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Histoire de la dermatologie latino-américaine - Bibliothèque ...

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Histoire de la

dermatologie

latino-américaine

Sous la direction de

Ricardo Galimberti

Adrián Martín Pierini

Andrea Bettina Cervini


HISTOIRE DE LA

DERMATOLOGIE

LATINO-AMÉRICAINE


Histoire de la dermatologie latino-américaine, sous la direction de Ricardo Galimberti,

Adrián Martín Pierini et Andrea Bettina Cervini.

Ce livre a été réalisé à l’initiative du comité d’organisation du XXI e Congrès mondial

de dermatologie.

Rédigé par 73 auteurs représentant la communauté dermatologique latino-américaine,

il constitue le cadeau officiel du XXI e Congrès mondial de dermatologie, organisé

à Buenos Aires du 1 er au 5 octobre 2007.

L’Histoire de la dermatologie latino-américaine est publiée grâce à un fonds éducatif

sans restriction des Laboratoires Pierre Fabre Dermo-Cosmétique.

Coordination éditoriale : Andrea Bettina Cervini

Révision des contenus : Andrea Bettina Cervini, Amelia Marta Laterza, Adrián Martín Pierini

Édition technique : Margarita Pierini

Conception des intérieurs : Petits Papiers, Toulouse (France)

Composition typographique, mise en pages et correction : Rafael Centeno

Couverture : Mariana Nemitz

Traduction française : Thierry Boulenger

© 2007, Éditions Privat

10, rue des Arts

BP 38028

31080 Toulouse Cedex 6

ISBN : 978-2-7089-5866-1

Dépôt légal : avril 2007

Couverture : statuettes préhispaniques présentant des lésions cutanées.


Sous la direction de

RICARDO GALIMBERTI, ADRIÁN MARTÍN PIERINI,

ANDREA BETTINA CERVINI

HISTOIRE DE LA

DERMATOLOGIE

LATINO-AMÉRICAINE

LABORATOIRES PIERRE FABRE


AUTEURS DU LIVRE HISTOIRE DE LA DERMATOLOGIE LATINO-AMÉRICAINE AYANT ASSISTÉ À LA SOIRÉE DU 17 NOVEMBRE 2005

À CARTHAGÈNE, COLOMBIE, DANS LE CADRE DU XIV E CONGRÈS IBÉRO-LATINO-AMÉRICAIN DE DERMATOLOGIE (CILAD)

Alfredo Abreu Daniel (Cuba) ; Gilberto Adame Miranda (Mexique) ; Danielle Alencar-Ponte (Colombie) ; Claudio Arias Argudo (Équateur) ;

M. Isabel Arias Gómez (Mexique) ; Eduardo Baños (El Salvador) ; Antonio Barrera Arenales (Colombie) ; Zuño Burstein Alva (Pérou) ;

Andrea Bettina Cervini (Argentine) ; Mauricio Coello Uriguen (Équateur) ; Paulo R. Cunha (Brésil) ; Luis Flores-Cevallos (Pérou) ; Elbio

Flores-Cevallos (Pérou) ; Ricardo Galimberti (Argentine) ; Pedro García Zubillaga (Argentine) ; Jaime Gil Jaramillo (Colombie) ; Flavio

Gómez Vargas (Colombie) ; Rubén Guarda Tatín (Chili) ; Enrique Hernández Pérez (El Salvador) ; Alfredo Lander Marcano (Venezuela) ;

Franklin Madero Izaguirre (Équateur) ; Fernando Magill (Pérou) ; Graciela Manzur (Argentine) ; Aldo Edgar Martínez Campos (Nicaragua) ;

José A. Mássimo (Argentine) ; Jairo Mesa Cock (Colombie) ; Martha Miniño (République dominicaine) ; Isaac Neira Cuadra (Nicaragua) ;

León Neumann Scheffer (Mexique) ; Yolanda Ortiz (Mexique) ; Adrián Martín Pierini (Argentine) ; Jaime Piquero Martín (Venezuela) ;

Leana Quintanilla (El Salvador) ; Roberto Rampoldi (Uruguay) ; Antonio Rondón Lugo (Venezuela) ; Amado Saúl (Mexique) ; Eduardo

Silva-Lizama (Guatemala) ; César Iván Varela Hernández (Colombie) ; Mirta Vázquez (Argentine) ; Alberto Woscoff (Argentine).


LISTE DES AUTEURS

ABREU DANIEL, ALFREDO (Cuba). Professeur consultant. Président de la Société cubaine de

dermatologie. Chef du groupe national de dermatologie du ministère de la Santé

publique de Cuba.

ADAME MIRANDA, GILBERTO (Mexique). Dermatologue, consultation au cabinet médical.

Président de l’Académie mexicaine de dermatologie (2006-2007).

ALENCAR-PONTE, DANIELLE (Colombie). Spécialiste en dermatologie et clinique médicale.

Diplômée en programmation neurolinguistique. Dermatologue. Service médical de

l’université del Valle.

ALMODÓVAR, PABLO I. (Porto Rico). Professeur associé du département de dermatologie de

l’école dedecine, université de Porto Rico.

AMOR GARCÍA, FRANCISCO (Uruguay). Chef du service de dermatologie. Ministère de la Santé

publique. Montevideo.

ARENAS, ROBERTO (Mexique). Président du Collège ibéro-latino-américain de dermatologie

(2003-2007).

ARIAS ARGUDO, CLAUDIO (Équateur). Président de l’Académie équatorienne dedecine.

Ancien professeur des chaires dedecine interne et de dermatologie de l’université

de Cuenca et de l’université catholique.

ARIAS GÓMEZ, M. ISABEL (Mexique). Dermatologue, consultation au cabinet médical.

BAÑOS, JULIO EDUARDO (El Salvador). Président de l’Association dermatologique du Salvador.

BARRERA ARENALES, ANTONIO (Colombie). Président de l’Association colombienne de

dermatologie et de chirurgie dermatologique. Ancien président de l’Association

colombienne de dermatologie pédiatrique. Ancien président de l’Association

colombienne de dermato-pathologie.

BORES, AMALIA M. (Argentine). Médecin dermatologue. Enseignante en sciences de la santé et

formation des enseignants. Orientation dermatologie et histoire de ladecine.

BORES, INÉS A. (Argentine). Médecin dermatologue. Enseignante en sciences de la santé et

formation des enseignants. Orientation dermatologie et histoire de ladecine.

BURSTEIN ALVA, ZUÑO (Pérou). Professeur émérite, Universidad Nacional Mayor de San

Marcos, Lima (dermatologie et médecine tropicale). Membre de l’Académie nationale

dedecine, Pérou. Chercheur permanent de l’Institut dedecine tropicale Daniel

A. Carrión, UNMSM, Lima (dermatologie sanitaire).

CÁCERES, HÉCTOR (Pérou). Médecin dermatologue pédiatre. Institut de la santé de l’enfant,

Lima. Professeur de dermatologie. Université péruvienne Cayetano Heredia.

Président de la Société latino-américaine de dermatologie pédiatrique.

CAMPOS MACÍAS, PABLO (Mexique). Département de dermatologie, hôpital Aranda de la Parra,

León, Gto. Faculté dedecine, université de Guanajuato.

CÁRDENAS UZQUIANO, FERNANDO (Bolivie) (✝). Professeur émérite, Universidad Mayor de San

Andrés.

7


LISTE DES AUTEURS

8

CERVINI, ANDREA BETTINA (Argentine). Médecin dermatologue. Médecin assistante du service de

dermatologie de l’hôpital de pédiatrie Pr. Dr. Juan P. Garrahan, Buenos Aires, Argentine.

Enseignante rattachée, orientation dermatologie, université de Buenos Aires.

COELLO URIGUEN, MAURICIO (Équateur). Médecin dermatologue. Société équatorienne de

dermatologie, Noyau de l’Azuay.

CORREA, JULIO (Paraguay). Médecin dermatologue. Membre actif de la Société paraguayenne

de dermatologie.

CUNHA, PAULO R. (Brésil). Professeur autonome de la faculté dedecine de l’université de

Sao Paulo. Professeur titulaire de dermatologie de la faculté dedecine de Jundiaí.

Post-Doctorat à la New York University.

DE LEÓN G., SUZZETTE (Guatemala). Chef de l’unité d’enseignement de l’Institut de

dermatologie et de chirurgie de la peau.

DÍAZ ALMEIDA, JOSÉ G. (Cuba). Professeur émérite. Docteur ès sciences médicales. Chef de la

chaire de dermatologie de la faculté des sciences médicales General Calixto García.

DIEZ DE MEDINA, JUAN CARLOS (Bolivie). Chef de l’enseignement et de la recherche de la

Fondation « Peau », Bolivie.

FAIZAL GEAGEA, MICHEL (Colombie). Coordinateur. Professeur associé, unité de dermatologie,

université nationale de Colombie. Directeur du département dedecine interne

de l’université nationale de Colombie.

FALABELLA, RAFAEL (Colombie). Professeur émérite. Chef du service de dermatologie,

université del Valle, Cali, Colombie.

FLORES-CEVALLOS, ELBIO (Pérou). Professeur de chirurgie de la tête et du cou de la faculté de

decine de San Fernando Universidad Nacional Mayor de San Marcos, Lima.

Fondateur et ancien chef du service d’enseignement et d’assistance de chirurgie de la

tête et du cou de l’hôpital général national Dos de Mayo, Lima.

FLORES-CEVALLOS, LUIS (Pérou). Professeur de dermatologie de la faculté dedecine de San

Fernando Universidad Nacional Mayor de San Marcos, Lima. Fondateur du service

d’enseignement et d’assistance de dermatologie, hôpital Edgardo Rebagliati Martins,

et ancien directeur.

GALIMBERTI, RICARDO (Argentine). Chef du service de dermatologie de l’hôpital Italiano de

Buenos Aires. Professeur régulier adjoint de l’université nationale de Buenos Aires.

Professeur adjoint de l’école dedecine de l’hôpital Italiano de Buenos Aires.

GARCÍA ZUBILLAGA, PEDRO (Argentine). Pédiatre. Dermatologue universitaire. Enseignant

rattaché de dermatologie, faculté dedecine de l’université de Buenos Aires.

Dermatologue pédiatre à l’hôpital pour enfants Ricardo Gutiérrez.

GIL JARAMILLO, JAIME (Colombie). Professeur du service de dermatologie, université libre de

Cali. Dermatologue. Institut des sécurités sociales de Cali.

GÓMEZ VARGAS, FLAVIO (Colombie). Ancien président de l’Association colombienne de

dermatologie et de chirurgie dermatologique. Ancien professeur titulaire, service de

dermatologie, université de Antioquia.

GONZÁLEZ ROJAS, CARLOS HORACIO (Colombie). Ancien président de l’Association colombienne

de dermatologie et de chirurgie dermatologique. Ancien président de l’Association

colombienne de dermatologie pédiatrique. Ancien président du Collège ibéroaméricain

de cryochirurgie.

GREENBERG CORDERO, PETER A. (Guatemala). Directeur médical de l’Institut de dermatologie et

de chirurgie de la peau. Membre de l’académie guatémaltèque de dermatologie.

GUARDA TATÍN, RUBÉN (Chili). Ancien président de la société chilienne de dermatologie et de

vénéréologie (1986-1990). Ancien professeur associé de dermatologie de la faculté de

decine de l’université du Chili.

GUTIÉRREZ ALDANA, GUILLERMO (Colombie). Ancien chef, professeur titulaire et professeur émérite

du service de dermatologie de l’université nationale de Colombie. Ancien président de

l’Association colombienne de dermatologie et de chirurgie dermatologique.


Histoire de la dermatologie latino-américaine

HALPERT, EVELYNE (Colombie). Chef de la section de dermatologie pédiatrique de la Fondation

Santa Fe de Bogotá. Médecin dermatologue de l’université de Antioquia et

dermatologue infantile de l’Institut national de pédiatrie DIF du Mexique.

HERNÁNDEZ PÉREZ, ENRIQUE (El Salvador). Directeur du Centre de dermatologie et de chirurgie

cosmétique de San Salvador. Président de la Mesoamerican Academy of Cosmetic

Surgery et membre du Groupe d’actualités thérapeutiques dermatologiques.

ISA ISA, RAFAEL (République dominicaine). Médecin dermatologue, épidémiologiste et

mycologue. Directeur général du IDCP–DHBD. Vice-président du CILAD.

LANDER MARCANO, ALFREDO (Venezuela). Président de la Société vénézuélienne de

dermatologie et de chirurgie dermatologique.

MADERO IZAGUIRRE, FRANKLIN (Équateur). Médecin dermatologue. Professeur de la

spécialisation en dermatologie à l’université de Guayaquil. Chef du service de

dermatologie pédiatrique de l’hôpital de l’enfant Dr Francisco de Ycaza Bustamante.

Dermatologue pédiatre de l’hôpital pour enfants Dr Roberto Gilbert E.

MADERO IZAGUIRRE, MAURO (Équateur). Professeur principal d’histoire de ladecine,

d’immunologie basique et d’immunologie clinique, université catholique de Santiago

de Guayaquil. Professeur de la spécialisation en dermatologie, université de

Guayaquil. Chef du service d’allergie de l’hôpital Dr Teodoro Maldonado Carbo.

IESS Guayaquil.

MAGILL, FERNANDO (Pérou). Président de la RADLA 2004.

MANZUR, GRACIELA (Argentine). Pédiatre-néonatologue. Dermatologue universitaire.

Dermatologue pédiatre à l’hôpital pour enfants Ricardo Gutiérrez.

MARTÍNEZ CAMPOS, ALDO EDGAR (Nicaragua). Médecin dermatologue. Professeur titulaire de la

chaire de dermatologie, faculté dedecine de l’université américaine.

MÁSSIMO, JOSÉ ANTONIO (Argentine). Docteur en médecine. Pédiatre. Dermatologue

universitaire. Directeur du cursus de dermatologie pédiatrique de la faculté de

decine de l’université de Buenos Aires. Chef du service de dermatologie de

l’hôpital pour enfants Ricardo Gutierrez.

MESA COCK, JAIRO (Colombie). Ancien chef du service et professeur titulaire de dermatologie

de l’université de Caldas. Directeur du site Internet de l’Association colombienne de

dermatologie et de chirurgie dermatologique.

MINIÑO, MARTHA (République dominicaine). Médecin pathologiste, dermatologue et dermatopathologiste.

Éditrice de la Revista Dominicana de Dermatología et au IDCP / DHBD.

MONTENEGRO LÓPEZ, GALO (Équateur). Médecin dermatologue, service de dermatologie,

hôpital Carlos Andrade Marín, Quito.

NEIRA CUADRA, JORGE ISAAC (Nicaragua). Médecin dermatologue. Professeur auxiliaire de la

chaire de dermatologie de la faculté dedecine de l’université américaine.

Professeur auxiliaire de la chaire de spécialisation en dermatologie de la faculté de

decine, université nationale autonome du Nicaragua, Managua.

NEUMANN SCHEFFER, LEÓN (Mexique). Ancien président de la Société mexicaine de chirurgie

dermatologique et oncologique.

ORTIZ, YOLANDA (Mexique). Professeur de dermatologie I.P.N. Chef du service de l’hôpital

Juárez du Mexique.

PIERINI, ADRIÁN MARTÍN (Argentine). Chef du service de dermatologie de l’hôpital de pédiatrie

Pr. Dr Juan P. Garrahan. Professeur adjoint de dermatologie. Faculté dedecine,

université de Buenos Aires.

PIERINI, LUIS DAVID (Argentine). Ancien chef du service de neurologie des hôpitaux Torcuato

de Alvear et Ignacio Pirovano, Buenos Aires, Argentine. Ancien enseignant de

neurologie de l’université de Buenos Aires (UBA). Ancien membre titulaire du tribunal

d’honneur du Collège argentin de neurologues cliniques.

PIQUERO MARTÍN, JAIME (Venezuela). Chef du service de dermatologie de l’hôpital Vargas de

Caracas. Institut de biomédecine.

9


LISTE DES AUTEURS

QUINTANILLA SÁNCHEZ, LEANA (El Salvador). Secrétaire de l’Association dermatologique du

Salvador.

QUIÑONES, CÉSAR (Porto Rico). Professeur associé ad honorem au département de

dermatologie de l’école dedecine de l’université de Porto Rico.

RAMPOLDI BESTARD, ROBERTO (Uruguay). Médecin dermatologue.

REYES FLORES, OSCAR (Venezuela). Membre honoraire de la Société vénézuélienne de

dermatologie et de chirurgie dermatologique.

RONDÓN LUGO, ANTONIO (Venezuela). Chef de la chaire de dermatologie de l’école dedecine

José M. Vargas, UCV.

RUIZ MALDONADO, RAMÓN (Mexique). Professeur titulaire de dermatologie et de dermatologie

pédiatrique, université nationale autonome du Mexique. Chercheur national niveau

III du système national de chercheurs, chercheur en sciences médicales « F » des

Instituts nationaux de la santé.

SAÚL, AMADO (Mexique). Professeur de dermatologie UNAM et IPN. Consultant technique du

service de dermatologie de l’hôpital général de Mexico.

SILVA-LIZAMA, EDUARDO (Guatemala). Chef de l’unité de dermatologie, centre médical militaire,

Guatemala. Coordinateur de la chaire de dermatologie de la faculté dedecine de

l’université Mariano Gálvez. Regional editor For Central American Activities,

International Journal of Dermatology. Membre du conseil éditorial de Medicina

Cutánea Ibero Latinoamericana. Membre de l’Association guatémaltèque de

dermatologie, de la Société centre-américaine de dermatologie, du CILAD, de

l’International Society of Dermatology et de l’American Academy of Dermatology.

TRUJILLO REINA, BENJAMÍN (Venezuela). Vice-président de la Société vénézuélienne de

dermatologie et de chirurgie dermatologique.

URQUIZU DÁVILA, PABLO HUMBERTO (Guatemala). Chef de l’unité de dermatologie, Département

dedecine interne, hôpital Roosevelt. Ancien président de l’Association

guatémaltèque de dermatologie, membre de la société centre-américaine de

dermatologie, du Collège ibéro-latino-américain de dermatologie et de l’American

Academy of Dermatology.

VALDIVIA BLONDET, LUIS (Pérou). Professeur principal de dermatologie, Universidad Nacional

Mayor de San Marcos.

VALLE, LIDIA E. (Argentine). Dermatologue universitaire. Enseignante rattachée de

dermatologie (UBA). Professeur universitaire en médecine (UCS).

VARELA HERNÁNDEZ, CÉSAR IVÁN (Colombie). Professeur ad honorem au service de

dermatologie, département dedecine interne, université del Valle. Président

fondateur de l’Association d’histoire de la dermatologie colombienne. Ancien

président de l’Association colombienne de dermatologie et de chirurgie

dermatologique, région Valle del Cauca.

VARGAS MONTIEL, HERNÁN (Venezuela). Chef du service de dermatologie de l’hôpital de

Maracaibo.

VÁZQUEZ, MIRTA (Argentine). Médecin pédiatre du service de pédiatrie de l’hôpital Pirovano.

VELÁSQUEZ BERRUECOS, JUAN PEDRO (Colombie). Ancien président de l’Association colombienne

de dermatologie et de chirurgie dermatologique. Ancien chef du service de

dermatologie de l’université de Antioquia. Ancien professeur titulaire du service de

dermatologie de l’université de Antioquia.

VIGLIOGLIA, PABLO A. (Argentine). Professeur émérite, université de Buenos Aires.

VIGNALE, RAÚL (Uruguay). Professeur émérite de la chaire de dermatologie de la faculté de

decine. Chef du service de dermatologie, ministère de la Santé publique,

Montevideo.

WOSCOFF, ALBERTO (Argentine). Professeur consultant titulaire, université de Buenos Aires.


SOMMAIRE

PROLOGUE : LE DÉBUT D’UN CHEMIN (RICARDO GALIMBERTI, ADRIÁN MARTÍN PIERINI,

ANDREA BETTINA CERVINI) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .17

HISTOIRE DE LA DERMATOLOGIE DANS LES CULTURES INDIGÈNES ARGENTINES

(LUIS DAVID PIERINI) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .19

Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .19

Les groupes indigènes : botanique médicale, géographie médicale, pathologies . . . .20

Les groupes Brasilio-Guaranis et Chaco Littoral . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .20

Les groupes du Nord-Ouest . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .27

Le groupe andin et des Sierras centrales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .28

Pampas, Querandis et Puelches . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .28

Patagons ou Tehuelches . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .29

Extrême Sud magellanique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .30

Épilogue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .30

Conclusions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .30

Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .31

HISTOIRE DE LA DERMATOLOGIE ARGENTINE (PABLO A. VIGLIOGLIA, ALBERTO

WOSCOFF) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .33

L’époque coloniale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .33

Les origines de la dermatologie argentine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .33

L’époque de Baliña et de Greco . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .34

L’époque de Pierini et de Quiroga . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .35

L’ère actuelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .37

La fédéralisation de la dermatologie argentine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .40

L’activité internationale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .44

Les différentes sous-spécialités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .45

Revues de la spécialité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .48

Livres de la spécialité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .48

Maîtres de la dermatologie argentine (SAD) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .50

Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .50

DERMATOLOGIE : ART ET CULTURE (AMALIA M. BORES, INÉS A. BORES, LIDIA E. VALLE) 51

La dermatologie dans la littérature . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .51

La médecine populaire. Les guérisseurs et la magie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .52

Les moulages en cire. La photographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .56

Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .56

11


ÍNDICE

12

HISTOIRE DE L’ASSOCIATION ARGENTINE DE DERMATOLOGIE PÉDIATRIQUE

(JOSÉ ANTONIO MÁSSIMO, PEDRO GARCÍA ZUBILLAGA, GRACIELA MANZUR, MIRTA VÁZQUEZ) . . . .59

COMPTE RENDU HISTORIQUE DE LA SOCIÉTÉ BOLIVIENNE DE DERMATOLOGIE

(FERNANDO CÁRDENAS UZQUIANO, JUAN CARLOS DIEZ DE MEDINA) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .67

Avant sa fondation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .67

Depuis sa fondation jusqu’à fin 1985 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .68

Depuis 1986 jusqu’à nos jours . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .70

LA DERMATOLOGIE ET LES DERMATOLOGUES AU BRÉSIL (PAULO R. CUNHA) . . . . .73

Le Brésil et la dermatologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .73

Première étape : les bénédictions des payés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .73

L’étape préscientifique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .73

L´étape scientifique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .77

Personnalités historiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .81

La dermatologie dans les États . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .88

La Société brésilienne de dermatologie (SBD) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .89

L’histoire de la RADLA . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .112

Quelques maladies et leur traitement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .112

Les défis de la dermatologie pour le nouveau millénaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .114

Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .115

HISTOIRE DE LA DERMATOLOGIE EN COLOMBIE (CÉSAR IVÁN VARELA HERNÁNDEZ)

(COLLABORATEURS : DANIELLE ALENCAR-PONTE, ANTONIO BARRERA ARENALES, MICHEL FAIZAL

GEAGEA, JAIME GIL JARAMILLO, FLAVIO GÓMEZ VARGAS, CARLOS HORACIO GONZÁLEZ ROJAS,

GUILLERMO GUTIÉRREZ ALDANA, JAIRO MESA COCK, JUAN PEDRO VELÁSQUEZ BERRUECOS) . . . .117

La dermatologie précolombienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .117

La dermatologie depuis la découverte de l’Amérique jusqu’à l’époque coloniale.

L’influence de la Conquête et les nouvelles maladies . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .121

La dermatologie depuis l’époque coloniale jusqu’à nos jours . . . . . . . . . . . . . . . . . . .122

Histoire de la recherche, l’infectiologie et les sous-spécialités . . . . . . . . . . . . . . . . . .130

Institutions dermatologiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .137

Publications scientifiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .142

Activités scientifiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .143

L’enseignement de la spécialité : les écoles-services de dermatologie . . . . . . . . . . . .144

Dermatologie, art et culture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .149

Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .154

COMPTE RENDU HISTORIQUE DE LA DERMATOLOGIE À CUBA (JOSÉ G. DÍAZ

ALMEIDA, ALFREDO ABREU DANIEL) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .157

Période coloniale (1509-1902) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .157

Période de la république libérale bourgeoise (1902-1958) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .158

Période de la révolution socialiste (de 1959 à nos jours) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .162

Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .167

ESQUISSE HISTORIQUE DE LA DERMATOLOGIE CHILIENNE (RUBÉN GUARDA TATÍN) . . .169

La dermatologie comme spécialité au Chili . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .169

L’enseignement de la dermatologie au Chili . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .174

Compte rendu de quelques disciplines dermatologiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .181

Histoire de la Société chilienne de dermatologie et vénéréologie . . . . . . . . . . . . . . . .185

Publications dermatologiques au Chili . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .190

Réunions scientifiques nationales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .190


Histoire de la dermatologie latino-américaine

La dermatologie chilienne sur le plan international . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .191

Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .193

HISTOIRE DE LA DERMATOLOGIE ÉQUATORIENNE (MAURO MADERO IZAGUIRRE,

FRANKLIN MADERO IZAGUIRRE, GALO MONTENEGRO LÓPEZ, MAURICIO COELLO URIGUEN, CLAUDIO

ARIAS ARGUDO) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .195

I. La dermatologie dans la région côtière ou littoral . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Aspects historiques : Époque préhispanique. La Conquête. Époque coloniale.

L’indépendance (1820-1830). Époque républicaine (1830-1900). Première partie

du XXe siècle (1900-1950). La dermatologie comme spécialité (1950-2005).

Fondation de la Société équatorienne de dermatologie. La dermatologie équatorienne

actuelle. Grands dermatologues équatoriens. Références bibliographiques

II. La dermatologie à Quito . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .207

III. La dermatologie de l’Azuay . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .210

La dermatologie à l’époque préhispanique. La dermatologie à l’époque hispanique

et prérépublicaine. La dermatologie à l’époque républicaine. Fondation

officielle de l’université de Cuenca. Compte rendu historique de la Société équatorienne

de dermatologie-Noyau de l’Azuay. Références bibliographiques

LA DERMATOLOGIE AU SALVADOR (JULIO EDUARDO BAÑOS, ENRIQUE HERNÁNDEZ PÉREZ,

LEANA QUINTANILLA SÁNCHEZ) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .225

HISTOIRE DE LA DERMATOLOGIE AU GUATEMALA (EDUARDO SILVA-LIZAMA, PABLO

HUMBERTO URQUIZU DÁVILA, PETER GREENBERG CORDERO, SUZETTE DE LEÓN G.) . . . . . . . . .231

La dermatologie précolombienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .231

La dermatologie pendant la Conquête . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .239

La dermatologie depuis l’époque coloniale jusqu’à nos jours . . . . . . . . . . . . . . . . . . .240

Sociétés dermatologiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .247

Enseignement de la dermatologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .249

Institut de dermatologie et chirurgie de la peau (INDERMA) . . . . . . . . . . . . . . . . . . .251

La dermatologie dans la littérature. La dermatologie populaire, les guérisseurs,

la magie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .253

Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .263

HISTOIRE DE LA DERMATOLOGIE AU MEXIQUE (GILBERTO ADAME MIRANDA,

MARIA ISABEL ARIAS GÓMEZ, ROBERTO ARENAS, PABLO CAMPOS MACÍAS, LEÓN NEUMANN

SCHEFFER, YOLANDA ORTIZ, RAMÓN RUIZ MALDONADO, AMADO SAÚL) . . . . . . . . . . . . . . . . . .265

Époque préhispanique ou précolombienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .265

Époque coloniale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .268

Époque de l’indépendance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .271

Époque contemporaine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .272

Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .274

Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .275

HISTOIRE DE LA DERMATOLOGIE PÉDIATRIQUE AU MEXIQUE (RAMÓN RUIZ

MALDONADO) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .277

HISTOIRE DE LA DERMATOLOGIE NICARAGUAYENNE (ALDO EDGAR MARTÍNEZ

CAMPOS, JORGE ISAAC NEIRA CUADRA) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .281

Développement de la spécialité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .281

Personnalités remarquables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .283

13


ÍNDICE

14

L’Association nicaraguayenne de dermatologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .287

Le centre national de dermatologie Dr Francisco José Gómez Urcuyo . . . . . . . . . . . .287

L’enseignement dermatologique au Nicaragua . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .288

Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .290

NOTES SUR L’HISTOIRE DE LA DERMATOLOGIE AU PARAGUAY (JULIO CORREA) . .291

À titre de prologue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .291

La population d’Amérique. L’homme américain . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .292

Territoire du Paraguay. Découverte. Colonie. Indépendance. Guerre de la Triple

Alliance (1865-1870) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .294

Les Guaranis : ladecine empirique et son application aux maladies générales

et cutanées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .297

Aspects historiques de ladecine au Paraguay. Relation avec la dermatologie . . .303

Compte rendu de la Société paraguayenne de dermatologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . .305

Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .308

HISTOIRE DE LA DERMATOLOGIE AU PÉROU (ELBIO FLORES-CEVALLOS,

LUIS FLORES-CEVALLOS, ZUÑO BURSTEIN) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .309

Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .309

I . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .310

La dermatologie à l’époque précolombienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .310

La dermatologie à l’époque de la Conquête et de la vice-royauté . . . . . . . . . . . . .315

La dermatologie pendant les cent premières années de la République . . . . . . . . .318

II . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .319

Histoire des institutions dermatologiques au Pérou . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .319

Histoire des publications scientifiques dermatologiques au Pérou . . . . . . . . . . . .322

Quelques précurseurs de la dermatologie au Pérou . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .323

L’école dermatologique du Pr. Aizic Cotlear à l’hôpital Dos de Mayo . . . . . . . . . .337

Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .339

III . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .339

Histoire de la formalisation légale de la spécialité au Pérou . . . . . . . . . . . . . . . .339

Premier programme universitaire de spécialisation dermatologique au Pérou . . .341

Aspects historiques des instituts dedecine tropicale et de la recherche

scientifique dermatologique au Pérou . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .345

Histoire succincte de quelques maladies au Pérou : leishmaniose tégumentaire ;

maladie de Carrión (verrue péruvienne) ; lèpre et son contrôle . . . . . . . . . . . . . .348

Législation péruvienne pour le contrôle des MST. Histoire des dispositions

légales en vigueur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .360

Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .364

NOTES SUR L’HISTOIRE DE LA DERMATOLOGIE PÉRUVIENNE

(LUIS VALDIVIA BLONDET) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .367

Époque précolombienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .367

La Conquête, la vice-royauté et les premières années de la République . . . . . . . . . .368

L’enseignement dermatologique sous la République depuis 1856 jusqu’à nos jours . . .369

Les sociétés scientifiques de la spécialité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .374

Épilogue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .378

Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .379

HISTOIRE DE LA DERMATOLOGIE À PORTO RICO (CÉSAR QUIÑONES, PABLO I.

ALMODÓVAR) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .381

La médecine précolombienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .381


Histoire de la Dermatologie Latino-Américaine

De l’arrivée de Colomb au changement de souveraineté . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .382

La dermatologie académique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .383

La recherche scientifique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .385

La lèpre à Porto Rico . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .385

Associations de dermatologues . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .386

Communication . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .386

HISTOIRE DE LA DERMATOLOGIE EN RÉPUBLIQUE DOMINICAINE (MARTHA MINIÑO,

RAFAEL ISA ISA) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .387

La dermatologie précolombienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .387

La dermatologie de l’époque coloniale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .388

La dermatologie au temps de la République . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .389

La dermatologie au XX e siècle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .390

Développement des sous-spécialités de la dermatologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .393

Publications . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .394

L’enseignement de la dermatologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .394

Vers la fin du XX e siècle et le début du XXI e siècle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .396

Dermatologie et art . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .396

Dermatologie et magie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .396

Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .397

LES INDIGÈNES DE L’URUGUAY ET LEUR RAPPORT À LA DERMATOLOGIE

(ROBERTO RAMPOLDI BESTARD) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .399

Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .399

Les voyages dans le Paranaguazú (Rio de la Plata) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .402

L’Uruguay indigène . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .403

Pratiques curatives générales et dermatologiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .405

Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .410

HISTOIRE DE LA DERMATOLOGIE EN URUGUAY (RAÚL VIGNALE)

(COLLABORATEUR : FRANCISCO AMOR GARCÍA) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .413

Prologue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .413

Le premier soin hospitalier à Montevideo . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .414

Portrait des figures les plus importantes de la dermatologie en Uruguay,

XIX e et XX e siècles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .415

Hôpitaux possédant des services de dermatologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .419

Hôpitaux dépendant du ministère de la Santé publique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .419

Hôpitaux indépendants du ministère de la Santé publique et de la faculté

dedecine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .421

Histoire des publications dermatologiques des XIX e et XX e siècles . . . . . . . . . . . . . . . .422

Congrès, symposiums et journées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .424

La Société de dermatologie de l’Uruguay . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .425

Histoire et évolution de la lutte contre les maladies sexuellement transmissibles

en Uruguay . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .426

Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .428

HISTOIRE DE LA DERMATOLOGIE AU VENEZUELA (ALFREDO LANDER MARCANO, JAIME

PIQUERO-MARTÍN, ANTONIO RONDÓN LUGO, OSCAR REYES FLORES, BENJAMÍN TRUJILLO

REINA,HERNÁN VARGAS MONTIEL) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .429

Conception : de l’époque des indigènes jusqu’à 1904 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .429

Naissance : de 1905 à 1946 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .432

Développement : de 1946 jusqu’à nos jours . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .435

15


ÍNDICE

Sous-spécialités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .436

Histoire de la Société vénézuélienne de dermatologie et de chirurgie

dermatologique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .437

Histoire de la dermatologie dans les provinces . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .440

Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .442

LE COLLÈGE IBÉRO-LATINO-AMÉRICAIN DE DERMATOLOGIE (CILAD)

(ROBERTO ARENAS) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .443

RÉUNION ANNUELLE DES DERMATOLOGUES LATINO-AMÉRICAINS (RADLA)

(FERNANDO MAGILL) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .447

DÉVELOPPEMENT DE LA DERMATOLOGIE PÉDIATRIQUE EN AMÉRIQUE LATINE

(EVELYNE HALPERT, RAMÓN RUIZ MALDONADO, HÉCTOR CÁCERES) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .451

L’AVENIR DE LA DERMATOLOGIE EN AMÉRIQUE LATINE (RAFAEL FALABELLA) . . . .453

ÉPILOGUE (LES ÉDITEURS) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .459

INDEX DES NOMS PROPRES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .461


PROLOGUE

LE DÉBUT D’UN CHEMIN

RICARDO GALIMBERTI, ADRIÁN MARTÍN PIERINI,

ANDREA BETTINA CERVINI

Nous sommes rentrés de Paris en juillet 2002 et, dans nos valises, dans nos esprits

et dans nos cœurs, nous portions non seulement le souvenir de tout ce que nous avions

appris durant le congrès mais aussi la joie immense et la responsabilité d’être chargés

d’organiser le XXI e Congrès mondial de dermatologie à Buenos Aires.

Pour la première fois un pays d’Amérique du Sud accueillerait l’événement le plus

important de la dermatologie mondiale. Le rêve de nos maîtres devenait réalité.

Cette réussite disposait du soutien des Sociétés dermatologiques latino-américaines,

appui toujours présent et qui s’accroît chaque jour.

Nous avons été saisis par la magnifique Histoire de la dermatologie française et nous

avons aperçu là le début d’un chemin.

Dès le début, Pierre Fabre Dermo-Cosmétique a soutenu la réalisation de ce livre que

nous présentons aujourd’hui : Histoire de la dermatologie latino-américaine.

Cet ouvrage n’aurait pu voir le jour sans l’aval des Sociétés dermatologiques latinoaméricaines,

et c’est notre devoir de remarquer, par sa valeur sans égale, l’enthousiasme

et la rapidité avec lesquelles les coauteurs ont répondu à notre appel. Sans aucun doute

ils ont facilité notre travail mais ils ont aussi accru notre responsabilité devant une telle

participation.

Si nous parlons de « début d’un chemin », c’est parce que nous croyons que cette

Histoire de la dermatologie latino-américaine est, tant elle fait preuve d’un esprit de collaboration

sans mesquinerie ni préjugés, l’acte inaugural de notre plus précieux objectif

en tant que dermatologues de ce continent : l’union de la dermatologie latino-américaine,

tout en respectant nos différences qui, au lieu de nous éloigner, nous surprennent

et nous unissent, afin d’apprendre les uns des autres.

Pour parvenir à cette union, nous comptons sur :

1. notre passion pour la dermatologie, pour l’étude et le soin de l’organe d’expression par

excellence, non seulement des faits de notre organisme mais surtout de notre qualité de vie;

2. nos origines communes, puisque nous partageons tous des racines latines, ce qui

aide à la compréhension de nos problèmes, à nos recherches, à nos objectifs.

L’Amérique latine possède une histoire très riche depuis l’époque précolombienne,

dans les cultures indigènes dont les traces persistent encore dans les coutumes de nos

peuples. La colonisation a apporté la modernité, pas toujours appropriée au bien-être de

l’homme, mais en définitive enrichissante pour la santé de nos populations.

17


RICARDO GALIMBERTI, ADRIÁN MARTÍN PIERINI, ANDREA BETTINA CERVINI

Presque toutes les Sociétés latino-américaines de dermatologie s’expriment dans

cette Histoire, à travers le souvenir de leurs racines, leurs chercheurs et leurs maîtres,

moyennant un effort que les générations à venir apprécieront.

Nous vivons ce livre comme le début du chemin de l’unité latino-américaine.

Ne perdons pas le nord.

Unissons nos efforts pour approfondir la connaissance de nos pathologies régionales.

Unissons nos efforts pour effectuer des recherches conjointes.

Unissons nos volontés pour organiser des activités scientifiques partagées stimulant

la participation de tous et rendant plus profitable leur coût de réalisation.

Unissons nos capacités en quête d’objectifs permettant d’améliorer la santé de notre

population et d’optimiser intégralement sa qualité de vie.

Nous voulons remercier tous les collaborateurs directs et indirects, ainsi que les

Laboratoires Pierre Fabre Dermo-Cosmétique, notamment M. Jacques Fabre, M me Colette

Arrighi et M. Philippe Constant, pour leur sensibilité et générosité en soutenant ce projet

de la dermatologie latino-américaine. ■


HISTOIRE DE LA

DERMATOLOGIE DANS

LES CULTURES

INDIGÈNES

ARGENTINES

LUIS DAVID PIERINI

À la mémoire de mon père, Luis E. Pierini, qui fut heureux de

savoir que ma spécialité était en rapport avec l’ectoderme.

■ Introduction

« Les empires de l’avenir se construiront sur la connaissance. » Albert Einstein

« Le livre est le plus surprenant des multiples instruments de l’homme. Les

autres sont des extensions de son corps. Le microscope, le télescope, sont des

extensions de sa vue, le téléphone une extension de sa voix, mais le livre est

une autre chose ; le livre est une extension de la mémoire et de l’imagination.

C’est l’une des possibilités des hommes d’être heureux. » Jorge Luis Borges

La dermatologie argentine débuta avec l’arrivée des conquistadors hispaniques. Ils

transmirent leurs maux, amenèrent des esclaves malades et développèrent à la fois des

maladies cutanées endémiques.

La médecine aborigène, avec ses hauts et ses bas, a su répondre aux besoins de nombreux

groupes de population, qui créèrent des systèmes de soins à partir de la magie, de

la religion et de l’empirisme, guérissant des maladies et des épidémies chroniques.

Les Espagnols exprimèrent leur admiration pour certaines techniques et modalités

des indigènes, profitant souvent des précieuses propriétés thérapeutiques des espèces

végétales qu’ils envoyèrent plus tard en Espagne. Il faut reconnaître le travail de Nicolás

Monardes pour sa classification des plantes à utilisation pharmacologique, employées

avec un grand succès en Europe après l’entreprise de la colonisation.

Nicolás V. Greco et Marcial Ignacio Quiroga sont considérés comme les premiers

historiens de la dermatologie argentine. Tous deux stimulèrent la connaissance de la

19


LUIS DAVID PIERINI

spécialité et de ses caractéristiques didactiques et encouragèrent ses adeptes, tout

comme l’étude de la lèpre dans notre pays.

Dans son analyse critique universelle de 1944, Nicolás V. Greco rapporte les avatars

de la dermatologie, qui débuta lorsque Baldomero Sommer présenta sa thèse de doctorat

en 1884. Sommer fut le premier professeur à se consacrer à l’enseignement des maladies

cutanées en Argentine (1892).

Marcial Ignacio Quiroga, une personnalité éclectique, académicien dedecine et

d’histoire, décrivit avec maturité l’évolution de la lèpre en Argentine.

■ Les groupes indigènes : botanique médicale,

géographie médicale, pathologies

Les groupes indigènes: botanique médicale, géographie médicale, pathologies

Le mot aborigène dérive du latin aborigines, formé de ab : « depuis » et origo: «origines

», et celui-ci de oriri : « naître ». Par conséquent, « depuis les origines » on appelle

aborigènes les natifs du territoire que l’on habite.

Le flot migratoire entraîna d’horribles épidémies au sein de ces groupes primitifs.

La variole fut l’une des premières maladies diffusées de façon épidémique. Les indigènes

l’appelèrent mal ou maladie des Espagnols, car selon leur tradition, peut-être bien fondée,

ils ne connurent la variole qu’à partir de l’arrivée des Espagnols en Amérique. « L’horreur

de ces Indiens est indicible, et sans tort, car entrant dans leurs tentes, ils meurent aussi

nombreux que leurs populations deviennent désertées », écrivait un chroniqueur.

Selon les traditions orales, la variole, la lèpre et la tuberculose étaient des maladies

inconnues avant la conquête.

Suivant Fiz Fernández, mais avec de légères modifications de notre part, les paragraphes

suivants détaillent la classification de nos aborigènes:

I. Brasilio-Guaranis et groupe Chaco littoral, membres de l’ensemble guarani. Il comprend,

outre les propres Guaranis, les Guaycurus (Tobas, Mocobis ou Mocovis, Abipons,

Pilagas), Matacos, Wichis et Charruas, ces derniers liés aux Pampas.

II. Groupes du Nord-Ouest: ils comprennent les Omahuacas, les Apatamas de la Puna

et les Diaguitas calchaqui, avec une grande influence inca.

III. Groupe andin et des Sierras centrales: il comprend les Pehuenches, les Huarpes,

les Comechingones de Córdoba, les Sanavirones du Río Dulce ou du Río Negro, les Tonocotés

de Santiago del Estero, les Lules et Vilelas de Tucumán et les péricordillérans,

ayant tous une enculturation inca.

IV. Pampas: le groupe comprend les Querandis, les Pampas et les Puelches.

V. Patagons ou Tehuelches.

VI. Extrême sud magellanique: Onas, Yaganes et Alacalufes.

Grands naturalistes et excellents empiristes, guidés par des herboristes reconnus,

ces aborigènes appliquèrent aux besoins de leur époque la botanique locale. Nous exposerons

ensuite de manière extrêmement succincte les caractéristiques de ces

groupes.

■ Les groupes Brasilio-Guaranis et Chaco Littoral et Chaco littoral

20

Ils formaient le groupe aborigène le plus nombreux du pays. L’historien Pedro de

Angelis croit que guaraní provient de gua: « peinture », ra: « taché » et ni: signe du

pluriel. C’est-à-dire qu’ils étaient les tachés de peinture, ceux qui se peignent. Il écrit:

« Ils couvrent leur corps avec de la peinture noire, rouge et jaune, pour se protéger de

la rigueur du soleil, en guise de filtres et de protecteurs solaires actuels. »


Au moment de perdre ses colonies, l’Espagne ne connaissait même pas l’existence de

quelques-unes de ces tribus éparpillées dans l’immensité de la forêt vierge en raison de

leur habitat sauvage. De ce fait, l’extermination presque totale d’un bon nombre de ces

tribus n’est pas tellement due à l’action de la conquête mais plutôt aux conséquences désastreuses

des épidémies qu’elles durent subir depuis l’arrivée des Européens.

Rappelons que l’étymologie du mot Chaco indique le grand nombre de nations qui

peuplent cette région.

1. Guaranis

Histoire de la dermatologie dans les cultures indigènes argentines

Ils pratiquaient le tatouage*, non seulement comme ornement mais à des fins curatives

pour des patients souffrant d’affections données, au moyen d’incisions faites sur la

peau de la région dorsale et fessière. Ces tatouages étaient appelés « hygiéniques » lorsqu’ils

servaient à soulager la fatigue après des marches accablantes.

Plusieurs tribus pratiquèrent ce rituel ancestral. Les expressions de l’anthropologue

Rubén Palavecino sont opportunes; il dit à propos des natifs du Chaco: « Le tatouage du

visage est une habitude extrêmement diffusée, commençant chez les pubères et progressant

avec l’âge. L’opération est presque toujours pratiquée par les vieilles de la tribu,

moyennant le tracé d’un dessin qui sert de guide. La ponction de la peau se fait avec des

épines de cactus ou de poisson, ou bien avec des aiguilles d’os, suivie par l’introduction

d’une matière colorante puis d’un frictionnement énergique. »

Cependant, l’ornement masculin par excellence était le tembetá, de formes et substances

diverses, par exemple: du plomb avec des incrustations de turquoise ou de bois

de palo borracho (Chorisia speciosa). Cela représentait le courage, l’agressivité, et c’était

un signe distinctif des jeunes guerriers et des chasseurs.

BOTANIQUE MÉDICALE

Le riche réservoir phytogéographique tropical et subtropical fut employé pour guérir

les affections; son application dépendait des vertus magiques de la flore ou de la conception

théurgique de la maladie.

Copahu (Copaifera officinalis) (bâton à huile): cette plante produit une huile résineuse

employée pour guérir les plaies, les ulcérations et les maladies vénériennes. C’est

l’un des médicaments les plus anciens du Nouveau Continent.

Salsepareille (Zarzaparrilla smilaxsifilítica): en cuisson ou en solution — macération

en vin —, elle jouit d’un prestige thérapeutique pour les affections dermatologiques telles

que la gale et les maladies vénériennes, diffusées par les Espagnols. Elle possédait aussi

une action sudorifique.

Sauge: appliquée sur la superficie cutanée, elle servait à faire fuir les insectes.

Mangle (Conocarpus erecta ou Bucia erecta): sa racine rôtie était employée chez les

personnes qui avaient été piquées par les raies.

Carqueja (Yaguareté Caá) (Baccaris chispa): indiquée même aujourd’hui en infusion

(thé) pour soulager les dyskinésies biliaires, elle était appliquée en ulcérations vénériennes

et chez les lépreux.

Anguay, copal ou benjuí (Styrax leprosus): c’est un arbre d’un bois incorruptible et

imputrescible, utilisé pour construire les églises primitives. On en extrayait un baume

auquel on attribuait des vertus curatives et que l’on appliquait sur des plaies, des ulcérations

et des lésions osseuses.

Les sorciers payés adoptèrent sa résine aromatique pour enfumer, comme avec de

* Le mot tatouage est originaire des îles d’Océanie, des Canacos polynésiens. Tatahu dérive de ta : « dessin » et

désigne d’une manière générale les marques et les signes faits sur le corps.

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LUIS DAVID PIERINI

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l’encens, l’endroit où ils réalisaient leurs rituels; de là le nom iberá payé, mots guaranis

dont le sens littéral est « arbre des sorciers ».

Contrahierba (Dorstenia contra hierba): elle était utilisée dans des bains tièdes et

sous forme d’encens afin de traiter certaines formes de paralysie. On l’employait aussi

contre la rougeole et la variole. Ses feuilles et ses racines pilées étaient appliquées pour

soigner des ulcères torpides et des piqûres de serpents.

Arbre corail, « chop » (Erythinia cristagalli): très abondant sur les côtes du Paraná

et ses affluents, les indigènes se servirent de son écorce et de ses bourgeons pour préparer

des cuissons et des baumes qu’ils appliquaient sur les plaies provoquées par des

griffures ou des morsures de jaguar.

Rocou (Bixia orellana): arbre de 2 à 5 mètres de haut, qui pousse du Mexique jusqu’à

la province de Chaco, toujours à l’est de la cordillère. C’est une espèce aux fleurs

voyantes, dont les graines contiennent deux substances colorantes: l’une est jaune (orellina)

et l’autre rouge (cinabre). Cette dernière était employée pour protéger la peau car

l’onguent tempérait les rayons ultraviolets. La rocourisation consistait à s’enduire tous

les jours le corps de la première substance pour éviter les piqûres protéiformes

d’insectes. Indissoluble, elle résistait aux bains et à la sueur.

Moisés Bertoni note dans ses Mémoires que tout le corps et le visage des indigènes

présentaient une teinte d’un rouge spécial, pâle brillant, qui leur donnait un aspect

bizarre mais point désagréable à la vue et au toucher car toute trace ou cicatrice s’effaçait,

la peau étant satinée. La couleur rouge qu’ils exhibaient fit naître le concept erroné

qu’il existait une race rouge parmi les aborigènes sud-américains.

Les Indiens Yaguas et les guerriers Xikriu, habitants du grand bassin de l’Amazone et

de l’Orénoque, utilisent toujours le rocou, tout comme leurs ancêtres, pour faire fuir les

insectes et teindre leurs vêtements.

Tabac (Nicotiana tabacum): c’est la première espèce botanique mentionnée dans les

références littéraires européennes immédiatement ultérieures à la Découverte, constituées

à partir des cahiers de bord de Christophe Colomb.

À l’aube du Nouveau Monde, on utilisait le tabac pour le fumer et l’aspirer comme du

tabac à priser. Il était habituel d’en sucer le jus et de boire l’eau de ses feuilles macérées.

Il existait un lien net entre le culte et ladecine, car avant certaines cérémonies — comme

l’initiation des adolescents —, on buvait du jus de tabac et on l’aspirait par voie nasale.

On mentionne également son utilisation en aspersion ou en solution colorante pour décorer

la peau.

