Shared values and promoting a culture of peace ... - unesdoc - Unesco

SHARED VALUES AND
PROMOTING A CULTURE OF
PEACE IN RWANDA
MINISTRY OF YOUNG, SPORTS, CULTURE AND VOCATIONAL TRAINING
nun
UNITED NATIONS EDUCATIONAL, SCIENTIFIC AND CULTURAL
ORGANISATION
9
Newtek Park Initiative (NPI)
Conciliation in Africa
SPONSORS : USAID, ROYAL DUTCH EMBASSY,
SWISS EMBASSY AND UNESCO
KIQALI, OCTOBER 199$

Abréviations
Avant-propos
Recommandations de la Conférence
- Version Française
- English Version
Introduction
Dr. Michael Schlüter
NPI
2 Philibert Kagabo
3 Qu'est-ce qui est en train d'être fait
pour promouvoir une culture de paix au
Rwanda ?
I. Kayisire Callixte
Directeur du Centre National de
Développement des Programmes
II. Mushayidi Déo
m . Vénantie Mukarugomwa
Directrice de la Famille et du Genre
IV. ASOFERWA
4 Tito Rutaremara (Député)
10
Gamaliel Mbonimana
UNR
Antoine Mugesera
UNR
Dr. Frédéric Gatera
UNR
UNESCO/PNUD
Protais Musoni
Préfet of Kigali
Suzanne Ruboneka
Profemmes
11 M . Jean Mukimbiri
MIJESCAFOP
TABLE DES MATIERES
Introduction par NPI
Why is it important to talk about values?
Pourquoi est-il important de parler des valeurs ?
L'histoire d'une Culture de paix au Rwanda 17
Ministère de l'Education
L'Association Rwandaise des Journalistes
Ministère de la Famille, du Genre et des Affaires Sociales
Association de Solidarité des Femmes Rwandaises
Conditions requises pour les valeurs et une Culture de
paix
Sources des Valeurs et de l'autorité au Rwanda
d'aujourd'hui
Valeurs dans le contexte africain et international
Valeurs Communes et valeurs divergentes au sein de la
société rwandaise
• Communication 1 50
Introduction, Méthodologie, et contenu du document :
«Inventaire et Evaluation des activités menées au
Rwanda en matière de culture de paix (1994-1997)
• Communication 2A 54
«Inventaire et Evaluation des activités menées au
Rwanda en matière de culture de paix (1994-1997)
• Communication 2B 60
«Inventaire et Evaluation des activités menées au
Rwanda en matière de culture de paix (1994-1997)
• Shared values in Rwanda 67
Pro-Femmes/Twese Hamwe 70
Procès-verbal de clôture de la Conférence 72
1
2
3
7
6
11
13
15
23
23
24
26
28
33
41
46

ANNEXES
Programme de la conférence
- Version Française
- English Version
Liste des Participants
Cérémonie d'Ouverture
Dr. Michael Schlüter
Research Director of NPI
Ignace Sanwidi
Spécialiste du Programme Breda,
UNESCO, Dakar
Ministre de MIJESCAFOP
Discours de clôture
Dr. Michael Schlüter
M. Nuredin Satti
Ministre de MIJESCAFOP
Election du Bureau
Adoption de l'ordre du jour et du
calendrier des travaux
Rapports des Activités des Journées du
6 au 8/10/98
Welcome Speech
Discours de Bienvenue
Discours de Bienvenue
I. Closing speech
II. Allocution
III. Allocution
84
89
92
92
94
96
99
100
102
105
105
106

ARFEM
ARJ
ASOFERWA
AVP
CAP
CCDFP
CICR
CLADHO
CNRU
CPDFP
GTZ
HCDH
ICTR
IRST
MIGEFASO
MIJESCAFOP
MINEDUC
MINIFOR
MININTER
NPI
ONAPO
ORINFOR
PVK
RDC
TROCAIRE
UNDP
UNESCO
UNHCR
UNICEF
UNR
YMCA
ABBREVIATIONS
Association Rwandaise des Femmes des Média
Association Rwandaise des Journalistes
Association de Solidarité des Femmes Rwandaises
Association des Volontaires de la Paix
Campagne action pour la paix
Centres communaux de développement et de formation
professionnelle
Comité International de la Croix Rouge
Collectif des Ligues et Associations de Défense des Droits de
l'Homme
Commission Nationale Rwandaise pour l'UNESCO
Centres préfectoraux de développement de formation professionnelle
Coopération Allemande
Haut Commissariat des Droits de l'Homme
International Court Tribunal of Rwanda
Institut de Recherche Scientifique et Technique
Ministry of Gender, Family and Social Affairs
Ministry of Youth, Sports, Culture and Training
Ministry of Education
Ministry of Information
Ministry of the Interior
Newick Park Initiative
Office National pour la Population
Office Rwandais de l'Information
Préfecture de la Ville de Kigali
République Démocratique du Congo
Nom d'une ONG
United Nations Development Programme
United Nations Educational, Scientific and Cultural Organisation
United Nations High Commissioner for Refugees
United Nations Children's Fund
Université Nationale du Rwanda
Young Men Christian Association
1

2
AVANT-PROPOS
Le présent Rapport Général constitue l'aboutissement d'apports d'origines
diverses: Représentants du Gouvernement du Rwanda, du Corps diplomatique accrédité à
Kigali, d'Agences du Système des Nations Unies, d'Organisations Non gouvernementales
Internationales et Nationales, des Professeurs de l'Université Nationale du Rwanda, des
chercheurs à l'Institut de Recherche Scientifique et Technologique, des Confessions
Religieuses et du secteur des médias.
Le projet de la « Conférence sur les valeurs partagées » trouve son cadre dans
la promotion d'une culture de paix, qui vient elle-même à point nommé, après une guerre et
des massacres politiques ayant culminé dans le sommet paroxystique du génocide.
« La conférence sur les valeurs partagées pour la promotion d'une culture de
paix au Rwanda» s'est voulue comme un moment fort d'identification et d'analyse de ce qui
détermine le système des valeurs sociales, dans le contexte spécifique d'une période postgénocide.
La Conférence s'est par ailleurs voulue comme un temps tout autant fort pour
l'élaboration et la consolidation de valeurs partagées.
Accroître une compréhension collective des préconditions qui doivent être
réunies afin qu'une culture de paix et de confiance ait la possibilité de se développer,
analyser les sources d'autorité et des valeurs qui influent sur la société rwandaise
d'aujourd'hui, prendre conscience des distinctions, des composantes communes qui existent
entre et au sein des différentes couches du peuple rwandais, explorer les voies et moyens de
promouvoir, d'une manière plus efficace, les valeurs partagées au sein de la société civile
d'une part (monde des affaires, médias, églises, organisations féminines, etc.) et du
Gouvernement d'autre part, par les institutions qu'il contrôle (écoles, tribunaux, hôpitaux,
etc.), la panoplie d'objectifs est là, alors que se trouve clairement indiquée la visée d'une
culture qui s'inscrit dans la durée, pour se retrouver à effets multiplicateurs.
C'est le lieu d'exprimer toute la gratitude du Gouvernement Rwandais à tous
ceux qui, à des degrés et à des titres divers, auront contribué au succès de la Conférence.
Il sera cité, entre autres USAID, ROYAL DUTCH EMBASSY, SUISSE
EMBASSY, l'UNESCO et le NPI (Newick Park Initiative).
Le Gouvernement Rwandais s'engage pour sa part à assurer le suivi des
Recommandations issues de la « Conférence sur les valeurs partagées pour la promotion
d'une culture de paix », en coopération notamment avec toutes les institutions nationales et
internationales qui ont été à son origine et à son plein succès.

A. RECOMMANDATIONS A CARACTERE GENERAL :
I. AU GOUVERNEMENT RWANDAIS.
1. Le développement d'un vaste programme national d'éducation pour une culture de paix
par la mise en place d'une structure nationale de coordination, à travers notamment un
Institut de la Paix.
2. La promotion d'un Etat de Droit.
3. La préparation et la formation de la classe politique pour les besoins d'un leadership de
haute qualité.
4. L'établissement d'un code d'éthique, des mécanismes de succession et de passation de
pouvoir.
5. L'adoption par les hommes politiques d'un Projet de Société dont le programme serait
impérativement suivi à tous les niveaux.
6. La réhabilitation des travaux communautaires dans les collectivités locales.
7. La réinstallation, adaptée, du rituel de la Fête des Prémisses = Umuganura, pour la
dimension du partage social qu'elle véhiculait.
8. Réhabilitation d'une culture de la vérité, de la parole donnée et du serment.
9. Intégration de la jeunesse et de la femme rwandaise à la gouvernance démocratique.
10. Organiser un débat national regroupant tous les intervenants en matière de culture de paix
suivi d'un plan d'action pour la promotion d'une culture de paix.
11. Organiser des activités pour la célébration de l'an 2000, Année Internationale de la
Culture de la Paix.
12. Soutenir les associations de personnes âgées comme trésors humains vivants.
13. Consolider la politique de renforcement du pouvoir économique de la population.
14. Renforcer le noyau familial, cellule de base pour une éducation aux valeurs partagées.
15. Adaptation de moyens, méthodes et institutions traditionnelles de prévention, de
résolution de conflits et de consolidation de la paix à l'issue des situations de conflits
(ex : GACACA).
16. Disponibiliser les moyens de lutte contre l'ignorance et l'analphabétisme par l'éducation.
17. Concevoir une politique claire et des mécanismes efficaces de prévention et de résolution
de conflits dans la sous-région.
18. Donner les moyens à la création, à la production, à la promotion et à la circulation des
produits culturels des valeurs partagées.
19. Création de structures d'administration qui favorisent la tolérance et contrent la dérive
ethnique.
20. Conception d'un système politique en profondeur culturelle.
II. A L'ADRESSE DES BAILLEURS DE FONDS
Les participants à « La Conférence sur les valeurs partagées pour la promotion d'une
culture de paix au Rwanda » en appellent aux bailleurs de fonds pour le financement du
programme d'action opérationnel issu de «La Conférence sur les valeurs partagées» dans le
cadre du contexte post-génocide que vit le Rwanda.
III. A L'ADRESSE DE L'UNESCO ET AU PNUD
1. La création d'une Chaire UNESCO pour la culture de la paix à l'Université Nationale du
Rwanda.
2. Les participants invoquent la mission essentiellement éthique de l'UNESCO pour
solliciter son expertise et son financement, aux fins de venir à bout de la culture du
génocide au Rwanda et dans la sous-région.
3

4
3. La création d'une unité de culture de paix au Bureau de l'UNESCO de Kigali.
4. La contribution à la mise en place d'un Institut pour la Paix au Rwanda par la
collaboration entre le Gouvernement Rwandais, le PNUD et l'UNESCO.
IV. A L'ADRESSE DE N.P.I.
Les participants à la Conférence encouragent le N.P.I. à poursuivre de l'action
entreprise au Rwanda, et demandent à cette O.N.G. de mobiliser l'opinion et les moyens en
Angleterre et en Grande Bretagne pour l'assistance au Rwanda.
V. LES AGENCES DE DEVELOPPEMENT
Prendre en considération le cadre d'orientation des valeurs partagées dans
l'élaboration de politiques et de projets d'intervention. Les agences de développement
doivent veiller à 1 'application dans leurs mandats particuliers du principe des valeurs
partagées et d'efforts convergents.
B. RECOMMANDATIONS SPECIFIQUES
Des recommandations spécifiques ont été émises dans le sens de propositions
concrètes pour un programme opérationnel d'action en vue du développement des valeurs.
I. LE SECTEUR DES MEDIAS.
1. Assurer la formation des journalistes à la profession et à la culture de la paix et appuyer
les médias dans leur rôle pour l'établissement et la consolidation d'une culture de paix.
2. Doter les organes officiels et la presse privée de moyens appropriés pour l'entreprise de
la culture de la paix.
3. Assurer plus d'impulsion à la Maison de la Presse.
4. Mettre en place une Loi sur la Presse au Rwanda.
5. Exonérer, selon la Convention de Naples de 1987, ratifiée ou à ratifier, les entreprises
fabriquant des produits de culture dont l'information.
II. LE SECTEUR DE L'EDUCATION ET DE LA CULTURE.
1. Intégration de l'éducation à la paix dans les cursus scolaires aux trois paliers du système
éducatif rwandais.
2. Intégration de la dimension culture de paix dans l'éducation non formelle, notamment
dans les campagnes d'alphabétisation.
3. Création d'un cadre formel pour la restitution de la vérité scientifique sur l'histoire du
Rwanda.
4. Institution de mécanismes de sanction positive en faveur des hommes de tolérance au
Rwanda.
5. Identification et réhabilitation des valeurs positives de la culture rwandaise pour la
promotion d'une culture de paix.
6. Introduction généralisée d'un cours d'éthique de culture rwandaise.
7. Conception d'une Charte Culturelle du peuple rwandais.
8. Formation de formateurs à la culture de la paix.
9. Sensibiliser les générations actuelles sur leurs responsabilités vis-à-vis des générations
futures.
10. Sensibilisation des Rwandais sur l'égalité des sexes et instauration de mécanismes à cet
effet.

11. Mener une étude comparative sur le génocide pour prévenir le génocide.
12. Construction de MEMORIAUX DU GENOCIDE.
III. LES ORGANISATIONS SOCIALES (ex : Associations féminines)
1. Réhabilitation physique, matérielle et morale des rescapés du génocide et des massacres.
2. Un soutien multiforme privilégié aux associations féminines dans leur campagne pour la
paix.
3. Révision du code de Loi régissant les droits de la femme pour le rétablissement de sa
dignité.
IV. LES CONFESSIONS RELIGIEUSES
Après l'échec constaté de l'Eglise, les participants recommandent une approche plus
humaine, plus près du peuple, par la vertu et par la vérité.
Le consensus est établi quant aux valeurs suivantes, du foyer positif de la culture rwandaise
1. Ubuzima
2. Ubutwari
3. Ubumanzi
4. Ukuri
5. Ubucuti
6. Ubwuzu
7. Amahoro
8. Urugwiro
9. Ubwende
10. Ubwenge
11. Umutima
12. Urukundo
13. Ihirwe/amahirwe
14. Uburere
15. Umugisha
16. Ubumwe
17. Ubupfura
18. Ubwitange
19. Ubuntu
20. Amajyambere
21. Ikoranabuhanga
22. Ubworoherane
23. Inyangamugayo
24. Ubutabera
25. Ubufatanye
26. Ubwizerane
27. Ubushishozi
28. Ikinyabupfura
29. Ikibonezamvugo
30. Kwihangana
31. Ubumuntu
la vie
héroïsme
noblesse de corps et d'esprit
le culte de la vérité
l'amitié
l'affection, la sympathie
la paix
la convivialité
l'enthousiasme à ....
la sagesse, l'intelligence, la connaissance, l'habileté
le cœur, l'âme, l'esprit
l'amour
le bonheur, (la chance)
l'éducation
la bénédiction (la chance)
L'unité
la noblesse de cœur, dignité
L'abnégation
la générosité
le progrès, le développement
Technologie
Tolérance
Probité
Justice, équité
Solidarité
confiance
sagacité, perspicacité
politesse, courtoisie
langage approprié
Patience
Humanisme
5

6
Quelques valeurs négatives, à éviter :
1. Ishyari
2. Kwikubira
3. Ubugugu
4. Kwironda
5. Ikinyoma
6. Ubugwari
7. Ubwoba
8. Ubujiji
9. Ubutiriganya, amatiku
10. Ubutindi
11. Ubugome
12. Ubuhemu
13. Ubusambo
14. Inda nini
15. Ubute= ubunebwe
16. Ubunnyeteri
: la jalousie
: égoïsme
: avarice
: népotisme
: mensonge
: lâcheté
: la peur
: Ignorance
: intrigue
: perversité
: méchanceté
: trahison, félonie
: gourmandise
: gloutonnerie
: paresse, fainéantise
: mollesse
17. Amacakubiri = Umwiryane : division
18. Umushiha
: hargne
19. Inambu
: cupidité
20. Uburumbo
: mauvaise éducation
21. Ubwambari
: fanatisme
22. Inyangabirama
: cynisme
23. Ubukene
: pauvreté
24. Ubuswa
: bêtise
25. Ubuhararumbo
: brutalité

A. GENERAL RECOMMENDATIONS
I. TO THE GOVERNMENT OF RWANDA
1. To develop a comprehensive national educational programme for the culture of peace, by
putting in place a national co-ordination structure, in particular through the establishment
of an Institute of Peace.
2. To promote the Rule of Law
3. To prepare and train political cadres, in order to have a high quality leadership.
4. To establish a code of ethics and mechanisms for succession and transfer of power.
5. To make the politicians adopt a project of society, whose programme must be
implemented at all levels.
6. To rehabilitate community based work at local levels.
7. To restore and readapt the ritual of the Feast of Premises - Umuganura - in order to
convey the social sharing message.
8. To rehabilitate the culture of truth, of the word given and the oath taken.
9. To integrate the youth and the Rwandese women into democratic governance.
10. To organise a national debate involving all categories of people concerned with the
culture of peace, and elaborate a plan of action for the promotion of a culture of peace.
11. To organise activities designed to celebrate the year 2000, proclaimed the International
year of the Culture of Peace.
12. To support associations of the aged like, « Trésors Humains Vivants ».
13. To strengthen the politcal power of economic empowerment of the population.
14. To reinforce the family nucleous which constitutes the basis for an education with share
values.
15. To adapt traditional means, methods and institutions of preventing resolving conflicts and
consolidating peace where conflicts arise (e.g. gacaca).
16. To avail means for the eradication of ignorance and illiteracy through education.
17. To set up a clear policy and effective mechanisms for the prevention and resolution of
conflicts in the subregion.
18. To provide means for the creation, production, promotion and circulation of cultural
products of shared values.
19. To create administrative structures that encourage tolerance and counteract ethnic
divisions.
20. To establish a political system that is deeply cultural.
II. TO DONORS
The participants at the « Conference on Shared Values for the promotion of the culture of
peace in Rwanda » call on the financial donors to support an operational programme of action
emanating from the Conference on Shared Values in the post-genocidal context in which
Rwanda is in today.
III. TO UNESCO AND UNDP
1. To create a UNESCO chair for the culture of peace at the National University of Rwanda.
2. The participants call upon, in particular, the ethical mission of UNESCO to give its
expertise and financial contribution in order to bring to an end the culture of genocide in
Rwanda and the sub-region.
3. To create a unit of culture of peace at the office of UNESCO in Kigali.
4. To contribute to the establishment of an Institute of Peace in Rwanda in collaboration
with UNDP-UNESCO.
7

8
IV. TO NPI
The participants at the conference encourage NPI to pursue the action undertaken in Rwanda,
and request this NGO to mobilise the opinion and the means in England and Great Britain
designed to assist Rwanda.
V. TO DEVELOPMENT AGENCIES
To take into consideration the shared values during the elaboration of policies and
intervention policies. The development agencies must ensure in their specific mandates that
the principle of shared values is respected and relevant efforts are put in.
A. SPECIFIC RECOMMENDATIONS
Specific recommendations were made in the framework of concrete proposals for an
operational programme of action with the view of developing values.
I. TO THE MEDIA SECTOR
1. To ensure that the journalists are professionnally trained to the culture of peace and to
support the media in their endeavour to restore and consolidate the culture of peace.
2. To provide the official organs of the private press with the appropriate means to establish
the culture of peace.
3. To ensure more impulse at the Press House.
4. To put in place a law on the press in Rwanda.
5. To exonerate, according to the Convention of Naples 1987, ratified companies producing
cultural products including information.
II. SECTION TO THE EDUCATION OF CULTURE SECTOR
1. To integrate the culture of peace in the schools at the three levels of the Rwandese
education system.
2. To integrate the dimension of the culture of peace in informal education, especially in
literacy campaigns.
3. To create a formal forum for the restitution of the scientific truth of Rwanda's history.
4. To institute mechanisms and positive sanctions in favour of the tolerant people in
Rwanda.
5. To identify and rehabilitate the positive values of the Rwandese culture, for the
promotion of a culture of peace.
6. General introduction of ethics as a subject of the Rwandese culture.
7. To set up a cultural charter of the Rwandese people.
8. To train trainers of the culture of peace.
9. To make the present generation aware of their responsibilities regarding the future
generations.
10. To make Rwandans aware of gender equality and put in place mechanisms to that effect.
11. To carry out a comparative study of genocide to prevent genocide.
12. To construct genocide memorials.
III. TO SOCIAL ORGANISATIONS ( e.g. Women's Associations)
1. To rehabilitate physically, economically and morally the survivors of genocide and
massacres.

2. To give all forms of support to Women's Association in their campaign for peace.
3. To revise the code of law governing the rights of women, for the restoration of their
dignity.
IV. TO RELGIOUS INSTITUTIONS
After the churches acknowledged their failure, the paricipants recommend a more humane,
closer approach to truth and virtue.
A consensus was established on the following values, which are positive values in the
Rwandese culture :
1.
2.
3.
4.
5.
6.
7.
8.
9.
10.
11.
12.
13.
14.
15.
16.
17.
18.
19.
20.
21.
22.
23.
24.
25.
26.
27.
28.
29.
30.
31.
Negat ive values :
1.
2.
3.
4.
5.
Ubuzima
Ubutwari
Ubumanzi
Ukuri
Ubucuti
Ubwuzu
Amahoro
Urugwiro
Ubwende
Ubwenge
Umutima
Urukundo
Ihirwe/amahirwe
Uburere
Umugisha
Ubumwe
Ubupfura
Ubwitange
Ubuntu
Amajyambere
Ikoranabuhanga
Ubworoherane
Inyangamugayo
Ubutabera
Ubufatanye
Ubwizerane
Ubushishozi
Ikinyabupfura :
Ikibonezamvugo
Kwihangana
Ubumuntu
Ishyari
Kwikubira
Ubugugu
Kwironda
Ikinyoma
life
heroism
bravery of the heart
truth
friendship
kingly concern
peace
gentleness
will /desire
wisdom /skill
heart / soul/ spirit
love
happiness / good luck
upbringing / education
blessing
untiy
nobility / dignity / simplicity
self- sacrifice
grace / generosity
progress, developement
technology
tolerance
integrity
justice / fairness
solidarity / interdependence
trust
shrewdness
politeness, curtesy
appropriate language
patience
humanisme
: jealousy
: selfishness
: misery
: népotisme
: telling lies
9

10
6.
7.
8.
9.
10.
11.
12.
13.
14.
15.
16.
17.
18.
19.
20.
21.
22.
23.
24.
25.
Ubugwari
Ubwoba
Ubujiji
Ubutiriganya, amatiku
Ubutindi
Ubugome
Ubuhemu
Ubusambo
Inda nini
Ubute = ubunebwe
Ubunnyeteri
Amacakubiri = Umwiryane
Umushiha
Inambu
Uburumbo
ubwambari
Inyangabirama
Ubukene
Ubuswa
Ubuhararumbo
cowardice
fear
ignorance
intrigue
perversity
malice / wickedness
betrayal / treason
gluttony
glutonny
laziness, idleness
feebleness
division
surly disposition
guilt
bad education
sectorianism
cynicism
poverty
incompetency
brutality

INTRODUCTION
Le concept de culture de la paix constitue comme le recèle l'expression, un élément
de la culture. Et au titre de concept, il se situe au tout premier niveau de la culture, car comme
on le sait, la culture a trois niveaux, à savoir :
1. Le niveau des idées, des concepts et des valeurs ;
2. Le niveau des institutions culturelles ;
3. Le niveau de l'expression et du folklore.
« La Conférence sur les valeurs partagées pour la promotion d'une culture de paix au
Rwanda » s'est donc voulue la voie royale s'il en fut, pour la promotion d'une culture de paix
au Rwanda.
En témoigne l'éventail thématique qui en a constitué l'ossature :
1. Les valeurs
2. L'histoire d'une culture de paix au Rwanda
3. Les conditions requises pour les valeurs et une culture de paix au Rwanda
4. Les sources des valeurs et de l'autorité au Rwanda
5. Les valeurs dans le contexte africain et international
6. L'importance des valeurs communes et des valeurs différentes au Rwanda
7. Inventaire et Evaluation des activités menées au Rwanda de 1994 à 1997
•8. Les valeurs partagées au Rwanda
9. Le rôle des citoyens, des Confessions Religieuses et du Gouvernement pour la promotion
des valeurs.
10. Propositions en vue du développement des valeurs.
Le contexte spécifique du Rwanda, qui est un contexte post-génocide a justifié plus
que ces simples axes de réflexion. Il s'est agi pour «la Conférence sur les valeurs partagées»
comme d'une exploration, d'une ascension aux valeurs, pour constituer dans les valeurs
partagées le foyer de la culture.
C'est à ce prix, et à ce prix seulement, que la culture en général, et la culture de la
paix tout singulièrement, jouera dans ce Rwanda nouveau, tout son rôle constitutif,
constructif, créatif et restituer, en plénitude une humanité momentanément perdue.
Exploration des valeurs partagées, dans une vision sphérique de toute la population
rwandaise, à travers toutes les veines de sa gangue sociale. Est-il un aspect qui ait été oublié
sur l'échelle des valeurs stricto sensu ?
• Pourquoi la nécessité des valeurs ?
• Conséquences de la destruction des valeurs
• Pratiques, us et coutumes liés à la culture de la paix dans le passé.
• Absence de conflit militaire et culture de paix.
• Genèse du génocide
• Projets, Programmes et Activités de culture de paix de 1994 à 1998.
• Sécurité des personnes et des biens
• sécurité économique
• Equité et justice. Un système judiciaire pénal transparent et juste
• Droit à la propriété sur la terre
• Sens d'appartenance, d'identité et de statut
11

12
• Chefs de familles, de communautés, autorités ecclésiastiques, autorités politiques,
administratives, autorités informelles.
• Valeurs acquises pour la vie et valeurs contingentes
• Affectation des valeurs suite à la pression exercée par la croissance
démographique sur les potentialités agricoles des terres
• Instabilité et tensions sous-régionales et incidences au Rwanda
• Mirage de l'Occident sur nos valeurs
• Valeurs de consensus et valeurs différentes à travers :
* jeunes/vieux
* ruraux/citadins
* chrétiens/musulmans, catholiques/protestants
* éleveurs/agriculteurs
* anglophones/francophones
* régions du Rwanda.
• Les contributions d'éminents chercheurs, professeurs d'université, personnalités
politiques, hauts cadres des Ministères à vocation sociale, la diversité de
provenance et de sensibilité sociale des participants, c'est l'aune et la garantie
d'un programme d'action opérationnel qui est proposé au Gouvernement.

A. What are values?
I. INTRODUCTION BY NPI
WHY IS IT IMPORTANT TO TALK ABOUT VALUES?
TEN PROPOSITIONS
Dr. Michael Schlüter (Research Director, NPI)
1. Values are beliefs or attitudes about what is important in life; they are a major
influence on speech or behaviour. Values are not vague, abstract notions. They
change the way people relate to each other. For example, a value like 'justice' influences
the way society treats offenders and victims. Values influence what a person says in
public and in private.
2. Values may be instrumental or intrinsic. The term 'instrumental values' refers to those
things which we treat as important because they lead to something else - e.g. economic
development, food security, employment. Intrinsic values are those things we value for
themselves - e.g. love, honesty, truth, fulfilment, beauty. We can divide values into three
categories - moral, social and aesthetic. Here we are focusing on intrinsic and social
values, which obviously must have moral content.
A. Why do values matter?
3. Values influence personal relationships which are the key to identity, purpose and
meaning in a person's life. It is through a person's relationships that they identify who
they are, what they should do with their lives and what life is for. For those of Christian
faith, the most important relationship should be the personal relationship with God, and
all other relationships are derived from and influenced by that one. Values - whether
derived from religion, family, ethnic group, education or elsewhere - give content to what
a person understands to be right behaviour towards other people.
4. Values determine the well-being of a society. Whether people feel content with the
actions of their government, and whether they feel good about themselves, is determined
by the values they hold. If all Rwandans believe that their government is pursuing justice
after genocide, and they all agree what justice means, and where it is necessary to bring
in the extra dimension of mercy, they will be at peace with each other and with
themselves. If they know and share together goals for the future of the country, it will
give people hope and lead to a shared commitment to work hard for that purpose.
5. Values give content to social vision. Merely to seek economic development is to deaden
the soul of a nation. Art and design, poetry and music, education and social welfare
programmes all derive their inspiration from the dreams which a society holds for its
future. Martin Luther King had a 'dream' for the future of the United States. It was not a
dream of material wealth and prosperity. It was a dream that racial groups (black and
white) would live together in a relationship of harmony, peace and mutual respect. What
is the Rwandan dream for the future of their country?
A. Why shared values are necessary for peace
6. Certain values destroy peace. Not all values bring positive benefit to society. Some are
destructive. Examples might include a blind obedience to political leaders or
administration officials so that the ethical content of an instruction is not questioned, or
excessive loyalty to family which leads to nepotism in job recruitment, or excessive
13

14
loyalty to an ethnic or racial group which shows no respect for the dignity and
distinctiveness of those with different ethnic or racial identities.
7. Lack of shared core values can destroy peace. Not all values must be shared. People
may have different values on all kinds of issues without threatening peace - for example
whther Rwanda should concentrate on agricultural or industrial development. However,
without agreement on core values - e.g. respect for human life, resolving political
disputes through democratic processes rather than by violence, and giving every person
equal opportunity for health, education and employment - there will not be peace.
8. Without shared values there will be poor economic performance and political
instability. 'Social capital' embodied in values and networks of civil society is a
precondition for economic development and effective government. It enables people to
take risks in a social context, such as starting a new business. Where there is a low level
of trust, people will only co-operate in joint action where there are formal rules and they
can go to the courts for litigation.
Conclusions
9. Rwandans have many shared values. In an earlier NPI conference (August 1997), the
Secretary - General in the Ministry of Justice said there were certain common values
which should exist among all Rwandese. These were:
"(a) The country belongs to all of us
(b) Everyone is free to live here without discrimination
(c) We all want to see the country develop
(d) We do not have to love each other, but we can all work together to make the
country a good and reasonable place to live in."
Here is one starting point, or foundation to build on. There are many other common values
among Rwandese. They need to be identified and agreed upon publicly.
10. Values in any society must be discussed openly and honestly. In 1980 the USSR was
a world power. In 1998 it is only a regional power. How is such a decline possible? A
key issue was the failure to allow public discussion of the values and policies the
government was pursuing, the pressure built up internally until the lid blew off. Public
discussion of values needs to take place in the media, educational institutions, civil
society, and in government departments. Without such debate, there is always the danger
of internal explosion: with debate and consensus on values there is the promise of peace,
and the foundation for economic growth and development.

