N° 252 - Recherche et Technologie
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Bureau de dépôt Bruxelles X - Mensuel ne paraissant pas en juill<strong>et</strong> <strong>et</strong> août - <strong>252</strong> - Juin 2009<br />
<strong>Recherche</strong> <strong>et</strong> développement technologique<br />
Vis@ pour<br />
le monde<br />
<strong>252</strong>
476<br />
483<br />
487<br />
492<br />
496<br />
501<br />
508<br />
Athena <strong>252</strong> / Juin 2009<br />
Sommaire<br />
Les héritiers de Darwin. «L’évolution est plus qu’une théorie, c’est un fait», explique le<br />
généticien Jean Vandenhaute, professeur émérite aux Facultés universitaires Notre-Dame<br />
de la Paix à Namur, dans le sens que la transformation des espèces, depuis des formes<br />
simples (unicellulaires) jusqu’à la diversité prodigieuse <strong>et</strong> les bouleversements de celleci<br />
qu’a connus la Terre au cours des temps géologiques, est attestée par de multiples faits<br />
d’observation.» Le professeur Vandenhaute est l’un des nombreux scientifiques qui ont<br />
prêté leur concours à une initiative menée par les Jeunesses scientifiques de Belgique<br />
qui ont mis sur pied un cycle d’activités à l’intention des jeunes de 14 à 17 ans. Une<br />
présentation de Jean-Luc Léonard.<br />
Perturbateurs endocriniens, m.plur. Il existe un risque de perturbation de la régulation hormonale<br />
à tous les niveaux, explique Jean-Michel Debry dans sa rubrique Dico-Bio. Que<br />
ce soit en matière de croissance, de reproduction, de développement, de mise à disposition<br />
des ressources énergétiques, bref, de tout ce qui concerne l’«environnement<br />
interne». Les «cibles» de ces perturbateurs inattendus sont donc multiples. Leur action<br />
peut aller en sens divers: celui d’un mimétisme de l’hormone, d’une inhibition ou d’une<br />
modulation de sa synthèse <strong>et</strong> de son fonctionnement. C’est dire à quel point des agents<br />
perturbateurs peuvent imprimer, surtout «à bas bruit» <strong>et</strong> sur le long terme, des anomalies<br />
souvent subtiles du métabolisme dont il est difficile de percevoir la cause.<br />
Dualisme cartésien. En ayant mis le doigt sur certains substrats cérébraux de la conscience,<br />
la neuroimagerie fonctionnelle devait avoir sonné le glas du dualisme cartésien.<br />
Pourtant, ce qu'Antonio Damasio appelle «l'erreur de Descartes», l'idée d'un esprit<br />
immatériel extérieur au corps, conserve encore de nombreux partisans, ainsi que l'a<br />
montré récemment une étude de Steven Laureys, de l'Université de Liège. Philippe<br />
Lambert l’a rencontré.<br />
Jeux de miroirs. Mis en évidence il y a une douzaine d'années chez le singe, <strong>et</strong> peu après<br />
chez l'homme, les neurones miroirs ont la propriété de s'activer non seulement quand<br />
nous exécutons une action, mais également lorsque nous observons une autre personne<br />
accomplir une action similaire. Aujourd'hui, il est acquis que les neurones miroirs sont<br />
impliqués dans l'imitation, l'apprentissage ou encore l'empathie <strong>et</strong> que, suggérant alors<br />
des miroirs brisés, ils sont dysfonctionnels chez les autistes <strong>et</strong> les schizophrènes. Des<br />
explications de Philippe Lambert.<br />
À lire avec nos enfants. L’été qui arrive est une période idéale pour se lancer en famille<br />
dans les recherches les plus diverses. Comme chaque année à c<strong>et</strong>te même période,<br />
Lucie Cauwe propose une série de publications pour perm<strong>et</strong>tre aux p<strong>et</strong>its comme aux<br />
plus grands d’explorer, d’apprendre, de lire... tout en s’amusant.<br />
Visa pour le monde. En c<strong>et</strong>te période de vacances <strong>et</strong> de crise, Intern<strong>et</strong> peut être une<br />
bonne occasion pour trouver des idées d’évasion en visitant des lieux intéressants.<br />
Christian Vanden Berghen propose de découvrir comment il est possible de préparer<br />
un voyage, de visiter des musées, des parcs naturels ou des expositions sans quitter son<br />
écran.<br />
L’enfer de la précision. Mesurer des millions de degrés, une durée d’une extrême brièv<strong>et</strong>é<br />
ou le rayonnement d’un atome… Les scientifiques atteignent aujourd’hui des<br />
niveaux de précision extraordinaires aux extrêmes des échelles de mesure, explique<br />
Paul Devuyst. Mais, à quoi bon mesurer ?<br />
Sans oublier les rubriques :<br />
Actualités, de Jean-Claude Quintart, pp. 471-475.<br />
Info-Bio, de Jean-Michel Debry, pp. 479-482.<br />
Info-Physique, de Henri Dupuis, pp. 505-507.<br />
Astronomie: Le ciel depuis la Terre en juill<strong>et</strong> <strong>et</strong> en août 2009, de Paul Devuyst, p. 512 <strong>et</strong><br />
À la Une... du Cosmos..., de Yaël Nazé, p. 513.<br />
Espace, de Théo Pirard, pp. 514-518.<br />
470<br />
Vous pouvez<br />
consulter<br />
la revue Athena<br />
sur le site<br />
http://recherch<strong>et</strong>echnologie.wallonie.be<br />
Si vous désirez<br />
un abonnement,<br />
vous pouvez<br />
vous adresser :<br />
soit par courrier<br />
avenue<br />
Prince de Liège, 7<br />
5100 Jambes<br />
soit par téléphone<br />
au 081/33.56.02.<br />
soit par courriel<br />
à l’adresse<br />
marieclaude.soupart@<br />
spw.wallonie.be<br />
ou encore via<br />
le site repris ci-dessus.<br />
La première<br />
de couverture<br />
a été réalisée<br />
par Vince.<br />
La quatrième:<br />
photo Nasa.
Actualités<br />
Le creus<strong>et</strong><br />
des entreprises de demain<br />
Ce n’est un secr<strong>et</strong> pour personne, nos économies manquent cruellement d’entreprises.<br />
Bref, le monde a besoin d’entrepreneurs, notre région davantage que les autres !<br />
Si certains ont la fibre entrepreneuriale, beaucoup doivent être coachés à l’idée d’aller<br />
de l’avant dans les affaires. D’où la raison de l’asbl Jeunes Entreprises <strong>et</strong> de leurs activités<br />
Mini Entreprises, couronnées chaque année par un concours<br />
Tout a commencé aux États-Unis, en<br />
1919, sur l’initiative du président de<br />
Strathmore Paper, Horace A. Moses.<br />
Elle s’est développée <strong>et</strong> amplifiée grâce au support<br />
moral <strong>et</strong> à la générosité de grands capitaines<br />
d’industries. L’idée est simple, encore fallait-il<br />
y penser <strong>et</strong> oser la m<strong>et</strong>tre en œuvre. Ainsi,<br />
Moses, qui éduquait des jeunes à la gestion du<br />
monde agricole, a tout simplement décidé d’appliquer<br />
ce type de formation aux autres couches<br />
de la jeunesse <strong>et</strong> de l’industrie, via le Junior<br />
Achievement. Concrètement le principe repose<br />
sur l’apprentissage par l’action. Développer<br />
l’esprit d’initiative, d’entreprise <strong>et</strong> le sens des<br />
responsabilités sociétales chez les jeunes en<br />
leur donnant l’occasion d’aller sur le terrain<br />
pour acquérir une expérience basée sur la pratique,<br />
dont ils pourront tirer parti tout au long de<br />
la vie professionnelle.<br />
L’initiative Junior Achievement rencontra un<br />
succès qui dépassa les frontières américaines<br />
pour s’étendre à l’Europe en 1963, à la Belgique<br />
en 1977 avec les Jeunes Entreprises, dont<br />
une fédération sera créée la même année.<br />
Aujourd’hui, Junior Achievement soutient la<br />
création de plusieurs milliers d’entreprises aux<br />
États-Unis <strong>et</strong>, depuis son implantation chez<br />
nous, quelque 450 mini-entreprises ont été fondées,<br />
représentant plus de 5 000 jeunes !<br />
Organisation <strong>et</strong> programmes<br />
C’est à Verviers, en 1977, que la première minientreprise<br />
belge a vu le jour. Le programme<br />
incite les étudiants de classes terminales, de<br />
l’enseignement secondaire, toutes sections <strong>et</strong><br />
réseaux confondus, à fonder, par un groupe<br />
d’une douzaine de participants, une mini-entreprise,<br />
à la gérer <strong>et</strong> à la clôturer. Par c<strong>et</strong>te expérience,<br />
chaque jeune s’imprégne de l’esprit<br />
d’entreprise, de la dynamique du travail en<br />
groupe <strong>et</strong> développe son sens des responsabilités<br />
à l’égard de ses partenaires dans l’action <strong>et</strong><br />
des clients de la mini-entreprise. L’entreprise<br />
est créée autour d’un produit ou d’un service<br />
pour lequel les porteurs du proj<strong>et</strong> doivent lever<br />
des capitaux, m<strong>et</strong>tre en place différents départements,<br />
tenir une comptabilité, présenter un<br />
bilan, organiser la vente, <strong>et</strong>c. Soit une mini qui<br />
a tout d’une grande ! Durant c<strong>et</strong>te aventure, les<br />
gestionnaires de la mini-entreprise sont épaulés<br />
par des professeurs <strong>et</strong> des professionnels du<br />
monde des affaires.<br />
Parallèlement à c<strong>et</strong>te activité phare, les Jeunes<br />
Entreprises proposent aussi la Mini-Entreprise<br />
Musicale pour donner aux jeunes l’opportunité<br />
de découvrir le métier du spectacle (organisation,<br />
recherche de sponsors, mark<strong>et</strong>ing, vente, <strong>et</strong>c.) en<br />
organisant un concert avec des musiciens belges;<br />
le Young Enterprise Project pour découvrir par la<br />
pratique le monde de l’entreprise.<br />
471<br />
Athena <strong>252</strong> / Juin 2009
Athena <strong>252</strong> / Juin 2009<br />
Actualités<br />
Enfin, les Clubs d’éudiants entrepreneurs dont<br />
les activités consistent en visites d’entreprises,<br />
rencontres, <strong>et</strong>c. donnent au jeune une visibilité<br />
sur les modalités de création d’entreprise dans<br />
le cas où celui-ci souhaiterait aller de l’avant.<br />
Pour mener à bonne fortune sa politique d’éveil<br />
à l’esprit d’entreprendre <strong>et</strong> conduire ses actions<br />
sur le terrain, l’asbl Jeunes Entreprises s’appuie<br />
sur des partenaires publics comme la Région<br />
wallonne, le plan Marshall, l’Agence de stimula-<br />
Les brèves...<br />
Les brèves...<br />
Croissance<br />
continue...<br />
... pour la société<br />
wallonne<br />
Patch Pharma<br />
de Nivelles dont<br />
le chiffre d’affaires<br />
2007 de 8 millions<br />
d’euros est passé<br />
en 2008 à<br />
10,2 millions <strong>et</strong><br />
devrait atteindre<br />
les 12,2 millions<br />
c<strong>et</strong>te année !<br />
Patch Pharma<br />
s’active dans<br />
la distribution<br />
de produits <strong>et</strong><br />
services dans<br />
quelque 3 000<br />
pharmacies du pays.<br />
http://www.<br />
patchpharma.be<br />
P<br />
our 25 euros par mois ! Et service compris !<br />
Telle est l’offre lancée par Systemat pour<br />
son logiciel Popsy. L’originalité de c<strong>et</strong>te formule<br />
all in one consiste à proposer aux Pme une<br />
alternative souple au traditionnel mode d’achat<br />
de licence. Ainsi, le professionnel wallon de<br />
l’informatique offre désormais deux formules<br />
de location de ses produits, applicables à l’ensemble<br />
de sa nouvelle gamme Popsy Financials<br />
(comptabilité) <strong>et</strong> Popsy Business (gestion commerciale).<br />
Dans la première formule dite Contractual<br />
Licence Renting, le client paient un forfait mensuel<br />
qui lui donne le droit d’exploiter le logiciel<br />
<strong>et</strong> de profiter gratuitement des mises à jour <strong>et</strong> du<br />
service helpdesk. Dans la seconde, appelée<br />
Software as a Service, le client paie un forfait<br />
mensuel qui l’autorise à utiliser le logiciel<br />
depuis un serveur hébergé chez Systemat.<br />
Développé il y a plus de 20 ans, Popsy est le<br />
maître-produit du département logiciel de<br />
Systemat. Solution de comptabilité <strong>et</strong> de gestion<br />
commerciale pour Pme <strong>et</strong> professionnels<br />
(comptables, fiduciaires <strong>et</strong> fiscalistes), le produit<br />
affiche une large pénétration dans l’économie<br />
belge. Aujourd’hui, il compte quelque<br />
14 000 licences <strong>et</strong> plus de 20 000 utilisateurs<br />
quotidiens. http://www.systemat.com<br />
N<br />
anos wallonnes en Asie. Tout a commencé il y<br />
a quelques années dans l’incubateur d’entreprises<br />
des Facultés universitaires Notre-<br />
Dame de la Paix à Namur (FUNDP).<br />
Aujourd’hui, Nanocyl affiche un profil planétaire<br />
! Installée à Sambreville, en province de<br />
472<br />
tion économique, la Région bruxelloise, la<br />
Commission communautaire française (Cocof, la<br />
Loterie nationale <strong>et</strong> sur des partenaires privés<br />
dont Citibank, Deloitte, Solvay, GlaxoSmith-<br />
Kline Biologicals, Iba, <strong>et</strong>c. Pour en savoir plus<br />
sur c<strong>et</strong>te excellente initiative <strong>et</strong> mieux encore y<br />
participer: http://www.lesjeunesentreprises.be<br />
Jean-Claude QUINTART<br />
jc.quintart@skyn<strong>et</strong>.be<br />
Namur, la société dispose d’une division aux<br />
États-Unis <strong>et</strong> de partenaires en Corée du Sud,<br />
Japon, Inde, Malaisie, Singapour, Taïwan <strong>et</strong> en<br />
Chine. Leader mondial dans la production de<br />
nanotubes de carbone, l’entreprise se focalise<br />
sur la production de solutions complètes <strong>et</strong> à<br />
haute valeur ajoutée pour ses clients.<br />
Fort de son expérience <strong>et</strong> de ses moyens technologiques<br />
<strong>et</strong> humains, Nanocyl accumule les<br />
succès. Pour preuve, deux nouveaux contrats<br />
viennent d’être paraphés en région Asie-<br />
Pacifique. Le premier, passé avec Shinil<br />
Chemical Industry, concerne l’approvisionnement<br />
à long terme de nanotubes de carbone<br />
multi-parois pour la production d’emballage<br />
protégeant les semi-conducteurs des décharges<br />
électrostatiques. Le second porte sur la création<br />
avec NanoBest, d’un bureau de vente <strong>et</strong> de distribution<br />
en Corée du Sud.<br />
http://www.nanocyl.com ; http://www.shinil-chemical.n<strong>et</strong> <strong>et</strong><br />
http://www.nanobest.co.kr<br />
A<br />
nniversaire. L’Institut Jules Bord<strong>et</strong> a 70 ans.<br />
À c<strong>et</strong>te occasion, il organisera une journée<br />
«portes ouvertes», le dimanche 21 juin, de 10 à<br />
17h. C<strong>et</strong> événement comprendra démonstration<br />
des nouvelles technologies; visites guidées;<br />
espaces de paroles; vidéos <strong>et</strong> mini-conférences.<br />
L’accent sera mis sur la multidisciplinarité, l’information<br />
<strong>et</strong> l’humanisation. Pour l’occasion,<br />
une brochure historique, r<strong>et</strong>raçant les faits marquants<br />
depuis 1939, sera remise aux visiteurs.<br />
Jusqu’au 12 juin <strong>et</strong> via l’adresse électronique<br />
70ans@bord<strong>et</strong>.be vous pouvez poser les questions<br />
qui vous interpellent en matière de prévention,<br />
traitements, recherches, nouvelles technologies,
<strong>et</strong>c. Des équipes formées<br />
de médecins, d’infirmiers,<br />
de psychologues<br />
<strong>et</strong> de techniciens y<br />
répondront sur place<br />
lors d’un forum.<br />
Jules Bord<strong>et</strong> (Soignies<br />
1879-Bruxelles 1961) a<br />
obtenu le prix Nobel<br />
de médecine, en 1919,<br />
pour ses recherches sur<br />
l’immunité.<br />
http://www.bord<strong>et</strong>.be<br />
E<br />
n plein essor. Tout va bien pour le biopharma<br />
wallon. Tellement bien que, face à sa croissance<br />
fulgurante, le Cefochim (Centre de formation<br />
aux métiers de l’industrie chimique <strong>et</strong><br />
pharmaceutique) ouvrira, en 2010, une extension<br />
de 400 m≈ dédiée entièrement à la biopharmacie.<br />
C<strong>et</strong> investissement de 1,3 million<br />
d’euros est financé par la Région wallonne <strong>et</strong><br />
les Fonds européens.<br />
Labélisé centre de compétence de la Région<br />
wallonne, le Cefochim est devenu le centre de<br />
formation de référence du pôle santé Biowin. La<br />
qualité de ses formations <strong>et</strong> de ses facilités fait<br />
aujourd’hui référence. «En 2008, nous avons<br />
atteint un total de 83 000 heures de formation,<br />
dont 31 000 heures pour Biowin», explique<br />
Bernard Broze, président de Cefochim.<br />
Installé dans la zone industrielle de Seneffe, le<br />
Cefochim forme des enseignants <strong>et</strong> des élèves<br />
de l’enseignement secondaire technique <strong>et</strong> de<br />
promotion sociale. Ces deux groupes sont<br />
aujourd’hui de plus en plus nombreux à suivre<br />
les formations afin de se familiariser avec les<br />
copies d’équipements d’usine. Les activités du<br />
Cefochim entendent maintenir à jour les formations<br />
<strong>et</strong> identifier les éventuels besoins. À noter<br />
encore que le Centre a ouvert, en avril dernier,<br />
une cellule de sensibilisation des jeunes aux<br />
sciences, aux métiers de la chimie <strong>et</strong> aux sciences<br />
de la vie afin d’assurer la relève <strong>et</strong> l’avenir<br />
d’un secteur sans cesse à la recherche de nouveaux<br />
talents. http://www.cefochim.be<br />
E<br />
n toute confiance avec le C<strong>et</strong>ic. Les entreprises<br />
de pointe sont largement tributaires de certains<br />
de leurs fournisseurs pour garantir la<br />
pérennité de leurs produits <strong>et</strong> supports. Toutefois,<br />
ces fournisseurs stratégiques ne sont eux<br />
aussi pas à l’abri de défaillances avec les conséquences<br />
que l’on imagine ! Pour pallier de telles<br />
catastrophes, les entreprises recourent à la<br />
procédure Escrow, en français entièrement. Il<br />
s’agit en fait de déposer chez un tiers, un notaire<br />
Exposition itinérante<br />
473<br />
Actualités<br />
Les transports du futur<br />
L<br />
'après-pétrole est en vue. Aujourd'hui, les transports consomment la moitié du<br />
pétrole extrait mondialement. Comment nous déplacerons-nous lorsqu'il n'y aura<br />
plus de pétrole, ni de gaz naturel ? Les alternatives proposées (agrocarburants, électricité,<br />
hydrogène...) sont-elles crédibles ? À quoi ressembleront les vélos, les voitures, les<br />
camions, les bus, les trains, les avions, les bateaux de l'avenir ? Où se situent les entreprises,<br />
les centres de recherche, les universités wallonnes dans ces secteurs ? Quels sont<br />
les métiers concernés ? L'exposition «Transports du futur» présente des éléments de<br />
réponse à ces questions qui conditionneront bientôt notre vie quotidienne.<br />
Agenda<br />
L'exposition sera montrée:<br />
à l'Université de Mons, lors du Congrès des sciences, du 25 au 27 août 2009;<br />
au Campus automobile de Spa-Francorchamps, du 28 septembre au 9 octobre 2009<br />
(sur inscriptions, pour les établissements d'enseignement, du lundi au vendredi;<br />
en visite libre, le dimanche 4 octobre 2009);<br />
à la Maison Folie, à Mons, du 30 janvier au 14 février 2010, dans le cadre de l'opération<br />
«Penser le futur».<br />
C<strong>et</strong>te exposition itinérante est mise à la disposition des centres culturels, des écoles qui<br />
le désirent, dès septembre 2009.<br />
L'exposition est organisée avec le soutien du Service public de Wallonie.<br />
Des activités (conférences, animations, démonstrations, <strong>et</strong>c.) autour du thème<br />
de l'exposition seront organisées. Un livr<strong>et</strong> accompagnera l'exposition.<br />
Contact: michel.wautel<strong>et</strong>@umons.ac.be<br />
ou une société spécialisée, une garantie que la<br />
production d’un produit logiciel ou matériel<br />
peut être relancée même lorsque le fournisseur<br />
est défaillant. «Une telle mesure de prudence ne<br />
suffit pas pour se m<strong>et</strong>tre totalement à l’abri. Il<br />
faut également s’assurer que les documents<br />
déposés sont suffisamment compl<strong>et</strong>s pour<br />
reconstituer le produit concerné <strong>et</strong> qu’ils ne<br />
contiennent pas d’erreurs. Ce travail très complexe<br />
nécessite des compétences techniques<br />
importantes», explique Simon Alexandre, directeur<br />
du C<strong>et</strong>ic à Charleroi.<br />
D’où l’offre actuelle du C<strong>et</strong>ic qui, grâce à son<br />
expertise en logiciel <strong>et</strong> matériel, a développé<br />
une approche méthodologique spécifique capable<br />
d’assurer la complétude, la cohérence <strong>et</strong><br />
l’exactitude des documents par rapport au produit<br />
de référence. Ce savoir-faire a été reconnu<br />
par la société luxembourgeoise SES Astra,<br />
entreprise qui offre le premier système satellite<br />
d’Europe pour la diffusion d’émissions de télévision,<br />
de radio <strong>et</strong> service bande large. Via son<br />
partenariat avec le Centre de recherche public<br />
Henry Tudor, au grand-duché de Luxembourg,<br />
SES Astra a pu découvrir <strong>et</strong> apprécier les atouts<br />
de la procédure Escrow pour déposer les secr<strong>et</strong>s<br />
de fabrication de ses fournisseurs chez un<br />
Athena <strong>252</strong> / Juin 2009
Nouvelle<br />
compagnie<br />
Le Brussels South<br />
Charleroi Airport (Bsca)<br />
est désormais relié<br />
quatre fois par<br />
semaine à Casablanca<br />
par la compagnie<br />
Air Arabia, nouvelle<br />
venue sur la<br />
plate-forme<br />
aéroportuaire<br />
wallonne.<br />
Un aéroport<br />
qui vole de record<br />
en record ! En avril<br />
dernier quelque<br />
327 907 passagers<br />
sont passés par Bsca,<br />
explosant ainsi la<br />
barrière des 300 000<br />
passagers par mois !<br />
http://www.<br />
charleroi-airport.com<br />
<strong>et</strong><br />
http://www.<br />
airarabia.com<br />
Athena <strong>252</strong> / Juin 2009<br />
Actualités<br />
notaire. Une démarche vitale pour SES Astra<br />
qui sous-traite une partie de ses équipements les<br />
plus importants, dont les racks de contrôle qui<br />
gèrent le trafic Intern<strong>et</strong> par satellite <strong>et</strong> les décodeurs<br />
pour les particuliers.<br />
«Grâce au C<strong>et</strong>ic, nous sommes certains de la<br />
complétude <strong>et</strong> de l’exactitude des documents, des<br />
logiciels <strong>et</strong> systèmes électroniques déposés chez<br />
le notaire. Il s’agit d’une garantie importante qui<br />
nous perm<strong>et</strong> d’assurer la pérennité de nos produits<br />
<strong>et</strong> de notre service après-vente», précise<br />
Vincent Masquelier, Senior Communication System<br />
Engineer chez SES Astra. Installé à Charleroi,<br />
le C<strong>et</strong>ic se présente comme une interface<br />
de connexion <strong>et</strong> de transfert de technologies<br />
entre la recherche universitaire <strong>et</strong> les entreprises.<br />
http://www.c<strong>et</strong>ic.be; http://www.tudor.lu <strong>et</strong><br />
http://www.ses-astra.com<br />
D<br />
es faisceaux d’ions… au service de la recherche,<br />
de l’enseignement <strong>et</strong> des industries.<br />
Ainsi se présente le Larn (Laboratoire d’analyses<br />
par réactions nucléaires), département du<br />
Centre de recherche en physique de la matière<br />
<strong>et</strong> du rayonnement (Pmr) des Facultés universitaires<br />
Notre-Dame de la Paix de Namur<br />
(FUNDP). Un labo qui souffle c<strong>et</strong>te année ses<br />
quarante bougies ! Sur le terrain de la recherche<br />
<strong>et</strong> de l’enseignement, le Larn s’active sur trois<br />
cibles: la science des matériaux, l’interaction/matière<br />
<strong>et</strong> les sciences de la vie. À côté de<br />
ces travaux, le Larn opère également comme<br />
prestataire de services sur des produits solides<br />
inertes, des matériaux biologiques <strong>et</strong> des aérosols.<br />
Parmi les clients industriels du labo namu-<br />
Ainsi était<br />
notre pays !<br />
E ntre 1771 <strong>et</strong> 1778, notre territoire était<br />
cartographié pour la première fois de<br />
manière homogène. Les documents originaux<br />
de ce travail, réalisés à la main <strong>et</strong> à l’échelle<br />
1:11 520 en 275 feuilles, sous la houl<strong>et</strong>te<br />
du Comte Joseph Jean François de<br />
Ferraris, ont été scannés par la Bibliothèque<br />
royale. L’Université de Gand <strong>et</strong> l’Institut<br />
géographique national (IGN) ont ensuite<br />
exploité les dernières technologies en<br />
matière de traitement de l’image. Le résultat<br />
de ce travail est la sortie aujourd’hui d’un atlas dont les cartes montrent notre pays<br />
tel qu’il était dans la seconde moitié du XVIII e siècle ! 608 pages pour un poids total de<br />
11,5 kg ! Emballé dans un coffr<strong>et</strong> à poignée, question de facilité le transport. Et en fin<br />
de l’ouvrage, un index des noms riches de quelque 3 000 toponymes !<br />
http://www.ngi.be<br />
474<br />
rois, on trouve des noms aussi prestigieux que<br />
Procter & Gamble, Arcelor, Iba, Gsk, Total<br />
Fina Elf, Péchiney, ArcelorMittal, <strong>et</strong>c. Depuis<br />
sa création, le Larn compte également 21 thèses<br />
de doctorat, plus de 360 publications <strong>et</strong> quelque<br />
100 rapports de recherche pour l’industrie.<br />
http://www.fundp.ac.be<br />
A<br />
u plus tard le 2 novembre. Les prix scientifiques<br />
quinquennaux 2006-2010 du Fonds<br />
national de la recherche scientifique (FNRS)<br />
sont attendus pour 2010. Ils couvriront l’ensemble<br />
du spectre scientifique avec le prix Dr. A.<br />
De Leeuw-Damry-Bourlart, qui récompensera<br />
un lauréat dont les travaux touchent les<br />
sciences exactes fondamentales <strong>et</strong> un lauréat<br />
dont les travaux relèvent des sciences exactes<br />
appliquées; le prix scientifique Ernest-John<br />
Solvay qui récompensera un lauréat pour ses<br />
travaux en sciences humaines <strong>et</strong> sociales <strong>et</strong><br />
enfin le prix scientifique Joseph Maisin qui<br />
récompensera un lauréat pour des travaux en<br />
sciences biomédicales fondamentales <strong>et</strong> un lauréat<br />
dont les travaux touchent aux sciences biomédicales<br />
cliniques. Les candidatures à ces prix<br />
seront adressées auprès de la secrétaire générale<br />
du FNRS, au plus tard, le 2 novembre 2009.<br />
http://www.frs-fnrs.be<br />
Le luxo par le N<strong>et</strong>. Vous travaillez au grandduché,<br />
aimeriez y trouver un job ou y faire des<br />
affaires, alors le site http://www.elearning.lu devrait<br />
vous intéresser. Son bilan est d’ailleurs impressionnant.<br />
Depuis sa création, il y a presque quatre<br />
ans, plus de 12 500 personnes ont rejoint c<strong>et</strong>te<br />
plate-forme de formation en ligne pour y apprendre<br />
le luxembourgeois !<br />
Supporté par le réseau Quattropole (Luxembourg-M<strong>et</strong>z-Sarrebruck<br />
<strong>et</strong> Trêves) <strong>et</strong> animé par<br />
l’Université du Luxembourg, ce cours est une<br />
autoformation axée sur la communication orale<br />
<strong>et</strong> destinée aux frontaliers ainsi qu’a toute personne<br />
souhaitant apprendre le luxembourgeois.<br />
Les cours sont composés de huit leçons à dix<br />
activités <strong>et</strong> construits autour de courtes séquences<br />
vidéo montrant des situations courantes de la<br />
vie quotidienne.<br />
Si les étudiants peuvent atteindre un niveau de<br />
langue B1, ils ne reçoivent pas de certificat ou<br />
diplôme. Les modules d’e-learning sont gratuits,<br />
publiques <strong>et</strong> flexibles. La navigation sur le site<br />
est facile: un simple clic suffit pour écouter des<br />
mots isolés ou des phrases entières. Les explications<br />
grammaticales sont fournies en français <strong>et</strong><br />
les feedback immédiats perm<strong>et</strong>tent à l’apprenant<br />
de contrôler sont apprentissage.<br />
http://www.elearning.lu
475<br />
Actualités<br />
Opération<br />
100 informaticiens dans 100 écoles<br />
Moins de 1 000 diplômés en informatique en<br />
Communauté française: c'est trop peu,<br />
estime Agoria, la fédération de l'industrie<br />
technologique. La crise n'explique pas tout. D'autant<br />
qu'après la crise, le problème restera entier.<br />
Actuellement, selon une estimation d'Agoria, le déficit<br />
structurel annuel en informaticiens est de 500 personnes<br />
en Région wallonne. Face à c<strong>et</strong>te situation, Agoria,<br />
avec le soutien de la Région wallonne, représentée par<br />
Marie-Dominique Simon<strong>et</strong>, ministre de la <strong>Recherche</strong>,<br />
des technologies nouvelles <strong>et</strong> des relations extérieures,<br />
