multiphonies grm - Institut national de l'audiovisuel

32 E SAISON DE CRÉATION MUSICALE
multiphonies grm
09/10
100E ANNIVERSAIRE DE LA NAISSANCE
DE PIERRE SCHAEFFER
CONCERTS GRATUITS
33 créations / 55 compositeurs
18 concerts à Paris dont
PRÉSENCES électronique
5 décembre 2009 - 20h
Salle O. Messiaen «Akousma»
6 décembre 2009 - 18h
Salle O. Messiaen «Akousma»
9 janvier 2010 - 20h
Salle O. Messiaen «Akousma»
27 février 2010 - 20h
Salle O. Messiaen «Akousma»
28 février 2010 - 18h
Salle O. Messiaen «Akousma»
26+27+28 mars 2010 - 16h, 18, 20h
LE CENTQUATRE
6e Festival PRÉSENCES électronique
8 mai 2010 - 20h
Salle O. Messiaen «Live electronic»
9 mai 2010 - 18h
Salle O. Messiaen «Akousma»
26 juin 2010 - 20h
Salle O. Messiaen «Live electronic»
27 juin 2010 - 18h
Salle O. Messiaen «Live electronic»
lieux
SALLE OLIVIER-MESSIAEN
Maison de Radio France
116 avenue du Président Kennedy
75016 Paris
ACCÈS
RER C : station Avenue Président Kennedy / Radio France
Métro : Passy, Ranelagh, La Muette, Mirabeau
Bus : 22, 52, 70, 72
parking payant face à la Maison de Radio France
BILLETS D’ACCÈS GRATUITS À RETIRER AUX
CAISSES 30 MIN. AVANT CHAQUE CONCERT
DANS LA LIMITE DES PLACES DISPONIBLES
LE CENTQUATRE
104, rue d’Aubervilliers ou 5, rue Curial
75019 Paris
ACCÈS
RER : lignes B et D
Métro : Stalingrad , Crimée ou Riquet
Bus : ligne 54 et 60
BILLETS D’ACCÈS GRATUITS À RETIRER SUR PLACE
DANS LA LIMITE DES PLACES DISPONIBLES
Réservation possibles sur http://billetrie.104.fr/online
crédits
Programmation : Daniel Teruggi, Christian Zanési
Direction : Daniel Teruggi
Coordination de production : Philippe Dao
Régie technique : François Bonnet, Renaud Bajeux,
Émmanuel Richier, Baptiste Tanné
Création lumière : Pierre Gallais
Chargé de production : Jean-Baptiste Garcia
Communication : Marie-Josiane Rouchon
Administration : Eve Treillet
contacts
Institut national de l’audiovisuel-GRM
Maison de Radio France
116, avenue du Président Kennedy
75220 PARIS Cedex 16
Tél. 01 56 40 29 88 - Fax : 01 56 40 49 88
Email : grm@ina.fr - web : www.ina-grm.com
CD, livres, programmes radios, infos… Retrouvez tout l’Ina GRM sur www.ina-grm.com
Couverture : Tournage émission la leçon de musique 1979 - Laszlo Ruszka ©ina
32 E SAISON DE CRÉATION MUSICALE
multiphonies grm
09/10
100 E ANNIVERSAIRE DE LA NAISSANCE
DE PIERRE SCHAEFFER
Dimanche 6 décembre / 18h
«Akousma»
Pierre SCHAEFFER : Étude aux tourniquets
Christian ROSSET : Ainsi meurent, derrière les grilles, les gazelles
Gilles SIVILOTTO : Un problème quotidien
Pierre Alexandre TREMBLAY : Reflets de notre société
crépusculaire
Entracte
Dieter KAUFMANN : Lui comme elle
Elzbieta SIKORA : Chicago al fresco

2
Rushka Laszlo - © INA 1967
Pierre SCHAEFFER, né le 14 août 1910
à Nancy, est surtout connu comme
inventeur de la musique concrète et
spécialiste des mass media.
Ses trouvailles musicales (1948) et sa
longue carrière à la Radiodiffusion
Télévision Française (1935-1974), lui
ont permis de dépasser les aspects
techniques et esthétiques pour
entrevoir le rôle politique et social des
communications dans la civilisation
contemporaine.