Avant l’époque précolombienne, on l’employait aussi comme principe actif pour les

douleurs et les piqûres, la gale et l’érysipèle. Les documents disponibles ne nous permettent

pas d’affirmer que le tabac fût cultivé à cette époque sur le territoire argentin actuel.

Le tabac est la seule plante nocive que nous héritâmes de nos aborigènes.

GÉOGRAPHIE MÉDICALE

Juan Carlos Boudin dirait que l’homme ne naît, ne vit, ne souffre ni ne meurt de la

même manière selon les différents endroits du monde. La conception, la naissance, la

vie, la maladie et la mort varient selon le climat et le sol, selon les saisons et les mois,

selon la race et la nationalité.

Les chroniques enregistrent une incidence manifeste des pathologies tropicales et

subtropicales parmi les Guaranis. Entérite, entérocolite, ankylostomiase, dysenterie,

paludisme, necatorose et autres parasitoses font partie de ces infestations par vers, némathelminthes

et plathelminthes. Des arthropodes venimeux tels que les myriapodes,

les scorpions et les araignées provoquaient beaucoup d’accidents à cause de leur poison.

Les insectes transmetteurs et vecteurs de maladies tels que les mouches, les moustiques,

les puces et les poux contribuèrent également à maintenir un taux de morbidité

significatif.


Nous devons aussi rappeler les maladies importées: la tuberculose, la variole et, selon

certaines théories, la syphilis, entre autres, qui provoquaient d’innombrables décès.

2. Guaycurus

Histoire de la dermatologie dans les cultures indigènes argentines

D’après Salvador Canals Frau, la grande famille des Guaycurus avait une origine patagonique

et était composée des Tobas, des Mocovis, des Abipons, des Pilagas, des Payaguas

et des Mbayes. Les deux derniers groupes disparurent il y a longtemps.

Comme trait général, il faut remarquer que les hommes peignaient leur corps au lieu

de mettre des vêtements.

A) TOBAS

La médecine native traditionnelle des Tobas possède une pharmacopée éclectique appliquée

aux plaies, aux fractures, aux entorses, aux ulcérations, aux morsures et aux parasitoses.

Des substances diverses appartenant aux deux autres royaumes de la nature

enrichissent la vaste étagère pharmacologique de ces populations primitives, où le rituel,

les cantiques, le son monotone des tambours, la fumée du tabac, les conjurations et les

invocations d’agents surnaturels, dramatisés par le médecin-sorcier, créent le contexte

thérapeutique adéquat aux structures sociales de la communauté.

B) MOCOBIS OU MOCOVIS

Selon un chroniqueur, « ils soignaient les blessures en les attachant à peine, tout

comme les fractures des os, et ils ont une chair si saine qu’en peu de temps elle se soude

et gonfle peu. Et ils ont même vu un Indien, égratigné par un tigre aux griffes vénéneuses,

guérir sans aucune enflure ».

Tatouages, ornements

Tout comme leurs voisins, les Abipons s’exercèrent à l’art du tatouage. Pour les filles,

on réalisait des gravures sur leur buste. Selon la description du Père Manuel Canelas,

cette opération se faisait en utilisant certaines épines enduites de couleurs diverses,

notamment le noir et le bleu. « La douleur et l’enflure qu’elles subissaient, restant

enfermées un mois environ, souffrant jusqu’à paraître monstrueuses, [étaient] pour

devenir belles, [mais] seulement à leur avis. » Les zones lacrymales, les angles externes

de l’œil et la zone située entre les sourcils représentaient les autres endroits privilégiés.

decine

Bien que les enfants fussent habitués à la nature hostile car ils déambulaient nus, ils

ne purent pas éviter les piqûres d’insectes, spécialement des moustiques, malgré l’effort

de leurs parents pour les atténuer. Ils utilisaient pour cela de la graisse de nandou ou de

poisson qu’ils mélangeaient à des résines et qu’ils frictionnaient ensuite sur toute la superficie

corporelle.

Ils étaient également torturés par la chique, nom vulgaire de la nigua (Sarcopsylla

penetrans) en Argentine et au Paraguay. Cet agent est une puce de l’Amérique tropicale

et subtropicale qui attaque l’homme en pénétrant sous l’épiderme des pieds, notamment

les ongles. Ses petits œufs ont une couleur jaune, ils n’émergent pas vers l’extérieur et

se développent au niveau des plans sous-tégumentaires. Ils forment de petits abcès exigeant

parfois un drainage chirurgical. Cette affection douloureuse, accompagnée de prurit

et d’autres dermatoses, était traitée avec des préparations à base de graisse et de

poudre de cantharide.

Les mycoses cutanées, la syphilis, les réactions dermatologiques probablement d’origine

allergique et la leishmaniose étaient traitées avec de la graisse phosphorée, comme

le musc de yacaré.

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LUIS DAVID PIERINI

24

Les premières descriptions des témoignages historiques correspondant à des périodes

différentes du nomadisme et du sédentarisme des Mocovis coïncident avec leur affirmation

que, grâce à la sélection naturelle propre, les maladies étaient rares, sauf les maladies

épidémiques. Lorsque ces pathologies se diffusaient, tous les indigènes fuyaient. On

ne connaissait pas de pire calamité. En conséquence, la mère ou le père s’éloignaient et

laissaient les enfants affectés dans le plus grand abandon; ils plaçaient une cruche d’eau

juste au chevet du lit, de la viande rôtie et des fruits sauvages.

En 1745, une épidémie dévastatrice attaqua 30 peuplades du Paraguay et ses voisines,

fauchant la vie de 72 000 natifs de toutes âges. En 1760, San Javier, la zone où habitaient

les indiens mocovis convertis au christianisme, dans la province de Santa Fe,

connut une nouvelle recrudescence de l’épidémie, qui tua 800 aborigènes.

Quant aux médicaments — la vaccination antivariolique d’Edward Jenner ne se diffusera

comme prophylaxie qu’à partir de 1796 —, l’eau d’orge et de lin, l’eau sucrée avec

des pépins de pastèque ou de melon comme boisson rafraîchissante, et des calebasses

pilées étaient les ressources pharmacologiques de cette époque.

Herboristerie

Nous mentionnerons quelques spécimens:

Mistol (Ziziphus mistol): connu également des autres ethnies, cet arbre à belle allure est

très répandu dans les bois de Santa Fe et de Santiago del Estero. Il produit un fruit doux,

rouge, avec lequel on fait l’aloja; ses feuilles sont utilisées pour soigner les blessures.

Cebil : plante de la famille des mimosées; ses feuilles et son écorce macérées furent

appliquées comme emplâtre sur les lésions mutilantes de la lèpre.

Guayacán : outre son pouvoir de soulager les maladies rhumatisantes et les algies de

la goutte, sa résine fut employée pour neutraliser les complications de la troisième

période de la syphilis. Nos indigènes buvaient ses feuilles et son écorce en infusion

comme fortifiant général.

Palmier pindo ou palmier grand (Coco Romango flianum): cette espèce très appréciée

pour la construction des toits des habitations était également utilisée pour la fabrication

de plusieurs ustensiles, et ses bourgeons servaient de nourriture.

Cette variété héberge un vers blanc de la taille d’un doigt que les natifs appellent

tombú. Le docteur Esteban Laureano Maradona raconte qu’en mettant ce ver — « ver

à donner la chair de poule » — au feu, il sécrète une huile que les indigènes utilisent

pour soigner les blessures. Ils mangent sa chair cuite comme s’il s’agissait de viande

grillée.

Ortie dioca (Ortie majeure): dans ladecine populaire et aborigène, elle est indiquée

pour quasiment tous les systèmes et les appareils. On en faisait l’éloge pour sa fonction

galactogène et diurétique, et pour son action sur le follicule pileux.

Solimán ou canine de serpent : il fut employé par les aborigènes comme antiophidien.

Les zones fréquentées par les autochtones, où pullulent le serpent de corail (Elaps

corallino), le serpent à sonnette (Crotalus terrificus) et le serpent de la croix ou yarará

(Lachesis alternatus), dont les piqûres peuvent être mortelles, font partie d’un vaste territoire

propice à l’ophidisme.

Capucine: elle fut employée en cuisson pour neutraliser des affections dermatologiques,

le scorbut et diverses formes de tuberculose pulmonaire.

C) ABIPONS

Herboristerie

La variété botanique polychrome permit aux natifs du Grand Chaco de créer une sorte

de pharmacopée où se rassemblaient des connaissances empiriques et de sorcellerie

chamanique. Nous mentionnerons quelques variétés:


Abariguay : on préparait un baume employé pour guérir les blessures. Les indigènes

croyaient que son application buccale arrêtait les hémorragies et les accès de toux.

Ambay (Cecropia adenopus): il fut mentionné comme traitement antivénérien et

comme élément de friction pour obtenir du feu.

Quinoa: plante légumineuse qui servait comme aliment et qui en plus était appliquée

comme cataplasme sur la partie blessée ou traumatisée.

Salsepareille: contre les morsures et les piqûres d’animaux venimeux.

Pathologies

Malgré la constitution privilégié des Abipons, les maladies surgies de l’écologie régionale,

les insectes et les parasites, les guerres internes et externes, ajoutés aux affections

transmises par l’homme blanc, entraînèrent quasiment l’extinction de cette race. Les

épidémies firent également sentir leurs effets; en 1734, la variole tua 30 000 habitants,

adultes et enfants.

Un autre fléau mentionné est le « pique », « bestiole de pied » ou agrani, mot abipon

qui signifie « bâillon ».

Ces groupes reconnurent l’action hématophage du triatome (vinchuca ou Triatoma infestans),

qu’ils appelaient « sangsue ailée », ainsi que les complications produites par les

piqûres de guêpes, d’arachnides et de scorpions.

Symboles de beauté

La perforation des oreilles se faisait avec de petits morceaux d’os, des éclats de bois

ou de petites cornes de cerf; on introduisait ensuite une feuille de palmier enroulée qui

servait à agrandir l’orifice par distension, afin que le lobe puisse tomber jusqu’à l’épaule.

Le tatouage, diffusé entre les cultures américaines, découvrait son expression raffinée

parmi les Abipons, qui scarifiaient la peau du visage, de la poitrine et des bras. Le

ciseau primitif était une épine rigide qui fixait dans le derme des teintures végétales, de

la suie et des cendres. Les filigranes de ce sceau indélébile constituèrent un blason de

différenciation tribale.

Quasiment tous les peuples de Paracuaria * étaient tatoués. Les Abipons reconnurent

cet art sous le nom de likinranala. Consultés sur la signification ou la cause de cette coutume

barbare, les aborigènes répondaient qu’ils l’avaient héritée de leurs ancêtres. Ce

supplice durait cinq jours, pendant lesquels l’adolescente restait enfermée dans sa hutte,

couverte d’une peau, se privant de certains aliments comme la viande et le poisson. Les

séances répétées et rapprochées illuminaient le visage, provoquant œdème et tuméfaction.

Depuis leur plus jeune âge, les filles s’épilaient les sourcils et les cils, et se rasaient

partiellement la chevelure comme élément d’identification tribale.

D) PILAGAS

Histoire de la dermatologie dans les cultures indigènes argentines

Ornement

Pour peigner leurs cheveux, très abondants, ils se servaient de peignes fabriqués avec

des petits bâtons; ils portaient aussi des boucles d’oreilles fabriquées avec ces mêmes

éléments. Nous allons nous attarder sur la perforation des oreilles: ces mutilations

étaient pratiquées chez les deux sexes, en introduisant des boutons de bois ou des

feuilles de palmier enroulées. Le trou se dilatait jusqu’à permettre le passage d’un disque

de 4 à 5 centimètres.

Ils pratiquaient l’épilation et décoraient leur peau avec des peintures diverses. Ils

marchaient habituellement pieds nus.

* Paracuaria : vaste zone d’Amérique du Sud où se sont installées les missions jésuites; sa capitale était Córdoba

del Tucumán.

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LUIS DAVID PIERINI

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Tatouages

Le tatouage se diffusa beaucoup parmi les Pilagas du fleuve Pilcomayo. Cet art magique et

difficile était pratiqué avec des aiguilles de cardon, en frottant sur la peau pointillée diverses substances,

dont la suie. Les tatouages des enfants représentaient des figures géométriques: des

ovales, des cercles et des losanges, divisés par des diamètres, des diagonales et des rectangles.

Les réponses données quant aux motivations de ces tatouages étaient : « c’est la

marque pilaga », « c’est pour qu’ils n’aient pas la peste » ou « pour être immunisé ».

3. Matacos

Botanique médicale

Les naturalistes qui s’enfoncèrent dans l’intimité de l’épaisseur amazonienne ou qui

atteignirent les bords de ses rivières rassemblèrent des observations phytologiques

exceptionnelles. Nous mentionnerons quelques espèces:

Palo santo (ou palo bendito ou guayacán): toutes les tribus du Nord-Est l’employaient

pour des affections diverses. Le frère jésuite Pedro de Montenegro, chirurgien et herboriste

réputé du Paraguay, résuma dans sa Materia médica [Matière médicale], écrite au début du

XVIII e siècle, toutes les applications de cette variété arborescente. Connu en Europe comme

une panacée, il fut utilisé pour traiter la syphilis, les arthropathies et les troubles de la circulation.

La résine de l’écorce servait dans ces préparations et on lui attribuait des propriétés

diurétiques, diaphorétiques et cathartiques. La résine, mélangée à la graisse d’autruche

ou de poisson et appliquée sur la peau, faisait fuir les moustiques. Actuellement le palo santo

entre dans la composition des produits antimoustiques.

Ceibo ou seibo: l’écorce pilée fut utilisée comme cataplasme sur les morsures d’animaux.

Les prescriptions populaires pour le traitement d’ulcères, de rectites, d’hémorroïdes

et de vaginites l’utilisent toujours sous forme de cuisson.

Yetibay ou jalapa: le jus de ses fleurs tout juste pressées fut employé pour les otites

infantiles et les éruptions herpétiques.

Ayuy ou laurier: arbre d’un bois résistant, ses fruits furent employés pour traiter les

troubles digestifs infantiles et la scrofulose; trituré avec du miel, il était appliqué sur des

ulcérations chroniques. Sous forme de liniment il était prescrit pour la phlogose rhumatisante,

les névralgies et le prurit de la gale.

Oruzuz (Phyla scaberrima): en infusion, il était employée pour les rhumes et les aphonies;

on l’utilisait en plus pour traiter les érysipèles comme sinapisme ou en forme de pâte.

Canchalagua (Erythrea chilensis): elle était administrée en infusion, et servait également

pour soulager les douleurs des personnes souffrant de rhumatismes ou de maladies

vénériennes.

Totora (Schoenoplectus californicus): ses fleurs étaient appliquées sur les brûlures

tandis que ses racines cuites étaient employées pour laver les ulcères et les tumeurs.

Tusca (Acacia caven): son fruit était grillé et bouilli et on buvait ensuite la préparation.

Elle était indiquée à jeun et on la conseillait pour les infections gonococciques.

Tabac : le docteur Esteban Maradona, un médecin réputé de Formosa et chercheur

de la flore du Chaco central, raconte dans son livre A través de la selva [À travers la

forêt] qu’en cas de piqûres de serpent, les indigènes suçaient la partie affectée comme

une ventouse, après avoir mâché des feuilles de tabac. D’autres parties de la plante sont

également employées, telles les racines et les graines, avec de la graisse ou sans, avec

des résines ou pas et avec de la poudre de valve.

4. Wichis ou Wichís et Charruas

Le mot wichi signifie « hommes véritables » ou « hommes à vie pleine », c’est-à-dire

qui participent des plantes, des arbres, des poissons et des oiseaux.


Les Espagnols les appelèrent de façon erronée Matacos, terme qui voulait dire en

ancien castillan « animal sans envergure » ou « animal sans importance ». Ils nommèrent

Mataguayos les premiers indigènes qu’ils connurent (1623).

Nous pouvons dire qu’il s’agit d’une des communautés les plus anciennes au monde.

Même aujourd’hui, isolée au nord de la République argentine, elle lutte pour subsister

dans le monde moderne.

La tuberculose, la malnutrition, la maladie de Chagas, les maladies vénériennes, le

choléra et la brucellose décimèrent ces communautés, renforcées par un régime non

équilibré, basé essentiellement sur le maïs, le potiron, la viande de chèvre, le poisson et

les fruits mais qui manquait de légumes.

Groupes du Nord-ouest

Histoire de la dermatologie dans les cultures indigènes argentines

■ Les groupes du Nord-Ouest

Ce groupe connaissait les eaux thermales. Les miroirs d’eau, les températures propices,

le tapis de vegas et mallines et la prolifération d’exemplaires arborescents comme

le faux poivrier créèrent un paysage bucolique où la vie des familles natives s’écoula sans

les angoisses ni les sursauts des autres ethnies.

L’Amérique indigène prit en compte le mythe universel de la source de Jouvence; les

habitants protohistoriques de différentes époques incorporèrent la connaissance et la valorisation

des effets thérapeutiques des eaux que Pachamama (Terre Mère) fournissait

généreusement à ses enfants. Ils fréquentèrent les eaux thermales, avec des fumerolles

bouillantes, des sources chaudes, des effluves soufrés qui formaient des miroirs d’eau

chaude et vivifiante.

Depuis la période pré-inca, la région de Cuyo connaissait le bain d’Uyurmire et celui

de l’Inca, dans le temple de Wiracocha (ou Viracocha).

Une autre source liée à la dévotion indigène, à cause de sa richesse légendaire et la

vertu de ses versants, est celle qui jaillit à l’endroit appelé La Laja. C’est ici que l’amoureux

huarpe Yahue, après avoir tué la douce Tahue et l’homme qui l’avait séduite,

mourut sur les terrains rocailleux de San Juan en rédemption de cette tragédie; après

sa mort, trois sources miraculeuses jaillirent telle une source d’espoir.

D’autres natifs de notre territoire se rendirent aussi à un bon nombre de bains et de

sources. Les Araucans visitaient Copahue et Futalauquen et ils connurent également Cullu-co

(eaux acides) et Laguen-co (eaux chaudes). Les Indiens qui traversaient la province de Buenos

Aires connurent le lagon d’Epecuén. Selon Tomás Falkner, les chefs indiens et leurs familles

venaient à ces eaux tonifiantes depuis des temps immémoriaux. Les traditions vernaculaires

racontent que le cacique puelche Carhué (« cœur pur »), passionné d’Epecuén, guérit d’une

étrange paralysie en se plongeant dans l’étang formé par les larmes d’amour de sa bien-aimée.

Les Diaguitas de Talacasto laissèrent aussi leur peine indienne à travers les terres

calcinées de leurs aïeux, dans une source d’eau potable surgie des pleurs incessants d’un

beau jeune homme qui vit périr sa bien-aimée à cause de la haine atavique envers les

envahisseurs incas. Les natifs méditerranéens appelèrent Inti-Yacu (« eau du soleil ») la

zone actuelle de Río Hondo (Santiago del Estero), dont les cours d’eau surgissaient des

déversoirs comme des vivifiants. Les habitants associaient les bontés de Yacuru-pay (« eau

chaude ») aux rayons flamboyants de l’astre soleil, qu’ils adoraient.

Alonso Ovalle fait référence dans un livre publié à Rome, en 1646, à la chaleur, au goût

saumâtre et à la minéralisation des eaux de Puente del Inca, sans nous en révéler l’explication

scientifique. Son compte rendu est une description picturale de ce monument

enclavé dans la précordillère, où l’auteur exalte cette curieuse expression de la nature.

Selon Michel Horst von Brand, la première analyse des eaux thermales argentines fut

effectuée par le physicien et chimiste Michel Faraday en 1827, à partir d’échantillons

pris à cet endroit.

27


LUIS DAVID PIERINI

Selon le témoignage de voyageurs, Villavicencio fut visitée par le célèbre naturaliste

Charles Darwin en 1839. Déjà depuis 1800, les villageois et les voisins de Mendoza s’y

rendaient en quête de ses qualités bénéfiques.

■ Le Le groupe andin andin et des Sierras et des Centrales Sierras centrales

Il est formé des Pehuenches, des Huarpes, des Comechingons de Córdoba, des Sanavirons

du Río Dulce ou de Río Negro, des Tonocotés de Santiago del Estero, des Lules et

Vilelas de Tucumán et des Araucans de la précordillère, ayant tous une enculturation

inca.

Botanique médicale

Cannelier (Drymis winteri): il appartient à la famille des magnoliacées. Il mesure

8 mètres environ et se développe habituellement sur des terres humides. Il fut introduit

en Europe par John Winter, médecin du corsaire anglais Francis Drake, d’où sa dénomination

technique. L’écorce de cet arbre fut employée aussi bien en infusions qu’en applications

externes. Plante sacrée des Mapuches, on l’utilisait pour les altérations de

l’appareil digestif, les parasitoses (gale) et le rhumatisme. La « fleur des cendres » de cet

arbre, mélangée à de la graisse comme excipient, était aussi employée comme dépilatoire;

c’est à cause de cette coutume qu’on attribua de manière erronée aux jeunes

Mapuches l’absence de duvet. Son action par influx sympathique était indispensable

dans toutes les cérémonies magico-évocatrices. Dans le bois, la machi prenait soin d’un

cannelier favori et, selon la croyance araucane rapportée par Ramón Pardal, si quelqu’un

découvrait et coupait cette plante, la machi languissait et mourait.

Lafo (Rumex romasa): plante polygonacée. Très utilisée par les Araucans du Chili, elle

était l’une des herbes les plus précieuses. Étant donné ses qualités pharmacologiques

multiples, elle jouissait d’une grande renommée dans la guérison des blessures, des ulcérations

torpides, des otites et des « lèpres des enfants, qui laissent la tête propre ».

Ñincuil (Heliantus thurífera): selon Martín Gusinde, elle était reconnue comme une

merveille de la campagne et on lui attribuait une action antiluétique.

Jarilla (Larrea nítida cavanilles): parmi ses applications thérapeutiques, cet arbuste

fut employé sous forme de cataplasme pour soigner des abcès et des phlegmons.

Pour terminer cette sélection botanique nous voulons reconnaître les mérites inestimables

du professeur Juan A. Domínguez, qui réalisa d’importantes études analytiques

sur la composition des médicaments végétaux, réussissant à faire la synthèse pharmacodynamique

du vivier araucan.

■ Pampas, Querandis et Puelches et Puelches

28

On appelle Pampas un regroupement humain d’origine mixte, face auxquels se trouva

Sebastián Gaboto à l’embouchure du Carcarañá, leur donnant le nom de Querandis

(« hommes avec graisse »).

Face à la variole, dans les cas d’anthrax ou d’abcès, ces aborigènes provoquaient leur

maturation en appliquant des cataplasmes de fumier très chaud. « À terme, ils extirpent

le germe à l’aide d’un crin plié et il le mangent ensuite entre deux bouchées de viande

crue, prétendant ainsi conjurer toute rechute. »

Les Puelches Guenakén, qui habitaient la partie nord de la Patagonie, étaient, selon

José Sánchez Labrador, « d’une nature très forte et d’une condition telle qu’ils se


établissaient plusieurs fois de maladies et de blessures qui seraient mortelles pour les

autres sans médecine. »

Herboristerie

Du fait d’être de grands naturalistes et d’excellents empiristes, guidés par des herboristes

reconnus, ils appliquèrent la botanique qui faisait partie du paysage aux besoins de leur époque.

On dispose d’informations rares sur les éléments naturels que les aborigènes de cette

ethnie utilisaient pour traiter les problèmes dermatologiques; on sait seulement qu’ils employaient

une variété de yang, qu’ils appliquaient sur les ulcérations et les aphtes buccaux.

Patagons ou Tehuelches

La région au sud du fleuve Colorado, limite naturelle entre les provinces de La Pampa

et Río Negro — la plaine la plus australe d’Amérique —, est mondialement connue sous

le nom de Patagonie, évoquant les mythiques

« géants patagons » décrits par

Antonio Pigafetta en 1520, chroniqueur

du voyage de Fernand de Magellan.

Naissance et éducation

Histoire de la dermatologie dans les cultures indigènes argentines

Peu après la naissance, les nouveaunés

étaient enduits avec du gypse humide.

Selon Ludwig Karsten (1926), cette procédure

visait à protéger l’enfant des mauvais

esprits. Cet auteur mentionne

d’autres pratiques telles que l’application

de peinture rouge, l’onction et les fumigations

de tabac.

Lors de la quatrième année de l’enfant,

on effectuait la cérémonie de perforation

d’une oreille ou des deux selon le

sexe, en introduisant des crins de cheval

dans les incisions afin d’éviter la cicatrisation.

Ils avaient conscience des maladies

épidémiques, sans pouvoir les nommer

pour autant; pour s’en prémunir, ils déplaçaient

régulièrement leurs tentes au

sein du territoire qu’ils occupaient

En général, les Patagons jouissaient

d’une bonne santé, leurs blessures guérissaient

vite ; à travers les cérémonies

décrites, le sorcier indiquait la préparation

de breuvages aux propriétés médicales

et curatives. Ils connaissaient la

saignée et savaient ouvrir une veine avec

un morceau de coquille ou de silex.

■ Patagons ou Tehuelches

29

Distribution de

la population

indigène en

Argentine à la

fin du

XX e siècle

Source :

Instituto de

Cultura

Popular

(Incupo-Endepa).


LUIS DAVID PIERINI

Ectoparasitoses

L’utilisation de la laine de guanaco et des plumes d’autruche aussi bien pour s’habiller

que pour la maison étant répandue, les enfants et les adultes étaient exposés aux puces

et aux poux.

■ Extrême Sud Sud Magellanique magellanique

Les maladies vénériennes scellèrent un horizon sans espoir chez les Alacalufes, les

Onas et les Yaganes. On suppose qu’ils ne connurent pas les herbes ni les dérivés animaux

et minéraux pour guérir les maladies.

La transculturation fut un autre mécanisme négatif pour la survie de ces ethnies, tout

comme l’exhibition impitoyable à laquelle ils furent soumis au XIX e siècle dans les différentes

villes européennes.

■ Épilogue

L’auteur rejoint les grands généalogistes Diego Herrera Vegas et Carlos Jáuregui

Rueda sur le fait que le tronc de fondation de notre pays dérive de trois ethnies: l’aborigène,

l’africaine et celle du colonisateur espagnol. Ces ethnies s’unirent tout le long de

deux générations et se complétèrent il y a cent cinquante ans avec l’immigration.

■ Conclusions

30

Les trésors de la nature jaillirent avec générosité de la terre mère, et l’esprit intuitif

des natifs s’en servit pour soulager leurs souffrances. Sans une synthèse condensée, nous

avons choisi pour cette contribution quelques éléments parmi leur arsenal botanique. ■

Septembre 2005


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L’époque coloniale

HISTOIRE DE LA

DERMATOLOGIE

ARGENTINE

En 1780, peu après la création de la vice-royauté du Rio de la Plata, une ordonnance

royale proclama: « Ayant été informé du désordre et des abus dont souffre l’exercice de la

decine, de la chirurgie, de la pharmacie et de la phlébotomie, surtout dans les provinces

éloignées de cette capitale, je décidai pour l’instant d’établir et de créer dans celle-ci un

tribunal de Porto, tel qu’il y en a dans les villes de Lima et de Mexico, avec les mêmes

facultés, les prérogatives et les exceptions, afin de corriger et d’éradiquer le désordre

par ce moyen si conforme aux lois. Je choisis et nommai le Dr D. Miguel O´ Gorman, qui

possède les qualités nécessaires pour être Protomedico et Maire majeur de tous les professeurs

respectifs… » C’est à ce moment-là qu’apparaît la figure du premier médecin et

doyen de la future Argentine.

En 1803 fut lancé un « arrêt contre les guérisseurs » et, en décembre de la même année,

furent distribués les postes dedecins et de chirurgiens habilités pour exercer la profession.

Les origines de la Dermatologie argentine

PABLO A. VIGLIOGLIA, ALBERTO WOSCOFF

■ L’époque coloniale

■ Les origines de la dermatologie argentine

Trois décennies plus tard, le Dr Tiburcio Fonseca publia une thèse intitulée Structure,

fonction et lien dans la pathologie et la thérapeutique de l’organe cutané (1835). Tout au

long de ces trente-cinq pages, il aborda de manière scientifique les maladies de la peau;

l’Argentine apparut alors comme la pionnière dans ce domaine parmi les pays latinoaméricains.

En 1874, l’Académie dedecine dirigeant la faculté inclut certaines spécialités dans

son curriculum, par exemple la « clinique des maladies cutanées et de la syphilis », et

désigna en 1875 les Drs Leopoldo Montes de Oca et L. Meléndez respectivement comme

professeur titulaire et professeur adjoint; plus tard, ces professeurs furent assignés à

d’autres matières, la spécialité restant comprise dans la pathologie externe.

L’enseignement était dispensé à l’hôpital des cliniques de Buenos Aires, où fonctionnait

un service de syphiligraphie et de dermatologie. Le 18 mars 1892, le doyen de la

Faculté des sciences médicales, M. González Catán, fonda la chaire de maladies vénériennes

et de peau, enseignée pendant la quatrième année du cursus dedecine. Son

premier professeur fut Baldomero Sommer (figure 1), qui installa sa chaire à l’hôpital

33

Figure 1.

Pr. Baldomero

Sommer


Figure 2.

Pr. Maximiliano

Aberastury

Figure 3.

Pr. Enrique Fidanza

PABLO A. VIGLIOGLIA, ALBERTO WOSCOFF

San Roque (actuellement hôpital Ramos Mejía) et poursuivit l’enseignement

jusqu’à sa mort, en 1918. Inspiré de l’école de Vienne de Von

Hebra (1816-1880) et influencé par des dermatologues français de

l’envergure de Gaucher, Fournier, Darier, Gougerot et Civatte, Baldomero

Sommer enseignait en faisant venir à l’hôpital les patients souffrant

d’affections cutanées et en se servant des moulages de cire, fait

unique en son genre en Amérique Latine à l’époque. Les brillants

decins Aberastury (figure 2), Greco, Baliña, Ragusin, Jonquières,

Uriburu et Fidanza (figure 3) furent ses disciples.

Nous rappelons comme fait anecdotique la présence d’une vieille

dame se rendant chaque semaine à l’hôpital des cliniques et qui restait quelques minutes

face au tableau de Sommer. En 2000, quelqu’un lui demanda son identité, et tout l’auditoire

fut ému à sa réponse: « Je suis la petite-fille de Sommer. Avant, je venais avec ma mère. »

Ce fut une époque dorée pour la dermatologie argentine, consacrée à la syphilis, à

d’autres maladies vénériennes et à la lèpre. La fondation de la Société dermatologique

argentine (ainsi nommée en 1907), dont le siège était à l’hôpital San Roque, fut très profitable.

Les membres fondateurs furent Baldomero Sommer (premier président), M. Aberastury,

P. Díaz, P. Baliña, Cisneros, Greco, Seminario, J. Uriburu, A. Giménez, Loche, E.

Polito, M. Moyano, J. Farini, F. Mario, J. Arce y Almanza et N. Ragusin.

En 1908 fut lancée la publication de l’organe de diffusion de la société, la Revista Dermatológica

Argentina, appelée ensuite Revista de la Asociación Argentina de Dermatología

y Sifililogía, première publication dermatologique éditée en Amérique Latine.

Baldomero Sommer fut remplacé au sein de la chaire par Pacífico Díaz et Maximiliano

Aberastury, ce dernier étant l’auteur de la loi argentine contre la lèpre qui porte son nom

(1926).

En 1927, la société changea sa dénomination, devenant l’Association argentine de

dermatologie et syphiligraphie; son président était le Pr. Pedro Baliña, remplacé plus

tard par Neocle Ragusin.

En 1934, un groupe de dermatologues conduits par Nicolás Greco, disciple de Sommer,

décida de fonder une nouvelle entité sous le nom de Société de dermatologie, de

Syphiligraphie et de vénéréologie, et qui fit partie de l’Association médicale argentine

(AMA). L’association n’est pas prolixe sur les causes de cette scission — elle se révèle

même contradictoire — mais, eu égard à l’envergure morale et scientifique des dirigeants

et des membres des deux groupes dermatologiques, les principes et les conceptions

primèrent sans aucun doute sur les intérêts personnels.

Les membres fondateurs de cette nouvelle société furent C. Orol Arias, M. A. Mazzini

(secrétaire), A.A. Fernández, A. Bigatti, S. Rosner, D. Biagini, L. Trepat, A. Muschietti, R.

Wernicke, E. Otahz, C. Bancalari, J. R. Houler, A.Schneidewind, S. Sovin, O. Camaño, J.

Capurro, E. Cortelezzi, F. de Biase, E. Solari, S. Ponce de León et E. del Vecchio. Elle devint

plus tard la Société argentine de dermatologie.

En Argentine, deux sociétés de dermatologie existent depuis 1934: l’Association

argentine de dermatologie, dont l’organe officiel, la Revista Argentina de Dermatología,

fut fondé en 1908; et la Société argentine de dermatologie (détachée de l’AMA en 2001),

dont l’organe officiel est la revue Dermatología Argentina (fondée en 1995). Les deux sociétés

comptent des filiales, des sections et des associés dans toutes les provinces du pays.

■ L’époque de Baliña et de et Greco de Greco

34

La scission des groupes dermatologiques provoqua une rivalité scientifique. Toutefois,

des dermatologues brillants surgirent de chacune d’elles et laissèrent leur empreinte à

des époques remarquables de la dermatologie argentine.


L’Association argentine de dermatologie, basée au sein de la chaire de dermato-syphiligraphie

de l’université de Buenos Aires, dont le siège était l’hôpital Ramos Mejía, fut

dirigée par le Pr. Pedro Baliña (titulaire entre 1925 et 1946). Plusieurs dermatologues s’y

formèrent, devenant par la suite professeurs titulaires: Luis Pierini (figure 4), Marcial

Quiroga (figure 5), Enrique Fidanza, Miguel A. Mazzini (figure 6), José M. Puente, Juan

Pessano, Ceferino Orol Arias, Emilio Fernández Blanco, José L. Carrera, Ludovico Facio,

Guillermo Basombrío, Fernando Noussitou et Aarón Kaminsky (figure 7). Ils furent pour

la plupart les chefs des services de dermatologie les plus reconnus.

L’Association créa une filiale à Rosario en 1934, une autre à Córdoba en 1938, et finalement

la filiale de Mendoza en 1952.

Pour sa part, la Société argentine de dermatologie, dont le siège se trouvait à l’Association

médicale argentine, était dirigée par Nicolás Greco, professeur titulaire de dermatologie

à l’université de La Plata et professeur adjoint de l’université de Buenos Aires. En

1943, il fut nommé professeur honoraire de cette dernière.

Cette époque fut caractérisée par la centralisation de la ville de Buenos Aires et par

une différence numérique importante des membres des deux sociétés.

L’époque de Pierini et de Quiroga

Histoire de la dermatologie argentine

■ L’époque de Pierini et de Quiroga

À la mort de Baliña et de Greco, deux disciples du premier marquèrent trois

décennies de la dermatologie argentine en la projetant sur le plan international :

Marcial I. Quiroga et Luis E. Pierini. En 1946, ils avaient publié leur livre Introducción

al estudio de la dermatosifilología [Introduction à l’étude de la dermato-syphilologie],

dont la sémiologie et la description des lésions élémentaires sont toujours en vigueur.

L’ouvrage mit en évidence la grande influence des écoles européennes, notamment

de l’école française, où se rendaient les dermatologues voulant se perfectionner à

l’étranger.

Marcial I. Quiroga était doté d’une personnalité aristocratique et charismatique. Originaire

d’une famille aisée de la société argentine, il s’exprimait de façon fluide et plaisante.

Il parlait couramment français et voyageait presque tous les ans en Europe,

notamment en France. Il obtint les principales distinctions. Sur le plan international, il

fut le premier membre argentin du Comité international de dermatologie; il fut également

membre honoraire de plusieurs sociétés dermatologiques. Sur le plan national, il

fut membre, président et président d’honneur de l’Académie nationale dedecine.

Quant à la dermatologie, il fut professeur titulaire de la première chaire de la spécialité

et chef du service de dermatologie de l’hôpital Ramos Mejía, où se trouvait le siège

de ladite chaire. Participer à sa chaire était très intéressant, aussi bien pour les dermatologues

des provinces que pour les visiteurs étrangers. Sa qualité académique est reflétée

dans plusieurs livres et travaux scientifiques.

35

Figure 4.

Pr. Luis E. Pierini

Figure 5.

Pr. Marcial Quiroga

Figure 6.

Pr. Miguel A. Mazzini

Figure 7.

Pr. Aarón Kaminsky


Figure 8.

Pr. Alejandro Cordero

Figure 9.

Pr. Pedro H. Magnin

Figure 10.

Pr. J.E. Cardama

Figure 11.

Pr. Julio Martín Borda

PABLO A. VIGLIOGLIA, ALBERTO WOSCOFF

36

Les disciples de Quiroga furent les maîtres de la génération ultérieure: Alejandro A.

Cordero (figure 8) et Pedro H. Magnin (figure 9). D’autres professeurs remarquables furent

Luis Ambrosetti, Enrique Jonquières, Arturo Mom, Rodolfo Corti, E. Molina Leguizamón,

Narciso Vivot, Gisella Dhum, Carlos F. Guillot, H. J. Sánchez Caballero, Manuel

Seoane, Luis Curia, Oscar Bonafina, Nélida Franco, Antonio Raimondo, E. Blasi, Hans

Botrich, Manuel Olchansky et Natan Gotlib, entre autres. La plupart d’entre eux dirigèrent

de prestigieux services de dermatologie à Buenos Aires.

L’Association argentine de dermatologie s’occupait simultanément de la publication

de la Revista Argentina de Dermatología, de l’organisation de congrès nationaux annuels

et de l’entretien de sa bibliothèque dermatologique, la plus ancienne du pays. L’association

fut présidée par M.A. Mazzini, G. Basombrio, F. Noussitou, R. Garzón (Córdoba), A.

A. Cordero, A. Kaminsky, J.L. Carrera, F. Ambrosetti, E. Jonquières, R.N. Corti, P. Viglioglia,

M. Seoane, P. Magnin, J.E. Cardama (figure 10), N. Sánchez Caballero, L.M. Baliña

et C. Parra (Mendoza), M. Marini, L. Valle et J.L. lribas.

Luis E. Pierini fut le maître par excellence. Simple, humble, respectueux, il possédait

une personnalité éblouissante due à ses connaissances dermatologiques et à sa culture

générale. Son origine italienne l’empêcha d’obtenir une place de professeur titulaire

de la première chaire. Sa pensée fut pertinemment exprimée dans son article

« Cinquante ans de dermatologie » (Arch. Argent. Dermatol. 1973; 23: 1-9), où se trouve

la réponse au dilemme des nouvelles générations: pourquoi choisit-on la dermatologie?

Pierini exerça ses fonctions au sein des hôpitaux Fernández, Muñiz (c’est là qu’il élabora

sa thèse de doctorat sur le « traitement de la lèpre » et décrivit l’épreuve classique

avec histamine qui porte son nom) et Casa Cuna (actuellement Pedro de Elizalde). Il fut

chef de service dans les hôpitaux Fiorito, Italiano et Rawson (à partir de 1949), où il

obtint le degré de professeur titulaire de la deuxième chaire. Signalons que Luis E. Pierini

travailla pendant vingt ans avec le Pr. Pedro Baliña, qui le désigna chef des travaux

pratiques à l’hôpital Ramos Mejía. Sa chaire hébergea d’importants spécialistes, tous

fiers d’être des disciples du maître Pierini. Parmi eux, Julio Martín Borda (figure 11), un

homme d’une valeur scientifique, morale et humaine extraordinaire, qui se joignait à

Luis Pierini pour étudier plusieurs dermopathies. Dans son hôpital privé de la peau il

organisait des conférences mensuelles auxquelles assistaient de jeunes dermatologues,

notamment des provinces. Cette institution forma un bon nombre de spécialistes latinoaméricains,

tout comme l’hôpital Rawson. Sur le plan national, nous distinguerons Abraham

Man, José Casas, Raúl Rodeiro, Augusto Casalá, Santiago Mosto, Alberto Carvalho,

Raúl Mazzini, lsmael Pomposiello, Gregorio Álvarez, Luis Trepat, Pacífico Díaz, Eduardo

Lacentre, dont certains sont actuellement disparus, et d’autres méritent une mention à

part.

La sagacité de Borda lui permit d’établir des hypothèses et de mettre en relation des

tableaux cliniques actuellement acceptés dans le monde entier.


David Grinspan sortit également du lot. Sémiologue exceptionnel et possédant de vastes

connaissances en dermatologie, il se pencha vers la stomatologie, une spécialité faiblement

étudiée jusque-là. Il fonda et dirigea le Centre de tumeurs de la peau et de stomatologie de

l’hôpital Rawson, pionnier en Amérique Latine. Il nous légua ses enseignements à travers

son Traité de stomatologie, un classique dans l’enseignement de la matière en six tomes.

Pour sa part, Jorge Abulafia se consacra à la dermo-pathologie. Il participa aux principaux

travaux publiés de la spécialité et prouva des connaissances approfondies sur la

clinique de l’histopathologie qu’il décrivait. Son laboratoire réunit des dermatologues latino-américains

et argentins qui, avec une curiosité et un intérêt révérencieux, s’introduisirent

dans le monde de la microscopie. Il est habituel d’entendre, lors de la clôture

d’une discussion dermatologique: « … et c’est Abulafia qui le dit. »

L’année 1943 fut caractérisée par une succession d’avatars politiques et institutionnels

qui paralysèrent les concours pendant plusieurs décennies; des personnalités

brillantes, pouvant atteindre dans d’autres circonstances des postes académiques importants,

furent rejetées.

En 1978, l’hôpital Rawson ferma ses portes et la pléiade de ses remarquables dermatologues

se distribua dans les services des différents hôpitaux de la ville de Buenos Aires.

L’ère actuelle

D’autres personnalités qui constituèrent des jalons de cette histoire surgirent parallèlement

aux membres des chaires.

Aarón Kaminsky est le père de la cosmétologie argentine. Étonnant, singulier, d’une

personnalité écrasante, il jouit d’un extraordinaire prestige populaire. Chef des services

de dermatologie des hôpitaux Israelita et Alvear, il réunit autour de lui un grand nombre

dedecins et une légion de patients. Il se pencha notamment sur l’aspect thérapeutique,

dominant l’art de la formule magistrale. Il forma des disciples de l’envergure de

son fils Carlos, ainsi qu’Ana Kaminsky et León Jaimovich. Tous les trois occupèrent des

postes de professeurs titulaires, tout comme J. Kriner, P. Bumaschny, S. Braunstein, H.A.

Kaplan, B. Sevinsky et A. Aufgang.

De son côté, Alfredo Chouela fit un parcours remarquable dans la Société de dermatologie.

Nous citerons aussi A. Segers, qui se consacra à la chirurgie dermatologique, et

M. Asrilant à l’allergie dermatologique.

Pablo Viglioglia, formé à cette école, fut chef de l’hôpital Álvarez et grimpa dans la

hiérarchie en étant nommé professeur titulaire. Fort du privilège de conjuguer une vaste

connaissance clinique avec le pouvoir de lire et de diagnostiquer des préparations histopathologiques,

son savoir se traduit dans plusieurs livres et articles. Il dispensait ses

cours avec simplicité et autorité scientifique, en leur accordant un caractère cordial et

affectueux et en s’adaptant facilement à son auditoire*.

Enrique Jonquières, très doué en léprologie, travaillait à ses côtés.

Miguel A. Mazzini est un autre dermatologue important de l’époque. Il fut professeur

titulaire, se distinguant par ses connaissances. Élégant, galant, modeste et affable, il fut chef

de l’hôpital Fernández avant d’occuper la chaire à l’hôpital Ramos Mejía. Son ouvrage Dermatología

Clínica [Dermatologie clinique] (dont la première version fut rédigée avec Fernández

Blanco), fut le livre de consultation et d’étude de tous les dermatologues de l’époque.

Des circonstances qui allaient signer l’avenir de la dermatologie argentine se produisirent

à cette époque-là.

* Ce paragraphe fut rédigé par le Dr A. Woscoff.

Histoire de la dermatologie argentine

■ L’ère actuelle

37


PABLO A. VIGLIOGLIA, ALBERTO WOSCOFF

38

Le Dr Raúl Fleischmajer, disciple de Kaminsky, s’installa aux États-Unis et s’engagea dans

un parcours exceptionnel: il fut nommé professeur et chef de dermatologie à l’hôpital Mount

Sinai de New York. Ses contributions à la physiopathologie du collagène et notamment à la

sclérodermie sont très importantes dans le monde entier. Il voyageait annuellement en

Argentine, où il diffusait ses connaissances. Aux États-Unis, il partagea ses activités avec le

Dr León Jaimovich — disciple de Kaminsky et plus tard de Pierini —, qui une fois de retour

en Argentine débuta un brillant parcours et fut nommé professeur titulaire.

Arturo Mom voyagea également aux États-Unis où il débuta la recherche dermatologique;

le Pr. Alejandro Cordero suivit lui aussi des formations dans ce pays. Ainsi débuta

l’étape nord-américaine de la dermatologie argentine qui, sans manquer l’influence

française, prit des directions plus vastes, notamment en physiopathologie et en thérapeutique.

Pedro Horacio Magnin passa un temps aux États-Unis pour collaborer avec le pionnier

Stephen Rothman dans ses recherches. De retour en Argentine, il s’engagea dans

une carrière remarquable: il devint le successeur de Quiroga et de Mazzini en tant que

professeur titulaire, présida l’Association argentine de dermatologie pendant plusieurs

périodes et dirigea la Revista Argentina de Dermatología des décennies durant. Il était

passionné par la spécialité, et n’arrêta pas de l’étudier. Ses journées commençaient très

tôt, consacrées à écrire des livres et des articles et à effectuer des recherches sur des sujets

divers, comme les porphyries et le cancer de la peau. Il organisa des ateliers, des

journées et des congrès, et s’occupa de la formation d’un cercle de disciples qui le suivirent

dans son travail. Chef des hôpitaux Británico et Ramos Mejía — ce dernier reste le

siège de la chaire —, il possédait une personnalité particulière, sévère et exigeante. Sa

mémoire exceptionnelle l’aida à diffuser ses connaissances, en même temps qu’il exigeait

un dévouement presque total de ceux qui partageaient son travail. Il succéda à

Marcial Quiroga au sein de l’Académie nationale dedecine.

Alejandro A. Cordero perpétua la série de maîtres brillants. Il travailla avec Quiroga:

il occupa le poste de professeur adjoint de sa chaire et fut ensuite nommé chef des services

des hôpitaux Tornú, Rawson et des cliniques; il fut professeur titulaire dans ces

deux derniers hôpitaux. Cordero était une personne exceptionnelle et un scientifique

remarquable. Modeste, affable, protecteur, il forma plusieurs dermatologues*. Il voyageait

continuellement avec son épouse: le matin, il visitait les centres hospitaliers;

l’après-midi, il se promenait dans les villes et les musées et le soir il partageait des

dîners avec les principaux dermatologues du pays… tout en parlant de dermatologie. Au

cours des congrès, tel un élève appliqué, il notait sur un petit cahier tout ce qu’il voyait

et entendait, pour le communiquer ensuite à son retour dans le cadre des cours.

Les principales sociétés dermatologiques mondiales le désignèrent membre honoraire.

Tout comme Quiroga, il fut membre de la Ligue dermatologique internationale.

Nous tous qui l’avons connu le gardons dans notre mémoire.

Les chaires. Pendant les années qui séparèrent l’époque de Pierini de celle de Quiroga,

il n’y eut pas de concours: les professeurs adjoints déjà désignés occupèrent de façon

intérimaire le poste de titulaire pendant un an. En conséquence, des dermatologues

notables n’eurent pas l’occasion de passer le concours pour devenir professeurs titulaires.

La situation redevint normale une décennie plus tard; les Drs Cordero et Magnin

furent alors nommés professeurs titulaires. Lors de leur retraite (la faculté dedecine

de l’université de Buenos Aires pose comme limite d’âge 65 ans), Viglioglia et Jaimovich

leur succédèrent pour une courte période. Le nombre de chaires fut porté à quatre, les

Drs Alberto Woscoff, Ana Kaminsky, Hugo Cabrera et Carlos Kaminsky (mort précocement)

étant nommés pour les diriger.

* Parmi lesquels je me compte (A. W.).


Ana Kaminsky, dont le parcours est mondialement reconnu, fut désignée membre de la

Ligue internationale des sociétés dermatologiques (tout comme Quiroga et Cordero quelques

années auparavant), ce qui permit à l’Argentine d’y avoir son représentant. Elle fut invitée

à donner des conférences dans plusieurs pays, où elle fut désignée membre d’honneur.

Hugo Cabrera, formé avec Gatti et Cardama, exerça la fonction de chef dans la polyclinique

Posadas et plus tard à l’hôpital des cliniques, où il établit sa chaire. Ses vastes

connaissances dermatologiques lui permirent de publier de nombreux travaux dans lesquels

il décrivit des pathologies inédites dans le pays. Son livre Nevos [Nævi], rédigé

conjointement avec Sandra García et formant un ouvrage de consultation obligatoire sur

le sujet, est remarquable.

Alberto Woscoff fut professeur titulaire et chef à l’hôpital des cliniques, ainsi que professeur

consultant de l’Armée argentine et chef du service de l’hôpital naval Pedro Mallo.

Il fut auparavant chef à l’hôpital Durand. Sa production scientifique est très abondante,

et compte des titres tels que Orientación dermatológica en medicina interna [Orientation

dermatologique en médecine interne] — un texte de consultation et d’étude pour

les études supérieures et la spécialisation, auquel collaborèrent les Drs A. Kaminsky,

M. Marini et M. Allevato — et Principios de inmunodermatología [Principes d’immunodermatologie]

(écrit avec les Drs P. Troielli et M. Label), des ouvrages complets du genre

en espagnol. Il fonda Dermatología Argentina — organe officiel de la SAD —, dont il fut

le directeur pendant une décennie.

