25.06.2013 Views

Ouvrir le fichier dans une nouvelle fenêtre - Labiso

Ouvrir le fichier dans une nouvelle fenêtre - Labiso

Ouvrir le fichier dans une nouvelle fenêtre - Labiso

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Cahier labiso périodique<br />

n°129<br />

La Maison<br />

d’EMEraudE<br />

à BErtrix<br />

La pédagogie Feuerstein au service<br />

d’un apprentissage diFFérencié


<strong>une</strong> initiative de<br />

en partenariat aveC


5<br />

6<br />

6<br />

7<br />

8<br />

9<br />

10<br />

11<br />

13<br />

13<br />

15<br />

16<br />

17<br />

17<br />

Sommaire<br />

–<br />

IntroductIon<br />

un caIllou pas comme <strong>le</strong>s autres<br />

La pédagogie Feuerstein<br />

mo-tI-ver !<br />

petIte éco<strong>le</strong>, petIts moyens<br />

<strong>le</strong> cursus<br />

Les quatorze cahiers du programme d’enrichissement<br />

instrumental (PEI)<br />

Journal de classe<br />

la méthode<br />

La théorie de la modificabilité cognitive structurel<strong>le</strong><br />

charte et proJet d’établIssement<br />

des résultats<br />

un proJet global<br />

pour en savoIr plus


la maison d’emeraude à bertrix<br />

introduction<br />

La Maison d’Émeraude est <strong>une</strong> petite éco<strong>le</strong>.<br />

Une toute petite éco<strong>le</strong> de six élèves et deux professeurs,<br />

qui <strong>le</strong>ur donnent cours <strong>le</strong> lundi matin,<br />

<strong>le</strong> jeudi et <strong>le</strong> vendredi.<br />

Cette petite asbl est avant tout <strong>le</strong> combat<br />

d’<strong>une</strong> mère. Berthe Colson a trois enfants,<br />

Géraldine, Mathieu, et Pauline. À la naissance<br />

de la dernière en 1988, sa vie a basculé. « À vingttrois<br />

mois, Pauline ne marchait toujours pas, ne<br />

gazouillait pas, se souvient-el<strong>le</strong>. Le médecin de<br />

famil<strong>le</strong> nous a dit de ne pas nous inquiéter, avant<br />

deux ans. Ce n’était qu’un simp<strong>le</strong> retard. Nous ne<br />

nous sommes pas trop inquiétés, mais du coup<br />

nous ne l’avons pas beaucoup stimulée non plus.<br />

On était plutôt <strong>dans</strong> la passivité… »<br />

Les années passant, enfin un diagnostic se<br />

pose. Pauline est dysphasique, un troub<strong>le</strong> du<br />

langage associé à un retard mental. « Le médecin<br />

nous a dit ne rien pouvoir faire médica<strong>le</strong>ment.<br />

C’était quelque chose de nouveau, de peu connu<br />

à l’époque, explique Berthe. C’était dur à encaisser.<br />

Il m’a fallu du temps pour me re<strong>le</strong>ver. Mais<br />

ce que je souhaitais plus que tout au monde,<br />

c’était <strong>le</strong> bonheur de ma fil<strong>le</strong>. Et ce bonheur, c’est<br />

de moi qu’il dépendait. » Pauline est scolarisée<br />

<strong>dans</strong> l’enseignement spécial à Marloie puis à<br />

Barvaux. Bon an mal an, <strong>le</strong>s acquis intel<strong>le</strong>ctuels<br />

succèdent à des phases de stagnation, voire de<br />

régression. Berthe s’interroge sur la pédagogie<br />

de ces établissements. « Pourquoi a-t-on appris<br />

<strong>le</strong>s voyel<strong>le</strong>s à ma fil<strong>le</strong> et pas <strong>le</strong>s consonnes ? ditel<strong>le</strong>.<br />

Les matières de base, français et calcul, sont<br />

vues en primaire mais <strong>dans</strong> <strong>le</strong> secondaire ces<br />

cours laissent place à de la cuisine ou à de l’horticulture.<br />

Pourquoi cesse-t-on de <strong>le</strong>s stimu<strong>le</strong>r ? »<br />

5<br />

Cahier n° 129<br />

Berthe, au départ prof de mathématiques,<br />

travail<strong>le</strong> à ce moment-là comme éducatrice <strong>dans</strong><br />

un centre résidentiel pour adultes handicapés<br />

qui dispose aussi d’un centre de jour. « Il n’y a<br />

pas de hasard », sourit-el<strong>le</strong>. De cette deuxième<br />

vie professionnel<strong>le</strong>, el<strong>le</strong> retirera <strong>une</strong> riche expérience<br />

humaine mais aussi des convictions. Pas<br />

question que sa fil<strong>le</strong> rejoigne un jour ce genre<br />

d’endroit hélas fort fermé et centré sur luimême.<br />

« Je ne dénie pas <strong>le</strong> travail d’accompagnement<br />

qui s’y opère, dit-el<strong>le</strong>, mais j’aspire à autre<br />

chose pour mon enfant… »<br />

Alors qu’el<strong>le</strong> se débat au cœur de ces questions<br />

sur l’avenir de sa fil<strong>le</strong>, un livre lui tombe<br />

<strong>dans</strong> <strong>le</strong>s mains. « Cela s’appelait Le voyage<br />

d’Anton, <strong>le</strong> récit de Mariana Loupan, <strong>une</strong> autre<br />

mère face au handicap de son enfant. Je l’ai lu<br />

de bout en bout en <strong>une</strong> nuit. À chaque page je<br />

me reconnaissais. » L’auteur y par<strong>le</strong> de la pédagogie<br />

Feuerstein, <strong>une</strong> découverte marquante<br />

pour Berthe. El<strong>le</strong> trouvera <strong>dans</strong> cet ouvrage <strong>le</strong><br />

support théorique et l’impulsion qui lui manquaient<br />

pour lancer <strong>le</strong> projet qui germait <strong>dans</strong><br />

un coin de sa tête, celui d’un enseignement hyper<br />

individualisé et stimulant pour donner à ces<br />

je<strong>une</strong>s handicapés des outils pour construire<br />

<strong>le</strong>ur autonomie. « Je me suis dit ouf ! Pauline a<br />

des capacités. Les adultes du service résidentiel<br />

ont aussi un potentiel. D’autres enfants aussi.<br />

Oui, on va ouvrir <strong>une</strong> éco<strong>le</strong> pour poursuivre ces<br />

apprentissages à <strong>le</strong>ur rythme. »<br />

Berthe en par<strong>le</strong> à des connaissances, rencontre<br />

un assistant social récemment à la<br />

retraite, Jacques Frennet, qui lui emboîte <strong>le</strong><br />

pas. « Nous avons créé l’asbl en 2006 et l’éco<strong>le</strong> en<br />

2007. » Ils en sont <strong>le</strong>s deux professeurs. ■<br />

« Si tu ne cherches pas l’inespéré, tu ne <strong>le</strong><br />

trouveras pas. » Héraclite.