Aussi considérait-il comme majeurs
dans sa production écrite, Le Traité des
Objets Musicaux (1966), et Machines à
communiquer (Genèse des simulacres,
1970 – Pouvoir et Communication, 1972
– Ed. du Seuil).
Musicien par tradition familiale,
ingénieur des P.T.T. après Polytechnique,
mais aussi écrivain et compositeur,
il a été le fondateur et l’animateur
d’institutions « impossibles et
nécessaires » comme :
- le Studio d’Essai en 1943,
- le Service de la Radiodiffusion de la
France d’Outre-Mer en 1953,
- le Service de la Recherche en 1960,
et sous les qualifications de « concret »
ou « expérimental »
- le Groupe de Recherches musicales
jusqu’en 1960, date à laquelle il en
cède la direction à François Bayle.
Pie r r e
SCHAEFFER
ÉTUDE AUX TOURNIQUETS
Il assure également, à partir de
1968 un séminaire de musique
expérimentale au Conservatoire
National Supérieur de Paris.
Entre 1948 et 1951 Pierre SCHAEFFER
a composé notamment les Études de
bruit, et, en collaboration avec Pierre
Henry, Symphonie pour un homme seul
et Orphée.
De 1958 à 1960 : Étude aux allures,
Étude aux sons animés, Études aux
objets.
En 1975, Le trièdre fertile (avec
Bernard Durr) et en 1979, Bilude.
Pierre Schaeffer s’éteint à Paris le 19
août 1995.
Chi C a g o al fr e s C o 2009 - 21’
création, commande Ina GRM
Octobre - Décembre 2007. Professeur
invité à l’Université de Chicago,
j’enregistre.
Des tonnes de sons : les trains, les
gens, le jazz à Green Mill, les ponts,
sous les ponts et le lac. À pied, à
bicyclette je me promène et j’avale
la ville à grands coups de bruits et de
lumières. Cette ville vit et vibre tel
le son lui-même. Je reviens à Paris.
Les sons enfermés dans une cassette
DAT, demeurent. Les lumières
restent sous les paupières. L’idée
de composer une fresque sonore
émerge.
Octobre - Décembre 2009. L’idée
prend corps. Au 116 du GRM,
j’enregistre le violon d’Anton
Martynov. Les couleurs, les bruits de
Chicago reviennent en force. Je les
apprivoise avec le son instrumental.
Je peins avec, sur le souvenir
toujours frais, al fresco, le Chicago
de ma musique.
En trois mouvements et deux
interludes.
Merci à Diego Losa pour son aide
généreuse au studio et à Elie
Mittelmann pour sa collaboration
musicale percussive.
15

© dr.
Compositeur d’origine polonaise, née
en 1943, elle vit à Paris depuis 1981.
Études de composition à Varsovie,
avec Tadeusz Baird et Zbigniew
Rudzinski, et à Paris, musique
électroacoustique avec Pierre
Schaeffer et François Bayle,
composition et analyse avec Betsy
Jolas. Co-fondatrice, avec Wojciech
Michniewski et Krzysztof Knittel
du Groupe de Compositeurs KEW
en 1973. Stages d’informatique
musicale à Paris, à l’IRCAM et aux
USA, Stanford, au CCRMA. Bourses
du Gouvernement Français, de la
Ville de Mannheim, de la Fondation
Kosciuszko. Prix aux concours de
composition à Varsovie, Dresden,
Mannheim, Bourges. Deux Prix de
la SACEM en 1994. Prix « Nouveau
Talent Musique » de la SACD en
1996. Participations à de nombreux
Festivals de musique contemporaine.
Elzbieta Sikora a reçu en 1997 la
Croix de Chevalier de l’Ordre du
Mérite de la République Polonaise et
en 2000 Künstlerinnenpreis de la Ville
de Heidelberg. Mention Spéciale de
l’Académie du Disque Lyrique 2003,
Paris. Elle a été nommée Chevalier
dans l’Ordre des Arts et des Lettres
en 2004.
De 1985 à 2008 elle est professeur
de la composition électroacoustique
elz b i e ta
siKora
CHICAGO AL FRESCO
au Conservatoire Gabriel Fauré et
à l’EESI d’Angoulême. Elle vient
d’être nommée directeur artistique
du festival Musica Electronica Nova à
Wroclaw, 14-22 mai 2011, Pologne.
