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N° 252 - Recherche et Technologie

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Bureau de dépôt Bruxelles X - Mensuel ne paraissant pas en juill<strong>et</strong> <strong>et</strong> août - <strong>252</strong> - Juin 2009<br />

<strong>Recherche</strong> <strong>et</strong> développement technologique<br />

Vis@ pour<br />

le monde<br />

<strong>252</strong>


476<br />

483<br />

487<br />

492<br />

496<br />

501<br />

508<br />

Athena <strong>252</strong> / Juin 2009<br />

Sommaire<br />

Les héritiers de Darwin. «L’évolution est plus qu’une théorie, c’est un fait», explique le<br />

généticien Jean Vandenhaute, professeur émérite aux Facultés universitaires Notre-Dame<br />

de la Paix à Namur, dans le sens que la transformation des espèces, depuis des formes<br />

simples (unicellulaires) jusqu’à la diversité prodigieuse <strong>et</strong> les bouleversements de celleci<br />

qu’a connus la Terre au cours des temps géologiques, est attestée par de multiples faits<br />

d’observation.» Le professeur Vandenhaute est l’un des nombreux scientifiques qui ont<br />

prêté leur concours à une initiative menée par les Jeunesses scientifiques de Belgique<br />

qui ont mis sur pied un cycle d’activités à l’intention des jeunes de 14 à 17 ans. Une<br />

présentation de Jean-Luc Léonard.<br />

Perturbateurs endocriniens, m.plur. Il existe un risque de perturbation de la régulation hormonale<br />

à tous les niveaux, explique Jean-Michel Debry dans sa rubrique Dico-Bio. Que<br />

ce soit en matière de croissance, de reproduction, de développement, de mise à disposition<br />

des ressources énergétiques, bref, de tout ce qui concerne l’«environnement<br />

interne». Les «cibles» de ces perturbateurs inattendus sont donc multiples. Leur action<br />

peut aller en sens divers: celui d’un mimétisme de l’hormone, d’une inhibition ou d’une<br />

modulation de sa synthèse <strong>et</strong> de son fonctionnement. C’est dire à quel point des agents<br />

perturbateurs peuvent imprimer, surtout «à bas bruit» <strong>et</strong> sur le long terme, des anomalies<br />

souvent subtiles du métabolisme dont il est difficile de percevoir la cause.<br />

Dualisme cartésien. En ayant mis le doigt sur certains substrats cérébraux de la conscience,<br />

la neuroimagerie fonctionnelle devait avoir sonné le glas du dualisme cartésien.<br />

Pourtant, ce qu'Antonio Damasio appelle «l'erreur de Descartes», l'idée d'un esprit<br />

immatériel extérieur au corps, conserve encore de nombreux partisans, ainsi que l'a<br />

montré récemment une étude de Steven Laureys, de l'Université de Liège. Philippe<br />

Lambert l’a rencontré.<br />

Jeux de miroirs. Mis en évidence il y a une douzaine d'années chez le singe, <strong>et</strong> peu après<br />

chez l'homme, les neurones miroirs ont la propriété de s'activer non seulement quand<br />

nous exécutons une action, mais également lorsque nous observons une autre personne<br />

accomplir une action similaire. Aujourd'hui, il est acquis que les neurones miroirs sont<br />

impliqués dans l'imitation, l'apprentissage ou encore l'empathie <strong>et</strong> que, suggérant alors<br />

des miroirs brisés, ils sont dysfonctionnels chez les autistes <strong>et</strong> les schizophrènes. Des<br />

explications de Philippe Lambert.<br />

À lire avec nos enfants. L’été qui arrive est une période idéale pour se lancer en famille<br />

dans les recherches les plus diverses. Comme chaque année à c<strong>et</strong>te même période,<br />

Lucie Cauwe propose une série de publications pour perm<strong>et</strong>tre aux p<strong>et</strong>its comme aux<br />

plus grands d’explorer, d’apprendre, de lire... tout en s’amusant.<br />

Visa pour le monde. En c<strong>et</strong>te période de vacances <strong>et</strong> de crise, Intern<strong>et</strong> peut être une<br />

bonne occasion pour trouver des idées d’évasion en visitant des lieux intéressants.<br />

Christian Vanden Berghen propose de découvrir comment il est possible de préparer<br />

un voyage, de visiter des musées, des parcs naturels ou des expositions sans quitter son<br />

écran.<br />

L’enfer de la précision. Mesurer des millions de degrés, une durée d’une extrême brièv<strong>et</strong>é<br />

ou le rayonnement d’un atome… Les scientifiques atteignent aujourd’hui des<br />

niveaux de précision extraordinaires aux extrêmes des échelles de mesure, explique<br />

Paul Devuyst. Mais, à quoi bon mesurer ?<br />

Sans oublier les rubriques :<br />

Actualités, de Jean-Claude Quintart, pp. 471-475.<br />

Info-Bio, de Jean-Michel Debry, pp. 479-482.<br />

Info-Physique, de Henri Dupuis, pp. 505-507.<br />

Astronomie: Le ciel depuis la Terre en juill<strong>et</strong> <strong>et</strong> en août 2009, de Paul Devuyst, p. 512 <strong>et</strong><br />

À la Une... du Cosmos..., de Yaël Nazé, p. 513.<br />

Espace, de Théo Pirard, pp. 514-518.<br />

470<br />

Vous pouvez<br />

consulter<br />

la revue Athena<br />

sur le site<br />

http://recherch<strong>et</strong>echnologie.wallonie.be<br />

Si vous désirez<br />

un abonnement,<br />

vous pouvez<br />

vous adresser :<br />

soit par courrier<br />

avenue<br />

Prince de Liège, 7<br />

5100 Jambes<br />

soit par téléphone<br />

au 081/33.56.02.<br />

soit par courriel<br />

à l’adresse<br />

marieclaude.soupart@<br />

spw.wallonie.be<br />

ou encore via<br />

le site repris ci-dessus.<br />

La première<br />

de couverture<br />

a été réalisée<br />

par Vince.<br />

La quatrième:<br />

photo Nasa.


Actualités<br />

Le creus<strong>et</strong><br />

des entreprises de demain<br />

Ce n’est un secr<strong>et</strong> pour personne, nos économies manquent cruellement d’entreprises.<br />

Bref, le monde a besoin d’entrepreneurs, notre région davantage que les autres !<br />

Si certains ont la fibre entrepreneuriale, beaucoup doivent être coachés à l’idée d’aller<br />

de l’avant dans les affaires. D’où la raison de l’asbl Jeunes Entreprises <strong>et</strong> de leurs activités<br />

Mini Entreprises, couronnées chaque année par un concours<br />

Tout a commencé aux États-Unis, en<br />

1919, sur l’initiative du président de<br />

Strathmore Paper, Horace A. Moses.<br />

Elle s’est développée <strong>et</strong> amplifiée grâce au support<br />

moral <strong>et</strong> à la générosité de grands capitaines<br />

d’industries. L’idée est simple, encore fallait-il<br />

y penser <strong>et</strong> oser la m<strong>et</strong>tre en œuvre. Ainsi,<br />

Moses, qui éduquait des jeunes à la gestion du<br />

monde agricole, a tout simplement décidé d’appliquer<br />

ce type de formation aux autres couches<br />

de la jeunesse <strong>et</strong> de l’industrie, via le Junior<br />

Achievement. Concrètement le principe repose<br />

sur l’apprentissage par l’action. Développer<br />

l’esprit d’initiative, d’entreprise <strong>et</strong> le sens des<br />

responsabilités sociétales chez les jeunes en<br />

leur donnant l’occasion d’aller sur le terrain<br />

pour acquérir une expérience basée sur la pratique,<br />

dont ils pourront tirer parti tout au long de<br />

la vie professionnelle.<br />

L’initiative Junior Achievement rencontra un<br />

succès qui dépassa les frontières américaines<br />

pour s’étendre à l’Europe en 1963, à la Belgique<br />

en 1977 avec les Jeunes Entreprises, dont<br />

une fédération sera créée la même année.<br />

Aujourd’hui, Junior Achievement soutient la<br />

création de plusieurs milliers d’entreprises aux<br />

États-Unis <strong>et</strong>, depuis son implantation chez<br />

nous, quelque 450 mini-entreprises ont été fondées,<br />

représentant plus de 5 000 jeunes !<br />

Organisation <strong>et</strong> programmes<br />

C’est à Verviers, en 1977, que la première minientreprise<br />

belge a vu le jour. Le programme<br />

incite les étudiants de classes terminales, de<br />

l’enseignement secondaire, toutes sections <strong>et</strong><br />

réseaux confondus, à fonder, par un groupe<br />

d’une douzaine de participants, une mini-entreprise,<br />

à la gérer <strong>et</strong> à la clôturer. Par c<strong>et</strong>te expérience,<br />

chaque jeune s’imprégne de l’esprit<br />

d’entreprise, de la dynamique du travail en<br />

groupe <strong>et</strong> développe son sens des responsabilités<br />

à l’égard de ses partenaires dans l’action <strong>et</strong><br />

des clients de la mini-entreprise. L’entreprise<br />

est créée autour d’un produit ou d’un service<br />

pour lequel les porteurs du proj<strong>et</strong> doivent lever<br />

des capitaux, m<strong>et</strong>tre en place différents départements,<br />

tenir une comptabilité, présenter un<br />

bilan, organiser la vente, <strong>et</strong>c. Soit une mini qui<br />

a tout d’une grande ! Durant c<strong>et</strong>te aventure, les<br />

gestionnaires de la mini-entreprise sont épaulés<br />

par des professeurs <strong>et</strong> des professionnels du<br />

monde des affaires.<br />

Parallèlement à c<strong>et</strong>te activité phare, les Jeunes<br />

Entreprises proposent aussi la Mini-Entreprise<br />

Musicale pour donner aux jeunes l’opportunité<br />

de découvrir le métier du spectacle (organisation,<br />

recherche de sponsors, mark<strong>et</strong>ing, vente, <strong>et</strong>c.) en<br />

organisant un concert avec des musiciens belges;<br />

le Young Enterprise Project pour découvrir par la<br />

pratique le monde de l’entreprise.<br />

471<br />

Athena <strong>252</strong> / Juin 2009


Athena <strong>252</strong> / Juin 2009<br />

Actualités<br />

Enfin, les Clubs d’éudiants entrepreneurs dont<br />

les activités consistent en visites d’entreprises,<br />

rencontres, <strong>et</strong>c. donnent au jeune une visibilité<br />

sur les modalités de création d’entreprise dans<br />

le cas où celui-ci souhaiterait aller de l’avant.<br />

Pour mener à bonne fortune sa politique d’éveil<br />

à l’esprit d’entreprendre <strong>et</strong> conduire ses actions<br />

sur le terrain, l’asbl Jeunes Entreprises s’appuie<br />

sur des partenaires publics comme la Région<br />

wallonne, le plan Marshall, l’Agence de stimula-<br />

Les brèves...<br />

Les brèves...<br />

Croissance<br />

continue...<br />

... pour la société<br />

wallonne<br />

Patch Pharma<br />

de Nivelles dont<br />

le chiffre d’affaires<br />

2007 de 8 millions<br />

d’euros est passé<br />

en 2008 à<br />

10,2 millions <strong>et</strong><br />

devrait atteindre<br />

les 12,2 millions<br />

c<strong>et</strong>te année !<br />

Patch Pharma<br />

s’active dans<br />

la distribution<br />

de produits <strong>et</strong><br />

services dans<br />

quelque 3 000<br />

pharmacies du pays.<br />

http://www.<br />

patchpharma.be<br />

P<br />

our 25 euros par mois ! Et service compris !<br />

Telle est l’offre lancée par Systemat pour<br />

son logiciel Popsy. L’originalité de c<strong>et</strong>te formule<br />

all in one consiste à proposer aux Pme une<br />

alternative souple au traditionnel mode d’achat<br />

de licence. Ainsi, le professionnel wallon de<br />

l’informatique offre désormais deux formules<br />

de location de ses produits, applicables à l’ensemble<br />

de sa nouvelle gamme Popsy Financials<br />

(comptabilité) <strong>et</strong> Popsy Business (gestion commerciale).<br />

Dans la première formule dite Contractual<br />

Licence Renting, le client paient un forfait mensuel<br />

qui lui donne le droit d’exploiter le logiciel<br />

<strong>et</strong> de profiter gratuitement des mises à jour <strong>et</strong> du<br />

service helpdesk. Dans la seconde, appelée<br />

Software as a Service, le client paie un forfait<br />

mensuel qui l’autorise à utiliser le logiciel<br />

depuis un serveur hébergé chez Systemat.<br />

Développé il y a plus de 20 ans, Popsy est le<br />

maître-produit du département logiciel de<br />

Systemat. Solution de comptabilité <strong>et</strong> de gestion<br />

commerciale pour Pme <strong>et</strong> professionnels<br />

(comptables, fiduciaires <strong>et</strong> fiscalistes), le produit<br />

affiche une large pénétration dans l’économie<br />

belge. Aujourd’hui, il compte quelque<br />

14 000 licences <strong>et</strong> plus de 20 000 utilisateurs<br />

quotidiens. http://www.systemat.com<br />

N<br />

anos wallonnes en Asie. Tout a commencé il y<br />

a quelques années dans l’incubateur d’entreprises<br />

des Facultés universitaires Notre-<br />

Dame de la Paix à Namur (FUNDP).<br />

Aujourd’hui, Nanocyl affiche un profil planétaire<br />

! Installée à Sambreville, en province de<br />

472<br />

tion économique, la Région bruxelloise, la<br />

Commission communautaire française (Cocof, la<br />

Loterie nationale <strong>et</strong> sur des partenaires privés<br />

dont Citibank, Deloitte, Solvay, GlaxoSmith-<br />

Kline Biologicals, Iba, <strong>et</strong>c. Pour en savoir plus<br />

sur c<strong>et</strong>te excellente initiative <strong>et</strong> mieux encore y<br />

participer: http://www.lesjeunesentreprises.be<br />

Jean-Claude QUINTART<br />

jc.quintart@skyn<strong>et</strong>.be<br />

Namur, la société dispose d’une division aux<br />

États-Unis <strong>et</strong> de partenaires en Corée du Sud,<br />

Japon, Inde, Malaisie, Singapour, Taïwan <strong>et</strong> en<br />

Chine. Leader mondial dans la production de<br />

nanotubes de carbone, l’entreprise se focalise<br />

sur la production de solutions complètes <strong>et</strong> à<br />

haute valeur ajoutée pour ses clients.<br />

Fort de son expérience <strong>et</strong> de ses moyens technologiques<br />

<strong>et</strong> humains, Nanocyl accumule les<br />

succès. Pour preuve, deux nouveaux contrats<br />

viennent d’être paraphés en région Asie-<br />

Pacifique. Le premier, passé avec Shinil<br />

Chemical Industry, concerne l’approvisionnement<br />

à long terme de nanotubes de carbone<br />

multi-parois pour la production d’emballage<br />

protégeant les semi-conducteurs des décharges<br />

électrostatiques. Le second porte sur la création<br />

avec NanoBest, d’un bureau de vente <strong>et</strong> de distribution<br />

en Corée du Sud.<br />

http://www.nanocyl.com ; http://www.shinil-chemical.n<strong>et</strong> <strong>et</strong><br />

http://www.nanobest.co.kr<br />

A<br />

nniversaire. L’Institut Jules Bord<strong>et</strong> a 70 ans.<br />

À c<strong>et</strong>te occasion, il organisera une journée<br />

«portes ouvertes», le dimanche 21 juin, de 10 à<br />

17h. C<strong>et</strong> événement comprendra démonstration<br />

des nouvelles technologies; visites guidées;<br />

espaces de paroles; vidéos <strong>et</strong> mini-conférences.<br />

L’accent sera mis sur la multidisciplinarité, l’information<br />

<strong>et</strong> l’humanisation. Pour l’occasion,<br />

une brochure historique, r<strong>et</strong>raçant les faits marquants<br />

depuis 1939, sera remise aux visiteurs.<br />

Jusqu’au 12 juin <strong>et</strong> via l’adresse électronique<br />

70ans@bord<strong>et</strong>.be vous pouvez poser les questions<br />

qui vous interpellent en matière de prévention,<br />

traitements, recherches, nouvelles technologies,


<strong>et</strong>c. Des équipes formées<br />

de médecins, d’infirmiers,<br />

de psychologues<br />

<strong>et</strong> de techniciens y<br />

répondront sur place<br />

lors d’un forum.<br />

Jules Bord<strong>et</strong> (Soignies<br />

1879-Bruxelles 1961) a<br />

obtenu le prix Nobel<br />

de médecine, en 1919,<br />

pour ses recherches sur<br />

l’immunité.<br />

http://www.bord<strong>et</strong>.be<br />

E<br />

n plein essor. Tout va bien pour le biopharma<br />

wallon. Tellement bien que, face à sa croissance<br />

fulgurante, le Cefochim (Centre de formation<br />

aux métiers de l’industrie chimique <strong>et</strong><br />

pharmaceutique) ouvrira, en 2010, une extension<br />

de 400 m≈ dédiée entièrement à la biopharmacie.<br />

C<strong>et</strong> investissement de 1,3 million<br />

d’euros est financé par la Région wallonne <strong>et</strong><br />

les Fonds européens.<br />

Labélisé centre de compétence de la Région<br />

wallonne, le Cefochim est devenu le centre de<br />

formation de référence du pôle santé Biowin. La<br />

qualité de ses formations <strong>et</strong> de ses facilités fait<br />

aujourd’hui référence. «En 2008, nous avons<br />

atteint un total de 83 000 heures de formation,<br />

dont 31 000 heures pour Biowin», explique<br />

Bernard Broze, président de Cefochim.<br />

Installé dans la zone industrielle de Seneffe, le<br />

Cefochim forme des enseignants <strong>et</strong> des élèves<br />

de l’enseignement secondaire technique <strong>et</strong> de<br />

promotion sociale. Ces deux groupes sont<br />

aujourd’hui de plus en plus nombreux à suivre<br />

les formations afin de se familiariser avec les<br />

copies d’équipements d’usine. Les activités du<br />

Cefochim entendent maintenir à jour les formations<br />

<strong>et</strong> identifier les éventuels besoins. À noter<br />

encore que le Centre a ouvert, en avril dernier,<br />

une cellule de sensibilisation des jeunes aux<br />

sciences, aux métiers de la chimie <strong>et</strong> aux sciences<br />

de la vie afin d’assurer la relève <strong>et</strong> l’avenir<br />

d’un secteur sans cesse à la recherche de nouveaux<br />

talents. http://www.cefochim.be<br />

E<br />

n toute confiance avec le C<strong>et</strong>ic. Les entreprises<br />

de pointe sont largement tributaires de certains<br />

de leurs fournisseurs pour garantir la<br />

pérennité de leurs produits <strong>et</strong> supports. Toutefois,<br />

ces fournisseurs stratégiques ne sont eux<br />

aussi pas à l’abri de défaillances avec les conséquences<br />

que l’on imagine ! Pour pallier de telles<br />

catastrophes, les entreprises recourent à la<br />

procédure Escrow, en français entièrement. Il<br />

s’agit en fait de déposer chez un tiers, un notaire<br />

Exposition itinérante<br />

473<br />

Actualités<br />

Les transports du futur<br />

L<br />

'après-pétrole est en vue. Aujourd'hui, les transports consomment la moitié du<br />

pétrole extrait mondialement. Comment nous déplacerons-nous lorsqu'il n'y aura<br />

plus de pétrole, ni de gaz naturel ? Les alternatives proposées (agrocarburants, électricité,<br />

hydrogène...) sont-elles crédibles ? À quoi ressembleront les vélos, les voitures, les<br />

camions, les bus, les trains, les avions, les bateaux de l'avenir ? Où se situent les entreprises,<br />

les centres de recherche, les universités wallonnes dans ces secteurs ? Quels sont<br />

les métiers concernés ? L'exposition «Transports du futur» présente des éléments de<br />

réponse à ces questions qui conditionneront bientôt notre vie quotidienne.<br />

Agenda<br />

L'exposition sera montrée:<br />

à l'Université de Mons, lors du Congrès des sciences, du 25 au 27 août 2009;<br />

au Campus automobile de Spa-Francorchamps, du 28 septembre au 9 octobre 2009<br />

(sur inscriptions, pour les établissements d'enseignement, du lundi au vendredi;<br />

en visite libre, le dimanche 4 octobre 2009);<br />

à la Maison Folie, à Mons, du 30 janvier au 14 février 2010, dans le cadre de l'opération<br />

«Penser le futur».<br />

C<strong>et</strong>te exposition itinérante est mise à la disposition des centres culturels, des écoles qui<br />

le désirent, dès septembre 2009.<br />

L'exposition est organisée avec le soutien du Service public de Wallonie.<br />

Des activités (conférences, animations, démonstrations, <strong>et</strong>c.) autour du thème<br />

de l'exposition seront organisées. Un livr<strong>et</strong> accompagnera l'exposition.<br />

Contact: michel.wautel<strong>et</strong>@umons.ac.be<br />

ou une société spécialisée, une garantie que la<br />

production d’un produit logiciel ou matériel<br />

peut être relancée même lorsque le fournisseur<br />

est défaillant. «Une telle mesure de prudence ne<br />

suffit pas pour se m<strong>et</strong>tre totalement à l’abri. Il<br />

faut également s’assurer que les documents<br />

déposés sont suffisamment compl<strong>et</strong>s pour<br />

reconstituer le produit concerné <strong>et</strong> qu’ils ne<br />

contiennent pas d’erreurs. Ce travail très complexe<br />

nécessite des compétences techniques<br />

importantes», explique Simon Alexandre, directeur<br />

du C<strong>et</strong>ic à Charleroi.<br />

D’où l’offre actuelle du C<strong>et</strong>ic qui, grâce à son<br />

expertise en logiciel <strong>et</strong> matériel, a développé<br />

une approche méthodologique spécifique capable<br />

d’assurer la complétude, la cohérence <strong>et</strong><br />

l’exactitude des documents par rapport au produit<br />

de référence. Ce savoir-faire a été reconnu<br />

par la société luxembourgeoise SES Astra,<br />

entreprise qui offre le premier système satellite<br />

d’Europe pour la diffusion d’émissions de télévision,<br />

de radio <strong>et</strong> service bande large. Via son<br />

partenariat avec le Centre de recherche public<br />

Henry Tudor, au grand-duché de Luxembourg,<br />

SES Astra a pu découvrir <strong>et</strong> apprécier les atouts<br />

de la procédure Escrow pour déposer les secr<strong>et</strong>s<br />

de fabrication de ses fournisseurs chez un<br />

Athena <strong>252</strong> / Juin 2009


Nouvelle<br />

compagnie<br />

Le Brussels South<br />

Charleroi Airport (Bsca)<br />

est désormais relié<br />

quatre fois par<br />

semaine à Casablanca<br />

par la compagnie<br />

Air Arabia, nouvelle<br />

venue sur la<br />

plate-forme<br />

aéroportuaire<br />

wallonne.<br />

Un aéroport<br />

qui vole de record<br />

en record ! En avril<br />

dernier quelque<br />

327 907 passagers<br />

sont passés par Bsca,<br />

explosant ainsi la<br />

barrière des 300 000<br />

passagers par mois !<br />

http://www.<br />

charleroi-airport.com<br />

<strong>et</strong><br />

http://www.<br />

airarabia.com<br />

Athena <strong>252</strong> / Juin 2009<br />

Actualités<br />

notaire. Une démarche vitale pour SES Astra<br />

qui sous-traite une partie de ses équipements les<br />

plus importants, dont les racks de contrôle qui<br />

gèrent le trafic Intern<strong>et</strong> par satellite <strong>et</strong> les décodeurs<br />

pour les particuliers.<br />

«Grâce au C<strong>et</strong>ic, nous sommes certains de la<br />

complétude <strong>et</strong> de l’exactitude des documents, des<br />

logiciels <strong>et</strong> systèmes électroniques déposés chez<br />

le notaire. Il s’agit d’une garantie importante qui<br />

nous perm<strong>et</strong> d’assurer la pérennité de nos produits<br />

<strong>et</strong> de notre service après-vente», précise<br />

Vincent Masquelier, Senior Communication System<br />

Engineer chez SES Astra. Installé à Charleroi,<br />

le C<strong>et</strong>ic se présente comme une interface<br />

de connexion <strong>et</strong> de transfert de technologies<br />

entre la recherche universitaire <strong>et</strong> les entreprises.<br />

http://www.c<strong>et</strong>ic.be; http://www.tudor.lu <strong>et</strong><br />

http://www.ses-astra.com<br />

D<br />

es faisceaux d’ions… au service de la recherche,<br />

de l’enseignement <strong>et</strong> des industries.<br />

Ainsi se présente le Larn (Laboratoire d’analyses<br />

par réactions nucléaires), département du<br />

Centre de recherche en physique de la matière<br />

<strong>et</strong> du rayonnement (Pmr) des Facultés universitaires<br />

Notre-Dame de la Paix de Namur<br />

(FUNDP). Un labo qui souffle c<strong>et</strong>te année ses<br />

quarante bougies ! Sur le terrain de la recherche<br />

<strong>et</strong> de l’enseignement, le Larn s’active sur trois<br />

cibles: la science des matériaux, l’interaction/matière<br />

<strong>et</strong> les sciences de la vie. À côté de<br />

ces travaux, le Larn opère également comme<br />

prestataire de services sur des produits solides<br />

inertes, des matériaux biologiques <strong>et</strong> des aérosols.<br />

Parmi les clients industriels du labo namu-<br />

Ainsi était<br />

notre pays !<br />

E ntre 1771 <strong>et</strong> 1778, notre territoire était<br />

cartographié pour la première fois de<br />

manière homogène. Les documents originaux<br />

de ce travail, réalisés à la main <strong>et</strong> à l’échelle<br />

1:11 520 en 275 feuilles, sous la houl<strong>et</strong>te<br />

du Comte Joseph Jean François de<br />

Ferraris, ont été scannés par la Bibliothèque<br />

royale. L’Université de Gand <strong>et</strong> l’Institut<br />

géographique national (IGN) ont ensuite<br />

exploité les dernières technologies en<br />

matière de traitement de l’image. Le résultat<br />

de ce travail est la sortie aujourd’hui d’un atlas dont les cartes montrent notre pays<br />

tel qu’il était dans la seconde moitié du XVIII e siècle ! 608 pages pour un poids total de<br />

11,5 kg ! Emballé dans un coffr<strong>et</strong> à poignée, question de facilité le transport. Et en fin<br />

de l’ouvrage, un index des noms riches de quelque 3 000 toponymes !<br />

http://www.ngi.be<br />

474<br />

rois, on trouve des noms aussi prestigieux que<br />

Procter & Gamble, Arcelor, Iba, Gsk, Total<br />

Fina Elf, Péchiney, ArcelorMittal, <strong>et</strong>c. Depuis<br />

sa création, le Larn compte également 21 thèses<br />

de doctorat, plus de 360 publications <strong>et</strong> quelque<br />

100 rapports de recherche pour l’industrie.<br />

http://www.fundp.ac.be<br />

A<br />

u plus tard le 2 novembre. Les prix scientifiques<br />

quinquennaux 2006-2010 du Fonds<br />

national de la recherche scientifique (FNRS)<br />

sont attendus pour 2010. Ils couvriront l’ensemble<br />

du spectre scientifique avec le prix Dr. A.<br />

De Leeuw-Damry-Bourlart, qui récompensera<br />

un lauréat dont les travaux touchent les<br />

sciences exactes fondamentales <strong>et</strong> un lauréat<br />

dont les travaux relèvent des sciences exactes<br />

appliquées; le prix scientifique Ernest-John<br />

Solvay qui récompensera un lauréat pour ses<br />

travaux en sciences humaines <strong>et</strong> sociales <strong>et</strong><br />

enfin le prix scientifique Joseph Maisin qui<br />

récompensera un lauréat pour des travaux en<br />

sciences biomédicales fondamentales <strong>et</strong> un lauréat<br />

dont les travaux touchent aux sciences biomédicales<br />

cliniques. Les candidatures à ces prix<br />

seront adressées auprès de la secrétaire générale<br />

du FNRS, au plus tard, le 2 novembre 2009.<br />

http://www.frs-fnrs.be<br />

Le luxo par le N<strong>et</strong>. Vous travaillez au grandduché,<br />

aimeriez y trouver un job ou y faire des<br />

affaires, alors le site http://www.elearning.lu devrait<br />

vous intéresser. Son bilan est d’ailleurs impressionnant.<br />

Depuis sa création, il y a presque quatre<br />

ans, plus de 12 500 personnes ont rejoint c<strong>et</strong>te<br />

plate-forme de formation en ligne pour y apprendre<br />

le luxembourgeois !<br />

Supporté par le réseau Quattropole (Luxembourg-M<strong>et</strong>z-Sarrebruck<br />

<strong>et</strong> Trêves) <strong>et</strong> animé par<br />

l’Université du Luxembourg, ce cours est une<br />

autoformation axée sur la communication orale<br />

<strong>et</strong> destinée aux frontaliers ainsi qu’a toute personne<br />

souhaitant apprendre le luxembourgeois.<br />

Les cours sont composés de huit leçons à dix<br />

activités <strong>et</strong> construits autour de courtes séquences<br />

vidéo montrant des situations courantes de la<br />

vie quotidienne.<br />

Si les étudiants peuvent atteindre un niveau de<br />

langue B1, ils ne reçoivent pas de certificat ou<br />

diplôme. Les modules d’e-learning sont gratuits,<br />

publiques <strong>et</strong> flexibles. La navigation sur le site<br />

est facile: un simple clic suffit pour écouter des<br />

mots isolés ou des phrases entières. Les explications<br />

grammaticales sont fournies en français <strong>et</strong><br />

les feedback immédiats perm<strong>et</strong>tent à l’apprenant<br />

de contrôler sont apprentissage.<br />

http://www.elearning.lu


475<br />

Actualités<br />

Opération<br />

100 informaticiens dans 100 écoles<br />

Moins de 1 000 diplômés en informatique en<br />

Communauté française: c'est trop peu,<br />

estime Agoria, la fédération de l'industrie<br />

technologique. La crise n'explique pas tout. D'autant<br />

qu'après la crise, le problème restera entier.<br />

Actuellement, selon une estimation d'Agoria, le déficit<br />

structurel annuel en informaticiens est de 500 personnes<br />

en Région wallonne. Face à c<strong>et</strong>te situation, Agoria,<br />

avec le soutien de la Région wallonne, représentée par<br />

Marie-Dominique Simon<strong>et</strong>, ministre de la <strong>Recherche</strong>,<br />

des technologies nouvelles <strong>et</strong> des relations extérieures,<br />

lance une campagne de sensibilisation de deux ans:<br />

«100 informaticiens dans 100 écoles».<br />

Elle s'adresse aux élèves de «rhétos» qui, souvent, terminent<br />

leur année sans avoir fixé leur choix d'études<br />

supérieures.<br />

Parmi les actions: des visites d'informaticiens dans les<br />

écoles; création d'une Web-TV alimentée par ces<br />

témoignages; organiser des visites d'entreprises informatiques;<br />

mise à disposition de guides présentant les<br />

filières de formation…<br />

C<strong>et</strong>te campagne aura comme objectif principal de briser<br />

plusieurs stéréotypes liés aux métiers de l'informatique.<br />

Exemple: l'image de l'informaticien vivant<br />

replié sur lui-même, passant ses journées en solitaire<br />

devant un PC. Autre préjugé: l'informatique, c'est<br />

À<br />

l’assaut du marché. CMI Thermline, pôle<br />

thermique de CMI Industry <strong>et</strong> CERI Phoenix<br />

Industrial Furnaces Co. Ltd ont conclu un<br />

accord de coopération pour former le leader<br />

mondial de la thermique en sidérurgie. C<strong>et</strong><br />

accord ouvre les portes du marché chinois aux<br />

technologies du wallon CMI <strong>et</strong> celles des marchés<br />

extérieurs au savoir-faire de CERI Phoenix.<br />

Le tandem ainsi formé sera capable d’offrir<br />

aux clients chinois des fours de lignes de galvanisation<br />

<strong>et</strong> de recuit de dernière génération. Ces<br />

fours ont déjà été r<strong>et</strong>enus par les plus grands<br />

sidérurgistes mondiaux pour leurs performances<br />

en termes de qualité de produit, coûts opératoires,<br />

respect de l’environnement <strong>et</strong> meilleure<br />

technologie disponible à ce jour. Pour<br />

rappel, CMI Thermline est le bras actif de CMI<br />

Industry en matière de solutions thermiques <strong>et</strong><br />

de fours industriels à destination de la sidérurgie.<br />

Présent en Belgique, aux États-Unis, en<br />

Inde, Russie <strong>et</strong> France, CMI a accumulé en<br />

presque 90 ans quelque 6 500 références !<br />

http://www.cmigroupe.com<br />

pour les «matheux» <strong>et</strong> les garçons… Faux, archifaux.<br />

Si l'informatique, au sens large, demande de bonnes<br />

capacités d'analyse, on r<strong>et</strong>rouve ces compétences également<br />

chez les jeunes ayant, par exemple, étudié le<br />

latin. Pour plus d’informations, vous pouvez contacter<br />

par courriel. jean-francois.bodarwe@agoria.be<br />

C<br />

oopérations montoises. Opti2Mat, programme<br />

de R&D de l’Université de Mons <strong>et</strong> Materia<br />

Nova , vise la mise au point d’un nouveau procédé<br />

de traitement de surface avec transfert de<br />

technologie sur des applications industrielles. Le<br />

travail actuel porte sur un procédé qui devrait<br />

améliorer l’adhésion du revêtement au matériau<br />

de base pour en optimiser la durée de vie <strong>et</strong> les<br />

propriétés. Les chercheurs axent leur approche<br />

sur deux cibles précises: la protection des métaux<br />

<strong>et</strong> la détection de composés chimiques par fibres<br />

optiques. Professionnalisme montois <strong>et</strong> choix des<br />

applications ont conduit ArcelorMittal <strong>et</strong> Sonaca<br />

à devenir les partenaires privilégiés en testant les<br />

résultats d’Opti2Mat par des accords de licence.<br />

D’un montant de 12 millions d’euros, le programme<br />

est financé pour moitié par les porteurs<br />

du proj<strong>et</strong> <strong>et</strong> les 50% restants apportés par la<br />

Région wallonne. http://www.materia-nova.com<br />

Jean-Claude QUINTART<br />

jc.quintart@skyn<strong>et</strong>.be<br />

Alain de FOOZ<br />

Athena <strong>252</strong> / Juin 2009


Les héritiers de Darwin<br />

Le darwinisme est parfois présenté comme une théorie qui pourrait être, dans un douteux<br />

souci d’objectivité, renvoyée dos à dos avec la théorie rivale, qu’est le créationnisme.<br />

