Histoire de la dermatologie latino-américaine - Bibliothèque ...
Histoire de la dermatologie latino-américaine - Bibliothèque ...
Histoire de la dermatologie latino-américaine - Bibliothèque ...
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
Histoire de la
dermatologie
latino-américaine
Sous la direction de
Ricardo Galimberti
Adrián Martín Pierini
Andrea Bettina Cervini
HISTOIRE DE LA
DERMATOLOGIE
LATINO-AMÉRICAINE
Histoire de la dermatologie latino-américaine, sous la direction de Ricardo Galimberti,
Adrián Martín Pierini et Andrea Bettina Cervini.
Ce livre a été réalisé à l’initiative du comité d’organisation du XXI e Congrès mondial
de dermatologie.
Rédigé par 73 auteurs représentant la communauté dermatologique latino-américaine,
il constitue le cadeau officiel du XXI e Congrès mondial de dermatologie, organisé
à Buenos Aires du 1 er au 5 octobre 2007.
L’Histoire de la dermatologie latino-américaine est publiée grâce à un fonds éducatif
sans restriction des Laboratoires Pierre Fabre Dermo-Cosmétique.
Coordination éditoriale : Andrea Bettina Cervini
Révision des contenus : Andrea Bettina Cervini, Amelia Marta Laterza, Adrián Martín Pierini
Édition technique : Margarita Pierini
Conception des intérieurs : Petits Papiers, Toulouse (France)
Composition typographique, mise en pages et correction : Rafael Centeno
Couverture : Mariana Nemitz
Traduction française : Thierry Boulenger
© 2007, Éditions Privat
10, rue des Arts
BP 38028
31080 Toulouse Cedex 6
ISBN : 978-2-7089-5866-1
Dépôt légal : avril 2007
Couverture : statuettes préhispaniques présentant des lésions cutanées.
Sous la direction de
RICARDO GALIMBERTI, ADRIÁN MARTÍN PIERINI,
ANDREA BETTINA CERVINI
HISTOIRE DE LA
DERMATOLOGIE
LATINO-AMÉRICAINE
LABORATOIRES PIERRE FABRE
AUTEURS DU LIVRE HISTOIRE DE LA DERMATOLOGIE LATINO-AMÉRICAINE AYANT ASSISTÉ À LA SOIRÉE DU 17 NOVEMBRE 2005
À CARTHAGÈNE, COLOMBIE, DANS LE CADRE DU XIV E CONGRÈS IBÉRO-LATINO-AMÉRICAIN DE DERMATOLOGIE (CILAD)
Alfredo Abreu Daniel (Cuba) ; Gilberto Adame Miranda (Mexique) ; Danielle Alencar-Ponte (Colombie) ; Claudio Arias Argudo (Équateur) ;
M. Isabel Arias Gómez (Mexique) ; Eduardo Baños (El Salvador) ; Antonio Barrera Arenales (Colombie) ; Zuño Burstein Alva (Pérou) ;
Andrea Bettina Cervini (Argentine) ; Mauricio Coello Uriguen (Équateur) ; Paulo R. Cunha (Brésil) ; Luis Flores-Cevallos (Pérou) ; Elbio
Flores-Cevallos (Pérou) ; Ricardo Galimberti (Argentine) ; Pedro García Zubillaga (Argentine) ; Jaime Gil Jaramillo (Colombie) ; Flavio
Gómez Vargas (Colombie) ; Rubén Guarda Tatín (Chili) ; Enrique Hernández Pérez (El Salvador) ; Alfredo Lander Marcano (Venezuela) ;
Franklin Madero Izaguirre (Équateur) ; Fernando Magill (Pérou) ; Graciela Manzur (Argentine) ; Aldo Edgar Martínez Campos (Nicaragua) ;
José A. Mássimo (Argentine) ; Jairo Mesa Cock (Colombie) ; Martha Miniño (République dominicaine) ; Isaac Neira Cuadra (Nicaragua) ;
León Neumann Scheffer (Mexique) ; Yolanda Ortiz (Mexique) ; Adrián Martín Pierini (Argentine) ; Jaime Piquero Martín (Venezuela) ;
Leana Quintanilla (El Salvador) ; Roberto Rampoldi (Uruguay) ; Antonio Rondón Lugo (Venezuela) ; Amado Saúl (Mexique) ; Eduardo
Silva-Lizama (Guatemala) ; César Iván Varela Hernández (Colombie) ; Mirta Vázquez (Argentine) ; Alberto Woscoff (Argentine).
LISTE DES AUTEURS
ABREU DANIEL, ALFREDO (Cuba). Professeur consultant. Président de la Société cubaine de
dermatologie. Chef du groupe national de dermatologie du ministère de la Santé
publique de Cuba.
ADAME MIRANDA, GILBERTO (Mexique). Dermatologue, consultation au cabinet médical.
Président de l’Académie mexicaine de dermatologie (2006-2007).
ALENCAR-PONTE, DANIELLE (Colombie). Spécialiste en dermatologie et clinique médicale.
Diplômée en programmation neurolinguistique. Dermatologue. Service médical de
l’université del Valle.
ALMODÓVAR, PABLO I. (Porto Rico). Professeur associé du département de dermatologie de
l’école de médecine, université de Porto Rico.
AMOR GARCÍA, FRANCISCO (Uruguay). Chef du service de dermatologie. Ministère de la Santé
publique. Montevideo.
ARENAS, ROBERTO (Mexique). Président du Collège ibéro-latino-américain de dermatologie
(2003-2007).
ARIAS ARGUDO, CLAUDIO (Équateur). Président de l’Académie équatorienne de médecine.
Ancien professeur des chaires de médecine interne et de dermatologie de l’université
de Cuenca et de l’université catholique.
ARIAS GÓMEZ, M. ISABEL (Mexique). Dermatologue, consultation au cabinet médical.
BAÑOS, JULIO EDUARDO (El Salvador). Président de l’Association dermatologique du Salvador.
BARRERA ARENALES, ANTONIO (Colombie). Président de l’Association colombienne de
dermatologie et de chirurgie dermatologique. Ancien président de l’Association
colombienne de dermatologie pédiatrique. Ancien président de l’Association
colombienne de dermato-pathologie.
BORES, AMALIA M. (Argentine). Médecin dermatologue. Enseignante en sciences de la santé et
formation des enseignants. Orientation dermatologie et histoire de la médecine.
BORES, INÉS A. (Argentine). Médecin dermatologue. Enseignante en sciences de la santé et
formation des enseignants. Orientation dermatologie et histoire de la médecine.
BURSTEIN ALVA, ZUÑO (Pérou). Professeur émérite, Universidad Nacional Mayor de San
Marcos, Lima (dermatologie et médecine tropicale). Membre de l’Académie nationale
de médecine, Pérou. Chercheur permanent de l’Institut de médecine tropicale Daniel
A. Carrión, UNMSM, Lima (dermatologie sanitaire).
CÁCERES, HÉCTOR (Pérou). Médecin dermatologue pédiatre. Institut de la santé de l’enfant,
Lima. Professeur de dermatologie. Université péruvienne Cayetano Heredia.
Président de la Société latino-américaine de dermatologie pédiatrique.
CAMPOS MACÍAS, PABLO (Mexique). Département de dermatologie, hôpital Aranda de la Parra,
León, Gto. Faculté de médecine, université de Guanajuato.
CÁRDENAS UZQUIANO, FERNANDO (Bolivie) (✝). Professeur émérite, Universidad Mayor de San
Andrés.
7
LISTE DES AUTEURS
8
CERVINI, ANDREA BETTINA (Argentine). Médecin dermatologue. Médecin assistante du service de
dermatologie de l’hôpital de pédiatrie Pr. Dr. Juan P. Garrahan, Buenos Aires, Argentine.
Enseignante rattachée, orientation dermatologie, université de Buenos Aires.
COELLO URIGUEN, MAURICIO (Équateur). Médecin dermatologue. Société équatorienne de
dermatologie, Noyau de l’Azuay.
CORREA, JULIO (Paraguay). Médecin dermatologue. Membre actif de la Société paraguayenne
de dermatologie.
CUNHA, PAULO R. (Brésil). Professeur autonome de la faculté de médecine de l’université de
Sao Paulo. Professeur titulaire de dermatologie de la faculté de médecine de Jundiaí.
Post-Doctorat à la New York University.
DE LEÓN G., SUZZETTE (Guatemala). Chef de l’unité d’enseignement de l’Institut de
dermatologie et de chirurgie de la peau.
DÍAZ ALMEIDA, JOSÉ G. (Cuba). Professeur émérite. Docteur ès sciences médicales. Chef de la
chaire de dermatologie de la faculté des sciences médicales General Calixto García.
DIEZ DE MEDINA, JUAN CARLOS (Bolivie). Chef de l’enseignement et de la recherche de la
Fondation « Peau », Bolivie.
FAIZAL GEAGEA, MICHEL (Colombie). Coordinateur. Professeur associé, unité de dermatologie,
université nationale de Colombie. Directeur du département de médecine interne
de l’université nationale de Colombie.
FALABELLA, RAFAEL (Colombie). Professeur émérite. Chef du service de dermatologie,
université del Valle, Cali, Colombie.
FLORES-CEVALLOS, ELBIO (Pérou). Professeur de chirurgie de la tête et du cou de la faculté de
médecine de San Fernando Universidad Nacional Mayor de San Marcos, Lima.
Fondateur et ancien chef du service d’enseignement et d’assistance de chirurgie de la
tête et du cou de l’hôpital général national Dos de Mayo, Lima.
FLORES-CEVALLOS, LUIS (Pérou). Professeur de dermatologie de la faculté de médecine de San
Fernando Universidad Nacional Mayor de San Marcos, Lima. Fondateur du service
d’enseignement et d’assistance de dermatologie, hôpital Edgardo Rebagliati Martins,
et ancien directeur.
GALIMBERTI, RICARDO (Argentine). Chef du service de dermatologie de l’hôpital Italiano de
Buenos Aires. Professeur régulier adjoint de l’université nationale de Buenos Aires.
Professeur adjoint de l’école de médecine de l’hôpital Italiano de Buenos Aires.
GARCÍA ZUBILLAGA, PEDRO (Argentine). Pédiatre. Dermatologue universitaire. Enseignant
rattaché de dermatologie, faculté de médecine de l’université de Buenos Aires.
Dermatologue pédiatre à l’hôpital pour enfants Ricardo Gutiérrez.
GIL JARAMILLO, JAIME (Colombie). Professeur du service de dermatologie, université libre de
Cali. Dermatologue. Institut des sécurités sociales de Cali.
GÓMEZ VARGAS, FLAVIO (Colombie). Ancien président de l’Association colombienne de
dermatologie et de chirurgie dermatologique. Ancien professeur titulaire, service de
dermatologie, université de Antioquia.
GONZÁLEZ ROJAS, CARLOS HORACIO (Colombie). Ancien président de l’Association colombienne
de dermatologie et de chirurgie dermatologique. Ancien président de l’Association
colombienne de dermatologie pédiatrique. Ancien président du Collège ibéroaméricain
de cryochirurgie.
GREENBERG CORDERO, PETER A. (Guatemala). Directeur médical de l’Institut de dermatologie et
de chirurgie de la peau. Membre de l’académie guatémaltèque de dermatologie.
GUARDA TATÍN, RUBÉN (Chili). Ancien président de la société chilienne de dermatologie et de
vénéréologie (1986-1990). Ancien professeur associé de dermatologie de la faculté de
médecine de l’université du Chili.
GUTIÉRREZ ALDANA, GUILLERMO (Colombie). Ancien chef, professeur titulaire et professeur émérite
du service de dermatologie de l’université nationale de Colombie. Ancien président de
l’Association colombienne de dermatologie et de chirurgie dermatologique.
Histoire de la dermatologie latino-américaine
HALPERT, EVELYNE (Colombie). Chef de la section de dermatologie pédiatrique de la Fondation
Santa Fe de Bogotá. Médecin dermatologue de l’université de Antioquia et
dermatologue infantile de l’Institut national de pédiatrie DIF du Mexique.
HERNÁNDEZ PÉREZ, ENRIQUE (El Salvador). Directeur du Centre de dermatologie et de chirurgie
cosmétique de San Salvador. Président de la Mesoamerican Academy of Cosmetic
Surgery et membre du Groupe d’actualités thérapeutiques dermatologiques.
ISA ISA, RAFAEL (République dominicaine). Médecin dermatologue, épidémiologiste et
mycologue. Directeur général du IDCP–DHBD. Vice-président du CILAD.
LANDER MARCANO, ALFREDO (Venezuela). Président de la Société vénézuélienne de
dermatologie et de chirurgie dermatologique.
MADERO IZAGUIRRE, FRANKLIN (Équateur). Médecin dermatologue. Professeur de la
spécialisation en dermatologie à l’université de Guayaquil. Chef du service de
dermatologie pédiatrique de l’hôpital de l’enfant Dr Francisco de Ycaza Bustamante.
Dermatologue pédiatre de l’hôpital pour enfants Dr Roberto Gilbert E.
MADERO IZAGUIRRE, MAURO (Équateur). Professeur principal d’histoire de la médecine,
d’immunologie basique et d’immunologie clinique, université catholique de Santiago
de Guayaquil. Professeur de la spécialisation en dermatologie, université de
Guayaquil. Chef du service d’allergie de l’hôpital Dr Teodoro Maldonado Carbo.
IESS Guayaquil.
MAGILL, FERNANDO (Pérou). Président de la RADLA 2004.
MANZUR, GRACIELA (Argentine). Pédiatre-néonatologue. Dermatologue universitaire.
Dermatologue pédiatre à l’hôpital pour enfants Ricardo Gutiérrez.
MARTÍNEZ CAMPOS, ALDO EDGAR (Nicaragua). Médecin dermatologue. Professeur titulaire de la
chaire de dermatologie, faculté de médecine de l’université américaine.
MÁSSIMO, JOSÉ ANTONIO (Argentine). Docteur en médecine. Pédiatre. Dermatologue
universitaire. Directeur du cursus de dermatologie pédiatrique de la faculté de
médecine de l’université de Buenos Aires. Chef du service de dermatologie de
l’hôpital pour enfants Ricardo Gutierrez.
MESA COCK, JAIRO (Colombie). Ancien chef du service et professeur titulaire de dermatologie
de l’université de Caldas. Directeur du site Internet de l’Association colombienne de
dermatologie et de chirurgie dermatologique.
MINIÑO, MARTHA (République dominicaine). Médecin pathologiste, dermatologue et dermatopathologiste.
Éditrice de la Revista Dominicana de Dermatología et au IDCP / DHBD.
MONTENEGRO LÓPEZ, GALO (Équateur). Médecin dermatologue, service de dermatologie,
hôpital Carlos Andrade Marín, Quito.
NEIRA CUADRA, JORGE ISAAC (Nicaragua). Médecin dermatologue. Professeur auxiliaire de la
chaire de dermatologie de la faculté de médecine de l’université américaine.
Professeur auxiliaire de la chaire de spécialisation en dermatologie de la faculté de
médecine, université nationale autonome du Nicaragua, Managua.
NEUMANN SCHEFFER, LEÓN (Mexique). Ancien président de la Société mexicaine de chirurgie
dermatologique et oncologique.
ORTIZ, YOLANDA (Mexique). Professeur de dermatologie I.P.N. Chef du service de l’hôpital
Juárez du Mexique.
PIERINI, ADRIÁN MARTÍN (Argentine). Chef du service de dermatologie de l’hôpital de pédiatrie
Pr. Dr Juan P. Garrahan. Professeur adjoint de dermatologie. Faculté de médecine,
université de Buenos Aires.
PIERINI, LUIS DAVID (Argentine). Ancien chef du service de neurologie des hôpitaux Torcuato
de Alvear et Ignacio Pirovano, Buenos Aires, Argentine. Ancien enseignant de
neurologie de l’université de Buenos Aires (UBA). Ancien membre titulaire du tribunal
d’honneur du Collège argentin de neurologues cliniques.
PIQUERO MARTÍN, JAIME (Venezuela). Chef du service de dermatologie de l’hôpital Vargas de
Caracas. Institut de biomédecine.
9
LISTE DES AUTEURS
QUINTANILLA SÁNCHEZ, LEANA (El Salvador). Secrétaire de l’Association dermatologique du
Salvador.
QUIÑONES, CÉSAR (Porto Rico). Professeur associé ad honorem au département de
dermatologie de l’école de médecine de l’université de Porto Rico.
RAMPOLDI BESTARD, ROBERTO (Uruguay). Médecin dermatologue.
REYES FLORES, OSCAR (Venezuela). Membre honoraire de la Société vénézuélienne de
dermatologie et de chirurgie dermatologique.
RONDÓN LUGO, ANTONIO (Venezuela). Chef de la chaire de dermatologie de l’école de médecine
José M. Vargas, UCV.
RUIZ MALDONADO, RAMÓN (Mexique). Professeur titulaire de dermatologie et de dermatologie
pédiatrique, université nationale autonome du Mexique. Chercheur national niveau
III du système national de chercheurs, chercheur en sciences médicales « F » des
Instituts nationaux de la santé.
SAÚL, AMADO (Mexique). Professeur de dermatologie UNAM et IPN. Consultant technique du
service de dermatologie de l’hôpital général de Mexico.
SILVA-LIZAMA, EDUARDO (Guatemala). Chef de l’unité de dermatologie, centre médical militaire,
Guatemala. Coordinateur de la chaire de dermatologie de la faculté de médecine de
l’université Mariano Gálvez. Regional editor For Central American Activities,
International Journal of Dermatology. Membre du conseil éditorial de Medicina
Cutánea Ibero Latinoamericana. Membre de l’Association guatémaltèque de
dermatologie, de la Société centre-américaine de dermatologie, du CILAD, de
l’International Society of Dermatology et de l’American Academy of Dermatology.
TRUJILLO REINA, BENJAMÍN (Venezuela). Vice-président de la Société vénézuélienne de
dermatologie et de chirurgie dermatologique.
URQUIZU DÁVILA, PABLO HUMBERTO (Guatemala). Chef de l’unité de dermatologie, Département
de médecine interne, hôpital Roosevelt. Ancien président de l’Association
guatémaltèque de dermatologie, membre de la société centre-américaine de
dermatologie, du Collège ibéro-latino-américain de dermatologie et de l’American
Academy of Dermatology.
VALDIVIA BLONDET, LUIS (Pérou). Professeur principal de dermatologie, Universidad Nacional
Mayor de San Marcos.
VALLE, LIDIA E. (Argentine). Dermatologue universitaire. Enseignante rattachée de
dermatologie (UBA). Professeur universitaire en médecine (UCS).
VARELA HERNÁNDEZ, CÉSAR IVÁN (Colombie). Professeur ad honorem au service de
dermatologie, département de médecine interne, université del Valle. Président
fondateur de l’Association d’histoire de la dermatologie colombienne. Ancien
président de l’Association colombienne de dermatologie et de chirurgie
dermatologique, région Valle del Cauca.
VARGAS MONTIEL, HERNÁN (Venezuela). Chef du service de dermatologie de l’hôpital de
Maracaibo.
VÁZQUEZ, MIRTA (Argentine). Médecin pédiatre du service de pédiatrie de l’hôpital Pirovano.
VELÁSQUEZ BERRUECOS, JUAN PEDRO (Colombie). Ancien président de l’Association colombienne
de dermatologie et de chirurgie dermatologique. Ancien chef du service de
dermatologie de l’université de Antioquia. Ancien professeur titulaire du service de
dermatologie de l’université de Antioquia.
VIGLIOGLIA, PABLO A. (Argentine). Professeur émérite, université de Buenos Aires.
VIGNALE, RAÚL (Uruguay). Professeur émérite de la chaire de dermatologie de la faculté de
médecine. Chef du service de dermatologie, ministère de la Santé publique,
Montevideo.
WOSCOFF, ALBERTO (Argentine). Professeur consultant titulaire, université de Buenos Aires.
SOMMAIRE
PROLOGUE : LE DÉBUT D’UN CHEMIN (RICARDO GALIMBERTI, ADRIÁN MARTÍN PIERINI,
ANDREA BETTINA CERVINI) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .17
HISTOIRE DE LA DERMATOLOGIE DANS LES CULTURES INDIGÈNES ARGENTINES
(LUIS DAVID PIERINI) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .19
Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .19
Les groupes indigènes : botanique médicale, géographie médicale, pathologies . . . .20
Les groupes Brasilio-Guaranis et Chaco Littoral . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .20
Les groupes du Nord-Ouest . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .27
Le groupe andin et des Sierras centrales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .28
Pampas, Querandis et Puelches . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .28
Patagons ou Tehuelches . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .29
Extrême Sud magellanique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .30
Épilogue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .30
Conclusions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .30
Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .31
HISTOIRE DE LA DERMATOLOGIE ARGENTINE (PABLO A. VIGLIOGLIA, ALBERTO
WOSCOFF) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .33
L’époque coloniale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .33
Les origines de la dermatologie argentine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .33
L’époque de Baliña et de Greco . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .34
L’époque de Pierini et de Quiroga . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .35
L’ère actuelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .37
La fédéralisation de la dermatologie argentine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .40
L’activité internationale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .44
Les différentes sous-spécialités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .45
Revues de la spécialité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .48
Livres de la spécialité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .48
Maîtres de la dermatologie argentine (SAD) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .50
Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .50
DERMATOLOGIE : ART ET CULTURE (AMALIA M. BORES, INÉS A. BORES, LIDIA E. VALLE) 51
La dermatologie dans la littérature . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .51
La médecine populaire. Les guérisseurs et la magie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .52
Les moulages en cire. La photographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .56
Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .56
11
ÍNDICE
12
HISTOIRE DE L’ASSOCIATION ARGENTINE DE DERMATOLOGIE PÉDIATRIQUE
(JOSÉ ANTONIO MÁSSIMO, PEDRO GARCÍA ZUBILLAGA, GRACIELA MANZUR, MIRTA VÁZQUEZ) . . . .59
COMPTE RENDU HISTORIQUE DE LA SOCIÉTÉ BOLIVIENNE DE DERMATOLOGIE
(FERNANDO CÁRDENAS UZQUIANO, JUAN CARLOS DIEZ DE MEDINA) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .67
Avant sa fondation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .67
Depuis sa fondation jusqu’à fin 1985 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .68
Depuis 1986 jusqu’à nos jours . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .70
LA DERMATOLOGIE ET LES DERMATOLOGUES AU BRÉSIL (PAULO R. CUNHA) . . . . .73
Le Brésil et la dermatologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .73
Première étape : les bénédictions des payés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .73
L’étape préscientifique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .73
L´étape scientifique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .77
Personnalités historiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .81
La dermatologie dans les États . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .88
La Société brésilienne de dermatologie (SBD) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .89
L’histoire de la RADLA . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .112
Quelques maladies et leur traitement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .112
Les défis de la dermatologie pour le nouveau millénaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .114
Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .115
HISTOIRE DE LA DERMATOLOGIE EN COLOMBIE (CÉSAR IVÁN VARELA HERNÁNDEZ)
(COLLABORATEURS : DANIELLE ALENCAR-PONTE, ANTONIO BARRERA ARENALES, MICHEL FAIZAL
GEAGEA, JAIME GIL JARAMILLO, FLAVIO GÓMEZ VARGAS, CARLOS HORACIO GONZÁLEZ ROJAS,
GUILLERMO GUTIÉRREZ ALDANA, JAIRO MESA COCK, JUAN PEDRO VELÁSQUEZ BERRUECOS) . . . .117
La dermatologie précolombienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .117
La dermatologie depuis la découverte de l’Amérique jusqu’à l’époque coloniale.
L’influence de la Conquête et les nouvelles maladies . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .121
La dermatologie depuis l’époque coloniale jusqu’à nos jours . . . . . . . . . . . . . . . . . . .122
Histoire de la recherche, l’infectiologie et les sous-spécialités . . . . . . . . . . . . . . . . . .130
Institutions dermatologiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .137
Publications scientifiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .142
Activités scientifiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .143
L’enseignement de la spécialité : les écoles-services de dermatologie . . . . . . . . . . . .144
Dermatologie, art et culture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .149
Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .154
COMPTE RENDU HISTORIQUE DE LA DERMATOLOGIE À CUBA (JOSÉ G. DÍAZ
ALMEIDA, ALFREDO ABREU DANIEL) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .157
Période coloniale (1509-1902) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .157
Période de la république libérale bourgeoise (1902-1958) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .158
Période de la révolution socialiste (de 1959 à nos jours) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .162
Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .167
ESQUISSE HISTORIQUE DE LA DERMATOLOGIE CHILIENNE (RUBÉN GUARDA TATÍN) . . .169
La dermatologie comme spécialité au Chili . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .169
L’enseignement de la dermatologie au Chili . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .174
Compte rendu de quelques disciplines dermatologiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .181
Histoire de la Société chilienne de dermatologie et vénéréologie . . . . . . . . . . . . . . . .185
Publications dermatologiques au Chili . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .190
Réunions scientifiques nationales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .190
Histoire de la dermatologie latino-américaine
La dermatologie chilienne sur le plan international . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .191
Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .193
HISTOIRE DE LA DERMATOLOGIE ÉQUATORIENNE (MAURO MADERO IZAGUIRRE,
FRANKLIN MADERO IZAGUIRRE, GALO MONTENEGRO LÓPEZ, MAURICIO COELLO URIGUEN, CLAUDIO
ARIAS ARGUDO) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .195
I. La dermatologie dans la région côtière ou littoral . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Aspects historiques : Époque préhispanique. La Conquête. Époque coloniale.
L’indépendance (1820-1830). Époque républicaine (1830-1900). Première partie
du XXe siècle (1900-1950). La dermatologie comme spécialité (1950-2005).
Fondation de la Société équatorienne de dermatologie. La dermatologie équatorienne
actuelle. Grands dermatologues équatoriens. Références bibliographiques
II. La dermatologie à Quito . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .207
III. La dermatologie de l’Azuay . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .210
La dermatologie à l’époque préhispanique. La dermatologie à l’époque hispanique
et prérépublicaine. La dermatologie à l’époque républicaine. Fondation
officielle de l’université de Cuenca. Compte rendu historique de la Société équatorienne
de dermatologie-Noyau de l’Azuay. Références bibliographiques
LA DERMATOLOGIE AU SALVADOR (JULIO EDUARDO BAÑOS, ENRIQUE HERNÁNDEZ PÉREZ,
LEANA QUINTANILLA SÁNCHEZ) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .225
HISTOIRE DE LA DERMATOLOGIE AU GUATEMALA (EDUARDO SILVA-LIZAMA, PABLO
HUMBERTO URQUIZU DÁVILA, PETER GREENBERG CORDERO, SUZETTE DE LEÓN G.) . . . . . . . . .231
La dermatologie précolombienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .231
La dermatologie pendant la Conquête . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .239
La dermatologie depuis l’époque coloniale jusqu’à nos jours . . . . . . . . . . . . . . . . . . .240
Sociétés dermatologiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .247
Enseignement de la dermatologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .249
Institut de dermatologie et chirurgie de la peau (INDERMA) . . . . . . . . . . . . . . . . . . .251
La dermatologie dans la littérature. La dermatologie populaire, les guérisseurs,
la magie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .253
Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .263
HISTOIRE DE LA DERMATOLOGIE AU MEXIQUE (GILBERTO ADAME MIRANDA,
MARIA ISABEL ARIAS GÓMEZ, ROBERTO ARENAS, PABLO CAMPOS MACÍAS, LEÓN NEUMANN
SCHEFFER, YOLANDA ORTIZ, RAMÓN RUIZ MALDONADO, AMADO SAÚL) . . . . . . . . . . . . . . . . . .265
Époque préhispanique ou précolombienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .265
Époque coloniale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .268
Époque de l’indépendance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .271
Époque contemporaine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .272
Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .274
Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .275
HISTOIRE DE LA DERMATOLOGIE PÉDIATRIQUE AU MEXIQUE (RAMÓN RUIZ
MALDONADO) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .277
HISTOIRE DE LA DERMATOLOGIE NICARAGUAYENNE (ALDO EDGAR MARTÍNEZ
CAMPOS, JORGE ISAAC NEIRA CUADRA) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .281
Développement de la spécialité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .281
Personnalités remarquables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .283
13
ÍNDICE
14
L’Association nicaraguayenne de dermatologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .287
Le centre national de dermatologie Dr Francisco José Gómez Urcuyo . . . . . . . . . . . .287
L’enseignement dermatologique au Nicaragua . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .288
Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .290
NOTES SUR L’HISTOIRE DE LA DERMATOLOGIE AU PARAGUAY (JULIO CORREA) . .291
À titre de prologue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .291
La population d’Amérique. L’homme américain . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .292
Territoire du Paraguay. Découverte. Colonie. Indépendance. Guerre de la Triple
Alliance (1865-1870) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .294
Les Guaranis : la médecine empirique et son application aux maladies générales
et cutanées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .297
Aspects historiques de la médecine au Paraguay. Relation avec la dermatologie . . .303
Compte rendu de la Société paraguayenne de dermatologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . .305
Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .308
HISTOIRE DE LA DERMATOLOGIE AU PÉROU (ELBIO FLORES-CEVALLOS,
LUIS FLORES-CEVALLOS, ZUÑO BURSTEIN) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .309
Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .309
I . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .310
La dermatologie à l’époque précolombienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .310
La dermatologie à l’époque de la Conquête et de la vice-royauté . . . . . . . . . . . . .315
La dermatologie pendant les cent premières années de la République . . . . . . . . .318
II . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .319
Histoire des institutions dermatologiques au Pérou . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .319
Histoire des publications scientifiques dermatologiques au Pérou . . . . . . . . . . . .322
Quelques précurseurs de la dermatologie au Pérou . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .323
L’école dermatologique du Pr. Aizic Cotlear à l’hôpital Dos de Mayo . . . . . . . . . .337
Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .339
III . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .339
Histoire de la formalisation légale de la spécialité au Pérou . . . . . . . . . . . . . . . .339
Premier programme universitaire de spécialisation dermatologique au Pérou . . .341
Aspects historiques des instituts de médecine tropicale et de la recherche
scientifique dermatologique au Pérou . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .345
Histoire succincte de quelques maladies au Pérou : leishmaniose tégumentaire ;
maladie de Carrión (verrue péruvienne) ; lèpre et son contrôle . . . . . . . . . . . . . .348
Législation péruvienne pour le contrôle des MST. Histoire des dispositions
légales en vigueur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .360
Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .364
NOTES SUR L’HISTOIRE DE LA DERMATOLOGIE PÉRUVIENNE
(LUIS VALDIVIA BLONDET) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .367
Époque précolombienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .367
La Conquête, la vice-royauté et les premières années de la République . . . . . . . . . .368
L’enseignement dermatologique sous la République depuis 1856 jusqu’à nos jours . . .369
Les sociétés scientifiques de la spécialité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .374
Épilogue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .378
Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .379
HISTOIRE DE LA DERMATOLOGIE À PORTO RICO (CÉSAR QUIÑONES, PABLO I.
ALMODÓVAR) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .381
La médecine précolombienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .381
Histoire de la Dermatologie Latino-Américaine
De l’arrivée de Colomb au changement de souveraineté . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .382
La dermatologie académique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .383
La recherche scientifique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .385
La lèpre à Porto Rico . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .385
Associations de dermatologues . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .386
Communication . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .386
HISTOIRE DE LA DERMATOLOGIE EN RÉPUBLIQUE DOMINICAINE (MARTHA MINIÑO,
RAFAEL ISA ISA) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .387
La dermatologie précolombienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .387
La dermatologie de l’époque coloniale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .388
La dermatologie au temps de la République . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .389
La dermatologie au XX e siècle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .390
Développement des sous-spécialités de la dermatologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .393
Publications . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .394
L’enseignement de la dermatologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .394
Vers la fin du XX e siècle et le début du XXI e siècle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .396
Dermatologie et art . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .396
Dermatologie et magie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .396
Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .397
LES INDIGÈNES DE L’URUGUAY ET LEUR RAPPORT À LA DERMATOLOGIE
(ROBERTO RAMPOLDI BESTARD) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .399
Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .399
Les voyages dans le Paranaguazú (Rio de la Plata) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .402
L’Uruguay indigène . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .403
Pratiques curatives générales et dermatologiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .405
Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .410
HISTOIRE DE LA DERMATOLOGIE EN URUGUAY (RAÚL VIGNALE)
(COLLABORATEUR : FRANCISCO AMOR GARCÍA) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .413
Prologue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .413
Le premier soin hospitalier à Montevideo . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .414
Portrait des figures les plus importantes de la dermatologie en Uruguay,
XIX e et XX e siècles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .415
Hôpitaux possédant des services de dermatologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .419
Hôpitaux dépendant du ministère de la Santé publique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .419
Hôpitaux indépendants du ministère de la Santé publique et de la faculté
de médecine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .421
Histoire des publications dermatologiques des XIX e et XX e siècles . . . . . . . . . . . . . . . .422
Congrès, symposiums et journées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .424
La Société de dermatologie de l’Uruguay . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .425
Histoire et évolution de la lutte contre les maladies sexuellement transmissibles
en Uruguay . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .426
Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .428
HISTOIRE DE LA DERMATOLOGIE AU VENEZUELA (ALFREDO LANDER MARCANO, JAIME
PIQUERO-MARTÍN, ANTONIO RONDÓN LUGO, OSCAR REYES FLORES, BENJAMÍN TRUJILLO
REINA,HERNÁN VARGAS MONTIEL) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .429
Conception : de l’époque des indigènes jusqu’à 1904 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .429
Naissance : de 1905 à 1946 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .432
Développement : de 1946 jusqu’à nos jours . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .435
15
ÍNDICE
Sous-spécialités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .436
Histoire de la Société vénézuélienne de dermatologie et de chirurgie
dermatologique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .437
Histoire de la dermatologie dans les provinces . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .440
Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .442
LE COLLÈGE IBÉRO-LATINO-AMÉRICAIN DE DERMATOLOGIE (CILAD)
(ROBERTO ARENAS) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .443
RÉUNION ANNUELLE DES DERMATOLOGUES LATINO-AMÉRICAINS (RADLA)
(FERNANDO MAGILL) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .447
DÉVELOPPEMENT DE LA DERMATOLOGIE PÉDIATRIQUE EN AMÉRIQUE LATINE
(EVELYNE HALPERT, RAMÓN RUIZ MALDONADO, HÉCTOR CÁCERES) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .451
L’AVENIR DE LA DERMATOLOGIE EN AMÉRIQUE LATINE (RAFAEL FALABELLA) . . . .453
ÉPILOGUE (LES ÉDITEURS) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .459
INDEX DES NOMS PROPRES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .461
PROLOGUE
LE DÉBUT D’UN CHEMIN
RICARDO GALIMBERTI, ADRIÁN MARTÍN PIERINI,
ANDREA BETTINA CERVINI
Nous sommes rentrés de Paris en juillet 2002 et, dans nos valises, dans nos esprits
et dans nos cœurs, nous portions non seulement le souvenir de tout ce que nous avions
appris durant le congrès mais aussi la joie immense et la responsabilité d’être chargés
d’organiser le XXI e Congrès mondial de dermatologie à Buenos Aires.
Pour la première fois un pays d’Amérique du Sud accueillerait l’événement le plus
important de la dermatologie mondiale. Le rêve de nos maîtres devenait réalité.
Cette réussite disposait du soutien des Sociétés dermatologiques latino-américaines,
appui toujours présent et qui s’accroît chaque jour.
Nous avons été saisis par la magnifique Histoire de la dermatologie française et nous
avons aperçu là le début d’un chemin.
Dès le début, Pierre Fabre Dermo-Cosmétique a soutenu la réalisation de ce livre que
nous présentons aujourd’hui : Histoire de la dermatologie latino-américaine.
Cet ouvrage n’aurait pu voir le jour sans l’aval des Sociétés dermatologiques latinoaméricaines,
et c’est notre devoir de remarquer, par sa valeur sans égale, l’enthousiasme
et la rapidité avec lesquelles les coauteurs ont répondu à notre appel. Sans aucun doute
ils ont facilité notre travail mais ils ont aussi accru notre responsabilité devant une telle
participation.
Si nous parlons de « début d’un chemin », c’est parce que nous croyons que cette
Histoire de la dermatologie latino-américaine est, tant elle fait preuve d’un esprit de collaboration
sans mesquinerie ni préjugés, l’acte inaugural de notre plus précieux objectif
en tant que dermatologues de ce continent : l’union de la dermatologie latino-américaine,
tout en respectant nos différences qui, au lieu de nous éloigner, nous surprennent
et nous unissent, afin d’apprendre les uns des autres.
Pour parvenir à cette union, nous comptons sur :
1. notre passion pour la dermatologie, pour l’étude et le soin de l’organe d’expression par
excellence, non seulement des faits de notre organisme mais surtout de notre qualité de vie;
2. nos origines communes, puisque nous partageons tous des racines latines, ce qui
aide à la compréhension de nos problèmes, à nos recherches, à nos objectifs.
L’Amérique latine possède une histoire très riche depuis l’époque précolombienne,
dans les cultures indigènes dont les traces persistent encore dans les coutumes de nos
peuples. La colonisation a apporté la modernité, pas toujours appropriée au bien-être de
l’homme, mais en définitive enrichissante pour la santé de nos populations.
17
RICARDO GALIMBERTI, ADRIÁN MARTÍN PIERINI, ANDREA BETTINA CERVINI
Presque toutes les Sociétés latino-américaines de dermatologie s’expriment dans
cette Histoire, à travers le souvenir de leurs racines, leurs chercheurs et leurs maîtres,
moyennant un effort que les générations à venir apprécieront.
Nous vivons ce livre comme le début du chemin de l’unité latino-américaine.
Ne perdons pas le nord.
Unissons nos efforts pour approfondir la connaissance de nos pathologies régionales.
Unissons nos efforts pour effectuer des recherches conjointes.
Unissons nos volontés pour organiser des activités scientifiques partagées stimulant
la participation de tous et rendant plus profitable leur coût de réalisation.
Unissons nos capacités en quête d’objectifs permettant d’améliorer la santé de notre
population et d’optimiser intégralement sa qualité de vie.
Nous voulons remercier tous les collaborateurs directs et indirects, ainsi que les
Laboratoires Pierre Fabre Dermo-Cosmétique, notamment M. Jacques Fabre, M me Colette
Arrighi et M. Philippe Constant, pour leur sensibilité et générosité en soutenant ce projet
de la dermatologie latino-américaine. ■
HISTOIRE DE LA
DERMATOLOGIE DANS
LES CULTURES
INDIGÈNES
ARGENTINES
LUIS DAVID PIERINI
À la mémoire de mon père, Luis E. Pierini, qui fut heureux de
savoir que ma spécialité était en rapport avec l’ectoderme.
■ Introduction
« Les empires de l’avenir se construiront sur la connaissance. » Albert Einstein
« Le livre est le plus surprenant des multiples instruments de l’homme. Les
autres sont des extensions de son corps. Le microscope, le télescope, sont des
extensions de sa vue, le téléphone une extension de sa voix, mais le livre est
une autre chose ; le livre est une extension de la mémoire et de l’imagination.
C’est l’une des possibilités des hommes d’être heureux. » Jorge Luis Borges
La dermatologie argentine débuta avec l’arrivée des conquistadors hispaniques. Ils
transmirent leurs maux, amenèrent des esclaves malades et développèrent à la fois des
maladies cutanées endémiques.
La médecine aborigène, avec ses hauts et ses bas, a su répondre aux besoins de nombreux
groupes de population, qui créèrent des systèmes de soins à partir de la magie, de
la religion et de l’empirisme, guérissant des maladies et des épidémies chroniques.
Les Espagnols exprimèrent leur admiration pour certaines techniques et modalités
des indigènes, profitant souvent des précieuses propriétés thérapeutiques des espèces
végétales qu’ils envoyèrent plus tard en Espagne. Il faut reconnaître le travail de Nicolás
Monardes pour sa classification des plantes à utilisation pharmacologique, employées
avec un grand succès en Europe après l’entreprise de la colonisation.
Nicolás V. Greco et Marcial Ignacio Quiroga sont considérés comme les premiers
historiens de la dermatologie argentine. Tous deux stimulèrent la connaissance de la
19
LUIS DAVID PIERINI
spécialité et de ses caractéristiques didactiques et encouragèrent ses adeptes, tout
comme l’étude de la lèpre dans notre pays.
Dans son analyse critique universelle de 1944, Nicolás V. Greco rapporte les avatars
de la dermatologie, qui débuta lorsque Baldomero Sommer présenta sa thèse de doctorat
en 1884. Sommer fut le premier professeur à se consacrer à l’enseignement des maladies
cutanées en Argentine (1892).
Marcial Ignacio Quiroga, une personnalité éclectique, académicien de médecine et
d’histoire, décrivit avec maturité l’évolution de la lèpre en Argentine.
■ Les groupes indigènes : botanique médicale,
géographie médicale, pathologies
Les groupes indigènes: botanique médicale, géographie médicale, pathologies
Le mot aborigène dérive du latin aborigines, formé de ab : « depuis » et origo: «origines
», et celui-ci de oriri : « naître ». Par conséquent, « depuis les origines » on appelle
aborigènes les natifs du territoire que l’on habite.
Le flot migratoire entraîna d’horribles épidémies au sein de ces groupes primitifs.
La variole fut l’une des premières maladies diffusées de façon épidémique. Les indigènes
l’appelèrent mal ou maladie des Espagnols, car selon leur tradition, peut-être bien fondée,
ils ne connurent la variole qu’à partir de l’arrivée des Espagnols en Amérique. « L’horreur
de ces Indiens est indicible, et sans tort, car entrant dans leurs tentes, ils meurent aussi
nombreux que leurs populations deviennent désertées », écrivait un chroniqueur.
Selon les traditions orales, la variole, la lèpre et la tuberculose étaient des maladies
inconnues avant la conquête.
Suivant Fiz Fernández, mais avec de légères modifications de notre part, les paragraphes
suivants détaillent la classification de nos aborigènes:
I. Brasilio-Guaranis et groupe Chaco littoral, membres de l’ensemble guarani. Il comprend,
outre les propres Guaranis, les Guaycurus (Tobas, Mocobis ou Mocovis, Abipons,
Pilagas), Matacos, Wichis et Charruas, ces derniers liés aux Pampas.
II. Groupes du Nord-Ouest: ils comprennent les Omahuacas, les Apatamas de la Puna
et les Diaguitas calchaqui, avec une grande influence inca.
III. Groupe andin et des Sierras centrales: il comprend les Pehuenches, les Huarpes,
les Comechingones de Córdoba, les Sanavirones du Río Dulce ou du Río Negro, les Tonocotés
de Santiago del Estero, les Lules et Vilelas de Tucumán et les péricordillérans,
ayant tous une enculturation inca.
IV. Pampas: le groupe comprend les Querandis, les Pampas et les Puelches.
V. Patagons ou Tehuelches.
VI. Extrême sud magellanique: Onas, Yaganes et Alacalufes.
Grands naturalistes et excellents empiristes, guidés par des herboristes reconnus,
ces aborigènes appliquèrent aux besoins de leur époque la botanique locale. Nous exposerons
ensuite de manière extrêmement succincte les caractéristiques de ces
groupes.
■ Les groupes Brasilio-Guaranis et Chaco Littoral et Chaco littoral
20
Ils formaient le groupe aborigène le plus nombreux du pays. L’historien Pedro de
Angelis croit que guaraní provient de gua: « peinture », ra: « taché » et ni: signe du
pluriel. C’est-à-dire qu’ils étaient les tachés de peinture, ceux qui se peignent. Il écrit:
« Ils couvrent leur corps avec de la peinture noire, rouge et jaune, pour se protéger de
la rigueur du soleil, en guise de filtres et de protecteurs solaires actuels. »
Au moment de perdre ses colonies, l’Espagne ne connaissait même pas l’existence de
quelques-unes de ces tribus éparpillées dans l’immensité de la forêt vierge en raison de
leur habitat sauvage. De ce fait, l’extermination presque totale d’un bon nombre de ces
tribus n’est pas tellement due à l’action de la conquête mais plutôt aux conséquences désastreuses
des épidémies qu’elles durent subir depuis l’arrivée des Européens.
Rappelons que l’étymologie du mot Chaco indique le grand nombre de nations qui
peuplent cette région.
1. Guaranis
Histoire de la dermatologie dans les cultures indigènes argentines
Ils pratiquaient le tatouage*, non seulement comme ornement mais à des fins curatives
pour des patients souffrant d’affections données, au moyen d’incisions faites sur la
peau de la région dorsale et fessière. Ces tatouages étaient appelés « hygiéniques » lorsqu’ils
servaient à soulager la fatigue après des marches accablantes.
Plusieurs tribus pratiquèrent ce rituel ancestral. Les expressions de l’anthropologue
Rubén Palavecino sont opportunes; il dit à propos des natifs du Chaco: « Le tatouage du
visage est une habitude extrêmement diffusée, commençant chez les pubères et progressant
avec l’âge. L’opération est presque toujours pratiquée par les vieilles de la tribu,
moyennant le tracé d’un dessin qui sert de guide. La ponction de la peau se fait avec des
épines de cactus ou de poisson, ou bien avec des aiguilles d’os, suivie par l’introduction
d’une matière colorante puis d’un frictionnement énergique. »
Cependant, l’ornement masculin par excellence était le tembetá, de formes et substances
diverses, par exemple: du plomb avec des incrustations de turquoise ou de bois
de palo borracho (Chorisia speciosa). Cela représentait le courage, l’agressivité, et c’était
un signe distinctif des jeunes guerriers et des chasseurs.
BOTANIQUE MÉDICALE
Le riche réservoir phytogéographique tropical et subtropical fut employé pour guérir
les affections; son application dépendait des vertus magiques de la flore ou de la conception
théurgique de la maladie.
Copahu (Copaifera officinalis) (bâton à huile): cette plante produit une huile résineuse
employée pour guérir les plaies, les ulcérations et les maladies vénériennes. C’est
l’un des médicaments les plus anciens du Nouveau Continent.
Salsepareille (Zarzaparrilla smilaxsifilítica): en cuisson ou en solution — macération
en vin —, elle jouit d’un prestige thérapeutique pour les affections dermatologiques telles
que la gale et les maladies vénériennes, diffusées par les Espagnols. Elle possédait aussi
une action sudorifique.
Sauge: appliquée sur la superficie cutanée, elle servait à faire fuir les insectes.
Mangle (Conocarpus erecta ou Bucia erecta): sa racine rôtie était employée chez les
personnes qui avaient été piquées par les raies.
Carqueja (Yaguareté Caá) (Baccaris chispa): indiquée même aujourd’hui en infusion
(thé) pour soulager les dyskinésies biliaires, elle était appliquée en ulcérations vénériennes
et chez les lépreux.
Anguay, copal ou benjuí (Styrax leprosus): c’est un arbre d’un bois incorruptible et
imputrescible, utilisé pour construire les églises primitives. On en extrayait un baume
auquel on attribuait des vertus curatives et que l’on appliquait sur des plaies, des ulcérations
et des lésions osseuses.
Les sorciers payés adoptèrent sa résine aromatique pour enfumer, comme avec de
* Le mot tatouage est originaire des îles d’Océanie, des Canacos polynésiens. Tatahu dérive de ta : « dessin » et
désigne d’une manière générale les marques et les signes faits sur le corps.
21
LUIS DAVID PIERINI
22
l’encens, l’endroit où ils réalisaient leurs rituels; de là le nom iberá payé, mots guaranis
dont le sens littéral est « arbre des sorciers ».
Contrahierba (Dorstenia contra hierba): elle était utilisée dans des bains tièdes et
sous forme d’encens afin de traiter certaines formes de paralysie. On l’employait aussi
contre la rougeole et la variole. Ses feuilles et ses racines pilées étaient appliquées pour
soigner des ulcères torpides et des piqûres de serpents.
Arbre corail, « chop » (Erythinia cristagalli): très abondant sur les côtes du Paraná
et ses affluents, les indigènes se servirent de son écorce et de ses bourgeons pour préparer
des cuissons et des baumes qu’ils appliquaient sur les plaies provoquées par des
griffures ou des morsures de jaguar.
Rocou (Bixia orellana): arbre de 2 à 5 mètres de haut, qui pousse du Mexique jusqu’à
la province de Chaco, toujours à l’est de la cordillère. C’est une espèce aux fleurs
voyantes, dont les graines contiennent deux substances colorantes: l’une est jaune (orellina)
et l’autre rouge (cinabre). Cette dernière était employée pour protéger la peau car
l’onguent tempérait les rayons ultraviolets. La rocourisation consistait à s’enduire tous
les jours le corps de la première substance pour éviter les piqûres protéiformes
d’insectes. Indissoluble, elle résistait aux bains et à la sueur.
Moisés Bertoni note dans ses Mémoires que tout le corps et le visage des indigènes
présentaient une teinte d’un rouge spécial, pâle brillant, qui leur donnait un aspect
bizarre mais point désagréable à la vue et au toucher car toute trace ou cicatrice s’effaçait,
la peau étant satinée. La couleur rouge qu’ils exhibaient fit naître le concept erroné
qu’il existait une race rouge parmi les aborigènes sud-américains.
Les Indiens Yaguas et les guerriers Xikriu, habitants du grand bassin de l’Amazone et
de l’Orénoque, utilisent toujours le rocou, tout comme leurs ancêtres, pour faire fuir les
insectes et teindre leurs vêtements.
Tabac (Nicotiana tabacum): c’est la première espèce botanique mentionnée dans les
références littéraires européennes immédiatement ultérieures à la Découverte, constituées
à partir des cahiers de bord de Christophe Colomb.
À l’aube du Nouveau Monde, on utilisait le tabac pour le fumer et l’aspirer comme du
tabac à priser. Il était habituel d’en sucer le jus et de boire l’eau de ses feuilles macérées.
Il existait un lien net entre le culte et la médecine, car avant certaines cérémonies — comme
l’initiation des adolescents —, on buvait du jus de tabac et on l’aspirait par voie nasale.
On mentionne également son utilisation en aspersion ou en solution colorante pour décorer
la peau.
Avant l’époque précolombienne, on l’employait aussi comme principe actif pour les
douleurs et les piqûres, la gale et l’érysipèle. Les documents disponibles ne nous permettent
pas d’affirmer que le tabac fût cultivé à cette époque sur le territoire argentin actuel.
Le tabac est la seule plante nocive que nous héritâmes de nos aborigènes.
GÉOGRAPHIE MÉDICALE
Juan Carlos Boudin dirait que l’homme ne naît, ne vit, ne souffre ni ne meurt de la
même manière selon les différents endroits du monde. La conception, la naissance, la
vie, la maladie et la mort varient selon le climat et le sol, selon les saisons et les mois,
selon la race et la nationalité.