Les œuvres d’Elzbieta Sikora publiées
chez PWM, Chant du Monde et
Stoklosa Editions sont jouées partout
dans le monde.
14
Étu d e au x to u r n i q u e t s 2’
La matière sonore de cette étude
est fournie par des instruments
à lamelles, exotiques ou non,
des percussions de bois, et deux
tourniquets qui donnent deux thèmes
caractéristiques.
Dans cette étude une certaine
organisation abstraite a été prévue
sous forme d’une composition initiale
due à Gaston Litaize.
Toutefois la technique recherchée
consiste précisément à s’écarter
de cette exécution, considérée
précisément comme trop sommaire.
Les thèmes principaux sont repris
à 33 tours et un certain nombre
d’articulations rythmiques ont été
isolées en vue d’une orchestration
plus ample.
3

4
© P. Alain
Né à Paris le 18 décembre 1955.
Études d’architecture à l’École des
Beaux-arts de Paris, puis à l’École
de Paris La Villette. Compose de la
musique (de chambre, instrumentale
et électroacoustique), écrit des essais
et de la critique (donc de la fiction),
fait de la radio (de « création »,
mais aussi des entretiens « à voix
nue ») et garde en mémoire le fait
d’avoir passé de longs moments
à peindre, à dessiner et à graver
avant de céder, de ce côté-là, non
sans mélancolie, à la tentation du
silence. A publié en janvier 2008
une hantologie sur la « forme bande
dessinée », Avis d’orage en fin de
journée (L’Association, collection
Éprouvette). Puis, chez le même
éditeur, en juin 2009, Corr&spondance
(avec Jean-Christophe Menu). A dirigé
la rédaction d’un livre collectif sur
Yann Paranthoën pour les éditions
Phonurgia Nova (et écrit à son
sujet un essai intitulé Le fantôme
de l’atelier). Après avoir passé un
bon mi-temps de sa vie d’adulte à
travailler pour L’Atelier de Création
Radiophonique (entre 1975 et
les premières années du nouveau
millénaire), collabore à l’émission de
France Culture, Surpris par la nuit,
puis, à partir d’octobre 2009, aux
Passagers de la nuit.
Christian
rosset
AINSI MEURENT, DERRIÈRE LES GRILLES, LES GAZELLES
Quelques compositions (sélection
arbitraire) : Musique pour la ville
d’Eudoxie (1976/1983, à partir d’une
page des Villes invisibles d’Italo
Calvino) ; Gavrinis ou l’esprit du
lieu (1983, hörspiel en collaboration
avec Paul Louis Rossi) ; La journée
du retour (1988, quatuor à cordes) ;
Le ciel sous terre (1982/1990,
musique électroacoustique réalisée
dans les studios de l’Ina-GRM) ;
Enlightenment (1991, pour 3 basses
de viole en re-recording) ; Jusqu’à
l’aube (1991, pour flûte, clarinette,
violon, violoncelle et piano) ; Hiems
(1992, pour flûte basse sonorisée,
à partir d’un texte de Pascal
Quignard) ; Cat city memories (1993,
bande réalisée dans les studios de
La muse en circuit) ; Échanges de la
lumière (1994, pour basse de viole
et sons mémorisés, commande de
l’Ina-GRM) ; 24 nocturnes (d’une
journée entre deux tempêtes)
(1994, pour violoncelle et piano) ;
Relevés d’inquiétude (1996/1997,
musique acousmatique, commande
de l’Ina-GRM) ; Trois méditations
depuis l’Écart (1998, pour piano et
sons concrets) ; Demeure (1999,
pour piano, trombone, trio à cordes
et sons mémorisés, commande de
l’Ina-GRM et de La muse en circuit) ;
lui Co m m e el l e 2009 - 18’30 - s t e r e o
Monodrame acousmatique d’après
des fragments de la pièce d’Elfriede
Jelinek « Lui pas comme lui »
(sur, avec Robert Walser)
création, commande Ina GRM
réalisée dans ses studio
Op. 108 B
voix : Gunda König
trombone solo : Renate Slepicka
traduction des textes en français :
Dieter Kaufmann/Gunda König
trois stations de réflexion :
1 – La vie
2 – La musique/la langue
3 – La mort
Fasciné par la pièce d’Elfriede
Jelinek « Lui pas comme lui », qui est
pour moi une sorte de déclaration
d’amour à l‘écrivain suisse Robert
Walser (1878-1956), j’ai d’abord
écrit sur ce texte en allemand un
« monodrame pour actrice, trombone
et orchestre », qui a été donné à
Vienne en décembre 2008 par NEUE
OPER WIEN (actrice Gunda König,
trombone Renate Slepicka, mise
en scène Johannes Erath, direction
Walter Kobera) dans la Wiener
Kammeroper.
