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BA BERTHET AITTOUARÈS Édito C’est en poussant la grille de l’ancienne fabrique de pâtes “il pastificio Cerere” au cœur du quartier populaire de San Lorenzo à Rome, que commence pour moi l’aventure. Entre machines-outils et montecharges, de jeunes artistes y logent leurs ateliers depuis le début des années 80. Comparable à notre “Ruche”, ce lieu né dans une période politique italienne très troublée offre encore aujourd’hui une plate-forme de création et d’échange. C’était pour moi une façon d’entrer en contact direct avec la scène artistique contemporaine italienne et d’entamer un voyage initiatique. De cette escapade, je rapporte de belles découvertes artistiques et des rencontres inoubliables. J’espère pouvoir vous les faire partager. Odile A-I Comment est né le projet de cette exposition ? Le travail d’une galerie, qui plus est dans le domaine de l’art contemporain, est d’être attentif, de circuler le plus possible, d’aller voir ce qui se passe pour faire des choix. En France, il est facile d’être au courant, mais dès qu’un artiste nous intéresse, il est le plus souvent en exclusivité dans une autre galerie. Voyager à l’étranger permet de rencontrer des artistes qui ont déjà un certain passé, avec une œuvre bien accomplie et pas pour autant connus en France. A Rome, par exemple, on sait parfaitement qui est Gianni Dessi alors qu’à Paris beaucoup moins, même s’il a déjà eu ici plusieurs expositions. Pourquoi vous êtes-vous tournée vers l’Italie ? Parce que je me sens un peu Italienne. Je parle la langue, j’ai vécu plusieurs années à Rome, je connais la sensibilité. Regarder de journal le g a l e r i e berthet–aittouarès s ta n d d4 Entretien Henri-François Debailleux et Odile Aittouarès-Inzerillo l’autre côté de cette frontière était pour moi un atout, plus que vers d’autres pays limitrophes. J’y suis donc allée l’été dernier pour rencontrer quelques-uns des artistes installés dans le quartier de San Lorenzo, dans cette ancienne fabrique de pâtes, le “pastificio Cerere”, transformée en atelier depuis le début des années 80 et devenue une véritable ruche. Je connaissais les œuvres de certains d’entre eux mais pas les artistes eux-mêmes. Face à leur diversité, comment avez-vous procédé ? J’ai d’abord effleuré l’idée de me pencher sur l’aspect historique du Cerere. Mais j’ai préféré me concentrer avant tout sur ce que j’aimais. J’ai d’abord rendu visite à Nunzio qui fut le premier à s’installer dans ce lieu, et dont les œuvres m’intéressent depuis longtemps. J’ai ensuite rencontré Gianni Dessi. J’ai souvent croisé son travail. Il exposait cet été avec Nunzio au Musée Biedermann en Allemagne. En janvier dernier je suis allée à la foire de Bologne. J’y ai retrouvé de nombreuses œuvres de Nunzio et Dessi et j’ai en outre eu un coup de foudre pour celles de Gregorio Botta et Marisa Albanese, deux belles découvertes. Je suis très vite allée voir le premier à Rome et la seconde à Naples. Quels liens, à vos yeux, unissent ces quatre artistes ? Ma démarche, au départ, n’était « Ils se positionnent par rapport à l’Arte Povera. De ce mouvement, ils ont acquis une vision très libre de l’art... » 2013 PRÉSENCE ITALIENNE - 4 ARTISTES INVITÉS MARISA ALBANESE, GIANNI DESSI, GREGORIO BOTTA, NUNZIO Exposition à Art Paris du 27 mars au 1 er avril - suite de l'exposition à la galerie jusqu'à fin avril pas de chercher un éventuel lien. Ce qui m’intéressait avant tout, c’était de me faire plaisir. Ce n’est qu’en travaillant sur l’exposition que je me suis aperçue qu’on pouvait trouver des rapports entre eux. Ils sont ainsi tous de la même génération, tous nés à la fin des années 50. Les trois Romains sont sortis des Beaux-Arts dans les années 80, et tous du même atelier de scénographie ce qui a une grande importance pour leur travail. Ils se positionnent par rapport à l’Arte Povera. De ce mouvement, ils ont acquis une vision très libre de l’art, aussi bien du point de vue de la discipline pratiquée que du concept de l’œuvre, de l’utilisation des matériaux et du jeu essentiel avec l’espace. Au final, face à la spiritualité et à l’élégance de leurs créations, je me sens bien.