Rien n’est plus faux. Les amateurs de simplicité sont certes libres de croire à une source<br />

divine qui expliquerait commodément les choses de la vie <strong>et</strong> tous les autres phénomènes<br />

de l’Univers. Mais l’évolution est plus qu’une théorie, c’est un fait<br />

Et si on disait<br />

que la Terre<br />

est plate ?<br />

Il est parfois utile<br />

de recourir à la<br />

provocation<br />

pour faire passer<br />

un message.<br />

C'est une technique<br />

pratiquée souvent<br />

par les médias, mais<br />

les enseignants ne<br />

sont pas les derniers<br />

à s'en servir.<br />

Lancer l'idée que<br />

« la Terre est toujours<br />

plate» perm<strong>et</strong><br />

par exemple à<br />

l'animateur d'un<br />

atelier des Jeunesses<br />

scientifiques<br />

(voir page suivante)<br />

de faire s'interroger<br />

les stagiaires sur<br />

la validité des<br />

arguments avancés<br />

en faveur de notre<br />

vision actuelle<br />

d'une Terre sphérique.<br />

C'est aussi la forme<br />

des autres planètes<br />

<strong>et</strong> d'un obj<strong>et</strong> aussi<br />

modeste que la<br />

goutte d'eau, <strong>et</strong> ce<br />

n'est pas par hasard...<br />

Athena <strong>252</strong> / Juin 2009<br />

un fait, explique le généticien<br />

Jean Vandenhaute, professeur émé-<br />

«C’est<br />

rite aux Facultés universitaires<br />

Notre-Dame de la Paix à Namur, dans le sens<br />

que la transformation des espèces, depuis des<br />

formes simples (unicellulaires) jusqu’à la diversité<br />

prodigieuse <strong>et</strong> les bouleversements de celleci<br />

qu’a connus la Terre au cours des temps géologiques,<br />

est attestée par de multiples faits<br />

d’observation.» C<strong>et</strong>te transformation permanente<br />

peut du reste s’observer tous les jours, dans<br />

les hôpitaux, ne fût-ce que par les incessantes<br />

mutations des virus de la grippe, qui constituent<br />

une des innombrables signatures de l’évolution<br />

(voir aussi Athena n° 249, pp. 319-328).<br />

Un mécanisme efficace<br />

«On doit à Darwin, poursuit Jean Vandenhaute,<br />

d’avoir proposé un principe explicatif de<br />

c<strong>et</strong>te transformation ou évolution des formes<br />

vivantes. Ce principe tient simplement en ceci:<br />

476<br />

des variants coexistent dans une population (les<br />

espèces varient entre elles mais les individus<br />

d’une espèce <strong>et</strong> d’un groupe, même à l’intérieur<br />

d’une famille, présentent des variations héritables)<br />

<strong>et</strong> certains d’entre eux - c’est là aussi un<br />

fait - sont plus aptes à se reproduire dans les<br />

conditions de milieu rencontrées. Ils produisent<br />

en conséquence plus de descendants que d’autres<br />

<strong>et</strong> cela tant que le milieu convient à ce type<br />

de variants particuliers qui vont donc imposer<br />

leur hérédité à une part toujours croissante des<br />

descendants: en fait la population évolue avec<br />

les générations successives.<br />

«C<strong>et</strong>te clé de lecture de l’évolution progressive<br />

- par exemple des poissons vers les amphibiens,<br />

de certains mammifères terrestres vers<br />

les baleines, de précurseurs des chevaux jusqu’aux<br />

équidés actuels - est lumineuse <strong>et</strong> elle a<br />

plu très vite à l’ensemble des biologistes qui ont<br />

lu Darwin, souligne le professeur Vandenhaute.<br />

Mais l’observateur d’aujourd’hui, ou le visiteur<br />

de la galerie de l’évolution que nous sommes,<br />

est un peu comme l’archiviste qui découvrirait<br />

un palimpseste (un parchemin où un texte est<br />

écrit après que le précédent a été gratté pour<br />

une réutilisation). Certains caractères sont<br />

effacés à jamais, d’autres sont maintenus <strong>et</strong><br />

réutilisés, la distinction de ce qui est primitif<br />

n’est pas toujours évidente…<strong>et</strong> surtout, notre<br />

interprétation du “Comment c’est arrivé ?” se<br />

cantonne obligatoirement dans l’hypothèse,<br />

dans la mesure où, en eff<strong>et</strong>, on n’est pas <strong>et</strong> on ne<br />

sera pas présent au moment exact où l’évolution<br />

a eu lieu puisqu’elle est une histoire du<br />

passé, révolue à jamais comme toute histoire.»<br />

«Mais pour autant ne peut-on aujourd’hui<br />

constater des évolutions en temps réel qui nous<br />

démontreraient que le principe proposé par<br />

Darwin est bien un mécanisme efficace capable


de donner lieu à évolution ? La réponse est oui.<br />

Nous allons dès lors tenter de réaliser c<strong>et</strong>te<br />

illustration comme suit: si une population d’insectes<br />

(par exemple de drosophiles) où deux<br />

types coexistent, l’un est un variant ailé (les<br />

“normales” ou type dit sauvage) <strong>et</strong> l’autre, un<br />

variant non ailé dit “vestigial” on peut s’attendre<br />

à ce que ces deux types n’aient pas exactement<br />

le même potentiel de reproduction. Ce que<br />

Darwin propose, c’est que le milieu peut favoriser<br />

un type au détriment de l’autre variant.<br />

Ainsi, explique le professeur Vandenhaute, «sur<br />

une île sablonneuse <strong>et</strong> rase, le vent emportera<br />

les insectes ailés laissant l’île, sans partage,<br />

aux seuls non ailés. Si au contraire, les mêmes<br />

bourrasques sont appliquées à une île herbeuse<br />

on s’attend à ce que la sélection n’élimine pas<br />

les ailés <strong>et</strong> que la compétition s’exercera entre<br />

ailés, toujours présents, <strong>et</strong> non ailés. Et de<br />

conclure par c<strong>et</strong>te interrogation: Quelle sera<br />

l’issue d’une telle compétition ?»<br />

Des ateliers pour les jeunes<br />

Le professeur Vandenhaute est l’un des nombreux<br />

scientifiques qui ont prêté leur concours à<br />

une initiative menée pour contrer le regain<br />

actuel du créationnisme, qui est peut-être le<br />

symptôme d’une inquiétante régression de l’intelligence<br />

humaine. Elle est venue des Jeunesses<br />

scientifiques de Belgique qui ont mis sur<br />

pied un cycle d’activités à l’intention des jeunes<br />

de 14 à 17 ans. Faut-il le rappeler, c<strong>et</strong>te année<br />

2009 est un double anniversaire pour la science<br />

de l’évolution puisque son initiateur, Charles<br />

Darwin, est né en 1809 <strong>et</strong> a publié son œuvre<br />

maîtresse sur l’origine des espèces en 1859. Les<br />

activités proposées consistent en des sessions<br />

d’une journée ou d’une demi-journée au cours<br />

desquelles les jeunes peuvent dialoguer librement<br />

avec des chercheurs <strong>et</strong> des experts de<br />

diverses disciplines.<br />

Car la biologie n’est pas seule impliquée. Sous<br />

l’intitulé «Evolution <strong>et</strong>... évolutions», explique<br />

Christian Vandercammen, coordinateur des ateliers,<br />

ceux-ci abordent le phénomène sous des<br />

angles multiples, par exemple ceux de la géologie,<br />

de la géographie, de la virologie, de la<br />

paléontologie ou de la cosmologie. Mais aussi à<br />

la lumière les technologies, de la philosophie, de<br />

l’économie, <strong>et</strong> même de la mode vestimentaire <strong>et</strong><br />

de la musique ! Car rien n’échappe à l’évolution.<br />

Ce cycle d’initiation au message darwinien<br />

durera plus de 3 ans. «Actuellement, nous avons<br />

concrétisé le programme des Ateliers jusqu’à la<br />

fin 2010», dit Christian Vandercammen qui énumère<br />

les suj<strong>et</strong>s au programme: «Évolution <strong>et</strong><br />

nouveauté; Pause musicale: l’évolution du lan-<br />

477<br />

Évolution<br />

Les trois prochains ateliers<br />

Samedi 11 juill<strong>et</strong> 2009 : voir son ADN.<br />

Observation de cellules au microscope, techniques de coloration des noyaux cellulaires.<br />

Extraction d’ADN de cellules végétales <strong>et</strong> animales. Tests d’identification des ADN<br />

extraits. Organisé par Astrid Vanreijsen, biochimiste, directrice pédagogique aux JSB,<br />

c<strong>et</strong> atelier se tiendra à Bruxelles.<br />

Samedi 12 septembre 2009 : visite de la galerie de l’évolution.<br />

Les participants découvriront, par équipes de deux, la superbe galerie de l’évolution à<br />

l’Institut royal des sciences naturelles de Belgique (IRSNB). Ils répondront à un questionnaire<br />

r<strong>et</strong>raçant les grandes étapes de l’histoire de la vie sur Terre <strong>et</strong> seront informés<br />

des futures expériences réalisées en partenariat avec l’Institut sur l’évolution de<br />

populations de drosophiles. C<strong>et</strong> atelier sera coordonné par le Service éducatif de<br />

l’IRSNB <strong>et</strong> par les Jeunesses scientifiques.<br />

Samedi 10 septembre 2009 : de la matière inerte au vivant.<br />

Il y a environ 4 milliards d’années, des structures chimiques insolites vont bouleverser<br />

l’histoire de la Terre: une fraction de la matière se m<strong>et</strong> à vivre ! Les scientifiques comprennent<br />

de mieux en mieux les origines de la vie <strong>et</strong> les étapes qui ont conduit les premières<br />

cellules à se transformer après plusieurs milliards d’années en organismes multicellulaires<br />

évolués. Aujourd’hui, l’homme des temps modernes s’interroge:<br />

avons-nous sur Terre les seules <strong>et</strong> uniques formes de vie peuplant l’Univers ? C<strong>et</strong> atelier,<br />

animé par André Brack <strong>et</strong> Jean Vandenhaute, se tiendra à Namur.<br />

Le calendrier réactualisé régulièrement sera mis en ligne sur http://www.jsb.be<br />

Les intervenants<br />

Les ateliers des Jeunesses scientifiques seront animés par des intervenants de grande<br />

qualité, parmi lesquels (d’ici avril 2010): André Brack (directeur de recherches au CNRS<br />

à Orléans), Jean-Christophe de Biseau (ULB), Damien Devos (EMBL Heidelberg), José<br />

Halloy (ULB), Hugo Herter (JSB), Fu Sin Ling (ULB), Evaggelos Gaganas (EPFC, Saint-<br />

Louis), Christophe Panier (Haute école Francisco Ferrer), Emmanuel Reynaud (EMBL<br />

Heidelberg), Jacques Reisse (ULB), Louis Spileers (Haute école Francisco Ferrer), Jean<br />

Vandenhaute (FUNDP-Namur) <strong>et</strong> Nathalie Vanmuylder (ULB <strong>et</strong> Haute école Francisco<br />

Ferrer).<br />

Athena <strong>252</strong> / Juin 2009


Athena <strong>252</strong> / Juin 2009<br />

Évolution<br />

On parle aussi de Darwin...<br />

à Liège où l'Institut de zoologie (22, quai van Beneden) abrite jusqu'au 15 novembre<br />

deux expositions: «Darwin, sa vie, son œuvre» <strong>et</strong> «Diversité de primates». Le préhistosite<br />

de Ramioul, à Flémalle, en propose une troisième sur le thème «Le propre de l'homme».<br />

Dans les 3 cas, une seule adresse: http://www.darwin2009.be<br />

à Charleroi (Parentville) où le Centre scientifique de l'ULB proposera du 14 septembre<br />

au 20 décembre une exposition intitulée «L'évolution... Bien plus qu'une théorie !»<br />

Adresse utile: http://www.ulb.ac.be/ccs/<br />

à Namur où les Facultés universitaires Notre-Dame de la Paix proposent, depuis la mijuin,<br />

un Dvd sous le titre «L'évolution dévoilée : quand sciences <strong>et</strong> sens se rencontrent».<br />

Des détails à l'adresse<br />

http://www.fundp.ac.be/universite/asbl/interfaces/outils/dvd_creationnisme<br />

Ajoutons qu'un site Web propose un vaste éventail d'informations aux paléontologues<br />

amateurs à l'adresse http://www.paleomania.com<br />

gage musical; L’incroyable voyage des mitochondries;<br />

Vie artificielle, vie biologique,<br />

même combat ? Comment faire un eucaryote à<br />

partir d’une bactérie ? La bioinformatique au<br />

service de la phylogénie, ou encore L’évolution<br />

des modèles en mathématiques financières...».<br />

Chaque activité, précise encore Christian<br />

Vandercammen, devrait perm<strong>et</strong>tre aux jeunes<br />

de développer un esprit critique, d’utiliser des<br />

mots-clés précis, d’expérimenter, de noter ses<br />

observations <strong>et</strong> réflexions dans un cahier de<br />

laboratoire <strong>et</strong>, enfin, d’exprimer ses résultats<br />

expérimentaux dans les Expo-Sciences, à travers<br />

lesquelles les Jeunesses scientifiques ouvrent<br />

leurs travaux au public.<br />

Des questions à la pelle. La diversité des questions<br />

que l’on peut se poser, dans l’optique générale de<br />

l’évolution, est naturellement immense. En voici<br />

quelques-unes.<br />

478<br />

Au laboratoire, comment les scientifiques<br />

arrivent-ils à lire, dans une carotte de glace antarctique,<br />

la composition chimique de l’atmosphère<br />

d’il y a 10 000 ans ?<br />

Comment, du XIX e siècle à nos jours, a évolué<br />

la technologie des moteurs: vapeur, essence,<br />

électrique, hydrogène ?<br />

On date l’évolution des grandes étapes de<br />

l’humanité par des âges dit de la pierre, du<br />

bronze, du fer, de l’acier… Pourquoi l’évolution<br />

des civilisations a-t-elle suivi c<strong>et</strong> ordre là <strong>et</strong><br />

pas un autre ?<br />

La cellule vit: elle se nourrit (ingère <strong>et</strong> digère<br />

des aliments), respire, excrète, grandit, se reproduit,<br />

réagit. On dit que c’est l’unité du vivant. Si<br />

l’on examine au microscope une cellule comme<br />

celles dont notre organisme est constitué (cellule<br />

dite eucaryote, c’est-à-dire étymologiquement<br />

avec un vrai noyau), on y distingue une<br />

membrane externe, des membranes internes, un<br />

noyau, des organites divers (mitochondries,<br />

lysosomes…), pourrait-on penser l’une ou l’autre<br />

expérience pour prouver que dans la cellule<br />

telle structure participerait à tel rôle, par exemple<br />

le rôle respiratoire ?<br />

Le passage de la cellule procaryote à l’eucaryote<br />

est-il un indice d’évolution biologique ?<br />

Comment le vérifier ?<br />

Le noyau avec son ADN dans l’œuf, selon<br />

qu’il s’agit d’un œuf de tel organisme, par<br />

exemple une grenouille rousse, déterminera le<br />

développement d’un têtard puis d’un adulte de<br />

grenouille rousse ou s’il s’agit d’un œuf de grenouille<br />

verte un adulte de c<strong>et</strong>te espèce.<br />

Comment imaginer une expérience pour montrer<br />

expérimentalement que c’est bien le noyau<br />

avec son ADN qui joue ce rôle ?<br />

La vie sur Terre telle que nous la connaissons,<br />

ne s’est pas développée en un jour. Pensez-vous<br />

qu’une Terre sans vie animale, uniquement<br />

composée de végétaux est concevable ? Quelle<br />

expérience pourrait-on faire pour m<strong>et</strong>tre c<strong>et</strong>te<br />

idée à l’épreuve ?<br />

On le voit, il y a du pain sur la planche pour plusieurs<br />

années d’activités, aux Jeunesses scientifiques.<br />

Pour en savoir plus vous pouvez téléphoner<br />

au 02/537.03.25. ou consulter le site<br />

Intern<strong>et</strong> http://www.jsb.be ou encore envoyer un<br />

courriel au coordinateur des ateliers Évolution,<br />

christian.vandercammen@jsb.be<br />

Jean-Luc LÉONARD<br />

jl.leonard@skyn<strong>et</strong>.be


479<br />

Info-Bio<br />

Un chromosome<br />

de plus ou de moins ?<br />

Àune époque où la biologie du gène aligne<br />

à une vitesse vertigineuse les milliards<br />

de composants de l'ADN humain<br />

<strong>et</strong> animal, on a peine à penser que la découverte<br />

de la première anomalie génétique identifiée<br />

chez l'humain date d'il y a cinquante ans.<br />

Certes, il y a un demi-siècle, mais cela reste à<br />

portée de mémoire de quelques générations<br />

d'humains encore bien présents aujourd'hui.<br />

C'est en eff<strong>et</strong> en 1958 que sont publiés les résultats<br />

d'une étude française démontrant que le<br />

«mongolisme» n'est autre qu'une trisomie 21; en<br />

d'autre terme, que c<strong>et</strong> état bien décrit un siècle<br />

plus tôt - en 1866 - par Langdon Down est,<br />

comme on le suspectait, dû à un (p<strong>et</strong>it) chromosome<br />

en trop. La découverte date en réalité de<br />

l'année précédente mais la maîtrise des cultures<br />

cellulaires alors balbutiante ne perm<strong>et</strong> pas tout de<br />

suite de s'assurer que l'anomalie observée n'est<br />

pas due à un «accident» lié au caractère artificiel<br />

de la prolifération cellulaire mais qu'elle est bien<br />

la cause de l'état du patient lui-même.<br />

L'information circule évidemment dans la presse<br />

scientifique <strong>et</strong> dans la presse tout court, bien que<br />

considérablement moins que ce genre de découverte<br />

ferait naître aujourd'hui. À l'époque, ce qui<br />

se passe dans les laboratoires franchit rarement<br />

les limites de ceux-ci ou des pages de revues<br />

spécialisées. Il faut dire qu'au même moment, le<br />

public a d'autres thèmes d'intérêt: la conquête de<br />

l'espace dans la foulée de Spoutnik <strong>et</strong>, pour les<br />

Belges, l'Expo de Bruxelles.<br />

Autant rappeler aussi que le nombre exact de<br />

chromosomes de l'espèce humaine n'a été précisé<br />

que deux années plus tôt - en 1956, par conséquent<br />

- <strong>et</strong> qu'il est loin de faire l'unanimité d'emblée,<br />

nombre de scientifiques persistant à penser<br />

que 48 est le nombre réel. Grâce aux techniques<br />

maîtrisées depuis longtemps dans les laboratoires,<br />

on sait évidemment aujourd'hui qu'il est de<br />

46. C<strong>et</strong>te information prenait toutefois toute son<br />

importance il y a 50 ans pour s'assurer que le<br />

«mongolisme» était bien dû à un chromosome de<br />

trop <strong>et</strong> non à la perte de l'un d'entre eux.<br />

Dans un article qu'elle signe dans Médecine/<br />

science, celle qui est à la base de la découverte<br />

rappelle c<strong>et</strong>te période de sa vie <strong>et</strong> ce qui a mené<br />

à l'identification de l'anomalie. Avec un peu d'amertume,<br />

elle rappelle aussi comment elle s'est<br />

fait déposséder de sa découverte par un aspirant<br />

«à la carrière assez peu brillante jusque-là» (sic)<br />

qui s'en est octroyé la paternité, glanant au passage<br />

les honneurs. Que c<strong>et</strong> article ait au moins le<br />

mérite de rendre à celle qui lui revient la «maternité»<br />

d'une découverte fondatrice de la cytogénétique.<br />

Oubliée des hommages - comme tant d'autres<br />

sans doute dans le seul domaine des sciences<br />

- elle s'appelle Marthe Gautier. Médecine/<br />

science 2009, n° 3, vol. 25: 311-315.<br />

Caryotype<br />

d'un garçon<br />

trisomique.<br />

On note<br />

la présence des<br />

chromosomes X<br />

<strong>et</strong> Y (sexe masculin)<br />

<strong>et</strong> d'un 21 en trop.<br />

Cancers en hausse ?<br />

Ce qui est relatif à l'état de santé des Français ne nous est pas<br />

totalement étranger <strong>et</strong>, en dépit de différences parfois significatives<br />

dans certains paramètres, on peut assez globalement en<br />

transposer les réalités à ce qui se passe en Belgique, en prenant toutefois<br />

le soin de diviser les valeurs absolues par six, pour respecter le rapport<br />

des deux populations.<br />

Une enquête récemment publiée a permis de comparer l'incidence des<br />

cancers - de l'homme <strong>et</strong> de la femme - entre 1980 <strong>et</strong> 2005. C'est globa-<br />

Athena <strong>252</strong> / Juin 2009


Athena <strong>252</strong> / Juin 2009<br />

Info-Bio<br />

lement l'espace d'une génération au cours de<br />

laquelle le nombre de cas est passé de 168 850<br />

à 319 380, accusant par conséquent une augmentation<br />

proche de 90%. Sous des registres<br />

multiples, la presse d'Outre-Quiévrain s'est évidemment<br />

emparée de ces valeurs, en tirant des<br />

conclusions diverses.<br />

Il va de soi qu'une évaluation épidémiologique<br />

est nécessaire, faisant la part de ce qui revient<br />

aux hommes, aux femmes, aux différents cancers,<br />

à la longévité accrue ainsi qu'à l'accroissement<br />

de la population pendant la période<br />

concernée.<br />

Un article fait précisément la part des choses <strong>et</strong>,<br />

tablant sur l'évaluation mathématique des «valeurs<br />

attendues», perm<strong>et</strong> un debriefing plus circonstancié.<br />

Chez les hommes, par exemple, il<br />

apparaît en fin de compte que le cancer le plus<br />

fréquent - celui de la prostate - présente un<br />

excès de 50 000 cas par rapport aux valeurs<br />

attendues. C<strong>et</strong> excès n'est qu'apparent <strong>et</strong> tient<br />

presque intégralement à un dépistage portant<br />

sur le dosage de l'antigène spécifique pour c<strong>et</strong><br />

organe, la PSA (prostate specific antigen) dont<br />

l'intérêt est comme on le sait remis en question<br />

aujourd'hui. Les autres formes de cancer ne rendent<br />

apparemment compte que de 8% de l'augmentation<br />

recensée.<br />

Chez la femme, le tableau est, partiellement au<br />

moins, identique. Deux organes c<strong>et</strong>te fois se<br />

La conquête de l'Asie<br />

L’homme<br />

de Pékin.<br />

StatBel<br />

Toutes les<br />

statistiques belges<br />

par le<br />

Gouvernement<br />

fédéral.<br />

http://www.statbel.<br />

fgov.be/<br />

La conquête humaine - celle du<br />

genre Homo - des différentes terres<br />

émergées du globe est un long<br />

puzzle que les fouilles menées dans tous<br />

les sites répertoriés aujourd'hui (auxquels<br />

bien d'autres s'ajouteront demain) perm<strong>et</strong>tent<br />

d'identifier <strong>et</strong> de préciser. Des<br />

fouilles menées sur le site de Zoukoudian<br />

(en Chine, à proximité de Pékin) ont<br />

récemment permis d'en savoir un peu plus<br />

sur la présence de notre très ancien cousin<br />

Homo erectus. C<strong>et</strong>te espèce qui a appartenu<br />

au même genre que le nôtre doit son<br />

nom à la taille <strong>et</strong> à la structure des os de<br />

sa jambe qui ont fait penser à son inventeur<br />

- le néerlandais Dubois au XIX e siècle<br />

- que c<strong>et</strong> «homme» devait se tenir<br />

debout, ou «érigé».<br />

480<br />

partagent une incidence élevée: le sein <strong>et</strong> le<br />

poumon. Pour le sein, l'accroissement relevé est<br />

là aussi essentiellement lié à un dépistage accru.<br />

Reste le cancer du poumon qui affiche c<strong>et</strong>te fois<br />

une hausse spectaculaire, les valeurs passant de<br />

1 600 à 6 800 en l'espace de 25 ans, celle qui<br />

était attendue étant de l'ordre de 2 100. La cause<br />

est, sans conteste, clairement identifiée: l'accès<br />

des femmes au tabagisme. On sait qu'aujourd'hui<br />

elles sont proportionnellement plus nombreuses<br />

que les hommes à sacrifier à la cigar<strong>et</strong>te.<br />

Elles sont donc aussi trois fois plus<br />

nombreuses à en mourir que ce qu'on pouvait<br />

attendre à partir des données de 1980.<br />

On a bien tenté d'incriminer les facteurs d'environnement<br />

dans c<strong>et</strong>te inflation; c'est oublier un<br />

peu vite que les hommes <strong>et</strong> les femmes partagent<br />

un même biotope <strong>et</strong> en particulier le même<br />

air à respirer. Or, aucun accroissement n'a été<br />

relevé dans ce type de cancer pour l'homme. Il<br />

y a donc un message à saisir au passage; si les<br />

eff<strong>et</strong>s de la pollution sont responsables de 2%<br />

de tous les décès en France, ils ne peuvent que<br />

s'additionner à ceux du tabagisme.<br />

Il me semble avoir lu un message pourtant clair<br />

sur les paqu<strong>et</strong>s de cigar<strong>et</strong>tes. Il prend toute sa<br />

dimension dans les valeurs épidémiologiques<br />

reportées. Mais cela aura-t-il un quelconque<br />

eff<strong>et</strong> sur les accros ? Médecine/science 2009;<br />

n° 23; vol. 25: 297-299.<br />

C<strong>et</strong>te espèce est vraisemblablement née en<br />

Afrique il y a deux millions d'années. Elle l'a<br />

ensuite quittée pour, notamment, partir à la<br />

découverte - ou à la conquête ? - du Nord-Est:<br />

péninsule arabique, puis Moyen-Orient, Inde <strong>et</strong><br />

progressivement Asie du Sud-Est, îles comprises.<br />

Il y a 1,75 million d'années, elle se trouvait<br />

du côté de l'actuelle Géorgie, comme en témoignent<br />

les vestiges identifiés à Dmanisi, en<br />

Transcaucasie. Elle a ensuite continué son périple<br />

vers l'Est <strong>et</strong>, il y a 760 000 ans, erectus occupait<br />

sa zone de répartition la plus septentrionale<br />

- celle de Zoukoudian, précisément - après avoir<br />

investi des terres situées plus au Sud. L'espèce se<br />

serait éteinte il y a 350 000 ans environ, bien que<br />

des traces très tardives (celles laissées par<br />

l'Homme de Solo) aient encore été identifiées sur<br />

l'île de Java il y a 50 000 ans seulement.


La question est évidemment de savoir comment<br />

ce lointain cousin a pu coloniser les îles indonésiennes.<br />

Certes son cerveau, d'une capacité de<br />

650 à 1250 centimètres cubes, lui perm<strong>et</strong>tait-il<br />

des actions «raisonnées» <strong>et</strong> sa taille de 145 à 180<br />

cm lui donnait déjà bien des possibilités. Toutefois,<br />

on pense plus simplement que les périodes<br />

de glaciation qu'il a dû connaître ont permis que<br />

la mer se r<strong>et</strong>ire <strong>et</strong> crée des passages entre le<br />

continent <strong>et</strong> ce qui constitue des îles aujourd'hui.<br />

Pour mémoire, H. erectus est aussi celui qui a<br />

découvert le feu…<br />

481<br />

Info-Bio<br />

Et après ? Il y a eu le costaud de la famille,<br />

Homo neandertalensis, puis le malin: Homo<br />

sapiens; nous, en somme. Et demain? Ça, il est<br />

trop tôt pour le dire. Peut-être une nouvelle<br />

espèce est-elle occupée à apparaître, puisque<br />

certains scientifiques font déjà de nous l'Homo<br />

faber, «l'homme qui fait, qui fabrique». Sûr<br />

que dans un demi-million d'années, nos successeurs<br />

en sauront un peu plus sur ce que nous<br />

avons été… Nature, 2009; 458: 153-154.<br />

SDF <strong>et</strong><br />

troubles mentaux<br />

Des chiffres récemment parus dans la<br />

presse font état de un million de SDF<br />

(sans domicile fixe) pour la seule<br />

Amérique du Nord, dont les 3/4 pour les seuls<br />

États-Unis. Le Royaume-Uni en compterait à<br />

lui seul 340 000, ce qui paraît énorme pour ce<br />

seul pays.<br />

Ces nombres souvent lancés pour impressionner<br />

recouvrent une série de réalités qui n'ont pas forcément<br />

de rapport étroit entre elles. On sait<br />

notamment que beaucoup d'Américains ont<br />

récemment perdu leur logement pour cause de<br />

ferm<strong>et</strong>ure d'entreprises <strong>et</strong> de subprimes. Dans<br />

certains cas <strong>et</strong> pour un temps, ils sont effectivement<br />

devenus SDF. Mais des SDF peuvent aussi<br />

être des illégaux en attente de passage vers une<br />

terre promise ou tout simplement des personnes<br />

qui n'ont pas encore les moyens de se trouver un<br />

logement dans la ville où le travail les a attirés.<br />

Et puis il y a les autres: les exclus, les clodos,<br />

ceux qui sont en dehors du système parce qu'ils<br />

l'ont voulu ou qu'ils s'y sont r<strong>et</strong>rouvés.<br />

Il n'empêche que dans certains registres, on est<br />

prompt à les enfermer dans la même globalité.<br />

C'est notamment le cas pour des études récentes<br />

portant sur les pathologies identifiées chez ces<br />

sans logis. D'une manière assez systématique,<br />

les États le plus souvent identifiés sont la<br />

psychose <strong>et</strong> la dépression, lesquelles sont liées,<br />

au titre de cause ou d'eff<strong>et</strong>, à l'alcoolisme <strong>et</strong> à la<br />

toxicomanie. La résultante tient souvent à la<br />

violence contre soi ou dirigée vers les autres:<br />

suicide, mais aussi criminalité dans tous les<br />

registres. Établie sur 6 000 individus, une étude<br />

en particulier dresse un «profil type» du SDF: il<br />

a 40 ans d'âge moyen <strong>et</strong> est un homme dans<br />

82% des cas. L'alcoolisme le concerne dans la<br />

quasi-totalité des cas, avec une dépendance à un<br />

niveau moyen proche de 40%. L'addiction à la<br />

drogue concerne pour sa part près de 25% des<br />

individus. Il va par ailleurs de soi que ce statut<br />

de SDF est d'abord <strong>et</strong> avant tout celui d'une pauvr<strong>et</strong>é<br />

qui n'aide par ailleurs pas à une prise en<br />

charge médicale régulière <strong>et</strong> efficace.<br />

Ce tableau n'est évidemment pas flatteur pour<br />

une société «occidentale» où qu'elle se trouve.<br />

Il n'empêche qu'il n'est pas non plus toujours<br />

facile de savoir - sauf à titre individuel - si c'est<br />

le rej<strong>et</strong> des individus qui leur vaut les pathologies<br />

<strong>et</strong> les dépendances évoquées, ou si ce sont<br />

ces dernières qui les ont marginalisés. Dans un<br />

cas comme dans l'autre, une prise en charge au<br />

moins sanitaire s'impose pour autant qu'elle soit<br />

évidemment acceptée par les intéressés.<br />

m/s 2009; n°3, vol. 25: 239.<br />

Athena <strong>252</strong> / Juin 2009


Tailles comparées<br />

d'une vertèbre<br />

de Titanoboa<br />

(à droite) <strong>et</strong> de celle<br />

d'un anaconda<br />

de 5,20 mètres.<br />

Athena <strong>252</strong> / Juin 2009<br />

Info-Bio<br />

Fatalité<br />

épigénétique<br />

Ce n'est pas neuf: les abuseurs d'enfants<br />

sont souvent des adultes qui ont euxmêmes<br />

été abusés dans l'enfance. Un lien<br />

existerait-il vraiment ? On serait tenté de le<br />

croire <strong>et</strong> le plus surprenant est que ce lien n’est<br />

pas uniquement comportemental, mais qu'il est<br />

- peut-être aussi - inscrit dans les gènes…<br />

Des expériences menées chez le rat ont consisté<br />

à priver des jeunes de l'attention maternelle.<br />

Résultat: un dépôt de radicaux méthyles à un<br />

endroit particulier du gène qui régule l'eff<strong>et</strong> du<br />

stress. Ce dernier est lié au fonctionnement d'un<br />

axe neuroendocrinien qui, piloté par des centres<br />

cérébraux, contrôle la fonction des glandes surrénales,<br />

précisément productrices de l'«hormone<br />

de stress».<br />

Le plus long,<br />

le plus lourd aussi…<br />

Avec le Gigantophis garstini découvert il y a quelques années dans le Nord de<br />

l'Afrique, on pensait détenir le fossile du plus grand serpent qui n’ait jamais vécu<br />

sur notre Terre. Long de 9 à 10 mètres, il devait en eff<strong>et</strong> faire figure d'épouvantail.<br />

Mais il vient tout de même d'être détrôné par plus grand <strong>et</strong> plus gros que lui. Titanoboa<br />

cerrejonensis, le bien nommé, dont une trentaine d'exemplaires ont été exhumés d'une<br />

strate fossilifère de Colombie, comptait en eff<strong>et</strong> 120 vertèbres <strong>et</strong> mesurait 13 mètres de<br />

long. Poids évalué: 1 tonne…<br />

Proche des anacondas, pythons <strong>et</strong><br />

boas contemporains, il vivait vraisemblablement<br />

dans l'eau des rivières,<br />

à l'ombre des forêts tropicales<br />

humides <strong>et</strong> ombrophiles. Autre<br />

réalité suspectée: la température<br />

devait être élevée pour perm<strong>et</strong>tre à<br />

ce géant d'assurer son métabolisme;<br />

une température vraisemblable de<br />

30 °C, voire davantage. Qu'on se rassure:<br />

il vivait il y a 60 millions d'années sans doute; <strong>et</strong> s'il reste des anacondas de<br />

grande taille aujourd'hui, ceux-ci ne dépassent normalement pas 7 mètres. Ce qui,<br />

toute proportion gardée, n'est pas anodin non plus ! Nature 2009; 457: 715-718.<br />