Les chroniques enregistrent une incidence manifeste des pathologies tropicales et
subtropicales parmi les Guaranis. Entérite, entérocolite, ankylostomiase, dysenterie,
paludisme, necatorose et autres parasitoses font partie de ces infestations par vers, némathelminthes
et plathelminthes. Des arthropodes venimeux tels que les myriapodes,
les scorpions et les araignées provoquaient beaucoup d’accidents à cause de leur poison.
Les insectes transmetteurs et vecteurs de maladies tels que les mouches, les moustiques,
les puces et les poux contribuèrent également à maintenir un taux de morbidité
significatif.
Nous devons aussi rappeler les maladies importées: la tuberculose, la variole et, selon
certaines théories, la syphilis, entre autres, qui provoquaient d’innombrables décès.
2. Guaycurus
Histoire de la dermatologie dans les cultures indigènes argentines
D’après Salvador Canals Frau, la grande famille des Guaycurus avait une origine patagonique
et était composée des Tobas, des Mocovis, des Abipons, des Pilagas, des Payaguas
et des Mbayes. Les deux derniers groupes disparurent il y a longtemps.
Comme trait général, il faut remarquer que les hommes peignaient leur corps au lieu
de mettre des vêtements.
A) TOBAS
La médecine native traditionnelle des Tobas possède une pharmacopée éclectique appliquée
aux plaies, aux fractures, aux entorses, aux ulcérations, aux morsures et aux parasitoses.
Des substances diverses appartenant aux deux autres royaumes de la nature
enrichissent la vaste étagère pharmacologique de ces populations primitives, où le rituel,
les cantiques, le son monotone des tambours, la fumée du tabac, les conjurations et les
invocations d’agents surnaturels, dramatisés par le médecin-sorcier, créent le contexte
thérapeutique adéquat aux structures sociales de la communauté.
B) MOCOBIS OU MOCOVIS
Selon un chroniqueur, « ils soignaient les blessures en les attachant à peine, tout
comme les fractures des os, et ils ont une chair si saine qu’en peu de temps elle se soude
et gonfle peu. Et ils ont même vu un Indien, égratigné par un tigre aux griffes vénéneuses,
guérir sans aucune enflure ».
Tatouages, ornements
Tout comme leurs voisins, les Abipons s’exercèrent à l’art du tatouage. Pour les filles,
on réalisait des gravures sur leur buste. Selon la description du Père Manuel Canelas,
cette opération se faisait en utilisant certaines épines enduites de couleurs diverses,
notamment le noir et le bleu. « La douleur et l’enflure qu’elles subissaient, restant
enfermées un mois environ, souffrant jusqu’à paraître monstrueuses, [étaient] pour
devenir belles, [mais] seulement à leur avis. » Les zones lacrymales, les angles externes
de l’œil et la zone située entre les sourcils représentaient les autres endroits privilégiés.
Médecine
Bien que les enfants fussent habitués à la nature hostile car ils déambulaient nus, ils
ne purent pas éviter les piqûres d’insectes, spécialement des moustiques, malgré l’effort
de leurs parents pour les atténuer. Ils utilisaient pour cela de la graisse de nandou ou de
poisson qu’ils mélangeaient à des résines et qu’ils frictionnaient ensuite sur toute la superficie
corporelle.
Ils étaient également torturés par la chique, nom vulgaire de la nigua (Sarcopsylla
penetrans) en Argentine et au Paraguay. Cet agent est une puce de l’Amérique tropicale
et subtropicale qui attaque l’homme en pénétrant sous l’épiderme des pieds, notamment
les ongles. Ses petits œufs ont une couleur jaune, ils n’émergent pas vers l’extérieur et
se développent au niveau des plans sous-tégumentaires. Ils forment de petits abcès exigeant
parfois un drainage chirurgical. Cette affection douloureuse, accompagnée de prurit
et d’autres dermatoses, était traitée avec des préparations à base de graisse et de
poudre de cantharide.
Les mycoses cutanées, la syphilis, les réactions dermatologiques probablement d’origine
allergique et la leishmaniose étaient traitées avec de la graisse phosphorée, comme
le musc de yacaré.
23
LUIS DAVID PIERINI
24
Les premières descriptions des témoignages historiques correspondant à des périodes
différentes du nomadisme et du sédentarisme des Mocovis coïncident avec leur affirmation
que, grâce à la sélection naturelle propre, les maladies étaient rares, sauf les maladies
épidémiques. Lorsque ces pathologies se diffusaient, tous les indigènes fuyaient. On
ne connaissait pas de pire calamité. En conséquence, la mère ou le père s’éloignaient et
laissaient les enfants affectés dans le plus grand abandon; ils plaçaient une cruche d’eau
juste au chevet du lit, de la viande rôtie et des fruits sauvages.
En 1745, une épidémie dévastatrice attaqua 30 peuplades du Paraguay et ses voisines,
fauchant la vie de 72 000 natifs de toutes âges. En 1760, San Javier, la zone où habitaient
les indiens mocovis convertis au christianisme, dans la province de Santa Fe,
connut une nouvelle recrudescence de l’épidémie, qui tua 800 aborigènes.
Quant aux médicaments — la vaccination antivariolique d’Edward Jenner ne se diffusera
comme prophylaxie qu’à partir de 1796 —, l’eau d’orge et de lin, l’eau sucrée avec
des pépins de pastèque ou de melon comme boisson rafraîchissante, et des calebasses
pilées étaient les ressources pharmacologiques de cette époque.
Herboristerie
Nous mentionnerons quelques spécimens:
Mistol (Ziziphus mistol): connu également des autres ethnies, cet arbre à belle allure est
très répandu dans les bois de Santa Fe et de Santiago del Estero. Il produit un fruit doux,
rouge, avec lequel on fait l’aloja; ses feuilles sont utilisées pour soigner les blessures.
Cebil : plante de la famille des mimosées; ses feuilles et son écorce macérées furent
appliquées comme emplâtre sur les lésions mutilantes de la lèpre.
Guayacán : outre son pouvoir de soulager les maladies rhumatisantes et les algies de
la goutte, sa résine fut employée pour neutraliser les complications de la troisième
période de la syphilis. Nos indigènes buvaient ses feuilles et son écorce en infusion
comme fortifiant général.
Palmier pindo ou palmier grand (Coco Romango flianum): cette espèce très appréciée
pour la construction des toits des habitations était également utilisée pour la fabrication
de plusieurs ustensiles, et ses bourgeons servaient de nourriture.
Cette variété héberge un vers blanc de la taille d’un doigt que les natifs appellent
tombú. Le docteur Esteban Laureano Maradona raconte qu’en mettant ce ver — « ver
à donner la chair de poule » — au feu, il sécrète une huile que les indigènes utilisent
pour soigner les blessures. Ils mangent sa chair cuite comme s’il s’agissait de viande
grillée.
Ortie dioca (Ortie majeure): dans la médecine populaire et aborigène, elle est indiquée
pour quasiment tous les systèmes et les appareils. On en faisait l’éloge pour sa fonction
galactogène et diurétique, et pour son action sur le follicule pileux.
Solimán ou canine de serpent : il fut employé par les aborigènes comme antiophidien.
Les zones fréquentées par les autochtones, où pullulent le serpent de corail (Elaps
corallino), le serpent à sonnette (Crotalus terrificus) et le serpent de la croix ou yarará
(Lachesis alternatus), dont les piqûres peuvent être mortelles, font partie d’un vaste territoire
propice à l’ophidisme.
Capucine: elle fut employée en cuisson pour neutraliser des affections dermatologiques,
le scorbut et diverses formes de tuberculose pulmonaire.
C) ABIPONS
Herboristerie
La variété botanique polychrome permit aux natifs du Grand Chaco de créer une sorte
de pharmacopée où se rassemblaient des connaissances empiriques et de sorcellerie
chamanique. Nous mentionnerons quelques variétés:
Abariguay : on préparait un baume employé pour guérir les blessures. Les indigènes
croyaient que son application buccale arrêtait les hémorragies et les accès de toux.
Ambay (Cecropia adenopus): il fut mentionné comme traitement antivénérien et
comme élément de friction pour obtenir du feu.
Quinoa: plante légumineuse qui servait comme aliment et qui en plus était appliquée
comme cataplasme sur la partie blessée ou traumatisée.
Salsepareille: contre les morsures et les piqûres d’animaux venimeux.
Pathologies
Malgré la constitution privilégié des Abipons, les maladies surgies de l’écologie régionale,
les insectes et les parasites, les guerres internes et externes, ajoutés aux affections
transmises par l’homme blanc, entraînèrent quasiment l’extinction de cette race. Les
épidémies firent également sentir leurs effets; en 1734, la variole tua 30 000 habitants,
adultes et enfants.
Un autre fléau mentionné est le « pique », « bestiole de pied » ou agrani, mot abipon
qui signifie « bâillon ».
Ces groupes reconnurent l’action hématophage du triatome (vinchuca ou Triatoma infestans),
qu’ils appelaient « sangsue ailée », ainsi que les complications produites par les
piqûres de guêpes, d’arachnides et de scorpions.
Symboles de beauté
La perforation des oreilles se faisait avec de petits morceaux d’os, des éclats de bois
ou de petites cornes de cerf; on introduisait ensuite une feuille de palmier enroulée qui
servait à agrandir l’orifice par distension, afin que le lobe puisse tomber jusqu’à l’épaule.
Le tatouage, diffusé entre les cultures américaines, découvrait son expression raffinée
parmi les Abipons, qui scarifiaient la peau du visage, de la poitrine et des bras. Le
ciseau primitif était une épine rigide qui fixait dans le derme des teintures végétales, de
la suie et des cendres. Les filigranes de ce sceau indélébile constituèrent un blason de
différenciation tribale.
Quasiment tous les peuples de Paracuaria * étaient tatoués. Les Abipons reconnurent
cet art sous le nom de likinranala. Consultés sur la signification ou la cause de cette coutume
barbare, les aborigènes répondaient qu’ils l’avaient héritée de leurs ancêtres. Ce
supplice durait cinq jours, pendant lesquels l’adolescente restait enfermée dans sa hutte,
couverte d’une peau, se privant de certains aliments comme la viande et le poisson. Les
séances répétées et rapprochées illuminaient le visage, provoquant œdème et tuméfaction.
Depuis leur plus jeune âge, les filles s’épilaient les sourcils et les cils, et se rasaient
partiellement la chevelure comme élément d’identification tribale.
D) PILAGAS
Histoire de la dermatologie dans les cultures indigènes argentines
Ornement
Pour peigner leurs cheveux, très abondants, ils se servaient de peignes fabriqués avec
des petits bâtons; ils portaient aussi des boucles d’oreilles fabriquées avec ces mêmes
éléments. Nous allons nous attarder sur la perforation des oreilles: ces mutilations
étaient pratiquées chez les deux sexes, en introduisant des boutons de bois ou des
feuilles de palmier enroulées. Le trou se dilatait jusqu’à permettre le passage d’un disque
de 4 à 5 centimètres.
Ils pratiquaient l’épilation et décoraient leur peau avec des peintures diverses. Ils
marchaient habituellement pieds nus.
* Paracuaria : vaste zone d’Amérique du Sud où se sont installées les missions jésuites; sa capitale était Córdoba
del Tucumán.
25
LUIS DAVID PIERINI
26
Tatouages
Le tatouage se diffusa beaucoup parmi les Pilagas du fleuve Pilcomayo. Cet art magique et
difficile était pratiqué avec des aiguilles de cardon, en frottant sur la peau pointillée diverses substances,
dont la suie. Les tatouages des enfants représentaient des figures géométriques: des
ovales, des cercles et des losanges, divisés par des diamètres, des diagonales et des rectangles.
Les réponses données quant aux motivations de ces tatouages étaient : « c’est la
marque pilaga », « c’est pour qu’ils n’aient pas la peste » ou « pour être immunisé ».
3. Matacos
Botanique médicale
Les naturalistes qui s’enfoncèrent dans l’intimité de l’épaisseur amazonienne ou qui
atteignirent les bords de ses rivières rassemblèrent des observations phytologiques
exceptionnelles. Nous mentionnerons quelques espèces:
Palo santo (ou palo bendito ou guayacán): toutes les tribus du Nord-Est l’employaient
pour des affections diverses. Le frère jésuite Pedro de Montenegro, chirurgien et herboriste
réputé du Paraguay, résuma dans sa Materia médica [Matière médicale], écrite au début du
XVIII e siècle, toutes les applications de cette variété arborescente. Connu en Europe comme
une panacée, il fut utilisé pour traiter la syphilis, les arthropathies et les troubles de la circulation.
La résine de l’écorce servait dans ces préparations et on lui attribuait des propriétés
diurétiques, diaphorétiques et cathartiques. La résine, mélangée à la graisse d’autruche
ou de poisson et appliquée sur la peau, faisait fuir les moustiques. Actuellement le palo santo
entre dans la composition des produits antimoustiques.
Ceibo ou seibo: l’écorce pilée fut utilisée comme cataplasme sur les morsures d’animaux.
Les prescriptions populaires pour le traitement d’ulcères, de rectites, d’hémorroïdes
et de vaginites l’utilisent toujours sous forme de cuisson.
Yetibay ou jalapa: le jus de ses fleurs tout juste pressées fut employé pour les otites
infantiles et les éruptions herpétiques.
Ayuy ou laurier: arbre d’un bois résistant, ses fruits furent employés pour traiter les
troubles digestifs infantiles et la scrofulose; trituré avec du miel, il était appliqué sur des
ulcérations chroniques. Sous forme de liniment il était prescrit pour la phlogose rhumatisante,
les névralgies et le prurit de la gale.
Oruzuz (Phyla scaberrima): en infusion, il était employée pour les rhumes et les aphonies;
on l’utilisait en plus pour traiter les érysipèles comme sinapisme ou en forme de pâte.
Canchalagua (Erythrea chilensis): elle était administrée en infusion, et servait également
pour soulager les douleurs des personnes souffrant de rhumatismes ou de maladies
vénériennes.
Totora (Schoenoplectus californicus): ses fleurs étaient appliquées sur les brûlures
tandis que ses racines cuites étaient employées pour laver les ulcères et les tumeurs.
Tusca (Acacia caven): son fruit était grillé et bouilli et on buvait ensuite la préparation.
Elle était indiquée à jeun et on la conseillait pour les infections gonococciques.
Tabac : le docteur Esteban Maradona, un médecin réputé de Formosa et chercheur
de la flore du Chaco central, raconte dans son livre A través de la selva [À travers la
forêt] qu’en cas de piqûres de serpent, les indigènes suçaient la partie affectée comme
une ventouse, après avoir mâché des feuilles de tabac. D’autres parties de la plante sont
également employées, telles les racines et les graines, avec de la graisse ou sans, avec
des résines ou pas et avec de la poudre de valve.
4. Wichis ou Wichís et Charruas
Le mot wichi signifie « hommes véritables » ou « hommes à vie pleine », c’est-à-dire
qui participent des plantes, des arbres, des poissons et des oiseaux.
Les Espagnols les appelèrent de façon erronée Matacos, terme qui voulait dire en
ancien castillan « animal sans envergure » ou « animal sans importance ». Ils nommèrent
Mataguayos les premiers indigènes qu’ils connurent (1623).
Nous pouvons dire qu’il s’agit d’une des communautés les plus anciennes au monde.
Même aujourd’hui, isolée au nord de la République argentine, elle lutte pour subsister
dans le monde moderne.
La tuberculose, la malnutrition, la maladie de Chagas, les maladies vénériennes, le
choléra et la brucellose décimèrent ces communautés, renforcées par un régime non
équilibré, basé essentiellement sur le maïs, le potiron, la viande de chèvre, le poisson et
les fruits mais qui manquait de légumes.
Groupes du Nord-ouest
Histoire de la dermatologie dans les cultures indigènes argentines
■ Les groupes du Nord-Ouest
Ce groupe connaissait les eaux thermales. Les miroirs d’eau, les températures propices,
le tapis de vegas et mallines et la prolifération d’exemplaires arborescents comme
le faux poivrier créèrent un paysage bucolique où la vie des familles natives s’écoula sans
les angoisses ni les sursauts des autres ethnies.
L’Amérique indigène prit en compte le mythe universel de la source de Jouvence; les
habitants protohistoriques de différentes époques incorporèrent la connaissance et la valorisation
des effets thérapeutiques des eaux que Pachamama (Terre Mère) fournissait
généreusement à ses enfants. Ils fréquentèrent les eaux thermales, avec des fumerolles
bouillantes, des sources chaudes, des effluves soufrés qui formaient des miroirs d’eau
chaude et vivifiante.
Depuis la période pré-inca, la région de Cuyo connaissait le bain d’Uyurmire et celui
de l’Inca, dans le temple de Wiracocha (ou Viracocha).
Une autre source liée à la dévotion indigène, à cause de sa richesse légendaire et la
vertu de ses versants, est celle qui jaillit à l’endroit appelé La Laja. C’est ici que l’amoureux
huarpe Yahue, après avoir tué la douce Tahue et l’homme qui l’avait séduite,
mourut sur les terrains rocailleux de San Juan en rédemption de cette tragédie; après
sa mort, trois sources miraculeuses jaillirent telle une source d’espoir.
D’autres natifs de notre territoire se rendirent aussi à un bon nombre de bains et de
sources. Les Araucans visitaient Copahue et Futalauquen et ils connurent également Cullu-co
(eaux acides) et Laguen-co (eaux chaudes). Les Indiens qui traversaient la province de Buenos
Aires connurent le lagon d’Epecuén. Selon Tomás Falkner, les chefs indiens et leurs familles
venaient à ces eaux tonifiantes depuis des temps immémoriaux. Les traditions vernaculaires
racontent que le cacique puelche Carhué (« cœur pur »), passionné d’Epecuén, guérit d’une
étrange paralysie en se plongeant dans l’étang formé par les larmes d’amour de sa bien-aimée.
Les Diaguitas de Talacasto laissèrent aussi leur peine indienne à travers les terres
calcinées de leurs aïeux, dans une source d’eau potable surgie des pleurs incessants d’un
beau jeune homme qui vit périr sa bien-aimée à cause de la haine atavique envers les
envahisseurs incas. Les natifs méditerranéens appelèrent Inti-Yacu (« eau du soleil ») la
zone actuelle de Río Hondo (Santiago del Estero), dont les cours d’eau surgissaient des
déversoirs comme des vivifiants. Les habitants associaient les bontés de Yacuru-pay (« eau
chaude ») aux rayons flamboyants de l’astre soleil, qu’ils adoraient.
Alonso Ovalle fait référence dans un livre publié à Rome, en 1646, à la chaleur, au goût
saumâtre et à la minéralisation des eaux de Puente del Inca, sans nous en révéler l’explication
scientifique. Son compte rendu est une description picturale de ce monument
enclavé dans la précordillère, où l’auteur exalte cette curieuse expression de la nature.
Selon Michel Horst von Brand, la première analyse des eaux thermales argentines fut
effectuée par le physicien et chimiste Michel Faraday en 1827, à partir d’échantillons
pris à cet endroit.
27
LUIS DAVID PIERINI
Selon le témoignage de voyageurs, Villavicencio fut visitée par le célèbre naturaliste
Charles Darwin en 1839. Déjà depuis 1800, les villageois et les voisins de Mendoza s’y
rendaient en quête de ses qualités bénéfiques.
■ Le Le groupe andin andin et des Sierras et des Centrales Sierras centrales
Il est formé des Pehuenches, des Huarpes, des Comechingons de Córdoba, des Sanavirons
du Río Dulce ou de Río Negro, des Tonocotés de Santiago del Estero, des Lules et
Vilelas de Tucumán et des Araucans de la précordillère, ayant tous une enculturation
inca.
Botanique médicale
Cannelier (Drymis winteri): il appartient à la famille des magnoliacées. Il mesure
8 mètres environ et se développe habituellement sur des terres humides. Il fut introduit
en Europe par John Winter, médecin du corsaire anglais Francis Drake, d’où sa dénomination
technique. L’écorce de cet arbre fut employée aussi bien en infusions qu’en applications
externes. Plante sacrée des Mapuches, on l’utilisait pour les altérations de
l’appareil digestif, les parasitoses (gale) et le rhumatisme. La « fleur des cendres » de cet
arbre, mélangée à de la graisse comme excipient, était aussi employée comme dépilatoire;
c’est à cause de cette coutume qu’on attribua de manière erronée aux jeunes
Mapuches l’absence de duvet. Son action par influx sympathique était indispensable
dans toutes les cérémonies magico-évocatrices. Dans le bois, la machi prenait soin d’un
cannelier favori et, selon la croyance araucane rapportée par Ramón Pardal, si quelqu’un
découvrait et coupait cette plante, la machi languissait et mourait.
Lafo (Rumex romasa): plante polygonacée. Très utilisée par les Araucans du Chili, elle
était l’une des herbes les plus précieuses. Étant donné ses qualités pharmacologiques
multiples, elle jouissait d’une grande renommée dans la guérison des blessures, des ulcérations
torpides, des otites et des « lèpres des enfants, qui laissent la tête propre ».
Ñincuil (Heliantus thurífera): selon Martín Gusinde, elle était reconnue comme une
merveille de la campagne et on lui attribuait une action antiluétique.
Jarilla (Larrea nítida cavanilles): parmi ses applications thérapeutiques, cet arbuste
fut employé sous forme de cataplasme pour soigner des abcès et des phlegmons.
Pour terminer cette sélection botanique nous voulons reconnaître les mérites inestimables
du professeur Juan A. Domínguez, qui réalisa d’importantes études analytiques
sur la composition des médicaments végétaux, réussissant à faire la synthèse pharmacodynamique
du vivier araucan.
■ Pampas, Querandis et Puelches et Puelches
28
On appelle Pampas un regroupement humain d’origine mixte, face auxquels se trouva
Sebastián Gaboto à l’embouchure du Carcarañá, leur donnant le nom de Querandis
(« hommes avec graisse »).
Face à la variole, dans les cas d’anthrax ou d’abcès, ces aborigènes provoquaient leur
maturation en appliquant des cataplasmes de fumier très chaud. « À terme, ils extirpent
le germe à l’aide d’un crin plié et il le mangent ensuite entre deux bouchées de viande
crue, prétendant ainsi conjurer toute rechute. »
Les Puelches Guenakén, qui habitaient la partie nord de la Patagonie, étaient, selon
José Sánchez Labrador, « d’une nature très forte et d’une condition telle qu’ils se
établissaient plusieurs fois de maladies et de blessures qui seraient mortelles pour les
autres sans médecine. »
Herboristerie
Du fait d’être de grands naturalistes et d’excellents empiristes, guidés par des herboristes
reconnus, ils appliquèrent la botanique qui faisait partie du paysage aux besoins de leur époque.
On dispose d’informations rares sur les éléments naturels que les aborigènes de cette
ethnie utilisaient pour traiter les problèmes dermatologiques; on sait seulement qu’ils employaient
une variété de yang, qu’ils appliquaient sur les ulcérations et les aphtes buccaux.
Patagons ou Tehuelches
La région au sud du fleuve Colorado, limite naturelle entre les provinces de La Pampa
et Río Negro — la plaine la plus australe d’Amérique —, est mondialement connue sous
le nom de Patagonie, évoquant les mythiques
« géants patagons » décrits par
Antonio Pigafetta en 1520, chroniqueur
du voyage de Fernand de Magellan.
Naissance et éducation
Histoire de la dermatologie dans les cultures indigènes argentines
Peu après la naissance, les nouveaunés
étaient enduits avec du gypse humide.
Selon Ludwig Karsten (1926), cette procédure
visait à protéger l’enfant des mauvais
esprits. Cet auteur mentionne
d’autres pratiques telles que l’application
de peinture rouge, l’onction et les fumigations
de tabac.
Lors de la quatrième année de l’enfant,
on effectuait la cérémonie de perforation
d’une oreille ou des deux selon le
sexe, en introduisant des crins de cheval
dans les incisions afin d’éviter la cicatrisation.
Ils avaient conscience des maladies
épidémiques, sans pouvoir les nommer
pour autant; pour s’en prémunir, ils déplaçaient
régulièrement leurs tentes au
sein du territoire qu’ils occupaient
En général, les Patagons jouissaient
d’une bonne santé, leurs blessures guérissaient
vite ; à travers les cérémonies
décrites, le sorcier indiquait la préparation
de breuvages aux propriétés médicales
et curatives. Ils connaissaient la
saignée et savaient ouvrir une veine avec
un morceau de coquille ou de silex.
■ Patagons ou Tehuelches
29
Distribution de
la population
indigène en
Argentine à la
fin du
XX e siècle
Source :
Instituto de
Cultura
Popular
(Incupo-Endepa).
LUIS DAVID PIERINI
Ectoparasitoses
L’utilisation de la laine de guanaco et des plumes d’autruche aussi bien pour s’habiller
que pour la maison étant répandue, les enfants et les adultes étaient exposés aux puces
et aux poux.
■ Extrême Sud Sud Magellanique magellanique
Les maladies vénériennes scellèrent un horizon sans espoir chez les Alacalufes, les
Onas et les Yaganes. On suppose qu’ils ne connurent pas les herbes ni les dérivés animaux
et minéraux pour guérir les maladies.
La transculturation fut un autre mécanisme négatif pour la survie de ces ethnies, tout
comme l’exhibition impitoyable à laquelle ils furent soumis au XIX e siècle dans les différentes
villes européennes.
■ Épilogue
L’auteur rejoint les grands généalogistes Diego Herrera Vegas et Carlos Jáuregui
Rueda sur le fait que le tronc de fondation de notre pays dérive de trois ethnies: l’aborigène,
l’africaine et celle du colonisateur espagnol. Ces ethnies s’unirent tout le long de
deux générations et se complétèrent il y a cent cinquante ans avec l’immigration.
■ Conclusions
30
Les trésors de la nature jaillirent avec générosité de la terre mère, et l’esprit intuitif
des natifs s’en servit pour soulager leurs souffrances. Sans une synthèse condensée, nous
avons choisi pour cette contribution quelques éléments parmi leur arsenal botanique. ■
Septembre 2005
■ Références
bibliographiques
Cantón E. Historia de la medicina
en el Río de la Plata desde su
descubrimiento hasta
nuestros días, 1512 a 1925.
Madrid: Imp. G. Hernández y
Galo Sáez; 1928.
Centro educativo para Mapuches.
La Nación. 30 jun 2002; Sec.
Opinión, p.20.
Codazzi Aguirre J. A. La medicina
de los aborígenes en la
República Argentina. Actas
del 1º Congreso Nacional de
Historia de la Medicina
Argentina. Buenos Aires;
1968.
Díaz Trigo A. « Antecedentes
históricos y características de
la medicina de los pobladores
indígenas argentinos. » Rev
Soc Venez Hist Med. 1961;
23: 563-570.
El Libro del Pueblo de Dios. La
Biblia. 21ª ed. Madrid:
Ediciones Paulinas; 1999.
Fernández C. A. Cuentan los
Mapuches. Buenos Aires:
Nuevo Siglo; 1995.
Fernández A. F. Antropología,
cultura, medicina indígena de
América y arte rupestre
Histoire de la dermatologie dans les cultures indigènes argentines
argentino. Buenos Aires:
Galerna; 1992.
Furlong G. Los jesuitas y la
cultura rioplatense. Buenos
Aires: Univ. del Salvador;
1984.
García Terán M. « Acercan la
salud y la educación a los
aborígenes del Chaco. » La
Nación. 5 ag. 2001;
Información general, p.21.
Greco N. V. « Historia y desarrollo
de la Dermatología y
Sifilografía en la República
Argentina. » Sem Med. Tomo
del Cincuentenario. 1944; (I):
357-453.
Guerrino A. A. La medicina en la
Conquista del Desierto.
Buenos Aires: Círculo
Militar; 1984.
Ibarra Grasso D. E. Argentina
indígena y prehistoria
americana. Buenos Aires:
TEA; 1971.
Juárez F. N. « Recorridos de un
naturalista inquieto. » La
Nación. 9 dic. 2001; Supl.
Enfoques.
Magrassi G. E. Los aborígenes de
la Argentina. Ensayo sociohistórico
cultural. Buenos
Aires: Galerna-Búsqueda de
Ayllú; 2000.
Maradona E. L. A través de la
selva. Buenos Aires: Talleres
Gráficos de la Penitenciaría
Nacional; 1937.
Moreno F. P. Viaje a la Patagonia
Austral 1876-1877. Buenos
Aires: Solar; 1969.
Nazar F. « Formosa, un pueblo
cautivo. » Criterio. Mar.
2004; año LXXVIII; (2291):
70.
Pastrana C. F. « Los indígenas
americanos piden espacio
para sus prácticas
tradicionales. Primer
Congreso de Aborígenes del
Mercosur. » La Nación. 3 ag.
2001; Supl. Ciencia y Salud,
p.10.
Pérgola F. Brujos y cuasi médicos.
Buenos Aires: Edimed; 1986.
Pierini L. D. Culturas aborígenes
en la medicina argentina.
Buenos Aires: Dunken; 2004.
Rudgley R. Los pasos lejanos. Una
nueva interpretación de la
prehistoria. Grijalbo; 2001.
Seggiaro L. A. Medicina indígena
de América. Buenos Aires: El
Ateneo; 1979.
Sopeña G. Monseñor Patagonia.
Buenos Aires: El Elefante
Blanco; 2001.
L’époque coloniale
HISTOIRE DE LA
DERMATOLOGIE
ARGENTINE
En 1780, peu après la création de la vice-royauté du Rio de la Plata, une ordonnance
royale proclama: « Ayant été informé du désordre et des abus dont souffre l’exercice de la
médecine, de la chirurgie, de la pharmacie et de la phlébotomie, surtout dans les provinces
éloignées de cette capitale, je décidai pour l’instant d’établir et de créer dans celle-ci un
tribunal de Porto, tel qu’il y en a dans les villes de Lima et de Mexico, avec les mêmes
facultés, les prérogatives et les exceptions, afin de corriger et d’éradiquer le désordre
par ce moyen si conforme aux lois. Je choisis et nommai le Dr D. Miguel O´ Gorman, qui
possède les qualités nécessaires pour être Protomedico et Maire majeur de tous les professeurs
respectifs… » C’est à ce moment-là qu’apparaît la figure du premier médecin et
doyen de la future Argentine.
En 1803 fut lancé un « arrêt contre les guérisseurs » et, en décembre de la même année,
furent distribués les postes de médecins et de chirurgiens habilités pour exercer la profession.
Les origines de la Dermatologie argentine
PABLO A. VIGLIOGLIA, ALBERTO WOSCOFF
■ L’époque coloniale
■ Les origines de la dermatologie argentine
Trois décennies plus tard, le Dr Tiburcio Fonseca publia une thèse intitulée Structure,
fonction et lien dans la pathologie et la thérapeutique de l’organe cutané (1835). Tout au
long de ces trente-cinq pages, il aborda de manière scientifique les maladies de la peau;
l’Argentine apparut alors comme la pionnière dans ce domaine parmi les pays latinoaméricains.
En 1874, l’Académie de médecine dirigeant la faculté inclut certaines spécialités dans
son curriculum, par exemple la « clinique des maladies cutanées et de la syphilis », et
désigna en 1875 les Drs Leopoldo Montes de Oca et L. Meléndez respectivement comme
professeur titulaire et professeur adjoint; plus tard, ces professeurs furent assignés à
d’autres matières, la spécialité restant comprise dans la pathologie externe.
L’enseignement était dispensé à l’hôpital des cliniques de Buenos Aires, où fonctionnait
un service de syphiligraphie et de dermatologie. Le 18 mars 1892, le doyen de la
Faculté des sciences médicales, M. González Catán, fonda la chaire de maladies vénériennes
et de peau, enseignée pendant la quatrième année du cursus de médecine. Son
premier professeur fut Baldomero Sommer (figure 1), qui installa sa chaire à l’hôpital
33
Figure 1.
Pr. Baldomero
Sommer
Figure 2.
Pr. Maximiliano
Aberastury
Figure 3.
Pr. Enrique Fidanza
PABLO A. VIGLIOGLIA, ALBERTO WOSCOFF
San Roque (actuellement hôpital Ramos Mejía) et poursuivit l’enseignement
jusqu’à sa mort, en 1918. Inspiré de l’école de Vienne de Von
Hebra (1816-1880) et influencé par des dermatologues français de
l’envergure de Gaucher, Fournier, Darier, Gougerot et Civatte, Baldomero
Sommer enseignait en faisant venir à l’hôpital les patients souffrant
d’affections cutanées et en se servant des moulages de cire, fait
unique en son genre en Amérique Latine à l’époque. Les brillants
médecins Aberastury (figure 2), Greco, Baliña, Ragusin, Jonquières,
Uriburu et Fidanza (figure 3) furent ses disciples.
Nous rappelons comme fait anecdotique la présence d’une vieille
dame se rendant chaque semaine à l’hôpital des cliniques et qui restait quelques minutes
face au tableau de Sommer. En 2000, quelqu’un lui demanda son identité, et tout l’auditoire
fut ému à sa réponse: « Je suis la petite-fille de Sommer. Avant, je venais avec ma mère. »
Ce fut une époque dorée pour la dermatologie argentine, consacrée à la syphilis, à
d’autres maladies vénériennes et à la lèpre. La fondation de la Société dermatologique
argentine (ainsi nommée en 1907), dont le siège était à l’hôpital San Roque, fut très profitable.
Les membres fondateurs furent Baldomero Sommer (premier président), M. Aberastury,
P. Díaz, P. Baliña, Cisneros, Greco, Seminario, J. Uriburu, A. Giménez, Loche, E.
Polito, M. Moyano, J. Farini, F. Mario, J. Arce y Almanza et N. Ragusin.
En 1908 fut lancée la publication de l’organe de diffusion de la société, la Revista Dermatológica
Argentina, appelée ensuite Revista de la Asociación Argentina de Dermatología
y Sifililogía, première publication dermatologique éditée en Amérique Latine.
Baldomero Sommer fut remplacé au sein de la chaire par Pacífico Díaz et Maximiliano
Aberastury, ce dernier étant l’auteur de la loi argentine contre la lèpre qui porte son nom
(1926).
En 1927, la société changea sa dénomination, devenant l’Association argentine de
dermatologie et syphiligraphie; son président était le Pr. Pedro Baliña, remplacé plus
tard par Neocle Ragusin.
En 1934, un groupe de dermatologues conduits par Nicolás Greco, disciple de Sommer,
décida de fonder une nouvelle entité sous le nom de Société de dermatologie, de
Syphiligraphie et de vénéréologie, et qui fit partie de l’Association médicale argentine
(AMA). L’association n’est pas prolixe sur les causes de cette scission — elle se révèle
même contradictoire — mais, eu égard à l’envergure morale et scientifique des dirigeants
et des membres des deux groupes dermatologiques, les principes et les conceptions
primèrent sans aucun doute sur les intérêts personnels.
Les membres fondateurs de cette nouvelle société furent C. Orol Arias, M. A. Mazzini
(secrétaire), A.A. Fernández, A. Bigatti, S. Rosner, D. Biagini, L. Trepat, A. Muschietti, R.
Wernicke, E. Otahz, C. Bancalari, J. R. Houler, A.Schneidewind, S. Sovin, O. Camaño, J.
Capurro, E. Cortelezzi, F. de Biase, E. Solari, S. Ponce de León et E. del Vecchio. Elle devint
plus tard la Société argentine de dermatologie.
En Argentine, deux sociétés de dermatologie existent depuis 1934: l’Association
argentine de dermatologie, dont l’organe officiel, la Revista Argentina de Dermatología,
fut fondé en 1908; et la Société argentine de dermatologie (détachée de l’AMA en 2001),
dont l’organe officiel est la revue Dermatología Argentina (fondée en 1995). Les deux sociétés
comptent des filiales, des sections et des associés dans toutes les provinces du pays.
■ L’époque de Baliña et de et Greco de Greco
34
La scission des groupes dermatologiques provoqua une rivalité scientifique. Toutefois,
des dermatologues brillants surgirent de chacune d’elles et laissèrent leur empreinte à
des époques remarquables de la dermatologie argentine.
L’Association argentine de dermatologie, basée au sein de la chaire de dermato-syphiligraphie
de l’université de Buenos Aires, dont le siège était l’hôpital Ramos Mejía, fut
dirigée par le Pr. Pedro Baliña (titulaire entre 1925 et 1946). Plusieurs dermatologues s’y
formèrent, devenant par la suite professeurs titulaires: Luis Pierini (figure 4), Marcial
Quiroga (figure 5), Enrique Fidanza, Miguel A. Mazzini (figure 6), José M. Puente, Juan
Pessano, Ceferino Orol Arias, Emilio Fernández Blanco, José L. Carrera, Ludovico Facio,
Guillermo Basombrío, Fernando Noussitou et Aarón Kaminsky (figure 7). Ils furent pour
la plupart les chefs des services de dermatologie les plus reconnus.
L’Association créa une filiale à Rosario en 1934, une autre à Córdoba en 1938, et finalement
la filiale de Mendoza en 1952.
Pour sa part, la Société argentine de dermatologie, dont le siège se trouvait à l’Association
médicale argentine, était dirigée par Nicolás Greco, professeur titulaire de dermatologie
à l’université de La Plata et professeur adjoint de l’université de Buenos Aires. En
1943, il fut nommé professeur honoraire de cette dernière.
Cette époque fut caractérisée par la centralisation de la ville de Buenos Aires et par
une différence numérique importante des membres des deux sociétés.
L’époque de Pierini et de Quiroga
Histoire de la dermatologie argentine
■ L’époque de Pierini et de Quiroga
À la mort de Baliña et de Greco, deux disciples du premier marquèrent trois
décennies de la dermatologie argentine en la projetant sur le plan international :
Marcial I. Quiroga et Luis E. Pierini. En 1946, ils avaient publié leur livre Introducción
al estudio de la dermatosifilología [Introduction à l’étude de la dermato-syphilologie],
dont la sémiologie et la description des lésions élémentaires sont toujours en vigueur.
L’ouvrage mit en évidence la grande influence des écoles européennes, notamment
de l’école française, où se rendaient les dermatologues voulant se perfectionner à
l’étranger.
Marcial I. Quiroga était doté d’une personnalité aristocratique et charismatique. Originaire
d’une famille aisée de la société argentine, il s’exprimait de façon fluide et plaisante.
Il parlait couramment français et voyageait presque tous les ans en Europe,
notamment en France. Il obtint les principales distinctions. Sur le plan international, il
fut le premier membre argentin du Comité international de dermatologie; il fut également
membre honoraire de plusieurs sociétés dermatologiques. Sur le plan national, il
fut membre, président et président d’honneur de l’Académie nationale de médecine.
Quant à la dermatologie, il fut professeur titulaire de la première chaire de la spécialité
et chef du service de dermatologie de l’hôpital Ramos Mejía, où se trouvait le siège
de ladite chaire. Participer à sa chaire était très intéressant, aussi bien pour les dermatologues
des provinces que pour les visiteurs étrangers. Sa qualité académique est reflétée
dans plusieurs livres et travaux scientifiques.
35
Figure 4.
Pr. Luis E. Pierini
Figure 5.
Pr. Marcial Quiroga
Figure 6.
Pr. Miguel A. Mazzini
Figure 7.
Pr. Aarón Kaminsky
Figure 8.
Pr. Alejandro Cordero
Figure 9.
Pr. Pedro H. Magnin
Figure 10.
Pr. J.E. Cardama
Figure 11.
Pr. Julio Martín Borda
PABLO A. VIGLIOGLIA, ALBERTO WOSCOFF
36
Les disciples de Quiroga furent les maîtres de la génération ultérieure: Alejandro A.
Cordero (figure 8) et Pedro H. Magnin (figure 9). D’autres professeurs remarquables furent
Luis Ambrosetti, Enrique Jonquières, Arturo Mom, Rodolfo Corti, E. Molina Leguizamón,
Narciso Vivot, Gisella Dhum, Carlos F. Guillot, H. J. Sánchez Caballero, Manuel
Seoane, Luis Curia, Oscar Bonafina, Nélida Franco, Antonio Raimondo, E. Blasi, Hans
Botrich, Manuel Olchansky et Natan Gotlib, entre autres. La plupart d’entre eux dirigèrent
de prestigieux services de dermatologie à Buenos Aires.
L’Association argentine de dermatologie s’occupait simultanément de la publication
de la Revista Argentina de Dermatología, de l’organisation de congrès nationaux annuels
et de l’entretien de sa bibliothèque dermatologique, la plus ancienne du pays. L’association
fut présidée par M.A. Mazzini, G. Basombrio, F. Noussitou, R. Garzón (Córdoba), A.
A. Cordero, A. Kaminsky, J.L. Carrera, F. Ambrosetti, E. Jonquières, R.N. Corti, P. Viglioglia,
M. Seoane, P. Magnin, J.E. Cardama (figure 10), N. Sánchez Caballero, L.M. Baliña
et C. Parra (Mendoza), M. Marini, L. Valle et J.L. lribas.
Luis E. Pierini fut le maître par excellence. Simple, humble, respectueux, il possédait
une personnalité éblouissante due à ses connaissances dermatologiques et à sa culture
générale. Son origine italienne l’empêcha d’obtenir une place de professeur titulaire
de la première chaire. Sa pensée fut pertinemment exprimée dans son article
« Cinquante ans de dermatologie » (Arch. Argent. Dermatol. 1973; 23: 1-9), où se trouve
la réponse au dilemme des nouvelles générations: pourquoi choisit-on la dermatologie?
Pierini exerça ses fonctions au sein des hôpitaux Fernández, Muñiz (c’est là qu’il élabora
sa thèse de doctorat sur le « traitement de la lèpre » et décrivit l’épreuve classique
avec histamine qui porte son nom) et Casa Cuna (actuellement Pedro de Elizalde). Il fut
chef de service dans les hôpitaux Fiorito, Italiano et Rawson (à partir de 1949), où il
obtint le degré de professeur titulaire de la deuxième chaire. Signalons que Luis E. Pierini
travailla pendant vingt ans avec le Pr. Pedro Baliña, qui le désigna chef des travaux
pratiques à l’hôpital Ramos Mejía. Sa chaire hébergea d’importants spécialistes, tous
fiers d’être des disciples du maître Pierini. Parmi eux, Julio Martín Borda (figure 11), un
homme d’une valeur scientifique, morale et humaine extraordinaire, qui se joignait à
Luis Pierini pour étudier plusieurs dermopathies. Dans son hôpital privé de la peau il
organisait des conférences mensuelles auxquelles assistaient de jeunes dermatologues,
notamment des provinces. Cette institution forma un bon nombre de spécialistes latinoaméricains,
tout comme l’hôpital Rawson. Sur le plan national, nous distinguerons Abraham
Man, José Casas, Raúl Rodeiro, Augusto Casalá, Santiago Mosto, Alberto Carvalho,
Raúl Mazzini, lsmael Pomposiello, Gregorio Álvarez, Luis Trepat, Pacífico Díaz, Eduardo
Lacentre, dont certains sont actuellement disparus, et d’autres méritent une mention à
part.
La sagacité de Borda lui permit d’établir des hypothèses et de mettre en relation des
tableaux cliniques actuellement acceptés dans le monde entier.
David Grinspan sortit également du lot. Sémiologue exceptionnel et possédant de vastes
connaissances en dermatologie, il se pencha vers la stomatologie, une spécialité faiblement
étudiée jusque-là. Il fonda et dirigea le Centre de tumeurs de la peau et de stomatologie de
l’hôpital Rawson, pionnier en Amérique Latine. Il nous légua ses enseignements à travers
son Traité de stomatologie, un classique dans l’enseignement de la matière en six tomes.
Pour sa part, Jorge Abulafia se consacra à la dermo-pathologie. Il participa aux principaux
travaux publiés de la spécialité et prouva des connaissances approfondies sur la
clinique de l’histopathologie qu’il décrivait. Son laboratoire réunit des dermatologues latino-américains
et argentins qui, avec une curiosité et un intérêt révérencieux, s’introduisirent
dans le monde de la microscopie. Il est habituel d’entendre, lors de la clôture
d’une discussion dermatologique: « … et c’est Abulafia qui le dit. »
L’année 1943 fut caractérisée par une succession d’avatars politiques et institutionnels
qui paralysèrent les concours pendant plusieurs décennies; des personnalités
brillantes, pouvant atteindre dans d’autres circonstances des postes académiques importants,
furent rejetées.
En 1978, l’hôpital Rawson ferma ses portes et la pléiade de ses remarquables dermatologues
se distribua dans les services des différents hôpitaux de la ville de Buenos Aires.
L’ère actuelle
D’autres personnalités qui constituèrent des jalons de cette histoire surgirent parallèlement
aux membres des chaires.
Aarón Kaminsky est le père de la cosmétologie argentine. Étonnant, singulier, d’une
personnalité écrasante, il jouit d’un extraordinaire prestige populaire. Chef des services
de dermatologie des hôpitaux Israelita et Alvear, il réunit autour de lui un grand nombre
de médecins et une légion de patients. Il se pencha notamment sur l’aspect thérapeutique,
dominant l’art de la formule magistrale. Il forma des disciples de l’envergure de
son fils Carlos, ainsi qu’Ana Kaminsky et León Jaimovich. Tous les trois occupèrent des
postes de professeurs titulaires, tout comme J. Kriner, P. Bumaschny, S. Braunstein, H.A.
Kaplan, B. Sevinsky et A. Aufgang.
De son côté, Alfredo Chouela fit un parcours remarquable dans la Société de dermatologie.
Nous citerons aussi A. Segers, qui se consacra à la chirurgie dermatologique, et
M. Asrilant à l’allergie dermatologique.
Pablo Viglioglia, formé à cette école, fut chef de l’hôpital Álvarez et grimpa dans la
hiérarchie en étant nommé professeur titulaire. Fort du privilège de conjuguer une vaste
connaissance clinique avec le pouvoir de lire et de diagnostiquer des préparations histopathologiques,
son savoir se traduit dans plusieurs livres et articles. Il dispensait ses
cours avec simplicité et autorité scientifique, en leur accordant un caractère cordial et
affectueux et en s’adaptant facilement à son auditoire*.
Enrique Jonquières, très doué en léprologie, travaillait à ses côtés.
Miguel A. Mazzini est un autre dermatologue important de l’époque. Il fut professeur
titulaire, se distinguant par ses connaissances. Élégant, galant, modeste et affable, il fut chef
de l’hôpital Fernández avant d’occuper la chaire à l’hôpital Ramos Mejía. Son ouvrage Dermatología
Clínica [Dermatologie clinique] (dont la première version fut rédigée avec Fernández
Blanco), fut le livre de consultation et d’étude de tous les dermatologues de l’époque.
Des circonstances qui allaient signer l’avenir de la dermatologie argentine se produisirent
à cette époque-là.
* Ce paragraphe fut rédigé par le Dr A. Woscoff.
Histoire de la dermatologie argentine
■ L’ère actuelle
37
PABLO A. VIGLIOGLIA, ALBERTO WOSCOFF
38
Le Dr Raúl Fleischmajer, disciple de Kaminsky, s’installa aux États-Unis et s’engagea dans
un parcours exceptionnel: il fut nommé professeur et chef de dermatologie à l’hôpital Mount
Sinai de New York. Ses contributions à la physiopathologie du collagène et notamment à la
sclérodermie sont très importantes dans le monde entier. Il voyageait annuellement en
Argentine, où il diffusait ses connaissances. Aux États-Unis, il partagea ses activités avec le
Dr León Jaimovich — disciple de Kaminsky et plus tard de Pierini —, qui une fois de retour
en Argentine débuta un brillant parcours et fut nommé professeur titulaire.
Arturo Mom voyagea également aux États-Unis où il débuta la recherche dermatologique;
le Pr. Alejandro Cordero suivit lui aussi des formations dans ce pays. Ainsi débuta
l’étape nord-américaine de la dermatologie argentine qui, sans manquer l’influence
française, prit des directions plus vastes, notamment en physiopathologie et en thérapeutique.
Pedro Horacio Magnin passa un temps aux États-Unis pour collaborer avec le pionnier
Stephen Rothman dans ses recherches. De retour en Argentine, il s’engagea dans
une carrière remarquable: il devint le successeur de Quiroga et de Mazzini en tant que
professeur titulaire, présida l’Association argentine de dermatologie pendant plusieurs
périodes et dirigea la Revista Argentina de Dermatología des décennies durant. Il était
passionné par la spécialité, et n’arrêta pas de l’étudier. Ses journées commençaient très
tôt, consacrées à écrire des livres et des articles et à effectuer des recherches sur des sujets
divers, comme les porphyries et le cancer de la peau. Il organisa des ateliers, des
journées et des congrès, et s’occupa de la formation d’un cercle de disciples qui le suivirent
dans son travail. Chef des hôpitaux Británico et Ramos Mejía — ce dernier reste le
siège de la chaire —, il possédait une personnalité particulière, sévère et exigeante. Sa
mémoire exceptionnelle l’aida à diffuser ses connaissances, en même temps qu’il exigeait
un dévouement presque total de ceux qui partageaient son travail. Il succéda à
Marcial Quiroga au sein de l’Académie nationale de médecine.
Alejandro A. Cordero perpétua la série de maîtres brillants. Il travailla avec Quiroga:
il occupa le poste de professeur adjoint de sa chaire et fut ensuite nommé chef des services
des hôpitaux Tornú, Rawson et des cliniques; il fut professeur titulaire dans ces
deux derniers hôpitaux. Cordero était une personne exceptionnelle et un scientifique
remarquable. Modeste, affable, protecteur, il forma plusieurs dermatologues*. Il voyageait
continuellement avec son épouse: le matin, il visitait les centres hospitaliers;
l’après-midi, il se promenait dans les villes et les musées et le soir il partageait des
dîners avec les principaux dermatologues du pays… tout en parlant de dermatologie. Au
cours des congrès, tel un élève appliqué, il notait sur un petit cahier tout ce qu’il voyait
et entendait, pour le communiquer ensuite à son retour dans le cadre des cours.
Les principales sociétés dermatologiques mondiales le désignèrent membre honoraire.
Tout comme Quiroga, il fut membre de la Ligue dermatologique internationale.
Nous tous qui l’avons connu le gardons dans notre mémoire.
Les chaires. Pendant les années qui séparèrent l’époque de Pierini de celle de Quiroga,
il n’y eut pas de concours: les professeurs adjoints déjà désignés occupèrent de façon
intérimaire le poste de titulaire pendant un an. En conséquence, des dermatologues
notables n’eurent pas l’occasion de passer le concours pour devenir professeurs titulaires.
La situation redevint normale une décennie plus tard; les Drs Cordero et Magnin
furent alors nommés professeurs titulaires. Lors de leur retraite (la faculté de médecine
de l’université de Buenos Aires pose comme limite d’âge 65 ans), Viglioglia et Jaimovich
leur succédèrent pour une courte période. Le nombre de chaires fut porté à quatre, les
Drs Alberto Woscoff, Ana Kaminsky, Hugo Cabrera et Carlos Kaminsky (mort précocement)
étant nommés pour les diriger.
