You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
République<br />
Démocratique<br />
du Congo<br />
<strong>La</strong> quantité prit rapidement le pas<br />
sur la qualité. Il n’est d’ailleurs pas rare de<br />
voir ces centres médicaux peuplés de<br />
personnel désœuvré attendant le client…<br />
Ce personnel mal formé et mal payé peut<br />
être à l’origine d’un mauvais diagnostic,<br />
d’un retard de prise en charge, voire<br />
d’une opération ratée. De même, on s’improvise<br />
pharmacien comme on pourrait<br />
être épicier, là encore au détriment de la<br />
qualité. Dans la course au meilleur marché,<br />
ce sont les médicaments génériques<br />
asiatiques, souvent moins effi caces que<br />
leurs originaux, voire carrément inutiles,<br />
qui gagnent la mise. Le médicament<br />
– contraceptif y compris – est parfois<br />
vendu à la pièce…<br />
8 AVRIL-MAI 2011 I dimension 3<br />
De l’hôpital local<br />
à l’hôpital national<br />
Dans le centre de Maman Nzuzi<br />
comme dans tout dispensaire local, on<br />
fait les consultations prénatales, les accouchements<br />
normaux, les prescriptions de<br />
médicaments, les petites opérations de<br />
kystes…, mais il n’existe pas de bloc opératoire<br />
et une simple césarienne, ou un cas<br />
de maladie grave demande un transfert<br />
vers l’hôpital de référence.<br />
Saint-Ambroise est ce qu’on nomme<br />
un “centre hospitalier de première<br />
référence” pour 17 aires de santé, qui<br />
couvrent environ 200.000 habitants. Il a<br />
bénéfi cié d’un fi nancement de 300.000<br />
euros de la coopération belge en appui<br />
aux ONG locales qui a permis d’acquérir<br />
un bloc opératoire, une maternité et du<br />
matériel. Ce centre hospitalier dépend du<br />
Bureau diocésain des Oeuvres Médicales,<br />
vaste réseau médical catholique converti<br />
en ONG de santé, qui bénéfi cie épisodiquement<br />
d’un appui de la coopération<br />
belge et permet vaille que vaille de garantir<br />
des soins de qualité à des coûts relativement<br />
abordables.<br />
Ici, on traite les césariennes mais aussi des<br />
hernies et des cas aigus de maladie ou de<br />
malnutrition. Mais, dans la salle d’attente,<br />
les femmes et les enfants constituent la<br />
grande majorité de la clientèle. “Nous<br />
pratiquons environ 90 accouchements par<br />
mois, dont 4 ou 5 césariennes. Ici, on reçoit<br />
tous les cas mais beaucoup sont incapables<br />
de payer les 13 dollars demandés pour<br />
l’accouchement, et on monte à 30 dollars<br />
© DGD / E. Pirsoul<br />
pour une césarienne, une fortune pour<br />
un Congolais moyen… En cas de défaut<br />
de paiement, les patients sont retenus à<br />
l’hôpital.” Une salle est remplie de ces<br />
‘impayés’… Parmi eux, une jeune fi lle de<br />
17 ans qui accompagne son petit garçon<br />
de 1 an et demi, atteint d’une malaria qui<br />
s’est compliquée en anémie grave. Elle<br />
n’est pas mariée et vit chez ses parents<br />
qui sont pauvres. Une autre femme se tient<br />
à l’écart : “Elle a le sida et est agonisante. Sa<br />
famille l’a abandonnée, personne ne vient<br />
lui donner à manger et elle dépend de la<br />
générosité des autres patients. Son moral<br />
est au plus bas.” (NDLR : l’hôpital ne fournit<br />
pas les repas, cette tâche revient au gardemalade,<br />
qui est un membre de la famille la<br />
plupart du temps).<br />
Saint-Joseph est l’un des grands hôpitaux<br />
nationaux, celui où se trouvent les spécialistes<br />
pour les cas les plus compliqués.<br />
Pour y parvenir, il faut faire du rodéo à<br />
travers les routes, zigzaguer et plonger<br />
régulièrement dans d’immenses fl aques.<br />
Sur la bande centrale, des Chinois refont<br />
la route ; peut-être ce tronçon sera-t-il le<br />
prochain ? Ici on pratique entre 300 et 400<br />
accouchements par mois. Ce n’est pas<br />
l’état qui fi nance l’hôpital mais un petit<br />
fonds social constitué par des mécènes,<br />
l’Eglise et d’autres organismes, sans que<br />
cela suffi se pour rentrer dans les frais.<br />
“Des malades arrivent ici, refusés ailleurs<br />
parce qu’ils ne peuvent pas payer, on nous<br />
envoie même des cadavres”, déclare le<br />
médecin chef. <strong>La</strong> mutualité existe mais elle<br />
n’est accessible qu’aux moins pauvres…<br />
L’HÔPITAL<br />
ROI BAUDOUIN<br />
’Hôpital Roi Baudouin un l’un de ces hauts<br />
L lieux de l’histoire intime qu’ont partagé nos<br />
deux pays, comme il en existe encore tant au<br />
Congo. Il doit son nom au Roi Baudouin, qui,<br />
ayant visité le “Zaïre” pour ses 25 ans d’indépendance<br />
(en ‘85), avait décidé d’offrir un hôpital<br />
à un quartier fortement peuplé et démuni<br />
de Kinshasa : Masina. <strong>La</strong> mise en œuvre du<br />
chantier avait alors été confi ée à la coopération<br />
belge. Trois ans plus tard, l’hôpital terminé était<br />
remis au gouvernement congolais. Dès 2001,<br />
Malta Belgium et la Fondation Roi Baudouin,<br />
constatant que les locaux s’étaient fortement<br />
dégradés, entreprenaient la réhabilitation de<br />
la salle d’opérations, de l’imagerie médicale,<br />
des sanitaires et de la morgue. En 2010, les<br />
besoins de la maternité demeuraient criants :<br />
les femmes accouchées dormaient parfois à<br />
deux ou trois sur le même lit. L’été dernier, à<br />
l’occasion du 50e anniversaire, c’est le Roi<br />
Albert qui venait à son tour au Congo et faisait<br />
un don de 50.000 euros pour l’extension de la<br />
maternité. EP