- Page 2 and 3: BA BERTHET AITTOUARÈS L’art entr
- Page 4: ...Gianni Dessi et Nunzio sont des
BA<br />
BERTHET<br />
AITTOUARÈS<br />
Édito<br />
C’est en poussant <strong>la</strong> gril<strong>le</strong> <strong>de</strong> l’ancienne fabrique<br />
<strong>de</strong> pâtes “il pastificio Cerere” au cœur du quartier<br />
popu<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> San Lorenzo à Rome, que commence<br />
<strong>pour</strong> moi l’aventure. Entre machines-outils et montecharges,<br />
<strong>de</strong> jeunes artistes y logent <strong>le</strong>urs ateliers<br />
<strong>de</strong>puis <strong>le</strong> début <strong>de</strong>s années 80. Comparab<strong>le</strong> à notre<br />
“Ruche”, ce lieu né dans une pério<strong>de</strong> politique<br />
italienne très troublée offre encore aujourd’hui une<br />
p<strong>la</strong>te-forme <strong>de</strong> création et d’échange. C’était <strong>pour</strong> moi<br />
une façon d’entrer en contact direct avec <strong>la</strong> scène<br />
artistique contemporaine italienne et d’entamer un<br />
voyage initiatique. De cette escapa<strong>de</strong>, je rapporte<br />
<strong>de</strong> bel<strong>le</strong>s découvertes artistiques et <strong>de</strong>s rencontres<br />
inoubliab<strong>le</strong>s. J’espère pouvoir vous <strong>le</strong>s faire partager.<br />
Odi<strong>le</strong> A-I<br />
Comment est né <strong>le</strong> projet<br />
<strong>de</strong> cette exposition ?<br />
Le travail d’une ga<strong>le</strong>rie, qui plus<br />
est dans <strong>le</strong> domaine <strong>de</strong> l’art<br />
contemporain, est d’être attentif,<br />
<strong>de</strong> circu<strong>le</strong>r <strong>le</strong> plus possib<strong>le</strong>, d’al<strong>le</strong>r<br />
voir ce qui se passe <strong>pour</strong> faire <strong>de</strong>s<br />
choix. En France, il est faci<strong>le</strong> d’être<br />
au courant, mais dès qu’un artiste<br />
nous intéresse, il est <strong>le</strong> plus souvent<br />
en exclusivité dans une autre<br />
ga<strong>le</strong>rie. Voyager à l’étranger permet<br />
<strong>de</strong> rencontrer <strong>de</strong>s artistes qui<br />
ont déjà un certain passé, avec une<br />
œuvre bien accomplie et pas <strong>pour</strong><br />
autant connus en France. A Rome,<br />
par exemp<strong>le</strong>, on sait parfaitement<br />
qui est Gianni Dessi alors qu’à<br />
Paris beaucoup moins, même s’il<br />
a déjà eu ici plusieurs expositions.<br />
Pourquoi vous êtes-vous<br />
tournée vers l’Italie ?<br />
Parce que je me sens un peu<br />
Italienne. Je par<strong>le</strong> <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue, j’ai<br />
vécu plusieurs années à Rome, je<br />
connais <strong>la</strong> sensibilité. Regar<strong>de</strong>r <strong>de</strong><br />
journal<br />
<strong>le</strong><br />
g a l e r i e berthet–aittouarès s ta n d d4<br />
Entretien<br />
Henri-François Debail<strong>le</strong>ux et Odi<strong>le</strong> Aittouarès-Inzerillo<br />
l’autre côté <strong>de</strong> cette frontière était<br />
<strong>pour</strong> moi un atout, plus que vers<br />
d’autres pays limitrophes. J’y suis<br />
donc allée l’été <strong>de</strong>rnier <strong>pour</strong> rencontrer<br />
quelques-uns <strong>de</strong>s artistes<br />
installés dans <strong>le</strong> quartier <strong>de</strong> San<br />
Lorenzo, dans cette ancienne<br />
fabrique <strong>de</strong> pâtes, <strong>le</strong> “pastificio Cerere”,<br />
transformée en atelier <strong>de</strong>puis<br />