* Parmi lesquels je me compte (A. W.).
Ana Kaminsky, dont le parcours est mondialement reconnu, fut désignée membre de la
Ligue internationale des sociétés dermatologiques (tout comme Quiroga et Cordero quelques
années auparavant), ce qui permit à l’Argentine d’y avoir son représentant. Elle fut invitée
à donner des conférences dans plusieurs pays, où elle fut désignée membre d’honneur.
Hugo Cabrera, formé avec Gatti et Cardama, exerça la fonction de chef dans la polyclinique
Posadas et plus tard à l’hôpital des cliniques, où il établit sa chaire. Ses vastes
connaissances dermatologiques lui permirent de publier de nombreux travaux dans lesquels
il décrivit des pathologies inédites dans le pays. Son livre Nevos [Nævi], rédigé
conjointement avec Sandra García et formant un ouvrage de consultation obligatoire sur
le sujet, est remarquable.
Alberto Woscoff fut professeur titulaire et chef à l’hôpital des cliniques, ainsi que professeur
consultant de l’Armée argentine et chef du service de l’hôpital naval Pedro Mallo.
Il fut auparavant chef à l’hôpital Durand. Sa production scientifique est très abondante,
et compte des titres tels que Orientación dermatológica en medicina interna [Orientation
dermatologique en médecine interne] — un texte de consultation et d’étude pour
les études supérieures et la spécialisation, auquel collaborèrent les Drs A. Kaminsky,
M. Marini et M. Allevato — et Principios de inmunodermatología [Principes d’immunodermatologie]
(écrit avec les Drs P. Troielli et M. Label), des ouvrages complets du genre
en espagnol. Il fonda Dermatología Argentina — organe officiel de la SAD —, dont il fut
le directeur pendant une décennie.
Au moment de sa retraite, Alberto Woscoff fut désigné professeur consultant titulaire,
tout comme Ana Kaminsky, de l’université de Buenos Aires; les Drs Viglioglia et Cordero
en furent désignés professeurs émérites.
Actuellement (2005), le docteur Cabrera est le professeur titulaire de la chaire; les
autres chaires, dont le professeur titulaire est désigné par concours, sont actuellement
occupées par Mercedes Hassan (hôpital Ramos Mejía), Edgardo Chouela (hôpital Argerich)
et Mario Marini (hôpital Británico). Tous trois possèdent des antécédents remarquables,
et leur travail et leur intelligence augurent un prestige croissant de la
dermatologie argentine.
Association argentine de dermatologie (AAD)
Elle rassemble la plupart des membres des services hospitaliers de la ville de Buenos
Aires, avec une activité scientifique et sociétaire soutenue, qui se reflète dans la Revista
Argentina de Dermatología. L’institution organise des réunions auxquelles assistent de
nombreux spécialistes argentins et étrangers; elle organise aussi annuellement le
Congrès argentin de dermatologie, qui a lieu dans les provinces du pays. Sous la présidence
de Magnin, l’AAD déplaça son siège traditionnel de l’hôpital Ramos Mejía vers un
siège propre, disposant d’une bibliothèque et d’une salle de conférences.
Les présidents de l’institution furent M.A. Mazzini (1950), G. Basombrio (1952), F.
Noussittou (1953), R. Garzón (p) (1955), A. Cordero (1957-1958), A. Kaminsky (1959-
1960), J.L. Carrera (1961-1962), F. Ambrosetti (1963-1964), E. Jonquières (1965-1966),
M.I. Quiroga (1967-1968), R.N. Corti (1968-1971) M.A. Mazzini (1972-1975), P. Viglioglia
(1976-1977), M. Seoane (1978-1979), P. Magnin (1980-1981), J.E. Cardama (1982-1983),
N. Sánchez Caballero (1984-1985), L.M. Baliña (1986-1987) (figure 12), P. Magnin (1988-
1989), C. Parra (1989-1991), M. Marini (1992), P. Magnin (1993-1995), Lidia Valle (1995-
2004) et J.L. Iribas (depuis 2004).
Société argentine de dermatologie (SAD)
Histoire de la dermatologie argentine
Jusqu’en 1973, l’institution organisait des séances théoriques mensuelles pour les
diplômés au siège de l’Association médicale argentine (AMA). Ses adhérents n’étaient
39
Figure 12.
Pr. L.M. Baliña
Figure 13.
Pr. D. Grinspan
Figure 14.
Pr. J.C. Gatti
PABLO A. VIGLIOGLIA, ALBERTO WOSCOFF
pas nombreux et quelques professionnels se relayaient à la présidence. La SAD regroupait
la plupart des disciples de Kaminsky et de Pierini.
Sous la présidence d’Abulafia (1973-1974) la société subit une modification substantielle.
Une nouvelle organisation moderne, accompagnée d’une succession de réunions et de
congrès, motiva l’incorporation de nombreux dermatologues. Désormais, les présidents de
la SAD furent A. Casalá (1975-1976), O. Mángano (1977-1978), D. Grinspan (1979-1980) (figure
13), A. Cordero (1981-1982), J.C. Gatti (1983-1984) (figure 14), S. Stringa (1985-1986),
J.E. Cardama (1987-1988), A. Woscoff (1989-1990), H.N. Cabrera (1991-1992), H.G. Crespi
(1993-1994), A. Kaminsky (1995-1996), A. Cordero (1997-1998), C.F. Gatti (1999-2000),
M. Larralde (2001-2002), H. Cabo (2003-2004 ) et E. Saraceno (depuis 2005).
Les congrès ont lieu tous les deux ans dans différentes villes des provinces argentines
et à Buenos Aires. Durant la présidence d’Ana Kaminsky, la SAD se détacha de l’Association
médicale argentine; elle possède actuellement son propre siège.
La publication de la revue Dermatología Argentina, l’organe officiel de la SAD, débuta
en 1995, dirigée dans ses premiers temps par Alberto Woscoff (devenu directeur honoraire)
et ensuite par Liliana Olivares (à partir de 2004).
Pendant quelques années, l’AAD et la SAD travaillèrent ensemble, en organisant des
réunions communes. L’exemple le plus significatif d’intégration fut la Commission mixte
d’enseignement dermatologique (COMEDE).
Quatre cours de spécialisation en dermatologie existaient simultanément à une
époque donnée, mais leurs contenus et leurs exigences étaient divergents; León Jaimovich
(SAD), Pedro Magnin (AAD), Fernando Stengel et Hugo Cabrera étaient chargés de
ces cours. Ces quatre professionnels cédèrent leurs cours respectifs à la COMEDE, qui
mit en place un seul cours présidé par Mario Marini (AAD), Alberto Woscoff (SAD) et avec
la collaboration de Luis Ferreira comme doyen de la Faculté de médecine. Ce cours,
reconnu par l’université de Buenos Aires, avait une durée de trois ans et délivrait le
diplôme de spécialiste universitaire en dermatologie. Il était dirigé par un représentant
de l’AAD et un représentant SAD se succédant tous les ans. Au bout de dix ans, l’Association
argentine de dermatologie quitta la COMEDE et créa un cours propre. Cependant,
l’expérience du travail conjoint des deux groupes éveilla le désir de création d’un groupe
unique, surtout parmi les dermatologues plus jeunes.
■ La La fédéralisation de la de Dermatologie la dermatologie argentine argentine
40
À l’origine, l’activité dermatologique était concentrée à Buenos Aires, où la plupart
des dermatologues exerçaient leur profession. Avec le temps, une intense et fructueuse
activité scientifique se développa dans les provinces: les centres importants sont généralement
installés dans les chaires de la spécialité.
La dermatologie à Córdoba
Ses origines remontent au XIX e siècle. La première chaire de la spécialité en Argentine
y fut créée en 1889 (bien avant celle de Buenos Aires), ayant son siège à l’hôpital des
cliniques. Le premier professeur fut Hugo Stemphelman, à qui succédèrent Manuel
Freyre, Tomás Garzón, Rafael Garzón (père), Ramón Argüello (intérimaire), Luis
Argüello Pitt, Enrique Tello et Rafael Garzón (fils).
Le travail du Dr Garzón (fils), désigné en 1983, a une immense valeur, tout comme ses
publications et ses contributions scientifiques aux congrès et aux cours, dans lesquels il
donna une grande projection à la chirurgie dermatologique. Il édita plusieurs textes pour
les études supérieures, écrivit des articles et des livres d’une grande importance pour
l’histoire de la dermatologie argentine.
La deuxième chaire fut créée en 1975, le siège se trouvant à l’hôpital Córdoba; Ignacio
Segundo Toledo et Augusto Magnani furent les professeurs chargés de l’enseignement.
La troisième chaire, créée au cours de la même année à l’hôpital San Roque,
compta sur la participation de professeurs comme Pedro Guillot et Belia de Oviedo.
L’université catholique de Córdoba, dirigée tout d’abord par Ignacio Toledo et ensuite
par Carlos Consigli, constitue l’un des centres privés les plus prestigieux du pays. Carlos
Consigli et son frère Javier furent également de remarquables dermatologues et léprologues,
dont les apports à la spécialité furent importants.
Córdoba se distingue notamment dans deux sujets: la lèpre et l’hydroarsenicisme
chronique régional endémique (HACRE). Pour ce qui est de la lèpre, il faut mentionner
l’existence d’un lazaret déjà en 1621 et de la fondation d’une deuxième léproserie en
1884; la clinique J.J. Puente et le dispensaire Pr. Guillermo Basombrio, des modèles dans
leur genre, furent inaugurés à San Francisco del Chañar en 1939. Luis Argüello Pitt et
Carlos Consigli se distinguèrent dans ce domaine.
Quant à l’HACRE, il fut méticuleusement décrit par Ramón Argüello et Enrique Tello.
Ce dernier est l’auteur du livre HACRE, référence obligée sur le sujet. Les études de
l’HACRE se poursuivirent dans la province de Salta, sous la responsabilité de Roberto
Biagini, qui en précisa l’épidémiologie et le lien avec le carcinome viscéral.
La Réunion dermatologique de Córdoba compte plus d’un demi-siècle d’existence et
les plus grands dermatologues de la province la présidèrent.
Actuellement se distinguent Miguel A. Orozco, Luis Flores González et Alejandro Ruiz
Lascano.
La dermatologie à Rosario (province de Santa Fe)
Histoire de la dermatologie argentine
L’université nationale du Littoral créa en 1922 la chaire de dermatologie, dont le
premier professeur fut Enrique Fidanza, âgé de 38 ans à peine mais qui bénéficiait
d’une vaste expérience acquise à Buenos Aires et en Europe. Il débuta l’enseignement
à l’hôpital Italiano et transféra ensuite la chaire au sein du traditionnel hôpital du
Centenaire de l’université nationale du Littoral. Il forma, entre autres, les Drs José
María Fernández, Salomón Schujman, Alberto Nudenberg, Francisco Carrillo et
Amadeo Campos ; J.M. Fernández, E. Carboni, V. Pecoraro et B. Nudenberg lui succédèrent
à la chaire.
Le monde connut d’importants professionnels en dermatologie originaires de Rosario;
José María Fernández par exemple, auteur de la réaction en lèpre qui porte son nom. Il
participa également de façon décisive à la classification sud-américaine de la lèpre (La
Havane, 1948) et à l’utilisation du vaccin BCG dans la prophylaxie de la maladie.
Salomón Schujman suivit J.M. Fernández dans ses recherches sur la lèpre. Il établit
la forme polaire tuberculoïde et devint, selon le Brésilien Rabello, « le premier à avoir
caractérisé la physiopathogénie de la maladie ». Sa réputation dépasse les frontières; il
suffirait de dire qu’il se rendit en Chine en 1957, où il resta un an, pour dispenser des
cours de léprologie; il y forma des disciples qui suivent ses conceptions.
Alberto Nudenberg se perfectionna en France et en Allemagne et se consacra avec
acharnement à la vénéréologie. Après sa formation à l’étranger, il organisa et dirigea
cette spécialité, travail qu’il effectua de façon inébranlable malgré les intérêts puissants
qui se mouvaient derrière la prostitution. La loi nationale de prophylaxie antivénérienne
étant promulguée, on établit que « Rosario était la ville la mieux préparée du pays grâce
à sa connaissance de ces plaies sociales ».
Vicente Pecoraro, J.M. Barman et L. Astore se distinguèrent dans l’étude du cheveu,
domaine peu étudié jusque-là. Le premier inventa un microscope original et développa
la technique du trichogramme, actuellement employée dans le monde entier. Ses observations
minutieuses restent incontestées.
41
PABLO A. VIGLIOGLIA, ALBERTO WOSCOFF
42
Bernardo Nudenberg, professeur titulaire depuis 1983, imprima à la chaire une nouvelle
orientation, destinée à intégrer la dermatologie en tant que chapitre important de
la clinique médicale. Il publia des études sur la sclérodermie et la mucinose. Il est l’invité
obligé de tous les congrès nationaux, et assiste également aux principales réunions
internationales, auxquelles il participe activement. Doté d’une fine sensibilité, il écrit des
récits et de la poésie dont la critique littéraire fait l’éloge.
Ramón Fernández Bussy, qui suivit son perfectionnement en Europe, est réputé par
ses études en immunologie. Il gravite autour des sociétés dermatologiques de Buenos
Aires et de Rosario; il organise des cours et écrit plusieurs ouvrages. Il dirige le cours de
spécialisation en dermatologie à l’université nationale de Rosario.
Parmi les figures célèbres, nous pouvons citer Augusto Mercau, Fernando Feijóo, Sebastián
González del Cerro, Carlos Lurati et Ricardo Arpini; dans le domaine de la
dermo-pathologie, Augusto Serial et Juan Monti.
L’Association dermatologique, filiale de l’AAD, fut créée en 1935 et présidée par
Edgard Romano Boix, entre autres. De nos jours, elle constitue une section de la Société
argentine de dermatologie.
La dermatologie à Mendoza
Les premiers dermatologues qui exercèrent leur profession à Mendoza dans les années
30 furent Everardo Godoy et León Boaknin, à qui s’ajouta le Pr. Gerónimo López
González en 1939. Les soins avaient lieu dans les hôpitaux Central et Luis Lagomaggiore.
La Faculté des sciences médicales de Mendoza fut fondée en 1950, dépendant de l’université
nationale de Cuyo; le Portugais Joao Ferreyra Márquez fut embauché comme professeur
titulaire de dermatologie. En 1965, Gerónimo López González lui succéda, et plus tard
Sebastián Pons, Alberto Torres Cortijo (intérimaire) et Cristóbal Parra (1987). L’école de
Mendoza est réputée pour l’importance de ses contributions et ses membres prestigieux.
Gerónimo López González identifia le prurigo solaire.
Outre sa fonction de professeur titulaire, Sebastián Pons fut doyen de la Faculté des
sciences médicales de l’université nationale de Cuyo; parmi sa production prolifique,
nous citerons son travail « Manifestations cutanées de la maladie de Chagas ».
Alberto Torres Cortijo, qui se forma en Espagne avec Gómez Orbaneja et à Buenos
Aires avec Pierini et Borda, se consacra avec acharnement à la cryochirurgie. Son travail
« Acropathie ulcéromutilante de Bureau et Barrière. Étude de 150 cas. Son association
avec la pellagre » est remarquable.
En 1986, le Dr Cristóbal Parra fut désigné professeur titulaire. Son parcours se distingua
par la quantité et la qualité de travaux originaux, publiés dans les plus importantes
revues nord-américaines et européennes. Il se rendit en Allemagne pour perfectionner
ses études, où il introduisit la connaissance de la dermatologie argentine. Un certain
nombre de ses travaux furent publiés en allemand, une langue qu’il maîtrisait.
Elías Bittar, Olga Bocanegra, José F. Leonforte, Emilce Rivarola et Narciso Driban furent
des membres remarquables de cette école, tout comme les dermatologues brillantes
qui font partie de la famille Parra: Nélida Parra (née Pizzi), célèbre en dermatologie pédiatrique,
et Viviana Cantú (née Parra).
Aníbal Ortiz Medina, disciple d’Abulafia et coauteur de plusieurs publications nationales
et internationales, prit en charge l’histopathologie.
L’enseignement à Mendoza est partagé entre la Faculté nationale de Cuyo, fondée en
1950, et deux facultés privées: la Faculté des sciences de la santé de l’université de Mendoza
(fondée en 1998) et la Faculté des sciences médicales de l’Aconcagua (1997).
Les associations dermatologiques locales sont la filiale Cuyo de l’Association argentine
de dermatologie (1958), la première section de la Société argentine de dermatologie
et le Cercle de dermatologie Pr. Joao Ferreira-Marques (1966).
La dermatologie à La Plata (province de Buenos Aires)
La spécialité débuta dans cette ville en 1918, grâce au Dr Emilio Cortelezzi, le premier
professeur titulaire de la chaire de dermatologie créée en 1930. Nicolás Greco, Ernesto
L. Othaz et Alcides Conti lui succédèrent, signant l’époque la plus importante de la
dermatologie de La Plata. Les professeurs titulaires ultérieurs furent Jorge Cueto, Juan
Fuertes (intérimaire), Flora Stoichevich et Raúl E. Balsa, qui possédait une connaissance
encyclopédique et laissa pour la postérité un volumineux Manual de Dermatología Clínica
[Manuel de dermatologie clinique] (1998). Pour sa part, Roberto Castelleto est un
anatomo-pathologiste d’une activité remarquable.
La Société de dermatologie de La Plata — devenue filiale de la Société argentine de
dermatologie plus tard — entama ses activités en 1973, présidée par L.T. Mirande, Stella
Maris Ingrata et Luis H. Pedemonte.
La dermatologie à Tucumán
Norberto Olmos Castro et Pascual B. Arcuri, enrichirent la léprologie de la léprominoréaction
qui porte leur nom. Luis Vallejo y Vallejo fut professeur titulaire à la faculté
de médecine, suivi par Eudoro H. de los Ríos — la plupart des dermatologues de Tucumán
font partie de son école —, qui apporta des connaissances intéressantes sur les
mycoses profondes.
En ce qui concerne l’étude des pathologies régionales, nous pouvons citer Ana María
Lorenz, N. Cartagena, L. Aguirre (née Iturre) et Ben Ami Alperovich. Le Groupe dermatologique
de Tucumán — filiale de l’Association argentine de dermatologie — existe depuis
1970, ainsi qu’une filiale de la SAD.
La dermatologie dans le Nord-Est
Manuel Giménez (père) se consacra à la lèpre dans la province de Chaco de manière
ardue et ininterrompue. Sa lutte passionnée contre cette épidémie se traduit par les institutions
et les dispensaires créés à son initiative.
Manuel Iglesias et Félix Scappini furent professeurs titulaires. Lors de la création de
l’université nationale du Nord-Est, Manuel Giménez (fils) devint professeur titulaire à son
tour, et il apporta à sa chaire une activité incessante de recherche et d’étude qui le distingua
parmi les professeurs des générations récentes.
D’autres centres dermatologiques importants
Histoire de la dermatologie argentine
Andrés Cornejo fut un célèbre dermatologue de la province de Salta, suivi par Roberto
Biagini, qui apporta des connaissances épidémiologiques et cliniques très importantes
sur l’étude et la diffusion de l’HACRE et de la tuberculose cutanée.
Dans la province d’Entre Ríos, le premier dermatologue fut José María Roque D´Angelo
(1943). En 1985, Abraham Man devint la figure la plus remarquable de la dermatologie
du Littoral et prit en charge la formation des spécialistes des provinces d’Entre Ríos
— siège de l’hôpital où il est chef —, de Corrientes et de Misiones. C’est l’un des représentants
les plus importants de l’école de Borda. Il exerça d’importantes fonctions au sein
de la Société argentine de dermatologie de Buenos Aires pendant plusieurs époques.
L’unité d’enseignement de la ville de Paraná, qui dépendait de l’université nationale
de Rosario, fonctionna à partir de 1991. Le Dr Man fut désigné enseignant responsable,
tandis que les Drs Rubén Ruberto et Diana Mauro étaient les chefs des travaux pratiques.
L’Association de dermatologie du centre du Littoral fut fondée en décembre 1978,
présidée par Ricardo Cusanelli et comptant sur la participation des professionnels de
43
Figure 15.
Ve Congrès ibérolatino-américain
de
dermatologie.
Buenos Aires.
Novembre 1963.
Cérémonie
d’ouverture
Figure 16.
Assemblée ordinaire
du CILAD
Figure 17.
Présentation des
malades à l’hôpital
Rawson
Figure 18.
Thème officiel
« Cancer cutané ».
Conférenciers:
Pr. Jorge Abulafia
(2e à droite) et
David Grinspan
(3e à droite)
PABLO A. VIGLIOGLIA, ALBERTO WOSCOFF
Santa Fe, de l’est de Córdoba et d’Entre Ríos. Cette association rejoignit la SAD pendant
la présidence du Dr Alejandro Campos Carlés.
Parmi les nombreuses rencontres scientifiques qui eurent lieu dans cette région,
notons la réunion annuelle « Pr. Dr José M. Fernández », avec la participation d’Entre
Ríos, Rosario et Córdoba. Les IV es Journées internationales de dermatologie pédiatrique,
dont le siège se trouve à Paraná, furent dirigées par Susana Block, Diana Mauro, Analía
Svartz et Carlos Cargniel.
À Mar del Plata, où la spécialité est étroitement liée à la dermatologie de Buenos
Aires, les figures remarquables furent Raúl Rodeiro, Juan F. Caino, Carlos Cancio, Carlos
de Natale. De nos jours, Carlota Jaimovich, Jorge Brusco, Alfredo Amdur et Jorge
Clara sont les référents de la ville.
L’hôpital régional de Mar del Plata possède un haut niveau d’académiciens, et la ville
est fréquemment le siège de congrès nationaux et internationaux.
■ L’activité internationale
44
Des années durant, les Journées de dermatologie du Rio de la Plata constituèrent
un classique de la spécialité ; elles rassemblaient annuellement les dermatologues
d’Argentine et d’Uruguay, les deux pays en étant alternativement le siège. Bartolomé
Vignale stimula leur réalisation en Uruguay, accompagné de Quiroga, Mazzini, Pierini
et Grinspan en Argentine.
Le Collège ibéro-latino-américain de dermatologie (CILAD) organisa en 1963 le
V e Congrès international, dont le président fut Luis Pierini; David Grinspan en fut le
secrétaire général. L’événement réunit toute la dermatologie argentine et ibéro-américaine
(figures 15, 16, 17, 18).
Buenos Aires fut le siège du XV e Congrès du CILAD en 2003, présidé par Ana Kaminsky,
tandis que Miguel A. Allevato faisait office de secrétaire général. Plus de
3 000 dermatologues y assistèrent et jugèrent que ce congrès fut l’événement le plus
brillant et le plus fructueux parmi ceux organisés jusqu’à présent.
En 1973, Sebastiao Sampaio, Pablo Viglioglia, Juan Carlos Gatti et Osvaldo Mángano
conçurent la Réunion annuelle des dermatologues latino-américains du Cône Sud
(RADLA) ; à ses débuts et jusqu’au VIII e Congrès, l’Argentine et le Brésil organisait tour
à tour cette réunion annuelle. Désormais, les autres pays d’Amérique latine l’accueillirent
également, faisant de la RADLA le congrès le plus significatif de la région, aussi bien
pour la qualité du travail scientifique que pour la quantité d’assistants. La
réunion qui eut lieu à Buenos Aires en 2005 fut présidée par le Dr Edgardo Chouela; il
travailla de manière ardue et décidée pour que le nombre de pays intervenants soit
augmenté, la Colombie, le Venezuela, l’Équateur et le Mexique s’étant alors ajoutés,
suivis prochainement de la communauté hispanophone des États-Unis.
D’autres activités furent organisées, comme des réunions internationales de léprologie,
sous la direction des Drs Gatti et Cardama, ou le Congrès mondial de cancer cutané,
présidé par León Jaimovich, avec Fernando Stengel comme secrétaire. Des réunions internationales
de dermatologie pédiatrique se réalisent périodiquement.
Ces antécédents significatifs justifient et anticipent l’éclat du prochain Congrès mondial
de dermatologie, qui aura lieu à Buenos Aires en 2007, dont le président sera Ricardo
Galimberti et le secrétaire général Adrián M. Pierini.
L’Association argentine de dermatologie et la Société argentine de dermatologie sont
les institutions qui représentent toute la République argentine. Au début, l’activité dermatologique
était centralisée autour de Buenos Aires; plus tard, des filiales et des sections
furent établies, reconnaissant la capacité et le prestige des dermatologues des
provinces argentines. Les sections de la Société argentine de dermatologie, qui regroupe
plus de 2500 dermatologues, se trouvent à Bahía Blanca (province de Buenos Aires),
Comahue, Córdoba, Corrientes, Chaco, Chubut, Jujuy, La Plata, Littoral, Mar del Plata,
Mendoza, Misiones, Rosario, Salta, San Juan, Santiago del Estero et Tucumán; les délégations
sont situées à Catamarca, San Luis, Santa Cruz et sur la Terre de Feu. La Société
argentine de léprologie fait également partie de la SAD.
Les différentes sous-spécialités
Histoire de la dermatologie argentine
■ Les différentes sous-spécialités
Dermato-pathologie: à l’origine, Pablo Box et Eugenio Forman étaient les seuls à
l’exercer; suite à l’action du Dr Jorge Abulafia, maître des générations futures, le
nombre de professionnels intéressés par la spécialité augmenta. José G. Casas, spécialiste
de renommée internationale, est professeur titulaire de pathologie à la faculté de
médecine de Buenos Aires et préside la filiale régionale américaine de l’International
Academy of Pathology. Parmi les pathologistes réputés, nous citerons Roberto G. Schroh,
Oscar Bianchi, Ignacio Calb, María Cristina Kien, Gabriel Magariños, Graciela Sánchez,
Eduardo Lacentre, Alicia Kowalczuk, Javier Anaya, Alberto Carril et Oscar Sanguinetti.
Jorge Monti et Adriana Bergero développent leur activité à Rosario; Roberto Castelleto
et Jorge Cueto (fils), à La Plata. Aníbal Ortiz Medina travaille à Mendoza et Susana Romero
dans la ville de Salta.
La Société argentine de dermato-pathologie (SADEPA) organise régulièrement des
cours et des réunions, invitant des dermo-pathologistes étrangers. Elle réalise également
le cours bisannuel de dermatologie optique basique, sous la direction des Drs Oscar
Bianchi et Roberto Schroh.
Dermatologie pédiatrique : parmi les figures remarquables, citons le Pr. Héctor
Crespi, homme sérieux qui jouit d’un grand prestige ; Dagoberto Pierini (figure 19),
maître de la spécialité ; Adrián M. Pierini, président du Vll e Congrès international de
dermatologie pédiatrique ; Margarita Luna (née Larralde), présidente du Congrès
45
Figure 19.
Pr. Dagoberto Pierini
PABLO A. VIGLIOGLIA, ALBERTO WOSCOFF
46
latino-américain de dermatologie pédiatrique (2006); Rita García Díaz, José A. Mássimo,
Silvia Pueyo, Zulema Piccone, Nélida Parra (née Pizzi) et Jorge Laffargue, entre autres.
La Société argentine de dermatologie pédiatrique fut fondée en décembre 1989,
devenant plus tard l’Association argentine de dermatologie pédiatrique (ASADEPE). De
nos jours un cours universitaire de dermato-pédiatrie est à la charge de J.A. Mássimo,
M. Larralde, A.M. Pierini et L. Valle, octroyant le diplôme correspondant.
Chirurgie dermatologique: elle prit un élan décisif grâce au Pr. Norberto Grinspan
Bozza, fondateur de la Société de chirurgie dermatologique. La spécialité rassemble des
chirurgiens dermatologues très compétents tels qu’Abel González (expert en chirurgie de
Mohs), Rafael Garzón, Horacio Costa Córdova, Daniel Ballesteros et Gilberto González
Rescigno. Le cours annuel de chirurgie dermatologique et d’esthétique de la Société
argentine de dermatologie est dirigé par Horacio Costa Córdoba, Eduardo De Carli et
Lidia Inés Villalba.
Stomatologie: comme nous l’avons déjà signalé, la stomatologie doit ses origines à
David Grinspan, dont le monumental traité recouvre toutes les facettes de la spécialité.
José Kriner, Samuel Blaustein, Julio Díaz, S. Belin, E. Mc Adden, Graciela Fernández
Blanco et Silvina González poursuivirent le travail du Dr Grinspan.
Cosmétologie: stimulée en Argentine par le Pr. Aarón Kaminsky, la spécialité prit une
importance internationale. Des cours, auxquels assistent plusieurs dermatologues latinoaméricains,
ont fréquemment lieu dans le pays. Les figures remarquables en Argentine
sont Alejandro Cordero (fils), Ana Kaminsky, Graciela Cuomo, Rosa Flom. Chaque service
de dermatologie comporte une section de dermato-cosmétologie, à la charge d’un chef
dermatologue accompagné du personnel technique de cosmétologie (auparavant, des
cosmétologues). Il existe également des sociétés de la spécialité consacrées au soin et à
l’amélioration des aspects éthiques de cette pratique. Cosmetología Dermatológica Práctica
[Cosmétologie Dermatologique Pratique], de M.I. Quiroga et C.F. Guillot (1973), et
Cosmiatría [Cosmétologie], de P. Viglioglia et J. Rubin devinrent les ouvrages classiques
de la spécialité.
Léprologie: son histoire va de pair avec celle de la dermatologie. Suivant certaines
théories, la lèpre fut introduite en Amérique par les découvreurs et les premiers conquérants,
qui engagèrent probablement des personnes malades comme soldats et marins; le
commerce d’esclaves africains du début du XVI e siècle fut un facteur qui contribua également
à étendre la maladie sur le continent. L’arrivée des esclaves étant plus limitée en
Argentine, il est probable que la maladie soit passée dans le pays en provenance des régions
voisines telles que le Paraguay, le Brésil et le Pérou.
Ce fut en 1760 que l’on prit connaissance de l’existence des premiers cas de la maladie
à Buenos Aires, les patients étant éloignés de la ville et envoyés à Lima. En 1792, le
protomedico Manuel Rodríguez isola le premier noyau de lèpre à Santa Fe (4 patients).
Les guerres d’indépendance disséminèrent ces noyaux vers le Nord-Est, le Nord-Ouest et
la région de La Pampa. La Maison d’isolement (actuellement hôpital Muñiz) fut fondée en
1883 et reçut la même année le premier malade atteint de la lèpre. Le Pr. Aberastury et
le Dr Farini prirent en charge ces patients. La première conférence nationale de la lèpre
eut lieu en 1903, et en 1926 l’assemblée législative vota la loi de prophylaxie antilépreuse,
rédigée par le Pr. Aberastury et soutenue avec persévérance par le Pr. P. Baliña.
Le premier recensement de malades de la lèpre se réalisa entre 1927 et 1929; il révéla
un total de 2300 malades. En 1930 naquit à l’hôpital Muñiz la Fondation du malade
lépreux de la République argentine. Au cours des années suivantes une série de cliniquescolonies
furent inaugurées à Posadas (province de Misiones), Isla del Cerrito (Corrientes),
San Francisco del Chañar (Córdoba), General Rodríguez (province de Buenos Aires, en
1941) et Diamante (Entre Ríos, en 1948). En 1929, le Pr. Fidanza et ses disciples
J. Fernández et S. Schujman organisèrent le service de léprologie à Rosario, qui s’occupa
de préparer la lépromine standard en 1946, lors de la II e Conférence panaméricaine de
Histoire de la dermatologie argentine
léprologie à Rio de Janeiro. Plus tard, Eduardo Carboni et Augusto Mercau se distinguèrent
dans la spécialité.
Société argentine de léprologie (SAL): elle fut fondée en août 1954 par un groupe de
41 médecins intéressés par la léprologie et réunis en assemblée au siège de l’Association
médicale argentine de la ville de Buenos Aires. La première commission directive, présidée
par J.M. Fernández, était intégrée par les Drs L. Llano, E. Capurro, G. Basombrío,
F. Wilkinson, S. Schujman et L. Argüello Pitt. Parmi les fondateurs de cette nouvelle société,
des léprologues illustres tels que P. Arcuri, L.M. Baliña, E. Carboni, J.E. Cardama,
C. Consigli, J.C. Gatti, M. Giménez, E. Jonquières, R. Manzi, A. Mercau, H. Sánchez
Caballero, J. Scappini, A. Serial et E. Tello, entre autres.
R. Valdez, G. Pizzariello, L. Olivares, A.M. San Martín et N. Vaquero sont les figures
argentines qui se distinguent actuellement en léprologie.
L’organe officiel de la société fut la revue Leprología, fondée en janvier 1956 et éditée
pendant 20 ans. Sa publication fut interrompue pour des raisons d’ordre économique.
Parmi d’autres publications de la spécialité, nous citerons les ouvrages des
professeurs J.C. Gatti et J.E. Cardama: Tratado de leprología [Traité de léprologie] et
Temas de Leprología [Sujets de léprologie], du Dr L.M. Baliña.
Une assemblée extraordinaire décida en mai 1988 que la SAL deviendrait une section
de la Société argentine de dermatologie.
Mycologie: Pablo Negroni étudia cette spécialité, publia de nombreux ouvrages sur le
sujet. Ricardo Negroni, référence mondiale dans le domaine, poursuivit brillamment les
recherches. Ricardo Galimberti — dont les apports sont publiés par des revues étrangères
—, Vicente Madeo, Susana Carabelli et Leonardo Amante intègrent la liste des mycologues
argentins dotés d’une solide formation.
Cryochirurgie: ses figures de renommée furent E. Turjansky et G. Stolar (auteurs
d’un livre de consultation obligatoire), des pionniers comme Alberto Torres Cortijo et
Carlos Kaminsky, ainsi que Luis Sevinsky et Eduardo Rodríguez (de nos jours). La Société
argentine de cryochirurgie organise périodiquement des réunions au siège de l’Association
médicale argentine.
Infections de transmission sexuelle (ITS): pendant plus de 20 ans, les pays latino-américains
firent partie de l’Union latino-américaine des maladies sexuellement transmissibles
(ULACETS en espagnol), créée au Brésil et en Argentine et qui travailla intensément au
contrôle des différentes dermatoses entremêlées. Ses présidents furent, entre autres, les
Argentins Alberto Woscoff, Juan Carlos Flichman et Mario Ambrona. Actuellement, l’Union
argentine contre les maladies de transmission sexuelle (UACETS) est intégrée par Ricardo
Casco, Alcira Bermejo, Mario Oxilia et Luis Belli. L’UACETS joua un rôle important dans la
reconnaissance, de la part de l’Organisation sanitaire panaméricaine, de la syphilis congénitale
comme une des pathologies prioritaires du continent américain.
Les livres de référence sur le sujet sont le Tratado de Venereología [Traité de Vénéréologie],
écrit par le Dr Viglioglia et coll.; ETS y SIDA [MST et SIDA], de P. Viglioglia et
A. Woscoff ainsi que Las ETS en tiempos del SIDA [Les MST à l’époque du SIDA], dont les
auteurs sont M. Marini et M. Oxilia.
Actuellement, les IST représentent toujours un grave problème sanitaire dans les provinces,
qui reçoivent le soutien des professionnels et des services consacrés au sujet.
Photothérapie: plusieurs services hospitaliers possèdent des appareils PUVA et UVB.
Les pionniers dans la technique sont Edgardo Chouela, Fernando Stengel, J. Ubogui et
Luis Sevinsky, qui se consacrent également à son enseignement.
Il est impossible de mentionner tous les professionnels qui se distinguent dans l’étude
des différentes pathologies sans s’exposer à des oublis impardonnables. Nous en citerons
quelques-uns: Horacio Cabo (diabètes et peau), Esteban Saraceno (médecine interne et
peau), Sergio et Osvaldo Stringa, Patricia Troielli, María Bibiana Leroux et Cristina Pascutto
(collagénopathies).
47
Figure 20. Revista
Argentina de
Dermatología
Figure 21. Archivos
Argentinos de
Dermatología
Figure 22.
Dermatología
Argentina
Figure 23.
Actualizaciones
Terapéuticas
Dermatológicas
PABLO A. VIGLIOGLIA, ALBERTO WOSCOFF
La Société argentine de dermatologie et la Fondation du cancer de la peau — présidée
par Fernando Stengel — organisent ensemble des campagnes annuelles nationales
pour contrôler la maladie; les résultats sont analysés et constituent des guides pour les
pays qui entreprennent le même travail.
■ Revues Revues sur de la spécialité
Quatre revues sont publiées périodiquement en Argentine (figures 20-23):
• Revista Argentina de Dermatología, organe officiel de l’Association argentine de
dermatologie, créée en 1908 et dernièrement dirigée par P. Magnin, J. Abulafia, L. Valle,
N. Gottlib et A. Palacios.
• Archivos Argentinos de Dermatología, dont la publication fut lancée en 1951 et dirigée
successivement par Luis Pierini, Dagoberto Pierini, Santiago Mosto, Adrián Pierini,
Fernando Stengel et Andrés Politi.
• Dermatología Argentina, organe officiel de la Société argentine de dermatologie,
fondée en 1994 et dirigée par Alberto Woscoff (directeur honoraire) et Liliana Olivares.
• Actualizaciones terapéuticas dermatológicas, dirigée et éditée par León Jaimovich
et Miguel Allevato; elle est reconnue en Amérique latine et aborde l’aspect thérapeutique
contemporain de la spécialité.
■ Livres de la la spécialité
48
• Dermatomicosis [Dermatomycoses]. P. Negroni, 1942.
• Micosis cutáneas y viscerales [Mycoses cutanées et viscérales]. P. Negroni, 1944,
1961.
• Dermatología y sifilología [Dermatologie et syphilologie]. M. Fernández Blanco et
M.A. Mazzini, 1945.
• Porfirinas y porfirias [Porphyrines et porphyries]. J.M. Borda, 1946.
• Introducción al estudio de la dermatosifilología [Introduction à l’étude de la dermato-syphilologie].
L.E. Pierini et M. Quiroga, 1946.
• PH cutáneo [PH cutané]. C.F. Guillot, 1949.
• Eczema [Eczéma]. M. Quiroga et coll. 1949.
• Compendio de Dermatosifilografía [Précis de dermato-syphiligraphie]. F. Noussitou,
A. Cordero et A.M. Mom, 1949.
• Tuberculosis de piel [Tuberculose de la peau]. R. Garzón, 1950.
• Sarcomatosis de Kaposi [Sarcomatose de Kaposi]. D. Grinspan, 1950.
• Rosácea [Rosacée]. P.H. Magnin, 1953.
• Dermatomiositis [Dermatomyosite]. J.M. Borda et S. Stringa, 1955.
• Dermatología Geriátrica [Dermatologie gériatrique]. M. Quiroga, C.F. Guillot et
A. Woscoff, 1963.
• Manual de Dermatología [Manuel de dermatologie]. J.C. Gatti et J.E. Cardama (plusieurs
éditions de 1963 à 1989).
• Historia de la lepra en la Argentina [Histoire de la lèpre en Argentine]. M.I. Quiroga,
1964.
• Porfirias [Porphyries]. P.A. Viglioglia et E.F. Saraceno, 1968.
• Sífilis: clínica y laboratorio [Syphilis: clinique et laboratoire]. P.A. Viglioglia et
E. Gaya Noya, 1968.
• Dermatología infantil [Dermatologie infantile]. A.M. Mom et A. Chouela, 1968.
• Úlceras de pierna [Ulcères des jambes]. R. Garzón (fils), 1969.
• Las hipodermitis [Les hypodermites]. L.E. Pierini, J. Abulafia et S. Wainfeld, 1969.
• Temas de Dermatología [Sujets de dermatologie]. Tomes I à V. P.H. Magnin et coll.
• La lepra: pasado y presente [La lèpre: passé et présent]. M. Quiroga, 1974.
• Polidisplasia con hipoplasia dérmica focal [Polydysplasie avec hypoplasie dermique
focale]. P. Magnin, J.G. Casas, M. Marini et E. Garrido, 1974.
• Dermatología pediátrica en la práctica clínica [Dermatologie pédiatrique dans la
pratique clinique]. H.G. Crespi, 1978.
• Tumores de piel [Tumeurs cutanées]. P. Magnin et J.G. Casas, 1978.
• Porfirinas y porfirias [Porphyrines et porphyries]. A. Batlle, P. Magnin et E. Wider, 1981.
• Urticaria [Urticaire]. A. Cordero et A. Woscoff, 1981.
• Las disproteinemias en dermatología [Les disprotéinémies en dermatologie]. B. Nudenberg,
1982.
• Manifestaciones dermatológicas de enfermedades internas [Manifestations dermatologiques
de maladies internes]. P. Viglioglia, 1982.
• Terapéutica dermatológica en la infancia [Thérapeutique dermatologique chez les
enfants]. N.A. Vivot et coll., l983.
• Dermatología elemental [Dermatologie élémentaire]. P. Viglioglia, 1985.
• El eccema infantil [L’eczéma infantile]. A. Cordero et H.G. Crespi, 1985.
• Conceptos prácticos de farmacología dermatológica externa [Concepts pratiques de
pharmacologie dermatologique externe]. J.C. Gatti, J.E. Cardama, J.G. Machargo et
L. Olivares, 1986.
• Terapéutica dermatológica actualizada [Thérapeutique dermatologique mise à
jour]. L. Jaimovich, 1986.
• Mucinosis. Nuevas aproximaciones a la clínica [Mucinose. Nouvelles approches à la
clinique]. B. Nudenberg, 1986.
• Dermatología médicoquirúrgica [Dermatologie médicochirurgicale]. R. Garzón (fils), 1987.
• Dermatología pediátrica [Dermatologie pédiatrique]. A. Cordero et H.G. Crespi, 1987.
• Tumores cutáneos de los tejidos blandos [Tumeurs cutanées des tissus mous]. P. Magnin
et R. Schroh, 1989.
Quelques livres de la dernière décennie
Histoire de la dermatologie argentine
• Introducción a la inmunodermatología [Introduction à l’immunodermatologie].
A. Woscoff et P. Troielli, 1994.
• Dermatología neonatal y pediátrica [Dermatologie néonatale et pédiatrique].
M. Larralde de Luna, 1995.
• Citogenética en el pregrado [Cytogénétique dans les études supérieures]. R. Garzón
(fils), Savia, Bornetto, Garzón, 1996.
• Manifestaciones cutáneas de la diabetes [Manifestations cutanées du diabète].
H. Cabo, 1996.
• Ictiosis. Estados ictiosiformes [Ichtyose. États ichtyosiformes]. A. Cordero, 1997.
49
PABLO A. VIGLIOGLIA, ALBERTO WOSCOFF
• Manifestaciones cutáneas de las enfermedades sistémicas [Manifestations cutanées
des maladies systémiques]. A. Cordero, M. Cobreros, M. Allevato et L. Donati, 1997.
• El eccema infantil [L’eczéma infantile]. A. Cordero et H. Crespi, 1998.
• Nevos [Nævi]. H. Cabrera et S. García, 1998.
• Manual de Dermatología Clínica [Manuel de dermatologie clinique]. R.E. Balsa,
1998.
• Dermatología infantil en la clínica pediátrica [Dermatologie infantile dans la clinique
pédiatrique]. S. Pueyo et J.A. Mássimo, 1999.
• Urticaria [Urticaire]. A. Woscoff et P. Troielli, 1999.
• Atlas Fotográfico de Dermatología [Atlas photographique de dermatologie]. A. Kaminsky
et G. Fernández Blanco.
• Dermatoscopía [Dermatoscopie]. H.A. Cabo.
• Dermatopatología [Dermatopathologie]. J.G. Casas, G. Magariños et G. Casas.
• Temas de Dermatología [Sujets de dermatologie]. P. et M. Viglioglia.
• Orientación dermatológica en Medicina Interna [Orientation dermatologique en médecine
interne]. A. Woscoff et A. Kaminsky, 2002.
• Dermatología de Gatti Cardama [Dermatologie de Gatti Cardama]. H. Cabrera et
F. Gatti, 2003.
• Dermatología en Medicina Interna [Dermatologie en médecine interne]. A. Woscoff,
A. Kaminsky, M. Marini et M. Allevato, 2003.
• Principios de inmunodermatología [Principes d’immunodermatologie]. A. Woscoff,
P. Troielli et M. Label, 2004.
• Dermatología en el pregrado [La dermatologie dans les études supérieures]. P. Magnin
et coll. (plusieurs éditions).
• Manual básico de Dermatología [Manuel basique de dermatologie]. R. Garzón
(4 tomes).
■ Maîtres de la la Dermatologie dermatologie Argentine argentine (SAD) (SAD)
La Société argentine de dermatologie octroya le titre de « maître de la dermatologie
argentine » aux professionnels suivants: Alejandro A. Cordero, Miguel Ángel Mazzini,
David Grinspan, Pablo A. Viglioglia, Enrique D. Jonquières, Enrique E. Tello, León Jaimovich,
Jorge Abulafia, Vicente Pecoraro, Sergio Stringa, Carlos Consigli, Augusto Casalá,
Gerónimo López González, Osvaldo Mangano, Bernardo Nudemberg, Roberto
Biagini, Alberto Carvalho, Alberto Woscoff. ■
■ Références
bibliographiques
Grinspan D. Sinopsis histórica de
la Dermatología argentina.
Editado con motivo del 10º
Congreso Argentino de
Dermatología. Buenos Aires;
1990.
Man A. Referencias
dermatológicas en el Litoral
[communication personnelle].
Nudenberg B. Tres héroes de la
lucha contra la lepra y las
enfermedades venéreas en
Septembre 2005.
Rosario. Edición del autor;
1985.
Olivares L. Historia de la lepra
[communication personnelle].
Parra C, Pizzi de Parra N.
Referencias dermatológicas
en Mendoza [communication
personnelle].
DERMATOLOGIE:
ART ET CULTURE
Nous remercions le Pr. Dr Federico Pérgola, directeur de ce
travail.
Le concept de culture est très vaste et permet des interprétations différentes.
Si nous adhérons à la définition de Gordon Childe 1 , il s’agit de l’ensemble des
éléments matériels et immatériels dont l’homme se sert pour se débrouiller dans
la société 2 . Chaque groupe humain possède des règles propres et uniques qui le
caractérisent 3 .
Dans la formation du médecin, la culture de la liberté spirituelle est indispensable:
elle privilégie la valeur éthique anthropologique et la priorité de l’être. Les humanités
médicales (l’histoire de la médecine, la linguistique, l’anthropologie, la sociologie,
l’éthique, l’épistémologie, la communication et l’esthétique médicales) permettent d’encadrer
la conception de l’homme dans le schéma socioculturel. On réussit à créer à travers
elles l’esprit critique, l’attitude du doute méthodique et rationnel. Cet
antidogmatisme va nous libérer des traits négatifs tels que la déshumanisation de la médecine
et le réductionnisme biologique 4 .
Dans son ouvrage Filosofía y Medicina [Philosophie et médecine] Loudet affirme: « Il
n’est pas inapproprié de parler de médecine et de philosophie. Les grands médecins de
tous les temps et de toutes les écoles furent médecins et philosophes de leur science. Ils
ne contemplèrent pas seulement les effets, mais ils en cherchèrent la cause; ils ne s’égarèrent
pas dans la mer mouvante des symptômes et ils en cherchèrent une explication
intime; ils ne furent pas des prescripteurs impressionnistes, mais des praticiens expérimentés;
ils respectèrent toujours l’action curative de la propre nature et ils ne la perturbèrent
pas avec des impertinences thérapeutiques ; ils furent des médecins prudents
avant d’être des innovateurs audacieux. » 5
La Dermatologie dans la littérature
AMALIA M. BORES, INÉS A. BORES, LIDIA E. VALLE
■ La dermatologie dans la littérature
On peut entendre par « art » l’œuvre humaine exprimant de manière symbolique, à
travers des matériaux divers, un aspect de la réalité comprise esthétiquement.
Plusieurs médecins dermatologues possèdent une sensibilité qui les pousse à cultiver
les arts (musique, peinture, littérature, sculpture). Ils ne se limitent pas à la pratique
quotidienne de leur profession mais encore, pour essayer de comprendre entièrement la
condition humaine, ils veulent parvenir à un savoir intégral. Nous distinguerons parmi
eux Carlos Federico Guillot et Marcial Quiroga.
51
AMALIA M. BORES, INÉS A. BORES, LIDIA E. VALLE
Carlos Federico Guillot (1917-1984), brillant dermatologue, fut membre fondateur
du Collège ibéro-latino-américain de dermatologie ainsi que des Sociétés argentines de
gérontologie et gériatrie, d’anthropologie et d’histoire.
On trouve chez Marcial Quiroga (1899-1993) un autre exemple de personnalité éclectique.
Dermatologue remarquable, il fut professeur titulaire de la chaire de clinique dermato-syphiligraphique
à l’hôpital Ramos Mejía (1947-1965). Il fut désigné membre des Académies nationales
de médecine et d’histoire et on lui octroya les doctorats honoris causa des universités de
Madrid et Complutense. En 1965, la municipalité de Buenos Aires le nomma maître extraordinaire
de dermatologie et en 1977 il devint professeur émérite à l’université de Buenos Aires.
En tant qu’historien médical, nous distinguerons parmi ses ouvrages: Historia de la
lepra en Argentina [Histoire de la lèpre en Argentine] ; La lepra. Pasado, Presente [La
lèpre. Passé, présent] ; Manuel Moreno, biografía [Manuel Moreno, biographie] et La
Academia Nacional de Medicina de Buenos Aires [L’Académie nationale de médecine de
Buenos Aires]. Nous citerons également son livre Paremiología Médica y otros refranes
en la Argentina [Parémiologie médicale et autres dictons en Argentine] et le vaste mélange
Un libro y seis lectores [Un livre et six lecteurs] 6, 7, 8 .
Au cours des dernières décennies, l’utilisation de l’informatique s’amplifia dans la vie
de tous les jours, permettant un échange interactif mondial et sans limites qui favorise la
maîtrise du temps et de l’espace. Marcelo Sosa Ludicissa 9 affirme que dans le monde virtuel
de l’Internet, il est possible d’accéder à l’information de façon concourante par différents
moyens. Ainsi par exemple, à partir d’un article écrit par un certain auteur, on peut
connaître d’autres données supplémentaires. Cette interaction produit une capacité plus
grande d’association des idées, ce qui permet de multiplier la capacité d’apprentissage.
Selon Berlim, actuellement, « l’information est sphérique, dynamique, avec de multiples
points d’accès et de liaison; chacun construit essentiellement son information. Le papier
est remplacé par des images électroniques transmises par télécommunication ».
Le développement d’une société informatisée va permettre de construire de nouveaux
archétypes culturels.
