les secteurs sociaux.
Il avait déjà la fibre, il lui fallait
traduire cet état d’esprit
en signes forts et en projets
en faveur des handicapés, des
détenus, des pauvres, des
chômeurs… Il s’est doté
d’instruments particuliers articulés
autour des fondations
Hassan II, Mohammed V,
Mohammed VI.
La notion de “monarchie exécutive”
a été mise en avant pour expliquer l’initiative,
le suivi et la multiplication des chantiers ouverts.
Le 16 mai 2003 a montré les enjeux et l’instrumentalisation
qui pouvait être faite de l’exclusion sociale.
D’où l’initiative du 18 mai dernier de doubler l’approche
économique par une politique sociale devant
être mise en œuvre contre la pauvreté et l’exclusion.
Le Roi se hisse au-dessus de la monarchie exécutive
pour se situer au niveau d’une fonction d’impulsion
et d’orientation.
Un “Chantier de règne” qui doit enfin donner historiquement
sens et dimension à une monarchie
sociale…❏
21

SM Mohammed VI
et Dominique de Villepin
POLITIQUE
Après le non français à la constitution européenne, Dominique De
Villepin a été nommé premier ministre. Un symbole de la grandeur de
la France, face à l’establishment politique américain.
Un Marocain
à Matignon
En temps normal, la société politique
marocaine, dont le regard
culturel et l’indice boursier
restent encore obligeamment tendus
vers Paris, a toutes les raison de faire
sonner les cloches de fierté et de plaisir
de voir un natif du pays, Dominique
De Villepin, accéder à l’une des plus
hautes fonctions de la France. Que dire
en temps de crise, quand l’une des
principales clefs marocaines du portail
européen voit sa belle parure rongée de
rouille dépressive et de doute ravageur?
Dominique De Villepin, qu’une partie
de la France célèbre aujourd’hui com-
me l’héroïque sauveteur du marasme
économique français qui a fait grincer
la charpente européenne, tandis que
l’autre voudrait le voir sur un bûcher
pour avoir été l’un des chantres de la
technocratie coupable d’avoir rebuté les
électeurs du 29 mai, est un homme politique
jeune, à la notoriété planétaire.
Ce quinquagénaire au style grandiloquent,
natif de Rabat, féru d’art plastique,
d’histoire et de poésie, fut révélé
à la France quand Jacques Chirac le
nomme en 1995 au poste névralgique
de secrétaire général de l’Élysée. Visage
avenant, chevelure précocement gri-
sonnante posée sur un corps d’athlète,
De Villepin entra dans les foyers français
comme l’ombre chinoise statique
et fidèle d’un Chirac en perpétuel mouvement.
Il fut révélé au monde lorsqu’il
a été nommé ministre des Affaires étrangères
d’une France dans la tourmente
de l’après onze septembre quand, par
son célèbre discours aux Nations Unies,
il donna un visage humain, et personnifia
une caution morale au front de refus
international de la guerre que l’administration
Bush s’apprêtait à lancer
contre l’Irak . Les phrases qu’il a ciselées
avec talent, les idées qu’il avait
☛

construites avec conviction et formulées
avec Panache, résonnent encore
dans l’enceinte des Nations Unies comme
la plus remarquable, la plus dure estocade
politique jamais portée contre
l’illégalité de la guerre américaine contre
l’Irak.
Ce chapitre dans sa vie, faite de réalisme
gestionnaire et de passions artistiques,
lui a valu une inextinguible
haine de l’establishment
politique américain
qui l’a caricaturé avec hargne
et moqué à l’envi. D’ailleurs
n’a-t-il pas quitté le ministère
des Affaires étrangères pour
rejoindre l’Intérieur, suite à
un étrange marchandage entre
Français et Américains à la
veille des célébrations du
soixantième anniversaire du
Débarquement? À ce moment-là,
il se murmurait dans
la presse américaine que les
Européens s’opposaient à la
venue du secrétaire d’État à la
Défense Donald Rumsfield
suite à sa célèbre sortie sur la
«vieille Europe» et que, pour
faire avaler la pilule de ce refus,
le président Chirac a accepté
de précipiter le rema-
niement ministériel en envoyant
De Villepin au ministère
de l’Intérieur. Histoire
d’éviter une rencontre jugée
à l’époque politiquement explosive
entre un George Bush
«guerrier malgré lui» son
«tombeur moral», Dominique
De Villepin.
Ironie de l’Histoire, l’homme qui a toujours
magnifié, avec le verbe ample et
poétique des grandiloquents, à la fois
agaçant et séducteur, la grandeur de la
France, se trouve à la tête de ce pays
au moment où le leadership de ce dernier
sur le théâtre européen est remis
en cause par le « Non » français à la
constitution.
Il hérite, quoi qu’en disent les éditorialistes
du « Non », d’une France affaiblie,
marginalisée, discréditée auprès
des instances européennes.
Cette situation ne manquera certainement
pas de rejaillir sur les alliés non
européens les plus proches de la France
et qui avaient choisi la porte parisienne
pour défendre leurs intérêts face à
des marchés européens de plus en plus
fermés, et à leur concurrence de plus
en plus rude. Le Maroc, pour ne citer
que cet exemple, ne pâtirait-il pas de
Dominique de Villepin
et Jacques Chirac
Les députés ne lui pardonnent pas
d’avoir suggéré à Chirac en 1997 la
dissolution de l’Assemblée nationale.
voir son principal avocat au sein des instances
européenne perdre de l’influence
et du crédit, indispensables
pour défendre avec efficacité ses intérêts
dans des dossiers aussi épineux
que la pêche, le textile ou l’agroalimentaire?
Que deviendrait ce partenariat
stratégique tant loué, à Rabat
comme à Paris, pour stabiliser une région
au bord du précipice économique
et militaire?
Les principaux défis qui attendent
Dominique De Villepin, Premier ministre
ont une clarté de cristal. Sur le
plan interne d’abord, cela commence
par convaincre le microcosme parisien,
notamment les députés qui ne lui pardonnent
toujours pas d’avoir suggéré
à Chirac en 1997 la fausse bonne idée
de la dissolution de l’Assemblée nationale
et lui reprochent accessoirement
de ne pas avoir eu de mandat
électif. Cela passe ensuite par sa capacité
à animer une équipe
gouvernementale chargée
d’imaginer un projet
de société susceptible de
mettre fin à la grisaille économique
ambiante qui
avait enfanté le «Non» à
la constitution.
Cela passe enfin par son
aptitude à anesthésier ses
opposants, dont les plus
redoutables ne se trouvent
pas forcement ni au Parti
socialiste ni au sein du
mouvement altermondialiste,
qui commence sérieusement
à séduire de
larges frange de la société
française. L’opposition
à De Villepin va prendre
ses quartiers au ministère
de l’Intérieur et au siège
de l’UMP sous la houlette
de l’ambitieux Nicolas
Sarkozy, candidat déjà déclaré
aux présidentielles
de 2007. Quoiqu’apaisée
en apparence, la relation
entre les deux hommes est
volcanique.
Sur la plan international,
Dominique De Villepin aura besoin de
tout son charisme et de sa connaissance
des dossiers et des crises de la planètes
pour trouver les justes postures
pour rassurer les partenaires européens
et les alliés étrangers de Paris sur la capacité
de la France à tenir son rôle.
Aura-t-il l’inspiration suffisamment féconde
pour sortir le pays de l’isolement
et du discrédit dans lequel, contre
toute attente, le résultat du referendum,
l’a jeté ?❏
Mustapha Tossa
Maroc Hebdo International N° 655 - Du 3 au 9 Juin 2005 23

©Ph. DR
ÉCONOMIE
Le système judiciaire est-il en train de plomber les rouages de la
mécanique du décollage économique marocain ? L’affaire Palais
des Roses en est un bel exemple. Le dossier est pourtant très clair.
Le chaînon
manquant
Azzedine Lakhouaja et Sheikh Salah Kamel.
Deux associés, un Marocain et
un Saoudien au travers de leur
société commune, à savoir
Palais des Roses International
24
Luxembourg, à hauteur de 49% pour le
premier et 51% pour le saoudien, signent
trois conventions avec l’État marocain
: Taghazout, Founty I et Founty
II. Le projet du Founty I pour la réalisation
d’un hôtel est construit par le
Marocain en un temps record et à moindre
coût (2.930 Dh le m2 couvert et
équipé, largement en dessous des prix
prévisionnels qui qui le chiffraient à
7.900 Dh).
Les projets Founty II et Taghazout ne
verront pas le jour bien que Dr
Lakhouaja, la partie marocaine, ait réalisé
et payé de sa poche les études reconnues
d’ailleurs par le Saoudien Salah
Kamel, soit 33,6 millions de Dh devant
notaire et devant le Premier ministre, le
6 janvier 2004. Un accord a en effet
permis à cette date à Salah Kamel de
s’occuper directement et seul de
Taghazout .
Mais le financement du projet par le
groupe Dallah Al Baraka ne se fera pas,
malgré les trois mois supplémentaires
accordés à ce groupe par le gouvernement.
Le 30 mars 2004, le gouvernement
retire définitivement le projet de
Taghazout au groupe Dallah Al Baraka.
Ahmed A., représentant au Maroc de ce
groupe, voulant sauvegarder les 6 hectares
gracieusement offerts par les autorités
locales au groupe saoudien dans la
Palmeraie de Marrakech pour la construction
d’un hôtel, ne voit d’autre solution
que la fuite en avant. L’associé
marocain doit être le fusible qui devra
garder intacte l’image du groupe saoudien
au Maroc.
Il faut s’en défaire, tout en réalisant une
jolie plus value. Le plan est simple, décider
une augmentation de capital, crier
au loup en accusant l’associé marocain
de magouille et vendre l’hôtel en réalisant
un bénéfice conséquent d’au
moins une vingtaine de millions de dol-
Maroc Hebdo International N° 655 - Du 3 au 9 Juin 2005

Pas moins de six requêtes, entre septembre
2004 et mai 2005, sont formulées au ministre
de la Justice par la partie marocaine.
lars, l’hôtel étant évalué à plus de 70
millions de dollars.
Le 20 avril 2004, une demande expresse
d’augmentation du capital est
envoyée par Salah Kamel au ministre
de la Justice, ce dernier la confie à l’exprésident
du tribunal de commerce
d’Agadir.
Le hic, c’est que les statuts de la société
prévoient une majorité des 2/3
des actions pour réaliser une telle augmentation
de capital. Le même jour,
une plainte au pénal est introduite contre
l’associé marocain pour détournement
de fonds. Et le dossier de redressement
de la société Palais des Roses
est mis de côté par le juge Aderdour,
cette augmentation de capital est accordée
par le même tribunal et le Dr
Lakhouaja est évincé de son poste de
Pdg à l’occasion de l’assemblée générale
ordinaire, le 25 août 2004.
La voie judiciaire est ainsi empruntée
par les deux protagonistes. La partie
marocaine va démontrer le jeu rusé du
Saoudien, qui va demander la diminution
du capital de la société à peine trois
jours plus tard, soit le 28 août 2004 à
Beyruth, pour décider de l’augmenter
le 30 août 2004 à Agadir, d’une part ;
et, d’autre part, il en viendra à falsifier
un conseil d’administration au
Luxembourg, siège de la société-mère,
pour faire main basse sur l’hôtel,
selon la défense de l’investisseur marocain.
Les poursuites judiciaires contre le
groupe Saoudien sont décidées, fin septembre
2004, par le procureur du Roi.
Le groupe fait appel à un grand cabinet
d’avocats de Casablanca. Une assemblée
générale ordinaire est ainsi
truquée au Luxembourg et à laquelle ne
va pas participer l’associé marocain
; et pour cause, le parquet a jugé bon
de garder son passeport tout en lui interdisant
les frontières, sachant que son
Azzedine Lakhouaja. Il reste certain que
justice sera faite.
participation à ce qui se tramait au
Luxembourg allait favoriser immédiatement
et irrémédiablement le groupe
saoudien qui sera acquitté sans que
le parquet ne fasse appel.
Pas moins de six requêtes, entre septembre
2004 et mai 2005, sont formulées
au ministre de la Justice par la partie
marocaine pour procéder à la vérification
des jugements formulés dans
cette affaire. À ce jour pas de réponse.
C’est dans ce contexte que, encore une
fois, le juge Aderdour, vice-président
du tribunal de commerce d’Agadir, ira
jusqu’à ordonner l’éviction de la société
locataire de l’hôtel pour nonpaiement
du loyer, alors qu’il a bel et
bien été réglé, comme le prouve l’expertise
financière ordonnée par le même
juge dans le dossier de redressement
et comme le prouvent les reçus
du loyer, toujours selon les proches du
Dr Lakhouaja.
Faut–il comprendre que si vous n’avez
que 49% des actions dans une so-
Maroc Hebdo International N° 655 - Du 3 au 9 Juin 2005
ciété, votre associé pourra allégrement
augmenter le capital selon sa volonté
faisant fi des statuts de la société. Et
cela sur simple ordonnance en référé
de n’importe quel tribunal de commerce
du Maroc.
Faut-il comprendre que si vous avez
un contrat de location, celui-là pourra
être annulé comme bon semble à un
actionnaire de la société propriétaire,
même si vous payez régulièrement votre
loyer.
Questionné sur l’affaire, Dr Lakhouaja
a déclaré qu’il est un MRE depuis plus
de 25 ans, qu’il a, toute sa vie, mené ses
affaires en dehors du pays de la manière
la plus honnête qui soit.
Aujourd’hui de retour au Maroc, il reste
le fidèle serviteur de son Roi et de
son pays. Il reste certain que justice sera
faite car l’ère des injonctions et autres
directives est révolue. Il est résolu
à aller jusqu’au fond de cette affaire,
car il ne peut admettre que Salah
Kamel, signataire de la convention de
Taghazout devant SM le Roi, puisse
faire oublier cette affaire par le truchement
d’une quelconque mésentente
avec son associé marocain et en l’accablant
de tous les maux.❏
N. Jouhari
25
©Ph. DR

©Ph. DR
ÉCONOMIE
La stratégie de la Banque mondiale au Maroc pour 2005-2009
porte sur la relance de la croissance, l’accès aux services de
base, la gestion et l’efficacité du système éducatif.
Appui au social
Paul Wolfowitz, président de la Banque mondiale.
Est révolu le temps où la Banque
mondiale ne s’intéressait
qu’aux grands équilibres
macro-économiques. Le social est devenu
aussi, sinon plus, fondamental que
le strictement économique. Le CAS,
«Country Assistance Strategy», remplace
désormais le PAS (pro-
gramme d’ajustement structurel).
Le CAS est, en effet, «un
document essentiel dans la mise
en place des programmes de développement
de la Banque
mondiale dans les pays partenaires. Il
s’avère être un instrument incontournable
pour cette institution financière
internationale non seulement dans la
gestion mais aussi le suivi et l’évaluation
de ces programmes et de leur impact
sur la croissance économique, la réduction
de la pauvreté et de la vulnérabilité».
Préoccupation majeure du
26
gouvernement marocain, ainsi que celui
de la gouvernance, dans son acception
la plus large, y compris le concept
de responsabilisation («accountability»).
Le CAS est ,ainsi, un cadre de coopération
qui définit les axes du program-
Le CAS a, en effet, été élaboré
de manière participative,
à travers de larges consultations.
me de développement sur lesquels le
gouvernement marocain, la Banque
mondiale et les différents acteurs de développement
au Maroc travaillent en
partenariat
Le CAS a, en effet, été élaboré de manière
participative, à travers de larges
consultations avec différents acteurs de
développement, y compris la société
civile, au Maroc qui ont permis l’échange
de vues et l’engagement dans un
processus de dialogue ouvert avec tous
les acteurs économiques et sociaux sur
une vision stratégique du développement
du pays.
Ce cadre identifie les domaines où la
contribution de la Banque mondiale
aux priorités de développement économique
et social du Royaume aura un
impact certain sur la réduction de la
pauvreté et sur le développement humain.
La nouvelle stratégie de coopération,
approuvée le 19 mai 2005 par le Conseil
d’Administration de la Banque mondiale,
et qui couvre la période 2005-
2009, porte sur quatre axes stratégiques
prioritaires du développement.
Il s’agit de la relance de la croissance
soutenue et la création d’emplois, de
l’amélioration de l’accès des pauvres
et groupes marginalisés à des services
de base de qualité, du perfectionnement
de la gestion et l’efficacité du système
éducatif marocain, sans oublier la promotion
de la gestion et de l’utilisation
efficace et durable d’une denrée aussi
rare que l’eau.
Lors de la réunion de ce Conseil, les
administrateurs ont notamment loué
«l’Initiative nationale pour le
Développement humain» lancée
la veille de cette réunion
par S.M. Le Roi Mohammed
VI et ont souligné son importance
pour le pays.
Le CAS propose, enfin, un scénario de
financement d’une moyenne de 300
millions de dollars US par an. Ce financement
vient en appoint aux interventions
de la Banque au Maroc, relative
principalement aux travaux d’assistance
technique et de transfert des
connaissances et d’expertise. ❏
Seddik Mouaffak
Maroc Hebdo International N° 655 - Du 3 au 9 Juin 2005