lance une campagne de sensibilisation de deux ans:<br />
«100 informaticiens dans 100 écoles».<br />
Elle s'adresse aux élèves de «rhétos» qui, souvent, terminent<br />
leur année sans avoir fixé leur choix d'études<br />
supérieures.<br />
Parmi les actions: des visites d'informaticiens dans les<br />
écoles; création d'une Web-TV alimentée par ces<br />
témoignages; organiser des visites d'entreprises informatiques;<br />
mise à disposition de guides présentant les<br />
filières de formation…<br />
C<strong>et</strong>te campagne aura comme objectif principal de briser<br />
plusieurs stéréotypes liés aux métiers de l'informatique.<br />
Exemple: l'image de l'informaticien vivant<br />
replié sur lui-même, passant ses journées en solitaire<br />
devant un PC. Autre préjugé: l'informatique, c'est<br />
À<br />
l’assaut du marché. CMI Thermline, pôle<br />
thermique de CMI Industry <strong>et</strong> CERI Phoenix<br />
Industrial Furnaces Co. Ltd ont conclu un<br />
accord de coopération pour former le leader<br />
mondial de la thermique en sidérurgie. C<strong>et</strong><br />
accord ouvre les portes du marché chinois aux<br />
technologies du wallon CMI <strong>et</strong> celles des marchés<br />
extérieurs au savoir-faire de CERI Phoenix.<br />
Le tandem ainsi formé sera capable d’offrir<br />
aux clients chinois des fours de lignes de galvanisation<br />
<strong>et</strong> de recuit de dernière génération. Ces<br />
fours ont déjà été r<strong>et</strong>enus par les plus grands<br />
sidérurgistes mondiaux pour leurs performances<br />
en termes de qualité de produit, coûts opératoires,<br />
respect de l’environnement <strong>et</strong> meilleure<br />
technologie disponible à ce jour. Pour<br />
rappel, CMI Thermline est le bras actif de CMI<br />
Industry en matière de solutions thermiques <strong>et</strong><br />
de fours industriels à destination de la sidérurgie.<br />
Présent en Belgique, aux États-Unis, en<br />
Inde, Russie <strong>et</strong> France, CMI a accumulé en<br />
presque 90 ans quelque 6 500 références !<br />
http://www.cmigroupe.com<br />
pour les «matheux» <strong>et</strong> les garçons… Faux, archifaux.<br />
Si l'informatique, au sens large, demande de bonnes<br />
capacités d'analyse, on r<strong>et</strong>rouve ces compétences également<br />
chez les jeunes ayant, par exemple, étudié le<br />
latin. Pour plus d’informations, vous pouvez contacter<br />
par courriel. jean-francois.bodarwe@agoria.be<br />
C<br />
oopérations montoises. Opti2Mat, programme<br />
de R&D de l’Université de Mons <strong>et</strong> Materia<br />
Nova , vise la mise au point d’un nouveau procédé<br />
de traitement de surface avec transfert de<br />
technologie sur des applications industrielles. Le<br />
travail actuel porte sur un procédé qui devrait<br />
améliorer l’adhésion du revêtement au matériau<br />
de base pour en optimiser la durée de vie <strong>et</strong> les<br />
propriétés. Les chercheurs axent leur approche<br />
sur deux cibles précises: la protection des métaux<br />
<strong>et</strong> la détection de composés chimiques par fibres<br />
optiques. Professionnalisme montois <strong>et</strong> choix des<br />
applications ont conduit ArcelorMittal <strong>et</strong> Sonaca<br />
à devenir les partenaires privilégiés en testant les<br />
résultats d’Opti2Mat par des accords de licence.<br />
D’un montant de 12 millions d’euros, le programme<br />
est financé pour moitié par les porteurs<br />
du proj<strong>et</strong> <strong>et</strong> les 50% restants apportés par la<br />
Région wallonne. http://www.materia-nova.com<br />
Jean-Claude QUINTART<br />
jc.quintart@skyn<strong>et</strong>.be<br />
Alain de FOOZ<br />
Athena <strong>252</strong> / Juin 2009
Les héritiers de Darwin<br />
Le darwinisme est parfois présenté comme une théorie qui pourrait être, dans un douteux<br />
souci d’objectivité, renvoyée dos à dos avec la théorie rivale, qu’est le créationnisme.<br />
Rien n’est plus faux. Les amateurs de simplicité sont certes libres de croire à une source<br />
divine qui expliquerait commodément les choses de la vie <strong>et</strong> tous les autres phénomènes<br />
de l’Univers. Mais l’évolution est plus qu’une théorie, c’est un fait<br />
Et si on disait<br />
que la Terre<br />
est plate ?<br />
Il est parfois utile<br />
de recourir à la<br />
provocation<br />
pour faire passer<br />
un message.<br />
C'est une technique<br />
pratiquée souvent<br />
par les médias, mais<br />
les enseignants ne<br />
sont pas les derniers<br />
à s'en servir.<br />
Lancer l'idée que<br />
« la Terre est toujours<br />
plate» perm<strong>et</strong><br />
par exemple à<br />
l'animateur d'un<br />
atelier des Jeunesses<br />
scientifiques<br />
(voir page suivante)<br />
de faire s'interroger<br />
les stagiaires sur<br />
la validité des<br />
arguments avancés<br />
en faveur de notre<br />
vision actuelle<br />
d'une Terre sphérique.<br />
C'est aussi la forme<br />
des autres planètes<br />
<strong>et</strong> d'un obj<strong>et</strong> aussi<br />
modeste que la<br />
goutte d'eau, <strong>et</strong> ce<br />
n'est pas par hasard...<br />
Athena <strong>252</strong> / Juin 2009<br />
un fait, explique le généticien<br />
Jean Vandenhaute, professeur émé-<br />
«C’est<br />
rite aux Facultés universitaires<br />
Notre-Dame de la Paix à Namur, dans le sens<br />
que la transformation des espèces, depuis des<br />
formes simples (unicellulaires) jusqu’à la diversité<br />
prodigieuse <strong>et</strong> les bouleversements de celleci<br />
qu’a connus la Terre au cours des temps géologiques,<br />
est attestée par de multiples faits<br />
d’observation.» C<strong>et</strong>te transformation permanente<br />
peut du reste s’observer tous les jours, dans<br />
les hôpitaux, ne fût-ce que par les incessantes<br />
mutations des virus de la grippe, qui constituent<br />
une des innombrables signatures de l’évolution<br />
(voir aussi Athena n° 249, pp. 319-328).<br />
Un mécanisme efficace<br />
«On doit à Darwin, poursuit Jean Vandenhaute,<br />
d’avoir proposé un principe explicatif de<br />
c<strong>et</strong>te transformation ou évolution des formes<br />
vivantes. Ce principe tient simplement en ceci:<br />
476<br />
des variants coexistent dans une population (les<br />
espèces varient entre elles mais les individus<br />
d’une espèce <strong>et</strong> d’un groupe, même à l’intérieur<br />
d’une famille, présentent des variations héritables)<br />
<strong>et</strong> certains d’entre eux - c’est là aussi un<br />
fait - sont plus aptes à se reproduire dans les<br />
conditions de milieu rencontrées. Ils produisent<br />
en conséquence plus de descendants que d’autres<br />
<strong>et</strong> cela tant que le milieu convient à ce type<br />
de variants particuliers qui vont donc imposer<br />
leur hérédité à une part toujours croissante des<br />
descendants: en fait la population évolue avec<br />
les générations successives.<br />
«C<strong>et</strong>te clé de lecture de l’évolution progressive<br />
- par exemple des poissons vers les amphibiens,<br />
de certains mammifères terrestres vers<br />
les baleines, de précurseurs des chevaux jusqu’aux<br />
équidés actuels - est lumineuse <strong>et</strong> elle a<br />
plu très vite à l’ensemble des biologistes qui ont<br />
lu Darwin, souligne le professeur Vandenhaute.<br />
Mais l’observateur d’aujourd’hui, ou le visiteur<br />
de la galerie de l’évolution que nous sommes,<br />
est un peu comme l’archiviste qui découvrirait<br />
un palimpseste (un parchemin où un texte est<br />
écrit après que le précédent a été gratté pour<br />
une réutilisation). Certains caractères sont<br />
effacés à jamais, d’autres sont maintenus <strong>et</strong><br />
réutilisés, la distinction de ce qui est primitif<br />
n’est pas toujours évidente…<strong>et</strong> surtout, notre<br />
interprétation du “Comment c’est arrivé ?” se<br />
cantonne obligatoirement dans l’hypothèse,<br />
dans la mesure où, en eff<strong>et</strong>, on n’est pas <strong>et</strong> on ne<br />
sera pas présent au moment exact où l’évolution<br />
a eu lieu puisqu’elle est une histoire du<br />
passé, révolue à jamais comme toute histoire.»<br />
«Mais pour autant ne peut-on aujourd’hui<br />
constater des évolutions en temps réel qui nous<br />
démontreraient que le principe proposé par<br />
Darwin est bien un mécanisme efficace capable
de donner lieu à évolution ? La réponse est oui.<br />
Nous allons dès lors tenter de réaliser c<strong>et</strong>te<br />
illustration comme suit: si une population d’insectes<br />
(par exemple de drosophiles) où deux<br />
types coexistent, l’un est un variant ailé (les<br />
“normales” ou type dit sauvage) <strong>et</strong> l’autre, un<br />
variant non ailé dit “vestigial” on peut s’attendre<br />
à ce que ces deux types n’aient pas exactement<br />
le même potentiel de reproduction. Ce que<br />
Darwin propose, c’est que le milieu peut favoriser<br />
un type au détriment de l’autre variant.<br />
Ainsi, explique le professeur Vandenhaute, «sur<br />
une île sablonneuse <strong>et</strong> rase, le vent emportera<br />
les insectes ailés laissant l’île, sans partage,<br />
aux seuls non ailés. Si au contraire, les mêmes<br />
bourrasques sont appliquées à une île herbeuse<br />
on s’attend à ce que la sélection n’élimine pas<br />
les ailés <strong>et</strong> que la compétition s’exercera entre<br />
ailés, toujours présents, <strong>et</strong> non ailés. Et de<br />
conclure par c<strong>et</strong>te interrogation: Quelle sera<br />
l’issue d’une telle compétition ?»<br />
Des ateliers pour les jeunes<br />
Le professeur Vandenhaute est l’un des nombreux<br />
scientifiques qui ont prêté leur concours à<br />
une initiative menée pour contrer le regain<br />
actuel du créationnisme, qui est peut-être le<br />
symptôme d’une inquiétante régression de l’intelligence<br />
humaine. Elle est venue des Jeunesses<br />
scientifiques de Belgique qui ont mis sur<br />
pied un cycle d’activités à l’intention des jeunes<br />
de 14 à 17 ans. Faut-il le rappeler, c<strong>et</strong>te année<br />
2009 est un double anniversaire pour la science<br />
de l’évolution puisque son initiateur, Charles<br />
Darwin, est né en 1809 <strong>et</strong> a publié son œuvre<br />
maîtresse sur l’origine des espèces en 1859. Les<br />
activités proposées consistent en des sessions<br />
d’une journée ou d’une demi-journée au cours<br />
desquelles les jeunes peuvent dialoguer librement<br />
avec des chercheurs <strong>et</strong> des experts de<br />
diverses disciplines.<br />
Car la biologie n’est pas seule impliquée. Sous<br />
l’intitulé «Evolution <strong>et</strong>... évolutions», explique<br />
Christian Vandercammen, coordinateur des ateliers,<br />
ceux-ci abordent le phénomène sous des<br />
angles multiples, par exemple ceux de la géologie,<br />
de la géographie, de la virologie, de la<br />
paléontologie ou de la cosmologie. Mais aussi à<br />
la lumière les technologies, de la philosophie, de<br />
l’économie, <strong>et</strong> même de la mode vestimentaire <strong>et</strong><br />
de la musique ! Car rien n’échappe à l’évolution.<br />
Ce cycle d’initiation au message darwinien<br />
durera plus de 3 ans. «Actuellement, nous avons<br />
concrétisé le programme des Ateliers jusqu’à la<br />
fin 2010», dit Christian Vandercammen qui énumère<br />
les suj<strong>et</strong>s au programme: «Évolution <strong>et</strong><br />
nouveauté; Pause musicale: l’évolution du lan-<br />
477<br />
Évolution<br />
Les trois prochains ateliers<br />
Samedi 11 juill<strong>et</strong> 2009 : voir son ADN.<br />
Observation de cellules au microscope, techniques de coloration des noyaux cellulaires.<br />
Extraction d’ADN de cellules végétales <strong>et</strong> animales. Tests d’identification des ADN<br />
extraits. Organisé par Astrid Vanreijsen, biochimiste, directrice pédagogique aux JSB,<br />
c<strong>et</strong> atelier se tiendra à Bruxelles.<br />
Samedi 12 septembre 2009 : visite de la galerie de l’évolution.<br />
Les participants découvriront, par équipes de deux, la superbe galerie de l’évolution à<br />
l’Institut royal des sciences naturelles de Belgique (IRSNB). Ils répondront à un questionnaire<br />
r<strong>et</strong>raçant les grandes étapes de l’histoire de la vie sur Terre <strong>et</strong> seront informés<br />
des futures expériences réalisées en partenariat avec l’Institut sur l’évolution de<br />
populations de drosophiles. C<strong>et</strong> atelier sera coordonné par le Service éducatif de<br />
l’IRSNB <strong>et</strong> par les Jeunesses scientifiques.<br />
Samedi 10 septembre 2009 : de la matière inerte au vivant.<br />
Il y a environ 4 milliards d’années, des structures chimiques insolites vont bouleverser<br />
l’histoire de la Terre: une fraction de la matière se m<strong>et</strong> à vivre ! Les scientifiques comprennent<br />
de mieux en mieux les origines de la vie <strong>et</strong> les étapes qui ont conduit les premières<br />
cellules à se transformer après plusieurs milliards d’années en organismes multicellulaires<br />
évolués. Aujourd’hui, l’homme des temps modernes s’interroge:<br />
avons-nous sur Terre les seules <strong>et</strong> uniques formes de vie peuplant l’Univers ? C<strong>et</strong> atelier,<br />
animé par André Brack <strong>et</strong> Jean Vandenhaute, se tiendra à Namur.<br />
Le calendrier réactualisé régulièrement sera mis en ligne sur http://www.jsb.be<br />
Les intervenants<br />
Les ateliers des Jeunesses scientifiques seront animés par des intervenants de grande<br />
qualité, parmi lesquels (d’ici avril 2010): André Brack (directeur de recherches au CNRS<br />
à Orléans), Jean-Christophe de Biseau (ULB), Damien Devos (EMBL Heidelberg), José<br />
Halloy (ULB), Hugo Herter (JSB), Fu Sin Ling (ULB), Evaggelos Gaganas (EPFC, Saint-<br />
Louis), Christophe Panier (Haute école Francisco Ferrer), Emmanuel Reynaud (EMBL<br />
Heidelberg), Jacques Reisse (ULB), Louis Spileers (Haute école Francisco Ferrer), Jean<br />
Vandenhaute (FUNDP-Namur) <strong>et</strong> Nathalie Vanmuylder (ULB <strong>et</strong> Haute école Francisco<br />
Ferrer).<br />
Athena <strong>252</strong> / Juin 2009
Athena <strong>252</strong> / Juin 2009<br />
Évolution<br />
On parle aussi de Darwin...<br />
à Liège où l'Institut de zoologie (22, quai van Beneden) abrite jusqu'au 15 novembre<br />
deux expositions: «Darwin, sa vie, son œuvre» <strong>et</strong> «Diversité de primates». Le préhistosite<br />
de Ramioul, à Flémalle, en propose une troisième sur le thème «Le propre de l'homme».<br />
Dans les 3 cas, une seule adresse: http://www.darwin2009.be<br />
à Charleroi (Parentville) où le Centre scientifique de l'ULB proposera du 14 septembre<br />
au 20 décembre une exposition intitulée «L'évolution... Bien plus qu'une théorie !»<br />
Adresse utile: http://www.ulb.ac.be/ccs/<br />
à Namur où les Facultés universitaires Notre-Dame de la Paix proposent, depuis la mijuin,<br />
un Dvd sous le titre «L'évolution dévoilée : quand sciences <strong>et</strong> sens se rencontrent».<br />
Des détails à l'adresse<br />
http://www.fundp.ac.be/universite/asbl/interfaces/outils/dvd_creationnisme<br />
Ajoutons qu'un site Web propose un vaste éventail d'informations aux paléontologues<br />
amateurs à l'adresse http://www.paleomania.com<br />
gage musical; L’incroyable voyage des mitochondries;<br />
Vie artificielle, vie biologique,<br />
même combat ? Comment faire un eucaryote à<br />
partir d’une bactérie ? La bioinformatique au<br />
service de la phylogénie, ou encore L’évolution<br />
des modèles en mathématiques financières...».<br />
Chaque activité, précise encore Christian<br />
Vandercammen, devrait perm<strong>et</strong>tre aux jeunes<br />
de développer un esprit critique, d’utiliser des<br />
mots-clés précis, d’expérimenter, de noter ses<br />
observations <strong>et</strong> réflexions dans un cahier de<br />
laboratoire <strong>et</strong>, enfin, d’exprimer ses résultats<br />
expérimentaux dans les Expo-Sciences, à travers<br />
lesquelles les Jeunesses scientifiques ouvrent<br />
leurs travaux au public.<br />
Des questions à la pelle. La diversité des questions<br />
que l’on peut se poser, dans l’optique générale de<br />
l’évolution, est naturellement immense. En voici<br />
quelques-unes.<br />
478<br />
Au laboratoire, comment les scientifiques<br />
arrivent-ils à lire, dans une carotte de glace antarctique,<br />
la composition chimique de l’atmosphère<br />
d’il y a 10 000 ans ?<br />
Comment, du XIX e siècle à nos jours, a évolué<br />
la technologie des moteurs: vapeur, essence,<br />
électrique, hydrogène ?<br />
On date l’évolution des grandes étapes de<br />
l’humanité par des âges dit de la pierre, du<br />
bronze, du fer, de l’acier… Pourquoi l’évolution<br />
des civilisations a-t-elle suivi c<strong>et</strong> ordre là <strong>et</strong><br />
pas un autre ?<br />
La cellule vit: elle se nourrit (ingère <strong>et</strong> digère<br />
des aliments), respire, excrète, grandit, se reproduit,<br />
réagit. On dit que c’est l’unité du vivant. Si<br />
l’on examine au microscope une cellule comme<br />
celles dont notre organisme est constitué (cellule<br />
dite eucaryote, c’est-à-dire étymologiquement<br />
avec un vrai noyau), on y distingue une<br />
membrane externe, des membranes internes, un<br />
noyau, des organites divers (mitochondries,<br />
lysosomes…), pourrait-on penser l’une ou l’autre<br />
expérience pour prouver que dans la cellule<br />
telle structure participerait à tel rôle, par exemple<br />
le rôle respiratoire ?<br />
Le passage de la cellule procaryote à l’eucaryote<br />
est-il un indice d’évolution biologique ?<br />
Comment le vérifier ?<br />
Le noyau avec son ADN dans l’œuf, selon<br />
qu’il s’agit d’un œuf de tel organisme, par<br />
exemple une grenouille rousse, déterminera le<br />
développement d’un têtard puis d’un adulte de<br />
grenouille rousse ou s’il s’agit d’un œuf de grenouille<br />
verte un adulte de c<strong>et</strong>te espèce.<br />
Comment imaginer une expérience pour montrer<br />
expérimentalement que c’est bien le noyau<br />
avec son ADN qui joue ce rôle ?<br />
La vie sur Terre telle que nous la connaissons,<br />
ne s’est pas développée en un jour. Pensez-vous<br />
qu’une Terre sans vie animale, uniquement<br />
composée de végétaux est concevable ? Quelle<br />
expérience pourrait-on faire pour m<strong>et</strong>tre c<strong>et</strong>te<br />
idée à l’épreuve ?<br />
On le voit, il y a du pain sur la planche pour plusieurs<br />
années d’activités, aux Jeunesses scientifiques.<br />
Pour en savoir plus vous pouvez téléphoner<br />
au 02/537.03.25. ou consulter le site<br />
Intern<strong>et</strong> http://www.jsb.be ou encore envoyer un<br />
courriel au coordinateur des ateliers Évolution,<br />
christian.vandercammen@jsb.be<br />
Jean-Luc LÉONARD<br />
jl.leonard@skyn<strong>et</strong>.be
479<br />
Info-Bio<br />
Un chromosome<br />
de plus ou de moins ?<br />
Àune époque où la biologie du gène aligne<br />
à une vitesse vertigineuse les milliards<br />
de composants de l'ADN humain<br />
<strong>et</strong> animal, on a peine à penser que la découverte<br />
de la première anomalie génétique identifiée<br />
chez l'humain date d'il y a cinquante ans.<br />
Certes, il y a un demi-siècle, mais cela reste à<br />
portée de mémoire de quelques générations<br />
d'humains encore bien présents aujourd'hui.<br />
C'est en eff<strong>et</strong> en 1958 que sont publiés les résultats<br />
d'une étude française démontrant que le<br />
«mongolisme» n'est autre qu'une trisomie 21; en<br />
d'autre terme, que c<strong>et</strong> état bien décrit un siècle<br />
plus tôt - en 1866 - par Langdon Down est,<br />
comme on le suspectait, dû à un (p<strong>et</strong>it) chromosome<br />
en trop. La découverte date en réalité de<br />
l'année précédente mais la maîtrise des cultures<br />
cellulaires alors balbutiante ne perm<strong>et</strong> pas tout de<br />
suite de s'assurer que l'anomalie observée n'est<br />
pas due à un «accident» lié au caractère artificiel<br />
de la prolifération cellulaire mais qu'elle est bien<br />
la cause de l'état du patient lui-même.<br />
L'information circule évidemment dans la presse<br />
scientifique <strong>et</strong> dans la presse tout court, bien que<br />
considérablement moins que ce genre de découverte<br />
ferait naître aujourd'hui. À l'époque, ce qui<br />
se passe dans les laboratoires franchit rarement<br />
les limites de ceux-ci ou des pages de revues<br />
spécialisées. Il faut dire qu'au même moment, le<br />
public a d'autres thèmes d'intérêt: la conquête de<br />
l'espace dans la foulée de Spoutnik <strong>et</strong>, pour les<br />
Belges, l'Expo de Bruxelles.<br />
Autant rappeler aussi que le nombre exact de<br />
chromosomes de l'espèce humaine n'a été précisé<br />
que deux années plus tôt - en 1956, par conséquent<br />
- <strong>et</strong> qu'il est loin de faire l'unanimité d'emblée,<br />
nombre de scientifiques persistant à penser<br />
que 48 est le nombre réel. Grâce aux techniques<br />
maîtrisées depuis longtemps dans les laboratoires,<br />
on sait évidemment aujourd'hui qu'il est de<br />
46. C<strong>et</strong>te information prenait toutefois toute son<br />
importance il y a 50 ans pour s'assurer que le<br />
«mongolisme» était bien dû à un chromosome de<br />
trop <strong>et</strong> non à la perte de l'un d'entre eux.<br />
Dans un article qu'elle signe dans Médecine/<br />
science, celle qui est à la base de la découverte<br />
rappelle c<strong>et</strong>te période de sa vie <strong>et</strong> ce qui a mené<br />
à l'identification de l'anomalie. Avec un peu d'amertume,<br />
elle rappelle aussi comment elle s'est<br />
fait déposséder de sa découverte par un aspirant<br />
«à la carrière assez peu brillante jusque-là» (sic)<br />
qui s'en est octroyé la paternité, glanant au passage<br />
les honneurs. Que c<strong>et</strong> article ait au moins le<br />
mérite de rendre à celle qui lui revient la «maternité»<br />
d'une découverte fondatrice de la cytogénétique.<br />
Oubliée des hommages - comme tant d'autres<br />
sans doute dans le seul domaine des sciences<br />
- elle s'appelle Marthe Gautier. Médecine/<br />
science 2009, n° 3, vol. 25: 311-315.<br />
Caryotype<br />
d'un garçon<br />
trisomique.<br />
On note<br />
la présence des<br />
chromosomes X<br />
<strong>et</strong> Y (sexe masculin)<br />
<strong>et</strong> d'un 21 en trop.<br />
Cancers en hausse ?<br />
Ce qui est relatif à l'état de santé des Français ne nous est pas<br />
totalement étranger <strong>et</strong>, en dépit de différences parfois significatives<br />
dans certains paramètres, on peut assez globalement en<br />
transposer les réalités à ce qui se passe en Belgique, en prenant toutefois<br />
le soin de diviser les valeurs absolues par six, pour respecter le rapport<br />
des deux populations.<br />
Une enquête récemment publiée a permis de comparer l'incidence des<br />
cancers - de l'homme <strong>et</strong> de la femme - entre 1980 <strong>et</strong> 2005. C'est globa-<br />
Athena <strong>252</strong> / Juin 2009
Athena <strong>252</strong> / Juin 2009<br />
Info-Bio<br />
lement l'espace d'une génération au cours de<br />
laquelle le nombre de cas est passé de 168 850<br />
à 319 380, accusant par conséquent une augmentation<br />
proche de 90%. Sous des registres<br />
multiples, la presse d'Outre-Quiévrain s'est évidemment<br />
emparée de ces valeurs, en tirant des<br />
conclusions diverses.<br />
Il va de soi qu'une évaluation épidémiologique<br />
est nécessaire, faisant la part de ce qui revient<br />
aux hommes, aux femmes, aux différents cancers,<br />
à la longévité accrue ainsi qu'à l'accroissement<br />
de la population pendant la période<br />
concernée.<br />
Un article fait précisément la part des choses <strong>et</strong>,<br />
tablant sur l'évaluation mathématique des «valeurs<br />
attendues», perm<strong>et</strong> un debriefing plus circonstancié.<br />
Chez les hommes, par exemple, il<br />
apparaît en fin de compte que le cancer le plus<br />
fréquent - celui de la prostate - présente un<br />
excès de 50 000 cas par rapport aux valeurs<br />
attendues. C<strong>et</strong> excès n'est qu'apparent <strong>et</strong> tient<br />
presque intégralement à un dépistage portant<br />
sur le dosage de l'antigène spécifique pour c<strong>et</strong><br />
organe, la PSA (prostate specific antigen) dont<br />
l'intérêt est comme on le sait remis en question<br />
aujourd'hui. Les autres formes de cancer ne rendent<br />
apparemment compte que de 8% de l'augmentation<br />
recensée.<br />
Chez la femme, le tableau est, partiellement au<br />
moins, identique. Deux organes c<strong>et</strong>te fois se<br />
La conquête de l'Asie<br />
L’homme<br />
de Pékin.<br />
StatBel<br />
Toutes les<br />
statistiques belges<br />
par le<br />
Gouvernement<br />
fédéral.<br />
http://www.statbel.<br />
fgov.be/<br />
La conquête humaine - celle du<br />
genre Homo - des différentes terres<br />
émergées du globe est un long<br />
puzzle que les fouilles menées dans tous<br />
les sites répertoriés aujourd'hui (auxquels<br />
bien d'autres s'ajouteront demain) perm<strong>et</strong>tent<br />
d'identifier <strong>et</strong> de préciser. Des<br />
fouilles menées sur le site de Zoukoudian<br />
(en Chine, à proximité de Pékin) ont<br />
récemment permis d'en savoir un peu plus<br />
sur la présence de notre très ancien cousin<br />
Homo erectus. C<strong>et</strong>te espèce qui a appartenu<br />
au même genre que le nôtre doit son<br />
nom à la taille <strong>et</strong> à la structure des os de<br />
sa jambe qui ont fait penser à son inventeur<br />
- le néerlandais Dubois au XIX e siècle<br />
- que c<strong>et</strong> «homme» devait se tenir<br />
debout, ou «érigé».<br />
480<br />
partagent une incidence élevée: le sein <strong>et</strong> le<br />
poumon. Pour le sein, l'accroissement relevé est<br />
là aussi essentiellement lié à un dépistage accru.<br />
Reste le cancer du poumon qui affiche c<strong>et</strong>te fois<br />
une hausse spectaculaire, les valeurs passant de<br />
1 600 à 6 800 en l'espace de 25 ans, celle qui<br />
était attendue étant de l'ordre de 2 100. La cause<br />
est, sans conteste, clairement identifiée: l'accès<br />
des femmes au tabagisme. On sait qu'aujourd'hui<br />
elles sont proportionnellement plus nombreuses<br />
que les hommes à sacrifier à la cigar<strong>et</strong>te.<br />
Elles sont donc aussi trois fois plus<br />
nombreuses à en mourir que ce qu'on pouvait<br />
attendre à partir des données de 1980.<br />
On a bien tenté d'incriminer les facteurs d'environnement<br />
dans c<strong>et</strong>te inflation; c'est oublier un<br />
peu vite que les hommes <strong>et</strong> les femmes partagent<br />
un même biotope <strong>et</strong> en particulier le même<br />
air à respirer. Or, aucun accroissement n'a été<br />
relevé dans ce type de cancer pour l'homme. Il<br />
y a donc un message à saisir au passage; si les<br />
eff<strong>et</strong>s de la pollution sont responsables de 2%<br />
de tous les décès en France, ils ne peuvent que<br />
s'additionner à ceux du tabagisme.<br />
Il me semble avoir lu un message pourtant clair<br />
sur les paqu<strong>et</strong>s de cigar<strong>et</strong>tes. Il prend toute sa<br />
dimension dans les valeurs épidémiologiques<br />
reportées. Mais cela aura-t-il un quelconque<br />
eff<strong>et</strong> sur les accros ? Médecine/science 2009;<br />
n° 23; vol. 25: 297-299.<br />
C<strong>et</strong>te espèce est vraisemblablement née en<br />
Afrique il y a deux millions d'années. Elle l'a<br />
ensuite quittée pour, notamment, partir à la<br />
découverte - ou à la conquête ? - du Nord-Est:<br />
péninsule arabique, puis Moyen-Orient, Inde <strong>et</strong><br />
progressivement Asie du Sud-Est, îles comprises.<br />
Il y a 1,75 million d'années, elle se trouvait<br />
du côté de l'actuelle Géorgie, comme en témoignent<br />
les vestiges identifiés à Dmanisi, en<br />
Transcaucasie. Elle a ensuite continué son périple<br />
vers l'Est <strong>et</strong>, il y a 760 000 ans, erectus occupait<br />
sa zone de répartition la plus septentrionale<br />
- celle de Zoukoudian, précisément - après avoir<br />
investi des terres situées plus au Sud. L'espèce se<br />
serait éteinte il y a 350 000 ans environ, bien que<br />
des traces très tardives (celles laissées par<br />
l'Homme de Solo) aient encore été identifiées sur<br />
l'île de Java il y a 50 000 ans seulement.