■ La La médecine populaire. Les guérisseurs Les guérisseurs et la magie et la magie
52
Pérgola s’exprime comme suit : « On ignore si le mot magie doit son origine au nom d’une
des tribus medas nommée mages ou bien s’il provient d’anciennes voix latines dont la signification
est liée à la supériorité spirituelle – du point de vue étymologique cela semble
bien être vrai. » L’auteur signale trois types de magie: la théurgie, secrète et religieuse;
la magie blanche, appliquée au bien; et la magie noire, qui reçoit l’aide du démon 10 .
La magie est interprétée comme la croyance que tout phénomène naturel, par
exemple la maladie, est déterminé par des entités ou des forces invisibles et supérieures,
qui peuvent être dominées d’une certaine manière à travers des cérémonies ou des rituels
exécutés par le sorcier, magicien ou chaman (magie blanche).
Le chaman est un homme qui possède la capacité d’entrer en transe extatique (vol
magique ou voyage de l’âme). C’est un voyant, un guérisseur et un maître de vie.
La formalité du rite comprend des incantations, des conjurations, des enchantements*,
des gestes et des danses. Les rites sont pratiqués à des endroits spéciaux dont l’accès est
difficile, tels que des fontaines, des îles, le sommet des montagnes ou des abîmes.
Pour la conception magique, le médicament est efficace grâce au rite par lequel il est
administré, au pouvoir personnel du sorcier et à l’endroit où il est appliqué 11 . Cette idée
* Incantations : moyen superstitieux de guérir avec des mots magiques et des médicaments empiriques ; conjurations : imprécations
ou sortilèges des sorciers ; enchantement : action d’enchanter, de faire des merveilles de façon surnaturelle.
Dermatologie : art et culture
de la médecine est caractéristique des peuples naturels, c’est-à-dire ces unités sociales
ou tribus qui possèdent des ressources techniques limitées 12 . Suivant l’interprétation de
la réalité, il existe cinq mécanismes de la nosogénèse: l’envoûtement nocif, l’infraction
d’un tabou, la pénétration magique d’un objet dans le corps, la possession par un esprit
malveillant et la perte de l’âme.
Bon nombre de peuples naturels disparurent à cause des épidémies provoquées par
le choc avec d’autres civilisations, les famines, l’émigration et la transculturation*.
En Argentine, les Matacos habitèrent le territoire de la province du Chaco; quelques
groupes y subsistent encore. Leurs sorciers pratiquaient la succion de la zone malade et
simulaient l’extraction du mal par des vomissements de pierres, d’insectes ou de bouts
de flèches qu’ils cachaient dans leur bouche. Pour cela, ils accompagnaient leurs pratiques
de chants et de danses. En herboristerie, ils utilisèrent le yetabay ou jalapa; le jus
obtenu de ses fleurs était indiqué dans les affections herpétiques et autres dermatoses.
Les Guaranis appartenant au groupe Tupi Guarani habitèrent les îles du fleuve Paraná;
leur habitat s’étendait jusqu’à l’Amazone. Ils se servirent de l’huître, ita, coquille
bivalve pulvérisée ou moulue avec laquelle ils saupoudraient les plaies ou les abcès pour
accélérer leur guérison. La peau du corbeau (urubu) s’appliquait également sur les
plaies. Pour les maladies vénériennes, ils utilisaient de la résine de copaïba (Copaifera
officinalis ou bâton à huile) ; la salsepareille (Smilax aspera), cuite et macérée dans du
vin, ayant la propriété de stimuler la sueur, était également préconisée pour le traitement
de la gale.
Ils utilisaient dans le même but la ronce blanche (Bytneria ou Punttneria cartagenesis),
tandis que la sauge (Salvia officinalis) était indiquée pour l’épithélialisation des ulcères.
L’utilisation du rocou (Bixa orellana) fut très importante; les graines de cet arbre
contiennent deux colorants: l’un est jaune – orellina ; l‘autre est rouge cinabre, appelé
bixina. Les aborigènes appliquaient sur la peau la bixina, insoluble dans l’eau, combinée
à des graisses, des résines et des cires afin de repousser les insectes et d’atténuer l’action
des rayons ultraviolets. Cette « rocourisation » résistait aux bains et à la sueur.
À l’époque précolombienne le tabac (Nicotiana tabacum) était utilisé pour soigner la
gale, l’érysipèle et les piqûres.
Les Mocovis habitèrent la région s’étendant depuis le fleuve Bermejo et les frontières
de la province de Tucumán jusqu’à la province de Santa Fe. Ils utilisèrent le cébil — de la
famille des mimosacées — sous forme de plombage pour les lésions mutilantes de la lèpre.
Les tribus pampas s’établirent dans le sud de Mendoza, Santa Fe, San Luis, Córdoba
et le nord-ouest de Buenos Aires; elles utilisèrent le yang dans la thérapeutique des
aphtes buccaux 13 .
Les formes prétechniques de la médecine nous léguèrent certaines pratiques qui
s’ajoutèrent à la médecine populaire (folk Medecine).
L’empirisme (c’est-à-dire le fait d’avoir recours à un remède ou à une pratique parce
que bénéfiques dans des cas similaires) et la magie fusionnèrent en utilisant quelque
drogue qu’ils firent passer du monde primitif ou naturel au monde « civilisé ». Ce sont
par exemple la quinquina, l’opium et la belladone, entre autres 11 .
La suggestion est la méthode employée par les sorciers pour induire la guérison 14 . Le
chaman occupe une position privilégiée dans la sphère sociale; son ethnie le respecte
parce qu’elle pense qu’il connaît le mystère de la vie et de la mort, et qu’il possède la faculté
de guérir et de produire, à sa guise, la maladie.
La médecine est art (tekne) lorsque celui qui l’exerce connaît de façon rationnelle la
définition de la maladie et le remède qui convient pour chaque cas. Ce double savoir est
* Transculturation : processus de diffusion ou d’influence des traits culturels d’une société, lorsqu’elle entre en contact avec une
autre société moins évoluée.
53
AMALIA M. BORES, INÉS A. BORES, LIDIA E. VALLE
54
en rapport avec la connaissance, également rationnelle, de la « nature » de la maladie
et de sa guérison.
Le changement de paradigme est dû au génie des médecins grecs, exprimé dans un
texte d’Alcméon de Crotone vers l’an 500 av. J.-C. 11 .
À partir de la découverte de l’Amérique, des médecins européens s’installèrent dans
les régions les plus peuplées, mais ils se révélèrent insuffisants pour répondre aux
besoins de la population, qui avait en général recours aux guérisseurs.
Cela amena le protomédico Miguel O´Gorman à demander au vice-roi Vértiz la création
du Protomedicato du Rio de la Plata (1777). Le Protomedicato était une institution
créée en Espagne et à la charge de médecins désignés par le roi. L’autorisation, octroyée
en 1780, posa les bases de l’enseignement de la science médicale et pharmacologique
sur ces terres.
Yankilevich écrit à propos de ces fonctionnaires: « Ils avaient la triple fonction de la
direction, de l’enseignement et des problèmes du gouvernement en ce qui concernait la
médecine, la chirurgie et la pharmacie; ils administraient la justice, en constituant un
tribunal spécial pour châtier les fautes et les excès commis par les médecins; ils poursuivaient
les guérisseurs; enfin, ils fixaient les tarifs pour les examens et la visite chez
l’apothicaire. » 15
Plus tard, le 9 avril 1822, la loi d’arrangement de la médecine fut promulguée sous le
gouvernement du général Martín Rodríguez (1820-1824). Elle contenait 98 articles et, inspirée
par Rivadavia, elle encadrait les attributions du nouveau tribunal de médecine, qui
allait remplacer le Protomedicato. Cette loi établissait la forme et les conditions de l’assistance
médicale et de la pharmacie, et en créait les écoles respectives; elle stipulait dans de
brefs articles les procédures judiciaires de prophylaxie ainsi que les inspections sanitaires
afin de prévenir la transmission des maladies infectieuses. Elle établissait les attributions
des médecins de police, du port et de la campagne. Le titre IX traitait de l’administration
du vaccin, tandis que l’Académie de médecine fut créée à travers le titre X.
Le danger du guérisseur réside dans le fait que, comme il méconnaît la médecine, il
a recours à des actes arbitraires afin de convaincre son client qu’il peut le guérir, et son
action est souvent liée à son appât du gain et à une forme de messianisme. Les médecins
sont actuellement insuffisants par rapport à la densité démographique, rendant l’éradication
de ce genre de pratiques difficile.
Quant aux charlatans, Nerio Rojas les définit comme « tout professionnel diplômé
(médecin, dentiste ou sage-femme) qui, autorisé à exercer l’art de guérir, promet une
guérison dans un délai fixe ou par des moyens secrets ou infaillibles ».
La diffusion actuelle de publicités dans les médias favorise l’action de guérisseurs
et charlatans 16 . Magrassi et Radovich pensent que dans la réussite des guérisseurs le
« rapport personnalisé avec leur patient » est très important. « Cette personnalisation de
l’interaction est due au fait que le savoir et le langage du guérisseur coïncident avec ceux
du malade. » Les facteurs culturels trouvent leur correspondance dans la maladie aussi
bien que dans son traitement 14 . En même temps, la clandestinité leur accorde un facteur
de suggestion qui favorise leur attraction auprès des clients, et la persécution dont ils
font l’objet engendre un courant de sympathie parmi ceux qui les consultent.
Certaines conditions déterminent le caractère idéal du guérisseur, par exemple le jour
et le lieu de sa naissance, l’héritage familial ainsi que l’ordre de naissance au sein de sa
famille. Le fait d’être né le Jeudi saint, le réveillon de Noël ou le jour de la Saint-Judas,
parmi les jours du martyrologe chrétien, est une marque favorable.
Baudouin fut intrigué par les résultats positifs qu’obtenaient parfois les guérisseurs et
il conclut qu’ils étaient dus à leur réputation et aux « braves pratiques dont la bravoure et
le manque de logique frappent par émerveillement et mettent le malade dans un tel état
d’émotion qu’il favorise l’autosuggestion spontanée; dans ces conditions, la foi guérit ».
L’auteur analysa les effets de l’autosuggestion dans la guérison des verrues vulgaires 17 .
Dermatologie : art et culture
À partir d’un travail réalisé dans l’état du Nouveau-Mexique avec les indigènes
Apaches, les chercheurs L.M. Boyer et R.M. Boyer conclurent que cette ethnie conciliait
chez les adultes un côté hystérique et un côté compulsif. Le sorcier aurait donc des
résultats positifs sur ce type de personnalité, notamment dans le traitement des maladies
psychogènes 18 .
En 1838, un nouveau concept prend force avec la publication de l’article de Max
Jacobi, « Nouvel examen sur les fondements de la médecine psychosomatique ». L’ouvrage
Psicología Médica [Psychologie médicale], du baron Ernest Von Feuchtersleben
paraît au cours de la même année, dans lequel il s’exprime comme suit: « La peur
produit énurésie, diarrhée, pollutions, érysipèle et des éruptions sur les lèvres; elle
favorise la réception de la contagion et les miasmes; elle perturbe les crises et aggrave
les troubles. » Voici donc une incursion dans la névroimmunologie 14 .
Selon Guerra, la suggestion intervient dans l’action du médecin pour guérir la maladie
19 ; il s’agit là du processus le plus important, par la propre action. Pour sa part, Laín
Entralgo 11 considère que la suggestion constitue en soi tout un système thérapeutique;
elle a une valeur en tant que véhicule de la catharsis. Dans plusieurs cas l’amélioration
du patient fut observée immédiatement après l’interrogatoire ou les techniques sémiologiques.
De son côté, Pérgola affirme que « l’acte médical renferme tout un contenu rituel qui
mit sur le même plan, depuis l’Antiquité, le médecin et les dieux, les saints, les rois légendaires
capables de guérir avec une simple imposition de mains. » 14
Dans un texte ultérieur, ce même auteur énonce que « la présence du médecin est médecine.
Elle met en marche la pensée magique de l’autoguérison, aspect inhérent au
rapport entre le médecin et le patient. La clef ? Dans son rapport d’entretien – suivant la
classification de P. Schneider –, le médecin généraliste se rapproche de son patient, il
risque autant que lui, il se ‘‘fond’’ avec lui dans les manœuvres sémiologiques classiques:
observation, palpation, percussion, auscultation. Il établit un contact, et ce contact
engendre la plus grande solidarité. Lorsqu’un patient distingue une déshumanisation
dans le traitement, il la perçoit comme un manque de rapprochement sémiologique. » 3
Cet auteur signale également qu’il ne faut pas avoir peur de comparer le médecin au
sorcier et, en citant Sigerist, il ajoute que le guérisseur primitif est bien plus que l’ancêtre
du médecin moderne: il est l’ancêtre de la plupart de nos professions. « Il en sait plus sur
le monde transcendantal que la plupart des gens, au point d’en avoir la maîtrise. » 20
Robinson dit que le candidat pour devenir sorcier devait posséder une caractéristique
peu commune: avoir une force extraordinaire; être sage ou difforme; souffrir d’attaques
épileptiques; avoir une prédisposition pour entrer en transe; être maladroit avec les
armes; être ventriloque; avoir été l’objet des rêves des aînés ou sentir une attirance manifeste
par la méditation et les promenades solitaires dans les bois. Il arrivait parfois
qu’un jeune ayant des aptitudes naturelles préfère la science à la chasse, et il choisissait
alors de devenir élève d’un guérisseur réputé. Les études étaient longues, difficiles et
coûteuses; il fallait apprendre beaucoup de ruses, connaître plusieurs herbes, infinité de
rites et une méthode de base précise. Le guérisseur ne pouvait pas être comme les
autres, il devait être un homme à part. Ses vêtements, ses habitudes et ses pensées devaient
être différents. Il ne pouvait pas partager la routine de la vie de ses semblables, il
devait toujours être un homme mystérieux. Au fur et à mesure que les cérémonies devenaient
plus compliquées et se consacraient à la tradition, le sorcier devenait le prophète
et le prêtre de son peuple 21 .
55
AMALIA M. BORES, INÉS A. BORES, LIDIA E. VALLE
■ Les Les moulages en cire. en cire. La photographie La photographie
56
La chaire de maladies vénériennes fut créée le 18 mars 1892. Le Dr Baldomero Sommer,
formée à l’école de Vienne où il étudia avec Kaposi, en fut le premier professeur
titulaire ; il reçut plus tard l’influence de l’école française (Gaucher, Fournier, Darier) 6 . Il
travailla à l’hôpital San Roque (actuellement hôpital Ramos Mejía).
Sommer créa le musée des moulages en cire, confectionnés par Walter S., représentant
la morphologie des maladies cutanées afin de faciliter leur apprentissage. Lors de
l’inventaire de 1915, 116 pièces, dont celles représentant la sporotrichose, la blastomycose,
la piqûre d’araignée, la sclérodermie, la syphilis, la pityriasis lichénoïde chronique,
la lèpre, le lichen, le sarcome de Kaposi, le psoriasis et le granulome vénérien, furent
dénombrées.
Sommer utilisait des illustrations d’atlas dermatologiques 22, 23 à des fins pédagogiques;
il rassembla également des photographies qui révélaient les maladies de ses
patients 6 . Plus tard, le Pr. Pedro Baliña vint enrichir le matériel iconographique de la
première chaire de dermatologie 24 .
La technique photographique permit la reconnaissance objective des dermatoses.
Dans les premiers temps, les photographies étaient colorées à la main. Cependant, la
photographie en noir et blanc, qui fut tirée en sépia au début, constitua un grand recours
dans le manuel d’étude dermatologique.
Squire, un chirurgien du Dispensaire libre de l’ouest de Londres, publia en 1865 un
atlas de dermatologie et vénéréologie entièrement illustré de photographies. Parmi
celles-ci, douze étaient colorées à la main: elles occupaient toute la page et comportaient
un résumé succinct du cas clinique.
Il est essentiel en dermatologie d’identifier les maladies à partir de l’aspect extérieur
de la zone affectée, voilà pourquoi les illustrations des manuels d’étude nécessitent une
grande fidélité. Toutes les méthodes novatrices à une époque donnée furent utilisées
pour l’enseignement de la dermatologie, depuis le « dessin à l’aquarelle jusqu’à la photographie
en couleur, et depuis les premières xylographies jusqu’à la technique moderne
d’impression offset couleur. » 25 ■
■ Références
bibliographiques
1. Childe G. ¿Qué sucedió en la
Historia? Buenos Aires:
Crítica; 1965.
2. Malinowski B. Magia, ciencia y
religión. Barcelona: Planeta
Agostini; 1993.
3. Pérgola E. Cultura,
globalización y medicina.
Buenos Aires: El Guión
Ediciones; 2002.
4. Kohn Loncarica A. Outomuro
D. editores. Bioética hoy.
Implicancias en educación,
clínica, investigación y
políticas de salud. Buenos
Aires: Facultad de Medicina;
2003.
5. Loudet O. Filosofía y medicina.
Buenos Aires: Emecé; 1977.
6. Grinspan D. Sinopsis histórica
de la Dermatología Argentina.
Editado con motivo del 10º
Congreso Argentino de
Dermatología. Buenos Aires;
1990.
7. Marcial Ignacio Quiroga.
« Curriculum Vítae
Octobre 2004
resumido ». La Prensa Médica
Argentina. 1980; 67: 33-35.
8. « Murió ayer en ésta el Dr.
Marcial Quiroga ». La Nación.
23 oct 1993; p.15.
9. Oliveri N. Sosa Ludicissa M.
Gamba C. Internet,
telemática y salud. Buenos
Aires: Ed. Panamericana;
1997.
10. Pérgola F. Brujos, magos y
habladores. Jano. Medicina y
Humanidades. Buenos Aires.
May 1983; (27): 30-40.
11. Laín Entralgo P. Historia de la
Medicina. Barcelona: Salvat;
1978.
12. Pérgola F. Okner O. Historia
de la Medicina. Buenos Aires:
Edimed; 1986.
13. Depalma D. La Pediatría en
las culturas aborígenes
argentinas. Buenos Aires:
Fundasap; 2000.
14. Pérgola F. Autosugestión y
charlatanismo. Médicos y
Medicina en la Historia.
Buenos Aires. 2003; II(7).
15. Yankilevich A. Hospital y
Comunidad. De la colonia a la
independencia y de la
constitución a la república
corporativa. Buenos Aires:
edición del autor; 1999.
16. García Puga A. « Venturas y
desventuras de los médicos
en la Historia ». Historia.
Buenos Aires. 2002; (88):
72-92.
17. Baudouin C. Sugestión y
autosugestión. Madrid:
Francisco Beltrán; 1922.
18. Boyer L.M., Boyer R.M. « Un
aporte mixto antropológico y
psicoanalítico al folklore ».
Cuadernos del Instituto
Nacional de Antropología.
Buenos Aires. 1968-1971;
(7): 68-71.
19. Guerra F. Las medicinas
marginales. Madrid: Alianza;
1976.
20. Pérgola F. Brujos y cuasi
médicos en los inicios
argentinos. Buenos Aires:
Edimed; 1986.
21. Robinson V. La Medicina en la
Dermatologie : art et culture
historia. Buenos Aires:
Editorial Del Tridente; 1947.
22. Greco N. « Baldomero
Sommer y su obra ». Sem
Med. Buenos Aires. 1942;
(21): 3-55.
23. Mazzini M.A. « Pasado y
presente de la primera
cátedra de Dermatología. 75
aniversario de su fundación
1892–1967 ». Rev Argent
Dermatol. 1967; (3-4);146-
147.
24. Mazzini M.A. « Clase
inaugural del Profesor Miguel
Ángel Mazzini ». Rev Argent
Dermatol. 1965; 49: 138.
25. Ehring F. Ilustración científica
en Dermatología, cinco siglos
de historia. Barcelona: Edika
Med; 1997.
HISTOIRE DE L’ASSOCIATION
ARGENTINE DE
DERMATOLOGIE
PÉDIATRIQUE
Un poco de nuestra historia
JOSÉ ANTONIO MÁSSIMO, PEDRO GARCÍA ZUBILLAGA,
GRACIELA MANZUR, MIRTA VÁZQUEZ
■ Quelques mots sur notre histoire
La dermatologie pédiatrique est une spécialité qui existe depuis longtemps en Argentine,
étant donné que dans les principaux hôpitaux pédiatriques du pays, les services de
dermatologie répondirent toujours aux besoins des jeunes patients souffrant de maladies
de la peau. C’est dans ce milieu que des dermatologues argentins réputés comme Pacífico
Díaz, Luis Trépat et Dagoberto Pierini développèrent leur spécialité; ils diffusèrent
également leurs connaissances en Argentine et à l’étranger.
Malgré leur remarquable activité, autant quantitative que qualitative, les dermatologues
dédiés aux enfants n’avaient aucun endroit commun où partager leurs expériences
et échanger leurs problèmes; ils exprimaient leurs inquiétudes et enseignaient
au sein des deux groupes dermatologiques consacrés à la dermatologie générale qui
existaient à l’époque. Dans ce contexte, il n’y avait aucune possibilité d’organiser des
congrès ou d’autres activités académiques de portée nationale, encore moins internationale,
avec un programme spécifique traitant des maladies cutanées des enfants.
D’ailleurs, cela ne différait pas beaucoup de ce qui se passait dans le monde.
Cependant, à partir des années 70 un mouvement pour rassembler les dermatologues
pédiatres prit de l’ampleur, donnant naissance à la Société internationale de dermatologie
pédiatrique qui allait encourager les premiers congrès de la spécialité.
Suivant ce mouvement, l’idée germa de fonder un groupe national en Argentine pour
réunir les spécialistes dans le domaine de la pédiatrie; le 29 décembre 1989 quelquesuns
parmi eux, stimulés par le Dr Adrián Martín Pierini, décidèrent d’entreprendre les
activités qui mèneraient plus tard à la constitution de la Société argentine de dermatologie
pédiatrique (SADEPE).
Dans les premiers temps, la nouvelle institution organisa des réunions scientifiques
deux ou trois fois par an dans différents hôpitaux. Ensuite, elle travailla pour que l’Argentine
devienne le siège d’un congrès mondial de la spécialité. Finalement, en 1994, après
des démarches difficiles, la SADEPE décrocha sa première responsabilité: organiser le
7 e Congrès mondial de dermatologie pédiatrique, présidé par le Dr Adrián M. Pierini.
59
JOSÉ A. MÁSSIMO, PEDRO GARCÍA ZUBILLAGA, GRACIELA MANZUR, MIRTA VÁZQUEZ
60
La SADEPE offrit au congrès un encadrement institutionnel adéquat. Un autre objectif
apparut alors, plus ambitieux: réunir au sein de cette société tous les médecins attirés
par la dermatologie pédiatrique.
La réussite de l’événement, qui accueillit plus de 900 assistants du monde entier et eut un
rayonnement national et international, aida à la consolidation de la société ; il était temps de
penser à son officialisation. Les préparatifs eurent lieu au cours d’une assemblée qui se tint
à l’hôpital de pédiatrie Pr. Dr Juan P. Garrahan, où les autorités provisoires furent priées d’entamer
les démarches pour la création d’une entité officielle indépendante de celles existantes.
Les démarches auprès de l’organisme du gouvernement qui contrôle l’existence et le
développement des associations civiles eurent une fin heureuse le 14 août 1995, lorsqu’un
groupe de dermatologues pédiatres se réunit en assemblée à l’hôpital Garrahan, marquant
le début des activités scientifiques de la Société argentine de dermatologie pédiatrique.
Cette assemblée approuva le projet de statut de la nouvelle institution et désigna la
première commission directive, intégrée comme suit: Adrián Martín Pierini (président),
Eva Golberger de Mora (vice-présidente), Silvia Anselmi (secrétaire générale), Rita
García Díaz (secrétaire scientifique), Rebeca Rubinson (trésorière), Alicia Rositto et Zulema
Piccone (membres titulaires), Silvia Pueyo et Alejandro Campos Carlés (membres
suppléants). Le contrôle fiscal fut confié à Amalia Campo et Jorge Savoia (contrôleurs
titulaires des comptes) et à Lidia Valle (contrôleur suppléante des comptes).
La reconnaissance juridique de l’institution fut obtenue par la résolution 00191 du 17
novembre 1995.
Les membres de la SADEPE, réunis en assemblée le 27 avril 1996 à l’hôpital
Pr. Dr Juan P. Garrahan, décidèrent de rénover la commission directive, les nouvelles
autorités étant organisées comme suit: président, Jorge Savoia; vice-président, Silvia
Pueyo; secrétaire général, Alberto Lavieri; secrétaire scientifique, María Rosa Cordisco;
trésorière, Viviana Kislansky; membres titulaires, José Antonio Mássimo et Adrián
Martín Pierini; membres suppléants, Zulema Piccone et María Ranalletta. Quant à la fiscalisation,
María del Carmen Boente et Nélida Pizzi de Parra furent désignées contrôleurs
titulaires des comptes et Gisella Delfino contrôleur suppléante.
La nouvelle commission directive proposa comme tâche majeure l’organisation et la
réalisation d’un congrès argentin de la spécialité.
Deux ans après, la SADEPE organisait le 1 er Congrès argentin de dermatologie pédiatrique
(du 13 au 16 août 1997) dans la ville de Buenos Aires. Ce congrès proposa un important
programme scientifique et accueillit une assistance composée de nombreux
pédiatres et dermatologues. Il fut présidé par le Dr Jorge Savoia et compta parmi les invités
spéciaux de prestige international John Harper, du Royaume-Uni; Moise Levy, Neil
Prose et Gerald Goldberg, des États-Unis; Ramón Ruiz Maldonado, du Mexique. Cet événement
marqua le début d’un chemin fécond en activités scientifiques de très haut niveau.
Le 16 août, à la fin du congrès, une assemblée extraordinaire désigna la nouvelle commission
directive: Silvia Pueyo (présidente), Nélida Pizzi de Parra (vice-présidente), José Antonio
Mássimo (secrétaire général), María Rosa Cordisco (secrétaire scientifique), Viviana Kislansky
(trésorière), Zulema Piccone et Alberto Lavieri (membres titulaires), María Amelia García et
María del Carmen Boente (membres suppléantes), María Teresa González et Carmen Margulis
(contrôleurs titulaires des comptes) et María Elsa Giovo (contrôleur suppléante des comptes).
Le renouvellement de la commission directive se vit accompagné de nouveaux projets tels
que la mise en place d’une activité scientifique annuelle plus régulière dans les différents
services de dermatologie pédiatrique, l’élargissement du registre des associés et l’achat d’un
siège propre. Trois réunions scientifiques eurent alors lieu en 1998 dans les hôpitaux Juan
P. Garrahan, Pedro de Elizalde (Buenos Aires) et Sor María Ludovica (La Plata).
Par ailleurs, la souscription de nouveaux associés fut importante et immédiate, entraînant
le changement de nom de l’institution qui, en pleine croissance, devint l’Association
argentine de dermatologie pédiatrique (ASADEPE), association civile.
Histoire de l’Association argentine de dermatologie pédiatrique
Finalement, l’accord conclu en juin 1998 entre l’ASADEPE et Procter & Gamble (firme
productrice de couches) aura permis plus tard à l’institution d’acheter la propriété qui
deviendra son siège social.
En avril de cette même année, le Dr José Antonio Mássimo, toujours en quête du
développement de l’institution, créa la revue Dermatología Pediátrica Argentina (DPA),
organe officiel de l’ASADEPE. Cette publication trimestrielle éditée à 8000 exemplaires
fut la première de la spécialité en langue espagnole.
Par la suite, l’institution soutint et donna son aval pour créer le diplôme de spécialiste
en dermatologie pédiatrique de la Faculté de médecine de l’université de Buenos Aires, à
l’initiative des Drs José Antonio Mássimo et Silvia Teresita Pueyo qui en deviendront
respectivement le directeur et la sous-directrice. Cette discipline, nouvelle et prépondérante,
se vit donc consolidée dans un domaine très vaste en Argentine, où l’importante
population enfantine nécessite beaucoup de soins pour les maladies de la peau.
Trois réunions scientifiques furent organisées en 1999: la première, le 27 mars, à
Mar del Plata (Hospital Privado de la Comunidad) ; la deuxième, le 7 août, dans le Círculo
Militar de Olivos ; la troisième, le 20 novembre, à l’hôpital Houssay de Vicente
López, dans la province de Buenos Aires.
Entre le 23 et le 25 août de la même année se déroula le 2 e Congrès argentin de dermatologie
pédiatrique, présidé par Silvia Pueyo; les invités étrangers Joseph Morelli et
Amy Nopper (États-Unis) enrichirent la liste des prestigieux invités nationaux. L’assistance
dépassa largement les 600 personnes.
Un autre pas important pour l’institution fut fait le 18 septembre 1999 avec l’achat
d’une maison située au numéro 5770 de la rue Honduras, dans le quartier de Palermo,
où fut installé le siège social de l’ASADEPE (figures 1 et 2). Destinés aux associés, plusieurs
cours sur la spécialité furent dispensés depuis son inauguration officielle (figures
3 et 4).
Le 25 septembre 1999 eut lieu le renouvellement des autorités de la commission
directive pour la période 1999-2001, intégrée désormais par Silvia T. Pueyo (présidente),
José Antonio Mássimo (vice-président), María Amelia García (secrétaire générale), Pedro
García Zubillaga (secrétaire scientifique), Antonio Pignataro (trésorier), Ricardo Kohan
et Pedro Rovere (membres titulaires), Anita Rossi et Araceli Rodríguez (membres suppléantes);
et pour la fiscalisation: Guillermo Ilho et Carlos Lorenzano (contrôleurs titulaires
des comptes) et Jorge Díaz Saubidet (contrôleur suppléant des comptes) (figure 5).
Cette nouvelle commission donna une forte impulsion à l’activité académique, mettant
en place un programme scientifique annuel régulier: trois réunions scientifiques et
un événement de plus grande ampleur, successivement consacré à la dermatologie du
nouveau-né, à la dermatologie pédiatrique et à la dermatologie de l’adolescent.
Les réunions scientifiques annuelles quittèrent l’enceinte des hôpitaux pour être
organisées dans des salles de convention ayant une plus grande capacité, accueillant des
médecins désireux d’échanger leurs expériences. En 2000, la première réunion eut lieu
au Palais rouge (Buenos Aires, 29 avril), la deuxième, le 24 juin, au même endroit et la
troisième, le 9 décembre, à La Falda, dans la province de Córdoba.
La sous-commission de diffusion dirigée par le Dr Mirta Vázquez collabora à la mise
en place d’un programme destiné à faire connaître l’institution dans les hôpitaux de la
ville de Buenos Aires et de ses alentours. Entre avril et novembre 2000, des cours et des
ateliers de la spécialité furent organisés, rassemblant plus de 1300 médecins au total.
En août 2000 (25 et 26) eut lieu avec succès le 1 er Congrès argentin de dermatologie
du nouveau-né, présidé par Silvia T. Pueyo et José A. Mássimo, en présence du Dr
Lawrence Schachner des États-Unis (figure 6), de spécialistes réputés de notre entourage
et de plus de 500 pédiatres, dermatologues et néonatologues.
En 2001 fut mis en route un programme permettant à l’ASADEPE de se rapprocher
de la communauté, par le biais de conventions avec des entreprises commerciales lui
61
Figures 1 et 2.
Siège social de
l’ASADEPE.
Vue intérieure
(1) et vue
extérieure (2)
Figures 3 et 4.
Inauguration officielle
du siège social
JOSÉ A. MÁSSIMO, PEDRO GARCÍA ZUBILLAGA, GRACIELA MANZUR, MIRTA VÁZQUEZ
62
ayant demandé son aval sur des produits pour enfants. Ces conventions permirent d’organiser
des réunions visant à diffuser les connaissances sur le soin de la peau, aussi bien
auprès des médecins qu’auprès du public en général.
La première réunion scientifique de l’année 2001 eut lieu le 31 mars dans le musée
Reconquista (ville de Tigre, province de Buenos Aires); le 23 juin se tint la deuxième
réunion dans les salles du Palais rouge de la ville de Buenos Aires.
Entre les mois de mars et juillet 2001 – suivant le programme de la sous-commission
de diffusion – le deuxième cycle d’ateliers de dermatologie pédiatrique eut lieu dans différents
hôpitaux, qui accueillit plusieurs pédiatres et dermatologues.
Le 1 er Congrès argentin de dermatologie de l’adolescent eut lieu les 7 et 8 septembre,
présidé par le Dr José A. Mássimo et en présence des Drs Anne Lucky et Elaine Siegfried
(États-Unis) comme invitées internationales. Les inscriptions dépassèrent les 600 personnes,
dont plusieurs spécialistes argentins.
Le 25 septembre, une fois le congrès fini, la commission directive fut renouvelée pour
la période 2001-2003 et intégrée comme suit: président, José A. Mássimo ; vice-présidente,
María Teresa Zabala ; secrétaire général, Pedro García Zubillaga ; secrétaire scientifique,
Pedro Rovere ; trésorier, Carlos Lorenzano ; membres titulaires, Graciela Manzur
et Grete Bloch; membres suppléants, Nancy Leston et Jorge Verges ; Anita Rossi et Ana
María Lorenz comme contrôleurs titulaires des comptes et María A. García comme
contrôleur suppléante des comptes.
Histoire de l’Association argentine de dermatologie pédiatrique
Cette nouvelle commission décida d’équiper le
siège social d’outils et d’éléments pour que l’activité
scientifique et sociale puisse se dérouler de manière
optimale. Une bibliothèque, équipée de deux ordinateurs
pour rédiger les travaux, fut inaugurée et une
secrétaire permanente fut sélectionnée.
L’activité croissante de l’ASADEPE entraîna l’augmentation
des associés, pédiatres et dermatologues,
tous intéressés par ce nouveau mouvement de la dermatologie
pédiatrique. Il fut alors décidé que sur les
trois réunions scientifiques annuelles, deux seraient
organisées à Buenos Aires et la troisième dans
d’autres régions de l’Argentine, afin de diffuser la spécialité
dans des endroits plus éloignés.
Au cours du mois d’octobre, l’ASADEPE participa au 9 e Congrès mondial de dermatologie
pédiatrique à Cancun en mobilisant 12 spécialistes.
L’activité scientifique de l’année a été close le 1 er décembre dans le grand amphithéâtre
de l’hôpital Privado de la Comunidad, à Mar del Plata, avec le lancement d’une
campagne de photo-éducation sur les plages.
En 2002 la sous-commission de diffusion et événements, toujours dirigée par Mirta
Vázquez, organisa un réseau pour faire connaître les activités de l’institution et la revue
DPA dans les zones les plus éloignées du pays.
L’activité scientifique de l’année 2002 débuta au mois d’avril par la première des
réunions annuelles (Palais rouge, Buenos Aires). Un programme visant à développer la
dermatologie pédiatrique dans les provinces argentines fut mis en route au mois de juin:
les 1 res Journées de dermatologie pédiatrique du Nord-Ouest (15-16 juin), réalisées à
Tucumán, accueillirent les spécialistes argentins les plus réputés ainsi qu’un vaste auditoire.
Les salles du Palais rouge hébergèrent avec succès le 3 e Congrès argentin de dermatologie
pédiatrique (du 29 au 31 août 2002), présidé par le Dr J.A. Mássimo
et en présence d’invités étrangers – le Dr Ernesto Bonifazzi (Italie)
et Amy Nopper (États-Unis) – et d’une nombreuse assistance.
À cette époque-là fut construit le deuxième étage du siège social: les
invités étrangers du congrès et d’autres autorités académiques locales
furent présents pour son inauguration le 30 août.
La dernière réunion scientifique de l’année se réalisa à Luján (province
de Buenos Aires), avec un programme scientifique substantiel et la
présence de nombreux médecins.
L’activité de l’année 2003 débuta le 12 avril, avec la première réunion
annuelle (Palais rouge, Buenos Aires). Le 28 juin, afin de déplacer la
spécialité hors de l’enceinte de la ville de Buenos Aires, la deuxième
réunion fut organisée à l’hôpital pour enfants de La Plata, à laquelle
de nombreux médecins de la capitale, de La Plata et de ses environs,
assistèrent.
Le 2 e Congrès argentin de dermatologie du nouveau-né fut organisé du 11 au 13 septembre
2003, sous la présidence du Dr J.A. Mássimo, avec des invités étrangers aussi
réputés que Carlo Gelmetti (Italie), Joseph Morelli (États-Unis) et Marcelo Ruvertoni
(Uruguay) et une assistance dépassant les 800 personnes (figure 7).
L’assemblée des associés décida à la fin du congrès de ratifier la commission directive
pour une nouvelle période de 2 ans: J.A. Mássimo (président), María Teresa Zabala
(vice-présidente), Pedro García Zubillaga (secrétaire général), Graciela Manzur (secrétaire
scientifique), Carlos Lorenzano (trésorier), Grete Bloch et Nancy Leston (membres
63
Figure 5.
Commission directive
(période 1999-2001):
Silvia Teresita Pueyo,
José Antonio
Mássimo, María
Amelia García, Pedro
García Zubillaga,
Antonio Pignataro,
Ricardo Kohan, Pedro
Rovere, Anita Rossi,
Araceli Rodríguez,
Guillermo Ilho, Carlos
Lorenzano et Jorge
Díaz Saubidet
Figure 6.
1 er Congrès argentin
de dermatologie du
nouveau-né (2000):
José Antonio Mássimo
et Lawrence
Schachner
Figure 7.
2 e Congrès argentin
de dermatologie du
nouveau-né (2003)
JOSÉ A. MÁSSIMO, PEDRO GARCÍA ZUBILLAGA, GRACIELA MANZUR, MIRTA VÁZQUEZ
64
titulaires), Susana Grees et Silvina Bruey
(membres suppléantes), et pour la fiscalisation
Ricardo Kohan et Guillermo Ilho (contrôleurs
titulaires des comptes) et Pedro Rovere (contrôleur
suppléant des comptes).
Les 1 res Journées de dermatologie pédiatriques
du Centre argentin conclurent l’activité scientifique
de 2003 les 6 et 7 décembre dans la ville de
La Falda (province de Córdoba). Parmi les conférenciers
invités, les Drs Ricardo Negroni et Héctor
Lanfranchi de la ville de Buenos Aires,
Eudoro de los Ríos de San Miguel de Tucumán, et
Miguel Tregnaghi de Córdoba.
La première réunion scientifique de l’année
2004 fut organisée une nouvelle fois dans le
musée Reconquista de Tigre, avec un programme
attrayant que les nombreux assistants apprécièrent beaucoup.
Dès le début 2004, le comité scientifique de l’ASADEPE, dirigé par le Dr Graciela Manzur,
stimula l’enseignement au siège social par des cours (d’esthétique, d’immunologie, de
thérapeutique, de génétique, sur les maladies exanthématiques), l’instauration d’un cercle
mensuel d’enseignement, qui accueille spécialistes et médecins en formation de l’internat,
et un diplôme de dermatologie pédiatrique de la Faculté de médecine.
Au mois de mai, l’ASADEPE conclut une convention scientifique avec l’Association
argentine d’allergie et d’immunologie clinique afin de travailler ensemble sur l’étude des
maladies allergiques.
Ce même mois (20, 21 et 22 mai), l’ASADEPE décida d’entrer dans le domaine de la
télémédecine, en soutenant une initiative du Dr J.A. Mássimo et de l’hôpital de pédiatrie
Ricardo Gutiérrez et en offrant le cadre institutionnel au premier COVIDEP (Congrès virtuel
de dermatologie pédiatrique), organisé par les services de dermatologie pédiatrique
des hôpitaux Ricardo Gutiérrez et Juan P. Garrahan, respectivement dirigés par les
Drs J.A. Mássimo et Rita García Díaz. Cette initiative, qui compta également sur la
remarquable collaboration du Dr Moise Levy depuis la ville de Houston, au Texas, aura
permis aux médecins de partager leurs connaissances et leurs expériences avec les
patients d’un bout à l’autre du pays.
En juillet 2004 l’ASADEPE envoya une délégation de cinq membres au 10 e Congrès
mondial de dermatologie pédiatrique (Rome), qui participa activement au programme
scientifique.
Le 2 e Congrès argentin de dermatologie de l’adolescent, présidé par le Dr J.A. Mássimo,
fut organisé du 26 au 28 août, avec la participation d’invités étrangers tels que Antonio
Torrelo (Espagne), Roberto Arenas (Mexique), Jairo Victoria (Colombie), María
Isabel Herane (Chili) et Griselda de Anda (Uruguay) (figure 8).
La troisième réunion scientifique de l’année coïncida avec les 1 res Journées de photoéducation,
réalisées les 11 et 12 décembre à Mar del Plata et ayant reçu le soutien du
groupe de photo-éducation de la ville de Bahía Blanca, dirigé par le Dr María Isabel Caferri.
Grâce au système de visioconférence, plusieurs spécialistes des provinces argentines
purent y participer simultanément.
Une assemblée extraordinaire eut lieu afin d’aboutir à une vieille aspiration de la commission
directive: élargir le nombre de ses membres en incorporant d’autres représentants.
Sept nouveaux membres furent ainsi choisis pour permettre aux provinces argentines ayant
un nombre important d’habitants et d’associés d’être représentées. Cet élargissement
contribua à donner à la commission directive un caractère national ; on compte parmi ses
nouveaux membres: J.A. Mássimo (président) ; María Teresa Zabala, de Córdoba (première
Histoire de l’Association argentine de dermatologie pédiatrique
vice-présidente) ; Rita García Díaz (seconde vice-présidente) ; Pedro García Zubillaga
(secrétaire général) ; Graciela Manzur (secrétaire scientifique) ; Carlos Hugo Escudero (secrétaire
légal et technique) ; Carlos Lorenzano (trésorier) ; Jorge Laffargue (trésorier adjoint)
; Grete Bloch, Nancy Leston et Alicia Carrillo (Jujuy) ; Antonio Castillo (Salta), Cecilia
Farrero (San Luis) (membres titulaires) ; Susana Grees et María Elsa Giovo (Córdoba), Luis
Pedemonte (La Plata) (membres suppléants) ; Ricardo Kohan et Gabriel Magariños (contrôleurs
titulaires des comptes) ; Pedro Rovere (contrôleur suppléant des comptes).
Ce compte rendu succinct témoigne de la manière dont la dermatologie pédiatrique s’imposa
progressivement dans le monde entier, constituant aujourd’hui une spécialité de poids.
Les dermatologues pédiatres argentins ressentirent le besoin de bénéficier d’une
association qui les rassemblerait et leur permettrait de développer une activité scientifique
et sociale en accord avec leurs nécessités. C’est dans ce but que naquit l’ASADEPE.
Ses principaux objectifs visèrent et visent toujours à intensifier le travail scientifique
et pédagogique et à stimuler les rapports entre les dermatologues, les dermatologues
pédiatres, les immunologues, les allergologues et les pédiatres, en vue d’améliorer et
d’augmenter la qualité du soin de nos patients.
Pour aboutir à ces objectifs et concrétiser plusieurs projets, l’ASADEPE prit toujours de nouvelles
responsabilités et accepta de nouveaux défis, en offrant à ses associés des formations, des
cours, un support bibliographique et l’accès à un réseau informatique sur la spécialité.
Jusqu’ici, une part de l’histoire de notre institution est aussi une part de l’histoire de
tous ceux qui ont contribué à son développement.
Tout au long de ses dix ans de vie, l’ASADEPE sut créer, grâce au travail de tous ceux
qui ont cru au chemin qu’elle traçait, son propre espace bien mérité. L’ASADEPE continuera
de chercher ardemment l’expansion de la dermatologie pédiatrique afin de pérenniser son
histoire qui, encore aujourd’hui, se confond avec une partie de l’histoire de notre pays.
Nos dix ans d’histoire sont le meilleur aval de nos efforts, notre éthique professionnelle,
notre passion pour notre travail et notre engagement envers la société étant nos
valeurs essentielles. ■
Septembre 2005
Figure 8.
2 e Congrès argentin
de dermatologie de
l’adolescent (2004)
COMPTE RENDU
HISTORIQUE DE LA
SOCIÉTÉ BOLIVIENNE
DE DERMATOLOGIE
L’histoire de la Société bolivienne de dermatologie comporte trois étapes : avant sa
fondation, depuis sa fondation jusqu’à fin 1985, depuis 1986 jusqu’à nos jours.
Avant sa fondation
FERNANDO CÁRDENAS UZQUIANO, JUAN CARLOS DIEZ DE MEDINA
■ Avant sa fondation
Pour évoquer les origines de l’histoire de la dermatologie bolivienne, il faut chercher
des antécédents dans l’histoire même de la médecine en Bolivie. C’est pour cette raison
que nous avons fait appel au conseil de la Société bolivienne de l’histoire de la médecine.
Ce compte rendu tient compte de certains traits inévitablement incomplets et comporte
vraisemblablement des omissions involontaires.
Rien ne se crée spontanément mais il est vrai aussi que les progrès font parfois des
« bonds » : c’est ce qui se passa avec la dermatologie dans notre pays.
La dermatologie fut traditionnellement enseignée au sein des chaires spécialisées des
trois facultés de médecine du pays : celles de Sucre, La Paz et Cochabamba. Il existe depuis
longtemps des services d’hospitalisation destinés aux maladies de la peau ; dans la
ville de La Paz, 40 lits réservés à cet usage (30 pour les hommes et 10 pour les femmes)
étaient disponibles. Chacun de ces services accueillait des internes (rémunérés), qui y
travaillaient lorsqu’ils n’étaient pas admis dans les autres salles.
Dernièrement, ces services furent dirigés par les Drs Jorge Suárez et Enrique Vergara.
Le Dr Suárez eut le mérite de rendre possible la publication d’une Revista Médica
pendant plus de 10 ans, qui contenait des articles liés à la mycologie, à la léprologie et à
d’autres sujets.
Avant la création de la Société bolivienne de dermatologie, plusieurs médecins exercèrent
la dermatologie, tels Jorge Suárez, Alexandrowich Ferdin Humboldt, Enrique Vergara,
Apolinar Caro, Luis Nava, L. Piérola, Hartmann, ou encore L. López Ballesteros,
Norah Siles, Jaime Brian, Fernando Cárdenas, Omar Villagomez et peu après le Dr Fabio
Prado.
Les activités scientifiques débutèrent individuellement, à travers la participation
aux événements nationaux d’autres sociétés (de pédiatrie, de chirurgie, les cercles de
67
FERNANDO CÁRDENAS, JUAN CARLOS DIEZ DE MEDINA
médecine, entre autres). Le Dr P. Sangüeza joua un rôle capital à l’époque : il innova et
enrichit les conférences de ses connaissances en histopathologie cutanée, complétant la
présentation des cas cliniques grâce à d’excellentes diapositives de photomicrographies.
Les écoles dermatologiques argentines, brésiliennes et colombiennes jouèrent un rôle
important dans la formation des spécialistes. La première favorisa notamment les liens
affectifs à l’étranger et posa les fondements de notre société. Trois figures sont à souligner
: les Prs Julio Martín Borda et Jorge Abulafia et le Dr Jaime Rubin, qui contribuèrent
à la formation de nouveaux spécialistes. Leur soutien est encore manifeste de nos
jours ; il faut aussi mentionner l’appui du Pr. Juan Carlos Gatti.
Le besoin pressant de créer une organisation scientifique dermatologique visant à
rassembler un nombre croissant de spécialistes se fit sentir : c’est ainsi que naquit l’idée
de fonder la Société bolivienne de dermatologie.
■ Depuis sa fondation sa fondation jusqu’à fin 1985jusqu’à
fin 1985
68
La Société bolivienne de dermatologie fut fondée le 20 avril 1968 au matin, au cours
d’une réunion qui rassembla les Drs Jorge Suárez, Enrique Vergara, Fernando Cárdenas,
Ferdin Humboldt, Pastor Sangüeza, Apolinar Caro et Fabio Prado Barrientos ; celleci
eut lieu au service de dermatologie (section hommes) de l’hôpital des cliniques de La
Paz. Les Drs Omar Villagomez, Luis F. Piérola, Luis Nava, Eduardo Saracho, Jaime Brianson
et Norah Siles furent considérés comme les cofondateurs de ladite société.
La commission directive fut intégrée comme suit : président : Dr Jorge Suárez ; viceprésident
: Dr Enrique Vergara ; secrétaire : Dr Fernando Cárdenas.
Une semaine plus tard, le 27 avril, une réunion eut lieu afin d’entreprendre la rédaction
du règlement de la nouvelle société ; celui de la Fédération bolivienne de dermatologie
fut adopté en attendant. On suggéra de former une commission qui serait chargée
d’élaborer un projet de statut.
Pendant environ trois ans la société ne fonctionna pas de manière active. Cependant,
en 1969, une nouvelle réunion qui comptait la présence du Dr Norah Siles servit d’encadrement
à la fondation de la Société bolivienne de léprologie, dont la première commission
directive fut constituée comme suit : président : Dr Norah Siles ; vice-président :
Dr Fernando Cárdenas ; secrétaire: Dr Omar Villagómez ; conseiller : Dr Jorge Suárez.
Même si cette Société de léprologie n’organisa pas de réunions officielles, ses
membres jouèrent un rôle éminent dans la léprologie bolivienne, initialement pilotée par
le Dr Suárez. La tâche des Drs N. Siles et R. Amonzabel fut notable : ils participèrent activement
à maints congrès, présentèrent de nombreux travaux et dirigèrent les léproseries
et les Instituts des Noirs à Jorochito et à Candúa.
Vers 1971, la Société bolivienne de dermatologie fut réorganisée et la commission
directive rénovée : le Dr Fernando Cárdenas devint président et le Dr Ferdin Humboldt
fut élu vice-président. Quelques jours plus tard, ces autorités reçurent une lettre du
Dr J. Brianson communiquant son intention de créer une Association bolivienne de dermatologie
; apprenant la réorganisation de la société, il leur offrit son soutien. Un projet
surgit alors et deviendrait plus tard une réalité : organiser un congrès et des rencontres
dermatologiques.
En 1973, la Société bolivienne de dermatologie projeta la réalisation d’un congrès
international ; étant donné les difficultés économiques liées à sa réalisation, la société dut
s’associer à d’autres organisations scientifiques, telles que la Société de biochimie
clinique et l’Association d’étude et de recherche odontologique ; le Collège ibéro-latinoaméricain
de dermatologie (CILAD) apporta à cette occasion son soutien financier.
Le congrès eut lieu du 13 au 17 juillet 1974, à la Universidad Mayor de San Andrés
de La Paz, les autorités universitaires et d’autres institutions participèrent à l’organisation
Compte rendu historique de la Société bolivienne de dermatologie
de cet événement. L’événement, appelé 1 er Symposium international de pathologie médicale,
odontologique et de biochimie clinique, fut présidé par F. Cárdenas et C. Borja, en
étroite collaboration avec le Dr Juan Guerra Mercado. Parmi les grandes personnalités invitées
se trouvaient Julio Martín Borda, Jorge Abulafia, Sergio Stringa, Luis Belli, Gilberto
González Resigno, Juan Carlos Flichman, Leopoldo Eguren, Ramón Baros et Jaime Rubin.