<strong>le</strong> début <strong>de</strong>s années 80 et <strong>de</strong>venue<br />
une véritab<strong>le</strong> ruche. Je connaissais<br />
<strong>le</strong>s œuvres <strong>de</strong> certains d’entre eux<br />
mais pas <strong>le</strong>s artistes eux-mêmes.<br />
Face à <strong>le</strong>ur diversité, comment<br />
avez-vous procédé ?<br />
J’ai d’abord eff<strong>le</strong>uré l’idée <strong>de</strong> me<br />
pencher sur l’aspect historique<br />
du Cerere. Mais j’ai préféré me<br />
concentrer avant tout sur ce que<br />
j’aimais. J’ai d’abord rendu visite à<br />
Nunzio qui fut <strong>le</strong> premier à s’instal<strong>le</strong>r<br />
dans ce lieu, et dont <strong>le</strong>s œuvres<br />
m’intéressent <strong>de</strong>puis longtemps.<br />
J’ai ensuite rencontré Gianni<br />
Dessi. J’ai souvent croisé son<br />
travail. Il exposait cet<br />
été avec Nunzio au<br />
Musée Bie<strong>de</strong>rmann<br />
en Al<strong>le</strong>magne. En<br />
janvier <strong>de</strong>rnier je suis<br />
allée à <strong>la</strong> foire <strong>de</strong> Bologne.<br />
J’y ai retrouvé<br />
<strong>de</strong> nombreuses œuvres<br />
<strong>de</strong> Nunzio et<br />
Dessi et j’ai en outre eu un coup<br />
<strong>de</strong> foudre <strong>pour</strong> cel<strong>le</strong>s <strong>de</strong> Gregorio<br />
Botta et Marisa Albanese, <strong>de</strong>ux<br />
bel<strong>le</strong>s découvertes. Je suis très vite<br />
allée voir <strong>le</strong> premier à Rome et <strong>la</strong><br />
secon<strong>de</strong> à Nap<strong>le</strong>s.<br />
Quels liens, à vos yeux,<br />
unissent ces quatre artistes ?<br />
Ma démarche, au départ, n’était<br />
« Ils se positionnent<br />
par rapport<br />
à l’Arte Povera.<br />
De ce mouvement,<br />
ils ont acquis<br />
une vision très<br />
libre <strong>de</strong> l’art... »<br />
2013<br />
PRÉSENCE ITALIENNE - 4 <strong>ART</strong>ISTES INVITÉS<br />
MARISA ALBANESE, GIANNI DESSI,<br />
GREGORIO BOTTA, NUNZIO<br />
Exposition à Art Paris du 27 mars au 1 er avril - suite <strong>de</strong> l'exposition à <strong>la</strong> ga<strong>le</strong>rie jusqu'à fin avril<br />
pas <strong>de</strong> chercher un éventuel lien.<br />
Ce qui m’intéressait avant tout,<br />
c’était <strong>de</strong> me faire p<strong>la</strong>isir. Ce n’est<br />
qu’en travail<strong>la</strong>nt sur l’exposition<br />
que je me suis aperçue qu’on pouvait<br />
trouver <strong>de</strong>s rapports entre<br />
eux. Ils sont ainsi tous <strong>de</strong> <strong>la</strong> même<br />
génération, tous nés à <strong>la</strong> fin <strong>de</strong>s<br />
années 50. Les trois<br />
Romains sont sortis<br />
<strong>de</strong>s Beaux-Arts<br />
dans <strong>le</strong>s années 80,<br />
et tous du même<br />
atelier <strong>de</strong> scénographie<br />
ce qui a une<br />
gran<strong>de</strong> importance<br />
<strong>pour</strong> <strong>le</strong>ur travail. Ils<br />
se positionnent par rapport à<br />
l’Arte Povera. De ce mouvement,<br />
ils ont acquis une vision très libre<br />
<strong>de</strong> l’art, aussi bien du point <strong>de</strong> vue<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> discipline pratiquée que du<br />
concept <strong>de</strong> l’œuvre, <strong>de</strong> l’utilisation<br />
<strong>de</strong>s matériaux et du jeu essentiel<br />
avec l’espace. Au final, face à <strong>la</strong><br />
spiritualité et à l’élégance <strong>de</strong> <strong>le</strong>urs<br />
créations, je me sens bien.