482<br />

Soucieux de savoir si ce type de modification<br />

génique pouvait être r<strong>et</strong>rouvé chez l'homme, des<br />

scientifiques ont sélectionné trois cohortes de<br />

patients; une première faite d'individus sexuellement<br />

abusés dans l'enfance <strong>et</strong> qui se sont suicidés,<br />

une seconde constituée d'individus non abusés<br />

mais également morts par suicide <strong>et</strong> une<br />

troisième, regroupant des individus décédés pour<br />

d'autres causes. Résultat de l'étude: les modifications<br />

r<strong>et</strong>rouvées chez les ratons le sont aussi <strong>et</strong> de<br />

façon apparemment exclusive chez les hommes<br />

du premier groupe.<br />

C<strong>et</strong>te découverte, qui demande sans doute<br />

confirmation, est riche d'informations. La première<br />

est que l'abus dans l'enfance accroît l'état<br />

permanent de stress. Une deuxième est que c<strong>et</strong><br />

accroissement est inscrit dans un gène au moins<br />

<strong>et</strong> qu'il peut l'être de façon durable; la troisième<br />

tient enfin au fait que c<strong>et</strong>te modification est épigénétique,<br />

un mode d«'interprétation» de l'action<br />

des gènes dont il est tant question depuis<br />

quelques années <strong>et</strong> qui peut expliquer bien des<br />

choses dans notre fonctionnement, tant métabolique<br />

que psychique. Le gène reste inchangé;<br />

simplement, le dépôt à un ou l'autre endroit-clé<br />

de radicaux - souvent méthyles - peut en moduler<br />

la transcription par excès ou par défaut <strong>et</strong> de<br />

façon durable ou non.<br />

Voilà donc un comportement qui se trouve des<br />

racines épigénétiques; ce n'est pas le premier du<br />

genre. Mais à l'évidence, ce n'est certainement<br />

pas le dernier non plus… Science, 2009; 323:<br />

1151.<br />

Jean-Michel DEBRY<br />

j.m.debry@skyn<strong>et</strong>.be


483<br />

Dico-Bio<br />

Perturbateurs<br />

endocriniens, m. plur.<br />

Tous les êtres vivants, des plus simples aux<br />

plus complexes, sont obligatoirement<br />

confrontés à un environnement qui leur<br />

est propre. Ils entr<strong>et</strong>iennent avec lui des interrelations<br />

parfois multiples grâce auxquelles - ou<br />

à cause desquelles - ils ont développé des systèmes<br />

métaboliques d’exploitation ou de défense.<br />

La régulation d’un être vivant - <strong>et</strong> en particulier<br />

celle des plus complexes - repose sur un subtil<br />

équilibre qui fait intervenir des systèmes très<br />

élaborés avec des réactions en cascades où des<br />

molécules souvent très spécialisées - hormones,<br />

enzymes, <strong>et</strong>c. - opèrent un contrôle multiple <strong>et</strong><br />

réciproque. C<strong>et</strong> équilibre peut évoluer dans le<br />

temps: la croissance, la maturation sexuelle sont<br />

des exemples que nous connaissons bien. Ils<br />

sont en principe bien régulés <strong>et</strong> génétiquement<br />

programmés. Ils peuvent aussi connaître des<br />

modifications volontaires <strong>et</strong> souhaitées - la<br />

prise de médicaments en est un exemple - ou<br />

non souhaitées, mais consenties: une cuite, un<br />

excès alimentaire, <strong>et</strong>c.<br />

Mais il existe aussi un nombre apparemment<br />

croissant de substances auxquelles les organismes<br />

vivants sont confrontés. Leur rôle est généralement<br />

sournois puisqu’on ignore leur existence<br />

<strong>et</strong> surtout leurs eff<strong>et</strong>s possibles. C<strong>et</strong>te<br />

réalité est renforcée par le fait qu’ils contribuent<br />

à un environnement auquel le vivant peut difficilement<br />

se soustraire comme l’eau pour un<br />

poisson ou l’air pour un humain. Ces substances<br />

peuvent être d’occurrence tout à fait naturelle;<br />

mais elles peuvent aussi être issues de l’activité<br />

humaine, quelle qu’elle soit: industrielle, agricole<br />

ou domestique au sens large. Beaucoup<br />

sont ignorées par les organismes vivants - à des<br />

degrés divers, toutefois, en fonction de leur<br />

complexité - qui ont développé des systèmes de<br />

défense ou qui n’ont pas de récepteurs adaptés<br />

à leur reconnaissance. En revanche, il s’en<br />

trouve qui, en raison de leur composition ou de<br />

leur structure moléculaire, peuvent interférer de<br />

façon spécifique avec l’un ou l’autre processus<br />

vivant. On les désigne par le terme générique<br />

d’exobiotiques.<br />

Parmi eux se trouve une gamme de produits<br />

d’origines <strong>et</strong> de natures très différentes qui ont<br />

la particularité de mimer l’action spécifique des<br />

hormones. Puisqu’ils peuvent en modifier la<br />

fonction de manière inattendue, on les appelle<br />

les perturbateurs - ou dérégulateurs - endocriniens<br />

(PE).<br />

De quels troubles s’agit-il ?<br />

Pour la simplicité, on peut ramener la problématique<br />

à l’humain; mais il est clair qu’elle a des<br />

répercussions chez tous les organismes qui ont<br />

une régulation endocrine. La presse rapporte du<br />

reste à termes réguliers des anomalies observées<br />

chez des poissons, des reptiles, des mammifères,<br />

confrontés bien malgré eux à ces PE.<br />

Puisqu’il existe un risque de perturbation de la<br />

régulation hormonale, voyons où celle-ci intervient.<br />

Globalement, c’est à tous les niveaux: en<br />

matière de croissance, de reproduction, de développement,<br />

de mise à disposition des ressources<br />

énergétiques, bref, de tout ce qui concerne<br />

l’«environnement interne». Les «cibles» de ces<br />

perturbateurs inattendus sont donc multiples.<br />

Mais ce n’est pas encore tout puisque leur action<br />

peut aller en sens divers. Il peut en eff<strong>et</strong> aller<br />

dans celui d’un mimétisme de l’hormone, d’une<br />

inhibition ou d’une modulation de sa synthèse <strong>et</strong><br />

Mouvement<br />

pour le droit <strong>et</strong><br />

le respect<br />

des générations<br />

futures (FR).<br />

Plusieurs dossiers<br />

sur les pesticides<br />

dans l'alimentation.<br />

http://www.mdrgf.<br />

org/index.html<br />

Athena <strong>252</strong> / Juin 2009


Athena <strong>252</strong> / Juin 2009<br />

Dico-Bio<br />

de son fonctionnement. C’est dire à quel point<br />

des agents perturbateurs peuvent imprimer, surtout<br />

«à bas bruit» <strong>et</strong> sur le long terme, des anomalies<br />

souvent subtiles du métabolisme dont il<br />

est difficile de percevoir la cause.<br />

Nos cellules possèdent également, sur leur<br />

membrane, des «récepteurs orphelins»; ce sont<br />

des molécules qui n’ont a priori pas de rôle<br />

fonctionnel précis mais auxquelles des composés<br />

exogènes qui arrivent jusque-là peuvent<br />

venir se fixer. C<strong>et</strong>te juxtaposition opportuniste<br />

ou accidentelle peut ensuite donner lieu à une<br />

cascade de réactions qui peuvent interférer avec<br />

le bon fonctionnement des cellules concernées.<br />

Tout ce qui précède apparaît sans aucun doute<br />

assez théorique. Pourtant, on va le voir, nous<br />

sommes littéralement cernés par ces perturbateurs<br />

qui se r<strong>et</strong>rouvent dans l’eau que l’on boit,<br />

la nourriture que l’on consomme <strong>et</strong> l’air que<br />

l’on respire. Le plus souvent en très p<strong>et</strong>ite quantité<br />

évidemment, mais dans certains cas, de<br />

façon durable <strong>et</strong> cumulative. Et, dans tous les<br />

cas ou presque, il est difficile sinon impossible<br />

de s’y soustraire.<br />

Quelques exemples<br />

Un premier exemple «historique» est celui du<br />

DDE. De quoi s’agit-il ? Du premier produit de<br />

dégradation du DDT, un pesticide organochloré<br />

largement utilisé dans le monde, mais interdit<br />

en Europe depuis 1972. Ce DDT a deux avantages<br />

au moins qui lui ont valu son utilisation<br />

planétaire: il est efficace <strong>et</strong> bon marché. Il a en<br />

revanche quelques défauts dont on n’a pas pris<br />

conscience d’emblée mais qui prennent toute<br />

leur importance: il se fixe durablement aux<br />

graisses corporelles <strong>et</strong>, en ce qui concerne son<br />

métabolite DDE, il agit comme anti-androgène.<br />

Autrement dit, il réduit l’efficacité des hormones<br />

mâles. Pour ce qui est de la fixation durable,<br />

elle n’est pas anodine: comme tous les pesticides<br />

organochlorés (qui incluent donc des atomes<br />

de chlore), ils ont une demi-vie estimée à<br />

50 ans <strong>et</strong> peuvent donc pratiquement subsister<br />

cent ans dans un organisme. Une affaire qui ne<br />

concerne que les centenaires ? Pas uniquement:<br />

du DDE peut être transmis aux nourrissons par<br />

484<br />

le lait maternel (riche en graisses, comme on le<br />

sait) <strong>et</strong> passer de c<strong>et</strong>te façon le cap des générations.<br />

On l’a dit, ce genre d’actions est à la fois<br />

sournois <strong>et</strong> subtil.<br />

Et que peut-il arriver ? Tout dépend de l’âge de<br />

l’individu qui y est confronté. En première<br />

ligne, ce produit concerne préférentiellement<br />

les hommes ou les garçons, encore que l’équilibre<br />

entre les hormones mâles <strong>et</strong> femelles est<br />

étroit, lui aussi, quelques simples modifications<br />

moléculaires perm<strong>et</strong>tant de passer des unes aux<br />

autres.<br />

Il existe toutefois un âge auquel on ne pense pas<br />

a priori parce qu’on l’imagine à l’écart de ce<br />

genre de problématique: celui qui correspond<br />

au développement embryonnaire. Or, c’est celui<br />

pour lequel les risques sont les plus grands:<br />

entre la 6 e <strong>et</strong> la 20 e semaine de développement,<br />

les organes sexuels - <strong>et</strong> en particulier les testicules<br />

- se m<strong>et</strong>tent en place sous l’eff<strong>et</strong> de gradients<br />

hormonaux <strong>et</strong> protéiques qui reposent sur<br />

des concentrations moléculaires particulièrement<br />

faibles.<br />

On aura compris qu’une modification même<br />

faible de ces gradients par un perturbateur<br />

externe, peut induire des anomalies. Et c’est<br />

effectivement ce qu’on observe dans la réalité.<br />

Depuis une quarantaine d’années, on assiste en<br />

eff<strong>et</strong> à une réduction de la qualité du sperme<br />

humain, un peu partout dans le monde; une<br />

réduction mise en évidence chez des adultes qui<br />

ont acquis c<strong>et</strong>te dérégulation à un moment où<br />

leur future mère prenait à peine conscience - à 6<br />

semaines - qu’elle était enceinte…<br />

D’autres substances encore<br />

L’exemple de ce pesticide est emblématique<br />

dans la mesure où nombre de substances à ranger<br />

dans ce groupe (herbicides, fongicides,<br />

insecticides) ont des fonctions perturbatrices<br />

hormonales reconnues. Pour utiles qu’elles<br />

puissent être, on conviendra qu’elles ont aussi<br />

des eff<strong>et</strong>s masqués dont il faut prendre conscience<br />

<strong>et</strong> qui devraient mener à une utilisation<br />

rationnelle <strong>et</strong> raisonnée. Certains professionnels<br />

de l’agriculture ou de l’horticulture ont une<br />

hypofertilité qui doit son origine à une exposition<br />

régulière ou prolongée à ces produits.<br />

Les pesticides ne sont toutefois pas les seuls à<br />

perturber la régulation hormonale. C’est aussi le<br />

cas de composants majeurs des matières plastiques<br />

(les phtalates, par exemple), de produits<br />

de l’industrie (dioxines, PCB, effluents industriels<br />

divers) ou des composés à eff<strong>et</strong> détergent.<br />

On peut y ajouter les effluents domestiques<br />

- qui contiennent des hormones naturelles ou de


synthèse - ainsi que des substances d’origine<br />

tout à fait naturelle. À ce dernier titre, on peut<br />

par exemple citer les flavonoïdes présents dans<br />

le trèfle <strong>et</strong> qui ont déjà induit quelques modifications<br />

du tractus génital chez des moutons qui<br />

en consommaient un peu trop…<br />

Les PE nés de l’industrie ont parfois des origines<br />

assez étranges. On a par exemple remarqué<br />

- ce cas a été très scientifiquement étudié - que<br />

des poissons femelles de l’espèce Gambusia<br />

holbrooki vivant en aval d’un effluent de pap<strong>et</strong>erie,<br />

présentaient toutes les apparences du<br />

mâle, comportement compris. On a évidemment<br />

cherché à en connaître la cause. Comme<br />

on va le voir, elle est très indirecte. Le rej<strong>et</strong> de<br />

c<strong>et</strong>te industrie qui transforme le bois contient<br />

très logiquement un produit d’origine végétale,<br />

le stigmastérol, équivalent de notre cholestérol.<br />

Or, il se trouve que dans la rivière où les eaux<br />

usées étaient déversées, se trouvaient des colonies<br />

de Mycobacterium smegmatis qui ont<br />

métabolisé le stigmastérol <strong>et</strong> ont rej<strong>et</strong>é massivement<br />

un produit de dégradation, l’androstène<br />

dione qui n’est autre qu’un androgène puissant…<br />

Rien n’est donc simple en matière environnementale<br />

où tout type d’interaction est évidemment<br />

possible.<br />

La liste n’est pas close<br />

Autres produits souvent évoqués dans le registre<br />

des PE: des composés des matières plastiques<br />

<strong>et</strong>, parmi eux, les phtalates. Il s’agit de<br />

produits simples, très proches par leur structure<br />

moléculaire des huiles végétales. Ils n’ont pas<br />

de toxicité intrinsèque <strong>et</strong> contribuent - très largement<br />

- à conférer aux matières plastiques leur<br />

souplesse. On en produit <strong>et</strong> utilise donc de très<br />

grandes quantités. Il s’en r<strong>et</strong>rouve dans des<br />

plastiques d’usage alimentaire (flacons, ustensiles<br />

divers, feuill<strong>et</strong>s à l’intérieur des boîtes à<br />

conserve) mais aussi dans des jou<strong>et</strong>s, des vernis<br />

<strong>et</strong> peintures <strong>et</strong> dans une foule d’autres produits<br />

comme par exemple le vernis à ongles. Ils sont<br />

également utilisés comme lubrifiants, y compris<br />

dans un usage médical. Il a toutefois été démontré,<br />

à l’occasion d’expériences menées chez<br />

l’animal, que ces phtalates peuvent s’avérer<br />

mutagènes <strong>et</strong> toxiques pour la reproduction<br />

masculine. Pour ces raisons, la Commission<br />

européenne en a réduit l’utilisation dans l’industrie<br />

du jou<strong>et</strong>.<br />

Parmi les autres PE d’utilisation quotidienne<br />

pour l’humain: certains composants de lessives<br />

ou de savons dont la composition est souvent<br />

complexe <strong>et</strong>, sans doute, bien d’autres produits<br />

pour lesquels aucune fonction perturbatrice n’a<br />

encore été mise en évidence mais qui risque d'apparaître<br />

à la faveur d'un examen circonstancié.<br />

485<br />

Dico-Bio<br />

Leur eff<strong>et</strong> perturbateur s’arrête-t-il là ? Pas toujours,<br />

malheureusement. Pour certains d’entre<br />

eux les dysfonctionnements induits, surtout<br />

s’ils se marquent dans la durée, peuvent mener<br />

à des altérations <strong>et</strong> désordres divers; de l’ostéoporose<br />

au cancer, d’ulcères à la modification de<br />

certains tissus, dont la peau fait partie.<br />

On l’aura compris, c’est un peu la «chimie» qui<br />

est en cause. Mais elle nous environne, nous<br />

sert, fait définitivement partie d’une «qualité de<br />

vie» à laquelle nous souscrivons globalement,<br />

fût-ce involontairement. Il nous appartient évidemment<br />

de rester attentifs, à n’abuser de rien;<br />

bref, à être des consommateurs responsables.<br />

Cela ne supprimera pas tous les risques (il faut<br />

bien respirer <strong>et</strong> s’alimenter), mais au moins,<br />

cela contribuera à les réduire.<br />

Questions / réponses<br />

Mais c’est fou, ça, le danger est partout !<br />

C’est sans doute un peu vrai, mais il faut<br />

le relativiser. Les concentrations sont généralement<br />

faibles, ces substances ne sont pas présentes<br />

partout à des concentrations perceptibles <strong>et</strong><br />

nous ne sommes pas égaux non plus face à ces<br />

«agressions» environnementales. Ceci dit, il est<br />

question uniquement d’une classe de produits<br />

qui ont des activités «endocriniennes» - ou hormonales<br />

- communes; on peut y ajouter celles<br />

qui sont cancérigènes, mutagènes, <strong>et</strong>c. qui ne<br />

sont pas forcément les mêmes !<br />

Mais c’est l’enfer ! Non, il ne faut tout de<br />

même pas exagérer ! La nature ellemême<br />

n’est pas exempte de dangers. Le soleil<br />

- ou plus exactement une exposition prolongée<br />

à ses rayons - peut mener au déclenchement du<br />

cancer de la peau (le redoutable mélanome) <strong>et</strong><br />

le radon, généreusement restitué par le socle<br />

schisteux de l’Ardenne <strong>et</strong> de bien d’autres<br />

endroits du globe, est aussi un cancérigène en<br />

fonction de sa radioactivité !<br />

Nous sommes donc exposés en permanence à<br />

des substances diverses qui ne sont pas forcément<br />

sans eff<strong>et</strong> sur notre santé. Il faut le savoir,<br />

s’en prémunir autant qu’il est possible <strong>et</strong> faire<br />

avec. On n’a pas trop le choix; <strong>et</strong> il faut surtout<br />

éviter de sombrer dans la paranoïa ! Pour mémoire,<br />

le risque de contracter un cancer est bien<br />

plus grand si on fume que si on est exposé à<br />

certains «polluants» cancérogènes ! Mais on<br />

s’écarte des perturbateurs endocriniens…<br />

Dropdata (EN)<br />

Pour une<br />

utilisation<br />

raisonnée<br />

des pesticides<br />

http://www.<br />

dropdata.org/<br />

Athena <strong>252</strong> / Juin 2009


Athena <strong>252</strong> / Juin 2009<br />

Dico-Bio<br />

Rien de ce qu’on mange n’est sans<br />

danger ? Je n’ai pas dit ça ! Il faut toutefois<br />

se rappeler que ce qui vient des productions<br />

«industrielles» a généralement subi des traitements<br />

pesticides divers <strong>et</strong>, de tous les fruits <strong>et</strong><br />

légumes, le raisin est apparemment celui qui en<br />

a le plus accumulé. Il a notamment reçu de la<br />

vinclozoline - un fongicide - qui est un perturbateur<br />

endocrinien reconnu. Quel que soit le<br />

légume ou le fruit que vous consommez - sauf<br />

s’il vient de votre potager <strong>et</strong> que vous en avez<br />

intégralement assumé la production sans «produit»<br />

ajouté - vous devez le laver abondamment<br />

<strong>et</strong>, tant qu’à faire, le peler. Toujours. Les fruits<br />

<strong>et</strong> légumes attirent naturellement les insectes<br />

qui viennent y pondre leurs œufs <strong>et</strong> perm<strong>et</strong>tre à<br />

leurs larves de s’y développer. S’il n’y a aucune<br />

trace d’attaque, c’est que le traitement pesticide<br />

a été effectué <strong>et</strong> qu’il s’est montré efficace.<br />

Et l’eau ? On dit que des poissons changent<br />

de sexe ? Ce n’est pas faux, mais il faut<br />

également nuancer. D’abord, l’eau de surface<br />

n’est pas celle qu’on boit. En général en tout<br />

cas. Il faut donc faire la part des choses entre<br />

l’eau de surface, l’eau des nappes <strong>et</strong> celle que<br />

l’on consomme, qui est parfois la même que la<br />

précédente. L’eau de surface est effectivement<br />

celle dans laquelle on a vu des poissons, des<br />

batraciens changer de sexe ou, en tout cas, participer<br />

à des populations où un des deux sexes<br />

est apparu particulièrement majoritaire. J’en ai<br />

évoqué un exemple surprenant avec des<br />

effluents de pap<strong>et</strong>eries. Ce qui est vrai pour de<br />

p<strong>et</strong>its poissons n’est pas forcément à rapporter à<br />

l’homme comme certains le font parfois un peu<br />

vite. Une question de taille, d’abord, <strong>et</strong> d’équilibre<br />

hormonal, ensuite; des espèces notamment<br />

aquatiques sont naturellement hermaphrodites,<br />

c’est–à-dire qu’elles possèdent les deux<br />

sexes <strong>et</strong> peuvent passer de l’un à l’autre pour<br />

des raisons «sociales» au sein de leur population,<br />

ou suite à des variations thermiques,<br />

notamment. 10% des espèces vivant dans l’eau<br />

seraient dans ce cas.<br />

Des perturbateurs endocriniens peuvent donc<br />

modifier l’équilibre des sexes au sein des populations<br />

comme cela a été observé chez le sau-<br />

486<br />

mon Chinookn, au Nord canadien en particulier,<br />

<strong>et</strong> on a incriminé les hormones sexuelles humaines<br />

qui se r<strong>et</strong>rouvent dans les eaux usées. Il<br />

existe sans doute bien d’autres cas de ce genre<br />

qui restent à découvrir. Tant que l’ensemble des<br />

populations d’une espèce n’est pas menacé, ce<br />

n’est pas fondamentalement dramatique; ce<br />

sont toutefois des signaux qu’il faut percevoir <strong>et</strong><br />

qui servent d’alerte ou d’avertisseur pour nous<br />

m<strong>et</strong>tre en garde contre des problèmes plus<br />

importants qui pourraient aussi concerner l’humain.<br />

Ben oui, <strong>et</strong> l’humain, justement. On est<br />

menacés ? J’ai déjà évoqué le cas des<br />

embryons mâles dès la 6e semaine de grossesse.<br />

Il faut prévenir les futures mamans qu’elles doivent<br />

autant que possible se m<strong>et</strong>tre à l’abri de ces<br />

substances qui pourraient induire sur le long<br />

terme une réduction de la fertilité, voire des<br />

anomalies des voies génitales, comme on l’observe<br />

malheureusement de plus en plus à la<br />

naissance. Mais l’humain adulte est lui aussi à<br />

m<strong>et</strong>tre en garde; nombre d’infertilités sont à<br />

m<strong>et</strong>tre au passif de polluants professionnels<br />

parmi lesquels les pesticides en tous genres se<br />

taillent une part importante; des études l’ont<br />

montré, ainsi que l’expérience de centres de<br />

procréation assistée qui «récupèrent» ces cas<br />

d’infertilité dans leur pratique. On sait aussi<br />

- d’autres études l’ont mis en évidence - qu’un<br />

lien étroit existe entre certains de ces pesticides<br />

<strong>et</strong> la survenue de cancers, en particulier chez<br />

des enfants.<br />

P<br />

ratiquement, il faut faire quoi, alors ?<br />

Tout simplement être mesuré dans l’emploi<br />

de tous ces produits d’utilisation courante<br />

dont on ne maîtrise pas toujours les eff<strong>et</strong>s. Les<br />

protections recommandées (port de gants, de<br />

masque) ne sont pas du luxe. Et puis on peut<br />

changer ses habitudes. Croquer une pomme est<br />

un plaisir recommandé… mais il faut penser à<br />

l’éplucher auparavant, sauf si elle vient du verger<br />

dont on maîtrise la gestion sans pesticide,<br />

bien entendu. À titre de simple exercice, regardez<br />

aussi au dos du flacon de savon liquide que<br />

vous utilisez sans doute quotidiennement par<br />

facilité <strong>et</strong> parce qu’il sent bon le frais: pensezvous<br />

maîtriser les eff<strong>et</strong>s de la vingtaine de constituants<br />

qui le composent ? Autant vous le dire:<br />

il y a des candidats perturbateurs endocriniens<br />

parmi eux !<br />

La vigilance est donc de mise, au même titre<br />

que la mesure dans l’utilisation. Et quand vous<br />

lirez l’étiqu<strong>et</strong>te des produits que vous envisagez<br />

d’ach<strong>et</strong>er, ne vous contentez plus dorénavant<br />

d’y consulter le seul prix !<br />

Jean Michel DEBRY<br />

j.m.debry@skyn<strong>et</strong>.be


Dualisme cartésien :<br />

mort ou vif ?<br />

En ayant mis le doigt sur certains substrats cérébraux de la conscience, la neuroimagerie<br />

fonctionnelle devait avoir sonné le glas du dualisme cartésien. Pourtant, ce qu'Antonio Damasio<br />

appelle «l'erreur de Descartes», l'idée d'un esprit immatériel extérieur au corps,<br />

conserve encore de nombreux partisans, ainsi que l'a montré récemment une étude<br />

de Steven Laureys, de l'Université de Liège<br />

En 1983 déjà, Jean-Pierre Changeux écrivait<br />

dans L'homme neuronal: «L'identité<br />

entre états mentaux <strong>et</strong> états physiologiques<br />

ou physicochimiques du cerveau s'impose<br />

en toute légitimité.» Depuis, les études par<br />

imagerie cérébrale fonctionnelle se sont multipliées<br />

<strong>et</strong> chacune d'elles a apporté sa pierre à la<br />

corroboration de c<strong>et</strong>te thèse. A priori, le dualisme<br />

cartésien est mort, puisque tout indique<br />

que l'esprit n'émane pas d'une substance immatérielle<br />

extérieure au corps. La science moderne<br />

rejoint donc les conceptions matérialistes des<br />

philosophes des Lumières. Pour Diderot <strong>et</strong> le<br />

baron d'Holbach, par exemple, l'esprit est une<br />

propriété du cerveau. Et comme ce dernier<br />

obéit, selon eux, aux lois du déterminisme naturel,<br />

il ne peut exister de volonté libre. Il faut<br />

donc glisser la croyance en un libre arbitre dans<br />

le même cercueil que le spiritualisme. Dans son<br />

Système de la nature, le baron d'Holbach écrit:<br />

«Notre vie est une ligne que la nature nous<br />

ordonne de suivre à la surface de la Terre sans<br />

jamais pouvoir nous en écarter un instant.»<br />

Aujourd'hui, les tenants du déterminisme sont<br />

assez nombreux parmi les neuroscientifiques.<br />

De ceux qui s'efforcent de sauver l'idée d'un<br />

libre arbitre, tel le prix Nobel Gerald Edelman,<br />

le philosophe Jean-Noël Missa, de l'Université<br />

libre de Bruxelles, dit qu'ils se réfugient derrière<br />

un matérialisme inconséquent. Edelman,<br />

par exemple, parle d'une conscience primaire <strong>et</strong><br />

d'une conscience supérieure, à laquelle l'homme<br />

accéderait grâce au langage. Celui-ci engendrerait<br />

un phénomène de distanciation laissant<br />

entrevoir une échappatoire au double déterminisme<br />

génétique <strong>et</strong> épigénétique - l'imprégnation<br />

de notre tissu cérébral même par notre<br />

«histoire» individuelle -, ce qui perm<strong>et</strong>trait<br />

d'imaginer un véritable processus d'autodéter-<br />

mination. Pour beaucoup, cependant,<br />

il s'agit d'une solution ad<br />

hoc greffée par Edelman sur son<br />

modèle général de la sélection<br />

des groupes neuronaux (le «darwinisme<br />

neuronal», selon sa<br />

propre terminologie). «Sur la<br />

question du langage <strong>et</strong> de la<br />

conscience supérieure, Edelman<br />

éveille l'idée d'un magicien faisant<br />

sortir un lapin de son chapeau»,<br />

dit Jean-Noël Missa.<br />

Théâtre cartésien<br />

Dans ses Méditations métaphysiques,<br />

Descartes explique que<br />

l'esprit, «chose pensante» <strong>et</strong> non<br />

étendue, est une substance distincte<br />

du corps, «chose étendue»<br />

<strong>et</strong> qui ne pense point. Il affirme<br />

par ailleurs que ces deux entités<br />

agissent l'une sur l'autre selon des relations causales.<br />

D'où c<strong>et</strong>te question essentielle: comment<br />

un esprit immatériel peut-il influer de quelque<br />

manière sur un corps matériel, <strong>et</strong> vice-versa ?<br />

Pour contourner c<strong>et</strong> écueil, Descartes suggère<br />

que l'esprit des êtres animés interagit avec le<br />

corps au niveau d'un centre spécifique du cerveau,<br />

la glande pinéale (ou épiphyse), qui serait<br />

le siège de la conscience. De la sorte, il ne fait<br />

néanmoins que repousser le problème, la solution<br />

proposée encourant la même critique que<br />

l'assertion initiale.<br />

Par la suite, d'autres localisations spécifiques<br />

furent proposées en tant que «centre» de la<br />

conscience: notamment la formation réticulée<br />

ou les lobes frontaux. Dans c<strong>et</strong>te approche<br />

487<br />

Steven Laureys,<br />

maître de recherches<br />

au FNRS,<br />

responsable<br />

du Coma Science<br />

Group au sein<br />

du Centre de<br />

recherches<br />

du cyclotron<br />

de l'ULg <strong>et</strong><br />

du service<br />

de neurologie<br />

du CHU de Liège.<br />

Courriel:<br />

steven.laureys@<br />

ulg.ac.be<br />

Athena <strong>252</strong> / Juin 2009


Jean-Noël Missa,<br />

professeur<br />

à l'ULB.<br />

(1) Dualism<br />

Persists in the<br />

Science of Mind,<br />

par Athena<br />

Demertzi,<br />

Charlene Liew,<br />

Didier Ledoux,<br />

Marie-Aurélie<br />

Bruno,<br />

Michael Sharpe,<br />

Steven Laureys <strong>et</strong><br />

Adam Zeman, dans<br />

Annals of the New<br />

York Academy of<br />

Sciences, 2009.<br />

Science <strong>et</strong> philosophie<br />

Athena <strong>252</strong> / Juin 2009<br />

qu'un de ses plus fervents opposants, le philosophe<br />

américain Daniel C. Denn<strong>et</strong>t, de Tust<br />

University, qualifie de «théâtre cartésien», une<br />

structure cérébrale bien définie «prendrait<br />

connaissance» de l'ensemble<br />

des activités mentales de l'individu,<br />

en réaliserait l'intégration<br />

<strong>et</strong> produirait ce qui nous apparaît<br />

subjectivement comme<br />

unifié <strong>et</strong> cohérent. Or on sait<br />

aujourd'hui que la conscience<br />

ne dépend pas d'une zone de<br />

convergence ultime. Au contraire,<br />

la plupart des théories la<br />

décrivent comme un phénomène<br />

émergent m<strong>et</strong>tant en jeu<br />

différentes régions cérébrales.<br />

C'est en eff<strong>et</strong> au concept d'une<br />

«conscience distribuée» à l'échelon<br />

de ses soubassements<br />

neuroanatomiques qu'ont conduit<br />

divers travaux d'imagerie<br />

cérébrale fonctionnelle, dont<br />

ceux de Steven Laureys, maître<br />

de recherches au Fonds national<br />

de la recherche scientifique<br />

(FNRS), responsable du Coma<br />

Science Group au sein du<br />

Centre de recherches du cyclotron<br />

(CRC) de l'Université de<br />

Liège (ULg) <strong>et</strong> du service de<br />

neurologie du Centre hospitalier universitaire<br />

(CHU) de Liège.<br />

Quatre questions<br />

À la lumière des avancées des neurosciences, il<br />

semble légitime de considérer que la conscience<br />

est enracinée dans des processus biologiques,<br />

lesquels, cependant, ne pourront sans doute<br />

jamais rendre compte de toute la richesse des<br />

expériences intérieures. Toutefois, encore fautil<br />

s'entendre sur les mots car, s'agissant de la<br />

conscience, «tous les débats sont obscurcis par<br />

l'usage polysémique du terme», ainsi que le faisait<br />

remarquer Jacques Paillard dans sa contribution<br />

au Traité de psychologie expérimentale<br />

publié en 1994 aux Presses universitaires de<br />

France. Est-elle assimilable à toute forme de<br />

pensée ? À l'identité personnelle ? À la subjectivité<br />

qui conduit chacun d'entre nous à éprouver<br />

des sensations qui lui sont propres ?... Nous<br />

l'assimilerons à la notion intuitive que nous en<br />

avons, c'est-à-dire à ce qui constitue notre vie<br />

mentale au carrefour de nos perceptions, de nos<br />

sensations, de nos raisonnements <strong>et</strong> jugements,<br />

de la planification de nos actions. Pour Descartes,<br />

l'esprit est conscience par définition («Je<br />

pense, donc je suis»). Nous considérerons aussi<br />

ces deux termes comme synonymes dans nos<br />

développements ultérieurs.<br />

488<br />

Le dualisme cartésien est-il vraiment mort sur<br />

l'autel des neurosciences ? On aurait pu l'imaginer,<br />

mais nombreux sont ceux qui adhèrent<br />

encore de nos jours à l'idée d'une scission entre<br />

le cerveau <strong>et</strong> l'esprit. Steven Laureys s'est particulièrement<br />