Au moment de sa retraite, Alberto Woscoff fut désigné professeur consultant titulaire,

tout comme Ana Kaminsky, de l’université de Buenos Aires; les Drs Viglioglia et Cordero

en furent désignés professeurs émérites.

Actuellement (2005), le docteur Cabrera est le professeur titulaire de la chaire; les

autres chaires, dont le professeur titulaire est désigné par concours, sont actuellement

occupées par Mercedes Hassan (hôpital Ramos Mejía), Edgardo Chouela (hôpital Argerich)

et Mario Marini (hôpital Británico). Tous trois possèdent des antécédents remarquables,

et leur travail et leur intelligence augurent un prestige croissant de la

dermatologie argentine.

Association argentine de dermatologie (AAD)

Elle rassemble la plupart des membres des services hospitaliers de la ville de Buenos

Aires, avec une activité scientifique et sociétaire soutenue, qui se reflète dans la Revista

Argentina de Dermatología. L’institution organise des réunions auxquelles assistent de

nombreux spécialistes argentins et étrangers; elle organise aussi annuellement le

Congrès argentin de dermatologie, qui a lieu dans les provinces du pays. Sous la présidence

de Magnin, l’AAD déplaça son siège traditionnel de l’hôpital Ramos Mejía vers un

siège propre, disposant d’une bibliothèque et d’une salle de conférences.

Les présidents de l’institution furent M.A. Mazzini (1950), G. Basombrio (1952), F.

Noussittou (1953), R. Garzón (p) (1955), A. Cordero (1957-1958), A. Kaminsky (1959-

1960), J.L. Carrera (1961-1962), F. Ambrosetti (1963-1964), E. Jonquières (1965-1966),

M.I. Quiroga (1967-1968), R.N. Corti (1968-1971) M.A. Mazzini (1972-1975), P. Viglioglia

(1976-1977), M. Seoane (1978-1979), P. Magnin (1980-1981), J.E. Cardama (1982-1983),

N. Sánchez Caballero (1984-1985), L.M. Baliña (1986-1987) (figure 12), P. Magnin (1988-

1989), C. Parra (1989-1991), M. Marini (1992), P. Magnin (1993-1995), Lidia Valle (1995-

2004) et J.L. Iribas (depuis 2004).

Société argentine de dermatologie (SAD)

Histoire de la dermatologie argentine

Jusqu’en 1973, l’institution organisait des séances théoriques mensuelles pour les

diplômés au siège de l’Association médicale argentine (AMA). Ses adhérents n’étaient

39

Figure 12.

Pr. L.M. Baliña

Figure 13.

Pr. D. Grinspan

Figure 14.

Pr. J.C. Gatti


PABLO A. VIGLIOGLIA, ALBERTO WOSCOFF

pas nombreux et quelques professionnels se relayaient à la présidence. La SAD regroupait

la plupart des disciples de Kaminsky et de Pierini.

Sous la présidence d’Abulafia (1973-1974) la société subit une modification substantielle.

Une nouvelle organisation moderne, accompagnée d’une succession de réunions et de

congrès, motiva l’incorporation de nombreux dermatologues. Désormais, les présidents de

la SAD furent A. Casalá (1975-1976), O. Mángano (1977-1978), D. Grinspan (1979-1980) (figure

13), A. Cordero (1981-1982), J.C. Gatti (1983-1984) (figure 14), S. Stringa (1985-1986),

J.E. Cardama (1987-1988), A. Woscoff (1989-1990), H.N. Cabrera (1991-1992), H.G. Crespi

(1993-1994), A. Kaminsky (1995-1996), A. Cordero (1997-1998), C.F. Gatti (1999-2000),

M. Larralde (2001-2002), H. Cabo (2003-2004 ) et E. Saraceno (depuis 2005).

Les congrès ont lieu tous les deux ans dans différentes villes des provinces argentines

et à Buenos Aires. Durant la présidence d’Ana Kaminsky, la SAD se détacha de l’Association

médicale argentine; elle possède actuellement son propre siège.

La publication de la revue Dermatología Argentina, l’organe officiel de la SAD, débuta

en 1995, dirigée dans ses premiers temps par Alberto Woscoff (devenu directeur honoraire)

et ensuite par Liliana Olivares (à partir de 2004).

Pendant quelques années, l’AAD et la SAD travaillèrent ensemble, en organisant des

réunions communes. L’exemple le plus significatif d’intégration fut la Commission mixte

d’enseignement dermatologique (COMEDE).

Quatre cours de spécialisation en dermatologie existaient simultanément à une

époque donnée, mais leurs contenus et leurs exigences étaient divergents; León Jaimovich

(SAD), Pedro Magnin (AAD), Fernando Stengel et Hugo Cabrera étaient chargés de

ces cours. Ces quatre professionnels cédèrent leurs cours respectifs à la COMEDE, qui

mit en place un seul cours présidé par Mario Marini (AAD), Alberto Woscoff (SAD) et avec

la collaboration de Luis Ferreira comme doyen de la Faculté dedecine. Ce cours,

reconnu par l’université de Buenos Aires, avait une durée de trois ans et délivrait le

diplôme de spécialiste universitaire en dermatologie. Il était dirigé par un représentant

de l’AAD et un représentant SAD se succédant tous les ans. Au bout de dix ans, l’Association

argentine de dermatologie quitta la COMEDE et créa un cours propre. Cependant,

l’expérience du travail conjoint des deux groupes éveilla le désir de création d’un groupe

unique, surtout parmi les dermatologues plus jeunes.

■ La La fédéralisation de la de Dermatologie la dermatologie argentine argentine

40

À l’origine, l’activité dermatologique était concentrée à Buenos Aires, où la plupart

des dermatologues exerçaient leur profession. Avec le temps, une intense et fructueuse

activité scientifique se développa dans les provinces: les centres importants sont généralement

installés dans les chaires de la spécialité.

La dermatologie à Córdoba

Ses origines remontent au XIX e siècle. La première chaire de la spécialité en Argentine

y fut créée en 1889 (bien avant celle de Buenos Aires), ayant son siège à l’hôpital des

cliniques. Le premier professeur fut Hugo Stemphelman, à qui succédèrent Manuel

Freyre, Tomás Garzón, Rafael Garzón (père), Ramón Argüello (intérimaire), Luis

Argüello Pitt, Enrique Tello et Rafael Garzón (fils).

Le travail du Dr Garzón (fils), désigné en 1983, a une immense valeur, tout comme ses

publications et ses contributions scientifiques aux congrès et aux cours, dans lesquels il

donna une grande projection à la chirurgie dermatologique. Il édita plusieurs textes pour

les études supérieures, écrivit des articles et des livres d’une grande importance pour

l’histoire de la dermatologie argentine.


La deuxième chaire fut créée en 1975, le siège se trouvant à l’hôpital Córdoba; Ignacio

Segundo Toledo et Augusto Magnani furent les professeurs chargés de l’enseignement.

La troisième chaire, créée au cours de la même année à l’hôpital San Roque,

compta sur la participation de professeurs comme Pedro Guillot et Belia de Oviedo.

L’université catholique de Córdoba, dirigée tout d’abord par Ignacio Toledo et ensuite

par Carlos Consigli, constitue l’un des centres privés les plus prestigieux du pays. Carlos

Consigli et son frère Javier furent également de remarquables dermatologues et léprologues,

dont les apports à la spécialité furent importants.

Córdoba se distingue notamment dans deux sujets: la lèpre et l’hydroarsenicisme

chronique régional endémique (HACRE). Pour ce qui est de la lèpre, il faut mentionner

l’existence d’un lazaret déjà en 1621 et de la fondation d’une deuxième léproserie en

1884; la clinique J.J. Puente et le dispensaire Pr. Guillermo Basombrio, des modèles dans

leur genre, furent inaugurés à San Francisco del Chañar en 1939. Luis Argüello Pitt et

Carlos Consigli se distinguèrent dans ce domaine.

Quant à l’HACRE, il fut méticuleusement décrit par Ramón Argüello et Enrique Tello.

Ce dernier est l’auteur du livre HACRE, référence obligée sur le sujet. Les études de

l’HACRE se poursuivirent dans la province de Salta, sous la responsabilité de Roberto

Biagini, qui en précisa l’épidémiologie et le lien avec le carcinome viscéral.

La Réunion dermatologique de Córdoba compte plus d’un demi-siècle d’existence et

les plus grands dermatologues de la province la présidèrent.

Actuellement se distinguent Miguel A. Orozco, Luis Flores González et Alejandro Ruiz

Lascano.

La dermatologie à Rosario (province de Santa Fe)

Histoire de la dermatologie argentine

L’université nationale du Littoral créa en 1922 la chaire de dermatologie, dont le

premier professeur fut Enrique Fidanza, âgé de 38 ans à peine mais qui bénéficiait

d’une vaste expérience acquise à Buenos Aires et en Europe. Il débuta l’enseignement

à l’hôpital Italiano et transféra ensuite la chaire au sein du traditionnel hôpital du

Centenaire de l’université nationale du Littoral. Il forma, entre autres, les Drs José

María Fernández, Salomón Schujman, Alberto Nudenberg, Francisco Carrillo et

Amadeo Campos ; J.M. Fernández, E. Carboni, V. Pecoraro et B. Nudenberg lui succédèrent

à la chaire.

Le monde connut d’importants professionnels en dermatologie originaires de Rosario;

José María Fernández par exemple, auteur de la réaction en lèpre qui porte son nom. Il

participa également de façon décisive à la classification sud-américaine de la lèpre (La

Havane, 1948) et à l’utilisation du vaccin BCG dans la prophylaxie de la maladie.

Salomón Schujman suivit J.M. Fernández dans ses recherches sur la lèpre. Il établit

la forme polaire tuberculoïde et devint, selon le Brésilien Rabello, « le premier à avoir

caractérisé la physiopathogénie de la maladie ». Sa réputation dépasse les frontières; il

suffirait de dire qu’il se rendit en Chine en 1957, où il resta un an, pour dispenser des

cours de léprologie; il y forma des disciples qui suivent ses conceptions.

Alberto Nudenberg se perfectionna en France et en Allemagne et se consacra avec

acharnement à la vénéréologie. Après sa formation à l’étranger, il organisa et dirigea

cette spécialité, travail qu’il effectua de façon inébranlable malgré les intérêts puissants

qui se mouvaient derrière la prostitution. La loi nationale de prophylaxie antivénérienne

étant promulguée, on établit que « Rosario était la ville la mieux préparée du pays grâce

à sa connaissance de ces plaies sociales ».

Vicente Pecoraro, J.M. Barman et L. Astore se distinguèrent dans l’étude du cheveu,

domaine peu étudié jusque-là. Le premier inventa un microscope original et développa

la technique du trichogramme, actuellement employée dans le monde entier. Ses observations

minutieuses restent incontestées.

41


PABLO A. VIGLIOGLIA, ALBERTO WOSCOFF

42

Bernardo Nudenberg, professeur titulaire depuis 1983, imprima à la chaire une nouvelle

orientation, destinée à intégrer la dermatologie en tant que chapitre important de

la clinique médicale. Il publia des études sur la sclérodermie et la mucinose. Il est l’invité

obligé de tous les congrès nationaux, et assiste également aux principales réunions

internationales, auxquelles il participe activement. Doté d’une fine sensibilité, il écrit des

récits et de la poésie dont la critique littéraire fait l’éloge.

Ramón Fernández Bussy, qui suivit son perfectionnement en Europe, est réputé par

ses études en immunologie. Il gravite autour des sociétés dermatologiques de Buenos

Aires et de Rosario; il organise des cours et écrit plusieurs ouvrages. Il dirige le cours de

spécialisation en dermatologie à l’université nationale de Rosario.

Parmi les figures célèbres, nous pouvons citer Augusto Mercau, Fernando Feijóo, Sebastián

González del Cerro, Carlos Lurati et Ricardo Arpini; dans le domaine de la

dermo-pathologie, Augusto Serial et Juan Monti.

L’Association dermatologique, filiale de l’AAD, fut créée en 1935 et présidée par

Edgard Romano Boix, entre autres. De nos jours, elle constitue une section de la Société

argentine de dermatologie.

La dermatologie à Mendoza

Les premiers dermatologues qui exercèrent leur profession à Mendoza dans les années

30 furent Everardo Godoy et León Boaknin, à qui s’ajouta le Pr. Gerónimo López

González en 1939. Les soins avaient lieu dans les hôpitaux Central et Luis Lagomaggiore.

La Faculté des sciences médicales de Mendoza fut fondée en 1950, dépendant de l’université

nationale de Cuyo; le Portugais Joao Ferreyra Márquez fut embauché comme professeur

titulaire de dermatologie. En 1965, Gerónimo López González lui succéda, et plus tard

Sebastián Pons, Alberto Torres Cortijo (intérimaire) et Cristóbal Parra (1987). L’école de

Mendoza est réputée pour l’importance de ses contributions et ses membres prestigieux.

Gerónimo López González identifia le prurigo solaire.

Outre sa fonction de professeur titulaire, Sebastián Pons fut doyen de la Faculté des

sciences médicales de l’université nationale de Cuyo; parmi sa production prolifique,

nous citerons son travail « Manifestations cutanées de la maladie de Chagas ».

Alberto Torres Cortijo, qui se forma en Espagne avec Gómez Orbaneja et à Buenos

Aires avec Pierini et Borda, se consacra avec acharnement à la cryochirurgie. Son travail

« Acropathie ulcéromutilante de Bureau et Barrière. Étude de 150 cas. Son association

avec la pellagre » est remarquable.

En 1986, le Dr Cristóbal Parra fut désigné professeur titulaire. Son parcours se distingua

par la quantité et la qualité de travaux originaux, publiés dans les plus importantes

revues nord-américaines et européennes. Il se rendit en Allemagne pour perfectionner

ses études, où il introduisit la connaissance de la dermatologie argentine. Un certain

nombre de ses travaux furent publiés en allemand, une langue qu’il maîtrisait.

Elías Bittar, Olga Bocanegra, José F. Leonforte, Emilce Rivarola et Narciso Driban furent

des membres remarquables de cette école, tout comme les dermatologues brillantes

qui font partie de la famille Parra: Nélida Parra (née Pizzi), célèbre en dermatologie pédiatrique,

et Viviana Cantú (née Parra).

Aníbal Ortiz Medina, disciple d’Abulafia et coauteur de plusieurs publications nationales

et internationales, prit en charge l’histopathologie.

L’enseignement à Mendoza est partagé entre la Faculté nationale de Cuyo, fondée en

1950, et deux facultés privées: la Faculté des sciences de la santé de l’université de Mendoza

(fondée en 1998) et la Faculté des sciences médicales de l’Aconcagua (1997).

Les associations dermatologiques locales sont la filiale Cuyo de l’Association argentine

de dermatologie (1958), la première section de la Société argentine de dermatologie

et le Cercle de dermatologie Pr. Joao Ferreira-Marques (1966).


La dermatologie à La Plata (province de Buenos Aires)

La spécialité débuta dans cette ville en 1918, grâce au Dr Emilio Cortelezzi, le premier

professeur titulaire de la chaire de dermatologie créée en 1930. Nicolás Greco, Ernesto

L. Othaz et Alcides Conti lui succédèrent, signant l’époque la plus importante de la

dermatologie de La Plata. Les professeurs titulaires ultérieurs furent Jorge Cueto, Juan

Fuertes (intérimaire), Flora Stoichevich et Raúl E. Balsa, qui possédait une connaissance

encyclopédique et laissa pour la postérité un volumineux Manual de Dermatología Clínica

[Manuel de dermatologie clinique] (1998). Pour sa part, Roberto Castelleto est un

anatomo-pathologiste d’une activité remarquable.

La Société de dermatologie de La Plata — devenue filiale de la Société argentine de

dermatologie plus tard — entama ses activités en 1973, présidée par L.T. Mirande, Stella

Maris Ingrata et Luis H. Pedemonte.

La dermatologie à Tucumán

Norberto Olmos Castro et Pascual B. Arcuri, enrichirent la léprologie de la léprominoréaction

qui porte leur nom. Luis Vallejo y Vallejo fut professeur titulaire à la faculté

dedecine, suivi par Eudoro H. de los Ríos — la plupart des dermatologues de Tucumán

font partie de son école —, qui apporta des connaissances intéressantes sur les

mycoses profondes.

En ce qui concerne l’étude des pathologies régionales, nous pouvons citer Ana María

Lorenz, N. Cartagena, L. Aguirre (née Iturre) et Ben Ami Alperovich. Le Groupe dermatologique

de Tucumán — filiale de l’Association argentine de dermatologie — existe depuis

1970, ainsi qu’une filiale de la SAD.

La dermatologie dans le Nord-Est

Manuel Giménez (père) se consacra à la lèpre dans la province de Chaco de manière

ardue et ininterrompue. Sa lutte passionnée contre cette épidémie se traduit par les institutions

et les dispensaires créés à son initiative.

Manuel Iglesias et Félix Scappini furent professeurs titulaires. Lors de la création de

l’université nationale du Nord-Est, Manuel Giménez (fils) devint professeur titulaire à son

tour, et il apporta à sa chaire une activité incessante de recherche et d’étude qui le distingua

parmi les professeurs des générations récentes.

D’autres centres dermatologiques importants

Histoire de la dermatologie argentine

Andrés Cornejo fut un célèbre dermatologue de la province de Salta, suivi par Roberto

Biagini, qui apporta des connaissances épidémiologiques et cliniques très importantes

sur l’étude et la diffusion de l’HACRE et de la tuberculose cutanée.

Dans la province d’Entre Ríos, le premier dermatologue fut José María Roque D´Angelo

(1943). En 1985, Abraham Man devint la figure la plus remarquable de la dermatologie

du Littoral et prit en charge la formation des spécialistes des provinces d’Entre Ríos

— siège de l’hôpital où il est chef —, de Corrientes et de Misiones. C’est l’un des représentants

les plus importants de l’école de Borda. Il exerça d’importantes fonctions au sein

de la Société argentine de dermatologie de Buenos Aires pendant plusieurs époques.

L’unité d’enseignement de la ville de Paraná, qui dépendait de l’université nationale

de Rosario, fonctionna à partir de 1991. Le Dr Man fut désigné enseignant responsable,

tandis que les Drs Rubén Ruberto et Diana Mauro étaient les chefs des travaux pratiques.

L’Association de dermatologie du centre du Littoral fut fondée en décembre 1978,

présidée par Ricardo Cusanelli et comptant sur la participation des professionnels de

43


Figure 15.

Ve Congrès ibérolatino-américain

de

dermatologie.

Buenos Aires.

Novembre 1963.

Cérémonie

d’ouverture

Figure 16.

Assemblée ordinaire

du CILAD

Figure 17.

Présentation des

malades à l’hôpital

Rawson

Figure 18.

Thème officiel

« Cancer cutané ».

Conférenciers:

Pr. Jorge Abulafia

(2e à droite) et

David Grinspan

(3e à droite)

PABLO A. VIGLIOGLIA, ALBERTO WOSCOFF

Santa Fe, de l’est de Córdoba et d’Entre Ríos. Cette association rejoignit la SAD pendant

la présidence du Dr Alejandro Campos Carlés.

Parmi les nombreuses rencontres scientifiques qui eurent lieu dans cette région,

notons la réunion annuelle « Pr. Dr José M. Fernández », avec la participation d’Entre

Ríos, Rosario et Córdoba. Les IV es Journées internationales de dermatologie pédiatrique,

dont le siège se trouve à Paraná, furent dirigées par Susana Block, Diana Mauro, Analía

Svartz et Carlos Cargniel.

À Mar del Plata, où la spécialité est étroitement liée à la dermatologie de Buenos

Aires, les figures remarquables furent Raúl Rodeiro, Juan F. Caino, Carlos Cancio, Carlos

de Natale. De nos jours, Carlota Jaimovich, Jorge Brusco, Alfredo Amdur et Jorge

Clara sont les référents de la ville.

L’hôpital régional de Mar del Plata possède un haut niveau d’académiciens, et la ville

est fréquemment le siège de congrès nationaux et internationaux.

■ L’activité internationale

44

Des années durant, les Journées de dermatologie du Rio de la Plata constituèrent

un classique de la spécialité ; elles rassemblaient annuellement les dermatologues

d’Argentine et d’Uruguay, les deux pays en étant alternativement le siège. Bartolomé

Vignale stimula leur réalisation en Uruguay, accompagné de Quiroga, Mazzini, Pierini

et Grinspan en Argentine.

Le Collège ibéro-latino-américain de dermatologie (CILAD) organisa en 1963 le

V e Congrès international, dont le président fut Luis Pierini; David Grinspan en fut le

secrétaire général. L’événement réunit toute la dermatologie argentine et ibéro-américaine

(figures 15, 16, 17, 18).

Buenos Aires fut le siège du XV e Congrès du CILAD en 2003, présidé par Ana Kaminsky,

tandis que Miguel A. Allevato faisait office de secrétaire général. Plus de


3 000 dermatologues y assistèrent et jugèrent que ce congrès fut l’événement le plus

brillant et le plus fructueux parmi ceux organisés jusqu’à présent.

En 1973, Sebastiao Sampaio, Pablo Viglioglia, Juan Carlos Gatti et Osvaldo Mángano

conçurent la Réunion annuelle des dermatologues latino-américains du Cône Sud

(RADLA) ; à ses débuts et jusqu’au VIII e Congrès, l’Argentine et le Brésil organisait tour

à tour cette réunion annuelle. Désormais, les autres pays d’Amérique latine l’accueillirent

également, faisant de la RADLA le congrès le plus significatif de la région, aussi bien

pour la qualité du travail scientifique que pour la quantité d’assistants. La

réunion qui eut lieu à Buenos Aires en 2005 fut présidée par le Dr Edgardo Chouela; il

travailla de manière ardue et décidée pour que le nombre de pays intervenants soit

augmenté, la Colombie, le Venezuela, l’Équateur et le Mexique s’étant alors ajoutés,

suivis prochainement de la communauté hispanophone des États-Unis.

D’autres activités furent organisées, comme des réunions internationales de léprologie,

sous la direction des Drs Gatti et Cardama, ou le Congrès mondial de cancer cutané,

présidé par León Jaimovich, avec Fernando Stengel comme secrétaire. Des réunions internationales

de dermatologie pédiatrique se réalisent périodiquement.

Ces antécédents significatifs justifient et anticipent l’éclat du prochain Congrès mondial

de dermatologie, qui aura lieu à Buenos Aires en 2007, dont le président sera Ricardo

Galimberti et le secrétaire général Adrián M. Pierini.

L’Association argentine de dermatologie et la Société argentine de dermatologie sont

les institutions qui représentent toute la République argentine. Au début, l’activité dermatologique

était centralisée autour de Buenos Aires; plus tard, des filiales et des sections

furent établies, reconnaissant la capacité et le prestige des dermatologues des

provinces argentines. Les sections de la Société argentine de dermatologie, qui regroupe

plus de 2500 dermatologues, se trouvent à Bahía Blanca (province de Buenos Aires),

Comahue, Córdoba, Corrientes, Chaco, Chubut, Jujuy, La Plata, Littoral, Mar del Plata,

Mendoza, Misiones, Rosario, Salta, San Juan, Santiago del Estero et Tucumán; les délégations

sont situées à Catamarca, San Luis, Santa Cruz et sur la Terre de Feu. La Société

argentine de léprologie fait également partie de la SAD.

Les différentes sous-spécialités

Histoire de la dermatologie argentine

■ Les différentes sous-spécialités

Dermato-pathologie: à l’origine, Pablo Box et Eugenio Forman étaient les seuls à

l’exercer; suite à l’action du Dr Jorge Abulafia, maître des générations futures, le

nombre de professionnels intéressés par la spécialité augmenta. José G. Casas, spécialiste

de renommée internationale, est professeur titulaire de pathologie à la faculté de

decine de Buenos Aires et préside la filiale régionale américaine de l’International

Academy of Pathology. Parmi les pathologistes réputés, nous citerons Roberto G. Schroh,

Oscar Bianchi, Ignacio Calb, María Cristina Kien, Gabriel Magariños, Graciela Sánchez,

Eduardo Lacentre, Alicia Kowalczuk, Javier Anaya, Alberto Carril et Oscar Sanguinetti.

Jorge Monti et Adriana Bergero développent leur activité à Rosario; Roberto Castelleto

et Jorge Cueto (fils), à La Plata. Aníbal Ortiz Medina travaille à Mendoza et Susana Romero

dans la ville de Salta.

La Société argentine de dermato-pathologie (SADEPA) organise régulièrement des

cours et des réunions, invitant des dermo-pathologistes étrangers. Elle réalise également

le cours bisannuel de dermatologie optique basique, sous la direction des Drs Oscar

Bianchi et Roberto Schroh.

Dermatologie pédiatrique : parmi les figures remarquables, citons le Pr. Héctor

Crespi, homme sérieux qui jouit d’un grand prestige ; Dagoberto Pierini (figure 19),

maître de la spécialité ; Adrián M. Pierini, président du Vll e Congrès international de

dermatologie pédiatrique ; Margarita Luna (née Larralde), présidente du Congrès

45

Figure 19.

Pr. Dagoberto Pierini


PABLO A. VIGLIOGLIA, ALBERTO WOSCOFF

46

latino-américain de dermatologie pédiatrique (2006); Rita García Díaz, José A. Mássimo,

Silvia Pueyo, Zulema Piccone, Nélida Parra (née Pizzi) et Jorge Laffargue, entre autres.

La Société argentine de dermatologie pédiatrique fut fondée en décembre 1989,

devenant plus tard l’Association argentine de dermatologie pédiatrique (ASADEPE). De

nos jours un cours universitaire de dermato-pédiatrie est à la charge de J.A. Mássimo,

M. Larralde, A.M. Pierini et L. Valle, octroyant le diplôme correspondant.

Chirurgie dermatologique: elle prit un élan décisif grâce au Pr. Norberto Grinspan

Bozza, fondateur de la Société de chirurgie dermatologique. La spécialité rassemble des

chirurgiens dermatologues très compétents tels qu’Abel González (expert en chirurgie de

Mohs), Rafael Garzón, Horacio Costa Córdova, Daniel Ballesteros et Gilberto González

Rescigno. Le cours annuel de chirurgie dermatologique et d’esthétique de la Société

argentine de dermatologie est dirigé par Horacio Costa Córdoba, Eduardo De Carli et

Lidia Inés Villalba.

Stomatologie: comme nous l’avons déjà signalé, la stomatologie doit ses origines à

David Grinspan, dont le monumental traité recouvre toutes les facettes de la spécialité.

José Kriner, Samuel Blaustein, Julio Díaz, S. Belin, E. Mc Adden, Graciela Fernández

Blanco et Silvina González poursuivirent le travail du Dr Grinspan.

Cosmétologie: stimulée en Argentine par le Pr. Aarón Kaminsky, la spécialité prit une

importance internationale. Des cours, auxquels assistent plusieurs dermatologues latinoaméricains,

ont fréquemment lieu dans le pays. Les figures remarquables en Argentine

sont Alejandro Cordero (fils), Ana Kaminsky, Graciela Cuomo, Rosa Flom. Chaque service

de dermatologie comporte une section de dermato-cosmétologie, à la charge d’un chef

dermatologue accompagné du personnel technique de cosmétologie (auparavant, des

cosmétologues). Il existe également des sociétés de la spécialité consacrées au soin et à

l’amélioration des aspects éthiques de cette pratique. Cosmetología Dermatológica Práctica

[Cosmétologie Dermatologique Pratique], de M.I. Quiroga et C.F. Guillot (1973), et

Cosmiatría [Cosmétologie], de P. Viglioglia et J. Rubin devinrent les ouvrages classiques

de la spécialité.

Léprologie: son histoire va de pair avec celle de la dermatologie. Suivant certaines

théories, la lèpre fut introduite en Amérique par les découvreurs et les premiers conquérants,

qui engagèrent probablement des personnes malades comme soldats et marins; le

commerce d’esclaves africains du début du XVI e siècle fut un facteur qui contribua également

à étendre la maladie sur le continent. L’arrivée des esclaves étant plus limitée en

Argentine, il est probable que la maladie soit passée dans le pays en provenance des régions

voisines telles que le Paraguay, le Brésil et le Pérou.

Ce fut en 1760 que l’on prit connaissance de l’existence des premiers cas de la maladie

à Buenos Aires, les patients étant éloignés de la ville et envoyés à Lima. En 1792, le

protomedico Manuel Rodríguez isola le premier noyau de lèpre à Santa Fe (4 patients).

Les guerres d’indépendance disséminèrent ces noyaux vers le Nord-Est, le Nord-Ouest et

la région de La Pampa. La Maison d’isolement (actuellement hôpital Muñiz) fut fondée en

1883 et reçut la même année le premier malade atteint de la lèpre. Le Pr. Aberastury et

le Dr Farini prirent en charge ces patients. La première conférence nationale de la lèpre

eut lieu en 1903, et en 1926 l’assemblée législative vota la loi de prophylaxie antilépreuse,

rédigée par le Pr. Aberastury et soutenue avec persévérance par le Pr. P. Baliña.

Le premier recensement de malades de la lèpre se réalisa entre 1927 et 1929; il révéla

un total de 2300 malades. En 1930 naquit à l’hôpital Muñiz la Fondation du malade

lépreux de la République argentine. Au cours des années suivantes une série de cliniquescolonies

furent inaugurées à Posadas (province de Misiones), Isla del Cerrito (Corrientes),

San Francisco del Chañar (Córdoba), General Rodríguez (province de Buenos Aires, en

1941) et Diamante (Entre Ríos, en 1948). En 1929, le Pr. Fidanza et ses disciples

J. Fernández et S. Schujman organisèrent le service de léprologie à Rosario, qui s’occupa

de préparer la lépromine standard en 1946, lors de la II e Conférence panaméricaine de


Histoire de la dermatologie argentine

léprologie à Rio de Janeiro. Plus tard, Eduardo Carboni et Augusto Mercau se distinguèrent

dans la spécialité.

Société argentine de léprologie (SAL): elle fut fondée en août 1954 par un groupe de

41 médecins intéressés par la léprologie et réunis en assemblée au siège de l’Association

médicale argentine de la ville de Buenos Aires. La première commission directive, présidée

par J.M. Fernández, était intégrée par les Drs L. Llano, E. Capurro, G. Basombrío,

F. Wilkinson, S. Schujman et L. Argüello Pitt. Parmi les fondateurs de cette nouvelle société,

des léprologues illustres tels que P. Arcuri, L.M. Baliña, E. Carboni, J.E. Cardama,

C. Consigli, J.C. Gatti, M. Giménez, E. Jonquières, R. Manzi, A. Mercau, H. Sánchez

Caballero, J. Scappini, A. Serial et E. Tello, entre autres.

R. Valdez, G. Pizzariello, L. Olivares, A.M. San Martín et N. Vaquero sont les figures

argentines qui se distinguent actuellement en léprologie.

L’organe officiel de la société fut la revue Leprología, fondée en janvier 1956 et éditée

pendant 20 ans. Sa publication fut interrompue pour des raisons d’ordre économique.

Parmi d’autres publications de la spécialité, nous citerons les ouvrages des

professeurs J.C. Gatti et J.E. Cardama: Tratado de leprología [Traité de léprologie] et

Temas de Leprología [Sujets de léprologie], du Dr L.M. Baliña.

Une assemblée extraordinaire décida en mai 1988 que la SAL deviendrait une section

de la Société argentine de dermatologie.

Mycologie: Pablo Negroni étudia cette spécialité, publia de nombreux ouvrages sur le

sujet. Ricardo Negroni, référence mondiale dans le domaine, poursuivit brillamment les

recherches. Ricardo Galimberti — dont les apports sont publiés par des revues étrangères

—, Vicente Madeo, Susana Carabelli et Leonardo Amante intègrent la liste des mycologues

argentins dotés d’une solide formation.

Cryochirurgie: ses figures de renommée furent E. Turjansky et G. Stolar (auteurs

d’un livre de consultation obligatoire), des pionniers comme Alberto Torres Cortijo et

Carlos Kaminsky, ainsi que Luis Sevinsky et Eduardo Rodríguez (de nos jours). La Société

argentine de cryochirurgie organise périodiquement des réunions au siège de l’Association

médicale argentine.

Infections de transmission sexuelle (ITS): pendant plus de 20 ans, les pays latino-américains

firent partie de l’Union latino-américaine des maladies sexuellement transmissibles

(ULACETS en espagnol), créée au Brésil et en Argentine et qui travailla intensément au

contrôle des différentes dermatoses entremêlées. Ses présidents furent, entre autres, les

Argentins Alberto Woscoff, Juan Carlos Flichman et Mario Ambrona. Actuellement, l’Union

argentine contre les maladies de transmission sexuelle (UACETS) est intégrée par Ricardo

Casco, Alcira Bermejo, Mario Oxilia et Luis Belli. L’UACETS joua un rôle important dans la

reconnaissance, de la part de l’Organisation sanitaire panaméricaine, de la syphilis congénitale

comme une des pathologies prioritaires du continent américain.

Les livres de référence sur le sujet sont le Tratado de Venereología [Traité de Vénéréologie],

écrit par le Dr Viglioglia et coll.; ETS y SIDA [MST et SIDA], de P. Viglioglia et

A. Woscoff ainsi que Las ETS en tiempos del SIDA [Les MST à l’époque du SIDA], dont les

auteurs sont M. Marini et M. Oxilia.

Actuellement, les IST représentent toujours un grave problème sanitaire dans les provinces,

qui reçoivent le soutien des professionnels et des services consacrés au sujet.

Photothérapie: plusieurs services hospitaliers possèdent des appareils PUVA et UVB.

Les pionniers dans la technique sont Edgardo Chouela, Fernando Stengel, J. Ubogui et

Luis Sevinsky, qui se consacrent également à son enseignement.

Il est impossible de mentionner tous les professionnels qui se distinguent dans l’étude

des différentes pathologies sans s’exposer à des oublis impardonnables. Nous en citerons

quelques-uns: Horacio Cabo (diabètes et peau), Esteban Saraceno (médecine interne et

peau), Sergio et Osvaldo Stringa, Patricia Troielli, María Bibiana Leroux et Cristina Pascutto

(collagénopathies).

47


Figure 20. Revista

Argentina de

Dermatología

Figure 21. Archivos

Argentinos de

Dermatología

Figure 22.

Dermatología

Argentina

Figure 23.

Actualizaciones

Terapéuticas

Dermatológicas

PABLO A. VIGLIOGLIA, ALBERTO WOSCOFF

La Société argentine de dermatologie et la Fondation du cancer de la peau — présidée

par Fernando Stengel — organisent ensemble des campagnes annuelles nationales

pour contrôler la maladie; les résultats sont analysés et constituent des guides pour les

pays qui entreprennent le même travail.

■ Revues Revues sur de la spécialité

Quatre revues sont publiées périodiquement en Argentine (figures 20-23):

• Revista Argentina de Dermatología, organe officiel de l’Association argentine de

dermatologie, créée en 1908 et dernièrement dirigée par P. Magnin, J. Abulafia, L. Valle,

N. Gottlib et A. Palacios.

• Archivos Argentinos de Dermatología, dont la publication fut lancée en 1951 et dirigée

successivement par Luis Pierini, Dagoberto Pierini, Santiago Mosto, Adrián Pierini,

Fernando Stengel et Andrés Politi.

• Dermatología Argentina, organe officiel de la Société argentine de dermatologie,

fondée en 1994 et dirigée par Alberto Woscoff (directeur honoraire) et Liliana Olivares.

• Actualizaciones terapéuticas dermatológicas, dirigée et éditée par León Jaimovich

et Miguel Allevato; elle est reconnue en Amérique latine et aborde l’aspect thérapeutique

contemporain de la spécialité.

■ Livres de la la spécialité

48

• Dermatomicosis [Dermatomycoses]. P. Negroni, 1942.

• Micosis cutáneas y viscerales [Mycoses cutanées et viscérales]. P. Negroni, 1944,

1961.

• Dermatología y sifilología [Dermatologie et syphilologie]. M. Fernández Blanco et

M.A. Mazzini, 1945.

• Porfirinas y porfirias [Porphyrines et porphyries]. J.M. Borda, 1946.

• Introducción al estudio de la dermatosifilología [Introduction à l’étude de la dermato-syphilologie].

L.E. Pierini et M. Quiroga, 1946.

• PH cutáneo [PH cutané]. C.F. Guillot, 1949.

• Eczema [Eczéma]. M. Quiroga et coll. 1949.

• Compendio de Dermatosifilografía [Précis de dermato-syphiligraphie]. F. Noussitou,

A. Cordero et A.M. Mom, 1949.

• Tuberculosis de piel [Tuberculose de la peau]. R. Garzón, 1950.

• Sarcomatosis de Kaposi [Sarcomatose de Kaposi]. D. Grinspan, 1950.

• Rosácea [Rosacée]. P.H. Magnin, 1953.

• Dermatomiositis [Dermatomyosite]. J.M. Borda et S. Stringa, 1955.


• Dermatología Geriátrica [Dermatologie gériatrique]. M. Quiroga, C.F. Guillot et

A. Woscoff, 1963.

• Manual de Dermatología [Manuel de dermatologie]. J.C. Gatti et J.E. Cardama (plusieurs

éditions de 1963 à 1989).

• Historia de la lepra en la Argentina [Histoire de la lèpre en Argentine]. M.I. Quiroga,

1964.

• Porfirias [Porphyries]. P.A. Viglioglia et E.F. Saraceno, 1968.

• Sífilis: clínica y laboratorio [Syphilis: clinique et laboratoire]. P.A. Viglioglia et

E. Gaya Noya, 1968.

• Dermatología infantil [Dermatologie infantile]. A.M. Mom et A. Chouela, 1968.

• Úlceras de pierna [Ulcères des jambes]. R. Garzón (fils), 1969.

• Las hipodermitis [Les hypodermites]. L.E. Pierini, J. Abulafia et S. Wainfeld, 1969.

• Temas de Dermatología [Sujets de dermatologie]. Tomes I à V. P.H. Magnin et coll.

• La lepra: pasado y presente [La lèpre: passé et présent]. M. Quiroga, 1974.

• Polidisplasia con hipoplasia dérmica focal [Polydysplasie avec hypoplasie dermique

focale]. P. Magnin, J.G. Casas, M. Marini et E. Garrido, 1974.

• Dermatología pediátrica en la práctica clínica [Dermatologie pédiatrique dans la

pratique clinique]. H.G. Crespi, 1978.

• Tumores de piel [Tumeurs cutanées]. P. Magnin et J.G. Casas, 1978.

• Porfirinas y porfirias [Porphyrines et porphyries]. A. Batlle, P. Magnin et E. Wider, 1981.

• Urticaria [Urticaire]. A. Cordero et A. Woscoff, 1981.

• Las disproteinemias en dermatología [Les disprotéinémies en dermatologie]. B. Nudenberg,

1982.

• Manifestaciones dermatológicas de enfermedades internas [Manifestations dermatologiques

de maladies internes]. P. Viglioglia, 1982.

• Terapéutica dermatológica en la infancia [Thérapeutique dermatologique chez les

enfants]. N.A. Vivot et coll., l983.

• Dermatología elemental [Dermatologie élémentaire]. P. Viglioglia, 1985.

• El eccema infantil [L’eczéma infantile]. A. Cordero et H.G. Crespi, 1985.

• Conceptos prácticos de farmacología dermatológica externa [Concepts pratiques de

pharmacologie dermatologique externe]. J.C. Gatti, J.E. Cardama, J.G. Machargo et

L. Olivares, 1986.

• Terapéutica dermatológica actualizada [Thérapeutique dermatologique mise à

jour]. L. Jaimovich, 1986.

• Mucinosis. Nuevas aproximaciones a la clínica [Mucinose. Nouvelles approches à la

clinique]. B. Nudenberg, 1986.

• Dermatología médicoquirúrgica [Dermatologie médicochirurgicale]. R. Garzón (fils), 1987.

• Dermatología pediátrica [Dermatologie pédiatrique]. A. Cordero et H.G. Crespi, 1987.

• Tumores cutáneos de los tejidos blandos [Tumeurs cutanées des tissus mous]. P. Magnin

et R. Schroh, 1989.

Quelques livres de la dernière décennie

Histoire de la dermatologie argentine

• Introducción a la inmunodermatología [Introduction à l’immunodermatologie].

A. Woscoff et P. Troielli, 1994.

• Dermatología neonatal y pediátrica [Dermatologie néonatale et pédiatrique].

M. Larralde de Luna, 1995.

• Citogenética en el pregrado [Cytogénétique dans les études supérieures]. R. Garzón

(fils), Savia, Bornetto, Garzón, 1996.

• Manifestaciones cutáneas de la diabetes [Manifestations cutanées du diabète].

H. Cabo, 1996.

• Ictiosis. Estados ictiosiformes [Ichtyose. États ichtyosiformes]. A. Cordero, 1997.

49


PABLO A. VIGLIOGLIA, ALBERTO WOSCOFF

• Manifestaciones cutáneas de las enfermedades sistémicas [Manifestations cutanées

des maladies systémiques]. A. Cordero, M. Cobreros, M. Allevato et L. Donati, 1997.

• El eccema infantil [L’eczéma infantile]. A. Cordero et H. Crespi, 1998.

• Nevos [Nævi]. H. Cabrera et S. García, 1998.

• Manual de Dermatología Clínica [Manuel de dermatologie clinique]. R.E. Balsa,

1998.

• Dermatología infantil en la clínica pediátrica [Dermatologie infantile dans la clinique

pédiatrique]. S. Pueyo et J.A. Mássimo, 1999.

• Urticaria [Urticaire]. A. Woscoff et P. Troielli, 1999.

• Atlas Fotográfico de Dermatología [Atlas photographique de dermatologie]. A. Kaminsky

et G. Fernández Blanco.

• Dermatoscopía [Dermatoscopie]. H.A. Cabo.

• Dermatopatología [Dermatopathologie]. J.G. Casas, G. Magariños et G. Casas.

• Temas de Dermatología [Sujets de dermatologie]. P. et M. Viglioglia.

• Orientación dermatológica en Medicina Interna [Orientation dermatologique en médecine

interne]. A. Woscoff et A. Kaminsky, 2002.

• Dermatología de Gatti Cardama [Dermatologie de Gatti Cardama]. H. Cabrera et

F. Gatti, 2003.

• Dermatología en Medicina Interna [Dermatologie en médecine interne]. A. Woscoff,

A. Kaminsky, M. Marini et M. Allevato, 2003.

• Principios de inmunodermatología [Principes d’immunodermatologie]. A. Woscoff,

P. Troielli et M. Label, 2004.

• Dermatología en el pregrado [La dermatologie dans les études supérieures]. P. Magnin

et coll. (plusieurs éditions).

• Manual básico de Dermatología [Manuel basique de dermatologie]. R. Garzón

(4 tomes).

■ Maîtres de la la Dermatologie dermatologie Argentine argentine (SAD) (SAD)

La Société argentine de dermatologie octroya le titre de « maître de la dermatologie

argentine » aux professionnels suivants: Alejandro A. Cordero, Miguel Ángel Mazzini,

David Grinspan, Pablo A. Viglioglia, Enrique D. Jonquières, Enrique E. Tello, León Jaimovich,

Jorge Abulafia, Vicente Pecoraro, Sergio Stringa, Carlos Consigli, Augusto Casalá,

Gerónimo López González, Osvaldo Mangano, Bernardo Nudemberg, Roberto

Biagini, Alberto Carvalho, Alberto Woscoff. ■

■ Références

bibliographiques

Grinspan D. Sinopsis histórica de

la Dermatología argentina.

Editado con motivo del 10º

Congreso Argentino de

Dermatología. Buenos Aires;

1990.

Man A. Referencias

dermatológicas en el Litoral

[communication personnelle].

Nudenberg B. Tres héroes de la

lucha contra la lepra y las

enfermedades venéreas en

Septembre 2005.

Rosario. Edición del autor;

1985.

Olivares L. Historia de la lepra

[communication personnelle].

Parra C, Pizzi de Parra N.

Referencias dermatológicas

en Mendoza [communication

personnelle].


DERMATOLOGIE:

ART ET CULTURE

Nous remercions le Pr. Dr Federico Pérgola, directeur de ce

travail.

Le concept de culture est très vaste et permet des interprétations différentes.

Si nous adhérons à la définition de Gordon Childe 1 , il s’agit de l’ensemble des

éléments matériels et immatériels dont l’homme se sert pour se débrouiller dans

la société 2 . Chaque groupe humain possède des règles propres et uniques qui le

caractérisent 3 .

Dans la formation du médecin, la culture de la liberté spirituelle est indispensable:

elle privilégie la valeur éthique anthropologique et la priorité de l’être. Les humanités

médicales (l’histoire de ladecine, la linguistique, l’anthropologie, la sociologie,

l’éthique, l’épistémologie, la communication et l’esthétique médicales) permettent d’encadrer

la conception de l’homme dans le schéma socioculturel. On réussit à créer à travers

elles l’esprit critique, l’attitude du doute méthodique et rationnel. Cet

antidogmatisme va nous libérer des traits négatifs tels que la déshumanisation de ladecine

et le réductionnisme biologique 4 .

Dans son ouvrage Filosofía y Medicina [Philosophie et médecine] Loudet affirme: « Il

n’est pas inapproprié de parler dedecine et de philosophie. Les grands médecins de

tous les temps et de toutes les écoles furent médecins et philosophes de leur science. Ils

ne contemplèrent pas seulement les effets, mais ils en cherchèrent la cause; ils ne s’égarèrent

pas dans la mer mouvante des symptômes et ils en cherchèrent une explication

intime; ils ne furent pas des prescripteurs impressionnistes, mais des praticiens expérimentés;

ils respectèrent toujours l’action curative de la propre nature et ils ne la perturbèrent

pas avec des impertinences thérapeutiques ; ils furent des médecins prudents

avant d’être des innovateurs audacieux. » 5

La Dermatologie dans la littérature

AMALIA M. BORES, INÉS A. BORES, LIDIA E. VALLE

■ La dermatologie dans la littérature

On peut entendre par « art » l’œuvre humaine exprimant de manière symbolique, à

travers des matériaux divers, un aspect de la réalité comprise esthétiquement.

Plusieurs médecins dermatologues possèdent une sensibilité qui les pousse à cultiver

les arts (musique, peinture, littérature, sculpture). Ils ne se limitent pas à la pratique

quotidienne de leur profession mais encore, pour essayer de comprendre entièrement la

condition humaine, ils veulent parvenir à un savoir intégral. Nous distinguerons parmi

eux Carlos Federico Guillot et Marcial Quiroga.

51


AMALIA M. BORES, INÉS A. BORES, LIDIA E. VALLE

Carlos Federico Guillot (1917-1984), brillant dermatologue, fut membre fondateur

du Collège ibéro-latino-américain de dermatologie ainsi que des Sociétés argentines de

gérontologie et gériatrie, d’anthropologie et d’histoire.

On trouve chez Marcial Quiroga (1899-1993) un autre exemple de personnalité éclectique.

Dermatologue remarquable, il fut professeur titulaire de la chaire de clinique dermato-syphiligraphique

à l’hôpital Ramos Mejía (1947-1965). Il fut désigné membre des Académies nationales

dedecine et d’histoire et on lui octroya les doctorats honoris causa des universités de

Madrid et Complutense. En 1965, la municipalité de Buenos Aires le nomma maître extraordinaire

de dermatologie et en 1977 il devint professeur émérite à l’université de Buenos Aires.

En tant qu’historien médical, nous distinguerons parmi ses ouvrages: Historia de la

lepra en Argentina [Histoire de la lèpre en Argentine] ; La lepra. Pasado, Presente [La

lèpre. Passé, présent] ; Manuel Moreno, biografía [Manuel Moreno, biographie] et La

Academia Nacional de Medicina de Buenos Aires [L’Académie nationale dedecine de

Buenos Aires]. Nous citerons également son livre Paremiología Médica y otros refranes

en la Argentina [Parémiologie médicale et autres dictons en Argentine] et le vaste mélange

Un libro y seis lectores [Un livre et six lecteurs] 6, 7, 8 .

Au cours des dernières décennies, l’utilisation de l’informatique s’amplifia dans la vie

de tous les jours, permettant un échange interactif mondial et sans limites qui favorise la

maîtrise du temps et de l’espace. Marcelo Sosa Ludicissa 9 affirme que dans le monde virtuel

de l’Internet, il est possible d’accéder à l’information de façon concourante par différents

moyens. Ainsi par exemple, à partir d’un article écrit par un certain auteur, on peut

connaître d’autres données supplémentaires. Cette interaction produit une capacité plus

grande d’association des idées, ce qui permet de multiplier la capacité d’apprentissage.

Selon Berlim, actuellement, « l’information est sphérique, dynamique, avec de multiples

points d’accès et de liaison; chacun construit essentiellement son information. Le papier

est remplacé par des images électroniques transmises par télécommunication ».

Le développement d’une société informatisée va permettre de construire de nouveaux

archétypes culturels.

■ La La médecine populaire. Les guérisseurs Les guérisseurs et la magie et la magie

52

Pérgola s’exprime comme suit : « On ignore si le mot magie doit son origine au nom d’une

des tribus medas nommée mages ou bien s’il provient d’anciennes voix latines dont la signification

est liée à la supériorité spirituelle – du point de vue étymologique cela semble

bien être vrai. » L’auteur signale trois types de magie: la théurgie, secrète et religieuse;

la magie blanche, appliquée au bien; et la magie noire, qui reçoit l’aide du démon 10 .

La magie est interprétée comme la croyance que tout phénomène naturel, par

exemple la maladie, est déterminé par des entités ou des forces invisibles et supérieures,

qui peuvent être dominées d’une certaine manière à travers des cérémonies ou des rituels

exécutés par le sorcier, magicien ou chaman (magie blanche).

Le chaman est un homme qui possède la capacité d’entrer en transe extatique (vol

magique ou voyage de l’âme). C’est un voyant, un guérisseur et un maître de vie.