Dernier ticket découvert pour
l’entrée à la modernité : l’horaire
continu. Le sujet n’est
pas nouveau, loin s’en faut. Il date du
deuxième gouvernement Youssoufi, en
2000. M’hamed Khalifa qui siégeait
comme ministre de la Fonction publique,
avait bataillé pour l’instauration
d’une journée non stop de travail. Il y
tenait mordicus. Il est vrai que si son
projet avait été avalisé et mis en pratique,
son nom y aurait été, à jamais,
associé.
“La loi Khalifa” ; c’est quelque
chose qui compte dans la vie
d’un homme politique. Cela n’a
pas été le cas. Malgré tout le respect
que l’on doit à Abderrahmane
Youssoufi, il n’était pas particulièrement
adepte de ce type de saut de puce
dont il ne contrôlait pas la réception
dès la prise d’élan.
Le sujet revient sur le tapis, et il semble
que cette fois-ci soit la bonne.
Le 1er juillet 2005, le Maroc se mettra
à l’heure GMT+1, pour mieux se
rapprocher de l’Europe, qui est à
GMT+2, et l’horaire continu entrera
en vigueur. Jusqu’à présent
on parlait d’horaire d’été. Une
fois la torpeur estivale passée, on
revenait au train-train habituel de
quatre déplacements quotidiens.
En septembre 2005, on enchaînera
sur la même lancée, pour au
moins deux années d’expérimentation.
En continu.
Des études de faisabilité, j’allais
dire de viabilité, ont été faites.
Trois scénarii d’amplitudes journalières
ont été envisagés : 8h-
16h, 8h30-16h30 et 9h-17h. C’est
possible ; on fonce, nous assure
Mohamed Bousaïd, le ministre
de la Modernisation des secteurs
publics ; il ne reste plus qu’à fai-
re le choix entre l’une de ces trois options.
Dans son intervention devant le
Parlement, le lundi 23 mai 2005, pour
la présentation de son bilan à mi-parcours
de la législature en cours, Driss
Jettou, Premier ministre, a abondé dans
le même sens.
Un aller-retour par jour est plus économique
et moins fatigant que deux,
en termes de dépenses énergétiques et
d’énergie physique pour les salariés.
Pas besoin d’être expert en management
pour s’en apercevoir. Chacun sait
qu’il y a plusieurs temps dans la vie. Il
s’agit, dans ce cas d’espèce, de concilier
entre le temps-travail, le temps-social
et son corollaire, le temps-scolaire.
Le changement de rythme dans le
premier induit un changement dans le
second. Plus qu’un changement, un
ÉCONOMIE
L’horaire continu revient sur le tapis, et il semble que cette fois-ci soit
la bonne. En septembre 2005, on enchaînera sur la même lancée, pour
au moins deux années d’expérimentation.
Travail non stop
L’horloge sociale devra
se mettre au diapason de la
minuterie du travail en continu.
Mohamed Bousaïd.Une mini-révolution dans le mode de vie.
chamboulement ; une mini-révolution
dans le mode de vie. L’horloge sociale
devra se mettre au diapason de la minuterie
du travail. Cela suppose, évidemment,
une logistique tant au niveau
individuel que collectif.
Il n’y a qu’un seul mois de ramadan
par an, que l’on attend et que l’on vit
avec ferveur. Pour ne pas faire carême
toute l’année, les salariés et les apprenants,
élèves et étudiants, ont besoin de
casser la croûte pour recharger
leurs accus. Les restos universi-
taires sont insuffisants et les cantines
scolaires quasi-inexistantes.
Comment éviter de livrer nos
chers petites têtes brunes et nos ados, à
une accoutumance à risque aux produits
frelatés ? Sur ce registre, le retard
est immense. Peut-il être rattrapé de
juillet à septembre ? Pour les fonctionnaires,
il est prévu des bons pour des repas
subventionnés avec des lieux de
restauration conventionnés. Il faut juste
espérer que l’opération échappera
aux stigmates habituels d’anarchie
organisée.
Le privé structuré, lui, emboîtera
le pas, avec un empressement
légitiment intéressé
si ce n’est déjà fait. Pour
l’underground et l’informel à
ciel ouvert, ce sera comme d’habitude
: une boîte de sardine
chez l’épicier le plus proche.
Quoi qu’il en soit, si l’horaire
continu peut nous faire faire
des économies, tout en stimulant
des secteurs annexes
d’alimentation et de temps libre,
alors allons-y gaiement.
Le reste se mettra à niveau de
lui-même, en cours de route.❏
A. Mansour
Maroc Hebdo International N° 655 - Du 3 au 9 Juin 2005 27

ÉCONOMIE
La société Samir investit 6,7 milliards de dirhams pour la modernisation
de sa raffinerie de Mohammedia. Tout y passe, depuis la construction
jusqu’à la méthode de gestion.
L’investissement
de l’espoir
Jamal Ba Amer, DG de la Samir, entouré des patrons du groupement étranger.
Mardi 31 mai 2005 a eu lieu
au centre de conférences de
Skhirat la signature de la
plus importante convention pétrolière
jamais signée au Maroc pendant
son histoire récente. Il s’agit en effet
de la convention visant la modernisation
de l’outil de production de la société
Samir, dont la valeur d’investissement
est de 6,7 milliards de dirhams.
La cérémonie de signature a été marquée
par la présence d’une sélection
d’hommes d’affaires, de diplomates
et d’investisseurs triés sur le volet.
Jamal Ba Amar, directeur général de
la Samir, a été la vedette de cette cérémonie
en prononçant un discours
qui replace cet investissement dans
un contexte marocain plus que jamais
exposé à la mondialisation. Au sujet
de l’investissement, il est tout simplement
énorme. Programmé sur une
période de 36 mois, il sera réalisé par
un groupement composé de trois entreprises
étrangères: l’italienne Snamprogetti,
la turque Tekfen et la britan-
28
nique Foster
Wheeler. Les
deux premières
auront à prendre
en charge la plus
grosse partie du
projet : travaux
de construction,
acquisition d’équipements
et
matériels, mise
en service des
nouvelles unités
et formation du
personnel. Cette
partie a été estimée
à 5,4
milliards de dirhams. Quant à la seconde
partie, confiée à l’entreprise
britannique, elle couvre l’assistance
à la gestion et à la réalisation du projet
en partenariat étroit
avec la société Samir.
Cette convention, négociée
et approuvée par
le gouvernement lors
d’une cérémonie de signature
avec le Premier
ministre, le 4 mai 2004,
a pour objectifs d’améliorer
la qualité des produits
pétroliers, protéger
l’environnement par
la réduction des émissions nocives et
renforcer la sécurité des approvisionnements
en hydrocarbures. Quant à
son financement, diverses sources
d’argent ont été employées. Mais, la
plus importante d’entre elles, c’est la
société Samir elle-même, qui va financer
le projet par fonds propres à
hauteur de 2,7 milliards de dirhams.
Les banques marocaines ont également
mis la main à la pâte en partici-
pant au financement à raison de 2
milliards de dirhams. Il y a aussi les
banques étrangères, qui ont accordé
à la Samir un prêt syndiqué de
2,4milliards de dirhams et la Banque
africaine de développement (BAD)
qui va débourser l’équivalent de 850
millions de dirhams. Au-delà de l’impact
pétrolier important qu’aura ce
projet sur l’économie nationale en général
et l’économie de la région en
particulier, cet investissement jouera
aussi sur l’emploi. Sur toute la période
de sa réalisation, en tout cas pendant
sa première phase de construction,
il va créer 6 millions d’heures de
travail direct, qui seront rémunérées
par un budget d’un milliard de dirhams.
Quant à sa phase d’exploitation,
120 nouveaux postes de travail
(techniciens et ingénieurs) seront
créés, auxquels s’a-
joutent un millier
d’emplois indirects.
Depuis 2002, la société
Samir a été victime
de deux incendies dont
un particulièrement
grave, qui s’est produit
le 25 novembre 2002
et qui avait causé d’importants
dégâts matériels
et deux morts.
Aidée par les pouvoirs publics, la société
a pu surmonter sa crise en reprenant
rapidement son activité normale
au bout de quelques mois seulement
de suspension. Avec cet investissement
colossal, la société Samir
confirme sa vocation d’entreprise citoyenne
qui souhaite contribuer au développement
économique et social du
Maroc.❏
A.Amourag
Au-delà de l’impact
pétrolier
important cet
investissement
jouera aussi sur
l’emploi.
Maroc Hebdo International N° 655 - Du 3 au 9 Juin 2005

La formule s’applique parfaitement
à Larbi Bellaha,
Président du directoire de la
Régie des Tabacs. La cinquantaine bien
épanouie, ce natif de Sidi Slimane, titulaire
d’une licence de Droit à la
Faculté de Rabat et d’un certificat d’études
supérieures en sciences politiques
et relations internationales, a derrière
lui un parcours des plus brillants au
sein de l’administration marocaine.
Avant de présider en 1996 aux destinées
de cette honorable institution publique
qu’est la Caisse Centrale de
Garantie (CCG) qui apporte une contribution
significative au financement de
l’économie, il a occupé différentes
fonctions au sein du ministère des
Finances qui l’ont conduit enfin à briguer
le poste de chargé de mission auprès
de l’argentier de l’époque,
Mohammed Berrada. Nommé depuis
avril 2001 à la tête de la Régie des
Tabacs, passée le 9 juin 2003 sous le
giron du cigaretier franco-espagnol
Altadis, il n’a cessé de mettre son expérience,
et surtout ses qualités de manager
rompu aux techniques modernes
de gestion, au service cette entreprise
florissante.
Les très bonnes performances réalisées
par la Régie des Tabacs au cours
du premier semestre de l’exercice 2005
sont là pour confirmer encore une fois
que l’homme, discret et courtois, est
capable de relever tous les défis avec
brio et sans tapage.
Prenant à bras le corps le chantier de
restructuration de la Régie des Tabacs
pour la préparer aux défis de la libé-
ralisation, il en a fait, en l’espace de
deux ans, une entreprise hautement
compétitive par la compétence de ses
femmes et hommes et par la qualité
de ses produits.
Autant d’atouts reconnus par les membres
de l’état-major d’Altadis, qui n’ont
pas manqué de lui réitérer leur confiance.
Imbu des valeurs de la rigueur et de
la transparence, Larbi Bellaha n’a cessé,
depuis, de mettre toute son énergie
au service de la nouvelle organisation
de la Régie. Une organisation inspirée
du schéma organisationnel du groupe
hispano-français. La nouvelle structure
s’articulant autour de quatre pôles
opérationnels que sont le pôle industriel,
le pôle distribution, le pôle commercial
et le pôle ressources, ne visait
ni plus ni moins que de faciliter l’intégration
de la Régie des Tabacs au
PORTRAIT
Larbi Bellaha, président du directoire de la Régie des Tabacs, a
pour mission de restructurer le schéma gestionnel de la filiale
marocaine du groupe Altadis.
L’homme de tous
les défis
Larbi Bellaha. Des décisions douloureuses.
sein du groupe Altadis. Un autre challenge
à relever pour Larbi Bellaha qui
doit prendre des décisions douloureuses
comme la fermeture de l’usine de
Casablanca et surtout consolider les
parts de marché locales et à l’exportation.
Entouré d’une équipe de cadres dynamiques
et aussi compétents les uns que
les autres, Bellaha va mettre tout son
savoir-faire au service de cette nouvelle
organisation, L’innovation est devenue
ainsi le maître-mot de cet homme
qui, tout au long de sa riche et longue
carrière, a su non seulement combattre
le confort routinier de l’administration,
mais aussi faire face aux situations
les plus difficiles au sein d’une
entreprise privatisée plus que jamais
en phase avec la concurrence. ❏
Seddik Mouaffak
Maroc Hebdo International N° 655 - Du 3 au 9 Juin 2005 29
©Ph. DR

ÉCONOMIE
La RAM de supprime les commissions aux agences de voyages
Le torchon brûle-t-il ?
Que se passe-t-il entre la
RAM et les agences de
voyages ? Depuis
quelques jours, les rapports
entre ces deux parties ne sont plus
au beau fixe. En effet, la compagnie
nationale aérienne, que préside
Mohamed Berrada, envisage de
supprimer à partir du 1 er novembre
2005 les commissions perçues
par les agences de voyages. Cellesci
perçoivent actuellement des rémunérations
de l’ordre de 7% contre
9%, il y a deux ans. La rémunération
des agences s’effectuera
à travers la facturation directe de
frais de services au client relatifs
aux charges de dossier inhérents à
chaque émission de billets. Dans cette
nouvelle configuration, la RAM va
déterminer une grille de frais de services
qui sera appliquée dans le réseau
propre (agences Royal Air Maroc):
cette grille pourra servir de référence
pour l’ensemble du réseau de distribution.
Toutefois, et dans la continuité de la
stratégie commerciale actuellement
30
EN BREF…
Mohamed Berrada.
• Pétrole
La compagnie pétrolière britannique Dana Petroleum a
racheté les droits de la société Global Resource Holdings,
concernant un permis de reconnaissance off-shore au
large de Safi. Le permis, détenu conjointement avec la
société Norsk Hydro porte sur une zone de 6.645 km2 et
des profondeurs d’eau entre 300 et 3.000 mètres. Dana
Petroleum, produit déjà du pétrole dans la mer du Nord
et en Russie. Elle a également des intérêts en Mauritanie,
au Sénégal, au Ghana et au Kenya.
• Microfinance
Une table ronde maroco-belge sur le thème de la microfinance
s’est tenue lundi 30 mai à Casablanca. Une rencontre
qui précède la 17e commission mixte marocobelge.
La Belgique a annoncé son attention de contribuer
à l’organisation locale de la microfinance en intervenant
prioritairement en zone rurale. L’accent pourrait être mis
dans le nord du Maroc, là où le taux de scolarisation des
menée sur le marché Maroc, la compagnie
compte introduire des «mesures
d’incitations» en fonction du chiffre
d’affaires réalisé par les agences de
voyages, lesquelles mesures seront
maintenues. La réaction des voyagistes
à cette décision ne s’est pas fait attendre.
Lors d’une assemblée générale
tenue à Marrakech, le président de la
Fédération nationale des agences de
voyages (FNAVM), Faouzi Zemrani
a estimé que «les conditions structurelles
endogènes et exogènes du
secteur de la distribution ne sont
pas encore réunies à ce stade». Il
faudrait, d’après lui, laisser au
marché marocain le temps d’acquérir
son évolution vers un niveau
de maturité naturel, en termes de
«produits» (inculsive tours, ventes
charter, forfait, etc.), de plateforme
et de taille, et non essayer de lui
«greffer» un modèle importé, inadaptable
à ses réalités, et incompatible
avec ses intérêts tant sur le
plan culturel que social, qui ne
plaident pas en faveur de ce nouveau
système.
La fédération estime que là où les
choses se compliquent, c’est que la décision
entrera en vigueur dès le 1er novembre
2005 en marge de la rentrée
touristique. Mais, la compagnie du
transport aérien voit les choses d’une
autre manière. Les stratèges de la RAM
considèrent que ce nouveau modèle
économique s’impose d’autant plus
que l’industrie du transport aérien traverse
une crise chronique. ❏ AA
filles est encore très faible, a annoncé le ministre belge de
la Coopération au développement, Armand de Decker,
qui vient d’achever une visite de travail au Maroc.
• Commerce
Dans le cadre de la politique d’ouverture et de diversification
des débouchés et des marchés commerciaux, le
ministre du Commerce extérieur, Mustapha Mechahouri,
a effectué une tournée africaine, du 23 au 31 mai 2005,
à la tête d’une importante délégation d’hommes d’affaires
marocains représentant divers secteurs productifs. Lors de
sa tournée, la délégation s’est rendue au Gabon, au
Sénégal et en Mauritanie. Outre les négociations bilatérales
entre le ministre et quelques responsables gouvernementaux,
des forums ont été organisés concernant les
échanges commerciaux entre le Maroc et ces trois pays et
des rencontres ont eu lieu entre les opérateurs économiques
et leurs homologues en vue de prospecter et d’étudier
les possibilités de partenariat et de coopération.
Maroc Hebdo International N° 655 - Du 3 au 9 Juin 2005