Maintenant – un an plus tard –
j’essaie de concentrer le message de
la pièce sur trois idées : La vie / La
musique - la langue / La mort.
Pour mieux comprendre il faut
peut-être savoir que Robert Walser
a passé les 23 dernières années de sa
vie en psychiatrie sans nous laisser
un seul mot écrit de ce temps là.
Par contre Elfriede Jelinek se bat
en permanence avec une énérgie
parfois désésperée contre l’injustice
dans le monde (surtout vis à vis des
femmes).
Lui comme elle répresente des êtres
extrêmement sensibles,
qui souffrent de leur existence, mais
qui réagissent et résistent à cette
fragilité d’une façon opposée.
13

12
© E. Macumelli
1941, né à Vienne, a grandi en
Carinthie. Il étudie la composition
et la musique électroacoustique à
Vienne chez Schiske et Einem et
à Paris chez Messiaen, Leibowitz,
Pierre Schaeffer et François Bayle.
De 1970 à 2006 il enseigne ces
matières à l´Université de Musique à
Vienne. Dépuis 2001 il est Président
de l´Austro-Mechana (la societé de
droits mechaniques de musique en
Autriche).
En 1975, Dieter KAUFMANN et son
épouse, l´actrice Gunda König,
fondent le « K&K Experimentalstudio »
et se produisent de nombreuses
fois en tournée à travers l´Europe,
l´Amérique du Nord et du Sud, en
Égypte et à Taiwan.
1982-1987, K&K avait sa propre série
d´émissions de radio sur ORF (radio
autrichienne) : « Que faire avec le
son dans ma main ? »
L´œuvre de Dieter KAUFMANN se
compose de musique vocale et
instumentale, la musique d´orchestre,
de compositions électroacoustiques
et live-électronique et de nombreuses
oeuvres de théâtre musical (dont 7
opéras).
Il a reçu différents prix, le Prix
Musikprotokoll de Graz, le Prix
die t e r
Kaufmann
LUI COMME ELLE
Magisterium de Bourges/France,
le Prix Ernst Krenek de la ville de
Vienne, des prix de Carinthie, de la
ville de Vienne et de la République
d’Autriche.
Fable d’Où (1998/2001, pour piano
et sons concrets ad lib) ; Battement
(2001, pour ensemble de CD) ; Grand
calme (2002, musique acousmatique,
commande de l’Ina-GRM) ; Nachleben
(2003, musique en contrepoint
d’une conférence de Georges
Didi-Huberman : De ressemblance
à ressemblance ; Le regard de Paul
(2004, installation pour le Musée des
Beaux-Arts de Nantes, dans le cadre
de l’exposition Paul Louis Rossi,
visiteur du clair et de l’obscur) ;
Précipitations (2004, trio : piano,
violoncelle, clarinette basse, créé
par l’ensemble Aleph, commande de
la direction de la musique de Radio
France pour Alla breve) ; Ombres et
miroirs (2005, pour ensemble de CD) ;
En ligne (conversations sous l’orage)
(pour basse de viole à 6 cordes,
violoncelle et sons mémorisés,
2005-06, commande du GRM) ;
Quelques plis pour Simon Hantaï
(2008, réalisé au GRM et créé dans
le cadre de l’émission Surpris par la
nuit, en hommage au peintre dans la
résonance de sa disparition).