La formalité du rite comprend des incantations, des conjurations, des enchantements*,

des gestes et des danses. Les rites sont pratiqués à des endroits spéciaux dont l’accès est

difficile, tels que des fontaines, des îles, le sommet des montagnes ou des abîmes.

Pour la conception magique, le médicament est efficace grâce au rite par lequel il est

administré, au pouvoir personnel du sorcier et à l’endroit où il est appliqué 11 . Cette idée

* Incantations : moyen superstitieux de guérir avec des mots magiques et des médicaments empiriques ; conjurations : imprécations

ou sortilèges des sorciers ; enchantement : action d’enchanter, de faire des merveilles de façon surnaturelle.


Dermatologie : art et culture

de ladecine est caractéristique des peuples naturels, c’est-à-dire ces unités sociales

ou tribus qui possèdent des ressources techniques limitées 12 . Suivant l’interprétation de

la réalité, il existe cinq mécanismes de la nosogénèse: l’envoûtement nocif, l’infraction

d’un tabou, la pénétration magique d’un objet dans le corps, la possession par un esprit

malveillant et la perte de l’âme.

Bon nombre de peuples naturels disparurent à cause des épidémies provoquées par

le choc avec d’autres civilisations, les famines, l’émigration et la transculturation*.

En Argentine, les Matacos habitèrent le territoire de la province du Chaco; quelques

groupes y subsistent encore. Leurs sorciers pratiquaient la succion de la zone malade et

simulaient l’extraction du mal par des vomissements de pierres, d’insectes ou de bouts

de flèches qu’ils cachaient dans leur bouche. Pour cela, ils accompagnaient leurs pratiques

de chants et de danses. En herboristerie, ils utilisèrent le yetabay ou jalapa; le jus

obtenu de ses fleurs était indiqué dans les affections herpétiques et autres dermatoses.

Les Guaranis appartenant au groupe Tupi Guarani habitèrent les îles du fleuve Paraná;

leur habitat s’étendait jusqu’à l’Amazone. Ils se servirent de l’huître, ita, coquille

bivalve pulvérisée ou moulue avec laquelle ils saupoudraient les plaies ou les abcès pour

accélérer leur guérison. La peau du corbeau (urubu) s’appliquait également sur les

plaies. Pour les maladies vénériennes, ils utilisaient de la résine de copaïba (Copaifera

officinalis ou bâton à huile) ; la salsepareille (Smilax aspera), cuite et macérée dans du

vin, ayant la propriété de stimuler la sueur, était également préconisée pour le traitement

de la gale.

Ils utilisaient dans le même but la ronce blanche (Bytneria ou Punttneria cartagenesis),

tandis que la sauge (Salvia officinalis) était indiquée pour l’épithélialisation des ulcères.

L’utilisation du rocou (Bixa orellana) fut très importante; les graines de cet arbre

contiennent deux colorants: l’un est jaune – orellina ; l‘autre est rouge cinabre, appelé

bixina. Les aborigènes appliquaient sur la peau la bixina, insoluble dans l’eau, combinée

à des graisses, des résines et des cires afin de repousser les insectes et d’atténuer l’action

des rayons ultraviolets. Cette « rocourisation » résistait aux bains et à la sueur.

À l’époque précolombienne le tabac (Nicotiana tabacum) était utilisé pour soigner la

gale, l’érysipèle et les piqûres.

Les Mocovis habitèrent la région s’étendant depuis le fleuve Bermejo et les frontières

de la province de Tucumán jusqu’à la province de Santa Fe. Ils utilisèrent le cébil — de la

famille des mimosacées — sous forme de plombage pour les lésions mutilantes de la lèpre.

Les tribus pampas s’établirent dans le sud de Mendoza, Santa Fe, San Luis, Córdoba

et le nord-ouest de Buenos Aires; elles utilisèrent le yang dans la thérapeutique des

aphtes buccaux 13 .

Les formes prétechniques de ladecine nous léguèrent certaines pratiques qui

s’ajoutèrent à ladecine populaire (folk Medecine).

L’empirisme (c’est-à-dire le fait d’avoir recours à un remède ou à une pratique parce

que bénéfiques dans des cas similaires) et la magie fusionnèrent en utilisant quelque

drogue qu’ils firent passer du monde primitif ou naturel au monde « civilisé ». Ce sont

par exemple la quinquina, l’opium et la belladone, entre autres 11 .

La suggestion est la méthode employée par les sorciers pour induire la guérison 14 . Le

chaman occupe une position privilégiée dans la sphère sociale; son ethnie le respecte

parce qu’elle pense qu’il connaît le mystère de la vie et de la mort, et qu’il possède la faculté

de guérir et de produire, à sa guise, la maladie.

La médecine est art (tekne) lorsque celui qui l’exerce connaît de façon rationnelle la

définition de la maladie et le remède qui convient pour chaque cas. Ce double savoir est

* Transculturation : processus de diffusion ou d’influence des traits culturels d’une société, lorsqu’elle entre en contact avec une

autre société moins évoluée.

53


AMALIA M. BORES, INÉS A. BORES, LIDIA E. VALLE

54

en rapport avec la connaissance, également rationnelle, de la « nature » de la maladie

et de sa guérison.

Le changement de paradigme est dû au génie des médecins grecs, exprimé dans un

texte d’Alcméon de Crotone vers l’an 500 av. J.-C. 11 .

À partir de la découverte de l’Amérique, des médecins européens s’installèrent dans

les régions les plus peuplées, mais ils se révélèrent insuffisants pour répondre aux

besoins de la population, qui avait en général recours aux guérisseurs.

Cela amena le protomédico Miguel O´Gorman à demander au vice-roi Vértiz la création

du Protomedicato du Rio de la Plata (1777). Le Protomedicato était une institution

créée en Espagne et à la charge dedecins désignés par le roi. L’autorisation, octroyée

en 1780, posa les bases de l’enseignement de la science médicale et pharmacologique

sur ces terres.

Yankilevich écrit à propos de ces fonctionnaires: « Ils avaient la triple fonction de la

direction, de l’enseignement et des problèmes du gouvernement en ce qui concernait la

decine, la chirurgie et la pharmacie; ils administraient la justice, en constituant un

tribunal spécial pour châtier les fautes et les excès commis par les médecins; ils poursuivaient

les guérisseurs; enfin, ils fixaient les tarifs pour les examens et la visite chez

l’apothicaire. » 15

Plus tard, le 9 avril 1822, la loi d’arrangement de ladecine fut promulguée sous le

gouvernement du général Martín Rodríguez (1820-1824). Elle contenait 98 articles et, inspirée

par Rivadavia, elle encadrait les attributions du nouveau tribunal dedecine, qui

allait remplacer le Protomedicato. Cette loi établissait la forme et les conditions de l’assistance

médicale et de la pharmacie, et en créait les écoles respectives; elle stipulait dans de

brefs articles les procédures judiciaires de prophylaxie ainsi que les inspections sanitaires

afin de prévenir la transmission des maladies infectieuses. Elle établissait les attributions

des médecins de police, du port et de la campagne. Le titre IX traitait de l’administration

du vaccin, tandis que l’Académie dedecine fut créée à travers le titre X.

Le danger du guérisseur réside dans le fait que, comme il méconnaît ladecine, il

a recours à des actes arbitraires afin de convaincre son client qu’il peut le guérir, et son

action est souvent liée à son appât du gain et à une forme de messianisme. Les médecins

sont actuellement insuffisants par rapport à la densité démographique, rendant l’éradication

de ce genre de pratiques difficile.

Quant aux charlatans, Nerio Rojas les définit comme « tout professionnel diplômé

(médecin, dentiste ou sage-femme) qui, autorisé à exercer l’art de guérir, promet une

guérison dans un délai fixe ou par des moyens secrets ou infaillibles ».

La diffusion actuelle de publicités dans les médias favorise l’action de guérisseurs

et charlatans 16 . Magrassi et Radovich pensent que dans la réussite des guérisseurs le

« rapport personnalisé avec leur patient » est très important. « Cette personnalisation de

l’interaction est due au fait que le savoir et le langage du guérisseur coïncident avec ceux

du malade. » Les facteurs culturels trouvent leur correspondance dans la maladie aussi

bien que dans son traitement 14 . En même temps, la clandestinité leur accorde un facteur

de suggestion qui favorise leur attraction auprès des clients, et la persécution dont ils

font l’objet engendre un courant de sympathie parmi ceux qui les consultent.

Certaines conditions déterminent le caractère idéal du guérisseur, par exemple le jour

et le lieu de sa naissance, l’héritage familial ainsi que l’ordre de naissance au sein de sa

famille. Le fait d’être né le Jeudi saint, le réveillon de Noël ou le jour de la Saint-Judas,

parmi les jours du martyrologe chrétien, est une marque favorable.

Baudouin fut intrigué par les résultats positifs qu’obtenaient parfois les guérisseurs et

il conclut qu’ils étaient dus à leur réputation et aux « braves pratiques dont la bravoure et

le manque de logique frappent par émerveillement et mettent le malade dans un tel état

d’émotion qu’il favorise l’autosuggestion spontanée; dans ces conditions, la foi guérit ».

L’auteur analysa les effets de l’autosuggestion dans la guérison des verrues vulgaires 17 .


Dermatologie : art et culture

À partir d’un travail réalisé dans l’état du Nouveau-Mexique avec les indigènes

Apaches, les chercheurs L.M. Boyer et R.M. Boyer conclurent que cette ethnie conciliait

chez les adultes un côté hystérique et un côté compulsif. Le sorcier aurait donc des

résultats positifs sur ce type de personnalité, notamment dans le traitement des maladies

psychogènes 18 .

En 1838, un nouveau concept prend force avec la publication de l’article de Max

Jacobi, « Nouvel examen sur les fondements de ladecine psychosomatique ». L’ouvrage

Psicología Médica [Psychologie médicale], du baron Ernest Von Feuchtersleben

paraît au cours de la même année, dans lequel il s’exprime comme suit: « La peur

produit énurésie, diarrhée, pollutions, érysipèle et des éruptions sur les lèvres; elle

favorise la réception de la contagion et les miasmes; elle perturbe les crises et aggrave

les troubles. » Voici donc une incursion dans la névroimmunologie 14 .

Selon Guerra, la suggestion intervient dans l’action du médecin pour guérir la maladie

19 ; il s’agit là du processus le plus important, par la propre action. Pour sa part, Laín

Entralgo 11 considère que la suggestion constitue en soi tout un système thérapeutique;

elle a une valeur en tant que véhicule de la catharsis. Dans plusieurs cas l’amélioration

du patient fut observée immédiatement après l’interrogatoire ou les techniques sémiologiques.

De son côté, Pérgola affirme que « l’acte médical renferme tout un contenu rituel qui

mit sur le même plan, depuis l’Antiquité, le médecin et les dieux, les saints, les rois légendaires

capables de guérir avec une simple imposition de mains. » 14

Dans un texte ultérieur, ce même auteur énonce que « la présence du médecin est médecine.

Elle met en marche la pensée magique de l’autoguérison, aspect inhérent au

rapport entre le médecin et le patient. La clef ? Dans son rapport d’entretien – suivant la

classification de P. Schneider –, le médecin généraliste se rapproche de son patient, il

risque autant que lui, il se ‘‘fond’’ avec lui dans les manœuvres sémiologiques classiques:

observation, palpation, percussion, auscultation. Il établit un contact, et ce contact

engendre la plus grande solidarité. Lorsqu’un patient distingue une déshumanisation

dans le traitement, il la perçoit comme un manque de rapprochement sémiologique. » 3

Cet auteur signale également qu’il ne faut pas avoir peur de comparer le médecin au

sorcier et, en citant Sigerist, il ajoute que le guérisseur primitif est bien plus que l’ancêtre

du médecin moderne: il est l’ancêtre de la plupart de nos professions. « Il en sait plus sur

le monde transcendantal que la plupart des gens, au point d’en avoir la maîtrise. » 20

Robinson dit que le candidat pour devenir sorcier devait posséder une caractéristique

peu commune: avoir une force extraordinaire; être sage ou difforme; souffrir d’attaques

épileptiques; avoir une prédisposition pour entrer en transe; être maladroit avec les

armes; être ventriloque; avoir été l’objet des rêves des aînés ou sentir une attirance manifeste

par la méditation et les promenades solitaires dans les bois. Il arrivait parfois

qu’un jeune ayant des aptitudes naturelles préfère la science à la chasse, et il choisissait

alors de devenir élève d’un guérisseur réputé. Les études étaient longues, difficiles et

coûteuses; il fallait apprendre beaucoup de ruses, connaître plusieurs herbes, infinité de

rites et une méthode de base précise. Le guérisseur ne pouvait pas être comme les

autres, il devait être un homme à part. Ses vêtements, ses habitudes et ses pensées devaient

être différents. Il ne pouvait pas partager la routine de la vie de ses semblables, il

devait toujours être un homme mystérieux. Au fur et à mesure que les cérémonies devenaient

plus compliquées et se consacraient à la tradition, le sorcier devenait le prophète

et le prêtre de son peuple 21 .

55


AMALIA M. BORES, INÉS A. BORES, LIDIA E. VALLE

■ Les Les moulages en cire. en cire. La photographie La photographie

56

La chaire de maladies vénériennes fut créée le 18 mars 1892. Le Dr Baldomero Sommer,

formée à l’école de Vienne où il étudia avec Kaposi, en fut le premier professeur

titulaire ; il reçut plus tard l’influence de l’école française (Gaucher, Fournier, Darier) 6 . Il

travailla à l’hôpital San Roque (actuellement hôpital Ramos Mejía).

Sommer créa le musée des moulages en cire, confectionnés par Walter S., représentant

la morphologie des maladies cutanées afin de faciliter leur apprentissage. Lors de

l’inventaire de 1915, 116 pièces, dont celles représentant la sporotrichose, la blastomycose,

la piqûre d’araignée, la sclérodermie, la syphilis, la pityriasis lichénoïde chronique,

la lèpre, le lichen, le sarcome de Kaposi, le psoriasis et le granulome vénérien, furent

dénombrées.

Sommer utilisait des illustrations d’atlas dermatologiques 22, 23 à des fins pédagogiques;

il rassembla également des photographies qui révélaient les maladies de ses

patients 6 . Plus tard, le Pr. Pedro Baliña vint enrichir le matériel iconographique de la

première chaire de dermatologie 24 .

La technique photographique permit la reconnaissance objective des dermatoses.

Dans les premiers temps, les photographies étaient colorées à la main. Cependant, la

photographie en noir et blanc, qui fut tirée en sépia au début, constitua un grand recours

dans le manuel d’étude dermatologique.

Squire, un chirurgien du Dispensaire libre de l’ouest de Londres, publia en 1865 un

atlas de dermatologie et vénéréologie entièrement illustré de photographies. Parmi

celles-ci, douze étaient colorées à la main: elles occupaient toute la page et comportaient

un résumé succinct du cas clinique.

Il est essentiel en dermatologie d’identifier les maladies à partir de l’aspect extérieur

de la zone affectée, voilà pourquoi les illustrations des manuels d’étude nécessitent une

grande fidélité. Toutes les méthodes novatrices à une époque donnée furent utilisées

pour l’enseignement de la dermatologie, depuis le « dessin à l’aquarelle jusqu’à la photographie

en couleur, et depuis les premières xylographies jusqu’à la technique moderne

d’impression offset couleur. » 25 ■

■ Références

bibliographiques

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Historia? Buenos Aires:

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Medicina. Barcelona: Salvat;

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25. Ehring F. Ilustración científica

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HISTOIRE DE L’ASSOCIATION

ARGENTINE DE

DERMATOLOGIE

PÉDIATRIQUE

Un poco de nuestra historia

JOSÉ ANTONIO MÁSSIMO, PEDRO GARCÍA ZUBILLAGA,

GRACIELA MANZUR, MIRTA VÁZQUEZ

■ Quelques mots sur notre histoire

La dermatologie pédiatrique est une spécialité qui existe depuis longtemps en Argentine,

étant donné que dans les principaux hôpitaux pédiatriques du pays, les services de

dermatologie répondirent toujours aux besoins des jeunes patients souffrant de maladies

de la peau. C’est dans ce milieu que des dermatologues argentins réputés comme Pacífico

Díaz, Luis Trépat et Dagoberto Pierini développèrent leur spécialité; ils diffusèrent

également leurs connaissances en Argentine et à l’étranger.

Malgré leur remarquable activité, autant quantitative que qualitative, les dermatologues

dédiés aux enfants n’avaient aucun endroit commun où partager leurs expériences

et échanger leurs problèmes; ils exprimaient leurs inquiétudes et enseignaient

au sein des deux groupes dermatologiques consacrés à la dermatologie générale qui

existaient à l’époque. Dans ce contexte, il n’y avait aucune possibilité d’organiser des

congrès ou d’autres activités académiques de portée nationale, encore moins internationale,

avec un programme spécifique traitant des maladies cutanées des enfants.

D’ailleurs, cela ne différait pas beaucoup de ce qui se passait dans le monde.

Cependant, à partir des années 70 un mouvement pour rassembler les dermatologues

pédiatres prit de l’ampleur, donnant naissance à la Société internationale de dermatologie

pédiatrique qui allait encourager les premiers congrès de la spécialité.

Suivant ce mouvement, l’idée germa de fonder un groupe national en Argentine pour

réunir les spécialistes dans le domaine de la pédiatrie; le 29 décembre 1989 quelquesuns

parmi eux, stimulés par le Dr Adrián Martín Pierini, décidèrent d’entreprendre les

activités qui mèneraient plus tard à la constitution de la Société argentine de dermatologie

pédiatrique (SADEPE).

Dans les premiers temps, la nouvelle institution organisa des réunions scientifiques

deux ou trois fois par an dans différents hôpitaux. Ensuite, elle travailla pour que l’Argentine

devienne le siège d’un congrès mondial de la spécialité. Finalement, en 1994, après

des démarches difficiles, la SADEPE décrocha sa première responsabilité: organiser le

7 e Congrès mondial de dermatologie pédiatrique, présidé par le Dr Adrián M. Pierini.

59


JOSÉ A. MÁSSIMO, PEDRO GARCÍA ZUBILLAGA, GRACIELA MANZUR, MIRTA VÁZQUEZ

60

La SADEPE offrit au congrès un encadrement institutionnel adéquat. Un autre objectif

apparut alors, plus ambitieux: réunir au sein de cette société tous les médecins attirés

par la dermatologie pédiatrique.

La réussite de l’événement, qui accueillit plus de 900 assistants du monde entier et eut un

rayonnement national et international, aida à la consolidation de la société ; il était temps de

penser à son officialisation. Les préparatifs eurent lieu au cours d’une assemblée qui se tint

à l’hôpital de pédiatrie Pr. Dr Juan P. Garrahan, où les autorités provisoires furent priées d’entamer

les démarches pour la création d’une entité officielle indépendante de celles existantes.

Les démarches auprès de l’organisme du gouvernement qui contrôle l’existence et le

développement des associations civiles eurent une fin heureuse le 14 août 1995, lorsqu’un

groupe de dermatologues pédiatres se réunit en assemblée à l’hôpital Garrahan, marquant

le début des activités scientifiques de la Société argentine de dermatologie pédiatrique.

Cette assemblée approuva le projet de statut de la nouvelle institution et désigna la

première commission directive, intégrée comme suit: Adrián Martín Pierini (président),

Eva Golberger de Mora (vice-présidente), Silvia Anselmi (secrétaire générale), Rita

García Díaz (secrétaire scientifique), Rebeca Rubinson (trésorière), Alicia Rositto et Zulema

Piccone (membres titulaires), Silvia Pueyo et Alejandro Campos Carlés (membres

suppléants). Le contrôle fiscal fut confié à Amalia Campo et Jorge Savoia (contrôleurs

titulaires des comptes) et à Lidia Valle (contrôleur suppléante des comptes).

La reconnaissance juridique de l’institution fut obtenue par la résolution 00191 du 17

novembre 1995.

Les membres de la SADEPE, réunis en assemblée le 27 avril 1996 à l’hôpital

Pr. Dr Juan P. Garrahan, décidèrent de rénover la commission directive, les nouvelles

autorités étant organisées comme suit: président, Jorge Savoia; vice-président, Silvia

Pueyo; secrétaire général, Alberto Lavieri; secrétaire scientifique, María Rosa Cordisco;

trésorière, Viviana Kislansky; membres titulaires, José Antonio Mássimo et Adrián

Martín Pierini; membres suppléants, Zulema Piccone et María Ranalletta. Quant à la fiscalisation,

María del Carmen Boente et Nélida Pizzi de Parra furent désignées contrôleurs

titulaires des comptes et Gisella Delfino contrôleur suppléante.

La nouvelle commission directive proposa comme tâche majeure l’organisation et la

réalisation d’un congrès argentin de la spécialité.

Deux ans après, la SADEPE organisait le 1 er Congrès argentin de dermatologie pédiatrique

(du 13 au 16 août 1997) dans la ville de Buenos Aires. Ce congrès proposa un important

programme scientifique et accueillit une assistance composée de nombreux

pédiatres et dermatologues. Il fut présidé par le Dr Jorge Savoia et compta parmi les invités

spéciaux de prestige international John Harper, du Royaume-Uni; Moise Levy, Neil

Prose et Gerald Goldberg, des États-Unis; Ramón Ruiz Maldonado, du Mexique. Cet événement

marqua le début d’un chemin fécond en activités scientifiques de très haut niveau.

Le 16 août, à la fin du congrès, une assemblée extraordinaire désigna la nouvelle commission

directive: Silvia Pueyo (présidente), Nélida Pizzi de Parra (vice-présidente), José Antonio

Mássimo (secrétaire général), María Rosa Cordisco (secrétaire scientifique), Viviana Kislansky

(trésorière), Zulema Piccone et Alberto Lavieri (membres titulaires), María Amelia García et

María del Carmen Boente (membres suppléantes), María Teresa González et Carmen Margulis

(contrôleurs titulaires des comptes) et María Elsa Giovo (contrôleur suppléante des comptes).

Le renouvellement de la commission directive se vit accompagné de nouveaux projets tels

que la mise en place d’une activité scientifique annuelle plus régulière dans les différents

services de dermatologie pédiatrique, l’élargissement du registre des associés et l’achat d’un

siège propre. Trois réunions scientifiques eurent alors lieu en 1998 dans les hôpitaux Juan

P. Garrahan, Pedro de Elizalde (Buenos Aires) et Sor María Ludovica (La Plata).

Par ailleurs, la souscription de nouveaux associés fut importante et immédiate, entraînant

le changement de nom de l’institution qui, en pleine croissance, devint l’Association

argentine de dermatologie pédiatrique (ASADEPE), association civile.


Histoire de l’Association argentine de dermatologie pédiatrique

Finalement, l’accord conclu en juin 1998 entre l’ASADEPE et Procter & Gamble (firme

productrice de couches) aura permis plus tard à l’institution d’acheter la propriété qui

deviendra son siège social.

En avril de cette même année, le Dr José Antonio Mássimo, toujours en quête du

développement de l’institution, créa la revue Dermatología Pediátrica Argentina (DPA),

organe officiel de l’ASADEPE. Cette publication trimestrielle éditée à 8000 exemplaires

fut la première de la spécialité en langue espagnole.

Par la suite, l’institution soutint et donna son aval pour créer le diplôme de spécialiste

en dermatologie pédiatrique de la Faculté dedecine de l’université de Buenos Aires, à

l’initiative des Drs José Antonio Mássimo et Silvia Teresita Pueyo qui en deviendront

respectivement le directeur et la sous-directrice. Cette discipline, nouvelle et prépondérante,

se vit donc consolidée dans un domaine très vaste en Argentine, où l’importante

population enfantine nécessite beaucoup de soins pour les maladies de la peau.

Trois réunions scientifiques furent organisées en 1999: la première, le 27 mars, à

Mar del Plata (Hospital Privado de la Comunidad) ; la deuxième, le 7 août, dans le Círculo

Militar de Olivos ; la troisième, le 20 novembre, à l’hôpital Houssay de Vicente

López, dans la province de Buenos Aires.

Entre le 23 et le 25 août de la même année se déroula le 2 e Congrès argentin de dermatologie

pédiatrique, présidé par Silvia Pueyo; les invités étrangers Joseph Morelli et

Amy Nopper (États-Unis) enrichirent la liste des prestigieux invités nationaux. L’assistance

dépassa largement les 600 personnes.

Un autre pas important pour l’institution fut fait le 18 septembre 1999 avec l’achat

d’une maison située au numéro 5770 de la rue Honduras, dans le quartier de Palermo,

où fut installé le siège social de l’ASADEPE (figures 1 et 2). Destinés aux associés, plusieurs

cours sur la spécialité furent dispensés depuis son inauguration officielle (figures

3 et 4).

Le 25 septembre 1999 eut lieu le renouvellement des autorités de la commission

directive pour la période 1999-2001, intégrée désormais par Silvia T. Pueyo (présidente),

José Antonio Mássimo (vice-président), María Amelia García (secrétaire générale), Pedro

García Zubillaga (secrétaire scientifique), Antonio Pignataro (trésorier), Ricardo Kohan

et Pedro Rovere (membres titulaires), Anita Rossi et Araceli Rodríguez (membres suppléantes);

et pour la fiscalisation: Guillermo Ilho et Carlos Lorenzano (contrôleurs titulaires

des comptes) et Jorge Díaz Saubidet (contrôleur suppléant des comptes) (figure 5).

Cette nouvelle commission donna une forte impulsion à l’activité académique, mettant

en place un programme scientifique annuel régulier: trois réunions scientifiques et

un événement de plus grande ampleur, successivement consacré à la dermatologie du

nouveau-né, à la dermatologie pédiatrique et à la dermatologie de l’adolescent.

Les réunions scientifiques annuelles quittèrent l’enceinte des hôpitaux pour être

organisées dans des salles de convention ayant une plus grande capacité, accueillant des

decins désireux d’échanger leurs expériences. En 2000, la première réunion eut lieu

au Palais rouge (Buenos Aires, 29 avril), la deuxième, le 24 juin, au même endroit et la

troisième, le 9 décembre, à La Falda, dans la province de Córdoba.

La sous-commission de diffusion dirigée par le Dr Mirta Vázquez collabora à la mise

en place d’un programme destiné à faire connaître l’institution dans les hôpitaux de la

ville de Buenos Aires et de ses alentours. Entre avril et novembre 2000, des cours et des

ateliers de la spécialité furent organisés, rassemblant plus de 1300 médecins au total.

En août 2000 (25 et 26) eut lieu avec succès le 1 er Congrès argentin de dermatologie

du nouveau-né, présidé par Silvia T. Pueyo et José A. Mássimo, en présence du Dr

Lawrence Schachner des États-Unis (figure 6), de spécialistes réputés de notre entourage

et de plus de 500 pédiatres, dermatologues et néonatologues.

En 2001 fut mis en route un programme permettant à l’ASADEPE de se rapprocher

de la communauté, par le biais de conventions avec des entreprises commerciales lui

61


Figures 1 et 2.

Siège social de

l’ASADEPE.

Vue intérieure

(1) et vue

extérieure (2)

Figures 3 et 4.

Inauguration officielle

du siège social

JOSÉ A. MÁSSIMO, PEDRO GARCÍA ZUBILLAGA, GRACIELA MANZUR, MIRTA VÁZQUEZ

62

ayant demandé son aval sur des produits pour enfants. Ces conventions permirent d’organiser

des réunions visant à diffuser les connaissances sur le soin de la peau, aussi bien

auprès des médecins qu’auprès du public en général.

La première réunion scientifique de l’année 2001 eut lieu le 31 mars dans le musée

Reconquista (ville de Tigre, province de Buenos Aires); le 23 juin se tint la deuxième

réunion dans les salles du Palais rouge de la ville de Buenos Aires.

Entre les mois de mars et juillet 2001 – suivant le programme de la sous-commission

de diffusion – le deuxième cycle d’ateliers de dermatologie pédiatrique eut lieu dans différents

hôpitaux, qui accueillit plusieurs pédiatres et dermatologues.

Le 1 er Congrès argentin de dermatologie de l’adolescent eut lieu les 7 et 8 septembre,

présidé par le Dr José A. Mássimo et en présence des Drs Anne Lucky et Elaine Siegfried

(États-Unis) comme invitées internationales. Les inscriptions dépassèrent les 600 personnes,

dont plusieurs spécialistes argentins.

Le 25 septembre, une fois le congrès fini, la commission directive fut renouvelée pour

la période 2001-2003 et intégrée comme suit: président, José A. Mássimo ; vice-présidente,

María Teresa Zabala ; secrétaire général, Pedro García Zubillaga ; secrétaire scientifique,

Pedro Rovere ; trésorier, Carlos Lorenzano ; membres titulaires, Graciela Manzur

et Grete Bloch; membres suppléants, Nancy Leston et Jorge Verges ; Anita Rossi et Ana

María Lorenz comme contrôleurs titulaires des comptes et María A. García comme

contrôleur suppléante des comptes.


Histoire de l’Association argentine de dermatologie pédiatrique

Cette nouvelle commission décida d’équiper le

siège social d’outils et d’éléments pour que l’activité

scientifique et sociale puisse se dérouler de manière

optimale. Une bibliothèque, équipée de deux ordinateurs

pour rédiger les travaux, fut inaugurée et une

secrétaire permanente fut sélectionnée.

L’activité croissante de l’ASADEPE entraîna l’augmentation

des associés, pédiatres et dermatologues,

tous intéressés par ce nouveau mouvement de la dermatologie

pédiatrique. Il fut alors décidé que sur les

trois réunions scientifiques annuelles, deux seraient

organisées à Buenos Aires et la troisième dans

d’autres régions de l’Argentine, afin de diffuser la spécialité

dans des endroits plus éloignés.

Au cours du mois d’octobre, l’ASADEPE participa au 9 e Congrès mondial de dermatologie

pédiatrique à Cancun en mobilisant 12 spécialistes.

L’activité scientifique de l’année a été close le 1 er décembre dans le grand amphithéâtre

de l’hôpital Privado de la Comunidad, à Mar del Plata, avec le lancement d’une

campagne de photo-éducation sur les plages.

En 2002 la sous-commission de diffusion et événements, toujours dirigée par Mirta

Vázquez, organisa un réseau pour faire connaître les activités de l’institution et la revue

DPA dans les zones les plus éloignées du pays.

L’activité scientifique de l’année 2002 débuta au mois d’avril par la première des

réunions annuelles (Palais rouge, Buenos Aires). Un programme visant à développer la

dermatologie pédiatrique dans les provinces argentines fut mis en route au mois de juin:

les 1 res Journées de dermatologie pédiatrique du Nord-Ouest (15-16 juin), réalisées à

Tucumán, accueillirent les spécialistes argentins les plus réputés ainsi qu’un vaste auditoire.

Les salles du Palais rouge hébergèrent avec succès le 3 e Congrès argentin de dermatologie

pédiatrique (du 29 au 31 août 2002), présidé par le Dr J.A. Mássimo

et en présence d’invités étrangers – le Dr Ernesto Bonifazzi (Italie)

et Amy Nopper (États-Unis) – et d’une nombreuse assistance.

À cette époque-là fut construit le deuxième étage du siège social: les

invités étrangers du congrès et d’autres autorités académiques locales

furent présents pour son inauguration le 30 août.

La dernière réunion scientifique de l’année se réalisa à Luján (province

de Buenos Aires), avec un programme scientifique substantiel et la

présence de nombreux médecins.

L’activité de l’année 2003 débuta le 12 avril, avec la première réunion

annuelle (Palais rouge, Buenos Aires). Le 28 juin, afin de déplacer la

spécialité hors de l’enceinte de la ville de Buenos Aires, la deuxième

réunion fut organisée à l’hôpital pour enfants de La Plata, à laquelle

de nombreux médecins de la capitale, de La Plata et de ses environs,

assistèrent.

Le 2 e Congrès argentin de dermatologie du nouveau-né fut organisé du 11 au 13 septembre

2003, sous la présidence du Dr J.A. Mássimo, avec des invités étrangers aussi

réputés que Carlo Gelmetti (Italie), Joseph Morelli (États-Unis) et Marcelo Ruvertoni

(Uruguay) et une assistance dépassant les 800 personnes (figure 7).

L’assemblée des associés décida à la fin du congrès de ratifier la commission directive

pour une nouvelle période de 2 ans: J.A. Mássimo (président), María Teresa Zabala

(vice-présidente), Pedro García Zubillaga (secrétaire général), Graciela Manzur (secrétaire

scientifique), Carlos Lorenzano (trésorier), Grete Bloch et Nancy Leston (membres

63

Figure 5.

Commission directive

(période 1999-2001):

Silvia Teresita Pueyo,

José Antonio

Mássimo, María

Amelia García, Pedro

García Zubillaga,

Antonio Pignataro,

Ricardo Kohan, Pedro

Rovere, Anita Rossi,

Araceli Rodríguez,

Guillermo Ilho, Carlos

Lorenzano et Jorge

Díaz Saubidet

Figure 6.

1 er Congrès argentin

de dermatologie du

nouveau-né (2000):

José Antonio Mássimo

et Lawrence

Schachner


Figure 7.

2 e Congrès argentin

de dermatologie du

nouveau-né (2003)

JOSÉ A. MÁSSIMO, PEDRO GARCÍA ZUBILLAGA, GRACIELA MANZUR, MIRTA VÁZQUEZ

64

titulaires), Susana Grees et Silvina Bruey

(membres suppléantes), et pour la fiscalisation

Ricardo Kohan et Guillermo Ilho (contrôleurs

titulaires des comptes) et Pedro Rovere (contrôleur

suppléant des comptes).

Les 1 res Journées de dermatologie pédiatriques

du Centre argentin conclurent l’activité scientifique

de 2003 les 6 et 7 décembre dans la ville de

La Falda (province de Córdoba). Parmi les conférenciers

invités, les Drs Ricardo Negroni et Héctor

Lanfranchi de la ville de Buenos Aires,

Eudoro de los Ríos de San Miguel de Tucumán, et

Miguel Tregnaghi de Córdoba.

La première réunion scientifique de l’année

2004 fut organisée une nouvelle fois dans le

musée Reconquista de Tigre, avec un programme

attrayant que les nombreux assistants apprécièrent beaucoup.

Dès le début 2004, le comité scientifique de l’ASADEPE, dirigé par le Dr Graciela Manzur,

stimula l’enseignement au siège social par des cours (d’esthétique, d’immunologie, de

thérapeutique, de génétique, sur les maladies exanthématiques), l’instauration d’un cercle

mensuel d’enseignement, qui accueille spécialistes et médecins en formation de l’internat,

et un diplôme de dermatologie pédiatrique de la Faculté dedecine.

Au mois de mai, l’ASADEPE conclut une convention scientifique avec l’Association

argentine d’allergie et d’immunologie clinique afin de travailler ensemble sur l’étude des

maladies allergiques.

Ce même mois (20, 21 et 22 mai), l’ASADEPE décida d’entrer dans le domaine de la

télémédecine, en soutenant une initiative du Dr J.A. Mássimo et de l’hôpital de pédiatrie

Ricardo Gutiérrez et en offrant le cadre institutionnel au premier COVIDEP (Congrès virtuel

de dermatologie pédiatrique), organisé par les services de dermatologie pédiatrique

des hôpitaux Ricardo Gutiérrez et Juan P. Garrahan, respectivement dirigés par les

Drs J.A. Mássimo et Rita García Díaz. Cette initiative, qui compta également sur la

remarquable collaboration du Dr Moise Levy depuis la ville de Houston, au Texas, aura

permis aux médecins de partager leurs connaissances et leurs expériences avec les

patients d’un bout à l’autre du pays.

En juillet 2004 l’ASADEPE envoya une délégation de cinq membres au 10 e Congrès

mondial de dermatologie pédiatrique (Rome), qui participa activement au programme

scientifique.

Le 2 e Congrès argentin de dermatologie de l’adolescent, présidé par le Dr J.A. Mássimo,

fut organisé du 26 au 28 août, avec la participation d’invités étrangers tels que Antonio

Torrelo (Espagne), Roberto Arenas (Mexique), Jairo Victoria (Colombie), María

Isabel Herane (Chili) et Griselda de Anda (Uruguay) (figure 8).

La troisième réunion scientifique de l’année coïncida avec les 1 res Journées de photoéducation,

réalisées les 11 et 12 décembre à Mar del Plata et ayant reçu le soutien du

groupe de photo-éducation de la ville de Bahía Blanca, dirigé par le Dr María Isabel Caferri.

Grâce au système de visioconférence, plusieurs spécialistes des provinces argentines

purent y participer simultanément.

Une assemblée extraordinaire eut lieu afin d’aboutir à une vieille aspiration de la commission

directive: élargir le nombre de ses membres en incorporant d’autres représentants.

Sept nouveaux membres furent ainsi choisis pour permettre aux provinces argentines ayant

un nombre important d’habitants et d’associés d’être représentées. Cet élargissement

contribua à donner à la commission directive un caractère national ; on compte parmi ses

nouveaux membres: J.A. Mássimo (président) ; María Teresa Zabala, de Córdoba (première


Histoire de l’Association argentine de dermatologie pédiatrique

vice-présidente) ; Rita García Díaz (seconde vice-présidente) ; Pedro García Zubillaga

(secrétaire général) ; Graciela Manzur (secrétaire scientifique) ; Carlos Hugo Escudero (secrétaire

légal et technique) ; Carlos Lorenzano (trésorier) ; Jorge Laffargue (trésorier adjoint)

; Grete Bloch, Nancy Leston et Alicia Carrillo (Jujuy) ; Antonio Castillo (Salta), Cecilia

Farrero (San Luis) (membres titulaires) ; Susana Grees et María Elsa Giovo (Córdoba), Luis

Pedemonte (La Plata) (membres suppléants) ; Ricardo Kohan et Gabriel Magariños (contrôleurs

titulaires des comptes) ; Pedro Rovere (contrôleur suppléant des comptes).

Ce compte rendu succinct témoigne de la manière dont la dermatologie pédiatrique s’imposa

progressivement dans le monde entier, constituant aujourd’hui une spécialité de poids.

Les dermatologues pédiatres argentins ressentirent le besoin de bénéficier d’une

association qui les rassemblerait et leur permettrait de développer une activité scientifique

et sociale en accord avec leurs nécessités. C’est dans ce but que naquit l’ASADEPE.

Ses principaux objectifs visèrent et visent toujours à intensifier le travail scientifique

et pédagogique et à stimuler les rapports entre les dermatologues, les dermatologues

pédiatres, les immunologues, les allergologues et les pédiatres, en vue d’améliorer et

d’augmenter la qualité du soin de nos patients.

Pour aboutir à ces objectifs et concrétiser plusieurs projets, l’ASADEPE prit toujours de nouvelles

responsabilités et accepta de nouveaux défis, en offrant à ses associés des formations, des

cours, un support bibliographique et l’accès à un réseau informatique sur la spécialité.

Jusqu’ici, une part de l’histoire de notre institution est aussi une part de l’histoire de

tous ceux qui ont contribué à son développement.

Tout au long de ses dix ans de vie, l’ASADEPE sut créer, grâce au travail de tous ceux

qui ont cru au chemin qu’elle traçait, son propre espace bien mérité. L’ASADEPE continuera

de chercher ardemment l’expansion de la dermatologie pédiatrique afin de pérenniser son

histoire qui, encore aujourd’hui, se confond avec une partie de l’histoire de notre pays.

Nos dix ans d’histoire sont le meilleur aval de nos efforts, notre éthique professionnelle,

notre passion pour notre travail et notre engagement envers la société étant nos

valeurs essentielles. ■

Septembre 2005

Figure 8.

2 e Congrès argentin

de dermatologie de

l’adolescent (2004)


COMPTE RENDU

HISTORIQUE DE LA

SOCIÉTÉ BOLIVIENNE

DE DERMATOLOGIE

L’histoire de la Société bolivienne de dermatologie comporte trois étapes : avant sa

fondation, depuis sa fondation jusqu’à fin 1985, depuis 1986 jusqu’à nos jours.

Avant sa fondation

FERNANDO CÁRDENAS UZQUIANO, JUAN CARLOS DIEZ DE MEDINA

■ Avant sa fondation

Pour évoquer les origines de l’histoire de la dermatologie bolivienne, il faut chercher

des antécédents dans l’histoire même de ladecine en Bolivie. C’est pour cette raison

que nous avons fait appel au conseil de la Société bolivienne de l’histoire de ladecine.

Ce compte rendu tient compte de certains traits inévitablement incomplets et comporte

vraisemblablement des omissions involontaires.

Rien ne se crée spontanément mais il est vrai aussi que les progrès font parfois des

« bonds » : c’est ce qui se passa avec la dermatologie dans notre pays.

La dermatologie fut traditionnellement enseignée au sein des chaires spécialisées des

trois facultés dedecine du pays : celles de Sucre, La Paz et Cochabamba. Il existe depuis

longtemps des services d’hospitalisation destinés aux maladies de la peau ; dans la

ville de La Paz, 40 lits réservés à cet usage (30 pour les hommes et 10 pour les femmes)

étaient disponibles. Chacun de ces services accueillait des internes (rémunérés), qui y

travaillaient lorsqu’ils n’étaient pas admis dans les autres salles.

Dernièrement, ces services furent dirigés par les Drs Jorge Suárez et Enrique Vergara.

Le Dr Suárez eut le mérite de rendre possible la publication d’une Revista Médica

pendant plus de 10 ans, qui contenait des articles liés à la mycologie, à la léprologie et à

d’autres sujets.

Avant la création de la Société bolivienne de dermatologie, plusieurs médecins exercèrent

la dermatologie, tels Jorge Suárez, Alexandrowich Ferdin Humboldt, Enrique Vergara,

Apolinar Caro, Luis Nava, L. Piérola, Hartmann, ou encore L. López Ballesteros,

Norah Siles, Jaime Brian, Fernando Cárdenas, Omar Villagomez et peu après le Dr Fabio

Prado.

Les activités scientifiques débutèrent individuellement, à travers la participation

aux événements nationaux d’autres sociétés (de pédiatrie, de chirurgie, les cercles de

67


FERNANDO CÁRDENAS, JUAN CARLOS DIEZ DE MEDINA

decine, entre autres). Le Dr P. Sangüeza joua un rôle capital à l’époque : il innova et

enrichit les conférences de ses connaissances en histopathologie cutanée, complétant la

présentation des cas cliniques grâce à d’excellentes diapositives de photomicrographies.

Les écoles dermatologiques argentines, brésiliennes et colombiennes jouèrent un rôle

important dans la formation des spécialistes. La première favorisa notamment les liens

affectifs à l’étranger et posa les fondements de notre société. Trois figures sont à souligner

: les Prs Julio Martín Borda et Jorge Abulafia et le Dr Jaime Rubin, qui contribuèrent

à la formation de nouveaux spécialistes. Leur soutien est encore manifeste de nos

jours ; il faut aussi mentionner l’appui du Pr. Juan Carlos Gatti.

Le besoin pressant de créer une organisation scientifique dermatologique visant à

rassembler un nombre croissant de spécialistes se fit sentir : c’est ainsi que naquit l’idée

de fonder la Société bolivienne de dermatologie.

■ Depuis sa fondation sa fondation jusqu’à fin 1985jusqu’à

fin 1985

68

La Société bolivienne de dermatologie fut fondée le 20 avril 1968 au matin, au cours

d’une réunion qui rassembla les Drs Jorge Suárez, Enrique Vergara, Fernando Cárdenas,

Ferdin Humboldt, Pastor Sangüeza, Apolinar Caro et Fabio Prado Barrientos ; celleci

eut lieu au service de dermatologie (section hommes) de l’hôpital des cliniques de La

Paz. Les Drs Omar Villagomez, Luis F. Piérola, Luis Nava, Eduardo Saracho, Jaime Brianson

et Norah Siles furent considérés comme les cofondateurs de ladite société.

La commission directive fut intégrée comme suit : président : Dr Jorge Suárez ; viceprésident

: Dr Enrique Vergara ; secrétaire : Dr Fernando Cárdenas.

Une semaine plus tard, le 27 avril, une réunion eut lieu afin d’entreprendre la rédaction

du règlement de la nouvelle société ; celui de la Fédération bolivienne de dermatologie

fut adopté en attendant. On suggéra de former une commission qui serait chargée

d’élaborer un projet de statut.

Pendant environ trois ans la société ne fonctionna pas de manière active. Cependant,

en 1969, une nouvelle réunion qui comptait la présence du Dr Norah Siles servit d’encadrement

à la fondation de la Société bolivienne de léprologie, dont la première commission

directive fut constituée comme suit : président : Dr Norah Siles ; vice-président :

Dr Fernando Cárdenas ; secrétaire: Dr Omar Villagómez ; conseiller : Dr Jorge Suárez.

Même si cette Société de léprologie n’organisa pas de réunions officielles, ses

membres jouèrent un rôle éminent dans la léprologie bolivienne, initialement pilotée par

le Dr Suárez. La tâche des Drs N. Siles et R. Amonzabel fut notable : ils participèrent activement

à maints congrès, présentèrent de nombreux travaux et dirigèrent les léproseries

et les Instituts des Noirs à Jorochito et à Candúa.

Vers 1971, la Société bolivienne de dermatologie fut réorganisée et la commission

directive rénovée : le Dr Fernando Cárdenas devint président et le Dr Ferdin Humboldt

fut élu vice-président. Quelques jours plus tard, ces autorités reçurent une lettre du

Dr J. Brianson communiquant son intention de créer une Association bolivienne de dermatologie

; apprenant la réorganisation de la société, il leur offrit son soutien. Un projet

surgit alors et deviendrait plus tard une réalité : organiser un congrès et des rencontres

dermatologiques.

En 1973, la Société bolivienne de dermatologie projeta la réalisation d’un congrès

international ; étant donné les difficultés économiques liées à sa réalisation, la société dut

s’associer à d’autres organisations scientifiques, telles que la Société de biochimie

clinique et l’Association d’étude et de recherche odontologique ; le Collège ibéro-latinoaméricain

de dermatologie (CILAD) apporta à cette occasion son soutien financier.

Le congrès eut lieu du 13 au 17 juillet 1974, à la Universidad Mayor de San Andrés

de La Paz, les autorités universitaires et d’autres institutions participèrent à l’organisation


Compte rendu historique de la Société bolivienne de dermatologie

de cet événement. L’événement, appelé 1 er Symposium international de pathologie médicale,

odontologique et de biochimie clinique, fut présidé par F. Cárdenas et C. Borja, en

étroite collaboration avec le Dr Juan Guerra Mercado. Parmi les grandes personnalités invitées

se trouvaient Julio Martín Borda, Jorge Abulafia, Sergio Stringa, Luis Belli, Gilberto

González Resigno, Juan Carlos Flichman, Leopoldo Eguren, Ramón Baros et Jaime Rubin.

Le Pr. David Grinspan (qui nous rendit visite ultérieurement) et le Dr Pablo Viglioglia n’assistèrent

pas au congrès pour des raisons de force majeure.

Le moment fut propice à la création du symbole ou logotype de la Société bolivienne

de dermatologie (ce logo, qui existe toujours, fut imprimé pour la première fois sur un

programme luxueux). Les Prs Luis F. Piérola, Luis Nava et Jorge Suárez furent nommés

membres d’honneur de la société. Les séances eurent lieu dans quatre salles et un

espace fut réservé à l’exposition de médicaments et de cosmétiques. Il y eut aussi des

conférences sur la cosmétologie scientifique.

Une fois le symposium fini, il fut convenu d’organiser la 1 re Rencontre nationale de dermatologie

à Cochabamba (1975). Presque tous les dermatologues du pays y présentèrent

leurs travaux. Cette réunion, présidée par F. Cárdenas et J. Brianson, accueillit le Dr Philippe

Desjeux (inlassable collaborateur, encore de nos jours) qui fut nommé membre de

l’institution. Le Dr F. Echeverria conduisit la délégation de Sucre. Le fait le plus notable

fut la décision de rédiger les statuts de la société; cette tâche fut unanimement confiée à

la délégation de Cochabamba, placée sous la direction du Dr J. Brianson et en étroite collaboration

avec les Drs Q. Amaya, N. Trigo et H. Maldonado.

La 2 e Rencontre de dermatologie, organisée l’année suivante (1976) à Trinidad, eut

pour siège l’université Beniana et bénéficia de la coopération de tous les médecins de la

ville et du soutien du Dr J. Hurtado, à qui nous exprimons toute notre reconnaissance.

La délégation de Cochabamba remit le projet de statut au cours de cette rencontre.

Désormais des réunions anatomo-cliniques furent organisées de façon plus ou moins

régulière au service de dermatologie de l’hôpital des cliniques. Un bureau puis une

petite salle de cours furent aménagés à cet égard. Ils seront par la suite adaptés à la projection

de diapositives grâce aux contributions des associés.

La 3 e Rencontre nationale de dermatologie eut lieu à Tarija (1978), avec la collaboration

du Dr Luis Michel et de tous les médecins de la ville. Les affiches, les écriteaux et les

classeurs imprimés pour l’occasion annonçaient la « 3 e Rencontre », mais l’ampleur de

l’événement fut telle qu’il fut renommé 1 er Congrès bolivien de dermatologie placé sous

la direction des Drs F. Cárdenas et L. Michel.

Étant donné le changement de caractère de la réunion et eu égard à l’orientation des

statuts en cours, la commission directive fut rénovée, les autorités étant les suivantes :

président : Dr P. Sangüeza ; vice-président : Dr F. Humboldt ; secrétaire: Dr F. Cárdenas ;

trésorier : Dr L. Valda.

Les principales conclusions de cette nouvelle formation tenaient compte de la réalisation

des réunions anatomo-cliniques à Cochabamba deux fois par an, de la création

des filiales de la Société bolivienne de dermatologie, de la pérennité des bulletins mensuels

(seuls deux bulletins et une circulaire avaient été émis jusqu’alors) et d’un projet

très ambitieux, la création d’une revue dermatologique.