Le Pr. David Grinspan (qui nous rendit visite ultérieurement) et le Dr Pablo Viglioglia n’assistèrent
pas au congrès pour des raisons de force majeure.
Le moment fut propice à la création du symbole ou logotype de la Société bolivienne
de dermatologie (ce logo, qui existe toujours, fut imprimé pour la première fois sur un
programme luxueux). Les Prs Luis F. Piérola, Luis Nava et Jorge Suárez furent nommés
membres d’honneur de la société. Les séances eurent lieu dans quatre salles et un
espace fut réservé à l’exposition de médicaments et de cosmétiques. Il y eut aussi des
conférences sur la cosmétologie scientifique.
Une fois le symposium fini, il fut convenu d’organiser la 1 re Rencontre nationale de dermatologie
à Cochabamba (1975). Presque tous les dermatologues du pays y présentèrent
leurs travaux. Cette réunion, présidée par F. Cárdenas et J. Brianson, accueillit le Dr Philippe
Desjeux (inlassable collaborateur, encore de nos jours) qui fut nommé membre de
l’institution. Le Dr F. Echeverria conduisit la délégation de Sucre. Le fait le plus notable
fut la décision de rédiger les statuts de la société; cette tâche fut unanimement confiée à
la délégation de Cochabamba, placée sous la direction du Dr J. Brianson et en étroite collaboration
avec les Drs Q. Amaya, N. Trigo et H. Maldonado.
La 2 e Rencontre de dermatologie, organisée l’année suivante (1976) à Trinidad, eut
pour siège l’université Beniana et bénéficia de la coopération de tous les médecins de la
ville et du soutien du Dr J. Hurtado, à qui nous exprimons toute notre reconnaissance.
La délégation de Cochabamba remit le projet de statut au cours de cette rencontre.
Désormais des réunions anatomo-cliniques furent organisées de façon plus ou moins
régulière au service de dermatologie de l’hôpital des cliniques. Un bureau puis une
petite salle de cours furent aménagés à cet égard. Ils seront par la suite adaptés à la projection
de diapositives grâce aux contributions des associés.
La 3 e Rencontre nationale de dermatologie eut lieu à Tarija (1978), avec la collaboration
du Dr Luis Michel et de tous les médecins de la ville. Les affiches, les écriteaux et les
classeurs imprimés pour l’occasion annonçaient la « 3 e Rencontre », mais l’ampleur de
l’événement fut telle qu’il fut renommé 1 er Congrès bolivien de dermatologie placé sous
la direction des Drs F. Cárdenas et L. Michel.
Étant donné le changement de caractère de la réunion et eu égard à l’orientation des
statuts en cours, la commission directive fut rénovée, les autorités étant les suivantes :
président : Dr P. Sangüeza ; vice-président : Dr F. Humboldt ; secrétaire: Dr F. Cárdenas ;
trésorier : Dr L. Valda.
Les principales conclusions de cette nouvelle formation tenaient compte de la réalisation
des réunions anatomo-cliniques à Cochabamba deux fois par an, de la création
des filiales de la Société bolivienne de dermatologie, de la pérennité des bulletins mensuels
(seuls deux bulletins et une circulaire avaient été émis jusqu’alors) et d’un projet
très ambitieux, la création d’une revue dermatologique.
La ville de Sucre fut choisie comme siège du 2 e Congrès, mais des différends impondérables
occasionnèrent ultérieurement le changement de siège, la ville de Santa Cruz
de la Sierra étant finalement élue. Le 2 e Congrès bolivien de dermatologie (1979),
présidé par P. Sangüeza et O. Villagomez, fut une grande réussite et accueillit des délégations
boliviennes et étrangères.
Le siège du 3 e Congrès bolivien de dermatologie en 1980 et du 4 e Congrès en 1981 fut
La Paz. En 1981, la réalisation du congrès national coïncida avec celle du 5 e Congrès
bolivien de dermatologie ; ces deux réunions eurent lieu à l’hôtel Plaza et accueillirent
des représentants de la Bolivie, de l’Argentine, du Brésil, de l’Uruguay et des États-Unis.
69
FERNANDO CÁRDENAS, JUAN CARLOS DIEZ DE MEDINA
À partir de ce congrès, la société acquit le système de thérapeutique PUVA, loua un
bureau pour y installer son siège et se procura quelques meubles (bureau,
étagères, etc.). La bibliothèque régionale du Collège ibéro-latino-américain de dermatologie
(CILAD), dont la Société bolivienne de dermatologie est chargée d’assurer l’entretien,
fut installée à cet endroit. Jorge Abulafia et Pastor Sangüeza furent les principaux
garants de l’acquisition et du fonctionnement de cette bibliothèque. Tous ces événements
furent présidés par le Dr Sangüeza.
À partir de 1978, trois réunions anatomo-cliniques eurent lieu à Cochabamba, au
cours desquelles des travaux furent présentés et les statuts révisés pour aboutir à leur
rédaction finale. Deux cours d’actualisation dermatologique eurent également lieu. La
dernière réunion anatomo-clinique à Cochabamba se tint en 1983 dans le but de présenter
un rapport et de fixer le siège du 5 e Congrès, au cours duquel la commission
directive serait renouvelée. Rappelons qu’entre 1981 et 1985, le pays subit une inflation
galopante permettant à peine la poursuite d’activités scientifiques et écartant toute possibilité
de réalisation de congrès. Malgré la situation difficile, la délégation de Santa Cruz
prit la responsabilité d’organiser le 5 e Congrès bolivien de dermatologie : grâce à l’effort
digne d’éloges de nos collègues de cette région, la réunion scientifique put avoir lieu en
octobre 1984 tel que prévu. La commission directive fut donc rénovée, les nouvelles
autorités étant le Dr Luis Valda (président), le Dr Guido Monasterios (vice-président), le
Dr Alfredo Zeballos (secrétaire) et le Dr Raúl Lara (membre).
Cette jeune commission donna de l’énergie à la société: conformément aux gestions précédentes,
elle accomplit en peu de temps plusieurs actions et travaux; les liens à l’étranger
sont actuellement plus vastes et plus intenses; beaucoup de cours sont organisés; les
membres de la société participent activement au Collège médical national et départemental;
il existe un rapport constant et permanent entre la plupart des dermatologues dans les
provinces; cette commission suscite également l’essor de valeurs juvéniles et la diffusion
des informations vers la communauté scientifique par le biais des médias. Le siège de la
société regroupe des ateliers hebdomadaires réguliers, alternant des présentations de cas,
des séances administratives et la mise à jour de sujets divers. En ce qui concerne l’équipement,
la société acquit plusieurs biens (une machine à écrire, un projecteur) et créa une
adresse électronique pour son secrétariat.
Le rassemblement effectif de tous les collègues du pays et l’obtention de la personnalité
juridique furent une réussite remarquable. Cette administration, en collaboration
avec celle de la filiale Sucre, fut chargée d’organiser le 6 e Congrès bolivien de dermatologie.
■ Depuis 1986 1986 jusqu’ à nos jusqu’à jours nos jours
70
Eu égard aux antécédents qui viennent d’être exposés, nous pouvons affirmer que la
société atteignit sa majorité en moins de vingt ans d’existence. La création de la spécialisation
en est le point culminant.
En 1985, la Commission nationale de spécialisation approuva, après quasiment deux
ans de gestion, les cours de spécialisation qui devaient respecter ces conditions requises:
une infrastructure adéquate, une bibliothèque, un groupe permanent d’enseignants et
des programmes favorables au pays. Finalement, le 3 février 1986, nous avons accueilli
les trois premiers résidents en dermatologie : W. Magariños, S. Calderón et M. Loredo.
En ce qui concerne l’infrastructure hospitalière, l’agrandissement et la rénovation de
l’aire de l’hôpital des cliniques furent possibles grâce aux démarches du Dr Ana G. Miranda,
une jeune dermatologue bolivienne installée à Caracas.
Le résidanat est actuellement à la charge de Fernando Cárdenas et de Luis Valda ;
tous les membres de la Société bolivienne de dermatologie sont escomptés pour rejoindre
Compte rendu historique de la Société bolivienne de dermatologie
le groupe d’enseignants l’an prochain. Dans l’ensemble, trois années sont nécessaires à
la spécialisation, la première année étant consacrée à la médecine interne.
Signalons qu’une formation en dermatologie tropicale, unique modalité de ce cours
de spécialisation, est exigée. Pour ce faire, nous comptons encore une fois sur le soutien
de la ville de Santa Cruz, siège de deux centres d’assistance et de recherche qui jouissent
d’un prestige international : Jorochito et CENOTROP, le Centre national des maladies
tropicales, qui regroupent une équipe d’excellents professionnels et qui disposent d’un
organe de publication régulièrement édité.
Pour finir, nous voulons insister sur le fait que ce compte rendu donne un aperçu très
succinct de ce que fut et de ce qu’est actuellement la Société bolivienne de dermatologie.
Nous avons certainement omis de nombreux détails ainsi que les noms de personnes qui
travaillent dans l’institution pour le pays.
Plusieurs projections existent pour l’avenir ; elles ne se concrétiseront que si nous
continuons à être un groupe uni encourageant le travail en équipe et ouvrant les portes,
d’une motivation et d’une incitation constantes, à la jeunesse. ■
Novembre 2004
LA DERMATOLOGIE
ET LES DERMATOLOGUES
AU BRÉSIL
El Brasil y la dermatología
Plusieurs spécialistes considèrent que la dermatologie brésilienne — en ce qui se rapporte
à la théorie et à la pratique conçues pour la spécialisation — apparut au début du
XX e siècle, coïncidant avec une phase plus dynamique voyant aboutir les recherches qui
précédèrent et accompagnèrent la fondation de la Société brésilienne de dermatologie en
1912.
Nous pourrions dire que les étapes délimitant notre histoire dermatologique sont au
nombre de trois : 1. l’étape des bénédictions des payés, précédant la mise en place de
l’enseignement secondaire dans le pays ; 2. l’étape préscientifique, qui débuta avec la
fondation des écoles de médecine de Bahia et de Rio de Janeiro; 3. l’étape scientifique,
commençant à partir des recherches du XX e siècle et du développement de la spécialité.
Première étape : les bénédictions des payés
Cette période, dominée par l’intuition et l’empirisme pur, dura plus de deux cents ans.
Le traitement des maladies consistait à utiliser des potions préparées avec des feuilles,
des fruits, des graines et des racines, des essences, des baumes et des résines dissolues,
macérées ou cuites, pour que les malades les boivent, les aspirent, s’en frictionnent ou
les appliquent en cataplasmes.
Certaines substances de la phytothérapie aborigène furent incorporées plus tard à la
pharmacopée mondiale : ipéca, jaborandi, épazote, copaïba et ratanhia, ipecacuana,
quinquina, coca, jalap du Mexique, pomme de mai américaine.
Ce n’est qu’à partir du Gouvernement général que quelques médecins venus d’Europe
commencèrent à s’installer dans le pays, comme Jorge Valadares et Jorge Fernandes.
L’étape pré-scientifique
PAULO R. CUNHA
■ Le Brésil et la dermatologie
■ P remière étape : les bénédictions des payés
■ L’étape préscientifique
Cette étape couvre presque tout le XIX e siècle, trois siècles après la découverte du
Brésil. Un événement fortuit en fut à la base : les avantages collatéraux provoqués par
73
Figure 1. Dr Adolfo
Lutz (1855-1940)
PAULO R. CUNHA
74
l’expulsion du sol portugais de la maison royale de Braganza, causée par l’invasion de
Napoléon. L’arrivée en 1808 de la famille royale au Brésil eut quelques bénéfices, comme
la création des deux premières écoles de chirurgie du pays, à Salvador et à Rio de
Janeiro, appelées académies médico-chirurgicales (1815).
Même si dans les premiers temps la qualité pédagogique fut discutable, les élèves qui
y obtinrent leur diplôme occupèrent progressivement les postes détenus jusque-là par
des professionnels étrangers, donnant à l’enseignement médical de base lusitanienne
une certaine empreinte tropicale. À partir de 1822, indépendamment de la situation
politique, le modèle français fut le modèle pédagogique adopté.
Le 3 octobre 1832, ces établissements élargirent leur structure, conservant le cours
de médecine, celui de pharmacie et celui sur les accouchements.
Les premières recherches
La plupart des premiers travaux scientifiques entrepris en dermatologie n’ont pas été
réalisés dans ces facultés, mais résultèrent du climat propice à la recherche que promouvaient
ces institutions. Le Dr Meirelles de Pernambuco, promoteur et fondateur de
l’Académie nationale de médecine actuelle, écrivit en 1827 sur l’Elephantiasis graecorum,
actuellement connu sous le nom de maladie de Hansen. Le traitement de la lèpre à
l’aide des eaux thermales de Goiás préconisé par João Maurício Faivre fut récusé par De
Simoni après des examens minutieux. Les deux médecins fondèrent l’Académie nationale
de médecine.
Malgré les remises en question, l’empereur Pierre II désigna Faivre pour traiter les
lépreux à l’hôpital des Lazares, à São Cristóvão, Rio de Janeiro. En 1838, Abreu e Lima
constata que la lèpre n’était pas héréditaire mais contagieuse, et qu’elle pouvait affecter
toutes les classes sociales.
Entre 1861 et 1869, le naturaliste et chimiste T. Pecolt introduisit l’huile de sapucaína
(Carpotroche brasiliensis) pour le traitement de plusieurs dermatoses; un constat ultérieur
prouva que cette huile contient aussi du soufre. On décida alors d’élaborer une émulsion
pour le traitement des malades atteints de gale et de dermatophytose.
Plusieurs thèses de doctorat sur la médecine de la peau, dont la plupart n’étaient que
de simples dissertations n’apportant aucune contribution scientifique, furent présentées
pendant cette période. Plus de vingt travaux furent également consacrés à la lèpre, à la
syphilis, aux tuméfactions et aux dermatoses ; parmi eux, plusieurs études sur la bouba
— considérée comme la maladie la plus redoutable de l’époque coloniale et impériale —,
telles Bouba, de Bernardo Clemente Pinto (1835), F.B. Fiúza (1856) et Gama Lobo (1858) ;
Mémoire sur la maladie appelée vulgairement bouba, de Joaquim Jerônimo Serpa (1842-
44) ; L’origine du nom bouba, variété, traitement, extirpation, de João Alves de Moura
(1849) ; Considérations brèves sur la bouba et son diagnostic différentiel, de Gregorio
Pereira de Miranda Pinto (1866) ; Les boubas, leurs nature et traitement, de Eusébio
de Martins Costa (1884).
Quant à la maladie d’origine africaine appelée ainhum ou dactylite amputante, il
existe d’autres thèses de doctorat telles que Un cas de ainhum, de Carlos Moncorvo de
Figueiredo (1875); Ainhum. Étude sur la maladie connue sous ce nom, de Domingos de
Almeida Martins Costa (1875); Un cas de ainhum, de José Pereira Guimarães (1877) et
Du ainhum, de Antônio Pacheco Mendes (1880).
Le Pr Luiz Chaves de Faria publia deux travaux méritoires : Précis des maladies
cutanées (1887) et Maladies vénériennes (1904).
Les notables contributions d’Adolfo Lutz (1855-1940) dans le domaine de la nosologie
tropicale (figure 1) parurent entre 1888 et 1899. Lors de son résidanat au sein
du fameux Dermatologium de Hambourg, sous l’égide du Dr Unna, il décrivit avec le
maître allemand les formes cocoïdes du bacille de Hansen (1886).
Bruno Chaves
En 1887, le Dr Bruno Chaves, diplômé de Bahia, prépara une thèse de doctorat sur « Le
mercure et ses composés », en le prescrivant pour traiter la syphilis. Ce travail fut
publié dans le Medical and Surgical Reporter de Philadelphie, et dans les Annales de
dermatologie et de syphilographie. Ces études lui permirent d’être désigné membre
étranger de la Société française de dermatologie et de syphiligraphie, qui servit de
modèle à la fondation de la Société brésilienne de dermatologie.
Il n’est pas étonnant que Bruno Chaves, déjà installé à Pelotas, Rio Grande do Sul,
devînt l’un des cinq dermatologues brésiliens invités à participer au 1 er Congrès mondial
de dermatologie et syphiligraphie, organisé en 1889 à Paris, à l’hôpital Saint-Louis.
Le premier service
La dermatologie et les dermatologues au Brésil
Peu à peu, le pays perfectionna sa médecine grâce aux deux facultés et aux travaux
isolés des médecins. Ce processus s’accéléra entre 1882 et 1884 en raison des réformes
de Leôncio de Carvalho et du vicomte de Sabóia, qui modernisèrent l’enseignement en
l’adaptant aux dernières tendances dictées par l’Europe.
Le nouveau programme introduisit de manière surprenante une matière qui reflétait
l’importance croissante acquise par les maladies de la peau dans le pays et dans le reste
du monde. Le cours « clinique des maladies cutanées et syphilitiques », développé à
Bahia par Alexandre Evangelista de Castro Cerqueira, et à Rio de Janeiro par João
Pizarro Gabizo, fut alors créé.
À Rio de Janeiro le cours fut créé en 1883, un an après la fondation du premier grand
service clinique des maladies de la peau au Brésil, à la polyclinique générale de Rio de
Janeiro. Son directeur et promoteur, Antônio Pereira da Silva Araújo, originaire de
l’École tropicaliste de Bahia et installé à ce moment-là dans la capitale du pays, fut le
premier à décrire une maladie dermatologique et à participer à la chirurgie pionnière de
la spécialité au Brésil.
« Silva Araújo fut le premier professeur libre qui enseigna la dermatologie au Brésil,
offrant au sein de son service de dermatologie et de syphiligraphie un apprentissage
imprégné d’idées pastoriennes. » 2
Selon Joaquim Mota, « les expositions du Dr José Antônio Pereira da Silva Araújo au
cours des célèbres Conférences de Glória qui débutèrent dès 1875 étaient très intéressantes;
il dissertait remarquablement sur des sujets de parasitologie et de microbiologie. Une fois le
service des maladies de la peau de la polyclinique créé, le Dr Silva Araújo y entreprit l’enseignement
de la spécialité, en promouvant avec succès des cours très fréquentés. » 2
Silva Araújo était un médecin brillant, chercheur et auteur d’importants travaux —
publiés les années suivantes par l’Atlas des maladies de la peau, avec des dessins en
couleur et des textes en langue française (1883) — ainsi que des conférences sur la
Réglementation sanitaire de la prostitution (1883) et la prophylaxie publique de la
syphilis (1891).
L’Académie de médecine existait déjà depuis cinquante-trois ans lorsque fut créée la
chaire de dermatologie en 1882, constituant ainsi le premier service de dermatologie du
pays. D’après les informations de Rubem David Azulay, Silva Araújo fut nommé la même
année 127 e membre titulaire de l’entité. « De cette façon la nouvelle spécialité apparue
dans le pays intégrait l’académie. Son intense activité l’amena à occuper en 1889 le premier
secrétariat, la présidence en 1897 et plus tard le poste de président perpétuel. Il fut
également chargé de créer le musée de l’Académie nationale de médecine. » 2
Vers la moitié du XX e siècle, cette académie compterait deux autres présidents de la
spécialité : Rubem David Azulay et Jarbas Porto, qui dirigeaient aussi la Société brésilienne
de dermatologie.
75
PAULO R. CUNHA
76
L’école tropicaliste de Bahia
La spécialité « dermatologie » fut créée à la faculté de médecine de Bahia à une
époque où cette école disputait la première place dans l’étude des maladies de la peau
avec celle de Rio de Janeiro.
Alexandre Cerqueira, son titulaire, qui avait été professeur de l’école supérieure et
secondaire en 1865 et professeur universitaire un an plus tard, identifia la Tinea Nigra
en 1891. Ses observations sur le sujet ne furent pas publiées, mais son fils, Antônio Gentil
de Castro Cerqueira Pinto, les utilisa en 1916 dans sa thèse appelée Kératomycose
Nigra Palmaris. Il y décrivit la manière dont son père avait réussi la reproduction expérimentale
de la maladie à travers l’inoculation des squames extraites d’une lésion d’un
volontaire.
Les deux dermatologues, le père et le fils, étaient liés à une fameuse école qui introduisit
l’étude de la pathologie tropicale dans le pays. Selon F.E. Rabello, « J. Adeodato en
1888 et Juliano Moreira en 1896 furent justement les premiers à identifier cliniquement
le bouton de Bahia de la leishmaniose tégumentaire, appelée sous différents noms au
Moyen-Orient. » 2
Nous rendons justice en disant que l’école bahienne de médecine fut à l’origine de
l’intérêt croissant pour nos problèmes de nosologie tropicale. Ce fut aussi un citoyen de
Bahia, Silva Lima (1826-1910), qui réalisa pour la première fois une description classique
de la curieuse affection appelée ainhum. Silva Lima occupait une position privilégiée
pour cela car Bahia fut pendant un certain temps la capitale du pays, et par
conséquent le point d’arrivée des esclaves africains. Il s’agit d’une des rares maladies
vraiment raciales, propres au noir ou full-blood, généralement associée à un certain
degré d’hyperkératose plantaire.
L’école tropicaliste de Bahia se développa malgré les relatives difficultés de l’enseignement
officiel, dispensé à l’époque par l’université de Salvador. Quoi qu’il en soit,
Bahia enthousiasmait le milieu spécialisé en raison de son intérêt pour la médecine
cutanée. C’est pourquoi les professionnels venus de l’étranger et les médecins liés à la
faculté conformèrent des groupes d’étude, devenant ainsi les authentiques prédécesseurs,
nationaux et étrangers, de la phase scientifique de la médecine brésilienne. Nous
citerons le Portugais Silva Lima, l’Anglais John Patterson, l’Allemand Otto Wucherer et
plusieurs Brésiliens tels que Maria Pires Caldas, Ludgero Ferreira, Antônio José Alves et
Antônio Januário de Faria.
João Francisco da Silva Lima, diplômé de la faculté de médecine de Salvador — où il
fut un chercheur inlassable pendant toute sa vie —, enrichit le patrimoine scientifique
brésilien avec de précieuses contributions sur des sujets de pathologie tropicale, notamment
ses travaux sur la bouba et l’ainhum.
Otto Wucherer s’établit comme généraliste à Bahia en 1843 et commença à étudier
systématiquement les selles des opilés, y trouvant les œufs du Ancylostomum duodenale
et déterminant ainsi l’étiologie de la maladie causée par ce parasite. Plus tard il identifia
les microfilaires responsables de l’éléphantiasis, dont l’agent fut baptisé sous le nom
de Wuchereria en son honneur.
John Patterson, originaire d’Édimbourg, arrivé à Salvador en 1842, se distingua tout
de suite par ses travaux sur la fièvre jaune et le Cholera morbus qui se propageaient à
l’époque de manière épidémique.
Grâce à son travail Étude du Demodex folliculorum, Silva Araújo — un autre membre
de l’école de Bahia — eut l’occasion d’intégrer l’Académie impériale de médecine. Pour
cette raison il déménagea à Rio de Janeiro, où il serait désigné plus tard directeur du
premier service des maladies de la peau de la polyclinique générale récemment créée.
Ultérieurement d’autres maîtres s’y distinguèrent, tels Parreiras Horta et Ramos e Silva.
La Gazeta Médica et son exhortation à la science
En 1866 le groupe de Salvador créa la première publication scientifique brésilienne,
la Gazeta Médica de Bahía, sous la direction de Virgílio Clímaco Damazio; elle incluait la
présentation de discussions et des conclusions sur les cas médicaux traités par ces pionniers
de la science brésilienne, « avec la présentation des patients et les données fournies
par le microscope et l’anatomie pathologique. » 2 Pendant sa première année de parution,
la publication incluait déjà d’importantes études dans le domaine de la dermatologie.
Dans l’édition du 10 novembre 1866, son directeur signalait l’absence de médecins brésiliens
à un congrès médical à Paris, témoignant de la volonté de la Gazeta et de ses
membres de mettre en place dans le pays une science médicale du plus haut niveau.
Ce ne fut que vingt-trois ans plus tard (en août 1889) que l’exhortation de la Gazeta
fut véritablement prise en compte, lors des commémorations du centenaire de la Révolution
française et à la veille de la proclamation de la République dans notre pays. À ce
moment-là, une délégation de cinq spécialistes brésiliens, constituée par Silva Araújo,
João Pizarro Gabizo, Adolfo Lutz, Oscar de Bulhões et Bruno Chaves, participa activement
à Paris au 1 er Congrès mondial de dermatologie et syphiligraphie.
João Pizarro Gabizo
La chaire de dermatologie fut institutionnalisée au Brésil en 1883 au moment où
J.P. Gabizo (1845-1904) fut nommé pour donner des cours à la clinique des maladies
cutanées et syphilitiques de la faculté de médecine de Rio de Janeiro. Pendant presque
cent ans, jusqu’en 1978, cette clinique dispenserait ses cours pratiques dans la multiséculière
Santa Casa de Misericordia de Rio de Janeiro, qui fut aussi le premier siège de la
Société brésilienne de dermatologie (SBD) entre 1912 et 1988. Au cours de cette période,
ces locaux, où furent établies les bases pour la modernisation de la spécialité dans le
pays, abritèrent les réunions mensuelles de la SBD qui rassemblaient et formaient plusieurs
générations de médecins de toutes les régions.
Francisco Eduardo Rabello raconte que Gabizo suivit sa formation à Vienne, dans la
fameuse école de Ferdinand Hebra et M. Kaposi. Seul candidat dans la lutte pour le titre
de professeur de la faculté de médecine de Rio de Janeiro, Gabizo fut nommé par l’institution
et chargé d’enseigner par le gouvernement impérial après avoir passé des examens
brillants ; il exerça sa charge avec beaucoup de talent, puisqu’il connaissait
profondément la spécialité, dont il parlait avec une grande éloquence.
Joaquim Mota ajoute : « Gabizo n’écrivit pas beaucoup de publications scientifiques,
nous laissa à peine un travail sur la réglementation de la prostitution, une conférence
sur la lèpre et d’autres écrits sur des maladies vénériennes. » 2
À partir de cette époque, deux écoles dermatologiques aux philosophies opposées
s’affrontèrent dans la capitale de la République : la chaire officielle de J.P. Gabizo, qui
soutenait les idées de l’école de Vienne, et la chaire de Silva Araújo, non reconnue officiellement,
centrée sur l’éclectisme rationnel et prudent soutenu par l’école française.
Vingt ans plus tard, l’influence des deux écoles sur la spécialité naissante se traduirait
par la présence de leurs disciples dans la liste des fondateurs de la Société brésilienne
de dermatologie qui est, comme nous allons le voir, le produit direct de la
troisième et dernière étape de l’histoire de la dermatologie brésilienne.
L´étape cientifique
La dermatologie et les dermatologues au Brésil
■ L’étape scientifique
La troisième étape de la dermatologie brésilienne commença officiellement en 1883,
avec la création de la chaire de clinique des maladies cutanées et syphilitiques dans les
77
PAULO R. CUNHA
78
facultés de médecine de Rio de Janeiro et de Salvador. En réalité, le Dr Antônio José
Pereira da Silva Araújo, originaire de l’école bahianne de tropicologie, avait déjà institutionnalisé
en 1882 l’enseignement libre de la dermatologie à travers un cours particulier
donné à la première clinique de maladies de la peau (créée la même année à la
polyclinique générale de Rio de Janeiro), avant que João Pizarro Gabizo (Rio de Janeiro)
et Alexandre de Castro Cerqueira (Salvador) prennent possession de la chaire obtenue
par concours public.
Joaquim Mota dit : « On pourrait affirmer que la dermatologie était complètement
ignorée au Brésil, sauf par certains écrits, de telle sorte que la création d’une chaire
officielle marqua en réalité le début de ces études dans le pays. » 2
Les concours publics pour choisir des professeurs adjoints (postes créés par la
réforme Sabóia) eurent lieu en 1883. Le Dr Luiz da Costa Chaves Faria fut nommé à Rio
de Janeiro, dans la 11 e section correspondant à la chaire de maladies cutanées ; en 1904,
suite à la mort de Gabizo, il fut nommé professeur de la clinique dermatologique et
syphiligraphique, nom donné à la discipline à partir de 1892.
Produit de la dynamique induite par l’enseignement de la nouvelle spécialité dans le
pays, la décennie 1880 se distingua par l’essor de la recherche microbiologique à l’Institut
Oswaldo Cruz. La Société brésilienne de dermatologie apparut au début du XX e siècle
pour soutenir et élargir le processus de formation, de cohésion et de valorisation de cette
catégorie de médecins. Elle accorda une priorité à la stimulation de la recherche scientifique
et favorisa la mise en place d’une école nationale créative et influente dans le
pays, liée en même temps à l’étranger et respectée dans ce milieu.
Les Drs Fernando Terra et Eduardo Rabello
Le concours pour occuper le poste de professeur remplaçant à la clinique dermatologique
eut lieu en 1906 ; Fernando Terra et Eduardo Rabello, qui avaient obtenu la même
quantité de points, partagèrent la première place. Cependant, le gouvernement d’Alfonso
Pena choisit le Dr Terra, car il était le plus âgé et avait été assistant de la chaire depuis
1891. En 1910, la mort de Chaves Faria le conduisit à occuper le poste de titulaire de la
chaire, qu’il exerça encore quinze ans.
L’avènement de la SBD s’explique aussi par le début de la recherche scientifique qui
caractérisa — principalement dans les premières années du XX e siècle — le panorama de
la dermatologie naissante; ce processus fut stimulé par le développement des chaires et
par le rôle de l’Institut Oswaldo Cruz. La Société brésilienne de dermatologie assuma énergiquement,
l’organisation et la divulgation de la nouvelle spécialité.
La scène d’inspiration
L’étude et la pratique de la dermatologie avaient atteint, à la fin du XIX e siècle, un tel
degré de développement en Europe qu’un débat eut lieu sur les grands problèmes de la
pathologie et de la clinique entre les maîtres des différentes écoles. Ferdinand Hebra,
chef de l’école de Vienne, posa les bases définitives de la spécialité, en lui fournissant la
systématisation et le corps doctrinal qui inspireraient les continuateurs de son œuvre:
Kaposi, Auspitz et Neuman.
La dermatologie arriva au Brésil avec une certaine difficulté, car les études et les travaux
n’augmentèrent que progressivement à la fin du XIX e siècle et au début du XX e siècle.
Certains auteurs ne reconnaissent même pas de contribution avant l’an 1900.
Nous pouvons donc commencer à parler aussi bien d’une médecine que d’une
dermatologie brésiliennes à partir des débuts du XX e siècle. Le travail des deux écoles
(Salvador et Rio de Janeiro) fut la graine qui fit germer l’esprit scientifique chez les
premières générations de médecins diplômés du pays. Beaucoup d’entre eux se
La dermatologie et les dermatologues au Brésil
rendirent en Europe en quête de perfectionnement ; en même temps qu’ils se formaient,
ils essayaient d’appliquer leur apprentissage à la réalité du Brésil.
Certains auteurs relèvent le rôle d’Oswaldo Cruz et de l’institut Manguinhos sur cette
scène, notamment dans le développement de la nouvelle spécialité médicale liée aux maladies
cutanées. La production académique ne fut plus seulement une simple reproduction
de bibliographies — caractéristique fondamentale de la phase préscientifique —,
mais se tourna plutôt vers la recherche et l’étude de laboratoire, contribuant de manière
décisive à identifier des maladies auparavant inconnues, et à déterminer leurs diagnostics
et leurs traitements.
L’institut Manguinhos, institut sérothérapique fédéral, fut créé pour préparer
des sérums et des vaccins contre la peste. Transformé ensuite par
Oswaldo Cruz (figure 2) et devenu l’institut de médecine expérimentale, il
reçut son nom actuel en 1908. La recherche en dermatologie y fut privilégiée,
en raison de l’influence sur O. Cruz de Raymond Sabouraud, le véritable
fondateur de la mycologie médicale (ils avaient travaillé ensemble à
Paris).
Oswaldo Cruz ainsi qu’un groupe de maîtres éminents et de jeunes scientifiques
qui étaient passés à Manguinhos intégrèrent la première génération
de dermatologues brésiliens. Ce fut une période effervescente d’études et de
recherches scientifiques dans ce domaine. Nous citerons parmi les figures
notables Adolfo Lutz, Adolpho Lindemberg (figure 3), Parreiras Horta, Gaspar
Viana, Rocha Lima, Henrique de Beaurepaire Aragão, Arêa Leão, Armínio
Fraga, Eduardo Rabello, Fernando Terra (figure 4) et Olympio da
Fonseca Filho.
Adolfo Lutz (1855-1940), chercheur brésilien génial, découvrit en 1908 à
Sao Paulo une nouvelle maladie, actuellement appelée paracoccidioïdomycose
ou maladie de Lutz-Splendore-Almeida.
La clinique de dermatologie et syphiligraphie de la faculté nationale de médecine (où
convergèrent l’intérêt de Fernando Terra et la participation d’Eduardo Rabello, invité
par un geste noble de son titulaire à intégrer la chaire) fut indubitablement le haut lieu
de cette activité parallèle et simultanée. Terra et Rabello créèrent alors un grand centre
de recherche dermatologique, attirant d’autres spécialistes en parasites et des pathologistes
de l’Institut Oswaldo Cruz. Tous furent à l’origine de l’époque dorée de la spécialité
naissante.
Il y eut une production de travaux fondamentaux pendant quatre ans. Comme nous
l’avons déjà signalé, Adolfo Lutz découvrit à Sao Paulo en 1908 la paracoccidioïdomycose.
Adolpho Lindemberg (1872-1944) exposa en 1909 la découverte de l’agent étiologique
de la leishmaniose, appelée ultérieurement Leishmania brasiliensis. La même
année, il décrivit un nouveau type de mycétome et son agent étiologique sous le nom de
Dyscomices brasiliensis (actuellement Nocardia brasiliensis).
Eduardo Rabello publia en 1910 une petite monographie historique sur les Dermatomycoses,
dans laquelle il reproduisit dans le cas pratique du Brésil et grâce aux techniques
de Sabouraud ce que le génial Français avait confirmé en la matière. En 1911,
Paulo Parreiras Horta (1884-1961) publia un travail sur la « pierre noire » qui deviendrait
un classique, donnant au parasite de la maladie le nom de l’éminent spécialiste
(Piedraia hortai).
L’an 1912 fut notable pour plusieurs raisons :
– Eduardo Rabello entama des recherches à l’origine de la découverte, pour la première
fois au Brésil, des « corpuscules de Donovan », l’agent provoquant la donovanose
(qui était à l’époque un granulome ulcéreux ou vénérien) ; cette étude fut poursuivie en
1917 à travers une thèse classique de Souza Aranha consolidant ce qu’on savait à
l’époque sur le sujet.
79
Figure 2.
Dr Oswaldo Cruz
Figure 3.
Dr Adolpho
Lindemberg (centre)
dans sa clinique de
dermatologie de la
Santa Casa de Sao
Paulo
Figure 4.
Dr Fernando Terra
(1865-1947)
PAULO R. CUNHA
80
– Gaspar Viana (1885-1914) découvrit le traitement et la
guérison de la leishmaniose tégumentaire à l’aide de l’antimoine,
sous la forme de l’ancien tartare émétique, utilisé en
injections intraveineuses à 1 %. Plus tard, il découvrirait la
guérison des lésions de la donovanose en appliquant le même
composé.
Francisco Eduardo Rabello signale à propos de ces travaux :
« Il n’est pas surprenant qu’au milieu de cette fébrile et si
fertile activité de recherche apparaît, à la même époque (1912),
la Société brésilienne de dermatologie. » 2
L’idéal de Fernando Terra
Fernando Terra (1865-1947), originaire de Rio de Janeiro,
troisième professeur de la faculté de médecine de cette ville, fut
l’auteur du projet et le premier président de la Société brésilienne
de dermatologie, exerçant son mandat de 1912 à 1925.
En consultant les documents de ladite société, on peut affirmer
qu’il fut véritablement l’âme, l’inspiration et la force qui
précédèrent la fondation de la SBD. C’est lui qui articula les efforts, invita à la participation
et rédigea l’ébauche des statuts. D’aucuns le considèrent comme une force omniprésente
dans la fondation de l’entité et les travaux qui y ont été entrepris pendant les
treize premières années. Lors de sa retraite, en 1925, il quitta son poste à la SBD et à la
chaire de dermatologie et syphiligraphie de la faculté de médecine de l’université du Brésil,
pour l’unique raison qu’il préféra maintenir la tradition : son successeur à la chaire
devait être aussi le président de la société. Terra naquit le 25 décembre 1865 à Niterói
et il mourut à Juiz de Fora en 1947. Diplômé en 1887 de la faculté nationale de médecine,
il se consacra tout de suite à la dermatologie, et fit son résidanat aux côtés du
Pr. João Pizarro Gabizo dans la 19 e infirmerie de la Santa Casa. Les archives révèlent
qu’il travailla également à Manguinhos. En 1891, il devint assistant de la clinique de dermatologie
et syphiligraphie, et en 1906, il se présenta à un concours public pour aspirer
au poste de professeur assistant, qu’il obtint pour les raisons préalablement exposées.
Quand il assuma la fonction de titulaire en 1910, succédant à Chaves de Faria, il
appela généreusement le Dr Eduardo Rabello pour travailler ensemble à la clinique ; ce
dernier vint accompagné du groupe de l’institut Oswaldo Cruz et ils rejoignirent les dermatologues
classiques, donnant lieu à une interaction efficace pour les deux secteurs.
Non satisfait de son activité de direction de l’institut, Fernando Terra posa les principes
d’une entité capable de rassembler les dermatologues et les diriger progressivement
vers l’activité scientifique.
Le modèle français
Le modèle français de la Société de dermatologie et de syphiligraphie, fonctionnant
depuis 1889 à l’hôpital Saint-Louis à Paris avec la clinique du même nom, fut choisi pour
régir l’entité brésilienne ; curieusement, Terra et le groupe fondateur de la SBD n’inclurent
pas au départ l’étude de la syphilis dans le nom de la nouvelle institution. Pendant
treize ans, soit au cours de la gestion de Fernando Terra, l’entité reçut le nom de Société
brésilienne de dermatologie. Ce ne fut qu’en 1925, lorsque Eduardo Rabello assuma la
présidence, que le statut changea pour devenir Société brésilienne de dermatologie et
syphilographie, à l’instar de l’entité française, avec une légère mais significative différence
: la SBDS adopta le terme employé par les Anglo-Saxons syphilographie au lieu du
mot français syphiligraphie. Quelques années après la Deuxième Guerre mondiale, avec
l’introduction de la pénicilline, l’entité reprendrait son nom d’origine (1962), après
trente-sept ans d’activité sous le nom de Société brésilienne de dermatologie et syphilographie.
Le changement de nom ne sera établi qu’en 1965, quarante ans après la
deuxième raison sociale et le sigle SBDS.
Personnalités historiques
Sebastião de Almeida Prado Sampaio
La dermatologie et les dermatologues au Brésil
■ Personnalités historiques
Lorsqu’on demande à une figure notable de la spécialité tel que le Pauliste Luiz Henrique
Camargo Paschoal de dire qui devrait figurer au panthéon de la dermatologie, la
réponse est la suivante : « Moi, je mettrais Sebastião Sampaio sur le piédestal. Vous qui
allez écrire sur l’histoire de la dermatologie brésilienne devez considérer deux époques :
avant et après Sampaio. Il fut une référence, et il en est toujours une. Prodigieusement
intelligent et très compétent, il importa des États-Unis l’école thérapeutique pour soulager
et guérir les maladies, contrastant avec la posture de l’école française, qui dominait
au Brésil, beaucoup plus encline à décrire les maladies de la peau. Sampaio, un homme
qui travaillait beaucoup, avait une connaissance médicale spectaculaire et une position
humaniste hors du commun. Sampaio était un homme d’une grande culture. Je fus son
premier disciple, imaginez ma chance. » 2
Sebastião Sampaio (figure 5) naquit dans l’État de Sao Paulo et fit ses études dans
la capitale de cet État. Il se pencha à l’origine vers l’ingénierie, car il était excellent
en mathématiques. Mais sa mère, qui avait toujours voulu avoir un fils médecin,
exerça son influence pour qu’il commençât des études de médecine à l’USP (1938),
où il obtint son diplôme en 1943.
Même étudiant, Sampaio travailla à la Ligue de lutte contre la syphilis, à une
époque particulièrement difficile eu égard à la situation financière précaire de sa
famille. Il se présenta au concours du département de prophylaxie de la lèpre et il y
fut embauché comme auxiliaire académicien. « Quand j’ai fini la faculté de médecine,
je travaillais depuis deux ans avec les malades atteints de lèpre et de syphilis, alors
la dermatologie est devenue le chemin naturel à suivre. »
Ce chemin s’élargit progressivement au point que Sebastião Sampaio devint la
troisième grande référence en matière de dermatologie à Sao Paulo (les deux autres
étaient Adolpho Lindemberg et Aguiar Pupo). « La chaire s’appelait dermatologie et
syphiligraphie. Le Pr. Pupo aimait beaucoup travailler avec des lépreux également.
Lorsque j’ai eu fini mes études en médecine, et comme la pratique obligatoire n’existait
pas encore, le professeur a décidé que je devais fréquenter l’unité ambulatoire de dermatologie
: c’est comme ça que j’appris la spécialité. »
Grâce à une expérience en dermatologie qui dura cinq ans, Sampaio devint enseignant
et obtint une bourse pour devenir assistant à la Mayo Clinic, aux États-Unis, le plus
grand centre médical du pays à l’époque ; il y fit son résidanat entre 1951 et 1952, et
poursuivit ensuite des études en Europe.
À la Mayo Clinic, Sampaio vit que les malades recevaient des visites tous les jours et
qu’ils bénéficiaient d’une assistance médicale efficace ; à son retour à Sao Paulo, il
appliqua cette pratique, influençant plusieurs générations de dermatologues brésiliens.
« J’ai formé des disciples, et mes disciples ont formé d’autres disciples », disait-il.
Il fut président de l’Association médicale brésilienne, du Collège ibéro-latino-américain
de dermatologie et du Conseil régional de médecine, et membre de l’International
Committee of Dermatology.
Depuis sa chaire à l’USP, Sebastião Sampaio forma des disciples répartis dans tout
l’État de Sao Paulo, dans plusieurs États brésiliens et à l’étranger. La plupart de ses
81
Figure 5.
Dr Sebastião Sampaio
PAULO R. CUNHA
82
disciples conservèrent un lien avec le maître, l’invitant pendant plusieurs décennies
comme conférencier à des rencontres et à des journées ; sa seule présence donna du
prestige aux réunions qu’il avait créées.
Bernardino Antônio Gomes
Auteur du premier livre de dermatologie en portugais, il visita deux fois le Brésil, en
1797 et en 1817.
José Francisco da Silva Lima
José Francisco da Silva Lima, portugais de Vilarinho, arriva à Salvador en 1840 et obtint
son doctorat à la faculté de médecine de Bahia. Aux côtés de Wucherer et Paterson,
ils mirent en place à Bahia les premières études sur les maladies tropicales.
Adolpho Lindemberg
Originaire de Cabo Frío, il obtint son diplôme à la faculté de médecine de Rio de
Janeiro en 1896 et poursuivit sa spécialisation en dermatologie à Paris. Il fut l’un des
pionniers de la spécialité, créant le premier service dermatologique de Sao Paulo à la
Santa Casa de Misericordia.
Paulo Parreiras Horta
Le Carioca Paulo de Figueiredo Parreiras Horta naquit en 1884 ; il fut pharmacien
avant de suivre des études de médecine au Brésil et de microbiologie à Paris. Il fut l’un
des plus grands mycologues brésiliens.
João de Aguiar Pupo
Pauliste d’Itatiba, diplômé en 1912 de la faculté de médecine de Rio de Janeiro, il
encouragea la création de l’institut de médecine tropicale de Sao Paulo.
João Ramos e Silva
Diplômé en 1918 de la faculté de médecine de la Praia Vermelha, à Rio de
Janeiro, Ramos e Silva fut réputé pour ses études sur les maladies vénériennes et la
maladie de Hansen. Il promut la première réunion de dermatologues syphiligraphes
au Brésil.
Joaquim Mota
Il fut l’un des plus grands syphiligraphes brésiliens. Il obtint son diplôme à l’université
du Brésil en 1916 et travailla à l’institut Oswaldo Cruz, au service médical de
l’armée, au Département national de la santé publique et à l’Inspection de prophylaxie
de la lèpre et des maladies vénériennes.
Oswaldo Costa
Dermatologue de Minas Gerais, il consacra sa thèse (1962) à l’étude des kératoses
palmoplantaires ; il fit son résidanat à l’hôpital Saint-Louis, à Paris.
Domingos Barbosa da Silva
En 1955, il fut désigné professeur titulaire de la chaire de dermatologie de la faculté
de médecine et chirurgie de Pará. Ses études en dermatologie tropicale furent déterminantes
et il forma plusieurs générations de spécialistes.
Eduardo Rabello
Né à Barra Mansa (R.J.) en 1876, le deuxième président de la SBD eut son doctorat
en 1903 à la Faculté de médecine de Rio de Janeiro. Disciple de l’école française, Rabello
fréquenta le service de curiethérapie de l’hôpital Necker, sous la direction de Degrais,
acquérant une expérience en la matière. De retour au Brésil, il fonda en 1919 l’Institut
d’électroradiologie de la Faculté de Rio de Janeiro avec Fernando Terra, qui intégra plus
tard la clinique dermatologique. Il mourut le 8 août 1940.
Francisco Eduardo Rabello
Il succéda à son père, Eduardo Rabello, au sein de la chaire de dermatologie et
syphiligraphie de la faculté nationale de médecine. Ses contributions dans les
domaines de la leishmaniose tégumentaire, la maladie de Hansen et la sarcoïdose
furent originales (figure 6).
Hildebrando Portugal
Diplômé de la faculté de médecine de Rio de Janeiro, sa grande œuvre fut la
création du laboratoire d’histopathologie de la clinique, en 1926.
Jorge de Oliveira Lobo
Né à Recife en 1889, il obtint son diplôme à la faculté de médecine de Rio de Janeiro. Il
travailla avec Olympio da Fonseca Filho et Arêa Leão à Manguinhos, et fut l’assistant
d’Eduardo Rabello. De retour sur sa terre natale, il travailla à la clinique dermatologique de
l’hôpital de Santo Amaro, marquant le début de la dermatologie à Pernambuco.
Jorge de Oliveira Lobo utilisa son propre nom pour identifier une maladie provoquée par
le champignon appelé Paracoccidioides loboi. Il décrivit aussi une nouvelle forme de blastomycose,
dont les lésions fongoïdes particulières ont leur niche écologique en Amazonie.
Glynne Leite Rocha
Originaire d’Alagoas, à Maceió, il obtint son diplôme à la faculté de médecine de Pernambuco
en 1930. Il fut chef du service de dermatologie de l’hôpital de IASERJ pendant
des décennies.
Demétrio Peryassú
Né à Belém do Pará, diplômé de la faculté nationale de médecine en 1937, il étudia
plusieurs syndromes dermatologiques. Il possédait aussi de vastes connaissances en
radiothérapie et en léprologie.
Anuar Auad
La dermatologie et les dermatologues au Brésil
Le Pauliste Anuar Auad obtint son diplôme à la faculté des sciences médicales de Rio de
83
Figure 6.
Dr Francisco Eduardo
Rabello
Figure 7.
Dr Carlos
da Silva Lacaz
PAULO R. CUNHA
84
Janeiro en 1951. Il étudia longuement le pemphigus foliacé. En 1954, il assuma la direction
de l’hôpital de Pemphigus à Goiânia.
Antônio Carlos Pereira Júnior
Natif de Minas Gerais, de Juiz de Fora, diplômé en 1963 de la faculté nationale de médecine
de l’université du Brésil, il fit son résidanat à l’hôpital Saint-Louis (Paris). Il est coauteur d’un
livre sur l’herpès ainsi que de la classification des MST adoptée dans le pays et à l’étranger.
Norberto Belliboni
Originaire de Camposapiero (Italie), il débarqua au Brésil en 1934. Il obtint son
diplôme de médecin en 1949 à l’université de Sao Paulo. Il coordonna pendant dix ans la
dermatologie au cours expérimental de médecine de l’université de Sao Paulo.
Raymundo Martins Castro
Diplômé de la faculté de médecine de l’USP, il y fut également enseignant libre. Il suivit
un cours de spécialisation en médecine tropicale en Allemagne et fonda en 1986 le
centre d’études Nicolau Maria Rossetti.
Guilherme V. Curban
Professeur libre à la FMUSP, il est l’auteur, avec Luiz M. Bechelli, du Compendio de
Dermatología [Précis de dermatologie], livre de consultation de la spécialité.
Carlos da Silva Lacaz
Historien de la dermatologie brésilienne, Lacaz fut professeur de
mycologie et de microbiologie à l’USP et fut à deux reprises directeur de
sa faculté de médecine. En 1959 il fonda l’institut de médecine tropicale.
Il est considéré comme l’un des plus grands mycologues au monde
(figure 7).
Clóvis Bopp
Antar Padilha-Gonçalves
Il naquit à Santa Maria (RS) le 17 octobre 1913. Il fut chef du service
de dermatologie de l’université fédérale de Rio Grande jusqu’en 1984.
Diplômé en 1937 de la faculté nationale de médecine, il approfondit les études sur la
leishmaniose et en mycologie. Il travailla au service de dermatologie de l’hôpital Gaffrée
Guinle et au laboratoire de Raimundo Aragão par la suite.
Abrahão Rotberg
Mondialement reconnu grâce à la doctrine de la marge Hansen sous sa forme anergique
et du facteur N dans la maladie de Hansen, Rotberg étudia à Rio de Janeiro et
obtint son diplôme en 1933 à la faculté de médecine de Sao Paulo. Il apporta ses
connaissances sur la léprologie.
Alexandre Mello Filho
Diplômé de l’école pauliste de médecine, il fut admis à la clinique dermatologique de
l’hôpital del Servidor Público Municipal en 1948. Il enseigna à la Faculté des sciences
médicales de la Santa Casa de Misericordia pendant vingt ans.
Antonio Delfina
Diplômé en 1942 de l’école pauliste de médecine, il se consacra pendant quarantecinq
ans à l’institution ; il est l’auteur de plusieurs travaux scientifiques sur la spécialité.
Antônio Souza Marques
Né à Rio de Janeiro, il obtint son diplôme en 1960 à la faculté nationale de médecine
et fit ses études de spécialisation au Cancer Hospital de Philadelphie, aux États-Unis.