INTRODUCTION PAR NPI
POURQUOI EST -IL IMPORTANT DE DISCUTER DES VALEURS HUMAINES?
DIX PROPOSITIONS
Dr. Michael Schlüter (Directeur de Recherches, NPI)
A. Qu'est-ce que les valeurs?
1. Les valeurs c'est qu'on croit ou bien les attitudes vis-à-vis de ce qui importe dans la
vie. C'est une influence majeure pour ce qui concerne la parole d'un homme ou son
comportement. Les valeurs ne sont pas des notions vagues ou abstraites. Elles modifient
la manière dans laquelle les gens se rapprochent les uns des autres. Par exemple, une
valeur comme la justice a des conséquences dans le traitement de ceux qui offensent les
autres... Comment un Gouvernement traite ceux qui sont accusés de crimes. Les valeurs
importent pour ce qu'on dit ouvertement ou de façon privée.
2. Les valeurs peuvent être ou intrinsèques ou visant une fin. Le terme visant une fin fait
référence à ce que nous estimons être important, parce qu'il nous conduit ailleurs - par
exemple, vers un développement économique, la sécurité alimentaire, l'emploi. Les
valeurs intrinsèques sont celles qui se justifient en elles - mêmes; l'amour, la sincérité, la
vérité, la beauté, accomplir dans la vie ce que nous voulons faire. Nous pouvons les
mettre en trois catégories - morales, sociales, et esthétiques. A cet égard, nous mettons en
relief les valeurs intrinsèques et sociales qui doivent comprendre un contenu moral.
B. Pourquoi les valeurs sont-elles importantes pour nous?
3. Les valeurs exercent une influence sur les rapports personnels qui sont comme une
clef pour l'identité, le but, le sens de la vie même de qui que ce soit. C'est à travers
des rapports personnels qu'on identifie un homme, qui il est, ce qu'il devrait faire avec sa
vie et pourquoi il existe. Pour ceux qui ont la foi chrétienne, le rapport fondamental, c'est
le rapport personnel avec Dieu. Tous les autres rapports découlent de celui-là et subissent
son influence. Les valeurs - tirées de la religion, de la famille, du groupe ethnique, du
niveau d'instruction ou même d'ailleurs - toutes donnent le sens à l'optique qu'a une
personne vis-à-vis d'un comportement correct envers les autres.
4. Les valeurs déterminent le bien-être d'un groupe social. Si la population se contente
des actes de son Gouvernement, si elle se contente de sa propre identité, tout est décidé par
les valeurs acceptées. Si tous les Rwandais croient dans la justice de leur Gouvernement,
suite au génocide, et si tout le monde est d'accord pour cette justice, ils seront en paix les
uns avec les autres, chacun avec lui-même. S'ils connaissent, s'ils partagent les buts pour
l'avenir de leur pays, alors la population gagnera de l'espoir et tout le monde s'engagera à
travailler avec acharnement vers ce but.
5. Les valeurs incorporent une vision sociale. Une simple recherche du développement
économique sans autre chose est équivalent au suicide de l'âme nationale. L'art, la poésie,
la musique, l'éducation, le programme du bien-être social, tous trouvent leur inspiration
dans les rêves qu'a cette société pour son avenir. Martin Luther King avait un rêve pour
l'avenir des Etats-Unis. Ce n'était pas un rêve de la richesse matérielle mais plutôt un
rêve ou les groupes ethniques (Noirs et Blancs) vivraient ensemble dans un rapport
d'harmonie, de paix et de respect mutuel. Quel est le rêve rwandais pour l'avenir de leur
pays?
15

16
La raison pour laquelle les valeurs partagées sont nécessaires pour la paix.
6. Certaines valeurs détruisent la paix- Ce n'est pas toutes les valeurs qui amènent à un
bienfait pour la société. Certaines sont destructrices. On pourrait citer l'obéissance
aveugle aux chefs politiques ou aux agents administratifs. On ne met pas en cause le
contenu moral de tel ou tel ordre. Avec la loyauté envers un groupe ethnique ou racial une
loyauté excessive envers la famille qui mène au népotisme pour le recrutement à
l'emploi... il n'y a pas de respect pour ceux qui appartiennent aux autres ethnies.
7. Le manque de ces valeurs de base partagées peut détruire la paix. Ce n'est pas toutes
les valeurs qui sont à partager. Pour de nombreuses questions, les gens ont des valeurs
différentes sans que la paix ne soit menacée. Par exemple, les ressources disponibles sontelles
à utiliser pour l'enseignement primaire ou secondaire? Le Rwanda devrait-il se
concentrer sur le développement agricole ou industriel? Y-a-t-il une égalité pour toute
personne en ce qui concerne la santé, l'éducation et l'emploi? Pourtant, sans accord pour
les valeurs de base à savoir: le respect de la vie humaine, la résolution des disputes
politiques par le moyen d'un processus démocratique plutôt que par la violence, sans cela,
il n'y aura pas de paix.
8. Sans la présence des valeurs partagées, il y aura un faible rendement économique
aussi bien qu'un manque de stabilité économique. Une condition préalable pour le
développement économique et un gouvernement efficace, c'est justement ce capital social
qui trouve son expression dans les valeurs et les réseaux de la société civile. Il permet aux
gens de prendre des risques dans un contexte social, mettons le lancement d'une nouvelle
entreprise commerciale. Là où la confiance est fort réduite, la coopération dans une
activité commune se fait seulement où il y a des règlements formels et où les gens ont le
droit de poursuivre des litiges dans les cours et tribunaux.
Conclusions
9. Les Rwandais partagent beaucoup de valeurs communes. Dans un colloque précédent
de la NPI (au mois d'août 1997), le Secrétaire Général au Ministère de la Justice a dit qu'il
y avait certaines valeurs communes qui devraient exister parmi tous les Rwandais. Cellesci
étaient :
"(a) Le pays appartient à nous tous.
(b) Chacun a la liberté de vivre ici sans discrimination.
(c) On veut tous voir le développement du pays.
(d) Il n'est pas obligatoire de s'aimer les uns les autres, mais nous sommes à même
de travailler ensemble, pour que le pays devienne un lieu d'habitation agréable."
Voici un point de départ possible, un fondement sur lequel on peut construire. Il y a
beaucoup d'autres valeurs que partagent les Rwandais. Il faut les identifier et s'y mettre
d'accord publiquement.
10. Dans n'importe quelle société, les valeurs sont à discuter ouvertement et
franchement. En 1980, l'URSS était une puissance mondiale. En 1998, elle est
simplement une puissance régionale. Comment un déclin pareil est-il possible? Un point
d'ordre-clef, c'est qu'on n'a pas permis le débat libre pour ce qui concerne les valeurs et
la politique suivies par le Gouvernement. Par conséquent, la pression interne s'était
renforcée jusqu'au point d'explosion! Ce débat public sur les valeurs doit se faire dans les
média, dans les instituts d'enseignement, dans la société civile, et dans les départements
ministériels. Sans un débat pareil, il y a toujours le danger d'une explosion interne; avec le
débat et le consensus pour les valeurs, il existe la promesse de la paix et un fondement du
développement et de la croissance économique.

II. L'HISTOIRE D'UNE CULTURE DE PAIX AU RWANDA
Philibert Kagabo, I.R.S. T.,Butare
Il faudra examiner les données historiques à la culture et aux valeurs au
Rwanda, et leur rôle dans la construction de la paix au Rwanda dans le passé.
1. Introduction :
Trois exemples de crises de sociétés et des solutions à y apporter.
1.1 Exemple d'une nation et le Sida.
L'organisme humain atteint de sida n'a plus de défense, il en est de même avec une
nation qui n'a plus de culture, elle est à la merci de toute agression.
1.2 Génocide juif et celui du Rwanda.
Après le génocide juif, les Israéliens sont partis pour faire leur nation, loin du lieu du
drame, ce n'est pas le cas des Tutsi du Rwanda.
1.3 La lutte contre l'esclavagisme a été menée non par les Blancs seulement, ou par les Noirs
mais par des hommes qui avaient un idéal commun de liberté.
2. Les éléments constructifs d'une culture.
1.1 Définitions
. Il existe plus ou moins 300 définitions de la culture.
Par exemple :
Ensemble des connaissances acquises ; instruction, savoir : une forte culture.
Ensemble des structures sociales, religieuses, etc., des manifestations intellectuelles,
artistiques etc., qui caractérise une société : la culture inca. (Larousse)
On pourrait se demander où se trouve la différence entre culture et civilisation ; à ma
connaissance, les deux notions ont presque une même signification.
Définition de civilisation :
Ensemble des caractères propres à la vie intellectuelle, artistique, morale et
matérielle d'un pays ou d'une société : civilisation grecque (Larousse).
2.2. Les grands courants anthropologiques historiques sur la culture
• l'évolutionnisme
• le diffusionnisme
• le fonctionnalisme
2.3 Les éléments constructifs d'une culture
2.3.1 La langue
Chaque peuple a une langue propre pour la communication entre ses membres. Nous
utilisons le Kinyarwanda pour tout le Rwanda ; qui est la seule langue pour les Tutsi-Hutu-
Twa. Elle est classée parmi les langues bantou de l'Afrique Centrale.
2.3.2. Environnement
Chaque peuple finit par établir un point d'équilibre avec son environnement, et chaque
individu y trouve son compte.
17

18
Exemple: Mes parents n'ont pas pu supporter l'exil en Europe après le génocide, ils sont
rentrés au pays plutôt accepter de partager le même environnement que les «interahamwe».
2.3.3 Histoire
Malgré les origines « différentes » des trois communautés qui composent le Rwanda, c'est la
participation à une même histoire qui a fini par faire un même peuple.
ex: de l'histoire du Royaume du Rwanda, écrite par l'Abbé KAGAME.
Voici la liste des monarques, avec les dates approximatives de leurs époques, basées sur la
moyenne de 30 à 33 ans par génération :
1.
2.
3.
4.
5.
6.
7.
8.
9.
10.
11.
12.
13.
14.
15.
16.
17.
18.
19.
20.
21.
22.
23.
24.
25.
26.
GIHANGA
Kanyarwanda I Gahima I
Yuhi I Musindi
Ndahiro I Ruyange
? Ndoba
? Samembe
Nsoro I Samukondo
Ruganzu I Bwimba
Cyilima I Rugwe
Kigeli I Mukobanya
Mibambwe I Sekarongoro I Mutabazi I
Yuhi II Gahima II
Ndahiro II Cyamatare
Ruganzu II Ndoli
Mutara I Nsoro II Semugeshi
Kigeli II Nyamuheshera
Mibambwe II Sekarongoro II Gisanura
Yuhi III Mazimhaka
Cyilima II Rujugira
Kigeli III Ndabarasa
Mibambwe III Mutabazi II Sentabyo
Yuhi IV Gahindiro
Mutara II Rwogera
Kigeli IV Rwabugili
Yuhi V Musinga
Mutara III Ch. Rudahigwa
1091-1112
1124-1115
1157-1180
1180-1213
1213-1246
1246-1279
1279-1312
1312-1345
1345-1378
1378-1411
1411-1444
1444-1477
1477-1510
1510-1543
1543-1576
1576-1609
1609-1642
1642-1675
1675-1708
1708-1741
1741-1746
1746-?
? - 1853
1853-1895
1895-1931
1931-1959
La succession des rois du Rwanda et leur rôle depuis Mutara I Semugeshi ± 1543-1576.
Mutara I Semugeshi et ses biru (détenteurs du code ésotérique) supprimèrent d'abord
sur la liste des noms royaux le nom de Ruganzu parce que vulnérable (les deux porteurs de ce
nom, à savoir Ruganzu I Bwimba et Ruganzu II Ndori avaient été tués par l'ennemi), celui
de Ndahiro parce que non seulement Ndahiro II Cyamatare avait été tué par l'ennemi, mais

aussi parce que ce dernier lui avait pris le tambour-emblème de la dynastie, et celui de Nsoro
parce que porté aussi au royaume du Bugesera. Ils établirent ensuite un cycle au cours
duquel cinq noms devaient se succéder de la manière suivante :
- Mutara ou Cyirima
- Kigeri
- Mibambwe
-Yuhi
Le rôle des rois n'était pas uniquement belliqueux mais souvent pacifique. Mutara et Cyirima
devaient se succéder après 4 règnes : cela veut dire que le successeur de Yuhi était de façon
cyclique soit Cyirima, soit Mutara.
Les rois portant les noms royaux de Cyirima et de Mutara étaient les rois de la paix et
étaient chargés d'assurer par des cérémonies dans le cadre du code ésotérique, la prospérité
économique, principalement bovine.
Les rois Kigeri et Mibambwe étaient des rois de l'expédition guerrière chargés
d'étendre le royaume par les conquêtes. Quant aux rois du nom de Yuhi, roi titulaire des
vaches, ils étaient chargés aussi d'assurer la pérennité de la dynastie, symbolisée par le feu
qui était entretenu de façon continue à la cour.
2.3.4 Organisation sociale
- L'organisation sociale du Rwanda était basée sur les clans.
HUTU
Sunga 86,23
Siindi 93,04
Ziigaba 93,62
Gesera 90,26
Nyiginya 57,50
Eega 78,22
Baanda 95,29
Cyaaba 85,74
Uungura 97,78
Shaambo 63,44
Tsobe 62,94
Kono 8,34
Ha 1,30
Shiingo 26,32
Nyakarama 39,95
Siita 48,44
Oongera 67,33
Eenengwe 75,00
TUTSI
13,62
6,71
6,12
9,16
42,
21,36
3,92
14,14
2,07
36,34
36,81
71,66
58,70
73,68
60,15
51,56
2,67
25,00
TWA
(Histoire des clans du Rwanda, par d'Hertefelt Marcel).
0,11
0,17
0,21
0,58
0,15
0,38
0,71
0,10
0,15
0,22
0,13
-
-
-
-
-
-
-
INCONNUS
0,40
0,08
0,05
-
0,08
0,04
0,08
0,02
-
-
0,12
-
-
-
-
-
-
~
Chaque individu appartenait à un clan et toutes les ethnies se trouvaient indistinctement
dans cette organisation.
Tout Rwandais se trouvait dans un des 18 clans. Cette organisation permettait à la distribution
des richesses par des dons, et surtout par des mariages et de connaître le statut social de
chaque individu.
19

20
- Le pacte de sang permettait à deux individus de créer des liens de solidarité privilégiés audelà
des clans et des régions.
2.3.5. Organisation politique.
Cette organisation était basée essentiellement sur les rôles de 3 chefs
• Chefs des terres
• Chefs de vaches
• Chefs d'armées.
et au sommet se trouvait le Mwami qui avait symboliquement tout le pouvoir sur ses sujets et
biens. De ce fait, il était au dessus des « ethnies » Twa-Hutu-Tutsi.
Ex : pour répondre à la crise des Touaregs ; ils ont utilisé la structure traditionnelle de la
chefferie. Niger, Mali, etc..
2.3.6. La religion dans l'intégration sociale au Rwanda.
2.3.6.1. Croyances
- Le Munyarwanda
croit en Imana, Rurema, Rugira, iyakare, mais c'est un Dieu Transcendant, pour s'en
approcher, il y avait des intermédiaires.
- Guterekera : le culte des ancêtres : Abazimu
abakurambere : bienveillants
abazimu : malveillants : causes des malheurs.
2.3.6.2. Kubandwa : Ryangombe
Tout Rwandais sauf le Mwami devait adhérer à ce culte. C'est une religion
égalitariste ; tout membre d'une ethnie devait avoir pour parrain quelqu'un d'une autre
ethnie. A l'offrande offerte à Ryangombe tous les assistants devaient communier = Gutonora
Dans le culte, tous les adeptes sont égaux ; les femmes aussi bien que les hommes
peuvent jouer le rôle de Ryangombe = l'incarner dans les actes et dans la tenue cérémoniale.
2.3.7. La Danse dans la vie Nationale
Principales danses :
2.3.7.1 Populaires - imbyino
- imidiho
- régionales : ikinimba (Ruhengeri)
imparamba (Gikongoro)
Inkaranka (Gisenyi)
impangaza (Cyangugu)
igicunda (Gisaka)
icumu (gushinga) : ex : Buganza, Rukaryi, Bugesera.
2.3.7.2. Intore - qualités
- souplesse
- adresse
- dans la vie nationale

- itorero recrute tout le monde sans considération sociale - même celui qui ne peut pas se
payer le séjour dans l'itorero, il est supporté par Umutware de la région.
- Caractéristiques
- compétition : Intore, c'est le meilleur. Pas seulement comme danseur mais il possède aussi
les autres qualités morales.
- Itorero.
On n'y fait pas seulement la danse, on y apprend l'art de la guerre : intore = ingabo y'igihugu
= il combat pour l'intégrité du pays et pour son expansion. C'est donc grâce à l'itorero que
le Rwanda a fait son unité et celle de sa population.
3. Conclusion
3.1. // faudra recourir le plus possible à sa culture pour sortir de la crise.
Ex : « Gacaca ».
3.2 Le génocide et la guerre ont détruit la cohésion sociale au Rwanda. La reprise d'une
vie commune normale exige le rétablissement d'anciens mécanismes et institutions de
régulation sociale et la mise sur pied de nouvelles bases de confiance mutuelle. La structure
sociale au Rwanda ancien pour régler les conflits, recourait à l'institution GACACA. Le
rétablissement de cette institution ne peut se passer comme il se faisait jadis, sans un élément
important dans la société : La Femme.
En effet, l'importance de la femme n'est pas uniquement sociale comme épouse et mère, elle
touche à toutes les dimensions de la vie. La femme tout en revendiquant ses droits sociaux et
politiques se présente comme partenaire privilégié dans la résolution des problèmes qui se
posent à notre pays. C'est pourquoi dans Gacaca, plate-forme idéale de gestion et de
règlement des conflits, la femme doit jouer un rôle de premier plan.
Mot de la fin :
Il a fallu une guerre pour arrêter le génocide, il faudra une volonté politique à la
hauteur des mêmes efforts pour refaire la nation.
21

22
3. QU'EST-CE QUE EN TRAIN D'ETRE FAIT POUR PROMOUVOIR UNE
CULTURE DE PAIX AU RWANDA ?
Communications de quelque partenaires sur la promotion de la culture de paix au
Rwanda
I. CONTRIBUTION DU MINISTERE DE L'EDUCATION PRESENTEE
Monsieur Kayisire Callixte
Directeur du Centre National de Développement des Programmes.
L'action du ministère de l'éducation en matière d'éducation a la paix de 1994 a 1998.
1. L'importance décision de relance des activités d'éducation et d'instruction à travers tout
le système éducatif comme puissante stratégie de Normalisation sociale et de pacification
progressive du pays, me semble en soi être la première action de taille à inscrire sur
l'ambitieux programme d'éducation à la paix initié par le Gouvernement d'Unité
Nationale à travers le Ministère de l'Education et les Ministères qui avaient dans leur
attributions l'éducation dès 1994.
2. La deuxième action non moins importante en matière d'éducation à la paix est sans aucun
doute la Conférence sur politique et la planification de l'éducation au Rwanda, organisée
à Kigali du 24 au 27 avril 1995 par les Ministères de l'Enseignement Primaire et
Secondaire et celui de l'Enseignement Supérieur qui avaient dans leurs attributions
l'éducation en collaboration avec l'UNESCO.
En effet, c'est cette conférence qui a véritablement posé les jalons d'un diagnostic
sérieux de l'éducation au Rwanda y compris le constat de non-éducation à la paix durant
de longues années qui ont procédé le génocide dans ce pays.
3. Dans les actes de cette conférence sur la politique et la planification de l'Education au
Rwanda, précisément au chapitre de la définition des missions à assigner à l'éducation, le
vide conceptuel qui prévalait en matière d'éducation à la paix a été comblé dans les
termes suivants :
« L'école dans le Rwanda nouveau doit former des hommes et des femmes libérés des
préjugés ethniques, régionaux, nationaux, religieux, imprégnés des droits de l'homme et
des devoirs de celui-ci envers les autres et la société. L'éducation sous toutes ses formes
doit contribuer à la promotion de la culture de la paix et mettre l'accent sur les valeurs
rwandaises et universelles de justice, de paix, de tolérance, de respect d'autrui, de
solidarité et de démocratie. Le programme de réconciliation souligne que le rôle de
l'éducation est de promouvoir un développement culturel national et authentique, axé sur
les meilleures valeurs de la culture rwandaise et se démarquant du culte de violence.
Toute forme de discrimination et de favoritisme doit être bannie dans tout le système
éducatif. La promotion doit s'appuyer uniquement sur les compétences de l'élève. Ceci
implique entre autres qu'une nouvelle loi organique sur l'éducation nationale ainsi que
d'autres textes légaux sur l'éducation soient adoptés en remplacement de la loi organique
n° 1/1985 ».
4. En ce qui concerne les programmes d'enseignement devant concrétiser ces missions
assignées à l'éducation, l'orientation donnée par la Conférence sur la politique et la
planification de l'éducation au Rwanda est la suivante : « les programmes doivent être
orientés vers l'éducation à la justice, à la paix et aux droits de l'homme. La refonte des

programmes doit prendre en compte l'impératif de réconciliation nationale et la nécessité
d'intégrer les rapatriés. La refonte doit viser l'adaptation des programmes aux besoins
actuels de formation de cadres et de professionnels. L'harmonisation des programmes et
des profils d'entrée et de sortie aux différents niveaux de formation doit également se
faire. Ceci implique que les examens, et surtout ceux de fin du cycle primaire, reflètent le
nouveau contenu des programmes. Pour garantir la qualité de la mise en œuvre de cette
refonte, il faut mettre un accent particulier sur la formation initiale et continue du
personnel enseignant ».
5. La mise en pratique des orientations données par la conférence sur la politique et la
planification de l'éducation au Rwanda à travers les programmes d'enseignement en ce
qui concerne particulièrement l'éducation à la paix est aujourd'hui chose faite au niveau
conceptuel et même méthodologique. En effet, en collaboration avec nos partenaires tels
que l'UNICEF, l'UNESCO, la Banque Mondiale et le Gouvernement Canadien, les
contenus d'enseignement en matière d'éducation à la paix ont été élaborés et intégrées
dans toutes les disciplines d'enseignement susceptibles d'accueillir les notions
essentielles d'éducation à la paix, aussi bien à l'enseignement primaire qu'à
l'enseignement secondaire.
6. Pour parachever cet ambitieux programme d'éducation à la paix, le Ministère de
l'éducation s'attelle également depuis 1994 à la formation initiale continue des
enseignants pour faire d'eux les artisans avertis de l'éducation à la paix. La valeur et
l'importance de ces programmes de formation initiale et continue des enseignants
transparaissent aussi bien dans la politique sectorielle du Ministère de l'Education que
dans son plan d'action 1998-2000.
La valeur et l'importance de ce programme d'éducation à la paix sont également perçues à
travers la panoplie de supports didactiques imprimés et non imprimés qui doivent sous-tendre
l'information et la formation sur et en éducation de la paix.
IL ASSOCIATION RWANDAISE DES JOURNALISTES
DEOMUSHAYIDI
Président de l'Association Rwandaise des Journalistes.
Les Médias Rwandais et la Culture de la Paix
A vrai dire, et sans prétention aucune, les médias rwandais, occupent une place
prépondérante dans la recherche d'une culture de paix. Les médias rwandais exercent-ils leur
rôle, de manière efficace, actuellement ? Sincèrement, nous sommes loin du compte !
Traumatisé par plusieurs années d'autoritarisme, dont l'apogée a été atteinte entre avril et
juillet 94, le peuple rwandais a encore des réflexes de peur, et se confie peu ou mal. Les
journalistes rwandais dans l'ensemble, se contentent de transmettre les directives du pouvoir,
sans oser en disséquer l'ossature, pour dégager l'essentiel de l'accessoire, promouvoir
l'urgence et préparer les esprits au changement.
Le sens de la cohésion et l'esprit de tolérance dont la tradition rwandaise pouvait
s'enorgueillir, ont perdu de leur sens. Les messages cryptés que l'on entend à la radio, que
l'on entrevoit à la télévision, portent hélas parfois une connotation négative, quant ils ne sont
pas tout simplement fatalistes. Il faudrait, dès à présent, que les médias rwandais,
s'approchent de la jeunesse, pour qu'elle nous livre ses espoirs. Les femmes, autre pan
important de la société, sont souvent tenues à l'écart des décisions importantes, et pour qui
connaît leur rôle important, c'est vraiment injuste !
23

24
La société a perdu aussi le sens du partage et celui de la modération. Les valeurs
intrinsèques des individus sont souvent ignorées, au profit des intérêts immédiats et
mercantiles.
La rumeur a pris des proportions accablantes, alors que la recherche de la vérité est
épinglée parfois comme un début de sédition. La fonction est souvent synonyme
d'appropriation. De son côté, le peuple, comme on dit, coincé entre les dures réalités
quotidiennes et parfois la négation pure et simple de ses droits, adopte un profil bas ou essaie
de se donner des airs de bonheur factice et volatile.
La mode et les sous-produits occidentaux ne nous épargnent pas non plus. Les
médias rwandais, pauvres, mal équipés et souvent amateurs, sont incapables de déchiffrer la
part du vrai et du faux dans ce qu'on appelle le progrès.
La tradition a elle aussi perdu de son panache car, à part les slogans pour soulager les
âmes perdues, la fracture est nette entre les exigences d'aujourd'hui et les acquis du passé.
Est-ce un constat d'échec ? Non - pas tout à fait ! C'est plutôt une contribution à la
RECHERCHE D'UNE CULTURE DE PAIX.
Je vous remercie.
///. L'ACTION DU MINISTERE DE LA FAMILLE, DU GENRE ET DES AFFAIRES
SOCIALES DANS LA PROMOTION D'UNE CULTURE DE PAIX AU RWANDA.
Venantie Mukarugomwa, Directrice de la Famille et du Genre.
I. Introduction
Créé en Avril 1992, et restructuré en mars 1997, le MIGEFASO a vécu, ensemble
avec les autres Ministères sociaux, un mandat articulé autour de 3 axes essentiels, à savoir :
1. La définition des actions pertinentes visant la réconciliation, la réhabilitation et la
protection de la population rwandaise.
2. L'instauration d'un cadre juridique permettant le développement intégré de toutes les
catégories de la population, plus spécialement les groupes vulnérables.
3. La conception d'une politique de développement socio-économique adéquate, centrée sur
l'autopromotion et la participation des populations à la base.
De façon particulière, le MIGEFASO a été chargé notamment :
1. D'éliminer toutes les causes d'inégalités basées sur les différences entre les hommes et
les femmes,
2. De concevoir des stratégies visant à corriger les erreurs et les inégalités consécutives à
des discriminations de toutes sortes.
3. De renforcer et d'améliorer le programme d'intervention, d'assistance et d'autodéveloppement
en faveur des groupes vulnérables (rescapés du génocide et des
massacres, indigents, handicapés, orphelins, veufs & veuves, réfugiés et déplacés,
personnes âgées etc.).

II. Actions entreprises en faveur la promotion de la paix
Dans le cadre spécifique de la recherche et du maintien de la paix, le MIGEFASO a
d'abord cherché à pénétrer ce concept de paix, qui, selon les Rwandais, ne signifie pas
seulement le silence des armes, mais renvoie à une signification beaucoup plus profonde et
beaucoup plus large. L'absence de paix réfère à la division, à la discorde, à l'égoïsme, au
manque de liberté d'expression et de marge d'action, n'avoir pas la paix, c'est aussi avoir le
coeur et l'esprit qui étouffent de douleur, d'inquiétude et de peur, d'ignorance et de misère,
de honte et de haine ...
L'absence de paix, c'est également :
• le manque de vérité et de sincérité, par la distorsion des faits, et la diversion de la
population manipulée.
• la politique des petits intérêts individuels et égoïstes ;
• le manque de justice ;
• la mauvaise gouvernance ;
• le manque de philosophie et de code de conduite
• la perte des valeurs humaines culturelles et sociales ;
• la consécration de la logique de tuerie et de destruction ;
• l'absence d'un projet de société, pour ne citer que ces quelques éléments.
Considérée sous ces angles, la paix est actuellement absente dans les coeurs des
Rwandais, elle est absente dans les ménages/familles rwandaises, dans la communauté locale,
et dans la nation. Les contradictions, les conflits et les violences sont chaque jour observés.
Face à ce combat, le MIGEFASO a initié des actions dans plusieurs secteurs de la vie en
relation avec son mandat.
Nous citerons notamment :
des actions de sensibilisation et d'éducation pour la lutte contre la violence à travers des
appuis spécifiques aux victimes de violences (physiques, morales et sexuelles).
=> projets d'appui psychologique et accompagnement social des victimes
=> distribution de médicaments aux femmes et filles dont la santé a été fragilisée par
suite de viols subis.
Programme d'éducation populaire, et de lutte contre l'ignorance, et contre
l'analphabétisme, passant par la mise en œuvre de la plate-forme d'action mondiale sur
les femmes de Beijing, l'organisation de la Conférence Panafricaine « Paix, Genre et
Développement », l'organisation et la célébration d'événements spéciaux comme la
Journée Internationale de la Femme, la Journée Mondiale de la Famille, la Journée de
l'Enfant Africain, la Journée de l'Alphabétisation, la Journée des Réfugiés, etc. Ces
événements constituent des occasions privilégiées pour réfléchir sur des thèmes variés de
réconciliation, de justice, de respect des droits de la personne, des valeurs de solidarité,
pour restaurer la dignité des familles, des femmes et des hommes.
Promotion socio-économique à travers des actions d'appui aux familles, aux associations
et aux groupements pour réaliser des activités génératrices de revenus. C'est dans ce
cadre qu'ont été mis en place des fonds communaux pour appuyer les femmes, les
rescapées, les orphelins dans leur scolarité etc ... Un fonds de garantie auprès des banques
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26
est également déposé pour soutenir l'entreprenariat, surtout pour les groupes dont l'accès
au système bancaire était limité dans le passé.
Aides matérielles et financières d'urgence, pour couvrir les besoins de première nécessité
des populations en situation particulièrement difficile.
=> assistance dans l'acquisition d'un logement décent
=> distribution de vivres
=> soutien des initiatives qui cadrent avec la réalité des groupes-cibles.
Initiation d'un projet de révision de la législation rwandaise pour qu'elle réponde au
principe de l'égalité. Le projet est très avancé. Il a été par ailleurs élaboré le projet de loi
instituant le livre 4 e m e du code civil de la succession, des régimes matrimoniaux et des
libéralités.
Mise sur pied de structures à la base et de mécanismes permettant une collaboration
étroite entre la communauté de base et les planificateurs de développement. Le
MIGEFASO vient d'institutionnaliser les structures organisationnelles des femmes, les
comités de développement social, et les points focaux pour l'intégration de l'approche
genre dans les programmes et projets de développement. Les deux premiers mécanismes
permettent une planification concertée entre les décideurs et la population-cible d'une
part, et constituent un cadre de rencontre pour échanger, se réconcilier, s'épanouir,
s'engager à prendre en main sa destinée et celle de la nation.
III. Perspectives
La lutte pour asseoir une véritable culture de la paix et restaurer les valeurs au
Rwanda n'est pas un objectif facile. Le processus est heureusement lancé, la volonté
politique est acquise, la population et les partenaires engagent des efforts visibles. Le
MIGEFASO continuera à renforcer les actions commencées, avec un accent particulier sur le
volet de l'éducation populaire, en vue d'arriver au changement des mentalités, et pourquoi
pas, des institutions en faveur de la paix et du développement.
IV. ASSOCIA TION DE SOLIDARITE DES FEMMES R WAND AISES A.S.B.L.
(ASOFERWA)
Je remercie les organisateurs de la présente Conférence de nous avoir accordé ce
moment si précieux afin d'exposer en bref les activités de l'ASOFERWA en matière de
Culture de la Paix dans notre pays.
En effet, Mesdames et Messieurs les participants, l'ASOFERWA (Association de
Solidarité des Femmes Rwandaises) est née après les tragiques événements de 1994, la
plupart de ses actions ont un cachet de réconciliation nationale et vous savez très bien qu'on
ne peut pas parler de réconciliation nationale en oubliant la culture de la paix.
C'est dans ce cadre que l'une de ses premières actions a été la construction d'un
Village de Paix baptisé « NELSON Mandela » dans la Commune Kanzenze, dans la
Préfecture de Kigali Rural. Les bénéficiaires de ces constructions sont des groupes
vulnérables constitués de veuves et d'orphelins victimes des malheureux événements de
1994, sans distinction d'ethnie ou de religion. L'ASOFERWA a jugé que cette action
bénéfique aux rescapés du génocide n'est pas suffisante pour la réconciliation nationale. C'est
dans ce cadre que d'autres actions en faveur de certains acteurs du génocide ont été initiés. Il
s'agit notamment de :

L'encadrement psychosocial des mineurs présumés coupables, hébergés actuellement
dans le centre de rééducation de Gitagata. Actuellement, ce centre héberge 365 mineurs,
les activités en cours sont axées sur la sensibilisation de la communauté rwandaise, sur
l'accueil des enfants dont la rééducation est terminée. Aujourd'hui, 75 mineurs ont été
réunifiés avec leurs familles, et 100 autres le seront très prochainement.
L'encadrement des nourrissons et leurs mamans dans toutes les prisons du Rwanda.
Actuellement, 465 nourrissons bénéficient des actions de l'ASOFERWA. Les actions
menées en faveur de ces nourrissons sont :
La mise à leur disposition d'un complément nutritionnel adapté à leur âge.
L'organisation de jeux afin de les sortir de l'isolement du milieu carcéral de leurs
mamans.
La recherche et la réunification familiale des nourrissons de plus de 3 ans.
Actuellement, plus de 98 nourrissons ont été réunifiés.
En ce qui concerne le conflit ethnique au Rwanda, l'ASOFERWA est en train de
mener une recherche sur la genèse et ses racines à travers tout le pays. Cela a pour but de
rechercher les voies et moyens de mettre en place une vraie politique de réconciliation
nationale.
Je vous remercie.
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4. PRECONDITIONS FOR SHARED VALUES AND A CULTURE OF PEACE.
Honorable Député Tito Rutaremara
(This record has been prepared from transcripts token during the conference. It is not a word
for word record of the speech.)
How can we make Rwandans human? If women can massacre their own husbands, then we
have gone beyond humanity. We need justice, and we need to discuss how we can make this
society democratic. Without democracy we can not have a culture of peace.
Introduction:
Rwanda's genocide has three unique characteristics:
1. It was very fast - in one month one million people were massacred.
2. It affected all people, therefore it was the most complete genocide. Either people
themselves, or their relatives, participated in the genocide, or are survivors of rape or
maiming. Everyone was affected. If you talk with Germans about their war, they will
say - it was not us, only the Gestapo who killed. But in Rwanda the population itself
killed, both in rural and urban areas. It was the worst genocide ever because members of
communities both caused and were victims of the genocide.
3. Fifty-six methods of killing were counted before the researchers stopped counting. If you
talk with Jews they speak of gas being used or of deportation - very mechanical methods
of torture - but in Rwanda there were so many methods.
The consequences of the genocide:
The country is deeply divided in two, between Hutu and Tutsi. No one looks at the other as
the genocidaire. Before we lived together as Rwandan - sharing the same culture, territory,
customs and laws. But now we are deeply divided - not physically, but philosophically. Our
country now has many orphans, widows, traumatised victims and people dying of AIDS.
Therefore, we need to find solutions if we want to create values of peace.
Preconditions for resolving these consequences and promoting shared values and a
culture of peace:
1. Security is necessary: Military and Administrative
We need security for our people and property. We all see it in the media - security is lacking.
The country is not politically organised, therefore we need military security. Temporarily we
need the military to maintain internal security. Those who work in peacekeeping need to use
the army, as the situation is not yet normal. Later, we will be able to return peacekeeping to
the peacekeepers. We need force and weapons, but alone they are not enough - we also need
administrative security in the communes to provide security at a domestic level.
We need the population to organise itself against infiltration. They need to defend
themselves. Patrols are needed at night as a defence against infiltrators. They need to be
armed in case of attack, and able to send a message to the police or army camp for back-up.
The population should organise itself in this manner - even if that means using weapons. For
the security of the country violence needs to be made democratic. The entire population
needs to feel that they are being defended by the army. The army should report to the
political leaders, who should provide their food and weapons and pay their salaries. Before
colonial times all men had a weapon - e.g. spears. It wasn't extraordinary. Now when we
see a gun we are afraid. The population need to see that weapons are a means of defence
rather than attack.