la maison d’emeraude à bertrix<br />

un caillou<br />

paS comme <strong>le</strong>S<br />

autreS<br />

Quand son moral était au plus bas, Berthe<br />

s’est fait aider, notamment par la kinésiologie.<br />

El<strong>le</strong> a travaillé l’acceptation du deuil de l’enfant<br />

dont el<strong>le</strong> rêvait et qu’el<strong>le</strong> n’a pas eu et l’acceptation<br />

du handicap de sa fil<strong>le</strong>. « Mais l’accepter ce<br />

n’est pas ne rien faire, dit-el<strong>le</strong>. Je suis passée de<br />

la passivité à l’action. J’accepte ma fil<strong>le</strong> comme<br />

el<strong>le</strong> est et je fais ce que je peux pour qu’el<strong>le</strong> soit<br />

heureuse. Je bouge ! »<br />

Berthe a fait un long chemin, un long travail<br />

sur el<strong>le</strong>-même. « Au départ j’étais <strong>une</strong> personne<br />

très rigide, très prof de math, dit-el<strong>le</strong>. Maintenant<br />

je suis moins carrée, plus ouverte. » Et el<strong>le</strong> ne croit<br />

pas au hasard, celui de ses <strong>le</strong>ctures, de ses choix<br />

professionnels… beaucoup de choses convergent<br />

vers ce qu’el<strong>le</strong> est aujourd’hui. Jusqu’au nom de<br />

son éco<strong>le</strong>. « L’émeraude est la pierre qui symbolise<br />

la paix intérieure, la régénérescence, l’harmonie,<br />

la polarité, l’équilibre », dit-el<strong>le</strong>.<br />

la pédagogie Feuerstein<br />

Selon Reuven Feuerstein, « toute personne<br />

est capab<strong>le</strong> de changement, quels que soient son<br />

âge, son handicap et la gravité de ce handicap.<br />

Les enfants différents ont simp<strong>le</strong>ment besoin<br />

d’un surcroît d’attention et d’investissement<br />

personnel. » Mais pour qu’un changement se<br />

produise, il faut qu’il y ait médiation humaine.<br />

Le médiateur est la personne qui s’interpose<br />

entre l’enfant et <strong>le</strong> monde, qui interprète pour<br />

6<br />

Cahier n° 129<br />

l’enfant ses expériences, qui réordonne, organise,<br />

regroupe, structure <strong>le</strong>s stimuli auxquels<br />

l’enfant est exposé, en <strong>le</strong>s orientant vers un<br />

objectif donné. Et c’est cette médiation qui crée<br />

chez l’enfant la disposition à apprendre.<br />

Au fil des années, Feuerstein définit trois<br />

critères importants : l’intentionnalité, la transcendance<br />

et <strong>le</strong> sens. La médiation doit d’abord<br />

être animée par l’intention. « Si, par exemp<strong>le</strong>,<br />

j’apprends à un enfant certains mots, ce peut être<br />

<strong>dans</strong> l’intention de <strong>le</strong> rendre capab<strong>le</strong> de construire<br />

d’autres mots. La transcendance est la volonté de<br />

dépasser <strong>le</strong>s besoins immédiats de l’enfant pour<br />

en créer de nouveaux. Je peux apprendre à un<br />

enfant à utiliser des couverts pour manger... Si, en<br />

même temps, je lui apprends à se laver <strong>le</strong>s mains<br />

avant <strong>le</strong> repas, j’élargis <strong>le</strong> champ du besoin immédiat<br />

à des comportements qui deviendront des<br />

besoins secondaires. Et enfin, l’enfant doit comprendre<br />

<strong>le</strong> sens des actions du médiateur, quels<br />

buts il poursuit et pourquoi. C’est la médiation de<br />

la signification. »<br />

Selon <strong>le</strong> professeur, c’est la rareté ou <strong>le</strong><br />

manque de médiation humaine qui est à l’origine<br />

d’un développement intel<strong>le</strong>ctuel insuffisant.<br />

« L’attitude traditionnel<strong>le</strong> est de dire : un enfant<br />

trisomique est retardé parce qu’il a trois chromosomes<br />

au lieu de deux, explique son fils, Rafi<br />

Feuerstein, vice-directeur de l’institut. Nous,<br />

nous disons : sa trisomie crée <strong>une</strong> situation qui<br />

bloque <strong>le</strong> passage de la médiation – d’où son<br />

retard. Notre rô<strong>le</strong> est de trouver <strong>le</strong>s interstices<br />

<strong>dans</strong> la murail<strong>le</strong> et d’y faire pénétrer la médiation,<br />

qui entraînera <strong>le</strong> changement. »<br />

Cette théorie du changement et de l’apprentissage<br />

par médiation a donné naissance à deux<br />

applications pratiques, la méthode d’évaluation<br />

dynamique du potentiel d’apprentissage


la maison d’emeraude à bertrix<br />

(LPAD) et <strong>le</strong> programme d’enrichissement instrumental<br />

(PEI). Des outils pédagogiques qui, à<br />

travers la médiation, s’appuient sur <strong>une</strong> attitude<br />

comm<strong>une</strong> : valoriser l’enfant au maximum, en<br />

évitant toujours de <strong>le</strong> mettre en échec, c’est-àdire<br />

en mettant prioritairement en évidence ses<br />

capacités, en lui faisant découvrir son potentiel.<br />

Les difficultés rencontrées sont chaque fois des<br />

occasions pour trouver <strong>le</strong>s solutions et, ainsi, se<br />

dépasser. ■<br />

sources :<br />

www.icelp.org (site officiel de la pédagogie<br />

Feuerstein)<br />

www.handicap.ua.ac.be (site du pr <strong>le</strong>beer avec<br />

l’asbl collabore pour <strong>le</strong> lpad)<br />

www.javance.org/upbraining.htm, site<br />

spécialisé <strong>dans</strong> la méthode d’apprentissage<br />

Feuerstein.<br />

7<br />

mo-ti-ver !<br />

Cahier n° 129<br />

La pédagogie Feuerstein est <strong>une</strong> pédagogie<br />

très optimiste. Handicap ou non, quel que soit<br />

son âge, chacun a la capacité d’apprendre et de<br />

continuer à apprendre. L’élément important<br />

de cet apprentissage, c’est <strong>le</strong> médiateur qui se<br />

situe entre l’apprenant et la matière. Son tout<br />

premier objectif est de faire comprendre à l’élève<br />

qu’il peut avoir confiance en lui, qu’il peut croire<br />

en lui. « À force de notre confiance, <strong>le</strong>s élèves<br />

acquièrent confiance en eux. C’est <strong>le</strong> point de<br />

départ du travail, expliquent <strong>le</strong>s professeurs de<br />

la Maison d’Émeraude. C’est très important et il<br />

faut <strong>le</strong> <strong>le</strong>ur rappe<strong>le</strong>r très souvent car ils n’ont pas<br />

eu l’habitude auparavant de travail<strong>le</strong>r en classe<br />

ni même à la maison parfois. »<br />

Les enfants ont des parcours scolaires très<br />

divers. Certains comme Ophéline et Jérémie<br />

ont passé quelques années <strong>dans</strong> l’enseignement<br />

ordinaire tandis que <strong>le</strong>s autres sont inscrits <strong>dans</strong><br />

l’enseignement spécial depuis <strong>le</strong> début de <strong>le</strong>ur<br />

scolarité. Deux fois par semaine, <strong>le</strong> jeudi et <strong>le</strong><br />

vendredi (ou encore <strong>le</strong> lundi matin pour deux<br />

d’entre eux), ils rejoignent la Maison d’Émeraude<br />

pour y suivre des cours adaptés à <strong>le</strong>urs<br />

difficultés personnel<strong>le</strong>s d’apprentissage. Les<br />

devoirs et <strong>le</strong>s <strong>le</strong>çons, ils connaissaient à peine<br />

avant de rejoindre la Maison d’Émeraude. « La<br />

première année, il a fallu <strong>le</strong>s motiver, <strong>le</strong>ur faire<br />

comprendre pourquoi nous avions envie qu’ils<br />

travail<strong>le</strong>nt et qu’ils apprennent. » Pauline n’avait<br />

jamais appris à lire auparavant mais el<strong>le</strong> a très<br />

envie d’avoir un GSM… « Je crois que c’est l’<strong>une</strong><br />

de ses motivations pour savoir lire, constate sa<br />

mère. Chaque fois qu’el<strong>le</strong> en a marre, qu’el<strong>le</strong>


la maison d’emeraude à bertrix<br />

voudrait laisser tomber, il y a <strong>le</strong> GSM en ligne de<br />

mire… » Ou d’autres choses, car el<strong>le</strong> voit aussi<br />

aujourd’hui l’utilité de savoir lire <strong>dans</strong> la vie de<br />

tous <strong>le</strong>s jours.<br />

Pauline, Laura, Jérémie, Ophéline, Baptiste<br />

et Maximilien ont entre huit et vingt-trois ans.<br />

La limite d’âge pour accéder à l’enseignement<br />

secondaire spécial est aussi un problème. « Leur<br />

rythme d’apprentissage est <strong>le</strong>nt et à vingt-et-un<br />

ans l’éco<strong>le</strong> ne <strong>le</strong>ur est plus accessib<strong>le</strong>, déplore<br />