Aurélio Ancona López
Diplômé en 1937 de la faculté nationale de médecine de Rio de Janeiro, il créa en
1945 le service dermatologique de l’hôpital del Servidor Público Municipal. Dans le cadre
de la Croisade Pro-Enfance, il fonda un centre d’éducation en dermatologie.
Jarbas Porto
Originaire de Pernambuco de Caruaru, il obtint son diplôme à la faculté nationale de médecine.
Assistant de Rabello et de Rubem David Azulay, Porto fut admis à l’hôpital de los Servidores del Estado
et réalisa sa spécialisation au Michigan. Il fut président de l’Académie nationale de médecine.
Luiz Henrique Camargo Paschoal
Diplômé à l’USP en 1960, il est actuellement titulaire de la chaire de dermatologie et
de la faculté de médecine de l’ABC.
Luiz Marino Bechelli
Diplômé de la faculté de médecine de l’USP en 1933, il fut désigné médecin spécialiste
du département de prophylaxie de la lèpre. Il fut directeur de la clinique Cocais et
enseignant libre à la faculté de médecine de l’USP. Il fut secrétaire du secteur de la lèpre
de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), en Suisse, pendant dix ans.
Márcio Lobo
Il créa la spécialisation en dermatologie à l’université fédérale de Pernambuco. La
donovanose fut une de ses lignes de recherche.
Nelson Guimarães Proença
La dermatologie et les dermatologues au Brésil
En 1970, le Pr. Nelson Proença fonda l’Anuario Dermatológico Brasileño dans le but d’y
rassembler des travaux publiés dans des revues appartenant à d’autres domaines. Il fut
directeur de l’APM et l’AMB (Association pauliste de médecine et Association médicale brésilienne)
et titulaire de la clinique de dermatologie de la Santa Casa de Sao Paulo.
85
PAULO R. CUNHA
86
Neuza Dillon
Diplômée de la faculté de médecine et chirurgie de Belém do Pará, elle se spécialisa
en dermatologie à l’USP. En 1966, elle fut désignée professeur à la faculté des sciences
médicales et biologiques de Botucatu, récemment créée. Elle y exerça brillamment la
charge de professeur titulaire de dermatologie jusqu’à sa retraite.
Ney Romitti
Diplômé en 1958 de la faculté nationale de médecine, il fit un résidanat en Allemagne,
où il publia 20 travaux scientifiques. Il fut professeur titulaire de la Faculté de médecine
de Santos. Il possède une culture générale et dermatologique notable.
René Garrido Neves
Diplômé en 1953 de la Faculté Fluminense de médecine, il fut l’assistant volontaire
de João Ramos e Silva pendant treize ans. Il travailla au service de léprologie. Participant
assidu des réunions de la SBD, il fut responsable de l’achat du siège de l’entité.
Maurício et Alice Casal Alchorne
Né à Pesqueira (PE), Maurício se rendit à Recife afin de poursuivre ses études secondaires
et celles de médecine à la faculté des sciences médicales de Pernambuco. Il effectua
sa formation dermatologique et le début de son parcours académique au HC/FMUSP.
Depuis 1994, il est professeur titulaire de l’UNIFESP/école pauliste de médecine. C’est au
HC qu’il fit connaissance d’Alice, originaire de Sao Paulo, une élève avec laquelle il se
maria ; ils ont deux enfants et quatre petits-enfants.
Alice effectua son résidanat au HC/FMUSP ; elle est actuellement professeur adjoint et
enseignante libre à l’UNIFESP/école pauliste de médecine (depuis 1997).
Tous deux occupèrent différents postes au sein de la SBD, comme la présidence de la
section régionale de Sao Paulo (Alice et Maurício) et de la SBD (Maurício).
Rubem David Azulay
Né à Belém do Pará en 1917, il obtint son diplôme de médecine à la faculté Fluminense
de médecine et au service de dermatologie du Pr. Parreiras Horta. Différents concours
publics lui permirent d’occuper les postes de titulaire de la chaire de dermatologie de plusieurs
universités, telles que celles de Pará, UFF, UERJ et UFRJ. Il fut aussi chargé de poursuivre
les activités du pavillon historique Sao Miguel, lors du déménagement de la chaire et
du service de dermatologie de l’UFRJ vers l’hôpital universitaire, à Ilha do Fundão.
Il travailla au début de son parcours avec Eduardo Rabello. Lié à la SBD depuis qu’il
était étudiant, il fréquenta le pavillon Sao Miguel (financé au début des années 30 par
l’Organisation mondiale de la santé pour des cours internationaux sur la lèpre, mais
transféré immédiatement vers la clinique dermatologique de l’université du Brésil). Il
était président de la SBD lors du 50 e anniversaire de sa création ; il décida alors d’opérer
quelques changements : « Les réunions existaient déjà, mais toutes se réalisaient à Rio
de Janeiro. La plupart des associés étaient natifs de Rio. Lorsque j’ai assumé la présidence,
j’ai fait modifier les statuts et commencé à promouvoir les réunions dans d’autres
États, puisque j’envisageais la dermatologie sur le plan national et pas seulement dans
la ville de Rio de Janeiro. »
Il fut à deux reprises l’éditeur en chef des Anais Brasileiros de Dermatologia, où il
introduisit plusieurs innovations. Il fut président de l’Association brésilienne de léprologie,
du Collège ibéro-latino-américain de dermatologie, de l’International Society of Dermatology
et de l’Académie nationale de médecine. On lui octroya 13 prix pour ses mérites personnels
et la qualité de ses travaux scientifiques: les médailles d’or Oswaldo Cruz,
Antonio Pedro (trois fois) et Gaspar Viana, le prix Jorge Lobo, plusieurs plaquettes — trois
nationales et une de la North American Clinical Dermatological Society. Azulay est un des
auteurs les plus remarquables de l’histoire de la Dermatologie Brésilienne.
Rui Miranda
Pilier de la dermatologie à Paraná, il fonda en 1960 le centre d’études de la lèpre
Souza Araújo à l’université fédérale de Paraná, et la fondation Pro-Hansen en 1990.
Dans le domaine de la dermatologie, il décrivit 5 nouvelles pathologies ; pour ce qui est
de la maladie de Hansen, il contribua à en améliorer la connaissance.
Lucio Bakos
Né en 1942 à Zadar — actuellement la Croatie mais territoire italien à l’époque —, il
obtint son diplôme en 1966 à l’université fédérale de Rio Grande do Sul (UFRGS). Il fut
Visiting Scholar de la Cambridge University en 1972-1973, travaillant au Addenbrooke’s
Hospital de Cambridge, dirigé par le Dr Arthur Rook. Il est professeur titulaire de dermatologie
de l’UFRGS depuis 1991.
Sylvio Fraga
Il reçut son diplôme à la faculté de médecine de l’ancienne université du Brésil en
1953. Entre 1955 et 1956, il effectua son résidanat à Philadelphie (U.S.A.). Il suivit le
cours de spécialisation en dermatologie et pathologie au Armed Forces Institute of
Pathology, à Washington. Il fut le cofondateur de l’institut de dermatologie de la Santa
Casa.
João et Bernardo Gontijo
Originaire de Minas Gerais, la famille Gontijo (le père, João B. Gontijo Assunção, et le
fils, Bernardo Gontijo) regroupe des personnalités de la dermatologie remarquables.
João obtint son diplôme en 1947 à l’UFMG et réalisa son résidanat à l’hôpital Saint-Louis
de Paris en 1948 et 1949. Grâce à un concours public, il fut nommé professeur adjoint
et enseignant libre à l’UFMG. Il publia individuellement ou conjointement 24 travaux, et
présenta près de 200 communications lors de congrès et de réunions au Brésil et à
l’étranger. Bernardo, son fils, obtint son diplôme à l’UFMG et compléta son résidanat en
dermatologie à l’hôpital des cliniques de l’USP ; il est actuellement professeur de la
faculté de médecine de l’UFMG. Tous deux furent membres et présidents de la SBD.
Mário et Márcio Rutowitsch
Márcio Rutowitsch est le fils du dermatologue Mário Rutowitsch, qui fut président de
la SBD en 1960. Márcio obtint son diplôme à l’université fédérale Fluminense et il est
actuellement premier chef du service de dermatologie de l’HSE.
Jorge José de Souza Filho
La dermatologie et les dermatologues au Brésil
Né à Florianópolis en 1937, il obtint son diplôme à l’université fédérale de Paraná en
1964 et fut admis comme résident en 1965 grâce à une bourse de l’hôpital des cliniques
87
PAULO R. CUNHA
de Sao Paulo. En 1967, il retourna sur sa terre natale et se présenta au concours pour
être maître auxiliaire à l’UFSC, où il devint professeur titulaire en 1990. Il fut l’un des
fondateurs de la régionale SC de la SBD et le premier président de la Réunion sudbrésilienne
de dermatologie, qui eut lieu à Florianópolis en 1981.
■ La La dermatologie Dermatologie dans les états dans les États
88
Ces générations vigoureuses, avec leur volonté de tracer des nouveaux chemins,
furent le résultat de la stimulation de la recherche scientifique que favorisèrent l’éducation
dermatologique renouvelée, l’arrivée de nouvelles spécialités dans d’autres régions
du pays et l’action synergique de la SBD.
En effet, la dermatologie s’élargissait. Dans les années 20 et 30, d’après Rabello
Junior, « la chaire d’Antonio Aleixo (1884-1943) située à Belo Horizonte allait marquer
l’arrivée d’un nouveau centre d’études dans le pays, avec des travaux et des nouvelles
publications dans les secteurs jumeaux de la vénéréologie et de la léprologie, dans
lesquels se distinguaient Orsini de Castro (1892-1970) en dermatologie et O. Diniz (1902-
1966) en léprologie. Des travaux originaux de grande envergure furent réalisés par Cl.
de Castro, Oswaldo Costa (chaire de l’université fédérale) et Tancredo Furtado (chaire de
l’UFMG). » 3 Costa fut l’auteur d’une thèse réputée sur les acrokératoses (1960), tandis
que Furtado en écrivit une sur la framboesia en 1955.
Un grand centre dermatologique s’installa aussi à Juiz de Fora, avec Antônio Carlos
Pereira et Carlos Adolfo Pereira. Entre 1922 et 1940, d’importants travaux brésiliens sur
le pemphigus foliacé furent publiés, dont ceux de J.P. Vieira (1927) et Orsini de Castro
(1940).
Fondée en 1916, la faculté de médecine de Sao Paulo compta tout de suite une chaire
de dermatologie, dont le titulaire fut Adolpho Lindemberg (1872-1944), auteur de travaux
pionniers sur la leishmaniose tégumentaire et le pemphigus foliacé. Son disciple,
Nicolau Rossetti (1894-1956), fut plus tard le titulaire de la chaire de dermatologie à
l’école pauliste de médecine, où il fut remplacé par le léprologue et dermatologue
Abrahão Rotberg, auteur de célèbres travaux sur la réaction de Mitsuda, la réaction de
Montenegro et les angiites nécrotisantes. Rabello signale :
Dans les années 30, J. Aguiar Pupo, disciple préféré d’Eduardo Rabello, allait assumer
la chaire de dermatologie de l’université de Sao Paulo, où se forma immédiatement
une grande école. Dans la voie de la tradition brésilienne, Aguiar Pupo a
dominé, grâce à des travaux pionniers, la léprologie avec la même supériorité. En
1957, Sebastião Sampaio, un jeune professeur de bonne formation histologique qui
allait stimuler les travaux dans le domaine de la structure et des fonctions de la peau,
de la génétique et de la pathologie immune, le remplaça. À Sao Paulo se distingueraient
d’autres éléments de grande valeur comme H. Cerruti à Sorocaba, L.M. Bechelli
et W. Pimenta à Ribeirão Preto, tous trois issus de l’école d’Aguiar Pupo.
J’accorde une mention spéciale aux jeunes, parmi lesquels Ney Romiti, disciple de
Ramos e Silva, Marchionini et Raimundo Martins de Castro, initialement professeur
à Campinas, où il fut l’élève de son célèbre père, le maître A. Martins de Castro
(1885-1968), spécialiste en mycologie, en histopathologie et en roentgenthérapie 2 .
Nous ne citons ici que quelques-uns des dermatologues nationaux qui étudièrent avec
les grands maîtres de l’étranger :
1. Olympio da Fonseca Filho, Nicolau Rossetti et Abílio Martins de Castro travaillèrent
avec Raymond Sabouraud à l’hôpital Saint-Louis de Paris.
2. J. Luiz Miranda fut résident à la Duke University, avec N.F. Conant.
3. Eduardo Rabello fréquenta le service de curiethérapie de l’hôpital Necker, sous la
direction de Degrais ; de retour au Brésil, il fonda avec Fernando Terra l’Institut d’électroradiologie,
qui intégrerait plus tard la clinique dermatologique de la faculté nationale
de médecine.
4. Adolfo Lutz fit son résidanat en Suisse avec Paul Gerson Unna (1850-1929), le fondateur
de la dermatologie moderne.
5. Ney Romitti travailla à Munich avec Alfred Marchionini.
6. Sebastião de Almeida Sampaio effectua son résidanat à la Mayo Clinic, à Rochester
(USA).
7. Newton Guimarães travailla à Barcelone avec Xavier Vilanova.
8. Joaquim Pereira da Mota (1894-1952) travailla à Paris avec Pautrier.
9. Valdir Bandeira (Recife) et René Garrido Neves (Niterói) firent leur résidanat à
Buenos Aires, dans les services des Prs Julio Borda et Jorge Abulafia.
La Société Brésilienne de Dermatologie (SBD)
La séance de fondation de la Société brésilienne de dermatologie commença le
dimanche 4 février 1912 à 10 heures du matin, dans le pavillon Miguel Couto de la Santa
Casa de Misericordia de Rio de Janeiro. 18 médecins, dont seulement 10 dermatologues,
y étaient présents ; 3 d’entre eux faisaient partie de la commission organisatrice : Fernando
Terra, Eduardo Rabello et Werneck Machado. Les Drs Moncorvo Filho, Alfredo
Porto, Eduardo Magalhães, Adolfo Lutz, Víctor de Teive, Caetano de Menezes, Gaspar
Viana, Leal Júnior, Oscar da Silva Araújo, Juliano Moreira, Paulo Parreiras Horta,
Zopyro Goulart, Miguel Salles, Eduardo Jorge et Franco de Carvalho furent les autres
fondateurs.
La SBD est la deuxième entité au monde en nombre d’associés de la spécialité. La
fête du Dermatologue fut instaurée en 2000 (5 février), visant à sa commémoration
annuelle.
Un débat scientifique très sérieux, la stimulation de la recherche (élargie par la suite
aux nouvelles générations qui étudiaient la médecine), la connaissance et la vulgarisation
des activités dermatologiques dans les autres régions du pays, l’esprit accueillant et
attentif des dirigeants et le souci de poser les bases définitives de cette activité caractérisèrent
les treize premières années d’intervention de la SBD.
La SBD connut deux longues gestions au cours de son histoire: celle de Fernando
Terra, qui dura treize ans, et celle d’Eduardo Rabello, qui la présida pendant quinze ans
sans interruption.
Les présidents de la SDB
La dermatologie et les dermatologues au Brésil
■ La Société brésilienne de dermatologie (SBD)
Les dermatologues qui exercèrent la charge de président de la SBD furent les suivants:
Fernando Terra (1912) ; Eduardo Rabello (1925) ; Oscar Silva Araújo (1941) ; Joaquim
Mota (1942) ; João Ramos e Silva (1944) ; A.F. Da Costa Jr. (1946) ; Hildebrando Portugal
(1948) ; Francisco Eduardo Rabello (1950) ; Demétrio Peryassu (1951) ; Edgard Drolhe da
Costa (1953) ; Luis Campos Mello (1955) ; Antar Padilha-Gonçalves (1957) ; Mário Rutowitsch
(1959) ; Rubem David Azulay (1961) ; Glynne Leite Rocha (1963) ; J. Aguiar Pupo
(1964) ; João Ramos e Silva (1965) ; Domingos Barbosa da Silva (1966) ; Antônio Carlos
Pereira (1967) ; Rui Noronha Miranda (1968) ; Jorge Lobo (1969) ; Anuar Auad (1970);
Clóvis Bopp (1971); Rubem David Azulay (1972); Tancredo Furtado (1973); Sebastião de
Almeida Prado Sampaio (1974) ; Jarbas Anacleto Porto (1975) ; José Pessoa Mendes
(1976) ; Walter Moura Cantídio (1977) ; João Batista Gontijo (1978) ; Newton Guimarães
(1980) ; Raymundo Martins Castro (1981) ; Márcio Lobo Jardim (1982) ; José Serrya
(1983) ; Jorge José de Souza Filho (1984) ; Luiz Carlos Cucé (1985) ; Divino Rassi (1986);
89
Figure 8.
Commission directive
de la SBD (2000-
2001). De gauche à
droite (assis): María
Lourdes Viegas,
secrétaire générale ;
Fernando Augusto de
Almeida, président ;
Márcio Santos
Rutowitsch, viceprésident
; (debout) :
Macedo Paschoal,
deuxième secrétaire ;
Beatriz Moritz Trope,
trésorière ; Paulo
Rowilson, secrétaire
PAULO R. CUNHA
90
René Garrido Neves (1987); César Bernardi (1988); Luiz Henrique
C. Paschoal (1989) ; Orcanda Andrade Patrus (1990) ; Antonio
Carlos Pereira Junior (1991) ; Jesús Rodrígues Santamaría
(1992) ; José Eduardo Costa Martins (1993) ; Arival Cardoso de
Brito (1994) ; Sarita Martins (1995) ; Iphis Campbell (1996) ; Clarisse
Zaitz (1997) ; Alberto Eduardo Cox Cardoso (1998) ; Maurício
Mota de Avelar Alchorne (1999) ; Bernardo Gontijo (2000) ;
Fernando Augusto de Almeida (2001) (figure 8) ; Márcio Rutowitsch
(2003) et Sinésio Talhari (2005).
Dans les années 90, trois femmes présidèrent la Société brésilienne
de dermatologie : Orcanda Andrade Patrus (1990-1991),
Sarita Martins (1995-1996) et Clarisse Zaitz (1997-1998).
Le siège de la SDB. Les Anais Brasileiros de Dermatologia.
La bibliothèque. Le premier congrès
La SDB et plusieurs secteurs de la clinique dermatologique et syphiligraphique furent
transférés en 1932 au pavillon Sao Miguel, où fut inaugurée la bibliothèque de la clinique
(20 octobre 1933). Vers la moitié du XX e siècle, cette bibliothèque possédait déjà le plus
grand patrimoine de la spécialité en Amérique Latine. En 1987, René Garrido Neves
obtint la présidence de la SBD en poursuivant une mission: doter l’entité d’un siège
propre, acheté avenue Nilo Peçanha, abandonnant l’ancien siège du pavillon Sao Miguel.
Eduardo Rabello fut l’éditeur en chef de la première édition de la revue bimestrielle
Anais Brasileiros de Dermatologia en 1925 (figure 9).
En 1985 réapparaît le bulletin de Nouvelles SBD, remplacé en 1996 par le Diario de
la Dermatología Actual, de meilleure allure, et finalement par le Diario de la SBD.
Du 26 au 28 septembre 1944, la première réunion des spécialistes brésiliens en dermatoses
syphiligraphiques eut lieu dans le pavillon Sao Miguel de la Santa Casa de Misericordia
de Rio de Janeiro; à partir de 1969, ces réunions devinrent congrès (figure 10).
Le cinquantenaire de la SDB
La SBD commémora ses 50 ans en 1962, sous la présidence de Rubem David Azulay.
Une déclaration publique, dans laquelle on reconnaissait l’expansion de la dermatologie
dans tout le Brésil, fut alors présentée. Cette expansion ouvrit le chemin aux professionnels
des autres États, leur permettant ainsi d’occuper la présidence de la societé. La désignation
de Ramos e Silva comme membre du CID (Comité international de
dermatologie) marqua également la décennie. Ultérieurement, Antar Padilha-Gonçalves,
Sebastião Sampaio et Márcia Ramos e Silva furent également désignés membres du CID.
En 1971, le rayon d’action de la SBD fut élargi au cours du Congrès brésilien de dermatologie
de Porto Alegre présidé par Clóvis Bopp, en tenant compte des intérêts
éthiques, sociaux et économiques des dermatologues brésiliens. Bopp fut aussi le principal
organisateur des réunions régionales appelées Lignes Sud de la dermatologie brésilienne,
actuellement Journées sud-brésiliennes, qui rassemblent les spécialistes de Rio
Grande do Sul, Santa Catarina et Paraná.
Le 90 e anniversaire de la SDB
La commémoration du 90 e anniversaire de la fondation de la SBD revint au Pr.
Fernando Augusto de Almeida, président élu de l’époque. Ce remarquable spécialiste,
dont la thèse de doctorat à la USP traitait du prurigo d’Hebra, est un des plus grands
connaisseurs des tumeurs cutanées, notamment le mélanome. Il est également l’un des
fondateurs et le premier président du Groupe brésilien d’étude du mélanome (GBM). Le
projet Pro-Mémoire, coordonné par le Pr. Dr Paulo Cunha (figure 11) et dont le but est
de protéger l’histoire de la dermatologie au Brésil à travers des livres, des documents et
des images, fut encouragé sous sa direction. L’édition de la Historia de la Dermatología
en Brasil [Histoire de la dermatologie au Brésil], une compilation agréable de photos et
de textes de la spécialité au Brésil depuis les origines, fut le premier travail accompli.
Son passage fut également remarqué en raison de sa gestion professionnelle de la
SBD et de l’élan financier qu’elle reçut.
La SBD 2003-2004
La dermatologie et les dermatologues au Brésil
Au cours des deux dernières années, la Société brésilienne de dermatologie centralisa
les actions institutionnelles et politiques visant à la valorisation de la spécialité. Avec
l’Association médicale brésilienne, elle participa activement au mouvement national destiné
à mettre en place une nouvelle liste plus juste d’honoraires médicaux, employée
dans tout le pays. Elle participa également aux rencontres pour repousser la création de
nouvelles écoles de médecine et les réunions sur le projet de loi sur la pratique médicale ;
elle demanda aux spécialistes d’intégrer la chambre des produits et des procédures
esthétiques du Conseil fédéral de médecine.
Par le biais de ses départements spécialisés, elle travailla intensément à la création
de manuels de conduite orientant les médecins sur les techniques et les procédures utilisées
dans la spécialité. Les commissions spécialisées inspectent toujours les services de
résidanat accrédités, garantissant ainsi la qualité de l’enseignement de la dermatologie
dans le pays. Un groupe de travail, formé par les directions de services accrédités et les
commissions d’enseignement, accomplit un travail important : leurs scientifiques et leurs
spécialistes redéfinirent le programme minimal d’enseignement de la dermatologie brésilienne,
énoncèrent les nouvelles normes pour l’accréditation des services spécialisés
(en leur proposant ledit programme) et formulèrent des propositions visant au perfectionnement
des critères d’évaluation pour obtenir le titre de spécialiste.
Pour connaître le cadre où travaillent les dermatologues brésiliens, et la situation
réelle des spécialistes dans les différentes régions du pays, la Société brésilienne de dermatologie
réalisa une enquête qui traça le profil des dermatologues du Brésil. Sur la base
des données collectées, le président de la SBD, le Dr Marcio Rutowitsh, rencontra des
91
Figure 9.
Anais Brasileiros de
Dermatologia.
Année 1940
Figure 10.
IIe Réunion annuelle
de dermatosyphiligraphes
brésiliens à Belo
Horizonte (1945)
Figure 11.
Pr. Dr Paulo Cunha
Figure 12. Première
commission
d’accréditation du TSD
(28 octobre 1967) à
Juiz de Fora. De
gauche à droite :
Pr. Rubem D. Azulay,
Rui Miranda,
Sebastiao Sampaio,
Tancredo Furtado et
Clóvis Bopp
PAULO R. CUNHA
92
jeunes possédant moins de dix ans de formation pour discuter des perspectives de la profession,
favorisant de cette manière l’intervention de la SBD dans la défense du marché
du travail.
En même temps, la SBD promut une révision de la revue Anais Brasileiros de Dermatologia
dans le but de réorganiser sa base de données, Índex Medicus/Medline.
Le titre de spécialiste en dermatologie
La SBD est considérée comme une entité d’utilité publique depuis la loi n o 1.270 de
1950. Vingt-trois ans passèrent entre la 1 re Réunion des spécialistes en dermatologiesyphiligraphie
brésiliens (1944) et un autre grand événement de l’histoire de l’entité
(1967) : l’examen des premiers professionnels pour obtenir le titre de spécialiste en dermatologie,
à Juiz de Fora. Les Prs Tancredo Furtado, Clóvis Bopp, Rubem David Azulay,
Rui Noronha de Miranda et Sebastião Sampaio (délégué auprès de l’AMB) passèrent ce
premier examen (figure 12).
Le 39 e examen pour devenir spécialiste de la SBD eut lieu en 2005 sous la présidence
du Pr. Dr Paulo R. Cunha.
Services accrédités par la SDB
Les services accrédités par la Société brésilienne de dermatologie sont au nombre de
soixante dans tout le pays, prouvant le bon niveau de la spécialité au Brésil: outre des soins
étendus prodigués à des millions des patients souffrant de maladies cutanées, ils offrent
204 postes vacants annuels pour le résidanat, la spécialisation, la maîtrise et le doctorat.
Unités régionales
NORD-NORD-EST
Bahia
Bahia, berceau de la dermatologie dans le pays, possède actuellement deux services
habilités par la SBD : celui de l’hôpital des cliniques (UFBA) et celui de l’hôpital Santa
Isabel de l’école de Bahia de médecine et santé publique.
La chaire de clinique des maladies cutanées et syphilitiques fut fondée en 1884,
Alexandre Evangelista de Castro Cerqueira en étant le titulaire; elle devint la clinique
dermatologique en 1893. À partir de 1915, Artur da Silva Leitão, Flaviano da Silva, Otávio
Garcez de Aguiar, Newton Alves Guimarães, Neide Ferraz et Ênio Ribeiro Maynard
Barreto la dirigèrent successivement.
Le service de dermatologie de l’hôpital des cliniques comporte trois salles pour le
public et une salle de chirurgie ambulatoire. L’infirmerie dispose de quatre lits et d’une
salle annexe pour les réunions. Malgré l’espace réduit, le cabinet externe de la spécialité
est le deuxième espace de l’hôpital en quantité de patients; cette situation changera certainement
avec le déménagement de la dermatologie vers le pavillon Pr. Magalhães Neto.
Au cours des trois dernières années, les résidents réussirent leurs études à quasiment
100 %. Les maladies tropicales constituent le domaine de recherche principal du service.
Amazonas
Installé dans l’État d’Amazonas, l’institut de dermatologie tropicale et vénéréologie
Alfredo da Matta, consacré depuis 1955 à l’enseignement, la recherche, la prévention et
le traitement des maladies dermatologiques, est le centre de référence en maladies
sexuellement transmissibles (MST) et en maladie de Hansen. Son chef est le Pr. Sinésio
Talhari (président de la SBD en 2005-2006).
Initialement destiné à soigner les patients atteints de la lèpre, l’institut Alfredo da
Matta élargit son action vers la fin des années 70 à d’autres dermatoses. Depuis 1981,
son propre laboratoire effectue la sérologie pour détecter le virus HIV.
L’hôpital universitaire Getúlio Vargas, de l’université d’Amazonas, est un autre hôpital
de référence, sous la coordination du Dr Jonas Ribas.
Pará
La dermatologie et les dermatologues au Brésil
L’institut Evandro Chagas et la dermatologie
L’institut Evandro Chagas (IEC) fut créé le 11 novembre 1936, par le décret 2346 du
gouvernement de l’État de Pará. En 1942, il rejoignit le service spécial de la santé
publique de l’époque, la fondation Oswaldo Cruz, la Fondation nationale de la santé, le
secrétariat de vigilance de la santé et le ministère de la Santé.
Les objectifs basiques du IEC sont : a) des recherches en sciences biologiques, médecine
tropicale et environnement ; b) des actions de vigilance dans la santé.
Les recherches en cours sur des agents étiologiques de certaines maladies présentant
des manifestations cutanées se rapportent à :
- Virologie : rubéole, rougeole, parvovirus B19, herpes simples (1 et 2), herpes virus
6, 7 et 8, virus de Epstein Barr, HTLV et les entérovirus proprement dits (coxsackie et
echo).
- Arbovirologie: fièvres hémorragiques, dengue, oropouche, mayaro et le syndrome hémorragique
de Altamira; les trois premiers agents associés aux tableaux exanthématiques.
- Bactériologie et mycologie : Mycobacterium leprae et les recherches comprenant
les dermatophytes (à moindre échelle).
- Parasitologie : leishmaniose et agents déterminants de « pathologies exotiques »
(voir description plus loin).
Une nouvelle maladie fut décrite dans les années 70 : le syndrome hémorragique de
Altamira, essentiellement le purpura thrombocytopénique associé à la piqûre du moustique
Simulium amazonicum ou pium. Cette étude, réalisée par l’équipe du Dr Francisco
Pinheiro, fut publiée dans The Lancet, un journal de grande notoriété.
Dans les premières années de la décennie 2000, des études de laboratoire et épidémiologiques
furent mises en place : elles comprenaient les herpes virus humains de type
7 et 8, respectivement exanthème critique et sarcome de Kaposi. Ces initiatives furent
coordonnées par le Dr Ronaldo Barros de Freitas.
93
PAULO R. CUNHA
94
La chaire de la clinique dermatologique et syphiligraphique fut créée en 1922 pour la
4 e année du cours médical de l’ancienne faculté de médecine et de chirurgie de Pará,
dont la spécialité était dirigée par le Pr. Manuel Ferreira dos Santos Bastos. En 1951, le
Pr. Domingos Barbosa da Silva fut nommé titulaire de la chaire, et il reprit cette fonction
en 1955 ; il fut également chargé pendant plusieurs années de la direction du département
de dermatologie, où de nombreuses générations de spécialistes reçurent leur
formation.
Le département de pathologie tropicale, service de dermatologie de l’université
fédérale de Pará — dont le chef est le Dr Arival Cardoso de Brito, ancien président de
la SBD —, propose deux cours, dans des immeubles situés dans les dépendances de la
fondation Santa Casa de Misericordia de Pará. Les salles ambulatoires sont au nombre
de huit, et il dispose également d’un auditorium, d’un mini-auditorium pour la spécialisation,
d’un laboratoire de dermo-pathologie, d’un laboratoire de mycologie, de deux
salles chirurgicales, d’une salle de premiers secours, d’une salle d’infirmerie, d’une
pharmacie, d’une bibliothèque, d’un secrétariat et de deux grandes salles d’attente
pour les patients.
Le groupe de professeurs de dermatologie à l’UFPA est actuellement constitué de
13 enseignants travaillant dans divers domaines de la recherche : les nouveaux traitements
chimiothérapiques de la maladie de Jorge Lobo, la léprologie et la leishmaniose,
les mycoses superficielles et profondes avec imidazolés et l’utilisation de nouveaux composés
en ectoparasitose.
Pernambuco
À Pernambuco, les services habilités par la SBD sont l’hôpital des cliniques de l’université
fédérale — dont le chef de service est le Pr. Josemir Belo dos Santos —, l’hôpital Santo
Amaro — le chef de service étant le Pr. Itamar Belo dos Santos — et l’hôpital universitaire
Oswaldo Cruz (le Pr. Dr Emmanuel Rodrigues de França en est le chef de service).
Ceará
Fondé en 1975, l’actuel centre de dermatologie Dona Libânia, du secrétariat de la
Santé de l’État de Ceará, est le centre de référence étatique et macro-régional en léprologie.
Il se consacra pendant vingt ans au contrôle de la léprologie et de la tuberculose ;
de nos jours, il inclut également le soin, la recherche et l’enseignement. Il comprend les
services de léprologie, de leishmaniose, du cancer de la peau, des MST, d’allergies cutanées,
de dermatologie pédiatrique, de chirurgie dermatologique, de tuberculose et
d’autres dermatoses. Le Dr Heitor de Sá Gonçalves, deuxième secrétaire de la SBD pour
la gestion 2005-2006, en est le directeur général ; le Dr Maria Araci Pontes Aires est le
chef du service.
En 2003, la SDB octroya une nouvelle certification à l’hôpital universitaire Walter
Cantídio, dont le chef de service est le Dr José Wilson Acioly Filho.
Rio Grande do Norte
Le service de dermatologie de la faculté de médecine, situé à l’hôpital Onofre Lopes
de l’université fédérale de Rio Grande do Norte, sous la coordination du Dr Pedro
Bezerra da Trindade Neto, dispose d’un espace propre à l’intérieur de l’hôpital : six
cabinets pour des soins ambulatoires, deux salles équipées pour la chirurgie et la cryochirurgie,
une salle de cosmétologie, un laboratoire de mycologie, une salle de réunions,
une unité de photothérapie, une salle de premiers secours et une infirmerie comportant
six lits. Habilité en 1999 par la SBD, on y donne des cours de dermatologie, des cours
pratiques et théoriques pour les élèves de médecine de septième année ; on y forme aussi
dans la théorie et dans la pratique les médecins qui soignent dans la clinique et les élèves
du doctorat en médecine. Pour les stages autorisés par le ministère de l’Éducation
La dermatologie et les dermatologues au Brésil
et de la Culture (MEC), le service propose deux postes vacants par an. Au cours des cinq
dernières années, 91 % des résidents réussirent l’examen pour obtenir le titre de spécialiste
de la SBD.
On réalise dans ce service des projets de recherche et des travaux scientifiques dans
le domaine de la génodermatose bulleuse, spécifiquement le pemphigus chronique familier
bénin, sujet de la thèse de doctorat du Pr. Pedro Bezerra da Trindade Neto. On y réalise
également des études liées à l’épidémiologie du mélanome à Rio Grande do Norte et
à la cytologie appliquée au diagnostic des maladies cutanées, sujet de la thèse du Pr. Thomas
de Aquino Paulo Filho.
Sergipe
À Sergipe, l’hôpital universitaire est le seul habilité par la SBD ; son chef de service
est le Pr. Pedro Menezes Portugal.
Alagoas
La dermatologie fut pratiquée dans la clinique privée à partir de 1940, depuis l’intervention
pionnière des jeunes médecins Aldo de Sá Cardoso (élève de Jorge Lobo à
Recife, diplômé en 1938) et Aderbal Loureiro Jatobá.
Quelques années plus tard, Jorge Duarte Quintela Cavalcanti commença lui aussi à
exercer à Maceió. L’enseignement médical dans cet État fut établi le 5 mars 1951, et le
Dr Aldo Cardoso fut élu professeur de la chaire de dermatologie et syphiligraphie. Une
fois la faculté créée, d’autres médecins y obtinrent leur diplôme, tels que Zirelli Valença
— qui décrivit le signal de Zirelli — et Nehemias de Alencar.
Suite à la création de l’école des sciences médicales d’Alagoas (le 15 mars 1970), la
chaire de dermatologie fut mise en place par le Pr. Aldo Cardoso ; son assistant, le Dr
Alberto Eduardo Cox Cardoso, fut élu titulaire de ladite chaire ultérieurement.
Brasilia
L’actuel service de dermatologie de l’hôpital universitaire de Brasilia (HUB) naquit en
1980 de la fusion entre le service de dermatologie de l’hôpital de los Servidores de la
Unión (HSU), de l’IPASE (passé plus tard dans l’INAMPS) et du service de dermatologie
de l’hôpital école de l’unité intégrée de la santé de Sobradinho (UISS), de l’université de
Brasilia.
Au sein des deux institutions, dans les services d’origine, nous distinguons les
Drs Iphis Campbell et Gladys Campbell (initiateurs), Roberto Doglia Azambuja, Rosicler
Álvares et Carmélia Matos Reis (HSU) et le Pr. Raimunda Nonata Ribeiro Sampaio (initiatrice),
ainsi que Rosicler Aíza Álvares (UISS). Dans le cas de l’HUB, on peut citer les
Drs Antônio de Pádua, Ana Maria Costa Pinheiro, Ribeiro de Paula et Gerson Pena — ce
dernier associé au noyau de recherche de l’UNB et président du 60 e Congrès de Dermatologie
de la SBD (Brasilia 2005). Il y a actuellement dix dermatologues de l’HUB.
L’unité ambulatoire de recherche en leishmaniose tégumentaire américaine, créée
par le Pr. Raimunda (également chef de service), encouragée par le Pr. Philip Davis
Marsden (in memoriam) et qui fonctionnait depuis 1975 à l’UISS-UNB, fut transférée à
l’HUB, tout en conservant la même ligne de recherche. Peu après, le Pr. Rosicler et le
Dr Iphis créèrent l’unité ambulatoire de pemphigus, tandis que celles de léprologie, de
cryochirurgie, de mycose, de psoriasis, de vieillissement cutané, de dermatologie pédiatrique
et de tumeurs cutanées furent établies et/ou coordonnées par les Drs Rosicler
Álvares, Carmélia, Gladyz, Izelda et Ana. En février 1999 fut créée l’unité de maladies
sexuellement transmissibles (à l’initiative du Pr. Raimunda Nonata Ribeiro Sampaio), à
caractère multidisciplinaire et avec sur la participation des services de gynécologie, de
proctologie et d’urologie. Au total, 14 400 patients atteints de maladies de la peau sont
soignés par an.
95
PAULO R. CUNHA
96
La dermatologie en tant que spécialité fut officiellement créée en 1971 par l’UNB, mais
ce ne fut qu’à partir de 1974 qu’elle fonctionna indépendamment de la clinique médicale.
Son enseignement comprend un nombre d’heures total qui correspond à quatre crédits. Le
résidanat, créé sur le modèle du HSE de Rio, débuta en 1974, le Dr Izelda Costa en étant
le premier résident. Jusqu’à présent, trente-quatre résidents et dix-neuf stagiaires ont obtenu
leur diplôme dans ce service. Le résidanat de l’actuel HUB est également orienté vers
la recherche, et la présentation d’une monographie à la fin du cours est une condition requise
pour obtenir le diplôme. Tous les résidents présentent leurs travaux aux annales des
congrès; 90 % d’entre eux publient un ou plusieurs travaux scientifiques pendant le résidanat.
Dans les années 90, grâce à la création du diplôme de spécialiste en sciences de la
santé, les étudiants en maîtrise et en doctorat commencèrent à s’intéresser à la dermatologie
: huit élèves ont obtenu leur maîtrise, huit la préparent actuellement et un prépare
son doctorat. Des projets en cours visent à améliorer l’enseignement de la dermatologie,
le résidanat et la spécialisation stricto sensu.
Goiás
La chaire de dermatologie fut ouverte à l’université fédérale de Goiás grâce aux
Prs Anuar Auad, Rodovalho Mendes Domenici et Vanderli Dutra aujourd’hui défunts.
Divino Miguel Rassi et Paulo Cezar Borges furent admis en 1967 et prirent leur retraite
au cours des années 90. Aiçar Chaul, Lia Cândida Miranda de Castro et Hugo Junqueira
les rejoignirent dans les années 1970.
Le résidanat en dermatologie fut créé en 1978 et immédiatement admis par la SBD;
les Drs Anuar Auad, Divino Miguel Rassi et Paulo Cezar Borges et Aiçar Chaul (dès 1997)
dirigèrent l’institution. Jusqu’en 2002, 80 médecins, dont la plupart obtinrent le diplôme
de spécialiste en dermatologie de la SBD, suivirent les deux années de résidanat.
Trois présidents des congrès de la Société brésilienne de dermatologie sortirent du
service de dermatologie de l’hôpital des cliniques de l’université fédérale de Goiás :
Anuar Auad (1970), Divino Miguel Rassi (1987) et Lia Cândida Miranda de Castro, les
deux premiers étant aussi présidents nationaux de l’entité, selon les normes de l’époque
qui ne séparaient pas les attributions de la SBD et celles du congrès.
Minas Gerais
La Santa Casa de Misericordia de Belo Horizonte fournit les services dont avait besoin
la faculté de médecine de l’université fédérale de Minas Gerais, fondée en 1914. La clinique
de dermatologie était alors dirigée par Antônio Aleixo, qui fonda en 1917 l’infirmerie
et la clinique pour hommes, tandis qu’Olyntho Orsini était le chef de la clinique
pour femmes.
À partir du transfert de l’unité ambulatoire vers un immeuble propre en 1944, la clinique
dermatologique fut dirigée par Josefino Aleixo, assisté par Oswaldo Costa et José
Mariano.
La clinique dermatologique de la Santa Casa compte actuellement quinze assistants
— dont neuf obtinrent le diplôme dans le service — et douze collaborateurs, possédant
tous le titre de spécialiste en dermatologie. La direction du service est à la charge du Dr
Jackson Machado Pinto. Deux membres de la clinique font actuellement leur résidanat à
l’University of Colorado, d’autres en Argentine et en Autriche.
L’aire propre à la dermatologie à l’hôpital dispose de douze lits, cinq unités ambulatoires,
deux salles pour la chirurgie légère, une salle de classe, une salle de réunion avec
une bibliothèque et un équipement moderne. Le service reçoit une moyenne annuelle de
200 patients hospitalisés et près de 16 000 patients externes en dermatologie générale,
sanitaire, pédiatrique et chirurgie dermatologique. En décembre 2001, il s’est doté d’une
unité de photothérapie avec UVA et d’une autre avec UVB 311 NM.
La dermatologie et les dermatologues au Brésil
Plusieurs travaux scientifiques, parmi lesquels se distinguèrent les mémoires de
maîtrise et les thèses de doctorat en leishmaniose tégumentaire américaine et maladies
bulleuses, notamment le pemphigus foliacé endémique, furent réalisés à la clinique dermatologique
depuis sa fondation.
Service de dermatologie de l’UFMG
C’est au Pr. Antonio Aleixo (1884-1943), l’un des fondateurs de la faculté de médecine
de Belo Horizonte (1911) et premier professeur de dermatologie, que revient le mérite
d’être considéré comme le créateur de l’école dermatologique de Minas Gerais. Son intérêt
scientifique était centré sur la léprologie, le pemphigus, les maladies sexuellement
transmissibles et les mycoses. Il fut le premier chef de l’infirmerie de dermatologie de la
Santa Casa de Belo Horizonte, une référence pour les dermatologues jusqu’à nos jours.
À la mort d’Aleixio en 1943, Olyntho Orsini — originaire de Minas Gerais (Sabará) — assuma
de façon intérimaire la chaire comme enseignant libre. Ce médecin, diplômé de la faculté
de médecine en 1917, avait passé son concours en 1927 avec la thèse Contribution à
l’étude du pemphigus foliacé, dans laquelle il analysa les lésions en vespertilion, sans connaître
pour autant le travail de Senear et Usher présenté antérieurement sur le sujet (1926).
En 1945, un autre enseignant libre, Oswaldo Costa, reçu au concours public en 1944
grâce à sa thèse sur les Dermatofibromes progressifs et récidivants de Darier-Ferrand,
occupa de façon intérimaire le poste de titulaire de la chaire.
À la fin de 1945, le Pr. Olyntho Orsini (1891-1970) devint professeur de la chaire; le
sujet de sa thèse fut Aspects épidémiologiques et cliniques du pemphigus foliacé à Minas
Gerais. Il remplit rigoureusement ses devoirs en dirigeant la chaire et l’infirmerie pour
femmes de la Santa Casa de façon compétente, dévouée et responsable ; il s’attira ainsi
la sympathie de la communauté dermatologique. Il fut un spécialiste notable du pemphigus,
et il encouragea toujours la collaboration entre son service et le département de
la lèpre de l’État de Minas Gerais, dirigé à l’époque par le Dr Orestes Diniz.
Les Prs Oswaldo Costa, José Mariano (léprologue compétent et ancien chef du Service
national de lèpre) et Josephino Aleixo comptèrent parmi ses assistants ; ce dernier fut,
outre son statut d’enseignant libre en 1946 (le sujet de sa thèse fut Subvention à l’étude
de la chromomycose), professeur adjoint à l’UFMG et professeur à la faculté de médecine
d’Uberaba, M.G.
En 1962, le Pr. Oswaldo Costa (1905-1996), né à São João del-Rei, M. G. occupa la
chaire suite à un concours mémorable où il présenta sa thèse monumentale sur Acrokératose,
une véritable bible de 577 pages montrant des détails complets sur le sujet. Sa
véritable passion pour la spécialité et son enseignement firent que ce spécialiste émérite
en diagnostics, très studieux — il avait l’habitude d’étudier jusqu’à l’aube —, séduisit
beaucoup de patients dans sa clinique particulière. Il fut un excellent professeur ; il fréquenta
les congrès et publia inlassablement et de façon perspicace des centaines de travaux
scientifiques. Il eut également le mérite de décrire en 1954 une nouvelle entité,
l’acrokératoélastoïdose, reconnue de nos jours dans le monde entier. Dans le domaine de
l’enseignement, il fonda la chaire de dermatologie de la faculté des sciences médicales
de Minas Gerais, dont il fut le premier professeur.
Il conserva l’équipe d’assistants du Pr. Orsini, qu’il renforça avec l’admission de Tancredo
Furtado, du professeur adjoint Cid Ferreira Lopes — également chef de l’infirmerie
de dermatologie de la Santa Casa, organisateur et premier directeur de l’école de
santé publique de Minas Gerais, membre titulaire de l’Académie de médecine de Minas
Gerais et membre correspondant de l’Académie nationale de médecine —, et du Dr João
Gontijo, chef de la clinique dermatologique de l’hôpital municipal.
Oswaldo Costa prit sa retraite en 1975. Son fils, Paulo Uchôa Costa, suivit l’exemple
de son père de façon brillante, devenant un dermatologue réputé et professeur adjoint
de la faculté de médecine de l’UFMG.
97
PAULO R. CUNHA
98
Le Pr. Tancredo Furtado (1923), natif de Carmo do Paranaíba, M.G., fut le successeur
d’Oswaldo Costa; son discours de 1975, lors de l’exposition de sa thèse Tumeur granulocellulaire
d’Abrikossoff (Schwannome granulo-cellulaire), fut remarqué. Il avait défendu
l’enseignement libre dans sa thèse Manifestations tardives de la framboesia. En 1963, il
s’était présenté au concours public pour la chaire de la faculté de sciences médicales de
Minas Gerais, en soutenant la thèse sur Kératoacanthome et processus similaires.
De 1975 à 1993, année de sa retraite contrainte, Tancredo Furtado éleva la dermatologie
de l’UFMG à un haut degré de prestige avec ses innombrables publications, sa
participation aux congrès, aux commissions d’examens, sa direction de thèses, etc. À
partir de 1975, le service de dermatologie de la faculté de médecine devint plus dynamique,
étant transféré de la Santa Casa à l’annexe de dermatologie de l’hôpital des cliniques.
Le Pr. Furtado inaugura le stage de médecine en 1976 et le mastère en 1977 ; il
fut directeur de la faculté entre 1982 et 1986.
Pendant sa gestion, le professeur adjoint João Gontijo Assunção devint enseignant libre
(mars 1978) avec la thèse Pemphigus foliacé dans l’enfance. Quelques aspects épidémiologiques
et cliniques et occupa le poste de chef du service de dermatologie entre 1982 et 1986.
Tancredo Furtado fut l’un des créateurs de la Réunion triangulaire de dermatologie,
président de la section de Minas Gerais de la SBD et président de la section nationale en
1973. Il fut également membre émérite de l’Académie mineira de médecine, membre
honoraire de l’Académie nationale de médecine et associé correspondant ou honoraire
de plusieurs sociétés étrangères de dermatologie.
Ce parcours professionnel et universitaire fulgurant se basa sur une formation
humaniste solide, et un cursus médical appliqué (il fut l’un des deux meilleurs élèves de
sa promotion de l’an 1946), comportant des spécialisations aux États-Unis : des pratiques,
des cours, le résidanat dans les universités de Kansas City, Chicago, New York,
Washington et Los Angeles.
Le Pr. Orcanda Andrade Patrus (1941), native de Juiz de Fora, fut professeur assistante
depuis l’époque du Pr. Oswaldo Costa ; elle passa son doctorat en soutenant sa thèse
(1980) Antigènes d’histocompatibilité, immunocomplexes et complément dans le pemphigus
foliacé, qui lui permit d’obtenir le poste de professeur adjointe. Elle fut nommée
professeur titulaire lors d’un concours public en 1991 ; visionnaire, elle dirigea le service
de dermatologie avec compétence et générosité, en apportant des améliorations, en mettant
en place l’informatisation et en maintenant le haut niveau de travail de l’équipe et
le modèle reconnu d’apprentissage en collectif.
Après sa retraite, le Dr Antonio Carlos Martins Guedes, professeur adjoint, assuma la
direction du service ; on lui reconnut une très bonne administration : il réforma et modifia
l’annexe de dermatologie de l’hôpital des cliniques tout en continuant de s’impliquer
de manière compétente et dévouée dans la section d’histopathologie.
Une fois son mandat achevé, il fut remplacé par le professeur adjoint Bernardo Gontijo,
auparavant directeur de la spécialisation en dermatologie et président de la section
de Minas Gerais. Entre 2000 et 2001 il dirigea la SBD (nationale) avec courage, dévouement,
générosité et compétence.
L’université fédérale de Juiz de Fora (dirigée par le Pr. Aloísio Gamonal) et l’université
fédérale de Uberlândia (dont le chef de service est le Dr Sônia Antunes de Oliveira)
sont d’autres services habilités à Minas.
Espírito Santo
Le service de dermatologie de l’hôpital Cassiano Antônio Moraes (de l’hôpital des cliniques
de la faculté de médecine de l’université fédérale de Espírito Santo) aurait pu être
habilité bien avant par la SBD, mais il voulut de lui-même repousser l’habilitation :
« Il fallait que le service soit convaincu qu’il recevrait la note maximale pour son approbation,
tel que l’exige le respect pour l’exercice de la médecine. » 2
La dermatologie et les dermatologues au Brésil
La revue de la SBD signale: « Certains aspects frappent dans ce service: la simplicité
et l’harmonie qui règnent partout et entre tous, le caractère informel des rapports entre
les personnes et de l’exécution des tâches; l’esprit de sacerdoce qui se traduit dans les
projets et la capacité à être audacieux. Les Prs Carlos Cley Coelho et Délio Del Maestre (le
chef du service) intègrent le magistère d’un programme choisi d’un commun accord. » 2
Même si le service n’est pas très grand, les 7 cabinets impressionnent par leur luminosité,
de même dans la salle des réunions et dans une autre salle consacrée aux chirurgies
légères, ainsi que dans le magasin. Habilité en 1999 — au cours de la réunion du
conseil délibérant qui eut lieu pendant le 54 e Congrès brésilien de dermatologie à Belo
Horizonte —, le service médical, approuvé avec la note maximale, est la référence étatique
en léprologie, en tuberculose extra-pulmonaire et en leishmaniose ; il soigne 150
personnes par jour (en moyenne), élargissant son champ d’action jusqu’aux limites de
Bahia, Minas Gerais et Rio de Janeiro.