intéressé à c<strong>et</strong>te situation après<br />

avoir pris connaissance des résultats d'une étude<br />

réalisée en 2005 à l'Université d'Édimbourg<br />

sous la direction du neurologue Adam Zeman,<br />

actuellement professeur à la Peninsula Medical<br />

School, à Ex<strong>et</strong>er. Éléments cardinaux de ce travail,<br />

quatre questions posées à 250 étudiants<br />

issus de huit disciplines académiques différentes:<br />

anthropologie (33), astrophysique (19),<br />

ingénierie civile (32), informatique (30), théologie<br />

(36), médecine (30), ingénierie mécanique<br />

(34), physique (36). À la première question:<br />

«L'esprit <strong>et</strong> le cerveau sont-ils deux choses<br />

séparées ?», 67% des étudiants répondirent oui.<br />

La deuxième: «L'esprit dépend-il fondamentalement<br />

des lois de la physique ?», ne recueillit<br />

quant à elle que 36% d'avis positifs. Troisième<br />

question: «Une part spirituelle de nous survitelle<br />

après la mort ?» Septante pour cent de<br />

réponses affirmatives. Enfin, 65% des étudiants<br />

estimaient que chacun d'entre nous possède une<br />

âme séparée du corps.<br />

À la fin de chacune de ses conférences, Steven<br />

Laureys avait pris l'habitude de soum<strong>et</strong>tre un<br />

questionnaire à son auditoire, que ce dernier fût<br />

constitué de scientifiques, de médecins ou d'un<br />

public plus large. Les questions, essentiellement<br />

d'ordre éthique, avaient trait à ce qui constitue<br />

le cœur de ses recherches <strong>et</strong> de son activité<br />

clinique de neurologue spécialisé dans les états<br />

altérés de conscience (coma, état végétatif, état<br />

de conscience minimale): le concept de mort<br />

cérébrale est-il acceptable ? Comment gérer la<br />

fin de vie des patients ? L'acharnement thérapeutique<br />

- en phase aiguë, en phase chronique<br />

- est-il admissible ? Faut-il autoriser l'euthanasie<br />

? «Les résultats présentés par Adam<br />

Zeman m'ont interpellé, de sorte que j'ai inclus<br />

dans mon questionnaire les quatre questions<br />

qu'il avait abordées dans le sien, dit Steven<br />

Laureys. En eff<strong>et</strong>, au-delà de leur intérêt purement<br />

théorique (le dualisme face à l'explication<br />

scientifique de la conscience), les réponses à<br />

ces questions influent sur les choix qu'opèrent<br />

chercheurs, médecins, infirmières <strong>et</strong> psychologues<br />

dans les domaines des méthodes de<br />

recherche expérimentale, des options thérapeutiques<br />

<strong>et</strong> de la prise en charge médicale des<br />

patients.»<br />

Pour l'heure, plus de quatre mille personnes se<br />

sont exprimées à l'issue des conférences données<br />

en Europe <strong>et</strong> aux États-Unis par le responsable<br />

du Coma Science Group de l'ULg. Publié<br />

en 2009 par Annals of the New York Academy of<br />

Sciences, un article intitulé Dualism Persists in


the Science of Mind (1) présente, compare <strong>et</strong><br />

commente les résultats des études menées à<br />

l'Université d'Édimbourg par l'équipe d'Adam<br />

Zeman, auprès de 250 étudiants, <strong>et</strong> à l'Université<br />

de Liège par le groupe de Steven Laureys<br />

(échantillon de 1 858 personnes renfermant 782<br />

professionnels de la santé, 290 travailleurs du<br />

secteur paramédical <strong>et</strong> 455 membres d'autres<br />

professions - pour 331 participants, les données<br />

relatives à l'activité professionnelle<br />

n'étaient pas disponibles).<br />

Autres caractéristiques de l'échantillon de 1 858<br />

personnes: il comportait à peu près la même<br />

proportion d'hommes <strong>et</strong> de femmes, de croyants<br />

<strong>et</strong> de non-croyants. L'âge moyen y était de 41<br />

ans (extrêmes: 16 <strong>et</strong> 85 ans).<br />

Des chiffres étonnants<br />

À l'instar de ceux collectés à Édimbourg, les<br />

résultats de l'étude belge soulignent la forte persistance<br />

d'idées dualistes, même si le trait y est<br />

moins accentué. «L'esprit <strong>et</strong> le cerveau sont-ils<br />

deux choses séparées ?»: 40% de réponses<br />

affirmatives. «L'esprit dépend-il fondamentalement<br />

des lois de la physique ?»: 39% de oui.<br />

«Une part spirituelle de nous survit-elle après<br />

la mort ?»: 37% des personnes interrogées le<br />

croient. «Chacun d'entre nous possède-t-il une<br />

âme séparée du corps ?»: réponse positive pour<br />

37% de l'échantillon.<br />

Une analyse plus fine m<strong>et</strong> en exergue que les<br />

convictions philosophiques <strong>et</strong> religieuses constituent,<br />

on ne s'en étonnera pas, le principal facteur<br />

explicatif des réponses fournies aux quatre questions<br />

posées, l'âge <strong>et</strong> le sexe ayant néanmoins<br />

également leur mot à dire. Il est révélateur que<br />

63% des croyants estiment qu'il existe une vie<br />

après la mort, contre 16% des non-croyants, <strong>et</strong><br />

que 57% du premier groupe, contre 20% du<br />

second, considère que l'être humain est titulaire<br />

d'une âme distincte du corps. «Finalement, ce qui<br />

peut surprendre, c'est que tous les croyants ne<br />

répondent pas positivement aux deux questions<br />

posées <strong>et</strong> tous les non-croyants négativement»,<br />

commente Steven Laureys.<br />

Il appert par ailleurs que les femmes sont plus<br />

dualistes que les hommes. Ainsi, 34% d'entre<br />

elles seulement se rangent à l'idée que l'esprit<br />

puisse dépendre des lois de la physique, alors<br />

que 48% des hommes le pensent.<br />

Une très vaste pal<strong>et</strong>te d'âges est représentée<br />

dans l'étude liégeoise. Elle a permis de m<strong>et</strong>tre le<br />

doigt sur un autre phénomène: les suj<strong>et</strong>s jeunes<br />

(moins de 30 ans) sont plus dualistes que les<br />

individus d'âge moyen (31-49 ans) <strong>et</strong> surtout<br />

que les «plus de 50 ans». «Les recherches en<br />

489<br />

Science <strong>et</strong> philosophie<br />

psychologie développementale suggèrent que la<br />

croyance en une conscience distincte du corps<br />

est présente dans toutes les cultures, donc universelles,<br />

<strong>et</strong> que chaque enfant “naît dualiste”»,<br />

souligne Steven Laureys.<br />

Environ la moitié des médecins (55%) <strong>et</strong> des<br />

membres des professions paramédicales (51%)<br />

ayant répondu au questionnaire proposé par le<br />

neurologue du Coma Science Group se déclaraient<br />

croyants. Les réponses recueillies auprès<br />

de ces personnes montrent que nombre d'entre<br />

elles sont animées par des convictions dualistes,<br />

avec une prépondérance dans le groupe paramédical.<br />

Si un pourcentage presque égal (de<br />

l'ordre de 40%) de médecins <strong>et</strong> de professionnels<br />

du secteur paramédical croient à une vie<br />

après la mort, les premiers ont une plus grande<br />

propension à penser que l'esprit est régi par des<br />

lois physiques (45% contre 37%); en outre, ils<br />

sont moins enclins à adhérer au concept d'une<br />

âme séparée du corps (36% contre 44%).<br />

Selon Steven Laureys, il existe plusieurs explications<br />

possibles à ces chiffres, mais il est hautement<br />

probable que le bagage scientifique soit<br />

un élément déterminant. Une étude américaine<br />

publiée dans Nature en 1998 (Leading scientists<br />

still reject God) ne révèle-t-elle pas par exemple<br />

qu'on compte moins de croyants <strong>et</strong> de dualistes<br />

parmi les membres de l'Académie nationale des<br />

sciences qu'au sein de la population générale<br />

des scientifiques ?<br />

Conscience distribuée<br />

Quoi qu'il en soit, le dualisme n'est pas mort <strong>et</strong><br />

bien qu'il paraisse de plus en plus difficile à<br />

soutenir, il garde de nombreux partisans, dont<br />

d'éminents neuroscientifiques tel Christophe<br />

Koch, professeur de biologie <strong>et</strong> ingénierie au<br />

California Institute of Technology. Steven<br />

Laureys, lui, est moniste. Tant sa pratique clinique<br />

que ses recherches en imagerie cérébrale<br />

fonctionnelle l'incitent à adopter c<strong>et</strong>te position.<br />

Il précise: «Je me réfère à des évidences scientifiques,<br />

mais je n'affirme pas pour autant qu'on<br />

a tout compris de la conscience, loin s'en faut.<br />

Dans l'état actuel des connaissances, on ne peut<br />

fermer définitivement la porte aux explications<br />

dualistes, mais il faut souligner qu'on n'a pas<br />

d'évidence scientifique en leur faveur.»<br />

Aux yeux du chercheur de l'ULg, la conscience<br />

est un phénomène qui émerge de l'activité collective<br />

d'une partie du système nerveux central.<br />

Comme la plupart des neuroscientifiques partageant<br />

son avis, il argue principalement du fait<br />

qu'il existe une masse de données issues de<br />

l'imagerie cérébrale fonctionnelle, jamais contredites,<br />

qui établissent un lien indéniable entre<br />

Athena <strong>252</strong> / Juin 2009


À gauche,<br />

Axel Cleeremans,<br />

directeur<br />

de recherches<br />

du FNRS <strong>et</strong><br />

professeur à la<br />

faculté des sciences<br />

psychologiques <strong>et</strong><br />

de l'éducation<br />

de l'ULB.<br />

À droite,<br />

Lionel Naccache,<br />

de l'unité INSERM<br />

U562 (France)<br />

de neuroimagerie<br />

cognitive.<br />

Science <strong>et</strong> philosophie<br />

Athena <strong>252</strong> / Juin 2009<br />

perception consciente <strong>et</strong> activité cérébrale.<br />

Grâce à la tomographie par émission de positons<br />

(PET) <strong>et</strong> à l'imagerie par résonance magnétique<br />

fonctionnelle (IRMf), Steven Laureys luimême<br />

a pu observer l'activité cérébrale de<br />

certains suj<strong>et</strong>s cérébrolésés dans deux situations<br />

différentes: d'abord, lorsqu'ils étaient plongés<br />

dans un état végétatif; ensuite, lorsqu'ils avaient<br />

recouvré la conscience. Dans le second cas, il<br />

constata une réactivation de plusieurs noyaux<br />

répartis dans diverses zones du cortex associatif,<br />

ainsi que de boucles thalamocorticales,<br />

c'est-à-dire de circuits m<strong>et</strong>tant en résonance le<br />

thalamus <strong>et</strong> des régions du cortex.<br />

«L'étude de Steven Laureys corrobore l'idée<br />

d'une conscience distribuée <strong>et</strong> va dans le sens<br />

des théories qui postulent que différentes<br />

assemblées neuronales peuvent sous-tendre des<br />

ensembles cohérents d'activités qui se succéderaient<br />

de façon dynamique <strong>et</strong> seraient en<br />

quelque sorte les germes de notre vie consciente»,<br />

explique Axel Cleeremans, directeur de<br />

recherches du Fonds national de la recherche<br />

scientifique (FNRS) <strong>et</strong> professeur à la faculté<br />

des sciences psychologiques <strong>et</strong> de l'éducation<br />

de l'Université libre de Bruxelles (ULB).<br />

Fort du concept d'une conscience distribuée,<br />

Daniel C. Denn<strong>et</strong>t a proposé un modèle<br />

«extrême» qu'il a baptisé «modèle des versions<br />

multiples de la conscience». Pour lui, c<strong>et</strong>te dernière<br />

ne serait qu'un épiphénomène. Dans le<br />

cerveau, une multitude de processus interpréteraient<br />

en parallèle toutes nos activités mentales.<br />

De celles qui coexisteraient à un moment<br />

donné, <strong>et</strong> donc des interprétations dont elles<br />

feraient l'obj<strong>et</strong>, émergerait un état subjectif. Au<br />

fil du temps, de tels états se succéderaient, de<br />

sorte qu'il n'y aurait pas «une» conscience, mais<br />

un enchaînement d'états de conscience.<br />

490<br />

Benjamin Lib<strong>et</strong>, de l'Université de Californie, à<br />

San Francisco, considère aussi que la conscience<br />

n'est qu'un épiphénomène nous perm<strong>et</strong>tant<br />

d'apprécier la réalité après coup. Selon lui,<br />

notre libre arbitre ne serait qu'une illusion; nous<br />

serions des automates qui exécuteraient des<br />

choix sans les dominer. Certains travaux, dont<br />

ceux de Lionel Naccache, de l'unité INSERM<br />

U562 de neuroimagerie cognitive, semblent<br />

discréditer c<strong>et</strong>te thèse. Le chercheur français<br />

décrit les boucles de rétroaction thalamocorticales<br />

comme un mécanisme d'amplification de<br />

l'attention qui perm<strong>et</strong>trait l'entrée d'une représentation<br />

donnée dans notre espace de travail<br />

conscient. Une représentation parmi beaucoup<br />

d'autres, toutes, elle y compris, générées par des<br />

processus inconscients <strong>et</strong> mises en compétition.<br />

Dans son livre Le nouvel inconscient (2),<br />

Lionel Naccache croit pouvoir formuler une<br />

autre propriété de la conscience. Lorsque l'individu<br />

y accède, il éprouverait le besoin de créer<br />

du sens. Comment ? En développant des scénarios<br />

fictionnels qui s'éloigneraient plus ou<br />

moins de la réalité froide <strong>et</strong> objective. Relativement<br />

peu si le suj<strong>et</strong> est «normal», beaucoup<br />

s'il souffre d'un désordre mental, telle une<br />

schizophrénie. Le libre arbitre reposerait alors<br />

sur une illusion première, dans la mesure où il<br />

se forgerait sur un matériau fictif, la croyance<br />

en une illusion issue de la gamme des possibles<br />

lui servant de terreau.<br />

Âme <strong>et</strong> décorporation<br />

Steven Laureys ne prend pas position dans ce<br />

débat, encore trop spéculatif à ses yeux. En<br />

revanche, il a porté récemment la contradiction<br />

au cardiologue néerlandais Pim Van Lommel,<br />

lequel tire argument des expériences proches de<br />

la mort (3) (en anglais, Near Death Experiences<br />

- NDE) pour soutenir la thèse d'une conscience<br />

(d'une âme) dissociée du<br />

corps <strong>et</strong> présente partout - dans<br />

toutes les cellules humaines. En<br />

décembre 2001, Van Lommel<br />

publiait dans The Lanc<strong>et</strong> un article<br />

intitulé Neardeath experience in<br />

survivors of cardiac arrest: a prospective<br />

study in the N<strong>et</strong>herlands<br />

(Expériences proches de la mort<br />

chez les survivants d'arrêts cardiaques:<br />

une étude prospective aux<br />

Pays-Bas). Se basant sur un échantillon<br />

de 344 survivants d'arrêts<br />

cardiaques, l'auteur entreprit d'étudier<br />

la fréquence, la cause <strong>et</strong> le<br />

contenu des expériences proches de<br />

la mort, celles-ci étant, selon la<br />

définition même de Van Lommel,<br />

des souvenirs d'impressions éprou-


vées lors d'un état modifié de conscience, <strong>et</strong> qui<br />

incluent notamment des éléments spécifiques<br />

tels que des expériences de décorporation, des<br />

sensations de bien-être, la vision d'un tunnel,<br />

d'une lumière, de proches décédés ainsi qu'un<br />

défilement de sa propre vie.<br />

«En 2007, Pim Van Lommel a écrit un livre intitulé<br />

Eindeloos bewustzijn (La conscience à l'infini),<br />

dont la traduction française paraîtra en<br />

2010 chez Robert Laffont, rapporte Steven<br />

Laureys. En fait, les développements de c<strong>et</strong><br />

ouvrage n'ont rien de scientifique <strong>et</strong> les études<br />

auxquelles se réfère son auteur sont inexistantes<br />

ou non contrôlées. Le problème est que Pim<br />

Van Lommel, qui fut essentiellement un cardiologue<br />

clinicien, se présente comme un homme<br />

de science. Véhiculant un message agréable<br />

- une âme qui survit après la mort -, ses théories<br />

rencontrent un vif succès auprès du public,<br />

avec le risque de conséquences dommageables<br />

dans les domaines du don d'organes, de<br />

l'acharnement thérapeutique <strong>et</strong> des critères de<br />

définition de la mort, laquelle, rappelons-le, est<br />

assimilée à la mort cérébrale ou, selon l'ancienne<br />

terminologie, au coma dépassé.»<br />

Laureys <strong>et</strong> Van Lommel jouent leur propre rôle<br />

dans un téléfilm (Julia's Hart - en français, Le<br />

cœur de Julie) qui vient d'être diffusé sur la<br />

chaîne de télévision publique néerlandaise<br />

VPRO. Van Lommel y m<strong>et</strong> en question l'absence<br />

de conscience dans l'état de mort cérébrale,<br />

point sur lequel il est contredit par le<br />

neurologue liégeois.<br />

Pour étayer ses thèses, Pim Van Lommel se<br />

fonde essentiellement sur les expériences dites<br />

de décorporation <strong>et</strong>, en particulier, sur le fait<br />

que nombre de personnes ayant connu une NDE<br />

affirment s'être vues, d'une position surélevée,<br />

en train d'être réanimées. De telles descriptions<br />

se rencontrent dans toutes les cultures, mais<br />

faut-il leur donner pour autant une connotation<br />

«magique», en conclure que la conscience est<br />

dissociée de la matière ? Non, estime Steven<br />

Laureys, qui les considère simplement comme<br />

l'expression d'une réalité physiologique de<br />

nature à changer notre perception du monde.<br />

Obj<strong>et</strong>s cachés<br />

Des données scientifiques collectées par hasard<br />

<strong>et</strong> les recherches expérimentales menées sur le<br />

suj<strong>et</strong> corroborent son opinion. Un article intitulé<br />

Stimulating illusory own-body perceptions,<br />

paru en 2002 dans Nature, montre comment une<br />

équipe suisse a provoqué involontairement un<br />

vécu de NDE chez une patiente épileptique par<br />

une stimulation au niveau de la région temporopariétale<br />

droite. Ce résultat, qui établit une corrélation<br />

entre le fonctionnement cérébral <strong>et</strong> le<br />

491<br />

Science <strong>et</strong> philosophie<br />

«ressenti» d'une expérience proche de la mort, a<br />

été confirmé par une équipe anversoise en 2007.<br />

De surcroît, des expériences effectuées aux<br />

Pays-Bas <strong>et</strong> en Scandinavie, selon la méthodologie<br />

scientifique, démystifient également les<br />

NDE. En eff<strong>et</strong>, les chercheurs placèrent des<br />

obj<strong>et</strong>s sur des armoires, de sorte que ceux-ci ne<br />

pouvaient être vus que d'une position surélevée.<br />

Si leur présence avait été rapportée par les<br />

patients relatant un épisode de décorporation,<br />

une conclusion se serait imposée: le corps <strong>et</strong><br />

l'esprit sont dissociés. Mais voilà, jamais il n'en<br />

fut ainsi.<br />

Il n'empêche que, comme le montrent Steven<br />

Laureys <strong>et</strong> ses coauteurs dans l'article Dualism<br />

Persits in the Science of Mind, l'idée de la<br />

réalité d'une «âme» immatérielle n'en finit pas<br />

de ne pas mourir.<br />

Philippe LAMBERT<br />

ph.lambert.ph@skyn<strong>et</strong>.be<br />

(2) Le nouvel<br />

inconscient, par<br />

Lionel Naccache,<br />

Éditions<br />

Odile Jacob,<br />

octobre 2006.<br />

(3) On parle aussi<br />

d'expériences de<br />

mort imminente.<br />

Athena <strong>252</strong> / Juin 2009


Athena <strong>252</strong> / Juin 2009<br />

Neurosciences<br />

Jeux de miroirs<br />

Mis en évidence il y a une douzaine d'années chez le singe, <strong>et</strong> peu après chez l'homme, les neurones<br />

miroirs ont la propriété de s'activer non seulement quand nous exécutons une action, mais également<br />

lorsque nous observons une autre personne accomplir une action similaire. Aujourd'hui, il est acquis<br />

que les neurones miroirs sont impliqués dans l'imitation, l'apprentissage ou encore l'empathie <strong>et</strong> que,<br />

suggérant alors des miroirs brisés, ils sont dysfonctionnels chez les autistes <strong>et</strong> les schizophrènes<br />

Éric Constant,<br />

professeur<br />

de psychiatrie à<br />

l'Université<br />

catholique<br />

de Louvain (UCL).<br />

Courriel:<br />

eric.constant@<br />

uclouvain.be.<br />

Il n'est pas rare que de grandes découvertes<br />

se réalisent par hasard. Ce fut le cas de celle<br />

des neurones miroirs, en 1996. Nous sommes<br />

à Parme, dans le laboratoire du professeur<br />

Giacomo Rizzolatti, où des travaux sont menés<br />

sur l'excitabilité du cortex moteur chez le singe<br />

macaque. Un primate est appareillé. Lorsque<br />

l'expérimentateur en charge de l'animal revient<br />

après l'heure du déjeuner <strong>et</strong><br />

porte à la bouche un corn<strong>et</strong><br />

de crème glacée qu'il vient<br />

d'ach<strong>et</strong>er, des neurones prémoteurs<br />

du cortex frontal<br />

inférieur (aire F5) du singe<br />

s'activent, alors que ce dernier<br />

demeure immobile.<br />

Que se passe-t-il donc ? Il<br />

deviendra vite clair qu'une<br />

classe de neurones déchargent<br />

aussi bien lorsque l'animal<br />

effectue une action spécifique<br />

que lorsqu'il observe<br />

un autre individu, appartenant<br />

ou non à son espèce,<br />

en train d'exécuter la même<br />

action. Tout se déroule comme<br />

si les gestes perçus par<br />

le témoin étaient, au niveau<br />

de certaines zones cérébrales,<br />

le refl<strong>et</strong> des gestes effectivement réalisés<br />

par l'individu observé. D'où le terme de «neurones<br />

miroirs».<br />

Une seconde catégorie de neurones de ce type<br />

ne tarda pas à être mise en évidence chez le<br />

singe, dans la partie antérieure du cortex pariétal<br />

inférieur, zone anatomiquement connectée à<br />

l'aire frontale F5 <strong>et</strong> unie à elle par des échanges<br />

réciproques d'informations. Fut ainsi identifié,<br />

chez le singe macaque, le «système des neurones<br />

miroirs fronto-pariétaux».<br />

492<br />

Comme le souligne Éric Constant, professeur<br />

de psychiatrie à l'Université catholique de<br />

Louvain (UCL) <strong>et</strong> chef de clinique associé aux<br />

Cliniques universitaires Saint-Luc, les neurones<br />

situés au niveau de l'aire F5 indiquent le but<br />

d'une action motrice donnée, telle la préhension<br />

d'un obj<strong>et</strong>, <strong>et</strong> non les mouvements requis pour<br />

l'accomplir (1). D'une part, ils n'ém<strong>et</strong>tent pas<br />

de potentiels d'action à la simple vue d'obj<strong>et</strong>s<br />

préhensibles (une cacahuète sur une table, par<br />

exemple) ni, à l'inverse, à la vue d'un mouvement<br />

de préhension qui ne porterait sur aucun<br />

obj<strong>et</strong>. D'autre part, adm<strong>et</strong>tons maintenant que la<br />

partie finale de l'action observée, c'est-à-dire<br />

l'interaction entre la main <strong>et</strong> l'obj<strong>et</strong>, soit cachée<br />

- la main de l'expérimentateur a été masquée<br />

dans sa portion distale. De deux choses l'une. Si<br />

un obj<strong>et</strong> préhensible est bel <strong>et</strong> bien présent, les<br />

neurones miroirs de l'aire F5 s'activeront malgré<br />

tout. En revanche, en l'absence d'obj<strong>et</strong>, pas d'activation.<br />

«Pourtant, explique Éric Constant,<br />

l'input visuel des deux actions cachées est identique.<br />

Par conséquent, il faut en déduire que les<br />

neurones miroirs concernés peuvent coder des<br />

aspects hautement abstraits des actions d'autrui,<br />

à savoir leur intentionnalité.»<br />

L'intention de l'acteur<br />

La vue n'est pas le seul vecteur sensoriel capable<br />

de susciter l'activation des neurones miroirs.<br />

Au sein de l'aire F5, certains d'entre eux, qualifiés<br />

d'audiovisuels, déchargent non seulement<br />

lors de l'exécution ou de l'observation d'une<br />

action, mais également en réponse au son produit<br />

par c<strong>et</strong>te dernière. L'existence d'inputs<br />

auditifs à même d'influer sur le système des<br />

neurones miroirs a conduit plusieurs auteurs à<br />

formuler l'hypothèse que celui-ci est un précurseur<br />

du système neuronal du langage.


Les neurones du lobe pariétal inférieur, eux,<br />

s'activent de façon différenciée en fonction du<br />

but poursuivi par le primate. Prenons un exemple<br />

concr<strong>et</strong>: la préhension d'aliments. Il a été<br />

montré que, quelle que soit la finalité ultime de<br />

c<strong>et</strong> acte, manger la nourriture ou la j<strong>et</strong>er dans<br />

une poubelle, un tiers de ces neurones ém<strong>et</strong>tent<br />

des potentiels d'action durant sa réalisation. Et<br />

les deux autres tiers ? Septante-cinq pour cent<br />

d'entre eux déchargent lorsque le singe saisit les<br />

aliments pour les manger <strong>et</strong> vingt-cinq pour<br />

cent seulement quand il les destine à la poubelle.<br />

Ce schéma d'activation vaut tant pour<br />

l'exécution des actions décrites que pour leur<br />

observation. Élément clé: dans le second cas,<br />

nous sommes au royaume de l'anticipation des<br />

actions d'autrui. Et dans ce cadre, le contexte<br />

joue un rôle essentiel - en l'occurrence, la présence<br />

ou l'absence d'une poubelle, notamment.<br />

Royaume de l'anticipation, disions-nous, mais<br />

aussi univers probabiliste. En eff<strong>et</strong>, il peut y<br />

avoir des erreurs d'interprétation, le système<br />

prenant en compte ce qui, après la préhension<br />

de l'obj<strong>et</strong> (la nourriture), a statistiquement le<br />

plus de chances de se produire en fonction des<br />

éléments contextuels.<br />

«L'activation différenciée s'opère avant le<br />

terme de la seconde action (ingurgiter la nourriture<br />

ou la j<strong>et</strong>er dans la poubelle), insiste Éric<br />

Constant. Si tel n'était pas le cas, elle ne ferait<br />

que refléter après coup l'action motrice finale<br />

telle qu'elle a été exécutée.» En résumé, chez<br />

l'observateur, les neurones miroirs du lobe<br />

pariétal inférieur codent donc la même action<br />

motrice de façon différente selon l'intention<br />

attribuée à l'«acteur».<br />

Danseur de salsa<br />

<strong>Recherche</strong>s en laboratoire à l'appui, on peut<br />

affirmer par ailleurs que le système des neurones<br />

miroirs est doté d'une certaine neuroplasticité,<br />

propriété qui peut être exploitée chez<br />

l'homme dans une perspective thérapeutique. Si<br />

un singe voit pour la première fois un expérimentateur<br />

prendre un aliment sur une table au<br />

moyen d'une fourch<strong>et</strong>te, ses neurones miroirs<br />

resteront largement quiescents. Pourquoi ?<br />

Parce que, ignorant ce qu'est une fourch<strong>et</strong>te <strong>et</strong><br />

n'ayant aucune expertise de son emploi, il se<br />

trouve plongé dans un contexte qui lui est étranger.<br />

Par contre, à la vue répétée de la préhension<br />

de nourriture au moyen d'une fourch<strong>et</strong>te, ses<br />

neurones miroirs vont finir par s'activer. «Cela<br />

montre bien que le système peut être modulé par<br />

l'expérience <strong>et</strong> l'apprentissage par l'observation<br />

<strong>et</strong> l'imitation», écrivent le professeur Kurt<br />

Audenaert, de l'Université de Gand, <strong>et</strong> le professeur<br />

Constant (2).<br />

493<br />

Neurosciences<br />

Du singe à l'homme, il n'y avait qu'un pas. Il fut<br />

franchi à son tour. Chez l'être humain, les régions<br />

impliquées dans l'observation d'une action effectuée<br />

par autrui sont homologues de celles identifiées<br />

chez le singe macaque: d'une part, le pars<br />

opercularis du gyrus frontal postéro-inférieur<br />

(aire BA44), dans l'aire de Broca (aire BA44 +<br />

BA45), <strong>et</strong> le cortex prémoteur ventral adjacent;<br />

d'autre part, le lobe pariétal inférieur (aire<br />

BA40). Une étude en imagerie par résonance<br />

magnétique fonctionnelle (IRMf) a dévoilé que<br />

les neurones miroirs du pars opercularis du<br />

gyrus frontal inférieur gauche s'activaient à la<br />

vue d'expressions faciales caractéristiques du<br />

langage oral (ici, silencieux) humain. Or, comme<br />

susmentionné, le pars opercularis est logé dans<br />

l'aire de Broca, dont nul n'ignore l'importance<br />

pour la production du langage verbal. C<strong>et</strong>te<br />

découverte n'a fait qu'apporter de l'eau au moulin<br />

de ceux qui, déjà à l'heure des recherches initiales<br />

chez le singe, avaient émis l'hypothèse que le<br />

système des neurones miroirs<br />

est un précurseur du système<br />

neuronal du langage. «Selon<br />

certaines théories, la parole<br />

se serait développée non à<br />

partir des cris des animaux<br />

mais au départ de leurs communications<br />

gestuelles, précise<br />

Éric Constant. Et l'on ne<br />

peut s'empêcher de penser<br />

ici, en cheminant sur les voies<br />

de l'analogie, à la situation<br />

des sourds, qui lisent sur les<br />

lèvres.»<br />

Il apparaît aujourd'hui que le<br />

rôle des neurones miroirs<br />

n'est pas circonscrit aux<br />

fonctions de base précédemment<br />

évoquées. Ainsi, ils<br />

sont impliqués dans les processus<br />

d'imitation <strong>et</strong>, par<br />

ricoch<strong>et</strong>, dans certains processus d'apprentissage.<br />

Le circuit de l'imitation chez l'homme a<br />

d'ailleurs été décrit (voir figure de la p. 494).<br />

En outre, une étude par IRMf, dont les résultats<br />

ont été publiés dans Plos Biology en 2005, semble<br />

montrer que, chez l'homme, les neurones<br />

miroirs interviennent dans la reconnaissance de<br />

soi, ce qui a notamment éveillé l'idée d'un dysfonctionnement<br />

du système chez les schizophrènes,<br />

anomalie qui ferait le lit de leurs délires<br />

<strong>et</strong> de leurs hallucinations. D'autres travaux<br />

d'imagerie cérébrale fonctionnelle soulignent<br />

l'impact de la familiarité sur le niveau d'activation<br />

des neurones miroirs. «Ainsi, un danseur<br />

de salsa les activera davantage face à un couple<br />

en train de danser la salsa que face à un<br />

autre qui s'adonne au tango», explique Éric<br />

(1) Les neurones<br />

miroirs <strong>et</strong> les bases<br />

de l'empathie:<br />

implications<br />

en psychiatrie,<br />

par Éric Constant<br />

<strong>et</strong> Kurt Audenaert,<br />

dans Neurone,<br />

2009.<br />

(2) Idem<br />

Neurones miroirs<br />

dans la zone<br />

frontale F5.<br />

Décharges<br />

neuronales<br />

dans l'aire F5<br />

du macaque quand<br />

il prend de<br />

la nourriture<br />

(en haut) <strong>et</strong> quand<br />

il observe<br />

l'expérimentateur<br />

la prendre (en bas).<br />

Athena <strong>252</strong> / Juin 2009


Circuit<br />

de l'imitation<br />

chez l'homme.<br />

Les inputs visuels<br />

atteignent le sulcus<br />

temporal supérieur<br />

(STS). L'information<br />

est donnée au cortex<br />

pariétal inférieur<br />

(IPL), concerné<br />

par les aspects<br />

moteurs de l'action.<br />

De là, l'information<br />

va au cortex frontal<br />

inférieur (IFG)<br />

davantage concerné<br />

par les buts de<br />

l'action. Les copies<br />

des commandes<br />

motrices d'imitation<br />

r<strong>et</strong>ournent vers<br />

le IFG <strong>et</strong> le STS,<br />

perm<strong>et</strong>tant ainsi<br />

la comparaison<br />

entre les prédictions<br />

sensorielles du plan<br />

moteur d'imitation<br />

<strong>et</strong> la description<br />

visuelle du<br />

comportement<br />

observé.<br />

Athena <strong>252</strong> / Juin 2009<br />

Neurosciences<br />

Constant. De même, le niveau d'activation des<br />

neurones miroirs est supérieur lorsqu'un individu<br />

observe les actions d'un de ses congénères<br />

plutôt que celles d'un individu d'une autre<br />

espèce - un humain qui regarde agir un singe,<br />

ou vice-versa.<br />

Les voies de l'empathie<br />

Une autre sphère où les neurones miroirs semblent<br />

jouer un rôle déterminant est celle de<br />

l'empathie, c'est-à-dire la capacité de reconnaître<br />

<strong>et</strong> de ressentir les émotions d'autrui.<br />

Empathie à laquelle Antonio Damasio, du<br />

département de neurologie de l'Université de<br />

l'Iowa, attribue une origine sensorimotrice (3).<br />

En eff<strong>et</strong>, qu'a-t-il écrit à ce suj<strong>et</strong> ? «Le système<br />