La question est évidemment de savoir comment<br />
ce lointain cousin a pu coloniser les îles indonésiennes.<br />
Certes son cerveau, d'une capacité de<br />
650 à 1250 centimètres cubes, lui perm<strong>et</strong>tait-il<br />
des actions «raisonnées» <strong>et</strong> sa taille de 145 à 180<br />
cm lui donnait déjà bien des possibilités. Toutefois,<br />
on pense plus simplement que les périodes<br />
de glaciation qu'il a dû connaître ont permis que<br />
la mer se r<strong>et</strong>ire <strong>et</strong> crée des passages entre le<br />
continent <strong>et</strong> ce qui constitue des îles aujourd'hui.<br />
Pour mémoire, H. erectus est aussi celui qui a<br />
découvert le feu…<br />
481<br />
Info-Bio<br />
Et après ? Il y a eu le costaud de la famille,<br />
Homo neandertalensis, puis le malin: Homo<br />
sapiens; nous, en somme. Et demain? Ça, il est<br />
trop tôt pour le dire. Peut-être une nouvelle<br />
espèce est-elle occupée à apparaître, puisque<br />
certains scientifiques font déjà de nous l'Homo<br />
faber, «l'homme qui fait, qui fabrique». Sûr<br />
que dans un demi-million d'années, nos successeurs<br />
en sauront un peu plus sur ce que nous<br />
avons été… Nature, 2009; 458: 153-154.<br />
SDF <strong>et</strong><br />
troubles mentaux<br />
Des chiffres récemment parus dans la<br />
presse font état de un million de SDF<br />
(sans domicile fixe) pour la seule<br />
Amérique du Nord, dont les 3/4 pour les seuls<br />
États-Unis. Le Royaume-Uni en compterait à<br />
lui seul 340 000, ce qui paraît énorme pour ce<br />
seul pays.<br />
Ces nombres souvent lancés pour impressionner<br />
recouvrent une série de réalités qui n'ont pas forcément<br />
de rapport étroit entre elles. On sait<br />
notamment que beaucoup d'Américains ont<br />
récemment perdu leur logement pour cause de<br />
ferm<strong>et</strong>ure d'entreprises <strong>et</strong> de subprimes. Dans<br />
certains cas <strong>et</strong> pour un temps, ils sont effectivement<br />
devenus SDF. Mais des SDF peuvent aussi<br />
être des illégaux en attente de passage vers une<br />
terre promise ou tout simplement des personnes<br />
qui n'ont pas encore les moyens de se trouver un<br />
logement dans la ville où le travail les a attirés.<br />
Et puis il y a les autres: les exclus, les clodos,<br />
ceux qui sont en dehors du système parce qu'ils<br />
l'ont voulu ou qu'ils s'y sont r<strong>et</strong>rouvés.<br />
Il n'empêche que dans certains registres, on est<br />
prompt à les enfermer dans la même globalité.<br />
C'est notamment le cas pour des études récentes<br />
portant sur les pathologies identifiées chez ces<br />
sans logis. D'une manière assez systématique,<br />
les États le plus souvent identifiés sont la<br />
psychose <strong>et</strong> la dépression, lesquelles sont liées,<br />
au titre de cause ou d'eff<strong>et</strong>, à l'alcoolisme <strong>et</strong> à la<br />
toxicomanie. La résultante tient souvent à la<br />
violence contre soi ou dirigée vers les autres:<br />
suicide, mais aussi criminalité dans tous les<br />
registres. Établie sur 6 000 individus, une étude<br />
en particulier dresse un «profil type» du SDF: il<br />
a 40 ans d'âge moyen <strong>et</strong> est un homme dans<br />
82% des cas. L'alcoolisme le concerne dans la<br />
quasi-totalité des cas, avec une dépendance à un<br />
niveau moyen proche de 40%. L'addiction à la<br />
drogue concerne pour sa part près de 25% des<br />
individus. Il va par ailleurs de soi que ce statut<br />
de SDF est d'abord <strong>et</strong> avant tout celui d'une pauvr<strong>et</strong>é<br />
qui n'aide par ailleurs pas à une prise en<br />
charge médicale régulière <strong>et</strong> efficace.<br />
Ce tableau n'est évidemment pas flatteur pour<br />
une société «occidentale» où qu'elle se trouve.<br />
Il n'empêche qu'il n'est pas non plus toujours<br />
facile de savoir - sauf à titre individuel - si c'est<br />
le rej<strong>et</strong> des individus qui leur vaut les pathologies<br />
<strong>et</strong> les dépendances évoquées, ou si ce sont<br />
ces dernières qui les ont marginalisés. Dans un<br />
cas comme dans l'autre, une prise en charge au<br />
moins sanitaire s'impose pour autant qu'elle soit<br />
évidemment acceptée par les intéressés.<br />
m/s 2009; n°3, vol. 25: 239.<br />
Athena <strong>252</strong> / Juin 2009
Tailles comparées<br />
d'une vertèbre<br />
de Titanoboa<br />
(à droite) <strong>et</strong> de celle<br />
d'un anaconda<br />
de 5,20 mètres.<br />
Athena <strong>252</strong> / Juin 2009<br />
Info-Bio<br />
Fatalité<br />
épigénétique<br />
Ce n'est pas neuf: les abuseurs d'enfants<br />
sont souvent des adultes qui ont euxmêmes<br />
été abusés dans l'enfance. Un lien<br />
existerait-il vraiment ? On serait tenté de le<br />
croire <strong>et</strong> le plus surprenant est que ce lien n’est<br />
pas uniquement comportemental, mais qu'il est<br />
- peut-être aussi - inscrit dans les gènes…<br />
Des expériences menées chez le rat ont consisté<br />
à priver des jeunes de l'attention maternelle.<br />
Résultat: un dépôt de radicaux méthyles à un<br />
endroit particulier du gène qui régule l'eff<strong>et</strong> du<br />
stress. Ce dernier est lié au fonctionnement d'un<br />
axe neuroendocrinien qui, piloté par des centres<br />
cérébraux, contrôle la fonction des glandes surrénales,<br />
précisément productrices de l'«hormone<br />
de stress».<br />
Le plus long,<br />
le plus lourd aussi…<br />
Avec le Gigantophis garstini découvert il y a quelques années dans le Nord de<br />
l'Afrique, on pensait détenir le fossile du plus grand serpent qui n’ait jamais vécu<br />
sur notre Terre. Long de 9 à 10 mètres, il devait en eff<strong>et</strong> faire figure d'épouvantail.<br />
Mais il vient tout de même d'être détrôné par plus grand <strong>et</strong> plus gros que lui. Titanoboa<br />
cerrejonensis, le bien nommé, dont une trentaine d'exemplaires ont été exhumés d'une<br />
strate fossilifère de Colombie, comptait en eff<strong>et</strong> 120 vertèbres <strong>et</strong> mesurait 13 mètres de<br />
long. Poids évalué: 1 tonne…<br />
Proche des anacondas, pythons <strong>et</strong><br />
boas contemporains, il vivait vraisemblablement<br />
dans l'eau des rivières,<br />
à l'ombre des forêts tropicales<br />
humides <strong>et</strong> ombrophiles. Autre<br />
réalité suspectée: la température<br />
devait être élevée pour perm<strong>et</strong>tre à<br />
ce géant d'assurer son métabolisme;<br />
une température vraisemblable de<br />
30 °C, voire davantage. Qu'on se rassure:<br />
il vivait il y a 60 millions d'années sans doute; <strong>et</strong> s'il reste des anacondas de<br />
grande taille aujourd'hui, ceux-ci ne dépassent normalement pas 7 mètres. Ce qui,<br />
toute proportion gardée, n'est pas anodin non plus ! Nature 2009; 457: 715-718.<br />
482<br />
Soucieux de savoir si ce type de modification<br />
génique pouvait être r<strong>et</strong>rouvé chez l'homme, des<br />
scientifiques ont sélectionné trois cohortes de<br />
patients; une première faite d'individus sexuellement<br />
abusés dans l'enfance <strong>et</strong> qui se sont suicidés,<br />
une seconde constituée d'individus non abusés<br />
mais également morts par suicide <strong>et</strong> une<br />
troisième, regroupant des individus décédés pour<br />
d'autres causes. Résultat de l'étude: les modifications<br />
r<strong>et</strong>rouvées chez les ratons le sont aussi <strong>et</strong> de<br />
façon apparemment exclusive chez les hommes<br />
du premier groupe.<br />
C<strong>et</strong>te découverte, qui demande sans doute<br />
confirmation, est riche d'informations. La première<br />
est que l'abus dans l'enfance accroît l'état<br />
permanent de stress. Une deuxième est que c<strong>et</strong><br />
accroissement est inscrit dans un gène au moins<br />
<strong>et</strong> qu'il peut l'être de façon durable; la troisième<br />
tient enfin au fait que c<strong>et</strong>te modification est épigénétique,<br />
un mode d«'interprétation» de l'action<br />
des gènes dont il est tant question depuis<br />
quelques années <strong>et</strong> qui peut expliquer bien des<br />
choses dans notre fonctionnement, tant métabolique<br />
que psychique. Le gène reste inchangé;<br />
simplement, le dépôt à un ou l'autre endroit-clé<br />
de radicaux - souvent méthyles - peut en moduler<br />
la transcription par excès ou par défaut <strong>et</strong> de<br />
façon durable ou non.<br />
Voilà donc un comportement qui se trouve des<br />
racines épigénétiques; ce n'est pas le premier du<br />
genre. Mais à l'évidence, ce n'est certainement<br />
pas le dernier non plus… Science, 2009; 323:<br />
1151.<br />
Jean-Michel DEBRY<br />
j.m.debry@skyn<strong>et</strong>.be
483<br />
Dico-Bio<br />
Perturbateurs<br />
endocriniens, m. plur.<br />
Tous les êtres vivants, des plus simples aux<br />
plus complexes, sont obligatoirement<br />
confrontés à un environnement qui leur<br />
est propre. Ils entr<strong>et</strong>iennent avec lui des interrelations<br />
parfois multiples grâce auxquelles - ou<br />
à cause desquelles - ils ont développé des systèmes<br />
métaboliques d’exploitation ou de défense.<br />
La régulation d’un être vivant - <strong>et</strong> en particulier<br />
celle des plus complexes - repose sur un subtil<br />
équilibre qui fait intervenir des systèmes très<br />
élaborés avec des réactions en cascades où des<br />
molécules souvent très spécialisées - hormones,<br />
enzymes, <strong>et</strong>c. - opèrent un contrôle multiple <strong>et</strong><br />
réciproque. C<strong>et</strong> équilibre peut évoluer dans le<br />
temps: la croissance, la maturation sexuelle sont<br />
des exemples que nous connaissons bien. Ils<br />
sont en principe bien régulés <strong>et</strong> génétiquement<br />
programmés. Ils peuvent aussi connaître des<br />
modifications volontaires <strong>et</strong> souhaitées - la<br />
prise de médicaments en est un exemple - ou<br />
non souhaitées, mais consenties: une cuite, un<br />
excès alimentaire, <strong>et</strong>c.<br />
Mais il existe aussi un nombre apparemment<br />
croissant de substances auxquelles les organismes<br />
vivants sont confrontés. Leur rôle est généralement<br />
sournois puisqu’on ignore leur existence<br />
<strong>et</strong> surtout leurs eff<strong>et</strong>s possibles. C<strong>et</strong>te<br />
réalité est renforcée par le fait qu’ils contribuent<br />
à un environnement auquel le vivant peut difficilement<br />
se soustraire comme l’eau pour un<br />
poisson ou l’air pour un humain. Ces substances<br />
peuvent être d’occurrence tout à fait naturelle;<br />
mais elles peuvent aussi être issues de l’activité<br />
humaine, quelle qu’elle soit: industrielle, agricole<br />
ou domestique au sens large. Beaucoup<br />
sont ignorées par les organismes vivants - à des<br />
degrés divers, toutefois, en fonction de leur<br />
complexité - qui ont développé des systèmes de<br />
défense ou qui n’ont pas de récepteurs adaptés<br />
à leur reconnaissance. En revanche, il s’en<br />
trouve qui, en raison de leur composition ou de<br />
leur structure moléculaire, peuvent interférer de<br />
façon spécifique avec l’un ou l’autre processus<br />
vivant. On les désigne par le terme générique<br />
d’exobiotiques.<br />
Parmi eux se trouve une gamme de produits<br />
d’origines <strong>et</strong> de natures très différentes qui ont<br />
la particularité de mimer l’action spécifique des<br />
hormones. Puisqu’ils peuvent en modifier la<br />
fonction de manière inattendue, on les appelle<br />
les perturbateurs - ou dérégulateurs - endocriniens<br />
(PE).<br />
De quels troubles s’agit-il ?<br />
Pour la simplicité, on peut ramener la problématique<br />
à l’humain; mais il est clair qu’elle a des<br />
répercussions chez tous les organismes qui ont<br />
une régulation endocrine. La presse rapporte du<br />
reste à termes réguliers des anomalies observées<br />
chez des poissons, des reptiles, des mammifères,<br />
confrontés bien malgré eux à ces PE.<br />
Puisqu’il existe un risque de perturbation de la<br />
régulation hormonale, voyons où celle-ci intervient.<br />
Globalement, c’est à tous les niveaux: en<br />
matière de croissance, de reproduction, de développement,<br />
de mise à disposition des ressources<br />
énergétiques, bref, de tout ce qui concerne<br />
l’«environnement interne». Les «cibles» de ces<br />
perturbateurs inattendus sont donc multiples.<br />
Mais ce n’est pas encore tout puisque leur action<br />
peut aller en sens divers. Il peut en eff<strong>et</strong> aller<br />
dans celui d’un mimétisme de l’hormone, d’une<br />
inhibition ou d’une modulation de sa synthèse <strong>et</strong><br />
Mouvement<br />
pour le droit <strong>et</strong><br />
le respect<br />
des générations<br />
futures (FR).<br />
Plusieurs dossiers<br />
sur les pesticides<br />
dans l'alimentation.<br />
http://www.mdrgf.<br />
org/index.html<br />
Athena <strong>252</strong> / Juin 2009
Athena <strong>252</strong> / Juin 2009<br />
Dico-Bio<br />
de son fonctionnement. C’est dire à quel point<br />
des agents perturbateurs peuvent imprimer, surtout<br />
«à bas bruit» <strong>et</strong> sur le long terme, des anomalies<br />
souvent subtiles du métabolisme dont il<br />
est difficile de percevoir la cause.<br />
Nos cellules possèdent également, sur leur<br />
membrane, des «récepteurs orphelins»; ce sont<br />
des molécules qui n’ont a priori pas de rôle<br />
fonctionnel précis mais auxquelles des composés<br />
exogènes qui arrivent jusque-là peuvent<br />
venir se fixer. C<strong>et</strong>te juxtaposition opportuniste<br />
ou accidentelle peut ensuite donner lieu à une<br />
cascade de réactions qui peuvent interférer avec<br />
le bon fonctionnement des cellules concernées.<br />
Tout ce qui précède apparaît sans aucun doute<br />
assez théorique. Pourtant, on va le voir, nous<br />
sommes littéralement cernés par ces perturbateurs<br />
qui se r<strong>et</strong>rouvent dans l’eau que l’on boit,<br />
la nourriture que l’on consomme <strong>et</strong> l’air que<br />
l’on respire. Le plus souvent en très p<strong>et</strong>ite quantité<br />
évidemment, mais dans certains cas, de<br />
façon durable <strong>et</strong> cumulative. Et, dans tous les<br />
cas ou presque, il est difficile sinon impossible<br />
de s’y soustraire.<br />
Quelques exemples<br />
Un premier exemple «historique» est celui du<br />
DDE. De quoi s’agit-il ? Du premier produit de<br />
dégradation du DDT, un pesticide organochloré<br />
largement utilisé dans le monde, mais interdit<br />
en Europe depuis 1972. Ce DDT a deux avantages<br />
au moins qui lui ont valu son utilisation<br />
planétaire: il est efficace <strong>et</strong> bon marché. Il a en<br />
revanche quelques défauts dont on n’a pas pris<br />
conscience d’emblée mais qui prennent toute<br />
leur importance: il se fixe durablement aux<br />
graisses corporelles <strong>et</strong>, en ce qui concerne son<br />
métabolite DDE, il agit comme anti-androgène.<br />
Autrement dit, il réduit l’efficacité des hormones<br />
mâles. Pour ce qui est de la fixation durable,<br />
elle n’est pas anodine: comme tous les pesticides<br />
organochlorés (qui incluent donc des atomes<br />
de chlore), ils ont une demi-vie estimée à<br />
50 ans <strong>et</strong> peuvent donc pratiquement subsister<br />
cent ans dans un organisme. Une affaire qui ne<br />
concerne que les centenaires ? Pas uniquement:<br />
du DDE peut être transmis aux nourrissons par<br />
484<br />
le lait maternel (riche en graisses, comme on le<br />
sait) <strong>et</strong> passer de c<strong>et</strong>te façon le cap des générations.<br />
On l’a dit, ce genre d’actions est à la fois<br />
sournois <strong>et</strong> subtil.<br />
Et que peut-il arriver ? Tout dépend de l’âge de<br />
l’individu qui y est confronté. En première<br />
ligne, ce produit concerne préférentiellement<br />
les hommes ou les garçons, encore que l’équilibre<br />
entre les hormones mâles <strong>et</strong> femelles est<br />
étroit, lui aussi, quelques simples modifications<br />
moléculaires perm<strong>et</strong>tant de passer des unes aux<br />
autres.<br />
Il existe toutefois un âge auquel on ne pense pas<br />
a priori parce qu’on l’imagine à l’écart de ce<br />
genre de problématique: celui qui correspond<br />
au développement embryonnaire. Or, c’est celui<br />
pour lequel les risques sont les plus grands:<br />
entre la 6 e <strong>et</strong> la 20 e semaine de développement,<br />
les organes sexuels - <strong>et</strong> en particulier les testicules<br />
- se m<strong>et</strong>tent en place sous l’eff<strong>et</strong> de gradients<br />
hormonaux <strong>et</strong> protéiques qui reposent sur<br />
des concentrations moléculaires particulièrement<br />
faibles.<br />
On aura compris qu’une modification même<br />
faible de ces gradients par un perturbateur<br />
externe, peut induire des anomalies. Et c’est<br />
effectivement ce qu’on observe dans la réalité.<br />
Depuis une quarantaine d’années, on assiste en<br />
eff<strong>et</strong> à une réduction de la qualité du sperme<br />
humain, un peu partout dans le monde; une<br />
réduction mise en évidence chez des adultes qui<br />
ont acquis c<strong>et</strong>te dérégulation à un moment où<br />
leur future mère prenait à peine conscience - à 6<br />
semaines - qu’elle était enceinte…<br />
D’autres substances encore<br />
L’exemple de ce pesticide est emblématique<br />
dans la mesure où nombre de substances à ranger<br />
dans ce groupe (herbicides, fongicides,<br />
insecticides) ont des fonctions perturbatrices<br />
hormonales reconnues. Pour utiles qu’elles<br />
puissent être, on conviendra qu’elles ont aussi<br />
des eff<strong>et</strong>s masqués dont il faut prendre conscience<br />
<strong>et</strong> qui devraient mener à une utilisation<br />
rationnelle <strong>et</strong> raisonnée. Certains professionnels<br />
de l’agriculture ou de l’horticulture ont une<br />
hypofertilité qui doit son origine à une exposition<br />
régulière ou prolongée à ces produits.<br />
Les pesticides ne sont toutefois pas les seuls à<br />
perturber la régulation hormonale. C’est aussi le<br />
cas de composants majeurs des matières plastiques<br />
(les phtalates, par exemple), de produits<br />
de l’industrie (dioxines, PCB, effluents industriels<br />
divers) ou des composés à eff<strong>et</strong> détergent.<br />
On peut y ajouter les effluents domestiques<br />
- qui contiennent des hormones naturelles ou de
synthèse - ainsi que des substances d’origine<br />
tout à fait naturelle. À ce dernier titre, on peut<br />
par exemple citer les flavonoïdes présents dans<br />
le trèfle <strong>et</strong> qui ont déjà induit quelques modifications<br />
du tractus génital chez des moutons qui<br />
en consommaient un peu trop…<br />
Les PE nés de l’industrie ont parfois des origines<br />
assez étranges. On a par exemple remarqué<br />
- ce cas a été très scientifiquement étudié - que<br />
des poissons femelles de l’espèce Gambusia<br />
holbrooki vivant en aval d’un effluent de pap<strong>et</strong>erie,<br />
présentaient toutes les apparences du<br />
mâle, comportement compris. On a évidemment<br />
cherché à en connaître la cause. Comme<br />
on va le voir, elle est très indirecte. Le rej<strong>et</strong> de<br />
c<strong>et</strong>te industrie qui transforme le bois contient<br />
très logiquement un produit d’origine végétale,<br />
le stigmastérol, équivalent de notre cholestérol.<br />
Or, il se trouve que dans la rivière où les eaux<br />
usées étaient déversées, se trouvaient des colonies<br />
de Mycobacterium smegmatis qui ont<br />
métabolisé le stigmastérol <strong>et</strong> ont rej<strong>et</strong>é massivement<br />
un produit de dégradation, l’androstène<br />
dione qui n’est autre qu’un androgène puissant…<br />
Rien n’est donc simple en matière environnementale<br />
où tout type d’interaction est évidemment<br />
possible.<br />
La liste n’est pas close<br />
Autres produits souvent évoqués dans le registre<br />
des PE: des composés des matières plastiques<br />
<strong>et</strong>, parmi eux, les phtalates. Il s’agit de<br />
produits simples, très proches par leur structure<br />
moléculaire des huiles végétales. Ils n’ont pas<br />
de toxicité intrinsèque <strong>et</strong> contribuent - très largement<br />
- à conférer aux matières plastiques leur<br />
souplesse. On en produit <strong>et</strong> utilise donc de très<br />
grandes quantités. Il s’en r<strong>et</strong>rouve dans des<br />
plastiques d’usage alimentaire (flacons, ustensiles<br />
divers, feuill<strong>et</strong>s à l’intérieur des boîtes à<br />
conserve) mais aussi dans des jou<strong>et</strong>s, des vernis<br />
<strong>et</strong> peintures <strong>et</strong> dans une foule d’autres produits<br />
comme par exemple le vernis à ongles. Ils sont<br />
également utilisés comme lubrifiants, y compris<br />
dans un usage médical. Il a toutefois été démontré,<br />
à l’occasion d’expériences menées chez<br />
l’animal, que ces phtalates peuvent s’avérer<br />
mutagènes <strong>et</strong> toxiques pour la reproduction<br />
masculine. Pour ces raisons, la Commission<br />
européenne en a réduit l’utilisation dans l’industrie<br />
du jou<strong>et</strong>.<br />
Parmi les autres PE d’utilisation quotidienne<br />
pour l’humain: certains composants de lessives<br />
ou de savons dont la composition est souvent<br />
complexe <strong>et</strong>, sans doute, bien d’autres produits<br />
pour lesquels aucune fonction perturbatrice n’a<br />
encore été mise en évidence mais qui risque d'apparaître<br />
à la faveur d'un examen circonstancié.<br />
485<br />
Dico-Bio<br />
Leur eff<strong>et</strong> perturbateur s’arrête-t-il là ? Pas toujours,<br />
malheureusement. Pour certains d’entre<br />
eux les dysfonctionnements induits, surtout<br />
s’ils se marquent dans la durée, peuvent mener<br />
à des altérations <strong>et</strong> désordres divers; de l’ostéoporose<br />
au cancer, d’ulcères à la modification de<br />
certains tissus, dont la peau fait partie.<br />
On l’aura compris, c’est un peu la «chimie» qui<br />
est en cause. Mais elle nous environne, nous<br />
sert, fait définitivement partie d’une «qualité de<br />
vie» à laquelle nous souscrivons globalement,<br />
fût-ce involontairement. Il nous appartient évidemment<br />
de rester attentifs, à n’abuser de rien;<br />
bref, à être des consommateurs responsables.<br />
Cela ne supprimera pas tous les risques (il faut<br />
bien respirer <strong>et</strong> s’alimenter), mais au moins,<br />
cela contribuera à les réduire.<br />
Questions / réponses<br />
Mais c’est fou, ça, le danger est partout !<br />
C’est sans doute un peu vrai, mais il faut<br />
le relativiser. Les concentrations sont généralement<br />
faibles, ces substances ne sont pas présentes<br />
partout à des concentrations perceptibles <strong>et</strong><br />
nous ne sommes pas égaux non plus face à ces<br />
«agressions» environnementales. Ceci dit, il est<br />
question uniquement d’une classe de produits<br />
qui ont des activités «endocriniennes» - ou hormonales<br />
- communes; on peut y ajouter celles<br />
qui sont cancérigènes, mutagènes, <strong>et</strong>c. qui ne<br />
sont pas forcément les mêmes !<br />
Mais c’est l’enfer ! Non, il ne faut tout de<br />
même pas exagérer ! La nature ellemême<br />
n’est pas exempte de dangers. Le soleil<br />
- ou plus exactement une exposition prolongée<br />
à ses rayons - peut mener au déclenchement du<br />
cancer de la peau (le redoutable mélanome) <strong>et</strong><br />
le radon, généreusement restitué par le socle<br />
schisteux de l’Ardenne <strong>et</strong> de bien d’autres<br />
endroits du globe, est aussi un cancérigène en<br />
fonction de sa radioactivité !<br />
Nous sommes donc exposés en permanence à<br />
des substances diverses qui ne sont pas forcément<br />
sans eff<strong>et</strong> sur notre santé. Il faut le savoir,<br />
s’en prémunir autant qu’il est possible <strong>et</strong> faire<br />
avec. On n’a pas trop le choix; <strong>et</strong> il faut surtout<br />
éviter de sombrer dans la paranoïa ! Pour mémoire,<br />
le risque de contracter un cancer est bien<br />
plus grand si on fume que si on est exposé à<br />
certains «polluants» cancérogènes ! Mais on<br />
s’écarte des perturbateurs endocriniens…<br />
Dropdata (EN)<br />
Pour une<br />
utilisation<br />
raisonnée<br />
des pesticides<br />
http://www.<br />
dropdata.org/<br />
Athena <strong>252</strong> / Juin 2009
Athena <strong>252</strong> / Juin 2009<br />
Dico-Bio<br />
Rien de ce qu’on mange n’est sans<br />
danger ? Je n’ai pas dit ça ! Il faut toutefois<br />
se rappeler que ce qui vient des productions<br />
«industrielles» a généralement subi des traitements<br />
pesticides divers <strong>et</strong>, de tous les fruits <strong>et</strong><br />
légumes, le raisin est apparemment celui qui en<br />
a le plus accumulé. Il a notamment reçu de la<br />
vinclozoline - un fongicide - qui est un perturbateur<br />
endocrinien reconnu. Quel que soit le<br />
légume ou le fruit que vous consommez - sauf<br />
s’il vient de votre potager <strong>et</strong> que vous en avez<br />
intégralement assumé la production sans «produit»<br />
ajouté - vous devez le laver abondamment<br />
<strong>et</strong>, tant qu’à faire, le peler. Toujours. Les fruits<br />
<strong>et</strong> légumes attirent naturellement les insectes<br />
qui viennent y pondre leurs œufs <strong>et</strong> perm<strong>et</strong>tre à<br />
leurs larves de s’y développer. S’il n’y a aucune<br />
trace d’attaque, c’est que le traitement pesticide<br />
a été effectué <strong>et</strong> qu’il s’est montré efficace.<br />
Et l’eau ? On dit que des poissons changent<br />
de sexe ? Ce n’est pas faux, mais il faut<br />
également nuancer. D’abord, l’eau de surface<br />
n’est pas celle qu’on boit. En général en tout<br />
cas. Il faut donc faire la part des choses entre<br />
l’eau de surface, l’eau des nappes <strong>et</strong> celle que<br />
l’on consomme, qui est parfois la même que la<br />
précédente. L’eau de surface est effectivement<br />
celle dans laquelle on a vu des poissons, des<br />
batraciens changer de sexe ou, en tout cas, participer<br />
à des populations où un des deux sexes<br />
est apparu particulièrement majoritaire. J’en ai<br />
évoqué un exemple surprenant avec des<br />
effluents de pap<strong>et</strong>eries. Ce qui est vrai pour de<br />
p<strong>et</strong>its poissons n’est pas forcément à rapporter à<br />
l’homme comme certains le font parfois un peu<br />
vite. Une question de taille, d’abord, <strong>et</strong> d’équilibre<br />
hormonal, ensuite; des espèces notamment<br />
aquatiques sont naturellement hermaphrodites,<br />
c’est–à-dire qu’elles possèdent les deux<br />
sexes <strong>et</strong> peuvent passer de l’un à l’autre pour<br />
des raisons «sociales» au sein de leur population,<br />
ou suite à des variations thermiques,<br />
notamment. 10% des espèces vivant dans l’eau<br />
seraient dans ce cas.<br />
Des perturbateurs endocriniens peuvent donc<br />
modifier l’équilibre des sexes au sein des populations<br />
comme cela a été observé chez le sau-<br />
486<br />
mon Chinookn, au Nord canadien en particulier,<br />
<strong>et</strong> on a incriminé les hormones sexuelles humaines<br />
qui se r<strong>et</strong>rouvent dans les eaux usées. Il<br />
existe sans doute bien d’autres cas de ce genre<br />
qui restent à découvrir. Tant que l’ensemble des<br />
populations d’une espèce n’est pas menacé, ce<br />
n’est pas fondamentalement dramatique; ce<br />
sont toutefois des signaux qu’il faut percevoir <strong>et</strong><br />
qui servent d’alerte ou d’avertisseur pour nous<br />
m<strong>et</strong>tre en garde contre des problèmes plus<br />
importants qui pourraient aussi concerner l’humain.<br />
Ben oui, <strong>et</strong> l’humain, justement. On est<br />
menacés ? J’ai déjà évoqué le cas des<br />
embryons mâles dès la 6e semaine de grossesse.<br />
Il faut prévenir les futures mamans qu’elles doivent<br />
autant que possible se m<strong>et</strong>tre à l’abri de ces<br />
substances qui pourraient induire sur le long<br />
terme une réduction de la fertilité, voire des<br />
anomalies des voies génitales, comme on l’observe<br />
malheureusement de plus en plus à la<br />
naissance. Mais l’humain adulte est lui aussi à<br />
m<strong>et</strong>tre en garde; nombre d’infertilités sont à<br />
m<strong>et</strong>tre au passif de polluants professionnels<br />
parmi lesquels les pesticides en tous genres se<br />
taillent une part importante; des études l’ont<br />
montré, ainsi que l’expérience de centres de<br />
procréation assistée qui «récupèrent» ces cas<br />
d’infertilité dans leur pratique. On sait aussi<br />
- d’autres études l’ont mis en évidence - qu’un<br />
lien étroit existe entre certains de ces pesticides<br />
<strong>et</strong> la survenue de cancers, en particulier chez<br />
des enfants.<br />
P<br />
ratiquement, il faut faire quoi, alors ?<br />
Tout simplement être mesuré dans l’emploi<br />
de tous ces produits d’utilisation courante<br />
dont on ne maîtrise pas toujours les eff<strong>et</strong>s. Les<br />
protections recommandées (port de gants, de<br />
masque) ne sont pas du luxe. Et puis on peut<br />
changer ses habitudes. Croquer une pomme est<br />
un plaisir recommandé… mais il faut penser à<br />
l’éplucher auparavant, sauf si elle vient du verger<br />
dont on maîtrise la gestion sans pesticide,<br />
bien entendu. À titre de simple exercice, regardez<br />
aussi au dos du flacon de savon liquide que<br />
vous utilisez sans doute quotidiennement par<br />
facilité <strong>et</strong> parce qu’il sent bon le frais: pensezvous<br />
maîtriser les eff<strong>et</strong>s de la vingtaine de constituants<br />
qui le composent ? Autant vous le dire:<br />
il y a des candidats perturbateurs endocriniens<br />
parmi eux !<br />
La vigilance est donc de mise, au même titre<br />
que la mesure dans l’utilisation. Et quand vous<br />
lirez l’étiqu<strong>et</strong>te des produits que vous envisagez<br />
d’ach<strong>et</strong>er, ne vous contentez plus dorénavant<br />
d’y consulter le seul prix !<br />
Jean Michel DEBRY<br />
j.m.debry@skyn<strong>et</strong>.be
Dualisme cartésien :<br />
mort ou vif ?<br />
En ayant mis le doigt sur certains substrats cérébraux de la conscience, la neuroimagerie<br />
fonctionnelle devait avoir sonné le glas du dualisme cartésien. Pourtant, ce qu'Antonio Damasio<br />
appelle «l'erreur de Descartes», l'idée d'un esprit immatériel extérieur au corps,<br />
conserve encore de nombreux partisans, ainsi que l'a montré récemment une étude<br />
de Steven Laureys, de l'Université de Liège<br />
En 1983 déjà, Jean-Pierre Changeux écrivait<br />
dans L'homme neuronal: «L'identité<br />
entre états mentaux <strong>et</strong> états physiologiques<br />
ou physicochimiques du cerveau s'impose<br />
en toute légitimité.» Depuis, les études par<br />
imagerie cérébrale fonctionnelle se sont multipliées<br />
<strong>et</strong> chacune d'elles a apporté sa pierre à la<br />
corroboration de c<strong>et</strong>te thèse. A priori, le dualisme<br />
cartésien est mort, puisque tout indique<br />
que l'esprit n'émane pas d'une substance immatérielle<br />
extérieure au corps. La science moderne<br />
rejoint donc les conceptions matérialistes des<br />
philosophes des Lumières. Pour Diderot <strong>et</strong> le<br />
baron d'Holbach, par exemple, l'esprit est une<br />
propriété du cerveau. Et comme ce dernier<br />
obéit, selon eux, aux lois du déterminisme naturel,<br />
il ne peut exister de volonté libre. Il faut<br />
donc glisser la croyance en un libre arbitre dans<br />
le même cercueil que le spiritualisme. Dans son<br />
Système de la nature, le baron d'Holbach écrit:<br />
«Notre vie est une ligne que la nature nous<br />
ordonne de suivre à la surface de la Terre sans<br />
jamais pouvoir nous en écarter un instant.»<br />
Aujourd'hui, les tenants du déterminisme sont<br />
assez nombreux parmi les neuroscientifiques.<br />
De ceux qui s'efforcent de sauver l'idée d'un<br />
libre arbitre, tel le prix Nobel Gerald Edelman,<br />
le philosophe Jean-Noël Missa, de l'Université<br />
libre de Bruxelles, dit qu'ils se réfugient derrière<br />
un matérialisme inconséquent. Edelman,<br />
par exemple, parle d'une conscience primaire <strong>et</strong><br />
d'une conscience supérieure, à laquelle l'homme<br />
accéderait grâce au langage. Celui-ci engendrerait<br />
un phénomène de distanciation laissant<br />
entrevoir une échappatoire au double déterminisme<br />
génétique <strong>et</strong> épigénétique - l'imprégnation<br />
de notre tissu cérébral même par notre<br />
«histoire» individuelle -, ce qui perm<strong>et</strong>trait<br />
d'imaginer un véritable processus d'autodéter-<br />
mination. Pour beaucoup, cependant,<br />
il s'agit d'une solution ad<br />
hoc greffée par Edelman sur son<br />
modèle général de la sélection<br />
des groupes neuronaux (le «darwinisme<br />
neuronal», selon sa<br />
propre terminologie). «Sur la<br />
question du langage <strong>et</strong> de la<br />
conscience supérieure, Edelman<br />
éveille l'idée d'un magicien faisant<br />
sortir un lapin de son chapeau»,<br />
dit Jean-Noël Missa.<br />
Théâtre cartésien<br />
Dans ses Méditations métaphysiques,<br />
Descartes explique que<br />
l'esprit, «chose pensante» <strong>et</strong> non<br />