Berthe Colson. Pour nous, l’apprentissage est <strong>le</strong><br />

terrain de toute <strong>une</strong> vie. C’est aussi pour cela que<br />

nous acceptons des élèves un peu plus âgés. » ■<br />

8<br />

Cahier n° 129<br />

petite éco<strong>le</strong>,<br />

petitS moyenS<br />

La Maison d’Émeraude est <strong>une</strong> éco<strong>le</strong> privée,<br />

sans moyens et sans bâtiment propre. Le premier<br />

cours s’est donné <strong>le</strong> 6 septembre 2007 <strong>dans</strong> <strong>une</strong><br />

sal<strong>le</strong> du couvent des Pères franciscains, au centre<br />

vil<strong>le</strong>. L’équipe pédagogique a eu la chance d’y<br />

être hébergée gracieusement durant quelques<br />

années mais, en juin dernier, el<strong>le</strong> a été contrainte<br />

de trouver un autre toit car la congrégation<br />

religieuse ne compte désormais plus que trois<br />

membres et il lui faut vendre son bien. « Quand<br />

on entrait <strong>dans</strong> <strong>le</strong> hall, il y avait <strong>une</strong> photographie<br />

de Saint-François d’Assise, se souvient Berthe.<br />

Nous sommes restés là pendant quatre ans pour<br />

poser nos assises… c’est très symbolique. »<br />

Après <strong>une</strong> brève transition au Village reine<br />

Fabiola à Bande, la Maison d’Émeraude a<br />

aujourd’hui emménagé <strong>dans</strong> <strong>une</strong> classe de l’institut<br />

technique de Bertrix. Visuel<strong>le</strong>ment, c’est<br />

<strong>une</strong> reconnaissance. « C’est l’endroit idéal, commente<br />

Berthe Colson, nos trois grands sont très<br />

contents. D’<strong>une</strong> part, c’est <strong>une</strong> vraie éco<strong>le</strong>, avec<br />

ses intercours, ses sonneries et ses récrés. Ce cadre<br />

est stimulant pour nos élèves. C’est aussi un beau<br />

projet d’intégration pour <strong>le</strong>s élèves de l’institut. »<br />

Le local se trouve au rez-de-chaussée, <strong>une</strong><br />

situation très pratique pour Laura qui circu<strong>le</strong><br />

en chaise roulante. El<strong>le</strong> vient de Virton, sa mère<br />

l’accompagne en train jusqu’à la gare de Bertrix<br />

où l’équipe de la Maison d’Émeraude vient la<br />

chercher. En province de Luxembourg, <strong>le</strong>s distances<br />

viennent parfois à bout des meil<strong>le</strong>ures<br />

volontés. Lors de l’intermède au village reine<br />

Fabiola à Bande, Laura ne pouvait plus se rendre


la maison d’emeraude à bertrix<br />

au cours. « Et là, je me suis dis qu’on passait<br />

vraiment à côté de nos objectifs, dit Berthe. Cette<br />

je<strong>une</strong> fil<strong>le</strong> est en effet très motivée. »<br />

Qui dit initiative privée dit évidemment<br />

absence de subsides. Les parents s’acquittent<br />

d’un modique droit d’inscription de 70 euros<br />

par trimestre. L’objectif des fondateurs était de<br />

créer <strong>une</strong> éco<strong>le</strong> pour tous, peu importe <strong>le</strong> handicap,<br />

même si <strong>le</strong>s parents n’ont pas d’argent. « On<br />

doit suivre notre ligne. » La Maison d’Émeraude<br />

a été nominée en 2010 et 2011 pour <strong>le</strong> prix du<br />

Godefroid social, un prix qui met en va<strong>le</strong>ur des<br />

associations faisant preuve de dynamisme et<br />

d’esprit d’initiative en province de Luxembourg,<br />

mais cela ne suffit cependant pas à la faire vivre.<br />

« On vit de nos lasagnes ! » lance Berthe. Sans<br />

rire, l’asbl se finance en grande partie grâce aux<br />

repas qu’el<strong>le</strong> prépare, grâce à des associations<br />

qui organisent des événements à son profit,<br />

comme des randonnées équestres, des rassemb<strong>le</strong>ments<br />

cyclistes, des concerts, grâce aux dons<br />

de particuliers, de comm<strong>une</strong>s, de services clubs,<br />

de sociétés ou d’organismes privés. « Nous avons<br />

un statut d’indépendant et nous sommes rémunérés…<br />

quand l’argent rentre, parfois avec un an de<br />

retard », confie-t el<strong>le</strong>.<br />

Plus <strong>le</strong> temps passe, plus el<strong>le</strong> trouve <strong>le</strong> rythme<br />

de l’asbl éprouvant. « On a la vie de l’éco<strong>le</strong>, on<br />

prépare <strong>le</strong>s cours, on va chercher <strong>le</strong>s enfants à<br />

la gare, on gère <strong>le</strong> temps de midi, <strong>le</strong>s récrés et <strong>le</strong><br />

retour… on n’arrête pas. » Et c’est ainsi trois fois<br />

par semaine. « En plus de cela, il y a <strong>le</strong>s manifestations<br />

pour <strong>le</strong>ver des fonds et <strong>le</strong>s réunions d’info<br />

<strong>dans</strong> la région ou à Bruxel<strong>le</strong>s. » Berthe a quitté<br />

son boulot au centre d’hébergement, el<strong>le</strong> est<br />

en congé sans solde. « Mener <strong>le</strong>s deux de front,<br />

c’était trop. Surtout que de part et d’autre on n’est<br />

pas <strong>dans</strong> la même dynamique. » ■<br />

9<br />

<strong>le</strong> curSuS<br />

Cahier n° 129<br />

Les médiateurs-professeurs de la Maison<br />

d’Émeraude ont suivi <strong>une</strong> formation intensive<br />

à la pédagogie Feuerstein à Paris. Des sessions<br />

rassemblant jusqu’à trente nationalités différentes<br />

sont régulièrement organisées en Europe.<br />

Ces cours sont ouverts aux éducateurs, logopèdes,<br />

psychomotriciens, psychologues et autres<br />

spécialistes de l’éducation et de l’enseignement.<br />

La méthode s’articu<strong>le</strong> autour de quatorze<br />

outils, quatorze cahiers différents et progressifs<br />

qui abordent la perception analytique, la comparaison,<br />

la classification, etc.<br />

Ce ne sont pas des manuels différenciés<br />

d’apprentissage du français ou du calcul. Tout<br />

est <strong>dans</strong> tout. L’utilisation de ces outils spécifiques<br />

à la pédagogie Feuerstein permet, en plus<br />

des objectifs précis et progressifs propres à la<br />

méthode, de transposer cette approche <strong>dans</strong><br />

l’apprentissage du français et du calcul et de la<br />

vie quotidienne et socia<strong>le</strong>.<br />

Chaque cahier, chaque outil, est employé<br />

<strong>dans</strong> un ordre déterminé et à respecter. Il poursuit<br />

un ou plusieurs objectifs précis en vue de<br />

corriger progressivement <strong>le</strong>s fonctions cognitives<br />

déficientes de l’apprenant, de développer<br />

son vocabulaire, de créer de bonnes habitudes<br />

de pensée et de <strong>le</strong> motiver <strong>dans</strong> l’apprentissage.


la maison d’emeraude à bertrix<br />

L’utilisation de ces outils implique pour<br />

l’apprenant l’acquisition d’un vocabulaire précis<br />

et d’<strong>une</strong> maîtrise progressive de notions tel<strong>le</strong>s<br />

que la quantité, la forme (géométrique), la tail<strong>le</strong>,<br />

l’orientation et, donc, est en étroite relation avec<br />

l’apprentissage du calcul et du français.<br />

« Le PEI est un long parcours, dit Jacques.<br />

Nous fonctionnons depuis cinq ans à raison<br />

de deux heures par semaine avec <strong>le</strong> groupe des<br />

10<br />

Cahier n° 129<br />

<strong>le</strong>s quatorze cahIers du programme d’enrIchIssement Instrumental (peI)<br />