2. Rwanda's Socio-Economie problems must be resolved:
95% of our society are farmers. To feed this population agriculture needs to be rehabilitated
- with seeds, fertilisers and through modernising Rwandan agriculture. For centuries we
have talked about it, but have not succeeded. My great-grandfather used to use a hoe he had
made - now we have to buy hoes from the outside - we are moving backwards. We need to
be able to feed the population, but in Rwanda we are not capable of it.
The infrastructure needs to be modernised, because it has been destroyed. But I do not want
to elaborate on that. Those who were displaced by the genocide need assistance. Between
1994 and 1995 almost all of our population was displaced. As one of the poorest nations in
the world we need to fight against poverty. But, how do we do that? There are several
examples, such as mini-credit and mini-agricultural co-operatives. In Bangladesh, for
example, the banks give loans to farmers. Yet, even if we modernise the agricultural sector
that may not end poverty. I have not seen industrialised countries that live off the land,
except for Canada. Whilst we are not industrialised we will remain in debt, poor, behind and
dependent.
We need to try and find the reasons why we are poor. We are poor because we have not
mastered science and technology, but how do we do this? Only nine of our secondary
schools teach science, we have only one technical school - it is impossible to master science
under such conditions. We have to introduce science in to education everywhere - to regard
it on the same level as economics. We need to build technological schools everywhere,
otherwise we will have institutes without technicians.
We have agriculture - we can start with that. Beyond that we need finance in the rural sector.
At the moment we have a subsistence economy, people are growing things for food, therefore
we are not at the point to move from that to a market economy. We need to move towards
that - there are several possible solutions: introducing communication, introducing agriculture
in areas where bananas are grown, for example, encouraging them to grow potatoes.
Strategies and policies are needed to get the funds to build roads, refrigerated storage units
and rapid means of communication to bring the produce from one region to another. I am not
an economist, but I'm coming to the point - making Rwandans more human.
3. Rwandans must be humanised
In Rwanda we went beyond what is human - even what is beastly. Take the example of a
lion, it never kills its mates, but in Rwanda we killed our brothers and sisters. We need to try
to make ourselves more human. We need to begin at a cellule level, teaching basic human
rights, and having discussions where people can ask themselves, 'Why did we kill each
other?' Through this nation wide debate an understanding of why this genocide took place
will grow. It will be a long process. Therefore strategies are needed, beyond the normal
political strategies. Human rights need to be taught at a grassroots cellule level. Slowly we
will become more human.
4. Justice
As long as justice is not rendered we can not build peace.
a) Social Justice
Helping survivors through their trauma at a grassroots level: through monetary aid,
encouraging the general population to help them, helping them to organise themselves
into associations and following those who suffer traumatisation. We need associations to
help assist survivors to establish dialogue at a grassroots level. By working with victims
we can help them to begin the necessary dialogue.
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b) Penal/Punitive Justice
Who are those who committed the genocide? There were those with political motives -
MRND, power wings and all extremists who had been sensitised - there are among them
those who know why they did what they did. Without political motives the participants
are passive. I lived through the 1959-60 events when we saw impunity - people were
not punished but rewarded for committing genocide, for example a Burgermaster would
be promoted to be a Préfet.
People who committed genocide were used to the impunity of the 1950s-1990s.
Therefore killing a Tutsi was not serious - you could not kill a goat or a chicken, but you
were rewarded if you killed a Tutsi. When you were told to come and kill, if you didn't
then you felt guilty, because a humanistic culture was not in place - doctors, lawyers,
teachers, priests - they all killed.
Priests taught that man is made in God's image. Yet there was a very passive attitude to
Tutsis being killed. We saved Twayiramuga from being killed. Yet he can say on the
radio that we can not talk of genocide - that four months is enough, we need to forget
now. After one hundred years the Armenians have not forgotten.
Politically motivated people and some young delinquents looking for material gains -
took the property of other rural families. Because of the fear of being massacred, some
would go along with others to roadblocks, or to burn houses, but themselves had Tutsis
hidden in their homes. There were heroes who resisted and said rio, we're not having
our brothers massacred.
Many of those who committed genocide are now in prison and will be tried. But many
more than the one hundred and thirty thousand prisoners participated in the genocide -
out of fear. These people acted as they did because the political force made them.
Therefore we need political solutions to it. The leaders behind it must be severely
punished. But we also need a political solution since its physically impossible to punish
all these people, yet this raises the dilemma of the population's immunity.
Therefore we need political solutions which help the population to participate: both those
who have committed these acts and those who have suffered these acts. How can they
participate? The people know what happened, they do not need judges to tell them what
happened. One million judges in the US could do the work very fast, but if the people
do the work it will be much faster.
In the last four years we have only tried four people - classic justice has not been able to
resolve all our problems. Classical justice needs to be used for the big fish, but justice in
the community could be used for the others.
1. Society needs to be democratised
If you want to introduce democracy then by definition it means we have to have the power to
elect. Our society has never experienced democracy. We need to educate the people - 'What
is democracy?' In 1959 massacres occurred in the name of democracy. Many think
democracy is when the Hutus rule. We need to educate people on human rights, and
freedoms: of expression, movement speech etc., the freedoms described in the international
conventions.

2. Minimum needs of the population
Rwanda is 95% rural. Therefore, what is the minimum requirement here - a house/hut and a
piece of land. It is the minimum for the peasants. After that we want local schools and
hospitals as part of our minimum requirements. But before that everyone needs an address -
a piece of land in Rwanda. We can organise debates on genocide and democracy but what
people need is an address.
If we don't have a debate to bring together these people and try to treat the scars I don't think
we can expect to build democracy, because we will have done nothing to bring the population
together. The population will never get over the genocide. But we need to begin, because
people learn by doing. Those who have not used books, need to learn with concrete things -
starting with democracy at grassroots - if you vote for this person, they will build a school or
market. There is a political process in the country, but we need to start with democracy at
grassroots level.
Debates are going on in the office of the President with past and present representatives of
parliament. Everyone wants to take part in the debate, but it is not possible. We need to
have an exchange of ideas to see what society we're looking for in Rwanda: starting at a
grassroots level, and moving to a national level.
The most important thing is to have democracy in our society. From the grassroots we need
to teach democratic values to the people. Slowly we can build peace, rebuilding new values
and values for peace from other societies.
Discussion after Tito Rutaremara's speech
The President's comments
Your vision for the future of Rwanda is very reassuring. The issues facing our country, face
all of us, as friends of Rwanda. Security alone is not enough. For your question on how to
make Rwandans more human we hope to have a semblance of an answer by the end of today.
Concerning values we need to move from the abstract to the concrete. You have done that.
The whole world is looking at Rwanda - here and in Arusha - to know what solution we will
find for Rwanda, and for mankind as a whole. We are all called upon to react, and through
this, in our own way, we in Rwanda, maybe able to make a contribution to mankind in this.
We need to find political solutions to for our country. We need to look carefully at the role of
the citizen. We need to ask 'how do we find a democratic foundation in Rwanda, and all of
Africa?' For this, we need freedom, without freedom there is no democracy. Today we
wonder what democracy we can have here in Rwanda.
Open questions/answers
1. Violence should be seen as an instrument of justice, not oppression. The police and the
army should be answerable to the police.
2. The public must be involved in justice, for it is they that know what happened during the
genocide. Instead of classic justice, we should reintegrate prisoners back into society,
after a sentence of five years in prison they should be reintegrated through community
work.
3. Démocratisation is a process. Everyone must be involved at all levels. To do this
everyone must be given freedom. The administration system must be modernised to
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allow local administration to be elected. This will teach people democratic values which,
can be extended to the sectors and communes. Elections should be encouraged on the
basis of merit, not ethnicity. Democracy, however, is not just about elections, they are
just a tool of democracy. Authority needs to spread so that it is not all invested in one
person. We should not wait until everyone has got over the genocide before beginning to
meet the challenges of democracy and justice, otherwise we will loose a whole
generation. We all have the same language, cultural values and land so there is no reason
why, slowly, we should not see progress. We are one single Rwandan community - the
only differences that exist are in our minds. Even those who are in prison have the right
to be Rwandan, they share with us the same nationality and culture.
The Government is not at loggerheads with the churches. The Catholic Church has shyed
away from the Government because of its involvement with the colonisers, and the
designing of genocide ideas. The Catholic Church has a lot of power, not even the
United States can confront the Vatican. We want to discuss with them, for their control
of the person's soul means they have complete control of the person. We need to re-open
the debate with the church.
Like most Third World cities, Kigali is rapidly expanding because of an exodus of rural
people. We are not going to make separate areas for Tutsis and Hutus, but neither should
we destroy areas because they are only inhabited by one of the 'groups'. In twenty to
thirty years this will be spoken of as ancient history. If everyone gets involved then I am
sure this issue will diminish.

Introduction
5. SOURCES DES VALEURS ET DE L'AUTORITE DANS LE
R WANDA D'A UJOURD 'HUI.
Professeur Gamaliel MBONIMANA,
Université Nationale du Rwanda.
Dans le cadre de la Conférence sur « les valeurs partagées au Rwanda », organisée
par le Ministère de la Jeunesse, des Sports, de la Culture et de la Formation Professionnelle,
le Newick Park Initiative et l'UNESCO à l'Hôtel Windsor UMUBANO, du 6 au 8 Octobre
1998, il m'a été demandé de parler des « sources des valeurs et de l'autorité dans le Rwanda
d'aujourd'hui ». Un sujet, de prime abord, spéculatif, théorique, ayant pour but de
« distinguer les valeurs acquises par une personne pour la vie et celles qui varient d'une
période à l'autre dans la vie d'une personne ».
Bien que les deux termes « valeurs »et « autorité » puissent avoir un certain lien, une
certaine analogie, il a paru plus pertinent de les aborder séparément. Afin de mieux examiner
les sources où les Rwandais puisent leurs valeurs, ce qui les confirme, ainsi que l'autorité,
nous préférons présenter le sujet sous forme de diptyque : d'abord les sources des valeurs,
ensuite les sources de l'autorité dans le Rwanda actuel.
I. LES SOURCES DES VALEURS.
Après avoir essayé de cerner le sens du terme « valeur », et après une brève
présentation de quelques valeurs, il conviendra d'en déterminer les sources.
1.1. Notion de valeur.
Le concept de « valeur » a été défini dans l'une des sessions précédentes.
Néanmoins, il s'est révélé indispensable de recourir à une définition qui rende compte de
notre analyse. Il faut d'abord écarter l'aspect économique, puisqu'ici, ce qui est envisagé,
c'est le cadre d'une culture pour la paix. Cependant, le rôle de l'économique dans la
promotion d'une telle culture ne peut guère être négligé.
Dans le dictionnaire de sociologie publié sous la direction de Gilles Ferreol (1), les
valeurs sont définies comme « Préférences ou principes définissant les grandes orientations
de l'action ». Elles « orientent et légitiment les règles sociales ».
Cette définition semble très générale, et même, en un sens, obscure. Aussi recouronsnous
à une définition plus explicite, quoique large. Dans le cadre d'une analyse des variables
pouvant influencer la décision et la réaction d'un acteur, Rudolf Rezsohazy (2) définit les
valeurs comme suit :
« Faits sociaux et leurs constellations - qu'ils soient des actes, des idées, des attitudes ou des
comportements, - que les opinions et les croyances des acteurs sociaux qualifient de
désirables ou non, de recommandables ou à déconseiller, proposent comme idéal ou
interdisent ».
33

34
La définition montre que la notion de valeur comprend trois aspects :
- les faits sociaux et leurs constellations qui forment l'objet de valeur (c'est pratiquement
tout élément de la réalité sociale extérieur à l'acteur qui est valorisé et qui, peut avoir un
aspect, « valeur » en tant qu'il attire, est admiré ou rejeté, approuvé ou refusé. Ex : la
patrie, l'honnêteté, la fidélité) ;
- les opinions et les croyances par lesquelles les acteurs sociaux jugent les faits sociaux et
leurs constellations (ainsi à l'objet extérieur correspond un principe d'appréciation subjectif
servant de critère aux jugements de l'acteur qui sont alors des jugements de valeur. Ex : le
patriotisme est bon ; les ennemis de la patrie sont mauvais) ;
- la valeur est également un principe de conduite :
l'acteur, ayant valorisé un élément social qui l'attire, veut l'atteindre ou s'y conformer. Ainsi
si l'éducation est bonne, il veut y participer) (3).
1.2 Quelles sont ces valeurs ?
Les valeurs sont multiples et d'importance inégale. En raison de la multiplicité des
acteurs notamment collectifs, et en raison du caractère pluraliste de la société du Rwanda
d'aujourd'hui, plusieurs systèmes de valeurs peuvent coexister.
C'est qu'en effet, la société comprend, par exemple, des familles d'esprit (ou
spirituelles), telles les catholiques, les protestants, les adventistes, les musulmans, les libres
penseurs, les indifférents, etc. De telles familles « peuvent partager un certain nombre de
valeurs communes constituant justement la base de leur coexistence et le fondement de leur
culture, mais qui peuvent aussi être en opposition sur un nombre plus ou moins élevé de
valeurs (conflit de valeurs) (4) ».
Par ailleurs, certaines valeurs qui étaient mises en avant hier, ont été battues en
brèche depuis quelques années à la suite de plusieurs facteurs, de plusieurs événements dont
le génocide et autres massacres de 1994.
A l'heure actuelle, on pourrait se demander, à juste titre, si les Rwandais vivent
encore quelques valeurs. L'absence de valeurs quelles qu'elles soient eût été l'expression de
la disparition du peuple rwandais et même des individus composant ce peuple. Fort
heureusement, tel n'est pas le cas.
D'autres valeurs, les plus nombreuses, loin de disparaître, se sont cependant effritées
ou ont été fort ébranlées. Telles sont les valeurs de l'ubumwe (l'unité) et de la solidarité sous
toutes ses formes (clanique, de voisinage, familiale, de formation, d'initiation au culte ou de
partage commun d'une même religion, etc.).
Sans procéder à une quelconque classification ou à telle ou telle typologie, nous
voudrions énumérer simplement quelques valeurs qui sont à la base de la survie et de l'espoir
du peuple rwandais. Il conviendrait de les considérer dans leur dynamisme : elles ne sont
point au stade de parachèvement, mais plutôt en devenir. La présentation que nous en faisons
n'est nullement exhaustive.
• ubumwe (l'unité) en devenir ;

• ubupfura : un terme galvaudé, mais dont le signifié était naguère tout pregnant de vitalité
sociale, communautaire ; l'homme accompli était porteur d'une vertu parfaite
« ubupfura », tandis que celui qui en était doué était appelé « imfura », c'est-à-dire, le
premier, l'aîné, le modèle, l'honnête, l'homme droit. Certes la qualité d'ubupfura est
devenue rare, mais elle subsiste.
• la solidarité : nous venons d'évoquer l'existence de quelques types de solidarités qui
caractérisaient la société rwandaise d'autrefois. Elles se sont effondrées çà et là.
Néanmoins, l'on assiste aujourd'hui à une résurgence de nouvelles solidarités, telles les
camps de solidarité dits ingando z'ubufatanye, où l'on s'entraîne à vivre avec autruiau-
monde, c'est-à-dire tout simplement à kubana (vivre avec ...). D'autres valeurs,
comme le patriotisme, la paix, le travail, le courage, l'héroïsme, la vérité, la justice,
l'amour, la tolérance, l'éducation sont mises en avant dans le cadre de la reconstruction
du pays et des coeurs des Rwandais. A mentionner aussi les diverses associations de
femmes, les veuves particulièrement.
1.3 Les sources des valeurs (5)
Pour notre part, les sources des valeurs sont de trois ordres : le sacré, l'univers
(nature) et la communauté avec l'individu.
1.3.1. L'univers sacré dominé par l'être suprême (Imana).
Le sacré dont il est question ici englobe les croyances et les pratiques relatives à
Imana, à ses représentants, au tabou et à la magie quelle que soit la religion à laquelle on
appartient. La réflexion se situe dans une approche plutôt phénoménologique qui s'intéresse
notamment aux manifestations du sacré en général. Nous nous gardons expressément
d'engager la polémique amorcée par Alexis Kagame au sujet du sacré païen et du sacré
chrétien (6).
Tout simplement, force est de constater qu'après la guerre, le génocide et autres
massacres de 1994, la société rwandaise s'est trouvée désemparée face aux énigmes de la vie
et au rôle du sacré par excellence qu'est Imana (Dieu). Quoi qu'il en soit, on assiste, à
présent, à une prolifération de sectes - phénomène inconnu avant -, au changement de religion
soit à l'intérieur du christianisme, soit du christianisme à l'islam etvice-versa, à côté des
indifférents qui n'en manifestent pas moins une certaine perplexité.
De nouvelles solidarités, se construisent à l'occasion des rencontres, des assemblées
religieuses. L'univers sacré constitue pour plusieurs Rwandais un lieu de réconfort sans égal,
car il permet de sortir de l'effondrement psychologique et moral qui a caractérisé la
population et cela grâce à la prière, à des lectures bibliques et à l'adhésion à des prédictions
de tous ordres. Les représentations collectives - stéréotypes, images ou modèles, supposent
des normes et des valeurs et ces dernières ont pour fondement, entre autres, l'univers du
sacré ou le monde sacré. Celui-ci, donne un sens aux valeurs de vie, d'amitié, de justice, de
vérité, etc.
1.3.2. La nature.
Il s'agit ici de l'univers physique qui nous entoure, qui constitue notre
environnement physique. La nature conditionne les hommes de plusieurs façons (intempéries
...), mais ceux-ci doivent la transformer autant que possible par la culture, la science et la
technologie. Ici la valeur « travail » (intellectuel ou manuel) prend tout son sens. Cette
transformation différencie particulièrement l'homme de l'animal. A ce niveau, des anti-
35

36
valeurs peuvent être perçues, car l'homme peut exploiter la nature pour le bien et/ou pour le
mal (cas de l'énergie nucléaire).
1.3.3 Primat de la communauté et respect de la personne humaine.
Rappelons que la culture rwandaise d'hier privilégiait la communauté, c'est-à-dire,
en général, l'umuryango (lignage majeur ou famille élargie) et l'inzu (lignage mineur) par
rapport à l'individu. Celui-ci n'était point considéré par sa nature propre et sa valeur
personnelle prise isolément. La sauvegarde et le maintien de son équilibre ainsi que son
épanouissement dépendait essentiellement de l'équilibre du bien-être communautaire.
Quant à l'importance et au respect de la personne humaine ainsi que les droits et
devoirs y afférents, il s'agit initialement d'un apport de la pensée chrétienne qui souligne la
primauté de la personne humaine (7). La nature religieuse et morale fait que la personne
hifmaine ne peut accepter n'importe quel acte que l'Etat lui propose ou lui impose. Ayant des
fins essentielles qu'il ne peut sacrifier, l'homme écarte certains rapports de subordination et
refuse tout rapport d'absorption ; « il porte en lui des droits inhérents à sa personnalité et
résultant de sa vocation à l'immortalité » (8). Ainsi à la responsabilité collective qui justifiait
la vendetta frappant tout membre mâle de la famille du meurtrier dans le Rwanda
monarchique, se substitue la responsabilité personnelle d'un être libre.
La personne humaine comme fondement ou source de certaines valeurs constitue une
nouveauté par rapport à la tradition rwandaise. L'importance de la personne humaine est
soulignée dans les deux premiers considérants du préambule de la Déclaration universelle des
droits de l'homme (10 décembre 1948) :
• « la reconnaissance de la dignité inhérente à tous les membres de la famille
humaine et de leurs droits égaux et inaliénables constitue le fondement de la
liberté, de la justice et de la paix dans le monde » ;
• « la méconnaissance et le mépris des droits de l'homme ont conduit à des actes de
barbarie qui révoltent la conscience de l'humanité [...]
[tandis que] l'avènement d'un monde où les êtres humains seront libres de parler
et de croire, libérés de la terreur et de la misère, a été proclamé comme la plus
haute aspiration de l'homme ».
Il nous semble qu'à l'heure actuelle, la pensée et l'action des Rwandais se situent à la
charnière des deux primats, celui de la communauté par rapport à l'individu et celui de la
personne humaine par rapport à la communauté ou à la société. Ne s'agirait-il pas, en fait,
d'une hésitation due à la corrélation entre personne et société (ou communauté) ?
En pratique, les autorités, dans l'ensemble, s'efforcent de concilier les deux, d'autant que la
conjoncture de reconstruction du pays est fort contraignante. Des individus doivent encore
sacrifier leur vie afin de sauvegarder les intérêts du pays et la vie des citoyens. Autant dire
que les valeurs de solidarité, de patriotisme, de justice, d'unité existent et sont
quotidiennement mises en acte par certaines personnes, le tout étant de les accroître. Mais
d'autre part, il importe également de favoriser l'épanouissement des personnes, des
citoyens. La tâche est cependant immense.
Les valeurs changent d'importance et, dans certains cas, quelques-unes disparaissent
même. Ce changement est dû à plusieurs facteurs, notamment ceux qui caractérisent la
« modernité ». Ainsi, au contact avec la culture et la civilisation occidentales, le rôle de la
vache - bien par excellence -, a été remplacé par celui de l'argent.

On s'efforce de faire revivre l'ubupfura ( la noblesse de cœur) dont les manifestations
ou les composantes sont, entre autres, la bonté, la maîtrise de soi, l'héroïsme (ubumanzi),
le courage, la magnanimité, le respect dû aux ancêtres. L'importance de la valeur
« ubupfura » peut être comparée approximativement et par simple analogie, à la pietàs chez
les Romains. Celle-ci, en effet, « impliquait la piété, le respect, la dévotion, les devoirs
religieux scrupuleusement accomplis, ainsi que les obligations filiales, patriotiques, celles
qu'on assumait vis-à-vis des dieux, des parents, de la patrie, des concitoyens » (9).
Au niveau des relations interpersonnelles et entre groupes sociaux, l'ubupfura
(noblesse de cœur) et l'ubumwe (l'unité) constituaient certainement deux piliers du système
des valeurs du Rwanda. Eugen Cizek (10) désigne les piliers des valeurs sous le nom de
« méta-valeurs », tandis que d'autres auteurs comme Alex Mucchielli les désigne par le
syntagme « valeur-clé ». Ce sont des leviers essentiels qui manoeuvrent et articulent
systématiquement d'autres valeurs.
En ce qui concerne l'ubumwe (l'unité), D.Nothomb précise :
« Incontestablement, la notion d'ubumwe, tel qu'il est ainsi analysé dans sa nature et sa
transmission, est un acquis très positif et une valeur culturelle authentique d'incontestable
richesse. Vécu depuis des millénaires par tout un peuple, ayant modelé et imprégné sa
mentalité profonde, ce concept ne peut être ignoré de ceux qui cherchent à connaître le secret
de la culture rwandaise » (11).
Terminons ces brèves considérations sur les sources des valeurs par une double
observation : d'abord, l'origine, la place et les transformations des valeurs ont suscité de
nombreuses discussions, en particulier chez Marx, Durkheim et Weber (12) ; ensuite nous
considérons que les diverses autorités tant politiques que religieuses sont plutôt des gérants
des hommes au travers de leurs valeurs et non des sources de valeurs. Le paragraphe suivant
précise la portée de cette dernière assertion.
II. LES SOURCES DE L'AUTORITE.
2.1 Notion d'autorité.
Avant d'examiner les sources de l'autorité, il convient d'éclaircir la notion d'autorité
qu'il ne faut pas confondre avec celle de pouvoir.
Max Weber définit l'autorité comme la « probabilité qu'un ordre, ayant un contenu
spécifique, entraînera l'obéissance d'un groupe donné de personnes ». Ainsi définie,
l'autorité se distingue du pouvoir qui peut être défini comme la « probabilité qu'un acteur
impliqué dans une relation sociale sera en mesure d'obtenir ce qu'il veut en dépit de la
résistance rencontrée, quelle que soit la base sur laquelle se fonde cette probabilité ». En
d'autres termes, l'autorité vise à « contrôler les actions des membres de la société pour tout
ce qui touche à la réalisation des fins collectives » (13).
Quant au type d'autorité, il dépend de la manière dont s'exerce le pouvoir. L'autorité
connaît différentes variantes : traditionnelle (coutume, droit divin), rationnelle (compétence,
savoir spécialisé), charismatique (prestige, notoriété, etc.) en fait, l'autorité est strictement
attachée au poste, occupé, au rôle que joue dans la société celui qui est détenteur de cette
autorité. Le type d'autorité que l'on exerce dépend des critères d'accès au pouvoir. On
pourrait également considérer l'autorité comme la capacité d'influencer moralement
l'exécution d'un ordre donné.
37

38
2.2 La légitimité comme source de l'autorité.
Aux types de légitimité correspond des types d'autorité. Le terme même de légitimité
évoque le fondement du pouvoir et la justification de l'obéissance qui lui est due. Certes,
plusieurs interprétations lui ont été données. Signalons celle de P.Bastid : « Tout pouvoir
revendique normalement un titre quelconque qu'il impose aux individus placés sous sa
tutelle » (14). Il s'agit d'un besoin de légitimation plus ou moins vif selon les époques et le
contexte socio-culturel et politique.
2.2.1 Types de légitimité selon Max Weber (15).
- La légitimité de type rationnelle :
elle repose sur la conviction que les règles ou les lois résultent de procédures légales ; elle
implique la croyance dans le droit de ceux qui ont l'autorité de modifier ces procédures ou de
les fixer. Ici l'obéissance n'est pas due à un individu ni à un groupe d'individus, mais à la loi
ou au règlement.
- La légitimité traditionnelle :
elle repose sur la croyance que ce qui est établi de manière immémoriale, par des traditions,
est sacré en lui-même. Le pouvoir, en quelque sorte d'ordre divin, n'est jamais remis en
question. L'autorité est personnelle. L'obéissance s'adresse aux dirigeants en tant que tels:
elle est fondée sur la loyauté personnelle.
- La légitimité charismatique :
elle repose sur la croyance dans les qualités exceptionnelles d'un individu (un saint, un
prophète, un chef militaire qui a démontré son héroïsme et ses capacités uniques sur le champ
de bataille ou encore un démagogue qui a su galvaniser les foules. Ici aussi l'obéissance est
personnelle dans la mesure où elle repose sur la foi dans le chef charismatique (dons
particuliers ou révélations qu'il est capable d'apporter). Bien que reposant sur une conviction
individuelle, personnelle comme dans le cas de la légitimité traditionnelle, la légitimité
charismatique est beaucoup plus fragile : elle n'est point fondée sur la tradition.
2.2.2. Application : autorité des autorités au Rwanda.
- Les chefs de la famille élargie et les chefs de la communauté.
L'autorité de ces chefs est devenue fragile et dans certains cas inexistante. En effet, suite à
la tragédie de 1994, la désintégration de la famille est quasi totale pour plusieurs raisons :
• familles tenues par un seul parent, pour la plupart une femme (plus de 60% de femmes
sont chefs de ménage) ;
• enfants chefs de famille et ayant à charge leurs petits frères et soeurs ;
• familles de solidarité (associations de veuves ...) ;
• rapatriés de 1959 non encore installés ;
• maris en prison.
Des essais existent qui sont destinés à colmater les brèches de la famille rwandaise,
particulièrement dans la famille élargie là où c'est possible ; l'on tente aussi de renforcer
l'autorité qui se révèle fragile.
- Les autorités ecclésiastiques et autres responsables religieux :
L'autorité de ces chefs est d'ordre religieux, spirituel. Le degré d'adhésion et
d'obéissance est difficile à apprécier (ici la problématique de la motivation dans l'assistance
au culte : cfr. La sociologie religieuse). Toujours est-il que, de par un sondage informel que

nous avons mené en septembre-novembre 1996 dans une vingtaine de Communes du
Rwanda, la masse de la population apprécie hautement le secours et l'appui que nombre
d'autorités religieuses de différentes religions leur ont apportés. L'autorité correspond à une
légitimité religieuse qui ne figure pas dans la typologie de Max Weber. Cependant, elle a
quelque chose de traditionnel et quelque chose de charismatique.
- Les autorités gouvernementales exerçant l'influence à travers les écoles, la presse, etc.
Ces autorités jouissent, dans l'ensemble, de l'autorité rationnelle autant que de l'autorité en
rapport avec la légitimité charismatique, eu égard aux efforts indéniables de reconstruction du
pays, après que certaines de ces autorités eussent arrêté le génocide en grand ( le génocide est
encore perpétré ...). En outre, vu la composition du Gouvernement d'Union Nationale
résultant des Accords d'Arusha, on peut dire qu'il y a aussi une légitimité rationnelle.
- Les autres partis politiques et responsables.
L'autorité de ces partis politiques est, à l'exception du FPR, floue, douteuse, car on ignore,
pour le moment, le nombre approximatif de « vrais » adhérents de tel ou tel parti. Leur
légitimité est plus ou moins rationnelle. L'autorité qui en découle n'a guère été testée.
- Les sources informelles (groupes nobles, la presse privée et la culture populaire). La presse
privée ne semble pas avoir beaucoup d'emprise étant donné que les prix sont élevés alors que
le pouvoir d'achat ne cesse de baisser. Par contre, la culture populaire, notamment à travers
la chanson et la danse, véhicule des messages de reconstruction du pays et de la vie
communautaire dans la complémentarité et particulièrement en vue d'assurer la sécurité d'un
chacun.
CONCLUSION
Le sujet que nous devions traiter s'avérait par trop théorique et même abstrait :
valeurs et autorité sont des termes désignant des données abstraites ; à plus forte raison,
l'analyse des sources de ces réalités.
Cependant il a été possible de dégager trois sources de valeurs, à savoir :
- l'univers du sacré dominé par Imana (Dieu),
- la nature ou notre environnement physique,
- et le primat de la communauté qui tend à céder la place au primat de la personne humaine.
Quant aux sources de l'autorité, nous avons eu recours à un modèle d'analyse
sociologique, la typologie de Max Weber : des types de légitimité (rationnelle, traditionnelle
et charismatique) découlent des rapports d'autorité différents. C'est, dans le même temps,
souligner la place primordiale qu'occupent la légitimité et la légitimation dans l'analyse
institutionnelle.
On pourrait prolonger la réflexion en analysant comment ces trois types de légitimité
sont également compatibles avec les formes de vie économique industrielle ou avec une
économie d'autosubsistance à la merci des crises politiques graves intérieures et de la débâcle
financière internationale. Mais ceci est hors de notre propos.
Je vous remercie.
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40
NOTES
1. Dictionnaire de sociologie (s.dir. de gilíes FERREOL), Paris, A.Colin, 1995 (l ere
éd. 1991), p.275.
2. R.REZSOHAZY, Action et changement. Méthode d'analyse des dynamismes sociaux et
historiques, Louvain, Publications de l'Institut des Sciences Politiques et Sociales, 1973,
p.34.
3. Ibid., pp.34-35
4. Ibid., p.35
5. Pour mieux saisir la complexité de la notion de valeur à ce point de vue, voir Louis
LAVELLE, traité des valeurs, 2t., Pans, P.U.F, 1958 ; Francis JACQUES, «Valeurs»
(Philosophie), Encyclopaedia Universalis France, 1996.
6. A. KAGAME, « Le sacré païen, le sacré chrétien », dans Rwanda Carrefour d'Afrique
(Kigali), mars 1968, pp. 8-11,avril 1958, pp. 6-8.
7. Sur la notion de « personne », voir les travaux de LAVELLE, LE SENNE, BUBER,
MADINIER, NEDONCELLE.
8. M.PLELOT ET G.LESCUYER, Histoire des idées politiques, Pans, Dalloz, 1977, p.139.
9. E.CIZEK, Mentalités et institutions politiques romaines, Coll. « Pluriel », Paris, Fayard,
1990, p.36. Sur la valeur «ubupfura» (noblesse de cœur), voir: NOTHOMB, Un
humanisme africain. Valeurs et pierres d'attente, Bruxelles, Ed. Lumen Vitae, 1965,
pp.251-268.
10. E.CIZEK, op.cit, p.34.
11. D.NOTHOMB, op.cit, p. 169.
12. Dictionnaire de sociologie, p.275.
13. Ibid., p. 12 (« autorité »).
14. P.BASTID, « Légitimité », dans Encyclopaedia Universalis France, 1980, p.874 sv.
15. H.MENDRAS, Eléments de sociologie, Coll. « U », Paris, A.Colm, 1989, pp. 135-138.
BIBLIOGRAPHIE
1. BASTID, P., « Légitimité », dans Encyclopaedia Universalis France, 1980, pp. 874-877.
2. CIZEK, E., Mentalités et institutions politiques romaines, Coll. « Pluriel », Paris,
A.Fayard, 1990.
3. Dictionnaire de sociologie (s.dir. de Gilles FERREOL, A.Colin, 1995 (lère éd. 1991).
4. JACQUES, F., « Valeurs » (Philosophie), dans Encyclopaedia Universalis France, 1996.
5. LAVELLE, L., Traité des valeurs, 2 vol., Paris, P.U.F., 1958.
6. MENDRAS, H., Eléments de sociologie, Coll. « U », Pans, A.Colin, 1989.
7. NOTHOMB, D., Un humanisme africain. Valeurs et pierres d'attente, Bruxelles, Ed.
Lumen Vitae, 1965.
8. REZSOHAZY, R., Action et changement. Méthode d'analyse des dynamismes sociaux et
historiques, Louvain, Publications de l'Institut des Sciences Politiques et Sociales, 1973.