étendue, est une substance distincte<br />
du corps, «chose étendue»<br />
<strong>et</strong> qui ne pense point. Il affirme<br />
par ailleurs que ces deux entités<br />
agissent l'une sur l'autre selon des relations causales.<br />
D'où c<strong>et</strong>te question essentielle: comment<br />
un esprit immatériel peut-il influer de quelque<br />
manière sur un corps matériel, <strong>et</strong> vice-versa ?<br />
Pour contourner c<strong>et</strong> écueil, Descartes suggère<br />
que l'esprit des êtres animés interagit avec le<br />
corps au niveau d'un centre spécifique du cerveau,<br />
la glande pinéale (ou épiphyse), qui serait<br />
le siège de la conscience. De la sorte, il ne fait<br />
néanmoins que repousser le problème, la solution<br />
proposée encourant la même critique que<br />
l'assertion initiale.<br />
Par la suite, d'autres localisations spécifiques<br />
furent proposées en tant que «centre» de la<br />
conscience: notamment la formation réticulée<br />
ou les lobes frontaux. Dans c<strong>et</strong>te approche<br />
487<br />
Steven Laureys,<br />
maître de recherches<br />
au FNRS,<br />
responsable<br />
du Coma Science<br />
Group au sein<br />
du Centre de<br />
recherches<br />
du cyclotron<br />
de l'ULg <strong>et</strong><br />
du service<br />
de neurologie<br />
du CHU de Liège.<br />
Courriel:<br />
steven.laureys@<br />
ulg.ac.be<br />
Athena <strong>252</strong> / Juin 2009
Jean-Noël Missa,<br />
professeur<br />
à l'ULB.<br />
(1) Dualism<br />
Persists in the<br />
Science of Mind,<br />
par Athena<br />
Demertzi,<br />
Charlene Liew,<br />
Didier Ledoux,<br />
Marie-Aurélie<br />
Bruno,<br />
Michael Sharpe,<br />
Steven Laureys <strong>et</strong><br />
Adam Zeman, dans<br />
Annals of the New<br />
York Academy of<br />
Sciences, 2009.<br />
Science <strong>et</strong> philosophie<br />
Athena <strong>252</strong> / Juin 2009<br />
qu'un de ses plus fervents opposants, le philosophe<br />
américain Daniel C. Denn<strong>et</strong>t, de Tust<br />
University, qualifie de «théâtre cartésien», une<br />
structure cérébrale bien définie «prendrait<br />
connaissance» de l'ensemble<br />
des activités mentales de l'individu,<br />
en réaliserait l'intégration<br />
<strong>et</strong> produirait ce qui nous apparaît<br />
subjectivement comme<br />
unifié <strong>et</strong> cohérent. Or on sait<br />
aujourd'hui que la conscience<br />
ne dépend pas d'une zone de<br />
convergence ultime. Au contraire,<br />
la plupart des théories la<br />
décrivent comme un phénomène<br />
émergent m<strong>et</strong>tant en jeu<br />
différentes régions cérébrales.<br />
C'est en eff<strong>et</strong> au concept d'une<br />
«conscience distribuée» à l'échelon<br />
de ses soubassements<br />
neuroanatomiques qu'ont conduit<br />
divers travaux d'imagerie<br />
cérébrale fonctionnelle, dont<br />
ceux de Steven Laureys, maître<br />
de recherches au Fonds national<br />
de la recherche scientifique<br />
(FNRS), responsable du Coma<br />
Science Group au sein du<br />
Centre de recherches du cyclotron<br />
(CRC) de l'Université de<br />
Liège (ULg) <strong>et</strong> du service de<br />
neurologie du Centre hospitalier universitaire<br />
(CHU) de Liège.<br />
Quatre questions<br />
À la lumière des avancées des neurosciences, il<br />
semble légitime de considérer que la conscience<br />
est enracinée dans des processus biologiques,<br />
lesquels, cependant, ne pourront sans doute<br />
jamais rendre compte de toute la richesse des<br />
expériences intérieures. Toutefois, encore fautil<br />
s'entendre sur les mots car, s'agissant de la<br />
conscience, «tous les débats sont obscurcis par<br />
l'usage polysémique du terme», ainsi que le faisait<br />
remarquer Jacques Paillard dans sa contribution<br />
au Traité de psychologie expérimentale<br />
publié en 1994 aux Presses universitaires de<br />
France. Est-elle assimilable à toute forme de<br />
pensée ? À l'identité personnelle ? À la subjectivité<br />
qui conduit chacun d'entre nous à éprouver<br />
des sensations qui lui sont propres ?... Nous<br />
l'assimilerons à la notion intuitive que nous en<br />
avons, c'est-à-dire à ce qui constitue notre vie<br />
mentale au carrefour de nos perceptions, de nos<br />
sensations, de nos raisonnements <strong>et</strong> jugements,<br />
de la planification de nos actions. Pour Descartes,<br />
l'esprit est conscience par définition («Je<br />
pense, donc je suis»). Nous considérerons aussi<br />
ces deux termes comme synonymes dans nos<br />
développements ultérieurs.<br />
488<br />
Le dualisme cartésien est-il vraiment mort sur<br />
l'autel des neurosciences ? On aurait pu l'imaginer,<br />
mais nombreux sont ceux qui adhèrent<br />
encore de nos jours à l'idée d'une scission entre<br />
le cerveau <strong>et</strong> l'esprit. Steven Laureys s'est particulièrement<br />
intéressé à c<strong>et</strong>te situation après<br />
avoir pris connaissance des résultats d'une étude<br />
réalisée en 2005 à l'Université d'Édimbourg<br />
sous la direction du neurologue Adam Zeman,<br />
actuellement professeur à la Peninsula Medical<br />
School, à Ex<strong>et</strong>er. Éléments cardinaux de ce travail,<br />
quatre questions posées à 250 étudiants<br />
issus de huit disciplines académiques différentes:<br />
anthropologie (33), astrophysique (19),<br />
ingénierie civile (32), informatique (30), théologie<br />
(36), médecine (30), ingénierie mécanique<br />
(34), physique (36). À la première question:<br />
«L'esprit <strong>et</strong> le cerveau sont-ils deux choses<br />
séparées ?», 67% des étudiants répondirent oui.<br />
La deuxième: «L'esprit dépend-il fondamentalement<br />
des lois de la physique ?», ne recueillit<br />
quant à elle que 36% d'avis positifs. Troisième<br />
question: «Une part spirituelle de nous survitelle<br />
après la mort ?» Septante pour cent de<br />
réponses affirmatives. Enfin, 65% des étudiants<br />
estimaient que chacun d'entre nous possède une<br />
âme séparée du corps.<br />
À la fin de chacune de ses conférences, Steven<br />
Laureys avait pris l'habitude de soum<strong>et</strong>tre un<br />
questionnaire à son auditoire, que ce dernier fût<br />
constitué de scientifiques, de médecins ou d'un<br />
public plus large. Les questions, essentiellement<br />
d'ordre éthique, avaient trait à ce qui constitue<br />
le cœur de ses recherches <strong>et</strong> de son activité<br />
clinique de neurologue spécialisé dans les états<br />
altérés de conscience (coma, état végétatif, état<br />
de conscience minimale): le concept de mort<br />
cérébrale est-il acceptable ? Comment gérer la<br />
fin de vie des patients ? L'acharnement thérapeutique<br />
- en phase aiguë, en phase chronique<br />
- est-il admissible ? Faut-il autoriser l'euthanasie<br />
? «Les résultats présentés par Adam<br />
Zeman m'ont interpellé, de sorte que j'ai inclus<br />
dans mon questionnaire les quatre questions<br />
qu'il avait abordées dans le sien, dit Steven<br />
Laureys. En eff<strong>et</strong>, au-delà de leur intérêt purement<br />
théorique (le dualisme face à l'explication<br />
scientifique de la conscience), les réponses à<br />
ces questions influent sur les choix qu'opèrent<br />
chercheurs, médecins, infirmières <strong>et</strong> psychologues<br />
dans les domaines des méthodes de<br />
recherche expérimentale, des options thérapeutiques<br />
<strong>et</strong> de la prise en charge médicale des<br />
patients.»<br />
Pour l'heure, plus de quatre mille personnes se<br />
sont exprimées à l'issue des conférences données<br />
en Europe <strong>et</strong> aux États-Unis par le responsable<br />
du Coma Science Group de l'ULg. Publié<br />
en 2009 par Annals of the New York Academy of<br />
Sciences, un article intitulé Dualism Persists in
the Science of Mind (1) présente, compare <strong>et</strong><br />
commente les résultats des études menées à<br />
l'Université d'Édimbourg par l'équipe d'Adam<br />
Zeman, auprès de 250 étudiants, <strong>et</strong> à l'Université<br />
de Liège par le groupe de Steven Laureys<br />
(échantillon de 1 858 personnes renfermant 782<br />
professionnels de la santé, 290 travailleurs du<br />
secteur paramédical <strong>et</strong> 455 membres d'autres<br />
professions - pour 331 participants, les données<br />
relatives à l'activité professionnelle<br />
n'étaient pas disponibles).<br />
Autres caractéristiques de l'échantillon de 1 858<br />
personnes: il comportait à peu près la même<br />
proportion d'hommes <strong>et</strong> de femmes, de croyants<br />
<strong>et</strong> de non-croyants. L'âge moyen y était de 41<br />
ans (extrêmes: 16 <strong>et</strong> 85 ans).<br />
Des chiffres étonnants<br />
À l'instar de ceux collectés à Édimbourg, les<br />
résultats de l'étude belge soulignent la forte persistance<br />
d'idées dualistes, même si le trait y est<br />
moins accentué. «L'esprit <strong>et</strong> le cerveau sont-ils<br />
deux choses séparées ?»: 40% de réponses<br />
affirmatives. «L'esprit dépend-il fondamentalement<br />
des lois de la physique ?»: 39% de oui.<br />
«Une part spirituelle de nous survit-elle après<br />
la mort ?»: 37% des personnes interrogées le<br />
croient. «Chacun d'entre nous possède-t-il une<br />
âme séparée du corps ?»: réponse positive pour<br />
37% de l'échantillon.<br />
Une analyse plus fine m<strong>et</strong> en exergue que les<br />
convictions philosophiques <strong>et</strong> religieuses constituent,<br />
on ne s'en étonnera pas, le principal facteur<br />
explicatif des réponses fournies aux quatre questions<br />
posées, l'âge <strong>et</strong> le sexe ayant néanmoins<br />
également leur mot à dire. Il est révélateur que<br />
63% des croyants estiment qu'il existe une vie<br />
après la mort, contre 16% des non-croyants, <strong>et</strong><br />
que 57% du premier groupe, contre 20% du<br />
second, considère que l'être humain est titulaire<br />
d'une âme distincte du corps. «Finalement, ce qui<br />
peut surprendre, c'est que tous les croyants ne<br />
répondent pas positivement aux deux questions<br />
posées <strong>et</strong> tous les non-croyants négativement»,<br />
commente Steven Laureys.<br />
Il appert par ailleurs que les femmes sont plus<br />
dualistes que les hommes. Ainsi, 34% d'entre<br />
elles seulement se rangent à l'idée que l'esprit<br />
puisse dépendre des lois de la physique, alors<br />
que 48% des hommes le pensent.<br />
Une très vaste pal<strong>et</strong>te d'âges est représentée<br />
dans l'étude liégeoise. Elle a permis de m<strong>et</strong>tre le<br />
doigt sur un autre phénomène: les suj<strong>et</strong>s jeunes<br />
(moins de 30 ans) sont plus dualistes que les<br />
individus d'âge moyen (31-49 ans) <strong>et</strong> surtout<br />
que les «plus de 50 ans». «Les recherches en<br />
489<br />
Science <strong>et</strong> philosophie<br />
psychologie développementale suggèrent que la<br />
croyance en une conscience distincte du corps<br />
est présente dans toutes les cultures, donc universelles,<br />
<strong>et</strong> que chaque enfant “naît dualiste”»,<br />
souligne Steven Laureys.<br />
Environ la moitié des médecins (55%) <strong>et</strong> des<br />
membres des professions paramédicales (51%)<br />
ayant répondu au questionnaire proposé par le<br />
neurologue du Coma Science Group se déclaraient<br />
croyants. Les réponses recueillies auprès<br />
de ces personnes montrent que nombre d'entre<br />
elles sont animées par des convictions dualistes,<br />
avec une prépondérance dans le groupe paramédical.<br />
Si un pourcentage presque égal (de<br />
l'ordre de 40%) de médecins <strong>et</strong> de professionnels<br />
du secteur paramédical croient à une vie<br />
après la mort, les premiers ont une plus grande<br />
propension à penser que l'esprit est régi par des<br />
lois physiques (45% contre 37%); en outre, ils<br />
sont moins enclins à adhérer au concept d'une<br />
âme séparée du corps (36% contre 44%).<br />
Selon Steven Laureys, il existe plusieurs explications<br />
possibles à ces chiffres, mais il est hautement<br />
probable que le bagage scientifique soit<br />
un élément déterminant. Une étude américaine<br />
publiée dans Nature en 1998 (Leading scientists<br />
still reject God) ne révèle-t-elle pas par exemple<br />
qu'on compte moins de croyants <strong>et</strong> de dualistes<br />
parmi les membres de l'Académie nationale des<br />
sciences qu'au sein de la population générale<br />
des scientifiques ?<br />
Conscience distribuée<br />
Quoi qu'il en soit, le dualisme n'est pas mort <strong>et</strong><br />
bien qu'il paraisse de plus en plus difficile à<br />
soutenir, il garde de nombreux partisans, dont<br />
d'éminents neuroscientifiques tel Christophe<br />
Koch, professeur de biologie <strong>et</strong> ingénierie au<br />
California Institute of Technology. Steven<br />
Laureys, lui, est moniste. Tant sa pratique clinique<br />
que ses recherches en imagerie cérébrale<br />
fonctionnelle l'incitent à adopter c<strong>et</strong>te position.<br />
Il précise: «Je me réfère à des évidences scientifiques,<br />
mais je n'affirme pas pour autant qu'on<br />
a tout compris de la conscience, loin s'en faut.<br />
Dans l'état actuel des connaissances, on ne peut<br />
fermer définitivement la porte aux explications<br />
dualistes, mais il faut souligner qu'on n'a pas<br />
d'évidence scientifique en leur faveur.»<br />
Aux yeux du chercheur de l'ULg, la conscience<br />
est un phénomène qui émerge de l'activité collective<br />
d'une partie du système nerveux central.<br />
Comme la plupart des neuroscientifiques partageant<br />
son avis, il argue principalement du fait<br />
qu'il existe une masse de données issues de<br />
l'imagerie cérébrale fonctionnelle, jamais contredites,<br />
qui établissent un lien indéniable entre<br />
Athena <strong>252</strong> / Juin 2009
À gauche,<br />
Axel Cleeremans,<br />
directeur<br />
de recherches<br />
du FNRS <strong>et</strong><br />
professeur à la<br />
faculté des sciences<br />
psychologiques <strong>et</strong><br />
de l'éducation<br />
de l'ULB.<br />
À droite,<br />
Lionel Naccache,<br />
de l'unité INSERM<br />
U562 (France)<br />
de neuroimagerie<br />
cognitive.<br />
Science <strong>et</strong> philosophie<br />
Athena <strong>252</strong> / Juin 2009<br />
perception consciente <strong>et</strong> activité cérébrale.<br />
Grâce à la tomographie par émission de positons<br />
(PET) <strong>et</strong> à l'imagerie par résonance magnétique<br />
fonctionnelle (IRMf), Steven Laureys luimême<br />
a pu observer l'activité cérébrale de<br />
certains suj<strong>et</strong>s cérébrolésés dans deux situations<br />
différentes: d'abord, lorsqu'ils étaient plongés<br />
dans un état végétatif; ensuite, lorsqu'ils avaient<br />
recouvré la conscience. Dans le second cas, il<br />
constata une réactivation de plusieurs noyaux<br />
répartis dans diverses zones du cortex associatif,<br />
ainsi que de boucles thalamocorticales,<br />
c'est-à-dire de circuits m<strong>et</strong>tant en résonance le<br />
thalamus <strong>et</strong> des régions du cortex.<br />
«L'étude de Steven Laureys corrobore l'idée<br />
d'une conscience distribuée <strong>et</strong> va dans le sens<br />
des théories qui postulent que différentes<br />
assemblées neuronales peuvent sous-tendre des<br />
ensembles cohérents d'activités qui se succéderaient<br />
de façon dynamique <strong>et</strong> seraient en<br />
quelque sorte les germes de notre vie consciente»,<br />
explique Axel Cleeremans, directeur de<br />
recherches du Fonds national de la recherche<br />
scientifique (FNRS) <strong>et</strong> professeur à la faculté<br />
des sciences psychologiques <strong>et</strong> de l'éducation<br />
de l'Université libre de Bruxelles (ULB).<br />
Fort du concept d'une conscience distribuée,<br />
Daniel C. Denn<strong>et</strong>t a proposé un modèle<br />
«extrême» qu'il a baptisé «modèle des versions<br />
multiples de la conscience». Pour lui, c<strong>et</strong>te dernière<br />
ne serait qu'un épiphénomène. Dans le<br />
cerveau, une multitude de processus interpréteraient<br />
en parallèle toutes nos activités mentales.<br />
De celles qui coexisteraient à un moment<br />
donné, <strong>et</strong> donc des interprétations dont elles<br />
feraient l'obj<strong>et</strong>, émergerait un état subjectif. Au<br />
fil du temps, de tels états se succéderaient, de<br />
sorte qu'il n'y aurait pas «une» conscience, mais<br />
un enchaînement d'états de conscience.<br />
490<br />
Benjamin Lib<strong>et</strong>, de l'Université de Californie, à<br />
San Francisco, considère aussi que la conscience<br />
n'est qu'un épiphénomène nous perm<strong>et</strong>tant<br />
d'apprécier la réalité après coup. Selon lui,<br />
notre libre arbitre ne serait qu'une illusion; nous<br />
serions des automates qui exécuteraient des<br />
choix sans les dominer. Certains travaux, dont<br />
ceux de Lionel Naccache, de l'unité INSERM<br />
U562 de neuroimagerie cognitive, semblent<br />
discréditer c<strong>et</strong>te thèse. Le chercheur français<br />
décrit les boucles de rétroaction thalamocorticales<br />
comme un mécanisme d'amplification de<br />
l'attention qui perm<strong>et</strong>trait l'entrée d'une représentation<br />
donnée dans notre espace de travail<br />
conscient. Une représentation parmi beaucoup<br />
d'autres, toutes, elle y compris, générées par des<br />
processus inconscients <strong>et</strong> mises en compétition.<br />
Dans son livre Le nouvel inconscient (2),<br />
Lionel Naccache croit pouvoir formuler une<br />
autre propriété de la conscience. Lorsque l'individu<br />
y accède, il éprouverait le besoin de créer<br />
du sens. Comment ? En développant des scénarios<br />
fictionnels qui s'éloigneraient plus ou<br />
moins de la réalité froide <strong>et</strong> objective. Relativement<br />
peu si le suj<strong>et</strong> est «normal», beaucoup<br />
s'il souffre d'un désordre mental, telle une<br />
schizophrénie. Le libre arbitre reposerait alors<br />
sur une illusion première, dans la mesure où il<br />
se forgerait sur un matériau fictif, la croyance<br />
en une illusion issue de la gamme des possibles<br />
lui servant de terreau.<br />
Âme <strong>et</strong> décorporation<br />
Steven Laureys ne prend pas position dans ce<br />
débat, encore trop spéculatif à ses yeux. En<br />
revanche, il a porté récemment la contradiction<br />
au cardiologue néerlandais Pim Van Lommel,<br />
lequel tire argument des expériences proches de<br />
la mort (3) (en anglais, Near Death Experiences<br />
- NDE) pour soutenir la thèse d'une conscience<br />
(d'une âme) dissociée du<br />
corps <strong>et</strong> présente partout - dans<br />
toutes les cellules humaines. En<br />
décembre 2001, Van Lommel<br />
publiait dans The Lanc<strong>et</strong> un article<br />
intitulé Neardeath experience in<br />
survivors of cardiac arrest: a prospective<br />
study in the N<strong>et</strong>herlands<br />
(Expériences proches de la mort<br />
chez les survivants d'arrêts cardiaques:<br />
une étude prospective aux<br />
Pays-Bas). Se basant sur un échantillon<br />
de 344 survivants d'arrêts<br />
cardiaques, l'auteur entreprit d'étudier<br />
la fréquence, la cause <strong>et</strong> le<br />
contenu des expériences proches de<br />
la mort, celles-ci étant, selon la<br />
définition même de Van Lommel,<br />
des souvenirs d'impressions éprou-
vées lors d'un état modifié de conscience, <strong>et</strong> qui<br />
incluent notamment des éléments spécifiques<br />
tels que des expériences de décorporation, des<br />
sensations de bien-être, la vision d'un tunnel,<br />
d'une lumière, de proches décédés ainsi qu'un<br />
défilement de sa propre vie.<br />
«En 2007, Pim Van Lommel a écrit un livre intitulé<br />
Eindeloos bewustzijn (La conscience à l'infini),<br />
dont la traduction française paraîtra en<br />
2010 chez Robert Laffont, rapporte Steven<br />
Laureys. En fait, les développements de c<strong>et</strong><br />
ouvrage n'ont rien de scientifique <strong>et</strong> les études<br />
auxquelles se réfère son auteur sont inexistantes<br />
ou non contrôlées. Le problème est que Pim<br />
Van Lommel, qui fut essentiellement un cardiologue<br />
clinicien, se présente comme un homme<br />
de science. Véhiculant un message agréable<br />
- une âme qui survit après la mort -, ses théories<br />
rencontrent un vif succès auprès du public,<br />
avec le risque de conséquences dommageables<br />
dans les domaines du don d'organes, de<br />
l'acharnement thérapeutique <strong>et</strong> des critères de<br />
définition de la mort, laquelle, rappelons-le, est<br />
assimilée à la mort cérébrale ou, selon l'ancienne<br />
terminologie, au coma dépassé.»<br />
Laureys <strong>et</strong> Van Lommel jouent leur propre rôle<br />
dans un téléfilm (Julia's Hart - en français, Le<br />
cœur de Julie) qui vient d'être diffusé sur la<br />
chaîne de télévision publique néerlandaise<br />
VPRO. Van Lommel y m<strong>et</strong> en question l'absence<br />
de conscience dans l'état de mort cérébrale,<br />
point sur lequel il est contredit par le<br />
neurologue liégeois.<br />
Pour étayer ses thèses, Pim Van Lommel se<br />
fonde essentiellement sur les expériences dites<br />
de décorporation <strong>et</strong>, en particulier, sur le fait<br />
que nombre de personnes ayant connu une NDE<br />
affirment s'être vues, d'une position surélevée,<br />
en train d'être réanimées. De telles descriptions<br />
se rencontrent dans toutes les cultures, mais<br />
faut-il leur donner pour autant une connotation<br />
«magique», en conclure que la conscience est<br />
dissociée de la matière ? Non, estime Steven<br />
Laureys, qui les considère simplement comme<br />
l'expression d'une réalité physiologique de<br />
nature à changer notre perception du monde.<br />
Obj<strong>et</strong>s cachés<br />
Des données scientifiques collectées par hasard<br />
<strong>et</strong> les recherches expérimentales menées sur le<br />
suj<strong>et</strong> corroborent son opinion. Un article intitulé<br />
Stimulating illusory own-body perceptions,<br />
paru en 2002 dans Nature, montre comment une<br />
équipe suisse a provoqué involontairement un<br />
vécu de NDE chez une patiente épileptique par<br />
une stimulation au niveau de la région temporopariétale<br />
droite. Ce résultat, qui établit une corrélation<br />
entre le fonctionnement cérébral <strong>et</strong> le<br />
491<br />
Science <strong>et</strong> philosophie<br />
«ressenti» d'une expérience proche de la mort, a<br />
été confirmé par une équipe anversoise en 2007.<br />
De surcroît, des expériences effectuées aux<br />
Pays-Bas <strong>et</strong> en Scandinavie, selon la méthodologie<br />
scientifique, démystifient également les<br />
NDE. En eff<strong>et</strong>, les chercheurs placèrent des<br />
obj<strong>et</strong>s sur des armoires, de sorte que ceux-ci ne<br />
pouvaient être vus que d'une position surélevée.<br />
Si leur présence avait été rapportée par les<br />
patients relatant un épisode de décorporation,<br />
une conclusion se serait imposée: le corps <strong>et</strong><br />
l'esprit sont dissociés. Mais voilà, jamais il n'en<br />
fut ainsi.<br />
Il n'empêche que, comme le montrent Steven<br />
Laureys <strong>et</strong> ses coauteurs dans l'article Dualism<br />
Persits in the Science of Mind, l'idée de la<br />
réalité d'une «âme» immatérielle n'en finit pas<br />
de ne pas mourir.<br />
Philippe LAMBERT<br />
ph.lambert.ph@skyn<strong>et</strong>.be<br />
(2) Le nouvel<br />
inconscient, par<br />
Lionel Naccache,<br />
Éditions<br />
Odile Jacob,<br />
octobre 2006.<br />
(3) On parle aussi<br />
d'expériences de<br />
mort imminente.<br />
Athena <strong>252</strong> / Juin 2009
Athena <strong>252</strong> / Juin 2009<br />
Neurosciences<br />
Jeux de miroirs<br />
Mis en évidence il y a une douzaine d'années chez le singe, <strong>et</strong> peu après chez l'homme, les neurones<br />
miroirs ont la propriété de s'activer non seulement quand nous exécutons une action, mais également<br />
lorsque nous observons une autre personne accomplir une action similaire. Aujourd'hui, il est acquis<br />
que les neurones miroirs sont impliqués dans l'imitation, l'apprentissage ou encore l'empathie <strong>et</strong> que,<br />
suggérant alors des miroirs brisés, ils sont dysfonctionnels chez les autistes <strong>et</strong> les schizophrènes<br />
Éric Constant,<br />
professeur<br />
de psychiatrie à<br />
l'Université<br />
catholique<br />
de Louvain (UCL).<br />
Courriel:<br />
eric.constant@<br />
uclouvain.be.<br />
Il n'est pas rare que de grandes découvertes<br />
se réalisent par hasard. Ce fut le cas de celle<br />
des neurones miroirs, en 1996. Nous sommes<br />
à Parme, dans le laboratoire du professeur<br />
Giacomo Rizzolatti, où des travaux sont menés<br />
sur l'excitabilité du cortex moteur chez le singe<br />
macaque. Un primate est appareillé. Lorsque<br />
l'expérimentateur en charge de l'animal revient<br />
après l'heure du déjeuner <strong>et</strong><br />
porte à la bouche un corn<strong>et</strong><br />
de crème glacée qu'il vient<br />
d'ach<strong>et</strong>er, des neurones prémoteurs<br />
du cortex frontal<br />
inférieur (aire F5) du singe<br />
s'activent, alors que ce dernier<br />
demeure immobile.<br />
Que se passe-t-il donc ? Il<br />
deviendra vite clair qu'une<br />
classe de neurones déchargent<br />
aussi bien lorsque l'animal<br />
effectue une action spécifique<br />
que lorsqu'il observe<br />
un autre individu, appartenant<br />
ou non à son espèce,<br />
en train d'exécuter la même<br />
action. Tout se déroule comme<br />
si les gestes perçus par<br />
le témoin étaient, au niveau<br />
de certaines zones cérébrales,<br />
le refl<strong>et</strong> des gestes effectivement réalisés<br />
par l'individu observé. D'où le terme de «neurones<br />
miroirs».<br />
Une seconde catégorie de neurones de ce type<br />
ne tarda pas à être mise en évidence chez le<br />
singe, dans la partie antérieure du cortex pariétal<br />
inférieur, zone anatomiquement connectée à<br />
l'aire frontale F5 <strong>et</strong> unie à elle par des échanges<br />
réciproques d'informations. Fut ainsi identifié,<br />
chez le singe macaque, le «système des neurones<br />
miroirs fronto-pariétaux».<br />
492<br />
Comme le souligne Éric Constant, professeur<br />
de psychiatrie à l'Université catholique de<br />
Louvain (UCL) <strong>et</strong> chef de clinique associé aux<br />
Cliniques universitaires Saint-Luc, les neurones<br />
situés au niveau de l'aire F5 indiquent le but<br />
d'une action motrice donnée, telle la préhension<br />
d'un obj<strong>et</strong>, <strong>et</strong> non les mouvements requis pour<br />
l'accomplir (1). D'une part, ils n'ém<strong>et</strong>tent pas<br />
de potentiels d'action à la simple vue d'obj<strong>et</strong>s<br />
préhensibles (une cacahuète sur une table, par<br />
exemple) ni, à l'inverse, à la vue d'un mouvement<br />
de préhension qui ne porterait sur aucun<br />
obj<strong>et</strong>. D'autre part, adm<strong>et</strong>tons maintenant que la<br />
partie finale de l'action observée, c'est-à-dire<br />
l'interaction entre la main <strong>et</strong> l'obj<strong>et</strong>, soit cachée<br />
- la main de l'expérimentateur a été masquée<br />
dans sa portion distale. De deux choses l'une. Si<br />
un obj<strong>et</strong> préhensible est bel <strong>et</strong> bien présent, les<br />
neurones miroirs de l'aire F5 s'activeront malgré<br />
tout. En revanche, en l'absence d'obj<strong>et</strong>, pas d'activation.<br />
«Pourtant, explique Éric Constant,<br />
l'input visuel des deux actions cachées est identique.<br />
Par conséquent, il faut en déduire que les<br />
neurones miroirs concernés peuvent coder des<br />
aspects hautement abstraits des actions d'autrui,<br />
à savoir leur intentionnalité.»<br />
L'intention de l'acteur<br />
La vue n'est pas le seul vecteur sensoriel capable<br />
de susciter l'activation des neurones miroirs.<br />
Au sein de l'aire F5, certains d'entre eux, qualifiés<br />
d'audiovisuels, déchargent non seulement<br />
lors de l'exécution ou de l'observation d'une<br />
action, mais également en réponse au son produit<br />
par c<strong>et</strong>te dernière. L'existence d'inputs<br />
auditifs à même d'influer sur le système des<br />
neurones miroirs a conduit plusieurs auteurs à<br />
formuler l'hypothèse que celui-ci est un précurseur<br />
du système neuronal du langage.
Les neurones du lobe pariétal inférieur, eux,<br />
s'activent de façon différenciée en fonction du<br />
but poursuivi par le primate. Prenons un exemple<br />
concr<strong>et</strong>: la préhension d'aliments. Il a été<br />
montré que, quelle que soit la finalité ultime de<br />
c<strong>et</strong> acte, manger la nourriture ou la j<strong>et</strong>er dans<br />
une poubelle, un tiers de ces neurones ém<strong>et</strong>tent<br />
des potentiels d'action durant sa réalisation. Et<br />
les deux autres tiers ? Septante-cinq pour cent<br />
d'entre eux déchargent lorsque le singe saisit les<br />
aliments pour les manger <strong>et</strong> vingt-cinq pour<br />
cent seulement quand il les destine à la poubelle.<br />
Ce schéma d'activation vaut tant pour<br />
l'exécution des actions décrites que pour leur<br />
observation. Élément clé: dans le second cas,<br />
nous sommes au royaume de l'anticipation des<br />
actions d'autrui. Et dans ce cadre, le contexte<br />
joue un rôle essentiel - en l'occurrence, la présence<br />
ou l'absence d'une poubelle, notamment.<br />
Royaume de l'anticipation, disions-nous, mais<br />
aussi univers probabiliste. En eff<strong>et</strong>, il peut y<br />
avoir des erreurs d'interprétation, le système<br />
prenant en compte ce qui, après la préhension<br />
de l'obj<strong>et</strong> (la nourriture), a statistiquement le<br />
plus de chances de se produire en fonction des<br />
éléments contextuels.<br />
«L'activation différenciée s'opère avant le<br />
terme de la seconde action (ingurgiter la nourriture<br />
ou la j<strong>et</strong>er dans la poubelle), insiste Éric<br />
Constant. Si tel n'était pas le cas, elle ne ferait<br />
que refléter après coup l'action motrice finale<br />
telle qu'elle a été exécutée.» En résumé, chez<br />
l'observateur, les neurones miroirs du lobe<br />
pariétal inférieur codent donc la même action<br />
motrice de façon différente selon l'intention<br />
attribuée à l'«acteur».<br />
Danseur de salsa<br />
<strong>Recherche</strong>s en laboratoire à l'appui, on peut<br />
affirmer par ailleurs que le système des neurones<br />
miroirs est doté d'une certaine neuroplasticité,<br />
propriété qui peut être exploitée chez<br />
l'homme dans une perspective thérapeutique. Si<br />
un singe voit pour la première fois un expérimentateur<br />
prendre un aliment sur une table au<br />
moyen d'une fourch<strong>et</strong>te, ses neurones miroirs<br />
resteront largement quiescents. Pourquoi ?<br />
Parce que, ignorant ce qu'est une fourch<strong>et</strong>te <strong>et</strong><br />
n'ayant aucune expertise de son emploi, il se<br />
trouve plongé dans un contexte qui lui est étranger.<br />
Par contre, à la vue répétée de la préhension<br />
de nourriture au moyen d'une fourch<strong>et</strong>te, ses<br />
neurones miroirs vont finir par s'activer. «Cela<br />
montre bien que le système peut être modulé par<br />
l'expérience <strong>et</strong> l'apprentissage par l'observation<br />
<strong>et</strong> l'imitation», écrivent le professeur Kurt<br />
Audenaert, de l'Université de Gand, <strong>et</strong> le professeur<br />
Constant (2).<br />
493<br />
Neurosciences<br />
Du singe à l'homme, il n'y avait qu'un pas. Il fut<br />
franchi à son tour. Chez l'être humain, les régions<br />
impliquées dans l'observation d'une action effectuée<br />
par autrui sont homologues de celles identifiées<br />
chez le singe macaque: d'une part, le pars<br />
opercularis du gyrus frontal postéro-inférieur<br />
(aire BA44), dans l'aire de Broca (aire BA44 +<br />
BA45), <strong>et</strong> le cortex prémoteur ventral adjacent;<br />
d'autre part, le lobe pariétal inférieur (aire<br />
BA40). Une étude en imagerie par résonance<br />
magnétique fonctionnelle (IRMf) a dévoilé que<br />
les neurones miroirs du pars opercularis du<br />
gyrus frontal inférieur gauche s'activaient à la<br />
vue d'expressions faciales caractéristiques du<br />
langage oral (ici, silencieux) humain. Or, comme<br />
susmentionné, le pars opercularis est logé dans<br />
l'aire de Broca, dont nul n'ignore l'importance<br />
pour la production du langage verbal. C<strong>et</strong>te<br />
découverte n'a fait qu'apporter de l'eau au moulin<br />
de ceux qui, déjà à l'heure des recherches initiales<br />
chez le singe, avaient émis l'hypothèse que le<br />
système des neurones miroirs<br />
est un précurseur du système<br />
neuronal du langage. «Selon<br />
certaines théories, la parole<br />
se serait développée non à<br />
partir des cris des animaux<br />
mais au départ de leurs communications<br />
gestuelles, précise<br />
Éric Constant. Et l'on ne<br />
peut s'empêcher de penser<br />
ici, en cheminant sur les voies<br />
de l'analogie, à la situation<br />
des sourds, qui lisent sur les<br />
lèvres.»<br />
Il apparaît aujourd'hui que le<br />
rôle des neurones miroirs<br />
n'est pas circonscrit aux<br />
fonctions de base précédemment<br />
évoquées. Ainsi, ils<br />
sont impliqués dans les processus<br />
d'imitation <strong>et</strong>, par<br />