La ville de Sucre fut choisie comme siège du 2 e Congrès, mais des différends impondérables

occasionnèrent ultérieurement le changement de siège, la ville de Santa Cruz

de la Sierra étant finalement élue. Le 2 e Congrès bolivien de dermatologie (1979),

présidé par P. Sangüeza et O. Villagomez, fut une grande réussite et accueillit des délégations

boliviennes et étrangères.

Le siège du 3 e Congrès bolivien de dermatologie en 1980 et du 4 e Congrès en 1981 fut

La Paz. En 1981, la réalisation du congrès national coïncida avec celle du 5 e Congrès

bolivien de dermatologie ; ces deux réunions eurent lieu à l’hôtel Plaza et accueillirent

des représentants de la Bolivie, de l’Argentine, du Brésil, de l’Uruguay et des États-Unis.

69


FERNANDO CÁRDENAS, JUAN CARLOS DIEZ DE MEDINA

À partir de ce congrès, la société acquit le système de thérapeutique PUVA, loua un

bureau pour y installer son siège et se procura quelques meubles (bureau,

étagères, etc.). La bibliothèque régionale du Collège ibéro-latino-américain de dermatologie

(CILAD), dont la Société bolivienne de dermatologie est chargée d’assurer l’entretien,

fut installée à cet endroit. Jorge Abulafia et Pastor Sangüeza furent les principaux

garants de l’acquisition et du fonctionnement de cette bibliothèque. Tous ces événements

furent présidés par le Dr Sangüeza.

À partir de 1978, trois réunions anatomo-cliniques eurent lieu à Cochabamba, au

cours desquelles des travaux furent présentés et les statuts révisés pour aboutir à leur

rédaction finale. Deux cours d’actualisation dermatologique eurent également lieu. La

dernière réunion anatomo-clinique à Cochabamba se tint en 1983 dans le but de présenter

un rapport et de fixer le siège du 5 e Congrès, au cours duquel la commission

directive serait renouvelée. Rappelons qu’entre 1981 et 1985, le pays subit une inflation

galopante permettant à peine la poursuite d’activités scientifiques et écartant toute possibilité

de réalisation de congrès. Malgré la situation difficile, la délégation de Santa Cruz

prit la responsabilité d’organiser le 5 e Congrès bolivien de dermatologie : grâce à l’effort

digne d’éloges de nos collègues de cette région, la réunion scientifique put avoir lieu en

octobre 1984 tel que prévu. La commission directive fut donc rénovée, les nouvelles

autorités étant le Dr Luis Valda (président), le Dr Guido Monasterios (vice-président), le

Dr Alfredo Zeballos (secrétaire) et le Dr Raúl Lara (membre).

Cette jeune commission donna de l’énergie à la société: conformément aux gestions précédentes,

elle accomplit en peu de temps plusieurs actions et travaux; les liens à l’étranger

sont actuellement plus vastes et plus intenses; beaucoup de cours sont organisés; les

membres de la société participent activement au Collège médical national et départemental;

il existe un rapport constant et permanent entre la plupart des dermatologues dans les

provinces; cette commission suscite également l’essor de valeurs juvéniles et la diffusion

des informations vers la communauté scientifique par le biais des médias. Le siège de la

société regroupe des ateliers hebdomadaires réguliers, alternant des présentations de cas,

des séances administratives et la mise à jour de sujets divers. En ce qui concerne l’équipement,

la société acquit plusieurs biens (une machine à écrire, un projecteur) et créa une

adresse électronique pour son secrétariat.

Le rassemblement effectif de tous les collègues du pays et l’obtention de la personnalité

juridique furent une réussite remarquable. Cette administration, en collaboration

avec celle de la filiale Sucre, fut chargée d’organiser le 6 e Congrès bolivien de dermatologie.

■ Depuis 1986 1986 jusqu’ à nos jusqu’à jours nos jours

70

Eu égard aux antécédents qui viennent d’être exposés, nous pouvons affirmer que la

société atteignit sa majorité en moins de vingt ans d’existence. La création de la spécialisation

en est le point culminant.

En 1985, la Commission nationale de spécialisation approuva, après quasiment deux

ans de gestion, les cours de spécialisation qui devaient respecter ces conditions requises:

une infrastructure adéquate, une bibliothèque, un groupe permanent d’enseignants et

des programmes favorables au pays. Finalement, le 3 février 1986, nous avons accueilli

les trois premiers résidents en dermatologie : W. Magariños, S. Calderón et M. Loredo.

En ce qui concerne l’infrastructure hospitalière, l’agrandissement et la rénovation de

l’aire de l’hôpital des cliniques furent possibles grâce aux démarches du Dr Ana G. Miranda,

une jeune dermatologue bolivienne installée à Caracas.

Le résidanat est actuellement à la charge de Fernando Cárdenas et de Luis Valda ;

tous les membres de la Société bolivienne de dermatologie sont escomptés pour rejoindre


Compte rendu historique de la Société bolivienne de dermatologie

le groupe d’enseignants l’an prochain. Dans l’ensemble, trois années sont nécessaires à

la spécialisation, la première année étant consacrée à ladecine interne.

Signalons qu’une formation en dermatologie tropicale, unique modalité de ce cours

de spécialisation, est exigée. Pour ce faire, nous comptons encore une fois sur le soutien

de la ville de Santa Cruz, siège de deux centres d’assistance et de recherche qui jouissent

d’un prestige international : Jorochito et CENOTROP, le Centre national des maladies

tropicales, qui regroupent une équipe d’excellents professionnels et qui disposent d’un

organe de publication régulièrement édité.

Pour finir, nous voulons insister sur le fait que ce compte rendu donne un aperçu très

succinct de ce que fut et de ce qu’est actuellement la Société bolivienne de dermatologie.

Nous avons certainement omis de nombreux détails ainsi que les noms de personnes qui

travaillent dans l’institution pour le pays.

Plusieurs projections existent pour l’avenir ; elles ne se concrétiseront que si nous

continuons à être un groupe uni encourageant le travail en équipe et ouvrant les portes,

d’une motivation et d’une incitation constantes, à la jeunesse. ■

Novembre 2004


LA DERMATOLOGIE

ET LES DERMATOLOGUES

AU BRÉSIL

El Brasil y la dermatología

Plusieurs spécialistes considèrent que la dermatologie brésilienne — en ce qui se rapporte

à la théorie et à la pratique conçues pour la spécialisation — apparut au début du

XX e siècle, coïncidant avec une phase plus dynamique voyant aboutir les recherches qui

précédèrent et accompagnèrent la fondation de la Société brésilienne de dermatologie en

1912.

Nous pourrions dire que les étapes délimitant notre histoire dermatologique sont au

nombre de trois : 1. l’étape des bénédictions des payés, précédant la mise en place de

l’enseignement secondaire dans le pays ; 2. l’étape préscientifique, qui débuta avec la

fondation des écoles dedecine de Bahia et de Rio de Janeiro; 3. l’étape scientifique,

commençant à partir des recherches du XX e siècle et du développement de la spécialité.

Première étape : les bénédictions des payés

Cette période, dominée par l’intuition et l’empirisme pur, dura plus de deux cents ans.

Le traitement des maladies consistait à utiliser des potions préparées avec des feuilles,

des fruits, des graines et des racines, des essences, des baumes et des résines dissolues,

macérées ou cuites, pour que les malades les boivent, les aspirent, s’en frictionnent ou

les appliquent en cataplasmes.

Certaines substances de la phytothérapie aborigène furent incorporées plus tard à la

pharmacopée mondiale : ipéca, jaborandi, épazote, copaïba et ratanhia, ipecacuana,

quinquina, coca, jalap du Mexique, pomme de mai américaine.

Ce n’est qu’à partir du Gouvernement général que quelques médecins venus d’Europe

commencèrent à s’installer dans le pays, comme Jorge Valadares et Jorge Fernandes.

L’étape pré-scientifique

PAULO R. CUNHA

■ Le Brésil et la dermatologie

■ P remière étape : les bénédictions des payés

■ L’étape préscientifique

Cette étape couvre presque tout le XIX e siècle, trois siècles après la découverte du

Brésil. Un événement fortuit en fut à la base : les avantages collatéraux provoqués par

73


Figure 1. Dr Adolfo

Lutz (1855-1940)

PAULO R. CUNHA

74

l’expulsion du sol portugais de la maison royale de Braganza, causée par l’invasion de

Napoléon. L’arrivée en 1808 de la famille royale au Brésil eut quelques bénéfices, comme

la création des deux premières écoles de chirurgie du pays, à Salvador et à Rio de

Janeiro, appelées académies médico-chirurgicales (1815).

Même si dans les premiers temps la qualité pédagogique fut discutable, les élèves qui

y obtinrent leur diplôme occupèrent progressivement les postes détenus jusque-là par

des professionnels étrangers, donnant à l’enseignement médical de base lusitanienne

une certaine empreinte tropicale. À partir de 1822, indépendamment de la situation

politique, le modèle français fut le modèle pédagogique adopté.

Le 3 octobre 1832, ces établissements élargirent leur structure, conservant le cours

dedecine, celui de pharmacie et celui sur les accouchements.

Les premières recherches

La plupart des premiers travaux scientifiques entrepris en dermatologie n’ont pas été

réalisés dans ces facultés, mais résultèrent du climat propice à la recherche que promouvaient

ces institutions. Le Dr Meirelles de Pernambuco, promoteur et fondateur de

l’Académie nationale dedecine actuelle, écrivit en 1827 sur l’Elephantiasis graecorum,

actuellement connu sous le nom de maladie de Hansen. Le traitement de la lèpre à

l’aide des eaux thermales de Goiás préconisé par João Maurício Faivre fut récusé par De

Simoni après des examens minutieux. Les deux médecins fondèrent l’Académie nationale

dedecine.

Malgré les remises en question, l’empereur Pierre II désigna Faivre pour traiter les

lépreux à l’hôpital des Lazares, à São Cristóvão, Rio de Janeiro. En 1838, Abreu e Lima

constata que la lèpre n’était pas héréditaire mais contagieuse, et qu’elle pouvait affecter

toutes les classes sociales.

Entre 1861 et 1869, le naturaliste et chimiste T. Pecolt introduisit l’huile de sapucaína

(Carpotroche brasiliensis) pour le traitement de plusieurs dermatoses; un constat ultérieur

prouva que cette huile contient aussi du soufre. On décida alors d’élaborer une émulsion

pour le traitement des malades atteints de gale et de dermatophytose.

Plusieurs thèses de doctorat sur ladecine de la peau, dont la plupart n’étaient que

de simples dissertations n’apportant aucune contribution scientifique, furent présentées

pendant cette période. Plus de vingt travaux furent également consacrés à la lèpre, à la

syphilis, aux tuméfactions et aux dermatoses ; parmi eux, plusieurs études sur la bouba

— considérée comme la maladie la plus redoutable de l’époque coloniale et impériale —,

telles Bouba, de Bernardo Clemente Pinto (1835), F.B. Fiúza (1856) et Gama Lobo (1858) ;

Mémoire sur la maladie appelée vulgairement bouba, de Joaquim Jerônimo Serpa (1842-

44) ; L’origine du nom bouba, variété, traitement, extirpation, de João Alves de Moura

(1849) ; Considérations brèves sur la bouba et son diagnostic différentiel, de Gregorio

Pereira de Miranda Pinto (1866) ; Les boubas, leurs nature et traitement, de Eusébio

de Martins Costa (1884).

Quant à la maladie d’origine africaine appelée ainhum ou dactylite amputante, il

existe d’autres thèses de doctorat telles que Un cas de ainhum, de Carlos Moncorvo de

Figueiredo (1875); Ainhum. Étude sur la maladie connue sous ce nom, de Domingos de

Almeida Martins Costa (1875); Un cas de ainhum, de José Pereira Guimarães (1877) et

Du ainhum, de Antônio Pacheco Mendes (1880).

Le Pr Luiz Chaves de Faria publia deux travaux méritoires : Précis des maladies

cutanées (1887) et Maladies vénériennes (1904).

Les notables contributions d’Adolfo Lutz (1855-1940) dans le domaine de la nosologie

tropicale (figure 1) parurent entre 1888 et 1899. Lors de son résidanat au sein

du fameux Dermatologium de Hambourg, sous l’égide du Dr Unna, il décrivit avec le

maître allemand les formes cocoïdes du bacille de Hansen (1886).


Bruno Chaves

En 1887, le Dr Bruno Chaves, diplômé de Bahia, prépara une thèse de doctorat sur « Le

mercure et ses composés », en le prescrivant pour traiter la syphilis. Ce travail fut

publié dans le Medical and Surgical Reporter de Philadelphie, et dans les Annales de

dermatologie et de syphilographie. Ces études lui permirent d’être désigné membre

étranger de la Société française de dermatologie et de syphiligraphie, qui servit de

modèle à la fondation de la Société brésilienne de dermatologie.

Il n’est pas étonnant que Bruno Chaves, déjà installé à Pelotas, Rio Grande do Sul,

devînt l’un des cinq dermatologues brésiliens invités à participer au 1 er Congrès mondial

de dermatologie et syphiligraphie, organisé en 1889 à Paris, à l’hôpital Saint-Louis.

Le premier service

La dermatologie et les dermatologues au Brésil

Peu à peu, le pays perfectionna sa médecine grâce aux deux facultés et aux travaux

isolés des médecins. Ce processus s’accéléra entre 1882 et 1884 en raison des réformes

de Leôncio de Carvalho et du vicomte de Sabóia, qui modernisèrent l’enseignement en

l’adaptant aux dernières tendances dictées par l’Europe.

Le nouveau programme introduisit de manière surprenante une matière qui reflétait

l’importance croissante acquise par les maladies de la peau dans le pays et dans le reste

du monde. Le cours « clinique des maladies cutanées et syphilitiques », développé à

Bahia par Alexandre Evangelista de Castro Cerqueira, et à Rio de Janeiro par João

Pizarro Gabizo, fut alors créé.

À Rio de Janeiro le cours fut créé en 1883, un an après la fondation du premier grand

service clinique des maladies de la peau au Brésil, à la polyclinique générale de Rio de

Janeiro. Son directeur et promoteur, Antônio Pereira da Silva Araújo, originaire de

l’École tropicaliste de Bahia et installé à ce moment-là dans la capitale du pays, fut le

premier à décrire une maladie dermatologique et à participer à la chirurgie pionnière de

la spécialité au Brésil.

« Silva Araújo fut le premier professeur libre qui enseigna la dermatologie au Brésil,

offrant au sein de son service de dermatologie et de syphiligraphie un apprentissage

imprégné d’idées pastoriennes. » 2

Selon Joaquim Mota, « les expositions du Dr José Antônio Pereira da Silva Araújo au

cours des célèbres Conférences de Glória qui débutèrent dès 1875 étaient très intéressantes;

il dissertait remarquablement sur des sujets de parasitologie et de microbiologie. Une fois le

service des maladies de la peau de la polyclinique créé, le Dr Silva Araújo y entreprit l’enseignement

de la spécialité, en promouvant avec succès des cours très fréquentés. » 2

Silva Araújo était un médecin brillant, chercheur et auteur d’importants travaux —

publiés les années suivantes par l’Atlas des maladies de la peau, avec des dessins en

couleur et des textes en langue française (1883) — ainsi que des conférences sur la

Réglementation sanitaire de la prostitution (1883) et la prophylaxie publique de la

syphilis (1891).

L’Académie dedecine existait déjà depuis cinquante-trois ans lorsque fut créée la

chaire de dermatologie en 1882, constituant ainsi le premier service de dermatologie du

pays. D’après les informations de Rubem David Azulay, Silva Araújo fut nommé la même

année 127 e membre titulaire de l’entité. « De cette façon la nouvelle spécialité apparue

dans le pays intégrait l’académie. Son intense activité l’amena à occuper en 1889 le premier

secrétariat, la présidence en 1897 et plus tard le poste de président perpétuel. Il fut

également chargé de créer le musée de l’Académie nationale dedecine. » 2

Vers la moitié du XX e siècle, cette académie compterait deux autres présidents de la

spécialité : Rubem David Azulay et Jarbas Porto, qui dirigeaient aussi la Société brésilienne

de dermatologie.

75


PAULO R. CUNHA

76

L’école tropicaliste de Bahia

La spécialité « dermatologie » fut créée à la faculté dedecine de Bahia à une

époque où cette école disputait la première place dans l’étude des maladies de la peau

avec celle de Rio de Janeiro.

Alexandre Cerqueira, son titulaire, qui avait été professeur de l’école supérieure et

secondaire en 1865 et professeur universitaire un an plus tard, identifia la Tinea Nigra

en 1891. Ses observations sur le sujet ne furent pas publiées, mais son fils, Antônio Gentil

de Castro Cerqueira Pinto, les utilisa en 1916 dans sa thèse appelée Kératomycose

Nigra Palmaris. Il y décrivit la manière dont son père avait réussi la reproduction expérimentale

de la maladie à travers l’inoculation des squames extraites d’une lésion d’un

volontaire.

Les deux dermatologues, le père et le fils, étaient liés à une fameuse école qui introduisit

l’étude de la pathologie tropicale dans le pays. Selon F.E. Rabello, « J. Adeodato en

1888 et Juliano Moreira en 1896 furent justement les premiers à identifier cliniquement

le bouton de Bahia de la leishmaniose tégumentaire, appelée sous différents noms au

Moyen-Orient. » 2

Nous rendons justice en disant que l’école bahienne dedecine fut à l’origine de

l’intérêt croissant pour nos problèmes de nosologie tropicale. Ce fut aussi un citoyen de

Bahia, Silva Lima (1826-1910), qui réalisa pour la première fois une description classique

de la curieuse affection appelée ainhum. Silva Lima occupait une position privilégiée

pour cela car Bahia fut pendant un certain temps la capitale du pays, et par

conséquent le point d’arrivée des esclaves africains. Il s’agit d’une des rares maladies

vraiment raciales, propres au noir ou full-blood, généralement associée à un certain

degré d’hyperkératose plantaire.

L’école tropicaliste de Bahia se développa malgré les relatives difficultés de l’enseignement

officiel, dispensé à l’époque par l’université de Salvador. Quoi qu’il en soit,

Bahia enthousiasmait le milieu spécialisé en raison de son intérêt pour ladecine

cutanée. C’est pourquoi les professionnels venus de l’étranger et les médecins liés à la

faculté conformèrent des groupes d’étude, devenant ainsi les authentiques prédécesseurs,

nationaux et étrangers, de la phase scientifique de ladecine brésilienne. Nous

citerons le Portugais Silva Lima, l’Anglais John Patterson, l’Allemand Otto Wucherer et

plusieurs Brésiliens tels que Maria Pires Caldas, Ludgero Ferreira, Antônio José Alves et

Antônio Januário de Faria.

João Francisco da Silva Lima, diplômé de la faculté dedecine de Salvador — où il

fut un chercheur inlassable pendant toute sa vie —, enrichit le patrimoine scientifique

brésilien avec de précieuses contributions sur des sujets de pathologie tropicale, notamment

ses travaux sur la bouba et l’ainhum.

Otto Wucherer s’établit comme généraliste à Bahia en 1843 et commença à étudier

systématiquement les selles des opilés, y trouvant les œufs du Ancylostomum duodenale

et déterminant ainsi l’étiologie de la maladie causée par ce parasite. Plus tard il identifia

les microfilaires responsables de l’éléphantiasis, dont l’agent fut baptisé sous le nom

de Wuchereria en son honneur.

John Patterson, originaire d’Édimbourg, arrivé à Salvador en 1842, se distingua tout

de suite par ses travaux sur la fièvre jaune et le Cholera morbus qui se propageaient à

l’époque de manière épidémique.

Grâce à son travail Étude du Demodex folliculorum, Silva Araújo — un autre membre

de l’école de Bahia — eut l’occasion d’intégrer l’Académie impériale dedecine. Pour

cette raison il déménagea à Rio de Janeiro, où il serait désigné plus tard directeur du

premier service des maladies de la peau de la polyclinique générale récemment créée.

Ultérieurement d’autres maîtres s’y distinguèrent, tels Parreiras Horta et Ramos e Silva.


La Gazeta Médica et son exhortation à la science

En 1866 le groupe de Salvador créa la première publication scientifique brésilienne,

la Gazeta Médica de Bahía, sous la direction de Virgílio Clímaco Damazio; elle incluait la

présentation de discussions et des conclusions sur les cas médicaux traités par ces pionniers

de la science brésilienne, « avec la présentation des patients et les données fournies

par le microscope et l’anatomie pathologique. » 2 Pendant sa première année de parution,

la publication incluait déjà d’importantes études dans le domaine de la dermatologie.

Dans l’édition du 10 novembre 1866, son directeur signalait l’absence dedecins brésiliens

à un congrès médical à Paris, témoignant de la volonté de la Gazeta et de ses

membres de mettre en place dans le pays une science médicale du plus haut niveau.

Ce ne fut que vingt-trois ans plus tard (en août 1889) que l’exhortation de la Gazeta

fut véritablement prise en compte, lors des commémorations du centenaire de la Révolution

française et à la veille de la proclamation de la République dans notre pays. À ce

moment-là, une délégation de cinq spécialistes brésiliens, constituée par Silva Araújo,

João Pizarro Gabizo, Adolfo Lutz, Oscar de Bulhões et Bruno Chaves, participa activement

à Paris au 1 er Congrès mondial de dermatologie et syphiligraphie.

João Pizarro Gabizo

La chaire de dermatologie fut institutionnalisée au Brésil en 1883 au moment où

J.P. Gabizo (1845-1904) fut nommé pour donner des cours à la clinique des maladies

cutanées et syphilitiques de la faculté dedecine de Rio de Janeiro. Pendant presque

cent ans, jusqu’en 1978, cette clinique dispenserait ses cours pratiques dans la multiséculière

Santa Casa de Misericordia de Rio de Janeiro, qui fut aussi le premier siège de la

Société brésilienne de dermatologie (SBD) entre 1912 et 1988. Au cours de cette période,

ces locaux, où furent établies les bases pour la modernisation de la spécialité dans le

pays, abritèrent les réunions mensuelles de la SBD qui rassemblaient et formaient plusieurs

générations dedecins de toutes les régions.

Francisco Eduardo Rabello raconte que Gabizo suivit sa formation à Vienne, dans la

fameuse école de Ferdinand Hebra et M. Kaposi. Seul candidat dans la lutte pour le titre

de professeur de la faculté dedecine de Rio de Janeiro, Gabizo fut nommé par l’institution

et chargé d’enseigner par le gouvernement impérial après avoir passé des examens

brillants ; il exerça sa charge avec beaucoup de talent, puisqu’il connaissait

profondément la spécialité, dont il parlait avec une grande éloquence.

Joaquim Mota ajoute : « Gabizo n’écrivit pas beaucoup de publications scientifiques,

nous laissa à peine un travail sur la réglementation de la prostitution, une conférence

sur la lèpre et d’autres écrits sur des maladies vénériennes. » 2

À partir de cette époque, deux écoles dermatologiques aux philosophies opposées

s’affrontèrent dans la capitale de la République : la chaire officielle de J.P. Gabizo, qui

soutenait les idées de l’école de Vienne, et la chaire de Silva Araújo, non reconnue officiellement,

centrée sur l’éclectisme rationnel et prudent soutenu par l’école française.

Vingt ans plus tard, l’influence des deux écoles sur la spécialité naissante se traduirait

par la présence de leurs disciples dans la liste des fondateurs de la Société brésilienne

de dermatologie qui est, comme nous allons le voir, le produit direct de la

troisième et dernière étape de l’histoire de la dermatologie brésilienne.

L´étape cientifique

La dermatologie et les dermatologues au Brésil

■ L’étape scientifique

La troisième étape de la dermatologie brésilienne commença officiellement en 1883,

avec la création de la chaire de clinique des maladies cutanées et syphilitiques dans les

77


PAULO R. CUNHA

78

facultés dedecine de Rio de Janeiro et de Salvador. En réalité, le Dr Antônio José

Pereira da Silva Araújo, originaire de l’école bahianne de tropicologie, avait déjà institutionnalisé

en 1882 l’enseignement libre de la dermatologie à travers un cours particulier

donné à la première clinique de maladies de la peau (créée la même année à la

polyclinique générale de Rio de Janeiro), avant que João Pizarro Gabizo (Rio de Janeiro)

et Alexandre de Castro Cerqueira (Salvador) prennent possession de la chaire obtenue

par concours public.

Joaquim Mota dit : « On pourrait affirmer que la dermatologie était complètement

ignorée au Brésil, sauf par certains écrits, de telle sorte que la création d’une chaire

officielle marqua en réalité le début de ces études dans le pays. » 2

Les concours publics pour choisir des professeurs adjoints (postes créés par la

réforme Sabóia) eurent lieu en 1883. Le Dr Luiz da Costa Chaves Faria fut nommé à Rio

de Janeiro, dans la 11 e section correspondant à la chaire de maladies cutanées ; en 1904,

suite à la mort de Gabizo, il fut nommé professeur de la clinique dermatologique et

syphiligraphique, nom donné à la discipline à partir de 1892.

Produit de la dynamique induite par l’enseignement de la nouvelle spécialité dans le

pays, la décennie 1880 se distingua par l’essor de la recherche microbiologique à l’Institut

Oswaldo Cruz. La Société brésilienne de dermatologie apparut au début du XX e siècle

pour soutenir et élargir le processus de formation, de cohésion et de valorisation de cette

catégorie dedecins. Elle accorda une priorité à la stimulation de la recherche scientifique

et favorisa la mise en place d’une école nationale créative et influente dans le

pays, liée en même temps à l’étranger et respectée dans ce milieu.

Les Drs Fernando Terra et Eduardo Rabello

Le concours pour occuper le poste de professeur remplaçant à la clinique dermatologique

eut lieu en 1906 ; Fernando Terra et Eduardo Rabello, qui avaient obtenu la même

quantité de points, partagèrent la première place. Cependant, le gouvernement d’Alfonso

Pena choisit le Dr Terra, car il était le plus âgé et avait été assistant de la chaire depuis

1891. En 1910, la mort de Chaves Faria le conduisit à occuper le poste de titulaire de la

chaire, qu’il exerça encore quinze ans.

L’avènement de la SBD s’explique aussi par le début de la recherche scientifique qui

caractérisa — principalement dans les premières années du XX e siècle — le panorama de

la dermatologie naissante; ce processus fut stimulé par le développement des chaires et

par le rôle de l’Institut Oswaldo Cruz. La Société brésilienne de dermatologie assuma énergiquement,

l’organisation et la divulgation de la nouvelle spécialité.

La scène d’inspiration

L’étude et la pratique de la dermatologie avaient atteint, à la fin du XIX e siècle, un tel

degré de développement en Europe qu’un débat eut lieu sur les grands problèmes de la

pathologie et de la clinique entre les maîtres des différentes écoles. Ferdinand Hebra,

chef de l’école de Vienne, posa les bases définitives de la spécialité, en lui fournissant la

systématisation et le corps doctrinal qui inspireraient les continuateurs de son œuvre:

Kaposi, Auspitz et Neuman.

La dermatologie arriva au Brésil avec une certaine difficulté, car les études et les travaux

n’augmentèrent que progressivement à la fin du XIX e siècle et au début du XX e siècle.

Certains auteurs ne reconnaissent même pas de contribution avant l’an 1900.

Nous pouvons donc commencer à parler aussi bien d’une médecine que d’une

dermatologie brésiliennes à partir des débuts du XX e siècle. Le travail des deux écoles

(Salvador et Rio de Janeiro) fut la graine qui fit germer l’esprit scientifique chez les

premières générations dedecins diplômés du pays. Beaucoup d’entre eux se


La dermatologie et les dermatologues au Brésil

rendirent en Europe en quête de perfectionnement ; en même temps qu’ils se formaient,

ils essayaient d’appliquer leur apprentissage à la réalité du Brésil.

Certains auteurs relèvent le rôle d’Oswaldo Cruz et de l’institut Manguinhos sur cette

scène, notamment dans le développement de la nouvelle spécialité médicale liée aux maladies

cutanées. La production académique ne fut plus seulement une simple reproduction

de bibliographies — caractéristique fondamentale de la phase préscientifique —,

mais se tourna plutôt vers la recherche et l’étude de laboratoire, contribuant de manière

décisive à identifier des maladies auparavant inconnues, et à déterminer leurs diagnostics

et leurs traitements.

L’institut Manguinhos, institut sérothérapique fédéral, fut créé pour préparer

des sérums et des vaccins contre la peste. Transformé ensuite par

Oswaldo Cruz (figure 2) et devenu l’institut dedecine expérimentale, il

reçut son nom actuel en 1908. La recherche en dermatologie y fut privilégiée,

en raison de l’influence sur O. Cruz de Raymond Sabouraud, le véritable

fondateur de la mycologie médicale (ils avaient travaillé ensemble à

Paris).

Oswaldo Cruz ainsi qu’un groupe de maîtres éminents et de jeunes scientifiques

qui étaient passés à Manguinhos intégrèrent la première génération

de dermatologues brésiliens. Ce fut une période effervescente d’études et de

recherches scientifiques dans ce domaine. Nous citerons parmi les figures

notables Adolfo Lutz, Adolpho Lindemberg (figure 3), Parreiras Horta, Gaspar

Viana, Rocha Lima, Henrique de Beaurepaire Aragão, Arêa Leão, Armínio

Fraga, Eduardo Rabello, Fernando Terra (figure 4) et Olympio da

Fonseca Filho.

Adolfo Lutz (1855-1940), chercheur brésilien génial, découvrit en 1908 à

Sao Paulo une nouvelle maladie, actuellement appelée paracoccidioïdomycose

ou maladie de Lutz-Splendore-Almeida.

La clinique de dermatologie et syphiligraphie de la faculté nationale dedecine (où

convergèrent l’intérêt de Fernando Terra et la participation d’Eduardo Rabello, invité

par un geste noble de son titulaire à intégrer la chaire) fut indubitablement le haut lieu

de cette activité parallèle et simultanée. Terra et Rabello créèrent alors un grand centre

de recherche dermatologique, attirant d’autres spécialistes en parasites et des pathologistes

de l’Institut Oswaldo Cruz. Tous furent à l’origine de l’époque dorée de la spécialité

naissante.

Il y eut une production de travaux fondamentaux pendant quatre ans. Comme nous

l’avons déjà signalé, Adolfo Lutz découvrit à Sao Paulo en 1908 la paracoccidioïdomycose.

Adolpho Lindemberg (1872-1944) exposa en 1909 la découverte de l’agent étiologique

de la leishmaniose, appelée ultérieurement Leishmania brasiliensis. La même

année, il décrivit un nouveau type de mycétome et son agent étiologique sous le nom de

Dyscomices brasiliensis (actuellement Nocardia brasiliensis).

Eduardo Rabello publia en 1910 une petite monographie historique sur les Dermatomycoses,

dans laquelle il reproduisit dans le cas pratique du Brésil et grâce aux techniques

de Sabouraud ce que le génial Français avait confirmé en la matière. En 1911,

Paulo Parreiras Horta (1884-1961) publia un travail sur la « pierre noire » qui deviendrait

un classique, donnant au parasite de la maladie le nom de l’éminent spécialiste

(Piedraia hortai).

L’an 1912 fut notable pour plusieurs raisons :

– Eduardo Rabello entama des recherches à l’origine de la découverte, pour la première

fois au Brésil, des « corpuscules de Donovan », l’agent provoquant la donovanose

(qui était à l’époque un granulome ulcéreux ou vénérien) ; cette étude fut poursuivie en

1917 à travers une thèse classique de Souza Aranha consolidant ce qu’on savait à

l’époque sur le sujet.

79

Figure 2.

Dr Oswaldo Cruz


Figure 3.

Dr Adolpho

Lindemberg (centre)

dans sa clinique de

dermatologie de la

Santa Casa de Sao

Paulo

Figure 4.

Dr Fernando Terra

(1865-1947)

PAULO R. CUNHA

80

– Gaspar Viana (1885-1914) découvrit le traitement et la

guérison de la leishmaniose tégumentaire à l’aide de l’antimoine,

sous la forme de l’ancien tartare émétique, utilisé en

injections intraveineuses à 1 %. Plus tard, il découvrirait la

guérison des lésions de la donovanose en appliquant le même

composé.

Francisco Eduardo Rabello signale à propos de ces travaux :

« Il n’est pas surprenant qu’au milieu de cette fébrile et si

fertile activité de recherche apparaît, à la même époque (1912),

la Société brésilienne de dermatologie. » 2

L’idéal de Fernando Terra

Fernando Terra (1865-1947), originaire de Rio de Janeiro,

troisième professeur de la faculté dedecine de cette ville, fut

l’auteur du projet et le premier président de la Société brésilienne

de dermatologie, exerçant son mandat de 1912 à 1925.

En consultant les documents de ladite société, on peut affirmer

qu’il fut véritablement l’âme, l’inspiration et la force qui

précédèrent la fondation de la SBD. C’est lui qui articula les efforts, invita à la participation

et rédigea l’ébauche des statuts. D’aucuns le considèrent comme une force omniprésente

dans la fondation de l’entité et les travaux qui y ont été entrepris pendant les

treize premières années. Lors de sa retraite, en 1925, il quitta son poste à la SBD et à la

chaire de dermatologie et syphiligraphie de la faculté dedecine de l’université du Brésil,

pour l’unique raison qu’il préféra maintenir la tradition : son successeur à la chaire

devait être aussi le président de la société. Terra naquit le 25 décembre 1865 à Niterói

et il mourut à Juiz de Fora en 1947. Diplômé en 1887 de la faculté nationale dedecine,

il se consacra tout de suite à la dermatologie, et fit son résidanat aux côtés du

Pr. João Pizarro Gabizo dans la 19 e infirmerie de la Santa Casa. Les archives révèlent

qu’il travailla également à Manguinhos. En 1891, il devint assistant de la clinique de dermatologie

et syphiligraphie, et en 1906, il se présenta à un concours public pour aspirer

au poste de professeur assistant, qu’il obtint pour les raisons préalablement exposées.

Quand il assuma la fonction de titulaire en 1910, succédant à Chaves de Faria, il

appela généreusement le Dr Eduardo Rabello pour travailler ensemble à la clinique ; ce

dernier vint accompagné du groupe de l’institut Oswaldo Cruz et ils rejoignirent les dermatologues

classiques, donnant lieu à une interaction efficace pour les deux secteurs.

Non satisfait de son activité de direction de l’institut, Fernando Terra posa les principes

d’une entité capable de rassembler les dermatologues et les diriger progressivement

vers l’activité scientifique.

Le modèle français

Le modèle français de la Société de dermatologie et de syphiligraphie, fonctionnant

depuis 1889 à l’hôpital Saint-Louis à Paris avec la clinique du même nom, fut choisi pour

régir l’entité brésilienne ; curieusement, Terra et le groupe fondateur de la SBD n’inclurent

pas au départ l’étude de la syphilis dans le nom de la nouvelle institution. Pendant

treize ans, soit au cours de la gestion de Fernando Terra, l’entité reçut le nom de Société

brésilienne de dermatologie. Ce ne fut qu’en 1925, lorsque Eduardo Rabello assuma la

présidence, que le statut changea pour devenir Société brésilienne de dermatologie et

syphilographie, à l’instar de l’entité française, avec une légère mais significative différence

: la SBDS adopta le terme employé par les Anglo-Saxons syphilographie au lieu du

mot français syphiligraphie. Quelques années après la Deuxième Guerre mondiale, avec


l’introduction de la pénicilline, l’entité reprendrait son nom d’origine (1962), après

trente-sept ans d’activité sous le nom de Société brésilienne de dermatologie et syphilographie.

Le changement de nom ne sera établi qu’en 1965, quarante ans après la

deuxième raison sociale et le sigle SBDS.

Personnalités historiques

Sebastião de Almeida Prado Sampaio

La dermatologie et les dermatologues au Brésil

■ Personnalités historiques

Lorsqu’on demande à une figure notable de la spécialité tel que le Pauliste Luiz Henrique

Camargo Paschoal de dire qui devrait figurer au panthéon de la dermatologie, la

réponse est la suivante : « Moi, je mettrais Sebastião Sampaio sur le piédestal. Vous qui

allez écrire sur l’histoire de la dermatologie brésilienne devez considérer deux époques :

avant et après Sampaio. Il fut une référence, et il en est toujours une. Prodigieusement

intelligent et très compétent, il importa des États-Unis l’école thérapeutique pour soulager

et guérir les maladies, contrastant avec la posture de l’école française, qui dominait

au Brésil, beaucoup plus encline à décrire les maladies de la peau. Sampaio, un homme

qui travaillait beaucoup, avait une connaissance médicale spectaculaire et une position

humaniste hors du commun. Sampaio était un homme d’une grande culture. Je fus son

premier disciple, imaginez ma chance. » 2

Sebastião Sampaio (figure 5) naquit dans l’État de Sao Paulo et fit ses études dans

la capitale de cet État. Il se pencha à l’origine vers l’ingénierie, car il était excellent

en mathématiques. Mais sa mère, qui avait toujours voulu avoir un fils médecin,

exerça son influence pour qu’il commençât des études dedecine à l’USP (1938),

où il obtint son diplôme en 1943.

Même étudiant, Sampaio travailla à la Ligue de lutte contre la syphilis, à une

époque particulièrement difficile eu égard à la situation financière précaire de sa

famille. Il se présenta au concours du département de prophylaxie de la lèpre et il y

fut embauché comme auxiliaire académicien. « Quand j’ai fini la faculté dedecine,

je travaillais depuis deux ans avec les malades atteints de lèpre et de syphilis, alors

la dermatologie est devenue le chemin naturel à suivre. »

Ce chemin s’élargit progressivement au point que Sebastião Sampaio devint la

troisième grande référence en matière de dermatologie à Sao Paulo (les deux autres

étaient Adolpho Lindemberg et Aguiar Pupo). « La chaire s’appelait dermatologie et

syphiligraphie. Le Pr. Pupo aimait beaucoup travailler avec des lépreux également.

Lorsque j’ai eu fini mes études en médecine, et comme la pratique obligatoire n’existait

pas encore, le professeur a décidé que je devais fréquenter l’unité ambulatoire de dermatologie

: c’est comme ça que j’appris la spécialité. »

Grâce à une expérience en dermatologie qui dura cinq ans, Sampaio devint enseignant

et obtint une bourse pour devenir assistant à la Mayo Clinic, aux États-Unis, le plus

grand centre médical du pays à l’époque ; il y fit son résidanat entre 1951 et 1952, et

poursuivit ensuite des études en Europe.

À la Mayo Clinic, Sampaio vit que les malades recevaient des visites tous les jours et

qu’ils bénéficiaient d’une assistance médicale efficace ; à son retour à Sao Paulo, il

appliqua cette pratique, influençant plusieurs générations de dermatologues brésiliens.

« J’ai formé des disciples, et mes disciples ont formé d’autres disciples », disait-il.

Il fut président de l’Association médicale brésilienne, du Collège ibéro-latino-américain

de dermatologie et du Conseil régional dedecine, et membre de l’International

Committee of Dermatology.

Depuis sa chaire à l’USP, Sebastião Sampaio forma des disciples répartis dans tout

l’État de Sao Paulo, dans plusieurs États brésiliens et à l’étranger. La plupart de ses

81

Figure 5.

Dr Sebastião Sampaio


PAULO R. CUNHA

82

disciples conservèrent un lien avec le maître, l’invitant pendant plusieurs décennies

comme conférencier à des rencontres et à des journées ; sa seule présence donna du

prestige aux réunions qu’il avait créées.

Bernardino Antônio Gomes

Auteur du premier livre de dermatologie en portugais, il visita deux fois le Brésil, en

1797 et en 1817.

José Francisco da Silva Lima

José Francisco da Silva Lima, portugais de Vilarinho, arriva à Salvador en 1840 et obtint

son doctorat à la faculté dedecine de Bahia. Aux côtés de Wucherer et Paterson,

ils mirent en place à Bahia les premières études sur les maladies tropicales.

Adolpho Lindemberg

Originaire de Cabo Frío, il obtint son diplôme à la faculté dedecine de Rio de

Janeiro en 1896 et poursuivit sa spécialisation en dermatologie à Paris. Il fut l’un des

pionniers de la spécialité, créant le premier service dermatologique de Sao Paulo à la

Santa Casa de Misericordia.

Paulo Parreiras Horta

Le Carioca Paulo de Figueiredo Parreiras Horta naquit en 1884 ; il fut pharmacien

avant de suivre des études dedecine au Brésil et de microbiologie à Paris. Il fut l’un

des plus grands mycologues brésiliens.

João de Aguiar Pupo

Pauliste d’Itatiba, diplômé en 1912 de la faculté dedecine de Rio de Janeiro, il

encouragea la création de l’institut dedecine tropicale de Sao Paulo.

João Ramos e Silva

Diplômé en 1918 de la faculté dedecine de la Praia Vermelha, à Rio de

Janeiro, Ramos e Silva fut réputé pour ses études sur les maladies vénériennes et la

maladie de Hansen. Il promut la première réunion de dermatologues syphiligraphes

au Brésil.

Joaquim Mota

Il fut l’un des plus grands syphiligraphes brésiliens. Il obtint son diplôme à l’université

du Brésil en 1916 et travailla à l’institut Oswaldo Cruz, au service médical de

l’armée, au Département national de la santé publique et à l’Inspection de prophylaxie

de la lèpre et des maladies vénériennes.

Oswaldo Costa

Dermatologue de Minas Gerais, il consacra sa thèse (1962) à l’étude des kératoses

palmoplantaires ; il fit son résidanat à l’hôpital Saint-Louis, à Paris.


Domingos Barbosa da Silva

En 1955, il fut désigné professeur titulaire de la chaire de dermatologie de la faculté

dedecine et chirurgie de Pará. Ses études en dermatologie tropicale furent déterminantes

et il forma plusieurs générations de spécialistes.

Eduardo Rabello

Né à Barra Mansa (R.J.) en 1876, le deuxième président de la SBD eut son doctorat

en 1903 à la Faculté dedecine de Rio de Janeiro. Disciple de l’école française, Rabello

fréquenta le service de curiethérapie de l’hôpital Necker, sous la direction de Degrais,

acquérant une expérience en la matière. De retour au Brésil, il fonda en 1919 l’Institut

d’électroradiologie de la Faculté de Rio de Janeiro avec Fernando Terra, qui intégra plus

tard la clinique dermatologique. Il mourut le 8 août 1940.

Francisco Eduardo Rabello

Il succéda à son père, Eduardo Rabello, au sein de la chaire de dermatologie et

syphiligraphie de la faculté nationale dedecine. Ses contributions dans les

domaines de la leishmaniose tégumentaire, la maladie de Hansen et la sarcoïdose

furent originales (figure 6).

Hildebrando Portugal

Diplômé de la faculté dedecine de Rio de Janeiro, sa grande œuvre fut la

création du laboratoire d’histopathologie de la clinique, en 1926.

Jorge de Oliveira Lobo

Né à Recife en 1889, il obtint son diplôme à la faculté dedecine de Rio de Janeiro. Il

travailla avec Olympio da Fonseca Filho et Arêa Leão à Manguinhos, et fut l’assistant

d’Eduardo Rabello. De retour sur sa terre natale, il travailla à la clinique dermatologique de

l’hôpital de Santo Amaro, marquant le début de la dermatologie à Pernambuco.

Jorge de Oliveira Lobo utilisa son propre nom pour identifier une maladie provoquée par

le champignon appelé Paracoccidioides loboi. Il décrivit aussi une nouvelle forme de blastomycose,

dont les lésions fongoïdes particulières ont leur niche écologique en Amazonie.

Glynne Leite Rocha

Originaire d’Alagoas, à Maceió, il obtint son diplôme à la faculté dedecine de Pernambuco

en 1930. Il fut chef du service de dermatologie de l’hôpital de IASERJ pendant

des décennies.

Demétrio Peryassú

Né à Belém do Pará, diplômé de la faculté nationale dedecine en 1937, il étudia

plusieurs syndromes dermatologiques. Il possédait aussi de vastes connaissances en

radiothérapie et en léprologie.

Anuar Auad

La dermatologie et les dermatologues au Brésil

Le Pauliste Anuar Auad obtint son diplôme à la faculté des sciences médicales de Rio de

83

Figure 6.

Dr Francisco Eduardo

Rabello


Figure 7.

Dr Carlos

da Silva Lacaz

PAULO R. CUNHA

84

Janeiro en 1951. Il étudia longuement le pemphigus foliacé. En 1954, il assuma la direction

de l’hôpital de Pemphigus à Goiânia.

Antônio Carlos Pereira Júnior

Natif de Minas Gerais, de Juiz de Fora, diplômé en 1963 de la faculté nationale dedecine

de l’université du Brésil, il fit son résidanat à l’hôpital Saint-Louis (Paris). Il est coauteur d’un

livre sur l’herpès ainsi que de la classification des MST adoptée dans le pays et à l’étranger.

Norberto Belliboni

Originaire de Camposapiero (Italie), il débarqua au Brésil en 1934. Il obtint son

diplôme dedecin en 1949 à l’université de Sao Paulo. Il coordonna pendant dix ans la

dermatologie au cours expérimental dedecine de l’université de Sao Paulo.

Raymundo Martins Castro

Diplômé de la faculté dedecine de l’USP, il y fut également enseignant libre. Il suivit

un cours de spécialisation en médecine tropicale en Allemagne et fonda en 1986 le

centre d’études Nicolau Maria Rossetti.

Guilherme V. Curban

Professeur libre à la FMUSP, il est l’auteur, avec Luiz M. Bechelli, du Compendio de

Dermatología [Précis de dermatologie], livre de consultation de la spécialité.

Carlos da Silva Lacaz

Historien de la dermatologie brésilienne, Lacaz fut professeur de

mycologie et de microbiologie à l’USP et fut à deux reprises directeur de

sa faculté dedecine. En 1959 il fonda l’institut dedecine tropicale.

Il est considéré comme l’un des plus grands mycologues au monde

(figure 7).

Clóvis Bopp

Antar Padilha-Gonçalves

Il naquit à Santa Maria (RS) le 17 octobre 1913. Il fut chef du service

de dermatologie de l’université fédérale de Rio Grande jusqu’en 1984.

Diplômé en 1937 de la faculté nationale dedecine, il approfondit les études sur la

leishmaniose et en mycologie. Il travailla au service de dermatologie de l’hôpital Gaffrée

Guinle et au laboratoire de Raimundo Aragão par la suite.

Abrahão Rotberg

Mondialement reconnu grâce à la doctrine de la marge Hansen sous sa forme anergique

et du facteur N dans la maladie de Hansen, Rotberg étudia à Rio de Janeiro et

obtint son diplôme en 1933 à la faculté dedecine de Sao Paulo. Il apporta ses

connaissances sur la léprologie.


Alexandre Mello Filho

Diplômé de l’école pauliste dedecine, il fut admis à la clinique dermatologique de

l’hôpital del Servidor Público Municipal en 1948. Il enseigna à la Faculté des sciences

médicales de la Santa Casa de Misericordia pendant vingt ans.

Antonio Delfina

Diplômé en 1942 de l’école pauliste dedecine, il se consacra pendant quarantecinq

ans à l’institution ; il est l’auteur de plusieurs travaux scientifiques sur la spécialité.

Antônio Souza Marques

Né à Rio de Janeiro, il obtint son diplôme en 1960 à la faculté nationale dedecine

et fit ses études de spécialisation au Cancer Hospital de Philadelphie, aux États-Unis.

Aurélio Ancona López

Diplômé en 1937 de la faculté nationale dedecine de Rio de Janeiro, il créa en

1945 le service dermatologique de l’hôpital del Servidor Público Municipal. Dans le cadre

de la Croisade Pro-Enfance, il fonda un centre d’éducation en dermatologie.

Jarbas Porto

Originaire de Pernambuco de Caruaru, il obtint son diplôme à la faculté nationale dedecine.

Assistant de Rabello et de Rubem David Azulay, Porto fut admis à l’hôpital de los Servidores del Estado

et réalisa sa spécialisation au Michigan. Il fut président de l’Académie nationale dedecine.

Luiz Henrique Camargo Paschoal

Diplômé à l’USP en 1960, il est actuellement titulaire de la chaire de dermatologie et

de la faculté dedecine de l’ABC.

Luiz Marino Bechelli

Diplômé de la faculté dedecine de l’USP en 1933, il fut désigné médecin spécialiste

du département de prophylaxie de la lèpre. Il fut directeur de la clinique Cocais et

enseignant libre à la faculté dedecine de l’USP. Il fut secrétaire du secteur de la lèpre

de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), en Suisse, pendant dix ans.

Márcio Lobo

Il créa la spécialisation en dermatologie à l’université fédérale de Pernambuco. La

donovanose fut une de ses lignes de recherche.

Nelson Guimarães Proença

La dermatologie et les dermatologues au Brésil

En 1970, le Pr. Nelson Proença fonda l’Anuario Dermatológico Brasileño dans le but d’y

rassembler des travaux publiés dans des revues appartenant à d’autres domaines. Il fut

directeur de l’APM et l’AMB (Association pauliste dedecine et Association médicale brésilienne)

et titulaire de la clinique de dermatologie de la Santa Casa de Sao Paulo.

85


PAULO R. CUNHA

86

Neuza Dillon

Diplômée de la faculté dedecine et chirurgie de Belém do Pará, elle se spécialisa

en dermatologie à l’USP. En 1966, elle fut désignée professeur à la faculté des sciences

médicales et biologiques de Botucatu, récemment créée. Elle y exerça brillamment la

charge de professeur titulaire de dermatologie jusqu’à sa retraite.

Ney Romitti

Diplômé en 1958 de la faculté nationale dedecine, il fit un résidanat en Allemagne,

où il publia 20 travaux scientifiques. Il fut professeur titulaire de la Faculté dedecine

de Santos. Il possède une culture générale et dermatologique notable.

René Garrido Neves

Diplômé en 1953 de la Faculté Fluminense dedecine, il fut l’assistant volontaire

de João Ramos e Silva pendant treize ans. Il travailla au service de léprologie. Participant

assidu des réunions de la SBD, il fut responsable de l’achat du siège de l’entité.