Des études statistiques et nosologiques des maladies dermatologiques, des études sur
des patients greffés, des psychodermatoses, des affections cutanées dues aux paracoccidioïdomycoses,
à la tuberculose extra-pulmonaire, à la lèpre et à la leishmaniose, furent
effectuées dans ce service.
La Santa Casa de Misericordia de Vitória fut également habilitée par la SBD ; le
Pr. João Basílio de Souza Filho en fut le chef de service.
Services de Rio de Janeiro
Siège du royaume et de l’empire du Brésil dans les premiers temps, et de la République
jusqu’en 1960, Rio de Janeiro fut toujours l’un des principaux noyaux de développement
médical du pays, de la dermatologie et de ses entités médicales, parmi
lesquelles se distingue la SBD.
« Seule faculté brésilienne à obtenir la qualification 4 de l’évaluation du ministère de
l’éducation, la faculté de médecine de l’université fédérale de Rio de Janeiro propose un
cours de spécialisation, une maîtrise et un doctorat en dermatologie, qui garde depuis
1986 la classification A selon l’évaluation du CAPES. » 2
Créés en 1970 par Sylvio Fraga, la maîtrise et le doctorat en dermatologie de l’UFRJ
sont les plus anciens du pays. Le Pr. Carlos Cley fut le premier diplômé de maîtrise en
1974 ; la même année, le MEC reconnut et valida la spécialisation.
À Niterói, Sinésio Talhari, actuellement chef du service de dermatologie de l’institut
de dermatologie Alfredo da Mata, fut le premier à obtenir le titre de maître à l’université
fédérale Fluminense.
Le docteur coordinateur Absalom Lima Filgueira signale que la spécialisation en dermatologie
fut créée au début des années 70, quasiment en même temps que la fermeture
de la chaire: « Nous avions besoin de former des professeurs pour l’enseignement supérieur,
et le chemin devait passer par la maîtrise et le doctorat. La spécialisation brésilienne,
et c’est là sa caractéristique principale, doit être effectuée dans chaque spécialité.
Il n’existe pas, ou du moins il n’existait pas à l’époque, un autre cours identique au
monde ; dans les autres pays, on enseignait seulement les matières de base : la physique,
la biologie, la biologie moléculaire, la chimie. »
Deux aspects contribuèrent au succès de la spécialisation en dermatologie de l’UFRJ :
le transfert à l’hôpital universitaire (1978), abandonnant les installations séculaires de la
Santa Casa de Misericordia, et la proximité avec le Centre de sciences de la santé, siège
du fameux Institut de biophysique, un organisme de recherche fondamentale célèbre à
l’étranger. L’intégration entre les deux milieux fut graduelle et totale. La biophysique et
la biochimie devinrent des matières qui traitent des organes. Celles-ci furent à l’origine
des laboratoires de tissu conjonctif, d’hormones, d’endocrinologie et de photobiologie.
João Pizarro Gabizo fut le premier professeur de la chaire de dermatologie de Rio de
Janeiro, à l’académie médico-chirurgicale qui n’allait recevoir le nom de faculté de
99
Figure 13.
Clinique de la faculté
de médecine de la
Santa Casa, Rio de
Janeiro, pavillon Sao
Miguel
PAULO R. CUNHA
100
médecine de l’université du Brésil qu’en 1932. Luiz da Costa Chaves Faria, Fernando
Terra, Eduardo Rabello et Francisco Eduardo Rabello (exerçant la charge jusqu’à son
départ en retraite, en 1975, par application du principe du devoir acquis) succédèrent
à Gabizo.
Les Prs Sylvio Fraga et Antônio de Souza Marques
(figure 13) occupèrent la direction de la dermatologie
lorsqu’elle était encore située à la Santa Casa. À Ilha do
Governador, après le transfert à l’hôpital universitaire, le
Pr. Absalom Figueira (1978-1980) fut chargé de l’organisation
et de la gestion du service de dermatologie ; les
Prs Rubem David Azulay (1980-1985), Antônio Carlos
Pereira Junior (1986-1997), Celso Tavares Sodré lui succédèrent.
Doté d’une infirmerie propre disposant de quatorze
lits, le soin ambulatoire du service est intégré aux autres
secteurs de l’hôpital universitaire ; de cette façon, les
élèves des études supérieures et ceux de la spécialité ont
une vision d’ensemble de tous les aspects médicaux.
Au niveau de la spécialisation, le cours est dispensé lato ou stricto sensu. Du point de
vue lato sensu, il existe deux niveaux : cours de perfectionnement I et cours de perfectionnement
II, chacun proposant six postes vacants. La quantité d’heures de cours est
compatible avec la spécialisation et le programme est associé au résidanat. L’intérêt pour
les cours est si vif que plus de 100 candidats se présentent chaque année pour obtenir
un des huit postes vacants proposés.
IASERJ (Institut d’assistance aux travailleurs de l’État de Rio de Janeiro)
Le service de dermatologie de l’institut d’assistance aux travailleurs de l’État de Rio
de Janeiro est l’un des organes les plus respectés de la spécialité dans le pays. Il fut
conçu et organisé par son fondateur, Glynne Leite Rocha, auquel succédèrent Manoel
Sternick et Arlindo Ferraro. Le résidanat fut mis en place en 1970 ; habilité par la SBD,
il comptait jusqu’à 2001 soixante-dix médecins spécialistes diplômés de tout le pays,
sept élèves ayant passé leur maîtrise et deux élèves leur doctorat en dermatologie.
Deux médecins obtiennent chaque année leur diplôme au service de I’ASERJ, service qui
n’est pas lié au système universitaire. Sa production scientifique est identifiée à celle du
Pr. Glynne Rocha, « l’un des piliers de l’histoire de la dermatologie brésilienne les plus forts
et les plus efficaces »; il faut distinguer la publication dans les Annales brésiliennes de dermatologie
des deux revues consacrées exclusivement aux travaux du service.
Au cours de la première année du résidanat, les élèves s’occupent de l’unité ambulatoire
et de l’infirmerie. Pendant la deuxième année, les résidents soignent les patients du
service dans leur propre clinique et suivent des apprentissages dans des unités spécialisées
à l’extérieur de l’hôpital : la dermatologie pédiatrique à l’hôpital Jesús par exemple,
la léprologie et les maladies infectieuses à l’hôpital Fiocruz et l’oncologie cutanée à
l’INCA.
Les résidents préparent en permanence des cas cliniques qu’ils présentent au cours
des réunions mensuelles de la SBD-RJ, lors de congrès ou dans diverses publications.
Des cours de dermo-pathologie et de mycologie médicale ont lieu tous les ans. Selon le
Pr. Sérgio Quinete, chef du service, les activités comprennent le club de la revue le
mardi, la séance de diapositives le mercredi, la réunion clinico-pathologique (présentation
de patients avec discussion et projection d’images histopathologiques) le jeudi et
la discussion autour de sujets dermatologiques et les tests d’évaluation mensuelle le
vendredi.
La dermatologie et les dermatologues au Brésil
Gaffrée-Guinle
Le Pr. Ramos e Silva fut le premier titulaire en dermatologie au service de dermatologie
de l’hôpital universitaire Gaffrée-Guinle, de l’école de médecine et de chirurgie,
tandis que les Prs Demétrio Peryassu et Antar Padilha-Gonçalves y étaient assistants.
Son siège se trouvait à la polyclinique générale de Rio de Janeiro. D’après Gabriela Lowy,
dans les années 60 « on a remporté une grande victoire lorsque la faculté a acquis l’hôpital
Gafrée-Guinle, lieu d’enseignement de la spécialité depuis lors ».
Peryassu et Gonçalves furent chargés de la direction des cours de dermatologie
jusque fin 1972, après avoir passé tous deux le concours public qui leur permit de devenir
professeurs titulaires. Les Drs Aldy Barbosa Lima, Gabriela Lowy et Danilo Vicente
Filgueiras comptèrent parmi leurs collaborateurs. Le Pr. Demétrio Peryassu décéda peu
après, victime d’une maladie.
Deux grands progrès furent réalisés sous la direction d’Antar Padilha Gonçalves : la
mise en place de l’infirmerie de dermatologie et la création du cours de spécialisation en
dermatologie, qui avait reçu l’autorisation, le soutien et l’approbation de la SBD. À cette
même époque, le service s’étendit avec la création de nouvelles salles de classe et un
meilleur confort pour le soin ambulatoire.
Son successeur, le Pr. Aldy Barbosa Lima, créa ultérieurement le service de chirurgie
dermatologique. En 1998, le deuxième titulaire prit sa retraite, et le Pr. Gabriela Lowy
lui succéda. Le groupe d’enseignants s’agrandit avec l’intégration de José Alvimar Ferreira,
Carlos José Martins, Coaracy Mello et Ricardo Barbosa Lima.
Le service de dermatologie de l’hôpital universitaire Gaffrée-Guinle sponsorisa plusieurs
événements scientifiques, parmi lesquels nous distinguerons les Réunions triangulaires,
avec des présentations innovantes par vidéo de cas cliniques. Ses spécialistes
sont toujours présents lors des réunions, des journées, des congrès nationaux et internationaux,
et leur contribution scientifique est abondante.
Hôpital Antônio Pedro
L’histoire du service de dermatologie de l’hôpital universitaire Antônio Pedro (Niterói,
université fédérale Fluminense) fut toujours liée à l’enseignement. Le Pr. Paulo de
Figueiredo Parreiras Horta, professeur à la clinique dermatologique et syphiligraphique
de la faculté Fluminense de médecine, créa le service dans les années 1930 ; il était situé
à l’origine dans l’hôpital São João Batista, dans la localité de Valonguinho. Il fut transféré
en 1953 à l’hôpital Antônio Pedro par le Pr. Rubem David Azulay, le successeur de
Horta. Malgré les difficultés auxquelles il se heurta, Azulay se consacra à l’enseignement
de la dermatologie, aboutissant à la création du cours de spécialisation stricto sensu.
L’exemple du nordiste Rubem David Azulay est intéressant : quand la faculté de
médecine de Pará fut transférée à Niterói, il suivait encore son cursus universitaire, et
prit la question que lui avait posée la secrétaire de la faculté Fluminense comme un défi:
réussirait-il à maintenir les excellentes notes qu’il apportait de sa terre natale ? « Le premier
examen se passait face au Pr. Pedro da Cunha, que l’on jugeait très exigeant ; le 10
obtenu par Azulay fut encore augmenté par la lecture de son examen face aux autres
élèves et aux médecins de l’hôpital São João Batista. » 2
Le mastère débuta au Brésil en 1971 ; le Dr Sinésio Talhari, professeur titulaire de
l’université fédérale de Amazonas fut son premier élève. Ayant suivi les cours de maîtrise
et effectuant des travaux de recherche scientifique, quatre-vingts élèves obtinrent le diplôme
correspondant, dont cinquante-huit enseignent dans différentes écoles de médecine
du pays ; cinq se consacrent à la recherche scientifique, tandis que dix-neuf
poursuivent des activités liées au doctorat. Après avoir passé des concours publics, trois
anciens élèves devinrent professeurs titulaires : René Garrido Neves, Sinésio Talhari et
Neide Kalil Gaspar.
101
PAULO R. CUNHA
102
Le résidanat fut créé en 1967, le Pr. Antônio Pedro Gaspar étant son premier élève. Il
fut recruté l’année suivante pour enseigner cette discipline. Le résidanat, réglementé par
décret (septembre 1977) et par loi (1981), fut régi par le ministère de l’Éducation et de
la Culture. Quatre-vingts dermatologues firent leurs années de résidanat à l’UFF jusqu’en
2002, et beaucoup d’entre eux occupent aujourd’hui des postes dans les universités
brésiliennes publiques et privées.
Après la retraite du Pr. Rubem Azulay dans les années 70, la direction du service et
la coordination de la spécialité furent assurées — jusqu’en 1992 — par son ancien élève,
le Pr. René Garrido Neves, une autorité aussi bien en léprologie qu’en oncologie. Son
parcours remarquable l’amena à faire des recherches, des directions de thèses et à
publier de nombreux articules dans des revues et des livres, et à occuper des postes importants
au sein de l’UFF et de l’UFRJ, ainsi que la présidence de la Société brésilienne
de dermatologie (il en acheta le premier siège). Le cours de spécialisation lato sensu
(décembre 1989), qui octroya le diplôme à 172 élèves jusqu’en 2002, fut créé durant son
mandat.
À partir de 1992 la direction du service fut occupée par le Pr. Neide Kalil Gaspar, qui
nous fournit l’information suivante :
Au cours de la troisième année du cursus, devant réaliser un travail sur des médicaments
cosmétiques, nous avons cherché celui qui serait pour nous à l’avenir un modèle
et un motif de fierté professionnelle : le Pr. Rubem David Azulay. Orientés de
manière enthousiaste, profitable et compétente par cette personne qui répondait à
nos attentes d’ordre scientifique, nous allions travailler davantage pendant vingt ans.
Notre service occupait la moitié d’un étage de l’ancienne polyclinique de Valonguinho
et nous avions été transférés au début à l’hôpital Antônio Pedro dans un espace de
trois mètres carrés... Nous gardons beaucoup de souvenirs de la polyclinique ; cela a
été un milieu simple et tranquille où nous avons appris à enseigner et à faire de la
recherche. De là nous sommes allés au Fiocruz, où nous avons effectué des recherches
sur des aspects essentiels de la fibre élastique chez une patiente de 6 ans
avec des tissus de soixante. Nous appartenions déjà au groupe d’enseignants de la
matière; comme il était habituel à l’époque, nous travaillions pour le plaisir d’apprendre,
sans aucune rémunération, mais honorés par notre tâche. Je crois que ce
qui manque de nos jours dans notre pays, c’est la valorisation de l’individu par le travail
qu’il exécute. Celui qui reçoit une telle rétribution sait ce qu’il est capable de
faire pour surmonter les difficultés.
Du service de dermatologie de l’hôpital Antônio Pedro a surgi l’initiative d’unifier
la nomenclature dermatologique, sur la base du travail du Pr. Francisco Eduardo Rabello.
Le Pr. Antônio Pedro de Andrade Gaspar fut chargé, avec la collaboration du
Pr. Neide Kalil Gaspar, de réunir et d’identifier les différents et nombreux synonymes
qui rendaient la compréhension de la dermatologie difficile. Cela représentait près de
10 000 termes. Ces auteurs ont regroupé 7 000 termes dans la Nómina Dermatológica,
tout en mentionnant la nomenclature suggérée par le Pr. Rabello. Ce livre fut
un événement marquant pour la dermatologie brésilienne, et il est utilisé dans toutes
les universités et les services du pays. Les Prs Antônio Pedro et Neide ont également
fourni 5 autres livres d’actualisation thérapeutique de la spécialité, en rassemblant
les termes codifiés par l’Organisation mondiale de la santé au CID de la dermatologie,
afin de rendre plus facile son utilisation dans le pays. Ils ont aussi orienté 28 travaux
de recherche scientifique employés pour des thèses soutenues et approuvées au
niveau de la maîtrise et du doctorat 2 .
Actuellement, le service de dermatologie reste le siège des activités didactiques des
études supérieures et de la spécialisation de l’université fédérale Fluminense. C’est pour
La dermatologie et les dermatologues au Brésil
cette raison qu’il est également lié au département de médecine clinique, composé de
122 professeurs. Le service accueille 13 professeurs et 2 médecins responsables des
activités du cursus, y compris les aspects théoriques et pratiques, l’internat, le résidanat,
la spécialisation et le soin médical. L’intervention dans le domaine de la recherche se fait
à travers les projets d’initiation scientifique, coordonnés par les Prs Neide Kalil Gaspar
et Jane Marcy Neffá Pinto. À partir de 1995, le Dr Neide Kalil Gaspar occupa le poste de
professeur titulaire de dermatologie. La gestion administrative du service, ainsi que la
coordination de la chaire sont à nouveau, depuis 2001, exercées annuellement par les
différents professeurs ; le Pr. Jane Marcy Neffá Pinto fut élue pour prendre en charge la
gestion actuelle.
Les autres services habilités à Rio de Janeiro sont : la Santa Casa de Misericordia (chef
de service : Rubem David Azulay), le service de dermatologie et de syphiligraphie du HSE
(chef de service : Márcio Rutowitsch), l’hôpital universitaire Pedro Ernesto (chef de service
: Isabel Succi), l’université fédérale de Rio de Janeiro (chef de service : Márcia Ramos
e Silva), l’hôpital de la Lagoa-institut de spécialisation médicale Carlos Chagas (chef de
service : Andrea Gurfinkel), la polyclinique générale de Rio de Janeiro (chef de service :
Marcius Peryassú), l’hôpital général de Bonsucesso (chef de service : José Anselmo
Lofêgo Filho) et l’hôpital naval Marcílio Días (chef de service : Cláudio Lerer).
LA DERMATOLOGIE PAULISTE
La dermatologie pauliste débuta le 3 mai 1907, lors de la création d’un service des
maladies de la peau à la Santa Casa de Misericordia de la capitale, dirigé par Adolpho
Lindemberg, l’un des pionniers de la spécialité.
Le 29 février 1916, Lindemberg dispensa son premier cours comme professeur de
dermatologie à la faculté de médecine et de chirurgie de Sao Paulo. Il prit sa retraite en
1929 et fut remplacé par le Pr. João de Aguiar Pupo ; celui-ci occupa le poste jusqu’en
1960, et il fut remplacé lors de sa retraite par le Pr. Sebastião Almeida Prado Sampaio,
à son tour retraité en 1989 et auquel succéda le Pr. Evandro Rivitti, titulaire actuel de la
chaire.
Le service de dermatologie de la faculté de médecine fonctionnait à la Santa Casa.
Étant donné le nombre élevé de patients, il entretenait une excellente unité ambulatoire
qui occupait tout un étage du pavillon de Lara et deux infirmeries, masculine et féminine,
chacune ayant une capacité de quarante lits. Lorsque ce service fut installé en 1945 à
l’hôpital des cliniques, la chaire se déplaça aussi à cet endroit. Une série de difficultés
détacha pratiquement la dermatologie de l’institution multiséculaire. En 1975, le Pr. Nélson
Proença succéda au Pr. Humberto Cerruti comme titulaire de dermatologie de la
faculté des sciences médicales : un important noyau de la spécialité venait de se créer à
Sao Paulo.
Santa Casa
Selon un ancien chef de service, le fondement de l’action de la clinique de dermatologie
de la Santa Casa de Misericordia de Sao Paulo « repose sur l’assistance au malade,
de manière efficace et qualifiée, la formation de nouveaux professionnels et la recherche
scientifique. » 2 L’unité ambulatoire reçoit 200 personnes par jour, dont cinquante sont de
nouveaux patients, soit un total de 4 000 patients par mois et 40 000 par an, sans qu’il y
ait des files d’attente. « L’inauguration récente du centre chirurgical lié à la clinique,
avec tout l’équipement nécessaire, aussi bien pour dispenser des cours que pour les soins
ambulatoires et le développement des études et des recherches, constitue une innovation
au Brésil. » 2 La production scientifique suit la tradition établie par Lindemberg et Pupo.
Les travaux de l’équipe actuelle furent reconnus au niveau national, et plusieurs d’entre
eux constituent une référence dans le milieu international.
103
PAULO R. CUNHA
104
Les origines de la structure de base de la clinique de dermatologie de la Santa Casa
de Sao Paulo datent des années 70, lorsque le Pr. Nelson Proença en assuma la direction.
Les dermatologues Fausto Alonso et Marcus Maia faisaient partie de l’équipe initiale ;
avec le temps, Humberto Frucchi, Clarisse Zaitz, Ida Duarte, Sylvia Souto Mayor, Rosana
Lazzarini, Thais Proença et Valéria Souza les rejoignirent. Outre les professeurs recrutés,
le service médical compte plusieurs volontaires.
La clinique est divisée en plusieurs secteurs de sous-spécialités comme celles d’oncologie,
de chirurgie dermatologique, de médecine interne, de photothérapie, de mycologie,
de dermatologie et de pédiatrie. Le Pr. Ida Duarte, ancienne résidente de la clinique,
la dirige actuellement et son objectif principal est le soin, l’enseignement et la recherche
en dermatologie.
Hôpital des cliniques
Le service de dermatologie de l’hôpital des cliniques de l’USP fut le noyau de l’expansion
de la spécialité pauliste. Le décret n° 5837 du 12 mars 1975 permit la création
de l’institut de dermatologie de l’hôpital des cliniques, tandis que le 24 juin 1986 fut créé
le département de dermatologie de la faculté de médecine de l’université de Sao Paulo.
Le département dispose d’une équipe de soixante-dix professionnels ; vingt-trois fonctionnaires
techniques, biologiques et administratifs, quatorze médecins assistants, trois
médecins mandataires, sept enseignants, deux psychologues, deux infirmières et dixneuf
auxiliaires.
Il y a trente salles destinées au soin des patients et aux services auxiliaires dans l’immeuble
de l’unité ambulatoire inauguré en 1979. Outre les consultations dermatologiques
générales — on reçoit des patients du Brésil et de toute l’Amérique Latine —, il y
a aussi des groupes qui se consacrent à des pathologies spécifiques sous la responsabilité
des professeurs du groupe d’enseignants.
300 dermatologues ont déjà obtenu leur diplôme dans cette unité, qui compte actuellement
26 résidents. Quant à la spécialisation, trente élèves passèrent la maîtrise jusqu’en
1999, quarante-cinq obtinrent le doctorat et dix-sept devinrent des enseignants
libres. Les cours de perfectionnement accueillent des candidats pour être médecins-observateurs,
médecins-collaborateurs et médecins-chercheurs. Le département reçoit
aussi des médecins en roulement et organise un cours de spécialisation pour étrangers.
Entre 1991 et 1998, les professionnels du département présentèrent environ
soixante-seize articles scientifiques, dans des publications nationales et quarante-deux
pour l’international, et éditèrent cinq livres : Terapéutica dermatológica [Thérapeutique
dermatologique], de José Eduardo Costa Martins et Luiz Camargo Paschoal ; Clasificación
general de hongos y sistemática [Classification générale des champignons et systématique],
de Carlos da Silva Lacaz ; Manual de Dermatología [Manuel de dermatologie],
de Luís Carlos Cucé et Cyro Festa Neto ; et Dermatología [Dermatologie], de Sebastião
Sampaio et Evandro Rivitti. Six équipes permanentes mènent une recherche systématique
dans les domaines de l’immuno-dermatologie, de l’oncologie cutanée, des dermatoses
infectieuses et parasitaires, de la dermatologie pédiatrique, de la chirurgie
dermatologique, de l’immuno-déficience et l’immuno-modulation, de l’histopathologie,
du psoriasis et de la photobiologie. Depuis 1989, la direction du service médical est exercée
par le professeur titulaire Evandro Rivitti, qui obtint son diplôme en médecine à
l’USO en 1965 et le titre de docteur en dermatologie et d’enseignant libre à la FMUSP ; il
s’intéresse notamment à l’immunité en dermatologie.
École pauliste de médecine
Nicolau Rossetti commença la dermatologie à l’école pauliste de médecine de l’université
fédérale de Sao Paulo en 1936, tout en en étant le premier titulaire, charge qu’il
exerça pendant vingt ans. Lui succédèrent les Prs Newton Alves Guimarães, Abrahão
La dermatologie et les dermatologues au Brésil
Rotberg, Antônio Francisco Defina, Raymundo Martins Castro et Maurício Mota de Avelar
Alchorne ; de nos jours, la direction est confiée au Pr. Jane Tomimori Yamashita.
Pendant la gestion du Pr. Raymundo Martins Castro, en 1990, la dermatologie se
dédoubla en dermatologie générale et dermatologie infectieuse et parasitaire. L’école
pauliste de médecine compte 9 professeurs pour l’enseignement de la spécialité. La
population ayant un pouvoir d’achat minimal, dont la plupart souffrent de maladies
infectieuses, de dermatites eczémateuses et éritémato-squameuses, représente l’essentiel
de la demande en soins médicaux. Le soin ambulatoire est dispensé quotidiennement
dans deux services de l’hôpital Sao Paulo. Il existe aussi un laboratoire pour effectuer
des examens mycologiques et bactériologiques, un secteur chirurgical dermatologique et
un secteur des allergies.
Les nouveaux groupes de recherche se consacrent à la léprologie, la mycose et la
leishmaniose, la collagénose, la dermatologie pédiatrique, les maladies bulleuses, les
tumeurs, la cosmétologie, l’allergie dermatologique et la dermatologie professionnelle.
La supervision et l’orientation de l’enseignement est à la charge d’un service de MST,
comptant sur la participation de professeurs de médecine.
Ce service est caractérisé par la recherche de la qualité dans la formation des spécialistes.
Outre les cours (diplôme pour les élèves de 3 e et 4 e années) et la spécialisation
par le résidanat — qui propose six postes vacants par an et dont la durée est de trois ans
(une année de clinique médicale et deux de la spécialité) —, le département de l’école
pauliste de médecine offre un cours de spécialisation stricto sensu et trois spécialisations
: dermatologie pour étrangers, dermatologie avancée et dermatologie des zones
sélectives.
Facultés
Le Pr. Sebastião Almeida Prado Sampaio affirme que la faculté de médecine de
Ribeirão Preto fut fondée dans les années 50 ; la faculté de médecine de Botucatu de
l’UNESP, dont la matière « dermatologie » fut dirigée par le Pr. Neuza Dillon à partir de
1967, fut fondée en 1963. Elle est actuellement dirigée par le Pr. Silvio Marques.
Plusieurs écoles de médecine furent créées dans d’autres villes paulistes entre les années
60 et 80, dont les facultés de médecine de Rio Preto, Unicamp, Santos, ABC, Santo
Amaro, Jundiaí, PUCs de Campinas et Sorocaba, Taubaté, Bragança, Marília et Catanduva.
De nos jours, il existe 19 écoles médicales dans l’État de Sao Paulo; les titulaires
de dermatologie sont pour la plupart originaires de l’USP, comme les Prs Luís Carlos
Cucé, Luiz Henrique Camargo Paschoal, Alice Avelar Alchorne, Neuza Dillon, Nelson
Proença, Maurício Alchorne, entre autres ; parmi les professeurs originaires d’autres
États, il faut distinguer João Roberto Antônio (Rio Preto) et Nei Romitti (Santos).
L’hôpital del Servidor Municipal et l’hôpital del Servidor Público Estatal sont les
noyaux les plus importants pour la formation de dermatologues. Le premier, dirigé par
le Dr Aurélio Ancona López et ensuite par le Dr Alexandre de Mello, est actuellement à
la charge du Dr Ival Peres Rosa ; le deuxième, dirigé à l’origine par le Dr J. Pessoa
Mendes, est actuellement sous la direction du Dr J. Alexandre Sittart.
Le Pr. Sebastião Almeida Prado Sampaio se distingue parmi les dermatologues qui
contribuèrent le plus à la formation des nouveaux spécialistes. Nous pouvons aussi mentionner
João Bicudo Junior, Argemiro Rodrigues de Souza, Vinicio Arruda Zamith,
Estevão Almeida Neto, Norberto Beliboni, Guilherme V. Curban, ainsi que la section
régionale de la Société brésilienne de dermatologie, créée en 1970.
Hôpital del Servidor Público Estatal
Dans l’univers des utilisateurs de l’hôpital del Servidor Público Estatal de Sao Paulo,
qui comprend 3 millions de personnes, le service de dermatologie reçoit une moyenne
mensuelle de 2500 patients. Il propose, grâce à des conventions conclues avec les facultés
105
PAULO R. CUNHA
106
de médecine, un internat et accueille trois médecins résidents tous les ans. Le processus
de formation nécessite l’élaboration obligatoire d’une monographie réalisée sous l’orientation
des précepteurs.
Parmi les réussites du service notons : d’importants travaux publiés dans le pays et à
l’étranger, la participation à des rencontres et l’édition d’un livre dont le titre est Dermatología
para el Clínico [Dermatologie pour le généraliste], qui en est déjà à sa 3 e édition.
Le centre d’études dermatologiques Dr José Pessoa Mendes (qui fut directeur du
service médical jusqu’en 1987 et président de la SBD nationale et régionale) contribue
activement à encourager la recherche scientifique dans cette unité autorisée par la
Société brésilienne de dermatologie. Le Pr. Alexandre Sittart est chargé de diriger ce service
; il fait également partie de la direction de l’AMB.
Hôpital Heliópolis
Le service de dermatologie de l’hôpital Heliópolis (Sao Paulo), créé il y a environ
trente ans, devint un centre de référence dans le traitement des mycoses profondes, des
vascularites, des maladies bulleuses et des maladies cutanées graves, dont le diagnostic
et le traitement s’avèrent difficiles.
Le Dr Alice Alchorne fut à l’origine de sa création ; elle en assuma la direction pendant
vingt-deux années consécutives. Actuellement, le Pr. Jacob Levites est le chef du
service de dermatologie. Depuis 1984, le résidanat en dermatologie y est autorisé par le
MEC et la SBD.
Ce service dispose d’une infirmerie spécialisée avec dix lits et il offre un soin continu à la
communauté locale, et même à la région d’Ipiranga et de l’ABC Pauliste. Il a formé jusqu’à
présent de nombreux spécialistes et participé à tous les événements liés à la spécialité.
Hôpital del Servidor Público Municipal
La clinique dermatologique de l’HSPM fut inaugurée en 1945. Tout au long de ses
soixante ans d’existence, la direction fut exercée par les Drs Aurélio Ancona López,
Alexandre Mello Filho, Ival Peres Rosa, Yassubonu Utiyama et Bogdana Victoria Kadunc.
En 1972, encore sous la direction d’Alexandre Filho, le Dr Ival Peres Rosa introduisit
la chirurgie dermatologique, qu’il pratiqua, diffusa et enseigna ; c’est ainsi que la clinique
devint la première au Brésil à effectuer des actes chirurgicaux sans l’intervention
des chirurgiens esthétiques ou généraux. Les assistants de l’hôpital municipal se distinguèrent
aussi bien dans le pays qu’à l’étranger, en publiant des livres et des articles sur
le sujet. La clinique dispose de cinq salles chirurgicales — dont une destinée à la chirurgie
de Mohs —, un laboratoire de mycologie, des centres d’études et dix cabinets ; on
y reçoit 200 patients par jour et près de 1 000 interventions chirurgicales y sont effectuées
chaque mois.
Le service de Jundiaí
Le Pr. Paulo Rowilson Cunha, son chef actuel, raconte: « Les premières années du service
de dermatologie de la faculté de médecine de Jundiaí ont été merveilleuses et difficiles
à la fois; elles ont été propices au développement d’actions et d’axes de travail (pour les
résidents, les laboratoires, les cliniques, chez les patients et auprès de la communauté).
Un projet pilote parfait, dont les objectifs étaient clairement l’enseignement, la
recherche et le soin médical, fut entamé sous la direction du Pr. Fernando Augusto de
Almeida. Celui-ci demanda à des personnalités brillantes telles que Carlos Machado,
Vítor Reis, Célia Riscalla, Agenor Silveira, tous de l’université de Sao Paulo, Benedito
Corrêa (mycologie) et Câmara Lopes (pathologiste) de travailler avec lui.
Le service de dermatologie de la FMJ grandit progressivement selon ces objectifs et
quelques-uns des premiers résidents devinrent des professeurs compétents : Célia Antonia
Xavier, Iza Maria Bottene, Jacqueline Calvo, Mônica Bulizani, Otávio Moraes, et les
La dermatologie et les dermatologues au Brésil
nouveaux membres qui rejoignirent l’équipe, comme les Prs Lucía Helena Arruda et
Dense Steiner. Lors de son 25 e anniversaire en 2002, le service célébra la formation de
50 résidents, dont la plupart furent approuvés au TED et certains incorporés au magistère
de l’unité propre.
Le Pr. Dr Paulo R. Cunha est professeur titulaire de dermatologie de la faculté de
médecine de Jundiaí. En 1997, il obtint le titre d’enseignant libre de la faculté de médecine
de l’USP avec la thèse « Étude comparative sur la sensibilité des tests d’immunofluorescence
indirecte et Immunoblotting ou Western Blotting pour la détection
d’anticorps intercellulaires dans les différentes formes et phases évolutives de la maladie
du pemphigus foliacé ou Fogo Selvagem ». En 1988, il obtint le doctorat en dermatologie
de la FMUSP, en présentant la thèse « Étude du sérum épidémiologique dans le
foyer du pemphigus foliacé endémique (Fogo Selvagem) dans l’État de Sao Paulo ». Il
effectua un post-doctorat à la New York University. Il fut directeur de la faculté de
médecine de Jundiaí pendant la période 1996-2000.
Le service de dermatologie de la faculté de médecine de Jundiaí se distingue dans le
domaine de la recherche, principalement sur le Fogo Selvagem. Ses membres sont fiers
d’avoir participé au progrès et au prestige national qu’acquit le service.
L’exemple de Rio Preto
Combien de médecins pourront dire, comme le Pr. Dr João Roberto Antônio, que tous
les spécialistes en dermatologie formés entre 1971 et 2004 furent leurs élèves?
Le service de dermatologie de Sao José do Rio Preto (État de Sao Paulo) débuta
lorsqu’il fut nommé professeur directeur de la faculté de médecine. Né à Catanduva
et installé à Rio Preto dès l’âge de 2 ans, le Pr. João Roberto Antônio obtint son diplôme
à la faculté nationale de médecine en 1964 ; il prépara le résidanat en dermatologie
à la Santa Casa de Misericordia de Rio de Janeiro, au sein du service du Pr.
Sylvio Fraga, et suivit ultérieurement plusieurs cours de perfectionnement au Brésil
et à l’étranger.
Une fois qu’il eut reçu le titre de spécialiste en dermatologie (SBD, 1967), il retourna
à Rio Preto pour se consacrer à l’enseignement de cette spécialité à la faculté ; en 1971,
il dispensa le premier cours de dermatologie en 4 e année du cursus. Les cours pratiques
se faisaient initialement dans l’unité ambulatoire de la Santa Casa locale, mais ils furent
ensuite transférés à l’hôpital de base. Plusieurs élèves suivirent l’enseignement en dermatologie
(intégrant par la suite le groupe d’enseignants), qui jouit actuellement d’un
certain prestige.
Nous citerons parmi ses membres les Drs João Roberto Antonio, Eurides Pozetti,
Vânia Rodrigues, Ana Maria Nogueira, Tânia Regina Barbon, Margareth Lima, Rosa
Maria Soubhia et Carlos Alberto Antonio. Ils rédigèrent — individuellement ou en
groupe — plusieurs articles scientifiques pour des revues médicales nationales et internationales
; ils reçurent des prix pour leurs travaux présentés aux congrès ; ils collaborèrent
à la rédaction de chapitres pour des livres de dermatologie brésiliens et étrangers
et ils sont invités en tant que conférenciers à des congrès, des journées et des cours,
aussi bien au Brésil qu’à l’étranger.
Le Pr. Joao Roberto Antonio signale que depuis 1974, le service de dermatologie de
l’hôpital de base et la matière de dermatologie de la FAMERP organisent les cours du
résidanat et d’apprentissage pour la formation de spécialistes en dermatologie.
Complexe hospitalier Padre Bento de Guarulhos
À l’institution initiale, inaugurée le 5 juillet 1931 pour soigner les patients lépreux,
s’adjoignit en 1972 l’hôpital Adhemar de Barros, donnant ainsi naissance au complexe
hospitalier.
107
PAULO R. CUNHA
108
La Société pauliste de léprologie fut fondée le 23 août 1933 ; son siège se trouvait à la
clinique Padre Bento ; la Revista de Leprología de São Paulo, qui deviendrait plus tard la
Revista Brasileña de Leprología, fut créée peu de temps après.
L’hôpital Adhemar de Barros, qui soignait les malades atteints de Fogo Selvagem, fut
transféré en 1972 dans les locaux de l’hôpital Padre Bento.
Le Dr Mário Luís Macca fut le premier chef du service de dermatologie, suivi du
Dr Thais Romero Gatti et du Dr Vitor Manoel Silva dos Reis (1989). En 1991, la SBD
donna son autorisation. En 1996, suite à la création du poste, le Dr Vitor fut désigné
titulaire de dermatologie jusqu’au mois de septembre 2000.
Le service de dermatologie, inauguré en 1998, porte le nom du Pr. Sebastião de
Almeida Prado Sampaio et possède sept salles pour le soin du public général, 62 lits
exclusifs pour la dermatologie, un centre chirurgical, une salle pour les premiers
secours, une salle pour les prélèvements de sang, un laboratoire de mycologie, une mycothèque,
des laboratoires de dermo-pathologie, une salle d’archives pour les illustrations
et un auditorium. Son directeur est le Pr. Dr Mario Cezar Pires.
L’unité ambulatoire reçoit 2 500 consultations et réalise 150 interventions chirurgicales
par mois ; elle inclut des sous-spécialités telles que les maladies bulleuses, la cosmétologie,
la cryothérapie, l’allergie dermatologique, la dermatologie pédiatrique et la
mycologie.
Hôpital Lauro Souza Lima
En 1989, l’institut Lauro Souza Lima (Bauru, SEP) fut officiellement reconnu comme
étant un centre de recherche, en reconnaissance des travaux de recherche et des soins liés
à la dermatologie qui y étaient effectués, ainsi que de l’entraînement du personnel spécialisé.
Son service de dermatologie, créé en 1977, eut comme fondateur et premier chef le
Pr. Milton Wladimir Araújo Opromolla. Comme ses études portaient spécialement sur la
maladie de Hansen, l’institut devint pour tous les pays de langue portugaise le centre de
référence du secrétariat de la Santé de l’État de Sao Paulo et de l’OMS dans l’analyse de
cette maladie. 82 dermatologues y ont obtenu leur diplôme depuis sa création; actuellement,
12 professionnels par an sont diplômés en tant que spécialistes. Le résidanat a une
durée de trois ans. L’hôpital a signé une convention avec la faculté de médecine de Botucatu,
et abrite deux titulaires en spécialisation de l’USP et de l’école pauliste de médecine.
Travail pionnier à Botucatu
Créée en juillet 1962 sous le nom de faculté des sciences médicales et biologiques de
Botucatu, la faculté de médecine locale, qui a débuté ses activités en avril 1963 et qui est
actuellement rattachée à l’université Estadual Pauliste (UNESP), dut faire face à des difficultés
originales : elles ont, d’après les propos du chef de service le Pr. Sílvio Alencar
Marques, « forgé l’esprit guerrier et persévérant de l’école dans cette tradition, s’adaptant
à la personnalité de celle qui fut la pionnière du service de dermatologie, le
Dr Neuza Lima Dillon ».
En 1966, le Dr Dillon intégrait le groupe d’enseignants et de médecins de l’USP qui arriva
à Botucatu pour dispenser le premier cours pionnier de sémiologie dermatologique
dans la première classe de la faculté. Installée dans la ville, elle devint responsable de la
dermatologie au département de clinique médicale. « Tout était insuffisant et difficile,
mais le Dr Neuza a reçu l’aide inestimable des Prs Sebastião Sampaio, Norberto Belliboni,
Raymundo Martins Castro et Dilton Opromolla pour consolider le cours. Elle n’hésitait pas
à mettre de l’argent de sa poche pour fournir de façon permanente le matériel et les articles
nécessaires à la discipline. Elle a tout de suite perçu que le fait de mettre les lits de
l’infirmerie à la disposition de la dermatologie, d’être présente lors de la remise de diplômes
et de vouloir créer avec une audace suprême le résidanat en dermatologie représentait
un bon moyen de s’affirmer et de grandir. »
La dermatologie et les dermatologues au Brésil
De nouveaux enseignants furent embauchés entre 1971 et les années 1980 : Marta
Cassoni Habermann, Sílvio Alencar Marques, Joel Carlos Lastória, Hamílton Ometto
Stoff, Sílvia Regina Barraviera, Vidal Haddad Júnior et Maria Regina Silvares (rappelons
qu’à Botucatu, les enseignants sont sous le régime du temps complet et du dévouement
exclusif). La création de l’UNESP en 1976 entraîna la construction de nouveaux départements,
la dermatologie se liant à la radiologie et aux maladies infectieuses et parasitaires
; en 1994 surgit le département de dermatologie et de radiothérapie. Cela
représentait la meilleure solution, bien que les possibilités de nouvelles embauches fussent
toujours limitées.
Le résidanat débuta en 1970, comptant quatre lits et une grande demande de soins
ambulatoires ; il traversa un processus de consolidation lent et difficile jusqu’en 1978,
début de sa croissance. Quatre-vingt-deux résidents obtinrent leur diplôme entre 1970
et 2001. Depuis 1994 jusqu’à nos jours, six postes vacants sont offerts. Quant au service
proprement dit, il disposait de deux lits en 1968, tandis qu’actuellement il en possède
seize. L’unité ambulatoire générale et spéciale fonctionne quotidiennement en deux services,
disposant de sept salles de consultations, deux salles de chirurgie et une salle de
premiers secours. Elle dispose également de services de mycologie, de documents photographiques,
d’immunologie allergique, de photobiologie et de télémédecine.
Hôpital et maternité Celso Piero (PUC Campinas)
Le service de dermatologie de la PUC Campinas fut mis en place en 1979 par le
Pr. Dr Walter Belda, son directeur jusqu’à la fin des années 80. Les premiers assistants embauchés
furent le Dr Antônio Francisco Bastos, Maria Elizabeth Nanni et ultérieurement le
Dr João Roberto Pupo Neto. Le résidanat fut approuvé par le MEC en 1987, instituant deux
postes vacants pour la 1 re ou la 2 e année en dermatologie; cette situation se maintient jusqu’à
nos jours, et une expérience de deux ans dans la clinique médicale est exigée.
Après quelques difficultés, le Dr Lúcia Arruda assuma la direction du service de dermatologie
en 2002 et se fixa l’objectif de lui fournir une nouvelle structure. Actuellement
les Drs Mariana Zaniboni, Sylvia Ipiranga, Márcia Mayko Kobayashi, Cláudia Valéria
Braz et Valéria Pereira Santos sont embauchées pour travailler à l’hôpital Celso Piero;
les Drs Rilde Veríssimo (Service d’anatomie pathologique), Glória Sasseron et Antonio
Bastos Filho (unité ambulatoire de dermatologie) et le Pr. Magali Soares (enseignement
de la mycologie) collaborent en tant que médecins volontaires. Les réunions du service
ont lieu le mardi, un professeur invité y participant tous les premiers mardis du mois.
Service de dermatologie de l’ABC
Le service de dermatologie de l’ABC doit ses débuts au Pr. Luis Henrique Camargo Paschoal,
pionnier en chirurgie dermatologique; aujourd’hui c’est le Dr Carlos Machado Filho
qui en a la responsabilité. Le centre de chirurgie dermatologique est actuellement considéré
comme étant l’un des meilleurs d’Amérique latine. Le Dr Luis Henrique Camargo Paschoal
et ses disciples Carlos Machado, Mário Marques, Eliandre Palermo et Francisco Levocci se
distinguent dans la sous-spécialité au Brésil. Le Pr. Francisco Macedo Paschoal fut également
l’un des pionniers de la dermatoscopie classique et numérique.
Outre les services mentionnés ci-dessus, Sao Paulo possède d’autres services habilités
tels que l’hôpital universitaire Wladimir Arruda (chef de service : Dr Luiz Cucé), l’hôpital
Guilherme Álvaro, la fondation Lusíadas (chef de service : Pr. Dr Ney Romitti),
l’université de Sao Paulo, la faculté de médecine de Ribeirão Preto (chef de service :
Pr. Norma Foss), Unicamp (chef de service : Dr Elemir Macedo de Souza), la faculté de
médecine de Marília (chef de service : Dr Spencer Sornas) et l’hôpital universitaire de
Taubaté–UNITAU (chef de service : Dr Samuel Mandelbaum) 3 .
109
PAULO R. CUNHA
110
DERMATOLOGIE DU PARANÁ
Curitiba
Le majestueux hôpital des cliniques de l’université fédérale du Paraná possède
49196m 2 de constructions, 191 cabinets, 374 unités ambulatoires et 635 lits distribués en
quarante-cinq spécialités; il abrite l’un des plus prestigieux services habilités par la SBD,
à la charge du Pr. Jesús Rodrigues Santamaría, qui fut président de l’entité nationale.
Fondé en 1961, lorsque le Pr. Rui Miranda était encore professeur, le service dermatologique
du HC compte déjà quatre décennies. Il fonctionne dans deux immeubles : l’un
pour les services administratifs et l’autre pour les services ambulatoires et le centre chirurgical
ambulatoire pour toutes les spécialités. Ce centre fournit également au service
sept salles pour le soin du public général, sept cabinets, une salle pour des soins mineurs
et une salle pour l’équipe. En moyenne, soixante-dix patients y sont soignés par jour, originaires
du Paraná, du Mato Grosso et de Santa Catarina. À Curitiba prédominent les
maladies de type européen propres à l’ethnie de la plupart de la population, telles que le
cancer de la peau, le lupus, le collagénose, le psoriasis, le diabète, l’artériosclérose et
l’insuffisance vasculaire.
En dehors des murs du HC, le service de dermatologie finance le centre Souza Araújo
(créé par Rui Noronha de Miranda), qui reçoit entre quarante et cinquante personnes par
jour, et se consacre principalement à la dermatologie sanitaire et à l’onco-dermatologie.
Le service, une référence pour tout le système SUS, reçoit, outre les étudiants de l’internat,
les résidents de la clinique médicale qui passent un mois en dermatologie, et les
élèves de l’internat qui choisirent la spécialité pour y passer les quatre-vingts derniers
jours d’entraînement à l’institution, 100 élèves du cursus de médecine par semestre.
Quant à la production scientifique, le service du HC de Curitiba laissa son empreinte
dans les Annales brésiliennes de dermatologie ainsi que dans des publications étrangères,
grâce à des travaux sur la maladie de Hansen et le pemphigus.
Dermatologie de Londrina
La faculté de médecine du nord du Paraná, située à Londrina, fut fondée en 1967,
mais ce ne fut que trois ans plus tard qu’elle commença l’enseignement de la dermatologie,
grâce aux Prs Drs José Schweinden (titulaire) et Lorivaldo Minelli (assistant), suivis
par leurs collègues Roberto Piraino et Roberto Schnitzler.
À la fin de 1979, la faculté de médecine s’unit à d’autres facultés pour former l’université
étatique de Londrina. À cette occasion, le titulaire fut obligé de retourner à Curitiba,
et le Dr Minelli prit alors en charge la discipline ; il conserve de nos jours le poste.
Trois ans auparavant, en 1976, les Drs Minelli et Piraino avaient soutenu leurs thèses de
doctorat et obtinrent les postes de professeur assistant. La thèse du Dr Minelli, Géographie
médicale du pemphigus foliacé sud-américain dans l’État du Paraná, fut dirigée par
le Pr. Raymundo Martins Castro, tandis que celle du Dr Piraino, Porokératose de Mibelli,
le fut par le Pr. Dr José Kriner, originaire d’Argentine.
En 1998, le Dr Minelli fut promu au grade de professeur associé par concours public
présidé par le Pr. Dr Sebastião de Almeida Prado Sampaio.
Dans les années 70 et 80, plusieurs résidents firent leur spécialité à la clinique de dermatologie
de l’université ; à partir des années 90, le résidanat fut officialisé par la Société
brésilienne de dermatologie, offrant la possibilité à plusieurs anciens élèves d’obtenir
leurs diplômes de spécialiste.
Hôpital universitaire évangélique de Curitiba
Le service de dermatologie naquit en 1974, lors de la création de la faculté évangélique
de médecine. Son premier professeur titulaire, le Dr Fernando Laynes de Andrade,
intégra la chaire de dermatologie jusqu’en 1989, accompagné des Drs Álvaro Schiavi Jr.
La dermatologie et les dermatologues au Brésil
et Clarisse Furtado. Actuellement, la direction du service repose sur le Dr Anelise
Roskamp Budel.
Le réseau d’assistance de l’intendance est lié à celui de l’État, se répartissant près de
1000 patients par mois.
La Santa Casa de Misericordia, PUC, dont le chef de service est le Dr Luiz Carlos
Pereira, est un autre service habilité à Paraná.
Gaúchos et la dermatologie
Le Dr Ernst von Bassewitz, un Allemand diplômé à Berlin en 1890, exerça pour la
première fois la dermatologie à Rio Grande do Sul. Après être passé par Sao Paulo, il arriva
à la pampa gaúcha de Rio Grande do Sul en 1894, travaillant dans des localités lointaines
du littoral et de la campagne. En 1927 il publia dans les Annales de médecine de
Rio Grande do Sul un rapport sur l’incidence de la lèpre sur la colonie germanique.
Le Dr Modesto José de Souza fut le premier professeur de dermatologie et de syphiligraphie
de la faculté de médecine de Porto Alegre, créée en 1898 ; il fut suivi par le Dr
Rodolfo Masson et ensuite, par concours public, par le Dr Ulisses de Nonohay ; ce dernier
intégra aussi la colonne révolutionnaire qui partit vers Rio de Janeiro en suivant Getúlio
Vargas.
Le cours comparé de clinique dermatologique et syphiligraphique fut créé en 1942 à
la faculté de médecine de Porto Alegre, dirigé par José Gerbase, originaire d’Alagoas,
disciple de Ramos e Silva. En 1946 vint s’y joindre le Pr. Clóvis Bopp, professeur depuis
1959 grâce à la thèse Chromoblastomycose : contribution à son étude. En 1992 et suite à
un concours public, le Pr. Lúcio Bakos fut nommé professeur titulaire de dermatologie à
l’université fédérale de Rio Grande do Sul.
Sciences médicales
La fondation de la faculté fédérale des sciences médicales de Porto Alegre fut créée
en 1960 sous le nom de faculté catholique de médecine, avec la Fraternité de la Santa
Casa de Misericordia. Quatre ans plus tard, le Pr. Enio Candiota de Campos, scientifique
réputé, fut désigné premier titulaire de la chaire de dermatologie, aux côtés des Prs
Achyles Hemb, Gisela Del Pino et Aída Schafranski. Après la mort du premier,
le Pr. Dr Armin Bernhard prit le relais comme titulaire, remplacé par le Pr. Cláudio
Bartelle.
Le service de dermatologie de la FFFCMPA est situé dans le complexe hospitalier de
la Santa Casa de Porto Alegre, où sont dispensés les cours d’études supérieures et de spécialisation.
Érika Geier, Walmor Bonatto, Renan Bonamigo, Irene Menezes, Aída Schafranski,
Carolina Feijó, Raquel García comptent parmi les professeurs, accompagnés
d’autres collaborateurs.