ricoch<strong>et</strong>, dans certains processus d'apprentissage.<br />
Le circuit de l'imitation chez l'homme a<br />
d'ailleurs été décrit (voir figure de la p. 494).<br />
En outre, une étude par IRMf, dont les résultats<br />
ont été publiés dans Plos Biology en 2005, semble<br />
montrer que, chez l'homme, les neurones<br />
miroirs interviennent dans la reconnaissance de<br />
soi, ce qui a notamment éveillé l'idée d'un dysfonctionnement<br />
du système chez les schizophrènes,<br />
anomalie qui ferait le lit de leurs délires<br />
<strong>et</strong> de leurs hallucinations. D'autres travaux<br />
d'imagerie cérébrale fonctionnelle soulignent<br />
l'impact de la familiarité sur le niveau d'activation<br />
des neurones miroirs. «Ainsi, un danseur<br />
de salsa les activera davantage face à un couple<br />
en train de danser la salsa que face à un<br />
autre qui s'adonne au tango», explique Éric<br />
(1) Les neurones<br />
miroirs <strong>et</strong> les bases<br />
de l'empathie:<br />
implications<br />
en psychiatrie,<br />
par Éric Constant<br />
<strong>et</strong> Kurt Audenaert,<br />
dans Neurone,<br />
2009.<br />
(2) Idem<br />
Neurones miroirs<br />
dans la zone<br />
frontale F5.<br />
Décharges<br />
neuronales<br />
dans l'aire F5<br />
du macaque quand<br />
il prend de<br />
la nourriture<br />
(en haut) <strong>et</strong> quand<br />
il observe<br />
l'expérimentateur<br />
la prendre (en bas).<br />
Athena <strong>252</strong> / Juin 2009
Circuit<br />
de l'imitation<br />
chez l'homme.<br />
Les inputs visuels<br />
atteignent le sulcus<br />
temporal supérieur<br />
(STS). L'information<br />
est donnée au cortex<br />
pariétal inférieur<br />
(IPL), concerné<br />
par les aspects<br />
moteurs de l'action.<br />
De là, l'information<br />
va au cortex frontal<br />
inférieur (IFG)<br />
davantage concerné<br />
par les buts de<br />
l'action. Les copies<br />
des commandes<br />
motrices d'imitation<br />
r<strong>et</strong>ournent vers<br />
le IFG <strong>et</strong> le STS,<br />
perm<strong>et</strong>tant ainsi<br />
la comparaison<br />
entre les prédictions<br />
sensorielles du plan<br />
moteur d'imitation<br />
<strong>et</strong> la description<br />
visuelle du<br />
comportement<br />
observé.<br />
Athena <strong>252</strong> / Juin 2009<br />
Neurosciences<br />
Constant. De même, le niveau d'activation des<br />
neurones miroirs est supérieur lorsqu'un individu<br />
observe les actions d'un de ses congénères<br />
plutôt que celles d'un individu d'une autre<br />
espèce - un humain qui regarde agir un singe,<br />
ou vice-versa.<br />
Les voies de l'empathie<br />
Une autre sphère où les neurones miroirs semblent<br />
jouer un rôle déterminant est celle de<br />
l'empathie, c'est-à-dire la capacité de reconnaître<br />
<strong>et</strong> de ressentir les émotions d'autrui.<br />
Empathie à laquelle Antonio Damasio, du<br />
département de neurologie de l'Université de<br />
l'Iowa, attribue une origine sensorimotrice (3).<br />
En eff<strong>et</strong>, qu'a-t-il écrit à ce suj<strong>et</strong> ? «Le système<br />
sensorimoteur intervient dans la reconstruction<br />
de ce que l'on ressentirait si l'on était dans<br />
la même émotion que celle observée, au moyen<br />
de la simulation des états corporels en rapport<br />
avec l'émotion en question.» Les neurones<br />
miroirs lui donnent raison. Ainsi, en 2003, une<br />
étude par IRMf publiée dans Neuron a montré<br />
que le dégoût éprouvé lors de l'exposition à des<br />
odeurs nauséabondes ou la vision de l'expression<br />
faciale d'une autre personne ressentant la<br />
même émotion active l'insula antérieure. Dans<br />
ce cas, une même région cérébrale sous-tend<br />
donc l'émotion, que celle-ci soit vécue à la première<br />
ou à la troisième personne. Un phénomène<br />
de nature analogue a été constaté avec les<br />
sensations douloureuses. Ce qui fait dire à<br />
Giacomo Rizzolatti, le découvreur des neurones<br />
miroirs: «Ces observations suggèrent en<br />
somme que l'empathie dépend de l'activation,<br />
494<br />
au cours de l'observation de l'autre en état<br />
émotionnel, de circuits qui élaborent les réponses<br />
émotionnelles correspondantes chez l'observateur.»<br />
Une nuance cependant. Si une expérience émotionnelle<br />
vécue à la troisième personne m<strong>et</strong> en<br />
jeu les mêmes substrats neuronaux qu'une expérience<br />
similaire vécue à la première personne, il<br />
existerait néanmoins une différence de degré<br />
dans l'activation des neurones entre les deux<br />
situations - activation supérieure dans le<br />
second cas.<br />
Autre nuance: l'insula n'est pas réputée contenir<br />
des neurones miroirs, mais est plutôt considérée<br />
comme un nœud d'interconnexion entre le système<br />
des neurones miroirs <strong>et</strong> le système limbique<br />
(4). Comme l'énonce Éric Constant,<br />
éprouver de l'empathie nécessite l'«internalisation»<br />
des expressions faciales <strong>et</strong> postures corporelles<br />
d'autrui, mais aussi la mise en œuvre de<br />
processus émotionnels, donc le recrutement du<br />
système limbique. Se référant à l'interconnexion<br />
de ce dernier <strong>et</strong> du système des neurones<br />
miroirs, via l'insula, il indique qu'en s'activant,<br />
«un large réseau impliquant les neurones<br />
miroirs, l'insula <strong>et</strong> certaines régions limbiques<br />
(amygdale, cingulum antérieur (5), cortex<br />
orbitofrontal) perm<strong>et</strong> d'empathiser avec autrui<br />
à travers la représentation <strong>et</strong> l'imitation interne<br />
(internalisation) des actions, des expressions<br />
faciales <strong>et</strong> des gestes corporels d'autrui (6).»<br />
Le vécu de l'autre<br />
C'est ici qu'il convient de m<strong>et</strong>tre en exergue le<br />
concept de «simulation internalisée» (ou incorporée).<br />
De quoi s'agit-il ? D'un processus non<br />
conscient perm<strong>et</strong>tant de comprendre automatiquement<br />
les actions, intentions, émotions <strong>et</strong><br />
sensations d'une autre personne. Il se fonde sur<br />
l'instauration d'une représentation interne des<br />
états corporels associés à l'expérience de l'autre<br />
<strong>et</strong>, partant, sur l'activation de mécanismes<br />
neuronaux partagés. «Tout se passe chez l'observateur<br />
comme s'il exécutait la même action<br />
ou expérimentait la même émotion, sensation<br />
ou intention», précise Éric Constant. Et c'est ce<br />
qui explique que nos muscles zygomatiques<br />
s'activent à la vue d'une personne joyeuse ou<br />
qu'une expression de tristesse s'inscrit sur notre<br />
visage quand notre regard se braque sur une<br />
personne triste.<br />
Il ressort des différentes données observationnelles<br />
<strong>et</strong> expérimentales disponibles que la<br />
simulation internalisée relève d'un mécanisme<br />
neuronal présent dès la naissance <strong>et</strong> qu'elle remplit<br />
un rôle crucial dans le développement des<br />
habil<strong>et</strong>és de mentalisation. Son caractère auto-
matique n'asservit pas la cognition <strong>et</strong> ne présage<br />
donc pas obligatoirement une réponse «en<br />
miroir». Libre à chacun de décider de l'attitude<br />
qu'il veut adopter à l'égard de quelqu'un d'autre...<br />
En outre, il serait contre-productif, par<br />
exemple, qu'une mère voyant son enfant pleurer<br />
parce qu'il désire manger en vienne à pleurer<br />
elle-même. Il ne s'agit pas de mimer, mais d'apporter<br />
une réponse congruente. «Le même problème<br />
se pose en psychothérapie, commente le<br />
professeur Constant. Si le patient proj<strong>et</strong>te sur<br />
l'analyste un sentiment d'hostilité qui, en fait,<br />
s'adresse à une autre personne - un père pédophile,<br />
par exemple -, le processus de simulation<br />
internalisée induira initialement un sentiment<br />
d'hostilité chez le thérapeute également. Celuici<br />
doit cependant se garder d'embrayer en<br />
miroir sur l'attitude du patient mais, au<br />
contraire, corriger le tir en modulant <strong>et</strong> en tempérant<br />
sa propre réaction. Par l'adoption d'une<br />
attitude calme <strong>et</strong> pondérée, il peut espérer susciter<br />
chez le patient, par le jeu des neurones<br />
miroirs, une attitude nouvelle, plus sereine,<br />
dont il s'imprégnera pour évoluer. En quelque<br />
sorte, le patient voit à travers l'analyste une<br />
version plus acceptable, plus aménagée de ce<br />
qu'il éprouvait.»<br />
Dans les souliers d'autrui<br />
Une expérience très intéressante de l'équipe de<br />
Nicolas Danziger, du département de neurophysiologie<br />
clinique du CHU Pitié-Salpêtrière,<br />
à Paris, a fait l'obj<strong>et</strong> d'une publication dans<br />
Neuron en 2009. Elle m<strong>et</strong> en scène des patients<br />
présentant une insensibilité congénitale à la<br />
douleur (ICD) - ils ne ressentent pas la douleur<br />
physique. L'hypothèse était que, chez eux, l'activation<br />
de l'insula antérieure <strong>et</strong> du cortex cingulaire<br />
antérieur, régions impliquées dans la<br />
résonance automatique à la douleur, en lien<br />
avec le système des neurones miroirs, ne<br />
s'opère pas <strong>et</strong>, dès lors, que ces personnes ne<br />
peuvent percevoir la douleur d'autrui. Les images<br />
recueillies par IRMf ont battu c<strong>et</strong>te hypothèse<br />
en brèche.<br />
Deux modalités expérimentales furent appliquées.<br />
Dans la première, de nature somato-sensorielle,<br />
des images de plaies étaient présentées<br />
tant à des patients ICD qu'à des suj<strong>et</strong>s contrôles.<br />
Dans la seconde, de nature émotionnelle, les<br />
mêmes personnes étaient confrontées à des<br />
photos de faciès exprimant une sensation douloureuse.<br />
Que révéla l'IRMf ? Qu'il n'y avait pas<br />
moins d'activation de l'insula antérieure <strong>et</strong> du<br />
cortex cingulaire antérieur chez les patients<br />
ICD que chez les suj<strong>et</strong>s contrôles. Fallait-il y<br />
voir pour autant l'empreinte de mécanismes<br />
sous-jacents identiques ? Non. Selon l'hypothèse<br />
émise par Danziger à la suite des résultats<br />
495<br />
Neurosciences<br />
fournis par IRMf, la simulation internalisée<br />
constituait l'élément moteur chez les suj<strong>et</strong>s<br />
contrôles, tandis que chez les autres, était impliqué<br />
un phénomène d'apprentissage ressortissant<br />
à des mécanismes associatifs. En clair, les<br />
patients ICD savaient ce que souffrir psychiquement<br />
veut dire - ils avaient dû vivre des<br />
deuils, des séparations, des échecs... Or, que la<br />
douleur soit somatique ou psychique, elle fait<br />
intervenir les mêmes régions limbiques. Aussi,<br />
en extrapolant leurs connaissances de la douleur<br />
psychique, ils imaginaient ce que devait représenter<br />
la douleur physique. «Il s'agit d'un processus<br />
à dominante cognitive relevant de la<br />
“perspective taking”, la faculté de se placer<br />
cognitivement dans les “souliers” de l'autre»,<br />
souligne Éric Constant.<br />
Encore fallait-il dégager des éléments de<br />
preuve. Les chercheurs les obtinrent. En eff<strong>et</strong>,<br />
ils trouvèrent une corrélation entre les scores<br />
obtenus par les patients ICD à une échelle d'empathie<br />
émotionnelle <strong>et</strong> l'activation de deux<br />
régions cérébrales, le cortex préfrontal ventromédial<br />
<strong>et</strong> le cortex cingulaire postérieur,<br />
connues pour être activées dans la «perspective<br />
taking» émotionnelle.<br />
On peut aisément concevoir que des déficits<br />
dans le fonctionnement du système des neurones<br />
miroirs se répercutent sur le comportement<br />
social. Comme en témoignent de nombreux<br />
résultats expérimentaux, la réalité d'une telle<br />
dysfonction est aujourd'hui bien étayée dans<br />
l'autisme <strong>et</strong> commence à l'être dans la schizophrénie.<br />
Il convient aussi de généraliser le propos.<br />
Selon le professeur Constant, la découverte<br />
des neurones miroirs nous impose de revisiter<br />
toutes les pathologies psychiatriques en lien<br />
avec des problèmes de cognition sociale - ce<br />
sont les plus nombreuses. La route s'ouvre sur<br />
un «monde nouveau» fait de «jeux de miroirs»<br />
<strong>et</strong> sur de nouvelles thérapies potentielles.<br />
Philippe LAMBERT<br />
ph.lambert.ph@skyn<strong>et</strong>.be<br />
Chez les autistes,<br />
on obsverve<br />
une minceur<br />
anormale de<br />
la substance grise<br />
au niveau<br />
des régions<br />
du système des<br />
neurones miroirs<br />
<strong>et</strong> d'autres régions<br />
impliquées dans<br />
la reconnaissance<br />
<strong>et</strong> l'imitation<br />
d'expressions<br />
faciales.<br />
(3) Qui relève à la<br />
fois des fonctions<br />
sensorielles <strong>et</strong> de<br />
l'activité motrice.<br />
(4) Le système<br />
limbique est<br />
communément<br />
appelé le cerveau<br />
des émotions.<br />
(5) Aussi dénommé<br />
cortex cingulaire<br />
antérieur.<br />
(6) Éric Constant<br />
<strong>et</strong> Kurt Audenaert,<br />
op.cit.<br />
Athena <strong>252</strong> / Juin 2009
Athena <strong>252</strong> / Juin 2009<br />
Récréation<br />
À lire<br />
avec nos enfants<br />
L’été qui arrive est une période idéale pour se lancer dans les recherches les plus diverses.<br />
Qu’elles aient lieu dans les pages des livres documentaires ou qu’elles soient carrément mises<br />
en pratique en partant sur le terrain. Commençons par explorer....<br />
M<br />
on premier atlas, collectif, Gallimard Jeunesse, collection Mes<br />
premières découvertes, 32 pages animées, 15,90 euros. Dès<br />
qu’on ouvre c<strong>et</strong> album animé de grand format carré, on<br />
est soufflé: une mappemonde de papier se<br />
gonfle en trois dimensions <strong>et</strong> se m<strong>et</strong> à tourner<br />
comme le fait la Terre dans l’espace ! C<strong>et</strong>te<br />
mise en bouche spectaculaire <strong>et</strong> réussie<br />
introduit un atlas géographique de base.<br />
Sont successivement examinés la carte du<br />
monde, les Amériques du Nord <strong>et</strong> du Sud,<br />
l’Afrique, l’Europe, l’Asie, l’Australie <strong>et</strong><br />
l’Océanie <strong>et</strong> l’Antarctique. Pour chacun<br />
des chapitres, une carte géographique<br />
pointe quelques grandes particularités <strong>et</strong><br />
pose cinq questions. Elle se complète<br />
d’une carte politique tandis que la page<br />
opposée présente les grandes caractéristiques<br />
du continent en question <strong>et</strong> qu’en<br />
en dépliant le rabat, on découvre d’abord<br />
les différents pays en fiches (drapeau,<br />
capitale, nombre d’habitants, langue<br />
parlée) <strong>et</strong> ensuite quelques-uns des<br />
points forts de chacun dans les domaines<br />
des animaux, des sites <strong>et</strong> monuments,<br />
des sites naturels <strong>et</strong> des productions<br />
locales. Une bonne approche de<br />
base, dont les aspects ludiques ont toute<br />
leur raison d’être. À partir de 5 ans.<br />
A<br />
tlas des explorations, Géo jeunesse, Anita<br />
Ganeri, Andrea Mills <strong>et</strong> Anne Millard, Gallimard<br />
Jeunesse, 96 pages, 19,50 euros. Avec sa reliure<br />
spirale bien pratique pour que les pages<br />
s’ouvrent bien d’autant qu’elle est à tenir<br />
sur le côté gauche habituel ou vers le haut selon l’endroit<br />
du livre où l’on se trouve, c<strong>et</strong> album grand format brosse<br />
un fantastique portrait des explorateurs qui se sont succédé<br />
au cours de l’histoire; pour une meilleure compré-<br />
496<br />
hension, ces différents héros sont regroupés en cinq<br />
périodes. Parmi les pionniers, on trouve les Phéniciens,<br />
les Polynésiens, les Carthaginois, les Grecs, les Chinois,<br />
les Romains, les Arabes <strong>et</strong> les Vikings. Puis viennent ceux<br />
qui se montrent en quête de nouveaux<br />
horizons, comme Marco Polo <strong>et</strong> d’autres<br />
dont l’Histoire a moins r<strong>et</strong>enu le nom <strong>et</strong><br />
qui sont ici reconnus. Suit la période des<br />
conquêtes, au Mexique, au Pérou <strong>et</strong> ailleurs<br />
en Amérique du Sud, en Amérique du Nord<br />
<strong>et</strong> vers les passages du Nord-Est <strong>et</strong> du<br />
Nord-Ouest. Plus proches de nous dans le<br />
temps, les conquêtes se m<strong>et</strong>tent au service<br />
de la science. Un dernier chapitre balaie le<br />
champ des découvertes actuellement tentées.<br />
Chaque thème est traité sur une double page<br />
m<strong>et</strong>tant en avant ses découvertes propres. De<br />
magnifiques illustrations, dont certaines en<br />
3D, des photos intelligentes <strong>et</strong> de nombreuses<br />
cartes éclairent les textes. Des images doublées<br />
de films transparents perm<strong>et</strong>tent de comprendre<br />
l’intérieur des choses. En un seul<br />
volume passionnant de bout en bout, on fait le<br />
tour des principales découvertes des explorateurs<br />
d’hier <strong>et</strong> d’aujourd’hui. La multiplicité<br />
de ces points de vue perm<strong>et</strong> aussi de mieux<br />
appréhender la manière dont l’image du<br />
monde s’est constituée. À partir de 9 ans.<br />
L<br />
e jardin, Ute Fuhr, Raoul Sautau, Claude Delafosse,<br />
Gallimard Jeunesse, collection Mes premières<br />
découvertes/Lampe magique, 24 pages, 8 euros. Le<br />
principe de c<strong>et</strong>te collection existe depuis<br />
longtemps, mais à chaque nouveau titre, c’est<br />
l’éblouissement. Il s’agit de livres alternant pages cartonnées<br />
<strong>et</strong> pages plastiques transparentes imprimées. Mais à<br />
la différence des «Premières découvertes» classiques, ici,<br />
les plastiques transparents sont foncés <strong>et</strong> précèdent des
pages noires; ils révèlent<br />
leurs mille détails enchanteurs<br />
grâce à une «lampe<br />
magique» fournie - pas<br />
d’inquiétude en cas de<br />
perte, elle est très facile à<br />
fabriquer soi-même grâce<br />
au patron dessiné. Il s’agit<br />
d’un p<strong>et</strong>it accessoire<br />
en carton également,<br />
fausse lampe de poche<br />
allumée dont le halo<br />
blanc, promené entre les<br />
transparents illustrés <strong>et</strong><br />
les pages de carton noir,<br />
en révèle selon ses déplacements tous les secr<strong>et</strong>s.<br />
C’est tout simple mais surprenant <strong>et</strong> enchantant. Ce titreci<br />
propose d’explorer le jardin la nuit en suivant le chat,<br />
dans le potager où se nourrissent divers animaux, près du<br />
point d’eau, dans le verger, dans le parterre de fleurs où<br />
brillent des lucioles, sous les framboisiers… En face de<br />
chaque page illustrée se trouvent les informations en rapport.<br />
En fin d’ouvrage, plusieurs pages illustrées attirent<br />
encore l’attention sur d’autres particularités du jardin tandis<br />
qu’un p<strong>et</strong>it jeu propose de r<strong>et</strong>rouver, grâce à la lampe<br />
magique, des détails de certaines images. Un excellent<br />
album qui m<strong>et</strong> l’exploration d’un jardin à portée de tous.<br />
À partir de 5 ans.<br />
L<br />
a science enquête: les métiers de la police scientifique. Texte d’Eric<br />
Chenebier, illustrations de Buster Bone, Seuil Jeunesse/Cité des<br />
sciences <strong>et</strong> de l’industrie, 48 pages, 15 euros). Impossible aujourd’hui<br />
d’allumer la télé sans tomber sur une enquête criminelle<br />
en voie de résolution par des inspecteurs particulièrement<br />
clairvoyants <strong>et</strong> habiles à jouer<br />
avec les maigres indices qu’ils<br />
détiennent. Mais au fond, comment<br />
font-ils ? Les scénaristes<br />
des séries ou des téléfilms<br />
lâchent bien quelques indications<br />
mais quand on y réfléchit<br />
un peu, on se r<strong>et</strong>rouve avec bien<br />
peu d’éléments réellement scientifiques<br />
en main. C’est dire si c<strong>et</strong><br />
album très documenté vient à<br />
point. Car la science est devenue<br />
la première alliée de la police, en<br />
dehors de l’aveu du suspect bien<br />
entendu. Comment les choses se<br />
passent-elles sur la scène du crime,<br />
dans les laboratoires ? Quels sont<br />
les nouveaux domaines des experts, de la balistique à la<br />
toxicologie, sans oublier l’examen de l’ADN, de l’écriture,<br />
des fibres abandonnées sur place ou des célèbres<br />
empreintes digitales ? Si c<strong>et</strong> ouvrage présente l’état des<br />
connaissances dans les différents domaines scientifiques<br />
de la police, il en r<strong>et</strong>race également l’histoire, en réservant<br />
quelques anecdotes anciennes pleines de sagesse <strong>et</strong><br />
de surprises. À partir de 8 ans.<br />
497<br />
Récréation<br />
L<br />
es dinosaures au muséum, Jen Green, Gallimard Jeunesse, 22 pages<br />
animées, 14,95 euros. Certes, les dinosaures ne sont plus autant à la<br />
mode qu’ils l’étaient il y a dix ou quinze ans. N’empêche, il sort encore<br />
régulièrement des albums documentaires à leur suj<strong>et</strong>. Celui-ci est particulièrement<br />
réussi par son angle d’approche: il s’agit de faire une<br />
visite au musée où sont réunis squel<strong>et</strong>tes <strong>et</strong> autres vestiges des animaux<br />
préhistoriques. Toutes les informations classiques sur les dinosaures<br />
se trouvent dans ces pages (pop-ups, rabats, roues <strong>et</strong>c.) mais, en<br />
plus, on y expérimente une visite pleine d’imprévus. Un microscope<br />
révèle le contenu de ses lentilles, des tiroirs dévoilent les fossiles qu’ils<br />
abritent… Très bien faites, ces pages rendent remarquablement l’ambiance<br />
des salles d’un vrai musée <strong>et</strong>, sans effort, on se prend pour un<br />
jeune paléontologue sur le chemin de la découverte. À partir de 9 ans.<br />
O<br />
bserver les étoiles, Carole Scott, Gallimard Jeunesse, 72 pages +<br />
kit d’exploration, 35 euros. Dans ce coffr<strong>et</strong> carré, de grand<br />
format, en carton, arrondi d’un côté pour suivre la courbe<br />
céleste, on trouve d’une part un guide encyclopédique<br />
très intéressant sur l’espace <strong>et</strong> le ciel, <strong>et</strong> d’autre part une<br />
carte mobile, ainsi que,<br />
protégé par la couverture<br />
du boîtier, un guide du<br />
ciel nocturne, 44 cartes de<br />
constellations <strong>et</strong> même<br />
une p<strong>et</strong>ite lampe de<br />
poche. Soit le matériel<br />
compl<strong>et</strong> pour observer<br />
soi-même le ciel. Tout<br />
cela a l’air un peu compliqué<br />
de l’extérieur mais le<br />
mode d’emploi est très<br />
clair <strong>et</strong> perm<strong>et</strong> de vraiment<br />
expérimenter soi-même l’astronomie, de repérer<br />
des étoiles, des planètes <strong>et</strong> des constellations, ou pour les<br />
plus chevronnés, de ne pas rater les événements célestes<br />
qui sont mentionnés sur le calendrier. Les nuits de l’été<br />
sont à vous. Pour tous, à partir de 12 ans.<br />
M es images du Sénégal,<br />
Christian Epanya, Le<br />
Sorbier, 40 pages, 13 euros.<br />
P<strong>et</strong>it pays d’Afrique, le<br />
Sénégal est connu de<br />
tous les enfants, notamment<br />
à cause du rallye<br />
Paris-Dakar qui y avait<br />
son arrivée jusqu’en<br />
2007. L’auteur est d’origine<br />
camerounaise <strong>et</strong> a<br />
été formé à l’illustration<br />
en France. Ce fin<br />
connaisseur du Sénégal nous fait connaître son<br />
pays d’affection sous la forme d’un carn<strong>et</strong> de voyage. On<br />
suit la famille du jeune Youssou, qui habite Dakar: ses<br />
parents, lui <strong>et</strong> ses deux sœurs. Chaque double page<br />
Athena <strong>252</strong> / Juin 2009
Athena <strong>252</strong> / Juin 2009<br />
Récréation<br />
aborde un aspect de leur vie: sa famille, son quartier, la<br />
cuisine, l’école publique <strong>et</strong> l’école coranique, la ville, les<br />
transports, les marchés, la plage <strong>et</strong> ses activités, la<br />
musique, les fêtes, les vacances, <strong>et</strong> aussi l’île de Gorée,<br />
d’où partaient les esclaves. Joliment illustré, c<strong>et</strong> album<br />
dresse un bon portrait du pays, de ses habitants <strong>et</strong> de leur<br />
mode de vie. À partir de 5 ans.<br />
Apprendre...<br />
C<br />
omment c’était avant ? Les transports. Texte de Joseph Jacqu<strong>et</strong>,<br />
illustrations de Bruno Heitz, Albin Michel, 64 pages, 13,90 euros.<br />
Nous sommes tellement habitués à prendre la voiture, le<br />
train ou l’avion que l’on<br />
n’imagine même plus que<br />
les modèles actuels sont les<br />
descendants d’autres. C’est<br />
pourtant l’histoire de ces<br />
trois moyens de transport,<br />
en France essentiellement,<br />
un peu ailleurs dans le<br />
monde, qui s’écrit dans<br />
c<strong>et</strong> album très plaisamment<br />
illustré. Pour chacun<br />
d’eux, quatre périodes historiques<br />
sont représentées:<br />
les années 1920, 1950 <strong>et</strong><br />
1970 <strong>et</strong> aujourd’hui. Chaque<br />
fois, le même lieu,<br />
route, gare ou aéroport, apparaît à ces quatre époques. On<br />
peut donc déjà repérer certains changements dans les images<br />
sur doubles pages. Juste après chacune d’elles, une<br />
autre double page comporte plusieurs vign<strong>et</strong>tes illustrées<br />
donnant des informations plus documentaires sur les différents<br />
suj<strong>et</strong>s, parfois étonnantes même. Ainsi c’est<br />
Napoléon qui a imposé de rouler à droite en 1804, même si<br />
le code de la route ne sera publié en France qu’en 1822 !<br />
Les douze scènes dessinées sont évidemment le théâtre<br />
d’action de multiples personnages, ce qui renforce encore<br />
l’attention <strong>et</strong> perm<strong>et</strong> de juger de l’évolution humaine en<br />
parallèle à celle de la technique. À partir de 6 ans.<br />
N ature, texte de Scarl<strong>et</strong>t<br />
O’Hara, plusieurs illustrateurs,<br />
Gallimard Jeunesse, collection<br />
Les yeux de la découverte/Les<br />
compacts, 128 pages,<br />
6,90 euros. Facile à glisser<br />
en poche, ce p<strong>et</strong>it volume<br />
broché répond de façon<br />
brève mais néanmoins<br />
complète à la question:<br />
qu’est-ce que la nature ? Il<br />
comporte cinq chapitres organisés<br />
en doubles pages<br />
sur les premiers signes de la<br />
498<br />
vie, les plantes, les animaux, la physiologie de ces derniers<br />
<strong>et</strong> l’écologie, complétés de tableaux de classification,<br />
d’un glossaire <strong>et</strong> d’un index. Chaque fois, un titre<br />
donne le suj<strong>et</strong> de la page, une introduction présente une<br />
vue d’ensemble, puis viennent les illustrations légendées,<br />
les diagrammes, les tableaux, les encadrés. En très peu<br />
d’espace, pas mal d’informations sont rassemblées <strong>et</strong> très<br />
bien organisées <strong>et</strong> classées. Un très bon condensé de la<br />
collection grand format, complété de sites Intern<strong>et</strong> de<br />
qualité. À partir de 9 ans.<br />
L<br />
e gros tas de trucs indispensables <strong>et</strong><br />
superflus, Marie-Christine Vidal <strong>et</strong><br />
Robin, Albin Michel Jeunesse, 322 pages,<br />
13,50 euros. C<strong>et</strong> épais album cartonné,<br />
illustré avec humour, un<br />
peu plus grand qu’un livre de<br />
poche, est destiné aux curieux<br />
de tout: il rassemble un joyeux<br />
mélange d’anecdotes, d’informations,<br />
d’astuces, de bricolages,<br />
de records, de jeux <strong>et</strong><br />
même de rec<strong>et</strong>tes. De quoi<br />
piocher pour s’amuser, épater<br />
la galerie, tester les connaissances<br />
de ses proches <strong>et</strong> aussi<br />
fameusement s’informer sur un tas de suj<strong>et</strong>s. Si on y trouve<br />
les habituels records de course chez les animaux, l’ordre<br />
des planètes dans le système solaire, les chiffres romains,<br />
la population sur terre, valeurs sûres sur l’échelle des curiosités<br />
documentaires, on apprécie beaucoup les pages<br />
détaillant le temps que m<strong>et</strong>tent certains déch<strong>et</strong>s à se dégrader<br />
(du mouchoir en papier, trois mois, au verre, quatre<br />
mille ans), mesurant les plus grandes îles du monde, présentant<br />
les six animaux sacrés en Inde. Tous les suj<strong>et</strong>s sont<br />
abordés, on s’en doute, dans c<strong>et</strong> épais volume très intéressant<br />
<strong>et</strong> les différents «trucs» sont classés par thèmes en fin<br />
d’ouvrage. Pour tous.<br />
L<br />
es plantes, collectif, Gallimard<br />
Jeunesse, collection Mes grandes<br />
découvertes, 52 pages, 7,50 euros. De<br />
beaux coquelicots se dressent en<br />
couverture de c<strong>et</strong> album abondamment<br />
illustré de très belles<br />
photos qui fournissent de pertinentes<br />
réponses à la question:<br />
«Qu’est-ce qu’une plante ?».<br />
Simple en apparence, uniquement.<br />
Déjà, on apprend immédiatement<br />
que 400 000 espèces<br />
de plantes sont répertoriées dans<br />
le monde. Pour mieux appréhender<br />
ce vaste suj<strong>et</strong>, on voit<br />
d’abord comment une graine<br />
devient une plante, combien<br />
peuvent être différentes aussi bien les racines que les<br />
feuilles. On découvre aussi en mots simples que les plan
tes fabriquent elles-mêmes leur nourriture <strong>et</strong> qu’elles sont<br />
les seuls organismes vivants à le faire. Organisé en doubles<br />
pages, ce très intéressant album passe encore en<br />
revue divers suj<strong>et</strong>s en rapport avec les végétaux: la pollinisation,<br />
les graines, la nourriture qu’ils fournissent, leurs<br />
manières de se prémunir des dangers (épines <strong>et</strong>c.).<br />
Viennent encore d’autres suj<strong>et</strong>s: sur les arbres, sur les<br />
plantes parasites, les plantes carnivores, rampantes, aquatiques,<br />
du désert ou de la montagne. Bref, de quoi ne plus<br />
jamais se promener comme avant. À noter qu’un site<br />
Intern<strong>et</strong>, avec notamment de nombreuses photos à télécharger,<br />
complète l’ouvrage. À partir de 6 ans.<br />
Les animaux...<br />
Les insectes, collectif, Gallimard Jeunesse, collection Mes grandes<br />
découvertes, 52 pages, 7,50 euros. Dans la même collection<br />
que le livre précédent, <strong>et</strong> réalisé avec autant de soin, un<br />
bel album pour apprendre mille choses sur les insectes,<br />
qu’ils vivent sur Terre, sous l’eau, dans le ciel ou dans le<br />
sol. Et réaliser combien ces drôles de bestioles participent<br />
à l’équilibre écologique de la vie sur notre planète. À partir<br />
de 6 ans.<br />
I<br />
nsectes <strong>et</strong> araignées à la<br />
loupe Noël Tailt, Larousse, 68<br />
pages, 12,90 euros. Illustré<br />
principalement de dessins<br />
hyperréalistes, c<strong>et</strong> album se<br />
compose de deux parties de<br />
longueurs quasi pareilles:<br />
une explication théorique<br />
générale, dite panorama, sur<br />
les insectes <strong>et</strong> les araignées<br />
(définition, mode de vie, alimentation,<br />
reproduction, <strong>et</strong>c.)<br />
<strong>et</strong> des zooms sur des particularités<br />
d’espèces appartenant<br />
à l’un <strong>et</strong> à l’autre. Pour les insectes ont été r<strong>et</strong>enus le<br />
papillon monarque, la mouche, les termites, le bousier, la<br />
guêpe <strong>et</strong> les locustes (autre nom des criqu<strong>et</strong>s pèlerins).<br />
Pour les araignées, ce sont la mygale maçonne, l’araignée<br />
bolas, l’argyronète <strong>et</strong> l’araignée sauteuse dont on découvre<br />
les singularités. Un point fort de l’album: chaque<br />
espèce voit sa taille comparée à celle d’une main<br />
humaine. Un tableau de classification de ces arthropodes<br />
figure à la fin du livre, ainsi qu’un glossaire <strong>et</strong> un index.<br />
À partir de 8 ans.<br />
L<br />
e phasme, son élevage, Tatsu Nagata, Seuil Jeunesse, collection<br />
Les sciences naturelles, 48 pages, 12 euros. Je ne sais pas si<br />
c’est encore le cas actuellement, mais quand je conduisais<br />
mes enfants à l’école, il y avait toujours au moins un élevage<br />
de phasmes dans une classe de maternelle. Et c’est<br />
ainsi que j’ai découvert, déjà bien adulte, l’existence de<br />
499<br />
Récréation<br />
ces drôles d’insectes qui se<br />
confondent incroyablement<br />
avec les branches<br />
d’arbre. Mais tous les<br />
enfants qui sont passés par<br />
c<strong>et</strong>te école les connaissent,<br />
les ont soignés <strong>et</strong> les apprécient.<br />
C’est dire si c<strong>et</strong> album<br />
hors-série de l’excellente collection<br />
sur les sciences naturelles<br />
que nous propose avec<br />
régularité un soi-disant professeur<br />
japonais vient à point.<br />
Très joliment illustré de dessins<br />
en aplats de couleurs, c<strong>et</strong><br />
album nous raconte comment<br />
c<strong>et</strong>te p<strong>et</strong>ite bête qui mue peut faire la morte, sans que le<br />
professeur ne sache jamais trop si c’est pour rire ou pas,<br />
s’amputer pour échapper à un ennemi, dormir la journée,<br />
s’activer la nuit… Un cahier spécial regorge de conseils<br />
pour fabriquer soi-même une cage à phasmes <strong>et</strong> ensuite<br />
s’en occuper intelligemment. Tout cela est très plaisamment<br />