1. organisation de points : projeter des relations<br />

virtuel<strong>le</strong>s, trouver des modè<strong>le</strong>s spécifiques<br />

<strong>dans</strong> un nuage de points et travail<strong>le</strong>r<br />

avec <strong>une</strong> stratégie.<br />

2. orientation <strong>dans</strong> l’espace (1) : représenter<br />

menta<strong>le</strong>ment des objets <strong>dans</strong> l’espace en<br />

relation <strong>le</strong>s uns avec <strong>le</strong>s autres ; ces relations<br />

changent en fonction de l’autre.<br />

3. comparaison : trouver <strong>le</strong>s similitudes et <strong>le</strong>s<br />

différences, <strong>le</strong>s critères de comparaison et<br />

ranger selon <strong>le</strong> degré de ressemblance.<br />

4. catégorisation : regrouper <strong>le</strong>s objets selon un<br />

critère choisi, en fonction des caractéristiques<br />

en commun ; apprendre à faire des présentations<br />

différentes de classification.<br />

5. Illustrations : analyser des dessins humoristiques<br />

<strong>dans</strong> <strong>le</strong>squels <strong>une</strong> situation de problème<br />

est montrée ; trouver <strong>une</strong> suite logique<br />

<strong>dans</strong> <strong>une</strong> succession d’illustrations.<br />

6. perception analytique : apprendre à distinguer<br />

<strong>le</strong>s parties <strong>dans</strong> un ensemb<strong>le</strong> comp<strong>le</strong>xe ;<br />

regarder la relation entre <strong>le</strong>s parties et reconstruire<br />

l’ensemb<strong>le</strong> à partir de ces ensemb<strong>le</strong>s<br />

(nB : cette approche permet de travail<strong>le</strong>r<br />

en français la décomposition de la phrase,<br />

<strong>le</strong>s fonctions de chaque partie, sujet, verbe,<br />

complément mais éga<strong>le</strong>ment en calcul pour<br />

la décomposition du nombre etc.).<br />

7. relations familia<strong>le</strong>s : apprendre <strong>le</strong>s relations,<br />

<strong>dans</strong> <strong>une</strong> famil<strong>le</strong>, <strong>dans</strong> la société ; apprendre<br />

à utiliser <strong>le</strong>s codes et <strong>le</strong>s schémas.<br />

8. relations temporel<strong>le</strong>s : concepts du temps et<br />

de la vitesse, division du temps, instruments<br />

pour mesurer <strong>le</strong> temps, temps subjectif et<br />

objectif, relations causa<strong>le</strong>s et événements<br />

simultanés.<br />

9. orientation <strong>dans</strong> l’espace (2) : apprendre<br />

à utiliser un système de références spatia<strong>le</strong>s<br />

pour décrire la position et l’orientation<br />

; apprendre à utiliser des coordonnées,<br />

apprendre à utiliser <strong>une</strong> carte, à dessiner un<br />

itinéraire.<br />

10. Instructions : décoder des figures <strong>dans</strong> des<br />

instructions verba<strong>le</strong>s, apprendre à poser <strong>le</strong>s<br />

questions clés : quoi ? où ? quel<strong>le</strong> forme ?<br />

combien ? <strong>dans</strong> quel ordre ?<br />

11. progressions numériques : apprendre « cause<br />

et effet », apprendre <strong>le</strong> concept d’<strong>une</strong> série,<br />

d’<strong>une</strong> règ<strong>le</strong>, d’<strong>une</strong> formu<strong>le</strong> ; concept du probab<strong>le</strong>,<br />

du possib<strong>le</strong>, de l’impossib<strong>le</strong>, du certain ;<br />

découvrir <strong>une</strong> règ<strong>le</strong> afin de pouvoir prédire.<br />

12. syllogismes : explorer <strong>le</strong>s relations logiques<br />

entre ensemb<strong>le</strong>s et <strong>le</strong>urs caractéristiques.<br />

13. relations transitives : déduire <strong>une</strong> conclusion<br />

logique sur <strong>une</strong> relation basée sur <strong>le</strong>s différences<br />

entre des éléments de deux paires de<br />

relations.<br />

14. pochoirs : décomposer de façon représentationnel<strong>le</strong><br />

des dessins comp<strong>le</strong>xes de formes<br />

et cou<strong>le</strong>urs (des pochoirs) <strong>dans</strong> <strong>le</strong>ur composante<br />

de base.<br />

aînés et nous en sommes aux cahiers 3 et 5. Il<br />

est évident que si nous pouvions appliquer ces<br />

outils de manière la plus intensive, cinq jours par<br />

semaine par exemp<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s résultats seraient encore<br />

plus performants. »<br />

Toutefois, pour Berthe et Jacques, ces cahiers<br />

sont des outils de médiation et d’apprentissage<br />

comme <strong>le</strong> sont <strong>le</strong> français et la <strong>le</strong>cture


la maison d’emeraude à bertrix<br />

(apprendre à communiquer) ou encore <strong>le</strong> calcul<br />

en relation avec la vie quotidienne, ses règ<strong>le</strong>s,<br />

son organisation, etc.<br />

« Leur intérêt réside certes <strong>dans</strong> <strong>une</strong> méthode<br />

systématique et progressive de modificabilité du<br />

potentiel d’apprentissage mais aussi <strong>dans</strong> <strong>une</strong><br />

complémentarité riche avec l’apprentissage scolaire,<br />

en créant des ponts avec celui-ci », précisent<br />

<strong>le</strong>s professeurs. En effet, qu’il s’agisse du PEI ou<br />

de l’apprentissage scolaire, c’est la médiation qui<br />

importe, la démarche d’apprendre à apprendre,<br />

la découverte de son potentiel, de la confiance<br />

en soi et en ses possibilités. « Seuls, ces outils,<br />

tout comme l’enseignement de base, n’auraient<br />

qu’un effet limité et insuffisant de développement<br />

cognitif. » ■<br />

11<br />

Journal de<br />

claSSe<br />

Cahier n° 129<br />

Ils sont cinq en classe ce jeudi, répartis en<br />

deux groupes. Les grands : Jérémie, Laura et<br />

Pauline. Les petits : Ophéline et Maximilien.<br />

Le sixième, Baptiste, suit <strong>le</strong>s cours <strong>le</strong> vendredi.<br />

Tous n’ont pas <strong>le</strong>s mêmes difficultés. Jérémie,<br />

Ophéline et Maximilien s’expriment parfaitement<br />

alors que Laura ne pipe pas un mot.<br />

Pauline a du mal à articu<strong>le</strong>r mais el<strong>le</strong> parvient à<br />

se faire comprendre. Ils présentent des retards<br />

plus ou moins prononcés, de l’autisme, de la<br />

dysphasie. À part Laura qui nécessite des soins<br />

personnels, tous <strong>le</strong>s autres sont autonomes<br />

<strong>dans</strong> <strong>le</strong>urs mouvements, <strong>le</strong>s plus je<strong>une</strong>s peinant<br />

plutôt à rester en place.<br />

Berthe et Jacques assurent avec chaque<br />

groupe <strong>le</strong> travail de médiation et d’apprentissage<br />

scolaire. La matinée commence par <strong>une</strong> heure<br />

de programme d’enrichissement instrumental<br />

puis la classe enchaîne avec du calcul et du français.<br />

« J’insiste pour <strong>le</strong> moment sur <strong>le</strong> calcul avec<br />

Jérémie, explique Jacques Frennet, car il doit<br />

assimi<strong>le</strong>r la notion des dizaines. Ça implique pour<br />

lui un travail répétitif et continu. » Deux séances<br />

par semaine, ce n’est pas suffisant. Idéa<strong>le</strong>ment,<br />

il faudrait y consacrer <strong>une</strong> heure tous <strong>le</strong>s jours.<br />