sensorimoteur intervient dans la reconstruction<br />

de ce que l'on ressentirait si l'on était dans<br />

la même émotion que celle observée, au moyen<br />

de la simulation des états corporels en rapport<br />

avec l'émotion en question.» Les neurones<br />

miroirs lui donnent raison. Ainsi, en 2003, une<br />

étude par IRMf publiée dans Neuron a montré<br />

que le dégoût éprouvé lors de l'exposition à des<br />

odeurs nauséabondes ou la vision de l'expression<br />

faciale d'une autre personne ressentant la<br />

même émotion active l'insula antérieure. Dans<br />

ce cas, une même région cérébrale sous-tend<br />

donc l'émotion, que celle-ci soit vécue à la première<br />

ou à la troisième personne. Un phénomène<br />

de nature analogue a été constaté avec les<br />

sensations douloureuses. Ce qui fait dire à<br />

Giacomo Rizzolatti, le découvreur des neurones<br />

miroirs: «Ces observations suggèrent en<br />

somme que l'empathie dépend de l'activation,<br />

494<br />

au cours de l'observation de l'autre en état<br />

émotionnel, de circuits qui élaborent les réponses<br />

émotionnelles correspondantes chez l'observateur.»<br />

Une nuance cependant. Si une expérience émotionnelle<br />

vécue à la troisième personne m<strong>et</strong> en<br />

jeu les mêmes substrats neuronaux qu'une expérience<br />

similaire vécue à la première personne, il<br />

existerait néanmoins une différence de degré<br />

dans l'activation des neurones entre les deux<br />

situations - activation supérieure dans le<br />

second cas.<br />

Autre nuance: l'insula n'est pas réputée contenir<br />

des neurones miroirs, mais est plutôt considérée<br />

comme un nœud d'interconnexion entre le système<br />

des neurones miroirs <strong>et</strong> le système limbique<br />

(4). Comme l'énonce Éric Constant,<br />

éprouver de l'empathie nécessite l'«internalisation»<br />

des expressions faciales <strong>et</strong> postures corporelles<br />

d'autrui, mais aussi la mise en œuvre de<br />

processus émotionnels, donc le recrutement du<br />

système limbique. Se référant à l'interconnexion<br />

de ce dernier <strong>et</strong> du système des neurones<br />

miroirs, via l'insula, il indique qu'en s'activant,<br />

«un large réseau impliquant les neurones<br />

miroirs, l'insula <strong>et</strong> certaines régions limbiques<br />

(amygdale, cingulum antérieur (5), cortex<br />

orbitofrontal) perm<strong>et</strong> d'empathiser avec autrui<br />

à travers la représentation <strong>et</strong> l'imitation interne<br />

(internalisation) des actions, des expressions<br />

faciales <strong>et</strong> des gestes corporels d'autrui (6).»<br />

Le vécu de l'autre<br />

C'est ici qu'il convient de m<strong>et</strong>tre en exergue le<br />

concept de «simulation internalisée» (ou incorporée).<br />

De quoi s'agit-il ? D'un processus non<br />

conscient perm<strong>et</strong>tant de comprendre automatiquement<br />

les actions, intentions, émotions <strong>et</strong><br />

sensations d'une autre personne. Il se fonde sur<br />

l'instauration d'une représentation interne des<br />

états corporels associés à l'expérience de l'autre<br />

<strong>et</strong>, partant, sur l'activation de mécanismes<br />

neuronaux partagés. «Tout se passe chez l'observateur<br />

comme s'il exécutait la même action<br />

ou expérimentait la même émotion, sensation<br />

ou intention», précise Éric Constant. Et c'est ce<br />

qui explique que nos muscles zygomatiques<br />

s'activent à la vue d'une personne joyeuse ou<br />

qu'une expression de tristesse s'inscrit sur notre<br />

visage quand notre regard se braque sur une<br />

personne triste.<br />

Il ressort des différentes données observationnelles<br />

<strong>et</strong> expérimentales disponibles que la<br />

simulation internalisée relève d'un mécanisme<br />

neuronal présent dès la naissance <strong>et</strong> qu'elle remplit<br />

un rôle crucial dans le développement des<br />

habil<strong>et</strong>és de mentalisation. Son caractère auto-


matique n'asservit pas la cognition <strong>et</strong> ne présage<br />

donc pas obligatoirement une réponse «en<br />

miroir». Libre à chacun de décider de l'attitude<br />

qu'il veut adopter à l'égard de quelqu'un d'autre...<br />

En outre, il serait contre-productif, par<br />

exemple, qu'une mère voyant son enfant pleurer<br />

parce qu'il désire manger en vienne à pleurer<br />

elle-même. Il ne s'agit pas de mimer, mais d'apporter<br />

une réponse congruente. «Le même problème<br />

se pose en psychothérapie, commente le<br />

professeur Constant. Si le patient proj<strong>et</strong>te sur<br />

l'analyste un sentiment d'hostilité qui, en fait,<br />

s'adresse à une autre personne - un père pédophile,<br />

par exemple -, le processus de simulation<br />

internalisée induira initialement un sentiment<br />

d'hostilité chez le thérapeute également. Celuici<br />

doit cependant se garder d'embrayer en<br />

miroir sur l'attitude du patient mais, au<br />

contraire, corriger le tir en modulant <strong>et</strong> en tempérant<br />

sa propre réaction. Par l'adoption d'une<br />

attitude calme <strong>et</strong> pondérée, il peut espérer susciter<br />

chez le patient, par le jeu des neurones<br />

miroirs, une attitude nouvelle, plus sereine,<br />

dont il s'imprégnera pour évoluer. En quelque<br />

sorte, le patient voit à travers l'analyste une<br />

version plus acceptable, plus aménagée de ce<br />

qu'il éprouvait.»<br />

Dans les souliers d'autrui<br />

Une expérience très intéressante de l'équipe de<br />

Nicolas Danziger, du département de neurophysiologie<br />

clinique du CHU Pitié-Salpêtrière,<br />

à Paris, a fait l'obj<strong>et</strong> d'une publication dans<br />

Neuron en 2009. Elle m<strong>et</strong> en scène des patients<br />

présentant une insensibilité congénitale à la<br />

douleur (ICD) - ils ne ressentent pas la douleur<br />

physique. L'hypothèse était que, chez eux, l'activation<br />

de l'insula antérieure <strong>et</strong> du cortex cingulaire<br />

antérieur, régions impliquées dans la<br />

résonance automatique à la douleur, en lien<br />

avec le système des neurones miroirs, ne<br />

s'opère pas <strong>et</strong>, dès lors, que ces personnes ne<br />

peuvent percevoir la douleur d'autrui. Les images<br />

recueillies par IRMf ont battu c<strong>et</strong>te hypothèse<br />

en brèche.<br />

Deux modalités expérimentales furent appliquées.<br />

Dans la première, de nature somato-sensorielle,<br />

des images de plaies étaient présentées<br />

tant à des patients ICD qu'à des suj<strong>et</strong>s contrôles.<br />

Dans la seconde, de nature émotionnelle, les<br />

mêmes personnes étaient confrontées à des<br />

photos de faciès exprimant une sensation douloureuse.<br />

Que révéla l'IRMf ? Qu'il n'y avait pas<br />

moins d'activation de l'insula antérieure <strong>et</strong> du<br />

cortex cingulaire antérieur chez les patients<br />

ICD que chez les suj<strong>et</strong>s contrôles. Fallait-il y<br />

voir pour autant l'empreinte de mécanismes<br />

sous-jacents identiques ? Non. Selon l'hypothèse<br />

émise par Danziger à la suite des résultats<br />

495<br />

Neurosciences<br />

fournis par IRMf, la simulation internalisée<br />

constituait l'élément moteur chez les suj<strong>et</strong>s<br />

contrôles, tandis que chez les autres, était impliqué<br />

un phénomène d'apprentissage ressortissant<br />

à des mécanismes associatifs. En clair, les<br />

patients ICD savaient ce que souffrir psychiquement<br />

veut dire - ils avaient dû vivre des<br />

deuils, des séparations, des échecs... Or, que la<br />

douleur soit somatique ou psychique, elle fait<br />

intervenir les mêmes régions limbiques. Aussi,<br />

en extrapolant leurs connaissances de la douleur<br />

psychique, ils imaginaient ce que devait représenter<br />

la douleur physique. «Il s'agit d'un processus<br />

à dominante cognitive relevant de la<br />

“perspective taking”, la faculté de se placer<br />

cognitivement dans les “souliers” de l'autre»,<br />

souligne Éric Constant.<br />

Encore fallait-il dégager des éléments de<br />

preuve. Les chercheurs les obtinrent. En eff<strong>et</strong>,<br />

ils trouvèrent une corrélation entre les scores<br />

obtenus par les patients ICD à une échelle d'empathie<br />

émotionnelle <strong>et</strong> l'activation de deux<br />

régions cérébrales, le cortex préfrontal ventromédial<br />

<strong>et</strong> le cortex cingulaire postérieur,<br />

connues pour être activées dans la «perspective<br />

taking» émotionnelle.<br />

On peut aisément concevoir que des déficits<br />

dans le fonctionnement du système des neurones<br />

miroirs se répercutent sur le comportement<br />

social. Comme en témoignent de nombreux<br />

résultats expérimentaux, la réalité d'une telle<br />

dysfonction est aujourd'hui bien étayée dans<br />

l'autisme <strong>et</strong> commence à l'être dans la schizophrénie.<br />

Il convient aussi de généraliser le propos.<br />

Selon le professeur Constant, la découverte<br />

des neurones miroirs nous impose de revisiter<br />

toutes les pathologies psychiatriques en lien<br />

avec des problèmes de cognition sociale - ce<br />

sont les plus nombreuses. La route s'ouvre sur<br />

un «monde nouveau» fait de «jeux de miroirs»<br />

<strong>et</strong> sur de nouvelles thérapies potentielles.<br />

Philippe LAMBERT<br />

ph.lambert.ph@skyn<strong>et</strong>.be<br />

Chez les autistes,<br />

on obsverve<br />

une minceur<br />

anormale de<br />

la substance grise<br />

au niveau<br />

des régions<br />

du système des<br />

neurones miroirs<br />

<strong>et</strong> d'autres régions<br />

impliquées dans<br />

la reconnaissance<br />

<strong>et</strong> l'imitation<br />

d'expressions<br />

faciales.<br />

(3) Qui relève à la<br />

fois des fonctions<br />

sensorielles <strong>et</strong> de<br />

l'activité motrice.<br />

(4) Le système<br />

limbique est<br />

communément<br />

appelé le cerveau<br />

des émotions.<br />

(5) Aussi dénommé<br />

cortex cingulaire<br />

antérieur.<br />

(6) Éric Constant<br />

<strong>et</strong> Kurt Audenaert,<br />

op.cit.<br />

Athena <strong>252</strong> / Juin 2009


Athena <strong>252</strong> / Juin 2009<br />

Récréation<br />

À lire<br />

avec nos enfants<br />

L’été qui arrive est une période idéale pour se lancer dans les recherches les plus diverses.<br />

Qu’elles aient lieu dans les pages des livres documentaires ou qu’elles soient carrément mises<br />

en pratique en partant sur le terrain. Commençons par explorer....<br />

M<br />

on premier atlas, collectif, Gallimard Jeunesse, collection Mes<br />

premières découvertes, 32 pages animées, 15,90 euros. Dès<br />

qu’on ouvre c<strong>et</strong> album animé de grand format carré, on<br />

est soufflé: une mappemonde de papier se<br />

gonfle en trois dimensions <strong>et</strong> se m<strong>et</strong> à tourner<br />

comme le fait la Terre dans l’espace ! C<strong>et</strong>te<br />

mise en bouche spectaculaire <strong>et</strong> réussie<br />

introduit un atlas géographique de base.<br />

Sont successivement examinés la carte du<br />

monde, les Amériques du Nord <strong>et</strong> du Sud,<br />

l’Afrique, l’Europe, l’Asie, l’Australie <strong>et</strong><br />

l’Océanie <strong>et</strong> l’Antarctique. Pour chacun<br />

des chapitres, une carte géographique<br />

pointe quelques grandes particularités <strong>et</strong><br />

pose cinq questions. Elle se complète<br />

d’une carte politique tandis que la page<br />

opposée présente les grandes caractéristiques<br />

du continent en question <strong>et</strong> qu’en<br />

en dépliant le rabat, on découvre d’abord<br />

les différents pays en fiches (drapeau,<br />

capitale, nombre d’habitants, langue<br />

parlée) <strong>et</strong> ensuite quelques-uns des<br />

points forts de chacun dans les domaines<br />

des animaux, des sites <strong>et</strong> monuments,<br />

des sites naturels <strong>et</strong> des productions<br />

locales. Une bonne approche de<br />

base, dont les aspects ludiques ont toute<br />

leur raison d’être. À partir de 5 ans.<br />

A<br />

tlas des explorations, Géo jeunesse, Anita<br />

Ganeri, Andrea Mills <strong>et</strong> Anne Millard, Gallimard<br />

Jeunesse, 96 pages, 19,50 euros. Avec sa reliure<br />

spirale bien pratique pour que les pages<br />

s’ouvrent bien d’autant qu’elle est à tenir<br />

sur le côté gauche habituel ou vers le haut selon l’endroit<br />

du livre où l’on se trouve, c<strong>et</strong> album grand format brosse<br />

un fantastique portrait des explorateurs qui se sont succédé<br />

au cours de l’histoire; pour une meilleure compré-<br />

496<br />

hension, ces différents héros sont regroupés en cinq<br />

périodes. Parmi les pionniers, on trouve les Phéniciens,<br />

les Polynésiens, les Carthaginois, les Grecs, les Chinois,<br />

les Romains, les Arabes <strong>et</strong> les Vikings. Puis viennent ceux<br />

qui se montrent en quête de nouveaux<br />

horizons, comme Marco Polo <strong>et</strong> d’autres<br />

dont l’Histoire a moins r<strong>et</strong>enu le nom <strong>et</strong><br />

qui sont ici reconnus. Suit la période des<br />

conquêtes, au Mexique, au Pérou <strong>et</strong> ailleurs<br />

en Amérique du Sud, en Amérique du Nord<br />

<strong>et</strong> vers les passages du Nord-Est <strong>et</strong> du<br />

Nord-Ouest. Plus proches de nous dans le<br />

temps, les conquêtes se m<strong>et</strong>tent au service<br />

de la science. Un dernier chapitre balaie le<br />

champ des découvertes actuellement tentées.<br />

Chaque thème est traité sur une double page<br />

m<strong>et</strong>tant en avant ses découvertes propres. De<br />

magnifiques illustrations, dont certaines en<br />

3D, des photos intelligentes <strong>et</strong> de nombreuses<br />

cartes éclairent les textes. Des images doublées<br />

de films transparents perm<strong>et</strong>tent de comprendre<br />

l’intérieur des choses. En un seul<br />

volume passionnant de bout en bout, on fait le<br />

tour des principales découvertes des explorateurs<br />

d’hier <strong>et</strong> d’aujourd’hui. La multiplicité<br />

de ces points de vue perm<strong>et</strong> aussi de mieux<br />

appréhender la manière dont l’image du<br />

monde s’est constituée. À partir de 9 ans.<br />

L<br />

e jardin, Ute Fuhr, Raoul Sautau, Claude Delafosse,<br />

Gallimard Jeunesse, collection Mes premières<br />

découvertes/Lampe magique, 24 pages, 8 euros. Le<br />

principe de c<strong>et</strong>te collection existe depuis<br />

longtemps, mais à chaque nouveau titre, c’est<br />

l’éblouissement. Il s’agit de livres alternant pages cartonnées<br />

<strong>et</strong> pages plastiques transparentes imprimées. Mais à<br />

la différence des «Premières découvertes» classiques, ici,<br />

les plastiques transparents sont foncés <strong>et</strong> précèdent des


pages noires; ils révèlent<br />

leurs mille détails enchanteurs<br />

grâce à une «lampe<br />

magique» fournie - pas<br />

d’inquiétude en cas de<br />

perte, elle est très facile à<br />

fabriquer soi-même grâce<br />

au patron dessiné. Il s’agit<br />

d’un p<strong>et</strong>it accessoire<br />

en carton également,<br />

fausse lampe de poche<br />

allumée dont le halo<br />

blanc, promené entre les<br />

transparents illustrés <strong>et</strong><br />

les pages de carton noir,<br />

en révèle selon ses déplacements tous les secr<strong>et</strong>s.<br />

C’est tout simple mais surprenant <strong>et</strong> enchantant. Ce titreci<br />

propose d’explorer le jardin la nuit en suivant le chat,<br />

dans le potager où se nourrissent divers animaux, près du<br />

point d’eau, dans le verger, dans le parterre de fleurs où<br />

brillent des lucioles, sous les framboisiers… En face de<br />

chaque page illustrée se trouvent les informations en rapport.<br />

En fin d’ouvrage, plusieurs pages illustrées attirent<br />

encore l’attention sur d’autres particularités du jardin tandis<br />

qu’un p<strong>et</strong>it jeu propose de r<strong>et</strong>rouver, grâce à la lampe<br />

magique, des détails de certaines images. Un excellent<br />

album qui m<strong>et</strong> l’exploration d’un jardin à portée de tous.<br />

À partir de 5 ans.<br />

L<br />

a science enquête: les métiers de la police scientifique. Texte d’Eric<br />

Chenebier, illustrations de Buster Bone, Seuil Jeunesse/Cité des<br />

sciences <strong>et</strong> de l’industrie, 48 pages, 15 euros). Impossible aujourd’hui<br />

d’allumer la télé sans tomber sur une enquête criminelle<br />

en voie de résolution par des inspecteurs particulièrement<br />

clairvoyants <strong>et</strong> habiles à jouer<br />

avec les maigres indices qu’ils<br />

détiennent. Mais au fond, comment<br />

font-ils ? Les scénaristes<br />

des séries ou des téléfilms<br />

lâchent bien quelques indications<br />

mais quand on y réfléchit<br />

un peu, on se r<strong>et</strong>rouve avec bien<br />

peu d’éléments réellement scientifiques<br />

en main. C’est dire si c<strong>et</strong><br />

album très documenté vient à<br />

point. Car la science est devenue<br />

la première alliée de la police, en<br />

dehors de l’aveu du suspect bien<br />

entendu. Comment les choses se<br />

passent-elles sur la scène du crime,<br />

dans les laboratoires ? Quels sont<br />

les nouveaux domaines des experts, de la balistique à la<br />

toxicologie, sans oublier l’examen de l’ADN, de l’écriture,<br />

des fibres abandonnées sur place ou des célèbres<br />

empreintes digitales ? Si c<strong>et</strong> ouvrage présente l’état des<br />

connaissances dans les différents domaines scientifiques<br />

de la police, il en r<strong>et</strong>race également l’histoire, en réservant<br />

quelques anecdotes anciennes pleines de sagesse <strong>et</strong><br />

de surprises. À partir de 8 ans.<br />

497<br />

Récréation<br />

L<br />

es dinosaures au muséum, Jen Green, Gallimard Jeunesse, 22 pages<br />

animées, 14,95 euros. Certes, les dinosaures ne sont plus autant à la<br />

mode qu’ils l’étaient il y a dix ou quinze ans. N’empêche, il sort encore<br />

régulièrement des albums documentaires à leur suj<strong>et</strong>. Celui-ci est particulièrement<br />

réussi par son angle d’approche: il s’agit de faire une<br />

visite au musée où sont réunis squel<strong>et</strong>tes <strong>et</strong> autres vestiges des animaux<br />

préhistoriques. Toutes les informations classiques sur les dinosaures<br />

se trouvent dans ces pages (pop-ups, rabats, roues <strong>et</strong>c.) mais, en<br />

plus, on y expérimente une visite pleine d’imprévus. Un microscope<br />

révèle le contenu de ses lentilles, des tiroirs dévoilent les fossiles qu’ils<br />

abritent… Très bien faites, ces pages rendent remarquablement l’ambiance<br />

des salles d’un vrai musée <strong>et</strong>, sans effort, on se prend pour un<br />

jeune paléontologue sur le chemin de la découverte. À partir de 9 ans.<br />

O<br />

bserver les étoiles, Carole Scott, Gallimard Jeunesse, 72 pages +<br />

kit d’exploration, 35 euros. Dans ce coffr<strong>et</strong> carré, de grand<br />

format, en carton, arrondi d’un côté pour suivre la courbe<br />

céleste, on trouve d’une part un guide encyclopédique<br />

très intéressant sur l’espace <strong>et</strong> le ciel, <strong>et</strong> d’autre part une<br />

carte mobile, ainsi que,<br />

protégé par la couverture<br />

du boîtier, un guide du<br />

ciel nocturne, 44 cartes de<br />

constellations <strong>et</strong> même<br />

une p<strong>et</strong>ite lampe de<br />

poche. Soit le matériel<br />

compl<strong>et</strong> pour observer<br />

soi-même le ciel. Tout<br />

cela a l’air un peu compliqué<br />

de l’extérieur mais le<br />

mode d’emploi est très<br />

clair <strong>et</strong> perm<strong>et</strong> de vraiment<br />

expérimenter soi-même l’astronomie, de repérer<br />

des étoiles, des planètes <strong>et</strong> des constellations, ou pour les<br />

plus chevronnés, de ne pas rater les événements célestes<br />

qui sont mentionnés sur le calendrier. Les nuits de l’été<br />

sont à vous. Pour tous, à partir de 12 ans.<br />

M es images du Sénégal,<br />

Christian Epanya, Le<br />

Sorbier, 40 pages, 13 euros.<br />

P<strong>et</strong>it pays d’Afrique, le<br />

Sénégal est connu de<br />

tous les enfants, notamment<br />

à cause du rallye<br />

Paris-Dakar qui y avait<br />

son arrivée jusqu’en<br />

2007. L’auteur est d’origine<br />

camerounaise <strong>et</strong> a<br />

été formé à l’illustration<br />

en France. Ce fin<br />

connaisseur du Sénégal nous fait connaître son<br />

pays d’affection sous la forme d’un carn<strong>et</strong> de voyage. On<br />

suit la famille du jeune Youssou, qui habite Dakar: ses<br />

parents, lui <strong>et</strong> ses deux sœurs. Chaque double page<br />

Athena <strong>252</strong> / Juin 2009


Athena <strong>252</strong> / Juin 2009<br />

Récréation<br />

aborde un aspect de leur vie: sa famille, son quartier, la<br />

cuisine, l’école publique <strong>et</strong> l’école coranique, la ville, les<br />

transports, les marchés, la plage <strong>et</strong> ses activités, la<br />

musique, les fêtes, les vacances, <strong>et</strong> aussi l’île de Gorée,<br />

d’où partaient les esclaves. Joliment illustré, c<strong>et</strong> album<br />

dresse un bon portrait du pays, de ses habitants <strong>et</strong> de leur<br />

mode de vie. À partir de 5 ans.<br />

Apprendre...<br />

C<br />

omment c’était avant ? Les transports. Texte de Joseph Jacqu<strong>et</strong>,<br />

illustrations de Bruno Heitz, Albin Michel, 64 pages, 13,90 euros.<br />

Nous sommes tellement habitués à prendre la voiture, le<br />

train ou l’avion que l’on<br />

n’imagine même plus que<br />

les modèles actuels sont les<br />

descendants d’autres. C’est<br />

pourtant l’histoire de ces<br />

trois moyens de transport,<br />

en France essentiellement,<br />

un peu ailleurs dans le<br />

monde, qui s’écrit dans<br />

c<strong>et</strong> album très plaisamment<br />

illustré. Pour chacun<br />

d’eux, quatre périodes historiques<br />

sont représentées:<br />

les années 1920, 1950 <strong>et</strong><br />

1970 <strong>et</strong> aujourd’hui. Chaque<br />

fois, le même lieu,<br />

route, gare ou aéroport, apparaît à ces quatre époques. On<br />

peut donc déjà repérer certains changements dans les images<br />

sur doubles pages. Juste après chacune d’elles, une<br />

autre double page comporte plusieurs vign<strong>et</strong>tes illustrées<br />

donnant des informations plus documentaires sur les différents<br />

suj<strong>et</strong>s, parfois étonnantes même. Ainsi c’est<br />

Napoléon qui a imposé de rouler à droite en 1804, même si<br />

le code de la route ne sera publié en France qu’en 1822 !<br />

Les douze scènes dessinées sont évidemment le théâtre<br />

d’action de multiples personnages, ce qui renforce encore<br />

l’attention <strong>et</strong> perm<strong>et</strong> de juger de l’évolution humaine en<br />

parallèle à celle de la technique. À partir de 6 ans.<br />

N ature, texte de Scarl<strong>et</strong>t<br />

O’Hara, plusieurs illustrateurs,<br />

Gallimard Jeunesse, collection<br />

Les yeux de la découverte/Les<br />

compacts, 128 pages,<br />

6,90 euros. Facile à glisser<br />

en poche, ce p<strong>et</strong>it volume<br />

broché répond de façon<br />

brève mais néanmoins<br />

complète à la question:<br />

qu’est-ce que la nature ? Il<br />

comporte cinq chapitres organisés<br />

en doubles pages<br />

sur les premiers signes de la<br />

498<br />

vie, les plantes, les animaux, la physiologie de ces derniers<br />

<strong>et</strong> l’écologie, complétés de tableaux de classification,<br />

d’un glossaire <strong>et</strong> d’un index. Chaque fois, un titre<br />

donne le suj<strong>et</strong> de la page, une introduction présente une<br />

vue d’ensemble, puis viennent les illustrations légendées,<br />

les diagrammes, les tableaux, les encadrés. En très peu<br />

d’espace, pas mal d’informations sont rassemblées <strong>et</strong> très<br />

bien organisées <strong>et</strong> classées. Un très bon condensé de la<br />

collection grand format, complété de sites Intern<strong>et</strong> de<br />

qualité. À partir de 9 ans.<br />

L<br />

e gros tas de trucs indispensables <strong>et</strong><br />

superflus, Marie-Christine Vidal <strong>et</strong><br />

Robin, Albin Michel Jeunesse, 322 pages,<br />

13,50 euros. C<strong>et</strong> épais album cartonné,<br />

illustré avec humour, un<br />

peu plus grand qu’un livre de<br />

poche, est destiné aux curieux<br />

de tout: il rassemble un joyeux<br />

mélange d’anecdotes, d’informations,<br />

d’astuces, de bricolages,<br />

de records, de jeux <strong>et</strong><br />

même de rec<strong>et</strong>tes. De quoi<br />

piocher pour s’amuser, épater<br />

la galerie, tester les connaissances<br />

de ses proches <strong>et</strong> aussi<br />

fameusement s’informer sur un tas de suj<strong>et</strong>s. Si on y trouve<br />

les habituels records de course chez les animaux, l’ordre<br />

des planètes dans le système solaire, les chiffres romains,<br />

la population sur terre, valeurs sûres sur l’échelle des curiosités<br />

documentaires, on apprécie beaucoup les pages<br />

détaillant le temps que m<strong>et</strong>tent certains déch<strong>et</strong>s à se dégrader<br />

(du mouchoir en papier, trois mois, au verre, quatre<br />

mille ans), mesurant les plus grandes îles du monde, présentant<br />

les six animaux sacrés en Inde. Tous les suj<strong>et</strong>s sont<br />

abordés, on s’en doute, dans c<strong>et</strong> épais volume très intéressant<br />

<strong>et</strong> les différents «trucs» sont classés par thèmes en fin<br />

d’ouvrage. Pour tous.<br />

L<br />

es plantes, collectif, Gallimard<br />

Jeunesse, collection Mes grandes<br />

découvertes, 52 pages, 7,50 euros. De<br />

beaux coquelicots se dressent en<br />

couverture de c<strong>et</strong> album abondamment<br />

illustré de très belles<br />

photos qui fournissent de pertinentes<br />

réponses à la question:<br />

«Qu’est-ce qu’une plante ?».<br />

Simple en apparence, uniquement.<br />

Déjà, on apprend immédiatement<br />

que 400 000 espèces<br />

de plantes sont répertoriées dans<br />

le monde. Pour mieux appréhender<br />

ce vaste suj<strong>et</strong>, on voit<br />

d’abord comment une graine<br />

devient une plante, combien<br />

peuvent être différentes aussi bien les racines que les<br />

feuilles. On découvre aussi en mots simples que les plan


tes fabriquent elles-mêmes leur nourriture <strong>et</strong> qu’elles sont<br />

les seuls organismes vivants à le faire. Organisé en doubles<br />

pages, ce très intéressant album passe encore en<br />

revue divers suj<strong>et</strong>s en rapport avec les végétaux: la pollinisation,<br />

les graines, la nourriture qu’ils fournissent, leurs<br />

manières de se prémunir des dangers (épines <strong>et</strong>c.).<br />

Viennent encore d’autres suj<strong>et</strong>s: sur les arbres, sur les<br />

plantes parasites, les plantes carnivores, rampantes, aquatiques,<br />

du désert ou de la montagne. Bref, de quoi ne plus<br />

jamais se promener comme avant. À noter qu’un site<br />

Intern<strong>et</strong>, avec notamment de nombreuses photos à télécharger,<br />

complète l’ouvrage. À partir de 6 ans.<br />

Les animaux...<br />

Les insectes, collectif, Gallimard Jeunesse, collection Mes grandes<br />

découvertes, 52 pages, 7,50 euros. Dans la même collection<br />

que le livre précédent, <strong>et</strong> réalisé avec autant de soin, un<br />

bel album pour apprendre mille choses sur les insectes,<br />

qu’ils vivent sur Terre, sous l’eau, dans le ciel ou dans le<br />

sol. Et réaliser combien ces drôles de bestioles participent<br />

à l’équilibre écologique de la vie sur notre planète. À partir<br />

de 6 ans.<br />

I<br />

nsectes <strong>et</strong> araignées à la<br />

loupe Noël Tailt, Larousse, 68<br />

pages, 12,90 euros. Illustré<br />

principalement de dessins<br />

hyperréalistes, c<strong>et</strong> album se<br />

compose de deux parties de<br />

longueurs quasi pareilles:<br />

une explication théorique<br />

générale, dite panorama, sur<br />

les insectes <strong>et</strong> les araignées<br />

(définition, mode de vie, alimentation,<br />

reproduction, <strong>et</strong>c.)<br />

<strong>et</strong> des zooms sur des particularités<br />

d’espèces appartenant<br />

à l’un <strong>et</strong> à l’autre. Pour les insectes ont été r<strong>et</strong>enus le<br />

papillon monarque, la mouche, les termites, le bousier, la<br />

guêpe <strong>et</strong> les locustes (autre nom des criqu<strong>et</strong>s pèlerins).<br />

Pour les araignées, ce sont la mygale maçonne, l’araignée<br />

bolas, l’argyronète <strong>et</strong> l’araignée sauteuse dont on découvre<br />

les singularités. Un point fort de l’album: chaque<br />

espèce voit sa taille comparée à celle d’une main<br />

humaine. Un tableau de classification de ces arthropodes<br />

figure à la fin du livre, ainsi qu’un glossaire <strong>et</strong> un index.<br />

À partir de 8 ans.<br />

L<br />

e phasme, son élevage, Tatsu Nagata, Seuil Jeunesse, collection<br />

Les sciences naturelles, 48 pages, 12 euros. Je ne sais pas si<br />

c’est encore le cas actuellement, mais quand je conduisais<br />

mes enfants à l’école, il y avait toujours au moins un élevage<br />

de phasmes dans une classe de maternelle. Et c’est<br />

ainsi que j’ai découvert, déjà bien adulte, l’existence de<br />

499<br />

Récréation<br />

ces drôles d’insectes qui se<br />

confondent incroyablement<br />

avec les branches<br />

d’arbre. Mais tous les<br />

enfants qui sont passés par<br />

c<strong>et</strong>te école les connaissent,<br />

les ont soignés <strong>et</strong> les apprécient.<br />

C’est dire si c<strong>et</strong> album<br />

hors-série de l’excellente collection<br />

sur les sciences naturelles<br />

que nous propose avec<br />

régularité un soi-disant professeur<br />

japonais vient à point.<br />

Très joliment illustré de dessins<br />

en aplats de couleurs, c<strong>et</strong><br />

album nous raconte comment<br />

c<strong>et</strong>te p<strong>et</strong>ite bête qui mue peut faire la morte, sans que le<br />

professeur ne sache jamais trop si c’est pour rire ou pas,<br />

s’amputer pour échapper à un ennemi, dormir la journée,<br />

s’activer la nuit… Un cahier spécial regorge de conseils<br />

pour fabriquer soi-même une cage à phasmes <strong>et</strong> ensuite<br />

s’en occuper intelligemment. Tout cela est très plaisamment<br />

amené <strong>et</strong> distille de bonnes informations tout en<br />

ouvrant le regard à une belle approche picturale. De quoi<br />

s’occuper une bonne partie de l’été ! À partir de 4 ans.<br />

C<br />

hiens, texte de David Taylor, plusieurs illustrateurs, Gallimard<br />

Jeunesse, collection Les yeux de la découverte/les compacts, 128<br />

pages, 6,90 euros. Une bonne manière de survoler un maximum<br />

d’informations sur les canidés, joliment illustrées de<br />

surcroît. La première partie présente les caractéristiques<br />

principales des chiens: domestication, comportement, anatomie,<br />

croissance. La seconde, plus développée, présente<br />

les différentes races de chiens domestiques: chiens de<br />

chasse, chiens de berger <strong>et</strong> de garde, terriers, autres.<br />

Chaque fois, une silhou<strong>et</strong>te rapportée à l’échelle mesurant<br />

1,83 m perm<strong>et</strong> de se rendre compte de la taille du toutou<br />

en question. Des pages pratiques complètent les informations<br />

ainsi qu’un glossaire <strong>et</strong> un index. Sans oublier le<br />

site Intern<strong>et</strong> qui est développé en parallèle au livre <strong>et</strong> propose<br />

une sélection d’adresses fiables. À partir de 9 ans.<br />

C<br />

hats, texte de David Alderton, plusieurs illustrateurs, Gallimard<br />

Jeunesse, collection Les yeux de la découverte/les compacts, 160<br />

pages, 6,90 euros. Même approche riche <strong>et</strong> bien rythmée que<br />

dans le volume précédent. À partir de 9 ans.<br />

Le corps humain...<br />

L e corps humain, quelle étonnante machine ! Texte de Richard<br />

Walker, illustrations de Lisa Swerling <strong>et</strong> Ralph Lazar, Larousse, 64<br />

pages, 12,90 euros. Les auteurs proposent de partir en<br />

voyage dans le corps humain, c<strong>et</strong>te machine extraordinaire.<br />

Pour cela, des «cervelots», p<strong>et</strong>its personnages<br />

inventés, servent de guides au lecteur <strong>et</strong> de nombreuses<br />

Athena <strong>252</strong> / Juin 2009


Récréation<br />

pancartes balisent l’exploration.<br />

À leur suite,<br />

on découvre divers organes<br />

<strong>et</strong> leur fonctionnement.<br />

On est même mis<br />

en situation <strong>et</strong> invité à<br />

agir: comment combattre<br />

une nuée de bactéries ?,<br />

comment explorer les<br />

méandres des vaisseaux<br />

sanguins ?... Six pages qui<br />

se déplient largement présentent<br />

des fonctions du<br />

corps jugées essentielles<br />

par les auteurs. On y trouve<br />

le système digestif, la respiration,<br />

la circulation sanguine,<br />

la peau, les os <strong>et</strong> les sens. Si<br />

la manière de présenter les choses<br />

est très intéressante <strong>et</strong> fourmille<br />

de renseignements scientifiques<br />

bien amenés <strong>et</strong> ouvrant chaque<br />

fois de multiples pistes, on<br />

regr<strong>et</strong>te toutefois que nulle part<br />

ne soit abordée la reproduction.<br />

Le système digestif est particulièrement<br />

réussi avec les cervelots<br />

qui en expliquent <strong>et</strong> com-<br />

L'espace, un milieu déjà contaminé<br />

Dès le lancement du premier Spoutnik, l'humanité s'est mise à polluer l'environnement<br />

extra-terrestre. La course à la Lune, à laquelle se sont livrés<br />

Soviétiques <strong>et</strong> Américains - comme la compétition pour l'armement nucléaire<br />

- a fait perdre de vue les débuts de c<strong>et</strong>te pollution de l'infiniment grand. Un demi-siècle<br />

plus tard, la problématique des déch<strong>et</strong>s sur orbite provoqués par l'aventure de<br />

l'espace <strong>et</strong> des risques liés à une poubelle grandissante au-dessus de nos têtes ne peut<br />

être négligée. C'est l'obj<strong>et</strong> d'une synthèse du Cnes (Centre national d'études spatiales)<br />

qui note qu'environ 20 000 tonnes de matériaux - avec les lancements de près de 6 000<br />

engins spatiaux (<strong>et</strong> non 4 800 comme indiqué dans le livre) - ont été placés autour de<br />

la Terre <strong>et</strong> qu'un quart y évolue toujours.<br />

Athena <strong>252</strong> / Juin 2009 500<br />

mentent les différents organes (à propos de l’appendice par<br />

exemple, on lit «c’est un mystère»). C<strong>et</strong> épatant voyage<br />

s’assortit d’un p<strong>et</strong>it jeu: que construit le cervelot à chariot<br />

qui passe de page en page ? À partir de 8 ans.<br />

B<br />

eurk ! C’est caca boudin !, Goby Goldasck <strong>et</strong> Ian Dicks, Casterman<br />

Jeunesse, 10 pages animées, 14,50 euros. Difficile de passer à<br />

côté de ce titre provocateur, d’autant plus que le sous-titre<br />

propose de «tout savoir sur le caca en 5 pop-up !». Cinq<br />

doubles pages animées, illustrées de dessins (<strong>et</strong> non de<br />

photos), délivrent de vraies informations scientifiques,<br />

dans une mise en scène spectaculaire. La première définit<br />

le caca chez les animaux comme chez les humains,<br />

explique pourquoi il sent plus ou moins mauvais; la<br />

deuxième énumère les endroits qui servent de<br />

«p<strong>et</strong>its coins» <strong>et</strong> explique pourquoi certaines<br />

espèces en font usage; la troisième détaille les<br />

renseignements que peuvent fournir les crottes; la<br />

quatrième dresse la liste des utilisations possibles<br />

des déjections <strong>et</strong> la dernière passe divers records<br />

en revue. Voilà un suj<strong>et</strong> cher aux enfants qui<br />

devient un vrai thème scientifique, illustré d’anecdotes<br />

<strong>et</strong> d’exemples. À partir de 6 ans.<br />

Lucie CAUWE<br />

lucie.Cauwe@lesoir.be<br />

Le livre de moins de 150 pages passe d'abord en revue quelques incidents <strong>et</strong> accidents<br />

survenus dans l'espace, mais il ignore le danger que fait courir la présence sur orbite d'une trentaine de réacteurs<br />

nucléaires, satellisés par l'Union soviétique dans les années 70 <strong>et</strong> 80. Deux d’entre eux, une fois leur mission<br />

terminée, n'ont pu être parqués, comme prévu, à 1 000 km d'altitude <strong>et</strong> sont r<strong>et</strong>ombés sur la Terre.<br />