amené <strong>et</strong> distille de bonnes informations tout en<br />
ouvrant le regard à une belle approche picturale. De quoi<br />
s’occuper une bonne partie de l’été ! À partir de 4 ans.<br />
C<br />
hiens, texte de David Taylor, plusieurs illustrateurs, Gallimard<br />
Jeunesse, collection Les yeux de la découverte/les compacts, 128<br />
pages, 6,90 euros. Une bonne manière de survoler un maximum<br />
d’informations sur les canidés, joliment illustrées de<br />
surcroît. La première partie présente les caractéristiques<br />
principales des chiens: domestication, comportement, anatomie,<br />
croissance. La seconde, plus développée, présente<br />
les différentes races de chiens domestiques: chiens de<br />
chasse, chiens de berger <strong>et</strong> de garde, terriers, autres.<br />
Chaque fois, une silhou<strong>et</strong>te rapportée à l’échelle mesurant<br />
1,83 m perm<strong>et</strong> de se rendre compte de la taille du toutou<br />
en question. Des pages pratiques complètent les informations<br />
ainsi qu’un glossaire <strong>et</strong> un index. Sans oublier le<br />
site Intern<strong>et</strong> qui est développé en parallèle au livre <strong>et</strong> propose<br />
une sélection d’adresses fiables. À partir de 9 ans.<br />
C<br />
hats, texte de David Alderton, plusieurs illustrateurs, Gallimard<br />
Jeunesse, collection Les yeux de la découverte/les compacts, 160<br />
pages, 6,90 euros. Même approche riche <strong>et</strong> bien rythmée que<br />
dans le volume précédent. À partir de 9 ans.<br />
Le corps humain...<br />
L e corps humain, quelle étonnante machine ! Texte de Richard<br />
Walker, illustrations de Lisa Swerling <strong>et</strong> Ralph Lazar, Larousse, 64<br />
pages, 12,90 euros. Les auteurs proposent de partir en<br />
voyage dans le corps humain, c<strong>et</strong>te machine extraordinaire.<br />
Pour cela, des «cervelots», p<strong>et</strong>its personnages<br />
inventés, servent de guides au lecteur <strong>et</strong> de nombreuses<br />
Athena <strong>252</strong> / Juin 2009
Récréation<br />
pancartes balisent l’exploration.<br />
À leur suite,<br />
on découvre divers organes<br />
<strong>et</strong> leur fonctionnement.<br />
On est même mis<br />
en situation <strong>et</strong> invité à<br />
agir: comment combattre<br />
une nuée de bactéries ?,<br />
comment explorer les<br />
méandres des vaisseaux<br />
sanguins ?... Six pages qui<br />
se déplient largement présentent<br />
des fonctions du<br />
corps jugées essentielles<br />
par les auteurs. On y trouve<br />
le système digestif, la respiration,<br />
la circulation sanguine,<br />
la peau, les os <strong>et</strong> les sens. Si<br />
la manière de présenter les choses<br />
est très intéressante <strong>et</strong> fourmille<br />
de renseignements scientifiques<br />
bien amenés <strong>et</strong> ouvrant chaque<br />
fois de multiples pistes, on<br />
regr<strong>et</strong>te toutefois que nulle part<br />
ne soit abordée la reproduction.<br />
Le système digestif est particulièrement<br />
réussi avec les cervelots<br />
qui en expliquent <strong>et</strong> com-<br />
L'espace, un milieu déjà contaminé<br />
Dès le lancement du premier Spoutnik, l'humanité s'est mise à polluer l'environnement<br />
extra-terrestre. La course à la Lune, à laquelle se sont livrés<br />
Soviétiques <strong>et</strong> Américains - comme la compétition pour l'armement nucléaire<br />
- a fait perdre de vue les débuts de c<strong>et</strong>te pollution de l'infiniment grand. Un demi-siècle<br />
plus tard, la problématique des déch<strong>et</strong>s sur orbite provoqués par l'aventure de<br />
l'espace <strong>et</strong> des risques liés à une poubelle grandissante au-dessus de nos têtes ne peut<br />
être négligée. C'est l'obj<strong>et</strong> d'une synthèse du Cnes (Centre national d'études spatiales)<br />
qui note qu'environ 20 000 tonnes de matériaux - avec les lancements de près de 6 000<br />
engins spatiaux (<strong>et</strong> non 4 800 comme indiqué dans le livre) - ont été placés autour de<br />
la Terre <strong>et</strong> qu'un quart y évolue toujours.<br />
Athena <strong>252</strong> / Juin 2009 500<br />
mentent les différents organes (à propos de l’appendice par<br />
exemple, on lit «c’est un mystère»). C<strong>et</strong> épatant voyage<br />
s’assortit d’un p<strong>et</strong>it jeu: que construit le cervelot à chariot<br />
qui passe de page en page ? À partir de 8 ans.<br />
B<br />
eurk ! C’est caca boudin !, Goby Goldasck <strong>et</strong> Ian Dicks, Casterman<br />
Jeunesse, 10 pages animées, 14,50 euros. Difficile de passer à<br />
côté de ce titre provocateur, d’autant plus que le sous-titre<br />
propose de «tout savoir sur le caca en 5 pop-up !». Cinq<br />
doubles pages animées, illustrées de dessins (<strong>et</strong> non de<br />
photos), délivrent de vraies informations scientifiques,<br />
dans une mise en scène spectaculaire. La première définit<br />
le caca chez les animaux comme chez les humains,<br />
explique pourquoi il sent plus ou moins mauvais; la<br />
deuxième énumère les endroits qui servent de<br />
«p<strong>et</strong>its coins» <strong>et</strong> explique pourquoi certaines<br />
espèces en font usage; la troisième détaille les<br />
renseignements que peuvent fournir les crottes; la<br />
quatrième dresse la liste des utilisations possibles<br />
des déjections <strong>et</strong> la dernière passe divers records<br />
en revue. Voilà un suj<strong>et</strong> cher aux enfants qui<br />
devient un vrai thème scientifique, illustré d’anecdotes<br />
<strong>et</strong> d’exemples. À partir de 6 ans.<br />
Lucie CAUWE<br />
lucie.Cauwe@lesoir.be<br />
Le livre de moins de 150 pages passe d'abord en revue quelques incidents <strong>et</strong> accidents<br />
survenus dans l'espace, mais il ignore le danger que fait courir la présence sur orbite d'une trentaine de réacteurs<br />
nucléaires, satellisés par l'Union soviétique dans les années 70 <strong>et</strong> 80. Deux d’entre eux, une fois leur mission<br />
terminée, n'ont pu être parqués, comme prévu, à 1 000 km d'altitude <strong>et</strong> sont r<strong>et</strong>ombés sur la Terre.<br />
L’auteur aborde surtout les questions d'éthique, de la responsabilité, du droit spatial, de ses institutions (sous<br />
l'autorité de l'Organisation des Nations unies (Onu) <strong>et</strong> des obligations internationales (Traité de l'espace) ainsi<br />
que les mesures - jusqu'ici non contraignantes - de surveillance, de protection, de sauvegarde <strong>et</strong> de décontamination…<br />
Quelques pays, dont la Belgique à l'avant-garde en Europe, ont adopté une législation sur les activités<br />
spatiales. Enfin, l'ouvrage traite du péril de notre planète. La pollution spatiale sous surveillance, Fernand Alby, Jacques<br />
Arnould <strong>et</strong> André Debus, CNES, Ellipses Édition Mark<strong>et</strong>ing, Paris, été 2007.<br />
Théo PIRARD
Visa pour le monde<br />
En c<strong>et</strong>te période de vacances <strong>et</strong> de crise, Intern<strong>et</strong> peut être une bonne occasion pour trouver des idées<br />
de vacances ou pour se consoler de ne pas pouvoir en prendre en visitant des lieux intéressants.<br />
Plutôt que de nous pencher sur des utilisations scolaires ou professionnelles d'Intern<strong>et</strong>, nous vous<br />
proposons de découvrir comment il est possible de préparer un voyage, de visiter des musées,<br />
des parcs naturels ou des expositions sans quitter son écran<br />
T<br />
rouver des sites intéressants. Comme pour<br />
toute recherche sur Intern<strong>et</strong>, la qualité de ce<br />
que nous trouvons dépend essentiellement de la<br />
précision de la question que nous posons au<br />
moteur de recherche. Essayons de formuler une<br />
requête correcte <strong>et</strong> complète. Qu'est-ce à dire ?<br />
Une bonne requête se compose de plusieurs termes<br />
disposés dans l'ordre. En outre, elle doit<br />
être spécifique.<br />
Des mauvaises requêtes (sur Google) pour visiter<br />
virtuellement le musée du Louvre seraient<br />
par exemple:<br />
Louvre. On obtient ainsi plus de 11 millions<br />
de résultats dont évidemment une carte <strong>et</strong> le site<br />
officiel du musée du Louvre.<br />
Musée du Louvre. C<strong>et</strong>te phrase r<strong>et</strong>ourne près<br />
de 2,5 millions de résultats <strong>et</strong> finalement<br />
presque les mêmes que la requête précédente.<br />
La requête la plus efficace sera:<br />
«visite virtuelle» «musée du Louvre»<br />
Remarquez l'utilisation des guillem<strong>et</strong>s qui perm<strong>et</strong>tent<br />
de créer deux expressions insécables.<br />
Les premiers résultats obtenus sont ceux que<br />
nous recherchons.<br />
Pour commencer...<br />
Une jolie entrée en matière pour explorer le<br />
monde est Google Earth (http://earth.google.fr/).<br />
C<strong>et</strong>te page perm<strong>et</strong> de télécharger <strong>et</strong> d'installer<br />
l'application. Il n'est pas nécessaire d'acquérir la<br />
version professionnelle payante. Pensez à décocher<br />
la case demandant si vous souhaitez également<br />
installer Chrome, le navigateur de Google.<br />
Malgré le volume des informations proposées,<br />
Google Earth s'installe très rapidement car l'essentiel<br />
est stocké sur les serveurs de Google <strong>et</strong><br />
non sur votre disque dur. Il est donc nécessaire<br />
d'être connecté pour utiliser Google Earth.<br />
Contrairement à ce que son nom semble indiquer,<br />
Google Earth perm<strong>et</strong> également de visiter<br />
le fond des océans, mais aussi les étoiles <strong>et</strong> la<br />
planète Mars.<br />
B<br />
ien utiliser Google Earth. Il est possible de<br />
commencer de manière intuitive en tapant<br />
une adresse dans le champ de recherche à gauche.<br />
Votre adresse par exemple. Vous constaterez<br />
rapidement que la qualité des images est très<br />
inégale d'une région à l'autre: elle est extraordinaire<br />
pour la plupart des grandes villes mais<br />
médiocre pour des zones comme les gorges de<br />
l'Ardèche où l'image devient floue quand on<br />
tente d'agrandir l'affichage des détails.<br />
501<br />
Galerie d’Apollon,<br />
musée du Louvre,<br />
Paris. (Photo<br />
le Louvre).<br />
Athena <strong>252</strong> / Juin 2009
Vue aérienne de la<br />
cathédrale Saint-<br />
Michel <strong>et</strong> Gudule,<br />
à Bruxelles, en 3D.<br />
En-dessous: vue<br />
aérienne du Mont-<br />
St-Michel, France.<br />
Athena <strong>252</strong> / Juin 2009<br />
Intern<strong>et</strong><br />
P<br />
artie gauche de l'écran. La partie gauche de<br />
l'écran perm<strong>et</strong> de lancer des recherches sur<br />
des adresses, des commerces <strong>et</strong> des itinéraires.<br />
Juste en dessous s'affiche la liste des lieux visités<br />
durant la séance. En dessous de ce panneau,<br />
une fenêtre appelée Lieux perm<strong>et</strong> de stocker vos<br />
découvertes ou des lieux que vous souhaitez<br />
conserver pour y r<strong>et</strong>ourner ultérieurement. Par<br />
défaut, <strong>et</strong> pour vous inspirer, Google vous propose<br />
déjà quelques endroits remarquables<br />
comme le Mont-Saint-Michel, le stade olympique<br />
de Sydney, la place Rouge à Moscou ou le<br />
campus de... Google, aux États-Unis. Il suffit de<br />
cliquer deux fois sur un des endroits proposés<br />
pour s'y rendre.<br />
Si vous cliquez sur le campus de Google, vous<br />
verrez apparaître sur l'écran des p<strong>et</strong>its carrés<br />
bleus. En passant la souris dessus, des noms<br />
apparaîtront. Si vous cliquez une fois sur un carré<br />
bleu, la photo s'affiche. Vous pouvez la faire<br />
disparaître en cliquant sur la p<strong>et</strong>ite croix en haut<br />
à droite de la photo. Si vous cliquez deux fois sur<br />
ces p<strong>et</strong>its carrés bleus, votre navigateur affichera<br />
des photos stockées sur Panoramio<br />
(http://www.panoramio.com). Ce site vous perm<strong>et</strong><br />
d'ajouter vos propres photos sur Google Earth. Si<br />
vous habitez un endroit remarquable ou insolite,<br />
si vous souhaitez montrer à quoi ressemblait ce<br />
lieu dans le passé, si vous avez envie de montrer<br />
des photos de votre jardin ou de n'importe quoi<br />
d'autres, lancez-vous. En cliquant sur Lieux (sous<br />
le logo Panoramio), vous verrez quelques sites<br />
intéressants avec des photos ajoutées par les utilisateurs.<br />
D'autres éléments peuvent également<br />
s'afficher sur l'image. Ils<br />
sont paramétrables à partir de la<br />
partie inférieure gauche de<br />
l'écran. Vous y verrez une série<br />
d'éléments que vous pouvez<br />
ajouter ou supprimer des cartes.<br />
Ainsi, Google vous propose<br />
d'afficher des éléments d'infor-<br />
502<br />
mations provenant de Wikipédia. Lancez par<br />
exemple une recherche (champ situé en haut à<br />
gauche) sur grand place, Bruxelles (sans les<br />
guillem<strong>et</strong>s). Parmi les carrés bleus, vous verrez<br />
apparaître des p<strong>et</strong>its logos W indiquant que vous<br />
pouvez accéder à des informations produites par<br />
Wikipédia.<br />
Une des options perm<strong>et</strong> d'afficher/masquer des<br />
images en 3 dimensions (3D) de certains bâtiments.<br />
Si vous visitez par exemple Bruxelles,<br />
vous verrez que l'Hôtel de Ville est proposé en<br />
3 dimensions. Ces images perm<strong>et</strong>tent d'éviter le<br />
phénomène d'écrasement des vues aériennes.<br />
Barre d'outils<br />
Située au-dessus des images, la barre d’outil<br />
perm<strong>et</strong> de:<br />
Afficher/masquer le panneau latéral gauche.<br />
Ajouter des repères: si vous repérez un<br />
endroit intéressant <strong>et</strong> que vous souhaitez le<br />
r<strong>et</strong>rouver facilement par la suite, vous pouvez y<br />
placer un repère. Il suffit de cliquer sur la<br />
punaise jaune, une fenêtre de dialogue apparaît<br />
pour vous perm<strong>et</strong>tre de définir un nom pour<br />
votre repère ainsi que quelques autres paramètres.<br />
Déplacer la punaise à l'endroit voulu. Elle<br />
apparaît ensuite dans la partie gauche de l'écran,<br />
dans la rubrique Lieux.<br />
Ajouter un polygone: ceci perm<strong>et</strong> de délimiter<br />
une zone sur l'image (soit contours, soit remplissage,<br />
soit les deux). Le principe est le même<br />
que pour les punaises. Veillez à dessiner le polygone<br />
dès que la fenêtre de dialogue apparaît.<br />
Ajouter un traj<strong>et</strong>. Vous pouvez dessiner une<br />
promenade dans une ville en indiquant le traj<strong>et</strong><br />
à suivre. Dessiner le traj<strong>et</strong> avec la souris dès que<br />
la fenêtre de dialogue apparaît. Celle-ci perm<strong>et</strong><br />
de déterminer la couleur du trait, son épaisseur<br />
<strong>et</strong> le nom du traj<strong>et</strong>.<br />
Ajouter une superposition d'image. Vous<br />
pouvez ajouter une image sur la carte: photo,<br />
plan, <strong>et</strong>c. Un curseur vous perm<strong>et</strong> de rendre<br />
l'image plus ou moins transparente.<br />
Enregistrer la visite. Pourquoi ne pas organiser<br />
une visite virtuelle sur un thème donné ?<br />
C'est tout simple en enregistrant les lieux visités.<br />
Il suffit de cliquer sur le bouton rouge apparaissant<br />
sur l'écran (l'autre bouton perm<strong>et</strong> même<br />
d'enregistrer du son, vos commentaires, par<br />
exemple). Un nouveau clic sur le bouton rouge<br />
arrête l'enregistrement.<br />
Afficher des images anciennes. Google<br />
Earth perm<strong>et</strong> de visualiser des images plus<br />
anciennes des endroits affichés en déplaçant le<br />
curseur. L'ancienn<strong>et</strong>é varie évidemment selon le<br />
lieu visité.<br />
Lumière solaire. Un curseur perm<strong>et</strong> de visualiser<br />
les images sous une luminosité variable<br />
(peu intéressant).
Icône «Planète». C<strong>et</strong>te icône perm<strong>et</strong> de passer<br />
de Google Earth à la planète Mars <strong>et</strong> aux<br />
étoiles. Certaines images du sol de Mars sont<br />
d'une n<strong>et</strong>t<strong>et</strong>é extraordinaire. La partie inférieure<br />
gauche perm<strong>et</strong> d'accéder à différentes informations,<br />
comme par exemple des visites guidées.<br />
La vue Sky perm<strong>et</strong> d'explorer le ciel. De nombreuses<br />
options sont disponibles en bas à gauche:<br />
cartes anciennes du ciel, centres d'apprentissage,<br />
<strong>et</strong>c.<br />
Les icônes suivantes perm<strong>et</strong>tent d'afficher la<br />
règle, d'envoyer par e-mail <strong>et</strong> d'imprimer. La<br />
dernière perm<strong>et</strong> de visualiser l'image dans<br />
Google Maps (uniquement disponible pour les<br />
images de la Terre).<br />
O<br />
ptions sur l'image proprement dite. Plusieurs<br />
icônes apparaissent en superposition sur<br />
l'image à droite de l'écran. L'image (à droite)<br />
provient du site de Google. Elles perm<strong>et</strong>tent:<br />
de faire pivoter l'image <strong>et</strong> par exemple de<br />
remplacer le nord en haut de l'image;<br />
de faire tourner l'image comme si vous regardiez<br />
autour de vous;<br />
de déplacer sur l'image;<br />
d'effectuer un zoom avant <strong>et</strong> arrière. Au fur <strong>et</strong><br />
à mesure qu'on s'approche du sol, Google Earth<br />
incline progressivement l'image pour que l'angle<br />
d'affichage devienne parallèle au sol. Il est<br />
possible de désactiver c<strong>et</strong>te option en allant<br />
dans Outils > Options > Navigation > Contrôles<br />
de Navigation.<br />
Des détails sur ces explications, avec des exemples<br />
<strong>et</strong> des vidéos, sont disponibles dans le<br />
Guide de l'utilisateur de Google Earth<br />
(http://www.tinyurl.com/oomt8t/).<br />
Profiter des découvertes des autres utilisateurs.<br />
De très nombreux utilisateurs ont ajouté des<br />
éléments intéressants sur Google Earth. Ces<br />
éléments sont contenus dans des fichiers KMZ.<br />
Quand on en trouve un, Google vous demande<br />
si vous souhaitez l'ajouter à l'application. Il suffit<br />
de confirmer <strong>et</strong> le fichier s'installe sans<br />
aucune difficulté. Vous en trouverez plusieurs à<br />
la page Explorer, rechercher <strong>et</strong> découvrir.<br />
(http://tinyurl.com/pyw6go/). Mais beaucoup de sites<br />
proposent de télécharger des fichiers KMZ. Certaines<br />
images sont absolument fascinantes.<br />
Quelques sites pour trouver des fichiers KMZ<br />
ou simplement des images parfois étonnantes:<br />
Google Earth kmz links/files<br />
(http://www.kmzlinks.com/).<br />
Google Sightseeing (http://googlesightseeing.com/).<br />
Voyez par exemple Sights by category qui propose<br />
des images insolites.<br />
Google Earth Blog (http://www.gearthblog.com/).<br />
Ce blog propose des images postées par ses<br />
membres. Le flux RSS perm<strong>et</strong> de les recevoir<br />
automatiquement.<br />
503<br />
Intern<strong>et</strong><br />
David Rumsey, un cartographe, propose des<br />
cartes anciennes du monde. Il en a amassé<br />
150 000 dont 120 sont disponibles sur Google<br />
Earth (http://www.davidrumsey.com/) pour nous perm<strong>et</strong>tre<br />
de voir le monde entre 1680 <strong>et</strong> 1930.<br />
Fascinant !<br />
Le National Snow and Ice Data Center a créé<br />
une série d'animations pour Google Earth montrant<br />
les conséquences du réchauffement climatique<br />
(http://tinyurl.com/89w5pp/).<br />
Une recherche rapide sur Google perm<strong>et</strong> de<br />
trouver d'autres sites en fonction de ses centres<br />
d'intérêts. Avant de quitter Google Earth, n'oubliez<br />
surtout pas de visiter la Rome antique en<br />
3D. Allez dans le panneau gauche, tout en bas,<br />
<strong>et</strong> cliquez sur Galerie, puis sélectionnez La<br />
Rome antique. Vous pouvez avoir un aperçu en<br />
cliquant sur http://earth.google.fr/rome/.<br />
Se promener avec Google Maps<br />
Il est désormais possible de se promener virtuellement<br />
dans de nombreuses villes du monde<br />
avec Google Maps (il n'y a rien à installer). Ce<br />
n'est malheureusement pas encore possible pour<br />
Bruxelles, mais les services de Google sillonnent<br />
actuellement les villes belges pour en<br />
photographier les rues.<br />
Voulez-vous visiter Paris ? Allez sur Google<br />
Maps (http://maps.google.com/) <strong>et</strong> tapez par exemple<br />
rue Mouff<strong>et</strong>ard, Paris dans le champ de<br />
recherche. Vous verrez apparaître, au centre de<br />
la boussole, un p<strong>et</strong>it personnage jaune qui vous<br />
indique que des vues sont disponibles. Cliquez<br />
dessus <strong>et</strong> déplacez-le pour faire apparaître le<br />
tracé (en bleu) des rues que vous pouvez visiter.<br />
Déposez le p<strong>et</strong>it personnage dans la rue que<br />
vous souhaitez parcourir. Les flèches au sol perm<strong>et</strong>tent<br />
le déplacement. Vous pouvez aussi utiliser<br />
la souris pour faire pivoter l'image. En haut<br />
à droite, une p<strong>et</strong>ite icône vous perm<strong>et</strong> un affichage<br />
plein écran.<br />
Vue aérienne<br />
d’un village africain,<br />
au Soudan.<br />
(Fichier KMZ).<br />
Athena <strong>252</strong> / Juin 2009
Intern<strong>et</strong><br />
en général<br />
<strong>et</strong> le Web<br />
en particulier<br />
nous perm<strong>et</strong>tent<br />
de travailler,<br />
mais aussi de rêver...<br />
Victor Hugo,<br />
par Rodin.<br />
(Exposition<br />
Victor Hugo).<br />
Athena <strong>252</strong> / Juin 2009<br />
Intern<strong>et</strong><br />
V<br />
isiter des musées. Musée de l'Hermitage:<br />
(http://www.hermitagemuseum.org/). En anglais<br />
ou en russe, parcourez les salles <strong>et</strong> les œuvres.<br />
Musées du Vatican (http://mv.vatican.va/).<br />
Plusieurs visites virtuelles sont proposées, dont<br />
la chapelle Sixtine, la Pinacothèque ou le musée<br />
grégorien égyptien.<br />
Musée Canadien des Civilisations<br />
(http://www.civilisations.ca/) De l'Égypte ancienne<br />
aux manuscrits des la Mer Morte, en passant par<br />
les civilisations indiennes.<br />
Musée de Londres (http://tinyurl.com/qhnnjs).<br />
Toute une série d'expositions virtuelles sur des<br />
thèmes aussi divers que la mode, les trésors des<br />
rois saxons ou la céramique.<br />
Pour en apprendre davantage: Museofile<br />
(http://www.culture.gouv.fr/documentation/museo/)<br />
Renseignements sur plus de 1 300 musées français.<br />
Certains proposent des visites virtuelles.<br />
Le monde des arts (http://www.lemondedesarts.<br />
com/liensmuseesmonde.htm).<br />
Liens vers des centaines de musées dans le<br />
monde. Museums around the World<br />
(http://icom.museum/vlmp/world.html).<br />
Visites d'expositions<br />
Victor Hugo (http://www.victorhugo2002.culture.fr/).<br />
Une formidable exposition à la dimension de<br />
celui qui disait: «Dans chaque village un<br />
homme tend un flambeau, l'instituteur. Un autre<br />
souffle dessus, le curé.» À voir absolument.<br />
La légende du Roi Arthur<br />
(http://expositions.bnf.fr/arthur).<br />
Plusieurs expositions virtuelles organisées par la<br />
Bibliothèque nationale de France, donc celle<br />
qu'elle consacre au légendaire roi Arthur. Il serait<br />
dommage de manquer l'exposition sur le bestiaire<br />
(http://expositions.bnf.fr/bestiaire/). Les liens de<br />
la page http://expositions.bnf.fr perm<strong>et</strong>tent de nourrir<br />
l'esprit pendant des semaines.<br />
L'Histoire par l'image<br />
(http://www.histoire-image.org/).<br />
Même durant les vacances, c<strong>et</strong>te exposition<br />
passionnera les élèves <strong>et</strong> les professeurs...<br />
RMN Réunion des musées nationaux<br />
(France) (http://www.photo.rmn.fr/).<br />
Ce site perm<strong>et</strong> de lancer une recherche dans<br />
plus de 200 000 photos d'œuvres d'art<br />
conservées dans les musées.<br />
Enluminures (http://www.<br />
enluminures.culture.fr/). De très belles<br />
images tirées d'une base de données du<br />
Ministère français de la culture. Voir<br />
également Enluminor<br />
(http://www.enluminor.com/) <strong>et</strong> notamment<br />
son lien vers le Musée virtuel des enluminures.<br />
Bibliothèque du Congrès<br />
(http://www.loc.gov/exhibits/).<br />
504<br />
La Bibliothèque du Congrès, des États-Unis,<br />
propose en permanence plusieurs expositions<br />
virtuelles sur des tas de suj<strong>et</strong>s dont par exemple<br />
une analyse de l'Adoration des Mages, de<br />
Léonard de Vinci.<br />
Visites de villes<br />
360 Cities (http://www. 360cities.n<strong>et</strong>/). Ce site<br />
propose des visites à 360 degrés de villes <strong>et</strong> autres<br />
lieux du monde (également accessible par<br />
Google Earth).<br />
A<br />
utres visites. Cim<strong>et</strong>ière du Père-Lachaise<br />
(http://www.pere-lachaise.com/). Plan <strong>et</strong> photos<br />
des monuments funéraires les plus visités.<br />
Aquariums d'Atlanta<br />
(http://atlanta.arounder.com/georgia_aquarium/).<br />
Déplacez la souris pour visualiser à 360 degrés.<br />
D es<br />
webcams pour visualiser des sites. Même<br />
si les webcams présentent l'inconvénient<br />
d'être souvent statiques <strong>et</strong> donc de ne fournir<br />
que des plans fixes, elles perm<strong>et</strong>tent de visualiser<br />
des lieux comme:<br />
les parcs nationaux américains<br />
(http://www.yellowstonewinterguide.com/webcams/);<br />
Rome (http://www.romexplorer.com/<br />
rome-webcam.htm);<br />
Ce site polonais (http://www.worldcam.pl/en/) en<br />
propose des centaines sur tous les continents.<br />
Créer votre propre visite virtuelle. Il existe sur<br />
Intern<strong>et</strong> des bases de données d'images<br />
comme Flickr (http://www.flickr.com/), un site<br />
communautaire de partage de photos. Vous y<br />
trouverez des millions de photos que vous pourrez<br />
trier, étiqu<strong>et</strong>er (tags), organiser. Une recherche<br />
sur colorado canyon rapporte près de<br />
70 000 clichés !<br />
Vous pouvez également tenter votre chance<br />
dans Google Images. Lancez par exemple une<br />
recherche sur book of Kells pour obtenir une<br />
série de reproductions du livre conservé à<br />
Dublin, au Trinity College.<br />
Par le biais d'articles tels que celui-ci, nous souhaitons<br />
montrer qu'Intern<strong>et</strong> est bien davantage<br />
que le courrier électronique ou la recherche d'un<br />
mot dans un moteur. Intern<strong>et</strong> en général <strong>et</strong> le<br />
Web en particulier nous perm<strong>et</strong>tent de travailler,<br />
mais aussi de rêver...<br />
Christian VANDEN BERGHEN<br />
cvb@brainsfeed.com<br />
http://www.brainsfeed.com
Remonter le temps...<br />
505<br />
Info-Physique<br />
Le 14 mai dernier, une fusée Ariane 5 a mis en orbite les satellites Planck <strong>et</strong> Herschel. L'Agence<br />
spatiale européenne dispose ainsi de deux télescopes spatiaux aux propriétés extraordinaires.<br />
Lorsque Planck aura livré ses données, nous en saurons sans doute un peu plus sur<br />
ce qui s'est passé quelques instants après la naissance de l'Univers. Récit d'une folle histoire<br />
La tâche d'Herschel, le plus grand télescope jamais<br />
envoyé dans l'espace - son miroir a un diamètre de<br />
3,5 mètres alors que celui du télescope Hubble<br />
n'est «que» de 2,4 mètres !- paraît assez simple: observer<br />
l'espace dans l'infrarouge lointain. De quoi repérer des<br />
obj<strong>et</strong>s dont le rayonnement est froid, de quelques dizaines<br />
à quelques centaines de degrés au-dessus du zéro absolu.<br />
C'est le cas de c<strong>et</strong>te immensité interstellaire occupée,<br />
pense-t-on, par des gaz <strong>et</strong> des poussières. Ce qui devrait<br />
perm<strong>et</strong>tre d'affiner nos connaissances sur la naissance des<br />
étoiles.<br />
Avant la première seconde<br />
Ce que les scientifiques attendent de Planck est très différent<br />
<strong>et</strong> demande quelques explications. À première vue,<br />
la tâche du télescope Planck, bien plus p<strong>et</strong>it que<br />
Herschel, est mineure puisqu'il doit «simplement» améliorer<br />
les performances de deux de ses prédécesseurs,<br />
COBE, lancé en 1989 <strong>et</strong> WMAP, lancé en 2001. Ceux-ci<br />
nous ont en eff<strong>et</strong> déjà fourni des cartes de ce fameux<br />
rayonnement fossile qui baigne l'ensemble de l'Univers,<br />
mais elles restent peu précises alors que, comme on le<br />
verra, bien des réponses aux questions posées dépendent<br />
de c<strong>et</strong>te précision. Planck devra donc jouer tout en<br />
finesse. Il devra aussi, surtout, apporter un autre type d'information,<br />
relative à la polarisation de ce rayonnement,<br />
c'est-à-dire l'orientation de son champ électromagnétique.<br />
Mais en quoi tout cela pourra-t-il faire progresser notre<br />
connaissance de l'histoire de l'Univers ?<br />
Pour comprendre l'importance des observations qu'effectuera<br />
Planck, il faut grossièrement r<strong>et</strong>racer l'histoire de<br />
l'Univers depuis son début, le Big Bang. Si les cosmologistes<br />
sont loin d'avoir écrit tout le scénario, ils semblent<br />
d'accord sur un point: tout s'est joué dans la première<br />
seconde ! Ce qui, sur une durée estimée de 13,7 milliards<br />
d'années, n'est vraiment pas beaucoup... Le mur au-delà<br />
duquel la physique ne peut remonter est celui de l'instant<br />
10 -43 seconde. C'est le fameux «mur de Planck» qui caractérise<br />
la fin de la période où la gravitation est quantique.<br />
Or, il n'existe pas encore de théorie quantique de la gravitation,<br />
ce qui embarrasse bien les scientifiques pour<br />
décrire ce qui se passe avant ce moment.<br />
Le coup de théâtre se produit donc à c<strong>et</strong> instant, 10 -43<br />
seconde: la gravité s'affranchit des fluctuations quantiques,<br />
elle devient libre, elle se sépare de la superforce<br />
unique qui régnait jusque là; l'Univers entre en croissance...<br />
c'est-à-dire qu'il devait mesurer environ 10 -35<br />
mètre, soit 10 20 fois plus p<strong>et</strong>it que le noyau d'un atome !<br />
La force de gravité ne s'appliquera désormais plus aux<br />
particules mais par eff<strong>et</strong> cumulatif sur d'énormes masses.<br />
Par contre, le domaine des particules est alors régi par une<br />
Carte, dressée par le satellite WMAP en 2003, du rayonnement fossile<br />
de l'Univers, émis environ 380 000 ans après le Big Bang. C<strong>et</strong>te<br />
carte a permis de confirmer l'âge de l'Univers (13,7 milliards d'années),<br />
sa composition (seulement 4% de matière «visible») <strong>et</strong> le fait<br />
qu'il est toujours en expansion.<br />
Le satellite Planck... a fait l'obj<strong>et</strong> de tests sous-vide <strong>et</strong> dans l'ultra-froid au Centre spatial de Liège (CSL). Plusieurs acteurs<br />
universitaires <strong>et</strong> industriels wallons ont d'ailleurs participé à la réalisation de ce satellite. De plus amples détails sur le satellite <strong>et</strong><br />
les tests liégeois sont à lire <strong>et</strong> à visionner sur le site de vulgarisation de l'ULg, à l'adresse http://reflexions.ulg.ac.be/cms/c_14415/planck-est-a-liege<br />
Athena <strong>252</strong> / Juin 2009
superforce électronucléaire, ancêtre commun des forces à<br />
l'œuvre aujourd'hui: électromagnétique, nucléaire forte <strong>et</strong><br />
nucléaire faible. Mais comme ces trois forces ne sont pas<br />
encore différenciées, tout est aggloméré <strong>et</strong> les particules<br />
n'ont pas encore de masse mais se comportent comme un<br />
rayonnement.<br />
Le choc suivant, <strong>et</strong> qui nous intéresse au premier chef, se<br />
produit 10 -35 seconde après le Big Bang: la superforce se<br />
scinde à son tour. L'interaction forte prend son autonomie<br />
<strong>et</strong> cohabite avec la force électrofaible (qui donnera naissance<br />
bien plus tard à l'électromagnétisme <strong>et</strong> à la force<br />
faible).<br />
Inracontable !<br />
Mais la naissance de l'interaction<br />
forte s'accompagne<br />
d'un événement inouï, inracontable<br />
par nos mots:<br />
l'Univers subit une expansion<br />
fulgurante, exponentielle<br />
disent les scientifiques.<br />
En un laps de temps<br />
presqu'infiniment bref (10 -32<br />
seconde !), il se dilate à une<br />
vitesse supérieure à la vitesse<br />
de la lumière - les particules<br />
ne se sont pas déplacées<br />
plus vite que la lumière,<br />
c'est la trame sur<br />
laquelle elles se trouvaient qui a enflé à c<strong>et</strong>te allure -, ses<br />
dimensions doublant au moins une centaine de fois (2 100 ).<br />
Il est impossible de s'imaginer ce qui s'est passé à ce<br />
moment. Disons, à titre de comparaison, forcément boiteuse,<br />
que depuis que les atomes existent <strong>et</strong> que l'Univers<br />
est devenu visible, c'est-à-dire à peu près 400 000 ans<br />
après le Big Bang, les échelles de grandeur de l'Univers<br />
n'ont été multipliées que par 1 000 !<br />
C<strong>et</strong> épisode a longtemps été contesté, remis en cause. Mais<br />
ce sont justement les observations du prédécesseur du<br />
satellite Planck, l'américain WMAP, qui ont apporté des<br />
éléments en faveur de c<strong>et</strong>te théorie de l'inflation exponentielle.<br />
Et les scientifiques attendent beaucoup de Planck <strong>et</strong><br />