Car il faut répéter, répéter, répéter… Les autres<br />

jours, Jérémie va à l’éco<strong>le</strong> à Bastogne, où il poursuit<br />

sa scolarité <strong>dans</strong> l’enseignement spécialisé.<br />

Il y suit notamment des cours de cuisine <strong>le</strong> lundi<br />

et des cours pratiques d’horticulture <strong>le</strong> mardi et<br />

<strong>le</strong> mercredi matin. « C’est pas la même ambiance<br />

qu’ici, dit-il. À Bastogne il y a des copains… Ici, on<br />

travail<strong>le</strong>, on a des devoirs aussi. »


la maison d’emeraude à bertrix<br />

Les devoirs, c’est nouveau pour eux. « Je<br />

pense que c’est important, c’est aussi <strong>le</strong>s reconnaître.<br />

Ce sont des élèves à part entière, comme<br />

<strong>dans</strong> toutes <strong>le</strong>s éco<strong>le</strong>s », souligne Jacques. Ce<br />

sont des devoirs à faire seul à la maison. « Un<br />

jour Jérémie avait reçu <strong>une</strong> feuil<strong>le</strong> de calculs<br />

du genre 8+7, qui dépassaient <strong>le</strong>s dizaines. Il est<br />

revenu avec des résultats impeccab<strong>le</strong>s ! Mais<br />

quand on <strong>le</strong>s a refaits à l’éco<strong>le</strong> ça ne marchait<br />

plus… », se souvient <strong>le</strong> professeur. Jérémie<br />

savoure déjà la fin de l’anecdote… « Il avait utilisé<br />

<strong>une</strong> calcu<strong>le</strong>tte ! » Mais Jacques Frennet est<br />

confiant <strong>dans</strong> son élève. « Il progresse », dit-il.<br />

Et Jérémie opine.<br />

Pour <strong>le</strong>s autres matières, <strong>le</strong>s deux professeurs<br />

de la Maison d’Émeraude se fondent sur<br />

des manuels existants. Ils <strong>le</strong>s appliquent ou <strong>le</strong><br />

plus souvent <strong>le</strong>s adaptent en fonction de <strong>le</strong>urs<br />

élèves. C’est <strong>une</strong> démarche très individuel<strong>le</strong> sans<br />

12<br />

Cahier n° 129<br />

pendant que Jérémie termine ses exercices,<br />

ses compagnons de classes sont penchés sur <strong>le</strong>s colonnes<br />

du journal local. berthe <strong>le</strong>ur fait la <strong>le</strong>cture d’un artic<strong>le</strong>…<br />

où l’on par<strong>le</strong> d’eux !<br />

laquel<strong>le</strong> <strong>le</strong> professeur ne verrait pas <strong>le</strong>s erreurs<br />

de raisonnement de chacun. « C’est cela <strong>le</strong> rô<strong>le</strong><br />

du médiateur entre l’apprenant et l’objet de<br />

l’apprentissage », résume Jacques. Les exercices<br />

sont préparés pour chacun en fonction de <strong>le</strong>ur<br />

niveau du moment et de <strong>le</strong>ur rythme d’appren-<br />

Jacques Frennet travail<strong>le</strong> avec Jérémie, pauline et laura à un exercice de perception analytique (pei) :<br />

reconnaître, comparer et reconstruire un ensemb<strong>le</strong>.


la maison d’emeraude à bertrix<br />

tissage. Aujourd’hui, Jacques a préparé pour<br />

Jérémie <strong>une</strong> page sur <strong>le</strong>s additions avec report.<br />

Pour chaque élève, un travail similaire est à faire<br />

et <strong>le</strong>s exercices en PEI sont éga<strong>le</strong>ment adaptés.<br />

« Il m’arrive de préparer quelque chose de plus<br />

simp<strong>le</strong> que ce qui est proposé ou de <strong>le</strong>s refaire<br />

de façon différente tant que la matière n’est<br />

pas bien assimilée », ajoute Berthe. La journée<br />

de travail de ces enseignants ne s’arrête pas en<br />

même temps que la sonnerie...<br />

Les cours se donnent <strong>le</strong> matin, quand la<br />

concentration des élèves est la plus grande.<br />

L’après-midi du jeudi et du vendredi est consacrée<br />

au travail manuel créatif (papier, poterie,<br />

peinture) et à l’équitation, au manège d’Aubysur-Semois,<br />

à dix kilomètres de Bertrix. Ces<br />

activités sont animées par des monitrices initiées<br />

à la pédagogie Feuerstein. Par <strong>le</strong> contact<br />

avec la terre, la nature et <strong>le</strong>s animaux, ces activités<br />

permettent l’ancrage et favorisent <strong>le</strong> développement<br />

de l’équilibre mental et physique des<br />

enfants en alternant détente et concentration.<br />

« Au départ, dit Berthe, c’était impossib<strong>le</strong> de<br />

travail<strong>le</strong>r l’après-midi, car <strong>le</strong>s enfants étaient très<br />

fatigués par tout ce qu’ils donnaient <strong>le</strong> matin. Ils<br />

aiment beaucoup l’aspect créatif des ateliers, et<br />

puis il y a la relation avec <strong>le</strong> cheval. » ■<br />

ophéline se concentre.<br />

13<br />

la métHode<br />

Cahier n° 129<br />

La méthode d’apprentissage s’appuie sur<br />

<strong>le</strong> principe de la modificabilité cognitive<br />

structurel<strong>le</strong>. « On peut modifier <strong>le</strong>s fonctions<br />

cognitives, explique Jacques Frennet. Il y a des<br />

blocages, on ne sait pas pourquoi. Mais par la<br />

stimulation, par la répétition, des connexions<br />

<strong>dans</strong> <strong>le</strong> cerveau se reforment. » Ces fonctions<br />

cognitives se présentent à différents niveaux : au<br />

niveau de l’input (l’observation, la compréhension),<br />

au niveau de l’élaboration et au niveau de<br />

l’output (l’expression).<br />

la théorIe de la modIFIcabIlIté<br />

cognItIve structurel<strong>le</strong><br />

<strong>le</strong>s déficiences cognitives qui résultent<br />

d’un manque d’expériences d’apprentissage<br />

médiatisé sont plutôt périphériques que<br />

centra<strong>le</strong>s. el<strong>le</strong>s reflètent des déficiences<br />

d’attitude et de motivation, un manque<br />

d’habitudes d’apprentissage et de travail<br />

plutôt que des incapacités structurel<strong>le</strong>s et<br />

« élaborationnel<strong>le</strong>s ».<br />

l’évidence de la réversibilité de ces phénomènes<br />

a été prouvée par des recherches<br />

cliniques et expérimenta<strong>le</strong>s en particulier<br />

par <strong>une</strong> évaluation dynamique (lpad, <strong>une</strong><br />

méthode d’évaluation du potentiel d’apprentissage),<br />

qui a permis d’établir un inventaire<br />

des fonctions cognitives affectées ou non<br />

développées. el<strong>le</strong>s sont classées comme suit :<br />

input, élaboration et output.<br />

<strong>le</strong>s fonctions cognitives déficientes au<br />

niveau de l’input comprennent <strong>le</strong>s déficiences<br />

quantitatives et qualitatives d’un objet ou<br />

d’<strong>une</strong> expérience : perception vague et insuf


la maison d’emeraude à bertrix<br />

fisante, comportement impulsif, manque<br />

d’instruments verbaux, manque d’orientation<br />

spatia<strong>le</strong>, d’organisation, manque ou défaut du<br />

concept de temps, incapacité de considérer<br />

deux ou plusieurs sources de données, etc.<br />

un troub<strong>le</strong> sérieux au niveau de l’input peut<br />

aussi affecter la capacité de fonctionnement<br />

au niveau de l’élaboration et de l’output.<br />

<strong>le</strong>s fonctions cognitives déficientes au<br />

niveau de l’élaboration incluent <strong>le</strong>s facteurs<br />

qui entravent l’utilisation efficace des<br />

données existantes : incapacité de percevoir<br />

un problème et de <strong>le</strong> définir, manque de comportement<br />

comparatif spontané, étroitesse<br />

du champ mental, appréhension épisodique<br />

de la réalité, manque d’intériorisation, manque<br />

ou défaut de stratégie, manque de planification,<br />

etc. « penser » est habituel<strong>le</strong>ment lié<br />

à l’élaboration des données. il est possib<strong>le</strong><br />

qu’<strong>une</strong> élaboration soit très origina<strong>le</strong>, créative<br />