BA<br />
BERTHET<br />
AITTOUARÈS<br />
L’art entre à l’hôpital avec<br />
<strong>de</strong>s œuvres d'Antoine Schneck<br />
et d'Etienne Viard<br />
ACTUALITÉS<br />
Jean Pierre Schnei<strong>de</strong>r<br />
au Musée <strong>de</strong> Vendôme<br />
De terre et d’eau, l’exposition <strong>de</strong><br />
Jean Pierre Schnei<strong>de</strong>r s’est terminée<br />
à <strong>la</strong> ga<strong>le</strong>rie <strong>le</strong> 20 mars. C’est au<br />
tour du Musée <strong>de</strong> Vendôme <strong>de</strong><br />
<strong>pour</strong>suivre avec une présentation<br />
<strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s peintures choisies parmi<br />
ses <strong>de</strong>rnières séries : Crépuscu<strong>le</strong>,<br />
Paestum, Chutes… Un fascicu<strong>le</strong> a été<br />
édité avec une sé<strong>le</strong>ction <strong>de</strong> textes <strong>de</strong><br />
B<strong>la</strong>ndine Jeannest.<br />
Dans l’extension <strong>de</strong> l’Hôpital <strong>la</strong> Croix St Simon <strong>de</strong> l’architecte<br />
Wilmotte, intervention du photographe Antoine Schneck<br />
et du sculpteur Etienne Viard. Un généreux donateur<br />
offre au nouvel hôpital une dimension artistique avec <strong>de</strong>s<br />
œuvres <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux artistes. Dans l’entrée, <strong>le</strong> couloir et<br />
<strong>la</strong> sal<strong>le</strong> <strong>de</strong>s admissions, seront posées <strong>de</strong>s compositions<br />
photographiques <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s dimensions d'Antoine<br />
Schneck représentant une série d’oliviers sécu<strong>la</strong>ires.<br />
En extérieur sera installée <strong>la</strong> sculpture d’Etienne Viard<br />
“Obliques” courbes é<strong>la</strong>ncées en équilibre, dans sa<br />
dynamique, évoquant l’enjambée, <strong>la</strong> traversée.<br />
Bertrand Hugues a exposé<br />
récemment à Château Barras chez<br />
Sabine Puget, en compagnie du<br />
sculpteur François Weil.<br />
Deux catalogues viennent d'être<br />
édités, l'un par <strong>la</strong> ga<strong>le</strong>rie Sabine<br />
Puget, et l'autre par <strong>la</strong> ga<strong>le</strong>rie Aktis<br />
à Londres.<br />
La <strong>de</strong>rnière exposition <strong>de</strong><br />
photographies <strong>de</strong> Bernard<br />
Faucon était présentée à <strong>la</strong> ga<strong>le</strong>rie<br />
Berthet-Aittouarès, précédée <strong>de</strong><br />
l’exposition True Fiction <strong>de</strong> <strong>la</strong> fondation<br />
Yuan Space à Pékin.<br />
Les ren<strong>de</strong>z-vous<br />
<strong>de</strong> Christian Bonnefoi<br />
Après <strong>le</strong>s expositions au Musée Matisse<br />
du Cateau Cambrésis, au domaine<br />
<strong>de</strong> Kerghennec et au Musée d’Art<br />
Mo<strong>de</strong>rne <strong>de</strong> Céret, Christian Bonnefoi<br />
expose à partir du 6 avril au Portugal à<br />
<strong>la</strong> fondation Don Louis Cascaï, à partir<br />
du 10 décembre à Tokyo au forum<br />
Ga<strong>le</strong>rie Hermès. Il participe à l’exposition<br />
Bonjour Matisse au Musée d’Art<br />
Contemporain <strong>de</strong> Nice à partir du 20 juin.<br />
Jean Degottex, Papier, Bois, Brique, mystère <strong>de</strong>s supports,<br />
<strong>de</strong>s techniques <strong>pour</strong> une pure poésie. Jean Degottex est une fois<br />
<strong>de</strong> plus à l'honneur à <strong>la</strong> Ga<strong>le</strong>rie Berthet Aittouarès et éga<strong>le</strong>ment<br />
à <strong>la</strong> Ga<strong>le</strong>rie Aittouarès. L'exposition débute avec l'ouverture du<br />
parcours Art Saint- Germain-<strong>de</strong>s-prés <strong>le</strong> 23 mai.<br />
Pascal Frament<br />
En projet <strong>pour</strong> 2014 :<br />
instal<strong>la</strong>tions et vidéos au<br />
Musée d'Art Mo<strong>de</strong>rne<br />
<strong>de</strong> Saint-Etienne.<br />
Remerciements à Pauline Rougier et Thaïs Giordano<br />
GALERIE BERTHET–AITTOUARÈS<br />
Michè<strong>le</strong> Aittouarès et Odi<strong>le</strong> Aittouarès-Inzerillo<br />