de ses mesures de la polarisation magnétique du rayonnement<br />
fossile car celle-ci serait liée à l’apparition des ondes<br />
gravitationnelles. Lesquelles sont justement prévues par le<br />
modèle de l’inflation exponentielle. C<strong>et</strong>te phase du développement<br />
de notre Univers pose cependant beaucoup plus<br />
de questions qu’elle n’apporte de réponse.<br />
Selon certains cosmologistes, il n’est pas exclu de penser<br />
que c<strong>et</strong>te hyperexpansion a démarré à des moments différents<br />
avec des amplitudes différentes. C’est le modèle de<br />
Linde dans lequel le Cosmos aurait été une sorte de<br />
«mousse de savon», composée de beaucoup de bulles. Ce<br />
sont ces bulles qui auraient connu l’expansion avec<br />
comme conséquence qu’il y aurait autant d’univers que<br />
de bulles. Une multitude d’univers dont le nôtre n’est<br />
Athena <strong>252</strong> / Juin 2009<br />
Info-Physique<br />
jamais qu’un cas particulier... Non seulement la Terre<br />
n’est pas au centre du monde, mais notre monde luimême<br />
n’en serait qu’un parmi une multitude... Dur !<br />
Rayonnement fossile<br />
L’expansion de l’Univers, du Bing Bang jusqu’à nos jours:<br />
(13,7 milliards d’années).<br />
1. Bing Bang; 2. fluctuations quantiques; 3 Inflation; 4. Fonds diffus cosmologique;<br />
5. Premières étoiles; 6. Formation de galaxies, planètes, <strong>et</strong>c.<br />
7. Accélération de l’expansion de l’Univers.<br />
506<br />
Sautons allègrement quelques étapes - apparition des neutrons<br />
<strong>et</strong> des protons au premier cent millième de seconde;<br />
formation des premiers noyaux d’atomes légers à la troisième<br />
minute; avènement de l’hélium après un quart<br />
d’heure - pour faire un bond considérable dans le temps.<br />
Environ 380 000 à 400 000 ans après le Big Bang, la température<br />
de l’Univers a<br />
chuté: elle n’est plus que de<br />
3 000 degrés environ. Auparavant,<br />
à une température<br />
supérieure, dans un milieu<br />
très dense, les particules surchauffées<br />
ém<strong>et</strong>tent <strong>et</strong> absorbent<br />
les photons, les grains<br />
de lumière.<br />
Avec le refroidissement, les<br />
photons vont cesser d’interagir<br />
avec la matière. Cela<br />
veut dire que les électrons<br />
(charge négative) vont pouvoir<br />
s’apparier avec des<br />
noyaux (charge positive)<br />
pour former des atomes.<br />
Mais cela signifie aussi que<br />
la lumière se libère du piège dont elle n’a pu sortir jusqu’à<br />
ce moment. Elle est enfin libre de cheminer dans l’espace<br />
- l'Univers est devenu visible...- <strong>et</strong> de parvenir jusqu’à<br />
nous: c’est ce qu’on appelle le rayonnement cosmique<br />
primordial ou rayonnement fossile. Bien sûr, il nous parvient<br />
de manière très faible, sous forme d’un rayonnement<br />
à 3 kelvins, à peine supérieur au zéro absolu. Mais<br />
tout le monde peut le voir: il représente environ 1% de la<br />
«neige» qui envahit l’écran de nos téléviseurs lorsqu’ils<br />
ne sont pas réglés sur une chaîne. C’est la carte de ce<br />
rayonnement, déjà dressée par COBE puis WMAP, que va<br />
préciser Planck.<br />
C'est grâce à COBE que les physiciens ont repéré de<br />
minuscules irrégularités dans le rayonnement fossile,<br />
bientôt précisées par les mesures de WMAP. Ces irrégularités<br />
ont été identifiées comme les traces des fluctuations<br />
primordiales, de quoi préciser le contenu de l'Univers.<br />
Les simulations ont ainsi permis de déterminer que les<br />
fameux grumeaux originels seraient bien à l'origine de<br />
l'organisation de l'Univers, dominée par la gravité exercée<br />
par des amas de ce qu'on appelle aujourd'hui la<br />
matière noire, présente en bien plus grande quantité que<br />
la matière «visible». Planck devra prendre le relais en<br />
déterminant avec encore plus de précisions la taille des<br />
fluctuations, apportant peut-être ainsi une réponse à la<br />
question de leur origine.<br />
Henri DUPUIS<br />
dupuis.h@belgacom.n<strong>et</strong>
Les supercalculateurs<br />
sont prêts !<br />
L'accélérateur de protons de l’Organisation<br />
européenne pour la recherche<br />
nucléaire (CERN) devrait redémarrer à<br />
l'automne prochain. Un peu partout dans le<br />
monde, des équipes de physiciens sont prêtes à<br />
commencer l'analyse des données en provenance<br />
du LHC. Les moyens mis en œuvre, qui seront à<br />
la disposition de l'ensemble de la communauté<br />
scientifique, pourraient être à la base d'une révolution<br />
semblable à celle du World Wide Web<br />
(WWW)... lui aussi inventé au CERN.<br />
Effervescence, le 8 mai dernier, au centre de calcul<br />
de l'ULB-VUB: le monde de la physique<br />
inaugurait un supercalculateur, signe que les<br />
physiciens belges sont prêts pour entamer l'analyse<br />
des données en provenance du LHC, le<br />
grand accélérateur de protons du CERN. Encore<br />
faut-il recevoir des données à analyser ! Or, on<br />
sait qu'après un démarrage en fanfare, le LHC est<br />
devenu mu<strong>et</strong> le 19 septembre dernier.<br />
La révolution du GRID<br />
La présentation des outils <strong>et</strong> méthodes d'analyse<br />
était donc aussi l'occasion de faire le point sur<br />
l'état d'avancement des réparations. L'incident<br />
s'est produit à grande puissance, alors que<br />
l'énergie des faisceaux était supérieure à 10<br />
TéraélectronVolts. Une soudure de l'un des<br />
câbles supraconducteurs joignant deux aimants<br />
(il y en a 1 600 qui guident les particules) s'est<br />
révélée défectueuse. Le câble s'est échauffé <strong>et</strong> a<br />
alors perdu ses propriétés supraconductrices,<br />
développant une importante résistance électrique.<br />
Un arc électrique s'est formé, qui a perforé<br />
la paroi séparant l'enceinte refroidie à l'hélium<br />
(1,9 kelvin) de l'enceinte à vide (les<br />
aimants sont maintenus dans une double<br />
enceinte isotherme, comme une bouteille thermos).<br />
L'hélium liquide s'est donc vaporisé dans<br />
le vide entre les deux parois, exerçant une pres-<br />
507<br />
Info-Physique<br />
sion terrible sur la paroi externe puis sur les<br />
deux aimants que joignait le câble. Le choc s'est<br />
même propagé aux aimants voisins. Ce sont<br />
ainsi 37 d'entre eux qui ont été endommagés.<br />
L'inauguration du supercalculateur belge représente<br />
en quelque sorte l'aboutissement de la première<br />
phase de la participation de notre pays au<br />
programme du LHC. Depuis 1992 en eff<strong>et</strong>, des<br />
équipes réparties à travers nos universités<br />
ont participé à la conception puis<br />
à la réalisation du détecteur CMS <strong>et</strong> à<br />
la mise en place des moyens pour analyser<br />
les données qui en jailliront.<br />
Aujourd'hui, tout est prêt <strong>et</strong> les équipes<br />
belges attendent de passer à la seconde<br />
phase: l'analyse des données. Une<br />
phase très délicate, qui a demandé la<br />
mobilisation de moyens gigantesques<br />
(<strong>et</strong> d'une imagination qui ne l'est pas<br />
moins !). Le CERN va en eff<strong>et</strong> «cracher»<br />
chaque année l'équivalent d'une<br />
pile de 20 km de haut de CD-Rom de<br />
données (15 millions de Gigabytes) !<br />
C'est là-dedans qu'il faudra r<strong>et</strong>rouver<br />
les indices qui conforteront ou non les<br />
modèles théoriques. Pour y arriver,<br />
une seule solution, m<strong>et</strong>tre en commun<br />
les ressources en calcul de 40 pays. À<br />
c<strong>et</strong> eff<strong>et</strong>, un réseau de supercalculateurs,<br />
appelé GRID, a été développé<br />
par le CERN sous l'impulsion de<br />
l'Union européenne.<br />
Ils sont aujourd'hui 240, répartis à travers le<br />
monde, dont ceux de l'ULB-VUB <strong>et</strong> de l'UCL,<br />
qui vont se partager leurs capacités de calculs <strong>et</strong><br />
de stockage. Et cela pourrait bien être l'amorce<br />
d'une révolution dans le domaine informatique.<br />
«De même, explique le professeur Pascal Vanlaer,<br />
de l'ULB, que le WWW perm<strong>et</strong> d'accéder à<br />
des documents répartis n'importe où dans le<br />
monde sans avoir à se préoccuper de l'endroit où<br />
ils sont stockés, le chercheur qui utilise le GRID<br />
n'aura qu'à définir les ressources dont il a<br />
besoin: c'est le réseau qui se chargera de trouver<br />
où elles sont disponibles <strong>et</strong> qui récupérera les<br />
résultats.» Car le GRID, dont l'accès est ouvert<br />
(il suffit, en échange, de m<strong>et</strong>tre sa puissance de<br />
calcul à disposition de tous), est appelé à croître<br />
<strong>et</strong> surtout à s'ouvrir, d'abord sans doute aux autres<br />
domaines de la physique, puis à l'ensemble<br />
de la recherche scientifique, dont les sciences de<br />
la vie. Pour l'instant, chez nous, ce sont environ<br />
75 physiciens qui vont utiliser ses ressources,<br />
issus de l'ULB-VUB, l'UCL, l'UMONS, les<br />
facultés Notre-Dame de la Paix de Namur <strong>et</strong> les<br />
Universités de Gand <strong>et</strong> Anvers.<br />
Henri DUPUIS<br />
dupuis.h@belgacom.n<strong>et</strong><br />
Les réparations<br />
s'achèvent au CERN<br />
où le LHC devrait<br />
redémarrer<br />
à l'automne prochain<br />
<strong>et</strong> fonctionner tout<br />
l'hiver pour rattraper<br />
le temps perdu.<br />
Athena <strong>252</strong> / Juin 2009
Athena <strong>252</strong> / Juin 2009<br />
Métrologie<br />
L’enfer<br />
de la précision<br />
Mesurer des millions de degrés, une durée d’une extrême<br />
brièv<strong>et</strong>é ou le rayonnement d’un atome… Les scientifiques<br />
atteignent aujourd’hui des niveaux de précision<br />
extraordinaires aux extrêmes des échelles de mesure<br />
Nicolas Kratzer<br />
(vers 1486 - après<br />
1550). Astronome<br />
munichois entré<br />
au service<br />
d'Henri VIII<br />
d'Angl<strong>et</strong>erre est<br />
représenté en train<br />
de fabriquer<br />
des instruments<br />
de mesure.<br />
(Hans Holbein<br />
le jeune, musée<br />
du Louvre).<br />
Àquoi bon mesurer ? Pour répondre à un<br />
besoin élémentaire: m<strong>et</strong>tre en relation<br />
deux obj<strong>et</strong>s dont l’un est connu <strong>et</strong> sert<br />
de référence. N’importe quelle réalité matérielle<br />
ou mentale gagne son sens à c<strong>et</strong>te classification,<br />
surtout lorsqu’elle peut être traduite en<br />
données numériques. À l’inverse, une chose<br />
fermée sur elle-même <strong>et</strong> incomparable échappe<br />
à la connaissance <strong>et</strong> même à la compréhension.<br />
La mesure consiste donc à proposer ce qui<br />
serait insaisissable a priori (un volume, un<br />
débit, une force…) une image quantitative qui<br />
l’exprime. Elle n’en conserve que la charpente,<br />
élimine l’accessoire en la «référant» à un système<br />
initial (l’unité) qui autorise les comparaisons<br />
<strong>et</strong> détermine les proportions. Mesurer,<br />
c’est donc rendre relatif grâce à des valeurs<br />
conventionnelles, substituer des signes homogènes<br />
à l’hétérogénéité du monde, conserver<br />
l’unité au sein du multiple.<br />
508<br />
L’art ancien de la mesure - c<strong>et</strong>te amorce de la<br />
métrologie - remonte certainement à la préhistoire.<br />
Lié au développement de la vie sociale <strong>et</strong><br />
à la formation des civilisations particulières, on<br />
trouve sa trace, avec tous les problèmes qu’il<br />
pouvait poser, à travers toute l’histoire de l’humanité.<br />
Historiquement, la nécessité de la mesure s’est<br />
trouvée liée au travail de la terre. Du latin<br />
m<strong>et</strong>ior, mesurer signifiait à l’origine arpenter,<br />
arpenter un sol cultivable à pas d’homme. Le<br />
corps humain a constitué le premier étalon.<br />
Quand les paysans parlaient naguère à propos<br />
d’un champ, d’une «hommée» ou d’une «journée»,<br />
ils désignaient une surface qu’un homme<br />
était capable de travailler seul en une journée.<br />
D’innombrables restes de c<strong>et</strong>te pratique sont<br />
inscrits dans notre vocabulaire: ne parle-t-on<br />
pas, entre autres, d’une brassée de fleurs <strong>et</strong><br />
d’une poignée de grains ?<br />
Si l’on a longtemps recouru à de telles unités de<br />
mesure, dont la valeur pouvait varier d’une<br />
région à l’autre, c’est qu’une précision médiocre,<br />
dans toute une série d’opérations courantes, ne<br />
portait pas à conséquence. La commodité <strong>et</strong> la<br />
représentation concrète l’emportaient sur toute<br />
autre considération. Et puis, il ne s’agissait pas<br />
seulement de rapporter au corps, instrument de<br />
vie <strong>et</strong> de survie, les évaluations souhaitées, mais<br />
de construire un univers à la mesure du corps.<br />
La mesure… d’une révolution<br />
P<strong>et</strong>it à p<strong>et</strong>it, cependant, sous l’impulsion d’Euclide,<br />
d’Archimède <strong>et</strong> plus tard de Copernic, de<br />
Galilée <strong>et</strong> de Newton, la mesure s’est faite de<br />
plus en plus abstraite <strong>et</strong> s’est réfugiée dans des<br />
figures codifiées (triangles, cercles, formes<br />
algébriques, <strong>et</strong>c.). Cependant <strong>et</strong> dans la pratique,<br />
des siècles durant, chaque pays, chaque<br />
canton, chaque corporation possédait ses propres<br />
unités: pieds, coudées, toises, pouces, aunes,<br />
arpents, perches, s<strong>et</strong>iers, roquilles, pintes, livres,<br />
onces, muids, livres <strong>et</strong> autres boisseaux. Et<br />
si aucune équivalence ne les reliait les unes aux
autres, pour corser le tout, une<br />
même appellation correspondait<br />
à différentes valeurs ou<br />
une même grandeur portait différents<br />
noms !<br />
Si à la fin du VIII e siècle,<br />
Charlemagne avait bien commis<br />
un édit visant à uniformiser<br />
les différentes unités de mesure,<br />
celui-ci était tombé aux<br />
oubli<strong>et</strong>tes à la mort de l’empereur<br />
en 814. Plusieurs rois de<br />
France se sont ensuite attelés,<br />
mais en vain, à la tâche <strong>et</strong> ce<br />
n’est qu’au cours du XVIII e<br />
siècle que le besoin d’uniformiser<br />
le système de mesure<br />
s’est fait plus pressant, non pas<br />
par souci «scientifique» mais<br />
en raison du développement<br />
des échanges commerciaux.<br />
En avril 1790, le député français Talleyrand<br />
demanda à l’Assemblée nationale l’établissement<br />
«d’une mesure de base tirée de la nature<br />
qui puisse être adoptée par toutes les nations.»<br />
Ce sera le mètre (voir Athena n° 214 d’octobre<br />
2005), défini comme la dix-millionième partie<br />
du quart du méridien terrestre. Il présente<br />
l’avantage de donner l’unité de longueur<br />
(mètre), de surface (mètre carré), de volume<br />
(mètre cube) <strong>et</strong> même de masse (1 kilogramme<br />
correspondant au volume d’eau contenu dans<br />
1 décimètre cube). Ce système m<strong>et</strong>tra plus d’un<br />
demi-siècle à s’imposer <strong>et</strong> il faudra attendre la<br />
509<br />
Métrologie<br />
révolution industrielle<br />
pour le voir adopter par la<br />
majorité des pays européens.<br />
S’il est aujourd’hui universellement<br />
adopté par<br />
les scientifiques, certaines<br />
réminiscences ancestrales<br />
demeurent. On en r<strong>et</strong>iendra<br />
pour preuve la perte<br />
de la sonde américaine<br />
Mars Climate Orbiter en<br />
septembre 1999 à cause<br />
d’une confusion entre unités<br />
internationales (le<br />
mètre) <strong>et</strong> unités anglosaxonnes<br />
(le pied) !<br />
Au cours du XX e siècle,<br />
les définitions des mesures<br />
vont évoluer. Elles<br />
sont désormais basées sur des événements invariants<br />
dans le temps <strong>et</strong> dans l’espace: depuis<br />
1967, la seconde définie jusqu’alors comme la<br />
86 400 e partie du jour solaire moyen devient la<br />
durée de 9 192 631 770 périodes de l’onde<br />
électromagnétique émise ou absorbée par un<br />
atome de césium 133 passant d’un certain<br />
niveau d’énergie à un autre; en 1983, le mètre<br />
est redéfini comme la longueur du traj<strong>et</strong><br />
parcouru dans le vide par la lumière en<br />
1/299 792 458 de seconde. Dans les deux cas,<br />
on recourt à des éléments matériels, universels,<br />
indépendants de nous <strong>et</strong> autorisant des définitions<br />
extrêmement précises.<br />
Les sept unités de base du système international<br />
L<br />
e système international comporte aujourd’hui sept unités fondamentales<br />
à partir desquelles sont déduites toutes les autres unités<br />
de mesure. La définition scrupuleuse de ces unités de mesures, utilisées<br />
au quotidien, peut laisser perplexe…<br />
Longueur (m): traj<strong>et</strong> parcouru dans le vide par la lumière pendant<br />
1/299 792 458 de seconde;<br />
Masse (kg): masse du prototype de platine iridié déposé au Bureau<br />
international des poids <strong>et</strong> mesures;<br />
Temps (s): durée de 9 192 631 770 périodes de l’onde électromagnétique<br />
émise ou absorbée par un atome de césium 133 lorsqu’il passe<br />
d’un certain niveau d’énergie à un autre;<br />
Température (K): fraction 1/273,16 de la température thermodynamique<br />
du point triple de l’eau;<br />
Un sablier est<br />
un instrument qui<br />
perm<strong>et</strong> de mesurer<br />
un intervalle de temps<br />
par écoulement<br />
de sable <strong>et</strong> dont<br />
l’utilisation est avérée<br />
à partir du Xe siècle.<br />
Le mécanisme<br />
similaire pour les<br />
liquides est la<br />
clepsydre. Le bulbe,<br />
rempli de sable fin,<br />
ou d'un corps<br />
similaire, est placé<br />
en haut <strong>et</strong> par l'eff<strong>et</strong><br />
de la gravité, le sable<br />
s'écoule lentement<br />
<strong>et</strong> régulièrement dans<br />
l'autre. Une fois que<br />
tout le sable est dans<br />
le bulbe du bas,<br />
on peut r<strong>et</strong>ourner<br />
le sablier pour<br />
mesurer une autre<br />
période de temps. En<br />
général, les sabliers<br />
communs écoulent<br />
leur sable en 1 à<br />
5 minutes. Une<br />
utilisation courante<br />
<strong>et</strong> familière est<br />
le contrôle de la<br />
cuisson des œufs à<br />
la coque avec des<br />
sabliers de 3 minutes.<br />
Intensité de courant électrique (A): l’ampère est l’intensité d’un courant<br />
électrique qui, maintenu dans deux conducteurs parallèles, rectilignes,<br />
de longueur infinie <strong>et</strong> de section circulaire négligeable, placés à<br />
une distance d’un mètre l’un de l’autre, produirait entre ces conducteurs<br />
une force égale à 2.10 -7 N/m (newton par mètre);<br />
Quantité de matière (mol): la mole est la quantité de matière contenant<br />
autant d’entités élémentaires (atomes, molécules…) qu’il y a d’atomes<br />
dans 0,012 kg de carbone 12;<br />
Intensité lumineuse (cd): la candela est l’intensité lumineuse, dans une<br />
direction donnée, reçue d’une source qui ém<strong>et</strong> une radiation monochromatique<br />
de fréquence 540 x 10 12 Hz (hertz) <strong>et</strong> dont l’intensité énergétique<br />
dans une telle direction est 1/683 W/sr (watt par stéradian).<br />
Remarque: deux autres unités sans dimension, le radian <strong>et</strong> le stéradian,<br />
furent ajoutées en 1985 pour mesurer des angles.<br />
Athena <strong>252</strong> / Juin 2009
Athena <strong>252</strong> / Juin 2009<br />
Métrologie<br />
Pour une uniformité<br />
mondiale des mesures<br />
S<br />
itué au pavillon de Br<strong>et</strong>euil (à Sèvres, dans le<br />
parc de Saint-Cloud, près de Paris) où il jouit<br />
d'un statut extraterritorial, le Bureau international des poids <strong>et</strong> mesures (BIPM) a pour<br />
mission d'assurer l'uniformité mondiale des mesures <strong>et</strong> leur traçabilité au Système<br />
international d'unités (SI).<br />
Il travaille sous l'autorité de la Convention du mètre, qui est un traité diplomatique<br />
conclu entre cinquante <strong>et</strong> une nations. Il exerce son activité avec l'aide d'un certain<br />
nombre de comités consultatifs, dont les membres sont des laboratoires nationaux de<br />
métrologie des États membres de la Convention du mètre, <strong>et</strong> par son travail de laboratoire.<br />
Le BIPM effectue des recherches liées à la métrologie. Il organise ou participe à des<br />
comparaisons internationales d'étalons nationaux de mesure <strong>et</strong> effectue des étalonnages<br />
pour les États membres. Il a aussi pour mission de maintenir le Temps atomique<br />
international (TAI) <strong>et</strong> le Temps universel coordonné (UTC), qui sont les échelles de<br />
temps à partir desquelles les fréquences de référence <strong>et</strong> les signaux horaires sont disséminés<br />
de manière coordonnée dans le monde.<br />
Les autres organismes de référence sont la Conférence générale des poids <strong>et</strong> mesures<br />
(CGPM) <strong>et</strong> le Comité international des poids <strong>et</strong> mesures (CIPM).<br />
Depuis le début du siècle dernier, les mesures<br />
sont passées à de nouvelles échelles. Nécessitant<br />
toujours plus de précision, elles ont effectué<br />
un bond prodigieux dans les échelles microscopiques<br />
<strong>et</strong> macroscopiques.<br />
D’emblée, le secteur de la recherche fondamentale,<br />
par ses incursions dans l’infiniment grand,<br />
l’infiniment p<strong>et</strong>it <strong>et</strong> l’infiniment complexe,<br />
offre des illustrations impressionnantes des progrès<br />
qu’il a fallu réaliser, aussi bien dans la<br />
mesure de phénomènes lointains - en astrophysique,<br />
cela veut aussi dire loin dans le passé -<br />
que dans celle d’entités jusque-là seulement<br />
imaginées. C’est le cas avec la traque du boson<br />
de Higgs ou des composantes de la mystérieuse<br />
matière noire. La physique des particules fournit<br />
par ailleurs, avec la violation de parité dans<br />
l’interaction faible, à la fois l’exemple d’une<br />
mesure étonnamment précise <strong>et</strong> celui de l’utilisation<br />
d’une bizarrerie de la nature pour la<br />
mesure d’un autre suj<strong>et</strong> d’intérêt, le proton.<br />
Les mesures de l’extrême<br />
Les sciences de la Terre <strong>et</strong> de l’environnement<br />
ne sont pas en reste, qui offrent de magnifiques<br />
exemples de la mesure indirecte des températures<br />
du passé <strong>et</strong> de l’étude des phénomènes<br />
atmosphériques à grande échelle grâce aux<br />
infrasons. Dans le premier cas, les sciences<br />
510<br />
nucléaires fournissent un irremplaçable «thermomètre<br />
isotopique». Quant à l’énergie nucléaire<br />
de fission, le recours à des mesures de l’extrême<br />
y est monnaie courante. Ce sont des spécialistes<br />
de l’énergie nucléaire qui contribuent à<br />
améliorer sans cesse l’acuité des microscopes<br />
optiques afin de scruter les «verres nucléaires»<br />
ou qui participent, forts de leur expérience des<br />
mesures en conditions sévères sous rayonnements,<br />
au développement d’une méthode qui<br />
perm<strong>et</strong>tra d’analyser des roches «doublement à<br />
distance»: sur Mars <strong>et</strong> à plusieurs mètres du<br />
robot qui la m<strong>et</strong>tra en œuvre.<br />
Dans un autre domaine, la convergence des biotechnologies<br />
<strong>et</strong> des technologies de l’information<br />
ouvre des perspectives de diagnostic <strong>et</strong> de<br />
thérapie personnalisées pour chaque patient. La<br />
performance de la détection de la molécule ou<br />
du récepteur unique se r<strong>et</strong>rouve dans la mesure<br />
de traces d’explosifs ou de gaz toxiques dans<br />
l’environnement, notamment pour la sécurité<br />
des citoyens. La santé <strong>et</strong> la sécurité de l’homme<br />
profitent au premier chef des progrès de la<br />
mesure. Juste r<strong>et</strong>our des choses puisque, comme<br />
l’a dit en substance le sophiste grec Protagoras<br />
(Abdère, 485-411 Av. J.-C.) «l’homme est<br />
la mesure de toute chose».<br />
Le kilo menacé ?<br />
La métrologie est la science de la mesure <strong>et</strong> la<br />
première chose que sait le métrologue, c’est…<br />
qu’il n’existe pas de mesures exactes. Même la<br />
masse du kilogramme étalon déposé au Bureau<br />
international des poids <strong>et</strong> mesures (BIPM) varie<br />
- <strong>et</strong> avec lui tous les autres étalons du kilogramme<br />
dans le monde - car le kilo est la seule<br />
unité de mesure à encore reposer sur un obj<strong>et</strong><br />
physique, un cylindre de platine iridié mesurant<br />
39 mm de diamètre <strong>et</strong> 39 mm de longueur dont<br />
le poids est celui d’un décimètre cube d’eau<br />
pure à 0 °C.<br />
Appelé le K, le prototype international du kilogramme<br />
constitue l’unique référence internationale<br />
depuis 1889 <strong>et</strong> ses copies, disséminées à<br />
travers le monde, servent à étalonner tous les<br />
instruments de mesure du poids. Le problème,<br />
c’est que le poids de ces étalons a varié <strong>et</strong>, à de<br />
rares exceptions près, il semble qu’ils grossissent<br />
avec l’âge. C’est ainsi que lors de la campagne<br />
de comparaison entre le K <strong>et</strong> ses copies,<br />
au milieu des années 90, on s’est aperçu que le<br />
prototype espagnol avait pris 56 microgrammes,<br />
le russe en avait pris 32 <strong>et</strong> le norvégien 49.<br />
Par contre, l’anglais avait maigri de 17 microgrammes.<br />
Le K réalise donc la performance de<br />
modifier sa masse sans changer de poids<br />
puisque par définition, il pèse <strong>et</strong> pèsera ad vitam<br />
a<strong>et</strong>ernam un kilo !
Sauf si on trouve un autre moyen de définir le<br />
kilo. Deux grands axes de recherche sont<br />
actuellement en cours dans ce domaine. Le premier,<br />
appelé «balance de Wat», le K servant à<br />
définir le champ magnétique qui pèserait un<br />
kilo. Il s’agirait schématiquement de m<strong>et</strong>tre sur<br />
l’un des bras d’une balance un kilo étalon <strong>et</strong> de<br />
placer l’autre bras dans un champ magnétique:<br />
si les deux bras sont immobiles, le kilo est égal<br />
à la valeur du courant électrique générateur du<br />
champ magnétique. L’autre proj<strong>et</strong> est d’une<br />
simplicité extrême mais requiert de bons yeux.<br />
Il s’intitule Avogadro. Un kilo serait un nombre<br />
très précis d’atomes d’un certain corps, la difficulté<br />
étant évidemment d’énumérer les atomes<br />
car il faudrait pouvoir compter 50 milliards d’atomes<br />
(à 2 500 près) pour être au moins aussi<br />
précis que les mesures actuelles !<br />
Évaluer ses connaissances<br />
Aujourd’hui où tout est mesuré, pesé, calculé,<br />
calibré, réglementé, standardisé, certifié, mis en<br />
conformité, le métrologue évalue la qualité<br />
d’une mesure en cherchant à connaître les<br />
incertitudes, à l’aide d’étalons de mesure (<strong>et</strong><br />
nous savons leurs défauts) ou en procédant à<br />
des tests d’intercomparaisons ou de quantifica-<br />
Amesurons-nous !<br />
Grandeurs, unités <strong>et</strong> Cie<br />
Tel est le nom de l’exposition qui se tient actuellement<br />
<strong>et</strong> jusqu’en fin d’année au Centre de culture<br />
scientifique (CCS) de l’Université libre de Bruxelles, au<br />
Campus de Parentville, rue de Villers, 227 à 6010<br />
Charleroi. Téléphone: 071/60.03.00.<br />
Télécopie: 071/60.03.05.<br />
Intern<strong>et</strong>: http://www.ulb.ac.be/ccs<br />
Courriel: ccs@ulb.ac.be<br />
C<strong>et</strong>te vulgarisation, conçue par le CCS <strong>et</strong> la Maison<br />
des sciences de l’Université de Liège, offre aux jeunes<br />
(<strong>et</strong> aux moins jeunes) un voyage ludique dans le<br />
monde des mesures en perm<strong>et</strong>tant à chacun de<br />
s’amuser, de réaliser de très nombreuses expériences<br />
plus interactives les unes que les autres <strong>et</strong> de découvrir<br />
l’importance des mesures dans la vie scolaire,<br />
quotidienne <strong>et</strong> professionnelle.<br />
En marge de l’expo, sont également organisés des<br />
conférences <strong>et</strong> des ateliers spécialement conçus pour<br />
les élèves de l’enseignement primaire <strong>et</strong> secondaire.<br />
L’exposition est ouverte du lundi au vendredi, de<br />
9h30 à 17h30 <strong>et</strong> le dimanche de 10 à 18h. Elle est fermée<br />
le samedi. Droit d’entrée: pour les moins de 6<br />
ans, gratuit; moins de 10 ans, 2 euros, étudiants <strong>et</strong><br />
seniors, 3 euros <strong>et</strong>, pour les adultes, 4 euros.<br />
511<br />
Métrologie<br />
tions. Selon le BIPM, les opérations liées aux<br />
mesures représentent plus de 4% du produit<br />
intérieur brut des pays industrialisés <strong>et</strong> on<br />
estime qu’il y a actuellement dans le monde<br />
plus de 60 000 laboratoires accrédités pour les<br />
étalonnages, essais <strong>et</strong> certifications.<br />
Si aucune démarche scientifique «honnête» ne<br />
peut plus se passer de la mesure, si les instruments<br />
de mesure (horloge, thermomètre, balance,<br />
<strong>et</strong>c.) <strong>et</strong> leurs récentes métamorphoses<br />
ont fondé la «civilisation» <strong>et</strong> scandent nos<br />
modes de vie, existe-t-il malgré tout, des disciplines<br />
vouées à l’incommensurable ? Le droit ?<br />
Évidemment non. Rien n’incarne autant que la<br />
loi la référence à un ordre. Pas plus que l’histoire,<br />
qui se repaît de chronologie. La psychanalyse<br />
? Peut-être, encore que les neurobiologistes<br />
s’échinent à quantifier les phénomènes<br />
cérébraux. Et l’art, peut-il se passer de l’idée<br />
d’une unité ? En musique, le solfège repose sur<br />
un système compl<strong>et</strong> de mesure: jusqu’à l’invention<br />
du métronome au XVII e siècle, le pouls<br />
a servi de référence aux chanteurs. La peinture<br />
n’a-t-elle pas fait son miel du nombre d’or <strong>et</strong> de<br />
la perspective ? Il suffit de prendre la toile de<br />
Velásquez «Les Ménines» <strong>et</strong> de voir ce que<br />
Picasso en a fait ! L’art a tout simplement les<br />
moyens de nous faire oublier, provisoirement<br />
<strong>et</strong> agréablement, la mesure.<br />
La politique, au diapason des sciences contemporaines,<br />
est le lieu où le rapport à la mesure est<br />
le plus caricatural: l’inflation des sondages <strong>et</strong><br />
les soirées d’élections sont, à c<strong>et</strong> égard, un pur<br />
régal pour pythagoriciens pervers. Mais… il<br />
faut bien que «mesure se fasse».<br />
Paul DEVUYST<br />
Le «K»,<br />
cylindre<br />
de platine<br />
qui sert de<br />
référence<br />
internationale<br />
à la mesure<br />
du kilogramme<br />
depuis 1889.<br />
Il est conservé<br />
dans une pièce<br />
climatisée, sous<br />
trois cloches<br />
de verre au<br />
pavillon<br />
de Br<strong>et</strong>euil,<br />
à Sèvres,<br />
près de Paris,<br />
en France.<br />
La Métrologie<br />
Française<br />
Histoire, unités<br />
<strong>et</strong> recherches sur<br />
les mesures.<br />
À voir, le chapitre<br />
"Quelques +"<br />
http://www.<br />
m<strong>et</strong>rologiefrancaise.fr/<br />
Athena <strong>252</strong> / Juin 2009
Les heures indiquées sont celles d’Uccle exprimées en temps officiel<br />
pour les manifestations du mois <strong>et</strong> en temps universel (TU, soit deux<br />
heures de moins) pour les événements astronomiques<br />
Les jours décroissent de 1h17 min du 30 juin au 31 juill<strong>et</strong><br />
<strong>et</strong> de 1h58 min du 31 juill<strong>et</strong> au 31 août.<br />
Juill<strong>et</strong> 2009<br />
Le 4 juill<strong>et</strong>, à 1h40, le Soleil sera à l’apogée, c'est-à-dire que la<br />
distance maximale à la Terre sera de 1.01667 unité astronomique<br />
(1 UA = 149 597 870 km).<br />
5 juill<strong>et</strong> vers 3h30, <strong>et</strong> pendant plusieurs jours, on pourra<br />
observer le triangle Vénus, Mars <strong>et</strong> l’amas des Pléiades<br />
sur l’horizon Est-Nord-Est.<br />
7 juill<strong>et</strong> à 9h21, pleine Lune. À 21h38, la Lune sera à l’apogée<br />
(distance maximale à la Terre, soit à 406 232 km.<br />
8 juill<strong>et</strong> à 13h27, Mercure est au périhélie (distance minimale<br />
au Soleil) soit à 0,30750 UA.<br />
10 <strong>et</strong> 11 juill<strong>et</strong>, vers 3h40, Jupiter <strong>et</strong> la Lune sont à une trentaine<br />
de degrés au-dessus de l’horizon vers le Sud.<br />
15 juill<strong>et</strong> à 9h58, dernier quartier de Lune.<br />
16 juill<strong>et</strong> à 11h45, Mercure est à l’apogée (distance maximale<br />
à la Terre), soit à 1.33560 UA.<br />
21 juill<strong>et</strong> à 20h14, la Lune sera au périgée (distance minimale<br />
à la Terre) soit à 357 463 km.<br />
22 juill<strong>et</strong> à 2h35, nouvelle Lune.<br />
La plus longue éclipse totale<br />
de Soleil du siècle se produira<br />
le 22 juill<strong>et</strong>. Malheureusement<br />
pour nous, elle ne<br />
sera visible qu’en Inde <strong>et</strong> en<br />
Chine <strong>et</strong> elle devrait durer<br />
6 m 39 s.<br />
28 juill<strong>et</strong> à 22h00, premier quartier<br />
de Lune.<br />
Athena <strong>252</strong> / Juin 2009<br />
Le ciel depuis la Terre<br />
en juill<strong>et</strong> <strong>et</strong> août 2009<br />
512<br />
Août 2009<br />
4 août à 0h41, la Lune sera à l’apogée (distance maximale à<br />