Privatisation des sucreries publiques
Trois grands
investisseurs en lice
Dans le cadre de la privatisation
des sucreries publiques,
la Direction des entreprises
publiques et de la privatisation
(DEPP), qui relève du ministère des
Finances et de la privatisation
de Fathallah
Oualalou, vient de lancer
un avis pour l’attribution
directe de ces sociétés
à un repreneur
unique. Il s’agit des
Sucreries raffineries de
cannes (SURAC), du
Groupe des sucreries de
betteraves du Gharb et
du Loukkos (SUNA-
BEL), des Sucreries raffineries
du Tadla (SU-
TA) et des Sucreries raffineries
de l’Oriental
(SUCRAFOR).
SURAC se spécialise dans la production
de sucre de cannes, SUNABEL regroupe
des sucreries dédiées principalement
à la production du sucre de
betterave sous forme de granulé, SU-
TA se limite à la transformation de
betterave et, enfin, SUCRAFOR se
Fathallah Oualalou.
spécialise dans le traitement de la betterave
et de la canne à sucre.
Rappelons qu’un premier appel à la
manifestation d’intérêt s’était soldé
par un échec du fait de l’absence d’un
cadre réglementaire propice,
notamment en ce
qui concerne la libéralisation
complète des prix.
Entre temps, et pour
mieux accompagner cette
opération, les pouvoirs
publics avaient initié
un plan de restructuration
et de mise à niveau
visant la recapitalisantion
de certaines sucreries
ainsi que la réduction
des coûts de
production. Plusieurs
opérateurs marocains et
étrangers seraient postulants à cet appel
d’offres, parmi lesquels le marocain
Cosumar, le saoudien Savola
group et le français Beghin-Say. Le
prix minimum fixé par la commission
d’évaluation et de transfert devrait déterminer
le succès de cette opération.❏
IN
Un bijou signé groupe CMKD
Encore une nouvelle pour le groupe
CMKD au Maroc. Ce groupe maroco-koweitien
très actif dans plusieurs
domaines dont principalement le tourisme
et l’immobilier a inauguré, lundi
30 mai, l’hôtel Farah de Rabat, nouvelle
version, après des travaux de rénovation
qui ont duré plusieurs mois et pour
lesquels un montant d’investissement
de 123 millions de dirhams a été accordé.
Cette unité hôtelière classée cinq étoiles
et qui compte parmi les hôtels prestigieux
non seulement de Rabat mais de
tout le Maroc, offre une vue exceptionnelle
des deux villes jumelles, Salé et
Rabat et surplombe l’oued Bouregreg
et l’océan.
Situé à 2 minutes des monuments historiques
de la capitale notamment la Tour
Hassan et le Mausolée Mohammed V, l’hôtel
dispose de 200 chambres et de 12
suites et propose un éventail varié de
prestations à ses clients.
La chaîne Farah, qui appartient au groupe
CMKD, s’est distinguée ces derniers
temps par une série de rénovations qui
ont touché d’autre hôtels notamment celui
de Casablanca et de Khouribga, réputés
pour leur prestige attirant. ❏
AA
Tariq Sijelmassi,
Président du Crédit
Agricole
LEADER
Àla tête du directoire
du Crédit
Agricole depuis septembre
2003, Tariq
Sijelmassi s’est trouvé
confronté à un immense
chantier déjà
engagé par son
prédécesseur, Saïd Tariq Sijelmassi.
Ibrahimi : le sauvetage
de cette banque. Aujourd’hui, ce portefeuille,
qui se situe encore autour de
8 milliards de DH, relève de quatre
grandes catégories: les créances irrécouvrables,
les dettes détenues sur des
propriétaires terriens, les dossiers contentieux
du passé et, enfin, le contentieux
normal.
Comment réussir sa restructuration ?
En soldant le premier lot, mais pour
le reste ? Une nouvelle mobilisation
de ressources s’impose dans trois directions
: les provisions, les réserves
et la recapitalisation décidée par
l’État. Globalement, c’est ce qui a été
retenu pour le CIH…
Parallèlement avec l’annulation de la
dette de 100.000 petits agriculteurs
décidée par le Roi. Une excellente opportunité
pour le Crédit Agricole, qui
est ainsi déchargé de la gestion de ce
stock de clients pratiquement insolvables
pour se recentrer sur son métier
de banque. La création de “Dar El
Fellah” (maison de l’agriculteur) est
l’un des vecteurs de cette approche ;
la commercialisation d’un crédit revolving
sur 5 ans participe également
de cette politique. Les dépôts, d’un
montant de 20 milliards de Dh, ont
quadruplé depuis sept ans. À terme,
un autre challenge doit permettre de
passer à 300.000 clients, contre
190.000 aujourd’hui. Mais, surtout,
cet objectif : la cotation en bourse en
2008. Tariq Sijelmassi compte bien
mener au pas de charge ce programme.
Pour un financier, il ne doute
guère de sa “faisabilité” et il s’emploie
à la faire aboutir. Avec énergie
et compétence.❏ Mu.S
Maroc Hebdo International N° 655 - Du 3 au 9 Juin 2005 31
© Ph: DR

FINANCE
32
EN BREF... Résultats du groupe BCP pendant le 1er
• Assurances
Courtiers et agents en assurance se
mobilisent pour contrecarrer le phénomène
de nomadisme des clients
insolvables. Une action qui s’imposait
après l’adoption des nouvelles
règles de paiement des primes
d’assurance. L’idée est de constituer
une base de données sectorielle
des mauvais payeurs. Le bal a été
ouvert par la société d’assurance et
de réassurance Benwahoud &
Associés.
Celle-ci a informé l’ensemble des
intermédiaires et des compagnies
d’assurance du démarrage d’une
procédure judiciaire, pour non-paiement
de prime, à l’encontre de
Karim Benboumehdi , Françoise
Bouquillon, Rachid Alaoui
Abdellaoui, Abderrahim Nahya et
la société Soerta.
• Nomination
Chakib Tazi, qui était jusqu’à présent
directeur des Polycliniques à
la Caisse nationale de sécurité sociale
(CNSS), a été nommé hier à la
tête de l’Agence nationale de l’assurance
maladie (ANAM), l’instance
chargée de la régulation de
l’assurance maladie obligatoire. La
nomination du directeur de cette
agence annonce peut-être l’accélération
de la couverture maladie généralisée
suspendue pour l’instant
à l’adoption, des décrets d’application
de la loi. A noter au passage
que la CNSS vient, en l’espace de
quinze jours, de laisser partir deux
de ses cadres administratifs, après la
nomination de Khouja au Secrétariat
général du ministère de l’Emploi.
• Souscription
Retirés à Axa Assurance Maroc, les
contrats d’assurance des Palais
royaux ont été souscrits auprès de la
compagnie Wafa Assurance, filiale
du groupe financier, Attijarwiwafa
Bank. Toutefois, les contrats d’assurance
des Forces armées royales
restent toujours chez la compagnie
Axa Assurance Maroc.
trimestre 2005
Satisfaction sur
toutes les lignes
© Ph.DR
Noureddine El Omary, PDG du groupe Banques
populaires.
L’agenda institutionnel du
Crédit populaire du Maroc
(CPM) a été marqué par la
réunion le 20 mai 2005 des assemblées
générales des banques populaires
(BPR), puis la tenue le 25 mai
des réunions des organes sociaux de
la Banque centrale populaire (BCP)
–assemblée générale des actionnaires
et conseil d’administration- qui
ont été suivies par la réunion, le même
jour, du comité directeur du
CPM. Au titre de son ordre du jour,
le comité directeur, instance suprême
du groupe, après avoir pris acte
de la nomination de ses membres représentant
le conseil d’administration
de la BCP, a passé en revue la
situation du CPM à fin mars 2005,
le déroulement des assemblées générales
des BPR et de la BCP ainsi
que d’autres sujets relatifs au cadre
réglementaire et prudentiel des activités
de l’institution. S’agissant de la
situation du CPM au terme
du premier trimestre
2005, l’activité du groupe
a connu un développement
soutenu avec une
progression des ressources
globales qui ont atteint
90 milliards de dirhams,
en croissance de
2% par rapport au 31 décembre
2004. Le CPM
améliore ainsi sa part de
marché, désormais à
30,67%. Avec un encours
global de 46 milliards de
dirhams, les crédits à l’économie
enregistrent une
augmentation de 5,4% et
induisent une amélioration
de la part de marché
qui s’établit à 23,7% et du
coefficient d’emploi du
CPM s’inscrivant à 51,7%
contre 50% à fin 2004. En termes
de résultats, le CPM a réalisé un produit
net bancaire s’élevant à plus
d’un milliard de dirhams à fin mars,
soit une progression de 4,3% par rapport
à la même période de l’année
précédente. Le résultat net s’est inscrit
en hausse de 59,1%, soit 268
millions de dirhams contre 168
millions à fin mars 2004. Le comité
directeur a enregistré avec satisfaction
les résultats réalisés par toutes
les BPR qui ont ainsi contribué
à l’accroissement notable du résultat
du groupe pour l’exercice 2004.
Il salue à cet égard, l’apport des sociétaires
et le rôle des conseils de
surveillance des BPR qui, par leur
fidélité et leur confiance, toujours
renouvelées, confortent l’ancrage régional
de l’institution. ❏
AA
Maroc Hebdo International N° 655 - Du 3 au 9 Juin 2005

Nokia dévoile ses projets
lors de l’ATIF 2005
Àl’occasion du Forum Arabe des
Télécoms et d’Internet (ATIF
2005) qui s’est tenu à Marrakech du
19 au 21 mai, en coordination avec le
ministère marocain des Affaires
Economiques et Générales, Nokia a
annoncé l'arrivée d'un nouveau venu
dans sa gamme de téléphones appareils
photos en pleine expansion
: le Nokia
3230. Le lancement
officiel du Nokia
3230 a été célébré
en présence de
Rachid Talbi
Alami, ministre délégué
auprès du
Premier ministre,
chargé des Affaires
économiques et générales.
Doté d'un
appareil photo de plus
d'un mégapixel avec fonctions d'édition
et d'enregistrement vidéo, le Nokia
3230 est un téléphone mobile innovant
offrant de multiples fonctions
destinées à la communication créative,
au partage et à l'expression personnelle.
Il s'adresse à des consommateurs
familiarisés avec ces technologies,
qui souhaitent disposer de fonctionnalités
très évoluées comme l'accès
aux services mobiles et aux infos
Boeing 787 Dreamliner
C
’est avec une grande satisfaction
que Boeing a fêté en avril
2005, le premier anniversaire du lancement
de son programme 787
Dreamliner. Un programme qui depuis
son lancement en avril 2004, a
attiré une demande sans précédent
des compagnies aériennes. En effet,
depuis la première commande passée
pour 50 appareils par le transporteur
japonais ANA (All Nippon
Airways), nombre de compagnies
aériennes ont annoncé des commandes
et des engagements pour 237
avions. “Le succès du programme
durant la première année est en par-
loisirs. Par ailleurs, lors de ce même
forum qui a réuni des invités de
marque dont des ministres arabes des
Télécommunications, des chefs de
grandes entreprises et des experts internationaux,
Nokia a dévoilé son projet
E-alpha en faveur de 200 à 300 jeunes
Casablancais âgés de 15 à 25 ans qui
seront initiés aux nouvelles
technologies dans le
Centre socioculturel de
Derb Sultan Al Fida.
Nokia prendra en charge
le financement du
projet, tandis que professeurs
et enseignants
seront recrutés
par le Rotary Club
Casa-Anfa pour former
les jeunes
Casablancais. Ce projet
sera piloté par le directeur
régional de Nokia pour
l’Afrique du Nord, Fadi Rouhana et
Malika Naciry, Présidente du Rotary
Club de Casa-Anfa. Présent sur place,
le Dr Walid Moneimne, Vice-président
Senior Networks, Nokia Moyen-
Orient Europe et Afrique a pour sa
part profité de cette occasion pour présenter
les visions de mobilité de Nokia
pour les marchés arabes.❏
MEL
tie lié aux livraisons qui seront essentiellement
échelonnées jusqu’à
2010”, a déclaré Alan Mulally, président-directeur
général de Boeing
Aviation Commerciale. Un enthousiasme
tout à fait comprehensible
lorsque l’on sait que le 787
Dreamliner volera à Mach 0,85, soit
aussi rapidement que l’avion de ligne
le plus rapide, en consommant beaucoup
moins de carburant. Autant
d’arguments qui font dire à Heidi
Wood, analyste chez Morgan Stanley,
que “le 787 dreamliner est le lancement
le plus réussi de l’histoire de
l’aviation”. ❏ MEL
Maroc Hebdo International N° 655 - Du 3 au 9 Juin 2005
TECHNOLOGIE
Texto
• Supercalculateur
Le Japon prévoit de développer un nouveau
supercalculateur assez puissant
pour retrouver le premier rang mondial
qu'il a perdu l'année dernière au profit
des Etats-Unis. Créé par International
Business Machines pour l'Agence nationale
de sécurité nucléaire du département
américain de l'Energie, le Blue
Gene/L est en effet actuellement le
supercalculateur le plus puissant du
monde. Il possède une puissance de calcul
de 70.720 milliards d'opérations par
seconde. Pour le détrôner, le gouvernement
nippon veut créer d'ici 2010 un ordinateur
capable d'effectuer plus d'un
million de milliards d'opérations par seconde.
• Tourisme spatial
Gregory Olsen peut de nouveau rêver à
l'espace. Après un report de son projet
dû à des ennuis de santé, le milliardaire
américain devrait s'envoler cette année
dans une fusée russe Soyouz pour
gagner la Station spatiale internationale
(ISS). Le scientifique et entrepreneur
finance lui-même le coût du voyage, estimé
à 20 millions de dollars (16 millions
d'euros). Sa participation semble confirmée
pour la prochaine mission Soyouz
prévue en octobre, a indiqué Marshall
Cohen, cofondateur avec Olsen de la
société Sensors Unlimited spécialisée
dans la fabrication de caméras infrarouges.
• UV contre bactéries
Plus de filtres, plus de produits chimiques
ni de chocs thermiques, des chercheurs
du CNRS et de l'université Louis-
Pasteur de Strasbourg ont mis au point
un appareil qui détruit 99% des bactéries,
champignons et microbes contenus
dans l'air, ouvrant des perspectives
pour la lutte contre la légionnélose ou les
infections contractées à l'hôpital, annonce
jeudi le CNRS.
L'appareil conçu par les scientifiques
fonctionne grâce à des lampes à ultraviolet,
comme celles qu'on trouve sur
les pistes de danse, précise un communiqué
diffusé par le CNRS (Centre national
de la recherche scientifique).
33