et correcte mais que la réponse semb<strong>le</strong><br />

fausse car basée sur des données impropres<br />

ou inadéquates au niveau de l’input.<br />

<strong>le</strong>s fonctions cognitives déficientes au<br />

niveau de l’output comprennent <strong>le</strong>s facteurs<br />

qui mènent à <strong>une</strong> communication insuffisante<br />

de solutions fina<strong>le</strong>s : difficultés de communication<br />

égocentrique, blocage, réponses par<br />

essais et erreurs, manque ou défaut d’instruments<br />

pour communiquer des réponses<br />

correctement élaborées, manque ou défaut<br />

de précision, transfert virtuel insuffisant, comportement<br />

impulsif, etc.<br />

Jacques prend l’exemp<strong>le</strong> d’<strong>une</strong> petite bande<br />

dessinée dont il faut replacer <strong>le</strong>s cases <strong>dans</strong> <strong>le</strong><br />

bon ordre. « L’observation est essentiel<strong>le</strong>. Nous<br />

<strong>le</strong>ur faisons décrire ce qu’ils voient et réfléchir à la<br />

suite logique d’<strong>une</strong> séquence. Cela fait éga<strong>le</strong>ment<br />

travail<strong>le</strong>r <strong>le</strong>ur imagination. » Tous ces points<br />

sont à stimu<strong>le</strong>r <strong>dans</strong> toutes <strong>le</strong>s matières car, en<br />

français comme en calcul, la verbalisation est<br />

importante : <strong>le</strong>ur faire expliquer ce qu’ils n’ont<br />

14<br />

Cahier n° 129<br />

pas compris, pourquoi ils n’ont pas compris.<br />

Au tab<strong>le</strong>au, Jacques a dessiné un carré <strong>dans</strong><br />

un rectang<strong>le</strong>. « Quel<strong>le</strong> est la différence entre <strong>le</strong>s<br />

deux ? Oui, c’est différent mais expliquez-moi<br />

en quoi c’est différent ? » <strong>le</strong>ur demande-t-il. En<br />

travaillant ces fonctions cognitives de manière<br />

répétée, à un moment donné des choses se<br />

passent.<br />

Peu à peu, <strong>le</strong>s enfants s’habituent à la<br />

méthode de travail. « Ici, quand on <strong>le</strong>ur demande<br />

de regarder quelque chose, ils doivent réagir,<br />

montrer ce qu’ils voient. Cela demande beaucoup<br />

de concentration. Avant, on travaillait dix<br />

minutes puis on arrêtait. Les enfants partaient<br />

sur autre chose. Aujourd’hui, ils parviennent à<br />

s’appliquer pendant près d’<strong>une</strong> heure. » ■


la maison d’emeraude à bertrix<br />

cHarte<br />

et proJet<br />

d’étaBliSSement<br />

« L’enfant, <strong>le</strong> je<strong>une</strong>, est au centre du projet. Il<br />

convient de lui donner sa réel<strong>le</strong> place avec tout ce<br />

qu’il peut amener comme état de conscience, non<br />

pas comme un être ‘non ordinaire’ mais comme<br />

‘un être extra ordinaire’. Ainsi, en l’écoutant vraiment,<br />

en lui témoignant notre confiance, l’enfant<br />

va développer son potentiel d’amour, de lumière<br />

ainsi que d’apprentissage et faire grandir son<br />

entourage <strong>dans</strong> un échange de va<strong>le</strong>urs.<br />

En effet, toute personne, je<strong>une</strong>, parent, professionnel,<br />

membre de l’asbl, est un être de liberté, de<br />

lumière et d’amour, ceci <strong>dans</strong> toute la dimension<br />

de son être, physique, mental et spirituel. C’est<br />

ainsi, que toute personne, quel<strong>le</strong> qu’el<strong>le</strong> soit, quel<br />

que soit son âge, son handicap, son évolution<br />

personnel<strong>le</strong>, peut continuer, à son rythme et en<br />

respectant <strong>le</strong> cheminement de chacun, de développer<br />

ses potentialités <strong>dans</strong> <strong>le</strong>s trois dimensions<br />

de son être.<br />

Dans cette optique, la Maison d’Émeraude<br />

propose un projet de vie qui tient compte de l’être<br />

humain et vise donc <strong>le</strong> développement du potentiel<br />

global de chaque individu. Comme projet<br />

d’éco<strong>le</strong>, pour arriver au développement de ses<br />

élèves <strong>dans</strong> l’entièreté de <strong>le</strong>ur être, el<strong>le</strong> propose<br />

un projet intégral comprenant l’apprentissage<br />

et <strong>le</strong> développement cognitif au travers de la<br />

pédagogie Feuerstein, l’ancrage <strong>dans</strong> la terre par<br />

des activités liées à la nature et l’élévation de la<br />

conscience et de l’esprit.<br />

Ce projet de vie implique donc nécessairement<br />

<strong>une</strong> cohésion et <strong>une</strong> unité de travail à tous <strong>le</strong>s<br />

niveaux, que ce soit au sein des organes de l’asbl,<br />

15<br />

Cahier n° 129<br />

du travail et des professionnels, des je<strong>une</strong>s et de<br />

<strong>le</strong>urs parents. Toutefois et à tout moment, <strong>dans</strong> <strong>le</strong><br />

respect du rythme et du cheminement de chaque<br />

personne, chacun est libre d’adhérer ou non au<br />

projet, de choisir parmi <strong>le</strong>s activités libres et <strong>le</strong>s<br />

thérapies proposées, cel<strong>le</strong>s qui conviennent à<br />

l’enfant.<br />

Les objectifs philosophiques ainsi définis ne<br />

peuvent être atteints que s’ils s’appuient sur des<br />

va<strong>le</strong>urs mora<strong>le</strong>s et spirituel<strong>le</strong>s fortes, tel<strong>le</strong>s que<br />

l’amour, la vérité, l’écoute, la franchise, la sincérité,<br />

l’authenticité, la simplicité, la clarté… »<br />

Cette philosophie et cette pédagogie inspirent<br />

l’action de l’équipe et déterminent <strong>le</strong>s<br />

objectifs de l’association. « Nous aimerions<br />

pouvoir ouvrir notre classe cinq jours par<br />

semaine. Non seu<strong>le</strong>ment pour accueillir davantage<br />

d’élèves mais aussi pour <strong>le</strong>ur permettre<br />

<strong>une</strong> régularité, la répétition qui <strong>le</strong>ur est nécessaire<br />

», explique Jacques Frennet. La collaboration<br />

avec <strong>le</strong>s établissements scolaires ou de<br />

formation professionnel<strong>le</strong> que <strong>le</strong>s élèves de la<br />

Maison d’Émeraude fréquentent par ail<strong>le</strong>urs<br />

est aussi essentiel<strong>le</strong>. El<strong>le</strong> se concrétise par des<br />

réunions d’évaluation comm<strong>une</strong>, par l’échange<br />

d’informations et par <strong>une</strong> volonté de coordination<br />

du projet pédagogique. La collaboration<br />

avec <strong>le</strong>s parents est tout aussi importante, ils<br />

sont acteurs et partenaires <strong>dans</strong> <strong>le</strong> projet pédagogique.<br />