29, rue <strong>de</strong> Seine 75 006 Paris<br />
contact@ga<strong>le</strong>rie-ba.com / www.ga<strong>le</strong>rie-ba.com / +33 (0)1 43 26 53 09<br />
Conception et réalisation graphique : Christian Scheibling / schristian@wanadoo.fr • Impression Stel<strong>la</strong>, Italie mars 2013/ contact : stel<strong>la</strong>rte@me.com / brunocigoi@mac.com
Lorand Hegyi DIRECTEUR GÉNÉRAL DU MUSÉE DE SAINT-ÉTIENNE, PRÉSIDENT DE LA FONDATION ROMAN OPALKA<br />
Subtilité, approfondissement, mé<strong>la</strong>ncolie<br />
ou <strong>le</strong>s gestes si<strong>le</strong>ncieux <strong>de</strong> l’engagement <strong>la</strong>tent<br />
Bien qu’aucune re<strong>la</strong>tion étroite ni aucun lien profond ne semb<strong>le</strong> exister entre <strong>le</strong>s travaux <strong>de</strong> Marisa Albanese, Gregorio Botta, Gianni<br />
Dessi et Nunzio, <strong>le</strong>urs diverses positions contiennent néanmoins certains éléments qui présentent une parenté spirituel<strong>le</strong>. Il ne s’agit<br />
en aucun cas d’une ressemb<strong>la</strong>nce méthodologique ou formel<strong>le</strong> entre <strong>le</strong>urs différentes organisations, mais bien plutôt d’une prise <strong>de</strong><br />
position esthétique et historico-culturel<strong>le</strong> qui reflète <strong>de</strong> nombreux moments <strong>de</strong> <strong>la</strong> culture italienne du présent, et plus précisément <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
situation historico-culturel<strong>le</strong> mondia<strong>le</strong>. Les quatre artistes s’appuient tous, <strong>de</strong> manière directe ou indirecte, sur certaines traditions du<br />
discours culturel spécifiquement italien, dans <strong>le</strong>quel certains moments théoriques <strong>de</strong> <strong>la</strong> Renaissance et du Maniérisme, voire même du<br />
Futurisme, du concept spatial, <strong>de</strong> l’Arte Povera (art pauvre) et <strong>de</strong> <strong>la</strong> Trans-avant-gar<strong>de</strong>, thématisent <strong>la</strong> problématique <strong>de</strong> <strong>la</strong> présentation<br />
et <strong>de</strong> <strong>la</strong> représentation, <strong>de</strong> <strong>la</strong> compétence <strong>de</strong> l’art et <strong>de</strong> <strong>la</strong> responsabilité <strong>de</strong> l’artiste. L’artiste napolitaine Marina Albanese s’intéresse à <strong>la</strong><br />
fragilité et au caractère éphémère <strong>de</strong>s micro-communautés humaines, c’est-à-dire au statut d’individu. Son œuvre figurative rassemb<strong>le</strong><br />
<strong>de</strong>s micro-narrations qui permettent <strong>de</strong> visualiser <strong>la</strong> formation et <strong>la</strong> disparition <strong>de</strong> petites communautés vita<strong>le</strong>s et <strong>de</strong> liens empathiques.<br />
Ses sculptures évoquent <strong>le</strong>s métaphores d’une distanciation matériel<strong>le</strong> et d’une solitu<strong>de</strong> désespérantes, tandis que <strong>le</strong> corps et <strong>le</strong>s artefacts<br />
se mê<strong>le</strong>nt en un entre<strong>la</strong>cs inquiétant...<br />
n MARISA ALBANESE<br />
Marisa Albanese est née à Nap<strong>le</strong>s.<br />
La sculpture, <strong>le</strong> <strong>la</strong>ngage audiovisuel<br />
et photographique sont <strong>le</strong>s moyens<br />
d’expression qu’el<strong>le</strong> utilise <strong>pour</strong><br />
ses instal<strong>la</strong>tions. El<strong>le</strong> travail<strong>le</strong><br />
entre Mi<strong>la</strong>n et Nap<strong>le</strong>s. Depuis 1997,<br />
el<strong>le</strong> expose régulièrement au Museo<br />
Sperimenta<strong>le</strong> d'Arte Contemporanea<br />
à Rome. El<strong>le</strong> participe en 2002 à <strong>la</strong> Mostra Internaziona<strong>le</strong><br />
di Architettura à Venise. En 2010, une rétrospective lui est<br />
consacrée au Musée Capodimonte <strong>de</strong> Nap<strong>le</strong>s,<br />
sous <strong>le</strong> commissariat d'A. Bonito Oliva.<br />