5

6
ain s i me u r e n t, d e r r i è r e le s gr i l l e s, l e s ga z e l l e s 2009- 10’
(hommage à Pierre Schaeffer pour
le centième anniversaire de sa
naissance)
création, commande Ina GRM
Répondre favorablement (avec
enthousiasme, même) à cette
proposition – pour moi, inattendue
– de composer un bref hommage à
Pierre Schaeffer (devant être projeté
en concert à la suite de L’Étude
aux tourniquets), ce n’était pas
seulement l’occasion rêvée de me
replonger dans l’écoute des Cinq
études de bruits dans leur version
non révisée, mais aussi celle de
frotter cette écoute à la lecture de
son « journal » des années 48/49
(publié aux Éditions du Seuil en
1952 sous le titre À la recherche
d’une musique concrète). À arpenter
ce texte qui témoigne à chaque
ligne d’un tempérament et d’une
rage de l’expression inouïs, j’ai
repéré, p.25, à la date du 2 juin
1948 (L’Étude aux tourniquets était
alors en cours d’élaboration), cette
phrase étonnante – « Ainsi meurent,
derrière les grilles, les gazelles » –
qui s’est aussitôt imposée comme
titre (et matière vocale) de cet
hommage. Il faut rappeler qu’en ces
temps pionniers, Schaeffer devait se
battre avec des musiciens bardés de
diplômes qui venaient enregistrer
en studio les partitions dénuées de
barres de mesure qu’il griffonnait
sans autre souci que de proposer des
modes de jeu non figés : une matière
première à remodeler par la suite
ne requérant d’aucune manière une
exécution maîtrisée à la perfection,
prétendument achevée. Ces
musiciens issus des conservatoires,
outrés par tant d’amateurisme et
sûrs de leur droit, rétablissaient
d’eux-mêmes ces grilles derrière
lesquelles allaient inévitablement
mourir, étouffées, privées de liberté,
les gazelles – autrement dit : les sons
vivants, légers, charmants, insolents,
nerveux dont Schaeffer ressentait
l’impératif d’une émergence
matérielle.
On sait ce qui a suivi : une
accélération du processus de la
musique concrète. Nous sommes
assez nombreux aujourd’hui à agir
en héritiers de cette époque que cet
homme a profondément marquée de
son empreinte. Et cet héritage nous
impose des devoirs, plus stimulants
que contraignants, notamment celui
de nous engager toujours plus avant
dans cette quête de liberté qui est
aussi, comme on le sait, une quête
de sens. Pour lui rendre hommage,
il faut se mettre dans la peau du
jeune Schaeffer et tenter, encore
et toujours, de concilier ouverture
et modes de fixation : comment
travailler sur support sans perdre
le sens de l’échappée ; comment
gouverner, organiser les sons sans
devenir leur dictateur…
Mais, au fond, qu’est-ce que
composer, matériellement,
concrètement, un hommage ?
J’entends avant tout ceci : suivre un
programme exigeant et libertaire ;
ne faire ni analyse, ni commentaire,
ni exercice d’admiration, ni exercice
de style ; développer plutôt une
conversation, un échange rêvé entre
ref l e t s de no t r e so C i É t É Cr É P u s C u l a i r e 2009 - 21’
création, commande Ina GRM
I. avortements (éclats de liberté)
II. rapports bruit signal
(éclats d’égalité)
III. seuls dans un désert d’homme
(éclats de fraternité)
« Premier devoir, au lever : rougir de
soi. »
(E.M. Cioran, Le mauvais
démiurge)
11

10
© dr.
Pierre Alexandre TREMBLAY, né à
Montréal en 1975, s’investit dans
divers projets tant à la guitare
basse, qu’aux manipulations
sonores. Il enseigne la composition
et l’improvisation à l’université de
Huddersfield en Angleterre. Il est
membre des groupes ars circa musicæ
et de type inconnu.
Il a signé son premier album de
musique acousmatique sur Empreintes
DIGITALes en 2006, a lancé le premier
opus d’ars circa musicæ en 2007 et
en 2008, le septième de l’ensemble
de jazz contemporain [iks] qu’il a
dirigé pendant onze ans. En 2009,
il a publié la rage, suite de 50
minutes pour batteur de free-jazz
et électroniques. Il a travaillé aussi
en studio sur des projets de musique
populaires comme réalisateur et
comme bassiste, et s’intéresse à la
vidéomusique et au DSP.
Il consacre le reste de son temps (sic)
à la lecture, à la photographie, et
à sa famille. Fondateur du collectif
no-tv, il ne possède pas de téléviseur
fonctionnel.