Maurício et Alice Casal Alchorne

Né à Pesqueira (PE), Maurício se rendit à Recife afin de poursuivre ses études secondaires

et celles dedecine à la faculté des sciences médicales de Pernambuco. Il effectua

sa formation dermatologique et le début de son parcours académique au HC/FMUSP.

Depuis 1994, il est professeur titulaire de l’UNIFESP/école pauliste dedecine. C’est au

HC qu’il fit connaissance d’Alice, originaire de Sao Paulo, une élève avec laquelle il se

maria ; ils ont deux enfants et quatre petits-enfants.

Alice effectua son résidanat au HC/FMUSP ; elle est actuellement professeur adjoint et

enseignante libre à l’UNIFESP/école pauliste dedecine (depuis 1997).

Tous deux occupèrent différents postes au sein de la SBD, comme la présidence de la

section régionale de Sao Paulo (Alice et Maurício) et de la SBD (Maurício).

Rubem David Azulay

Né à Belém do Pará en 1917, il obtint son diplôme dedecine à la faculté Fluminense

dedecine et au service de dermatologie du Pr. Parreiras Horta. Différents concours

publics lui permirent d’occuper les postes de titulaire de la chaire de dermatologie de plusieurs

universités, telles que celles de Pará, UFF, UERJ et UFRJ. Il fut aussi chargé de poursuivre

les activités du pavillon historique Sao Miguel, lors du déménagement de la chaire et

du service de dermatologie de l’UFRJ vers l’hôpital universitaire, à Ilha do Fundão.

Il travailla au début de son parcours avec Eduardo Rabello. Lié à la SBD depuis qu’il

était étudiant, il fréquenta le pavillon Sao Miguel (financé au début des années 30 par

l’Organisation mondiale de la santé pour des cours internationaux sur la lèpre, mais

transféré immédiatement vers la clinique dermatologique de l’université du Brésil). Il

était président de la SBD lors du 50 e anniversaire de sa création ; il décida alors d’opérer

quelques changements : « Les réunions existaient déjà, mais toutes se réalisaient à Rio

de Janeiro. La plupart des associés étaient natifs de Rio. Lorsque j’ai assumé la présidence,

j’ai fait modifier les statuts et commencé à promouvoir les réunions dans d’autres

États, puisque j’envisageais la dermatologie sur le plan national et pas seulement dans

la ville de Rio de Janeiro. »

Il fut à deux reprises l’éditeur en chef des Anais Brasileiros de Dermatologia, où il

introduisit plusieurs innovations. Il fut président de l’Association brésilienne de léprologie,


du Collège ibéro-latino-américain de dermatologie, de l’International Society of Dermatology

et de l’Académie nationale dedecine. On lui octroya 13 prix pour ses mérites personnels

et la qualité de ses travaux scientifiques: les médailles d’or Oswaldo Cruz,

Antonio Pedro (trois fois) et Gaspar Viana, le prix Jorge Lobo, plusieurs plaquettes — trois

nationales et une de la North American Clinical Dermatological Society. Azulay est un des

auteurs les plus remarquables de l’histoire de la Dermatologie Brésilienne.

Rui Miranda

Pilier de la dermatologie à Paraná, il fonda en 1960 le centre d’études de la lèpre

Souza Araújo à l’université fédérale de Paraná, et la fondation Pro-Hansen en 1990.

Dans le domaine de la dermatologie, il décrivit 5 nouvelles pathologies ; pour ce qui est

de la maladie de Hansen, il contribua à en améliorer la connaissance.

Lucio Bakos

Né en 1942 à Zadar — actuellement la Croatie mais territoire italien à l’époque —, il

obtint son diplôme en 1966 à l’université fédérale de Rio Grande do Sul (UFRGS). Il fut

Visiting Scholar de la Cambridge University en 1972-1973, travaillant au Addenbrooke’s

Hospital de Cambridge, dirigé par le Dr Arthur Rook. Il est professeur titulaire de dermatologie

de l’UFRGS depuis 1991.

Sylvio Fraga

Il reçut son diplôme à la faculté dedecine de l’ancienne université du Brésil en

1953. Entre 1955 et 1956, il effectua son résidanat à Philadelphie (U.S.A.). Il suivit le

cours de spécialisation en dermatologie et pathologie au Armed Forces Institute of

Pathology, à Washington. Il fut le cofondateur de l’institut de dermatologie de la Santa

Casa.

João et Bernardo Gontijo

Originaire de Minas Gerais, la famille Gontijo (le père, João B. Gontijo Assunção, et le

fils, Bernardo Gontijo) regroupe des personnalités de la dermatologie remarquables.

João obtint son diplôme en 1947 à l’UFMG et réalisa son résidanat à l’hôpital Saint-Louis

de Paris en 1948 et 1949. Grâce à un concours public, il fut nommé professeur adjoint

et enseignant libre à l’UFMG. Il publia individuellement ou conjointement 24 travaux, et

présenta près de 200 communications lors de congrès et de réunions au Brésil et à

l’étranger. Bernardo, son fils, obtint son diplôme à l’UFMG et compléta son résidanat en

dermatologie à l’hôpital des cliniques de l’USP ; il est actuellement professeur de la

faculté dedecine de l’UFMG. Tous deux furent membres et présidents de la SBD.

Mário et Márcio Rutowitsch

Márcio Rutowitsch est le fils du dermatologue Mário Rutowitsch, qui fut président de

la SBD en 1960. Márcio obtint son diplôme à l’université fédérale Fluminense et il est

actuellement premier chef du service de dermatologie de l’HSE.

Jorge José de Souza Filho

La dermatologie et les dermatologues au Brésil

Né à Florianópolis en 1937, il obtint son diplôme à l’université fédérale de Paraná en

1964 et fut admis comme résident en 1965 grâce à une bourse de l’hôpital des cliniques

87


PAULO R. CUNHA

de Sao Paulo. En 1967, il retourna sur sa terre natale et se présenta au concours pour

être maître auxiliaire à l’UFSC, où il devint professeur titulaire en 1990. Il fut l’un des

fondateurs de la régionale SC de la SBD et le premier président de la Réunion sudbrésilienne

de dermatologie, qui eut lieu à Florianópolis en 1981.

■ La La dermatologie Dermatologie dans les états dans les États

88

Ces générations vigoureuses, avec leur volonté de tracer des nouveaux chemins,

furent le résultat de la stimulation de la recherche scientifique que favorisèrent l’éducation

dermatologique renouvelée, l’arrivée de nouvelles spécialités dans d’autres régions

du pays et l’action synergique de la SBD.

En effet, la dermatologie s’élargissait. Dans les années 20 et 30, d’après Rabello

Junior, « la chaire d’Antonio Aleixo (1884-1943) située à Belo Horizonte allait marquer

l’arrivée d’un nouveau centre d’études dans le pays, avec des travaux et des nouvelles

publications dans les secteurs jumeaux de la vénéréologie et de la léprologie, dans

lesquels se distinguaient Orsini de Castro (1892-1970) en dermatologie et O. Diniz (1902-

1966) en léprologie. Des travaux originaux de grande envergure furent réalisés par Cl.

de Castro, Oswaldo Costa (chaire de l’université fédérale) et Tancredo Furtado (chaire de

l’UFMG). » 3 Costa fut l’auteur d’une thèse réputée sur les acrokératoses (1960), tandis

que Furtado en écrivit une sur la framboesia en 1955.

Un grand centre dermatologique s’installa aussi à Juiz de Fora, avec Antônio Carlos

Pereira et Carlos Adolfo Pereira. Entre 1922 et 1940, d’importants travaux brésiliens sur

le pemphigus foliacé furent publiés, dont ceux de J.P. Vieira (1927) et Orsini de Castro

(1940).

Fondée en 1916, la faculté dedecine de Sao Paulo compta tout de suite une chaire

de dermatologie, dont le titulaire fut Adolpho Lindemberg (1872-1944), auteur de travaux

pionniers sur la leishmaniose tégumentaire et le pemphigus foliacé. Son disciple,

Nicolau Rossetti (1894-1956), fut plus tard le titulaire de la chaire de dermatologie à

l’école pauliste dedecine, où il fut remplacé par le léprologue et dermatologue

Abrahão Rotberg, auteur de célèbres travaux sur la réaction de Mitsuda, la réaction de

Montenegro et les angiites nécrotisantes. Rabello signale :

Dans les années 30, J. Aguiar Pupo, disciple préféré d’Eduardo Rabello, allait assumer

la chaire de dermatologie de l’université de Sao Paulo, où se forma immédiatement

une grande école. Dans la voie de la tradition brésilienne, Aguiar Pupo a

dominé, grâce à des travaux pionniers, la léprologie avec la même supériorité. En

1957, Sebastião Sampaio, un jeune professeur de bonne formation histologique qui

allait stimuler les travaux dans le domaine de la structure et des fonctions de la peau,

de la génétique et de la pathologie immune, le remplaça. À Sao Paulo se distingueraient

d’autres éléments de grande valeur comme H. Cerruti à Sorocaba, L.M. Bechelli

et W. Pimenta à Ribeirão Preto, tous trois issus de l’école d’Aguiar Pupo.

J’accorde une mention spéciale aux jeunes, parmi lesquels Ney Romiti, disciple de

Ramos e Silva, Marchionini et Raimundo Martins de Castro, initialement professeur

à Campinas, où il fut l’élève de son célèbre père, le maître A. Martins de Castro

(1885-1968), spécialiste en mycologie, en histopathologie et en roentgenthérapie 2 .

Nous ne citons ici que quelques-uns des dermatologues nationaux qui étudièrent avec

les grands maîtres de l’étranger :

1. Olympio da Fonseca Filho, Nicolau Rossetti et Abílio Martins de Castro travaillèrent

avec Raymond Sabouraud à l’hôpital Saint-Louis de Paris.

2. J. Luiz Miranda fut résident à la Duke University, avec N.F. Conant.

3. Eduardo Rabello fréquenta le service de curiethérapie de l’hôpital Necker, sous la


direction de Degrais ; de retour au Brésil, il fonda avec Fernando Terra l’Institut d’électroradiologie,

qui intégrerait plus tard la clinique dermatologique de la faculté nationale

dedecine.

4. Adolfo Lutz fit son résidanat en Suisse avec Paul Gerson Unna (1850-1929), le fondateur

de la dermatologie moderne.

5. Ney Romitti travailla à Munich avec Alfred Marchionini.

6. Sebastião de Almeida Sampaio effectua son résidanat à la Mayo Clinic, à Rochester

(USA).

7. Newton Guimarães travailla à Barcelone avec Xavier Vilanova.

8. Joaquim Pereira da Mota (1894-1952) travailla à Paris avec Pautrier.

9. Valdir Bandeira (Recife) et René Garrido Neves (Niterói) firent leur résidanat à

Buenos Aires, dans les services des Prs Julio Borda et Jorge Abulafia.

La Société Brésilienne de Dermatologie (SBD)

La séance de fondation de la Société brésilienne de dermatologie commença le

dimanche 4 février 1912 à 10 heures du matin, dans le pavillon Miguel Couto de la Santa

Casa de Misericordia de Rio de Janeiro. 18 médecins, dont seulement 10 dermatologues,

y étaient présents ; 3 d’entre eux faisaient partie de la commission organisatrice : Fernando

Terra, Eduardo Rabello et Werneck Machado. Les Drs Moncorvo Filho, Alfredo

Porto, Eduardo Magalhães, Adolfo Lutz, Víctor de Teive, Caetano de Menezes, Gaspar

Viana, Leal Júnior, Oscar da Silva Araújo, Juliano Moreira, Paulo Parreiras Horta,

Zopyro Goulart, Miguel Salles, Eduardo Jorge et Franco de Carvalho furent les autres

fondateurs.

La SBD est la deuxième entité au monde en nombre d’associés de la spécialité. La

fête du Dermatologue fut instaurée en 2000 (5 février), visant à sa commémoration

annuelle.

Un débat scientifique très sérieux, la stimulation de la recherche (élargie par la suite

aux nouvelles générations qui étudiaient ladecine), la connaissance et la vulgarisation

des activités dermatologiques dans les autres régions du pays, l’esprit accueillant et

attentif des dirigeants et le souci de poser les bases définitives de cette activité caractérisèrent

les treize premières années d’intervention de la SBD.

La SBD connut deux longues gestions au cours de son histoire: celle de Fernando

Terra, qui dura treize ans, et celle d’Eduardo Rabello, qui la présida pendant quinze ans

sans interruption.

Les présidents de la SDB

La dermatologie et les dermatologues au Brésil

■ La Société brésilienne de dermatologie (SBD)

Les dermatologues qui exercèrent la charge de président de la SBD furent les suivants:

Fernando Terra (1912) ; Eduardo Rabello (1925) ; Oscar Silva Araújo (1941) ; Joaquim

Mota (1942) ; João Ramos e Silva (1944) ; A.F. Da Costa Jr. (1946) ; Hildebrando Portugal

(1948) ; Francisco Eduardo Rabello (1950) ; Demétrio Peryassu (1951) ; Edgard Drolhe da

Costa (1953) ; Luis Campos Mello (1955) ; Antar Padilha-Gonçalves (1957) ; Mário Rutowitsch

(1959) ; Rubem David Azulay (1961) ; Glynne Leite Rocha (1963) ; J. Aguiar Pupo

(1964) ; João Ramos e Silva (1965) ; Domingos Barbosa da Silva (1966) ; Antônio Carlos

Pereira (1967) ; Rui Noronha Miranda (1968) ; Jorge Lobo (1969) ; Anuar Auad (1970);

Clóvis Bopp (1971); Rubem David Azulay (1972); Tancredo Furtado (1973); Sebastião de

Almeida Prado Sampaio (1974) ; Jarbas Anacleto Porto (1975) ; José Pessoa Mendes

(1976) ; Walter Moura Cantídio (1977) ; João Batista Gontijo (1978) ; Newton Guimarães

(1980) ; Raymundo Martins Castro (1981) ; Márcio Lobo Jardim (1982) ; José Serrya

(1983) ; Jorge José de Souza Filho (1984) ; Luiz Carlos Cucé (1985) ; Divino Rassi (1986);

89


Figure 8.

Commission directive

de la SBD (2000-

2001). De gauche à

droite (assis): María

Lourdes Viegas,

secrétaire générale ;

Fernando Augusto de

Almeida, président ;

Márcio Santos

Rutowitsch, viceprésident

; (debout) :

Macedo Paschoal,

deuxième secrétaire ;

Beatriz Moritz Trope,

trésorière ; Paulo

Rowilson, secrétaire

PAULO R. CUNHA

90

René Garrido Neves (1987); César Bernardi (1988); Luiz Henrique

C. Paschoal (1989) ; Orcanda Andrade Patrus (1990) ; Antonio

Carlos Pereira Junior (1991) ; Jesús Rodrígues Santamaría

(1992) ; José Eduardo Costa Martins (1993) ; Arival Cardoso de

Brito (1994) ; Sarita Martins (1995) ; Iphis Campbell (1996) ; Clarisse

Zaitz (1997) ; Alberto Eduardo Cox Cardoso (1998) ; Maurício

Mota de Avelar Alchorne (1999) ; Bernardo Gontijo (2000) ;

Fernando Augusto de Almeida (2001) (figure 8) ; Márcio Rutowitsch

(2003) et Sinésio Talhari (2005).

Dans les années 90, trois femmes présidèrent la Société brésilienne

de dermatologie : Orcanda Andrade Patrus (1990-1991),

Sarita Martins (1995-1996) et Clarisse Zaitz (1997-1998).

Le siège de la SDB. Les Anais Brasileiros de Dermatologia.

La bibliothèque. Le premier congrès

La SDB et plusieurs secteurs de la clinique dermatologique et syphiligraphique furent

transférés en 1932 au pavillon Sao Miguel, où fut inaugurée la bibliothèque de la clinique

(20 octobre 1933). Vers la moitié du XX e siècle, cette bibliothèque possédait déjà le plus

grand patrimoine de la spécialité en Amérique Latine. En 1987, René Garrido Neves

obtint la présidence de la SBD en poursuivant une mission: doter l’entité d’un siège

propre, acheté avenue Nilo Peçanha, abandonnant l’ancien siège du pavillon Sao Miguel.

Eduardo Rabello fut l’éditeur en chef de la première édition de la revue bimestrielle

Anais Brasileiros de Dermatologia en 1925 (figure 9).

En 1985 réapparaît le bulletin de Nouvelles SBD, remplacé en 1996 par le Diario de

la Dermatología Actual, de meilleure allure, et finalement par le Diario de la SBD.

Du 26 au 28 septembre 1944, la première réunion des spécialistes brésiliens en dermatoses

syphiligraphiques eut lieu dans le pavillon Sao Miguel de la Santa Casa de Misericordia

de Rio de Janeiro; à partir de 1969, ces réunions devinrent congrès (figure 10).

Le cinquantenaire de la SDB

La SBD commémora ses 50 ans en 1962, sous la présidence de Rubem David Azulay.

Une déclaration publique, dans laquelle on reconnaissait l’expansion de la dermatologie

dans tout le Brésil, fut alors présentée. Cette expansion ouvrit le chemin aux professionnels

des autres États, leur permettant ainsi d’occuper la présidence de la societé. La désignation

de Ramos e Silva comme membre du CID (Comité international de

dermatologie) marqua également la décennie. Ultérieurement, Antar Padilha-Gonçalves,

Sebastião Sampaio et Márcia Ramos e Silva furent également désignés membres du CID.

En 1971, le rayon d’action de la SBD fut élargi au cours du Congrès brésilien de dermatologie

de Porto Alegre présidé par Clóvis Bopp, en tenant compte des intérêts

éthiques, sociaux et économiques des dermatologues brésiliens. Bopp fut aussi le principal

organisateur des réunions régionales appelées Lignes Sud de la dermatologie brésilienne,

actuellement Journées sud-brésiliennes, qui rassemblent les spécialistes de Rio

Grande do Sul, Santa Catarina et Paraná.

Le 90 e anniversaire de la SDB

La commémoration du 90 e anniversaire de la fondation de la SBD revint au Pr.

Fernando Augusto de Almeida, président élu de l’époque. Ce remarquable spécialiste,

dont la thèse de doctorat à la USP traitait du prurigo d’Hebra, est un des plus grands

connaisseurs des tumeurs cutanées, notamment le mélanome. Il est également l’un des


fondateurs et le premier président du Groupe brésilien d’étude du mélanome (GBM). Le

projet Pro-Mémoire, coordonné par le Pr. Dr Paulo Cunha (figure 11) et dont le but est

de protéger l’histoire de la dermatologie au Brésil à travers des livres, des documents et

des images, fut encouragé sous sa direction. L’édition de la Historia de la Dermatología

en Brasil [Histoire de la dermatologie au Brésil], une compilation agréable de photos et

de textes de la spécialité au Brésil depuis les origines, fut le premier travail accompli.

Son passage fut également remarqué en raison de sa gestion professionnelle de la

SBD et de l’élan financier qu’elle reçut.

La SBD 2003-2004

La dermatologie et les dermatologues au Brésil

Au cours des deux dernières années, la Société brésilienne de dermatologie centralisa

les actions institutionnelles et politiques visant à la valorisation de la spécialité. Avec

l’Association médicale brésilienne, elle participa activement au mouvement national destiné

à mettre en place une nouvelle liste plus juste d’honoraires médicaux, employée

dans tout le pays. Elle participa également aux rencontres pour repousser la création de

nouvelles écoles dedecine et les réunions sur le projet de loi sur la pratique médicale ;

elle demanda aux spécialistes d’intégrer la chambre des produits et des procédures

esthétiques du Conseil fédéral dedecine.

Par le biais de ses départements spécialisés, elle travailla intensément à la création

de manuels de conduite orientant les médecins sur les techniques et les procédures utilisées

dans la spécialité. Les commissions spécialisées inspectent toujours les services de

résidanat accrédités, garantissant ainsi la qualité de l’enseignement de la dermatologie

dans le pays. Un groupe de travail, formé par les directions de services accrédités et les

commissions d’enseignement, accomplit un travail important : leurs scientifiques et leurs

spécialistes redéfinirent le programme minimal d’enseignement de la dermatologie brésilienne,

énoncèrent les nouvelles normes pour l’accréditation des services spécialisés

(en leur proposant ledit programme) et formulèrent des propositions visant au perfectionnement

des critères d’évaluation pour obtenir le titre de spécialiste.

Pour connaître le cadre où travaillent les dermatologues brésiliens, et la situation

réelle des spécialistes dans les différentes régions du pays, la Société brésilienne de dermatologie

réalisa une enquête qui traça le profil des dermatologues du Brésil. Sur la base

des données collectées, le président de la SBD, le Dr Marcio Rutowitsh, rencontra des

91

Figure 9.

Anais Brasileiros de

Dermatologia.

Année 1940

Figure 10.

IIe Réunion annuelle

de dermatosyphiligraphes

brésiliens à Belo

Horizonte (1945)


Figure 11.

Pr. Dr Paulo Cunha

Figure 12. Première

commission

d’accréditation du TSD

(28 octobre 1967) à

Juiz de Fora. De

gauche à droite :

Pr. Rubem D. Azulay,

Rui Miranda,

Sebastiao Sampaio,

Tancredo Furtado et

Clóvis Bopp

PAULO R. CUNHA

92

jeunes possédant moins de dix ans de formation pour discuter des perspectives de la profession,

favorisant de cette manière l’intervention de la SBD dans la défense du marché

du travail.

En même temps, la SBD promut une révision de la revue Anais Brasileiros de Dermatologia

dans le but de réorganiser sa base de données, Índex Medicus/Medline.

Le titre de spécialiste en dermatologie

La SBD est considérée comme une entité d’utilité publique depuis la loi n o 1.270 de

1950. Vingt-trois ans passèrent entre la 1 re Réunion des spécialistes en dermatologiesyphiligraphie

brésiliens (1944) et un autre grand événement de l’histoire de l’entité

(1967) : l’examen des premiers professionnels pour obtenir le titre de spécialiste en dermatologie,

à Juiz de Fora. Les Prs Tancredo Furtado, Clóvis Bopp, Rubem David Azulay,

Rui Noronha de Miranda et Sebastião Sampaio (délégué auprès de l’AMB) passèrent ce

premier examen (figure 12).

Le 39 e examen pour devenir spécialiste de la SBD eut lieu en 2005 sous la présidence

du Pr. Dr Paulo R. Cunha.

Services accrédités par la SDB

Les services accrédités par la Société brésilienne de dermatologie sont au nombre de

soixante dans tout le pays, prouvant le bon niveau de la spécialité au Brésil: outre des soins

étendus prodigués à des millions des patients souffrant de maladies cutanées, ils offrent

204 postes vacants annuels pour le résidanat, la spécialisation, la maîtrise et le doctorat.

Unités régionales

NORD-NORD-EST

Bahia

Bahia, berceau de la dermatologie dans le pays, possède actuellement deux services

habilités par la SBD : celui de l’hôpital des cliniques (UFBA) et celui de l’hôpital Santa

Isabel de l’école de Bahia dedecine et santé publique.

La chaire de clinique des maladies cutanées et syphilitiques fut fondée en 1884,

Alexandre Evangelista de Castro Cerqueira en étant le titulaire; elle devint la clinique


dermatologique en 1893. À partir de 1915, Artur da Silva Leitão, Flaviano da Silva, Otávio

Garcez de Aguiar, Newton Alves Guimarães, Neide Ferraz et Ênio Ribeiro Maynard

Barreto la dirigèrent successivement.

Le service de dermatologie de l’hôpital des cliniques comporte trois salles pour le

public et une salle de chirurgie ambulatoire. L’infirmerie dispose de quatre lits et d’une

salle annexe pour les réunions. Malgré l’espace réduit, le cabinet externe de la spécialité

est le deuxième espace de l’hôpital en quantité de patients; cette situation changera certainement

avec le déménagement de la dermatologie vers le pavillon Pr. Magalhães Neto.

Au cours des trois dernières années, les résidents réussirent leurs études à quasiment

100 %. Les maladies tropicales constituent le domaine de recherche principal du service.

Amazonas

Installé dans l’État d’Amazonas, l’institut de dermatologie tropicale et vénéréologie

Alfredo da Matta, consacré depuis 1955 à l’enseignement, la recherche, la prévention et

le traitement des maladies dermatologiques, est le centre de référence en maladies

sexuellement transmissibles (MST) et en maladie de Hansen. Son chef est le Pr. Sinésio

Talhari (président de la SBD en 2005-2006).

Initialement destiné à soigner les patients atteints de la lèpre, l’institut Alfredo da

Matta élargit son action vers la fin des années 70 à d’autres dermatoses. Depuis 1981,

son propre laboratoire effectue la sérologie pour détecter le virus HIV.

L’hôpital universitaire Getúlio Vargas, de l’université d’Amazonas, est un autre hôpital

de référence, sous la coordination du Dr Jonas Ribas.

Pará

La dermatologie et les dermatologues au Brésil

L’institut Evandro Chagas et la dermatologie

L’institut Evandro Chagas (IEC) fut créé le 11 novembre 1936, par le décret 2346 du

gouvernement de l’État de Pará. En 1942, il rejoignit le service spécial de la santé

publique de l’époque, la fondation Oswaldo Cruz, la Fondation nationale de la santé, le

secrétariat de vigilance de la santé et le ministère de la Santé.

Les objectifs basiques du IEC sont : a) des recherches en sciences biologiques, médecine

tropicale et environnement ; b) des actions de vigilance dans la santé.

Les recherches en cours sur des agents étiologiques de certaines maladies présentant

des manifestations cutanées se rapportent à :

- Virologie : rubéole, rougeole, parvovirus B19, herpes simples (1 et 2), herpes virus

6, 7 et 8, virus de Epstein Barr, HTLV et les entérovirus proprement dits (coxsackie et

echo).

- Arbovirologie: fièvres hémorragiques, dengue, oropouche, mayaro et le syndrome hémorragique

de Altamira; les trois premiers agents associés aux tableaux exanthématiques.

- Bactériologie et mycologie : Mycobacterium leprae et les recherches comprenant

les dermatophytes (à moindre échelle).

- Parasitologie : leishmaniose et agents déterminants de « pathologies exotiques »

(voir description plus loin).

Une nouvelle maladie fut décrite dans les années 70 : le syndrome hémorragique de

Altamira, essentiellement le purpura thrombocytopénique associé à la piqûre du moustique

Simulium amazonicum ou pium. Cette étude, réalisée par l’équipe du Dr Francisco

Pinheiro, fut publiée dans The Lancet, un journal de grande notoriété.

Dans les premières années de la décennie 2000, des études de laboratoire et épidémiologiques

furent mises en place : elles comprenaient les herpes virus humains de type

7 et 8, respectivement exanthème critique et sarcome de Kaposi. Ces initiatives furent

coordonnées par le Dr Ronaldo Barros de Freitas.

93


PAULO R. CUNHA

94

La chaire de la clinique dermatologique et syphiligraphique fut créée en 1922 pour la

4 e année du cours médical de l’ancienne faculté dedecine et de chirurgie de Pará,

dont la spécialité était dirigée par le Pr. Manuel Ferreira dos Santos Bastos. En 1951, le

Pr. Domingos Barbosa da Silva fut nommé titulaire de la chaire, et il reprit cette fonction

en 1955 ; il fut également chargé pendant plusieurs années de la direction du département

de dermatologie, où de nombreuses générations de spécialistes reçurent leur

formation.

Le département de pathologie tropicale, service de dermatologie de l’université

fédérale de Pará — dont le chef est le Dr Arival Cardoso de Brito, ancien président de

la SBD —, propose deux cours, dans des immeubles situés dans les dépendances de la

fondation Santa Casa de Misericordia de Pará. Les salles ambulatoires sont au nombre

de huit, et il dispose également d’un auditorium, d’un mini-auditorium pour la spécialisation,

d’un laboratoire de dermo-pathologie, d’un laboratoire de mycologie, de deux

salles chirurgicales, d’une salle de premiers secours, d’une salle d’infirmerie, d’une

pharmacie, d’une bibliothèque, d’un secrétariat et de deux grandes salles d’attente

pour les patients.

Le groupe de professeurs de dermatologie à l’UFPA est actuellement constitué de

13 enseignants travaillant dans divers domaines de la recherche : les nouveaux traitements

chimiothérapiques de la maladie de Jorge Lobo, la léprologie et la leishmaniose,

les mycoses superficielles et profondes avec imidazolés et l’utilisation de nouveaux composés

en ectoparasitose.

Pernambuco

À Pernambuco, les services habilités par la SBD sont l’hôpital des cliniques de l’université

fédérale — dont le chef de service est le Pr. Josemir Belo dos Santos —, l’hôpital Santo

Amaro — le chef de service étant le Pr. Itamar Belo dos Santos — et l’hôpital universitaire

Oswaldo Cruz (le Pr. Dr Emmanuel Rodrigues de França en est le chef de service).

Ceará

Fondé en 1975, l’actuel centre de dermatologie Dona Libânia, du secrétariat de la

Santé de l’État de Ceará, est le centre de référence étatique et macro-régional en léprologie.

Il se consacra pendant vingt ans au contrôle de la léprologie et de la tuberculose ;

de nos jours, il inclut également le soin, la recherche et l’enseignement. Il comprend les

services de léprologie, de leishmaniose, du cancer de la peau, des MST, d’allergies cutanées,

de dermatologie pédiatrique, de chirurgie dermatologique, de tuberculose et

d’autres dermatoses. Le Dr Heitor de Sá Gonçalves, deuxième secrétaire de la SBD pour

la gestion 2005-2006, en est le directeur général ; le Dr Maria Araci Pontes Aires est le

chef du service.

En 2003, la SDB octroya une nouvelle certification à l’hôpital universitaire Walter

Cantídio, dont le chef de service est le Dr José Wilson Acioly Filho.

Rio Grande do Norte

Le service de dermatologie de la faculté dedecine, situé à l’hôpital Onofre Lopes

de l’université fédérale de Rio Grande do Norte, sous la coordination du Dr Pedro

Bezerra da Trindade Neto, dispose d’un espace propre à l’intérieur de l’hôpital : six

cabinets pour des soins ambulatoires, deux salles équipées pour la chirurgie et la cryochirurgie,

une salle de cosmétologie, un laboratoire de mycologie, une salle de réunions,

une unité de photothérapie, une salle de premiers secours et une infirmerie comportant

six lits. Habilité en 1999 par la SBD, on y donne des cours de dermatologie, des cours

pratiques et théoriques pour les élèves dedecine de septième année ; on y forme aussi

dans la théorie et dans la pratique les médecins qui soignent dans la clinique et les élèves

du doctorat en médecine. Pour les stages autorisés par le ministère de l’Éducation


La dermatologie et les dermatologues au Brésil

et de la Culture (MEC), le service propose deux postes vacants par an. Au cours des cinq

dernières années, 91 % des résidents réussirent l’examen pour obtenir le titre de spécialiste

de la SBD.

On réalise dans ce service des projets de recherche et des travaux scientifiques dans

le domaine de la génodermatose bulleuse, spécifiquement le pemphigus chronique familier

bénin, sujet de la thèse de doctorat du Pr. Pedro Bezerra da Trindade Neto. On y réalise

également des études liées à l’épidémiologie du mélanome à Rio Grande do Norte et

à la cytologie appliquée au diagnostic des maladies cutanées, sujet de la thèse du Pr. Thomas

de Aquino Paulo Filho.

Sergipe

À Sergipe, l’hôpital universitaire est le seul habilité par la SBD ; son chef de service

est le Pr. Pedro Menezes Portugal.

Alagoas

La dermatologie fut pratiquée dans la clinique privée à partir de 1940, depuis l’intervention

pionnière des jeunes médecins Aldo de Sá Cardoso (élève de Jorge Lobo à

Recife, diplômé en 1938) et Aderbal Loureiro Jatobá.

Quelques années plus tard, Jorge Duarte Quintela Cavalcanti commença lui aussi à

exercer à Maceió. L’enseignement médical dans cet État fut établi le 5 mars 1951, et le

Dr Aldo Cardoso fut élu professeur de la chaire de dermatologie et syphiligraphie. Une

fois la faculté créée, d’autres médecins y obtinrent leur diplôme, tels que Zirelli Valença

— qui décrivit le signal de Zirelli — et Nehemias de Alencar.

Suite à la création de l’école des sciences médicales d’Alagoas (le 15 mars 1970), la

chaire de dermatologie fut mise en place par le Pr. Aldo Cardoso ; son assistant, le Dr

Alberto Eduardo Cox Cardoso, fut élu titulaire de ladite chaire ultérieurement.

Brasilia

L’actuel service de dermatologie de l’hôpital universitaire de Brasilia (HUB) naquit en

1980 de la fusion entre le service de dermatologie de l’hôpital de los Servidores de la

Unión (HSU), de l’IPASE (passé plus tard dans l’INAMPS) et du service de dermatologie

de l’hôpital école de l’unité intégrée de la santé de Sobradinho (UISS), de l’université de

Brasilia.

Au sein des deux institutions, dans les services d’origine, nous distinguons les

Drs Iphis Campbell et Gladys Campbell (initiateurs), Roberto Doglia Azambuja, Rosicler

Álvares et Carmélia Matos Reis (HSU) et le Pr. Raimunda Nonata Ribeiro Sampaio (initiatrice),

ainsi que Rosicler Aíza Álvares (UISS). Dans le cas de l’HUB, on peut citer les

Drs Antônio de Pádua, Ana Maria Costa Pinheiro, Ribeiro de Paula et Gerson Pena — ce

dernier associé au noyau de recherche de l’UNB et président du 60 e Congrès de Dermatologie

de la SBD (Brasilia 2005). Il y a actuellement dix dermatologues de l’HUB.

L’unité ambulatoire de recherche en leishmaniose tégumentaire américaine, créée

par le Pr. Raimunda (également chef de service), encouragée par le Pr. Philip Davis

Marsden (in memoriam) et qui fonctionnait depuis 1975 à l’UISS-UNB, fut transférée à

l’HUB, tout en conservant la même ligne de recherche. Peu après, le Pr. Rosicler et le

Dr Iphis créèrent l’unité ambulatoire de pemphigus, tandis que celles de léprologie, de

cryochirurgie, de mycose, de psoriasis, de vieillissement cutané, de dermatologie pédiatrique

et de tumeurs cutanées furent établies et/ou coordonnées par les Drs Rosicler

Álvares, Carmélia, Gladyz, Izelda et Ana. En février 1999 fut créée l’unité de maladies

sexuellement transmissibles (à l’initiative du Pr. Raimunda Nonata Ribeiro Sampaio), à

caractère multidisciplinaire et avec sur la participation des services de gynécologie, de

proctologie et d’urologie. Au total, 14 400 patients atteints de maladies de la peau sont

soignés par an.

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PAULO R. CUNHA

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La dermatologie en tant que spécialité fut officiellement créée en 1971 par l’UNB, mais

ce ne fut qu’à partir de 1974 qu’elle fonctionna indépendamment de la clinique médicale.

Son enseignement comprend un nombre d’heures total qui correspond à quatre crédits. Le

résidanat, créé sur le modèle du HSE de Rio, débuta en 1974, le Dr Izelda Costa en étant

le premier résident. Jusqu’à présent, trente-quatre résidents et dix-neuf stagiaires ont obtenu

leur diplôme dans ce service. Le résidanat de l’actuel HUB est également orienté vers

la recherche, et la présentation d’une monographie à la fin du cours est une condition requise

pour obtenir le diplôme. Tous les résidents présentent leurs travaux aux annales des

congrès; 90 % d’entre eux publient un ou plusieurs travaux scientifiques pendant le résidanat.

Dans les années 90, grâce à la création du diplôme de spécialiste en sciences de la

santé, les étudiants en maîtrise et en doctorat commencèrent à s’intéresser à la dermatologie

: huit élèves ont obtenu leur maîtrise, huit la préparent actuellement et un prépare

son doctorat. Des projets en cours visent à améliorer l’enseignement de la dermatologie,

le résidanat et la spécialisation stricto sensu.

Goiás

La chaire de dermatologie fut ouverte à l’université fédérale de Goiás grâce aux

Prs Anuar Auad, Rodovalho Mendes Domenici et Vanderli Dutra aujourd’hui défunts.

Divino Miguel Rassi et Paulo Cezar Borges furent admis en 1967 et prirent leur retraite

au cours des années 90. Aiçar Chaul, Lia Cândida Miranda de Castro et Hugo Junqueira

les rejoignirent dans les années 1970.

Le résidanat en dermatologie fut créé en 1978 et immédiatement admis par la SBD;

les Drs Anuar Auad, Divino Miguel Rassi et Paulo Cezar Borges et Aiçar Chaul (dès 1997)

dirigèrent l’institution. Jusqu’en 2002, 80 médecins, dont la plupart obtinrent le diplôme

de spécialiste en dermatologie de la SBD, suivirent les deux années de résidanat.

Trois présidents des congrès de la Société brésilienne de dermatologie sortirent du

service de dermatologie de l’hôpital des cliniques de l’université fédérale de Goiás :

Anuar Auad (1970), Divino Miguel Rassi (1987) et Lia Cândida Miranda de Castro, les

deux premiers étant aussi présidents nationaux de l’entité, selon les normes de l’époque

qui ne séparaient pas les attributions de la SBD et celles du congrès.

Minas Gerais

La Santa Casa de Misericordia de Belo Horizonte fournit les services dont avait besoin

la faculté dedecine de l’université fédérale de Minas Gerais, fondée en 1914. La clinique

de dermatologie était alors dirigée par Antônio Aleixo, qui fonda en 1917 l’infirmerie

et la clinique pour hommes, tandis qu’Olyntho Orsini était le chef de la clinique

pour femmes.

À partir du transfert de l’unité ambulatoire vers un immeuble propre en 1944, la clinique

dermatologique fut dirigée par Josefino Aleixo, assisté par Oswaldo Costa et José

Mariano.

La clinique dermatologique de la Santa Casa compte actuellement quinze assistants

— dont neuf obtinrent le diplôme dans le service — et douze collaborateurs, possédant

tous le titre de spécialiste en dermatologie. La direction du service est à la charge du Dr

Jackson Machado Pinto. Deux membres de la clinique font actuellement leur résidanat à

l’University of Colorado, d’autres en Argentine et en Autriche.

L’aire propre à la dermatologie à l’hôpital dispose de douze lits, cinq unités ambulatoires,

deux salles pour la chirurgie légère, une salle de classe, une salle de réunion avec

une bibliothèque et un équipement moderne. Le service reçoit une moyenne annuelle de

200 patients hospitalisés et près de 16 000 patients externes en dermatologie générale,

sanitaire, pédiatrique et chirurgie dermatologique. En décembre 2001, il s’est doté d’une

unité de photothérapie avec UVA et d’une autre avec UVB 311 NM.


La dermatologie et les dermatologues au Brésil

Plusieurs travaux scientifiques, parmi lesquels se distinguèrent les mémoires de

maîtrise et les thèses de doctorat en leishmaniose tégumentaire américaine et maladies

bulleuses, notamment le pemphigus foliacé endémique, furent réalisés à la clinique dermatologique

depuis sa fondation.

Service de dermatologie de l’UFMG

C’est au Pr. Antonio Aleixo (1884-1943), l’un des fondateurs de la faculté dedecine

de Belo Horizonte (1911) et premier professeur de dermatologie, que revient le mérite

d’être considéré comme le créateur de l’école dermatologique de Minas Gerais. Son intérêt

scientifique était centré sur la léprologie, le pemphigus, les maladies sexuellement

transmissibles et les mycoses. Il fut le premier chef de l’infirmerie de dermatologie de la

Santa Casa de Belo Horizonte, une référence pour les dermatologues jusqu’à nos jours.

À la mort d’Aleixio en 1943, Olyntho Orsini — originaire de Minas Gerais (Sabará) — assuma

de façon intérimaire la chaire comme enseignant libre. Ce médecin, diplômé de la faculté

dedecine en 1917, avait passé son concours en 1927 avec la thèse Contribution à

l’étude du pemphigus foliacé, dans laquelle il analysa les lésions en vespertilion, sans connaître

pour autant le travail de Senear et Usher présenté antérieurement sur le sujet (1926).

En 1945, un autre enseignant libre, Oswaldo Costa, reçu au concours public en 1944

grâce à sa thèse sur les Dermatofibromes progressifs et récidivants de Darier-Ferrand,

occupa de façon intérimaire le poste de titulaire de la chaire.

À la fin de 1945, le Pr. Olyntho Orsini (1891-1970) devint professeur de la chaire; le

sujet de sa thèse fut Aspects épidémiologiques et cliniques du pemphigus foliacé à Minas

Gerais. Il remplit rigoureusement ses devoirs en dirigeant la chaire et l’infirmerie pour

femmes de la Santa Casa de façon compétente, dévouée et responsable ; il s’attira ainsi

la sympathie de la communauté dermatologique. Il fut un spécialiste notable du pemphigus,

et il encouragea toujours la collaboration entre son service et le département de

la lèpre de l’État de Minas Gerais, dirigé à l’époque par le Dr Orestes Diniz.

Les Prs Oswaldo Costa, José Mariano (léprologue compétent et ancien chef du Service

national de lèpre) et Josephino Aleixo comptèrent parmi ses assistants ; ce dernier fut,

outre son statut d’enseignant libre en 1946 (le sujet de sa thèse fut Subvention à l’étude

de la chromomycose), professeur adjoint à l’UFMG et professeur à la faculté dedecine

d’Uberaba, M.G.

En 1962, le Pr. Oswaldo Costa (1905-1996), né à São João del-Rei, M. G. occupa la

chaire suite à un concours mémorable où il présenta sa thèse monumentale sur Acrokératose,

une véritable bible de 577 pages montrant des détails complets sur le sujet. Sa

véritable passion pour la spécialité et son enseignement firent que ce spécialiste émérite

en diagnostics, très studieux — il avait l’habitude d’étudier jusqu’à l’aube —, séduisit

beaucoup de patients dans sa clinique particulière. Il fut un excellent professeur ; il fréquenta

les congrès et publia inlassablement et de façon perspicace des centaines de travaux

scientifiques. Il eut également le mérite de décrire en 1954 une nouvelle entité,

l’acrokératoélastoïdose, reconnue de nos jours dans le monde entier. Dans le domaine de

l’enseignement, il fonda la chaire de dermatologie de la faculté des sciences médicales

de Minas Gerais, dont il fut le premier professeur.

Il conserva l’équipe d’assistants du Pr. Orsini, qu’il renforça avec l’admission de Tancredo

Furtado, du professeur adjoint Cid Ferreira Lopes — également chef de l’infirmerie

de dermatologie de la Santa Casa, organisateur et premier directeur de l’école de

santé publique de Minas Gerais, membre titulaire de l’Académie dedecine de Minas

Gerais et membre correspondant de l’Académie nationale dedecine —, et du Dr João

Gontijo, chef de la clinique dermatologique de l’hôpital municipal.

Oswaldo Costa prit sa retraite en 1975. Son fils, Paulo Uchôa Costa, suivit l’exemple

de son père de façon brillante, devenant un dermatologue réputé et professeur adjoint

de la faculté dedecine de l’UFMG.

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PAULO R. CUNHA

98

Le Pr. Tancredo Furtado (1923), natif de Carmo do Paranaíba, M.G., fut le successeur

d’Oswaldo Costa; son discours de 1975, lors de l’exposition de sa thèse Tumeur granulocellulaire

d’Abrikossoff (Schwannome granulo-cellulaire), fut remarqué. Il avait défendu

l’enseignement libre dans sa thèse Manifestations tardives de la framboesia. En 1963, il

s’était présenté au concours public pour la chaire de la faculté de sciences médicales de

Minas Gerais, en soutenant la thèse sur Kératoacanthome et processus similaires.

De 1975 à 1993, année de sa retraite contrainte, Tancredo Furtado éleva la dermatologie

de l’UFMG à un haut degré de prestige avec ses innombrables publications, sa

participation aux congrès, aux commissions d’examens, sa direction de thèses, etc. À

partir de 1975, le service de dermatologie de la faculté dedecine devint plus dynamique,

étant transféré de la Santa Casa à l’annexe de dermatologie de l’hôpital des cliniques.

Le Pr. Furtado inaugura le stage dedecine en 1976 et le mastère en 1977 ; il

fut directeur de la faculté entre 1982 et 1986.

Pendant sa gestion, le professeur adjoint João Gontijo Assunção devint enseignant libre

(mars 1978) avec la thèse Pemphigus foliacé dans l’enfance. Quelques aspects épidémiologiques

et cliniques et occupa le poste de chef du service de dermatologie entre 1982 et 1986.

Tancredo Furtado fut l’un des créateurs de la Réunion triangulaire de dermatologie,

président de la section de Minas Gerais de la SBD et président de la section nationale en

1973. Il fut également membre émérite de l’Académie mineira dedecine, membre

honoraire de l’Académie nationale dedecine et associé correspondant ou honoraire

de plusieurs sociétés étrangères de dermatologie.

Ce parcours professionnel et universitaire fulgurant se basa sur une formation

humaniste solide, et un cursus médical appliqué (il fut l’un des deux meilleurs élèves de

sa promotion de l’an 1946), comportant des spécialisations aux États-Unis : des pratiques,

des cours, le résidanat dans les universités de Kansas City, Chicago, New York,

Washington et Los Angeles.

Le Pr. Orcanda Andrade Patrus (1941), native de Juiz de Fora, fut professeur assistante

depuis l’époque du Pr. Oswaldo Costa ; elle passa son doctorat en soutenant sa thèse

(1980) Antigènes d’histocompatibilité, immunocomplexes et complément dans le pemphigus

foliacé, qui lui permit d’obtenir le poste de professeur adjointe. Elle fut nommée

professeur titulaire lors d’un concours public en 1991 ; visionnaire, elle dirigea le service

de dermatologie avec compétence et générosité, en apportant des améliorations, en mettant

en place l’informatisation et en maintenant le haut niveau de travail de l’équipe et

le modèle reconnu d’apprentissage en collectif.

Après sa retraite, le Dr Antonio Carlos Martins Guedes, professeur adjoint, assuma la

direction du service ; on lui reconnut une très bonne administration : il réforma et modifia

l’annexe de dermatologie de l’hôpital des cliniques tout en continuant de s’impliquer

de manière compétente et dévouée dans la section d’histopathologie.

Une fois son mandat achevé, il fut remplacé par le professeur adjoint Bernardo Gontijo,

auparavant directeur de la spécialisation en dermatologie et président de la section

de Minas Gerais. Entre 2000 et 2001 il dirigea la SBD (nationale) avec courage, dévouement,

générosité et compétence.

L’université fédérale de Juiz de Fora (dirigée par le Pr. Aloísio Gamonal) et l’université

fédérale de Uberlândia (dont le chef de service est le Dr Sônia Antunes de Oliveira)

sont d’autres services habilités à Minas.

Espírito Santo

Le service de dermatologie de l’hôpital Cassiano Antônio Moraes (de l’hôpital des cliniques

de la faculté dedecine de l’université fédérale de Espírito Santo) aurait pu être

habilité bien avant par la SBD, mais il voulut de lui-même repousser l’habilitation :

« Il fallait que le service soit convaincu qu’il recevrait la note maximale pour son approbation,

tel que l’exige le respect pour l’exercice de ladecine. » 2


La dermatologie et les dermatologues au Brésil

La revue de la SBD signale: « Certains aspects frappent dans ce service: la simplicité

et l’harmonie qui règnent partout et entre tous, le caractère informel des rapports entre

les personnes et de l’exécution des tâches; l’esprit de sacerdoce qui se traduit dans les

projets et la capacité à être audacieux. Les Prs Carlos Cley Coelho et Délio Del Maestre (le

chef du service) intègrent le magistère d’un programme choisi d’un commun accord. » 2

Même si le service n’est pas très grand, les 7 cabinets impressionnent par leur luminosité,

de même dans la salle des réunions et dans une autre salle consacrée aux chirurgies

légères, ainsi que dans le magasin. Habilité en 1999 — au cours de la réunion du

conseil délibérant qui eut lieu pendant le 54 e Congrès brésilien de dermatologie à Belo

Horizonte —, le service médical, approuvé avec la note maximale, est la référence étatique

en léprologie, en tuberculose extra-pulmonaire et en leishmaniose ; il soigne 150

personnes par jour (en moyenne), élargissant son champ d’action jusqu’aux limites de

Bahia, Minas Gerais et Rio de Janeiro.

Des études statistiques et nosologiques des maladies dermatologiques, des études sur

des patients greffés, des psychodermatoses, des affections cutanées dues aux paracoccidioïdomycoses,

à la tuberculose extra-pulmonaire, à la lèpre et à la leishmaniose, furent

effectuées dans ce service.

La Santa Casa de Misericordia de Vitória fut également habilitée par la SBD ; le

Pr. João Basílio de Souza Filho en fut le chef de service.

Services de Rio de Janeiro

Siège du royaume et de l’empire du Brésil dans les premiers temps, et de la République

jusqu’en 1960, Rio de Janeiro fut toujours l’un des principaux noyaux de développement

médical du pays, de la dermatologie et de ses entités médicales, parmi

lesquelles se distingue la SBD.

« Seule faculté brésilienne à obtenir la qualification 4 de l’évaluation du ministère de

l’éducation, la faculté dedecine de l’université fédérale de Rio de Janeiro propose un

cours de spécialisation, une maîtrise et un doctorat en dermatologie, qui garde depuis

1986 la classification A selon l’évaluation du CAPES. » 2

Créés en 1970 par Sylvio Fraga, la maîtrise et le doctorat en dermatologie de l’UFRJ

sont les plus anciens du pays. Le Pr. Carlos Cley fut le premier diplômé de maîtrise en

1974 ; la même année, le MEC reconnut et valida la spécialisation.

À Niterói, Sinésio Talhari, actuellement chef du service de dermatologie de l’institut

de dermatologie Alfredo da Mata, fut le premier à obtenir le titre de maître à l’université

fédérale Fluminense.