6. LES VALEURS DANS LE CONTEXTE AFRICAIN ET INTERNATIONAL.
Antoine MUGESERA
Université Nationale du Rwanda
Dans cette Conférence centrée sur les valeurs partagées au Rwanda, il m'a
été demandé de me pencher « les valeurs dans le contexte africain et international ».
Je ne vais pas traiter tous les sous-thèmes du titre. Je me limiterai à quelques
points à savoir :
• Les différentes influences que subit le Rwanda dans un contexte africain et international.
• Les valeurs et les cultures véhiculées par différentes influences principalement celles de
l'Occident.
• Une ébauche de conclusion-interrogation.
Mon approche est critique : je m'inscris en faux contre le transfert et l'impulsion de valeurs,
mais j'admets des influences.
1. Les différentes influences subies par le Rwanda.
1.1. La tradition
Le Rwanda n'est pas un pays isolé. Il est traditionnellement en contact avec les pays
voisins dont il subit les influences positives et négatives. On dit que le culte de Ryangombe
est venu de l'extérieur, [les Inyambo ainsi que des produits vivriers comme le bananier, le
petit poids et bien d'autres]. Le culte de Ryangombe a beaucoup marqué l'unité religieuse,
morale et éthique du peuple rwandais. Cette influence est venue des pays de la sous-région.
Une histoire de faux-vrais jumeaux.
Une autre influence, plutôt négative, est celle-ci politique. Il s'agit de tensions
politiques et de conflits de la région. Le cas du Burundi est plus connu. Une situation
politique au Burundi a des répercussions immédiates au Rwanda et vice-versa. Les
événements du Burundi, des années 1965, 1972 et 1993 à la mort de NDADAYE etc. , ont
beaucoup marqué le Rwanda.
Mais ce fut aussi le cas avec la République Démocratique du Congo (R.D.C). Les
événements qui ont marqué l'indépendance du Congo en 1960 ont influencé directement le
Rwanda.
Le soutien belge a une fraction fasciste au Rwanda en 1959-1961, durant ce qu'on a
appelé la Révolution a été largement inspiré par les événements du Congo.
1.2. La colonisation
Plus profondément, la colonisation a eu un rôle déterminant. La colonisation
introduisit par le biais de l'école, de la religion et de l'économie de nouvelles valeurs dans la
vie nationale . Aucune solution anciennement appliquée ne resta valable pour résoudre les
problèmes de la vie quotidienne, aussi bien sur le plan religieux que social, économique et
politique. Ce fut un changement total de valeurs et de solutions. Plus qu'un changement, ce
fut un bouleversement fondamental de toutes les anciennes valeurs.
41

42
1.3. Le Tiers-Monde.
La 3 eme influence vint du Tiers-Monde après les années 40-45. Cette influence est
totalement politique. La fraction dirigeante de l'époque fut marquée par les bouleversements
de l'après si guerre. Elle eut des échos des idées indépendantistes et nationalistes :
Conférence de Charles de Gaulle, à Brazzaville, Conférence des Non-alignés à Bandoung,
émergence des Chefs de file nationalistes et même révolutionnaires comme NKRUMAH,
NASSER, Lumumba, Sekou-Touré etc. Leurs discours indépendantistes et nationalistes
eurent une influence déterminante sur la classe politique Rwandaise de l'époque. On parle
alors de dignité, de liberté, de libération, d'indépendance qui sont de grandes valeurs
politiques inestimables. De gens étaient prêts à se sacrifier pour la défense de pareilles
valeurs.
1.4 L'influence de l'histoire apprise à l'école.
L'enseignement de l'histoire européenne, principalement de la France, a beaucoup
marqué la génération des Rwandais formés dans des Séminaires. L'Histoire de la Révolution
Française eut sur eux un impact incommensurable. Il y eut tentative de copiage et
d'orientation. C'est en essayant de la reproduire au Rwanda qu'ils inversèrent les valeurs : de
liberté, égalité et fraternité, ils tombèrent dans l'ethnisme, l'exclusion et l'extermination. Il
produisit un phénomène auparavant impensable et inimaginable : changer des valeurs en antivaleurs.
D'autres suivront.
1.5 L'influence de la mondialisation
C'est encore après 1945 que l'économie mondiale s'est « mondialisée » avec comme
tête de file les Etats-Unis. Cette influence a eu un impact limité sur le Rwanda à cause de la
faiblesse de son marché. La mondialisation n'est sensible que dans une économie de
multinationales.
Le Rwanda a plutôt subi après l'indépendance, tous les mythes véhiculés par la
Banque Mondiale, le Fonds Monétaire International et en petit, le PNUD. Aujourd'hui, le
mythe du développement avec ses plans quinquennaux et ses plans globaux est tombé. Nous
sommes sur le mythe de marché. Tout devient marchandise, y compris les services sociaux.
N'auront désormais accès à la santé, à l'éducation ou à la culture que ceux qui pourront
payer, puisque la seule valeur qui vaille actuellement est celle de la Loi du Marché. Ajoutezy
la liberté d'entreprise, le mythe de l'égalité, de la démocratie, et des droits de l'homme.
1.6 L'influence des idéologies fascistes.
Nous avons assisté depuis 1959 et surtout en 1990-1994, à l'émergence d'une
idéologie raciste et ethniste dont les racines se prolongent dans la théories coloniales à
caractère raciste du 19 eme siècle. Ce fut un époque de clichés, de stéréotypes et de mythes
racistes qui ont encore la vie dure chez nous.
De l'inégalité des races, à l'origine étrangère des Tutsi en passant par toutes les
classifications des espèces, on a vite élaboré une théorie raciste qui fut mise en œuvre lors du
génocide de 1994. C'est une autre anti -valeur.
Le christianisme censé être un des meilleurs creusets des valeurs occidentales s'avéra
inopérant en la matière. En tout, car il ne fut d'aucun recours comme si les valeurs n'étaient
que du vernis sans consistance. Non seulement, l'égalité, la liberté et la fraternité, hautes

valeurs occidentales s'il en est, avaient été niées en 1959, mais même le Droit à la vie,
suprême valeur entre toutes fut carrément ignoré, pendant le génocide de 1994. Et l'Occident,
censé être le porteur de ses propres valeurs, ne crût même pas nécessaire d'utiliser son
nouveau et récent droit d'ingérence pour assurer le droit à la vie d'une partie du peuple
Rwandais. Une question alors se pose : l'Occident a-t-il des valeurs auxquelles il est attaché
absolument ? Peut-il les imposer à l'Humanité ? En d'autres termes, l'accent mis par
l'Occident sur les droits de l'homme, de la femme en particulier a-t-il un contenu réel qui ne
soit que théorique et formel ? Nous allons y regarder de près.
2. Les contradictions, entre tentatives d'homogénéisation des valeurs dans un monde
hétérogène.
En fait depuis la colonisation, le pays vit deux systèmes de valeurs consécutives à la
superposition de deux cultures. Il y a d'un côté la culture dominante d'origine étrangère, et de
l'autre côté, la culture dominée d'origine interne. Il y a lutte désespérée entre les deux
cultures, mais les valeurs étrangères tendent à supplanter les valeurs internes dominées.
En fait, l'on admet qu'à des sociétés différentes, correspondent des cultures
différentes, et donc des valeurs également différentes. On comprend facilement la situation
dramatique actuelle des pays dominés. La situation est dramatique, du fait que ces pays, y
compris le Rwanda, n'ont pas entièrement adopté les valeurs occidentales, pendant que leurs
propres valeurs sont désorganisées, désarticulées ou exactement déracinées.
Notre pays se caractérise actuellement par un déracinement culturel profond et un réel vide
moral, que ne peuvent combler ni le mimétisme, ni le suivisme que nous avons pour
l'Occident.
Je ne vois pas un ensemble cohérent de valeurs morales ou ethniques, sociales,
politiques et économiques que nous suivons, et qui représentent les attentes réelles et
collectives de notre société. Or, les valeurs constituent justement pour une société donnée un
ensemble de principes généraux, un ensemble de pratiques et d'idéaux socialement
souhaitables et désirables. Ces principes définissent et stipulent des règles de conduite à
suivre pour une société donnée et dans des circonstances bien déterminées. Il y a donc
relativisation des valeurs dans leur application concrètes et pratiques.
D'où vient alors le drame actuel ? Il vient du fait qu'après avoir détruit les principes
et les valeurs de base, à partir desquels les Rwandais, comme membres d'une même
communauté, vivaient ensemble et réglaient leurs comportements à travers des institutions et
des valeurs communément partagées, la société a été incapable d'adopter entièrement des
références et des valeurs importées. C'est un constat. Ces références et valeurs, conçues
ailleurs, ne parviennent pas à résoudre les problèmes concrets de notre société. Le nouveau
système de référence est inadapté. Non seulement il est inadapté, mais même il est aliénant.
On est étranger dans son propre pays, par ce qu'à chaque problème, on cherche une réponse
ailleurs, une réponse qui se présente comme une faible béquille. C'est dire que le nouveau
système, véhiculant des valeurs occidentales, n'a pas encore pris racine chez nous, en tout
cas, nous ne l'avons pas encore intégré.
C'est pourquoi il y a déracinement de tout un peuple. Le peuple est embrigadé et manipulé
dans des systèmes qu'il ne maîtrise pas.
Sinon comment expliquer qu'aussi bien sur le plan politique qu'économique, moral
que social il y a des échecs croissants ?
43

44
• Du Tiers-Monde, nos pays sont passés dans le quart-monde et cela malgré ou à cause, de
notre intégration dans le système mondial dominant. Toutes les décennies du
Développement (60-80) et des programmes d'ajustement structurels ultérieurs n'y ont rien
changé.
• Au nom de la démocratie, ou pour singer l'Occident, nous avons mis en place des
institutions formelles dites démocratiques. Il y a eu semblant de multipartisme et
d'élections dites libres et démocratiques qui n'ont servi qu'à légitimer des dictatures
sanguinaires ou à renforcer la montée de l'éthnisme génocidaire. Toutes les institutions
copiées sur le modèle occidental se sont révélées inopérantes. Le modèle n'est peut-être
pas mauvais en soi mais sa copie, appliquée chez-nous, est catastrophique.
Et l'Occident lui-même ne semble pas croire réellement à ses propres valeurs. Sinon :
H Comment comprendre que ceux là même qui prêchent les droits de l'homme aient soutenu
des dictatures aussi sanguinaires que celles de PINOCHET, MARCOS, DUVALIER, le
SHAH d'IRAN, BOKASSA, IDI AMIN, MOBUTU et ici chez-nous HABYARIMANA ?
Comment expliquer que là où nous devrions nous attendre aux valeurs de solidarité, on
ne trouve qu'une banale pensée caritative dite, ironiquement, humanitaire ? Le droit
humanitaire est un nouveau mythe, une nouvelle valeur occidentale qui est liée au
nouveau droit d'ingérence.
Comment expliquer que l'aide à la survie soit soumise aux conditionnantes par ces
mêmes bailleurs de fonds et leurs intermédiaires que sont les organismes internationaux
d'aide ?
Comment expliquer que les nouvelles conditionnantes lient l'octroi de l'aide à la
libéralisation du Marché et à l'adoption des formes occidentales de démocratie ? L'aide à
la vie ne devrait pas être sélective ni conditionnelle. Il en est pourtant ainsi.
Comment expliquer que des institutions aussi prestigieuses, que la B.M., le Fonds
Monétaire International ou le Conseil de Sécurité ne fonctionnent pas suivant le modèle
formel de démocratie ?
La démocratie serait-elle une valeur limitée à certains domaines, à certaines activités, et pas à
d'autres ?
1. Inculturation des valeurs étrangères.
Les grandes valeurs importées ont pour nom justice, liberté, égalité, droits
fondamentaux et démocratie. La communauté internationale, principalement l'Occident, a
élaboré tout un ensemble d'outils utiles mais non applicables à la lettre. Leur application à la
lettre engendrent des situations plutôt dramatiques. Ils n'ont de valeurs réelles que placées
dans des cadres particuliers.
L'outil n'a de valeur que lorsqu'il a une réelle utilité, quand il répond adéquatement
à un besoin ressenti. Je veux donner un exemple : l'habit est un outil normalement utile.
Mais si vous m'offrez une chemise alors que j'ai besoin d'un pantalon, votre chemise sera de
peu d'utilité, c'est-à-dire de peu de valeur. Vous direz que vous m'avez offert un habit de
valeur, alors qu'en réalité votre offre a peu de valeur eu égard à mes besoins réels. C'est la

même chose avec une valeur comme la démocratie. Si votre offre de démocratie ne répond
pas à un besoin réel ressenti, votre offre c'est-à-dire votre démocratie n'a pas grande valeur.
Qu'est-ce à dire ? Nous réaffirmons la validité universelle de certaines valeurs
comme la démocratie, le droit à la vie et le respect des droits fondamentaux ? Mais leur
application concrète est fonction du degré de développement de chaque peuple. Car ces
valeurs sont moins les données absolues que des conquêtes progressives des peuples sur euxmêmes
et sur leurs oppresseurs.
Quand ces valeurs sont parachutées ou imposées par des puissances extérieures, elles
ne prennent pas racine dans les pays conquis. Elles deviennent de peu d'utilité parce que la
société concernée ne les a pas intégrées. C'est ce qui est arrivé avec la colonisation. Des
valeurs imposées par la force, si bonnes soient-elles, n'ont pas pris racine. Au lieu
d'enracinement, il y a eu caricature de valeurs et même de réelles anti-valeurs.
Au mimétisme et au suivisme des valeurs occidentales, s'est ajoutée la perte des
anciennes valeurs, ou le déracinement de tout un peuple. Et avec un peuple sans racines, on
peut s'attendre à tout.
Nous sommes aujourd'hui sous la contrainte de la mondialisation qui véhicule de
nouvelles règles du jeu, de nouvelles normes de référence, bref des valeurs du siècle
prochain. Mais cette mondialisation cache de terribles réalités : Plus d'un milliard d'hommes
se débattent dans la misère. Le Rapport sur le Développement Humain du PNUD, en 1993,
précisait que les 20% les plus pauvres découvrent que les 20% les plus riches disposent d'un
Revenu dépassant 150 fois le leur. Il y a donc, sur l'échelle mondiale, marginalisation et
exclusion de plus d'un milliard d'individus. Les valeurs de monde dominant si bonnes
théoriquement soient-elles ne sauraient s'appliquer valablement aux exclus et aux
marginalisés. Une idée de valeur, d'un principe moral ne s'impose pas là où les conditions
indispensables à leur transformation en règles suivies par la communauté ne sont pas
présentes.
Essai de conclusion
Mon approche a été critique. Je n'ai pas voulu admettre qu'il y ait d'un côté les
faiseurs de valeurs, de droits et de libertés, et de l'autre côté les sujets-objets de ces valeurs.
J'ai refusé qu'il y ait un monde binaire, d'un côté ceux qui sont censés avoir des valeurs à
dispenser et d'un autre, ceux qui doivent apprendre et suivre ces valeurs.
Au début de la colonisation, l'Occident avait mission de civilisation, on dirait qu'il y
a aujourd'hui mission de moralisation : il n'a pas le monopole de la morale. L'universalité
des valeurs occidentales est un postulat, véhiculé par le système mondial dominant : En
réalité, la globalisation aussi bien morale qu'économique se traduit dans le concret par la
précarisation croissante des millions et des millions d'individus aussi bien sur le plan moral
qu'économique. La morale et les valeurs des repus concernent-elles le monde des exclus ?
Jusqu'où ?
Je veux dire qu'au système de démocratie, de droits de l'homme, bref de valeurs à
l'occidentale, devrait correspondre, chez-nous, un système de santé, de logement,
d'éducation à l'occidentale.
Sinon, il y aura toujours inadéquation entre valeurs proclamées comme intention et la
réalité vécue sur le terrain. Comme il n'y a pas l'homme universel, il n'y a pas de valeurs
universelles mais uniquement occidentales.
45

46
Or les valeurs occidentales, certaines d'entre elles du moins, apparaissent comme des
baumes sur un monde d'inégalités, d'injustices inhérent au système occidental dominant.
L'Occident, tel que nous l'avons connu, n'a pas de leçons de valeurs à donner.
Je vous remercie.
7. VALEURS COMMUNES ET VALEURS DIVERGENTES AU SEIN DE LA SOCIETE
RWANDAISE.
Dr. Frédéric Gatera, Député a l'Assemblée Nationale, Professeur Visiteur a l'Université
Nationale du Rwanda, Butare.
Introduction
Les organisateurs de notre Conférence sur « La Culture de la Paix au Rwanda »
m'ont demandé de présenter une esquisse sur les valeurs communes et les valeurs différentes
au sein de la société rwandaise.
Avant d'aborder le fond du problème, je dirai en guise d'introduction que c'est un
sujet à la fois vaste et difficile. Vaste parce qu'il existe trois catégories de valeurs : morales,
sociales et esthétiques, chaque catégorie étant à son tour subdivisée en sous catégories.
Difficile ensuite parce que la perception et la pondération des valeurs n'a pas fait l'objet
d'études approfondies par les sociologues nationaux ou étrangers, et que le temps pour
rassembler et examiner soigneusement différentes informations ad hoc n'était pas suffisant.
Cela étant dit, les valeurs en termes de quantité, de qualité et de fréquence sont le
facteur interne le plus important pour la vie d'une population. Les principes et les règles
sociales, quelles que soient leurs origines, sont nécessaires pour assurer le maintien d'une
communauté, sa cohésion, sa croissance, le fonctionnement normal de ses institutions.
Dans toute société humaine, quel que soit son niveau de développement, tous les
citoyens ne partagent pas toujours les mêmes valeurs. Il en va de même dans la société
rwandaise. Les similitudes et des différences peuvent être appréhendées de diverses
manières : par des relevés de signes extérieurs apparents (comme l'habillement par exemple),
par des enquêtes sociologiques (sur la taille idéale de la famille, le patriotisme, la place des
vertus: honnêteté, bonnes manières, etc.), ou par des indicateurs économiques ou
géographiques (la préférence pour tel type d'activité .... etc.).
Je vais essayer dans cet exposé de donner quelques idées susceptibles de lancer le
débat autour d'un certain nombre de thèmes. Mon exposé va se faire sous forme de
remarques/interrogations qui permettront à chacun de nous de réagir sur l'une ou l'autre.
1. Valeurs et régions
2. Valeurs, catholicisme et islam
3. Valeurs, monde rural, monde urbain.
I. Valeurs et régions
Avant de chercher à identifier les valeurs communes et les valeurs différentes au sein
des régions du Rwanda, il faut d'abord déterminer le type de régions considérées. S'agit-il
des régions naturelles ? , de régions historiques ou de régions administratives ?

a) Caractéristiques de régions naturelles!
Il existe au Rwanda trois entités (unités) agro-climatiques totalisant 12 régions naturelles.
- La zone des hautes altitudes (2 régions),
- La zone d'altitudes intermédiaires (5régions),
- La zone de basses terres (5 régions),
La zone de hautes altitudes comprend la région des terres de laves et la région de la crête
Congo-Nil. Dans cette zone, la pluviométrie est suffisante, avec une moyenne annuelle de
1250 à 2000 m m de pluie, les températures sont douces : 15 à 17° C. Cette région a des
cultures spécifiques : pommes de terre, blé, pois, maïs, orge, millet et thé. La zone d'altitude
intermédiaire regroupe cinq unités agro-climatiques : le plateau central, les hautes terres du
Buberuka en Préfecture de Byumba, la dorsale granitique, l'Impala (Cyangugu), et les bords
du lac Kivu. Cette zone a des températures allant de 17 à 20° C, une pluviométrie comprise
entre 1.000 et 1900 mm. Bananes, haricots, sorgho, patates douces, manioc, arachides, soja et
café arabica sont les produits agricoles préférés de cette zone.
Enfin la zone des basses terres. Elle comprend aussi 5 régions agro-climatiques : la
région du Mayaga, le Bugesera, le plateau de l'Est, les savanes de l'Est et la petite région de
l'Imbo. Cette zone est caractérisée par une pluviométrie incertaine (moyenne annuelle de 800
à 1000 mm), des températures plus élevées par rapport à d'autres régions du pays ; moyenne
journalière comprise entre 24° et 29°C. Les principales cultures sont les bananes, le haricot et
le riz. Or, la nature façonne les hommes.
De ce fait, observons-nous des différences dans la perception des valeurs ?
La réponse est non. La différence régionale sur le plan des paysages et sur le plan agricole
n'est pas perçue comme une source de valeurs différentes mais comme une chance d'exercer
la complémentarité. Sur le plan matériel, le pays a des productions agricoles
complémentaires et échelonnées. Déjà au XIXè me siècle, il connaissait des échanges
permanents et réguliers et les transactions étaient organisées autour d'une vingtaine des
marchés ruraux: Sur le plan moral, la solidarité, la justice, la noblesse du cœur et l'hospitalité
constituaient des valeurs communes.
b) Les régions historiques et administratives^.
Selon l'Abbé Alexis KAGAME (Atlas du Rwanda, planche 12), le Rwanda antérieur
à la période coloniale comptait une vingtaine de régions, (plus précisément de districts). On
peut citer le Buyenzi, le Bungwe, le Burwi, le Bugesera et le Gisaka au sud, le Bugoyi, le
Bugara, le Ndorwa au nord. Chaque district était dirigé par deux fonctionnaires nommés par
le roi avec le titre de chefs: le Chef du sol (Umutware w'ubutaka) qui était un Muhutu, et le
chef des pâturages qui était un Mututsi. Le premier avait autorité sur les cultivateurs du
district et percevait les redevances vivrières à la récolte du sorgho et de haricots. Le second
avait autorité sur les propriétaires de vaches et percevait les redevances bovines.
Sur le plan culturel, chaque entité historique avait évidemment ses particularités : ses
propres danses, ses propres chants et ses propres rites. Toutefois, un dénominateur commun
permettait à la société de gommer ou du moins d'atténuer les disparités ; il s'agit de
l'initiation clanique^.
1 Rwanda, Miniplan, SNER,Vol 1, p.66.
2 Atlas du Rwanda. Paris, Kigali, Nantes, 1981
3 Mulago gwa Cikala ; Initiation africaine et initiation chrétienne. In Lyangombe ; Mythes et rites .
Actes du Ceruki. Bukavu, 10-14 mai 1976, p.29.
47

48
C'est dans les camps d'initiation que se fait véritablement l'initiation clanique. C'est
là que se soude la cohésion qui lie entre eux les membres du groupe, que s'apprend le sens de
la solidarité, le respect des anciens, la discipline sur soi-même, l'empressement à rendre
service. C'est là que les jeunes personnalités sont imbues d'un sens communautaire, que le
clan apparaît comme ayant le primat sur l'individu. Aussi l'initiation à l'époque de la puberté
est-elle l'épine dorsale de la vie clanique ...
Si l'on se situe dans le contexte actuel ; on remarque certes que les régions existent
également, calquées sur le découpage administratif du moment. Cependant, le régionalisme
est selon nous, une création des responsables des deux Républiques. La mobilité sociale et
géographique des populations, les mass média, en particulier la radio, ont beaucoup atténué
les disparités culturelles régionales issues des anciennes provinces rwandaises.
II. Valeurs, catholicisme et islam.
Les valeurs fondamentales inhérentes à la société rwandaise comme la justice, la
solidarité et l'amour de la patrie de retrouvent chez les adeptes des deux religions. En outre,
elles sont toutes deux des religions monothéistes, de sorte qu'il existe beaucoup d'affinités
entre elles. Catholiques et musulmans adhèrent au sacré, ils croient en Dieu auquel ils
donnent le nom d'Imana, qui signifie le Créateur, le Tout-Puissant, l'Omniscient, la
Providence et l'Inaccessible, autant d'appellations qui renvoient toutes à un être abstrait.
Mais au niveau des doctrines, les deux religions divergent. Désaccord sur l'existence
de la trinité, (que les musulmans réfutent), désaccord sur le rôle de Jésus (Dieu selon les
catholiques, prophète tout court chez les musulmans), désaccord sur le rôle de Marie (Mère
d'un prophète selon les musulmans, mère de Dieu selon les catholiques) etc.
Pour nous résumer, le soubassement spirituel des Rwandais est l'unicité qui se
traduit par la croyance en Imana. Qu'il s'agisse du catholicisme ou de l'islam, les idées
maîtresses sont celles de l'existence d'un seul Dieu, de la résurrection, de l'accession à un
autre mode d'existence dans l'au-delà.
III. Valeurs, ruraux et citadins.
Le monde rural rwandais est, par excellence, le reflet du Rwanda traditionnel à
quelques exceptions près, alors que la ville rwandaise semble de plus en plus emboîter le pas
sur le modèle européen.
L'homme de la culture rwandaise traditionnelle apparaît comme un être de relations.
Pour lui, exister c'est vivre avec les autres. La vie n'a de sens que si elle s'épanouit dans des
rapports amicaux tissés au sein de la famille, du clan et du voisinage. L'homme est d'autant
plus puissant qu'il a de nombreux fils et de nombreux amis. La richesse ne se trouve pas tant
dans ses greniers que dans ses amis, dans ses protecteurs qui, en cas de malheur, se révèlent
plus utiles que les objets les plus précieux. Qu'on ne s'étonne pas donc de constater que dans
le Rwanda ancien, les coutumes, les institutions, l'éducation et la sagesse sont surtout
orientées vers la cohésion des membres d'une même famille, d'un même clan et finalement
d'un même pays 4.
4 Kizito Bahujimihigo ; Témoins de Dieu dans un pays meurtri. Palloti Presse, Kigali, 1998,
p.43.

Concernant, la taille même de la famille, il y a des divergences entre ruraux et
citadins. L'enquête nationale sur la fécondité menée en 1983-1984 par l'ONAPO met en
évidence la persistance de l'attitude pronataliste chez la femme rwandaise en général et chez
la femme rurale en particulier. La taille idéale de la famille rwandaise s'élève à 6,3 enfants en
milieu rural. Chez les femmes les plus instruites ou parmi celles des grandes villes, les
enquêtes ont décelé une certaine volonté de limiter leur descendance à 4 enfants 5.
Conclusion
De tout ce qui précède, on ne peut échapper aux conclusions suivantes :
Première conclusion
La société rwandaise, en dépit du génocide de 1994 et de la fracture immense que
celui-ci a occasionnée, la diversité de ses milieux écoclimatiques, la multiplicité des
catégories sociales qui la composent, la sociologie rwandaise a beaucoup de valeurs
communes, morales, sociales et esthétiques : justice, solidarité, noblesse de cœur, unité.
Deuxième conclusion
Les recherches sur le thème des valeurs nationales tout comme la diffusion des
résultats issus des recherches initiées se trouvent encore au stade embryonnaire. Or, il faut
souligner ici que les valeurs s'organisent en un « idéal » que la société propose à ses
membres. Cet idéal oriente les pensées et les actes, et selon le mot du sociologue
DURKHEIM, une société ne peut pas se constituer sans créer de l'idéal.
Des programmes de recherche sur ces valeurs doivent être initiés d'urgence de
manière à aider les pouvoirs publics à bien formuler un nouveau projet de société.
Bibliographie.
Je vous remercie.
Bahujimihigo Kizito, Témoins de Dieu dans un pays meurtri Palloti Presse, Kigali 1998.
MERTON R.K ; Eléments de théorie et de méthode sociologique. Paris, Pion, 1965 ; 514 p.
STOETZEL Jean ; Les valeurs du temps présent, une enquête européenne. Paris, Puf, 1983 ;
309 p.
ISAMBERT François, le sens du sacré ; Paris, Ed. de Minuit, 1982, 315 p.
WEBER Max, l'Ethique protestante et l'esprit du capitalisme. Paris, Pion, 1964, 325 p.
PARSONS Talcott, Eléments pour une sociologie de l'action. Paris, 1955.
MENDRAS Henri ; Eléments de sociologie. Armand Colin, Paris, 1989, 248 p.
UNAZA-ISP, CERUXI ; Lyangombe. Mythe et Rites. Bukavu, 10-14 mai 1976, 185 p.
5 Rwanda, Miniplan ; Stratégie nationale de l'environnement au Rwanda, Vol I, p.66.
49

50
RWANDA-MINIPLAN ; la stratégie nationale de l'environnement au RWANDA 1997.
RWANDA ; Atlas. Pans-Kigali-Nantes ; 1981.

8. EXAMEN D U DOCUMENT « INVENTAIRE ÉTÉ VAL UA TION D 'UNE CUL TURE
DE PAIX
COMMUNICA TION 1
INTRODUCTION, METHODOLOGIE, ET CONTENU DU DOCUMENT :
« INVENTAIRE ET EVALUATION DES ACTIVITES MENEES AU RWANDA EN
MA TIERE DE CUL TURE DE PAIX (1994-1997) »
MINISTÈRE DE CULTURE/UNESCO
Excellences, Mesdames, Messieurs,
Il a été demandé au Ministère en charge de la culture de procéder, pendant cette
Conférence, à la présentation de l'introduction, de la méthodologie et du contenu du
document :
« Inventaire et Evaluation des activités menées au Rwanda en matière de
culture de paix ».
Précisions à toutes fins utiles :
1. Que le document a été élaboré dans le cadre de la coopération MIJESCAFOP-UNESCO-
PNUD.
2. Que l'étude porte sur la coupe synchronique qui va de 1994, au lendemain de la mise en
place du Gouvernement d'Union Nationale, jusqu'en 1997.
3. Que la présentation sera faite en collaboration avec le MIJESCAFOP et l'UNESCO. Le
PNUD n'étant pas représenté.
INTRODUCTION GENERALE
A l'UNESCO, de nombreuse études ont été menées sur la nature, les sources et les
origines des conflits. De même, il y a eu des réflexions sur les moyens de les prévenir, et de
les résoudre de manière pacifique. Par ailleurs, des experts ou spécialistes de culture de paix,
se sont réunis, pour définir les cadres conceptuels et des programmes de culture de paix.
C'est ainsi qu'un premier «Forum sur l'éducation et la culture de la paix » a été
organisé du 27 au 29 avril 1993, suivi d'un « Forum international sur une culture de la paix »,
du 16 au 18 février 1994.
La « Première réunion consultative du Programme pour une culture de la paix » s'est
tenue au siège de l'UNESCO (27-29 septembre 1994), dont le but était de clarifier le concept
de paix, et de définir les types d'activités que l'UNESCO pourrait entreprendre dans ce
domaine.
Un autre «Forum national pour la culture de la paix» «le dialogue
intercommunautaire pour la paix, la démocratie et le développement durable» organisé
conjointement par la République du Congo et l'UNESCO à Brazzaville, du 19 au 23
décembre 1994. Au Burundi, il y a eu un «Colloque national sur la culture de la paix»,
organisé du 12 au 18 décembre 1995 avec pour thème principal «Démocratie, Droits de
l'homme, Paix, Développement dans le contexte culturel burundais ».
51

52
Au Rwanda, à la suite des événements de 1994, le Gouvernement rwandais s'est
donné pour mot d'ordre la réconciliation nationale. Depuis, des actions ont été entreprises
pour sensibiliser les populations rwandaises aux valeurs d'entente, de tolérance, d'unité et de
paix.
C'est dans cet esprit qu'a été organisée « La Consultation Nationale sur la Culture de la Paix
à Kigali, les 17 et 18 janvier 1997 par le MINESUPRES, en collaboration avec les agences
des Nations Unies, des ONGs locales et internationales, des Eglises etc.
Des conclusions de ces réunions, on peut retenir qu'il existe bien un cadre à
l'intérieur duquel, tout programme culture de paix devrait s'inscrire, tant au niveau national
qu'international.
• une culture de paix vise à faire en sorte que les conflits inhérents aux rapports humains,
soient résolus de façon non violente ;
• la paix et les droits d l'homme sont indivisibles, et sont l'affaire de chacun ;
• l'édification d'une culture de paix est une tâche comportant de multiples dimensions, qui
exige la participation des citoyens à tous les niveaux ;
• une culture de paix doit contribuer au renforcement des processus démocratiques ;
• la mise en œuvre d'un projet pour une culture de paix exige la mobilisation pleine et
entière de tous les services éducatifs, tant formels qu'informels, et de tous les moyens de
communication ;
• une culture de paix requiert l'apprentissage et l'utilisation de nouvelles techniques de
gestion et de résolution pacifiques des conflits ;
• une culture de paix doit s'inscrire dans le cadre d'un développement humain durable,
endogène et équitable ; elle ne peut être imposée de l'extérieur.
C'est dire aussi qu'il y a un consensus sur la nécessité, voire l'urgence de promouvoir
une culture de paix pour éviter les résurgences de conflits internes. De même, toutes les
recommandations ont reconnu que les activités visant à l'établissement d'un programme de
culture de paix devait tenir compte des axes suivants :
formation des formateurs en éducation pour la paix, aussi bien dans le domaine
formel, que non formel ;
la sensibilisation des médias aux message de paix ;
la mobilisation des jeunes, par l'organisation d'ateliers ;
la responsabilisation des femmes à travers leurs différentes associations ;
l'organisation d'activités culturelles et sportives, dans le but de faciliter des échanges
et d'instaurer un dialogue positif et constructif parmi les jeunes.
Au Rwanda, la volonté de tous les partenaires de développement de s'associer à
l'effort du Gouvernement pour instaurer la paix, la cohabitation pacifique et la réconciliation
nationale est manifeste au vu de tous les projets et programmes initiés.
C'est pour appuyer les efforts du Gouvernement Rwandais que le groupe thématique
« Education » 1 (mis en place par le PNUD et l'UNESCO, en étroite collaboration avec la
Commission Nationale Rwandaise pour l'UNESCO) et le Ministère de la Jeunesse, des
Sports, de la Culture et de la Formation Professionnelle (MIJESCAFOP), s'est attelé à ce
travail d'inventaire et d'évaluation des activités menées au Rwanda en matière de culture de
paix depuis 1994. Autrement dit, il s'agissait de faire un bilan de ce qui a été réalisé, de ce
qui est actuellement en cours, et d'en dégager les perspectives.