“Faccia a faccia”- 2012 - instal<strong>la</strong>tion<br />
n GREGORIO BOTTA<br />
Né à Nap<strong>le</strong>s en 1953, il fait ses étu<strong>de</strong>s à l'Acca<strong>de</strong>mia di Bel<strong>le</strong> Arti<br />
<strong>de</strong> Rome où il suit <strong>le</strong>s cours <strong>de</strong> scénographie Toti Scioloja.<br />
Il travail<strong>le</strong> à Rome.Il puise son inspiration dans <strong>la</strong> littérature,<br />
en particulier dans <strong>le</strong>s poèmes d’Emily Dickinson et dans<br />
l’œuvre <strong>de</strong> Bache<strong>la</strong>rd, L’eau et <strong>le</strong>s rêves.<br />
"Sans titre ", cire, eau et plomb "Sans titre ", cire, verre, lin, pigment<br />
“Us&Them” - 2009 - <strong>de</strong>ssin “Us&Them” - 2009 - <strong>de</strong>ssin<br />
“Faccia a faccia” : Deux blocs <strong>de</strong> papier sur un chariot <strong>de</strong> fer.<br />
Sur <strong>le</strong> côté <strong>de</strong> l’un apparaît <strong>la</strong> vidéo projection d'empi<strong>le</strong>ments<br />
<strong>de</strong> feuil<strong>le</strong>s <strong>de</strong> papier disposés <strong>de</strong> manière à simu<strong>le</strong>r une vil<strong>le</strong><br />
vue <strong>de</strong> haut. Le souff<strong>le</strong> du vent met en mouvement <strong>le</strong>s feuil<strong>le</strong>s,<br />
<strong>le</strong>s fait vo<strong>le</strong>r ce qui décompose <strong>le</strong>s p<strong>la</strong>ns, dissout <strong>le</strong>s habitations,<br />
dans un crescendo <strong>de</strong> désordre, chaos, instabilité et fragilité ;<br />
signe <strong>de</strong> combien l’équilibre dû à <strong>la</strong> technique reste précaire,<br />
un avertissement sur <strong>la</strong> prétention illusoire <strong>de</strong> <strong>la</strong> domination<br />
<strong>de</strong> l’homme sur <strong>le</strong>s forces <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature.<br />
“Rifugi”, Musée d'Art Contemporain <strong>de</strong> Rome 2012<br />
“Paesaggio”- 2012 - instal<strong>la</strong>tion<br />
“L'eau : parce que tout cou<strong>le</strong><br />
et fi<strong>le</strong>, et seu<strong>le</strong>ment <strong>la</strong> perception<br />
<strong>de</strong> l’éphémère nous restitue <strong>le</strong><br />
sens, ou <strong>la</strong> nostalgie, <strong>de</strong> ce<br />
qui est permanent.<br />
BUTTERFLY<br />
EFFECT<br />
“ Le battement<br />
d'ai<strong>le</strong>s d'un papillon<br />
au Brésil peut-il<br />
provoquer une<br />
torna<strong>de</strong> au Texas ? ”<br />
Edward Lorenz<br />
C'est <strong>de</strong> cette question<br />
que se nourrit <strong>la</strong> réf<strong>le</strong>xion<br />
<strong>de</strong> Marisa Albanese.<br />
...A travers son œuvre très variée, Gregorio Botta <strong>pour</strong>suit <strong>de</strong>s discours qui <strong>pour</strong> certains ont déjà été thématisés<br />
dans l’esthétique <strong>de</strong> l’Arte Povera et <strong>de</strong> <strong>la</strong> Trans-avant-gar<strong>de</strong>, et qui <strong>pour</strong> d’autres reflètent en revanche nos expériences<br />
contemporaines. Transparence, fluidité et éphémérité caractérisent ses instal<strong>la</strong>tions dans <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s<br />
process provisoires <strong>la</strong>issent <strong>de</strong>s traces et exercent <strong>de</strong>s effets matériels qui reconstruisent en partie <strong>de</strong>s situations,<br />
ou donnent naissance à <strong>de</strong> nouvel<strong>le</strong>s constel<strong>la</strong>tions. Gregorio Botta travail<strong>le</strong> avec <strong>la</strong> visualisation <strong>de</strong> rapports dia<strong>le</strong>ctiques<br />
comp<strong>le</strong>xes entre <strong>le</strong>s éléments immédiats et matériels réel<strong>le</strong>ment présents, et <strong>le</strong>urs réf<strong>le</strong>xions, <strong>le</strong>urs formes<br />
<strong>de</strong> représentation et <strong>le</strong>urs formes symboliques...<br />
La transparence : parce que<br />
nous sommes faits à partir <strong>de</strong><br />