Le service de la UFRGS
Le service de dermatologie de l’hôpital des cliniques de Porto Alegre compte trois professeurs
de la UFRGS : un titulaire, Lúcio Bakos, et deux adjoints, Tânia Cestari et Luiz
Fernando Bopp Muller. Il compte également cinq médecins dermatologues — Ane K.
Simões Pires, Isabel C. P. Kuhl, Márcia S. Zampese, Marlene L. Weissbluth et Mirian Pargendler
—, deux résidents et trois élèves, en plus des élèves de maîtrise, et un élève de
doctorat par an. Outre ces activités d’enseignement, les membres du service se consacrent
à l’assistance et à la recherche (celle-ci est très stimulée à tous les niveaux).
Considéré comme le centre de référence du sida à Rio Grande do Sul, le service de
dermatologie de l’HC de Porto Alegre dispose d’un secteur de dermatoscopie numérique,
avec vidéo-dermatoscopie et analyse des images ; un secteur de photothérapie et de photobiologie,
pour soigner les patients photosensibles ; un secteur de santé publique, car il
reçoit les médecins qui se consacrent au sida, aux MTS et à la maladie de Hansen
111
PAULO R. CUNHA
envoyés par le secrétariat de la Santé. L’activité se fait en deux services, les jours
ouvrables, avec une garde les jours fériés et les fins de semaine. Comme c’est un hôpital
de référence, le service reçoit de nombreux patients pour les soins de niveau tertiaire,
présentant des pathologies systémiques et plus difficiles à traiter.
Unité ambulatoire de dermatologie sanitaire
Elle fut créée en 1975 par le Dr César Duílio Varejão Bernardi, disciple du Pr. Clóvis
Bopp et professeur de dermatologie à l’université fédérale de RS. Sous la direction du
secrétariat de la Santé de l’État, il fonda ce service qui visait à la formation de nouveaux
dermatologues et avait pour priorité les maladies dermatologiques d’intérêt sanitaire,
notamment les maladies sexuellement transmissibles et la maladie de Hansen. Une disposition
gouvernementale de 1987 céda l’aire utilisée pour l’hospitalisation des patients
au secteur MST/sida : elle fut utilisée pour le soin des porteurs du virus HIV ; ceci provoqua
l’interruption provisoire des activités du résidanat. Toutefois, le programme de résident
fut repris en 1997 et approuvé par la SBD un an plus tard. Actuellement, le service
reçoit le soutien de l’État comme centre de formation en dermatologie, avec une capacité
de deux postes vacants par an. Le Dr Cecilia Cassal Corrêa est la dermatologue qui
coordonne le service.
Rio Grande do Sul possède un autre service habilité, celui de la polyclinique Santa
Clara ; le chef du service en est le Pr. Cláudio José Bartelle.
Santa Catarina
Santa Catarina possède l’habilitation de l’hôpital de l’université fédérale (chef de service
: Pr. Jorge José de Souza Filho).
■ L’histoire de la RADLA (Réunion annuelle des
dermatologues latino-américains du cône sud)
L’histoire de la RADLA (Réunion Annuelle des Dermatologues Latino-Américains du Cône Sud)
L’idée de la première réunion de dermatologues latino-américains du cône sud
(Argentine, 1973) vint d’une discussion entre les Drs J. Gatti, P. Viglioglia, O. Mangano et
S. Sampaio, pendant laquelle il fut également résolu que la réunion aurait un caractère
annuel, sauf si elle coïncidait avec le Congrès ibéro-latino-américain de dermatologie
(CILAD).
Le Pr. Júlio César Empinotti présida la XXI ème RADLA, qui eut lieu à Foz do Iguaçu
(Brésil) en 2001, et qui compta le plus grand nombre de médecins réunis dans l’histoire
de cet événement. (Note de l´éditeur: voir dans ce livre le chapitre « Réunion annuelle
des dermatologues latino-américains-RADL », p. 447).
■ Quelques maladies maladies et leur traitement et leur traitement
112
Lèpre et maladies vénériennes
Ancien camarade de Carlos Chagas à l’institut Oswaldo Cruz, Eduardo Rabello reçut
vers 1920, en qualité d’inspecteur général de la lèpre, la mission d’élaborer la première
législation brésilienne de prophylaxie des maladies vénériennes, affections qui faisaient
souffrir les patients, mis à part les conséquences de la maladie, les effets négatifs du
manque d’information publique et du retard de la mentalité prédominante.
On accusa les Noirs immigrés d’avoir introduit la lèpre, comme le signale Manoel Santos
en parlant des calamités de Pernambuco entre 1707 et 1715. Selon cet auteur, les Noirs
attrapèrent la lèpre au Brésil, probablement apportée par les Portugais qui l’auraient
contractée dans les lieux d’incidence de la maladie au XVI e siècle: l’île de Madère, les
Açores, les possessions marocaines et les Indes lusitaniennes. Un médecin portugais, Aleixo
Guerra, écrivit dans son Historia de la Lepra en Portugal [Histoire de la lèpre au Portugal]:
« Il ne fait aucun doute que les Portugais ont introduit la lèpre au Brésil en l’an 1500, tel
qu’ils l’avaient introduite à Madère, où elle était inconnue avant leur arrivée. »
Au début du XX e siècle, cette maladie représentait toujours un très grave problème de
santé publique. « Vers 1920 cependant prédominaient encore les préconcepts millénaires
qui faisaient du pauvre ladre une victime effrayante d’un mal qui ne pardonne pas, un paria
de la société, sans patrie ni famille, méprisé et condamné sans pitié à un exil perpétuel afin
de garantir la sécurité de ses semblables qui, pour compenser le sacrifice imposé, le traitaient
avec mépris et parfois lui donnaient même une aumône humilante et rabaissante. »
Eduardo Rabello conclut en 1933 la thèse de l’isolement de la lèpre, prévoyant qu’il
serait facile dans l’avenir de contenir la maladie dans sa phase maculaire.
À peu près vers la même époque, Rio de Janeiro et Sao Paulo (avec Emilio Ribas,
Aguiar Pupo et Salles Gomes) se rassemblèrent pour entreprendre des campagnes sur le
problème, cherchant non seulement à humaniser le traitement mais aussi à établir des
éléments de prévention pour les enfants des malades hanseniens. Nelson Souza Campos
réussit à montrer en 1937 le cas curieux d’infiltrés tuberculoïdes précoces qu’il appela
lèpre nodulaire infantile et qui fut traduite par lepra-infeckt dans la thèse de Rabello (Jr.)
(1941). Abrahão Rotberg démontra à son tour en 1934 la valeur du pronostic de la
réaction de Mitsuda, et en 1937 la notion du facteur N comme responsable des formes
de résistance de la maladie de Hansen.
En 1940, Aguiar Pupo fut le premier à montrer l’importance épidémiologique des
formes non caractéristiques de la maladie. Ces idées obtiendraient leur consécration à
Rio de Janeiro lors de la Conférence panaméricaine de 1946 ; peu après, la notion de
polarité, postulée par Rabello (Jr.) depuis 1938, obtint la reconnaissance du milieu
international en 1948 à La Havane.
Le Fogo Selvagem
Le Fogo Selvagem (FS) est une maladie endémique de certaines régions du Brésil, qui
touche environ 15 000 personnes et dont la prévalence se situe chez des individus jeunes
qui habitent les zones rurales du pays. À Sao Paulo, la croissance du nombre de cas dans
les années 30 poussa le gouvernement à créer un hôpital exclusif pour ces malades ; plus
tard, d’autres hôpitaux furent inaugurés à Goiânia et à Campo Grande. En 1970, on
estimait à 10 000 au moins le nombre de cas connus de FS dans les États endémiques du
Brésil. Le Pr. Sebastião Sampaio (Sao Paulo) et le Pr. Luiz Díaz (USA) encouragèrent en
1983 la création du Groupe coopératif Brésil-USA, consacré à la recherche sur le Fogo
Selvagem; cette entreprise produisit des dizaines de travaux scientifiques et contribua
grandement à faire progresser la connaissance de la pathogenèse de la maladie et le
développement des techniques de diagnostic.
Entre les années 50 et 90, l’incidence du FS diminua à Sao Paulo ; la thèse de doctorat
du Pr. Paulo R. Cunha à l’USP informait du dernier foyer dans l’État, situé dans les
communes de Franco da Rocha et Mairiporã. Les caractéristiques épidémiologiques de
la maladie révèlent fortement que le FS est influencé par des facteurs environnementaux
; les efforts des chercheurs visent à déterminer l’agent étiologique environnemental
qui déclenche cette maladie au Brésil.
Campagne de prévention du cancer de la peau
La dermatologie et les dermatologues au Brésil
L’épidémie silencieuse, c’est-à-dire l’incidence croissante du cancer de la peau
dans le monde entier, constitue aussi au Brésil l’un des plus graves problèmes de santé
113
Figures 14 et 15.
Campagne de
prévention du cancer de
la peau (24 novembre
2001)
PAULO R. CUNHA
publique. C’est pour cette raison que la campagne menée par la SBD fut élargie en
1999 du domaine régional au domaine national, afin que la population prenne
conscience des conséquences terribles de la maladie, dont 100 000 nouveaux cas sont
répertoriés chaque année. Cette campagne accueille plus de 30 000 personnes par an
(figures 14, 15).
Le programme national de contrôle du cancer de la peau, coordonné par le Pr.
Marcus Maia, fut créé dans le but d’informer et de faire prendre conscience du besoin
de changer les attitudes, les croyances et les conduites liées aux risques encourus par la
population.
Ce programme se compose de cinq modules: 1. centre de diagnostic et de traitement;
2. programme d’éducation des professionnels de la santé ; 3. programme d’éducation
pour la protection solaire; 4. programme d’éducation à travers les médias ; 5. campagne
annuelle pour l’examen de la population.
En 2000, la SBD et l’université fédérale de Rio de Janeiro s’unirent pour inaugurer un
service permanent de prévision quotidienne du taux de risque par brûlures solaires. Le
taux ultraviolet (TUV) est fourni sur Internet ou par téléphone; il est également fourni aux
capitales des États par le biais des journaux, de la radio ou de la télévision nationale.
■ Les défis de la Dermatologie de la dermatologie pour le nouveau millénaire pour le nouveau millé-
114
La régionalisation de la SBD débuta après la commémoration de ses cinquante ans
d’existence, lorsque la participation fut ouverte à tous les États brésiliens. Actuellement
les sections régionales exercent une influence extraordinaire dans les entreprises de la
SBD, renforçant ainsi la nationalisation de l’entité. Tout en garantissant l’intégration,
elles agissent au sein des unités comme de véritables délégations de l’entité majeure,
sans perdre pour autant les caractéristiques des organisations locales.
Dans le domaine scientifique, la dermatologie n’est plus une spécialité purement clinique
: elle a évolué en tant que spécialité clinico-chirurgicale. Tout comme la notion de
« santé » se vit élargie — la santé n’étant plus l’« absence de maladies » mais plutôt un
synonyme de bien-être physique, moral, social et mental —, la dermatologie inclut des
nouveautés qui attirent actuellement de nombreux professionnels et patients, dont
l’attention se tourne spécialement vers la cosmétologie.
Au-delà de la révolution vécue avec l’arrivée des antibiotiques, des corticostéroïdes et
des rétinoïdes, les défis de la dermatologie résident encore dans les maladies infectieuses
comme le sida, la leishmaniose et les MST. De nouveaux concepts vont surgir grâce à la
biologie moléculaire, et ces études vont sans doute apporter des bénéfices extraordinaires
pour la dermatologie brésilienne et mondiale. ■
■ Références
bibliographiques
1. Campbell I. Zaitz C., Teixeira
J.E., editores. História da
Dermatología Brasileira. Uma
La dermatologie et les dermatologues au Brésil
Visão Panorâmica. Rio de
Janeiro : Medsi Editora
Medica e Cientifica ; 1999.
2. Carneiro G. História da
Dermatología no Brasil. Rio de
Janeiro: Ed. Sociedade Brasileira
de Dermatología; 2002.
Octobre 2005
3. Forgerini E. Rossini C. editores.
Mestres da Dermatología
Paulista, Sao Paulo : Editora
JSN ; 2002.
La dermatologie précolombienne
HISTOIRE DE LA
DERMATOLOGIE
EN COLOMBIE
CÉSAR IVÁN VARELA HERNÁNDEZ
COLLABORATEURS: DANIELLE ALENCAR-PONTE, ANTONIO BARRERA
ARENALES, MICHEL FAIZAL GEAGEA, JAIME GIL JARAMILLO, FLAVIO GÓMEZ
VARGAS, CARLOS HORACIO GONZÁLEZ ROJAS, GUILLERMO GUTIÉRREZ
ALDANA, JAIRO MESA COCK, JUAN PEDRO VELÁSQUEZ BERRUECOS
■ La dermatologie précolombienne
Jaime Gil Jaramillo-César Iván Varela Hernández
Certains auteurs estiment que les premiers habitants de la Colombie arrivèrent au
pays en quête de nouvelles terres et de meilleures conditions de vie au cours d’une étape
paléo-indigène (15 000 à 10 000 av. J.-C.). Profitant des glaciations, ils passèrent par le
détroit de Behring en provenance d’Océanie et d’Asie ; d’après Méndez Correa, il est également
possible qu’ils soient arrivés par l’Antarctique et l’océan Pacifique 1 .
La faible densité démographique, la dispersion des colonies et l’absence d’animaux
domestiques favorisèrent la dissémination moindre des maladies ; des évidences anthropologiques
prouvent une croissance importante de la population parmi les Chibchas 2 .
Nonobstant, ils souffrirent d’affections génétiques, auto-immunes, traumatiques, dégénératives
et infectieuses, qui entraînèrent la mise en place de mesures de prévention et
de traitements ; ils découvrirent aussi certains médicaments.
Les habitants préhispaniques du continent américain considérèrent sagement que
l’être humain était un élément de plus dans le cosmos, et qu’ils ne pouvaient pas rompre
l’équilibre de la nature sans recevoir un châtiment visant leur santé. Nos indigènes classifièrent
les maladies en plusieurs groupes. Les Nukaks du sud-est du pays les divisaient
en : 1) poussées et boutons associés à des « fléchettes magiques » lancées par des « êtres
ennemis » et/ou faisant partie d’un châtiment, soit que la chasse et la pêche avaient été
infructueuses, soit qu’elles avaient été excessives ; 2) associées aux esprits de la forêt
(EbEp) et à la piqûre des tonnerres (takuEji), très dangereuses, qui pouvaient entraîner
la mort; 3) associées au manque de respect des normes ; 4) maladies mineures qui n’impliquaient
pas la mort, telles les piqûres et les petites blessures 3 . Les Huitotos du Putumayo
croyaient que la maladie était le produit d’attaques « chamanistes » (sorciers)
d’autres tribus. Les Paeces les classifiaient en visions du « lutin », du « cacique » et de
117
Figure 1.
Céramique jamacoaque.
Bartonellose.
Collection privée de
Hugo A. Sotomayor T.
CÉSAR IVÁN VARELA HERNÁNDEZ
118
l’« arc » ; cette dernière catégorie incluait les enfants portant des traits physiques d’animaux
et qui présentaient des boutons sur la peau. D’autres tribus les classifièrent en
maladies « chaudes » — comme la fièvre — et en maladies « froides » — comme le rhumatisme
— ou simplement en accidents (fractures). Parmi les Emberas, la maladie était
produite et guérie par les jais, qui étaient « l’essence des choses, considérée comme une
énergie, quelque chose de vital. » 4 Les Motilons tinrent compte de certaines notions de
contagion et donnèrent une valeur mineure à la sorcellerie. Les Chibchas définirent les
mots liés aux maladies, par exemple sojusua (acné et furoncle), sinua (pellicules), gacha,
bimi (ulcère), iza (ulcère, gale et variole) 5 .
Maladies dermatologiques autochtones
L’époque préhispanique connut certainement bien des maladies ; cependant, la perte
des tissus mous des dépouilles humaines conservées en empêche le constat. Néanmoins,
certaines maladies furent catégoriquement définies. C’est le cas du carate, causé par le
Treponema caratenum, appelé puru-pururú dans la région Guainía, qui était fréquent
dans le Chocó 6 ; d’après le père Rivero, « ils souffraient de carate, qui affectait les mains
et le visage avec des taches bleues et blanches, dont ils étaient fiers au point que les
jeunes femmes ne souffrant pas de carate n’étaient pas demandées en mariage
». Les boubas, frambesía ou pian, causés par le Treponema pertenue, furent
bien documentées par les études paléontologiques de José Vicente
Rodríguez Cuenca et Carlos Armando Rodríguez, réalisées sur des dépouilles
de la vallée du Cauca 6 . Des trouvailles archéologiques 7 (figure 1) prouvent la
présence de la bartonellose (verrue péruvienne) — dont le vecteur est le Phlebotomus,
Lutzomía colombiana —. Le charbon bactérien, appelé maraña, était
fréquent dans la péninsule de la Guajira; selon Pineda Giraldo, « l’homme est
contaminé lorsqu’une goutte de sang tombe sur sa peau quand il ouvre un animal,
ou lorsqu’il se blesse en l’ouvrant, ou lorsqu’il mange la viande mal cuite
de l’animal mort de cette maladie ». Le tokelao (Tinea imbricata), touchait les
Indiens du Chocó, de la côte du Pacifique. Les fièvres pétéchiales et les boubas
causèrent des dégâts parmi les conquistadors lorsqu’ils arrivèrent par la région de
Patía depuis le Pérou. La gale, les piqûres de moustiques, d’abeilles, de guêpes, de
tiques, de puces, d’arachnides étaient fréquents; ainsi que les morsures de grands
lézards (comme les caïmans), de serpents des genres Bothrops, Lechesis mulamuta
(putréfactrice) et Crotalus dirussus terrificus (serpent à sonnette), tout comme les morsures
de chauve-souris, notamment de Desmodus rotundos, qui transmirent arbovirus et
causèrent des anémies 6 . La nigua (Tunga penetrans) et le gusano de monte (nuche,
myiase) étaient complètement inconnus des Européens ; d’après Safari, « on estime que
les insectes des régions tempérées provoquèrent davantage de victimes parmi les Espagnols
durant la conquête que toutes les flèches empoisonnées des Indiens. Ils ne connaissaient
pas de remède pour la nigua, et pour se débarrasser des moustiques ils étaient
souvent obligés de s’enterrer dans le sable ». La filariose par Manzonella ozardi, existe
toujours dans nos forêts du Vaupés 2, 6 . La leishmaniose, dont José del Carmen Rodríguez
Bermúdez déduit la présence à partir d’une sculpture préhispanique trouvée à Cundinamarca,
est également examinée. Les traces des excréments fossiles prouvent la présence
de plusieurs parasites intestinaux comme Strongiloides, ascaris et trichocéphales 6 .
Quant à la syphilis vénérienne, son origine américaine ou européenne fut largement
discutée, mais d’anciens témoignages écrits laissent supposer son existence dans nos
terres à l’époque préhispanique. Des études paléontologiques récentes remontant à
3000 ans av. J.-C. — comme celles du Pr. José Vicente Rodríguez Cuenca (université nationale
de Colombie) et de Gonzalo Correal Urrego, qui en trouva des traces dans le tissu
osseux des dépouilles d’Aguazuque (Cundinamarca) — semblent le confirmer 6, 10 . Dans
son ouvrage Tratado llamado fruto de todos los santos contra el mal serpentino venido
de la isla Española [Traité appelé fruit de tous les saints contre le mal serpentin venu de
l’île Española] (1509), le médecin espagnol Rodrigo Ruiz de Isla affirme qu’elle « fut apportée
d’Haïti dans les nefs de Christophe Colomb, les premiers cas ayant existé à Barcelone
en 1493 ». La même idée est exprimée dans Historia general y natural de las Indias
[Histoire générale et naturelle des Indes] du chroniqueur Gonzalo Fernández de Oviedo
(1535): « Ainsi, le ‘mal français’, ‘mal napolitain’, ‘mal serpentin’, ‘mal lazarin’ ou ‘maladie
des courtisanes’ était en réalité une maladie d’origine américaine »; et il note aussi
dans une communication sur l’expansion de la syphilis dans les nouvelles terres et sur son
arrivée dans la péninsule Ibérique, adressée au roi d’Espagne: « Aux Indes... il existe le
palo santo, que les indigènes appellent guayacán... La vertu principale de ce bois est de
guérir le mal des boubas... il recueillent de fins éclats à partir de son bois … qu’ils font
cuire dans une certaine quantité d’eau… et lorsque l’eau a disparu avec la cuisson… les
malades la boivent certains jours, le matin, à jeun… et plusieurs malades guérissent sans
aucun doute de ce mal. Votre Majesté peut bien croire que cette maladie est venue en
Espagne en provenance des Indes. » Il est possible que le Treponema ait subi des mutations
lors de son arrivée massive en Europe, sa pathogénicité grandissant dans un milieu
et une population vierges jusqu’en 1493 2 .
La présence de la tuberculose en Amérique préhispanique est aujourd’hui largement
documentée par les techniques d’ADN ; des dépouilles de la culture muisca présentent
des lésions osseuses en un nombre relativement important de cas, ce qui laisse supposer
que la maladie affecta beaucoup les communautés 6 .
La maladie de Chagas, produite par le Tripanosoma cruzi et transmise par des triatomides,
ne se trouve qu’en Amérique.
Outre ces maladies, la santé de la population native fut affectée par les blessures des
flèches empoisonnées soit par des herbes (Ogendeia terstroeniflora, Moracea et Strychnos
toxicaria), soit par des venins d’animaux tels que les crapauds (Dendrobates), les
araignées (mygale) et les serpents. D’autres maladies non infectieuses furent l’hypothyroïdisme
congénital, le goitre, le bec de lièvre, l’albinisme, le nanisme et la pilimiction
(kyste dermoïde de la vessie) observée à Popayán.
Plantes médicinales et méthodes thérapeutiques
Histoire de la dermatologie en Colombie
Les indigènes classifièrent les plantes de diverses façons, résumées comme suit :
plantes de la connaissance (psychotropiques), amères (énergétiques), purgatives, stimulantes,
préventives et médicinales au sens strict 11 . L’herboristerie indigène contribua
beaucoup au développement de la thérapeutique ; parmi les plantes considérées sacrées
et médicinales notons : l’achiote (Bixa orellana), utilisé pour prévenir les brûlures du soleil
; la chica (Bignonia chica), pour faire fuir les insectes et prévenir les morsures de serpents
et de chauves-souris ; l’otoba (Miristicacea), pour la gale et le soin des cheveux,
utilisation inaltérée ; chez les Cubeo et les Macuna, le piment (Capsicum) fut employé
pour traiter l’acné « pour maintenir le visage libre de points noirs et de taches ; le jus du
piment, absorbé par le nez au moyen d’un tuyau de feuilles, exsude la graisse naturelle
» ; pour guérir le nuche, ils mettaient un cataplasme en diachylon grâce à quoi la
larve mourait et qu’ils pressaient ensuite ; la coca (Erythroxylon coca), qu’ils mâchaient
(mambeo) pour obtenir un « organisme plus résistant » ; le palo santo et le guayacán, utilisés
pour les boubas ; le coralito, dont le fruit « mouillé et frotté détruit les lèpres ou les
taches qui surgissent sur le corps, que certains appellent dartres, d’autres carates et
d’autres par des noms semblables, immondes et répugnantes, et qui laisse la chair et la
peau propres, sans aucun signe de maladie 12 »… ; le tabac, utilisé comme cicatrisant, hémostatique
et cautérisant pour les morsures ou les blessures causées par les flèches empoisonnées,
fut peut-être l’herbe qui jouit le plus d’influence pendant la Colonisation 3,13 ;
119
Figure 2.
Temple solaire. Saint-
Augustin,
300 après J.-C.
CÉSAR IVÁN VARELA HERNÁNDEZ
120
la caraña (résine de palmier), pour les plaies purulentes ou les blessures récentes ; les
herbes des boubas, dont on fabriquait une poudre pour l’épithélialisation des blessures ;
l’acedera pour le tabardillo et la quinquina pour les hématomes 9 .
Outre les plantes, les indigènes employèrent des substances et des éléments animaux
dans leurs traitements, par exemple un mélange de pâte de sébum, de vert-de-gris et de
farine de maïs grillée ou des poudres d’écorce de crabe et de corail rouge pour soigner les
plaies; les os de lamantin furent utilisés comme hémostatiques et le miel d’abeille comme
antiseptique local. Les dents, crocs et griffes d’animaux étaient des amulettes qui prévenaient
les maladies. Pour les piqûres de vers et de certains scorpions, Aguado dit qu’ils
« extraient les tripes et ils enduisent la piqûre avec des herbes ramassées ». S’ils ne trouvaient
pas l’animal qui les avait piqués et que l’endroit affecté était « le doigt ou une partie
semblable, ils l’enfoncent dans le sexe de la femme pour stopper la fureur du poison 9 ».
Quelques-uns des remèdes actuellement employés étaient déjà utilisés par nos indigènes,
qui avaient atteint un certain degré de développement en médecine et en thérapeutique.
Des traces, même fragmentaires, de l’apport important de la pharmacopée des
nouvelles terres sont contenues dans de précieuses descriptions de l’époque de la
Conquête et la Colonisation. Notons les ouvrages de Nicolás Monardes, qui publia en 1574
son traité Primera, segunda y tercera parte de la historia medicinal de las cosas que se
traen de nuestras Indias y que sirven de medicina [Première, deuxième et troisième parties
de l’histoire médicinale des choses apportées depuis nos Indes et qui servent de médecine],
ainsi que le Tratado de las drogas y medicina de las Indias [Traité sur les drogues
et la médecine des Indes], de Cristóbal de Acosta. Les autres types de traitement incluaient
l’hydrothérapie, la thermothérapie et la balnéothérapie dans des puits d’eau thermale,
ainsi que les régimes, les purges et les bains d’encens. Quant à la chirurgie, les indigènes
effectuaient le drainage des abcès et l’extraction de niguas avec des épines ou des fibules,
tout comme des trépanations crâniennes et des craniotomies obturées avec de l’argile.
Fondements de la médecine indigène
La médecine indigène avait deux fondements. Le premier, du genre préventif, aussi
bien individuel que collectif, qui se manifestait de diverses façons: les malades graves
étaient abandonnés dans le but de protéger la survie du groupe; les colonies se déplaçaient
en fonction du cumul de grandes quantités d’ordures et de déchets, comme une prévention
envers les facteurs déclencheurs de
maladies; les femmes ayant leur menstruation
étaient isolées ; les maisons
étaient construites dans les arbres, et ils
dormaient dans des hamacs et sous de
petites tentes. Le deuxième, du genre
symptomatique, faisait appel à l’ingestion,
l’inhalation, la mastication ou l’onction de
plantes diverses (au cours de régimes ou
de saignées), destinées à soulager les
affections orales, épidermiques ou traumatiques.
Cas extrême: la coutume de l’infanticide,
pratiquée chez les nouveau-nés qui
présentaient des défauts physiques et dans
le cas de certaines génodermatoses telles
que l’albinisme 14 .
Pendant la Découverte et la Conquête,
nos indigènes subirent une grave détérioration
organique, la diminution ou la
perte de leurs valeurs spirituelles ancestrales, un sentiment d’infériorité et la disparition
presque totale de leur conception du monde ; ceci fut la conséquence de l’imposition des
changements culturels — drastiques, rapides et forcés —, qui les amena à disparaître
presque complètement 15 . Ces lignes, brèves mais sincères, constituent un hommage et un
tribut pérenne d’admiration et de respect envers nos indigènes ; hier comme aujourd’hui,
ils nous offrirent des leçons de bonhomie, de vie commune harmonieuse et amoureuse
avec les êtres animés ou inanimés que mère nature nous fournit (figure 2).
César Iván Varela Hernández-Jaime Gil Jaramillo
Alonso de Ojeda, Amerigo Vespucci et Juan de la Cosa débarquèrent sur les terres
colombiennes à Coquibacoa — de nos jours Cabo de la Vela, péninsule de la Guajira — en
1499, ouvrant ainsi la période de conquête de notre territoire qui s’étendit jusqu’à 1550 1 .
Santa Fe de Bogotá (aujourd’hui Bogotá) fut fondée au cours de cette période, le 6 août
1538, par Don Gonzalo Jiménez de Quesada. L’arrivée des colonisateurs espagnols
entraîna un changement radical chez les populations indigènes, par rapport à leur façon
de vivre, à leur alimentation, à leurs coutumes et à leurs croyances, également menacées
par l’imposition d’une nouvelle religion. La vulnérabilité organique de nos aborigènes était
déterminée par la malnutrition — leur alimentation était basée sur les hydrates de carbone
et la consommation de protéines était rare —, par les maladies propres à l’Amérique
et par l’absence d’immunité contre les maladies importées d’Europe. Ces facteurs, ajoutés
à la domination des colonisateurs, provoquèrent un immense désastre démographique
parmi les communautés aborigènes. On estime qu’au XVII e siècle, 90 % de la population
native avait disparu. Toutefois la rencontre des deux mondes fut bénéfique en raison du
métissage entre les apports de nos indigènes à l’humanité, de par leurs vastes connaissances
en herboristerie, et l’apport scientifique provenant de l’autre côté de l’océan.
Les premiers protomedicos et médecins
Álvarez Chanca fut le premier médecin européen arrivé en Amérique au cours du
deuxième voyage de Colomb; en 1514, il arriva sur les terres du Darién. Les conquistadors
amenèrent aussi des charlatans, des empiristes et quelques protomedicos militaires comme
le capitaine Antonio Díaz Cardozo en 1538 et le soldat Martín Sánchez Ropero 9, 16 . Comptons
parmi ces personnages Pedro Fernández de Valenzuela, personnage populaire et
controversé qui écrivit le Tratado de medicina y modelo de curar en estas partes de Indias
[Traité de médecine et modèle pour guérir dans ces parties des Indes] ; Mendo López
del Campo, Lope Sanjuán de los Ríos et Esteban González (chirurgien) ; on mentionne la
présence de Luis de Soria et de quatre barbiers (chirurgiens) à Santa Marta en 1528 ;
Martín Rodríguez exerçait la médecine à Carthagène en 1547.
La médecine ne fut pas enseignée en Colombie pendant la Conquête.
Les premiers hôpitaux
Histoire de la dermatologie en Colombie
■ La dermatologie La dermatologie depuis la découverte la découverte de l’Amérique de jusqu’à l’Amérique la Colonie. jusqu’à L’influence l’époque
de la
Conquête coloniale. et les nouvelles L’influence maladies de la Conquête et les nouvelles maladies
La Découverte et la colonisation eurent lieu du côté de l’Atlantique ; par conséquent,
les colonies de cette région furent les premières à être peuplées et ce fut donc à cet
endroit que débuta le soin hospitalier. D’après Andrés Soriano Lleras, le roi Ferdinand le
Catholique ordonna en 1513 la création d’un hôpital au Darién — l’hôpital de Santa
María la Antigua del Darién —, transféré en 1524 sur le territoire du Panamá actuel. La
121
CÉSAR IVÁN VARELA HERNÁNDEZ
construction de l’hôpital San Sebastián, appelé aussi Santa Clara (ou de La Caridad), fut
entreprise à Carthagène en 1535 ; cet hôpital était destiné au soin de tout type de
malades. L’hôpital de San Lázaro (le premier lazaret) commença à être construit au
cours de la même année, suivi de la fondation de l’hôpital del Espíritu Santo pour les
malades incurables et de l’hôpital de Santa Marta (en 1528) 2, 16 .
Les nouvelles maladies importées d’Europe
Les conquistadors espagnols véhiculèrent plusieurs maladies dermatologiques, parmi
lesquelles il faut remarquer la lèpre et les maladies exanthématiques, notamment la
variole et la rougeole. Pour leur part, les esclaves africains arrivaient décimés par le
scorbut, la gangrène, la variole, le typhus et surtout la lèpre; le marché et la traite des
esclaves furent donc autant de facteurs déterminants dans la propagation de plusieurs
maladies.
Selon Soriano Lleras, le moustique Aedes aegyptii fut le vecteur de la fièvre jaune
dans les centres urbains. L’Aedes voyagea sur les bateaux avec les esclaves africains, débarqua
sur les côtes de l’Atlantique et s’enfonça dans les terres, suivant la rivière Magdalena,
provoquant plusieurs épidémies dès 1509 8 . Le tabardillo (typhus
exanthématique) causa de multiples épidémies depuis le XVII e siècle ; cette Rikettsiosis
provoquant une mortalité élevée obligea les Espagnols à interdire aux Indiens de se laver
tous les jours 6 . D’après Pedro de Aguado, la première des multiples épidémies de variole
se produisit en 1558 ; le virus arriva sur le littoral caribéen par l’île Española et se propagea
sur la terre ferme via la rivière Magdalena : « Ainsi, une Noire attaquée de ce mal
contagieux qui venait de la côte maritime,… selon les dires des gens, fut la cause de cette
calamité et de ce malheur 16 … ». Les épidémies ultérieures de variole, tout comme celles
de rougeole, causèrent beaucoup de morts parmi les indigènes, les esclaves noirs et
même les Espagnols. Citons d’autres maladies dermatologiques ou analogues : la brucellose,
la blennorrhagie, les mycobactérioses, le choléra, la diphtérie, la peste noire ou bubonique
et les tréponématoses, la rubéole, la grippe et le dengue, la malaria, les
schistosomiases, l’éléphantiasis arabe, causée par la filaire Wuchereria bancrofti, et la
cécité des fleuves par l’Onchocerca volvulos 6 . La pédiculose et des nouveaux vecteurs
comme le moustique (Aedes aegypti), la puce (Xenophylla cheopis) et des hôtes de zoonoses
tels les équins, les caprins, les bovins, les porcs, le chat domestique et les souris
furent d’autres maux importés 2, 6 .
■ La dermatologie La dermatologie depuis depuis l’époque la Colonie jusqu’à coloniale nos jours jusqu’à nos jours
122
César Iván Varela Hernández
La médecine de la période coloniale fut le produit des connaissances européennes et
de la sagesse et la magie des Indigènes, le métissage entre des substances et des pratiques
thérapeutiques et des doctrines et des ingrédients psychoreligieux. La « médecine
spirituelle » joua un rôle important, caractérisée par la construction de cathédrales et
d’ermitages et par l’arrivée des images de la Vierge (comme celle de Chiquinquirá en
1598), considérées comme des médiatrices du médecin suprême. Tout cela vint s’ajouter
à l’assistance spirituelle offerte aux Indiens et aux esclaves de la part de prêtres miséricordieux
comme saint Pedro Claver, l’apôtre des Noirs, qui mourut de la fièvre jaune en
1650 2, 3 .
Les maladies caractéristiques de l’époque coloniale furent la variole, le tabardillo (typhus
exanthématique), la rougeole, la lèpre, les boubas et le scorbut. Des épidémies multiples
eurent lieu sur tout le territoire, dont les plus graves furent celles de variole,
affectant plusieurs villes. À Tunja, « les citoyens et les Espagnols décédèrent comme des
rats traqués par la flûte de Hamelin » en 1587. Il n’y avait point d’apothicaireries ni de
cimetières civils ; entre 400 et 1 000 habitants seraient morts (sur un total de 3 000). L’hôpital
couvent de San Juan de Dios ne possédait que deux lits pour les riches et deux lits
pour les pauvres ; le médecin empiriste Pedro Juan Ruiz Delgado y travailla à partir de
1586. Deux décennies plus tard, l’épidémie s’étendit à tout le royaume de la Nouvelle-
Grenade; « les Indiens, effrayés par la grande mortalité, fuirent dans les bois et les montagnes,
abandonnant les peuplements ».
La promiscuité des colonisateurs entraîna la présence de la syphilis dans la région ;
c’est ce qui peut être déduit de l’ouvrage de Juan Rodríguez Freyle El Carnero [Le Mouflon]
à propos du ministre Don Luis Tello de Erazo, habitant de Santa Fe et fonctionnaire
du président du Nouveau Royaume, Diego Gómez de Mena. Le ministre serait parti à
Séville pour y mourir du « mal français » après avoir « échangé la toge par les aventures
avec des donzelles dissolues ».
Une épidémie de tabardillo se déclencha à Santa Fe en 1630, s’étant diffusée dans
tout le pays au bout de quatre ans. Outre la variole, aucune autre épidémie ne fut aussi
dévastatrice ni ne se propagea autant ; selon l’historien Groot, « elle tua les quatre cinquièmes
des Indiens de la savane » ; des archevêques moururent également, tout comme
des prêtres, des religieux, des maires, des nobles, des gens du peuple et des esclaves.
Cette épidémie fut connue sous le nom de peste de Santos Gil, car ce notaire prépara la
plupart des testaments des nobles moribonds, qui lui faisaient don de leurs biens après
la mort de tous leurs descendants, tués par la même peste 2 .
Médecins, hôpitaux et chaires de médecine
Histoire de la dermatologie en Colombie
Dom Álvaro de Aunón fut le premier médecin titré arrivé à Santa Fe (1579), tandis
que Dom Juan López fut le premier médecin créole diplômé en Espagne (1584).
L’hôpital de San Pedro, à Santa Fe, ouvrit ses portes en 1569 grâce au don en 1564
de l’évêque frère Juan de los Barrios y Toledo, qui offrit l’une de ses maisons dans le but
de fonder « un hôpital où vivront, seront recueillis et soignés les pauvres venant dans
cette ville, dans laquelle il y aurait des Espagnols aussi bien que des natifs ». En 1635,
l’ordre des Hospitaliers de San Juan de Dios fut chargé de diriger l’hôpital ; on l’appela
hôpital de Jesús, María y José, mais on le connaît désormais sous le nom d’hôpital San
Juan de Dios 16 . Vingt-cinq hôpitaux furent créés durant la colonisation, tels
celui de San Sebastián à Carthagène, celui de Popayán (1577), celui de Honda
(1600) et celui de San Gil (léproserie), en 1789 ; la première apothicairerie de
Santa Fe fut celle de Pedro López de Buiza (1630).
Au cours des XVI e et XVII e siècles, la médecine ne fut pratiquement pas enseignée
; les rares médecins servaient exclusivement la royauté et les autorités
de la colonisation. Les premières chaires de médecine — au collège Mayor de
San Bartolomé en 1641 et au collège Mayor del Rosario, à Santa Fe — furent
closes faute d’élèves, car « le diplôme de médecin était considéré indigne et
seulement propre aux personnes d’une condition sociale inférieure 9 », outre
l’interdiction pour les Espagnols d’étudier hors de leur pays.
L’arrivée des Bourbons à la tête de l’Espagne au début du XVIII e siècle marqua
la renaissance des études de médecine en Espagne et, par conséquent,
dans ses colonies ; c’est ainsi que la chaire de médecine fut consolidée en 1753
avec José Vicente Román Cancino, à l’université de Santo Tomás, où le premier
médecin, Juan Bautista de Vargas Uribe, obtint son diplôme en 1764. José Celestino
Mutis revint d’Espagne en 1760, apportant les idées de l’Illustration, en fonction desquelles
il diffusa le vaccin contre la variole et encouragea la construction de cimetières
dans les environs des villes ; telles furent les premières mesures de santé publique dans
123
Figure 3.
Miguel de la
Isla
Figure 4.
Antonio Vargas
Reyes
CÉSAR IVÁN VARELA HERNÁNDEZ
124
le pays. Il « découvrit » la quinquina, utilisée de manière ancestrale par les indigènes, et
en tant qu’éducateur médical, il fit de Miguel de la Isla son disciple, futur fondateur de
la première école de médecine à Santa Fe (1802) (figure 3).
Juan Gualberto Gutiérrez, médecin et avocat, travailla en 1810 à l’asile où l’on enfermait
les malades de la variole de Santa Fe et soigna les soldats malades le 5 août
1819, deux jours avant la bataille du pont de Boyacá, libératrice de la Colombie ; il fut au
chevet du grand homme Antonio Nariño lors de son agonie, annotant le moment de sa
mort dans un journal conservé à la maison musée de Nariño à Villa de Leyva 12 .
Les difficultés provoquées par les guerres d’indépendance durant les premières décennies
du XIX e siècle firent disparaître presque totalement l’enseignement de la médecine
dans le pays. La malnutrition, le manque de services basiques et de mesures
d’assainissement, déterminèrent une importante morbi-mortalité durant ce siècle 16 . Plusieurs
épidémies se produisirent : de fièvre jaune, de variole, de syphilis, de tuberculose,
de rougeole, de bartonellose, de parasitoses, de fièvre typhoïde et de typhus exanthématique
; on conseillait d’« être en contact avec le peuple et se vacciner lentement avec les
eaux infectées, avec les écorces sales des fruits 17 »… La lèpre et le paludisme furent
parmi les principaux fléaux du siècle.
La médecine moderne arriva en Colombie avec la République de 1810.
L’histoire des facultés de médecine débuta avec celle de l’université nationale
de Colombie, en mars 1826 ; à cette date, le général Francisco de Paula
Santander promulgua la loi organisant l’université centrale de la République,
première manifestation gouvernementale de l’université publique. En 1864, Antonio
Vargas Reyes fonda à Bogotá une faculté de médecine à caractère privé,
tandis que José María Samper présenta au Congrès de la République un projet
sur l’université nationale des États-Unis de Colombie — inspirée de celle de Santander
— qui serait créée trois ans après (1867), sous le gouvernement de Santos
Acosta. S’y ajoutèrent la faculté de médecine de Vargas Reyes et l’hôpital
San Juan de Dios 18 . À l’époque, quelques médecins étudiaient sous la tutelle de
leurs maîtres, tandis que d’autres partaient à l’étranger, surtout à Paris. La loi
de 1850 permettant l’exercice de la médecine sans licence ouvrit la voie à l’empirisme
et au charlatanisme. Un des grands hommes de la médecine de l’époque
fut Antonio Vargas Reyes (figure 4), qui décrivit magistralement la fièvre jaune
et qui est considéré comme le père de la chirurgie en Colombie 16, 19 .
À propos de la médecine de l’époque, la grande figure de Medellin, Manuel
Uribe Ángel, écrivit en 1881 : « Je crois que nous tuons pas mal de malheureux avec cette
médecine précaire et déplorable. Dieu nous pardonne le mal causé par ces essais. »
Désormais, la médecine hospitalière de l’école française commença à se développer.
La chaire de bactériologie fut florissante à la fin du XIX e siècle grâce à Epifanio Combarías
; elle fut à l’origine de la dermatologie, tout comme les chaires de médecine de laboratoire,
de micrographie et de syphiligraphie. L’enseignement de la spécialité débuta
à l’université nationale en 1886 ; Gabriel José Castañeda en fut le premier professeur.
Le développement général des USA au XX e siècle, qui intègre les grandes disciplines
médicales modernes (la physiopathologie, l’étiopathologie et l’anatomie clinique) à la recherche
et à la technologie, diminua l’influence française sur la médecine colombienne 16 .
La médecine de laboratoire fut renforcée, de nouvelles techniques chirurgicales arrivèrent,
tout comme la pharmacologie, et c’est ainsi que la dermatologie acquit le caractère
d’une véritable spécialité à partir de 1910 à l’université nationale de Colombie, à travers
José Ignacio Uribe 18 .
Le ministère du Travail, de l’Hygiène et de la Prévention fut créé en 1930, comptant
un département pour la lutte contre la lèpre, les maladies vénériennes et la tuberculose.
Le ministère de l’Hygiène fut créé en 1946 ; suivraient la fondation des facultés de
médecine à Cali, Popayán et Manizales, la mise en place des spécialisations et des
Histoire de la dermatologie en Colombie
résidanats médicaux ainsi que la création des associations de médecins spécialistes. Pendant
les dernières décennies du XX e siècle, le développement rapide de la génétique, de
la biologie moléculaire, de l’immunologie, de la pharmacologie et de la technologie systématisée
menèrent à l’ouverture et à l’évolution de tous les domaines de la recherche
en dermatologie, avec des progrès extraordinaires.
Précurseurs et pionniers de la dermatologie jusqu’en 1970
La connaissance de l’histoire nous permet d’exercer avec enthousiasme
et dignité l’héritage de nos précurseurs et pionniers.
Au cours du XIX e siècle, nous reçûmes l’héritage de Ricardo de la Parra, auteur de La
Elefantiasis de los griegos y su verdadera naturaleza [L’éléphantiasis des Grecs et sa nature
véritable] (1838) ; Juan de Dios Tavera, conseillant dans son Estudio sobre la lepra
[Étude sur la lèpre], un traitement avec de l’huile de chaulmoogra (leprol); José Joaquín
García, qui décrivit les altérations sensitives et motrices de la lèpre (1842) ; Marcelino
S. Vargas, convaincu que la lèpre, mal dont il souffrait, pouvait être guérie ; Federico
Rivas Mejía, dont les services furent précieux lors de l’épidémie de variole de 1840 ;
Librado Riva, auteur d’un travail sur La Pelagra [La pellagre] ; Abraham Aparicio, et son
ouvrage Baños fríos en el tratamiento de la fiebre tifoidea [Bains froids pour le traitement
de la fièvre typhoïde] ; Evaristo García, qui écrivit Acción de la Otoba en las enfermedades
de la piel [Action de l’Otoba sur les maladies de la peau] et Variedad de lepra
llamada Mal de San Antón [Variété de lèpre appelée mal de San Anton] ; Policarpo Pizarro,
vénéréologue ; Juan de Dios Carrasquilla, chercheur sur la lèpre et le pemphigus ;
Andrés Posada Arango, pour son ouvrage La Rana venenosa del Chocó [La grenouille vénéneuse
du Chocó], et Ignacio Pereira, dont on se souvient à cause de ses publications
sur des maladies parasitaires. Gabriel José Castañeda fut le premier professeur de dermatologie
à l’université nationale de Colombie (1886-1898) à se pencher sur les maladies
tropicales.
Le début du XX e siècle fut encore marqué par une attention spéciale accordée à la
lèpre et la syphilis. L’ère des laboratoires débuta, qui permit la mise en place de recherches
originales et le développement intellectuel de médecins illustres 17 .
Pablo García Medina, le père de l’hygiène en Colombie,
né à Tunja en 1857, médecin diplômé de l’université
nationale en 1880, exerça à Bogotá ; il fut à l’origine des
lois pour que les léproseries deviennent des colonies de
malades ; il fut le premier président honoraire du Bureau
sanitaire panaméricain et le secrétaire perpétuel
de l’Académie nationale de médecine. Pour sa part, Eliseo
Montaña Granados (figure 5), le père de l’histologie
en Colombie, fut professeur de la chaire en 1904 et
transforma la théorie en pratique au moyen de l’introduction
de nouveaux microscopes et de la microphotographie.
Roberto Franco (figure 6) créa la chaire des
maladies tropicales en 1905 et invita Federico Lleras
Acosta à travailler dans son laboratoire. Ce professionnel, né à Bogotá — où il étudia la
médecine vétérinaire et la bactériologie — , se distinguerait pour ses recherches sur le
charbon bactérien et son vaccin, et plus tard sur la lèpre; il décrivit la « réaction de Lleras
» et fonda l’Institut de recherche sur la lèpre.
La dermatologie devint une spécialité à part entière en 1910, avec la présence de José
Ignacio Uribe à l’université nationale. Manuel José Silva (1892-1980), dermatologue diplômé
de l’université de Paris, fut le professeur titulaire de la chaire de ladite université;
125
Figure 5. Eliseo
Montaña
Figure 6. Roberto
Franco
Figure 7.
Guillermo Pardo
Figure 8.
José Posada
CÉSAR IVÁN VARELA HERNÁNDEZ
126
il fut un maître par excellence, et fonda le musée de cire de dermatologie de cette université.
Gonzalo Reyes García étudia à Paris et à Vienne ; il fut un grand professeur de
l’université nationale — où il avait obtenu son diplôme — entre 1930 et 1962, ainsi que
le fondateur de la Société colombienne de dermatologie et de l’Académie nationale de
médecine. Parmi les professionnels remarquables notons Miguel Serrano Camargo, Carlos
Cortés Enciso et Ignacio Chala Hidalgo.
En 1936, Alfonso Gamboa Amador entreprit le cours de syphiligraphie ; furent également
remarquables à l’époque Alfredo Laverde Laverde, Tomás Henao Blanco et
Guillermo Pardo Villalba (figure 7), qui présida le 1 er Congrès national (1960) à Bogotá
en qualité de président de la Société de dermatologie.
Vers 1957, Fabio Londoño González devint la référence
obligée dans l’étude de la lèpre, de l’immunologie
cutanée et des maladies associées au soleil. Ses apports
à la connaissance et au traitement du prurigo actinique
sont considérables. Sa culture générale, son amabilité
et ses qualités humaines et didactiques furent inégalables.
Il eut des disciples brillants, comme Guillermo
Gutiérrez Aldana, dermatologue et oncologue, professeur
émérite de l’université nationale, un homme éminemment
vertueux, doté d’une aptitude incomparable
pour l’enseignement et l’organisation, qui récupéra et
restaura le musée de cire de l’université — son encouragement
pour celui qui écrit ces lignes fut incomparable;
Víctor Manuel Zambrano et Mariano López
López, une autre lumière de notre histoire, le premier dermatologue diplômé à l’institut
Federico Lleras Acosta. Luis Alfredo Rueda Plata étudia à Barcelone et suivit la spécialisation
en dermato-pathologie avec Degos et Civatte à l’hôpital Saint-Louis de Paris; il fut
l’un des pionniers dans le domaine à son retour en Colombie en 1963; ses apports dans
l’étude des papovavirus furent importants 15, 20 .
Gustavo Uribe Escobar fut le premier dermatologue à Medellin (Antioquia) ; il étudia
à Paris, à Barcelone et à Bruxelles. En 1920, il installa la chaire à l’université d’Antioquia,
dont il fut le recteur ; il fut le fondateur de l’Institut prophylactique pour les maladies
vénériennes, ainsi que de la Croix-Rouge colombienne. José Posada Trujillo
(figure 8) fut formé par lui et lui succéda à la chaire en 1936, comptant sur la collaboration
de Carlos Enrique Tobón. La même école forma aussi Juvenal Gaviria (il exerça à
l’époque dans le domaine privé) et Fabio Uribe Jaramillo, décédé lors de la rédaction de
ce chapitre. En me communiquant la regrettable nouvelle, Flavio Gómez écrivit : « Il était
le dermatologue le plus âgé en Colombie, bon comme l’eau, simple comme le pain, doux
et délicat comme les cannes à sucre de la Vallée, humble, galant, sincère, bon ami, studieux,
il ne connut jamais l’orgueil ni l’arrogance. »
Jorge López de Mesa et Iván Rendón Pizano se formèrent à l’école argentine, tandis
qu’Aníbal Zapata Gutiérrez étudia en Espagne. Les diplômés de l’université de Michigan
revinrent ultérieurement : Gonzalo Calle Vélez en 1955, chef du service de dermatologie
de l’université d’Antioquia jusqu’à sa mort, promoteur de la mycologie dans le pays ;
Alonso C