Les témoignages recueillis ici et là, montrent bien une convergence d'objectifs. Les
divergences ou le manque de coordination rencontrés ne semblent pas significatives au vu, de
la forte volonté manifestée par tous, d'agir en faveur de la promotion des valeurs
fondamentales de paix, de tolérance, de respect des droits de l'homme, de réconciliation
nationale et de cohabitation pacifique, étape incontournable vers la paix. Toutes les
initiatives entreprises jusqu'à présent, même si leur impact ne peut encore être quantifié,
apporte chacune sa contribution à cette grande entreprise qu'est le retour à la paix et la
réconciliation nationale, seules garantes d'un développement durable.
1.1 Contexte et justificatif.
Le génocide que le Rwanda a vécu d'avril à juillet 1994, laisse des plaies que seul un
travail en profondeur et de longue haleine, pourra panser. Le retour massif des divers
groupes de réfugiés, met d'autant plus en évidence la nécessité de rétablir les valeurs
essentielles, sur lesquelles se base toute paix durable, c'est-à-dire l'entente, la tolérance,
l'acceptation de la différence, la réconciliation, la cohabitation pacifique etc. Rétablir la paix
au Rwanda, constitue une dimension essentielle à la reconstruction et au développement du
pays.
Compte tenu de ces priorités, la résolution 5.13 de la 28 eme session de la Conférence
Générale de l'UNESCO a demandé l'élaboration d'un Plan d'Action en faveur du Rwanda,
pour le biennium 1996-1997 avec trois volets :
A. Formation des ressources humaines
B. Culture de la paix, gouvernance et démocratie
C. Information et Communication.
La visite au Rwanda du Directeur Général de l'UNESCO, Monsieur Federico Mayor,
a inauguré la mise en œuvre de ce Plan d'Action par sa co-signature avec le Ministre Joseph
NSENGIMANA, alors chargé de l'Enseignement Supérieur, de la Recherche Scientifique et
de la Culture.
La première étape du suivi de ce Plan d'Action, aura été l'organisation
d'une « Consultation Nationale sur la Culture de la Paix » (Kigali, 17-18 janvier 1996), où
s'est clairement dégagé un consensus, sur la nécessité d'intégrer dans ses recommandations,
celles issues de l'ensemble des initiatives enregistrées dès le lendemain de la guerre, du
génocide et des massacres politiques.
1.2. Objectif
L'urgence de la résolution du problème rwandais, avait déjà poussé divers ministères,
d'organisations et associations locales et internationales à mettre en œuvre des activités de
promotion de la paix et de la tolérance.
1) Cette étude-bilan a pour objet d'appuyer ces actions en faisant l'inventaire et l'évaluation
de toutes les initiatives en faveur de la promotion des valeurs de paix et de tolérance au
Rwanda depuis 1994.
2) Identifier le plus grand nombre possible d'intervenants, des projets et programmes
exécutés, ou en cours d'exécution, les partenariats, les stratégies, les problèmes
rencontrés, les résultats atteints, les perspectives dégagées. Autrement dit, il s'agissait de
faire le point sur ce qui se fait au Rwanda depuis 1994, autour de la culture de paix,
53

54
3) Disposer d'un outil de travail accessible à tous les intervenants dans ce domaine,
4) Susciter une réflexion sur un programme national dont le Gouvernement rwandais
tracerait les grandes lignes et assurerait la mise en œuvre avec les partenaires potentiels.
1.3. Méthodologie.
Un tel objectif suppose que Ton tienne compte des aspects quantitatif et qualitatif. Du
point de vue quantitatif, faire un inventaire exhaustif des structures gouvernementales,
organisations internationales, partenaires de développement, organisations de la société civile
ayant des activités liées à la paix soit exécutées, soit en cours d'exécution. Une liste initiale a
été proposée, en collaboration avec la Direction de la Culture et des Arts (Ministère de la
Jeunesse, des Sports, de la Culture et de la Formation Professionnelle). Cette liste s'est
progressivement enrichie, en même temps qu'était élaboré un questionnaire soumis à tous les
intervenants : "
1 ) Quelles sont les activités menées par votre institution en matière (ou touchant) à la culture
de paix au Rwanda ?
2) Quels sont les partenaires avec lesquels vous avez développé ces activités ?
3) Quelle stratégie a été la vôtre ? etc. ...
4) Nous avons ensuite procédé à une analyse de contenu des fiches pour une organisation
synthétique qui permette de dresser un bilant qualitatif et dégager les perspectives
d'actions. L'analyse de contenu a permis d'avoir une vision d'ensemble sur ce qui a été
entrepris dans le domaine de la culture de paix depuis 1994, de proposer des
recommandations basées sur un consensus autour d'un programme national d'éducation
pour une culture de paix, de tolérance, de respect des droits de l'homme, de réconciliation
nationale et de cohabitation pacifique au Rwanda.

COMMUNICA TION 2A
« INVENTAIRE ETE VAL VA TION DES A CTIVJTES MENEES AU R WANDA EN
MATIERE DE CULTURE DE PAIX (1994-1997) »
APPRECIATION
MINISTÈRE DE CULTURE/UNESCO/PNUD
1. Activités principales
On constate, au vu des résultats de l'enquête menée auprès des différentes
institutions, qu'elles soient intervenues directement ou indirectement dans la promotion d'une
culture de paix au Rwanda que les principaux projets ou programmes développés tournent
autour des activités suivants :
1.1 Séminaires, Conférences et sessions de formation
Séminaires, conférences et sessions de formation, sont les plus fréquents parmi les
actions entreprises par les intervenants dans le domaine de la culture de la paix. Il s'agit de
séminaires-ateliers, de conférences-débats, et de sessions de formation, au cours desquels les
participants sensibilisés ont pu bénéficier d'une formation minimale sur les concepts liés
directement ou indirectement à la culture de la paix.
Les rapports de ces séminaires ou conférences servent aujourd'hui de référence, pour
les projets et programmes initiés dans le cadre de la culture de paix. A titre d'exemple, on
pourrait citer :
• Le séminaire-atelier sur la tolérance au Rwanda tenu à Kigali, du 22 au 25 mai 1995.
(UNESCO, MINESUPRES ...).
• La conférence internationale sur « Génocide : Impunité et Responsabilité » organisée à
Kigali en novembre 1995.
• La Consultation Nationale sur la Culture de Paix Kigali, 17-18 janvier 1997 du
MINESUPRES, en collaboration avec les Nations Unies, les ONGs locales et
internationales, les Eglises etc.
• La conférence Panafricaine « Paix, Genre et Développement » organisée à Kigali, du 1 er
au 3 mars 1997 par le Ministère de la Famille et de la Promotion Féminine, en
collaboration avec le Collectif PRO-FEMMES/TWESE HAMWE, le PNUD, l'UNICEF,
l'UNESCO et le FNUAP.
• Le Séminaire sur le « rôle de la Presse dans la Promotion des Droits de l'Homme, la
Consolidation de la Démocratie et de la Tolérance » organisé à Kigali du 9 au 13 juin
1997, par l'Office Rwandais d'Information et le Ministère de l'Information, avec l'appui
technique et financier de l'UNESCO et du HCDH.
• D'autres séminaires-conférences, organisés par le Ministère chargé de la culture, le
Ministère du Genre, de la Famille et des Affaires Sociales, le Collectif PRO-FEMMES,
UNIFEM, UNHCR, HCDH, CICR, CLADHO etc.. aux niveaux national, préfectoral et
communal, ont eu lieu à l'intention de différents groupes cibles (femmes en difficulté,
jeunes, rescapés) autour des thèmes de droits de l'homme, de promotion de la paix et de
la réconciliation nationale.
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56
1.2. Intégration de la Culture de la Paix dans les cursus scolaires.
Deux de ces séminaires d'un mois chacun sur la révision et l'harmonisation des
programmes de l'enseignement primaire et de l'enseignement secondaire général, organisés
en mai et septembre 1996 ont rassemblé, chacun, environ 200 personnes issues de divers
ministères, organisations internationales ou nationales, les Eglises et la Société civile.
Ces initiatives souvent entreprises par le Ministère de l'Enseignement Primaire et Secondaire
ont bénéficié du soutien de l'UNICEF, de la Banque Mondiale, de l'Union Européenne et de
l'UNESCO. Il en est ressorti, un consensus général sur la nécessité d'intégrer la dimension
culture de la paix dans les curricula, de manière à progressivement généraliser cette discipline
dans l'ensemble du système éducatif.
Il a été décidé à partir de là, que la dimension culture de paix ferait désormais partie
du programme d'éducation civique. Dans le secondaire, elle serait reflétée dans les cours de
langues et de sciences humaines. Il en serait de même pour l'enseignement secondaire
technique pour lesquels, il faudrait trouver les disciplines d'insertion. Quant à l'enseignement
supérieur, un ensemble de matériels didactiques (les guides pour enseignants et les manuels
pour élèves) a été réalisé qui, faute de moyens, n'a pas encore pu être expérimenté pour
l'édition finale.
3.3 Identification et utilisation des valeurs positives de la culture rwandaise pour la
promotion d'une culture de paix au Rwanda.
Avec le soutien du Ministère de l'Education Nationale (anciens MINESUPRES et
MINEPRISEC), du PNUD, de l'Union Européenne, du HCDH, de l'USAID, de l'OXFAM
Québec et d'autres partenaires de développement, une équipe de chercheurs de l'Université
Nationale du Rwanda (UNR), de l'Institut de Recherche Scientifique et Technologique
(IRST), et du Grand Séminaire de Nyakibanda, mène une recherche sur les concepts-clés,
qui véhiculent les valeurs positives de la culture traditionnelle, susceptibles de contribuer à la
promotion de la paix et de la tolérance. Cette équipe de recherche a déjà publié des rapports
des deux premières phases d'une enquête menée sur le Droit Coutumier ou « GACACA » au
Rwanda.
La population consultée souhaite la restauration de cette institution populaire, qui a
fait ses preuves dans le temps, et dont le rôle traditionnel est de sanctionner les fautes ou
délits mineurs, de régler les conflits entre les personnes, de réconcilier les membres d'une
famille, ou d'une communauté locale et de veiller à la pérennité de la cohésion sociale.
Une autre initiative du ministère chargé de la Culture, en partenariat avec le PNUD,
« Programme de communication et d'éducation civiques pour la réhabilitation de la confiance
et pour la réconciliation nationale » a obtenu des résultats qui ont donné lieu à l'idée de
publication d'un projet de « manuel de culture de paix », en Kinyarwanda.
Enfin, il faut noter les missions de paix initiés par le Collectif PRO-
FEMMES/TWESE H A M W E , à travers le pays, sur la résolution des conflits par les
méthodes pacifiques et visant la solidarité envers les femmes de la base notamment àNyange
dans la Préfecture de Kibuye.

1.4. Animations culturelles et sportives, concours artistiques et littéraires.
Les animations culturelles et sportives ont été, et demeurent toujours, un cadre
privilégié, de promotion de la culture de la paix. Le sport rassemble et rapproche les jeunes de
sensibilités différentes. De nombreuses activités sportives ont été organisées par le
MIJESCAFOP, le MINEDUC avec le concours de l'UNICEF. Parce que les manifestations
culturelles sont des canaux de communication, auxquels la population reste très sensible, les
différents intervenants, et notamment le MIJESCAFOP, MIGEFASO, UNICEF, TROCAIRE,
le HCDH, l'UNHCR, la Coopération Néerlandaise, la Coopération Française, et d'autres
partenaires - ont mis l'accent sur les spectacles, les concours artistiques et littéraires.
C'est ainsi qu'au cours de la « Semaine de Commémoration du Génocide », du 1 er au
7 avril et de la « Semaine de la Culture » du 1 er au 8 septembre de chaque année, des ballets,
des sketches, des expositions d'objets d'art, encourageant la tolérance, la coexistence
pacifique et le respect des droits de l'homme, ont été organisés à l'intention des populations.
Tendant vers le même objectif, les troupes théâtrales ambulantes, coordonnées et appuyées
par le HCDH, TROCAIRE, OXFAM Québec et financées par le UNHCR, l'Union
Européenne, avec le concours des troupes RAFIKI, INGANZO, et INGANJI, opèrent à partir
de Cyangugu, Kibungo et Kigali.
Des concours d'éloquence ont également été organisés, visant non seulement la
réhabilitation de l'art oratoire, mais également la promotion et la diffusion de valeurs la paix
au sein de la population rwandaise.
1.5. Les supports didactiques :
Afin de renforcer les différents messages de paix, et les divers appels à la
réconciliation, des supports didactiques ont été produits, pour la promotion des droits de
l'homme et de la culture de paix.
Il s'agit notamment de :
1. Cassettes-vidéos portant sur des films, des pièces de théâtre, avec des messages de
réconciliation, de paix et de tolérance (HCDH, UNICEF, Union Européenne, etc.) ;
2. Bannières, posters et dépliants portant des messages de paix, de tolérance et de respect
des Droits de l'Homme (UNESCO, UNICEF, HCDH, Union Européenne) ;
3. Journaux écrits par des jeunes pour les jeunes (UNICEF) ;
4. Livre « C'est ma taille qui m'a sauvé » dont la partie « témoignages » est présentée sous
une forme positive, le financement a été assuré part la Coopération Italienne) en
collaboration avec le MINESUPRES (ex.).
5. La Carte du génocide, dans le cadre de la culture de la mémoire (Ministère chargé de la
culture, financement Union Européenne).
1.6 Formation des journalistes et des média au service de la culture de paix.
Les média, et en particulier la radio et la presse écrite sont un jouerôle-clé au service
de l'établissement et de la consolidation de la culture de la paix. Aujourd'hui, les médias
doivent prendre une part active à la reconstruction du pays, après avoir incité à la haine
ethnique. Ils doivent aider à transmettre des messages de paix et d'acceptation mutuelle.
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58
Force est cependant de constater, qu'il y a encore peu de journalistes professionnellement
formés et, ceux qui le sont, n'ont pas été spécifiquement formés aux concepts et aux
méthodes d'éducation pour une culture de paix.
C'est pour pallier à ce manque qu'une série de séminaires ont été organisé par le
Ministère de l'Information (MININFOR) et l'Office Rwandais de l'Information (ORINFOR),
avec le concours de l'UNESCO. Ces séminaires visaient principalement la formation
technique des journalistes rwandais, à l'éthique et à la déontologie dictées par la profession.
Nous citerons à titre d'exemple, le séminaire « Rôle de la Presse dans Promotion des Droits
de l'Homme, la Consolidation de la Démocratie, et de la Tolérance» (Kigali, 9-13 juin
1997). L'UNESCO a contribué au renforcement des associations professionnelles des
médias : Association Rwandaise des Journalistes (A.R.J.) ; Association Rwandaise des
Femmes des Média (ARFEM) et la création d'une « Maisons de la presse », dont le but est de
rapprocher les journalistes de diverses tendances par le partage d'un espace commun.
1.7 Camps de solidarité
Sous l'impulsion d'un comité inter-ministériel et avec l'appui du groupe thématique
« éducation », le MIJESCAFOP a organisé des camps de solidarité, au bénéfice des jeunes
dans 8 Préfectures : Gitarama, Butare, Gikongoro, Kibungo, Kigali, PVK, Byumba et
Cyangugu. Ces camps ont réuni quelque 18000 jeunes, dont un grand nombre de rapatriés, et
ont servi de cadre de formation, d'information et d'éducation. L'UNESCO, le PNUD,
l'UNICEF, l'UNHCR, le HCDH, etc., ont apporté ainsi leur appui aux efforts du Rwanda
grâce à une participation active au programme de réintégration des étudiants rwandais
nouvellement rapatriés. Il s'agissait d'une marque de solidarité en premier lieu avec la
population qui aspire à la paix, à la réconciliation nationale, et la cohabitation pacifique. De
même, c'est un soutien au Gouvernement déterminé à mettre en œuvre une politique tournée
isolement vers le progrès et la réconciliation.
Malgré l'existence constatée ici et là, des disparités sur la qualité de l'encadrement
dans les camps dues pour l'essentiel à un manque de formation des encadreurs, le bilan était
plutôt positif.
Ces camps seront provisoirement reconvertis en camps de sensibilisation et de
formation pour adultes, anciens professeurs, soldats démobilisés, anciens fonctionnaires, et
agents de l'Etat, etc.
1.8 Autres activités indirectement liées à la culture de la paix :
Certaines activités indirectement liées à la culture de la paix y contribuent cependant
considérablement. Nous retiendrons particulièrement :
1.8.1 Les activités génératrices de revenus, appui aux groupes vulnérables
Conscients du lien étroit qui existe entre Paix et Développement, divers intervenants
ont initié des projets et micro-projets générateurs de revenus aux niveaux central, préfectoral,
et communal.
Ces activités basées sur une approche participative doivent amener les bénéficiaires à
plus de compréhension, pour favoriser une cohabitation pacifique entre les différents groupes
nationaux. Parmi les institutions ayant contribué au financement, et/ou au développement de
tels projets, on peut citer le Collectif PRO-FEMMES, le PNUD, l'UNICEF, la Banque

Mondiale, etc. C'est également dans ce but, qu'en janvier 1996, l'Association de Solidarité
des Femmes Rwandaises (ASOFERWA), membre du Collectif PRO-FEMMES/TWESE
H A M W E a lancé une campagne de sensibilisation à l'intention des autorités politiques
rwandaises. L'accent était mis sur l'urgence de construire pour les femmes, (essentiellement
les veuves et orphelins du génocide) des villages de la paix où les enfants, en particulier,
pourraient bénéficier d'un encadrement psycho-socio-pédagogique. L'ASOFERWA s'est
aussi attelée à la délicate tâche d'encadrer les enfants présumés coupables de génocide.
Par la réalisation du programme humanitaire, «Rapatriement et Réinsertion» lors du
rapatriement massif de Décembre 1996, le HCR, Solidarité Socialiste Belge, Ministère de la
Réhabilitation et de l'Intégration Sociale (MINIREISO), la Préfecture de Kibuye, ont
beaucoup contribué à un rapprochement entre les Rwandais de divers horizons. Save the
Children U.K. aura contribué à cette œuvre en réunissant les enfants avec leurs familles.
L'IRST pour sa part, préparerait une étude sur les besoins réels des veuves et des orphelins.
1.8.2 Reconstruction du système judiciaire
L'enquête menée par l'UNESCO en collaboration avec le Ministère ayant la culture
dans ses attributions aura montré que Paix et Justice sont indissociables. C'est pour
promouvoir les idées de paix intimement liée à la justice que plusieurs institutions ont lancé
des programmes d'appui au Ministère de la Justice (MINIJUST). Ainsi, le UNHCR en
collaboration avec le HCDH et la Coopération Canadienne a initié un programme de
réhabilitation et de renforcement du système judiciaire rwandais avec trois volets essentiels :
1. assistance matérielle : construction et équipement de nouveaux tribunaux ;
2. formation d'Inspecteurs de Police Judiciaire ;
3. sensibilisation sur la loi relative au génocide.
Un autre programme d'appui au MINIJUST, « Justice pour Tous », initié par
l'Union Européenne et la Coopération Néerlandaise en coopération avec « Avocats sans
Frontières », l'unité légale du HCDH a également organisé un séminaire au profit de
fonctionnaires Rwandais avec pour objectif de les familiariser au système judiciaire rwandais.
Voilà pour les activités principales dont nous aurons retenu huit axes d'activités.
2. Convergence
Les points de convergence relevés dans les différentes activités mettent en exergue la
préoccupation des intervenants, quant à l'insuffisance des ressources humaines, - d'un
personnel qualifié - D'où le nombre élevé de séminaires et de sessions de formation.
2.1. Le rôle de la communication
Le rôle de la communication est reconnu par tous ceux qui agissent ou veulent agir en
faveur de la promotion de la culture de la paix. De l'avis de tous, la radio et la presse écrite
devraient être mis au service de la population. Surtout la radio dont les émissions peuvent
atteindre les populations rurales. Un consensus s'est aussi dégagé sur la nécessité d'intégrer
la dimension culture de paix dans l'ensemble du système éducatif. La grande majorité des
personnes rencontrées pensent qu'il faudrait restaurer les institutions traditionnelles de justice
et de résolution des conflits tel que le GACACA pour ré-instaurer un climat de paix et
d'entente entre les Rwandais.
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60
3.4 Le sport et le spectacle.
Le sport et le spectacle culturel apparaissent comme un cadre privilégié de promotion
d'une culture de paix. Il faudrait donc poursuivre les activités organisées autour de ces
manifestations populaires.
3.5 La reconstruction du système judiciaire
Convaincus du lien étroit entre paix et développement d'une part, et paix et justice
d'autre part, plusieurs organisations et associations suggèrent de développer des activités
liées à la reconstruction du système judiciaire.
IV. Divergences
Les principaux points de divergence portent essentiellement sur la restauration du
droit coutumier (GACACA) et d'autres institutions traditionnelles.
4.3 Le GACACA.
Sans à proprement parler d'une polémique, la question est fortement posée de la
nécessité d'une adaptation, notamment en faisant passer les critères d'éligibilité axés sur la
compétence et la sagesse avant ceux d'âge et de sexe.
Le Gacaca devrait-il toujours se limiter aux simples cas ou ne pourrait-il pas aussi se
pencher sur les cas de génocide qui sont jugés trop nombreux pour les tribunaux actuellement
mis en place ? Traditionalistes et révisionnistes ont du mal à s'accorder sauf sur le constat
des cas de génocide qui n'ont pas encore été intégrés à Gacaca afin de procéder à une
comparaison des résultats avec le Tribunal International. Pour les chercheurs, cette institution
traditionnelle devrait cependant continuer à fonctionner de manière informelle.
3.2. Le rôle des médias et la formation des journalistes
Compte tenu de l'importance du rôle que peuvent jouer les médias dans la promotion
de la culture de paix, la formation des journalistes est jugée indispensable pour la promotion
des valeurs de paix et de cohabitation pacifique. Certains estiment cependant qu'un
journaliste formé n'est pas nécessairement apte à diffuser des messages de culture de paix.
Pour d'autres enfin, nombre de journalistes ne font pas bien la différence entre la formation
technique du journaliste et son action qui relève de l'éthique en faveur de la paix.
3.3. Le Projet RWA/95/B15
Le Programme de Communication et d'Education Civiques pour la Réhabilitation de
la Confiance et pour la Réconciliation Nationale (Projet RWA/95/B15 par le MIJESCAFOP)
avec l'appui du PNUD est confondu au Programme de culture de paix dont pour certains
responsables, il n'en représente qu'un volet.
En somme, le bilan des activités montre que les différentes composantes de la
population rwandaise renferment beaucoup plus de potentialités de réconciliation que de
division. Une des solutions prônée au problème rwandais est le rapprochement physique, qui
mène en fin de compte à un rapprochement des esprits. Ceci a été vérifié dans la création et
l'action des associations comme celles des journalistes ou des femmes rwandaises des médias
et l'utilisation d'une « Maison de la presse ». C'est aussi le cas dans les actions menées pour

la réunification des enfants avec leurs familles comme dans les camps de solidarité où, dans
bien des cas, il a pu y avoir échange de réflexions entre les jeunes retournés, les encadreurs et
les jeunes entre eux-mêmes.
COMMUMCA TION 2B
« INVENTAIRE ET EVALUA TION DES A CTIVITES MENEES AUR WANDA EN
MA TIERE DE CUL TURE DE PAIX ( 1994-1997) »
TROIS PERSPECTIVES
MINISTÈRE DE CULTURE/UNESCO/PNUD
I. Perspectives à court terme
A considérer les conclusions des différents partenaires concernés directement ou
indirectement par l'éducation pour une culture de paix, le mot récurrent est, à court terme, le
développement des projets actuellement en cours afin de mieux les coordonner, les structurer,
dans la perspective générale d'un programme national de culture de paix. Par conséquent,
réorganiser les campagnes de sensibilisation et d'information des populations. Cela suppose
un préalable qui est la formation à tous les niveaux d'intervention : cadres de l'Etat,
enseignants, animateurs sociaux etc. Ces formations pourraient se faire, dans certains cas, à
travers des séminaires de sensibilisation, séminaires-Ateliers, sur la base d'un programme
national élaboré avec une définition claire des concepts et des objectifs. Dans d'autres cas,
les formations devraient se faire dans un cadre formel et exigerait un préalable qui est
l'organisation d'un programme, l'élaboration d'un curriculum ainsi que la production de
matériels didactiques. Or, il n'existe actuellement aucun consensus quant au contenu
conceptuel. Culture de paix, éducation à la paix, éducation civique etc., sont des concepts
aux contenus différents qui s'adressent à des publics différents.
Il appartient, certes au Gouvernement rwandais de définir les axes de sa politique en
éducation pour une culture de paix. Apporter une définition claire des objectifs qui permette
de faire un choix judicieux des méthodes de sensibilisation et/ou d'enseignement. Aussi il
convient de déterminer la finalité, c'est-à-dire, les valeurs véhiculées par la culture et qui
contiennent une portée morale et/ou philosophique, une certaine conception de la société, de
la vie du monde que l'on souhaite mettre en exergue. Les valeurs sont présentes dans l'esprit
des hommes. Elles représentent le prix qu'ils attachent aux différents aspects de leur
expérience mais les valeurs n'existent pas par elles-mêmes, Elles se reflètent dans le
jugement porté par les individus et dans leur comportements. Aussi, il faudrait déterminer les
buts ; c'est-à-dire les objectifs poursuivis à travers un programme ou une action déterminée
de formation.
1. Eduquer pour la paix
L'un des buts principaux de toute éducation est de fournir les moyens,
connaissances, sens critique pour comprendre la réalité sociale qui prédispose au
développement du bien-être individuel et collectif et accroît la capacité de résoudre les
problèmes. De telle sorte que, par la suite, l'apprenant agisse de façon responsable.
L'éducation pour la paix ne se limite pas uniquement aux connaissances fondamentales des
concepts tels que la paix, le respect des droits de l'homme, la cohabitation pacifique etc.
Eduquer pour la paix, c'est aussi et surtout, forger des comportements, des attitudes. C'est
ciseler les esprits pour préparer les citoyens de demain, agents potentiels de développement à
contribuer à la construction d'une nation saine, soucieuse de la résolution pacifique des
conflits et du développement économique.
61

62
L'urgence est à la sensibilisation et à la formation de personnes ressources dans le
domaine de la culture de paix à partir d'un programme national. Sensibilisation des cadres de
l'Etat à tous les niveaux, formation initiale des formateurs à travers des séminaires, formation
d'animateurs sociaux.
1.1 Sensibilisation des Cadres de l'Etat
L'utilisation des centres régionaux (préfectoraux et communaux) tels que les Centres
préfectoraux de développement de formation professionnelle (CPDFP), les Centres
communaux de développement et de formation professionnelle (CCDFP), et les Centres
d'alphabétisation (IGA), renforcés par les structures administratives (Préfectures, Communes,
Secteur, Cellule, Zone) pourrait servir de base pour des sessions de sensibilisation. Les cadres
de l'Etat pourraient aussi être sensibilisés sur la nécessité et les avantages de la culture de
paix à travers les structures ministérielles. Les valeurs liées à la culture de la paix seraient
donc transmises et renforcées par chaque Ministère ou institution parastatale grâce à une
structure créée à cette fin.
1.2 La formation de formateurs
La formation des formateurs pourrait se faire, dans un premier temps, à partir de
séminaires-ateliers de formation. Toutefois, pour que cette formation soit efficace, il faudra
assurer cette formation à partir des institutions de formation existantes.
1.3 Les animateurs de base
La structure « animation sociale » qui existait déjà avant la guerre était constituée de
deux ou trois animateurs sociaux par Commune (« ABAKANGURAMBAGA ») dont la
tâche consistait non seulement à assurer l'alphabétisation dans les Centres IGA, mais aussi à
mobiliser la population autour de sujets tels que : la santé, la nutrition, le sport, les
manifestations culturelles, les projets de développement etc. Ce travail qui se fait
actuellement dans les Centres de développement (CPDFR et CCDFP) pourrait être renforcé
pour la sensibilisation des populations à la culture de paix.
1.4 Les organisations de femmes
Des entretiens avec les associations de femmes et les hauts cadres de l'Etat, il ressort
comme un étonnement que les femmes ne soient pas plus impliquées dans la diffusion des
messages liés à la culture de paix au Rwanda. Pourvoyeuses de vies, premières éducatrices,
éléments indissociables du développement, des programmes devraient être développés qui
soutiennent l'action des femmes pour la paix. L'alphabétisation, la formation des filles et des
femmes devrait donc être une priorité d'action de tous les partenaires de développement. La
réconciliation nationale, la cohabitation pacifique, le développement durable sont autant de
perspectives à court, à moyen et à long terme dans lesquelles la femme devrait être plus
impliquée. Ce, d'autant plus que de nombreuses associations de femmes oeuvrent, depuis la
fin du génocide et des massacres politiques à favoriser le retour de la paix et la réconciliation
nationale. Il faudrait apporter un appui plus grand aux femmes à travers le collectif PRO­
FEMMES, le Forum des femmes parlementaires et le Ministère chargé du Genre, de la
Famille et des Affaires Sociales.
Mais qu'il s'agisse de sensibilisation des cadres de l'Etat, de la formation des
formateurs et des enseignants ou des animateurs sociaux, il faudrait tout d'abord une
harmonisation des concepts, une définition opérationnelle des objectifs même de la formation.

Cette exigence répond à deux objectifs : la nécessité de rendre plus efficace les objectifs et la
nécessité d'adapter la formation au contexte particulier du Rwanda. Or, définir des objectifs
d'une éducation pour la paix, c'est répondre à la question: quand le cours, le séminaire, la
session de formation seront terminés, qu'est ce que ceux qui les ont suivis seront capables de
faire ?. Les lignes directrices d'une telle action, les options fondamentales et les priorités
sont du ressort des responsables politiques. Mais la réflexion sur les objectifs, la finalité,
l'organisation du programme...est du ressort de l'ensemble des partenaires.
IL Perspectives à moyen terme.
1. Intégrer l'éducation pour la paix dans l'ensemble du système éducatif.
Pour tous, les perspectives à moyen terme tournent autour de l'intégration de
l'éducation pour une culture de paix dans l'ensemble du système éducatif. Cela suppose donc
un préalable qui est la formation des formateurs, celle des enseignants, ainsi que l'élaboration
du matériel didactique à l'intention des: formateurs de formateurs, des élèves enseignants et
des élèves à tous les niveaux, de manière à institutionnaliser progressivement l'enseignement
de la culture de paix dans l'ensemble du système scolaire.
1.1 Elaborer les curricula
L'élaboration d'un curriculum se concevrait comme un plan d'action pédagogique
avec détermination dés voies, moyens et activités à mettre en œuvre pour atteindre les
objectifs, les méthodes et outils qui permettent l'évaluation des résultats des actions
entreprises.
1.2 Déterminer les modes d'insertion
Le système éducatif rwandais subit actuellement une réforme qui concerne aussi bien
les orientations, l'organisation, le contenu, les programmes que l'amélioration de la
pertinence des contenus pédagogiques. Elle privilégie l'optimisation des modes d'acquisition
des valeurs culturelles positives, les comportements, attitudes pour un changement de
mentalités menant vers la réconciliation nationale. L'introduction de l'éducation à la paix
suscite une grande réflexion pluridisciplinaire: Cours distinct, cours nouveau ou inclusion
dans des cours existants ? Du point de vue opérationnel, les points d'insertion pourraient se
faire par l'intégration totale, partielle ou adjonction. Dans tous les cas, cela suppose, en
amont, une analyse approfondie des différentes disciplines du programme en vigueur,
l'identification des disciplines hôtes et les points d'insertion les mieux appropriés. Cela
signifie aussi, la formation des enseignants des disciplines d'accueil, la prise en compte de la
cohérence interne du programme et de la progression horizontale et verticale. Le choix de
l'approche doit respecter la nature pluridisciplinaire de l'éducation pour la paix, favoriser le
décloisonnement des disciplines, et éviter de surcharger les programmes.
Elle doit aussi faire l'économie de la formation des formateurs spécialistes de culture de paix,
tout en évitant la dispersion et l'incohérence dans le programme de progression. Tout contenu
nouveau implique, pour le moins, une certaine réorganisation du système d'enseignement.
1.3 Concevoir et produire du matériel didactique
L'élaboration et la production de ce matériel didactique présuppose une
harmonisation conceptuelle. L'introduction d'une nouvelle matière exige une réflexion avec
les formateurs de formateurs, les enseignants, les responsables de l'éducation, sur la stratégie
63

64
à adopter avant la conception, l'élaboration, l'expérimentation, l'évaluation et enfin, la
production du matériel didactique à l'intention des enseignants et des apprenants.
2. Le sport et l'art
Le sport et l'art, qui sont des voies de prédilection pour la vulgarisation de la culture
de paix seront plus que jamais mis au service de la paix, organisation de tournois, concours,
compétitions, ballets, festivals et toutes les manifestations culturelles disponibles autour des
thèmes d'unité, de paix et de réconciliation nationale.
3. L'utilisation des médias
Les objectifs clairement définis, le programme national élaboré, les matériels
didactiques conçus et réalisés, la sensibilisation des populations devient aisé avec l'utilisation
de tous les moyens de communication et essentiellement la radio. Cette sensibilisation
pourrait être couplée avec les campagnes d'alphabétisation initiées par le Ministère du Genre,
de la Famille et des Affaires Sociales, avec l'appui de l'UNICEF et de l'UNESCO.
III. Perspectives à long terme
Il apparaît pour l'ensemble des partenaires que les perspectives à long terme sont :
l'institutionnalisation et la généralisation de l'éducation pour une culture de paix dans
l'ensemble du système éducatif rwandais, la prise en compte des mécanismes traditionnels de
résolution des conflits (GACACA), l'intégration des femmes dans les activités menées pour
la paix et la réconciliation nationale, mais aussi la création d'un Centre pour la paix.
1. Institutionnalisation et généralisation de l'éducation pour une culture de paix dans
l'ensemble du système éducatif.
Tous les préalables précités mis en place, rinstitutionnalisation et la généralisation de
l'éducation pour une culture de paix serait un moyen privilégié de « ciseler » les esprits et de
contribuer à la formation de citoyens conscients de leurs responsabilités et engagés dans la
promotion des valeurs, de paix et de cohabitation pacifique.
Cette éducation devrait permettre de contribuer au développement de la
compréhension mutuelle, de la solidarité et de la tolérance et de promouvoir les valeurs et
attitudes favorables au respect de l'autre, en éliminant dans tous les systèmes éducatifs les
formes de discrimination directe ou indirecte. A travers l'éducation non formelle, il faut
insérer l'éducation pour la paix, la tolérance, la démocratie, les droits de l'homme etc., dans
les programmes d'alphabétisation, concevoir et élaborer un matériel didactique à l'intention
des animateurs de base et des apprenants. Pour ce qui concerne l'enseignement formel,
l'introduction des concepts de culture de paix dans les curricula a commencé avec les deux
séminaires consacrés à la révision et à l'harmonisation des programmes de l'enseignement
primaire et de l'enseignement secondaire général. Progressivement, cette introduction devrait
être généralisée dans l'ensemble du système éducatif.
2. La réinstauration du Droit Coutumier ou « GACACA ».
Malgré la polémique, la majorité des intervenants estime qu'il faudrait réinstaurer le
droit coutumier GACACA. Le débat actuel est de savoir comment intégrer les mécanismes
traditionnels de règlement des conflits dans une société qui tend vers la démocratie. Quel rôle
pourrait jouer cette institution et de quelle façon il pourrait y avoir un complémentarité

d'action avec le tribunal international pour les cas qui relèvent du génocide ; et la justice
rwandaise pour les autres cas ? Dans ce domaine, les chercheurs sont invités à identifier les
modalités traditionnelles qui peuvent contribuer à la restauration de la paix et à la
réconciliation nationale.
3. Centre d'éducation pour la paix.
Pas plus que la paix ne se construit sur l'oubli, elle ne saurait s'instaurer de manière
durable sans justice. Que sur l'ensemble du territoire, des mémoriaux soient érigés comme un
hommage, certes, aux victimes du génocide, mais pour que jamais plus, de tels actes ne se
reproduisent. C'est dans cette optique qu'il faudrait soutenir le projet de création d'un Centre
d'éducation pour la paix (ou Institut de la Paix).
Conclusion aux perspectives
La finalité de toute éducation pour une culture de paix, des droits de l'homme et de la
démocratie est de développer en chaque citoyen la capacité de reconnaître et d'accepter
l'autre, de renforcer l'identité personnelle et nationale, de favoriser les valeurs culturelles et
sociales. Lorsque le Gouvernement Rwandais aura défini les axes de sa politique en matière
d'éducation, puis son programme national d'éducation pour la paix, la formation des
formateurs d'abord, des apprenants ensuite, puis la sensibilisation de la population au niveau
national, deviendront plus aisées. Ces formation et sensibilisation requièrent toutefois un
cadre structurel, des ressources humaines, techniques et matérielles permettant de démarrer
les projets de culture de paix nécessaires dans l'immédiat, sans perdre de vue le moyen et le
long terme. L'objectif est essentiellement de faire des Rwandais de demain des hommes
capables de cohabiter pacifiquement dans la différence, et du Rwanda de demain un pays où
il fait bon vivre.
IV. CONCLUSION GENERALE ET RECOMMENDATIONS
1. Conclusion générale
1.1 Les difficultés majeures
Les difficultés majeures qui ressortent des entretiens, qu'il s'agisse des activités
initiées par les institutions gouvernementales ou par des partenaires de développement
semblent tourner autour des points suivants :
• Manque d'une structure de travail et de coordination ;
• Manque de moyens financiers et matériels ;
• Manque d'expertise ;
• Lenteur administrative (surtout côté Gouvernement) ;
• Dénuement des populations et leur impatience devant une justice lente et l'insécurité
persistante dans certains coins du pays ;
• Double langage de beaucoup de Rwandais après le génocide : ce qu'ils disent ne reflètent
toujours ce qu'ils pensent ;
• Une certaine dualité entre les anciennes organisations qui reflètent le statu-quo et les
nouvelles qui encouragent le changement.
65

66
1.2 La disparité des actions
Les activités entreprises jusqu'ici en matière de culture de paix sont disparates et
non coordonnées. Ces activités sont souvent menées sans concertation avec d'autres acteurs
éventuels poursuivant le même objectif. Ceci entraîne une dispersion d'énergie, de fonds
ainsi que des doubles emplois. Il est clair que la phase d'urgence consécutive au génocide
n'offrait ni le temps ni les moyens de la coordination. Aujourd'hui cette coordination
s'impose comme une étape incontournable si l'on veut rentabiliser les efforts vers le même
objectif.
2. Recommandations
La formation en culture de paix ne devra pas attendre que toutes les notions
techniques soient assimilées. Formation technique et formation en culture de paix peuvent et
devraient se faire parallèlement. Les conclusions du séminaire nous amènent à faire les
recommandations suivantes :
2.1 Développer un programme national
Il est impérieux de développer un véritable programme national d'éducation pour une
culture de paix au Rwanda. Le développement d'un tel programme constitue une dimension
essentielle à la reconstruction et à la réconciliation nationales. Ce programme devra tenir
compte des besoins et attentes des différents groupes cibles et puiser sa force au foyer des
valeurs positives de la culture rwandaise, de la culture universelle et. des spécificités de
l'histoire du pays. Un tel programme national devrait s'articuler entre autres, autour des axes
suivants :
• Poursuivre et harmoniser les actions entreprises en vue de l'intégration de la culture de la
paix dans les cursus scolaires et universitaires.
• Intégrer la dimension culture de paix dans les programmes d'éducation non formelle,
notamment dans les campagnes d'alphabétisation.
• Assurer la formation des journalistes à la profession, à la culture de la paix, et appuyer les
médias dans leur rôle d'établissement et de consolidation d'une culture de paix au
Rwanda.
• Identifier et réhabiliter les valeurs positives de la culture rwandaise pour la promotion
d'une culture de paix au Rwanda.
• Poursuivre les activités de sensibilisation: animations culturelles et sportives, concours
artistiques et littéraires, séminaires, conférences et sessions de formation, directement liés
à la culture de la paix, etc.
• Assurer la formation continue de ces animateurs.
• Soutenir les associations nationales, en particulier les associations féminines et les
mouvements des jeunes, dans leur action pour la paix.