L’auteur aborde surtout les questions d'éthique, de la responsabilité, du droit spatial, de ses institutions (sous<br />

l'autorité de l'Organisation des Nations unies (Onu) <strong>et</strong> des obligations internationales (Traité de l'espace) ainsi<br />

que les mesures - jusqu'ici non contraignantes - de surveillance, de protection, de sauvegarde <strong>et</strong> de décontamination…<br />

Quelques pays, dont la Belgique à l'avant-garde en Europe, ont adopté une législation sur les activités<br />

spatiales. Enfin, l'ouvrage traite du péril de notre planète. La pollution spatiale sous surveillance, Fernand Alby, Jacques<br />

Arnould <strong>et</strong> André Debus, CNES, Ellipses Édition Mark<strong>et</strong>ing, Paris, été 2007.<br />

Théo PIRARD


Visa pour le monde<br />

En c<strong>et</strong>te période de vacances <strong>et</strong> de crise, Intern<strong>et</strong> peut être une bonne occasion pour trouver des idées<br />

de vacances ou pour se consoler de ne pas pouvoir en prendre en visitant des lieux intéressants.<br />

Plutôt que de nous pencher sur des utilisations scolaires ou professionnelles d'Intern<strong>et</strong>, nous vous<br />

proposons de découvrir comment il est possible de préparer un voyage, de visiter des musées,<br />

des parcs naturels ou des expositions sans quitter son écran<br />

T<br />

rouver des sites intéressants. Comme pour<br />

toute recherche sur Intern<strong>et</strong>, la qualité de ce<br />

que nous trouvons dépend essentiellement de la<br />

précision de la question que nous posons au<br />

moteur de recherche. Essayons de formuler une<br />

requête correcte <strong>et</strong> complète. Qu'est-ce à dire ?<br />

Une bonne requête se compose de plusieurs termes<br />

disposés dans l'ordre. En outre, elle doit<br />

être spécifique.<br />

Des mauvaises requêtes (sur Google) pour visiter<br />

virtuellement le musée du Louvre seraient<br />

par exemple:<br />

Louvre. On obtient ainsi plus de 11 millions<br />

de résultats dont évidemment une carte <strong>et</strong> le site<br />

officiel du musée du Louvre.<br />

Musée du Louvre. C<strong>et</strong>te phrase r<strong>et</strong>ourne près<br />

de 2,5 millions de résultats <strong>et</strong> finalement<br />

presque les mêmes que la requête précédente.<br />

La requête la plus efficace sera:<br />

«visite virtuelle» «musée du Louvre»<br />

Remarquez l'utilisation des guillem<strong>et</strong>s qui perm<strong>et</strong>tent<br />

de créer deux expressions insécables.<br />

Les premiers résultats obtenus sont ceux que<br />

nous recherchons.<br />

Pour commencer...<br />

Une jolie entrée en matière pour explorer le<br />

monde est Google Earth (http://earth.google.fr/).<br />

C<strong>et</strong>te page perm<strong>et</strong> de télécharger <strong>et</strong> d'installer<br />

l'application. Il n'est pas nécessaire d'acquérir la<br />

version professionnelle payante. Pensez à décocher<br />

la case demandant si vous souhaitez également<br />

installer Chrome, le navigateur de Google.<br />

Malgré le volume des informations proposées,<br />

Google Earth s'installe très rapidement car l'essentiel<br />

est stocké sur les serveurs de Google <strong>et</strong><br />

non sur votre disque dur. Il est donc nécessaire<br />

d'être connecté pour utiliser Google Earth.<br />

Contrairement à ce que son nom semble indiquer,<br />

Google Earth perm<strong>et</strong> également de visiter<br />

le fond des océans, mais aussi les étoiles <strong>et</strong> la<br />

planète Mars.<br />

B<br />

ien utiliser Google Earth. Il est possible de<br />

commencer de manière intuitive en tapant<br />

une adresse dans le champ de recherche à gauche.<br />

Votre adresse par exemple. Vous constaterez<br />

rapidement que la qualité des images est très<br />

inégale d'une région à l'autre: elle est extraordinaire<br />

pour la plupart des grandes villes mais<br />

médiocre pour des zones comme les gorges de<br />

l'Ardèche où l'image devient floue quand on<br />

tente d'agrandir l'affichage des détails.<br />

501<br />

Galerie d’Apollon,<br />

musée du Louvre,<br />

Paris. (Photo<br />

le Louvre).<br />

Athena <strong>252</strong> / Juin 2009


Vue aérienne de la<br />

cathédrale Saint-<br />

Michel <strong>et</strong> Gudule,<br />

à Bruxelles, en 3D.<br />

En-dessous: vue<br />

aérienne du Mont-<br />

St-Michel, France.<br />

Athena <strong>252</strong> / Juin 2009<br />

Intern<strong>et</strong><br />

P<br />

artie gauche de l'écran. La partie gauche de<br />

l'écran perm<strong>et</strong> de lancer des recherches sur<br />

des adresses, des commerces <strong>et</strong> des itinéraires.<br />

Juste en dessous s'affiche la liste des lieux visités<br />

durant la séance. En dessous de ce panneau,<br />

une fenêtre appelée Lieux perm<strong>et</strong> de stocker vos<br />

découvertes ou des lieux que vous souhaitez<br />

conserver pour y r<strong>et</strong>ourner ultérieurement. Par<br />

défaut, <strong>et</strong> pour vous inspirer, Google vous propose<br />

déjà quelques endroits remarquables<br />

comme le Mont-Saint-Michel, le stade olympique<br />

de Sydney, la place Rouge à Moscou ou le<br />

campus de... Google, aux États-Unis. Il suffit de<br />

cliquer deux fois sur un des endroits proposés<br />

pour s'y rendre.<br />

Si vous cliquez sur le campus de Google, vous<br />

verrez apparaître sur l'écran des p<strong>et</strong>its carrés<br />

bleus. En passant la souris dessus, des noms<br />

apparaîtront. Si vous cliquez une fois sur un carré<br />

bleu, la photo s'affiche. Vous pouvez la faire<br />

disparaître en cliquant sur la p<strong>et</strong>ite croix en haut<br />

à droite de la photo. Si vous cliquez deux fois sur<br />

ces p<strong>et</strong>its carrés bleus, votre navigateur affichera<br />

des photos stockées sur Panoramio<br />

(http://www.panoramio.com). Ce site vous perm<strong>et</strong><br />

d'ajouter vos propres photos sur Google Earth. Si<br />

vous habitez un endroit remarquable ou insolite,<br />

si vous souhaitez montrer à quoi ressemblait ce<br />

lieu dans le passé, si vous avez envie de montrer<br />

des photos de votre jardin ou de n'importe quoi<br />

d'autres, lancez-vous. En cliquant sur Lieux (sous<br />

le logo Panoramio), vous verrez quelques sites<br />

intéressants avec des photos ajoutées par les utilisateurs.<br />

D'autres éléments peuvent également<br />

s'afficher sur l'image. Ils<br />

sont paramétrables à partir de la<br />

partie inférieure gauche de<br />

l'écran. Vous y verrez une série<br />

d'éléments que vous pouvez<br />

ajouter ou supprimer des cartes.<br />

Ainsi, Google vous propose<br />

d'afficher des éléments d'infor-<br />

502<br />

mations provenant de Wikipédia. Lancez par<br />

exemple une recherche (champ situé en haut à<br />

gauche) sur grand place, Bruxelles (sans les<br />

guillem<strong>et</strong>s). Parmi les carrés bleus, vous verrez<br />

apparaître des p<strong>et</strong>its logos W indiquant que vous<br />

pouvez accéder à des informations produites par<br />

Wikipédia.<br />

Une des options perm<strong>et</strong> d'afficher/masquer des<br />

images en 3 dimensions (3D) de certains bâtiments.<br />

Si vous visitez par exemple Bruxelles,<br />

vous verrez que l'Hôtel de Ville est proposé en<br />

3 dimensions. Ces images perm<strong>et</strong>tent d'éviter le<br />

phénomène d'écrasement des vues aériennes.<br />

Barre d'outils<br />

Située au-dessus des images, la barre d’outil<br />

perm<strong>et</strong> de:<br />

Afficher/masquer le panneau latéral gauche.<br />

Ajouter des repères: si vous repérez un<br />

endroit intéressant <strong>et</strong> que vous souhaitez le<br />

r<strong>et</strong>rouver facilement par la suite, vous pouvez y<br />

placer un repère. Il suffit de cliquer sur la<br />

punaise jaune, une fenêtre de dialogue apparaît<br />

pour vous perm<strong>et</strong>tre de définir un nom pour<br />

votre repère ainsi que quelques autres paramètres.<br />

Déplacer la punaise à l'endroit voulu. Elle<br />

apparaît ensuite dans la partie gauche de l'écran,<br />

dans la rubrique Lieux.<br />

Ajouter un polygone: ceci perm<strong>et</strong> de délimiter<br />

une zone sur l'image (soit contours, soit remplissage,<br />

soit les deux). Le principe est le même<br />

que pour les punaises. Veillez à dessiner le polygone<br />

dès que la fenêtre de dialogue apparaît.<br />

Ajouter un traj<strong>et</strong>. Vous pouvez dessiner une<br />

promenade dans une ville en indiquant le traj<strong>et</strong><br />

à suivre. Dessiner le traj<strong>et</strong> avec la souris dès que<br />

la fenêtre de dialogue apparaît. Celle-ci perm<strong>et</strong><br />

de déterminer la couleur du trait, son épaisseur<br />

<strong>et</strong> le nom du traj<strong>et</strong>.<br />

Ajouter une superposition d'image. Vous<br />

pouvez ajouter une image sur la carte: photo,<br />

plan, <strong>et</strong>c. Un curseur vous perm<strong>et</strong> de rendre<br />

l'image plus ou moins transparente.<br />

Enregistrer la visite. Pourquoi ne pas organiser<br />

une visite virtuelle sur un thème donné ?<br />

C'est tout simple en enregistrant les lieux visités.<br />

Il suffit de cliquer sur le bouton rouge apparaissant<br />

sur l'écran (l'autre bouton perm<strong>et</strong> même<br />

d'enregistrer du son, vos commentaires, par<br />

exemple). Un nouveau clic sur le bouton rouge<br />

arrête l'enregistrement.<br />

Afficher des images anciennes. Google<br />

Earth perm<strong>et</strong> de visualiser des images plus<br />

anciennes des endroits affichés en déplaçant le<br />

curseur. L'ancienn<strong>et</strong>é varie évidemment selon le<br />

lieu visité.<br />

Lumière solaire. Un curseur perm<strong>et</strong> de visualiser<br />

les images sous une luminosité variable<br />

(peu intéressant).


Icône «Planète». C<strong>et</strong>te icône perm<strong>et</strong> de passer<br />

de Google Earth à la planète Mars <strong>et</strong> aux<br />

étoiles. Certaines images du sol de Mars sont<br />

d'une n<strong>et</strong>t<strong>et</strong>é extraordinaire. La partie inférieure<br />

gauche perm<strong>et</strong> d'accéder à différentes informations,<br />

comme par exemple des visites guidées.<br />

La vue Sky perm<strong>et</strong> d'explorer le ciel. De nombreuses<br />

options sont disponibles en bas à gauche:<br />

cartes anciennes du ciel, centres d'apprentissage,<br />

<strong>et</strong>c.<br />

Les icônes suivantes perm<strong>et</strong>tent d'afficher la<br />

règle, d'envoyer par e-mail <strong>et</strong> d'imprimer. La<br />

dernière perm<strong>et</strong> de visualiser l'image dans<br />

Google Maps (uniquement disponible pour les<br />

images de la Terre).<br />

O<br />

ptions sur l'image proprement dite. Plusieurs<br />

icônes apparaissent en superposition sur<br />

l'image à droite de l'écran. L'image (à droite)<br />

provient du site de Google. Elles perm<strong>et</strong>tent:<br />

de faire pivoter l'image <strong>et</strong> par exemple de<br />

remplacer le nord en haut de l'image;<br />

de faire tourner l'image comme si vous regardiez<br />

autour de vous;<br />

de déplacer sur l'image;<br />

d'effectuer un zoom avant <strong>et</strong> arrière. Au fur <strong>et</strong><br />

à mesure qu'on s'approche du sol, Google Earth<br />

incline progressivement l'image pour que l'angle<br />

d'affichage devienne parallèle au sol. Il est<br />

possible de désactiver c<strong>et</strong>te option en allant<br />

dans Outils > Options > Navigation > Contrôles<br />

de Navigation.<br />

Des détails sur ces explications, avec des exemples<br />

<strong>et</strong> des vidéos, sont disponibles dans le<br />

Guide de l'utilisateur de Google Earth<br />

(http://www.tinyurl.com/oomt8t/).<br />

Profiter des découvertes des autres utilisateurs.<br />

De très nombreux utilisateurs ont ajouté des<br />

éléments intéressants sur Google Earth. Ces<br />

éléments sont contenus dans des fichiers KMZ.<br />

Quand on en trouve un, Google vous demande<br />

si vous souhaitez l'ajouter à l'application. Il suffit<br />

de confirmer <strong>et</strong> le fichier s'installe sans<br />

aucune difficulté. Vous en trouverez plusieurs à<br />

la page Explorer, rechercher <strong>et</strong> découvrir.<br />

(http://tinyurl.com/pyw6go/). Mais beaucoup de sites<br />

proposent de télécharger des fichiers KMZ. Certaines<br />

images sont absolument fascinantes.<br />

Quelques sites pour trouver des fichiers KMZ<br />

ou simplement des images parfois étonnantes:<br />

Google Earth kmz links/files<br />

(http://www.kmzlinks.com/).<br />

Google Sightseeing (http://googlesightseeing.com/).<br />

Voyez par exemple Sights by category qui propose<br />

des images insolites.<br />

Google Earth Blog (http://www.gearthblog.com/).<br />

Ce blog propose des images postées par ses<br />

membres. Le flux RSS perm<strong>et</strong> de les recevoir<br />

automatiquement.<br />

503<br />

Intern<strong>et</strong><br />

David Rumsey, un cartographe, propose des<br />

cartes anciennes du monde. Il en a amassé<br />

150 000 dont 120 sont disponibles sur Google<br />

Earth (http://www.davidrumsey.com/) pour nous perm<strong>et</strong>tre<br />

de voir le monde entre 1680 <strong>et</strong> 1930.<br />

Fascinant !<br />

Le National Snow and Ice Data Center a créé<br />

une série d'animations pour Google Earth montrant<br />

les conséquences du réchauffement climatique<br />

(http://tinyurl.com/89w5pp/).<br />

Une recherche rapide sur Google perm<strong>et</strong> de<br />

trouver d'autres sites en fonction de ses centres<br />

d'intérêts. Avant de quitter Google Earth, n'oubliez<br />

surtout pas de visiter la Rome antique en<br />

3D. Allez dans le panneau gauche, tout en bas,<br />

<strong>et</strong> cliquez sur Galerie, puis sélectionnez La<br />

Rome antique. Vous pouvez avoir un aperçu en<br />

cliquant sur http://earth.google.fr/rome/.<br />

Se promener avec Google Maps<br />

Il est désormais possible de se promener virtuellement<br />

dans de nombreuses villes du monde<br />

avec Google Maps (il n'y a rien à installer). Ce<br />

n'est malheureusement pas encore possible pour<br />

Bruxelles, mais les services de Google sillonnent<br />

actuellement les villes belges pour en<br />

photographier les rues.<br />

Voulez-vous visiter Paris ? Allez sur Google<br />

Maps (http://maps.google.com/) <strong>et</strong> tapez par exemple<br />

rue Mouff<strong>et</strong>ard, Paris dans le champ de<br />

recherche. Vous verrez apparaître, au centre de<br />

la boussole, un p<strong>et</strong>it personnage jaune qui vous<br />

indique que des vues sont disponibles. Cliquez<br />

dessus <strong>et</strong> déplacez-le pour faire apparaître le<br />

tracé (en bleu) des rues que vous pouvez visiter.<br />

Déposez le p<strong>et</strong>it personnage dans la rue que<br />

vous souhaitez parcourir. Les flèches au sol perm<strong>et</strong>tent<br />

le déplacement. Vous pouvez aussi utiliser<br />

la souris pour faire pivoter l'image. En haut<br />

à droite, une p<strong>et</strong>ite icône vous perm<strong>et</strong> un affichage<br />

plein écran.<br />

Vue aérienne<br />

d’un village africain,<br />

au Soudan.<br />

(Fichier KMZ).<br />

Athena <strong>252</strong> / Juin 2009


Intern<strong>et</strong><br />

en général<br />

<strong>et</strong> le Web<br />

en particulier<br />

nous perm<strong>et</strong>tent<br />

de travailler,<br />

mais aussi de rêver...<br />

Victor Hugo,<br />

par Rodin.<br />

(Exposition<br />

Victor Hugo).<br />

Athena <strong>252</strong> / Juin 2009<br />

Intern<strong>et</strong><br />

V<br />

isiter des musées. Musée de l'Hermitage:<br />

(http://www.hermitagemuseum.org/). En anglais<br />

ou en russe, parcourez les salles <strong>et</strong> les œuvres.<br />

Musées du Vatican (http://mv.vatican.va/).<br />

Plusieurs visites virtuelles sont proposées, dont<br />

la chapelle Sixtine, la Pinacothèque ou le musée<br />

grégorien égyptien.<br />

Musée Canadien des Civilisations<br />

(http://www.civilisations.ca/) De l'Égypte ancienne<br />

aux manuscrits des la Mer Morte, en passant par<br />

les civilisations indiennes.<br />

Musée de Londres (http://tinyurl.com/qhnnjs).<br />

Toute une série d'expositions virtuelles sur des<br />

thèmes aussi divers que la mode, les trésors des<br />

rois saxons ou la céramique.<br />

Pour en apprendre davantage: Museofile<br />

(http://www.culture.gouv.fr/documentation/museo/)<br />

Renseignements sur plus de 1 300 musées français.<br />

Certains proposent des visites virtuelles.<br />

Le monde des arts (http://www.lemondedesarts.<br />

com/liensmuseesmonde.htm).<br />

Liens vers des centaines de musées dans le<br />

monde. Museums around the World<br />

(http://icom.museum/vlmp/world.html).<br />

Visites d'expositions<br />

Victor Hugo (http://www.victorhugo2002.culture.fr/).<br />

Une formidable exposition à la dimension de<br />

celui qui disait: «Dans chaque village un<br />

homme tend un flambeau, l'instituteur. Un autre<br />

souffle dessus, le curé.» À voir absolument.<br />

La légende du Roi Arthur<br />

(http://expositions.bnf.fr/arthur).<br />

Plusieurs expositions virtuelles organisées par la<br />

Bibliothèque nationale de France, donc celle<br />

qu'elle consacre au légendaire roi Arthur. Il serait<br />

dommage de manquer l'exposition sur le bestiaire<br />

(http://expositions.bnf.fr/bestiaire/). Les liens de<br />

la page http://expositions.bnf.fr perm<strong>et</strong>tent de nourrir<br />

l'esprit pendant des semaines.<br />

L'Histoire par l'image<br />

(http://www.histoire-image.org/).<br />

Même durant les vacances, c<strong>et</strong>te exposition<br />

passionnera les élèves <strong>et</strong> les professeurs...<br />

RMN Réunion des musées nationaux<br />

(France) (http://www.photo.rmn.fr/).<br />

Ce site perm<strong>et</strong> de lancer une recherche dans<br />

plus de 200 000 photos d'œuvres d'art<br />

conservées dans les musées.<br />

Enluminures (http://www.<br />

enluminures.culture.fr/). De très belles<br />

images tirées d'une base de données du<br />

Ministère français de la culture. Voir<br />

également Enluminor<br />

(http://www.enluminor.com/) <strong>et</strong> notamment<br />

son lien vers le Musée virtuel des enluminures.<br />

Bibliothèque du Congrès<br />

(http://www.loc.gov/exhibits/).<br />

504<br />

La Bibliothèque du Congrès, des États-Unis,<br />

propose en permanence plusieurs expositions<br />

virtuelles sur des tas de suj<strong>et</strong>s dont par exemple<br />

une analyse de l'Adoration des Mages, de<br />

Léonard de Vinci.<br />

Visites de villes<br />

360 Cities (http://www. 360cities.n<strong>et</strong>/). Ce site<br />

propose des visites à 360 degrés de villes <strong>et</strong> autres<br />

lieux du monde (également accessible par<br />

Google Earth).<br />

A<br />

utres visites. Cim<strong>et</strong>ière du Père-Lachaise<br />

(http://www.pere-lachaise.com/). Plan <strong>et</strong> photos<br />

des monuments funéraires les plus visités.<br />

Aquariums d'Atlanta<br />

(http://atlanta.arounder.com/georgia_aquarium/).<br />

Déplacez la souris pour visualiser à 360 degrés.<br />

D es<br />

webcams pour visualiser des sites. Même<br />

si les webcams présentent l'inconvénient<br />

d'être souvent statiques <strong>et</strong> donc de ne fournir<br />

que des plans fixes, elles perm<strong>et</strong>tent de visualiser<br />

des lieux comme:<br />

les parcs nationaux américains<br />

(http://www.yellowstonewinterguide.com/webcams/);<br />

Rome (http://www.romexplorer.com/<br />

rome-webcam.htm);<br />

Ce site polonais (http://www.worldcam.pl/en/) en<br />

propose des centaines sur tous les continents.<br />

Créer votre propre visite virtuelle. Il existe sur<br />

Intern<strong>et</strong> des bases de données d'images<br />

comme Flickr (http://www.flickr.com/), un site<br />

communautaire de partage de photos. Vous y<br />

trouverez des millions de photos que vous pourrez<br />

trier, étiqu<strong>et</strong>er (tags), organiser. Une recherche<br />

sur colorado canyon rapporte près de<br />

70 000 clichés !<br />

Vous pouvez également tenter votre chance<br />

dans Google Images. Lancez par exemple une<br />

recherche sur book of Kells pour obtenir une<br />

série de reproductions du livre conservé à<br />

Dublin, au Trinity College.<br />

Par le biais d'articles tels que celui-ci, nous souhaitons<br />

montrer qu'Intern<strong>et</strong> est bien davantage<br />

que le courrier électronique ou la recherche d'un<br />

mot dans un moteur. Intern<strong>et</strong> en général <strong>et</strong> le<br />

Web en particulier nous perm<strong>et</strong>tent de travailler,<br />

mais aussi de rêver...<br />

Christian VANDEN BERGHEN<br />

cvb@brainsfeed.com<br />

http://www.brainsfeed.com


Remonter le temps...<br />

505<br />

Info-Physique<br />

Le 14 mai dernier, une fusée Ariane 5 a mis en orbite les satellites Planck <strong>et</strong> Herschel. L'Agence<br />

spatiale européenne dispose ainsi de deux télescopes spatiaux aux propriétés extraordinaires.<br />

Lorsque Planck aura livré ses données, nous en saurons sans doute un peu plus sur<br />

ce qui s'est passé quelques instants après la naissance de l'Univers. Récit d'une folle histoire<br />

La tâche d'Herschel, le plus grand télescope jamais<br />

envoyé dans l'espace - son miroir a un diamètre de<br />

3,5 mètres alors que celui du télescope Hubble<br />

n'est «que» de 2,4 mètres !- paraît assez simple: observer<br />

l'espace dans l'infrarouge lointain. De quoi repérer des<br />

obj<strong>et</strong>s dont le rayonnement est froid, de quelques dizaines<br />

à quelques centaines de degrés au-dessus du zéro absolu.<br />

C'est le cas de c<strong>et</strong>te immensité interstellaire occupée,<br />

pense-t-on, par des gaz <strong>et</strong> des poussières. Ce qui devrait<br />

perm<strong>et</strong>tre d'affiner nos connaissances sur la naissance des<br />

étoiles.<br />

Avant la première seconde<br />

Ce que les scientifiques attendent de Planck est très différent<br />

<strong>et</strong> demande quelques explications. À première vue,<br />

la tâche du télescope Planck, bien plus p<strong>et</strong>it que<br />

Herschel, est mineure puisqu'il doit «simplement» améliorer<br />

les performances de deux de ses prédécesseurs,<br />

COBE, lancé en 1989 <strong>et</strong> WMAP, lancé en 2001. Ceux-ci<br />

nous ont en eff<strong>et</strong> déjà fourni des cartes de ce fameux<br />

rayonnement fossile qui baigne l'ensemble de l'Univers,<br />

mais elles restent peu précises alors que, comme on le<br />

verra, bien des réponses aux questions posées dépendent<br />

de c<strong>et</strong>te précision. Planck devra donc jouer tout en<br />

finesse. Il devra aussi, surtout, apporter un autre type d'information,<br />

relative à la polarisation de ce rayonnement,<br />

c'est-à-dire l'orientation de son champ électromagnétique.<br />

Mais en quoi tout cela pourra-t-il faire progresser notre<br />

connaissance de l'histoire de l'Univers ?<br />

Pour comprendre l'importance des observations qu'effectuera<br />

Planck, il faut grossièrement r<strong>et</strong>racer l'histoire de<br />

l'Univers depuis son début, le Big Bang. Si les cosmologistes<br />

sont loin d'avoir écrit tout le scénario, ils semblent<br />

d'accord sur un point: tout s'est joué dans la première<br />

seconde ! Ce qui, sur une durée estimée de 13,7 milliards<br />

d'années, n'est vraiment pas beaucoup... Le mur au-delà<br />

duquel la physique ne peut remonter est celui de l'instant<br />

10 -43 seconde. C'est le fameux «mur de Planck» qui caractérise<br />

la fin de la période où la gravitation est quantique.<br />

Or, il n'existe pas encore de théorie quantique de la gravitation,<br />

ce qui embarrasse bien les scientifiques pour<br />

décrire ce qui se passe avant ce moment.<br />

Le coup de théâtre se produit donc à c<strong>et</strong> instant, 10 -43<br />

seconde: la gravité s'affranchit des fluctuations quantiques,<br />

elle devient libre, elle se sépare de la superforce<br />

unique qui régnait jusque là; l'Univers entre en croissance...<br />

c'est-à-dire qu'il devait mesurer environ 10 -35<br />

mètre, soit 10 20 fois plus p<strong>et</strong>it que le noyau d'un atome !<br />

La force de gravité ne s'appliquera désormais plus aux<br />

particules mais par eff<strong>et</strong> cumulatif sur d'énormes masses.<br />

Par contre, le domaine des particules est alors régi par une<br />

Carte, dressée par le satellite WMAP en 2003, du rayonnement fossile<br />

de l'Univers, émis environ 380 000 ans après le Big Bang. C<strong>et</strong>te<br />

carte a permis de confirmer l'âge de l'Univers (13,7 milliards d'années),<br />

sa composition (seulement 4% de matière «visible») <strong>et</strong> le fait<br />

qu'il est toujours en expansion.<br />

Le satellite Planck... a fait l'obj<strong>et</strong> de tests sous-vide <strong>et</strong> dans l'ultra-froid au Centre spatial de Liège (CSL). Plusieurs acteurs<br />

universitaires <strong>et</strong> industriels wallons ont d'ailleurs participé à la réalisation de ce satellite. De plus amples détails sur le satellite <strong>et</strong><br />

les tests liégeois sont à lire <strong>et</strong> à visionner sur le site de vulgarisation de l'ULg, à l'adresse http://reflexions.ulg.ac.be/cms/c_14415/planck-est-a-liege<br />

Athena <strong>252</strong> / Juin 2009


superforce électronucléaire, ancêtre commun des forces à<br />

l'œuvre aujourd'hui: électromagnétique, nucléaire forte <strong>et</strong><br />

nucléaire faible. Mais comme ces trois forces ne sont pas<br />

encore différenciées, tout est aggloméré <strong>et</strong> les particules<br />

n'ont pas encore de masse mais se comportent comme un<br />

rayonnement.<br />

Le choc suivant, <strong>et</strong> qui nous intéresse au premier chef, se<br />

produit 10 -35 seconde après le Big Bang: la superforce se<br />

scinde à son tour. L'interaction forte prend son autonomie<br />

<strong>et</strong> cohabite avec la force électrofaible (qui donnera naissance<br />

bien plus tard à l'électromagnétisme <strong>et</strong> à la force<br />

faible).<br />

Inracontable !<br />

Mais la naissance de l'interaction<br />

forte s'accompagne<br />

d'un événement inouï, inracontable<br />

par nos mots:<br />

l'Univers subit une expansion<br />

fulgurante, exponentielle<br />

disent les scientifiques.<br />

En un laps de temps<br />

presqu'infiniment bref (10 -32<br />

seconde !), il se dilate à une<br />

vitesse supérieure à la vitesse<br />

de la lumière - les particules<br />

ne se sont pas déplacées<br />

plus vite que la lumière,<br />

c'est la trame sur<br />

laquelle elles se trouvaient qui a enflé à c<strong>et</strong>te allure -, ses<br />

dimensions doublant au moins une centaine de fois (2 100 ).<br />

Il est impossible de s'imaginer ce qui s'est passé à ce<br />

moment. Disons, à titre de comparaison, forcément boiteuse,<br />

que depuis que les atomes existent <strong>et</strong> que l'Univers<br />

est devenu visible, c'est-à-dire à peu près 400 000 ans<br />

après le Big Bang, les échelles de grandeur de l'Univers<br />

n'ont été multipliées que par 1 000 !<br />

C<strong>et</strong> épisode a longtemps été contesté, remis en cause. Mais<br />

ce sont justement les observations du prédécesseur du<br />

satellite Planck, l'américain WMAP, qui ont apporté des<br />

éléments en faveur de c<strong>et</strong>te théorie de l'inflation exponentielle.<br />