Pie r r e al e x a n d r e
tremblaY
REFLETS DE NOTRE SOCIÉTÉ CRÉPUSCULAIRE
un vivant et un « cher disparu ».
Je n’ai pas connu personnellement
Pierre Schaeffer (au-delà d’une
proximité de façade lors de certaines
réunions éphémères). J’ai donc
eu besoin d’entendre sa voix, de
l’intégrer à « ma » pièce. Je l’ai
trouvée, enregistrée à l’époque où il
composait L’Étude aux tourniquets,
dans le premier des CD joints au
copieux Portrait polychrome qui lui
a été récemment consacré. Je me
suis permis d’emprunter les derniers
mots d’une conférence tenue en
public le 5 décembre 1949 sur Le
pouvoir créateur de la machine.
Je remercie ceux qui ont prononcé
la phrase de Pierre Schaeffer (Ainsi
meurent…) dans l’intimité du studio
116C : Jean-François Néollier,
Virginie Vincienne et mes plus jeunes
enfants Tim et Alix.
Et dédie naturellement cette pièce à
Christian Zanesi.
Christian ROSSET
7

8
© dr.
Gilles SIVILOTTO né en 1964 à Hyères,
vit et travaille à Paris.
Après des études d’Arts plastiques
et des débuts comme trompettiste
et chanteur dans un orchestre
de variétés. II étudie la musique
électroacoustique avec Michel
Pascal au CIRM de Nice et au
California Institute of the Arts (USA
1989-90) où sous l’impulsion du
compositeur Mel Powel il s’initie à
l’écriture instrumentale. À cette
époque il travaille à la réalisation
d’ installations sonores interactives,
et devient par la suite compositeur
associé au GMEM (Marseille).
De 1993 à 1995 il est compositeur
stagiaire à l’IRCAM (Paris) où il
suit les cours de Tristan Murail et
Brian Ferneyough et développe des
exemples d’applications musicales
de logiciels ; il y a également été
assistant de Jean-Claude Risset.
Parallèlement à la musique
contemporaine, il réalise les
musiques de plusieurs jeux vidéo
(Chine, intrigue dans la cité interdite,
Odyssée, Hellboy, Les nouvelles
aventures de la machine à remonter le
temps, Le secret du Nautilus) pour les
compagnies CRYO interactive, T.Bot,
Viacom et Canal+ Multimédia.
Il compose également pour la
gil l e s
siVilotto
UN PROBLÈME QUOTIDIEN
télévision et le théâtre, notamment
depuis 2001pour la compagnie
La Jacquerie (Villejuif) et collabore
aux travaux de Laurent Chambert
(Arts plastiques), Camille Perreau
(Théâtre de rue) et Cristina de Melho
(poésie sonore).
Depuis 2004, il s’est produit plusieurs
fois sur scène au sampler avec le
groupe Rose et Noire, et au sein de
l’Université du sang vert aux côtés
de Jean-Louis Clos et Jean-Luc
Therminarias.
Il a récemment participé à la création
musicale de Pavlova 3’23, spectacle
chorégraphique de Mathilde Monnier.
un Pr o b l è m e quotidien 2006 - 9’32
commande du GMEM
Cette pièce en cinq parties a été
réalisée à partir de l’enregistrement
d’un texte improvisé en grec par
Anastasia Golema, ayant pour
thème la perte des objets de tous
les jours ; dans ce cas précis, clefs
d’appartement et de voitures,
agenda téléphonique et nécessaire de
maquillage.
Emprunté à l’écrivain George Pérec,
ce sujet est ici prétexte à différents
modes déclamatoires : murmures,
grommellements, lamentations en
parlé-chanté, points de départ
d’un travail d’amplification musicale
de la théâtralité du texte.
Les matériaux sonores entourant
la voix ont été prélevés dans
l’environnement intime du
personnage : cuisine et chambre à
coucher avec fenêtre sur cour. J’ai
tenté de constamment maintenir le
déroulement de l’action en lisière de
la narration ou de l’illustration ; je
cherche par là un équilibre instable
entre deux attitudes musicales :
l’une plutôt « abstraite », purement
vibratoire et une autre plus proche
du domaine de la représentation.
9