presque rien, <strong>le</strong>s choses sont<br />
une illusion et réc<strong>la</strong>ment<br />
une esthétique légère.” GB
...Gianni Dessi et Nunzio sont <strong>de</strong>s représentants <strong>de</strong> l’ancien groupe d’artistes légendaire <strong>de</strong> <strong>la</strong> Via Ausoni, dans <strong>le</strong> quartier San Lorenzo <strong>de</strong><br />
Rome. Au début <strong>de</strong>s années 1980, <strong>le</strong>ur position artistique est marquée par une réf<strong>le</strong>xion intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong> (et mé<strong>la</strong>ncolique) <strong>de</strong> <strong>la</strong> compétence<br />
<strong>de</strong> l’art en tant que vecteur <strong>de</strong> certaines exigences sur <strong>la</strong> manifestation d’une perfection esthétique, qui s’entend comme une antithèse<br />
intelligib<strong>le</strong> face aux réalités fragmentées du présent...<br />
n GIANNI DESSI<br />
Gianni Dessi<br />
participe à plusieurs<br />
reprises à <strong>la</strong> Bienna<strong>le</strong><br />
<strong>de</strong> Venise ainsi qu'à <strong>de</strong>s<br />
expositions au MACRO<br />
(Musée d'Art Contemporain<br />
<strong>de</strong> Rome).<br />
Plus récemment,<br />
il a eu une exposition<br />
personnel<strong>le</strong> au Musée<br />
d'Art Mo<strong>de</strong>rne <strong>de</strong><br />
Saint-Étienne et en<br />
Al<strong>le</strong>magne à <strong>la</strong> fondation<br />
Bie<strong>de</strong>rmann<br />
avec Nunzio.<br />
n NUNZIO<br />
Né à Rome en 1955, il fréquente l'Acca<strong>de</strong>mia di Bel<strong>le</strong> Arti<br />
<strong>de</strong> Rome à l'atelier <strong>de</strong> scénographie <strong>de</strong> Toti Scialoja. Dans<br />
<strong>le</strong>s années 80 il s'instal<strong>le</strong> dans l'ancien “pastificio Cerere”.<br />
La sculpture en résine prend une p<strong>la</strong>ce importante<br />
dans sa création, qu’il met en re<strong>la</strong>tion avec <strong>la</strong> peinture.<br />
Peinture, sculpture, espace, forment un tout, avec<br />
<strong>la</strong> création <strong>de</strong>s “Camera Picta”.<br />
"Sans titre", 2013. Hui<strong>le</strong> et caillou sur toi<strong>le</strong>.<br />
« Je suis un sculpteur qui se<br />
nourrit <strong>de</strong> l'espace. Je ne <strong>le</strong><br />
regar<strong>de</strong> pas comme une idée<br />
abstraite mais comme un<br />
élément dans <strong>le</strong>quel <strong>le</strong>s objets<br />
circu<strong>le</strong>nt et se positionnent. » N.<br />
Nunzio naît en 1954 dans <strong>la</strong> province <strong>de</strong> l'Aqui<strong>la</strong> et étudie à<br />
l'Aca<strong>de</strong>mia di Bel<strong>le</strong> Arti <strong>de</strong> Rome où il il suit <strong>le</strong>s cours <strong>de</strong><br />
Toti Scioloja. Il réalise d'abord <strong>de</strong>s sculptures en plâtre coloré<br />
puis en bois et en plomb. Il remporte <strong>le</strong> premier prix du meil<strong>le</strong>ur<br />
jeune artiste à <strong>la</strong> Bienna<strong>le</strong> <strong>de</strong> Venise en 1986 et é<strong>la</strong>bore dés 1987<br />
ses sculptures en bois brûlé. En 2005 il a une rétrospective au<br />
Musée d'Art Contemporain <strong>de</strong> Rome, puis l'année suivante une<br />
rétrospective à Belgra<strong>de</strong> au Musée Savremene Umetnosti En<br />
2012, Nunzio et Dessi se retrouvent invités à <strong>la</strong> fondation<br />
Bie<strong>de</strong>rmann en Al<strong>le</strong>magne.<br />
Sculptures “Sans titre”, 2006.<br />
“L'univers formel <strong>de</strong> Gianni Dessi<br />
est très comp<strong>le</strong>xe, ...il est peinture,<br />
sculpture, instal<strong>la</strong>tion, formel et informel,<br />
fini et non fini, jaune, mais aussi<br />
noir, rouge ou b<strong>la</strong>nc”. Lucil<strong>la</strong> Melloni<br />
« Au fond <strong>le</strong> matériau n'est<br />
<strong>pour</strong> moi qu'un outil, un moyen<br />
au service d'une pensée et d'un<br />
jeu avec <strong>la</strong> lumière qui me<br />
permettent cette recherche<br />