Et les scientifiques attendent beaucoup de Planck <strong>et</strong><br />

de ses mesures de la polarisation magnétique du rayonnement<br />

fossile car celle-ci serait liée à l’apparition des ondes<br />

gravitationnelles. Lesquelles sont justement prévues par le<br />

modèle de l’inflation exponentielle. C<strong>et</strong>te phase du développement<br />

de notre Univers pose cependant beaucoup plus<br />

de questions qu’elle n’apporte de réponse.<br />

Selon certains cosmologistes, il n’est pas exclu de penser<br />

que c<strong>et</strong>te hyperexpansion a démarré à des moments différents<br />

avec des amplitudes différentes. C’est le modèle de<br />

Linde dans lequel le Cosmos aurait été une sorte de<br />

«mousse de savon», composée de beaucoup de bulles. Ce<br />

sont ces bulles qui auraient connu l’expansion avec<br />

comme conséquence qu’il y aurait autant d’univers que<br />

de bulles. Une multitude d’univers dont le nôtre n’est<br />

Athena <strong>252</strong> / Juin 2009<br />

Info-Physique<br />

jamais qu’un cas particulier... Non seulement la Terre<br />

n’est pas au centre du monde, mais notre monde luimême<br />

n’en serait qu’un parmi une multitude... Dur !<br />

Rayonnement fossile<br />

L’expansion de l’Univers, du Bing Bang jusqu’à nos jours:<br />

(13,7 milliards d’années).<br />

1. Bing Bang; 2. fluctuations quantiques; 3 Inflation; 4. Fonds diffus cosmologique;<br />

5. Premières étoiles; 6. Formation de galaxies, planètes, <strong>et</strong>c.<br />

7. Accélération de l’expansion de l’Univers.<br />

506<br />

Sautons allègrement quelques étapes - apparition des neutrons<br />

<strong>et</strong> des protons au premier cent millième de seconde;<br />

formation des premiers noyaux d’atomes légers à la troisième<br />

minute; avènement de l’hélium après un quart<br />

d’heure - pour faire un bond considérable dans le temps.<br />

Environ 380 000 à 400 000 ans après le Big Bang, la température<br />

de l’Univers a<br />

chuté: elle n’est plus que de<br />

3 000 degrés environ. Auparavant,<br />

à une température<br />

supérieure, dans un milieu<br />

très dense, les particules surchauffées<br />

ém<strong>et</strong>tent <strong>et</strong> absorbent<br />

les photons, les grains<br />

de lumière.<br />

Avec le refroidissement, les<br />

photons vont cesser d’interagir<br />

avec la matière. Cela<br />

veut dire que les électrons<br />

(charge négative) vont pouvoir<br />

s’apparier avec des<br />

noyaux (charge positive)<br />

pour former des atomes.<br />

Mais cela signifie aussi que<br />

la lumière se libère du piège dont elle n’a pu sortir jusqu’à<br />

ce moment. Elle est enfin libre de cheminer dans l’espace<br />

- l'Univers est devenu visible...- <strong>et</strong> de parvenir jusqu’à<br />

nous: c’est ce qu’on appelle le rayonnement cosmique<br />

primordial ou rayonnement fossile. Bien sûr, il nous parvient<br />

de manière très faible, sous forme d’un rayonnement<br />

à 3 kelvins, à peine supérieur au zéro absolu. Mais<br />

tout le monde peut le voir: il représente environ 1% de la<br />

«neige» qui envahit l’écran de nos téléviseurs lorsqu’ils<br />

ne sont pas réglés sur une chaîne. C’est la carte de ce<br />

rayonnement, déjà dressée par COBE puis WMAP, que va<br />

préciser Planck.<br />

C'est grâce à COBE que les physiciens ont repéré de<br />

minuscules irrégularités dans le rayonnement fossile,<br />

bientôt précisées par les mesures de WMAP. Ces irrégularités<br />

ont été identifiées comme les traces des fluctuations<br />

primordiales, de quoi préciser le contenu de l'Univers.<br />

Les simulations ont ainsi permis de déterminer que les<br />

fameux grumeaux originels seraient bien à l'origine de<br />

l'organisation de l'Univers, dominée par la gravité exercée<br />

par des amas de ce qu'on appelle aujourd'hui la<br />

matière noire, présente en bien plus grande quantité que<br />

la matière «visible». Planck devra prendre le relais en<br />

déterminant avec encore plus de précisions la taille des<br />

fluctuations, apportant peut-être ainsi une réponse à la<br />

question de leur origine.<br />

Henri DUPUIS<br />

dupuis.h@belgacom.n<strong>et</strong>


Les supercalculateurs<br />

sont prêts !<br />

L'accélérateur de protons de l’Organisation<br />

européenne pour la recherche<br />

nucléaire (CERN) devrait redémarrer à<br />

l'automne prochain. Un peu partout dans le<br />

monde, des équipes de physiciens sont prêtes à<br />

commencer l'analyse des données en provenance<br />

du LHC. Les moyens mis en œuvre, qui seront à<br />

la disposition de l'ensemble de la communauté<br />

scientifique, pourraient être à la base d'une révolution<br />

semblable à celle du World Wide Web<br />

(WWW)... lui aussi inventé au CERN.<br />

Effervescence, le 8 mai dernier, au centre de calcul<br />

de l'ULB-VUB: le monde de la physique<br />

inaugurait un supercalculateur, signe que les<br />

physiciens belges sont prêts pour entamer l'analyse<br />

des données en provenance du LHC, le<br />

grand accélérateur de protons du CERN. Encore<br />

faut-il recevoir des données à analyser ! Or, on<br />

sait qu'après un démarrage en fanfare, le LHC est<br />

devenu mu<strong>et</strong> le 19 septembre dernier.<br />

La révolution du GRID<br />

La présentation des outils <strong>et</strong> méthodes d'analyse<br />

était donc aussi l'occasion de faire le point sur<br />

l'état d'avancement des réparations. L'incident<br />

s'est produit à grande puissance, alors que<br />

l'énergie des faisceaux était supérieure à 10<br />

TéraélectronVolts. Une soudure de l'un des<br />

câbles supraconducteurs joignant deux aimants<br />

(il y en a 1 600 qui guident les particules) s'est<br />

révélée défectueuse. Le câble s'est échauffé <strong>et</strong> a<br />

alors perdu ses propriétés supraconductrices,<br />

développant une importante résistance électrique.<br />

Un arc électrique s'est formé, qui a perforé<br />

la paroi séparant l'enceinte refroidie à l'hélium<br />

(1,9 kelvin) de l'enceinte à vide (les<br />

aimants sont maintenus dans une double<br />

enceinte isotherme, comme une bouteille thermos).<br />

L'hélium liquide s'est donc vaporisé dans<br />

le vide entre les deux parois, exerçant une pres-<br />

507<br />

Info-Physique<br />

sion terrible sur la paroi externe puis sur les<br />

deux aimants que joignait le câble. Le choc s'est<br />

même propagé aux aimants voisins. Ce sont<br />

ainsi 37 d'entre eux qui ont été endommagés.<br />

L'inauguration du supercalculateur belge représente<br />

en quelque sorte l'aboutissement de la première<br />

phase de la participation de notre pays au<br />

programme du LHC. Depuis 1992 en eff<strong>et</strong>, des<br />

équipes réparties à travers nos universités<br />

ont participé à la conception puis<br />

à la réalisation du détecteur CMS <strong>et</strong> à<br />

la mise en place des moyens pour analyser<br />

les données qui en jailliront.<br />

Aujourd'hui, tout est prêt <strong>et</strong> les équipes<br />

belges attendent de passer à la seconde<br />

phase: l'analyse des données. Une<br />

phase très délicate, qui a demandé la<br />

mobilisation de moyens gigantesques<br />

(<strong>et</strong> d'une imagination qui ne l'est pas<br />

moins !). Le CERN va en eff<strong>et</strong> «cracher»<br />

chaque année l'équivalent d'une<br />

pile de 20 km de haut de CD-Rom de<br />

données (15 millions de Gigabytes) !<br />

C'est là-dedans qu'il faudra r<strong>et</strong>rouver<br />

les indices qui conforteront ou non les<br />

modèles théoriques. Pour y arriver,<br />

une seule solution, m<strong>et</strong>tre en commun<br />

les ressources en calcul de 40 pays. À<br />

c<strong>et</strong> eff<strong>et</strong>, un réseau de supercalculateurs,<br />

appelé GRID, a été développé<br />

par le CERN sous l'impulsion de<br />

l'Union européenne.<br />

Ils sont aujourd'hui 240, répartis à travers le<br />

monde, dont ceux de l'ULB-VUB <strong>et</strong> de l'UCL,<br />

qui vont se partager leurs capacités de calculs <strong>et</strong><br />

de stockage. Et cela pourrait bien être l'amorce<br />

d'une révolution dans le domaine informatique.<br />

«De même, explique le professeur Pascal Vanlaer,<br />

de l'ULB, que le WWW perm<strong>et</strong> d'accéder à<br />

des documents répartis n'importe où dans le<br />

monde sans avoir à se préoccuper de l'endroit où<br />

ils sont stockés, le chercheur qui utilise le GRID<br />

n'aura qu'à définir les ressources dont il a<br />

besoin: c'est le réseau qui se chargera de trouver<br />

où elles sont disponibles <strong>et</strong> qui récupérera les<br />

résultats.» Car le GRID, dont l'accès est ouvert<br />

(il suffit, en échange, de m<strong>et</strong>tre sa puissance de<br />

calcul à disposition de tous), est appelé à croître<br />

<strong>et</strong> surtout à s'ouvrir, d'abord sans doute aux autres<br />

domaines de la physique, puis à l'ensemble<br />

de la recherche scientifique, dont les sciences de<br />

la vie. Pour l'instant, chez nous, ce sont environ<br />

75 physiciens qui vont utiliser ses ressources,<br />

issus de l'ULB-VUB, l'UCL, l'UMONS, les<br />

facultés Notre-Dame de la Paix de Namur <strong>et</strong> les<br />

Universités de Gand <strong>et</strong> Anvers.<br />

Henri DUPUIS<br />

dupuis.h@belgacom.n<strong>et</strong><br />

Les réparations<br />

s'achèvent au CERN<br />

où le LHC devrait<br />

redémarrer<br />

à l'automne prochain<br />

<strong>et</strong> fonctionner tout<br />

l'hiver pour rattraper<br />

le temps perdu.<br />

Athena <strong>252</strong> / Juin 2009


Athena <strong>252</strong> / Juin 2009<br />

Métrologie<br />

L’enfer<br />

de la précision<br />

Mesurer des millions de degrés, une durée d’une extrême<br />

brièv<strong>et</strong>é ou le rayonnement d’un atome… Les scientifiques<br />

atteignent aujourd’hui des niveaux de précision<br />

extraordinaires aux extrêmes des échelles de mesure<br />

Nicolas Kratzer<br />

(vers 1486 - après<br />

1550). Astronome<br />

munichois entré<br />

au service<br />

d'Henri VIII<br />

d'Angl<strong>et</strong>erre est<br />

représenté en train<br />

de fabriquer<br />

des instruments<br />

de mesure.<br />

(Hans Holbein<br />

le jeune, musée<br />

du Louvre).<br />

Àquoi bon mesurer ? Pour répondre à un<br />

besoin élémentaire: m<strong>et</strong>tre en relation<br />

deux obj<strong>et</strong>s dont l’un est connu <strong>et</strong> sert<br />

de référence. N’importe quelle réalité matérielle<br />

ou mentale gagne son sens à c<strong>et</strong>te classification,<br />

surtout lorsqu’elle peut être traduite en<br />

données numériques. À l’inverse, une chose<br />

fermée sur elle-même <strong>et</strong> incomparable échappe<br />

à la connaissance <strong>et</strong> même à la compréhension.<br />

La mesure consiste donc à proposer ce qui<br />

serait insaisissable a priori (un volume, un<br />

débit, une force…) une image quantitative qui<br />

l’exprime. Elle n’en conserve que la charpente,<br />

élimine l’accessoire en la «référant» à un système<br />

initial (l’unité) qui autorise les comparaisons<br />

<strong>et</strong> détermine les proportions. Mesurer,<br />

c’est donc rendre relatif grâce à des valeurs<br />

conventionnelles, substituer des signes homogènes<br />

à l’hétérogénéité du monde, conserver<br />

l’unité au sein du multiple.<br />

508<br />

L’art ancien de la mesure - c<strong>et</strong>te amorce de la<br />

métrologie - remonte certainement à la préhistoire.<br />

Lié au développement de la vie sociale <strong>et</strong><br />

à la formation des civilisations particulières, on<br />

trouve sa trace, avec tous les problèmes qu’il<br />

pouvait poser, à travers toute l’histoire de l’humanité.<br />

Historiquement, la nécessité de la mesure s’est<br />

trouvée liée au travail de la terre. Du latin<br />

m<strong>et</strong>ior, mesurer signifiait à l’origine arpenter,<br />

arpenter un sol cultivable à pas d’homme. Le<br />

corps humain a constitué le premier étalon.<br />

Quand les paysans parlaient naguère à propos<br />

d’un champ, d’une «hommée» ou d’une «journée»,<br />

ils désignaient une surface qu’un homme<br />

était capable de travailler seul en une journée.<br />

D’innombrables restes de c<strong>et</strong>te pratique sont<br />

inscrits dans notre vocabulaire: ne parle-t-on<br />

pas, entre autres, d’une brassée de fleurs <strong>et</strong><br />

d’une poignée de grains ?<br />

Si l’on a longtemps recouru à de telles unités de<br />

mesure, dont la valeur pouvait varier d’une<br />

région à l’autre, c’est qu’une précision médiocre,<br />

dans toute une série d’opérations courantes, ne<br />

portait pas à conséquence. La commodité <strong>et</strong> la<br />

représentation concrète l’emportaient sur toute<br />

autre considération. Et puis, il ne s’agissait pas<br />

seulement de rapporter au corps, instrument de<br />

vie <strong>et</strong> de survie, les évaluations souhaitées, mais<br />

de construire un univers à la mesure du corps.<br />

La mesure… d’une révolution<br />

P<strong>et</strong>it à p<strong>et</strong>it, cependant, sous l’impulsion d’Euclide,<br />

d’Archimède <strong>et</strong> plus tard de Copernic, de<br />

Galilée <strong>et</strong> de Newton, la mesure s’est faite de<br />

plus en plus abstraite <strong>et</strong> s’est réfugiée dans des<br />

figures codifiées (triangles, cercles, formes<br />

algébriques, <strong>et</strong>c.). Cependant <strong>et</strong> dans la pratique,<br />

des siècles durant, chaque pays, chaque<br />

canton, chaque corporation possédait ses propres<br />

unités: pieds, coudées, toises, pouces, aunes,<br />

arpents, perches, s<strong>et</strong>iers, roquilles, pintes, livres,<br />

onces, muids, livres <strong>et</strong> autres boisseaux. Et<br />

si aucune équivalence ne les reliait les unes aux


autres, pour corser le tout, une<br />

même appellation correspondait<br />

à différentes valeurs ou<br />

une même grandeur portait différents<br />

noms !<br />

Si à la fin du VIII e siècle,<br />

Charlemagne avait bien commis<br />

un édit visant à uniformiser<br />

les différentes unités de mesure,<br />

celui-ci était tombé aux<br />

oubli<strong>et</strong>tes à la mort de l’empereur<br />

en 814. Plusieurs rois de<br />

France se sont ensuite attelés,<br />

mais en vain, à la tâche <strong>et</strong> ce<br />

n’est qu’au cours du XVIII e<br />

siècle que le besoin d’uniformiser<br />

le système de mesure<br />

s’est fait plus pressant, non pas<br />

par souci «scientifique» mais<br />

en raison du développement<br />

des échanges commerciaux.<br />

En avril 1790, le député français Talleyrand<br />

demanda à l’Assemblée nationale l’établissement<br />

«d’une mesure de base tirée de la nature<br />

qui puisse être adoptée par toutes les nations.»<br />

Ce sera le mètre (voir Athena n° 214 d’octobre<br />

2005), défini comme la dix-millionième partie<br />

du quart du méridien terrestre. Il présente<br />

l’avantage de donner l’unité de longueur<br />

(mètre), de surface (mètre carré), de volume<br />

(mètre cube) <strong>et</strong> même de masse (1 kilogramme<br />

correspondant au volume d’eau contenu dans<br />

1 décimètre cube). Ce système m<strong>et</strong>tra plus d’un<br />

demi-siècle à s’imposer <strong>et</strong> il faudra attendre la<br />

509<br />

Métrologie<br />

révolution industrielle<br />

pour le voir adopter par la<br />

majorité des pays européens.<br />

S’il est aujourd’hui universellement<br />

adopté par<br />

les scientifiques, certaines<br />

réminiscences ancestrales<br />

demeurent. On en r<strong>et</strong>iendra<br />

pour preuve la perte<br />

de la sonde américaine<br />

Mars Climate Orbiter en<br />

septembre 1999 à cause<br />

d’une confusion entre unités<br />

internationales (le<br />

mètre) <strong>et</strong> unités anglosaxonnes<br />

(le pied) !<br />

Au cours du XX e siècle,<br />

les définitions des mesures<br />

vont évoluer. Elles<br />

sont désormais basées sur des événements invariants<br />

dans le temps <strong>et</strong> dans l’espace: depuis<br />

1967, la seconde définie jusqu’alors comme la<br />

86 400 e partie du jour solaire moyen devient la<br />

durée de 9 192 631 770 périodes de l’onde<br />

électromagnétique émise ou absorbée par un<br />

atome de césium 133 passant d’un certain<br />

niveau d’énergie à un autre; en 1983, le mètre<br />

est redéfini comme la longueur du traj<strong>et</strong><br />

parcouru dans le vide par la lumière en<br />

1/299 792 458 de seconde. Dans les deux cas,<br />

on recourt à des éléments matériels, universels,<br />

indépendants de nous <strong>et</strong> autorisant des définitions<br />

extrêmement précises.<br />

Les sept unités de base du système international<br />

L<br />

e système international comporte aujourd’hui sept unités fondamentales<br />

à partir desquelles sont déduites toutes les autres unités<br />

de mesure. La définition scrupuleuse de ces unités de mesures, utilisées<br />

au quotidien, peut laisser perplexe…<br />

Longueur (m): traj<strong>et</strong> parcouru dans le vide par la lumière pendant<br />

1/299 792 458 de seconde;<br />

Masse (kg): masse du prototype de platine iridié déposé au Bureau<br />

international des poids <strong>et</strong> mesures;<br />

Temps (s): durée de 9 192 631 770 périodes de l’onde électromagnétique<br />

émise ou absorbée par un atome de césium 133 lorsqu’il passe<br />

d’un certain niveau d’énergie à un autre;<br />

Température (K): fraction 1/273,16 de la température thermodynamique<br />

du point triple de l’eau;<br />

Un sablier est<br />

un instrument qui<br />

perm<strong>et</strong> de mesurer<br />

un intervalle de temps<br />

par écoulement<br />

de sable <strong>et</strong> dont<br />

l’utilisation est avérée<br />

à partir du Xe siècle.<br />

Le mécanisme<br />

similaire pour les<br />

liquides est la<br />

clepsydre. Le bulbe,<br />

rempli de sable fin,<br />

ou d'un corps<br />

similaire, est placé<br />

en haut <strong>et</strong> par l'eff<strong>et</strong><br />

de la gravité, le sable<br />

s'écoule lentement<br />

<strong>et</strong> régulièrement dans<br />

l'autre. Une fois que<br />

tout le sable est dans<br />

le bulbe du bas,<br />

on peut r<strong>et</strong>ourner<br />

le sablier pour<br />

mesurer une autre<br />

période de temps. En<br />

général, les sabliers<br />

communs écoulent<br />

leur sable en 1 à<br />

5 minutes. Une<br />

utilisation courante<br />

<strong>et</strong> familière est<br />

le contrôle de la<br />

cuisson des œufs à<br />

la coque avec des<br />

sabliers de 3 minutes.<br />

Intensité de courant électrique (A): l’ampère est l’intensité d’un courant<br />

électrique qui, maintenu dans deux conducteurs parallèles, rectilignes,<br />

de longueur infinie <strong>et</strong> de section circulaire négligeable, placés à<br />

une distance d’un mètre l’un de l’autre, produirait entre ces conducteurs<br />

une force égale à 2.10 -7 N/m (newton par mètre);<br />

Quantité de matière (mol): la mole est la quantité de matière contenant<br />

autant d’entités élémentaires (atomes, molécules…) qu’il y a d’atomes<br />

dans 0,012 kg de carbone 12;<br />

Intensité lumineuse (cd): la candela est l’intensité lumineuse, dans une<br />

direction donnée, reçue d’une source qui ém<strong>et</strong> une radiation monochromatique<br />

de fréquence 540 x 10 12 Hz (hertz) <strong>et</strong> dont l’intensité énergétique<br />

dans une telle direction est 1/683 W/sr (watt par stéradian).<br />

Remarque: deux autres unités sans dimension, le radian <strong>et</strong> le stéradian,<br />

furent ajoutées en 1985 pour mesurer des angles.<br />

Athena <strong>252</strong> / Juin 2009


Athena <strong>252</strong> / Juin 2009<br />

Métrologie<br />

Pour une uniformité<br />

mondiale des mesures<br />

S<br />

itué au pavillon de Br<strong>et</strong>euil (à Sèvres, dans le<br />

parc de Saint-Cloud, près de Paris) où il jouit<br />

d'un statut extraterritorial, le Bureau international des poids <strong>et</strong> mesures (BIPM) a pour<br />

mission d'assurer l'uniformité mondiale des mesures <strong>et</strong> leur traçabilité au Système<br />

international d'unités (SI).<br />

Il travaille sous l'autorité de la Convention du mètre, qui est un traité diplomatique<br />

conclu entre cinquante <strong>et</strong> une nations. Il exerce son activité avec l'aide d'un certain<br />

nombre de comités consultatifs, dont les membres sont des laboratoires nationaux de<br />

métrologie des États membres de la Convention du mètre, <strong>et</strong> par son travail de laboratoire.<br />

Le BIPM effectue des recherches liées à la métrologie. Il organise ou participe à des<br />

comparaisons internationales d'étalons nationaux de mesure <strong>et</strong> effectue des étalonnages<br />

pour les États membres. Il a aussi pour mission de maintenir le Temps atomique<br />

international (TAI) <strong>et</strong> le Temps universel coordonné (UTC), qui sont les échelles de<br />

temps à partir desquelles les fréquences de référence <strong>et</strong> les signaux horaires sont disséminés<br />

de manière coordonnée dans le monde.<br />

Les autres organismes de référence sont la Conférence générale des poids <strong>et</strong> mesures<br />

(CGPM) <strong>et</strong> le Comité international des poids <strong>et</strong> mesures (CIPM).<br />

Depuis le début du siècle dernier, les mesures<br />

sont passées à de nouvelles échelles. Nécessitant<br />

toujours plus de précision, elles ont effectué<br />

un bond prodigieux dans les échelles microscopiques<br />

<strong>et</strong> macroscopiques.<br />

D’emblée, le secteur de la recherche fondamentale,<br />

par ses incursions dans l’infiniment grand,<br />

l’infiniment p<strong>et</strong>it <strong>et</strong> l’infiniment complexe,<br />

offre des illustrations impressionnantes des progrès<br />

qu’il a fallu réaliser, aussi bien dans la<br />

mesure de phénomènes lointains - en astrophysique,<br />

cela veut aussi dire loin dans le passé -<br />

que dans celle d’entités jusque-là seulement<br />

imaginées. C’est le cas avec la traque du boson<br />

de Higgs ou des composantes de la mystérieuse<br />

matière noire. La physique des particules fournit<br />

par ailleurs, avec la violation de parité dans<br />

l’interaction faible, à la fois l’exemple d’une<br />

mesure étonnamment précise <strong>et</strong> celui de l’utilisation<br />

d’une bizarrerie de la nature pour la<br />

mesure d’un autre suj<strong>et</strong> d’intérêt, le proton.<br />

Les mesures de l’extrême<br />

Les sciences de la Terre <strong>et</strong> de l’environnement<br />

ne sont pas en reste, qui offrent de magnifiques<br />

exemples de la mesure indirecte des températures<br />

du passé <strong>et</strong> de l’étude des phénomènes<br />

atmosphériques à grande échelle grâce aux<br />

infrasons. Dans le premier cas, les sciences<br />

510<br />

nucléaires fournissent un irremplaçable «thermomètre<br />

isotopique». Quant à l’énergie nucléaire<br />

de fission, le recours à des mesures de l’extrême<br />

y est monnaie courante. Ce sont des spécialistes<br />

de l’énergie nucléaire qui contribuent à<br />

améliorer sans cesse l’acuité des microscopes<br />

optiques afin de scruter les «verres nucléaires»<br />

ou qui participent, forts de leur expérience des<br />

mesures en conditions sévères sous rayonnements,<br />

au développement d’une méthode qui<br />

perm<strong>et</strong>tra d’analyser des roches «doublement à<br />

distance»: sur Mars <strong>et</strong> à plusieurs mètres du<br />

robot qui la m<strong>et</strong>tra en œuvre.<br />

Dans un autre domaine, la convergence des biotechnologies<br />

<strong>et</strong> des technologies de l’information<br />

ouvre des perspectives de diagnostic <strong>et</strong> de<br />

thérapie personnalisées pour chaque patient. La<br />

performance de la détection de la molécule ou<br />

du récepteur unique se r<strong>et</strong>rouve dans la mesure<br />

de traces d’explosifs ou de gaz toxiques dans<br />

l’environnement, notamment pour la sécurité<br />

des citoyens. La santé <strong>et</strong> la sécurité de l’homme<br />

profitent au premier chef des progrès de la<br />

mesure. Juste r<strong>et</strong>our des choses puisque, comme<br />

l’a dit en substance le sophiste grec Protagoras<br />

(Abdère, 485-411 Av. J.-C.) «l’homme est<br />

la mesure de toute chose».<br />

Le kilo menacé ?<br />

La métrologie est la science de la mesure <strong>et</strong> la<br />

première chose que sait le métrologue, c’est…<br />

qu’il n’existe pas de mesures exactes. Même la<br />

masse du kilogramme étalon déposé au Bureau<br />

international des poids <strong>et</strong> mesures (BIPM) varie<br />

- <strong>et</strong> avec lui tous les autres étalons du kilogramme<br />

dans le monde - car le kilo est la seule<br />

unité de mesure à encore reposer sur un obj<strong>et</strong><br />

physique, un cylindre de platine iridié mesurant<br />

39 mm de diamètre <strong>et</strong> 39 mm de longueur dont<br />

le poids est celui d’un décimètre cube d’eau<br />

pure à 0 °C.<br />

Appelé le K, le prototype international du kilogramme<br />

constitue l’unique référence internationale<br />

depuis 1889 <strong>et</strong> ses copies, disséminées à<br />

travers le monde, servent à étalonner tous les<br />

instruments de mesure du poids. Le problème,<br />

c’est que le poids de ces étalons a varié <strong>et</strong>, à de<br />

rares exceptions près, il semble qu’ils grossissent<br />

avec l’âge. C’est ainsi que lors de la campagne<br />

de comparaison entre le K <strong>et</strong> ses copies,<br />

au milieu des années 90, on s’est aperçu que le<br />

prototype espagnol avait pris 56 microgrammes,<br />

le russe en avait pris 32 <strong>et</strong> le norvégien 49.<br />

Par contre, l’anglais avait maigri de 17 microgrammes.<br />

Le K réalise donc la performance de<br />

modifier sa masse sans changer de poids<br />

puisque par définition, il pèse <strong>et</strong> pèsera ad vitam<br />

a<strong>et</strong>ernam un kilo !


Sauf si on trouve un autre moyen de définir le<br />

kilo. Deux grands axes de recherche sont<br />

actuellement en cours dans ce domaine. Le premier,<br />

appelé «balance de Wat», le K servant à<br />

définir le champ magnétique qui pèserait un<br />

kilo. Il s’agirait schématiquement de m<strong>et</strong>tre sur<br />

l’un des bras d’une balance un kilo étalon <strong>et</strong> de<br />

placer l’autre bras dans un champ magnétique:<br />

si les deux bras sont immobiles, le kilo est égal<br />

à la valeur du courant électrique générateur du<br />

champ magnétique. L’autre proj<strong>et</strong> est d’une<br />

simplicité extrême mais requiert de bons yeux.<br />

Il s’intitule Avogadro. Un kilo serait un nombre<br />

très précis d’atomes d’un certain corps, la difficulté<br />

étant évidemment d’énumérer les atomes<br />

car il faudrait pouvoir compter 50 milliards d’atomes<br />

(à 2 500 près) pour être au moins aussi<br />

précis que les mesures actuelles !<br />

Évaluer ses connaissances<br />

Aujourd’hui où tout est mesuré, pesé, calculé,<br />

calibré, réglementé, standardisé, certifié, mis en<br />

conformité, le métrologue évalue la qualité<br />

d’une mesure en cherchant à connaître les<br />

incertitudes, à l’aide d’étalons de mesure (<strong>et</strong><br />

nous savons leurs défauts) ou en procédant à<br />

des tests d’intercomparaisons ou de quantifica-<br />

Amesurons-nous !<br />

Grandeurs, unités <strong>et</strong> Cie<br />

Tel est le nom de l’exposition qui se tient actuellement<br />

<strong>et</strong> jusqu’en fin d’année au Centre de culture<br />

scientifique (CCS) de l’Université libre de Bruxelles, au<br />

Campus de Parentville, rue de Villers, 227 à 6010<br />

Charleroi. Téléphone: 071/60.03.00.<br />

Télécopie: 071/60.03.05.<br />

Intern<strong>et</strong>: http://www.ulb.ac.be/ccs<br />

Courriel: ccs@ulb.ac.be<br />

C<strong>et</strong>te vulgarisation, conçue par le CCS <strong>et</strong> la Maison<br />

des sciences de l’Université de Liège, offre aux jeunes<br />

(<strong>et</strong> aux moins jeunes) un voyage ludique dans le<br />

monde des mesures en perm<strong>et</strong>tant à chacun de<br />

s’amuser, de réaliser de très nombreuses expériences<br />

plus interactives les unes que les autres <strong>et</strong> de découvrir<br />

l’importance des mesures dans la vie scolaire,<br />

quotidienne <strong>et</strong> professionnelle.<br />

En marge de l’expo, sont également organisés des<br />

conférences <strong>et</strong> des ateliers spécialement conçus pour<br />

les élèves de l’enseignement primaire <strong>et</strong> secondaire.<br />

L’exposition est ouverte du lundi au vendredi, de<br />

9h30 à 17h30 <strong>et</strong> le dimanche de 10 à 18h. Elle est fermée<br />

le samedi. Droit d’entrée: pour les moins de 6<br />

ans, gratuit; moins de 10 ans, 2 euros, étudiants <strong>et</strong><br />

seniors, 3 euros <strong>et</strong>, pour les adultes, 4 euros.<br />

511<br />

Métrologie<br />

tions. Selon le BIPM, les opérations liées aux<br />

mesures représentent plus de 4% du produit<br />

intérieur brut des pays industrialisés <strong>et</strong> on<br />

estime qu’il y a actuellement dans le monde<br />

plus de 60 000 laboratoires accrédités pour les<br />

étalonnages, essais <strong>et</strong> certifications.<br />

Si aucune démarche scientifique «honnête» ne<br />

peut plus se passer de la mesure, si les instruments<br />

de mesure (horloge, thermomètre, balance,<br />

<strong>et</strong>c.) <strong>et</strong> leurs récentes métamorphoses<br />

ont fondé la «civilisation» <strong>et</strong> scandent nos<br />

modes de vie, existe-t-il malgré tout, des disciplines<br />

vouées à l’incommensurable ? Le droit ?<br />

Évidemment non. Rien n’incarne autant que la<br />

loi la référence à un ordre. Pas plus que l’histoire,<br />

qui se repaît de chronologie. La psychanalyse<br />

? Peut-être, encore que les neurobiologistes<br />

s’échinent à quantifier les phénomènes<br />

cérébraux. Et l’art, peut-il se passer de l’idée<br />

d’une unité ? En musique, le solfège repose sur<br />

un système compl<strong>et</strong> de mesure: jusqu’à l’invention<br />

du métronome au XVII e siècle, le pouls<br />

a servi de référence aux chanteurs. La peinture<br />

n’a-t-elle pas fait son miel du nombre d’or <strong>et</strong> de<br />

la perspective ? Il suffit de prendre la toile de<br />

Velásquez «Les Ménines» <strong>et</strong> de voir ce que<br />

Picasso en a fait ! L’art a tout simplement les<br />

moyens de nous faire oublier, provisoirement<br />

<strong>et</strong> agréablement, la mesure.<br />

La politique, au diapason des sciences contemporaines,<br />

est le lieu où le rapport à la mesure est<br />

le plus caricatural: l’inflation des sondages <strong>et</strong><br />

les soirées d’élections sont, à c<strong>et</strong> égard, un pur<br />

régal pour pythagoriciens pervers. Mais… il<br />

faut bien que «mesure se fasse».<br />

Paul DEVUYST<br />

Le «K»,<br />

cylindre<br />

de platine<br />

qui sert de<br />

référence<br />

internationale<br />

à la mesure<br />

du kilogramme<br />

depuis 1889.<br />

Il est conservé<br />

dans une pièce<br />

climatisée, sous<br />

trois cloches<br />

de verre au<br />

pavillon<br />

de Br<strong>et</strong>euil,<br />

à Sèvres,<br />

près de Paris,<br />

en France.<br />

La Métrologie<br />

Française<br />

Histoire, unités<br />

<strong>et</strong> recherches sur<br />

les mesures.<br />

À voir, le chapitre<br />

"Quelques +"<br />

http://www.<br />

m<strong>et</strong>rologiefrancaise.fr/<br />

Athena <strong>252</strong> / Juin 2009


Les heures indiquées sont celles d’Uccle exprimées en temps officiel<br />

pour les manifestations du mois <strong>et</strong> en temps universel (TU, soit deux<br />

heures de moins) pour les événements astronomiques<br />

Les jours décroissent de 1h17 min du 30 juin au 31 juill<strong>et</strong><br />

<strong>et</strong> de 1h58 min du 31 juill<strong>et</strong> au 31 août.<br />

Juill<strong>et</strong> 2009<br />

Le 4 juill<strong>et</strong>, à 1h40, le Soleil sera à l’apogée, c'est-à-dire que la<br />

distance maximale à la Terre sera de 1.01667 unité astronomique<br />

(1 UA = 149 597 870 km).<br />

5 juill<strong>et</strong> vers 3h30, <strong>et</strong> pendant plusieurs jours, on pourra<br />

observer le triangle Vénus, Mars <strong>et</strong> l’amas des Pléiades<br />

sur l’horizon Est-Nord-Est.<br />

7 juill<strong>et</strong> à 9h21, pleine Lune. À 21h38, la Lune sera à l’apogée<br />

(distance maximale à la Terre, soit à 406 232 km.<br />

8 juill<strong>et</strong> à 13h27, Mercure est au périhélie (distance minimale<br />

au Soleil) soit à 0,30750 UA.<br />

10 <strong>et</strong> 11 juill<strong>et</strong>, vers 3h40, Jupiter <strong>et</strong> la Lune sont à une trentaine<br />

de degrés au-dessus de l’horizon vers le Sud.<br />

15 juill<strong>et</strong> à 9h58, dernier quartier de Lune.<br />

16 juill<strong>et</strong> à 11h45, Mercure est à l’apogée (distance maximale<br />

à la Terre), soit à 1.33560 UA.<br />

21 juill<strong>et</strong> à 20h14, la Lune sera au périgée (distance minimale<br />

à la Terre) soit à 357 463 km.<br />

22 juill<strong>et</strong> à 2h35, nouvelle Lune.<br />

La plus longue éclipse totale<br />

de Soleil du siècle se produira<br />

le 22 juill<strong>et</strong>. Malheureusement<br />

pour nous, elle ne<br />

sera visible qu’en Inde <strong>et</strong> en<br />

Chine <strong>et</strong> elle devrait durer<br />

6 m 39 s.<br />

28 juill<strong>et</strong> à 22h00, premier quartier<br />

de Lune.<br />

Athena <strong>252</strong> / Juin 2009<br />

Le ciel depuis la Terre<br />

en juill<strong>et</strong> <strong>et</strong> août 2009<br />

512<br />

Août 2009<br />

4 août à 0h41, la Lune sera à l’apogée (distance maximale à<br />

la Terre) soit à 406 028 km.<br />

6 août à 0h55, pleine Lune.<br />

13 août à 18h55, dernier quartier de Lune.<br />

15 août à 3h16, Jupiter sera au périgée (distance minimale à<br />

la Terre), soit à 4.02782 unités astronomiques (1 UA =<br />

149 597 870 km).<br />

17 août à 7h35, Neptune est au périgée (distance minimale à<br />

la Terre, soit à 29.01578 UA<br />

19 août à 4h57, la Lune est au périgée (distance minimale à<br />

la Terre), soit à 359 639 km de notre planète.<br />

20 août à 10h02, nouvelle Lune.<br />

21 août à 13h05, Mercure est à l’aphélie (distance maximale<br />

au Soleil), soit 0.46670 UA.<br />

27 août à 11h42, premier quartier de Lune.<br />

27 août au crépuscule, Antarès scintille à moins de 1,5 ° à<br />

gauche de la Lune.<br />

31 août à 11h01, la Lune est à l’apogée (distance maximale à<br />

la Terre), soit à 405 269 km.<br />

Ces étoiles filantes forment<br />

des traînées bien visibles dans le<br />

ciel d'été, en direction du Nord,<br />

dans les constellations de Persée <strong>et</strong><br />

de Cassiopée. C<strong>et</strong> essaim est dû<br />

à la comète109P/Swift-Tuttle.<br />

Les «larmes de saint Laurent»<br />

est le nom donné poétiquement<br />

à ce phénomène, la fête de<br />

ce saint étant célébrée le 10 août.<br />

Paul DEVUYST


À la Une<br />

du... Cosmos<br />

513<br />

Astronomie<br />

Le proj<strong>et</strong> 6dF<br />

a fini son travail.<br />

Une carte de plus<br />

de 100 000 galaxies<br />

a été élaborée <strong>et</strong><br />

perm<strong>et</strong> de voir<br />

comment ces obj<strong>et</strong>s<br />

s'organisent:<br />

«murs», filaments,<br />

poches vides. C'est<br />

un Univers<br />

complexe que nous<br />

révèle c<strong>et</strong>te étude.<br />

(Photo 6dF).<br />

À gauche: les confins de l'Univers se révèlent très intéressants. On vient d'y découvrir un «blob» mystérieux, grand <strong>et</strong> massif (pour son<br />

époque: 800 millions d'années après le Big Bang). Baptisé Himiko, il pourrait s'agir d'une galaxie en formation, de deux galaxies en collision,<br />

ou d'un gros nuage de gaz chaud... De très grosses galaxies ont aussi été repérées: elles existent alors que l'Univers n'avait à c<strong>et</strong>te<br />

époque que 5 milliards d'années. Il semblerait donc que les grandes structures se forment plus vite qu'on ne l'imaginait. (Photo Carnegie).<br />

À droite: une explosion très lointaine, c'est ce qu'on a pu voir le 23 avril dernier. Elle s'est produite alors que l'Univers n'avait que 800<br />

millions d'années (il en a aujourd'hui 13,7 milliards), <strong>et</strong> l'obj<strong>et</strong> qui l'a provoqué est donc le plus lointain connu à ce jour ! (Photo ESO).<br />

Comme chaque mois, une moisson de nouvelles exoplanètes ont été détectées. Il y a une extra-légère (2 à 3 masses terrestres) qui fait le tour<br />

de son soleil en 3 jours environ; des cadavres de soleils (les naines blanches) qui sont entourées des débris de leurs planètes. (Photo ESO).<br />

