1 - Sept jours à Brest

12 MERCREDI
INTERVIEW
HOCKEY.LE RÊVE EN BLEU
DE GAËTAN CANNIZZO
Un hockeyeur brestois en
équipe de France, c’est
un peu comme une
équipe jamaïcaine de
bobsleigh aux JO d’hiver.
Étonnant ! Pourtant
Gaëtan Cannizzo, jeune
pousse des Albatros, est
régulièrement appelé en
Bleu depuis un an. Le 9
décembre, il participera
même aux Mondiaux,
avec les moins de 20 ans.
Bio express
31 mars 1994 : naissance à
Brest
1998 : commence le hockey
aux Albatros de Brest
Novembre 2011 : première
sélection en Bleu
IL Y AURA DONC UN BRESTOIS
DANS L’ÉQUIPE DE FRANCE DE
HOCKEY DES MOINS DE 20 ANS
AUX PROCHAINS MONDIAUX ?
Je suis sélectionné, oui. Au dernier stage,
je n’étais pourtant que remplaçant.
On m’avait prévenu de me tenir
prêt à rejoindre le groupe à tout
moment, en cas de blessure. C’est ce
qui est arrivé. En rentrant de la fac, on
m’a dit que j’avais un jour pour rejoindre
l’équipe de France à Albertville et
participer ainsi à une tournée amicale
en Italie. Au final, on m’a gardé.
CE N’EST PAS VOTRE PREMIÈRE
SÉLECTION EN BLEU ?
Je suis régulièrement appelé depuis
un an. J’en suis à huit regroupements,
dont déjà un premier championnat du
monde avec les moins de 18 en Slovaquie
au printemps dernier. On échoue
au pied du podium là-bas, mais je
m’en souviens comme d’un grand
moment. En particulier le match
contre la Slovaquie, le vainqueur des
Mondiaux. On s’incline de justesse,
dans une patinoire pleine à craquer.
C’était impressionnant.
VOUS AVEZ UNE CHANCE DE
MÉDAILLE CETTE FOIS-CI ?
On se doit en tout cas d’être bon : le
Mondial se passe chez nous, à
Amiens. On n’aura pas la tâche facile,
surtout face au Danemark ou à la
Biélorussie, qui sont pour moi les favoris.
Mais nous aussi, on a un effectif
de qualité, en attaque et dans les buts
surtout. Et puis on est des bosseurs et
du genre à aimer créer l’exploit.
UN HOCKEYEUR BRESTOIS EN
BLEU, C’EST ORIGINAL NON ?
Eh bien, je suis le premier ! Enfin, du
moins, le premier à avoir été entièrement
formé à Brest. Sinon, il y a eu
Nicolas Motreff avant moi. Mais Nicolas
avait rejoint tout jeune le centre
de formation de Rouen.
EST-CE PLUS DIFFICILE, QUAND
ON RESTE À BREST, D’INTÉGRER
L’ÉQUIPE DE FRANCE ?
Oui tout de même. Le hockey est peu
dynamique en Bretagne. Les championnats
jeunes sont d’assez faibles
niveaux, du fait d’un manque d’équipes.
On progresse plus difficilement
dans ces conditions. Et puis, l’équipe
de France fonctionne comme un
réseau. Les sélectionneurs se déplacent
surtout sur les matchs des grands
clubs. J’ai eu la chance que Sébastien
Oprandi (le coach des Albatros, NDLR)
appelle le sélectionneur des moins de
18 ans pour qu’il vienne me voir jouer.
COMMENT EXPLIQUEZ-VOUS
QUE VOUS AYEZ ATTEINT LE
HAUT NIVEAU ?
Je me suis toujours dit qu’il fallait bosser,
ne jamais rien lâcher. Je suis aussi
très bien encadré aux Albatros. J’ai
intégré l’effectif pro il y a trois ans
déjà, grâce à André Peloffy (ancien
coach de l’équipe, NDLR). Sergueï
Touckmatchev et Bruno Meynard, qui
28 NOVEMBRE 2012 - SEPT JOURS À BREST
m’ont coaché plus jeune, continuent à
me donner des conseils. Et puis je suis
un peu le petit jeune dans l’équipe.
Mes coéquipiers me parlent beaucoup
sur la glace.
Ç’EST IMPORTANT DE JOUER
RÉGULIÈREMENT À 19 ANS ?
Au hockey, c’est une évidence : on
apprend surtout en match. J’ai participé
à une dizaine de rencontres de division
1 (le deuxième niveau français
derrière la Ligue Magnus, NDLR), l’an
dernier. Je joue beaucoup plus cette
saison. Parfois même comme titulaire
en défense.
LA PROCHAINE ÉTAPE, C’EST LA
LIGUE MAGNUS ?
Tout hockeyeur français veut y jouer.
D’ailleurs, mes coéquipiers en équipe
de France jouent au minimum à ce
niveau. Je suis là encore l’exception.
Mais il ne faut pas que je précipite les
choses. Intégrer un club de Magnus
pour cirer le banc ne me servirait pas
à grand-chose. L’idéal serait de finir
champion avec les Albatros et monter
ainsi dans l’élite. On a l’effectif pour y
arriver.
HOCKEYEUR PRO, ÇA VOUS
FAIT RÊVER ?
Oui, ça reste l’idée. Mais quoi qu’il en
soit, je veux concilier études et hockey.
Je suis actuellement en fac de
maths et je ne me vois pas arrêter. Si,
je me blesse, qu’est-ce que je ferai ?
RECUEILLIS PAR FABRICE POULIQUEN