la Terre) soit à 406 028 km.<br />
6 août à 0h55, pleine Lune.<br />
13 août à 18h55, dernier quartier de Lune.<br />
15 août à 3h16, Jupiter sera au périgée (distance minimale à<br />
la Terre), soit à 4.02782 unités astronomiques (1 UA =<br />
149 597 870 km).<br />
17 août à 7h35, Neptune est au périgée (distance minimale à<br />
la Terre, soit à 29.01578 UA<br />
19 août à 4h57, la Lune est au périgée (distance minimale à<br />
la Terre), soit à 359 639 km de notre planète.<br />
20 août à 10h02, nouvelle Lune.<br />
21 août à 13h05, Mercure est à l’aphélie (distance maximale<br />
au Soleil), soit 0.46670 UA.<br />
27 août à 11h42, premier quartier de Lune.<br />
27 août au crépuscule, Antarès scintille à moins de 1,5 ° à<br />
gauche de la Lune.<br />
31 août à 11h01, la Lune est à l’apogée (distance maximale à<br />
la Terre), soit à 405 269 km.<br />
Ces étoiles filantes forment<br />
des traînées bien visibles dans le<br />
ciel d'été, en direction du Nord,<br />
dans les constellations de Persée <strong>et</strong><br />
de Cassiopée. C<strong>et</strong> essaim est dû<br />
à la comète109P/Swift-Tuttle.<br />
Les «larmes de saint Laurent»<br />
est le nom donné poétiquement<br />
à ce phénomène, la fête de<br />
ce saint étant célébrée le 10 août.<br />
Paul DEVUYST
À la Une<br />
du... Cosmos<br />
513<br />
Astronomie<br />
Le proj<strong>et</strong> 6dF<br />
a fini son travail.<br />
Une carte de plus<br />
de 100 000 galaxies<br />
a été élaborée <strong>et</strong><br />
perm<strong>et</strong> de voir<br />
comment ces obj<strong>et</strong>s<br />
s'organisent:<br />
«murs», filaments,<br />
poches vides. C'est<br />
un Univers<br />
complexe que nous<br />
révèle c<strong>et</strong>te étude.<br />
(Photo 6dF).<br />
À gauche: les confins de l'Univers se révèlent très intéressants. On vient d'y découvrir un «blob» mystérieux, grand <strong>et</strong> massif (pour son<br />
époque: 800 millions d'années après le Big Bang). Baptisé Himiko, il pourrait s'agir d'une galaxie en formation, de deux galaxies en collision,<br />
ou d'un gros nuage de gaz chaud... De très grosses galaxies ont aussi été repérées: elles existent alors que l'Univers n'avait à c<strong>et</strong>te<br />
époque que 5 milliards d'années. Il semblerait donc que les grandes structures se forment plus vite qu'on ne l'imaginait. (Photo Carnegie).<br />
À droite: une explosion très lointaine, c'est ce qu'on a pu voir le 23 avril dernier. Elle s'est produite alors que l'Univers n'avait que 800<br />
millions d'années (il en a aujourd'hui 13,7 milliards), <strong>et</strong> l'obj<strong>et</strong> qui l'a provoqué est donc le plus lointain connu à ce jour ! (Photo ESO).<br />
Comme chaque mois, une moisson de nouvelles exoplanètes ont été détectées. Il y a une extra-légère (2 à 3 masses terrestres) qui fait le tour<br />
de son soleil en 3 jours environ; des cadavres de soleils (les naines blanches) qui sont entourées des débris de leurs planètes. (Photo ESO).<br />
Ci-contre: les astéroïdes ne bronzent pas, mais le Soleil, via le<br />
vent solaire, change leur surface: en un million d'années, ils<br />
deviennent tout rouges ! Le seul moyen d'avoir des surfaces blanches<br />
<strong>et</strong> fraîches est qu'un astéroïde se coupe en deux, suite à une<br />
collision. (Photo ESO).<br />
Yaël NAZÉ<br />
nazé@astro.ulg.ac.be<br />
Athena <strong>252</strong> / Juin 2009
C<br />
’est une fusée plutôt blanche qui s’est élancée dans le<br />
ciel du Kazakhstan. Or, quand on l’a amenée par rail<br />
deux jours auparavant, elle était - à l’exception de la coiffe<br />
recouvrant le vaisseau habitable - d’un aspect gris-vert<br />
(kaki) qui rappelle ses origines militaires. Pourquoi<br />
ce changement de teinte ? Non, les techniciens russes<br />
n’ont pas mis à profit le temps des derniers<br />
préparatifs pour m<strong>et</strong>tre une couche de blanc sur<br />
le lanceur Soyouz… Les structures de la fusée,<br />
devenues blanches, sont les parties où se trouvent<br />
les réservoirs d’oxygène liquide à moins<br />
183 degrés. La formation de givre sur leur surface<br />
explique c<strong>et</strong>te blancheur. Là où est stocké<br />
le kérozène, le lanceur Soyouz a gardé sa couleur<br />
d’origine. Il emploie un mélange kérozène-oxygène<br />
liquide, qui sont des ergols écologiquement<br />
propres, pour la propulsion de ses<br />
quatre fusées d’appoint <strong>et</strong> de ses deux étages<br />
centraux. C’est le fonctionnement successif de<br />
Athena <strong>252</strong> / Juin 2009<br />
Le 27 mai, comme prévu, le vaisseau russe Soyouz Tma-15 s’est envolé<br />
du complexe n° 1 du cosmodrome de Baïkonour. Un équipage, constitué<br />
par - voir photo de la page 515 - à gauche: le Canadien Robert Thirsk,<br />
au centre: le Russe Roman Romanenko <strong>et</strong> à droite: le Belge Frank<br />
De Winne (représentant l’Europe), a mis le cap sur<br />
l’Iss (International Space Station) pour y rejoindre un autre trio<br />
international. Une fois l’arrimage à la station réussi, l’expédition<br />
n° 20 était au grand compl<strong>et</strong> avec six personnes - deux Russes,<br />
un Américain, un Japonais, un Canadien <strong>et</strong> un Européen -<br />
qui assurent la permanence humaine dans c<strong>et</strong>te oasis scientifique<br />
<strong>et</strong> technologique <strong>et</strong> qui évolue à quelque 350 km autour de la Terre.<br />
Quelques questions ont été posées sur le lancement, sur l’épreuve<br />
des deux premiers jours du vol, sur le principal défi d’une vie<br />
à six dans une enceinte, certes spacieuse mais fermée<br />
ces étages qui perm<strong>et</strong>tent d’accélérer le vaisseau<br />
habité à la vitesse de près de 28 000 km/h<br />
pour sa mise en orbite entre 200 <strong>et</strong> 242 km<br />
d’altitude.<br />
M<br />
oins de neuf minutes après le décollage qui fait peu<br />
de pollution chimique mais beaucoup de bruit , les<br />
trois occupants du Soyouz Tma-15 sont dans l’espace, à la<br />
poursuite de la station. Ils ont à affronter deux journées<br />
difficiles. En quoi ce début de leur vol spatial est-il si<br />
éprouvant ? Au terme de ces deux premiers jours,<br />
faits de multiples changements d’orbite, leur<br />
vaisseau doit arriver près de la station <strong>et</strong> réussir<br />
sa jonction. Si possible de façon automatique<br />
- ce qui fut le cas pour l’arrimage du 29<br />
mai -, mais l’équipage s’est entraîné pour<br />
effectuer c<strong>et</strong>te opération cruciale de façon<br />
manuelle. Pendant les deux jours de course-<br />
514
poursuite, l’équipage vit dans des conditions<br />
inconfortables. Le Soyouz Tma, dont la<br />
conception remonte aux années 60, est un vaisseau<br />
sûr <strong>et</strong> efficace.<br />
Mais, malgré ses multiples modernisations,<br />
c’est un engin rustique d’un confort spartiate,<br />
où les trois occupants vivent à l’étroit <strong>et</strong> sont<br />
confrontés à des problèmes d’hygiène personnelle.<br />
Il n’y a pas de toil<strong>et</strong>tes dans le «coin<br />
séjour» du module sphérique qui est fixé sur<br />
l’avant de la capsule récupérable <strong>et</strong> qui est<br />
équipé de la pièce mâle <strong>et</strong> du système radar<br />
pour l’accostage. Durant cinquante heures, le<br />
temps d’arriver à l’Iss, chaque membre de<br />
l’équipage porte un lange en cas de p<strong>et</strong>it besoin<br />
urinaire. Pas question de déféquer: tout est mis<br />
en œuvre pour lui éviter c<strong>et</strong> inconvénient. Avant<br />
de revêtir le scaphandre, il est purgé par un<br />
lavement des intestins. On comprend dès lors<br />
l’empressement à rejoindre la station pour aller<br />
se soulager dans les toil<strong>et</strong>tes soit russes, soit<br />
américaines.<br />
Autre désagrément du séjour dans le p<strong>et</strong>it vaisseau:<br />
pour éviter que sa structure, d’un côté, ne<br />
soit exposée au Soleil <strong>et</strong> ne s’échauffe trop, il<br />
tourne sur lui-même comme un poul<strong>et</strong> dans une<br />
rôtisserie… Ses occupants, qui sont confrontés<br />
au mal de l’espace, lié à l’état d’impesanteur,<br />
sont très mal à l’aise, en ayant le tournis. Pour<br />
éviter c<strong>et</strong>te gêne, ils occultent les fenêtres pour<br />
que leur vision ne soit pas perturbée par une<br />
surface terrestre qui défile <strong>et</strong> bascule. Une fois<br />
arrivés dans la station, ils ne sont plus soumis à<br />
c<strong>et</strong>te épreuve.<br />
E<br />
st-il vrai que les habitants de l’Iss boivent de l’eau qui<br />
est extraite de leur urine <strong>et</strong> de leur respiration ? La<br />
cohabitation de six personnes pose le problème<br />
de leurs ressources en oxygène, en eau <strong>et</strong> en<br />
nourritures, comme le défi de l’élimination du<br />
gaz carbonique <strong>et</strong> de l’humidité à bord. Désireux<br />
de réduire la charge <strong>et</strong> le coût des ravitaillements<br />
réguliers, Roscosmos <strong>et</strong> la Nasa ont<br />
mis au point des systèmes pour la régénération<br />
de l’oxygène, comme pour la récupération de<br />
l’humidité sur les parois des modules <strong>et</strong> pour le<br />
recyclage des eaux usées <strong>et</strong> des urines. Depuis<br />
fin 2008, on a installé dans le module américain<br />
le Wrs (Water Recovery System) qui se compose<br />
d’équipements de traitement de l’urine <strong>et</strong> de<br />
purification de l’eau. Sa mise en œuvre a posé<br />
quelques soucis <strong>et</strong> on a dû procéder à des remplacements<br />
de matériels. Le 20 mai, le système<br />
était déclaré opérationnel: l’équipage a porté un<br />
toast avec l’eau extraite de ses urines<br />
Théo PIRARD<br />
theopirard@yahoo.fr<br />
515<br />
Espace<br />
Trois sigles pour la mission Oasiss<br />
Les collectionneurs d’écussons <strong>et</strong> de patches sont ravis à l’occasion<br />
de la mission que Frank De Winne vient de commencer<br />
dans la Station spatiale internationale. Trois emblèmes ou<br />
logos ont été r<strong>et</strong>enus pour identifier son vol qui va durer six mois.<br />
L’insigne russe montre un (arch)ange qui<br />
apporte son soutien à la station en évoluant<br />
entre six étoiles (les six membres de<br />
l’équipage permanent). Ce dessin est le<br />
résultat d’une compétition entre jeunes<br />
artistes en Russie. On le doit à Yura<br />
Menkevich, âgée de 15 ans.<br />
Le patch américain est plus dans l’esprit<br />
très officiel de la Nasa (National<br />
Aeronautics & Space Administration). Il<br />
montre l’emblème, avec l’étoile, des astronautes<br />
du Space Shuttle sur lequel est<br />
incrustée la station au-dessus du chiffre<br />
XX (20). Six étoiles de couleur jaune figurent<br />
sous une courbe tricolore (les trois<br />
couleurs du drapeau des États-Unis).<br />
L’écusson européen est sans doute le plus<br />
poétique. Il a la forme d’une goutte d’eau<br />
qui symbolise notre planète comme elle<br />
est vue depuis l’Iss (International Space<br />
Station). On voit stylisés la station, un<br />
être humain <strong>et</strong> un arbre de vie, qui sont<br />
survolés par la fusée Soyouz. Il illustre<br />
bien ce qu’est la mission Oasiss, les trois<br />
dernières l<strong>et</strong>tres étant celles de l’Iss. Ce<br />
nom choisi à l’issue d’un concours de<br />
l’Esa, on le doit à Jan Puylaert de Gand.<br />
Athena <strong>252</strong> / Juin 2009
Athena <strong>252</strong> / Juin 2009<br />
Espace<br />
La Belgique<br />
dans les étoiles<br />
L'expérience<br />
Foam Stability<br />
n'a pu être emportée,<br />
comme c'était prévu,<br />
dans le vaisseau<br />
Soyouz Tma-15.<br />
Il le sera dans<br />
le Soyouz Tma-16<br />
en septembre<br />
prochain.<br />
(Photo Grasp).<br />
Depuis ce 27 mai, quand le vaisseau<br />
russe Soyouz Tma-15 s’est mis en<br />
orbite, un Belge est présent autour de<br />
l’espace pour six mois. Oasiss est le nom de sa<br />
mission que Frank De Winne - deuxième vol<br />
spatial - accomplit en compagnie du Russe<br />
Roman Romanenko <strong>et</strong> du Canadien Robert<br />
Thirsk. Ce trio qui constitue l’expédition n° 20<br />
de longue durée (6 mois) a rejoint le Russe<br />
Gennady Padalka, l’Américain Michael Barratt<br />
<strong>et</strong> le Japonais Koichi Wakata pour former le<br />
premier équipage permanent à six personnes de<br />
l’International Space Station (Iss). Il s’agit<br />
d’une équipe très internationale, mais avec seulement<br />
des hommes ! Le 11 octobre, notre<br />
astronaute deviendra le premier commandant de<br />
bord, non-américain <strong>et</strong> non-russe, de la station,<br />
jusqu’à son r<strong>et</strong>our, prévu vers le 10 décembre,<br />
après près de 186 jours passés dans l’espace. Sa<br />
relève sera assurée par les trois occupants du<br />
Soyouz Tma-17.<br />
Frank De Winne aura un emploi du temps très<br />
chargé durant son séjour d’une demi-année en<br />
impesanteur. Il devra veiller au bon fonctionnement<br />
des instruments qui se trouvent à bord du<br />
laboratoire Columbus de l’Esa (Agence spatiale<br />
européenne). Quatre expériences en microgravité,<br />
qui concernent des recherches de laboratoires<br />
belges, se dérouleront au cours de son vol.<br />
516<br />
L’installation multi-utilisateurs Pcdf (Protein<br />
Crystallisation Diagnostic Facility) de cristallisation<br />
de protéines est utilisée par des chercheurs<br />
de la Vub (Vrije Universiteit Brussel) avec le<br />
soutien du B.usoc (Belgian Users Support<br />
Operations Center), à l’Institut d’Aéronomie<br />
spatiale d’Uccle. Quatre réacteurs contenant des<br />
solutions de protéines ont été amenés en mars<br />
pour servir à la production de cristaux en microgravité.<br />
Les échantillons réalisés reviendront lors<br />
de la prochaine desserte de l’Iss avec la nav<strong>et</strong>te<br />
Endeavour. C<strong>et</strong>te expérimentation qui m<strong>et</strong> en jeu<br />
un concept mécanique de Verhaert Space donne<br />
lieu à des observations de phénomènes de convection<br />
<strong>et</strong> de sédimentation au moyen d’un système<br />
optique complexe de Lambda-X, de<br />
Nivelles.<br />
Dans le caisson hermétique Msg (Micro-gravity<br />
Science Glovebox), dont Frank De Winne<br />
s’était servi lors de son précédent vol Odissea,<br />
en octobre 2002 à bord du module américain<br />
Destiny, vont se dérouler deux expériences de<br />
physique de fluides pour le Microgravity<br />
Research Center (Mrc) de l’Université libre de<br />
Bruxelles (ULB). Il s’agit du Dsc (Diffusion &<br />
Sor<strong>et</strong> Coefficient measurements for improvement<br />
of oil recovery) <strong>et</strong> du Vidil (Vibrations on<br />
Diffusion in Liquids), qui vont renforcer les<br />
connaissances <strong>et</strong> compétences du Mrc sur le<br />
comportement des liquides.<br />
L’expérience Foam Stability que le Grasp<br />
(Group for Research & Applications in<br />
Statistical Physics) de l’Université de Liège<br />
(ULg) <strong>et</strong> la firme anversoise Verhaert Space ont<br />
conçue <strong>et</strong> réalisée en un temps record, est à la<br />
fois scientifique <strong>et</strong> éducative. Une caméra vidéo<br />
perm<strong>et</strong> de suivre la formation <strong>et</strong> l’évolution de<br />
mousses en impesanteur <strong>et</strong> de comparer ces<br />
observations avec ce qui se passe sur Terre (voir<br />
Athena n° 250, avril 2009, pp. 411-412). Par<br />
ailleurs, deux écoles secondaires, à Ostende <strong>et</strong> à<br />
Mol, vont effectuer des mesures de masse <strong>et</strong><br />
étudier le phénomène de capillarité grâce à des<br />
équipements très simples qui sont fournis par<br />
Verhaert Space.<br />
Le 9 septembre prochain, un lanceur Rockot,<br />
dérivé d’un missile intercontinental russe, m<strong>et</strong>tra
sur orbite deux satellites de l’Esa: le Smos (Soil<br />
Moisture and Ocean Salinity) qui doit, dans le<br />
cadre du programme scientifique Earth<br />
Explorer, mesurer l’humidité des sols <strong>et</strong> la salinité<br />
des océans, ainsi que Proba-2 qui est le<br />
deuxième micro-satellite «made in Belgium».<br />
Réalisé par Verhaert Space (maîtrise d’œuvre,<br />
intégration) <strong>et</strong> Spacebel (informatique de bord),<br />
c<strong>et</strong> observatoire solaire, p<strong>et</strong>it <strong>et</strong> compact, de 130<br />
kg utilise un bus miniaturisé avec deux instruments<br />
de fine technologie qui perm<strong>et</strong>tront d’en<br />
savoir plus sur les influences de notre étoile sur<br />
notre planète: Swap (Sun Watcher using Aps<br />
d<strong>et</strong>ectors and image processing) du Centre spatial<br />
de Liège <strong>et</strong> Lyra (Lyman alpha Radiom<strong>et</strong>er)<br />
de l’Observatoire royal de Belgique. Ces deux<br />
instruments ont obligé l’industrie belge (optique<br />
<strong>et</strong> électronique) de se surpasser.<br />
À bord de Proba-2, se trouvent des équipements<br />
technologiques à tester en vue de missions<br />
futures dans l’espace: un senseur numérique<br />
du Soleil, un pointeur stellaire (star<br />
tracker), la nano-caméra X-Cam, des fibres sensitives<br />
de température <strong>et</strong> de pression, un magnétomètre<br />
de grande précision, un propulseur<br />
électrique au xenon <strong>et</strong> un générateur de gaz<br />
froid… La mission Proba-2 se déroulera sur<br />
une orbite héliosynchrone (synchronisée avec le<br />
Soleil) à 728 km d’altitude. Elle sera contrôlée<br />
depuis la station Esa de Redu (province du<br />
Luxembourg) par Redu Space Services au<br />
moyen de systèmes fournis par Spacebel. À<br />
noter que Proba-1, en orbite depuis le 22 octobre<br />
2001 continue à bien se comporter: il envoie<br />
sur demande des images de la surface terrestre.<br />
D’ores <strong>et</strong> déjà, l’Esa a commandé à Verhaert<br />
Space le Proba-V qui sera lancé en 2012 pour<br />
garantir la continuité des prises de vues<br />
Végétation.<br />
Théo PIRARD<br />
Beau temps<br />
pour les comsats<br />
En ce temps de crise économique, il n’y a pas que de nouvelles<br />
alarmantes. Les opérateurs de satellites de télécommunications<br />
<strong>et</strong> de télévision tirent parti de la transmission numérique pour<br />
proposer la haute définition (bientôt la Tv en 3D), la large bande <strong>et</strong> des<br />
services mobiles. À la conférence Satellite 2009 de Washington, D.C.,<br />
Ses (Luxembourg) <strong>et</strong> Eutelsat (Paris) ont annoncé de beaux bull<strong>et</strong>ins de<br />
santé avec des chiffres d’affaires en hausse. Ils prévoient la poursuite<br />
de leur croissance en 2009 avec la mise en œuvre de satellites plus<br />
puissants.<br />
Ensemble, Ses (qui comprend les systèmes Astra, Sirius, Americom <strong>et</strong><br />
New Skies) <strong>et</strong> Eutelsat (fort proche de l’opérateur espagnol Hispasat<br />
qui a une position dominante sur le marché latino-américain) totalisent<br />
plus de 2,5 milliards d’euros du chiffre d’affaires 2008: 387 millions<br />
d’euros de bénéfices n<strong>et</strong>s pour le premier, près de 213 pour le second.<br />
Tous deux misent sur le développement en Europe des médias numériques,<br />
de nouveaux standards Tv (haute définition, en relief), de<br />
connexions Intern<strong>et</strong> à grande capacité, de la vidéo à bord des véhicules<br />
<strong>et</strong> sur les portables… Ils ont créé une filiale commune: Solaris Mobile,<br />
basée à Dublin, pour lancer sur le marché européen la diffusion de programmes<br />
Tv <strong>et</strong> radio vers des terminaux de poche au moyen du relais<br />
en bande S du satellite W2A d’Eutelsat, qui a été lancé le 3 avril du cosmodrome<br />
de Baïkonour.<br />
Quinze satellites, destinés à l’orbite géostationnaire, à 35 800 km à<br />
l’aplomb de l’Équateur, sont en construction au cours des trois prochaines<br />
années: 9 pour Ses <strong>et</strong> ses filiales, 6 pour Eutelsat. Les plus<br />
remarquables pour renforcer <strong>et</strong> améliorer les connexions Intern<strong>et</strong> sur<br />
l’ensemble de l’Europe sont: Astra-3B (photo dans le titre), en construction<br />
chez Astrium à Toulouse, sera lancé à la fin de l’année. Ka-Sat,<br />
commandé par Eutelsat à Astrium, durant l’automne 2010. À noter que<br />
la firme Newtec contribue, avec son terminal Sat3Play (téléphone, Tv,<br />
Intern<strong>et</strong>) au succès du service Astra2Connect en bande Ku. Avec son<br />
proj<strong>et</strong> d’équipement Beamsat, il veut passer à la fréquence supérieure<br />
en démontrant la flexibilité des transmissions en bande Ka.<br />
L’Europe à l’affût de l’innovation<br />
L’Esa (Agence spatiale européenne) était à Satellite 2009, représentée<br />
par Jean-Jacques Dordain, directeur général <strong>et</strong> Magali Vaissière qui<br />
dirige les programmes de télécommunications <strong>et</strong> d’applications intégrées.<br />
Grâce aux différents vol<strong>et</strong>s de son programme Artes (Advanced<br />
Research in Telecommunication Systems), elle reste l’agence la plus<br />
active dans le développement de nouveautés technologiques pour les<br />
satellites de télécommunications. Elle établit des partenariats publicsprivés<br />
pour créer de nouvelles plates-formes <strong>et</strong> charges utiles.<br />
L’alliance Astrium-Thales Alenia Space, avec le soutien du Cnes<br />
(Centre national d’études spatiales), va tester, en 2012, l’Alphabus de<br />
517<br />
Athena <strong>252</strong> / Juin 2009
6 tonnes, dans le cadre de la mission<br />
Alphasat/Inmarsat XL, destiné à des services<br />
mobiles en bande L, spécialement pour<br />
l’Afrique <strong>et</strong> le Moyen-Orient.<br />
Par ailleurs, l’Europe spatiale a pris l’initiative<br />
de lancer des activités Iap (Integrated Applications<br />
Promotion). L’objectif est de favoriser<br />
des synergies technologiques entre les systèmes<br />
de navigation, de télédétection <strong>et</strong> de télécommunications,<br />
tant par satellites qu’avec les réseaux<br />
au sol. Ce qui va se traduire par le développement<br />
de nouveaux produits <strong>et</strong> services à valeur<br />
ajoutée, avec des emplois variés à la clef, qui<br />
vont résulter de la convergence des systèmes<br />
dans l’environnement des Tic (<strong>Technologie</strong>s de<br />
l’information <strong>et</strong> de la communication). L’Esa a<br />
défini des proj<strong>et</strong>s pilotes autour de quatre thématiques:<br />
sécurité des transports, santé dans le<br />
monde, connaissance <strong>et</strong> développement, gestion<br />
des ressources en énergie.<br />
Intern<strong>et</strong>, partout, pour tous<br />
De son côté, en juill<strong>et</strong> dernier, la Commission<br />
européenne a ouvert le marché européen des services<br />
mobiles par satellites en bande S avec<br />
l’Esap (European S-band Application Process).<br />
Face à deux concurrents américains, ce sont deux<br />
candidats-opérateurs européens qui ont été sélectionnés:<br />
Solaris Mobile Ltd (Dublin) qui a déjà<br />
un relais en orbite <strong>et</strong> Inmarsat Plc (Londres) qui<br />
peut concrétiser son proj<strong>et</strong> satellite Europasat.<br />
Ces deux systèmes doivent être en mesure, d’ici<br />
mai 2011, d’offrir l’accès au satellite pour les<br />
portables <strong>et</strong> mobiles sur l’ensemble de l’Union.<br />
L’infrastructure des connexions à large bande<br />
dans toute l’Europe fait partie des priorités que la<br />
Commission a proposées en décembre 2008<br />
dans son plan de redressement économique de<br />
l’Union. Bien des zones rurales <strong>et</strong> en dehors des<br />
villes n’ont aucun accès ou ont un accès limité à<br />
l’Intern<strong>et</strong> haut débit. Il est prévu d'investir un<br />
milliard d’euros prélevés dans les programmes<br />
de développement rural pour combler le fossé de<br />
l'Intern<strong>et</strong> entre les villes <strong>et</strong> les campagnes. Un<br />
quart (250 millions d’euros) doit être consacré à<br />
des solutions satellitaires, là où les réseaux terrestres<br />
ne peuvent répondre aux besoins d'une<br />
population trop dispersée. Le Cnes français <strong>et</strong><br />
l'Asi (Agenzia Spaziale Italiana) travaillent sur le<br />
proj<strong>et</strong> commun Athena-Fidus (Access on theatres<br />
for European allied forces nations-French<br />
Italian dual use satellite) d'un système gouvernemental<br />
en bande Ka à usage dual: le lancement<br />
du satellite est prévu pour 2012-2013 <strong>et</strong> la<br />
Belgique pourrait être associée à sa réalisation.<br />
Athena <strong>252</strong> / Juin 2009<br />
Espace<br />
Théo PIRARD<br />
En bref...<br />
En bref...<br />
S<br />
pace Week en septembre : astronautes <strong>et</strong> cosmonautes en Belgique. Ils<br />
seront neuf - avec le dixième - Frank De Winne - à bord de la<br />
station spatiale, avec qui on envisage d’entrer en communication<br />
grâce aux radioamateurs - à venir en Belgique à l’invitation de<br />
l’Euro Space Soci<strong>et</strong>y pour rencontrer les jeunes. La Space Week,<br />
organisée durant la semaine du 13 au 19 septembre, verra Dirk<br />
Frimout «piloter» dans un périple belge deux femmes astronautes (la<br />
Française Claudie Haigneré, la Japonaise Chiaki Mukai), deux<br />
Américains (John Fabian <strong>et</strong> Mario Runco), un Russe, (le candidatcosmonaute<br />
Sergey Revin), un Canadien (Chris Hadfield), un<br />
Roumain (Dumitru Prunariu) <strong>et</strong> un Malais (Sheik Muszaphar).<br />
Des rencontres-débats, avec des représentants de la communauté des<br />
astronautes <strong>et</strong> cosmonautes - elle compte 495 Terriens qui ont volé<br />
autour de leur planète -, sont programmées à Bruxelles, Malines,<br />
Liège (le 16 septembre), Transinne-Libin (le 16 septembre, pour les<br />
élèves de primaire), <strong>et</strong> Gand. Les écoles sont invitées à s’inscrire via<br />
un questionnaire sur le site http://www.spaceweek2009.com/ Ne tardez<br />
pas, car le nombre de places est limité !<br />
Belges, en avant, Mars ! On sait que la prochaine destination, après la<br />
Lune, sera la Planète Rouge… Au mieux, en 2035-2040. Sans<br />
attendre, des Américains, avec un esprit de pionniers, ont mis sur pied<br />
la Mars Soci<strong>et</strong>y qui rassemble tous ceux qui veulent préparer les<br />
Terriens à la grande aventure martienne. C<strong>et</strong>te association organise,<br />
entre autres, des simulations de séjours sur Mars dans le désert de<br />
l’Utah <strong>et</strong> sur l’île de Devon (Arctique canadien). Vladimir Pl<strong>et</strong>ser <strong>et</strong><br />
Pierre-Emmanuel Paulis, qui ont participé à ces simulations, viennent<br />
de créer la branche belge baptisée Mars Soci<strong>et</strong>y Belgium, dans le cadre<br />
de l’Euro Space Center. Ce centre éducatif consacré à l’espace, travaille<br />
sur le proj<strong>et</strong> pédagogique de Mars Camp, avec un «habitacle<br />
martien» qui sera installé dans une carrière ardennaise. Si vous êtes<br />
intéressés par rejoindre ce groupement pro-Mars, allez voir le site<br />
http://www.marssoci<strong>et</strong>y.be Et pour être dans l'ambiance martienne, allez<br />
voir les surprenants dessins de http://www.eosmarsprogram.org/<br />
Grâce à Spacebel, le B.usoc prêt pour la mission Picard. Le 30 novembre<br />
prochain, la France va satelliser, à l’aide d’un lanceur russe<br />
Dnepr, le micro-observatoire solaire Picard de 150 kg. Baptisée du<br />
nom d’un astronome français du XVIIe siècle, c<strong>et</strong>te mission a reçu<br />
un soutien financier de la Belgique. Le centre d’exploitation scientifique<br />
est installé au B.usoc (Belgian Users Support & Operations<br />
Center), implanté à l’Institut d’Aéronomie spatiale de Belgique <strong>et</strong><br />
qui gère déjà une bonne partie des données recueillies par les instruments<br />
Solar sur une plate-forme à l’extérieur de l’Iss (International<br />
Space Station). C’est la société Spacebel qui a réalisé avec succès<br />
l’équipement informatique du centre Picard à Bruxelles.<br />
518<br />
Théo PIRARD<br />
theopirard@yahoo.fr
Darwins Erben. „Die Evolution ist mehr als eine Theorie, sie ist ein Fakt", erklärt<br />
Gen<strong>et</strong>iker Jean Vandenhaute, emeritierter Professor der Facultés Universitaires<br />
Notre-Dame de la Paix in Namur, „und zwar in dem Sinne, dass die Entwicklung<br />
der Arten - von einfachen Formen (Einzellern) bis hin zu der unglaublichen<br />
Vielfalt, die die Erde im Laufe der geologischen Zeitalter gekannt hat, und der<br />
l<strong>et</strong>ztendlichen Bedrohung dieser Vielfalt - inzwischen durch zahlreiche<br />
Beobachtungen belegt ist." Professor Vandenhaute wirkte zusammen mit weiteren<br />
Wissenschaftlern an einer Initiative der Jugendorganisation Jeunesses<br />
Scientifiques de Belgique mit, die eine Reihe wissenschaftlicher Freizeitangebote<br />
für Jugendliche von 14 bis 17 Jahren entwickelt hat. Eine Präsentation<br />
von Jean-Luc Léonard.<br />
Endokrine Disruptoren, f. Pl. Das Gleichgewicht des hormonbildenden endokrinen<br />
Systems kann in vielerlei Hinsicht gestört werden, erklärt Jean-Michel Debry in<br />
seiner Rubrik Dico-Bio. Disruptoren sind Substanzen, die unsere „innere Natur"<br />
deregulieren, d.h. sie durchkreuzen Vorgänge wie Wachstum, Reproduktion,<br />
Entwicklung, Bereitstellung von Energieressourcen u.a.m. Disruptoren können<br />
also unterschiedliche „Ziele" und Wirkungen haben, beispielsweise ein Hormon<br />
nachahmen oder seine Synthese und Funktion hemmen beziehungsweise verändern.<br />
Völlig unbemerkt führen diese störenden Substanzen auf Dauer subtile Änderungen<br />
des Stoffwechsels herbei, deren Ursachen nur schwer auszumachen sind.<br />
Kartesianischer Dualismus. Das funktionale Neuroimaging hat bestimmte<br />
Hirnsubstrate unseres Bewusstseins aufgezeigt und somit vermutlich das Ende<br />
des kartesianischen Dualismus eingeläut<strong>et</strong>. Dennoch find<strong>et</strong> das, was Antonio<br />
Damasio als „Irrtum Descartes'" bezeichn<strong>et</strong>e, nämlich die Vorstellung eines<br />
immateriellen Geistes außerhalb unseres Körpers, weiterhin zahlreiche<br />
Verfechter, wie eine neuerliche Umfrage von Steven Laureys der Universität<br />
Lüttich ergab. Philippe Lambert führte ein Interview mit ihm.<br />
Das Spiel mit dem Spiegel. Vor <strong>et</strong>wa zwölf Jahren entdeckte man erstmals beim Affen<br />
und später auch beim Menschen Spiegelneuronen, die nicht nur dann aktiviert werden,<br />
wenn wir tatsächlich eine Handlung ausführen, sondern auch dann, wenn wir<br />
eine andere Person beobachten, die eine solche Handlung ausführt. Heute weiß<br />
man, dass Spiegelneuronen eine wichtige Vorauss<strong>et</strong>zung für das Nachahmen und<br />
Lernen und nicht zul<strong>et</strong>zt für die Empathie sind. Dies legt die Vermutung nahe, dass<br />
ihre Funktion bei autistischen und schizophrenen Personen gestört ist, ähnlich dem<br />
Bild in einem zerbrochenen Spiegel. Philippe Lambert erklärt.<br />
Gemeinsam mit unseren Kindern lesen. Der Sommer ist die beste Zeit für<br />
Entdeckungsreisen aller Art mit der ganzen Familie. Wie jedes Jahr zur gleichen<br />
Zeit stellt Lucie Cauwe einige Werke vor, mit denen die Kleinen und auch die<br />
Großen auf unterhaltsame Weise hinzulernen.<br />
Visum für die Welt. Gerade in Zeiten der Krise ist das Intern<strong>et</strong> eine preisgünstige<br />
Alternative, um an interessante Ausflugsziele zu gelangen. Christian Vanden<br />
Berghen verrät, wie man eine solche Intern<strong>et</strong>reise vorbereit<strong>et</strong> und Museen,<br />
Naturparks oder Ausstellungen besichtigt, ohne den Monitor zu verlassen.<br />
Wenn der Teufel im D<strong>et</strong>ail steckt. Der Mensch ist heute in der Lage, Millionen Grad<br />
zu messen, eine extrem kurze Zeitspanne zu stoppen und die Strahlung eines einzelnen<br />
Atoms einzufangen. Wissenschaftler erreichen mittlerweile ein unglaubliches<br />
Maß an Präzision, wie Paul Devuyst weiß. Doch wozu dienen diese<br />
Messungen am Rande des Messbaren?<br />
Weitere lesenswerte Rubriken:<br />
News, von Jean-Claude Quintart, S. 471-475.<br />
Bio-Info, von Jean-Michel Debry, S. 479-482;<br />
Physik-Info, von Henri Dupuis, S. 505-507.<br />
Astronomie: Der Himmel im Juli und August 2009, von Paul Devuyst, S. 512<br />
und Schlagzeilen des Kosmos..., von Yaël Nazé, S. 513.<br />
Weltall, von Théo Pirard, S. 514-518.<br />
519<br />
Inhaltsübersicht<br />
Athena n° <strong>252</strong><br />
Juin 2009<br />
Ce mensuel d'information, tiré<br />
à 13 500 exemplaires, est édité par la<br />
Département<br />
du développement<br />
technologique,<br />
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<strong>et</strong> mise en page:<br />
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ISSN 0772 - 4683<br />
Ont collaboré à ce numéro:<br />
Lucie Cauwe; Jean-Michel Debry;<br />
Alain de Fooz;<br />
Henri Dupuis; Paul Devuyst;<br />
Philippe Lambert;<br />
Jean-Luc Léonard;<br />
Yaël Nazé; Théo Pirard;<br />
Jean-Claude Quintart;<br />
Christian Vanden Berghen <strong>et</strong><br />
Michel Wautel<strong>et</strong>.<br />
Traduction: Europaco.<br />
Dessinateurs:<br />
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Comité de rédaction:<br />
Michel Charlier; Marc Debruxelles;<br />
Jacques Moisse; Jacques Quivy;<br />
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