2.2. Mise en place d'une structure nationale de coordination
Enfin, pour que les initiatives privées - projets, programmes, activités - soient
coordonnées dans un programme national cohérent, il importe qu'une structure nationale de
coordination et de suivi soit mise sur pied. Cette structure dépendrait directement du
Ministère en charge de la culture. Elle travaillerait en relation étroite avec la Commission de
Réconciliation Nationale, récemment créée et la Commission Nationale Rwandaise pour
PUNESCO et s'appuierait sur des antennes réparties dans les différentes Préfectures et
Communes du pays.
2.3 Création d'une unité culture de paix au Bureau de l'UNESCO.
Etant donné le nombre important des activités et des intervenants dans le vaste champ
de la culture de la paix, il y a lieu également de créer une unité culture de paix au Bureau
de l'UNESCO-Kigali. Cette unité serait le vis-à-vis des différents partenaires ayant d'ores et
déjà émis le souhait de collaborer avec l'UNESCO dans le cadre de la culture de paix.
67

68
1. Introduction
9. SHARED VALUES IN RWANDA
Musoni Protais, Préfet of Kigali City
A casual look at recent events in Rwanda would indicate that it is a country deeply divided
along « ethnic » lines where war, genocide and impunity are a logical, immutable way of life.
Over a period of nearly forty years, successive regimes have pursued violent sectarian
policies founded on the colonial ideology of divide and rule. Opportunistic politicians
plundered the country's wealth and instigated sectarian massacres to hoodwink the Rwanda
people and keep themselves in power. The events of 1994 polarised our society and made
every Munyarwanda seen a mass-murderer who was ashamed of his nationality whenever he
was in another country.
Thus, one of the many consequences of genocide is a disoriented society with deep
cleavages, full of suspicion and guilt. It would seem that there is neither vision nor direction
for such a society.
But has Rwanda always been like this ? The evidence we have shows a totally different
picture, which can lead us to conclude that in Rwanda there is only one tribe or ethnic
group : the Banyarwanda. They share all things that identify a homogeneous community or
an ethnic group : language, geographical location, clans, cultural values, beliefs, and
religious practices.
When Banyarwanda talk about their origin as a people, all myths point to the same mythical
father in spite of regional variations and interpretations. Rwanda is a patrilineal society and
the idea of a common father underlines the strong bond of brotherhood among the three socalled
ethnic groups.
The paradox of a nation whose people have the same ancestry and yet are divided along
ethnic lines can only be resolved by a process of reconciliation that emphasises positive
shared values and negates whatever may be divisive in our society.
Allow me to digress a bit and share with you an experience I had when I was Préfet of
Kibungo. I encouraged local people to hold reconciliation meetings in which key interest
groups participated ; survivors of genocide, old case refugees who had returned in
1994/1995, new case refugees who returned at the end of 1996, those who had never been
refugees, ex-soldiers of the Habyarimana regime, demobilised soldiers, representatives of
women and youth. The theme for discussions centred on the question : What Causes
Division and Conflict among Banyarwanda ? It was hoped that once the people were able
to identify causes of problems they would be able to find for themselves solutions relevant to
their way of life. One day, I attended such a meeting inKigina Sector of Commune Rusumo,
after going over the usual discussion for sometime, one of the participants re-awakened us all
by putting the central question in a new light : Why Always Ask What Cause DividesBahutu
and Batutsi ? Why Not Ask What Unites Them ? Through discussion using this angle, it
was discovered that kinship through clans crosses the artificial ethnic barrier. Participants
were put in discussion groups according to clan and each was asked to give their genealogy to
the best of their knowledge. Many were shocked or surprised to discover that the people
they had been taught to hate and kill were their relatives along the ancestral line.
This is bond should be for all of us a starting point for discovering what else we share. I
would like to thank the organisers of this Seminar for recognising that the Rwandese people

have values they share, and for providing them with the opportunity to come together and
seek a coherent way forward - a way that puts aside the negative aspects of our society and
focuses on the creation of meaningful future.
2. Shared values
2.1. Values of Kinship and Family
Like elsewhere in Africa, the concept of a family extends far beyond the nucleus of a man,
his wife and their children. In many cases, it stretches to include a whole Community. We
have already illustrated that Kinship through clans goes beyond the imaginary ethnic groups.
The implication of this is that individuals in communities or clans share the values that yield
welfare and natural support benefits that we would normally attribute to a family unit. This is
true to the extent that, in earlier times, valuable groups such as young children were
considered as belonging to the clan rather than to their immediate family. In practical terms
this means that they could not be considered orphans even when both of their biological
parents were dead. If such a value system were to be applied today, there would be no
orphans and very few street children.
As there are only 18 clans in Rwanda and in each of these clans there are the so-called ethnic
groups, it can be logically concluded that the people of Rwanda have the same origins. If
this fact could be given more importance, the ethnic divisions that characterise our society
would disappear and there would be peace and unity that have eluded our nation in recent
history.
2.2 Land as a Source of Roots and Identity
Unlike most African countries whose nationhood dates to colonial times, Rwanda has been a
nation for centuries. Its boundaries have changed several times but the idea of nationhood
has been there for about a thousand years. Regardless of all sectarian divisions, all
Banyarwanda have this sense of belonging to one nation.
To every Munyarwanda, Rwanda is his country and he loves it. He may not like his
neighbour, but he identifies himself with him. If they meet in a foreign land, both are given
the same identity and are treated the same way irrespective of their supposed ethnic groups.
This sense of nationality dates before colonial times. Throughout the history of the country,
denial of the rights of a citizen to live freely in his country has resulted in violent conflicts.
Nothing is worse than to be a refugee. The sense of belonging to one indivisible nation can be
used to promote peace if its importance is propagated in society. It can give people a shared
vision and make them aware that there are to swim or sink together. After all, as the saying
goes, there is no other country like Rwanda.
2.3 Shared Experience of Oppression and Financial Dependence
Rwanda is a poor country. Its chief resource is its people. In the post-colonial period, the
economy served the interests of the leaders. The majority of the people lived at subsistence
level. Many lived under the threat of famine. After war and genocide, the socio-economic
problems have multiplied themselves many times. Foreign aid is consumed rather than used
for development. We have been conditioned to accept financial dependence, but begging
behaviour is looked down upon. The cultural value of taking pride in self reliance can be
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exploited to make people work together for mutual benefit. When people work together, their
differences diminish as their common goals take precedence.
2.4 Shared Aspirations for Peace, Justice and Equity
In the Kinyarwanda language which is common to all the people, you greet someone by
wishing him peace, good health and prosperity. For anyone to be thought of as a person of
integrity, one must show courtesy and fairness to neighbours. The greatest shame is to be
caught stealing or cheating them. The people have a social justice system at grassroots.
Punishments that are given to offenders are aimed at re-integrating them into the community
rather than make them outcasts. Judgement is done collectively in the open and everyone
present can make contribution. In this way, problems are solved in a transparent manner that
promotes the cause of peace and justice among the people. Differences are not solved by
violence and murder, but through equitable discussion in a language that is the heritage of all
the people.
3. Conclusion
I can see, therefore, that we need a system and policies of reconciliation that will facilitate
for us the promoting of peace through the exploitation of positive social values that people
share, and to negate whatever past problems that still divide them. We propose also that the
best way forward is to put in a system of governance that gives people at local levels enough
latitude in decision-making, and participation at the implementation stage. That way, we
hope that the common values and common needs will bind them together and educate them
that they should work together to make sure that they solve their problems and stop any
outside influence that may divide them again. That system of governance, I would say, is
democratic decentralisation. I am happy to inform the audience that the government of
Rwanda is committed to move along that path. We hope that the international community will
come to the assistance of this country so that this path bears fruit and unites theBanyarwanda
as they work forth towards a peaceful future.
Thank you very much.

10. POUR LA PROMOTION DES VALEURS : ROLES DES CITOYENS, DES
CONFESSIONS RELIGIEUSES, DU GOUVERNEMENT
Madame Suzanne Ruboneka
Chargée du Programme Campagne Action pour la Paix au Collectif ProFfemmes/Twese
Hamwe
1. Bref historique du Collectif PRO-FEMMES/TWESE HAMWE.
Le Collectif Pro-Femmes/Twese Hamwe est une plate-forme et un cadre de
concertation des associations membres ayant la mission de la promotion du « Genre, Paix,
Développement ».
Il a été créé en 1992 par 13 associations de femmes rwandaises ayant pour mission
principale la promotion de « Genre et Développement ». Après avoir pris conscience que la
femme est la victime principale d'événements politiques au Rwanda, ces associations ont eu
le courage d'organiser une marche pour la paix, afin de forcer le Gouvernement de l'époque à
arrêter les massacres et la guerre, un génocide sans précédent, en 1994. Les massacres et la
guerre n'ont pas épargné les femmes et les enfants, des familles entières ont été décimées et
le tissus social complètement détruit.
Les femmes survivantes portent dans leur corps et dans leur coeur les blessures de ces
crimes contre l'humanité, crimes qu'elles n'ont pas pu arrêter. Selon la tradition, la femme
rwandaise est considérée comme donneuse de vie, et elle incarne d'autres valeurs humaines
telles que la tolérance, la médiation et la pacification. Elle était appelée « NYAMPINGA »,
ce qui signifie havre de paix, refuge de ceux qui sont fatigués, hôte de ceux qui se trouvent
dans le besoin. De ce fait, elle était traitée avec respect. Pendant le génocide, elle a été objet
de toutes sortes de violences, tant physiques que mentales. Elle même a osé tuer d'autres
femmes et des enfants.
Il était interdit de faire de la violence sa présence des enfants, mais l'enfant a vu tuer
ses proches et certains enfants ont tué d'autres enfants. Après le génocide, la femme s'est vu
confier de lourdes responsabilités : la reconstruction du pays et du tissu social déchiré par les
conflits armés.
En 1994, on a vu naître des associations de femmes que l'on pourrait classer en trois
catégories : Les associations de femmes qui existaient au Rwanda avant le génocide, celles
qui existaient à l'étranger, constituées d'anciens réfugiés, et celles qui sont nées après le
génocide, composées en grande partie par les rescapés du génocide.
Ces femmes n'ayant pas eu le même passé, ni les mêmes préoccupations étaient
confrontées aux même réalités, elles devaient gérer ensemble les conséquences du génocide.
Pour y arriver, elles se sont intégrées dans le Collectif PRO-FEMMES/TWESE H A M W E ,
passant de 13 en 1994 à 35 associations actuellement. C'est cette volonté commune de
dépasser les différences dans cette situation pourtant difficile qui a fait valoir au Collectif LE
PRIX UNESCO Mandanjeet Singh pour la promotion de la tolérance et de la non violence.
Ce prix a été remis au Collectif le 18 novembre 1996 deux jours après la Journée
Internationale de la Tolérance.
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2. Programme Campagne Action pour la Paix.
En novembre 1995, le Collectif des associations des femmes Rwandaises a lancé
l'initiative Campagne Action Pour la Paix (CAP). Les idées de base ont été puisées dans les
réflexions concernant la préparation de la Conférence de Beinjing en 1995, ainsi que dans le
constat d'une culture d'intolérance et de violence qui a caractérisé la populationrwandaise
depuis la colonisation.
L'objectif de la CAP est de relever le défi lançant un programme exécuté par toutes
les associations membres. Ce programme vise à changer la culture de violence en culture de
justice, de liberté et de droits de la personne. Il vise la transformation de la sociétérwandaise
en éduquant la population aux valeurs de tolérance, de démocratie et du respect d'autrui, en
luttant contre l'impunité et la négation des droits et des libertés de la femme.
Ce programme paraît ambitieux, mais il est soutenu par 35 associations qui sont
déterminées à participer d'une façon active à la reconstruction de notre pays et à éradiquer à
jamais la violence. Le Collectif puise également sa force dans le soutien du Gouvernement
rwandais à travers spécialement le Ministère du Genre, de la Famille et des Affaires Sociales
et le Ministère de la Jeunesse, des Sports, de la Culture et de la Formation Professionnelle. Ce
programme bénéficie de l'appui de quelques partenaires, notamment le Gouvernement
Rwandais, NOVIB, HCR, International Alert, Coopération Canadienne, UNESCO, ....
Le Collectif vient de se doter d'un plan d'action triennal élaboré par toutes les
associations membres. Sa finalité a été définie par les femmes comme suit : Une société
égalitaire où règne une paix durable. Il s'articule sur quatre axes :
• Promotion d'une culture de Paix.
• Intégration du concept Genre.
• Relance du secteur socio-économique.
• Renforcement de l'Institution.
Le Collectif a des structures au niveau régional qui facilitent la décentralisation et
permet d'accéder aux femmes des communautés de base qui sont les premières bénéficiaires
de ce programme.
Sur la mission que le Collectif s'est assignée, certaines activités ont été réalisées
d'autres sont en cours d'exécution notamment :
• La prise en charge des orphelins dans les familles d'accueil
• L'assistance psycho-socio-juridique aux victimes du génocide
• Le programme humanitaire d'accueil et l'intégration des nouveaux rapatriés
• Le système d'épargne et de crédit en faveur des femmes à faible revenu
• La construction de villages de paix
• La rééducation et l'intégration des jeunes accusés d'avoir participé dans le génocide
• La mobilisation des femmes de sensibilités différentes au même programme Campagne
Action pour la Paix.
La seule détermination des femmes ne suffit pas pour réussir cette noble mission, sa
réussite sera conditionnée par d'autres facteurs tels que la volonté politique dont nous ne
doutons pas mais aussi l'appui de la communauté internationale.

PROCES-VERBAL DE CLOTURE
Jean Mukimbiri
MIJESCAFOP
Il s'est tenu à l'Hôtel Windsor UMUBANO, du 6 au 8 octobre 1998, une
« Conférence sur les valeurs partagées, pour la promotion d'une culture de paix au Rwanda ».
La Conférence s'inscrivait dans le cadre du vaste programme de culture de paix
entrepris par le Gouvernement d'Union Nationale depuis son installation en juillet 1994, au
lendemain du génocide et des massacres politiques.
Quatre objectifs majeurs étaient assignés à « La Conférence sur les valeurs partagées,
pour la promotion d'une culture de paix au Rwanda.
Il s'agissait de :
1. Accroître une compréhension collective des préconditions qui doivent être réunies,
afin qu'une culture de paix et de confiance ait la possibilité de se développer.
2. Analyser les sources de valeurs et d'autorité qui influent sur la société rwandaise
d'aujourd'hui.
3. Prendre conscience des distinctions ainsi que des composantes communes qui
existent entre et au sein des différentes couches du peuple rwandais.
4. Analyser les voies et moyens de promouvoir d'une manière plus efficace les valeurs
partagées au sein de la société civile d'une part (monde des affaires, médias, Eglises,
organisations féminines etc.), et du Gouvernement d'autre part, par les institutions
qu'il contrôle (écoles, tribunaux, hôpitaux, etc.).
La Conférence a été conjointement préparée par le Ministère en charge de la Culture,
l'UNESCO et le N.P.I. (Newick Park Initiative).
Ont répondu à l'invitation les participants attendus : représentants du Gouvernement,
membres du Corps diplomatique et d'Agences des Nations Unies, d'Organisations Non
Gouvernementales, aussi bien nationales qu'internationales, Professeurs de l'Université
Nationale du Rwanda, Chercheurs à l'Institut de Recherches Scientifiques et
Technologiques, représentants de Confessions Religieuses et de médias, publics et privés.
Les cérémonies d'ouverture et de clôture ont été rehaussées par la présence des
personnalités ayant répondu à l'invitation à la Conférence.
Les discours d'ouverture comme les allocutions de clôture ont été prononcés par le
Représentant du Directeur Général de l'UNESCO, le Directeur de N.P.I., par le Représentant
du Ministre en charge de la Culture, à l'ouverture, et par le Ministre, à la clôture.
Les cérémonies d'ouverture et de clôture ont par ailleurs été agrémentées par des
manifestations culturelles à caractère poétique et folklorique.
L'éventail thématique de la « Conférence sur les valeurs partagées, pour la promotion
d'une culture de paix au Rwanda » a comporté :
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1. Un exposé sur l'importance des valeurs
2. L'histoire d'une culture de paix au Rwanda
3. Les conditions requises pour les valeurs et l'instauration d'une culture de paix.
4. Les sources de valeurs et de l'autorité au Rwanda d'aujourd'hui.
5. Les valeurs dans le contexte africain élargi et international.
6. L'importance des valeurs communes et des valeurs différentes au Rwanda.
7. Les valeurs partagées au Rwanda.
8. Le rôle des citoyens, des confessions religieuses et du Gouvernement, dans la
promotion d'une culture de paix.
Les participants à « La Conférence sur les valeurs partagées » ont par ailleurs été
tenus au fait :
1. Des actions en cours pour la promotion d'une culture de paix dans les Institutions
suivantes :
B Ministère de l'Education
• Ministère du Genre, de la Famille et des Affaires Sociales,
• Le Collectif de 35 ONG de promotion de la femme « PRO-FEMMES/TWESE
HAMWE ».
• Association de Solidarité de Femmes Rwandaises (ASOFERWA).
M Association des Journalistes du Rwanda
H Association des Musulmans du Rwanda
• Le Ministère de la Jeunesse, des Sports, de la Culture et de la Formation
Professionnelle.
• OXFAM Québec
• World Relief
H Université Nationale du Rwanda.
1. De l'examen du document : « Inventaire et Evaluation des activités menées au Rwanda
en matière de culture de paix (1994-1997) BILAN et PERSPECTIVES », document qui
consiste en une étude conjointement menée par l'UNESCO, le PNUD et le Ministère en
charge de la culture.
Des communications et des débats qui ont été eu lieu en ateliers et en Plénières, il
s'en est dégagé un faisceau de concordances, qui a conduit au consensus sur les
Recommandations suivantes, dans le cadre d'un programme d'action opérationnel par rapport
aux valeurs partagées.
Mais force a d'abord été de procéder au recensement des dites valeurs. Faut-il ajouter
que leur traduction française ou anglaise reste approximative et que la liste n'est ni exhaustive
ni limitative.
Sur les valeurs partagées, à promouvoir, le consensus est établi quant aux valeurs
suivantes, du foyer positif de la culture rwandaise :
1. Ubuzima : la vie
2. Ubutwari : héroïsme
3. Ubumanzi : noblesse de corps et d'esprit

4. Ulairi
5. Ubucuti
6. Ubwuzu
7. Amahoro
8. Urugwiro
9. Üb wende
10. Ubwenge
11. Umutima
12. Urukundo
13. Ihirwe/amahirwe
14. Uburere
15. Umugisha
16. Ubumwe
17. Ubupfura
18. Ubwitange
19. Ubuntu
20. Amajyambere
21. Ikoranabuhanga
22. Ubworoherane
23. Inyangamugayo
24. Ubutabera
25. Ubufatanye
26. Ubwizerane
27. Ubushishozi
28. Ikinyabupfura
29. Ikibonezamvugo
30. Kwihangana
31. Ubumuntu
Quelques valeurs négatives, à éviter :
32. Ishyari
33. Kwikubira
34. Ubugugu
35. Kwironda
36. Ikinyoma
37. Ubugwari
38. Ubwoba
39. Ubujiji
40. Ubutiriganya, amatiku
41. Ubutindi
42. Ubugome
43. Ubuhemu
44. Ubusambo
45. Indanini
46. Ubute = ubunebwe
47. Ubunnyeteri
48. Amacakubiri = Umwiryane
49. Umushiha
50. Inambu
51. Uburumbo
52. ubwambari
le culte de la vérité
l'amitié
l'affection, la sympathie
la paix
la convivialité
l'enthousiasme à....
la sagesse, l'intelligence, la connaissance, l'habileté
le cœur, l'âme, l'esprit
l'amour
le bonheur, (la chance)
l'éducation
la bénédiction (la chance)
L'unité
la noblesse de cœur, dignité
L'abnégation
la générosité
le progrès, le développement
Technologie
Tolérance
Probité
Justice, équité
Solidarité
confiance
sagacité, perspicacité
politesse, courtoisie
langage approprié
Patience
Humanisme
: la jalousie
: égoïsme
: avarice
: népotisme
: mensonge
: lâcheté
: la peur
: Ignorance
: intrigue
: perversité
: méchanceté
: trahison, félonie
: gourmandise
: gloutonnerie
: paresse, fainéantise
: mollesse
: division
: hargne
: cupidité
: mauvaise éducation
: fanatisme
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53. Inyangabirama : cynisme
54. Ubukene : pauvreté
55. Ubuswa : bêtise
56. Ubuhararumbo : brutalité
A. RECOMMANDATIONS A CARACTERE GENERAL :
II. AU GOUVERNEMENT RWANDAIS.
1. Le développement d'un vaste programme national d'éducation pour une culture de paix
par la mise en place d'une structure nationale de coordination, à travers notamment un
Institut de la Paix.
2. La promotion d'un Etat de Droit.
3. La préparation et la formation de la classe politique pour les besoins d'un leadership de
haute qualité.
4. L'établissement d'un code d'éthique, des mécanismes de succession et de passation de
pouvoir.
5. L'adoption par les hommes politiques d'un Projet de Société dont le programme serait
impérativement suivi à tous les niveaux.
6. La réhabilitation des travaux communautaires dans les collectivités locales.
7. La réinstauration, adaptée, du rituel de la Fête des Prémisses = Umuganura, pour la
dimension du partage social qu'elle véhiculait.
8. Réhabilitation d'une culture de la vérité, de la parole donnée et du serment.
9. Intégration de la jeunesse et de la femme rwandaise à la gouvernance démocratique.
10. Organiser un débat national regroupant tous les intervenants en matière de culture de paix
suivi d'un plan d'action pour la promotion d'une culture de paix.
11. Organiser des activités pour la célébration de l'an 2000, Année Internationale de la
Culture de la Paix.
12. Soutenir les associations de personnes âgées comme trésors humains vivants.
13. Consolider la politique de renforcement du pouvoir économique de la population.
14. Renforcer le noyau familial, cellule de base pour une éducation aux valeurs partagées.
15. Adaptation de moyens, méthodes et institutions traditionnelles de prévention, de
résolution de conflits et de consolidation de la paix à l'issue des situations de conflits
(ex : GACACA).
16. Disponibiliser les moyens de lutte contre l'ignorance et l'analphabétisme par l'éducation.

17. Concevoir une politique claire et des mécanismes efficaces de prévention et de résolution
de conflits dans la sous-région.
18. Donner les moyens à la création, à la production, à la promotion et à la circulation des
produits culturels des valeurs partagées.
19. Création de structures d'administration qui favorisent la tolérance et contrent la dérive
ethnique.
20. Conception d'un système politique en profondeur culturelle.
II. A L'ADRESSE DES BAILLEURS DE FONDS
Les participants à « La Conférence sur les valeurs partagées pour la promotion d'une
culture de paix au Rwanda » en appellent aux bailleurs de fonds , pour le financement du
programme d'action opérationnel issu de «La Conférence sur les valeurs partagées» dans le
cadre du contexte post-génocide que vit le Rwanda.
III. A L'ADRESSE DE L'UNESCO ET AU PNUD
1. La création d'une Chaire UNESCO pour la culture de la paix à l'Université Nationale du
Rwanda.
2. Les participants invoquent la mission essentiellement éthique de PUNESCO pour
solliciter son expertise et son financement, aux fins de venir à bout de la culture du
génocide au Rwanda et dans la sous-région.
3. La création d'une unité de culture de paix au Bureau de l'UNESCO de Kigali.
4. La contribution à la mise en place d'un Institut pour la Paix au Rwanda, par la
collaboration entre le Gouvernement Rwandais, le PNUD et l'UNESCO.
IV. A L'ADRESSE DE N.P.I.
Les participants à la Conférence encouragent le N.P.I. à poursuivre de l'action
entreprise au Rwanda, et demandent à cette O.N.G. de mobiliser l'opinion et les moyens en
Angleterre et en Grande Bretagne pour l'assistance au Rwanda.
V. LES AGENCES DE DEVELOPPEMENT
Prendre en considération le cadre d'orientation des valeurs partagées dans
l'élaboration de politiques et de projets d'intervention. Les agences de développement
doivent veiller à l'application dans leurs mandats particuliers du principe des valeurs
partagées et d'efforts convergents.
B. RECOMMANDATIONS SPECIFIQUES
Des recommandations spécifiques ont été émises dans le sens de propositions
concrètes pour un programme opérationnel d'action en vue du développement des valeurs.
I. LE SECTEUR DES MEDIAS.
1. Assurer la formation des journalistes à la profession et à la culture de la paix et appuyer
les médias dans leur rôle pour l'établissement et la consolidation d'une culture de paix.
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2. Doter les organes officiels et la presse privée de moyens appropriés pour l'entreprise de
la culture de la paix.
3. Assurer plus d'impulsion à la Maison de la Presse.
4. Mettre en place une Loi sur la Presse au Rwanda.
5. Exonérer, selon la Convention de Naples de 1987, ratifiée ou à ratifier, les entreprises
fabriquant des produits de culture dont l'information.
II. LE SECTEUR DE L'EDUCATION ET DE LA CULTURE.
1. Intégration de l'éducation à la paix dans les cursus scolaires aux trois paliers du système
éducatif rwandais.
2. Intégration de la dimension culture de paix dans l'éducation non formelle, notamment
dans les campagnes d'alphabétisation.
3. Création d'un cadre formel pour la restitution de la vérité scientifique sur l'histoire du
Rwanda.
4. Institution de mécanismes de sanction positive en faveur des hommes de tolérance au
Rwanda.
5. Identification et réhabilitation des valeurs positives de la culture rwandaise, pour la
promotion d'une culture de paix.
6. Introduction généralisée d'un cours d'éthique de culture rwandaise.
7. Conception d'une Charte Culturelle du peuple rwandais.
8. Formation de formateurs à la culture de la paix.
9. Sensibiliser les générations actuelles sur leurs responsabilités vis-à-vis des générations
futures.
10. Sensibilisation des Rwandais sur l'égalité des sexes et instauration de mécanismes à cet
effet.
11. Mener une étude comparative sur le génocide pour prévenir le génocide.
12. Construction de MEMORIAUX DU GENOCIDE.
III. LES ORGANISATIONS SOCIALES (ex : Associations féminines)
1. Réhabilitation physique, matérielle et morale des rescapés du génocide et des massacres.
2. Un soutien multiforme privilégié aux associations féminines dans leur campagne pour la
paix.
3. Révision du code de Loi régissant les droits de la femme pour le rétablissement de sa
dignité.

IV. LES CONFESSIONS RELIGIEUSES
Après l'échec constaté de l'Eglise, les participants recommandent une approche plus
humaine, plus près du peuple, par la vertu et par la vérité.
Les Rapporteurs :
Sophie BISHOP Jean MUKIMBIRI Oumar KANE
N.P.I MIJESCAFOP UNESCO-Kigali.
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8.30-8.45
8.45 - 9.00
9.00-9.15
9.15-9.30
Animation
Discours de
Bienvenue
Discours de
Bienvenue
Discours de
Bienvenue
ANNEX 1
PROGRAMME DE LA CONFERENCE
JOUR1
La Tambour de la Paix
Secrétaire général au Ministre en charge de la culture
UNESCO
Ministre chargé de la culture
Pourquoi est-ce important de parler de valeurs?
9.30- 10.15 Introduction NPI
Qu'entendons-nous par valeurs ?
Pourquoi les valeurs sont nécessaires pour la paix ?
Que se passe-t-il s'il y a destruction des valeurs ?
PREMIERE SESSION
L'histoire d'une culture de paix au Rwanda
Cette session examine les données historiques relatives à la culture et aux valeurs au Rwanda, et leur rôle
dans la construction de la paix au Rwanda dans le passé.
10.15- 10.45 Intervention 1 Philibert KAGABO, I.R.S.T., Butare
• Quelles sont les pratiques et coutumes qui ont contribué à la culture de paix dans le passé.
• Le Rwanda a-t-il jamais connu une culture de paix en dehors d'une situation de conflit
militaire ?
• Qu'est-ce qui a bouleversé les relations sociales jusqu'à aboutir à la vague de violence de
1994?
10.45-11.15 Pause café
11.15-11.30 Discussion
DEUXIEME SESSION
Qu'est-ce qui est en train d'être fait pour promouvoir une culture de paix au Rwanda
11.30- 12.30 Communication de quelques partenaires sur la promotion de la culture de paix au Rwanda (5
min. chaque communication)
MINEDUC, MIGESFASO,MINIJUST, PRO-FEMMES, MININTER, ASOFERWA,
ARFEM, Rwanda Journalists Association, Catholic Church, Adventist, Protestant, Muslim
1.00-2.00 Déjeuner

TROISIEME SESSION
Conditions requises pour les valeurs et une culture de paix
Les conditions sociales et économiques sont largement reconnues de semer les bases des tensions
ethniques. Ne revient-il pas au Gouvernement de créer les conditions nécessaires à l'existence de la paix ?
Ce qui suppose :
• La sécurité physique de tous les citoyens contre les actes de violence et de terrorisme
• La sécurité économique contre la faim et la malnutrition
• La justice et l'équité quant au droit à la propriété sur la terre
• Sens d'appartenance, d'identité et de statut
• L'équité de toutes les régions et de tous les citoyens devant les prestations des services publics
(éducation, santé, emplois publics)
• La mise en place d'un système judiciaire pénal transparent et juste
2.00 - 3 00
3.00-4.00
4.00 - 4.30
Intervention 1 et 2
Discussion
Pause-café
Tito RUTAREMARA, Parlement
81
QUATRIEME SESSION |
Sources des Valeurs et l'autorité au Rwanda d'aujourd'hui
Les sources de l'autorité et des valeurs évoluent avec le processus de modernisation. Cette session
examinera où les Rwandais puisent leurs valeurs, ce qui les confirme, et comment l'importance relative
des différentes sources des valeurs est en train de changer. Les sources à examiner incluent :
• Les Chefs de la famille élargie et les Chefs de la communauté
• Les autorités ecclésiastiques et autres responsables religieux
• Les autorités gouvernementales exerçant l'influence à travers les écoles, la presse, etc.
• Autres partis politiques et responsables
• Sources informelles (groupes nobles, la presse privée et la culture populaire)
Le but est de distinguer les valeurs acquises par une personne pour la vie et celles qui varient d'une
période à l'autre dans la vie d'une personne.
4.30-5.00
5.00 - 6.00
6.00 - 7.00
1
Communication
Discussion
Cocktail
Gamabiel MBONIMANA, UNR.
FIN DU JOUR 1 |

82
JOUR 2
PREMIERE SESSION
Valeurs dans le contexte africain élargi et international
Les valeurs au Rwanda ont progressivement été influencées par les tendances de la communauté
internationale tout comme cela se passe aussi bien dans toute l'Afrique que dans le monde occidental à
travers l'influence de le communauté des donneurs. Cette session cherchera à examiner ces tendances :
• Comment la pression exercée par la croissance démographique sur les potentialités agricoles des terres
affecte-t-elle les valeurs au Afrique ?
• Les tensions, l'instabilité politique et la montée de la violence dans d'autres pays africains ont-elles
une influence sur les valeurs au Rwanda ?
• L'accent mis par l'Occident sur les droits de l'homme, spécialement sur ceux de la femme, opère-telle
un changement des valeurs africaines envers la famille et la communauté ?
• Les valeurs du secteur privé, tels les encouragements aux individus, les récompenses pour réussite en
affaires, sont-elles développées par les entreprises internationales et les bailleurs en conformité avec la
notion d'équité véhiculée dans la pensée traditionnelle africaine ?
9.00 - 9.30
9.30- 10.30
10.30-11.00
Communication
Discussion
Pause-café
Antoine MUGESERA, UNR.
DEUXIEME SESSION |
L'importance des valeurs communes et des valeurs différentes au Rwanda
Dans toute société, tous les citoyens ne partagent pas toujours les même valeurs. Chercher à savoir et à
comprendre les différences qui existent au sien des groupes d'une communauté est un pas important vers
la réalisation d'un consensus autour de valeurs communes. Cette session examinera les différences qui
existent à l'heure actuelle au niveau des groupes suivants :
• Ruraux/citadins (idée sur la taille de la famille, conception de la terre, position agriculture vs industrie
etc.)
• Jeunes/vieux (attitudes vis-à-vis des coutumes)
• Chrétiens/musulmans, catholiques/protestants
• Anciens exilés / non exilés
• Eleveurs/agriculteurs
• Anglophones/francophones (par example dans le style de gouvernement)
• Différentes régions du Rwanda
11.00- 11.30
11.30-12.30
12.30-2.00
Communication
Discussion
Déjeuner
Honorable Gatera Frédeéric, Professeur U.N.R.