Le docteur coordinateur Absalom Lima Filgueira signale que la spécialisation en dermatologie

fut créée au début des années 70, quasiment en même temps que la fermeture

de la chaire: « Nous avions besoin de former des professeurs pour l’enseignement supérieur,

et le chemin devait passer par la maîtrise et le doctorat. La spécialisation brésilienne,

et c’est là sa caractéristique principale, doit être effectuée dans chaque spécialité.

Il n’existe pas, ou du moins il n’existait pas à l’époque, un autre cours identique au

monde ; dans les autres pays, on enseignait seulement les matières de base : la physique,

la biologie, la biologie moléculaire, la chimie. »

Deux aspects contribuèrent au succès de la spécialisation en dermatologie de l’UFRJ :

le transfert à l’hôpital universitaire (1978), abandonnant les installations séculaires de la

Santa Casa de Misericordia, et la proximité avec le Centre de sciences de la santé, siège

du fameux Institut de biophysique, un organisme de recherche fondamentale célèbre à

l’étranger. L’intégration entre les deux milieux fut graduelle et totale. La biophysique et

la biochimie devinrent des matières qui traitent des organes. Celles-ci furent à l’origine

des laboratoires de tissu conjonctif, d’hormones, d’endocrinologie et de photobiologie.

João Pizarro Gabizo fut le premier professeur de la chaire de dermatologie de Rio de

Janeiro, à l’académie médico-chirurgicale qui n’allait recevoir le nom de faculté de

99


Figure 13.

Clinique de la faculté

dedecine de la

Santa Casa, Rio de

Janeiro, pavillon Sao

Miguel

PAULO R. CUNHA

100

decine de l’université du Brésil qu’en 1932. Luiz da Costa Chaves Faria, Fernando

Terra, Eduardo Rabello et Francisco Eduardo Rabello (exerçant la charge jusqu’à son

départ en retraite, en 1975, par application du principe du devoir acquis) succédèrent

à Gabizo.

Les Prs Sylvio Fraga et Antônio de Souza Marques

(figure 13) occupèrent la direction de la dermatologie

lorsqu’elle était encore située à la Santa Casa. À Ilha do

Governador, après le transfert à l’hôpital universitaire, le

Pr. Absalom Figueira (1978-1980) fut chargé de l’organisation

et de la gestion du service de dermatologie ; les

Prs Rubem David Azulay (1980-1985), Antônio Carlos

Pereira Junior (1986-1997), Celso Tavares Sodré lui succédèrent.

Doté d’une infirmerie propre disposant de quatorze

lits, le soin ambulatoire du service est intégré aux autres

secteurs de l’hôpital universitaire ; de cette façon, les

élèves des études supérieures et ceux de la spécialité ont

une vision d’ensemble de tous les aspects médicaux.

Au niveau de la spécialisation, le cours est dispensé lato ou stricto sensu. Du point de

vue lato sensu, il existe deux niveaux : cours de perfectionnement I et cours de perfectionnement

II, chacun proposant six postes vacants. La quantité d’heures de cours est

compatible avec la spécialisation et le programme est associé au résidanat. L’intérêt pour

les cours est si vif que plus de 100 candidats se présentent chaque année pour obtenir

un des huit postes vacants proposés.

IASERJ (Institut d’assistance aux travailleurs de l’État de Rio de Janeiro)

Le service de dermatologie de l’institut d’assistance aux travailleurs de l’État de Rio

de Janeiro est l’un des organes les plus respectés de la spécialité dans le pays. Il fut

conçu et organisé par son fondateur, Glynne Leite Rocha, auquel succédèrent Manoel

Sternick et Arlindo Ferraro. Le résidanat fut mis en place en 1970 ; habilité par la SBD,

il comptait jusqu’à 2001 soixante-dix médecins spécialistes diplômés de tout le pays,

sept élèves ayant passé leur maîtrise et deux élèves leur doctorat en dermatologie.

Deux médecins obtiennent chaque année leur diplôme au service de I’ASERJ, service qui

n’est pas lié au système universitaire. Sa production scientifique est identifiée à celle du

Pr. Glynne Rocha, « l’un des piliers de l’histoire de la dermatologie brésilienne les plus forts

et les plus efficaces »; il faut distinguer la publication dans les Annales brésiliennes de dermatologie

des deux revues consacrées exclusivement aux travaux du service.

Au cours de la première année du résidanat, les élèves s’occupent de l’unité ambulatoire

et de l’infirmerie. Pendant la deuxième année, les résidents soignent les patients du

service dans leur propre clinique et suivent des apprentissages dans des unités spécialisées

à l’extérieur de l’hôpital : la dermatologie pédiatrique à l’hôpital Jesús par exemple,

la léprologie et les maladies infectieuses à l’hôpital Fiocruz et l’oncologie cutanée à

l’INCA.

Les résidents préparent en permanence des cas cliniques qu’ils présentent au cours

des réunions mensuelles de la SBD-RJ, lors de congrès ou dans diverses publications.

Des cours de dermo-pathologie et de mycologie médicale ont lieu tous les ans. Selon le

Pr. Sérgio Quinete, chef du service, les activités comprennent le club de la revue le

mardi, la séance de diapositives le mercredi, la réunion clinico-pathologique (présentation

de patients avec discussion et projection d’images histopathologiques) le jeudi et

la discussion autour de sujets dermatologiques et les tests d’évaluation mensuelle le

vendredi.


La dermatologie et les dermatologues au Brésil

Gaffrée-Guinle

Le Pr. Ramos e Silva fut le premier titulaire en dermatologie au service de dermatologie

de l’hôpital universitaire Gaffrée-Guinle, de l’école dedecine et de chirurgie,

tandis que les Prs Demétrio Peryassu et Antar Padilha-Gonçalves y étaient assistants.

Son siège se trouvait à la polyclinique générale de Rio de Janeiro. D’après Gabriela Lowy,

dans les années 60 « on a remporté une grande victoire lorsque la faculté a acquis l’hôpital

Gafrée-Guinle, lieu d’enseignement de la spécialité depuis lors ».

Peryassu et Gonçalves furent chargés de la direction des cours de dermatologie

jusque fin 1972, après avoir passé tous deux le concours public qui leur permit de devenir

professeurs titulaires. Les Drs Aldy Barbosa Lima, Gabriela Lowy et Danilo Vicente

Filgueiras comptèrent parmi leurs collaborateurs. Le Pr. Demétrio Peryassu décéda peu

après, victime d’une maladie.

Deux grands progrès furent réalisés sous la direction d’Antar Padilha Gonçalves : la

mise en place de l’infirmerie de dermatologie et la création du cours de spécialisation en

dermatologie, qui avait reçu l’autorisation, le soutien et l’approbation de la SBD. À cette

même époque, le service s’étendit avec la création de nouvelles salles de classe et un

meilleur confort pour le soin ambulatoire.

Son successeur, le Pr. Aldy Barbosa Lima, créa ultérieurement le service de chirurgie

dermatologique. En 1998, le deuxième titulaire prit sa retraite, et le Pr. Gabriela Lowy

lui succéda. Le groupe d’enseignants s’agrandit avec l’intégration de José Alvimar Ferreira,

Carlos José Martins, Coaracy Mello et Ricardo Barbosa Lima.

Le service de dermatologie de l’hôpital universitaire Gaffrée-Guinle sponsorisa plusieurs

événements scientifiques, parmi lesquels nous distinguerons les Réunions triangulaires,

avec des présentations innovantes par vidéo de cas cliniques. Ses spécialistes

sont toujours présents lors des réunions, des journées, des congrès nationaux et internationaux,

et leur contribution scientifique est abondante.

Hôpital Antônio Pedro

L’histoire du service de dermatologie de l’hôpital universitaire Antônio Pedro (Niterói,

université fédérale Fluminense) fut toujours liée à l’enseignement. Le Pr. Paulo de

Figueiredo Parreiras Horta, professeur à la clinique dermatologique et syphiligraphique

de la faculté Fluminense dedecine, créa le service dans les années 1930 ; il était situé

à l’origine dans l’hôpital São João Batista, dans la localité de Valonguinho. Il fut transféré

en 1953 à l’hôpital Antônio Pedro par le Pr. Rubem David Azulay, le successeur de

Horta. Malgré les difficultés auxquelles il se heurta, Azulay se consacra à l’enseignement

de la dermatologie, aboutissant à la création du cours de spécialisation stricto sensu.

L’exemple du nordiste Rubem David Azulay est intéressant : quand la faculté de

decine de Pará fut transférée à Niterói, il suivait encore son cursus universitaire, et

prit la question que lui avait posée la secrétaire de la faculté Fluminense comme un défi:

réussirait-il à maintenir les excellentes notes qu’il apportait de sa terre natale ? « Le premier

examen se passait face au Pr. Pedro da Cunha, que l’on jugeait très exigeant ; le 10

obtenu par Azulay fut encore augmenté par la lecture de son examen face aux autres

élèves et aux médecins de l’hôpital São João Batista. » 2

Le mastère débuta au Brésil en 1971 ; le Dr Sinésio Talhari, professeur titulaire de

l’université fédérale de Amazonas fut son premier élève. Ayant suivi les cours de maîtrise

et effectuant des travaux de recherche scientifique, quatre-vingts élèves obtinrent le diplôme

correspondant, dont cinquante-huit enseignent dans différentes écoles dedecine

du pays ; cinq se consacrent à la recherche scientifique, tandis que dix-neuf

poursuivent des activités liées au doctorat. Après avoir passé des concours publics, trois

anciens élèves devinrent professeurs titulaires : René Garrido Neves, Sinésio Talhari et

Neide Kalil Gaspar.

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PAULO R. CUNHA

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Le résidanat fut créé en 1967, le Pr. Antônio Pedro Gaspar étant son premier élève. Il

fut recruté l’année suivante pour enseigner cette discipline. Le résidanat, réglementé par

décret (septembre 1977) et par loi (1981), fut régi par le ministère de l’Éducation et de

la Culture. Quatre-vingts dermatologues firent leurs années de résidanat à l’UFF jusqu’en

2002, et beaucoup d’entre eux occupent aujourd’hui des postes dans les universités

brésiliennes publiques et privées.

Après la retraite du Pr. Rubem Azulay dans les années 70, la direction du service et

la coordination de la spécialité furent assurées — jusqu’en 1992 — par son ancien élève,

le Pr. René Garrido Neves, une autorité aussi bien en léprologie qu’en oncologie. Son

parcours remarquable l’amena à faire des recherches, des directions de thèses et à

publier de nombreux articules dans des revues et des livres, et à occuper des postes importants

au sein de l’UFF et de l’UFRJ, ainsi que la présidence de la Société brésilienne

de dermatologie (il en acheta le premier siège). Le cours de spécialisation lato sensu

(décembre 1989), qui octroya le diplôme à 172 élèves jusqu’en 2002, fut créé durant son

mandat.

À partir de 1992 la direction du service fut occupée par le Pr. Neide Kalil Gaspar, qui

nous fournit l’information suivante :

Au cours de la troisième année du cursus, devant réaliser un travail sur des médicaments

cosmétiques, nous avons cherché celui qui serait pour nous à l’avenir un modèle

et un motif de fierté professionnelle : le Pr. Rubem David Azulay. Orientés de

manière enthousiaste, profitable et compétente par cette personne qui répondait à

nos attentes d’ordre scientifique, nous allions travailler davantage pendant vingt ans.

Notre service occupait la moitié d’un étage de l’ancienne polyclinique de Valonguinho

et nous avions été transférés au début à l’hôpital Antônio Pedro dans un espace de

trois mètres carrés... Nous gardons beaucoup de souvenirs de la polyclinique ; cela a

été un milieu simple et tranquille où nous avons appris à enseigner et à faire de la

recherche. De là nous sommes allés au Fiocruz, où nous avons effectué des recherches

sur des aspects essentiels de la fibre élastique chez une patiente de 6 ans

avec des tissus de soixante. Nous appartenions déjà au groupe d’enseignants de la

matière; comme il était habituel à l’époque, nous travaillions pour le plaisir d’apprendre,

sans aucune rémunération, mais honorés par notre tâche. Je crois que ce

qui manque de nos jours dans notre pays, c’est la valorisation de l’individu par le travail

qu’il exécute. Celui qui reçoit une telle rétribution sait ce qu’il est capable de

faire pour surmonter les difficultés.

Du service de dermatologie de l’hôpital Antônio Pedro a surgi l’initiative d’unifier

la nomenclature dermatologique, sur la base du travail du Pr. Francisco Eduardo Rabello.

Le Pr. Antônio Pedro de Andrade Gaspar fut chargé, avec la collaboration du

Pr. Neide Kalil Gaspar, de réunir et d’identifier les différents et nombreux synonymes

qui rendaient la compréhension de la dermatologie difficile. Cela représentait près de

10 000 termes. Ces auteurs ont regroupé 7 000 termes dans la Nómina Dermatológica,

tout en mentionnant la nomenclature suggérée par le Pr. Rabello. Ce livre fut

un événement marquant pour la dermatologie brésilienne, et il est utilisé dans toutes

les universités et les services du pays. Les Prs Antônio Pedro et Neide ont également

fourni 5 autres livres d’actualisation thérapeutique de la spécialité, en rassemblant

les termes codifiés par l’Organisation mondiale de la santé au CID de la dermatologie,

afin de rendre plus facile son utilisation dans le pays. Ils ont aussi orienté 28 travaux

de recherche scientifique employés pour des thèses soutenues et approuvées au

niveau de la maîtrise et du doctorat 2 .

Actuellement, le service de dermatologie reste le siège des activités didactiques des

études supérieures et de la spécialisation de l’université fédérale Fluminense. C’est pour


La dermatologie et les dermatologues au Brésil

cette raison qu’il est également lié au département dedecine clinique, composé de

122 professeurs. Le service accueille 13 professeurs et 2 médecins responsables des

activités du cursus, y compris les aspects théoriques et pratiques, l’internat, le résidanat,

la spécialisation et le soin médical. L’intervention dans le domaine de la recherche se fait

à travers les projets d’initiation scientifique, coordonnés par les Prs Neide Kalil Gaspar

et Jane Marcy Neffá Pinto. À partir de 1995, le Dr Neide Kalil Gaspar occupa le poste de

professeur titulaire de dermatologie. La gestion administrative du service, ainsi que la

coordination de la chaire sont à nouveau, depuis 2001, exercées annuellement par les

différents professeurs ; le Pr. Jane Marcy Neffá Pinto fut élue pour prendre en charge la

gestion actuelle.

Les autres services habilités à Rio de Janeiro sont : la Santa Casa de Misericordia (chef

de service : Rubem David Azulay), le service de dermatologie et de syphiligraphie du HSE

(chef de service : Márcio Rutowitsch), l’hôpital universitaire Pedro Ernesto (chef de service

: Isabel Succi), l’université fédérale de Rio de Janeiro (chef de service : Márcia Ramos

e Silva), l’hôpital de la Lagoa-institut de spécialisation médicale Carlos Chagas (chef de

service : Andrea Gurfinkel), la polyclinique générale de Rio de Janeiro (chef de service :

Marcius Peryassú), l’hôpital général de Bonsucesso (chef de service : José Anselmo

Lofêgo Filho) et l’hôpital naval Marcílio Días (chef de service : Cláudio Lerer).

LA DERMATOLOGIE PAULISTE

La dermatologie pauliste débuta le 3 mai 1907, lors de la création d’un service des

maladies de la peau à la Santa Casa de Misericordia de la capitale, dirigé par Adolpho

Lindemberg, l’un des pionniers de la spécialité.

Le 29 février 1916, Lindemberg dispensa son premier cours comme professeur de

dermatologie à la faculté dedecine et de chirurgie de Sao Paulo. Il prit sa retraite en

1929 et fut remplacé par le Pr. João de Aguiar Pupo ; celui-ci occupa le poste jusqu’en

1960, et il fut remplacé lors de sa retraite par le Pr. Sebastião Almeida Prado Sampaio,

à son tour retraité en 1989 et auquel succéda le Pr. Evandro Rivitti, titulaire actuel de la

chaire.

Le service de dermatologie de la faculté dedecine fonctionnait à la Santa Casa.

Étant donné le nombre élevé de patients, il entretenait une excellente unité ambulatoire

qui occupait tout un étage du pavillon de Lara et deux infirmeries, masculine et féminine,

chacune ayant une capacité de quarante lits. Lorsque ce service fut installé en 1945 à

l’hôpital des cliniques, la chaire se déplaça aussi à cet endroit. Une série de difficultés

détacha pratiquement la dermatologie de l’institution multiséculaire. En 1975, le Pr. Nélson

Proença succéda au Pr. Humberto Cerruti comme titulaire de dermatologie de la

faculté des sciences médicales : un important noyau de la spécialité venait de se créer à

Sao Paulo.

Santa Casa

Selon un ancien chef de service, le fondement de l’action de la clinique de dermatologie

de la Santa Casa de Misericordia de Sao Paulo « repose sur l’assistance au malade,

de manière efficace et qualifiée, la formation de nouveaux professionnels et la recherche

scientifique. » 2 L’unité ambulatoire reçoit 200 personnes par jour, dont cinquante sont de

nouveaux patients, soit un total de 4 000 patients par mois et 40 000 par an, sans qu’il y

ait des files d’attente. « L’inauguration récente du centre chirurgical lié à la clinique,

avec tout l’équipement nécessaire, aussi bien pour dispenser des cours que pour les soins

ambulatoires et le développement des études et des recherches, constitue une innovation

au Brésil. » 2 La production scientifique suit la tradition établie par Lindemberg et Pupo.

Les travaux de l’équipe actuelle furent reconnus au niveau national, et plusieurs d’entre

eux constituent une référence dans le milieu international.

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PAULO R. CUNHA

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Les origines de la structure de base de la clinique de dermatologie de la Santa Casa

de Sao Paulo datent des années 70, lorsque le Pr. Nelson Proença en assuma la direction.

Les dermatologues Fausto Alonso et Marcus Maia faisaient partie de l’équipe initiale ;

avec le temps, Humberto Frucchi, Clarisse Zaitz, Ida Duarte, Sylvia Souto Mayor, Rosana

Lazzarini, Thais Proença et Valéria Souza les rejoignirent. Outre les professeurs recrutés,

le service médical compte plusieurs volontaires.

La clinique est divisée en plusieurs secteurs de sous-spécialités comme celles d’oncologie,

de chirurgie dermatologique, dedecine interne, de photothérapie, de mycologie,

de dermatologie et de pédiatrie. Le Pr. Ida Duarte, ancienne résidente de la clinique,

la dirige actuellement et son objectif principal est le soin, l’enseignement et la recherche

en dermatologie.

Hôpital des cliniques

Le service de dermatologie de l’hôpital des cliniques de l’USP fut le noyau de l’expansion

de la spécialité pauliste. Le décret n° 5837 du 12 mars 1975 permit la création

de l’institut de dermatologie de l’hôpital des cliniques, tandis que le 24 juin 1986 fut créé

le département de dermatologie de la faculté dedecine de l’université de Sao Paulo.

Le département dispose d’une équipe de soixante-dix professionnels ; vingt-trois fonctionnaires

techniques, biologiques et administratifs, quatorze médecins assistants, trois

decins mandataires, sept enseignants, deux psychologues, deux infirmières et dixneuf

auxiliaires.

Il y a trente salles destinées au soin des patients et aux services auxiliaires dans l’immeuble

de l’unité ambulatoire inauguré en 1979. Outre les consultations dermatologiques

générales — on reçoit des patients du Brésil et de toute l’Amérique Latine —, il y

a aussi des groupes qui se consacrent à des pathologies spécifiques sous la responsabilité

des professeurs du groupe d’enseignants.

300 dermatologues ont déjà obtenu leur diplôme dans cette unité, qui compte actuellement

26 résidents. Quant à la spécialisation, trente élèves passèrent la maîtrise jusqu’en

1999, quarante-cinq obtinrent le doctorat et dix-sept devinrent des enseignants

libres. Les cours de perfectionnement accueillent des candidats pour être médecins-observateurs,

decins-collaborateurs et médecins-chercheurs. Le département reçoit

aussi des médecins en roulement et organise un cours de spécialisation pour étrangers.

Entre 1991 et 1998, les professionnels du département présentèrent environ

soixante-seize articles scientifiques, dans des publications nationales et quarante-deux

pour l’international, et éditèrent cinq livres : Terapéutica dermatológica [Thérapeutique

dermatologique], de José Eduardo Costa Martins et Luiz Camargo Paschoal ; Clasificación

general de hongos y sistemática [Classification générale des champignons et systématique],

de Carlos da Silva Lacaz ; Manual de Dermatología [Manuel de dermatologie],

de Luís Carlos Cucé et Cyro Festa Neto ; et Dermatología [Dermatologie], de Sebastião

Sampaio et Evandro Rivitti. Six équipes permanentes mènent une recherche systématique

dans les domaines de l’immuno-dermatologie, de l’oncologie cutanée, des dermatoses

infectieuses et parasitaires, de la dermatologie pédiatrique, de la chirurgie

dermatologique, de l’immuno-déficience et l’immuno-modulation, de l’histopathologie,

du psoriasis et de la photobiologie. Depuis 1989, la direction du service médical est exercée

par le professeur titulaire Evandro Rivitti, qui obtint son diplôme en médecine à

l’USO en 1965 et le titre de docteur en dermatologie et d’enseignant libre à la FMUSP ; il

s’intéresse notamment à l’immunité en dermatologie.

École pauliste dedecine

Nicolau Rossetti commença la dermatologie à l’école pauliste dedecine de l’université

fédérale de Sao Paulo en 1936, tout en en étant le premier titulaire, charge qu’il

exerça pendant vingt ans. Lui succédèrent les Prs Newton Alves Guimarães, Abrahão


La dermatologie et les dermatologues au Brésil

Rotberg, Antônio Francisco Defina, Raymundo Martins Castro et Maurício Mota de Avelar

Alchorne ; de nos jours, la direction est confiée au Pr. Jane Tomimori Yamashita.

Pendant la gestion du Pr. Raymundo Martins Castro, en 1990, la dermatologie se

dédoubla en dermatologie générale et dermatologie infectieuse et parasitaire. L’école

pauliste dedecine compte 9 professeurs pour l’enseignement de la spécialité. La

population ayant un pouvoir d’achat minimal, dont la plupart souffrent de maladies

infectieuses, de dermatites eczémateuses et éritémato-squameuses, représente l’essentiel

de la demande en soins médicaux. Le soin ambulatoire est dispensé quotidiennement

dans deux services de l’hôpital Sao Paulo. Il existe aussi un laboratoire pour effectuer

des examens mycologiques et bactériologiques, un secteur chirurgical dermatologique et

un secteur des allergies.

Les nouveaux groupes de recherche se consacrent à la léprologie, la mycose et la

leishmaniose, la collagénose, la dermatologie pédiatrique, les maladies bulleuses, les

tumeurs, la cosmétologie, l’allergie dermatologique et la dermatologie professionnelle.

La supervision et l’orientation de l’enseignement est à la charge d’un service de MST,

comptant sur la participation de professeurs dedecine.

Ce service est caractérisé par la recherche de la qualité dans la formation des spécialistes.

Outre les cours (diplôme pour les élèves de 3 e et 4 e années) et la spécialisation

par le résidanat — qui propose six postes vacants par an et dont la durée est de trois ans

(une année de clinique médicale et deux de la spécialité) —, le département de l’école

pauliste dedecine offre un cours de spécialisation stricto sensu et trois spécialisations

: dermatologie pour étrangers, dermatologie avancée et dermatologie des zones

sélectives.

Facultés

Le Pr. Sebastião Almeida Prado Sampaio affirme que la faculté dedecine de

Ribeirão Preto fut fondée dans les années 50 ; la faculté dedecine de Botucatu de

l’UNESP, dont la matière « dermatologie » fut dirigée par le Pr. Neuza Dillon à partir de

1967, fut fondée en 1963. Elle est actuellement dirigée par le Pr. Silvio Marques.

Plusieurs écoles dedecine furent créées dans d’autres villes paulistes entre les années

60 et 80, dont les facultés dedecine de Rio Preto, Unicamp, Santos, ABC, Santo

Amaro, Jundiaí, PUCs de Campinas et Sorocaba, Taubaté, Bragança, Marília et Catanduva.

De nos jours, il existe 19 écoles médicales dans l’État de Sao Paulo; les titulaires

de dermatologie sont pour la plupart originaires de l’USP, comme les Prs Luís Carlos

Cucé, Luiz Henrique Camargo Paschoal, Alice Avelar Alchorne, Neuza Dillon, Nelson

Proença, Maurício Alchorne, entre autres ; parmi les professeurs originaires d’autres

États, il faut distinguer João Roberto Antônio (Rio Preto) et Nei Romitti (Santos).

L’hôpital del Servidor Municipal et l’hôpital del Servidor Público Estatal sont les

noyaux les plus importants pour la formation de dermatologues. Le premier, dirigé par

le Dr Aurélio Ancona López et ensuite par le Dr Alexandre de Mello, est actuellement à

la charge du Dr Ival Peres Rosa ; le deuxième, dirigé à l’origine par le Dr J. Pessoa

Mendes, est actuellement sous la direction du Dr J. Alexandre Sittart.

Le Pr. Sebastião Almeida Prado Sampaio se distingue parmi les dermatologues qui

contribuèrent le plus à la formation des nouveaux spécialistes. Nous pouvons aussi mentionner

João Bicudo Junior, Argemiro Rodrigues de Souza, Vinicio Arruda Zamith,

Estevão Almeida Neto, Norberto Beliboni, Guilherme V. Curban, ainsi que la section

régionale de la Société brésilienne de dermatologie, créée en 1970.

Hôpital del Servidor Público Estatal

Dans l’univers des utilisateurs de l’hôpital del Servidor Público Estatal de Sao Paulo,

qui comprend 3 millions de personnes, le service de dermatologie reçoit une moyenne

mensuelle de 2500 patients. Il propose, grâce à des conventions conclues avec les facultés

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PAULO R. CUNHA

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dedecine, un internat et accueille trois médecins résidents tous les ans. Le processus

de formation nécessite l’élaboration obligatoire d’une monographie réalisée sous l’orientation

des précepteurs.

Parmi les réussites du service notons : d’importants travaux publiés dans le pays et à

l’étranger, la participation à des rencontres et l’édition d’un livre dont le titre est Dermatología

para el Clínico [Dermatologie pour le généraliste], qui en est déjà à sa 3 e édition.

Le centre d’études dermatologiques Dr José Pessoa Mendes (qui fut directeur du

service médical jusqu’en 1987 et président de la SBD nationale et régionale) contribue

activement à encourager la recherche scientifique dans cette unité autorisée par la

Société brésilienne de dermatologie. Le Pr. Alexandre Sittart est chargé de diriger ce service

; il fait également partie de la direction de l’AMB.

Hôpital Heliópolis

Le service de dermatologie de l’hôpital Heliópolis (Sao Paulo), créé il y a environ

trente ans, devint un centre de référence dans le traitement des mycoses profondes, des

vascularites, des maladies bulleuses et des maladies cutanées graves, dont le diagnostic

et le traitement s’avèrent difficiles.

Le Dr Alice Alchorne fut à l’origine de sa création ; elle en assuma la direction pendant

vingt-deux années consécutives. Actuellement, le Pr. Jacob Levites est le chef du

service de dermatologie. Depuis 1984, le résidanat en dermatologie y est autorisé par le

MEC et la SBD.

Ce service dispose d’une infirmerie spécialisée avec dix lits et il offre un soin continu à la

communauté locale, et même à la région d’Ipiranga et de l’ABC Pauliste. Il a formé jusqu’à

présent de nombreux spécialistes et participé à tous les événements liés à la spécialité.

Hôpital del Servidor Público Municipal

La clinique dermatologique de l’HSPM fut inaugurée en 1945. Tout au long de ses

soixante ans d’existence, la direction fut exercée par les Drs Aurélio Ancona López,

Alexandre Mello Filho, Ival Peres Rosa, Yassubonu Utiyama et Bogdana Victoria Kadunc.

En 1972, encore sous la direction d’Alexandre Filho, le Dr Ival Peres Rosa introduisit

la chirurgie dermatologique, qu’il pratiqua, diffusa et enseigna ; c’est ainsi que la clinique

devint la première au Brésil à effectuer des actes chirurgicaux sans l’intervention

des chirurgiens esthétiques ou généraux. Les assistants de l’hôpital municipal se distinguèrent

aussi bien dans le pays qu’à l’étranger, en publiant des livres et des articles sur

le sujet. La clinique dispose de cinq salles chirurgicales — dont une destinée à la chirurgie

de Mohs —, un laboratoire de mycologie, des centres d’études et dix cabinets ; on

y reçoit 200 patients par jour et près de 1 000 interventions chirurgicales y sont effectuées

chaque mois.

Le service de Jundiaí

Le Pr. Paulo Rowilson Cunha, son chef actuel, raconte: « Les premières années du service

de dermatologie de la faculté dedecine de Jundiaí ont été merveilleuses et difficiles

à la fois; elles ont été propices au développement d’actions et d’axes de travail (pour les

résidents, les laboratoires, les cliniques, chez les patients et auprès de la communauté).

Un projet pilote parfait, dont les objectifs étaient clairement l’enseignement, la

recherche et le soin médical, fut entamé sous la direction du Pr. Fernando Augusto de

Almeida. Celui-ci demanda à des personnalités brillantes telles que Carlos Machado,

Vítor Reis, Célia Riscalla, Agenor Silveira, tous de l’université de Sao Paulo, Benedito

Corrêa (mycologie) et Câmara Lopes (pathologiste) de travailler avec lui.

Le service de dermatologie de la FMJ grandit progressivement selon ces objectifs et

quelques-uns des premiers résidents devinrent des professeurs compétents : Célia Antonia

Xavier, Iza Maria Bottene, Jacqueline Calvo, Mônica Bulizani, Otávio Moraes, et les


La dermatologie et les dermatologues au Brésil

nouveaux membres qui rejoignirent l’équipe, comme les Prs Lucía Helena Arruda et

Dense Steiner. Lors de son 25 e anniversaire en 2002, le service célébra la formation de

50 résidents, dont la plupart furent approuvés au TED et certains incorporés au magistère

de l’unité propre.

Le Pr. Dr Paulo R. Cunha est professeur titulaire de dermatologie de la faculté de

decine de Jundiaí. En 1997, il obtint le titre d’enseignant libre de la faculté dedecine

de l’USP avec la thèse « Étude comparative sur la sensibilité des tests d’immunofluorescence

indirecte et Immunoblotting ou Western Blotting pour la détection

d’anticorps intercellulaires dans les différentes formes et phases évolutives de la maladie

du pemphigus foliacé ou Fogo Selvagem ». En 1988, il obtint le doctorat en dermatologie

de la FMUSP, en présentant la thèse « Étude du sérum épidémiologique dans le

foyer du pemphigus foliacé endémique (Fogo Selvagem) dans l’État de Sao Paulo ». Il

effectua un post-doctorat à la New York University. Il fut directeur de la faculté de

decine de Jundiaí pendant la période 1996-2000.

Le service de dermatologie de la faculté dedecine de Jundiaí se distingue dans le

domaine de la recherche, principalement sur le Fogo Selvagem. Ses membres sont fiers

d’avoir participé au progrès et au prestige national qu’acquit le service.

L’exemple de Rio Preto

Combien dedecins pourront dire, comme le Pr. Dr João Roberto Antônio, que tous

les spécialistes en dermatologie formés entre 1971 et 2004 furent leurs élèves?

Le service de dermatologie de Sao José do Rio Preto (État de Sao Paulo) débuta

lorsqu’il fut nommé professeur directeur de la faculté dedecine. Né à Catanduva

et installé à Rio Preto dès l’âge de 2 ans, le Pr. João Roberto Antônio obtint son diplôme

à la faculté nationale dedecine en 1964 ; il prépara le résidanat en dermatologie

à la Santa Casa de Misericordia de Rio de Janeiro, au sein du service du Pr.

Sylvio Fraga, et suivit ultérieurement plusieurs cours de perfectionnement au Brésil

et à l’étranger.

Une fois qu’il eut reçu le titre de spécialiste en dermatologie (SBD, 1967), il retourna

à Rio Preto pour se consacrer à l’enseignement de cette spécialité à la faculté ; en 1971,

il dispensa le premier cours de dermatologie en 4 e année du cursus. Les cours pratiques

se faisaient initialement dans l’unité ambulatoire de la Santa Casa locale, mais ils furent

ensuite transférés à l’hôpital de base. Plusieurs élèves suivirent l’enseignement en dermatologie

(intégrant par la suite le groupe d’enseignants), qui jouit actuellement d’un

certain prestige.

Nous citerons parmi ses membres les Drs João Roberto Antonio, Eurides Pozetti,

Vânia Rodrigues, Ana Maria Nogueira, Tânia Regina Barbon, Margareth Lima, Rosa

Maria Soubhia et Carlos Alberto Antonio. Ils rédigèrent — individuellement ou en

groupe — plusieurs articles scientifiques pour des revues médicales nationales et internationales

; ils reçurent des prix pour leurs travaux présentés aux congrès ; ils collaborèrent

à la rédaction de chapitres pour des livres de dermatologie brésiliens et étrangers

et ils sont invités en tant que conférenciers à des congrès, des journées et des cours,

aussi bien au Brésil qu’à l’étranger.

Le Pr. Joao Roberto Antonio signale que depuis 1974, le service de dermatologie de

l’hôpital de base et la matière de dermatologie de la FAMERP organisent les cours du

résidanat et d’apprentissage pour la formation de spécialistes en dermatologie.

Complexe hospitalier Padre Bento de Guarulhos

À l’institution initiale, inaugurée le 5 juillet 1931 pour soigner les patients lépreux,

s’adjoignit en 1972 l’hôpital Adhemar de Barros, donnant ainsi naissance au complexe

hospitalier.

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PAULO R. CUNHA

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La Société pauliste de léprologie fut fondée le 23 août 1933 ; son siège se trouvait à la

clinique Padre Bento ; la Revista de Leprología de São Paulo, qui deviendrait plus tard la

Revista Brasileña de Leprología, fut créée peu de temps après.

L’hôpital Adhemar de Barros, qui soignait les malades atteints de Fogo Selvagem, fut

transféré en 1972 dans les locaux de l’hôpital Padre Bento.

Le Dr Mário Luís Macca fut le premier chef du service de dermatologie, suivi du

Dr Thais Romero Gatti et du Dr Vitor Manoel Silva dos Reis (1989). En 1991, la SBD

donna son autorisation. En 1996, suite à la création du poste, le Dr Vitor fut désigné

titulaire de dermatologie jusqu’au mois de septembre 2000.

Le service de dermatologie, inauguré en 1998, porte le nom du Pr. Sebastião de

Almeida Prado Sampaio et possède sept salles pour le soin du public général, 62 lits

exclusifs pour la dermatologie, un centre chirurgical, une salle pour les premiers

secours, une salle pour les prélèvements de sang, un laboratoire de mycologie, une mycothèque,

des laboratoires de dermo-pathologie, une salle d’archives pour les illustrations

et un auditorium. Son directeur est le Pr. Dr Mario Cezar Pires.

L’unité ambulatoire reçoit 2 500 consultations et réalise 150 interventions chirurgicales

par mois ; elle inclut des sous-spécialités telles que les maladies bulleuses, la cosmétologie,

la cryothérapie, l’allergie dermatologique, la dermatologie pédiatrique et la

mycologie.

Hôpital Lauro Souza Lima

En 1989, l’institut Lauro Souza Lima (Bauru, SEP) fut officiellement reconnu comme

étant un centre de recherche, en reconnaissance des travaux de recherche et des soins liés

à la dermatologie qui y étaient effectués, ainsi que de l’entraînement du personnel spécialisé.

Son service de dermatologie, créé en 1977, eut comme fondateur et premier chef le

Pr. Milton Wladimir Araújo Opromolla. Comme ses études portaient spécialement sur la

maladie de Hansen, l’institut devint pour tous les pays de langue portugaise le centre de

référence du secrétariat de la Santé de l’État de Sao Paulo et de l’OMS dans l’analyse de

cette maladie. 82 dermatologues y ont obtenu leur diplôme depuis sa création; actuellement,

12 professionnels par an sont diplômés en tant que spécialistes. Le résidanat a une

durée de trois ans. L’hôpital a signé une convention avec la faculté dedecine de Botucatu,

et abrite deux titulaires en spécialisation de l’USP et de l’école pauliste dedecine.

Travail pionnier à Botucatu

Créée en juillet 1962 sous le nom de faculté des sciences médicales et biologiques de

Botucatu, la faculté dedecine locale, qui a débuté ses activités en avril 1963 et qui est

actuellement rattachée à l’université Estadual Pauliste (UNESP), dut faire face à des difficultés

originales : elles ont, d’après les propos du chef de service le Pr. Sílvio Alencar

Marques, « forgé l’esprit guerrier et persévérant de l’école dans cette tradition, s’adaptant

à la personnalité de celle qui fut la pionnière du service de dermatologie, le

Dr Neuza Lima Dillon ».

En 1966, le Dr Dillon intégrait le groupe d’enseignants et dedecins de l’USP qui arriva

à Botucatu pour dispenser le premier cours pionnier de sémiologie dermatologique

dans la première classe de la faculté. Installée dans la ville, elle devint responsable de la

dermatologie au département de clinique médicale. « Tout était insuffisant et difficile,

mais le Dr Neuza a reçu l’aide inestimable des Prs Sebastião Sampaio, Norberto Belliboni,

Raymundo Martins Castro et Dilton Opromolla pour consolider le cours. Elle n’hésitait pas

à mettre de l’argent de sa poche pour fournir de façon permanente le matériel et les articles

nécessaires à la discipline. Elle a tout de suite perçu que le fait de mettre les lits de

l’infirmerie à la disposition de la dermatologie, d’être présente lors de la remise de diplômes

et de vouloir créer avec une audace suprême le résidanat en dermatologie représentait

un bon moyen de s’affirmer et de grandir. »


La dermatologie et les dermatologues au Brésil

De nouveaux enseignants furent embauchés entre 1971 et les années 1980 : Marta

Cassoni Habermann, Sílvio Alencar Marques, Joel Carlos Lastória, Hamílton Ometto

Stoff, Sílvia Regina Barraviera, Vidal Haddad Júnior et Maria Regina Silvares (rappelons

qu’à Botucatu, les enseignants sont sous le régime du temps complet et du dévouement

exclusif). La création de l’UNESP en 1976 entraîna la construction de nouveaux départements,

la dermatologie se liant à la radiologie et aux maladies infectieuses et parasitaires

; en 1994 surgit le département de dermatologie et de radiothérapie. Cela

représentait la meilleure solution, bien que les possibilités de nouvelles embauches fussent

toujours limitées.

Le résidanat débuta en 1970, comptant quatre lits et une grande demande de soins

ambulatoires ; il traversa un processus de consolidation lent et difficile jusqu’en 1978,

début de sa croissance. Quatre-vingt-deux résidents obtinrent leur diplôme entre 1970

et 2001. Depuis 1994 jusqu’à nos jours, six postes vacants sont offerts. Quant au service

proprement dit, il disposait de deux lits en 1968, tandis qu’actuellement il en possède

seize. L’unité ambulatoire générale et spéciale fonctionne quotidiennement en deux services,

disposant de sept salles de consultations, deux salles de chirurgie et une salle de

premiers secours. Elle dispose également de services de mycologie, de documents photographiques,

d’immunologie allergique, de photobiologie et de télémédecine.

Hôpital et maternité Celso Piero (PUC Campinas)

Le service de dermatologie de la PUC Campinas fut mis en place en 1979 par le

Pr. Dr Walter Belda, son directeur jusqu’à la fin des années 80. Les premiers assistants embauchés

furent le Dr Antônio Francisco Bastos, Maria Elizabeth Nanni et ultérieurement le

Dr João Roberto Pupo Neto. Le résidanat fut approuvé par le MEC en 1987, instituant deux

postes vacants pour la 1 re ou la 2 e année en dermatologie; cette situation se maintient jusqu’à

nos jours, et une expérience de deux ans dans la clinique médicale est exigée.

Après quelques difficultés, le Dr Lúcia Arruda assuma la direction du service de dermatologie

en 2002 et se fixa l’objectif de lui fournir une nouvelle structure. Actuellement

les Drs Mariana Zaniboni, Sylvia Ipiranga, Márcia Mayko Kobayashi, Cláudia Valéria

Braz et Valéria Pereira Santos sont embauchées pour travailler à l’hôpital Celso Piero;

les Drs Rilde Veríssimo (Service d’anatomie pathologique), Glória Sasseron et Antonio

Bastos Filho (unité ambulatoire de dermatologie) et le Pr. Magali Soares (enseignement

de la mycologie) collaborent en tant que médecins volontaires. Les réunions du service

ont lieu le mardi, un professeur invité y participant tous les premiers mardis du mois.

Service de dermatologie de l’ABC

Le service de dermatologie de l’ABC doit ses débuts au Pr. Luis Henrique Camargo Paschoal,

pionnier en chirurgie dermatologique; aujourd’hui c’est le Dr Carlos Machado Filho

qui en a la responsabilité. Le centre de chirurgie dermatologique est actuellement considéré

comme étant l’un des meilleurs d’Amérique latine. Le Dr Luis Henrique Camargo Paschoal

et ses disciples Carlos Machado, Mário Marques, Eliandre Palermo et Francisco Levocci se

distinguent dans la sous-spécialité au Brésil. Le Pr. Francisco Macedo Paschoal fut également

l’un des pionniers de la dermatoscopie classique et numérique.

Outre les services mentionnés ci-dessus, Sao Paulo possède d’autres services habilités

tels que l’hôpital universitaire Wladimir Arruda (chef de service : Dr Luiz Cucé), l’hôpital

Guilherme Álvaro, la fondation Lusíadas (chef de service : Pr. Dr Ney Romitti),

l’université de Sao Paulo, la faculté dedecine de Ribeirão Preto (chef de service :

Pr. Norma Foss), Unicamp (chef de service : Dr Elemir Macedo de Souza), la faculté de

decine de Marília (chef de service : Dr Spencer Sornas) et l’hôpital universitaire de

Taubaté–UNITAU (chef de service : Dr Samuel Mandelbaum) 3 .

109


PAULO R. CUNHA

110

DERMATOLOGIE DU PARANÁ

Curitiba

Le majestueux hôpital des cliniques de l’université fédérale du Paraná possède

49196m 2 de constructions, 191 cabinets, 374 unités ambulatoires et 635 lits distribués en

quarante-cinq spécialités; il abrite l’un des plus prestigieux services habilités par la SBD,

à la charge du Pr. Jesús Rodrigues Santamaría, qui fut président de l’entité nationale.

Fondé en 1961, lorsque le Pr. Rui Miranda était encore professeur, le service dermatologique

du HC compte déjà quatre décennies. Il fonctionne dans deux immeubles : l’un

pour les services administratifs et l’autre pour les services ambulatoires et le centre chirurgical

ambulatoire pour toutes les spécialités. Ce centre fournit également au service

sept salles pour le soin du public général, sept cabinets, une salle pour des soins mineurs

et une salle pour l’équipe. En moyenne, soixante-dix patients y sont soignés par jour, originaires

du Paraná, du Mato Grosso et de Santa Catarina. À Curitiba prédominent les

maladies de type européen propres à l’ethnie de la plupart de la population, telles que le

cancer de la peau, le lupus, le collagénose, le psoriasis, le diabète, l’artériosclérose et

l’insuffisance vasculaire.

En dehors des murs du HC, le service de dermatologie finance le centre Souza Araújo

(créé par Rui Noronha de Miranda), qui reçoit entre quarante et cinquante personnes par

jour, et se consacre principalement à la dermatologie sanitaire et à l’onco-dermatologie.

Le service, une référence pour tout le système SUS, reçoit, outre les étudiants de l’internat,

les résidents de la clinique médicale qui passent un mois en dermatologie, et les

élèves de l’internat qui choisirent la spécialité pour y passer les quatre-vingts derniers

jours d’entraînement à l’institution, 100 élèves du cursus dedecine par semestre.

Quant à la production scientifique, le service du HC de Curitiba laissa son empreinte

dans les Annales brésiliennes de dermatologie ainsi que dans des publications étrangères,

grâce à des travaux sur la maladie de Hansen et le pemphigus.

Dermatologie de Londrina

La faculté dedecine du nord du Paraná, située à Londrina, fut fondée en 1967,

mais ce ne fut que trois ans plus tard qu’elle commença l’enseignement de la dermatologie,

grâce aux Prs Drs José Schweinden (titulaire) et Lorivaldo Minelli (assistant), suivis

par leurs collègues Roberto Piraino et Roberto Schnitzler.

À la fin de 1979, la faculté dedecine s’unit à d’autres facultés pour former l’université

étatique de Londrina. À cette occasion, le titulaire fut obligé de retourner à Curitiba,

et le Dr Minelli prit alors en charge la discipline ; il conserve de nos jours le poste.

Trois ans auparavant, en 1976, les Drs Minelli et Piraino avaient soutenu leurs thèses de

doctorat et obtinrent les postes de professeur assistant. La thèse du Dr Minelli, Géographie

médicale du pemphigus foliacé sud-américain dans l’État du Paraná, fut dirigée par

le Pr. Raymundo Martins Castro, tandis que celle du Dr Piraino, Porokératose de Mibelli,

le fut par le Pr. Dr José Kriner, originaire d’Argentine.

En 1998, le Dr Minelli fut promu au grade de professeur associé par concours public

présidé par le Pr. Dr Sebastião de Almeida Prado Sampaio.

Dans les années 70 et 80, plusieurs résidents firent leur spécialité à la clinique de dermatologie

de l’université ; à partir des années 90, le résidanat fut officialisé par la Société

brésilienne de dermatologie, offrant la possibilité à plusieurs anciens élèves d’obtenir

leurs diplômes de spécialiste.

Hôpital universitaire évangélique de Curitiba

Le service de dermatologie naquit en 1974, lors de la création de la faculté évangélique

dedecine. Son premier professeur titulaire, le Dr Fernando Laynes de Andrade,

intégra la chaire de dermatologie jusqu’en 1989, accompagné des Drs Álvaro Schiavi Jr.


La dermatologie et les dermatologues au Brésil

et Clarisse Furtado. Actuellement, la direction du service repose sur le Dr Anelise

Roskamp Budel.

Le réseau d’assistance de l’intendance est lié à celui de l’État, se répartissant près de

1000 patients par mois.

La Santa Casa de Misericordia, PUC, dont le chef de service est le Dr Luiz Carlos

Pereira, est un autre service habilité à Paraná.

Gaúchos et la dermatologie

Le Dr Ernst von Bassewitz, un Allemand diplômé à Berlin en 1890, exerça pour la

première fois la dermatologie à Rio Grande do Sul. Après être passé par Sao Paulo, il arriva

à la pampa gaúcha de Rio Grande do Sul en 1894, travaillant dans des localités lointaines

du littoral et de la campagne. En 1927 il publia dans les Annales dedecine de

Rio Grande do Sul un rapport sur l’incidence de la lèpre sur la colonie germanique.

Le Dr Modesto José de Souza fut le premier professeur de dermatologie et de syphiligraphie

de la faculté dedecine de Porto Alegre, créée en 1898 ; il fut suivi par le Dr

Rodolfo Masson et ensuite, par concours public, par le Dr Ulisses de Nonohay ; ce dernier

intégra aussi la colonne révolutionnaire qui partit vers Rio de Janeiro en suivant Getúlio

Vargas.

Le cours comparé de clinique dermatologique et syphiligraphique fut créé en 1942 à

la faculté dedecine de Porto Alegre, dirigé par José Gerbase, originaire d’Alagoas,

disciple de Ramos e Silva. En 1946 vint s’y joindre le Pr. Clóvis Bopp, professeur depuis

1959 grâce à la thèse Chromoblastomycose : contribution à son étude. En 1992 et suite à

un concours public, le Pr. Lúcio Bakos fut nommé professeur titulaire de dermatologie à

l’université fédérale de Rio Grande do Sul.

Sciences médicales

La fondation de la faculté fédérale des sciences médicales de Porto Alegre fut créée

en 1960 sous le nom de faculté catholique dedecine, avec la Fraternité de la Santa

Casa de Misericordia. Quatre ans plus tard, le Pr. Enio Candiota de Campos, scientifique

réputé, fut désigné premier titulaire de la chaire de dermatologie, aux côtés des Prs

Achyles Hemb, Gisela Del Pino et Aída Schafranski. Après la mort du premier,

le Pr. Dr Armin Bernhard prit le relais comme titulaire, remplacé par le Pr. Cláudio

Bartelle.

Le service de dermatologie de la FFFCMPA est situé dans le complexe hospitalier de

la Santa Casa de Porto Alegre, où sont dispensés les cours d’études supérieures et de spécialisation.

Érika Geier, Walmor Bonatto, Renan Bonamigo, Irene Menezes, Aída Schafranski,

Carolina Feijó, Raquel García comptent parmi les professeurs, accompagnés

d’autres collaborateurs.

Le service de la UFRGS

Le service de dermatologie de l’hôpital des cliniques de Porto Alegre compte trois professeurs

de la UFRGS : un titulaire, Lúcio Bakos, et deux adjoints, Tânia Cestari et Luiz

Fernando Bopp Muller. Il compte également cinq médecins dermatologues — Ane K.

Simões Pires, Isabel C. P. Kuhl, Márcia S. Zampese, Marlene L. Weissbluth et Mirian Pargendler

—, deux résidents et trois élèves, en plus des élèves de maîtrise, et un élève de

doctorat par an. Outre ces activités d’enseignement, les membres du service se consacrent

à l’assistance et à la recherche (celle-ci est très stimulée à tous les niveaux).