Cette complémentarité renforce <strong>le</strong>s<br />

résultats et implique d’eux un travail au quotidien<br />

en prolongement et en harmonie avec <strong>le</strong><br />

travail réalisé par la Maison d’Émeraude. ■


la maison d’emeraude à bertrix<br />

deS réSultatS<br />

Les membres de la Maison d’Émeraude<br />

croient en <strong>le</strong>ur projet. « Nous voyons chaque jour<br />

nos élèves progresser, apprendre à lire et à par<strong>le</strong>r,<br />

à écrire et à comprendre ce qu’ils apprennent, ce<br />

qu’ils lisent, à apprendre <strong>le</strong> calcul élémentaire. »<br />

En <strong>le</strong>ur apprenant à apprendre, ils développent<br />

<strong>le</strong>ur potentiel d’apprentissage, ils prennent<br />

conscience du sens de <strong>le</strong>ur vie, ils développent<br />

<strong>le</strong>urs connaissances. « Ils acquièrent de plus en<br />

plus d’autonomie et grandissent, au-delà de <strong>le</strong>ur<br />

handicap, <strong>dans</strong> la joie d’être reconnus comme des<br />

êtres capab<strong>le</strong>s et à part entière », ajoutent-ils. Ces<br />

progrès sont réels. Adrien est passé par <strong>le</strong>s bancs<br />

de la Maison il y a trois ans. Autiste, il pouvait à<br />

peine tenir son crayon en main. Au-delà de dix<br />

minutes de concentration, il filait se cacher sous<br />

<strong>une</strong> tab<strong>le</strong> <strong>le</strong> restant du cours. « Nous avons travaillé<br />

avec ces dix minutes dont il disposait », se<br />

souvient Berthe. El<strong>le</strong> n’est pas peu fière de voir<br />

son pupil<strong>le</strong> réussir aujourd’hui sa troisième primaire<br />

<strong>dans</strong> l’enseignement ordinaire avec 85% !<br />

Les résultats sont acquis au rythme et selon<br />

<strong>le</strong>s possibilités de chacun. Les objectifs pour<br />

chaque élève sont déterminés par ses capacités.<br />

« Les résultats seront donc différents mais tous<br />

sont capab<strong>le</strong>s, ont un potentiel d’apprentissage<br />

qu’il faut découvrir, stimu<strong>le</strong>r, développer et<br />

auquel nous croyons. » Des résultats constatés<br />

par l’entourage parental ou médico-thérapeutique<br />

de ces enfants ainsi que par <strong>le</strong> Pr Jo<br />

Lebeer, de l’Université d’Anvers, qui mène <strong>une</strong><br />

recherche sur <strong>le</strong> handicap en lien avec la pédagogie<br />

Feuerstein. « Il a établi <strong>une</strong> évaluation LPAD<br />

de plusieurs de nos élèves et il nous guide <strong>dans</strong><br />

16<br />

Cahier n° 129<br />

notre travail », dit Berthe. C’est aussi avec sa<br />

collaboration que la Maison d’Émeraude a organisé<br />

en 2007 et en 2010 des formations <strong>dans</strong> la<br />

région pour <strong>le</strong>s parents d’enfants handicapés.


la maison d’emeraude à bertrix<br />

un proJet<br />

gloBal<br />

« Notre but est de réintégrer <strong>le</strong> plus grand<br />

nombre de nos élèves <strong>dans</strong> l’enseignement ordinaire,<br />

d’en réinsérer <strong>le</strong> plus grand nombre <strong>dans</strong><br />

<strong>le</strong> monde professionnel. Bien sûr, on n’y arrivera<br />

pas pour tous », reconnaît Berthe. Pour ceux<br />

qui n’y parviendront pas, el<strong>le</strong> rêve de créer un<br />

centre de jour qui <strong>le</strong>ur propose des journées<br />

mixtes faites d’activités extérieures et toujours<br />

d’apprentissage scolaire pour qu’ils continuent à<br />

progresser. Et pour ceux à qui ça ne conviendra<br />

pas, el<strong>le</strong> imagine un service résidentiel toujours<br />

<strong>dans</strong> la ligne de cette pédagogie optimiste. « Nous<br />

ne sommes encore qu’au début ». Encouragée<br />

par son cheminement personnel, el<strong>le</strong> a aussi <strong>le</strong><br />

projet de développer <strong>une</strong> prise en charge plus<br />

globa<strong>le</strong> de la personne. « À coté du pédagogique,<br />

il y a aussi l’éthique, souligne-el<strong>le</strong>. Nous y tendons<br />

déjà avec <strong>le</strong> cognitif <strong>le</strong> matin et <strong>le</strong>s ateliers créatifs<br />

et l’hippothérapie l’après-midi mais j’aimerais y<br />

adjoindre de la psychomotricité, de la kinésithérapie,<br />

de l’ostéopathie, de l’art thérapie notamment<br />

au travers du son. » Pour cela, il faut aussi des<br />

locaux plus vastes, des moyens et du personnel…<br />

La Maison d’Émeraude n’est pas encore<br />

très connue mais la liste d’attente des élèves<br />

s’allonge. C’est <strong>le</strong> bouche-à-oreil<strong>le</strong> qui fait<br />

venir <strong>le</strong>s parents. « Le problème c’est que nous<br />

ne voulons pas accepter plus d’enfants tant que<br />

nous ne sommes pas plus d’adultes à <strong>le</strong>s encadrer.<br />

Nous voulons maintenir l’efficacité <strong>dans</strong><br />

notre travail et, pour cela, c’est cinq enfants au<br />

maximum en même temps. » Mais Berthe Colson<br />

est confiante. « On va y arriver… on y croit ! Le<br />

Godefroid, c’est déjà <strong>une</strong> reconnaissance. » ■<br />

17<br />

pour en<br />

Savoir pluS<br />

• la pédagogie Feuerstein<br />

ou la pédagogie à visage humain,<br />

reuven Feuerstein & antoine spire,<br />

Col<strong>le</strong>ction Clair et net.<br />

• <strong>le</strong> voyage d’anton,<br />

Mariana loupan,<br />

presses de la renaissance.<br />

contacts<br />

asbl la maIson d’émeraude<br />

rue aze-Fosse, 31<br />

6870 arvil<strong>le</strong><br />

tél. : 061 46 07 18 ou 0498 25 39 71<br />

lamaisondemeraude@skynet.be<br />

http://lamaisondemeraude.be<br />

crédit illustrations<br />

© pasca<strong>le</strong> Meunier<br />

Cahier n° 129


la maison d’emeraude à bertrix<br />

la <strong>le</strong>cture de<br />

ce caHier<br />

vouS donne<br />

envie de réagir?<br />

<strong>Labiso</strong>.be est un espace interactif. Sur <strong>le</strong> site<br />

Internet http://www.labiso.be, vous trouverez<br />

un forum qui vous permettra de déposer vos<br />

impressions de <strong>le</strong>cture. Réactions à chaud ?<br />

Avis divergeant sur <strong>une</strong> idée défendue par cette<br />

expérience ? Projets semblab<strong>le</strong>s à mettre éga<strong>le</strong>ment<br />

en évidence ? Liens à faire avec l’actualité ?<br />

Témoignage ?<br />

N’hésitez pas. Le micro vous est ouvert…<br />

<strong>le</strong> laboratoire des innovations socia<strong>le</strong>s<br />

et de santé c’est :<br />

➝ Écrire pour décrire son projet <strong>dans</strong> l’action<br />

socia<strong>le</strong> et la santé<br />

➝ Éditer <strong>dans</strong> <strong>une</strong> col<strong>le</strong>ction de livres<br />

numériques<br />

➝ Échanger pour s’inspirer, décloisonner,<br />

innover<br />

➝ ÉcrirE<br />

Présenter son action au-delà d’un rapport<br />

d’activités, d’un dossier de subvention ou d’<strong>une</strong><br />

prise de paro<strong>le</strong> publique, c’est <strong>une</strong> manière de<br />

se positionner autrement par rapport à l’extérieur,<br />

de décrire ses pratiques professionnel<strong>le</strong>s<br />

sous un autre jour. C’est aussi s’extirper du<br />

quotidien et prendre <strong>le</strong> temps de la réf<strong>le</strong>xion :<br />

qui est-on ?, que fait-on ?, quel sens a l’action ?<br />

L’équipe de journalistes de <strong>Labiso</strong> propose<br />

cette démarche d’écriture de votre projet.<br />

Concrètement, en fonction des attentes et de la<br />

18<br />

Cahier n° 129<br />

disponibilité des équipes, plusieurs scénarios<br />

peuvent naître de la rencontre avec un journaliste<br />

spécialisé.<br />

➝ ÉditEr<br />

Avec <strong>Labiso</strong>, la démarche d’écriture se<br />

prolonge et se matérialise en <strong>une</strong> publication<br />

d’un livre numérique, partie d’<strong>une</strong> col<strong>le</strong>ction<br />

de « cahiers ». Ces petits bouquins, téléchargeab<strong>le</strong>s<br />

gratuitement sur Internet, peuvent<br />

être imprimés, lus à l’écran, compulsés à l’envi.<br />

La Toi<strong>le</strong> vous offre l’avantage d’occuper un<br />

espace d’expression et de visibilité aux possibilités<br />

infinies. Les cahiers numériques sont<br />

recyclab<strong>le</strong>s sur n’importe quel site web et d’<strong>une</strong><br />

formu<strong>le</strong> plus soup<strong>le</strong> que <strong>le</strong>s éditions papiers.<br />