SOCIÉTÉ ET CULTURE
Estimée à quelque 400 adeptes, la communauté bahaï marocaine
cultive la discrétion comme une seconde religion. Plongée
dans une foi venue d’Iran.
Une communauté
très secrète
On a beaucoup parlé ces derniers
temps de l’activité des
missionnaires et des évangélistes
au Maroc. On a même avancé le
chiffre de 40.000 Marocains convertis
au christianisme. Chiffre qui, par la suite,
a été revu à la baisse pour descendre
à 800. Cette polémique fut également
l’occasion de remettre au goût
du jour le fameux débat sur la liberté
du culte. Il fut cependant très peu question
des autres religions qui existent et
fleurissent au Maroc, dont notamment
le bahaïsme.
Cadres bancaires, instituteurs ou simples
coiffeurs, les Bahaïstes marocains
pratiquent une religion née en Iran dans
la moitié du XIXe siècle suite à une
scission avec l’islam.
Méconnue et très peu évoquée sur la
scène internationale, la foi bahaï, qui fait
allégeance à son fondateur Bahaullah,
est souvent assimilée à une secte. Au
Maroc, et selon le rapport annuel du
département d’Etat américain, ses adeptes
sont aujourd’hui estimés à quelque
400 personnes réparties entre l’axe
Rabat-Casablanca. Des sources locales
avancent, quant à elles, le chiffre d’un
millier d’adeptes éparpillés à travers
toutes les grandes villes marocaines. Il
fut cependant un temps où le bahaïsme
marocain comptait plusieurs milliers
d’adeptes. Et si ce n’était quelques procès
mémorables à leur encontre, le
nombre de Bahaï aurait certainement
doublé, voire triplé. Tant cette religion
use de prosélytisme.
C’est en effet à partir de 1962 que les
Marocains entendent parler pour la première
fois de cette religion, ve-
Le temple bahaï à Haïfa.
☛

nue tout droit d’Iran. En cette année, la
ville de Nador abrite le procès de 13 jeunes
Marocains originaires des villes du
Maroc septentrional et d’un Syrien, directeur
d'une coopérative artisanale à
Fès.
Accusés d'appartenir à la secte des bahaïstes
et poursuivis pour«rébellion,
désordre, atteinte à la sécurité publique,
constitution d'associations de malfaiteurs
et atteinte à la foi religieuse», les
14 hérésiarques bahaïstes encourent
les pires sentences. Le 14 décembre
1962, le tribunal régional de Nador
prononce à leur encontre 3 condamnations
à mort, 5 aux travaux forcés à
perpétuité, 1 de 15 ans de travaux forcés
et 5 acquittements.
À l’époque, cette affaire avait suscité
un véritable branle-bas médiatique et
focalisé l’attention aussi bien nationale
qu’internationale.
Deux ans avant le début du procès, au
moment de l’incarcération des 14
Bahaïstes, le quotidien Le Monde, dans
son édition du 10 août 1960, titrait ainsi
«Inquisition au Maroc». Pour sa part,
Allal El Fassi déclarera que «le procès
de Nador a un aspect d'ordre public et
non un aspect d'ordre religieux. Ce
procès avait à juger des criminels et
non les adeptes d'une religion».
Ministre d'Etat chargé des Affaires is-
lamiques, Allal El Fassi,
que d’aucuns considèrent
aujourd’hui comme étant
le principal inspirateur du
procès de Nador, étayera
ses propos en considérant
le bahaïsme comme une hérésie
qui mine la religion musulmane
et qui a l'intention d'en détruire les lieux
saints. Dans le journal Al Istiqlal, il ira
même jusqu’à affirmer que «les bahaïs
entretiennent des rapports avec
Israël, avec précisément pour mission
de détruire les fondements de l'Etat
marocain».
D’autres intellectuels iront dans le même
sens en affirmant que le bahaïsme
fait cause commune avec le sionisme.
«Son Vatican se trouve en Israël», dira-t-on
en allusion au temple du mont
Carmel à Haïfa, principal lieu saint des
bahaïstes de par le monde.
Quant au quotidien Les Phares, fondé
par Ahmed Réda Guédira, ministre de
l’Intérieur de l’époque, sa position se
caractérisera par plus de lucidité. En
1962, au beau milieu de cette affaire,
sa rédaction se demandera en effet «Au
nom de quelle loi les Marocains convertis
au bahaïsme étaient-ils poursuivis
?».
Les Phares soulignait alors l'inexistence
d'une loi marocaine qui punit de
mort l'atteinte à la foi religieuse et mettait
en avant l’article 6 de la constitution
marocaine, qui garantit à tous le libre
exercice du culte.
Cependant, deux jours avant le verdict,
feu Hassan II met fin à toute cette polémique
et donne son interprétation de
cet article en affirmant que le libre exercice
des cultes ne signifie pas la liberté
d'embrasser n'importe quel culte. En
effet, lors d'une conférence de presse le
12 décembre 1962, il déclara que les
cultes hébraïque et chrétien peuvent
être pratiqués en toute liberté car ce
sont des religions admises par l'Islam,
«ce qui ne veut pas dire que demain le
Maroc, dans son ordre public, acceptera
qu'on vienne sur la place publique
officier au soleil ou au fétichisme. Il
n'est pas dit qu'il acceptera la secte
des Bahaïs ou autres sectes qui sont
de véritables hérésies».
Assimilés à des sionistes et craignant
la vindicte populaire et légale,
les Bahaïstes marocains se
confinent dans un milieu fermé.
Il n’empêche, une année plus tard, le
3 avril 1963, lors d’un déjeuner offert
par l'Overseas Pen Club aux USA, le
roi défunt se rétracte et affirme qu’il
usera de son droit de grâce si la
condamnation à mort des Bahaïs est
confirmée par la cour d'appel. Un droit
dont Hassan II n’usera jamais, puisque
le 10 décembre 1963, le jugement de
Nador est annulé par la chambre criminelle
de la cour suprême. Entre
temps, le mal aura été fait. Assimilés à
des sionistes et craignant la vindicte
populaire et légale, les Bahaïstes marocains
se confinent dans un secret ab-
Maroc Hebdo International N° 655 - Du 3 au 9 Juin 2005
Bahaullah, le fondateur du bahaïsme.
solu, tandis que beaucoup d’autres optent
pour la voie de l’émigration. Pour
autant, en 1987, plusieurs membres de
cette même communauté sont écroués.
Cette fois, l’accusation a changé de
nom : les accusés sont condamnés pour
prosélytisme. Relaxés, encore une fois
sous la pression internationale,
ils sont malgré cela interdits
de se réunir et de participer
à des activités communes.
Aujourd’hui, cette communauté
solidaire entourée d’un
voile très opaque, continue à
exister au Maroc. À la faveur d’un deal
avec les autorités marocaines qui lui
ont garanti la paix en échange de l’arrêt
de tout prosélytisme, ses adeptes se
réunissent régulièrement pour pratiquer
leurs étranges rites. Le 21 avril de
chaque année, ils élisent les membres
de l’Assemblée spirituelle locale, qui
est chargée de gérer, durant une année,
les affaires courantes de la communauté.
Des élections qui se déroulent
dans le plus grand secret… en attendant
une improbable reconnaissance officielle.
❏
Majdouline ElAtouabi
35

SOCIÉTÉ ET CULTURE
Estimée à quelque 400 adeptes, la communauté bahaï marocaine
cultive la discrétion comme une seconde religion. Plongée
dans une foi venue d’Iran.
Une communauté
très secrète
On a beaucoup parlé ces derniers
temps de l’activité des
missionnaires et des évangélistes
au Maroc. On a même avancé le
chiffre de 40.000 Marocains convertis
au christianisme. Chiffre qui, par la suite,
a été revu à la baisse pour descendre
à 800. Cette polémique fut également
l’occasion de remettre au goût
du jour le fameux débat sur la liberté
du culte. Il fut cependant très peu question
des autres religions qui existent et
fleurissent au Maroc, dont notamment
le bahaïsme.
Cadres bancaires, instituteurs ou simples
coiffeurs, les Bahaïstes marocains
pratiquent une religion née en Iran dans
la moitié du XIXe siècle suite à une
scission avec l’islam.
Méconnue et très peu évoquée sur la
scène internationale, la foi bahaï, qui fait
allégeance à son fondateur Bahaullah,
est souvent assimilée à une secte. Au
Maroc, et selon le rapport annuel du
département d’Etat américain, ses adeptes
sont aujourd’hui estimés à quelque
400 personnes réparties entre l’axe
Rabat-Casablanca. Des sources locales
avancent, quant à elles, le chiffre d’un
millier d’adeptes éparpillés à travers
toutes les grandes villes marocaines. Il
fut cependant un temps où le bahaïsme
marocain comptait plusieurs milliers
d’adeptes. Et si ce n’était quelques procès
mémorables à leur encontre, le
nombre de Bahaï aurait certainement
doublé, voire triplé. Tant cette religion
use de prosélytisme.
C’est en effet à partir de 1962 que les
Marocains entendent parler pour la première
fois de cette religion, ve-
Le temple bahaï à Haïfa.
☛

nue tout droit d’Iran. En cette année, la
ville de Nador abrite le procès de 13 jeunes
Marocains originaires des villes du
Maroc septentrional et d’un Syrien, directeur
d'une coopérative artisanale à
Fès.
Accusés d'appartenir à la secte des bahaïstes
et poursuivis pour«rébellion,
désordre, atteinte à la sécurité publique,
constitution d'associations de malfaiteurs
et atteinte à la foi religieuse», les
14 hérésiarques bahaïstes encourent
les pires sentences. Le 14 décembre
1962, le tribunal régional de Nador
prononce à leur encontre 3 condamnations
à mort, 5 aux travaux forcés à
perpétuité, 1 de 15 ans de travaux forcés
et 5 acquittements.
À l’époque, cette affaire avait suscité
un véritable branle-bas médiatique et
focalisé l’attention aussi bien nationale
qu’internationale.
Deux ans avant le début du procès, au
moment de l’incarcération des 14
Bahaïstes, le quotidien Le Monde, dans
son édition du 10 août 1960, titrait ainsi
«Inquisition au Maroc». Pour sa part,
Allal El Fassi déclarera que «le procès
de Nador a un aspect d'ordre public et
non un aspect d'ordre religieux. Ce
procès avait à juger des criminels et
non les adeptes d'une religion».
Ministre d'Etat chargé des Affaires is-
lamiques, Allal El Fassi,
que d’aucuns considèrent
aujourd’hui comme étant
le principal inspirateur du
procès de Nador, étayera
ses propos en considérant
le bahaïsme comme une hérésie
qui mine la religion musulmane
et qui a l'intention d'en détruire les lieux
saints. Dans le journal Al Istiqlal, il ira
même jusqu’à affirmer que «les bahaïs
entretiennent des rapports avec
Israël, avec précisément pour mission
de détruire les fondements de l'Etat
marocain».
D’autres intellectuels iront dans le même
sens en affirmant que le bahaïsme
fait cause commune avec le sionisme.
«Son Vatican se trouve en Israël», dira-t-on
en allusion au temple du mont
Carmel à Haïfa, principal lieu saint des
bahaïstes de par le monde.
Quant au quotidien Les Phares, fondé
par Ahmed Réda Guédira, ministre de
l’Intérieur de l’époque, sa position se
caractérisera par plus de lucidité. En
1962, au beau milieu de cette affaire,
sa rédaction se demandera en effet «Au
nom de quelle loi les Marocains convertis
au bahaïsme étaient-ils poursuivis
?».
Les Phares soulignait alors l'inexistence
d'une loi marocaine qui punit de
mort l'atteinte à la foi religieuse et mettait
en avant l’article 6 de la constitution
marocaine, qui garantit à tous le libre
exercice du culte.
Cependant, deux jours avant le verdict,
feu Hassan II met fin à toute cette polémique
et donne son interprétation de
cet article en affirmant que le libre exercice
des cultes ne signifie pas la liberté
d'embrasser n'importe quel culte. En
effet, lors d'une conférence de presse le
12 décembre 1962, il déclara que les
cultes hébraïque et chrétien peuvent
être pratiqués en toute liberté car ce
sont des religions admises par l'Islam,
«ce qui ne veut pas dire que demain le
Maroc, dans son ordre public, acceptera
qu'on vienne sur la place publique
officier au soleil ou au fétichisme. Il
n'est pas dit qu'il acceptera la secte
des Bahaïs ou autres sectes qui sont
de véritables hérésies».
Assimilés à des sionistes et craignant
la vindicte populaire et légale,
les Bahaïstes marocains se
confinent dans un milieu fermé.
Il n’empêche, une année plus tard, le
3 avril 1963, lors d’un déjeuner offert
par l'Overseas Pen Club aux USA, le
roi défunt se rétracte et affirme qu’il
usera de son droit de grâce si la
condamnation à mort des Bahaïs est
confirmée par la cour d'appel. Un droit
dont Hassan II n’usera jamais, puisque
le 10 décembre 1963, le jugement de
Nador est annulé par la chambre criminelle
de la cour suprême. Entre
temps, le mal aura été fait. Assimilés à
des sionistes et craignant la vindicte
populaire et légale, les Bahaïstes marocains
se confinent dans un secret ab-
Bahaullah, le fondateur du bahaïsme.
solu, tandis que beaucoup d’autres optent
pour la voie de l’émigration. Pour
autant, en 1987, plusieurs membres de
cette même communauté sont écroués.
Cette fois, l’accusation a changé de
nom : les accusés sont condamnés pour
prosélytisme. Relaxés, encore une fois
sous la pression internationale,
ils sont malgré cela interdits
de se réunir et de participer
à des activités communes.
Aujourd’hui, cette communauté
solidaire entourée d’un
voile très opaque, continue à
exister au Maroc. À la faveur d’un deal
avec les autorités marocaines qui lui
ont garanti la paix en échange de l’arrêt
de tout prosélytisme, ses adeptes se
réunissent régulièrement pour pratiquer
leurs étranges rites. Le 21 avril de
chaque année, ils élisent les membres
de l’Assemblée spirituelle locale, qui
est chargée de gérer, durant une année,
les affaires courantes de la communauté.
Des élections qui se déroulent
dans le plus grand secret… en attendant
une improbable reconnaissance officielle.
❏
Majdouline ElAtouabi
Maroc Hebdo International N° 655 - Du 3 au 9 Juin 2005 35