2.00 - 2.40
2.40-3.10
3.10-3.40
TROISIEME SESSION
Examen du Document, « Inventaire et évaluation d'une culture de paix »
Communication 1 Ministère de culture /UNESCO
Introduction et méthodologie du document « Inventaire et évaluation des activités
au Rwanda en vue de promouvoir une culture de paix »
Communication 2 Ministère de culture /UNESCO/PNUD
Inventaire et évaluation des activités menées au Rwanda en vue de promouvoir une
culture de paix » appréciation et perspectives
Discussion
3.40-4.00 Pause café
4.00-5.00 Travaux en groupes
5.00 - 6.00 Présentation des travaux de groupes
Discussion
FIN DU JOUR 2
JOUR 3
PREMIERE SESSION
Valeurs Partagées au Rwanda
Malgré les différences observées au niveau des valeurs au sein des différents groupes du pays, différences
qui peuvent s'expliquer pour diverses raisons, il existent beaucoup de valeur qui unissent les Rwandais. Il
s'agit, au cours de cette session d'identifier ces valeurs qui peuvent se rapporter à :
• L'importance des liens parentaux et familiaux particulièrement dan le cadre de la solidarité pour le
bien-être
• L'importance accordée à la terre en tant que source des origines et de l'identité
• L'expérience commune, dans le passé, de l'oppression coloniale et aujourd'hui des difficultés
inhérentes à la dépendance financière due aux exigences des bailleurs de fonds
• Aspiration commune à la paix, la justice, l'équité et le développement comme facteurs d'éradication
de la pauvreté
• Commune conviction du fait que chacun devrait faire pour les autres ce qu'il aimerait qu'on fasse pour
lui-même
La session examinera également l'importance de la langue nationale partagée avec les pays voisins
(Burundi, Ouganda, Tanzanie, République Démocratique du Congo) et voir en quoi les valeurs en cours au
Rwanda diffèrent de celles en cours dans ces pays.
9.00 - 9.30
9.30- 10.30
10.30- 11.00
Communication
Discussion
Pause-café
Musoni Protais, Préfet de Kigali Ville
83

84
DEUXIEME SESSION
Pour la promotion des valeurs rôles des citoyens, des confessions religieuses, du
Gouvernement
Si le rôle du Gouvernement est de veiller à la création des conditions nécessaires à l'épanouissement des
valeurs, il revient à chaque citoyen, tant à la maison que sur le lieu de travail, de travailler à la promotion
de ces valeurs communes. Comment chaque Rwandais aujourd'hui peut-il contribuer à la promotion de
ces valeurs ? La session étudiera particulièrement les rôles que pourraient jouer les acteurs suivants : les
écrivains, les producteurs, les hommes des médias, les enseignants, les responsables des organisations
sociales, les chefs religieux, les hommes d'affaires, les acteurs des professions libérales (médecins,
avocats etc.)
11.00-11.30
12.30- 12.30
12.30- 12.15
12.45 - 2.00
2.00 - 3.45 Travaux en
groupes
3.45-4.15 Pause-café
Communication Emmacuee HABIYAMBERE, Pro-Femmes.
Discussion
Organisation des travaux en groupes
Déjeuner
TROISIEME SESSION
Propositions concrètes en vue du développement des valeurs
Responsables des :
Médias
Enseignants
Organisations sociales (Associations féminines)
Confession religieuses
Agents publics (fonctionnaires)
Autres professions (avocats, médecins etc.)
QUATRIEME SESSION
Mise en oeuvre du processus
4.15-5.30 Présentations des rapports des travaux de groupes
Discussions et recommandations
5.30-6.30 Cérémonie de clôture Cocktail et spectacle
FIN DU JOUR 3
FIN DU COLLOQUE

8.30 - 8.45
8.45 - 9.00
9.00-9.15
9.15-9.30
Entertainment
Welcome Speech
Welcome Speech
Welcome Speech
CONFERENCE PROGRAMME
DAY1
La Tambour de la Paix
Secretary General Ministry in charge of culture
UNESCO
Dr J Bihozagara, Minister in charge of culture
Why is it important to talk about Values?
9.30-10.15 Introduction NPI
what do we mean by values ?
why are shared values necessary for peace?
what happens when there is a breakdown of values?
SESSION 1
The History of a Culture of Peace in Rwanda
This session will examine historical issues surrounding culture and values in Rwanda, and how these have
contributed to, or failed to contribute to, peace in the past.
10.15- 10.45 Address 1 Philibert Kagabo I.R.S.T., Butare
• what customs and practices have contributed to a culture of peace in the past?
• has Rwanda ever enjoyed peace in more than an 'absence of military conflict' sense?
• what destabilised social relations to bring about a culture of violence leading up 1994?
10.45 - 11.15 Tea/Coffee Break
11.15-11.30 Discussion
SESSION 2
What is being done to Promote a Culture of Peace in Rwanda?
11.30-12.30 Five minutes presentation by partners on the promotion of peace in Rwanda
1.00-2.00 Lunch
MINEDUC, MIGESFASO,MINIJUST, PRO-FEMMES, MINTNTER, ASOFERWA,
Rwanda Journalists Association, Catholic Church, Adventist, Protestant, Muslim
85

86
SESSION 3
Preconditions for Shared Values and a Culture of Peace
Social and economic conditions are widely recognised as producing the seedbed of ethnic
tensions. Is it the duty of government to ensure the preconditions of peace exist? These include:
• Physical security for all citizens against acts of violence and terrorism
• Economic security against hunger and malnutrition
• Just and secure land tenure rights
• Sense of belonging, identity and status.
• Equity in provision of public services between different regions and for all citizens (e.g. education,
health, civil service jobs)
• A criminal justice system which is transparent and fair
2.00 - 3 00
3.00-4.00
4.00-4.30
Address 1 and 2
Discussion
Tea/Coffee Break
Tito Ruteramera, Parliament
SESSION 4 |
Sources of Values and Authority in Rwanda today
Sources of authority and values change in the modernisation process. This session will examine where
Rwandans get their values from today, who legitimates them, and how the relative importance of different
sources of values is changing. Sources to be examined include:
• the extended family elders and community leaders
• church leaders and other religious leaders
• the government leaders exercising influence through schools, the media etc.
• other political parties and leaders
• informal sources (peer groups, non-government media and popular culture)
The aim will also be to distinguish between deep-seated values which remain with an individual for life,
and those values which shift from one period to another in a person's life.
1
4.30-5.00
5.00 - 6.00
6.00 - 7.00
Address
Discussion
Cocktail
Gamabiel Mbonimana, UNR.
DAY ONE ENDS |

DAY 2
SESSION 1
Values in the Wider African and International Context.
Values in Rwanda are influenced increasingly by trends in the international community - both in Africa as
a whole and in the West through the influence of the donor community. This session will seek to examine
these trends:
• How is increasing population pressure on limited land resources affecting values across Africa as a
whole?
• Do the ethnic tensions, political instability and escalating violence in other African countries affect
values inside Rwanda?
• Is the West's emphasis on individual human rights, and especially women's rights, changing African
traditional values towards family and community?
• Are the 'private sector' values of individual incentives and rewards for business success promoted by
international companies and donors compatible with notions of equity in traditional African thought?
9.00 - 9.30
9.30-10.30
10.30-11.00
Address
Discussion
Tea/Coffee Break
Antoine Mugesera, UNR.
87
SESSION 2 |
The Extent of Shared and Differing Values within Rwanda
In any society not all citizens will hold the same values. Understanding what differences exist between
different groups, and why, is an essential step towards buildings a consensus of shared values. This
session will examine what differences exist at present between the following groups:
Rural/urban people (e.g. re family size, attitude to land, priority of agriculture over industry)
Older/younger generation (e.g. re traditional customs)
Christian/Moslem, or Catholic versus Protestant
Former exiles/non-exiles
Pastoralist/agriculturist
Anglophone/Francophone (e.g. in style of Government)
Regional differences within Rwanda
11.00-11.30
11.30-12.30
12.30-2.00
Address 1
Discussion
Lunch
Honourable Gatera Frédeéric, Professor U.N.R.

2.00 - 2.40
2.40-3.10
3.10-3.40
SESSION 3
Evaluation of the document "Inventory and Evaluation a Culture of Peace"
Address 1 Ministry in charge of culture/UNESCO
Introduction and methodology of the document, "Inventory and evaluation of the
activities done in Rwanda to promote a culture of peace."
Address 2 Ministry in charge of culture, UNESCO,
Inventory, assessment and perspective of the document, "Inventory and evaluation of
the activities done in Rwanda to promote a culture of peace."
Discussion
3.40 - 4.00 Tea/Coffee Break
5.00-6.00 Presentation of work by groups.
Discussion, recommendations and Conclusions
DAY TWO ENDS
DAY 3
SESSION 1
Shared Values in Rwanda
Despite differences in the values of different groups within the country which have arisen for a variety of
reasons, there are many values which unite all Rwandans. The aim of this session will be to identify these
values. Possible values include:
• the importance of kinship and family, especially in the context of welfare and mutual support
• the importance of land as a source of roots and identity
• shared experience of oppressive colonial rule in the past, and the difficulties of financial dependence
on international donors.
• shared aspirations for peace, justice, equity and development to overcome poverty.
• a shared belief that a person should do to others what they would like them to do for him/her.
The session will also consider the significance of the shared language - Rwanda, and in what ways
Rwanda's values differ from those of Uganda, Tanzania DRC and Burundi.
9.00 - 9.30
9.30 - 10.30
10.30- 11.00
Address 1
Discussion
Tea/Coffee Break
Musoni Protais, Préfet of Kigali Urban

SESSION 2
Methods of Promoting Values: The Duties of Citizens, Churches and Government.
If it is the duty of Government to ensure the preconditions are present for healthy values to flourish, it is
the duty of every citizen at work and at home to promote common values. How can every Rwandan
contribute to promoting such values in Rwanda today? Specifically, this session will consider what role
can be played by the following:-
school and university teachers
leaders of social organisations
religious leaders
business leaders
other professionals (doctors, lawyers etc.)
11.00-11.30
12.30- 12.30
12.30-12.15
Address 1
Discussion
12.45-2.00 Lunch
Arrangement of Work Groups
2.00-3.45 Work Groups Leaders:
- Media
3.45-4.15 Tea/Coffee Break
SESSION 3
89
Emmacuee Habiyambere, Pro-Femmes.
Practical Proposals for Building Values
- Teachers
4.15-5.30 Presentation of Work Group Reports
Discussions and Recommendations
- Social associations (women's groups)
- Religious associations (churches etc.)
- Civil servants
- Other professional (doctors, lawyers etc.)
SESSION 4
Taking the Process Forward
5.30-6.30 Closing Ceremonies: Cocktail and Entertainment
END OF DAY 3
CONFERENCE ENDS

90
ANNEX 2
PARTICIPANT LIST
J | ORGANISATION | NAME / POSITION
I GOVERNMENT OF RWANDA
1.
2.
3.
4.
5.
6.
7.
8.
9.
10.
11.
12.
13.
14.
15.
16.
1.
2.
3.
4.
5.
6.
7.
8.
1.
2.
3.
4.
5.
6.
7.
P.V.K
P.V.K.
MIGEFASO
MIGEFASO
MIJESCAFOP
MIJESCAFOP
MIJESCAFOP
MINEDUC
MINIEDUC / CNRU
MINIEDUC / CNRU
MININTER
MINIFOR
MINIFOR
MINI JUST
Parliament
RPF
United States
Dutch Embassy
German (G.T. Z)
German (G.T. Z)
Italian Cooperation
Italian Cooperation
Swiss Embassy
USAID
UNHCR
UNDP
UNDP
UNHCR
UNICEF
UNICEF
UNIFEM
Préfet of Kigali Urban, Musoni Protais (Facilitator).
Antoine Karugame
The Minister Vènantie Mukarugomwa, Director of Gender & Family
Leonie Mukamisha
The Minister Dr. Jacques Bihozagara {Facilitator).
Jean Mukumbiri, (Facilitator).
Dr Jacques Bihozagara, (Facilitator).
Director of Educational, Studies and Research, Dr.Callixte Kayisire.
Secretary General in charge of culture Eliphaz Bahizi
Gafiligi Athanase in charge of culture in CNRU
Director of I.E.C, Faustin Rwahama {Facilitator)
The Minister Laurent Murindabigwi, Responsible for Press & Culture of
Peace.
Corneille Karara
The Minister Mahundaza, Responsible for the Programme of Public
Investigation
Tito Rutaremara, (Facilitator).
Dr Charles Murigande
DIPLOMATIC CORPS
The Ambassador, H E Robert E Gribbin
First Secretary, Jeanette Seppen
Gerald Guskowski
Monica Klinger
Gracia Curalli, Street Children Project
Giorgie Dona
Annamarie Minder
David Hess
UNITED NATION AGENCIES
Pierre Maniraguha
Omar Backhett, Resident Representative.
Laurent Joseph, Project officer.
Roberto Quintero, Assistant Representative in Charge of Protection.
Venerande Kabarege
Anita Ingabire
Rose Rwabuhihi, Officer in charge of Programme.

1.
2.
3.
4.
5.
World Relief Rwanda.
World Vision
World Vision
Oxfam Québec
Oxfam Québec
91
INTERNATIONAL NGOS |
Jean Gakwandi
Annette Ikiriza Mutesi
Josephine Munyeli
Sebahutu Rwigema
Cécile Nibatume
| NATIONAL NGOS
1.
2.
3.
4.
5.
6.
7.
8.
1.
2.
3.
4.
1.
2.
3.
4.
5.
6.
7.
8.
9.
10.
11.
12.
13.
AVP
Writers Association
Journalists Association
ProFemmes/Twesehamwe
Association Benishyaka
Association Icyuzuzo
Association Haguruka
LIPRODHOR
Adventist
YMCA
YMCA
Muslim
ORINFOR
ORINFOR
ORINFOR
ORINFOR
The New Times
The New Times
Rwandan News Agency
Radio Rwanda
Butare News Department
Journal Rushyasha
Ukuri Newspaper
Radio
Theatre - Ballet
Mutabaruka
Callixte Kanyamibwa
Francois Xavier Byuma, President.
Deo Mushayidi, President. {Facilitator)
Chantal Mudahogora (Facilitator).
Rose Gahire
Dinah Mukabugingo
Soline Twahirwa
Anicet Karege
RELIGIOUS GROUPS
Pasteur Isaac Ndwaniye
National General Secretary
Richard Munyerango
Issa Gisesa Amur
Cléophas Barore
Gilbert By aje
MEDIA
Patrick Nyiridandi
Aimé Emmanuel Ndore
Hassan Ntiyamira
Julius Mwesigye
Philibert Muzima
Elva Uwineza
Rober Magezi
Vianney Nsengimana
Capitoné Uwitonze
Daniel Ntakirutimana
Kalisa Rugano

1.
2.
3.
4.
1.
2.
3.
4.
5.
6.
7.
8.
9.
10.
92
ICTR
ICTR
ICTR
ICTR
NPI
NPI
NPI
NPI
UNESCO
UNESCO
UNESCO
UNESCO
UNESCO
UNESCO
Justin M. Ssebudde
Bayo Fadugba
Olamide Adedeji
Leotine Mabika
FACILITATORS
TRANSLATORS
Dr. Michael Schlüter, Research Director
Mr. Stephen Stordy, Executive Secretary
Miss Sophie Bishop, Assitant Executive Secretary
Rev. Pat Brookes (translator)
Mr. Edouard Matoko, Culture of Peace Unit
Special Advisor in CPP for the Great Lakes Region, Mr. Nureldin Saiti
Director of Culture of Peace, Mr. Ignace Sanwidi
Mr. Andre Toure
Mrs Elizabeth Palmer
Mr. Oumar Kane

ANNEX 3
CEREMONIE D'OUVERTURE
La séance d'ouverture a eu lieu le mardi 6/10/1998, à l'HOTEL WINDSOR
UMUBANO, à 9hl9', sous la présidence de Monsieur Marc KABANDANA, Secrétaire
Général au Ministère de la Jeunesse, des Sports, de la Culture et de la Formation
Professionnelle, et Représentant du Ministre.
Les cérémonies d'ouverture se sont déroulées en présence des membres du Corps
diplomatique, des Organismes Internationaux et de la Société Civile Rwandaise.
Les dites cérémonies ont été marquées par les discours du Représentant du Directeur
Général de l'UNESCO, du Représentant de N.P.I., et du Représentant du Ministre en charge
de la Culture.
Your excellencies, ladies and gentlemen.
WELCOME SPEECH
Dr. Michael Schlüter, Research Director of NPI
NPI counts it as a great privilege to co-operate with the Ministry of Youth, Culture, Sports
and Vocational Training and UNESCO in launching this conference on Shared Values and
Promoting a Culture of Peace in Rwanda.
As I shall have the opportunity to give our understanding of the term values and why they are
so important in my introduction after the opening ceremony is over, I shall confine myself
now to saying a few words about 'Who is NPI?' Everyone in Rwanda knows MIJESCAFOP.
Most know UNESCO. Few know NPI.
NPI is a small British NGO based in Cambridge, near London. It obtained its name 'Newick
Park Initiative' from the place of its first meeting 'Newick Park', which was the home of its
chairman, Lord Brentford, who is a Peer in the British Parliament.
NPI is part of a larger charity called the Relationships Foundation (RF) which is based on
Christian values and which is involved mainly in work in Britain. In Britain the RF works on
building relationships in prisons and in the health service, we are involved with work on
urban unemployment and regeneration, we are concerned with care of the elderly and also we
are working to build relationships in large companies. NPI's work in Rwanda is our only
international project.
NPI's work in Africa started in 1986. We worked in South Africa for five years 1986-1991
running a series of high level but secret meetings between the ANC and the White
Establishment including those working for the South African Government. We were also
briefly involved in 1994. Since 1994 we have been involved here in Rwanda seeking ways to
contribute to building relationships in society after the genocide.
NPI has three areas of work in Rwanda
1. Agriculture. We are concerned to see a rapid increase in agricultural production and
income - generating activities. We believe the key to this is the is to use chemical
fertilisers like every other country in the world. We held a conference on this issue a
year ago (October 1997) with the Ministry of Agriculture. This last week we also
93

94
were able to bring to Rwanda the world's leading expert on fertiliser issues to consult
with the government.
2. Justice. We would like to offer any assistance we can to the Government to handle
the problems of bringing justice after the genocide. We have studied Truth
Commissions round the world and last year held a conference with the church in
Rwanda to discuss the possibility of a Truth and Reconciliation Commission in
Rwanda (August 1997). We have just held a workshop on the possibilities of
involving the local community in issues of justice with the Programme de Santé
Mentale Communitaire and the Peace and Justice Commission of the Catholic Church
near Butare.
3. Values. Although we have discussed some questions with church leaders over the
last few years, this is the first time we have been involved in a conference on this
issue. It is our privilege to co-operate with MIJESCAFOP and UNESCO in this
initiative. We believe that values play a vital role in building relationships in any
society, and that they are of special importance in Rwanda after the genocide.
Thank you, Mr Secretary-General, for allowing us to join with you on this conference. We
look forward very much to following the proceedings over the next three days.

DISCOURSE DE BIENVENUE
Monsieur Ignace Sanwidi, Spécialiste du programme, Breda UNESCO/Dakar
Monsieur le Représentant du Ministre de la Jeunesse, des Sports, de la Culture, et de
la Formation Professionnelle,
Excellences Messieurs les Ambassadeurs,
Messieurs les Représentants des Institutions Internationales,
Honorables Invités,
Mesdames et Messieurs,
C'est pour moi un insigne honneur de prendre la parole, au nom de Monsieur
Federico MAYOR, Directeur Général de l'UNESCO, à cette Cérémonie d'ouverture
Officielle des travaux de la Conférence sur « Les valeurs partagées au Rwanda ».
Je voudrais tout d'abord féliciter vivement le Gouvernement Rwandais pour avoir
pris l'initiative d'organiser cette Conférence et pour avoir décidé d'associer l'UNESCO et
Newick Park Initiative à son organisation. Cette activité illustre bien la volonté ferme du
Gouvernement Rwandais de promouvoir une vraie culture de la paix dans le pays, condition
sine qua non pour un développement durable du pays.
Comme le dit l'Acte constitutif de l'UNESCO, « les guerres prenant naissance dans
l'esprit des hommes, c'est dans l'esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de
la paix ». Nous devons, en effet, travailler avec ardeur à éradiquer les violences de toutes
sortes que connaît le monde contemporain. Celui-ci est un monde où tend à dominer la
violence.
Les conflits entre les pays, ou à l'intérieur des pays, sont de plus en plus nombreux.
La haine et la méfiance entre les groupes ethniques dans certains pays sont de règle. Autant
de situations qui ne favorisent pas la paix et la mettent en danger. Il importe donc que toutes
les nations en prennent conscience et oeuvrent inlassablement à la recherche et à la
consolidation de la paix pour leurs peuples et pour le monde entier.
Intervenant après la « Consultation Nationale sur la Culture de la Paix au Rwanda »
organisée à Kigali en janvier 1996 par le Gouvernement Rwandais et l'UNESCO, la présente
Conférence permettra aux participants d'approfondir leurs réflexions en vue de la promotion
d'une véritable culture de la paix dans le pays. Le thème central de la Conférence est donc
pertinent.
En effet, après le génocide qu'a connu le pays en 1994, il importe de réfléchir en
profondeur sur les valeurs que partagent en commun les diverses composantes du pays. Cette
réflexion, qui porte sur les valeurs actuelles, devrait être enrichie d'une réflexion sur celles
que partageaient en commun les diverses composantes sociales du pays dans le Rwanda
traditionnel. Elle devrait aussi être enrichie par une prise en considération des expériences
des autres peuples en matière de partage des valeurs communes.
95

96
Il conviendrait de mettre en exergue ce qui unit profondément les Rwandais, au lieu
de s'attarder trop à ce qui a pu les diviser momentanément. En effet, la réflexion sur le passé
doit viser essentiellement à aider à une construction solide de l'avenir, tout en tenant compte
du présent qui ne doit pas être négligé.
Je suis convaincu que si les participants à cette Conférence se ressourcent aux valeurs
de tolérance, d'acceptation d'autrui, de solidarité et de convivialité véhiculées par la culture
traditionnelle rwandaise, et qui ont forgé jadis l'unité de la nation rwandaise, les
enseignements de cette Conférence permettront de mettre en œuvre des activités de culture de
la paix qui répondent à l'attente et aux aspirations du peuple rwandais.
La paix est fragile. Elle n'est jamais acquise une fois pour toutes. Sa construction est
une œuvre de longue haleine, qui requiert la participation de tous les citoyens. Nous devons
donc nous efforcer de voir comment tous les Rwandais devraient contribuer à la promotion de
la culture de la paix dans le pays.
Nul doute que cette Conférence sera une étape importante dans la restauration et la
consolidation de la paix dans votre pays et dans la sous-région. Elle jettera les bases d'une
action d'éducation à la paix, aux droits de l'homme et à la démocratie dans le pays, qui
nécessite un changement de mentalités, de comportements et d'attitudes chez tous les
citoyens. Celui-ci est nécessaire pour la construction de la paix et de la démocratie
respectueuse des droits de tous les citoyens.
Cette paix, à laquelle aspirent légitiment tous les peuples du monde, doit reposer sur
un système de bonne gouvernance qui œuvre pour le respect, dans la justice et l'équité, des
droits de tous les citoyens, sans discrimination, et le respect de la démocratie ;
Monsieur le Représentant du Ministre de la Jeunesse, des Sports,
de la Culture et de la Formation Professionnelle,
Voilà les quelques réflexions queje voulais vous livrer.
Permettez-moi de vous dire que je suis particulièrement heureux de me retrouver dans
votre beau pays, et particulièrement ici, à Kigali, où j'ai servi quatre mois avant la guerre
d'avril 1994, et où je suis venu plusieurs fois en mission pour la Culture de la Paix de 1995 à
1997. Je suis heureux de revoir ici bon nombre de ceux que j'ai connus et rencontrés au
cours de ces missions.
Je vous remercie de tout cœur de m'avoir invité à participer à cette importante
Conférence.
Je ne doute pas du succès de cette Conférence.
L'UNESCO est à vos côtés par son Bureau de Kigali. Elle est aux côtés du peuple
rwandais dans sa quête légitime de la paix, du bonheur et du progrès. Elle est disposée à
contribuer, dans le cadre de son mandat, à leur renforcement.
Je vous remercie de votre aimable attention.

DISCOURSE DE BIENVENUE
Son excellence Monsieur le Secrétaire Général du Ministère de la jeunesse, des sports,
de la culture et de la formation professionnelle
Excellences
Excellence Monsieur le Représentant du Directeur Général
de l'UNESCO,
Excellence, Monsieur le Représentant de Newick Park Initiative (N.P.I. en sigle),
Mesdames, Messieurs les Participants à la Conférence sur « les valeurs partagées »,
A l'heure où il m'est donné de procéder à l'ouverture de la Conférence sur « les
valeurs partagées », et sur l'inventaire et l'évaluation des activités menées au Rwanda en
matière de culture de paix, ma tentation est grande, d'évoquer les traces d'une coopération,
dans le sillage de laquelle, l'UNESCO et le N.P.I. viennent s'inscrire aujourd'hui :
1. Séminaire National sur la Tolérance au Rwanda, mai 1995,
2. Prise en charge totale de tel de nos cadres au Premier Congrès Mondial
sur la Culture de la Paix, juin 1995,
3. Consultation Nationale sur la Culture de la Paix, janvier 1996,
4. Aide multiforme à la consultation nationale de promotion de la femme
rwandaise,
5. Attribution du Prix Unesco pour la tolérance et la non violence à la même
consultation féminine,
6. Aide financière accordée à nombre de nos orphelinats,
7. Etudes sur le rôle de nos médias dans la diffusion d'une culture de paix,
pour ne citer que cela, de la longue liste, des activités de cette UNESCO, qui
s'est voulue au Rwanda, organe de pensée et de sensibilité, conscience
intellectuelle et éthique de la communauté internationale, par rapport à la
restauration d'une culture de paix, au lendemain de la guerre, du génocide et des
massacres qui ont finalement couru de 1990 à 1994 au Rwanda.
Il nous est par ailleurs loisible d'évoquer la coopération qui augure déjà de l'avenir,
avec le Newick Park Initiative cette branche de « Relationship Foundation », une institution
caritative basée à CAMBRIDGE, en Angleterre, et qui travaille dans le cadre de la lutte
contre la pauvreté, l'avancement de l'éducation et la restauration de la communauté
mutualiste.
C'est, nous sommes heureux de le publier devant les participants à la Conférence, et
à toute la communauté nationale pour cette raison que N.P.I. a déjà organisé rien que l'année
dernière :
2. Une Conférence sur le rôle des Eglises dans la restauration de la Justice au Rwanda, Août
1997, avec les représentants du Ministère de la Justice, des ONG et des Eglises.
3. Une Conférence intitulé :
« Increasing soil fertitily, as the major component of intesification of crop production
in the context of high population density and limited resoources », organisée avec le
Ministère de l'Agriculture et la Présidence de la République.
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98
Excellences, Mesdames, Messieurs,
C'est dire, que la Conférence sur le partage des valeurs, et les valeurs partagées,
s'inscrit en droite ligne des missions constitutionnelle, scientifique et éthique des deux
Organisations, pour justifier le travail en synergie avec le Ministère en charge de la Culture,
relativement à l'identification, à l'élaboration, à la consolidation de valeurs partagées, et à
l'approfondissement de solidarités objectives. Approfondissement de solidarités objectives,
mais aussi de solidarités subjectives, car, pour citer un eminent fonctionnaire de l'UNESCO :
« Nous sommes en droit d'espérer, que les
plus déshérités de la terre, reprenant confiance
en eux-mêmes, et puisant dans leurs
subjectivités réhabilitées, la force d'endiguer
le dépérissement des cultures, - ce naufrage
massif des formes singulières de l'espoir
humain - puissent enfin se frayer un vaste élan
de solidarité internationale ».
Excellences, Mesdames, Messieurs,
Il vous reviendra donc d'ouvrir les portes de la culture, à son tout premier niveau
d'idées, de concepts et de valeurs, sur la rue, sur la route et sur les sentiers rendus tortueux
par le génocide, il vous reviendra dis-je, d'ouvrir les portes de la Culture de la Paix, pour
contribuer à dégager une formule pacificatrice durable de l'antagonisme rwandais, à travers
l'éventail thématique suivant :
• De l'importance de parler des valeurs partagées
• L'histoire d'une culture de paix au Rwanda
• Promotion d'une culture de paix au Rwanda
• Conditions préalables au partage des valeurs
• Sources actuelles des valeurs et de l'autorité au Rwanda
• Les valeurs dans le contexte africain et international
• Entendue des valeurs partagées au Rwanda
• Bilan des initiatives de paix au Rwanda etc. ...
Cet éventail thématique est là, alors que se trouvent être visés les 4 objectifs
suivants :
1. Accroître une compréhension collective des préconditions qui doivent être réunies afin
qu'une culture de paix et de la confiance aient la possibilité de se développer.
2. Analyser les sources d'autorité et des valeurs qui influent sur la société rwandaise
d'aujourd'hui.
3. Prendre conscience des distinctions ainsi que des composantes communes qui existent
entre et au sein des différentes couches du peuples rwandais.
4. Analyser les voies et moyens de promouvoir d'une manière efficace les valeurs partagées
au sein de la société civile d'une part, et du Gouvernement d'autre part, par les
institutions qu'il contrôle.