Même si l’accès aux nouvel<strong>le</strong>s technologies<br />

et à Internet n’est pas encore égal pour tous,<br />

investir cet espace d’expression c’est aussi être<br />

au plus près des nouvel<strong>le</strong>s réalités socia<strong>le</strong>s,<br />

des nouveaux besoins, des nouvel<strong>le</strong>s formes<br />

de pauvreté.<br />

➝ ÉchangEr<br />

L’ambition est là : favoriser l’échange sur <strong>le</strong>s<br />

pratiques et <strong>le</strong> décloisonnement entre professionnels,<br />

stimu<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s démarches innovantes.<br />

Une fois sur la Toi<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s effets des « cahiers »<br />

sont entre <strong>le</strong>s mains des équipes et des <strong>le</strong>cteurs.<br />

Si <strong>le</strong>s équipes ont trouvé intérêt à faire <strong>le</strong> point,<br />

ont modifié <strong>le</strong>urs pratiques ou déterminé un<br />

nouveau projet…, <strong>le</strong>s <strong>le</strong>cteurs eux, peuvent<br />

faire des liens entre différents types d’interventions,<br />

s’interroger sur <strong>le</strong>s modè<strong>le</strong>s et, nous<br />

<strong>le</strong> souhaitons, s’interpel<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s uns <strong>le</strong>s autres.<br />

C’est en tout cas loin des codes de « bonnes<br />

pratiques », des grands’ messes institutionnel<strong>le</strong>s,<br />

que <strong>Labiso</strong> propose <strong>le</strong> premier terme de<br />

l’échange.


la maison d’emeraude à bertrix<br />

labiso… pourquoi ?<br />

Certains services, certaines associations ont<br />

fait <strong>le</strong> pari de l’Internet comme outil de visibilité,<br />

de travail en réseau, d’échanges sur <strong>le</strong>s pratiques.<br />

Ils sont conscients des énormes possibilités<br />

que <strong>le</strong>ur offre la Toi<strong>le</strong> : devenir émetteur/<br />

producteur et non plus seu<strong>le</strong>ment consom-<br />

mateur/récepteur.<br />

Le recours aux nouvel<strong>le</strong>s technologies de la<br />

communication est conçu ici comme un outil<br />

au service du travail social et de ses travail<strong>le</strong>urs.<br />

Si la démarche de <strong>Labiso</strong> montre des effets<br />

très positifs, el<strong>le</strong> est aussi de cel<strong>le</strong>s qui nécessitent<br />

<strong>une</strong> adaptation continue, un questionnement<br />

permanent, notamment du fait du support<br />

qui la sous-tend. Un support, l’Internet, <strong>dans</strong><br />

<strong>le</strong>quel il est intéressant que <strong>le</strong>s professionnels<br />

de terrain des secteurs de l’aide aux personnes<br />

investissent pour l’alimenter de contenus pertinents<br />

et mobilisateurs.<br />

<strong>une</strong> col<strong>le</strong>ction de livres numériques<br />

pour échanger et pour innover<br />

Les services d’aide aux personnes constituent<br />

<strong>une</strong> galaxie foisonnante, toujours en mouvement.<br />

De l’aide aux toxicomanes en passant par<br />

<strong>le</strong>s services à domici<strong>le</strong> ou l’hébergement des<br />

personnes handicapées, un nombre impressionnant<br />

d’équipes de professionnels travail<strong>le</strong>nt au<br />

quotidien et mobilisent <strong>une</strong> pa<strong>le</strong>tte de méthodes<br />

éprouvées, et cherche aussi à mettre au point<br />

des innovations et à <strong>le</strong>s perfectionner.<br />

dynamiser <strong>le</strong>s échanges<br />

Les lieux de rencontre qui animent <strong>le</strong>s différents<br />

secteurs de l’action socia<strong>le</strong> et de la santé<br />

en Wallonie sont eux aussi riches et nombreux,<br />

19<br />

Cahier n° 129<br />

mais trop souvent dispersés… Sans par<strong>le</strong>r des<br />

forums consacrés à ces matières de l’action<br />

socia<strong>le</strong> et sanitaire, qui commencent à faire<br />

florès sur Internet. Comment imaginer de nouveaux<br />

espaces d’échanges, complémentaires à<br />

ces journées d’études et autres carrefours ?<br />

Le livre numérique, l’eBook, est un nouveau<br />

support chaque jour plus utilisé. À la fois accessib<strong>le</strong><br />

et convivial, il permet au <strong>le</strong>cteur <strong>une</strong><br />

approche de l’information à la fois sé<strong>le</strong>ctive et<br />

approfondie, selon ses besoins. Décliné sous<br />

forme de col<strong>le</strong>ction thématique mensuel<strong>le</strong>,<br />

<strong>le</strong> livre numérique permet aussi d’envisager<br />

des échanges et de <strong>le</strong>s rendre cumulatifs.<br />

soutenir <strong>le</strong>s innovations<br />

Tel est l’outil que se propose de devenir <strong>le</strong><br />

Laboratoire des innovations socia<strong>le</strong>s, développé<br />

par l’asbl Texto en partenariat avec AlteR&I<br />

et <strong>le</strong> soutien du ministre wallon de l’Action<br />

socia<strong>le</strong> et de la Santé. Il publie deux fois par mois<br />

<strong>une</strong> monographie consacrée à un service, et mise<br />

sur un mode de rédaction professionnel, tout en<br />

gardant <strong>une</strong> place à ce que <strong>le</strong>s équipes ont déjà<br />

produit el<strong>le</strong>s-mêmes à propos de <strong>le</strong>ur travail.<br />

Ou en laissant imaginer des formu<strong>le</strong>s d’écriture<br />

à plusieurs mains.<br />

En somme, un outil vivant et original, au<br />

service de l’innovation socia<strong>le</strong> et de ceux qui la<br />

portent.<br />

contacts labIso :<br />

labiso@texto.be<br />

Tél. : 02 541 85 36


la col<strong>le</strong>ction est <strong>une</strong> initiative de l’asbl texto<br />

en collaboration avec l’agence alter où <strong>le</strong>s<br />

tâches rédactionnel<strong>le</strong>s sont coordonnées par<br />

marinette mormont (agence alter).<br />

ce cahier a été rédigé par pasca<strong>le</strong> meunier avec<br />

l’aide de l’équipe de la maison d’emeraude.<br />

il a été achevé <strong>le</strong> 30 octobre 2011.


Cahier labiso périodique<br />

<strong>une</strong> initiative de<br />

en partenariat aveC<br />

n°129<br />

la maiSon<br />

d’emeraude<br />

à Bertrix<br />

La pédagogie Feuerstein au service<br />

d’un apprentissage différencié<br />

À Bertrix, <strong>une</strong> toute petite éco<strong>le</strong> accueil<strong>le</strong><br />

six enfants porteurs de handicaps divers.<br />

Leurs professeurs tab<strong>le</strong>nt sur la pédagogie<br />

optimiste du professeur Feuerstein selon laquel<strong>le</strong><br />

toute personne est capab<strong>le</strong> d’apprendre,<br />

tout au long de sa vie.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!