©Ph. DR
SOCIÉTÉ ET CULTURE
Les scorpions constituent la première cause des cas d'empoisonnement
au Maroc avec plus de 24.000 piqûres par an. Le
mois de juillet connaît le taux le plus élevé de ces piqûres.
Attention aux
scorpions
En 2004, 1.000 piqûres de scorpion ont engendré 87 décès.
Cela semble presque irréel, mais
le célèbre scorpion noir au venin
mortel fait de nombreux
morts dans plusieurs régions du Maroc.
Avec plus de 24.000 piqûres par an, les
scorpions constituent la première cause
des cas d'empoisonnement au Maroc
avec un pourcentage dépassant
les 30%. Ce sont des milliers de
familles vivant dans les régions
situées entre l'Océan atlantique et
les montagnes de l'Atlas, qui sont
quotidiennement endeuillées durant
la période estivale à cause de cet insecte
venimeux. Selon la directrice du
Centre marocain anti-poison (CNAP),
Rachida Slimani, rien qu’en 2004, 1.000
cas d'empoisonnement grave suite à des
piqûres de scorpion ont engendré 87
décès. «C’est au cours du mois de juillet
que nous enregistrons le maximum de
décès suite aux piqûres de scorpion»
36
explique Dr Idrissi Moncef, médecin
au centre anti-poison. L’activité reproductive
de ces insectes durant cette période
de l’année qui concorde avec l’activité
de l’homme qui sort plus la nuit
à cause de la chaleur et laisse les portes
et fenêtres de sa maison entrouver-
Les décès sont plus élevés chez
les enfants, puisqu’ils varient
annuellement entre 80 et 90 cas.
tes accentuent les cas de piqûres. Dans
la province d’El Jadida, parmi les plus
menacées par les scorpions, les piqûres
sont un inquiétant problème de santé
publique. «Chaque année, nous enregistrons
des décès dus aux piqûres de
scorpions principalement au niveau des
enfants à El Jadida», explique Dr
Moncef Idrissi. Les décès sont plus éle-
vés chez les enfants, puisqu’ils varient
annuellement entre 80 et 90 cas. Les
autres villes qui connaissant un grand
nombre de décès, sont Kalaât Sraghna,
Marrakech, Settat, Beni Mellal,
Essaouira, Safi et Agadir. «Il est important
de savoir que les quatre premières
heures après la piqûre sont très
critiques. La personne doit être prise
en charge d’urgence dans un centre
hospitalier qui dispose d’un service de
réanimation. Malheureusement dans
certaines régions, le malade tarde à arriver
dans un centre de santé et peut
mourir» souligne Dr Idrissi. Mais cela
dépend également du type de scorpion
puisque certains sont plus venimeux
que d’autres. De 1998 à 2004, le
centre anti-poison a collecté 90.000 cas
de piqûres de scorpion. Face à cette situation
dramatique, le ministère de la
Santé multiplie les efforts et les interventions
particulièrement dans les régions
les plus menacées par le scorpion,
et ce dans le cadre d'une stratégie
nationale élaborée en 2001 qui vise à réduire
le nombre des cas de piqûres de
scorpions et à diminuer les cas de décès
qui y sont liés durant
la période estivale. Cette
stratégie vise à sensibiliser
aux dangers de ces
piqûres et prévoit une
formation continue pour
les infirmiers et les médecins en matière
de traitement et de diagnostic des
cas de piqûres de scorpions, ainsi qu’une
mise à niveau des services de réanimation.
Malheureusement, les moyens
pour faire face à la situation manquent
toujours. ❏
Chifaâ Nassir
Maroc Hebdo International N° 655 - Du 3 au 9 Juin 2005

• Maroc Hebdo International: Quel
Au cours de l’année 2004, ce sont
6209 malades qui ont bénéficié d’une
intervention chirurgicale.
• MHI : De quelles données chiffrées
dispose le ministère ?
- Dr Youssef Chami: La dernière
enquête réalisée en septembre 2004,
a révélé que la prévalence du trachome
actif chez les enfants de moins
de 10 ans a été réduite de plus de
90% au niveau de l’ensemble des
communautés des provinces de
Figuig, Errachidia, Ouarzazate et
Tata.
Actuellement la prévalence est inférieure
à 2% dans les communautés
de ces provinces.
Elle est de moins de 5% dans la province
de Zagora alors qu’elle était
supérieure à 80% dans chaque province
au début des année 90. On peut
dire que le Maroc est sur la bonne
voie pour éliminer la cécité occasionnée
par le trachome d’ici la fin de
l’année 2005.
• MHI : Quelle est la population
vulnérable au trachome?
- Dr Youssef Chami: Le trachome se
rencontre généralement dans les zones
rurales à climat sec, où le manque
d’eau et les mauvaises conditions de
vie (mauvaise hygiène individuelle et
collective, cohabitation être humain
-bétail…) facilitent sa propagation.
La gravité de la maladie peut varier
d’une communauté à l’autre, selon
que les conditions sont plus ou moins
favorables à la propagation de l’infection.
Dans les communautés les
plus exposées, qui sont les femmes
et les enfants, les infections sont répétées,
ce qui aggrave l’inflammation
et par conséquent favorise la formation
de cicatrices et la cécité.
Le trachome n’est pas strictement un
problème médical mais surtout le reflet
d’un problème socio-économique.
Le trachome est directement
lié à la pauvreté.
• MHI : comment le ministère de
la Santé procède-t-il pour éliminer
la cécité ?
- Dr Youssef Chami: Le ministère
de la Santé, par l’intermédiaire de
son programme national de lutte contre
la cécité, a mis en place une stratégie,
connue sous le sigle
CH.A.N.CE, qui se base sur
quatre composantes:
D’abord, la chirurgie des
complications du trachome
(cils frottant contre la cornée),
le traitement des formes
inflammatoires par les
antibiotiques pour arrêter
la transmission de la maladie
dans la communauté,
la promotion de l’hygiène
individuelle et enfin la pro-
INTERVIEW
Youssef Chami, coordinateur national du Programme de prévention de
la cécité et chef de la division des maladies transmissibles
“Le trachome est lié
à la pauvreté”
Dr. Youssef Chami.
motion du développement durable
au niveau de ces zones rurales.
Les campagnes de lutte contre le trachome
ont lieu tous les mois depuis
le 1er janvier 2005. En effet, à l’approche
de la date du 31/12/05 le programme
national a intensifié les activités
pour atteindre les objectifs ultimes
d’intervention fixés par
l’Organisation Mondiale de la Cécité
qui sont l’élimination de la cécité occasionnée
par le trachome. ❏
Propos recueillis
Chifaâ Nassir
Maroc Hebdo International N° 655 - Du 3 au 9 Juin 2005 37

©Ph. DR
SOCIÉTÉ ET CULTURE
Hymne à l’étendue du désert et à la diversité de ses identités, le
deuxième Festival des musiques du désert, du 26 au 29 mai à
Rissani, est un catalyseur pour le tourisme dans le Tafilalet.
Quand les dunes
chantent
C’est sous un ciel étoilé, au
milieu des dunes de sable
d’Erfoud que le festival des
musiques du désert a été clôturé.
Cette deuxième édition, tenue du 26
au 29 mai à Rissani, a rendu un vibrant
hommage aux sons et aux danses
de la culture saharienne à la fois
riche et plurielle.
Des artistes venus du Niger,
d’Algérie, d’Arabie
Saoudite, du Sénégal, de
Mauritanie, de Jordanie, du
Mali, rejoints par des troupes
nationales de Zagora,
d’Errachidia, d’Oujda, d’Erfoud et
de Laâyoune, vêtus de leurs costumes
traditionnels, ont envoûté et séduit
le public.
Les troupes de danse et de musique
Arda, du Najd d'Arabie Saoudite, ainsi
que la troupe de Zagora ont offert,
chacun à son tour, des tableaux artistiques
époustouflants dédiés à l’art
de la guerre et au combat.
Le duo Alla, d’Alger, et Mouloud
Meskaoui, du Tafilalet, ont lancé un
message de paix et d’amour tout en
offrant un beau moment de fusion.
La troupe Etran Finatawa, du Niger,
L’idée selon laquelle le désert
est symbole de néant n’a
plus lieu d’être.
accompagnée de la troupe Mint la
mauritanienne et de Batoul, la chanteuse
du tarab hassani de Lâayoune,
mêlant leurs voix au rythme d’un
chant Touareg, ont invité à la danse.
Le Malien Adama Yalomba, avec son
instrument à six cordes et six man-
ches, le « Dan », a fini par entraîner
l’assistance dans une ambiance euphorique.
Emporté par sa musique
cadencée, aucun n’a résisté à l’envie
de se déhancher.
Dans un registre moins dansant, le
groupe Rum, de Jordanie, qui compte
une vingtaine de musiciens
conduits par Tareq Al
Nasser, compositeur célèbre
notamment pour ses musiques
de films tels «Al
Jawarih» et «Al Kawassir»,
a invité les festivaliers à un
mélange entre sonorités traditionnelles
et modernes.
Ces moments de danses, de transes,
de chants, de musique et de grande
émotion ont été rehaussés par la magie
enchanteresse des lieux où ils se
sont déroulés notamment les dunes
d’Erfoud, dont la notoriété a dépassé
les frontières, et à Ksar El Fida.
D’ailleurs, cet édifice à grande portée
historique, considéré comme l’un
des plus anciens ksours alaouites du
Tafilalet, a été érigé en musée.
Inauguré lors de la cérémonie d’ouverture
par SAR le Prince Moulay
Rachid, ce joyau culturel et touristique
est une invitation à la découverte
de l’histoire et des richesses du
désert. Il renferme des trésors de la
culture saharienne et se présente désormais
comme le gardien de la mémoire
collective du Tafilalet. L’idée
préconçue selon laquelle le désert est
symbole de néant et d’errance n’a
plus lieu d’être. ❏
Loubna Bernichi
Vêtues de leurs costumes traditionnels, les
troupes ont envoûté et séduit le public.

Né de la passion communicative
de Philippe Lorin, un pur
mélomane, Tanjazz est devenu
au bout de six éditions réussies le
rendez-vous incontournable des amateurs
de jazz. Lors de cette dernière édition,
et grâce à une programmation ingénieuse
et tout aussi originale, ce festival
a enregistré l'adhésion d'un public
bariolé et très cosmopolite, composé
d'une majorité de locaux et d'un nombre
important de touristes qui se sont
spécialement déplacés pour l'occasion.
En effet, selon Philippe Lorin, le fondateur
de Tanjazz : «Le nombre de touristes
étrangers ne cesse d'augmenter.
Cette année, beaucoup d'Espagnols ont
ainsi franchi le détroit pour venir assister
au Tanjazz. Et plusieurs groupes
de touristes européens sont spécialement
venus à Tanger pour assister à ce
festival qui contribue modestement à
l'essor de l'activité touristique au
Maroc».
Que ce soit au jardin de la Mandoubia,
à la place de la Gare, où étaient organisés
les concerts gratuits, en passant par
les hôtels Minzah et Dawliz, où se réunissait
un public plutôt élitiste, et jusqu'au
parking de Marjane, à l'entrée de
la ville, Tanger fut traversée de
bout en bout par les douces mélopées
jazzy dispensées par des
troupes venues de 11 pays différents.
Les Tangérois se souviendront
pour longtemps des magnifiques
prestations du talentueux et très affable
Omar Soza et son New Quintet cubain.
Ils retiendront également les magnifiques
et si entraînantes rythmiques
d'Ayoka, une formation hétéroclite dont
les cinq membres manient à souhait l'art
de la fusion.
Venus du pays du Soleil levant, les
Japonais de Yukata Shiina Trio transportèrent
leur public dans un long voyage
SOCIÉTÉ ET CULTURE
Du 24 au 30 mai 2005, Tanger a abrité la sixième édition de
Tanjazz, un festival national qui se prévaut d'une aura de plus
en plus internationale.
Tanjazz, acte VI
Saxophoniste du New Quintet cubain.
musical. Plus proche de nous, mais tout
aussi mémorable, la participation de
Salah Reggab et les Égyptiens du Cairo
Jazz Band, ainsi que celle de Tawfik
Ouldammar Band fut un vrai régal. Côté
terroir, on écouta avec délectation les
folles mélopées de Hoba Hoba Spirit, les
énergiques couplets des rappeurs meknassis
H'kayne et les très ethniques partitions
de Darga. Trois formations ma-
Tanger fut traversée de
bout en bout par les
douces mélopées jazzy.
rocaines dont les concerts gratuits enregistrèrent
des records d'affluence.
Sacrifiant à une tradition désormais
consacrée, le Tanjazz a également connu
nombre de manifestations privées où il
fallait montrer patte blanche avant de
pouvoir y accéder. Parmi ces fêtes fermées
au commun des mortels, le déjeuner
du samedi 28 mai au consulat de
France fut un pur moment de plaisir.
Dans ce consulat aux dimensions d'en-
clave, une centaine de privilégiés se sont
réunis dans le jardin luxuriant où ils ont
pu apprécier des mets délicats concoctés
par les propres mains des femmes de
la fondation Lorin. Et, pour tout arranger,
un magnifique band de jazzmen
composé de musiciens aguerris issus de
diverses formations agrémenta l'assistance
d'un concert privé sous les effluves
de cigares cubains gracieusement
offerts par Altadis.
Chaque soir, le Casablanca Tanjazz
Club abritait des concerts payants dans
une ambiance intimiste et très chaleureuse.
Finalement, au bout de sept jours de pur
ravissement, on retiendra surtout la
maturité de plus en plus évidente de
Tanjazz qui, grâce au dévouement de
son très passionné fondateur, Philippe
Lorin, s'est engagé dans une pente ascendante
pour se hisser au rang de rendez-vous
incontournable des amateurs
de jazz et ... des bons vivants, tout simplement.
❏
M. ElAtouabi
Maroc Hebdo International N° 655 - Du 3 au 9 Juin 2005 39
©Ph. DR

SOCIÉTÉ ET CULTURE
Rassemblé par Loubna Bernichi
• Festival
Le premier festival de Hip-Hop au
Maroc a eu lieu les 27, 29 mai et 2 juin
dans les villes de Meknès, Marrakech
et Casablanca. Une série de concerts
gratuits a été donnée avec la participation
des meilleurs groupes de rap de
chaque ville accompagnés des
groupes américains "Sha Stimuli" et
une star montante du hip-hop et "The
Embroidery Club". Un duo de DJs
novateurs ont animé également des
ateliers et des rencontres avec les jeunes
artistes marocains.
• Émission
La première chaîne de télévision
marocaine (TVM) diffuse à partir du
3 juin 2005 à 19h20 une nouvelle
émission intitulée "100% jeunes".
Cette nouvelle projection hebdomadaire
se veut une rencontre avec les
jeunes talents et créateurs marocains
qui ont des choses à montrer, des idées
à défendre, des passions à faire connaître
et des valeurs à changer. Elle
présentera aussi l'agenda de la semaine,
les dernières informations du
Web, des sorties musicales et des rencontres
artistiques.
• Film
“Mercredi cinéma” à l’Institut français
de Rabat a été marqué, le 1er juin
2005, par la projection de deux films,
l’un américain et l’autre iranien. Le
premier «Le Géant de fer», de Brad
Brid, raconte la rencontre nocturne
d’un enfant de 9 ans avec un géant
de fer. Le deuxième, « Un temps pour
l’ivresse des chevaux », de Bahman
Ghobadi, relate le drame et le combat
d’une sœur pour sauver son frère
d’une grave maladie.
40
EN BREF...
Le songe de Shakespeare revu
Un roi, des amoureux
et une forêt ensorcelante,
un lutin, un homme
transformé en âne et une
fleur magique. Ingrédients
de conte de fées… Sauf
qu’ici le lutin est maléfique,
les amoureux
échangistes et la reine
zoophile. L’inconscient
devient fantasme et le fantasme, réalité.
Entre rêve et cauchemar, vérité et illusion,
se dessine un songe.
C’est ce songe qui a inspiré la jeune
compagnie française « la part des anges
Le prix de la chanson
Le chanteur Youssef Jrifi a remporté,
le 28 mai 2005 à Marrakech, le
premier prix de la 9ème édition du festival
"Printemps de la chanson marocaine",
pour son interprétation d'une
chanson de feu Mohamed Hiyani "Kisat
Al Achouak". Le deuxième prix est
revenu à Saïda Lbaki, qui a interprété
une chanson de la diva marocaine
Naïma Samih, "Hada Hali". Quant à la
troisième place, elle a été remportée par
Rachida Derkaoui, pour son interprétation
d'une chanson de Ghita Ben
Il y a foule à proximité
de la clinique
Hakim à Casablanca.
Et pour cause, ce
samedi soir 28 mai,
l’équipe de « Babel
», dernier opus
d’Alejandro Gonzales
Inarritu, y tourne deux
séquences des plus
spectaculaires. Cate
Blanchett, l’héroïne de
ce film au côte de
Brad Pitt, a été blessée Cate Blanchett
dans une scène tournée dans les studios
de Ouarzazate et a été évacué par
hélicoptère vers cet établissement hospitalier
privé de la Métropole, le seul
qui dispose d’un héliport.
» qui s’est produite pour la
première fois au fois à l’initiative
de l’institut français
de Meknès avec un texte de
William Shakespeare « songe
une nuit d’été ».
Après avoir séduite le public
de Meknès, cette libre et
talentueuse adaptation de ce
dramaturge anglais continue
son aventure artistique à travers le réseau
des instituts français au Maroc. Le 3 et
4 juin à Rabat, le 8 et 9 juin à Marrakech,
le 13 et 14 juin à Agadir et le 18 et 19
juin à Tanger. ❏
Abdesslam "Ya dak Lghafel". Organisée
les 27 et 28 mai, la neuvième édition
du festival "Printemps de la chanson
marocaine", qui a porté le nom de feu
Ismaïl Ahmed, a été marquée notamment
par la remise du "luth d'or" à
l'artiste Mohamed Ali. Par ailleurs, le
Syndicat libre des musiciens, organisateur
de cette manifestation, s'est engagé
à produire les oeuvres des trois lauréats
qui auront l'occasion de participer au
Festival de la chanson arabe de
Casablanca .❏
Tournage de “Babel” à Casablanca
Dr Nourreddinne
Lahlou, directeur de la
clinique Hakim, ainsi
que deux autres confrères
et quelques
dizaines d’infirmières,
figurent aussi dans ce
film. ''Babel'', un drame
sur les destins croisés
de plusieurs personnages,
raconte quatre
histoires entremêlées
dont l'action se déroule
dans un pays différent:
le Maroc, le Mexique, le Japon et la
Tunisie. L'une d'entre elles traitera
d'un couple marié en vacances. Le
scénario du film est signé par
Guillermo Arriaga.❏
Maroc Hebdo International N° 655 - Du 3 au 9 Juin 2005