Ci-contre: les astéroïdes ne bronzent pas, mais le Soleil, via le<br />

vent solaire, change leur surface: en un million d'années, ils<br />

deviennent tout rouges ! Le seul moyen d'avoir des surfaces blanches<br />

<strong>et</strong> fraîches est qu'un astéroïde se coupe en deux, suite à une<br />

collision. (Photo ESO).<br />

Yaël NAZÉ<br />

nazé@astro.ulg.ac.be<br />

Athena <strong>252</strong> / Juin 2009


C<br />

’est une fusée plutôt blanche qui s’est élancée dans le<br />

ciel du Kazakhstan. Or, quand on l’a amenée par rail<br />

deux jours auparavant, elle était - à l’exception de la coiffe<br />

recouvrant le vaisseau habitable - d’un aspect gris-vert<br />

(kaki) qui rappelle ses origines militaires. Pourquoi<br />

ce changement de teinte ? Non, les techniciens russes<br />

n’ont pas mis à profit le temps des derniers<br />

préparatifs pour m<strong>et</strong>tre une couche de blanc sur<br />

le lanceur Soyouz… Les structures de la fusée,<br />

devenues blanches, sont les parties où se trouvent<br />

les réservoirs d’oxygène liquide à moins<br />

183 degrés. La formation de givre sur leur surface<br />

explique c<strong>et</strong>te blancheur. Là où est stocké<br />

le kérozène, le lanceur Soyouz a gardé sa couleur<br />

d’origine. Il emploie un mélange kérozène-oxygène<br />

liquide, qui sont des ergols écologiquement<br />

propres, pour la propulsion de ses<br />

quatre fusées d’appoint <strong>et</strong> de ses deux étages<br />

centraux. C’est le fonctionnement successif de<br />

Athena <strong>252</strong> / Juin 2009<br />

Le 27 mai, comme prévu, le vaisseau russe Soyouz Tma-15 s’est envolé<br />

du complexe n° 1 du cosmodrome de Baïkonour. Un équipage, constitué<br />

par - voir photo de la page 515 - à gauche: le Canadien Robert Thirsk,<br />

au centre: le Russe Roman Romanenko <strong>et</strong> à droite: le Belge Frank<br />

De Winne (représentant l’Europe), a mis le cap sur<br />

l’Iss (International Space Station) pour y rejoindre un autre trio<br />

international. Une fois l’arrimage à la station réussi, l’expédition<br />

n° 20 était au grand compl<strong>et</strong> avec six personnes - deux Russes,<br />

un Américain, un Japonais, un Canadien <strong>et</strong> un Européen -<br />

qui assurent la permanence humaine dans c<strong>et</strong>te oasis scientifique<br />

<strong>et</strong> technologique <strong>et</strong> qui évolue à quelque 350 km autour de la Terre.<br />

Quelques questions ont été posées sur le lancement, sur l’épreuve<br />

des deux premiers jours du vol, sur le principal défi d’une vie<br />

à six dans une enceinte, certes spacieuse mais fermée<br />

ces étages qui perm<strong>et</strong>tent d’accélérer le vaisseau<br />

habité à la vitesse de près de 28 000 km/h<br />

pour sa mise en orbite entre 200 <strong>et</strong> 242 km<br />

d’altitude.<br />

M<br />

oins de neuf minutes après le décollage qui fait peu<br />

de pollution chimique mais beaucoup de bruit , les<br />

trois occupants du Soyouz Tma-15 sont dans l’espace, à la<br />

poursuite de la station. Ils ont à affronter deux journées<br />

difficiles. En quoi ce début de leur vol spatial est-il si<br />

éprouvant ? Au terme de ces deux premiers jours,<br />

faits de multiples changements d’orbite, leur<br />

vaisseau doit arriver près de la station <strong>et</strong> réussir<br />

sa jonction. Si possible de façon automatique<br />

- ce qui fut le cas pour l’arrimage du 29<br />

mai -, mais l’équipage s’est entraîné pour<br />

effectuer c<strong>et</strong>te opération cruciale de façon<br />

manuelle. Pendant les deux jours de course-<br />

514


poursuite, l’équipage vit dans des conditions<br />

inconfortables. Le Soyouz Tma, dont la<br />

conception remonte aux années 60, est un vaisseau<br />

sûr <strong>et</strong> efficace.<br />

Mais, malgré ses multiples modernisations,<br />

c’est un engin rustique d’un confort spartiate,<br />

où les trois occupants vivent à l’étroit <strong>et</strong> sont<br />

confrontés à des problèmes d’hygiène personnelle.<br />

Il n’y a pas de toil<strong>et</strong>tes dans le «coin<br />

séjour» du module sphérique qui est fixé sur<br />

l’avant de la capsule récupérable <strong>et</strong> qui est<br />

équipé de la pièce mâle <strong>et</strong> du système radar<br />

pour l’accostage. Durant cinquante heures, le<br />

temps d’arriver à l’Iss, chaque membre de<br />

l’équipage porte un lange en cas de p<strong>et</strong>it besoin<br />

urinaire. Pas question de déféquer: tout est mis<br />

en œuvre pour lui éviter c<strong>et</strong> inconvénient. Avant<br />

de revêtir le scaphandre, il est purgé par un<br />

lavement des intestins. On comprend dès lors<br />

l’empressement à rejoindre la station pour aller<br />

se soulager dans les toil<strong>et</strong>tes soit russes, soit<br />

américaines.<br />

Autre désagrément du séjour dans le p<strong>et</strong>it vaisseau:<br />

pour éviter que sa structure, d’un côté, ne<br />

soit exposée au Soleil <strong>et</strong> ne s’échauffe trop, il<br />

tourne sur lui-même comme un poul<strong>et</strong> dans une<br />

rôtisserie… Ses occupants, qui sont confrontés<br />

au mal de l’espace, lié à l’état d’impesanteur,<br />

sont très mal à l’aise, en ayant le tournis. Pour<br />

éviter c<strong>et</strong>te gêne, ils occultent les fenêtres pour<br />

que leur vision ne soit pas perturbée par une<br />

surface terrestre qui défile <strong>et</strong> bascule. Une fois<br />

arrivés dans la station, ils ne sont plus soumis à<br />

c<strong>et</strong>te épreuve.<br />

E<br />

st-il vrai que les habitants de l’Iss boivent de l’eau qui<br />

est extraite de leur urine <strong>et</strong> de leur respiration ? La<br />

cohabitation de six personnes pose le problème<br />

de leurs ressources en oxygène, en eau <strong>et</strong> en<br />

nourritures, comme le défi de l’élimination du<br />

gaz carbonique <strong>et</strong> de l’humidité à bord. Désireux<br />

de réduire la charge <strong>et</strong> le coût des ravitaillements<br />

réguliers, Roscosmos <strong>et</strong> la Nasa ont<br />

mis au point des systèmes pour la régénération<br />

de l’oxygène, comme pour la récupération de<br />

l’humidité sur les parois des modules <strong>et</strong> pour le<br />

recyclage des eaux usées <strong>et</strong> des urines. Depuis<br />

fin 2008, on a installé dans le module américain<br />

le Wrs (Water Recovery System) qui se compose<br />

d’équipements de traitement de l’urine <strong>et</strong> de<br />

purification de l’eau. Sa mise en œuvre a posé<br />

quelques soucis <strong>et</strong> on a dû procéder à des remplacements<br />

de matériels. Le 20 mai, le système<br />

était déclaré opérationnel: l’équipage a porté un<br />

toast avec l’eau extraite de ses urines<br />

Théo PIRARD<br />

theopirard@yahoo.fr<br />

515<br />

Espace<br />

Trois sigles pour la mission Oasiss<br />

Les collectionneurs d’écussons <strong>et</strong> de patches sont ravis à l’occasion<br />

de la mission que Frank De Winne vient de commencer<br />

dans la Station spatiale internationale. Trois emblèmes ou<br />

logos ont été r<strong>et</strong>enus pour identifier son vol qui va durer six mois.<br />

L’insigne russe montre un (arch)ange qui<br />

apporte son soutien à la station en évoluant<br />

entre six étoiles (les six membres de<br />

l’équipage permanent). Ce dessin est le<br />

résultat d’une compétition entre jeunes<br />

artistes en Russie. On le doit à Yura<br />

Menkevich, âgée de 15 ans.<br />

Le patch américain est plus dans l’esprit<br />

très officiel de la Nasa (National<br />

Aeronautics & Space Administration). Il<br />

montre l’emblème, avec l’étoile, des astronautes<br />

du Space Shuttle sur lequel est<br />

incrustée la station au-dessus du chiffre<br />

XX (20). Six étoiles de couleur jaune figurent<br />

sous une courbe tricolore (les trois<br />

couleurs du drapeau des États-Unis).<br />

L’écusson européen est sans doute le plus<br />

poétique. Il a la forme d’une goutte d’eau<br />

qui symbolise notre planète comme elle<br />

est vue depuis l’Iss (International Space<br />

Station). On voit stylisés la station, un<br />

être humain <strong>et</strong> un arbre de vie, qui sont<br />

survolés par la fusée Soyouz. Il illustre<br />

bien ce qu’est la mission Oasiss, les trois<br />

dernières l<strong>et</strong>tres étant celles de l’Iss. Ce<br />

nom choisi à l’issue d’un concours de<br />

l’Esa, on le doit à Jan Puylaert de Gand.<br />

Athena <strong>252</strong> / Juin 2009


Athena <strong>252</strong> / Juin 2009<br />

Espace<br />

La Belgique<br />

dans les étoiles<br />

L'expérience<br />

Foam Stability<br />

n'a pu être emportée,<br />

comme c'était prévu,<br />

dans le vaisseau<br />

Soyouz Tma-15.<br />

Il le sera dans<br />

le Soyouz Tma-16<br />

en septembre<br />

prochain.<br />

(Photo Grasp).<br />

Depuis ce 27 mai, quand le vaisseau<br />

russe Soyouz Tma-15 s’est mis en<br />

orbite, un Belge est présent autour de<br />

l’espace pour six mois. Oasiss est le nom de sa<br />

mission que Frank De Winne - deuxième vol<br />

spatial - accomplit en compagnie du Russe<br />

Roman Romanenko <strong>et</strong> du Canadien Robert<br />

Thirsk. Ce trio qui constitue l’expédition n° 20<br />

de longue durée (6 mois) a rejoint le Russe<br />

Gennady Padalka, l’Américain Michael Barratt<br />

<strong>et</strong> le Japonais Koichi Wakata pour former le<br />

premier équipage permanent à six personnes de<br />

l’International Space Station (Iss). Il s’agit<br />

d’une équipe très internationale, mais avec seulement<br />

des hommes ! Le 11 octobre, notre<br />

astronaute deviendra le premier commandant de<br />

bord, non-américain <strong>et</strong> non-russe, de la station,<br />

jusqu’à son r<strong>et</strong>our, prévu vers le 10 décembre,<br />

après près de 186 jours passés dans l’espace. Sa<br />

relève sera assurée par les trois occupants du<br />

Soyouz Tma-17.<br />

Frank De Winne aura un emploi du temps très<br />

chargé durant son séjour d’une demi-année en<br />

impesanteur. Il devra veiller au bon fonctionnement<br />

des instruments qui se trouvent à bord du<br />

laboratoire Columbus de l’Esa (Agence spatiale<br />

européenne). Quatre expériences en microgravité,<br />

qui concernent des recherches de laboratoires<br />

belges, se dérouleront au cours de son vol.<br />

516<br />

L’installation multi-utilisateurs Pcdf (Protein<br />

Crystallisation Diagnostic Facility) de cristallisation<br />

de protéines est utilisée par des chercheurs<br />

de la Vub (Vrije Universiteit Brussel) avec le<br />

soutien du B.usoc (Belgian Users Support<br />

Operations Center), à l’Institut d’Aéronomie<br />

spatiale d’Uccle. Quatre réacteurs contenant des<br />

solutions de protéines ont été amenés en mars<br />

pour servir à la production de cristaux en microgravité.<br />

Les échantillons réalisés reviendront lors<br />

de la prochaine desserte de l’Iss avec la nav<strong>et</strong>te<br />

Endeavour. C<strong>et</strong>te expérimentation qui m<strong>et</strong> en jeu<br />

un concept mécanique de Verhaert Space donne<br />

lieu à des observations de phénomènes de convection<br />

<strong>et</strong> de sédimentation au moyen d’un système<br />

optique complexe de Lambda-X, de<br />

Nivelles.<br />

Dans le caisson hermétique Msg (Micro-gravity<br />

Science Glovebox), dont Frank De Winne<br />

s’était servi lors de son précédent vol Odissea,<br />

en octobre 2002 à bord du module américain<br />

Destiny, vont se dérouler deux expériences de<br />

physique de fluides pour le Microgravity<br />

Research Center (Mrc) de l’Université libre de<br />

Bruxelles (ULB). Il s’agit du Dsc (Diffusion &<br />

Sor<strong>et</strong> Coefficient measurements for improvement<br />

of oil recovery) <strong>et</strong> du Vidil (Vibrations on<br />

Diffusion in Liquids), qui vont renforcer les<br />

connaissances <strong>et</strong> compétences du Mrc sur le<br />

comportement des liquides.<br />

L’expérience Foam Stability que le Grasp<br />

(Group for Research & Applications in<br />

Statistical Physics) de l’Université de Liège<br />

(ULg) <strong>et</strong> la firme anversoise Verhaert Space ont<br />

conçue <strong>et</strong> réalisée en un temps record, est à la<br />

fois scientifique <strong>et</strong> éducative. Une caméra vidéo<br />

perm<strong>et</strong> de suivre la formation <strong>et</strong> l’évolution de<br />

mousses en impesanteur <strong>et</strong> de comparer ces<br />

observations avec ce qui se passe sur Terre (voir<br />

Athena n° 250, avril 2009, pp. 411-412). Par<br />

ailleurs, deux écoles secondaires, à Ostende <strong>et</strong> à<br />

Mol, vont effectuer des mesures de masse <strong>et</strong><br />

étudier le phénomène de capillarité grâce à des<br />

équipements très simples qui sont fournis par<br />

Verhaert Space.<br />

Le 9 septembre prochain, un lanceur Rockot,<br />

dérivé d’un missile intercontinental russe, m<strong>et</strong>tra


sur orbite deux satellites de l’Esa: le Smos (Soil<br />

Moisture and Ocean Salinity) qui doit, dans le<br />

cadre du programme scientifique Earth<br />

Explorer, mesurer l’humidité des sols <strong>et</strong> la salinité<br />

des océans, ainsi que Proba-2 qui est le<br />

deuxième micro-satellite «made in Belgium».<br />

Réalisé par Verhaert Space (maîtrise d’œuvre,<br />

intégration) <strong>et</strong> Spacebel (informatique de bord),<br />

c<strong>et</strong> observatoire solaire, p<strong>et</strong>it <strong>et</strong> compact, de 130<br />

kg utilise un bus miniaturisé avec deux instruments<br />

de fine technologie qui perm<strong>et</strong>tront d’en<br />

savoir plus sur les influences de notre étoile sur<br />

notre planète: Swap (Sun Watcher using Aps<br />

d<strong>et</strong>ectors and image processing) du Centre spatial<br />

de Liège <strong>et</strong> Lyra (Lyman alpha Radiom<strong>et</strong>er)<br />

de l’Observatoire royal de Belgique. Ces deux<br />

instruments ont obligé l’industrie belge (optique<br />

<strong>et</strong> électronique) de se surpasser.<br />

À bord de Proba-2, se trouvent des équipements<br />

technologiques à tester en vue de missions<br />

futures dans l’espace: un senseur numérique<br />

du Soleil, un pointeur stellaire (star<br />

tracker), la nano-caméra X-Cam, des fibres sensitives<br />

de température <strong>et</strong> de pression, un magnétomètre<br />

de grande précision, un propulseur<br />

électrique au xenon <strong>et</strong> un générateur de gaz<br />

froid… La mission Proba-2 se déroulera sur<br />

une orbite héliosynchrone (synchronisée avec le<br />

Soleil) à 728 km d’altitude. Elle sera contrôlée<br />

depuis la station Esa de Redu (province du<br />

Luxembourg) par Redu Space Services au<br />

moyen de systèmes fournis par Spacebel. À<br />

noter que Proba-1, en orbite depuis le 22 octobre<br />

2001 continue à bien se comporter: il envoie<br />

sur demande des images de la surface terrestre.<br />

D’ores <strong>et</strong> déjà, l’Esa a commandé à Verhaert<br />

Space le Proba-V qui sera lancé en 2012 pour<br />

garantir la continuité des prises de vues<br />

Végétation.<br />

Théo PIRARD<br />

Beau temps<br />

pour les comsats<br />

En ce temps de crise économique, il n’y a pas que de nouvelles<br />

alarmantes. Les opérateurs de satellites de télécommunications<br />

<strong>et</strong> de télévision tirent parti de la transmission numérique pour<br />

proposer la haute définition (bientôt la Tv en 3D), la large bande <strong>et</strong> des<br />

services mobiles. À la conférence Satellite 2009 de Washington, D.C.,<br />

Ses (Luxembourg) <strong>et</strong> Eutelsat (Paris) ont annoncé de beaux bull<strong>et</strong>ins de<br />

santé avec des chiffres d’affaires en hausse. Ils prévoient la poursuite<br />

de leur croissance en 2009 avec la mise en œuvre de satellites plus<br />

puissants.<br />

Ensemble, Ses (qui comprend les systèmes Astra, Sirius, Americom <strong>et</strong><br />

New Skies) <strong>et</strong> Eutelsat (fort proche de l’opérateur espagnol Hispasat<br />

qui a une position dominante sur le marché latino-américain) totalisent<br />

plus de 2,5 milliards d’euros du chiffre d’affaires 2008: 387 millions<br />

d’euros de bénéfices n<strong>et</strong>s pour le premier, près de 213 pour le second.<br />

Tous deux misent sur le développement en Europe des médias numériques,<br />

de nouveaux standards Tv (haute définition, en relief), de<br />

connexions Intern<strong>et</strong> à grande capacité, de la vidéo à bord des véhicules<br />

<strong>et</strong> sur les portables… Ils ont créé une filiale commune: Solaris Mobile,<br />

basée à Dublin, pour lancer sur le marché européen la diffusion de programmes<br />

Tv <strong>et</strong> radio vers des terminaux de poche au moyen du relais<br />

en bande S du satellite W2A d’Eutelsat, qui a été lancé le 3 avril du cosmodrome<br />

de Baïkonour.<br />

Quinze satellites, destinés à l’orbite géostationnaire, à 35 800 km à<br />

l’aplomb de l’Équateur, sont en construction au cours des trois prochaines<br />

années: 9 pour Ses <strong>et</strong> ses filiales, 6 pour Eutelsat. Les plus<br />

remarquables pour renforcer <strong>et</strong> améliorer les connexions Intern<strong>et</strong> sur<br />

l’ensemble de l’Europe sont: Astra-3B (photo dans le titre), en construction<br />

chez Astrium à Toulouse, sera lancé à la fin de l’année. Ka-Sat,<br />

commandé par Eutelsat à Astrium, durant l’automne 2010. À noter que<br />

la firme Newtec contribue, avec son terminal Sat3Play (téléphone, Tv,<br />

Intern<strong>et</strong>) au succès du service Astra2Connect en bande Ku. Avec son<br />

proj<strong>et</strong> d’équipement Beamsat, il veut passer à la fréquence supérieure<br />

en démontrant la flexibilité des transmissions en bande Ka.<br />

L’Europe à l’affût de l’innovation<br />

L’Esa (Agence spatiale européenne) était à Satellite 2009, représentée<br />

par Jean-Jacques Dordain, directeur général <strong>et</strong> Magali Vaissière qui<br />

dirige les programmes de télécommunications <strong>et</strong> d’applications intégrées.<br />

Grâce aux différents vol<strong>et</strong>s de son programme Artes (Advanced<br />

Research in Telecommunication Systems), elle reste l’agence la plus<br />

active dans le développement de nouveautés technologiques pour les<br />

satellites de télécommunications. Elle établit des partenariats publicsprivés<br />

pour créer de nouvelles plates-formes <strong>et</strong> charges utiles.<br />

L’alliance Astrium-Thales Alenia Space, avec le soutien du Cnes<br />

(Centre national d’études spatiales), va tester, en 2012, l’Alphabus de<br />

517<br />

Athena <strong>252</strong> / Juin 2009


6 tonnes, dans le cadre de la mission<br />

Alphasat/Inmarsat XL, destiné à des services<br />

mobiles en bande L, spécialement pour<br />

l’Afrique <strong>et</strong> le Moyen-Orient.<br />

Par ailleurs, l’Europe spatiale a pris l’initiative<br />

de lancer des activités Iap (Integrated Applications<br />

Promotion). L’objectif est de favoriser<br />

des synergies technologiques entre les systèmes<br />

de navigation, de télédétection <strong>et</strong> de télécommunications,<br />

tant par satellites qu’avec les réseaux<br />

au sol. Ce qui va se traduire par le développement<br />

de nouveaux produits <strong>et</strong> services à valeur<br />

ajoutée, avec des emplois variés à la clef, qui<br />

vont résulter de la convergence des systèmes<br />

dans l’environnement des Tic (<strong>Technologie</strong>s de<br />

l’information <strong>et</strong> de la communication). L’Esa a<br />

défini des proj<strong>et</strong>s pilotes autour de quatre thématiques:<br />

sécurité des transports, santé dans le<br />

monde, connaissance <strong>et</strong> développement, gestion<br />

des ressources en énergie.<br />

Intern<strong>et</strong>, partout, pour tous<br />

De son côté, en juill<strong>et</strong> dernier, la Commission<br />

européenne a ouvert le marché européen des services<br />

mobiles par satellites en bande S avec<br />

l’Esap (European S-band Application Process).<br />

Face à deux concurrents américains, ce sont deux<br />

candidats-opérateurs européens qui ont été sélectionnés:<br />

Solaris Mobile Ltd (Dublin) qui a déjà<br />

un relais en orbite <strong>et</strong> Inmarsat Plc (Londres) qui<br />

peut concrétiser son proj<strong>et</strong> satellite Europasat.<br />

Ces deux systèmes doivent être en mesure, d’ici<br />

mai 2011, d’offrir l’accès au satellite pour les<br />

portables <strong>et</strong> mobiles sur l’ensemble de l’Union.<br />

L’infrastructure des connexions à large bande<br />

dans toute l’Europe fait partie des priorités que la<br />

Commission a proposées en décembre 2008<br />

dans son plan de redressement économique de<br />

l’Union. Bien des zones rurales <strong>et</strong> en dehors des<br />

villes n’ont aucun accès ou ont un accès limité à<br />

l’Intern<strong>et</strong> haut débit. Il est prévu d'investir un<br />

milliard d’euros prélevés dans les programmes<br />

de développement rural pour combler le fossé de<br />

l'Intern<strong>et</strong> entre les villes <strong>et</strong> les campagnes. Un<br />

quart (250 millions d’euros) doit être consacré à<br />

des solutions satellitaires, là où les réseaux terrestres<br />

ne peuvent répondre aux besoins d'une<br />

population trop dispersée. Le Cnes français <strong>et</strong><br />

l'Asi (Agenzia Spaziale Italiana) travaillent sur le<br />

proj<strong>et</strong> commun Athena-Fidus (Access on theatres<br />

for European allied forces nations-French<br />

Italian dual use satellite) d'un système gouvernemental<br />

en bande Ka à usage dual: le lancement<br />

du satellite est prévu pour 2012-2013 <strong>et</strong> la<br />

Belgique pourrait être associée à sa réalisation.<br />

Athena <strong>252</strong> / Juin 2009<br />

Espace<br />

Théo PIRARD<br />

En bref...<br />

En bref...<br />

S<br />

pace Week en septembre : astronautes <strong>et</strong> cosmonautes en Belgique. Ils<br />

seront neuf - avec le dixième - Frank De Winne - à bord de la<br />

station spatiale, avec qui on envisage d’entrer en communication<br />

grâce aux radioamateurs - à venir en Belgique à l’invitation de<br />

l’Euro Space Soci<strong>et</strong>y pour rencontrer les jeunes. La Space Week,<br />

organisée durant la semaine du 13 au 19 septembre, verra Dirk<br />

Frimout «piloter» dans un périple belge deux femmes astronautes (la<br />

Française Claudie Haigneré, la Japonaise Chiaki Mukai), deux<br />

Américains (John Fabian <strong>et</strong> Mario Runco), un Russe, (le candidatcosmonaute<br />

Sergey Revin), un Canadien (Chris Hadfield), un<br />

Roumain (Dumitru Prunariu) <strong>et</strong> un Malais (Sheik Muszaphar).<br />

Des rencontres-débats, avec des représentants de la communauté des<br />

astronautes <strong>et</strong> cosmonautes - elle compte 495 Terriens qui ont volé<br />

autour de leur planète -, sont programmées à Bruxelles, Malines,<br />

Liège (le 16 septembre), Transinne-Libin (le 16 septembre, pour les<br />

élèves de primaire), <strong>et</strong> Gand. Les écoles sont invitées à s’inscrire via<br />

un questionnaire sur le site http://www.spaceweek2009.com/ Ne tardez<br />

pas, car le nombre de places est limité !<br />

Belges, en avant, Mars ! On sait que la prochaine destination, après la<br />

Lune, sera la Planète Rouge… Au mieux, en 2035-2040. Sans<br />

attendre, des Américains, avec un esprit de pionniers, ont mis sur pied<br />

la Mars Soci<strong>et</strong>y qui rassemble tous ceux qui veulent préparer les<br />

Terriens à la grande aventure martienne. C<strong>et</strong>te association organise,<br />

entre autres, des simulations de séjours sur Mars dans le désert de<br />

l’Utah <strong>et</strong> sur l’île de Devon (Arctique canadien). Vladimir Pl<strong>et</strong>ser <strong>et</strong><br />

Pierre-Emmanuel Paulis, qui ont participé à ces simulations, viennent<br />

de créer la branche belge baptisée Mars Soci<strong>et</strong>y Belgium, dans le cadre<br />

de l’Euro Space Center. Ce centre éducatif consacré à l’espace, travaille<br />

sur le proj<strong>et</strong> pédagogique de Mars Camp, avec un «habitacle<br />

martien» qui sera installé dans une carrière ardennaise. Si vous êtes<br />

intéressés par rejoindre ce groupement pro-Mars, allez voir le site<br />

http://www.marssoci<strong>et</strong>y.be Et pour être dans l'ambiance martienne, allez<br />

voir les surprenants dessins de http://www.eosmarsprogram.org/<br />

Grâce à Spacebel, le B.usoc prêt pour la mission Picard. Le 30 novembre<br />

prochain, la France va satelliser, à l’aide d’un lanceur russe<br />

Dnepr, le micro-observatoire solaire Picard de 150 kg. Baptisée du<br />

nom d’un astronome français du XVIIe siècle, c<strong>et</strong>te mission a reçu<br />

un soutien financier de la Belgique. Le centre d’exploitation scientifique<br />

est installé au B.usoc (Belgian Users Support & Operations<br />

Center), implanté à l’Institut d’Aéronomie spatiale de Belgique <strong>et</strong><br />

qui gère déjà une bonne partie des données recueillies par les instruments<br />

Solar sur une plate-forme à l’extérieur de l’Iss (International<br />

Space Station). C’est la société Spacebel qui a réalisé avec succès<br />

l’équipement informatique du centre Picard à Bruxelles.<br />

518<br />

Théo PIRARD<br />

theopirard@yahoo.fr


Darwins Erben. „Die Evolution ist mehr als eine Theorie, sie ist ein Fakt", erklärt<br />

Gen<strong>et</strong>iker Jean Vandenhaute, emeritierter Professor der Facultés Universitaires<br />

Notre-Dame de la Paix in Namur, „und zwar in dem Sinne, dass die Entwicklung<br />

der Arten - von einfachen Formen (Einzellern) bis hin zu der unglaublichen<br />

Vielfalt, die die Erde im Laufe der geologischen Zeitalter gekannt hat, und der<br />

l<strong>et</strong>ztendlichen Bedrohung dieser Vielfalt - inzwischen durch zahlreiche<br />

Beobachtungen belegt ist." Professor Vandenhaute wirkte zusammen mit weiteren<br />

Wissenschaftlern an einer Initiative der Jugendorganisation Jeunesses<br />

Scientifiques de Belgique mit, die eine Reihe wissenschaftlicher Freizeitangebote<br />

für Jugendliche von 14 bis 17 Jahren entwickelt hat. Eine Präsentation<br />

von Jean-Luc Léonard.<br />

Endokrine Disruptoren, f. Pl. Das Gleichgewicht des hormonbildenden endokrinen<br />

Systems kann in vielerlei Hinsicht gestört werden, erklärt Jean-Michel Debry in<br />

seiner Rubrik Dico-Bio. Disruptoren sind Substanzen, die unsere „innere Natur"<br />

deregulieren, d.h. sie durchkreuzen Vorgänge wie Wachstum, Reproduktion,<br />

Entwicklung, Bereitstellung von Energieressourcen u.a.m. Disruptoren können<br />

also unterschiedliche „Ziele" und Wirkungen haben, beispielsweise ein Hormon<br />

nachahmen oder seine Synthese und Funktion hemmen beziehungsweise verändern.<br />

Völlig unbemerkt führen diese störenden Substanzen auf Dauer subtile Änderungen<br />

des Stoffwechsels herbei, deren Ursachen nur schwer auszumachen sind.<br />

Kartesianischer Dualismus. Das funktionale Neuroimaging hat bestimmte<br />

Hirnsubstrate unseres Bewusstseins aufgezeigt und somit vermutlich das Ende<br />

des kartesianischen Dualismus eingeläut<strong>et</strong>. Dennoch find<strong>et</strong> das, was Antonio<br />

Damasio als „Irrtum Descartes'" bezeichn<strong>et</strong>e, nämlich die Vorstellung eines<br />

immateriellen Geistes außerhalb unseres Körpers, weiterhin zahlreiche<br />

Verfechter, wie eine neuerliche Umfrage von Steven Laureys der Universität<br />

Lüttich ergab. Philippe Lambert führte ein Interview mit ihm.<br />

Das Spiel mit dem Spiegel. Vor <strong>et</strong>wa zwölf Jahren entdeckte man erstmals beim Affen<br />

und später auch beim Menschen Spiegelneuronen, die nicht nur dann aktiviert werden,<br />

wenn wir tatsächlich eine Handlung ausführen, sondern auch dann, wenn wir<br />

eine andere Person beobachten, die eine solche Handlung ausführt. Heute weiß<br />

man, dass Spiegelneuronen eine wichtige Vorauss<strong>et</strong>zung für das Nachahmen und<br />

Lernen und nicht zul<strong>et</strong>zt für die Empathie sind. Dies legt die Vermutung nahe, dass<br />

ihre Funktion bei autistischen und schizophrenen Personen gestört ist, ähnlich dem<br />

Bild in einem zerbrochenen Spiegel. Philippe Lambert erklärt.<br />

Gemeinsam mit unseren Kindern lesen. Der Sommer ist die beste Zeit für<br />

Entdeckungsreisen aller Art mit der ganzen Familie. Wie jedes Jahr zur gleichen<br />

Zeit stellt Lucie Cauwe einige Werke vor, mit denen die Kleinen und auch die<br />

Großen auf unterhaltsame Weise hinzulernen.<br />

Visum für die Welt. Gerade in Zeiten der Krise ist das Intern<strong>et</strong> eine preisgünstige<br />

Alternative, um an interessante Ausflugsziele zu gelangen. Christian Vanden<br />

Berghen verrät, wie man eine solche Intern<strong>et</strong>reise vorbereit<strong>et</strong> und Museen,<br />

Naturparks oder Ausstellungen besichtigt, ohne den Monitor zu verlassen.<br />

Wenn der Teufel im D<strong>et</strong>ail steckt. Der Mensch ist heute in der Lage, Millionen Grad<br />

zu messen, eine extrem kurze Zeitspanne zu stoppen und die Strahlung eines einzelnen<br />

Atoms einzufangen. Wissenschaftler erreichen mittlerweile ein unglaubliches<br />

Maß an Präzision, wie Paul Devuyst weiß. Doch wozu dienen diese<br />

Messungen am Rande des Messbaren?<br />

Weitere lesenswerte Rubriken:<br />

News, von Jean-Claude Quintart, S. 471-475.<br />

Bio-Info, von Jean-Michel Debry, S. 479-482;<br />

Physik-Info, von Henri Dupuis, S. 505-507.<br />

Astronomie: Der Himmel im Juli und August 2009, von Paul Devuyst, S. 512<br />

und Schlagzeilen des Kosmos..., von Yaël Nazé, S. 513.<br />

Weltall, von Théo Pirard, S. 514-518.<br />

519<br />

Inhaltsübersicht<br />

Athena n° <strong>252</strong><br />

Juin 2009<br />

Ce mensuel d'information, tiré<br />

à 13 500 exemplaires, est édité par la<br />

Département<br />

du développement<br />

technologique,<br />

Service public wallon<br />

Spw - DGO6<br />

Avenue Prince de Liège, 7 à 5100 Jambes.<br />

Téléphone vert:<br />

0800/11 901 (appel gratuit)<br />

Télécopie: 081/ 30.66.00.<br />

http://recherche-technologie.wallonie.be/<br />

Editeur responsable:<br />

Michel CHARLIER,<br />

Ir. Inspecteur général<br />

Ligne directe: 081/33.56.45.<br />

michel.charlier@spw.wallonie.be<br />

Assistante de rédaction<br />

<strong>et</strong> mise en page:<br />

Marie-Claude SOUPART<br />

Ligne directe: 081/33.56.02.<br />

marieclaude.soupart@spw.wallonie.be<br />

Impression:<br />

Les Éditions européennes<br />

Rue Thiefry, 82 à 1030 Bruxelles<br />

ISSN 0772 - 4683<br />

Ont collaboré à ce numéro:<br />

Lucie Cauwe; Jean-Michel Debry;<br />

Alain de Fooz;<br />

Henri Dupuis; Paul Devuyst;<br />

Philippe Lambert;<br />

Jean-Luc Léonard;<br />

Yaël Nazé; Théo Pirard;<br />

Jean-Claude Quintart;<br />

Christian Vanden Berghen <strong>et</strong><br />

Michel Wautel<strong>et</strong>.<br />

Traduction: Europaco.<br />

Dessinateurs:<br />

Olivier Saive <strong>et</strong> Vince.<br />

Comité de rédaction:<br />

Michel Charlier; Marc Debruxelles;<br />

Jacques Moisse; Jacques Quivy;<br />

Marie-Claude Soupart <strong>et</strong><br />

Michel Van Cromphaut.<br />

Athena <strong>252</strong> / Juin 2009


Visitez nos sites:<br />

http://recherche-technologie.wallonie.be/<br />

Athena <strong>252</strong> / Juin 2009<br />

Service public de Wallonie - DGO6<br />

Département du développement technologique<br />

Avenue Prince de Liège 7, à 5100 Jambes • Tél.: 081 33 56 02 • Fax: 081 30 66 00

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