d'une approche <strong>de</strong> l'espace. »<br />
“Enfin <strong>le</strong> noir est<br />
une cou<strong>le</strong>ur p<strong>le</strong>ine<br />
<strong>de</strong> cou<strong>le</strong>urs et qui vit<br />
avec <strong>la</strong> lumière.”<br />
Nunzio, propos recueillis par<br />
Henri François Debail<strong>le</strong>ux.<br />
« ...Ce qui m'intéresse est<br />
<strong>la</strong> promena<strong>de</strong> réalisée par<br />
mon œil dans <strong>le</strong> but <strong>de</strong><br />
composer une géographie,<br />
une petite écriture du<br />
mon<strong>de</strong>. » GD<br />
Sans titre, 2012. Combustion sur bois<br />
...Tandis que Gianni Dessi remet au goût du jour d’anciennes métaphores pictura<strong>le</strong>s <strong>de</strong> structures fermées, comme par exemp<strong>le</strong> <strong>la</strong> « camera<br />
picta », <strong>la</strong> fenêtre, <strong>le</strong> miroir, ou encore <strong>le</strong>s formes allégoriques <strong>de</strong> <strong>la</strong> spira<strong>le</strong> et <strong>de</strong> l’ova<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s projetant sur <strong>le</strong> corps humain (tête, visage,<br />
yeux), Nunzio travail<strong>le</strong> plutôt avec <strong>le</strong> fragmentaire, avec <strong>le</strong>s allusions indirectes d’une totalité manquante ou perdue. L' organisation<br />
p<strong>la</strong>stique <strong>de</strong> Nunzio offre à <strong>la</strong> fois un rapprochement poétique, et même nostalgique, à ce qui est en ruine, à ce qui est perdu, et un<br />
approfondissement émotionnel <strong>de</strong> <strong>la</strong> beauté (et <strong>de</strong> <strong>la</strong> vérité) <strong>de</strong> <strong>la</strong> forme seu<strong>le</strong>, en tant que monument d’une intensité poétique et métaphorique<br />
encore possib<strong>le</strong>. Cette intensité spirituel<strong>le</strong> et émotionnel<strong>le</strong> s’impose comme substitut <strong>de</strong> <strong>la</strong> totalité intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong> et structurel<strong>le</strong>.<br />
Les métaphores pictura<strong>le</strong>s sensuel<strong>le</strong>s <strong>de</strong> <strong>la</strong> totalité <strong>de</strong> Gianni Dessi reflètent l’impossibilité tragique <strong>de</strong> matérialiser cette perfection, tandis<br />
que <strong>le</strong>s sculptures <strong>de</strong> Nunzio véhicu<strong>le</strong>nt <strong>la</strong> force <strong>de</strong> l’intensité, <strong>le</strong>s formes fragmentaires se rapportant, du fait <strong>de</strong> notre empathie, à <strong>la</strong><br />
triste impossibilité liée à cette totalité. Avec son caractère suggestif et énigmatique, l’accumu<strong>la</strong>tion en couches successives <strong>de</strong> formes<br />
(allégoriques) abstraites et du corps humain ou <strong>de</strong> <strong>la</strong> tête, génère notamment une émotionnalité romantique intensive qui témoigne d’une<br />
résistance héroïque <strong>la</strong>tente, d’un engagement intel<strong>le</strong>ctuel <strong>pour</strong> <strong>la</strong> perfection. Les origines profon<strong>de</strong>s <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux positions remontent à<br />
<strong>la</strong> tradition romaine <strong>de</strong> <strong>la</strong> Renaissance et du Maniérisme, ainsi qu’au Romantisme, <strong>pour</strong> véhicu<strong>le</strong>r <strong>de</strong>s messages absolument actuels et<br />
universels. La beauté sensuel<strong>le</strong> et l’intensité matériel<strong>le</strong> se rejoignent au sein d’un engagement mé<strong>la</strong>ncolique, mo<strong>de</strong>ste et sans pathos <strong>pour</strong><br />
<strong>le</strong>s compétences fondamenta<strong>le</strong>s <strong>de</strong> l’art qui, dans notre désorientation et notre désintégration, cachent en el<strong>le</strong>s <strong>de</strong>s énergies menta<strong>le</strong>s<br />
vita<strong>le</strong>s. Lorand Hegyi - Texte traduit <strong>de</strong> l'al<strong>le</strong>mand par Elite Traductions -