La magie de la danse
C
’est un spectacle haut en couleurs
que la compagnie Blanca li présentera
à travers le Maroc. Intitulée « Al
Andalus », cette création chorégraphique
propose un éventail de
plusieurs ballets sur le thème de
l’Andalousie. Chorégraphe, metteur en
scène et réalisatrice, Blanca li touche à
Le stylo magique
Plusieurs grands artistes dont
Raymond Briggs, Tony Ross, John
Burningham et Michael Foreman participent
à l’exposition « Magic Pencil »
du British Concil, sélectionnée par le
célèbre auteur et illustrateur pour enfants,
Quentin Blake, qui se tient à l’école
supérieure des Beaux- Arts jusqu’au
22 juin 2005. Composée de soixante reproductions
d’œuvres originales, cette
Un collectif de
six association
de lutte contre l’analphabétisme,
soutenu
par l’ambassade de
Grande Bretagne, a
lancé une campagne
de vulgarisation et
d’information sur le
nouveau code de la
famille. Jusqu’à aujourd’hui,
plus de
23.000 personnes ont
bénéficié des ateliers
de formation dans la
région d’Errachidia
et de Souss Massa Draa. Pour mener à
bien cette mission, le collectif d’association
a lancé un guide pédagogique
diverses formes d’expressions corporelles,
du flamenco au Hip Hop
en passant par la danse classique
ou baroque. D’origine espagnole,
cette danseuse a monté sa propre
compagnie en 1991, à l’âge de
vingt-trois ans. Deux ans plus tard,
elle crée son premier spectacle en
France, « Nina et Lina ». Depuis,
le succès est au rendez-vous. Après
un passage marquant au Maroc en 1994,
invitée par le réseau des Instituts
Français, Blanca Li revient le 10 juin à
Agadir, le 14 juin à Casablanca, le 16
juin à Meknès, le 18 juin à Rabat et le
21 juin à Marrakech. Son spectacle
«Al Andalus » est magnifique et envoûtant.
❏
exposition prévoit également la projection
d’un film montrant les travaux
de plusieurs artistes sous forme d’animations
y compris « The Bear and
Father Christmas » de Raymond Briggs,
« War Game » de Michael Foreman et
Towser de Tony Ross. Quelques livres
pour enfants dont les illustrations sont
reproduites dans cette exposition, sont
également exposés.❏
Une meilleure compréhension
sous forme d’une
histoire illustrée expliquant
d’une
manière didactique
les principales dispositions
de la
Moudawana. Il a été
distribué aux quarante
mille hommes
et femmes inscrits
aux cours d’alphabétisationdispensés
à travers le
Maroc par plus de
186 associations. Le
coût total de cette
campagne de sensibilisation est de trois
millions de dirhams. ❏
EN BREF...
• Signature
Une cérémonie de présentation et
de signature du nouveau roman
de l'écrivain Halima Zine
Elabidine a eu lieu le 27 mai à
18h au siège de la fondation
Friedrich-Ebert à Rabat, à l'initiative
de l'association "Jossour,
forum des femmes marocaines".
Cette soirée, animée par l'écrivain
critique Abdelkader Chaoui, a été
marquée par une lecture de cette
nouvelle publication
• Exposition
L'artiste peintre Mohamed
Arouach a exposé jusqu'au 31 mai
à la salle d'expositions du musée
municipal d'Agadir, un ensemble
de ses oeuvres artistiques, fruits de
treize ans de création.
Arouach se distingue par son sens
de créativité qu'il n'a cessé de forger
tout au long de sa jeune carrière
artistique.
Il réalise des oeuvres qui étonnent
par leur variété et leurs formes
géométriques particulières.
• Campagne
L'Association marocaine d'aide
aux malades atteints de pathologie
respiratoire chronique (Anfas)
a organisé, du 30 mai au 02 juin,
une campagne de sensibilisation
aux risques et dangers du tabac et
de la consommation des drogues
sur la santé publique et privée.
Plusieurs établissements scolaires
et hôpitaux de la région de Rabat-
Salé-Zemmour-Zaër ont bénéficié
de ces ateliers de sensibilisation
organisés à l'occasion de la
journée mondiale sans tabac.
• Théâtre
"La femme qui" est l'intitulé de
la pièce théâtrale présentée les 27
et 29 mai dans les villes de Tiflet
et Rabat par la troupe du théâtre
national.
Maroc Hebdo International N° 655 - Du 3 au 9 Juin 2005 41

SOCIÉTÉ ET CULTURE
Voix puissante, répertoire romantique, Lara Fabian est une artiste
populaire. Pour son concert à Casablanca, le 26 mai 2005,
cette chanteuse québécoise a donné un spectacle convivial.
Lara, en toute intimité
Lara Fabian.
C’est un beau cadeau qu’ont
offert Maroc Telecom et
Nokia à leurs fidèles clients.
Après un concert payant donné le 26
mai à Casablanca, Lara Fabian a
chanté, le lendemain, juste pour les
cinq cents personnes invitées par l’opérateur
historique et le numéro un de
la téléphonie mobile. Un spectacle
intime et un public ravi.
D’autant plus que l’artiste s’y prêtait
à merveille.
Celle à qui la presse spécialisée reprochait
de forcer sur la voix chante,
aujourd’hui, tout en douceur. En
tous les cas, ce soir, au Megarama, elle
n’a pas crié son célèbre refrain «Je
t’aime, je t’aime, je t’aime» entonné
dans les plus prestigieuses salles européennes,
mais elle a murmuré d’une
voix mélodieuse. Radieuse sur
scène, vêtue d’un tailleur blanc neige,
cette artiste belge naturalisée ca-
42
nadienne donnait l’impression d’être
un ange descendu du ciel. Avec
des changements vocaux, des mots
justes et un timbre de voix exceptionnel,
Lara Fabian raconte son histoire.
Ses amours, ses déceptions, ses
rêves et ses illusions. De grands moments
d’émotions partagés avec une
assistance enchantée par
une mise en scène magnifique. En
effet, dans ce spectacle, cette voix
puissante de la chanson française a
dévoilé aussi ses talents pour le théâtre.
Son interprétation rappelle celle
de Brel. Dommage que ses grimaces
déforment son joli visage. Mais, c’est
un réel plaisir de l’écouter chanter.
Surtout quand Lara Fabian finit son
tour de chant sur un magnifique «Je
suis malade» de Serge Lama acapella
sans micro. Merci Maroc Telecom,
merci Nokia pour ce concert émouvant.
❏
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Maroc Hebdo International N° 655 - Du 3 au 9 Juin 2005
analogie

©Ph.DR
COUVERTURE
• Mohamed Dadach. •Ali Salem Tamek.
ments de Laâyoune s’inscrivaient en
droite ligne dans cette chronologie. Plus
grave, il y a eu des tentatives d’extension
de ces manifestations aux autres localités
du Sahara, et même sur le campus
universitaire de Rabat-Agadal par
le truchement d’une poignée d’étudiants
d’origine sahraouie. Il n’y avait qu’un
pas pour crier à la manipulation extramuros,
qui a été vite franchi. Pour peu
que ce soit la vérité vraie, ce n’est pas
suffisant et encore moins une excuse.
En affirmant que le Polisario est
dans nos murs, par éléments
sciemment infiltrés ou inconsciemment
manipulés, cela voudrait
dire que nos services de surveillance
et de défense du territoire
sont aux abonnés absents et
que le pays est devenu d’une porosité
qui confine à la passoire. Si c’était le cas,
comment alors avions-nous pu, en toute
sécurité, sortir des sables toutes les
infrastructures réalisées au Sahara, tous
les équipements nécessaires à une vie
décente et, surtout, comment avionsnous
pu y sauvegarder la paix civile ?
Si le noyautage téléguidé, aujourd’hui
invoqué, avait fait tache d’huile au-delà
de deux personnages ou plus, tels
Mohamed Dadach ou Ali Salem Tamek
qui, soit dit en passant, jouissent de toutes
leurs libertés de mouvement et d’opinion,
nous serions aujourd’hui dans
une configuration corse, basque ou ir-
12
landaise, avec toutes les différences
possibles entre ces trois cas de figures
non comparatifs.
Ce qui, fort heureusement, n’est pas le
cas grâce à trois ingrédients vitaux : la
mise à niveau, en termes d’aménagement,
d’infrastructures de base et de
services publics; une régionalisation
qui, il est vrai, a du mal à s’implanter,
mais pour laquelle il n’y a pas d’autre
alternative; un vent de démocratie qui
souffle de plus en plus fort et de façon
Dadach et Tamek jouissent
de toutes leurs libertés de
mouvement et d’opinion.
irréversible, et dont profitent Tamek et
Dadach. Et la sécurité, l’autre ingrédient
à ne pas vilipender dans cette région
en particulier, comme partout
ailleurs dans le Royaume, encore plus
depuis la montée de la violence intégriste.
Quitte à défoncer des portes ouvertes,
tous ces paramètres sont interactifs.
Là où le bât blesse –pas plus que dans
d’autres régions, faut-il le rappelerc’est
au niveau de l’emploi. Le déficit
est national. La question, dans le contexte
d’un monde mondialisé, est internationale.
Ce n’est pas une excuse, soit. L’Agence
©Ph.DR
de développement des provinces du
Sud a, plus que ses homologues dans
d’autres parties du pays, une obligation
de résultat qui n’est pas très visible
au niveau de l’incitation à l’initiative
privée et de la création de possibilités
d’embauche. Soit. Pendant un quart
de siècle, le choix des hommes à des
postes de responsabilités névralgiques
n’a pas toujours été judicieux. Il a même,
parfois, été calamiteux. Ils se sont
servi, plus qu’ils n’ont servi. Soit. Sous
prétexte de respect de la spécificité socio-culturelle
de cette région, on a
concocté un microcosme de représentants
pas très représentatifs, fait de
chioukh insatiables et d’élus au forceps.
Soit.
De tous ces dysfonctionnements, équitablement
partagés par l’ensemble du
pays, nos compatriotes du Sahara n’ont
eu que leur lot. Et même, un peu moins
par rapport à certaines provinces beaucoup
moins loties. Mais s’ils considèrent
que la soupe est moins grasse que
ce à quoi ils avaient légitimement droit,
en tant que citoyens, ce n’est pas une
raison pour cracher dedans.
Toujours est-il que c’est de ce terreaulà,
de chômage et de mal-vivre parmi
les jeunes, que sont issus les manifestants
de Laâyoune. Ils ont, pour la quasi-totalité,
moins de trente ans,
pour la majorité entre quinze
et vingt ans. Ils sont les enfants
du Sahara marocain récupéré.
Il faudrait peut-être leur montrer
les photos noir et blanc du
Sahara sous occupation espagnole
et les conditions d’existence de
leurs parents. Ils relativiseraient un peu
plus. Ils ne brûleraient pas le drapeau
national. Ils ne crieraient pas à l’indépendance
du Sahara.
Bien que ce soit plus par aspiration légitime
à un mieux-être que par une
quelconque manipulation téléphonée
du Polisario. Qu’Alger se rassure, le
Maroc n’est pas une forteresse recroquevillée
sur son trésor de pétro-dollars
; mais il n’est pas, non plus, une
passoire. Nos alarmistes qui pourraient
avoir quelques raisons d’être frileux
devraient, malgré tout, eux aussi, s’en
convaincre.❏
Maroc Hebdo International N° 655 - Du 3 au 9 Juin 2005

BON APPÉTIT
Poulet à la ricotta et aux épinards
Je suis malade. J’ai de la fièvre et je tousse.
Le médecin m’a dit que j’ai une bronchite.
Normalement, je dois rester au lit.
Difficile, pour moi, de respecter cette consigne,
surtout un samedi. C’est la seule journée
de la semaine que je consacre à mes activités
préférées. C’est-à-dire sortir, manger et
discuter. Aujourd’hui, je ne dérogerai pas à
la règle. Malgré ma grosse fatigue, je décide
de déjeuner à l’extérieur. Cela me changera
sûrement les idées. Je m’apprête à sortir quand mon
téléphone sonne. Mes amies sont attablées au Spasso,
un restaurant italien situé dans la rue Abou Chouaïb
Doukkali, au quartier Gauthier et désirent que je les rejoigne.
Ça tombe bien. Je ne connais pas ce nouvel établissement.
J’ai été invitée à son ouverture, il y a six
mois, mais je n’ai pas été. C’est une occasion, alors,
pour le découvrir.
À ma grande surprise, Spasso offre un cadre raffiné.
Une grande salle ensoleillée avec des meubles en bois
massif, des lustres en verre soufflé coloré et un coin-bar
bien aménagé pour les amateurs d’apéritifs.
La carte, au design sobre, propose de l’authentique cuisine
italienne. Des entrées, des pizzas, des pâtes, des viandes
et des desserts. Le service est accueillant et professionnel.
Je prends des petits rouleaux aux aubergines farcies à
la Ricotta. Une entrée délicieuse. D’habitude, je n’aime
pas ce légume, car il est sans saveur. Mais, dans
cette recette, il est bien relevé avec du basilic et de l’-
Sorties
• Concours
La 17ème édition du concours général du métier "Art
Culinaire" se déroule jusqu’au 3 juin 2005 à Marrakech sous
le thème "Saveurs et subtilités du Maroc, pays de la
Méditerranée", à l'initiative de l'Office de formation professionnelle
et de la promotion du travail (OFPPT). Cette manifestation
a vu la participation de vingt-sept candidats sélectionnés
parmi les stagiaires des différents établissements
de formation hôtelière et restauration du ministère du
Tourisme et de l'OFPPT, provenant des villes de Fès, Agadir,
Casablanca, Essaouira, Erfoud, Salé, Ouarzazate,
Mohammedia, El Jadida et Marrakech. Cet événement s'assigne
pour objectif de créer un esprit de compétitivité et de
créativité entre les lauréats des différents établissements de
formation au Maroc et par là même valoriser leurs compétences.
Lors de ce concours, qui est abrité par l'Institut spécialisé
en hôtellerie et restauration de Marrakech, les candidats
sont appelés à passer une épreuve d'une durée de quatre
heures durant laquelle ils doivent établir, sur la base d'un
panier, sans aide de commis, un menu de trois plats.
Loubna Bernichi
huile d’olive. Le fromage est frais et se laisse
manger avec plaisir. Je note aussi la bonne
présentation de ce plat. C’est agréable de
manger dans une jolie assiette. J’enchaîne
avec du poulet farci à la ricotta et aux épinards.
J’adore. Un blanc de poulet bien tendre
avec du fromage crémeux, des épinards
bien hachés nappés d’une sauce gingembre.
L’accompagnement est aussi succulent. Des
poivrons, rouge, jaune, vert, des haricots verts,
des courgettes, coupés en fines lamelles, sautés dans
du beurre et du persil. Ce que j’ai dégusté avec plus de
bonheur, c’est la purée aux pommes de terre. Je me suis
régalée. Pour le dessert, j’ai été un peu déçue. Le tiramisu,
le plus célèbre des desserts italiens, n’est pas à la
hauteur de mes espérances. Il est vrai qu’il est bien présenté,
mais son goût laisse à désirer. D’ailleurs, je ne l’ai
pas fini.
Ce repas m’a coûté 173 Dh avec une grande bouteille
d’eau minérale. Je pense que c’est un bon rapport qualité/prix.
Pour les déjeuners entre collègues ou entre
amis, Spasso est une bonne adresse gastronomique.
D’autant plus que ce restaurant propose des formules
déjeuners très intéressantes. Une entrée, un plat du jour
ou une pizza et un dessert à 89 DH. Pour prendre un verre,
en fin de journée, c’est un endroit animé et discret.
Si vous préférez manger italien chez vous, le Spasso
fait aussi des plats à emporter.
De ma part, je reviendrai un soir dîner. Question de voir
comment ça se passe.❏
• Réouverture
Aloha Beach rouvre ses portes
avec un concept revisité.
Le restaurant propose une carte
espagnole avec les spécialités
de poissons et des fraîcheurs
de saison et un bar
cocktail pour se rafraîchir et se
délecter à toute heure.
Aloha Beach Dar Bouazza
Réservation : 061 18 69 04
• Inauguration
Le Tahiti Beach Club devrait être inauguré le vendredi 3 juin
2005 à Casablanca.
C’est la célèbre présentatrice de Match Tv, Amanda Lear,
qui est la marraine de cette soirée d’ouverture. Le DJ Claude
Challe ainsi que le troupe « Nuits blanches » devront assurer
l’animation.
Maroc Hebdo International N° 655 - Du 3 au 9 Juin 2005 43