Considéré comme le centre de référence du sida à Rio Grande do Sul, le service de

dermatologie de l’HC de Porto Alegre dispose d’un secteur de dermatoscopie numérique,

avec vidéo-dermatoscopie et analyse des images ; un secteur de photothérapie et de photobiologie,

pour soigner les patients photosensibles ; un secteur de santé publique, car il

reçoit les médecins qui se consacrent au sida, aux MTS et à la maladie de Hansen

111


PAULO R. CUNHA

envoyés par le secrétariat de la Santé. L’activité se fait en deux services, les jours

ouvrables, avec une garde les jours fériés et les fins de semaine. Comme c’est un hôpital

de référence, le service reçoit de nombreux patients pour les soins de niveau tertiaire,

présentant des pathologies systémiques et plus difficiles à traiter.

Unité ambulatoire de dermatologie sanitaire

Elle fut créée en 1975 par le Dr César Duílio Varejão Bernardi, disciple du Pr. Clóvis

Bopp et professeur de dermatologie à l’université fédérale de RS. Sous la direction du

secrétariat de la Santé de l’État, il fonda ce service qui visait à la formation de nouveaux

dermatologues et avait pour priorité les maladies dermatologiques d’intérêt sanitaire,

notamment les maladies sexuellement transmissibles et la maladie de Hansen. Une disposition

gouvernementale de 1987 céda l’aire utilisée pour l’hospitalisation des patients

au secteur MST/sida : elle fut utilisée pour le soin des porteurs du virus HIV ; ceci provoqua

l’interruption provisoire des activités du résidanat. Toutefois, le programme de résident

fut repris en 1997 et approuvé par la SBD un an plus tard. Actuellement, le service

reçoit le soutien de l’État comme centre de formation en dermatologie, avec une capacité

de deux postes vacants par an. Le Dr Cecilia Cassal Corrêa est la dermatologue qui

coordonne le service.

Rio Grande do Sul possède un autre service habilité, celui de la polyclinique Santa

Clara ; le chef du service en est le Pr. Cláudio José Bartelle.

Santa Catarina

Santa Catarina possède l’habilitation de l’hôpital de l’université fédérale (chef de service

: Pr. Jorge José de Souza Filho).

■ L’histoire de la RADLA (Réunion annuelle des

dermatologues latino-américains du cône sud)

L’histoire de la RADLA (Réunion Annuelle des Dermatologues Latino-Américains du Cône Sud)

L’idée de la première réunion de dermatologues latino-américains du cône sud

(Argentine, 1973) vint d’une discussion entre les Drs J. Gatti, P. Viglioglia, O. Mangano et

S. Sampaio, pendant laquelle il fut également résolu que la réunion aurait un caractère

annuel, sauf si elle coïncidait avec le Congrès ibéro-latino-américain de dermatologie

(CILAD).

Le Pr. Júlio César Empinotti présida la XXI ème RADLA, qui eut lieu à Foz do Iguaçu

(Brésil) en 2001, et qui compta le plus grand nombre dedecins réunis dans l’histoire

de cet événement. (Note de l´éditeur: voir dans ce livre le chapitre « Réunion annuelle

des dermatologues latino-américains-RADL », p. 447).

■ Quelques maladies maladies et leur traitement et leur traitement

112

Lèpre et maladies vénériennes

Ancien camarade de Carlos Chagas à l’institut Oswaldo Cruz, Eduardo Rabello reçut

vers 1920, en qualité d’inspecteur général de la lèpre, la mission d’élaborer la première

législation brésilienne de prophylaxie des maladies vénériennes, affections qui faisaient

souffrir les patients, mis à part les conséquences de la maladie, les effets négatifs du

manque d’information publique et du retard de la mentalité prédominante.

On accusa les Noirs immigrés d’avoir introduit la lèpre, comme le signale Manoel Santos

en parlant des calamités de Pernambuco entre 1707 et 1715. Selon cet auteur, les Noirs

attrapèrent la lèpre au Brésil, probablement apportée par les Portugais qui l’auraient


contractée dans les lieux d’incidence de la maladie au XVI e siècle: l’île de Madère, les

Açores, les possessions marocaines et les Indes lusitaniennes. Un médecin portugais, Aleixo

Guerra, écrivit dans son Historia de la Lepra en Portugal [Histoire de la lèpre au Portugal]:

« Il ne fait aucun doute que les Portugais ont introduit la lèpre au Brésil en l’an 1500, tel

qu’ils l’avaient introduite à Madère, où elle était inconnue avant leur arrivée. »

Au début du XX e siècle, cette maladie représentait toujours un très grave problème de

santé publique. « Vers 1920 cependant prédominaient encore les préconcepts millénaires

qui faisaient du pauvre ladre une victime effrayante d’un mal qui ne pardonne pas, un paria

de la société, sans patrie ni famille, méprisé et condamné sans pitié à un exil perpétuel afin

de garantir la sécurité de ses semblables qui, pour compenser le sacrifice imposé, le traitaient

avec mépris et parfois lui donnaient même une aumône humilante et rabaissante. »

Eduardo Rabello conclut en 1933 la thèse de l’isolement de la lèpre, prévoyant qu’il

serait facile dans l’avenir de contenir la maladie dans sa phase maculaire.

À peu près vers la même époque, Rio de Janeiro et Sao Paulo (avec Emilio Ribas,

Aguiar Pupo et Salles Gomes) se rassemblèrent pour entreprendre des campagnes sur le

problème, cherchant non seulement à humaniser le traitement mais aussi à établir des

éléments de prévention pour les enfants des malades hanseniens. Nelson Souza Campos

réussit à montrer en 1937 le cas curieux d’infiltrés tuberculoïdes précoces qu’il appela

lèpre nodulaire infantile et qui fut traduite par lepra-infeckt dans la thèse de Rabello (Jr.)

(1941). Abrahão Rotberg démontra à son tour en 1934 la valeur du pronostic de la

réaction de Mitsuda, et en 1937 la notion du facteur N comme responsable des formes

de résistance de la maladie de Hansen.

En 1940, Aguiar Pupo fut le premier à montrer l’importance épidémiologique des

formes non caractéristiques de la maladie. Ces idées obtiendraient leur consécration à

Rio de Janeiro lors de la Conférence panaméricaine de 1946 ; peu après, la notion de

polarité, postulée par Rabello (Jr.) depuis 1938, obtint la reconnaissance du milieu

international en 1948 à La Havane.

Le Fogo Selvagem

Le Fogo Selvagem (FS) est une maladie endémique de certaines régions du Brésil, qui

touche environ 15 000 personnes et dont la prévalence se situe chez des individus jeunes

qui habitent les zones rurales du pays. À Sao Paulo, la croissance du nombre de cas dans

les années 30 poussa le gouvernement à créer un hôpital exclusif pour ces malades ; plus

tard, d’autres hôpitaux furent inaugurés à Goiânia et à Campo Grande. En 1970, on

estimait à 10 000 au moins le nombre de cas connus de FS dans les États endémiques du

Brésil. Le Pr. Sebastião Sampaio (Sao Paulo) et le Pr. Luiz Díaz (USA) encouragèrent en

1983 la création du Groupe coopératif Brésil-USA, consacré à la recherche sur le Fogo

Selvagem; cette entreprise produisit des dizaines de travaux scientifiques et contribua

grandement à faire progresser la connaissance de la pathogenèse de la maladie et le

développement des techniques de diagnostic.

Entre les années 50 et 90, l’incidence du FS diminua à Sao Paulo ; la thèse de doctorat

du Pr. Paulo R. Cunha à l’USP informait du dernier foyer dans l’État, situé dans les

communes de Franco da Rocha et Mairiporã. Les caractéristiques épidémiologiques de

la maladie révèlent fortement que le FS est influencé par des facteurs environnementaux

; les efforts des chercheurs visent à déterminer l’agent étiologique environnemental

qui déclenche cette maladie au Brésil.

Campagne de prévention du cancer de la peau

La dermatologie et les dermatologues au Brésil

L’épidémie silencieuse, c’est-à-dire l’incidence croissante du cancer de la peau

dans le monde entier, constitue aussi au Brésil l’un des plus graves problèmes de santé

113


Figures 14 et 15.

Campagne de

prévention du cancer de

la peau (24 novembre

2001)

PAULO R. CUNHA

publique. C’est pour cette raison que la campagne menée par la SBD fut élargie en

1999 du domaine régional au domaine national, afin que la population prenne

conscience des conséquences terribles de la maladie, dont 100 000 nouveaux cas sont

répertoriés chaque année. Cette campagne accueille plus de 30 000 personnes par an

(figures 14, 15).

Le programme national de contrôle du cancer de la peau, coordonné par le Pr.

Marcus Maia, fut créé dans le but d’informer et de faire prendre conscience du besoin

de changer les attitudes, les croyances et les conduites liées aux risques encourus par la

population.

Ce programme se compose de cinq modules: 1. centre de diagnostic et de traitement;

2. programme d’éducation des professionnels de la santé ; 3. programme d’éducation

pour la protection solaire; 4. programme d’éducation à travers les médias ; 5. campagne

annuelle pour l’examen de la population.

En 2000, la SBD et l’université fédérale de Rio de Janeiro s’unirent pour inaugurer un

service permanent de prévision quotidienne du taux de risque par brûlures solaires. Le

taux ultraviolet (TUV) est fourni sur Internet ou par téléphone; il est également fourni aux

capitales des États par le biais des journaux, de la radio ou de la télévision nationale.

■ Les défis de la Dermatologie de la dermatologie pour le nouveau millénaire pour le nouveau millé-

114

La régionalisation de la SBD débuta après la commémoration de ses cinquante ans

d’existence, lorsque la participation fut ouverte à tous les États brésiliens. Actuellement

les sections régionales exercent une influence extraordinaire dans les entreprises de la

SBD, renforçant ainsi la nationalisation de l’entité. Tout en garantissant l’intégration,

elles agissent au sein des unités comme de véritables délégations de l’entité majeure,

sans perdre pour autant les caractéristiques des organisations locales.

Dans le domaine scientifique, la dermatologie n’est plus une spécialité purement clinique

: elle a évolué en tant que spécialité clinico-chirurgicale. Tout comme la notion de

« santé » se vit élargie — la santé n’étant plus l’« absence de maladies » mais plutôt un

synonyme de bien-être physique, moral, social et mental —, la dermatologie inclut des

nouveautés qui attirent actuellement de nombreux professionnels et patients, dont

l’attention se tourne spécialement vers la cosmétologie.

Au-dede la révolution vécue avec l’arrivée des antibiotiques, des corticostéroïdes et

des rétinoïdes, les défis de la dermatologie résident encore dans les maladies infectieuses


comme le sida, la leishmaniose et les MST. De nouveaux concepts vont surgir grâce à la

biologie moléculaire, et ces études vont sans doute apporter des bénéfices extraordinaires

pour la dermatologie brésilienne et mondiale. ■

■ Références

bibliographiques

1. Campbell I. Zaitz C., Teixeira

J.E., editores. História da

Dermatología Brasileira. Uma

La dermatologie et les dermatologues au Brésil

Visão Panorâmica. Rio de

Janeiro : Medsi Editora

Medica e Cientifica ; 1999.

2. Carneiro G. História da

Dermatología no Brasil. Rio de

Janeiro: Ed. Sociedade Brasileira

de Dermatología; 2002.

Octobre 2005

3. Forgerini E. Rossini C. editores.

Mestres da Dermatología

Paulista, Sao Paulo : Editora

JSN ; 2002.


La dermatologie précolombienne

HISTOIRE DE LA

DERMATOLOGIE

EN COLOMBIE

CÉSAR IVÁN VARELA HERNÁNDEZ

COLLABORATEURS: DANIELLE ALENCAR-PONTE, ANTONIO BARRERA

ARENALES, MICHEL FAIZAL GEAGEA, JAIME GIL JARAMILLO, FLAVIO GÓMEZ

VARGAS, CARLOS HORACIO GONZÁLEZ ROJAS, GUILLERMO GUTIÉRREZ

ALDANA, JAIRO MESA COCK, JUAN PEDRO VELÁSQUEZ BERRUECOS

■ La dermatologie précolombienne

Jaime Gil Jaramillo-César Iván Varela Hernández

Certains auteurs estiment que les premiers habitants de la Colombie arrivèrent au

pays en quête de nouvelles terres et de meilleures conditions de vie au cours d’une étape

paléo-indigène (15 000 à 10 000 av. J.-C.). Profitant des glaciations, ils passèrent par le

détroit de Behring en provenance d’Océanie et d’Asie ; d’après Méndez Correa, il est également

possible qu’ils soient arrivés par l’Antarctique et l’océan Pacifique 1 .

La faible densité démographique, la dispersion des colonies et l’absence d’animaux

domestiques favorisèrent la dissémination moindre des maladies ; des évidences anthropologiques

prouvent une croissance importante de la population parmi les Chibchas 2 .

Nonobstant, ils souffrirent d’affections génétiques, auto-immunes, traumatiques, dégénératives

et infectieuses, qui entraînèrent la mise en place de mesures de prévention et

de traitements ; ils découvrirent aussi certains médicaments.

Les habitants préhispaniques du continent américain considérèrent sagement que

l’être humain était un élément de plus dans le cosmos, et qu’ils ne pouvaient pas rompre

l’équilibre de la nature sans recevoir un châtiment visant leur santé. Nos indigènes classifièrent

les maladies en plusieurs groupes. Les Nukaks du sud-est du pays les divisaient

en : 1) poussées et boutons associés à des « fléchettes magiques » lancées par des « êtres

ennemis » et/ou faisant partie d’un châtiment, soit que la chasse et la pêche avaient été

infructueuses, soit qu’elles avaient été excessives ; 2) associées aux esprits de la forêt

(EbEp) et à la piqûre des tonnerres (takuEji), très dangereuses, qui pouvaient entraîner

la mort; 3) associées au manque de respect des normes ; 4) maladies mineures qui n’impliquaient

pas la mort, telles les piqûres et les petites blessures 3 . Les Huitotos du Putumayo

croyaient que la maladie était le produit d’attaques « chamanistes » (sorciers)

d’autres tribus. Les Paeces les classifiaient en visions du « lutin », du « cacique » et de

117


Figure 1.

Céramique jamacoaque.

Bartonellose.

Collection privée de

Hugo A. Sotomayor T.

CÉSAR IVÁN VARELA HERNÁNDEZ

118

l’« arc » ; cette dernière catégorie incluait les enfants portant des traits physiques d’animaux

et qui présentaient des boutons sur la peau. D’autres tribus les classifièrent en

maladies « chaudes » — comme la fièvre — et en maladies « froides » — comme le rhumatisme

— ou simplement en accidents (fractures). Parmi les Emberas, la maladie était

produite et guérie par les jais, qui étaient « l’essence des choses, considérée comme une

énergie, quelque chose de vital. » 4 Les Motilons tinrent compte de certaines notions de

contagion et donnèrent une valeur mineure à la sorcellerie. Les Chibchas définirent les

mots liés aux maladies, par exemple sojusua (acné et furoncle), sinua (pellicules), gacha,

bimi (ulcère), iza (ulcère, gale et variole) 5 .

Maladies dermatologiques autochtones

L’époque préhispanique connut certainement bien des maladies ; cependant, la perte

des tissus mous des dépouilles humaines conservées en empêche le constat. Néanmoins,

certaines maladies furent catégoriquement définies. C’est le cas du carate, causé par le

Treponema caratenum, appelé puru-pururú dans la région Guainía, qui était fréquent

dans le Chocó 6 ; d’après le père Rivero, « ils souffraient de carate, qui affectait les mains

et le visage avec des taches bleues et blanches, dont ils étaient fiers au point que les

jeunes femmes ne souffrant pas de carate n’étaient pas demandées en mariage

». Les boubas, frambesía ou pian, causés par le Treponema pertenue, furent

bien documentées par les études paléontologiques de José Vicente

Rodríguez Cuenca et Carlos Armando Rodríguez, réalisées sur des dépouilles

de la vallée du Cauca 6 . Des trouvailles archéologiques 7 (figure 1) prouvent la

présence de la bartonellose (verrue péruvienne) — dont le vecteur est le Phlebotomus,

Lutzomía colombiana —. Le charbon bactérien, appelé maraña, était

fréquent dans la péninsule de la Guajira; selon Pineda Giraldo, « l’homme est

contaminé lorsqu’une goutte de sang tombe sur sa peau quand il ouvre un animal,

ou lorsqu’il se blesse en l’ouvrant, ou lorsqu’il mange la viande mal cuite

de l’animal mort de cette maladie ». Le tokelao (Tinea imbricata), touchait les

Indiens du Chocó, de la côte du Pacifique. Les fièvres pétéchiales et les boubas

causèrent des dégâts parmi les conquistadors lorsqu’ils arrivèrent par la région de

Patía depuis le Pérou. La gale, les piqûres de moustiques, d’abeilles, de guêpes, de

tiques, de puces, d’arachnides étaient fréquents; ainsi que les morsures de grands

lézards (comme les caïmans), de serpents des genres Bothrops, Lechesis mulamuta

(putréfactrice) et Crotalus dirussus terrificus (serpent à sonnette), tout comme les morsures

de chauve-souris, notamment de Desmodus rotundos, qui transmirent arbovirus et

causèrent des anémies 6 . La nigua (Tunga penetrans) et le gusano de monte (nuche,

myiase) étaient complètement inconnus des Européens ; d’après Safari, « on estime que

les insectes des régions tempérées provoquèrent davantage de victimes parmi les Espagnols

durant la conquête que toutes les flèches empoisonnées des Indiens. Ils ne connaissaient

pas de remède pour la nigua, et pour se débarrasser des moustiques ils étaient

souvent obligés de s’enterrer dans le sable ». La filariose par Manzonella ozardi, existe

toujours dans nos forêts du Vaupés 2, 6 . La leishmaniose, dont José del Carmen Rodríguez

Bermúdez déduit la présence à partir d’une sculpture préhispanique trouvée à Cundinamarca,

est également examinée. Les traces des excréments fossiles prouvent la présence

de plusieurs parasites intestinaux comme Strongiloides, ascaris et trichocéphales 6 .

Quant à la syphilis vénérienne, son origine américaine ou européenne fut largement

discutée, mais d’anciens témoignages écrits laissent supposer son existence dans nos

terres à l’époque préhispanique. Des études paléontologiques récentes remontant à

3000 ans av. J.-C. — comme celles du Pr. José Vicente Rodríguez Cuenca (université nationale

de Colombie) et de Gonzalo Correal Urrego, qui en trouva des traces dans le tissu

osseux des dépouilles d’Aguazuque (Cundinamarca) — semblent le confirmer 6, 10 . Dans


son ouvrage Tratado llamado fruto de todos los santos contra el mal serpentino venido

de la isla Española [Traité appelé fruit de tous les saints contre le mal serpentin venu de

l’île Española] (1509), le médecin espagnol Rodrigo Ruiz de Isla affirme qu’elle « fut apportée

d’Haïti dans les nefs de Christophe Colomb, les premiers cas ayant existé à Barcelone

en 1493 ». La même idée est exprimée dans Historia general y natural de las Indias

[Histoire générale et naturelle des Indes] du chroniqueur Gonzalo Fernández de Oviedo

(1535): « Ainsi, le ‘mal français’, ‘mal napolitain’, ‘mal serpentin’, ‘mal lazarin’ ou ‘maladie

des courtisanes’ était en réalité une maladie d’origine américaine »; et il note aussi

dans une communication sur l’expansion de la syphilis dans les nouvelles terres et sur son

arrivée dans la péninsule Ibérique, adressée au roi d’Espagne: « Aux Indes... il existe le

palo santo, que les indigènes appellent guayacán... La vertu principale de ce bois est de

guérir le mal des boubas... il recueillent de fins éclats à partir de son bois … qu’ils font

cuire dans une certaine quantité d’eau… et lorsque l’eau a disparu avec la cuisson… les

malades la boivent certains jours, le matin, à jeun… et plusieurs malades guérissent sans

aucun doute de ce mal. Votre Majesté peut bien croire que cette maladie est venue en

Espagne en provenance des Indes. » Il est possible que le Treponema ait subi des mutations

lors de son arrivée massive en Europe, sa pathogénicité grandissant dans un milieu

et une population vierges jusqu’en 1493 2 .

La présence de la tuberculose en Amérique préhispanique est aujourd’hui largement

documentée par les techniques d’ADN ; des dépouilles de la culture muisca présentent

des lésions osseuses en un nombre relativement important de cas, ce qui laisse supposer

que la maladie affecta beaucoup les communautés 6 .

La maladie de Chagas, produite par le Tripanosoma cruzi et transmise par des triatomides,

ne se trouve qu’en Amérique.

Outre ces maladies, la santé de la population native fut affectée par les blessures des

flèches empoisonnées soit par des herbes (Ogendeia terstroeniflora, Moracea et Strychnos

toxicaria), soit par des venins d’animaux tels que les crapauds (Dendrobates), les

araignées (mygale) et les serpents. D’autres maladies non infectieuses furent l’hypothyroïdisme

congénital, le goitre, le bec de lièvre, l’albinisme, le nanisme et la pilimiction

(kyste dermoïde de la vessie) observée à Popayán.

Plantes médicinales et méthodes thérapeutiques

Histoire de la dermatologie en Colombie

Les indigènes classifièrent les plantes de diverses façons, résumées comme suit :

plantes de la connaissance (psychotropiques), amères (énergétiques), purgatives, stimulantes,

préventives et médicinales au sens strict 11 . L’herboristerie indigène contribua

beaucoup au développement de la thérapeutique ; parmi les plantes considérées sacrées

et médicinales notons : l’achiote (Bixa orellana), utilisé pour prévenir les brûlures du soleil

; la chica (Bignonia chica), pour faire fuir les insectes et prévenir les morsures de serpents

et de chauves-souris ; l’otoba (Miristicacea), pour la gale et le soin des cheveux,

utilisation inaltérée ; chez les Cubeo et les Macuna, le piment (Capsicum) fut employé

pour traiter l’acné « pour maintenir le visage libre de points noirs et de taches ; le jus du

piment, absorbé par le nez au moyen d’un tuyau de feuilles, exsude la graisse naturelle

» ; pour guérir le nuche, ils mettaient un cataplasme en diachylon grâce à quoi la

larve mourait et qu’ils pressaient ensuite ; la coca (Erythroxylon coca), qu’ils mâchaient

(mambeo) pour obtenir un « organisme plus résistant » ; le palo santo et le guayacán, utilisés

pour les boubas ; le coralito, dont le fruit « mouillé et frotté détruit les lèpres ou les

taches qui surgissent sur le corps, que certains appellent dartres, d’autres carates et

d’autres par des noms semblables, immondes et répugnantes, et qui laisse la chair et la

peau propres, sans aucun signe de maladie 12 »… ; le tabac, utilisé comme cicatrisant, hémostatique

et cautérisant pour les morsures ou les blessures causées par les flèches empoisonnées,

fut peut-être l’herbe qui jouit le plus d’influence pendant la Colonisation 3,13 ;

119


Figure 2.

Temple solaire. Saint-

Augustin,

300 après J.-C.

CÉSAR IVÁN VARELA HERNÁNDEZ

120

la caraña (résine de palmier), pour les plaies purulentes ou les blessures récentes ; les

herbes des boubas, dont on fabriquait une poudre pour l’épithélialisation des blessures ;

l’acedera pour le tabardillo et la quinquina pour les hématomes 9 .

Outre les plantes, les indigènes employèrent des substances et des éléments animaux

dans leurs traitements, par exemple un mélange de pâte de sébum, de vert-de-gris et de

farine de maïs grillée ou des poudres d’écorce de crabe et de corail rouge pour soigner les

plaies; les os de lamantin furent utilisés comme hémostatiques et le miel d’abeille comme

antiseptique local. Les dents, crocs et griffes d’animaux étaient des amulettes qui prévenaient

les maladies. Pour les piqûres de vers et de certains scorpions, Aguado dit qu’ils

« extraient les tripes et ils enduisent la piqûre avec des herbes ramassées ». S’ils ne trouvaient

pas l’animal qui les avait piqués et que l’endroit affecté était « le doigt ou une partie

semblable, ils l’enfoncent dans le sexe de la femme pour stopper la fureur du poison 9 ».

Quelques-uns des remèdes actuellement employés étaient déjà utilisés par nos indigènes,

qui avaient atteint un certain degré de développement en médecine et en thérapeutique.

Des traces, même fragmentaires, de l’apport important de la pharmacopée des

nouvelles terres sont contenues dans de précieuses descriptions de l’époque de la

Conquête et la Colonisation. Notons les ouvrages de Nicolás Monardes, qui publia en 1574

son traité Primera, segunda y tercera parte de la historia medicinal de las cosas que se

traen de nuestras Indias y que sirven de medicina [Première, deuxième et troisième parties

de l’histoire médicinale des choses apportées depuis nos Indes et qui servent dedecine],

ainsi que le Tratado de las drogas y medicina de las Indias [Traité sur les drogues

et ladecine des Indes], de Cristóbal de Acosta. Les autres types de traitement incluaient

l’hydrothérapie, la thermothérapie et la balnéothérapie dans des puits d’eau thermale,

ainsi que les régimes, les purges et les bains d’encens. Quant à la chirurgie, les indigènes

effectuaient le drainage des abcès et l’extraction de niguas avec des épines ou des fibules,

tout comme des trépanations crâniennes et des craniotomies obturées avec de l’argile.

Fondements de ladecine indigène

La médecine indigène avait deux fondements. Le premier, du genre préventif, aussi

bien individuel que collectif, qui se manifestait de diverses façons: les malades graves

étaient abandonnés dans le but de protéger la survie du groupe; les colonies se déplaçaient

en fonction du cumul de grandes quantités d’ordures et de déchets, comme une prévention

envers les facteurs déclencheurs de

maladies; les femmes ayant leur menstruation

étaient isolées ; les maisons

étaient construites dans les arbres, et ils

dormaient dans des hamacs et sous de

petites tentes. Le deuxième, du genre

symptomatique, faisait appel à l’ingestion,

l’inhalation, la mastication ou l’onction de

plantes diverses (au cours de régimes ou

de saignées), destinées à soulager les

affections orales, épidermiques ou traumatiques.

Cas extrême: la coutume de l’infanticide,

pratiquée chez les nouveau-nés qui

présentaient des défauts physiques et dans

le cas de certaines génodermatoses telles

que l’albinisme 14 .

Pendant la Découverte et la Conquête,

nos indigènes subirent une grave détérioration

organique, la diminution ou la


perte de leurs valeurs spirituelles ancestrales, un sentiment d’infériorité et la disparition

presque totale de leur conception du monde ; ceci fut la conséquence de l’imposition des

changements culturels — drastiques, rapides et forcés —, qui les amena à disparaître

presque complètement 15 . Ces lignes, brèves mais sincères, constituent un hommage et un

tribut pérenne d’admiration et de respect envers nos indigènes ; hier comme aujourd’hui,

ils nous offrirent des leçons de bonhomie, de vie commune harmonieuse et amoureuse

avec les êtres animés ou inanimés que mère nature nous fournit (figure 2).

César Iván Varela Hernández-Jaime Gil Jaramillo

Alonso de Ojeda, Amerigo Vespucci et Juan de la Cosa débarquèrent sur les terres

colombiennes à Coquibacoa — de nos jours Cabo de la Vela, péninsule de la Guajira — en

1499, ouvrant ainsi la période de conquête de notre territoire qui s’étendit jusqu’à 1550 1 .

Santa Fe de Bogotá (aujourd’hui Bogotá) fut fondée au cours de cette période, le 6 août

1538, par Don Gonzalo Jiménez de Quesada. L’arrivée des colonisateurs espagnols

entraîna un changement radical chez les populations indigènes, par rapport à leur façon

de vivre, à leur alimentation, à leurs coutumes et à leurs croyances, également menacées

par l’imposition d’une nouvelle religion. La vulnérabilité organique de nos aborigènes était

déterminée par la malnutrition — leur alimentation était basée sur les hydrates de carbone

et la consommation de protéines était rare —, par les maladies propres à l’Amérique

et par l’absence d’immunité contre les maladies importées d’Europe. Ces facteurs, ajoutés

à la domination des colonisateurs, provoquèrent un immense désastre démographique

parmi les communautés aborigènes. On estime qu’au XVII e siècle, 90 % de la population

native avait disparu. Toutefois la rencontre des deux mondes fut bénéfique en raison du

métissage entre les apports de nos indigènes à l’humanité, de par leurs vastes connaissances

en herboristerie, et l’apport scientifique provenant de l’autre côté de l’océan.

Les premiers protomedicos et médecins

Álvarez Chanca fut le premier médecin européen arrivé en Amérique au cours du

deuxième voyage de Colomb; en 1514, il arriva sur les terres du Darién. Les conquistadors

amenèrent aussi des charlatans, des empiristes et quelques protomedicos militaires comme

le capitaine Antonio Díaz Cardozo en 1538 et le soldat Martín Sánchez Ropero 9, 16 . Comptons

parmi ces personnages Pedro Fernández de Valenzuela, personnage populaire et

controversé qui écrivit le Tratado de medicina y modelo de curar en estas partes de Indias

[Traité dedecine et modèle pour guérir dans ces parties des Indes] ; Mendo López

del Campo, Lope Sanjuán de los Ríos et Esteban González (chirurgien) ; on mentionne la

présence de Luis de Soria et de quatre barbiers (chirurgiens) à Santa Marta en 1528 ;

Martín Rodríguez exerçait ladecine à Carthagène en 1547.

La médecine ne fut pas enseignée en Colombie pendant la Conquête.

Les premiers hôpitaux

Histoire de la dermatologie en Colombie

■ La dermatologie La dermatologie depuis la découverte la découverte de l’Amérique de jusqu’à l’Amérique la Colonie. jusqu’à L’influence l’époque

de la

Conquête coloniale. et les nouvelles L’influence maladies de la Conquête et les nouvelles maladies

La Découverte et la colonisation eurent lieu du côté de l’Atlantique ; par conséquent,

les colonies de cette région furent les premières à être peuplées et ce fut donc à cet

endroit que débuta le soin hospitalier. D’après Andrés Soriano Lleras, le roi Ferdinand le

Catholique ordonna en 1513 la création d’un hôpital au Darién — l’hôpital de Santa

María la Antigua del Darién —, transféré en 1524 sur le territoire du Panamá actuel. La

121


CÉSAR IVÁN VARELA HERNÁNDEZ

construction de l’hôpital San Sebastián, appelé aussi Santa Clara (ou de La Caridad), fut

entreprise à Carthagène en 1535 ; cet hôpital était destiné au soin de tout type de

malades. L’hôpital de San Lázaro (le premier lazaret) commença à être construit au

cours de la même année, suivi de la fondation de l’hôpital del Espíritu Santo pour les

malades incurables et de l’hôpital de Santa Marta (en 1528) 2, 16 .

Les nouvelles maladies importées d’Europe

Les conquistadors espagnols véhiculèrent plusieurs maladies dermatologiques, parmi

lesquelles il faut remarquer la lèpre et les maladies exanthématiques, notamment la

variole et la rougeole. Pour leur part, les esclaves africains arrivaient décimés par le

scorbut, la gangrène, la variole, le typhus et surtout la lèpre; le marché et la traite des

esclaves furent donc autant de facteurs déterminants dans la propagation de plusieurs

maladies.

Selon Soriano Lleras, le moustique Aedes aegyptii fut le vecteur de la fièvre jaune

dans les centres urbains. L’Aedes voyagea sur les bateaux avec les esclaves africains, débarqua

sur les côtes de l’Atlantique et s’enfonça dans les terres, suivant la rivière Magdalena,

provoquant plusieurs épidémies dès 1509 8 . Le tabardillo (typhus

exanthématique) causa de multiples épidémies depuis le XVII e siècle ; cette Rikettsiosis

provoquant une mortalité élevée obligea les Espagnols à interdire aux Indiens de se laver

tous les jours 6 . D’après Pedro de Aguado, la première des multiples épidémies de variole

se produisit en 1558 ; le virus arriva sur le littoral caribéen par l’île Española et se propagea

sur la terre ferme via la rivière Magdalena : « Ainsi, une Noire attaquée de ce mal

contagieux qui venait de la côte maritime,… selon les dires des gens, fut la cause de cette

calamité et de ce malheur 16 … ». Les épidémies ultérieures de variole, tout comme celles

de rougeole, causèrent beaucoup de morts parmi les indigènes, les esclaves noirs et

même les Espagnols. Citons d’autres maladies dermatologiques ou analogues : la brucellose,

la blennorrhagie, les mycobactérioses, le choléra, la diphtérie, la peste noire ou bubonique

et les tréponématoses, la rubéole, la grippe et le dengue, la malaria, les

schistosomiases, l’éléphantiasis arabe, causée par la filaire Wuchereria bancrofti, et la

cécité des fleuves par l’Onchocerca volvulos 6 . La pédiculose et des nouveaux vecteurs

comme le moustique (Aedes aegypti), la puce (Xenophylla cheopis) et des hôtes de zoonoses

tels les équins, les caprins, les bovins, les porcs, le chat domestique et les souris

furent d’autres maux importés 2, 6 .

■ La dermatologie La dermatologie depuis depuis l’époque la Colonie jusqu’à coloniale nos jours jusqu’à nos jours

122

César Iván Varela Hernández

La médecine de la période coloniale fut le produit des connaissances européennes et

de la sagesse et la magie des Indigènes, le métissage entre des substances et des pratiques

thérapeutiques et des doctrines et des ingrédients psychoreligieux. La « médecine

spirituelle » joua un rôle important, caractérisée par la construction de cathédrales et

d’ermitages et par l’arrivée des images de la Vierge (comme celle de Chiquinquirá en

1598), considérées comme des médiatrices du médecin suprême. Tout cela vint s’ajouter

à l’assistance spirituelle offerte aux Indiens et aux esclaves de la part de prêtres miséricordieux

comme saint Pedro Claver, l’apôtre des Noirs, qui mourut de la fièvre jaune en

1650 2, 3 .

Les maladies caractéristiques de l’époque coloniale furent la variole, le tabardillo (typhus

exanthématique), la rougeole, la lèpre, les boubas et le scorbut. Des épidémies multiples

eurent lieu sur tout le territoire, dont les plus graves furent celles de variole,


affectant plusieurs villes. À Tunja, « les citoyens et les Espagnols décédèrent comme des

rats traqués par la flûte de Hamelin » en 1587. Il n’y avait point d’apothicaireries ni de

cimetières civils ; entre 400 et 1 000 habitants seraient morts (sur un total de 3 000). L’hôpital

couvent de San Juan de Dios ne possédait que deux lits pour les riches et deux lits

pour les pauvres ; le médecin empiriste Pedro Juan Ruiz Delgado y travailla à partir de

1586. Deux décennies plus tard, l’épidémie s’étendit à tout le royaume de la Nouvelle-

Grenade; « les Indiens, effrayés par la grande mortalité, fuirent dans les bois et les montagnes,

abandonnant les peuplements ».

La promiscuité des colonisateurs entraîna la présence de la syphilis dans la région ;

c’est ce qui peut être déduit de l’ouvrage de Juan Rodríguez Freyle El Carnero [Le Mouflon]

à propos du ministre Don Luis Tello de Erazo, habitant de Santa Fe et fonctionnaire

du président du Nouveau Royaume, Diego Gómez de Mena. Le ministre serait parti à

Séville pour y mourir du « mal français » après avoir « échangé la toge par les aventures

avec des donzelles dissolues ».

Une épidémie de tabardillo se déclencha à Santa Fe en 1630, s’étant diffusée dans

tout le pays au bout de quatre ans. Outre la variole, aucune autre épidémie ne fut aussi

dévastatrice ni ne se propagea autant ; selon l’historien Groot, « elle tua les quatre cinquièmes

des Indiens de la savane » ; des archevêques moururent également, tout comme

des prêtres, des religieux, des maires, des nobles, des gens du peuple et des esclaves.

Cette épidémie fut connue sous le nom de peste de Santos Gil, car ce notaire prépara la

plupart des testaments des nobles moribonds, qui lui faisaient don de leurs biens après

la mort de tous leurs descendants, tués par la même peste 2 .

decins, hôpitaux et chaires dedecine

Histoire de la dermatologie en Colombie

Dom Álvaro de Aunón fut le premier médecin titré arrivé à Santa Fe (1579), tandis

que Dom Juan López fut le premier médecin créole diplômé en Espagne (1584).

L’hôpital de San Pedro, à Santa Fe, ouvrit ses portes en 1569 grâce au don en 1564

de l’évêque frère Juan de los Barrios y Toledo, qui offrit l’une de ses maisons dans le but

de fonder « un hôpital où vivront, seront recueillis et soignés les pauvres venant dans

cette ville, dans laquelle il y aurait des Espagnols aussi bien que des natifs ». En 1635,

l’ordre des Hospitaliers de San Juan de Dios fut chargé de diriger l’hôpital ; on l’appela

hôpital de Jesús, María y José, mais on le connaît désormais sous le nom d’hôpital San

Juan de Dios 16 . Vingt-cinq hôpitaux furent créés durant la colonisation, tels

celui de San Sebastián à Carthagène, celui de Popayán (1577), celui de Honda

(1600) et celui de San Gil (léproserie), en 1789 ; la première apothicairerie de

Santa Fe fut celle de Pedro López de Buiza (1630).

Au cours des XVI e et XVII e siècles, ladecine ne fut pratiquement pas enseignée

; les rares médecins servaient exclusivement la royauté et les autorités

de la colonisation. Les premières chaires dedecine — au collège Mayor de

San Bartolomé en 1641 et au collège Mayor del Rosario, à Santa Fe — furent

closes faute d’élèves, car « le diplôme dedecin était considéré indigne et

seulement propre aux personnes d’une condition sociale inférieure 9 », outre

l’interdiction pour les Espagnols d’étudier hors de leur pays.

L’arrivée des Bourbons à la tête de l’Espagne au début du XVIII e siècle marqua

la renaissance des études dedecine en Espagne et, par conséquent,

dans ses colonies ; c’est ainsi que la chaire dedecine fut consolidée en 1753

avec José Vicente Román Cancino, à l’université de Santo Tomás, où le premier

decin, Juan Bautista de Vargas Uribe, obtint son diplôme en 1764. José Celestino

Mutis revint d’Espagne en 1760, apportant les idées de l’Illustration, en fonction desquelles

il diffusa le vaccin contre la variole et encouragea la construction de cimetières

dans les environs des villes ; telles furent les premières mesures de santé publique dans

123

Figure 3.

Miguel de la

Isla


Figure 4.

Antonio Vargas

Reyes

CÉSAR IVÁN VARELA HERNÁNDEZ

124

le pays. Il « découvrit » la quinquina, utilisée de manière ancestrale par les indigènes, et

en tant qu’éducateur médical, il fit de Miguel de la Isla son disciple, futur fondateur de

la première école dedecine à Santa Fe (1802) (figure 3).

Juan Gualberto Gutiérrez, médecin et avocat, travailla en 1810 à l’asile où l’on enfermait

les malades de la variole de Santa Fe et soigna les soldats malades le 5 août

1819, deux jours avant la bataille du pont de Boyacá, libératrice de la Colombie ; il fut au

chevet du grand homme Antonio Nariño lors de son agonie, annotant le moment de sa

mort dans un journal conservé à la maison musée de Nariño à Villa de Leyva 12 .

Les difficultés provoquées par les guerres d’indépendance durant les premières décennies

du XIX e siècle firent disparaître presque totalement l’enseignement de ladecine

dans le pays. La malnutrition, le manque de services basiques et de mesures

d’assainissement, déterminèrent une importante morbi-mortalité durant ce siècle 16 . Plusieurs

épidémies se produisirent : de fièvre jaune, de variole, de syphilis, de tuberculose,

de rougeole, de bartonellose, de parasitoses, de fièvre typhoïde et de typhus exanthématique

; on conseillait d’« être en contact avec le peuple et se vacciner lentement avec les

eaux infectées, avec les écorces sales des fruits 17 »… La lèpre et le paludisme furent

parmi les principaux fléaux du siècle.

La médecine moderne arriva en Colombie avec la République de 1810.

L’histoire des facultés dedecine débuta avec celle de l’université nationale

de Colombie, en mars 1826 ; à cette date, le général Francisco de Paula

Santander promulgua la loi organisant l’université centrale de la République,

première manifestation gouvernementale de l’université publique. En 1864, Antonio

Vargas Reyes fonda à Bogotá une faculté dedecine à caractère privé,

tandis que José María Samper présenta au Congrès de la République un projet

sur l’université nationale des États-Unis de Colombie — inspirée de celle de Santander

— qui serait créée trois ans après (1867), sous le gouvernement de Santos

Acosta. S’y ajoutèrent la faculté dedecine de Vargas Reyes et l’hôpital

San Juan de Dios 18 . À l’époque, quelques médecins étudiaient sous la tutelle de

leurs maîtres, tandis que d’autres partaient à l’étranger, surtout à Paris. La loi

de 1850 permettant l’exercice de ladecine sans licence ouvrit la voie à l’empirisme

et au charlatanisme. Un des grands hommes de ladecine de l’époque

fut Antonio Vargas Reyes (figure 4), qui décrivit magistralement la fièvre jaune

et qui est considéré comme le père de la chirurgie en Colombie 16, 19 .

À propos de ladecine de l’époque, la grande figure de Medellin, Manuel

Uribe Ángel, écrivit en 1881 : « Je crois que nous tuons pas mal de malheureux avec cette

decine précaire et déplorable. Dieu nous pardonne le mal causé par ces essais. »

Désormais, ladecine hospitalière de l’école française commença à se développer.

La chaire de bactériologie fut florissante à la fin du XIX e siècle grâce à Epifanio Combarías

; elle fut à l’origine de la dermatologie, tout comme les chaires dedecine de laboratoire,

de micrographie et de syphiligraphie. L’enseignement de la spécialité débuta

à l’université nationale en 1886 ; Gabriel José Castañeda en fut le premier professeur.

Le développement général des USA au XX e siècle, qui intègre les grandes disciplines

médicales modernes (la physiopathologie, l’étiopathologie et l’anatomie clinique) à la recherche

et à la technologie, diminua l’influence française sur ladecine colombienne 16 .

La médecine de laboratoire fut renforcée, de nouvelles techniques chirurgicales arrivèrent,

tout comme la pharmacologie, et c’est ainsi que la dermatologie acquit le caractère

d’une véritable spécialité à partir de 1910 à l’université nationale de Colombie, à travers

José Ignacio Uribe 18 .

Le ministère du Travail, de l’Hygiène et de la Prévention fut créé en 1930, comptant

un département pour la lutte contre la lèpre, les maladies vénériennes et la tuberculose.

Le ministère de l’Hygiène fut créé en 1946 ; suivraient la fondation des facultés de

decine à Cali, Popayán et Manizales, la mise en place des spécialisations et des


Histoire de la dermatologie en Colombie

résidanats médicaux ainsi que la création des associations dedecins spécialistes. Pendant

les dernières décennies du XX e siècle, le développement rapide de la génétique, de

la biologie moléculaire, de l’immunologie, de la pharmacologie et de la technologie systématisée

menèrent à l’ouverture et à l’évolution de tous les domaines de la recherche

en dermatologie, avec des progrès extraordinaires.

Précurseurs et pionniers de la dermatologie jusqu’en 1970

La connaissance de l’histoire nous permet d’exercer avec enthousiasme

et dignité l’héritage de nos précurseurs et pionniers.

Au cours du XIX e siècle, nous reçûmes l’héritage de Ricardo de la Parra, auteur de La

Elefantiasis de los griegos y su verdadera naturaleza [L’éléphantiasis des Grecs et sa nature

véritable] (1838) ; Juan de Dios Tavera, conseillant dans son Estudio sobre la lepra

[Étude sur la lèpre], un traitement avec de l’huile de chaulmoogra (leprol); José Joaquín

García, qui décrivit les altérations sensitives et motrices de la lèpre (1842) ; Marcelino

S. Vargas, convaincu que la lèpre, mal dont il souffrait, pouvait être guérie ; Federico

Rivas Mejía, dont les services furent précieux lors de l’épidémie de variole de 1840 ;

Librado Riva, auteur d’un travail sur La Pelagra [La pellagre] ; Abraham Aparicio, et son

ouvrage Baños fríos en el tratamiento de la fiebre tifoidea [Bains froids pour le traitement

de la fièvre typhoïde] ; Evaristo García, qui écrivit Acción de la Otoba en las enfermedades

de la piel [Action de l’Otoba sur les maladies de la peau] et Variedad de lepra

llamada Mal de San Antón [Variété de lèpre appelée mal de San Anton] ; Policarpo Pizarro,

vénéréologue ; Juan de Dios Carrasquilla, chercheur sur la lèpre et le pemphigus ;

Andrés Posada Arango, pour son ouvrage La Rana venenosa del Chocó [La grenouille vénéneuse

du Chocó], et Ignacio Pereira, dont on se souvient à cause de ses publications

sur des maladies parasitaires. Gabriel José Castañeda fut le premier professeur de dermatologie

à l’université nationale de Colombie (1886-1898) à se pencher sur les maladies

tropicales.

Le début du XX e siècle fut encore marqué par une attention spéciale accordée à la

lèpre et la syphilis. L’ère des laboratoires débuta, qui permit la mise en place de recherches

originales et le développement intellectuel dedecins illustres 17 .

Pablo García Medina, le père de l’hygiène en Colombie,

né à Tunja en 1857, médecin diplômé de l’université

nationale en 1880, exerça à Bogotá ; il fut à l’origine des

lois pour que les léproseries deviennent des colonies de

malades ; il fut le premier président honoraire du Bureau

sanitaire panaméricain et le secrétaire perpétuel

de l’Académie nationale dedecine. Pour sa part, Eliseo

Montaña Granados (figure 5), le père de l’histologie

en Colombie, fut professeur de la chaire en 1904 et

transforma la théorie en pratique au moyen de l’introduction

de nouveaux microscopes et de la microphotographie.

Roberto Franco (figure 6) créa la chaire des

maladies tropicales en 1905 et invita Federico Lleras

Acosta à travailler dans son laboratoire. Ce professionnel, né à Bogotá — où il étudia la

decine vétérinaire et la bactériologie — , se distinguerait pour ses recherches sur le

charbon bactérien et son vaccin, et plus tard sur la lèpre; il décrivit la « réaction de Lleras

» et fonda l’Institut de recherche sur la lèpre.

La dermatologie devint une spécialité à part entière en 1910, avec la présence de José

Ignacio Uribe à l’université nationale. Manuel José Silva (1892-1980), dermatologue diplômé

de l’université de Paris, fut le professeur titulaire de la chaire de ladite université;

125

Figure 5. Eliseo

Montaña

Figure 6. Roberto

Franco


Figure 7.

Guillermo Pardo

Figure 8.

José Posada

CÉSAR IVÁN VARELA HERNÁNDEZ

126

il fut un maître par excellence, et fonda le musée de cire de dermatologie de cette université.

Gonzalo Reyes García étudia à Paris et à Vienne ; il fut un grand professeur de

l’université nationale — où il avait obtenu son diplôme — entre 1930 et 1962, ainsi que

le fondateur de la Société colombienne de dermatologie et de l’Académie nationale de

decine. Parmi les professionnels remarquables notons Miguel Serrano Camargo, Carlos

Cortés Enciso et Ignacio Chala Hidalgo.

En 1936, Alfonso Gamboa Amador entreprit le cours de syphiligraphie ; furent également

remarquables à l’époque Alfredo Laverde Laverde, Tomás Henao Blanco et

Guillermo Pardo Villalba (figure 7), qui présida le 1 er Congrès national (1960) à Bogotá

en qualité de président de la Société de dermatologie.

Vers 1957, Fabio Londoño González devint la référence

obligée dans l’étude de la lèpre, de l’immunologie

cutanée et des maladies associées au soleil. Ses apports

à la connaissance et au traitement du prurigo actinique

sont considérables. Sa culture générale, son amabilité

et ses qualités humaines et didactiques furent inégalables.

Il eut des disciples brillants, comme Guillermo

Gutiérrez Aldana, dermatologue et oncologue, professeur

émérite de l’université nationale, un homme éminemment

vertueux, doté d’une aptitude incomparable

pour l’enseignement et l’organisation, qui récupéra et

restaura le musée de cire de l’université — son encouragement

pour celui qui écrit ces lignes fut incomparable;

Víctor Manuel Zambrano et Mariano López

López, une autre lumière de notre histoire, le premier dermatologue diplômé à l’institut

Federico Lleras Acosta. Luis Alfredo Rueda Plata étudia à Barcelone et suivit la spécialisation

en dermato-pathologie avec Degos et Civatte à l’hôpital Saint-Louis de Paris; il fut

l’un des pionniers dans le domaine à son retour en Colombie en 1963; ses apports dans

l’étude des papovavirus furent importants 15, 20 .

Gustavo Uribe Escobar fut le premier dermatologue à Medellin (Antioquia) ; il étudia

à Paris, à Barcelone et à Bruxelles. En 1920, il installa la chaire à l’université d’Antioquia,

dont il fut le recteur ; il fut le fondateur de l’Institut prophylactique pour les maladies

vénériennes, ainsi que de la Croix-Rouge colombienne. José Posada Trujillo

(figure 8) fut formé par lui et lui succéda à la chaire en 1936, comptant sur la collaboration

de Carlos Enrique Tobón. La même école forma aussi Juvenal Gaviria (il exerça à

l’époque dans le domaine privé) et Fabio Uribe Jaramillo, décédé lors de la rédaction de

ce chapitre. En me communiquant la regrettable nouvelle, Flavio Gómez écrivit : « Il était

le dermatologue le plus âgé en Colombie, bon comme l’eau, simple comme le pain, doux

et délicat comme les cannes à sucre de la Vallée, humble, galant, sincère, bon ami, studieux,

il ne connut jamais l’orgueil ni l’arrogance. »

Jorge López de Mesa et Iván Rendón Pizano se formèrent à l’école argentine, tandis

qu’Aníbal Zapata Gutiérrez étudia en Espagne. Les diplômés de l’université de Michigan

revinrent ultérieurement : Gonzalo Calle Vélez en 1955, chef du service de dermatologie

de l’université d’Antioquia jusqu’à sa mort, promoteur de la mycologie dans le pays ;

Alonso C