Excellences, Mesdames, Messieurs,
Le Rwanda sera, avec le sens et le partage des valeurs, ou le Rwanda ne sera pas.
Toute société humaine vit de contradiction, mais les nôtres sont allées trop loin, beaucoup
trop loin. Nous le disions encore récemment, au Symposium Panafricain sur le Concept de la
Danse pour la Paix : « il a trop coulé ici trop de gouttes de sang de trop ».
Or, les sens et le partage des valeurs ont été la condition de la naissance, de la vie, et de la
survie du Rwanda, à travers les vicissitudes du temps et toutes les intempéries de l'histoire.
C'est ce que constatait encore Federico Mayor, Directeur Général de l'UNESCO, le 14 mai
1994, alors au plus fort de la guerre, du génocide et des massacres politiques en lançant cet
appel ou cette interpellation en direction de nos Rwandais :
« Vous touchez à ce qui est au cœur même
de votre culture, de vos traditions, de vos
valeurs. Je suis prêt, l'UNESCO est prête, si
vous le souhaitez, à vous y aider, pour que
les eaux du fleuve cessent d'être rougies,
pour que les enfants puissent à nouveau s'y
baigner, pour que le regard de celui qui vit
sur la troisième rive du fleuve » ne soit plus
embué de honte » fin de citation.
La présence à cette conférence d'éminents chercheurs, professeurs d'Université,
personnalités politiques et hauts cadres de certains Ministères sociaux, la diversité de
provenance et de sensibilité sociales des participants sont en soi autant d'atouts pour assurer
l'apport de la Conférence à l'entreprise de restauration d'une culture de paix initiée depuis la
mise en place du Gouvernement d'Union Nationale.
C'est sur cette note de pressentiment du succès que je déclare ouverte la Conférence
sur le partage des valeurs, l'inventaire et l'évaluation des activités menées au Rwanda en
matière de culture de paix : Bilan et perspectives.
Je vous remercie.
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ANNEX4
DISCOURS DE CLOTURE.
I. CONCLUDING SPEECH
Dr Michael Schlüter
As we come to the end of this three day conference on shared values and the Culture of
Peace, I would like to say again what a privilege it has been for myself and my colleagues to
have been able to collaborate with your ministry, Mr Minister, and with UNESCO in taking
this initiative. We are grateful to the organising team and to all the participants for making
this event such an exciting and worthwhile experience. There are just four aspects of the
deliberations which I would like to comment on in the closing remarks.
Firstly, I was struck by the frank and open discussion, especially as the conference proceeded
and we got to know each other better. There was often humour, never malice. It
demonstrated the culture of peace.
Secondly, I came to appreciate in a fresh way the depth of the ideas which lie behind
Rwandese values. You know that what a person says expresses what is in their heart. At a
national level, too, language expresses the soul of a people. The values of the Rwandese,
expressed in their language, revealed to me both the deep insight of the Rwandese mind and
the complexity of the Rwandese personality.
Thirdly, I was impressed by the level of commitment and passion which was demonstrated as
issues were debated here. The absence of cynicism so common in the West was refreshing.
A Rwandese value which is clearly very much alive and well is patriotism.
Fourthly, I saw signs of growing hope for the future. Although I have been in Eastern Africa
on and off since 1965, I have only come to Rwanda after the genocide in 1994. In the first
two or three years there were few signs of hope. However, now I see some small shoots of
hope. Hope is still a tender young plant in Rwanda, it seems to me, but it is growing.'
Personally, I would like to thank those individuals with whom I have had personal
discussions. You have taught me a great deal this week about Rwanda and about values.
NPI hopes that this conference will lead to an on-going debate about the kind of society the
Rwandese people wish to create for themselves. For development, I believe, is not primarily
about economics and finance. It is about building relationships in families, communities,
associations and wider society to enable people to carry out initiatives of growing ambition
and complexity for the benefit of their life together. I trust that this conference will have
contributed to that goal.
Thank you very much.

. ALLOCUTION
De Son Excellence Monsieur Nuredin Satti
Représentant Spécial du Directeur Général de ¡'UNESCO, Directeur du Programme
Régional pour l'Education des Urgences, Communication et Culture de Paix.
Monsieur le Ministre de la Jeunesse, des Sports, de la Culture et de
la Formation Professionnelle,
Excellences Messieurs les Chefs de Missions Diplomatiques et des
Agences Spécialisées,
Honorables Invités,
Mesdames et Messieurs,
Nous voici réunis, au bout de trois journées de travaux riches et fructueux, pour la
cérémonie de clôture de la Conférence sur « les valeurs partagées au Rwanda-promotion
d'une Culture de Paix ».
Au nom de Monsieur Federico MAYOR, Directeur général de l'UNESCO, je
voudrais féliciter le Gouvernement rwandais, représenté en votre personne, Monsieur le
Ministre, pour la réussite de cette rencontre qui constitue un pas important sur la voie de la
réconciliation nationale et la promotion d'une culture de paix dans votre pays.
Je voudrais, par la même occasion, exprimer, au nom de l'UNESCO, nos
remerciements à Newick Park Initiative représentée par le Docteur Michael Schlüter, ici
présent, et l'équipe qui l'accompagne. Nos remerciements vont également au Gouvernement
des Pays Bas, de la Suisse et à l'USAID pour l'appui financier qu'ils ont apporté à cette
initiative.
Je voudrais, également, remercier le comité d'organisation pour l'excellent travail
accompli dans la préparation et l'encadrement de la Conférence.
Chers invités, Mesdames, Messieurs,
Pendant trois jours, les conférenciers ont engagé un dialogue franc et ouvert sur les
questions fondamentales de la réconciliation et la réhabilitation sociale, culturelle, morale et
spirituelle de la Nation Rwandaise. Je me félicite de la très haute qualité des échanges et de
la très grande maturité intellectuelle des participants à cette Conférence. Aucun tabou n'a
entravé le bon déroulement des débats. En effet, des sujets aussi délicats que le génocide, la
justice, la démocratie, l'origine et la nature de la criserwandaise et le devoir de mémoire, ont
été débattus.
Des idées extrêmement intéressantes et originales ont été avancées pour résoudre la
question de l'impunité et de la justice.
La nature politique du crime du génocide a été soulignée, ce qui nécessite une
solution politique en complément de la solution judiciaire.
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102
Il a été également souligné que le devoir de mémoire n'est pas incompatible avec la
nécessité de réconciliation.
Les participants ont également souligné la nécessité de revigorer les valeurs
traditionnelles qui étaient jadis à la base de la cohésion de la sociétérwandaise. Ainsi, on a
parlé de « GACACA », de « UBUPFURA » et de « U B U M W E » et de la nécessité de les
réactualiser dans une société confrontée au défi de la modernité et des cataclysmes sociaux
causés par le génocide.
Pour ce faire, les participants se sont accordés sur l'importance de poursuivre et de
renforcer l'éducation civique et l'éducation à la paix qui inculquent aux citoyens les valeurs
de la coexistence pacifique et la solidarité.
Monsieur le Ministre,
Chers Invités,
Mesdames et Messieurs,
L'UNESCO continuera avec vous les efforts et initiatives dans le domaine de la
Culture de la Paix, l'éducation à la paix et la communication à la paix. Dans les semaines et
mois qui viennent, l'UNESCO va relancer le projet de l'Institut de la Paix avec nos
partenaires communs, le PNUD et l'Ambassade d'Egypte.
La nécessité de la présente conférence nous encourage à envisager d'autres initiatives
en matière de Culture de la Paix avec NPI et d'autres partenaires. Nous sommes également
sur le point de lancer des projets régionaux sur l'Histoire et l'Intégration Régionale dans la
Région des Grands Lacs. Le Rwanda, bien entendu, aura sa place dans ces projets.
L'approche régionale nous semble indiquée pour aider les pays de la Région à résoudre leurs
problèmes qui prennent de plus en plus un aspect régional.
Monsieur le Ministre,
Chers invités,
Chers participants,
Mesdames et Messieurs,
Nous sommes convaincus que le peuple rwandais puisera dans ses valeurs partagées
de « U B U M W E » et de « UBUPFURA » pour se réconcilier avec lui-même, et construire le
Rwanda de demain où chaque Rwandais trouvera sa place, quelle que soit son appartenance
ethnique ou sociale.
L'UNESCO se met à votre disposition pour appuyer vos efforts, tendant à organiser
un débat élargi, autour des questions fondamentales qui vous préoccupent aujourd'hui, et qui
constituent la pierre angulaire pour la construction du Rwanda de demain.
Je vous remercie.

. ALLOCUTION
De Son Excellence Monsieur le Ministre de la Jeunesse, des Sports, de la Culture et de la
Formation Professionnelle à la Clôture
Excellences
Monsieur le Représentant du Directeur Général de l'UNESCO,
Monsieur le Représentant de Newick PARK INITIATIVE (N.P.I.),
Excellences,
Mesdames, Messieurs,
Il y a trois jours, il était procédé à l'ouverture de « la Conférence sur les valeurs
partagées, pour la promotion d'une culture de paix au Rwanda ».
Il y a donc trois jours, ce n'est pas sans quelque appréhension que la Conférence
s'ouvrait, dans notre esprit. Allait-elle combler les attentes, toutes les attentes placées en elle
par le Rwanda, l'UNESCO et le N.P.I ? L'exercice de l'identification, de l'élaboration et
de la consolidation des valeurs partagées, allait-il élever dans l'esprit et dans le cœur de tous,
l'exacte nature des valeurs, pour un programme d'action opérationnel, dans un Rwanda
post-génocide ?
Je suis heureux aujourd'hui, d'apprendre et de constater, que le niveau éthique,
scientifique et technique des interventions, le caractère à la fois délié et profond des débats
ont dissipé les craintes et toutes les zones d'ombre.
Cest dire,
Excellences
Mesdames, Messieurs,
que les objectifs assignés à la Conférence ont été pleinement atteints. Il s'agissait, il
me plaît de le rappeler aussi :
1. D'accroître une compréhension collective des préconditions qui doivent être réunies, afin
qu'une culture de paix, et de confiance, ait la possibilité de se développer.
2. D'analyser les sources d'autorité et des valeurs, qui influent sur la société rwandaise
d'aujourd'hui.
3. De prendre conscience des distinctions, ainsi que des composantes communes, qui
existent entre et au sein des différentes couches du peuple rwandais.
4. D'analyser les voies et moyens pour promouyoir d'une manière efficace les valeurs
partagées, au sein de la société civile d'une part, et du Gouvernement d'autre part, par
les institutions qu'il contrôle.
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Mesdames, Messieurs,
Je me prescris donc l'agréable devoir, au nom du Gouvernement, de rendre
publiquement hommage aux efforts que vous avez déployés, qui en concepteur du projet de
la Conférence, qui en sponsor, qui en bailleur de fonds, qui en chercheur, qui en journaliste,
qui en administratif, ou en représentant de notre société civile, et qui discrètement, au
Secrétariat, pour mieux servir la Conférence.
La qualité contributive de chacun, dans ce rassemblement d'intelligences rares, dont
le pays a tant besoin, c'est la clairière dans la forêt de nos problèmes, par où transite la
culture, à son tout premier chef d'idées, de concepts, pour fonder en raison, et en droit, les
institutions chargées des valeurs partagées.
L'historien futur décèlera sans doute, à l'échelle des siècles, ce processus de
désaliénation culturelle et de désintoxication, qui se dessine, après le processus
d'intoxication et d'aliénation, le temps de trois générations. L'historien contemporain, ou le
simple contemporain, ne témoignent-ils pas déjà, de l'amélioration de l'histoire, depuis
avril-juillet 1994?
Merci, Mesdames et Messieurs, d'avoir élevé la pensée des Rwandais pour mieux
voir, merci de n'avoir pas arrêté la pensée que sur le martyre de notre peuple, à la vue de
l'étendue de la détresse, que certains des participants portaient déjà dans leur chair, dans
leur cœur et dans leur esprit. Merci d'avoir proposé un programme opérationnel d'action,
cette volonté exprimée de construire, de reconstruire, c'est l'espérance en fleur du Rwanda
éternel.
Monsieur le Représentant du Directeur Général de l'UNESCO, je voudrais
m'adresser tout particulièrement à vous.
Le contexte de la naissance de l'UNESCO est un contexte post-génocide, 1945, et
pour citer l'Acte Constitutif de l'Organisation :
« La grande et terrible guerre qui vient de finir a été rendue possible par le
reniement de l'idéal démocratique de dignité, d'égalité et de respect de la
personne humaine et par la volonté de lui substituer, en exploitant
l'ignorance et le préjugé, le dogme de l'inégalité des races et des
hommes ».
Cinquante ans après, le vagissement de l'UNESCO, qui a été poussé à Londres, d'où
nous viennent aussi nos hôtes de N.P.I, comme par une heureuse coïncidence, le
vagissement de l'UNESCO dis-je, fait aujourd'hui son cri archéologique :
« La guerre prenant naissance dans l'esprit des hommes, c'est dans l'esprit
des hommes que doivent être élevées les défenses de la paix ».
Le discours du Représentant du Directeur Général de l'UNESCO, disait au début de
cette Conférence, je cite :
« L'UNESCO est à vos côtés, par son Bureau de Kigali. Elle est aux côtés
du peuple rwandais, dans sa quête légitime de la paix, du bonheur et du
progrès. Elle est disposée à contribuer, dans le cadre de son mandat, à
leur renforcement ». Fin de citation.

L'UNESCO, cet organe de pensée et de sensibilité de la communauté internationale,
cette conscience intellectuelle de l'humanité, peut-elle trouver ailleurs, mieux que dans le cas
du Rwanda, pour justifier sa vocation, sa mission éthique constitutionnelle ?
L'UNESCO et le Newick PARK INITIATIVE (N.P.I) s'associeront donc, nous
l'espérons fort bien, en adéquation avec leur mission éthique constitutionnelle, et en synergie
avec tous nos autres partenaires, à la mise en œuvre du programme opérationnel d'action
proposé, pour que, enfin, la guerre, le génocide et les massacres ayant pris naissance dans
l'esprit des Rwandais, les défenses de la paix soient définitivement élevées dans l'esprit de
nos Rwandais.
Je voudrais, pour ma part, répondre du Gouvernement Rwandais, par rapport au
fruit des recherches et des réflexions de la Conférence. Je voudrais préciser, et ce, en accord
profond avec «NOTRE DIVERSITE CREATRICE», ce Rapport de la Commission
Mondiale de la Culture et Développement, UNESCO, 1996 :
« Les connaissances résultant de la recherche devront être utilisées au
profit de la population, en particulier des pauvres (...) Les résultats de « La
Conférence sur les valeurs partagées » ne seront donc pas « biaises, selon
l'optique d'observateurs extérieurs, citadins, membres d'une élite ou d'une
profession libérale, technocrates, (...) ils « seront mis au service de la
pleine participation, de l'élargissement des choix, et du bien-être de la
population directement intéressée ».
C'est, au nom du Gouvernement, sur la garantie de la mise en œuvre du programme
opérationnel d'action proposé, que je déclare close «LA CONFERENCE SUR LES VALEURS
PARTAGEES, POUR LA PROMOTION D'UNE CULTURE DE PAIX AU RWANDA ».
Je vous remercie.
105

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Election du Bureau
ANNEX 5
DEROULEMENT DES TRAVAUX
Après la présentation du projet de Bureau de la Conférence par le Chef du Protocole
du jour, et son acceptation par les participants, le Bureau était ainsi composé :
Président : Monsieur KABANDANA Marc, Secrétaire Général au Ministère de la Jeunesse, des
Sports, de la Culture et de la Formation Professionnelle.
jer Vice-Président : Monsieur Nuredin SATTI, Représentant du Directeur Général de
l'UNESCO.
Ijeme Vice-Président : Monsieur Michael Schlüter, Représentant de N.P.I.
Rapporteur Général : Jean MUKIMBIRI, Directeur de la Culture et des Arts.
Deux Rapporteurs Adjoints : Miss Sophie Bishop de N.P.I.
Monsieur Oumar KANE, Bureau UNESCO/Kigali.
Adoption de l'ordre du jour et du calendrier des travaux.
L'ordre du jour et le calendrier des travaux ont été adoptés et les thèmes prévus pour les
discussion approuvés.
Les travaux ont été organisés dans l'ordre suivant :
• Exposés
• Travaux en ateliers pour certains thèmes
• Plénières pour tous les thèmes.
La composition des groupes en ateliers a respecté toutes les sensibilités, toutes les
provenances et tous les profils de formation, pour une dynamique de groupe efficiente.
Les ateliers ont formulé des recommandations qui ont fait l'objet de la dernière
plénière.

UNESCO
ANNEX 6
RAPPORTS DES ACTIVITES DES JOURNEES
DU 6 AU 8/10/1998.
Résumé des discours d'ouverture du Séminaire
Dans son Allocution d'ouverture, le Représentant de l'UNESCO a d'abord remercié
le Gouvernement Rwandais pour sa volonté de promouvoir la culture de la paix, condition
sine qua non pour un développement durable.
Ensuite, il a invité l'ensemble de la Communauté Internationale à travailler
étroitement en vue d'éradiquer les violences de toutes sortes que connaît l'humanité au sein
de laquelle la haine et la méfiance entre groupes ethniques tendent à devenir la règle.
Cette Conférence intervenant après bien d'autres rencontres sur la Culture de paix au
Rwanda va permettre d'approfondir la réflexion sur les valeurs que partagent en commun les
diverses composantes du pays, pouvant promouvoir la culture de paix.
Bref, c'est l'occasion de mettre en exergue ce qui unit les Banyarwanda.
L'UNESCO, comme par le passé sera aux côtés du peuple rwandais pour l'aider
dans sa quête de la paix et du développement.
Newick Park Initiative (N.P.I)
Le Représentant du Newick Park Initiative a noté d'abord le plaisir qu'il ressent en
s'associant à l'UNESCO et au Ministère de la Culture pour organiser la Conférence sur « les
valeurs partagées au Rwanda ». Il a dit sa conviction que les valeurs jouent un rôle majeur
dans tout processus de développement humain, et notamment dans le contexte post-génocide
du Rwanda.
Au Rwanda, le seul pays au monde où le NPI intervient en dehors de la Grande
Bretagne, son association apporte son appui à l'amélioration de la production agricole et à la
reconstruction du système judiciaire.
Il a rappelé en outre l'important rôle joué par le NPI dans les années 80-90 pour
favoriser le dialogue entre les différentes communautés en Afrique du Sud.
Allocution du Secrétaire Général du Ministère de la Jeunesse, des Sports, de la Culture et
de la Formation Professionnelle.
Il a fait d'abord un rappel des activités entreprises depuis 1995 en matière de culture
de paix.
A travers cette Conférence, il souhaite voir s'ouvrir les portes, de la culture de paix
afin de dégager une formule pacificatrice durable de l'antagonisme rwandais. Car le Rwanda
est allé « loin, trop loin » dans la violence ethnique.
La diversité de provenance et de sensibilité des participants est en soi un atout pour favoriser
la réussite de la Conférence aidant ainsi le Gouvernement d'Union Nationale à mettre en
place efficacement des activités de culture de paix.
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Les communications
Le Représentant de l'Association Rwandaise des Journalistes.
Les médias ont un rôle d'une importance capitale dans la promotion d'une culture de
paix. Cependant, les médias, faute de moyens, ne remplissent pas encore cette mission.
La Représentante du Pro-Femmes
La Représentante souligne que son association n'a cessé d'oeuvrer pour construire la
paix. Elle a rappelé que depuis 1992, ce Collectif de 35 associations à travers des marches de
protestation avaient cherché à amener l'ancien régime, à arrêter les massacres et la guerre.
En 1995, Pro-Femmes a initié le Programme-Action pour la paix dont l'objectif est de
promouvoir la culture de la paix.
Des activités portant sur la prise en charge des orphelins et l'intégration des réfugiés,
l'assistance juridique des rescapés du génocide ont été également menées.
Dans le plan d'action triennal que va exécuter Pro-Femmes, l'objectif est de créer à
travers un ensemble d'actions une société égalitaire où règne une paix durable.
La Représentante du Ministère du Genre, de la Famille et des Affaires Sociales
Le Ministère du Genre, de la Famille et des Affaires Sociales (MIGEFASO)
considère que la paix c'est en plus du silence des armes, l'existence d'une justice impartiale.
Le Ministère du Genre a entrepris un certain nombre d'activités visant à promouvoir
la Culture de paix :
1. Sensibilisation et éducation pour la lutte contre la violence
2. Projet d'appui psychologique et accompagnement social des victimes
3. Encadrement des femmes victimes de viol Organisation de la Conférence Panafricaine sur
« paix, genre et développement ».
Dans l'avenir, le MIGEFASO va continuer à oeuvrer pour renforcer ces diverses
activités en faveur de la paix.
Le Représentant de la Communauté Musulmane du Rwanda
Le Mufti du Rwanda s'adressant aux participants, a rappelé que l'Islam est une
religion qui prône la paix et la tolérance. Le salut musulman « Paix sur vous » le traduit
suffisamment a-t-il mentionné. Il a dit en outre la joie immense qu'à ressentie la
Communauté musulmane à travers sa personne d'être invitée pour la l ere fois à prendre
parole dans un débat public au Rwanda.
Il a réitéré sa disponibilité à oeuvrer pour la paix et l'entente, mentionnant au passage
que lors des massacres de 1994, les musulmans Rwandais ont été massacrés dans les
mosquées parce qu'ils ont refusé de se séparer selon les lignes de division ethnique.

L'ASOFERWA a entrepris depuis sa création des activités de culture de paix
1) Construction du Village Nelson Mandela où sont accueillis sans aucune distinction des
veuves et orphelins du génocide et des massacres de 1994.
2) Encadrement psycho-social des présumés-coupables du génocide
3) L'encadrement des nourrissons et de leurs mamans dans l'ensemble des prisons du pays.
4) Recherche et réunification familiale des nourrissons de plus de 3 ans.
Les valeurs dans le contexte africain et international, MUGESERA Antoine
Le Rwanda a subi nombre d'influences venues aussi bien des pays de la sous-région,
des pères des indépendances des Etats du tiers-monde, de la civilisation occidentale, et tout
récemment de la mondialisation.
Ces différentes influences véhiculent chacune des valeurs à la fois positives telle que
« culte de Ryangombe » qui a contribué positivement à l'unité, ethnique, religieuse et
morale du Rwanda, mais aussi négatives telles que l'idéologie ethniciste et raciste.
L'auteur regrette qu'au lieu d'utiliser positivement les valeurs héritées de la
Révolution Française de 1789, comme la liberté, l'égalité, la fraternité, certaines de ces
valeurs ont été dans la pratique perverties en anti-valeurs d'ethnisme, d'exclusion voire de
racisme au Rwanda.
Monsieur Mugesera Antoine s'interroge pour savoir si, après le drame de 1994 au
Rwanda, l'Occident peut encore prétendre avoir des valeurs auxquelles il croit, à fortiori, à
défendre.
Examen du document « inventaire et évaluation d'une culture de paix au Rwanda ».
Activités menées dans le cadre de la Culture depuis 1994
1. Activités principales.
1.1 Séminaires, conférences et sessions de formations ont permis de sensibiliser les
participants.
1.2 Intégration de la culture de paix dans le cursus scolaires. Deux séminaires d'environ 200
participants venus d'horizons divers ont été organisés à cet effet.
1.3 Identification et utilisation des valeurs positives de la culture Rwandaise pour la
promotion d'une culture de paix.
1.4 Animations culturelles et sportives, concours artistiques et littéraires.
1.5 Supports didactique : cassettes, posters, etc..
1.6 Formation des journalistes et des médias au service de la culture de paix.
1.7 Camps de solidarité
1.8 Autres activités indirectement liées à la culture de paix.
1.8.1. Les activités génératrices de revenus, appui aux groupes vulnérables.
1.8.2. La reconstruction du système judiciaire
De ces diverses activités ressortent des points mineurs de divergence à savoir comme
pour le « Gacaca » ; faut-il privilégier les critères d'éligibilité ou celui de sexe et de l'âge.
Quant aux points de convergence, il est admis que la Radio doit être utilisée pour animer,
diffuser des émissions de culture de paix.
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Perspectives
Nécessité d'adopter un Plan d'Action de Culture de Paix.
L'histoire d'une Culture de paix au Rwanda, Philibert KAGABO, IRST/Butare.
La Culture est pour le corps social ce qu'est un anticorps pour l'organisme humain.
Au fur et à mesure qu'une société perd sa culture, ses valeurs, elle est comme un corps
humain qui perd ses anticorps. Cette société devient en conséquence vulnérable aux maladies.
L'auteur reconnaît la difficulté qu'il y a à définir la notion de « culture », en raison de
la multitude de définitions et de théories en anthropologie. Toutefois, il existe des éléments à
prendre en compte dans toute définition comme la langue, l'environnement, l'histoire,
l'organisation sociale et politique, la religion.
Dans le cas du Rwanda, le partage d'une même langue, le Kinyarwanda, d'une
même organisation sociale (autour des clans) entre autres, font que l'ethnisme ne devait y
exister.
Mais la volonté des colonisateurs de créer des ethnies et de les instrumentaliser devait
aboutir à la situation actuelle.
Les discussions après cette présentation ont porté essentiellement sur :
l'importance des facteurs d'unité qui existent au Rwanda par rapport aux autres pays
d'Afrique.
le rôle majeur que la religion doit jouer en vue de promouvoir la réconciliation nationale.
le Professeur Philibert Kagabo a informé l'assistance du projet initié par l'Université
Nationale du Rwanda de revaloriser le « Gacaca » afin de contribuer à la résolution
pacifique des conflits actuels.
Responsable de l'éducation à la paix au Ministère de la Jeunesse, des Sports, de la Culture
et de la Formation Professionnelle, Bernardin RUTAZIBWA
L'intervenant a informé l'assistance des activités menées par sa cellule en matière
d'éducation, et de promotion de culture de paix.
• D'abord la confection d'un syllabus pouvant servir pour éduquer, diffuser la culture de
paix. Ce syllabus a été réalisé à la suite d'une série de rencontres et de discussions avec
les responsables des mouvements rwandais notamment des femmes, jeunes, responsables
religieux, de la presse etc..
Il émet le voeu qu'une formation en culture de paix puisse être assurée aux dirigeants et
membres de ces associations.
En outre, Monsieur Bernardin a informé l'assistance que le 20 juillet dernier dans
toutes les préfectures du Rwanda était une journée pendant laquelle les forces armées
nationales ont chanté et tenu des discours sur la paix.

MUSONI Protais, Préfet de Kigali-Ville
Un regard récent sur les événements au Rwanda laisse supposer que les Rwandais
constituent une société fondamentalement divisée. Et c'est pourtant le contraire qui est vrai ;
compte tenu de l'homogénéité à la fois religieuse culturelle et linguistique desBanyarwanda.
En outre, malgré des variations régionales d'interprétation, l'ancêtre mythique est resté le
même à travers les âges. C'est dire que le paradoxe rwandais peut bel et bien être résolu
grâce à un processus de réconciliation qui mette l'accent à la fois sur les valeurs positives
communes mais aussi négatives qui sont à l'origine des divisions.
L'expérience que j'aimerais partager avec l'assistance est que lors de mon séjour à
Kibungo en tant que Préfet, j'ai eu l'occasion d'organiser des rencontres de réconciliation
auxquelles prenait part l'ensemble des couches de notre société. Le thème de discussions
portait sur les «causes de division et de conflit au Rwanda ». Mon postulat de départ était
que, en découvrant les causes de leurs divisions, les gens seraient capables eux-mêmes à
travers leurs expériences personnelle et quotidienne de trouver des solutions.
Mais un jour, un des participants a proposé qu'au lieu de discuter des « causes de
division », il faudrait plutôt se pencher sur les « facteurs d'unité » des Rwandais. Au fur et à
mesure, on se rendait compte à chaque fois qu'était invoqué l'arbre généalogique des
participants, le lien de parenté clanique dépassait les frontières de l'ethnie . Certains avaient
même été choqués de se rendre compte que des gens qu'ils avaient été appelés à haïr et à tuer
selon des lignes de partage ethnique étaient leurs proches parents.
C'est dire qu'il existe au sein de la sociétérwandaise de nombreuses valeurs positives
communes telles que le lien de parenté et de famille, l'appartenance et l'attachement depuis la
nuit des temps à une patrie commune, l'expérience de la dépendance financière et de
l'oppression politique, une aspiration commune à la paix et à la justice.
Il va de soi que l'ensemble de ces valeurs si, elles sont exploitées positivement,
contribueront à bâtir au Rwanda une société pacifique et prospère.
Le Gouvernement rwandais, en ce qui le concerne s'est engagé à mettre en place un système
politique décentralisé. Nous espérons que la Communauté Internationale nous appuiera dans
cette direction.
Conditions requises pour les valeurs et une culture de paix au Rwanda, Tito
RUTAREMARA, Député à l'Assemblée Nationale.
Dans sa brillante communication, l'Honorable Député a relevé que le génocide
rwandais avait les caractéristiques d'être rapide dans son exécution, global dans son ampleur
et général dans les méthodes de tueries utilisées. Il en a résulté une profonde division d'un
peuple meurtri. Afin de résoudre les conséquences du génocide et promouvoir la culture de
la paix, il avance certaines propositions :
• Assurer la sécurité de la population par la « démocratisation des moyens de violence ».
• Organiser l'auto-défense de la population
• Résoudre les problèmes socio-économique du Rwanda (réhabilitation des infrastructures,
modernisation de l'agriculture etc ...)
• Aider les survivants, retournés, veuves et orphelins.
• Mise sur pied des coopératives et micro-projets
• Encourager l'industrialisation, l'économie du marché et l'enseignement de la science et de
la technologie.
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• Humaniser le rwandais
• Combattre la violation des droits de l'homme à partir de la base.
• Assurer la justice.
Dans le domaine de la justice pénale, il convient de faire le distinction entre trois
catégories d'auteurs de crimes :
• Ceux qui sont politiquement motivés
• les participants passifs
• les délinquants (quête des biens matériels).
L'administration de la justice classique a montré ses limites, il va falloir recourir à la
justice communautaire ou GACACA qui requiert la participation de la population.
L'éducation à la démocratie doit être envisagée afín de poser les fondations de la
démocratie comme la liberté d'expression, de mouvement et de parole.
Le besoin essentiel et primaire d'avoir une hutte/maison ainsi qu'une parcelle de
terre doit être assurée à la population.
Monsieur le Député a mentionné que dans le cadre de la modernisation de
l'administration décidée par les autoritésrwandaises, il sera procédé bientôt à l'élection des
responsables des Communes et des Secteurs.
C'est un premier pas du processus de démocratisation des institutions, car dit-il l'on
ne peut attendre que chacun soit guéri des séquelles de la tragédie de 1994 pour commencer à
démocratiser le pays.
Les Rwandais selon lui constitue un seul et même groupe ethnique, la seule
différence qui existe serait dans les esprits.
Les discussions très animées qui ont suivi cette communication ont porté sur les voies
et moyens permettant :
• l'implication de la population dans le règlement des affaires judiciaires et dans le
processus de démocratisation.
• la réintégration des prisonniers dans la société par le biais des travaux communautaires.
• l'égalité en droit de tous les Rwandais, y compris les réfugiés et les prisonniers.
Sources des valeurs et de l'autorité dans le Rwanda d'aujourd'hui, Prof. Gamaliel
MBONIMANA.
Il a présenté sa communication sous forme d'une diptyque : D'abord les sources de
valeurs, ensuite les sources de l'autorité dans le Rwanda actuel.
7. Les sources de valeurs
Notion de valeur est définie comme « faits sociaux et leurs constellations-qu'ils
soient des actes, des idées, des attitudes ou des comportements- que les opinions et les
croyances des acteurs sociaux qualifient de désirable ou non, de recommandables ou à
déconseiller, proposent comme idéal ou interdisent ». Les valeurs sont multiples et

d'importance inégale. En raison du caractère pluraliste d'une société plusieurs systèmes de
valeurs peuvent coexister.
Après le drame qu'a vécu le Rwanda, on pourrait se demander si les Rwandais vivent
encore quelques valeurs. Fort heureusement, les rwandais continuent à avoir des valeurs,
même si elles ont été fortement ébranlées. Ainsi en est-il des valeurs de l'ubumwe (unité) et
de la solidarité sous toutes ses formes. Des valeurs comme le patriotisme, la paix, le travail,
la justice, la tolérance et la vérité sont aujourd'hui mis en avant dans le cadre de la
reconstruction du pays.
Les sources de valeurs sont d'abord, de l'ordre du sacré qui englobe les pratiques et
croyances à l'Imana (Dieu) ensuite la nature, notre univers et enfin le primat de la
Communauté sur l'individu. Dans la société traditionnelle rwandaise, on privilégiait la
communauté, c'est à dire l'umuryango ou l'inzu par rapport à l'individu.
La sauvegarde et le maintien de l'équilibre de l'individu dépendait essentiellement de
l'équilibre du bien-être communautaire. La personne humaine comme fondement ou source
de certaines valeurs constitue une nouveauté par rapport à la tradition rwandaise. A l'heure
actuelle, il semble que le Rwanda soit à la charnière de deux primats ; celui de la
communauté par rapport à l'individu, et celui de la personne humaine par rapport à la société,
la communauté.
//. Les sources de l'autorité
L' « autorité » est définie par Marx Weber comme « La probabilité qu'un ordre,
ayant un contenu spécifique, entraînera l'obéissance d'un groupe donné de personnes ».
L'autorité peut être de type traditionnel, rationnel ou charismatique. A ces types d'autorités
correspondent des types de légitimité.
L'application du modèle Weberien au Rwanda montre que l'autorité traditionnelle
(Chef de la Communauté et de famille élargie) est devenue fragile voire quasi inexistante
depuis les événements de 1994. Quant aux autorités gouvernementales, elles jouissent dans
l'ensemble de l'autorité rationnelle autant que de l'autorité en rapport avec la légitimité
charismatique eu égard aux efforts de reconstruction du pays et de l'arrêt de la guerre.
Valeurs Communes et Valeurs divergentes au sein de la société Rwandaise, Frédéric
GATERA, Député à l'Assemblée Nationale
Comme partout ailleurs, la société rwandaise ne partage pas toujours les mêmes
valeurs. Les similitudes et les différences peuvent être appréhendées soit par les relevés de
signes extérieurs apparents, soit par des enquêtes sociologiques, soit par des indicateurs
économiques ou géographiques.
1. Valeurs et Régions
La différence sur le plan physique et agricole n'est pas perçue comme une source de
différence de valeurs, mais comme une chance d'exercer la complémentarité. Du point de
vue agricole, le pays a des productions agricoles complémentaires et échelonnées. Sur le
plan moral, la solidarité, la justice, la noblesse de cœur constituent des valeurs communes. Il
faut cependant rappeler que dans le Rwanda traditionnel, chaque entité administrative avait sa
particularité.
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L'initiation clanique constituait cependant le dénominateur commun de tous les membres du
groupe. Il existe toujours le découpage administratif, mais la mobilité de la population et les
moyens de communication modernes ont atténué les disparités.
2, Valeurs, catholicisme et Islam
Ces deux religions monothéistes ont en commun la croyance en un Dieu unique, la
résurrection et l'existence d'une vie dans l'au-delà. Mais il y a entre elles une divergence
fondamentale sur Jésus.
3. Valeurs, ruraux et citadins.
Alors que dans le Rwanda traditionnel représenté par le monde rural, l'homme était un être de
relation pour lequel exister, c'était vivre avec les autres, le citadin a de plus en plus tendance
au repli sur soi et à réduire la taille de sa famille.