CINÉMA
The Grudge, de Takashi Shimizu avec Sarah Michelle Gellar et Jason Behr
La maison de l’épouvante
Dans ce qui paraît être une
paisible maison de Tokyo
se cache l'un des fléaux les plus
épouvantables qui soient.
Quiconque franchit le seuil de
la demeure est aussitôt frappé
par une malédiction qui ne tardera
pas à le tuer dans un sentiment
d'indicible rage.
Alors que le nombre de victimes
augmente, une jeune
Américaine, Karen, se trouve
brutalement confrontée à l'horreur
de cette réalité. Pour elle, il
n'est désormais plus temps d'ignorer
ou de fuir, il faut comprendre
pour avoir une chance
de survivre. Entièrement tournée
au Japon, l’histoire de The
Grudge est autour du thème de la
malédiction, tout l’arsenal habituel
44
Dans les salles
Le château ambulant, film d’animation
réalisé par Hayao
Miyazaki
Victime d’un épouvantable sortilège,
la jeune Sophie, âgée de
18 ans, se transforme en vieille
femme de 90 ans. Accablée,
Sophie s'enfuit et erre dans les
terres désolées. Par hasard, elle
pénètre dans le Château Ambulant
de Hauru le Magicien. Celui-ci
est extrêmement séduisant, mais
n'a pas beaucoup de caractère.
Cette "vieille dame" aussi mystérieuse
que dynamique va redonner
une nouvelle vie à l'ancienne demeure.
Séances : 14H15 - 17H00 - 19H45 - 22H30
Chok dee, réalisé par Xavier Durringer, avec Dida Diafat,
Bernard Giraudeau, Florence Vanida Faivre
De combines en petits braquages, Ryan finit en prison. Il
y rencontre Jean, un ancien champion de boxe. À son
contact, il découvre un des sports les plus violents qui
soient, la boxe thaï, et toutes les valeurs morales qui s'y
rattachent. A sa sortie de prison, il part en Thaïlande. Là-
des accessoires qui font peur, musique,
montage, éclairage, sont là.
Aucune nouveauté, mais ça fait
toujours peur.
Bien sûr, la mise en scène est efficace,
mais le scénario manque
de créativité. The Grudge récupère
le mythe de la maison hantée
et évoque The ring. Sauf que
The ring est stressant et The
Grudge est effrayant. Encouragé
par le succès rencontré au Japon,
son réalisateur Takashi Shimzu a
tourné la suite, The Grudge II,
qui a également cartonné au boxoffice
japonais.
Pour ceux qui aiment se faire peur
devant un grand écran, The
Grudge est actuellement projeté
au Megarama.
Séances : 14h15-17h00-20h30-
22h30
bas il prend conscience que son plus important combat
sera de prouver qu'à force de travail et de volonté, on peut
devenir un véritable champion de boxe et un homme...
Séances : 14H15 - 17H00 - 19H45 - 22H30
Même pas mal, comédie réalisé par Rawson Marshall
Thurber. Avec Ben Stiller, Vince Vaughn,
Christine Taylor
Peter LaFleur est le charismatique et sousestimé
propriétaire d'un club de gym, pompeusement
appelé Average Joe's. Mais l'endroit
attire les convoitises de White
Goodman, une puissante figure du monde
du sport, propriétaire du rutilant Globo
Gym.Une banque commissionne une experte,
Kate Veatch, pour s'infiltrer dans les
rouages directionnels de l'Average Joe's
afin de finaliser l'OPA sur la petite salle de
gym par le géant complexe de fitness. Mais c'était sans
compter sur les charmes enfantins de Peter qui, rapidement,
acquiert à sa cause la belle Kate.Une alternative se présente
à eux pour sauver l'Average Joe's : se lancer dans une
compétition de dodgeball avec pour adversaires les gros
bras du Globo Gym.
Séances : 14H15 - 17H00
Maroc Hebdo International N° 655 - Du 3 au 9 Juin 2005

Le mardi 24 mai 2005, Hiwar,
l’émission de débats politiques
de la RTM animée par
Mustapha Alaoui, a reçu comme
invité le secrétaire général du PPS,
Ismaïl Alaoui. Le débat fut inauguré
par le sujet qui domine l’actualité,
à savoir les relations entre
le Maroc et l’Algérie à la lumière
des dernières déclarations
de Abdelaziz Bouteflika et le report
du sommet de l’UMA. Le secrétaire
général du PPS a affirmé
à ce propos que la responsabilité
de ce report incombait au président
algérien dont les déclarations Ismail Alaoui.
visaient à faire échouer ce sommet.
Il regretta par ailleurs cette attitude qui est intervenue
dans une période où la confiance commençait à
être rétablie. «Une période où le peuple algérien, et
les hommes d’affaires algériens, réclamaient la réouverture
des frontières et la reprise des échanges avec
le Maroc», déclara-t-il. Avant d’ajouter : «au lieu de
s’occuper d’une bande de mercenaires qui l’impliquent
A VOS POSTES
Les vœux et la réalité
Programmes TV
Documentaire : Il était une fois le western spaghetti.
En cinq films, devenus des classiques, le réalisateur Sergio
Leone a lancé le western spaghetti. Dépoussiérant avec succès
un genre en perte de vitesse aux Etats-Unis. Il choisit à
l'époque le sud de l'Espagne comme cadre pour ses long
métrages. La petite ville d'Almeria se transforme ainsi en parfaite
bourgade de l'Ouest américain. La beauté de ce décor
naturel attire simultanément, à la fin des années 1960, jusqu'à
onze tournages... Evoqué par les collaborateurs de
Sergio Leone, le destin de la petite ville d'Almeria se superpose
à un hommage, en pointillé, au grand maître du western
spaghetti. Déconcertant. Le samedi 4 juin à 18h45 sur
France5.
Enquête : Qui a tué les enfants d'Ashkelon ? Enquête chez
les Romains.
Ville au riche passé historique, Ashkelon, en Israël, attire depuis
longtemps les archéologues. Ces quinze dernières années,
des chercheurs de l'université d'Harvard ont fouillé
les vestiges de la cité antique. Ils ont notamment découvert
dans les égouts de l'époque romaine les squelettes d'une
centaine de nouveau-nés. L'analyse des ossements révèle
que les victimes, des bébés âgés de quelques semaines et en
pleine santé, auraient été assassinés. Par qui et pour quelle
raison ? Retour sur une énigme datant du IIIème siècle après
Jésus-Christ. L'intérêt ne faiblit jamais dans cette enquête
qui mêle reconstitutions archéologiques en images de syn-
dans un conflit où elle n’a rien à
faire, l’Algérie a plutôt intérêt à
régler ses nombreux problèmes
internes». Pour ce qui est des solutions,
Ismaïl Alaoui a exprimé
son souhait pour que les
Marocains se mobilisent, en vue
d’une solution interne, qui passe
par le développement de la démocratie
et de la régionalisation.
Sur un plan strictement partisan,
M. Alaoui a proposé sa médiation
entre El Yazghi et Abbas El
Fassi afin de désamorcer la crise
entre l’USFP et l’Istiqlal. Une
médiation qui vise entre autres
desseins la réhabilitation de la
Koutla pour qu’elle puisse jouer pleinement son rôle.
Quoique très louables, les intentions et les voeux de
Monsieur Alaoui trahissent un profond décalage avec
la réalité. Et leur concrétisation dans la conjoncture
actuelle paraît des plus improbables.❏
M.EL.
thèse et investigation historique pointue. Sur Arte, le samedi
4 juin à 18h40.
Cinéma : La piste du tueur.
Voilà dix-huit mois que l'agent du FBI Frank LaCrosse
traque un tueur psychopathe. Après une première série de
meurtres, l'homme, sentant le danger, a kidnappé le fils de
ce dernier avant de se faire oublier. Frank s'est vu retirer
l'enquête mais, passant outre les ordres, a poursuivi ses investigations
dans l'espoir de retrouver son enfant vivant.
Pas toujours maîtrisé ni structuré, ce curieux film policier
se distingue surtout par l’habile mise en place de son intrigue,
ses fausses pistes et son atmosphère oppressante.
Dimanche 5 juin sur TF1 à 20h45.
Divertissement : La folie Crazy.
35 jeunes femmes, belles, splendides, sources de fantasmes
chez les uns, sources de plaisir pour l'oeil. La nudité érigée
en art, c'est la règle du Crazy Horse qui ouvre pour la première
fois de son histoire ses loges au regard des caméras.
En suivant quatre danseuses de la revue, François Pécheux
est ressorti de son reportage avec une autre image de ces jeunes
filles qui n'ont pas peur d'afficher leur nudité, exerçant
leur métier avec rigueur et passion. Il revient sur les conditions
de tournage de ce «La folie Crazy» avec des images
inédites des loges et une folle envie de casser les préjugés
sur la beauté et l'art de la nudité. Lundi 6 juin sur Paris
Première à 18h50.
Maroc Hebdo International N° 655 - Du 3 au 9 Juin 2005 45

RENDEZ-VOUS
46
Rassemblé par Chifaâ Nassir
EN BREF...
• Sensibilisation
Une journée de sensibilisation et
d'incitation à la protection des espaces
verts dans la région du Grand
Casablanca se tiendra le 9 juin dans
la capitale économique, sous le thème
« vers une ville verte ».
La rencontre se déroulera en deux
séances portant sur le rôle de la société
civile dans la préservation et
la réhabilitation des espaces verts
et les parcs et espaces verts dans
la gestion du territoire casablancais.
Les intervenants se pencheront sur
plusieurs questions, notamment les
espaces verts et la planification urbaine,
la gestion et l'entretien des
espaces verts dans le Grand
Casablanca et les actions menées en
matière de préservation des espaces
verts.
• Séminaire
La Régie autonome de distribution
d'eau et d'électricité de Marrakech
(RADEEMA) organise, le 8 juin à
Marrakech, un séminaire sur le projet
de réalisation de la station d'épuration
d'eau de la ville, sous le
thème « la RADEEMA oeuvre
pour la protection de l'environnement».
Cette rencontre a pour objectif la
sensibilisation et l'information des
parties prenantes représentant la
population de Marrakech sur le projet
de réalisation de la station d'épuration,
l'étape la plus décisive
pour l'élimination des nuisances et
l'amélioration des conditions environnementales
de la ville.
Le projet d'assainissement liquide
de Marrakech et le projet de réalisation
de la station d'épuration de
Marrakech sont parmi les points à
l'ordre du jour de ce séminaire, qui
verra la participation de plus de 50
responsables d'associations, opérateurs
économiques, administrateurs
et représentants de médias.
Concert à Casablanca de l’ensemble
vocal français A Sei Voci
Après des concerts à Fès et Rabat,
l’ensemble vocal français A Sei
Voci retrouvera le public casablancais
le 8 juin 2005 à partir de 20h30, au théâtre
121.
Recomposée depuis 1991 autour de l'un
de ses fondateurs, Bernard Fabre Garrus,
la formation A Sei Voci est constituée
d'un noyau de 6 chanteurs solistes,
auquel s'ajoutent chanteurs et instrumentistes
en fonction des productions.
L'ensemble a acquis en très peu d'années,
une réputation internationale dans
le répertoire polyphonique et a été élu
Rencontres de Fès
La cinquième édition des
Rencontres de Fès se
tient du 4 au 8 juin 2005, en
marge du Festival de Fès
des musiques sacrées du
monde.
Cette grande manifestation
connaît la participation de
quelque 500 voix venues
des quatre coins du monde.
Cette édition, qui a pour thème
«une âme pour la mondialisation»,
réunit des artistes aussi
différents que Jean Daniel, Rajmohan
Ghandi, Elisabeth Guigou, Mireille
Mendès France, Thierry de Montbrial
ou Trinh Xuan Thuan.
Entre les remparts du Méchouar de
Bab Makina, à deux pas des minarets,
les chants et musiques de plus de
500 artistes résonneront dans la Cité
dans une harmonie universelle.
Faouzi Skalli, directeur du Festival,
en 1994, Ensemble vocal de
l'année.
ASei Voci donne une soixantaine
de concerts chaque
année et se produit dans
les salles et les festivals les
plus prestigieux au monde.
Ses enregistrements ont reçu
de nombreuses distinctions
et des critiques élogieuses des
spécialistes de la musique
classique.
ASei Voci, créé en 1977, s'est donné
pour vocation de redécouvrir les partitions
de la Renaissance et de la musique
baroque italienne, en donnant à ses
concerts une dimension visuelle avec
une mise en scène qui laisse ressortir le
pouvoir émotionnel de la musique. Son
approche s'appuie sur les dernières
recherches, menées en collaboration
avec plusieurs musicologues. Son interprétation,
si elle témoigne toujours du
plus grand respect pour l'œuvre et le répertoire,
sait également être attentive à
la création musicale contemporaine.❏
estime que l’esprit des rencontres de
Fès est de rappeler au monde que cette
ville est une grande capitale spirituelle
et tolérante depuis sa fondation.
Ala musique s'ajoutent la projection
de films et des expositions de peintures
et de photographies pour enrichir
la 11ème édition du Festival des
musiques sacrées du monde qui se
déroule du 3 au 11 juin 2005.❏
Maroc Hebdo International N° 655 - Du 3 au 9 Juin 2005

Rencontre avec Marc Dugain EN BREF...
L
’Institut Français
de Casablanca
programme une rencontre
avec Marc
Dugain, célèbre auteur
du roman «La
Malédiction d’Edgar»,
édité par Gallimard en
2005, le 22 juin à 19h
à la médiathèque de
l'IFC.
Lors de cette rencontre,
Marc Dugain présentera
son quatrième
roman, consacré à la
vie de John Edgar Hoover qui fut à la
tête du FBI pendant près d’un demisiècle,
imposant son ombre à tous les dirigeants
américains. De 1924 à 1972, les
plus grands personnages de l’histoire
des Etats-Unis seront traqués jusque
dans leur intimité par ce garant de la
morale.
Ce roman fait revivre tous ces dirigeants
à travers les dialogues, les comptes-rendus
d’écoute et les fiches de renseignements
que dévoilent sans réserve
Chanter pour sensibiliser à la pauvreté
Londres, Paris, Berlin,
Philadelphie et Rome vibreront
le 2 juillet au rythme de cinq concerts
grandioses aminés par des stars de la
chanson internationale. Mariah Carey,
Madonna, Paul McCartney, Sting,
Elton Jhon, REM et U2 feront partie
des artistes qui se produiront au Hyde
Park à Londres. Jamiroquai, Youssou
N'Dour, Yannick Noah, Andrea
Bocelli et Placebo sont attendus à la
Tour Eiffel à Paris. Will Smith, Bon
Jovi et Stevie Wonder chanteront devant
les musées des arts en
Philadelphie. Laura Pausini et Duran
Duran seront aux Arènes de Rome.
Ces artistes chanteront pour sensibiliser
à la pauvreté dans les pays en développement.
La période choisie pour donner ces
concerts n’est pas fortuite. Ils se tiendront
quelques jours seulement avant
l'ouverture, le 6 juillet, du sommet
des Mémoires attribuées
à Clyde
Tolson, adjoint
d’Edgar Hoover.
«Edgar aimait le
pouvoir, mais il en
détestait les aléas. Il
aurait trouvé humiliant
de devoir le remettre
en jeu à intervalles
réguliers devant
des électeurs qui
n’avaient pas le
millième de sa capacité
à raisonner»,
écrit Marc Dugain dans son roman.
Marc Dugain possède l’art de la mise
en scène, il retrace avec jubilation un
monde de violences et de complots dans
son ouvrage.
Marc Dugain est également l’auteur de
«La Chambre des officiers», récompensé
par de nombreux prix littéraires
et adapté au cinéma par François
Dupeyron, et de «Heureux comme Dieu
en France», paru aux éditions Gallimard
en 2002.❏
Mariah Carey.
annuel du G8, qui rassemble les dirigeants
des pays les plus riches de la
planète et la Russie, qui vont se retrouver
cette année en Ecosse.
En plus des artistes cités, d’autres célébrités
participeront à ces concerts
gratuits, qui n’ont pas pour but de récolter
des fonds.❏
RENDEZ-VOUS
• Environnement
«Réhabilitation et développement
de l'arbre dans la province d'Al Haouz
», est le thème d'une journée d'étude
qui se tiendra le 8 juin à Aghbalou,
près de Marrakech, à l'initiative de
l'Inspection régionale de
l'Aménagement du territoire, de l'eau
et de l'environnement de la région
de Marrakech. Initiée en collaboration
avec la province d'Al Haouz, la
Direction régionale des Eaux et
Forêts et le programme Agenda 21
Régional, cette manifestation s'inscrit
dans le cadre des activités marquant
la journée mondiale de l'environnement,
célébrée le 5 juin de chaque
année.
•Course
Une course internationale sous le thème
« portes ouvertes de Fès » est organisée
dimanche 5 juin dès 8H30,
à partir de la place de Bab Boujloud.
Cette course, organisée conjointement
par la commune urbaine de Fès
et la Ligue marocaine d'athlétisme
de la région de Fès-Boulemane en
collaboration avec la wilaya, connaît
la participation des conseillers communaux
des villes jumelées avec Fès
et d'athlètes nationaux et internationaux
• Dialogue
L'Observatoire régional pour la migration,
relevant de l'Université Ibn
Zohr d’Agadir, organise les 10 et 11
juin 2005, une conférence internationale
sous le thème « Le dialogue
culturel entre le Maroc et le Portugal
», en collaboration avec l'Université
Fernando Pessoa et l'association
Camoes du Portugal.
Cette conférence est également une
occasion pour la présentation du livre
« le rôle et la place de la migration
internationale dans le développement
local dans les pays du
Maghreb et de l'Afrique sub-saharienne
», fruit des travaux de la
conférence tenue à Agadir en février
2003.
Maroc Hebdo International N° 655 - Du 3 au 9 Juin 2005 47

COURRIER
48
Vos lettres ou E-mails sélectionnés et présentés par Chifaâ Nassir
Cette rubrique est la vôtre. C’est un espace ouvert pour les lecteurs.
Faites-nous part de vos réactions, remarques ou suggestions
par courrier à : Maroc Hebdo International, 4 Rue des Flamants,
Riviera, ou par e-mail à chifaa@maroc-hebdo.press.ma.
Le choc pétrolier au Maroc
Me référant à l’article intitulé Y at-il
du pétrole au Maroc, paru à
Maroc Hebdo N° 652, j’aimerais signaler
le choc et l’échec pétrolier au
Maroc.
En ce qui concerne le choc, le pétrole
coûte très cher. En un an, il a rebondi à
plus de 50 dollars le baril, sachant sciemment
que la flambée de l’or noir demeure
menaçante. Atelle enseigne que
le Maroc importateur voit sa facture
énergétique passer du double au triple.
D’autant plus que c’est au niveau de la
société marocaine que les effets de la
hausse de l’essence seront le plus ressentis
sur la chute du pouvoir d’achat.
Nombreux sont les facteurs qui incitent
à l’envolée des prix du brut. En l’oc-
Soutien
Je me permets de
vous écrire pour savoir
si c’est possible
d’avoir l’adresse des
parents du petit
Radwane Zouheir.
Etant un père de 4 garçons,
j’ai été touché par
son calvaire et je veux
l’aider comme je peux.
Pour votre article sur ce
petit, je vous prie d’accepter,
l’expression de
mon attentive considération.
Mohamed Saouir
Réponse:
Merci pour votre solidarité.
Vous recevrez les coordonnées
des parents de
Radwane Zoheir
sur votre adresse personnelle.
currence, il y a d’abord la forte demande
mondiale qui dépasse largement l’offre,
laquelle ne suffit pas à équilibrer la
Je suis une Casablancaise
engagée directement avec
des associations éducatives
dans le milieu rural de
Casablanca. Je vous écris pour
un sujet qui me semble d’un
grand intérêt pour la population
marocaine, il s’agit de la
chaîne 4 éducative de la RTM.
J’ai une simple suggestion et
j’aimerais que cela se concrétise
à travers l’appel que je
lance dans votre magazine.
Maria Latifi.
Mon souhait est de voir rediffuser
les meilleurs programmes de la chaîne
entre 10h et 1h puisque beaucoup de femmes
qui vivent à la campagne n’ont rien à faire
après leurs travaux ménagers et ne disposent
d’aucun moyen de distraction. Ces dernières
peuvent trouver dans cette diffusion un
moyen pour développer leur connaissances…
Beaucoup de gens dans notre société sombrent
dans la violence à cause de leur ignorance.
Ça fait plus de deux mois que la chaîne 4
demande et l’offre, outre l’instabilité en
l’Irak, les grèves au Nigeria, voire les
attentats au Qatar.
En Afrique du nord, il n’y a qu’au Maroc
que l’on ne trouve pas encore le pétrole.
En attendant notre manne, à l’instar
du pactole en Mauritannie, il importe de
recourir à l’importation du pétrole de
la Mauritanie qui est un pays limitrophe
et avec lequel le Maroc a des accords
de coopération tous azimuts en vertu
du partenariat stratégique. Désenchanté
en 2000 par des forages fantômes, je
crains que l’optimisme extrême sur la
promesse de l’or noir ne soit qu’un leurre,
à l’image des gisements mirages annoncés
en fanfare à Talsint dans la région
d’Errachidia.❏
Ali Alaoui, Salé
Rediffusion des programmes de la Quatrième
diffuse ses programmes éducatifs.
Ce sera donc une très
belle chose si on rediffuse les
meilleurs programmes pour
que les parents et les éducateurs
orientent les étudiants
à les suivre.
Vous savez très bien que plusieurs
familles marocaines ne
peuvent pas se procurer un
récepteur numérique, la rediffusion
semble donc la
meilleure solution.
Par ailleurs, ce sera très bien
si la chaîne de Laâyoune diffusait de 21h jusqu’à
1h pour faire connaître cette partie du
Maroc que beaucoup de gens ne connaissent
que de nom et n’ont jamais eu l’occasion de
visiter… Il faut qu’ils soient conscients de la
richesse culturelle et touristique du Sahara
marocain.
Merci de m’avoir accordé la parole et bonne
continuation pour toute l’équipe.
Halima Bel, de Casablanca
© Ph.. DR
Maroc Hebdo International N° 655 du 3 au 9 Juin 2005

Le délire de Nassima Un Premier minis-
Nassima El Hor.
Je tiens à faire une remarque importante
sur un article qui m’a paru
choquant de la part d’un journal qui
a du poids dans la presse marocaine et
que nous aimons et respectons.
L’article concerné est paru dans votre
édition N° 652 sur l’animatrice
Nassima El Hor. Je trouve que c’est
plus une publicité pour elle qu’autre
chose. La journaliste Loubna Bernichi
a évoqué certains points qui n’ont rien
à voir avec le titre qui annonce le contenu
comme par exemple la participation
de Nassima aux élections de 1997,
ou encore des éloges comme «cette
beauté qui représente le fantasme des
hommes arabes», et j’en passe… j’aimerais
bien comprendre à quoi la journaliste
voulait en venir. Nous, lecteurs,
ne sommes pas aussi débiles pour croire
un tel scénario.
Désolé, chère Nassima El Hor, on ne
peut croire à votre histoire puisque
de telles choses n’arrivent pas au
Maroc grâce à Dieu et à la politique
du Souverain.❏
G. Sijamati, Tahanaout
Réponse:
Nous tenons à vous rappeler, cher lecteur,
que nous faisons de l’information
et non de la publicité. Il est tout à
fait normal de revenir sur le parcours
de Nassima El Hor pour mieux la présenter
aux lecteurs. Concernant l’agression
de cette animatrice, la justice
suit son cours.
Hommage à Hassan El Glaoui
J
’ai apprécié le portrait que vous avez dressé de Hassan El Glaoui. C’est une
manière de rendre hommage à quelqu’un qui, malgré les décennies qu’il a
passées à l’étranger, reste attaché au Maroc, à ses chevaliers, à son ciel bleu et
à sa culture plusieurs fois centenaire.
Cependant, je trouve dommage que les musées marocains ne lui rendent pas
assez la politesse. En effet, si l’on scrute les différentes collections du Maroc,
privées ou publiques, on se rend compte qu’il en est absent. Ce qui n’est pourtant
pas le cas en Europe. On préfère encore de loin acquérir des œuvres étrangères
que d’avoir un El Glaoui. Mais en fait qui disait qu’on ne pouvait être
prophète chez soi ?
Ahlam Belbachir, Marrakech
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Maroc
1 an pour 560 Dh
tre technocrate
pour 2007
V ous dites que : «Quatre candidats
virtuels se bousculent au portillon de
la primature en 2007. El Fassi, Elyazghi,
Laenser et Othmani. L’un d’eux devra
sortir et des urnes et d’une coalition.» Je
pense qu’à côté des urnes et d’une coalition
vous avez oublié d’ajouter leurs rêves.
Car c’est chimérique de penser que
le Maroc a aujourd’hui besoin d’un
Premier ministre purement politique.
N’avez-vous pas vu les problèmes économiques
auxquels le Royaume doit faire
face aujourd’hui ? Et pensez-vous sincèrement
qu’un Abbas El Fassi,
Mohamed Elyazghi, Mohand Laenser ou
Saadeddine Othmani soit capable de relever
les défis auxquels nous faisons face
? A mon humble avis, il nous faut un
vrai technocrate qui comprenne les rouages
de l’économie, pour avoir baigné dans
la gestion d’une structure de création
d’emploi, génératrice de richesse. Je suis
d’accord sur un point, même si vous ne
le dites qu’entre les lignes : Jettou doit
partir. Mais si vous aviez la fibre entrepreneuriale,
vous penseriez sans doute à
d’autres ministres. Votre liberté de proposition
valant la mienne, je pencherais
plutôt vers des « Premiers-ministrables
» comme Mohamed Boussaid, Adil
Douiri ou encore Salaheddine Mezouar.
Eux, au moins, connaissent la réalité de
l’entreprise, comprennent l’environnement
économique et sont plus au fait des
menaces.
Saïd.K, Rabat
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Maroc Hebdo International N° 655 du 3 au 9 Juin 2005 49

CHRONIQUE
50
Les Français disent non à la Constitution européenne
Le divorce
de Marianne
Il y a quelques semaines les visages de nos peuples
se sont assombris et nous avons une fois de
plus ravalé notre bave millésimée pour une union
du Maghreb en panne de consensus politique. Cette
semaine nous a permis d’assister à une autre gifle
sans bavure de l’histoire, une Europe qui fait un demi-tour
au parking, en panne de consensus des peuples.
Les Français ont dit m… à la constitution européenne
: la baguette, le Beaujolais et la Gitane ont surplombé
le rêve unitaire de l’actuelle Europe. Ce n’est
pas cette Europe dont les Français ont
besoin. Le « non » français à la cons-
titution européenne, c’est un peu comme
si les Marocains, les Algériens ou
les Tunisiens avaient voté non au couscous.
La France, moteur de l’Europe,
rejette l’Europe. C’est le comble. Les
Français ont exprimé leur ras le bol
de la « global finance», de l’échange
libéral, de la mondialisation et de toutes
les autres formes de globalisations
que nous sommes en train de consommer
à plein tube digestif. Le non français,
c’est le retour de la question sociale, de l’antiétranger
et surtout de l’anti-Turc. C’est aussi la naissance
d’une nouvelle gauche anticapitaliste et le retour
de l’Etat souverain et protectionniste. C’est la
remise en cause des délocalisations et le rejet de la rentabilité
financière à tout va. Conçue initialement comme
une mécanique économique, monétaire et commerciale,
l’Europe n’a jamais été une union de peuples.
Telle qu’elle est aujourd’hui, l’Europe et le libre-échange
ont apporté le chômage, la mise en danger
des salaires et de la protection sociale, l’augmentation
du coût de la vie et l’incertitude du lendemain.
Le non des Français est aussi une démonstration de
la faillite des systèmes politiques français et européen.
C’est l’émergence d’une crise latente qui était
là, telle un virus qui attendait le premier signe de fatigue.
Tout le monde le savait, mais faisait semblant
de l’ignorer. Les systèmes de pilotage de l’opinion
politique que sont les media, les éditorialistes, les institutions
politiques étaient pour le oui et le défen-
Tout seul, le
narcissisme
présidentiel ne
peut pas
conduire un
peuple.
Driss Fahli
daient. Comme d’habitude, les politiques et les technocrates
étaient en décalage par rapport aux attentes
du public. Ils sont au service du capital.
Analysé, le non français démontre une fracture sociologique
qui oppose l’ouvrier au cadre. Il met en
exergue une fracture générationnelle qui confronte le
junior et le senior (pour ma génération, c’est plus
sympa que jeune et vieux). Il souligne enfin la fracture
politique et le rejet des acteurs du gouvernement
actuel avec Chirac en tête suivi d’un Rafarin payeur
de pots cassés par le Président. Tout
seul, le narcissisme présidentiel ne
peut pas conduire un peuple. Il faut
lui adjoindre le leadership et un solide
projet de société qui prend
l’Homme dans sa dimension d’être
humain et non dans son rôle de pion
économique.
Le non français a fait le bonheur des
souverainistes que sont les Le Pen,
les De Villiers et autres racistes. Il a
divisé les socialistes et la droite française.
Il a fait la joie des USA et des
Anglo-Saxons, qui savent maintenant qu’ils ont une
génération devant eux avant de trouver un contrepoids
à leur puissance. Il affaiblit l’euro et réveille
les velléités chinoises assommées par les dernières
exigences européennes. Les Chinois avaient accepté,
toutes dents dehors dans un sourire « chinoisement
» figé, d’augmenter les taxes à l’exportation de 74
catégories de produits textiles. Dès l’annonce du non
français, ils sont revenus sur leurs promesses. Le sourire
s’est transformé en ire contre l’Europe.
C’est les mêmes sourires et courbettes qui étaient servis
à Mustapha Mechahouri, notre ministre du
Commerce extérieur par M. Guangzhou le Chinois
quand il a su que ses produits ont mis au chômage
95.000 personnes dans le l’industrie marocaine du
textile.
J’en conclus que notre problème n’est plus une Europe
empêtrée dans un problème franco-français mais une
Chine qui machine toutes dents dehors.❏
Frankfurt, le 31/05/05
Maroc Hebdo International N° 655 - Du 3 au 9 Juin 2005