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Vendredi o Janvier 1900. - Bibliothèque de Toulouse
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-.Ment Faîlières s'empresse alors <strong>de</strong><br />
W^dfice est levée,<br />
dire: l» u , 0 , La Haute -Cour a vécu.<br />
11
générale est oue les juges, pronostiquant la ' débâcle républicaine, ont voulu désarmer d'a- vance leurs futurs vainqueurs. C'est la peur oui a dicté chaoua sentence. Se sachant impuissants, nos sénateurs n'ont pas voulu 8e montrer impitoyables. Un <strong>de</strong>s juges", M. Aucoin, a laissé échan- ger un mot qui en dit long sur l'état d'esprit <strong>de</strong> nos gouvernants. Au moment où les sé- cateurs examinaient ie cas <strong>de</strong> Déroulèdfe, la ouestion <strong>de</strong> la publicité du vote a été sou- levée 1 » Je ne comprends ras, a dit M. Au- coin, que mes collègues commettent l'im- pru<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> communiquer les noms <strong>de</strong>s vo- tants à la presse. » Ce faisant, ils nous exposent aux plus cruelles représailles. Si l'on apprend, par exemple, que j'ai voté contre Déroulè<strong>de</strong>, et contre Guérin, je cours le risque d'être insulté dans la rue par les passants et hué <strong>de</strong>s sergents <strong>de</strong> ville. » En entendant ce langage, les sénateurs ont regardé avec une surprise non dissimulée "le malheureux Aucoin. Ce juge, qui dévoile <strong>de</strong> la sorte l'état mental <strong>de</strong>s masses popu- laires, n'était pas <strong>de</strong>s plus mal inspirés. En somme," il résulte <strong>de</strong>s propos qui s'échangent dans les couloirs que les parti- sans <strong>de</strong>s rigueurs ont obéi à <strong>de</strong>s mobiles <strong>de</strong> haine, tandis que les indulgents ont consi- déré l'état <strong>de</strong> " l'opinion et n'ont pas cru <strong>de</strong>voir braver le pays. Voilà toute l'explica- tion <strong>de</strong>s différents arrêts rendus aujourd'hui par la Haute-Cour. II est certain que rarement un gouverne- ment a été plus discrédité que "celui qui urési<strong>de</strong> actuellement à nos <strong>de</strong>stinées. Vous savez que le grand-duc Wladimir, l'oncle du tsar, se trouve actuellement à Paris. L'année <strong>de</strong>rnière, à la même époque, ce prince dinait à l'Eiysée et était l'hôte' du «rési<strong>de</strong>nt Faure. Pourquoi, cette fois-ci, le grand-duc Wladimir n'a-t-il pas accordé la même faveur à M. Loubet'.' Cette abstention provoque beaucoup <strong>de</strong> commentaires. On raconté que le prince, invité à diner à l'Elysée par le prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la République, s'est carrément dérobé à cette corvée. M. Louhet a été d'autant plus mortifié nar ce refus que le grand duc Vladimir a obéi aux ordre's du tsar. Nicolas II est, en effet, profondément irrité <strong>de</strong> l'attitu<strong>de</strong> stuoi<strong>de</strong> qu'observent nos gouvernants à l'égard <strong>de</strong> l'Angleterre. L'empereur aurait voulu oue ia France profitât <strong>de</strong> la guerre du Transvaal pour infliger une leçon méritée aux usurpa- teurs <strong>de</strong> l'Egypte. M. Delcassé a refusé, vous ie savez, il y a trois mois, <strong>de</strong> recevoir à ce sujet les ouvertures du comte Mouraview ; ie tsar n'a pas pardonné à M. Deicassé cette défection honteuse- 11 paraît qu'à la cour <strong>de</strong> Saint-Pétersbourg, on n'appeilè pius notre ministre <strong>de</strong>s affaires que « là colonel <strong>de</strong> la cavalerie <strong>de</strong> Saint- Georges. )-. M. Delcassé est coionei <strong>de</strong> ce célèbre régiment comme le grand duc Vla- dimir est le colonel <strong>de</strong>s Cosaques du Don. !• Pour revenir au prince, permettez-moi d'ajouter qu'après avoir refusé <strong>de</strong> diner chez M. Loubet, ie grand duc n'a pas hésité à dé- férer aux invitations <strong>de</strong> M. Deschanel, du comte Boni <strong>de</strong> Casteilane et <strong>de</strong> plusieurs autres personnalités <strong>de</strong> l'aristocratie du faubourg Saint-Antoine et du boulevard Saint-Germain. Je n'ai pas besoin da vous dire à quelles réflexions" on se livre dans le mon<strong>de</strong> officiel. Mais les Lanessan, les Del- cassé et les Loubet se moquent joliment <strong>de</strong> nos commentaires. Jamais les couloirs du Sénat n'ont été plus animés qu'aujourd'hui. Tous ies parents <strong>de</strong>s acquittés sont là ; tous veulent assister à la lecture <strong>de</strong> l'arrêt qui va «lettre fin aux odieuses trames du commissaire Bérenger et du procureur Bernard., MENAI, QUE. M FIL SPECIAL hors cadres nour être affecté au service d'état-major, "en remplacement du chef <strong>de</strong> bataillon breveté Moinier, promu et réinté- gré dans les cadres <strong>de</strong> l'arme d'infanterie, et a été nommé à un emploi <strong>de</strong> son gra<strong>de</strong>, à l'état-major du 18e corps' d'armée. Le général Jamont. généralissime, vice- prési<strong>de</strong>nt du conseil supérieur <strong>de</strong> la guerre, se rendra, vers le 15 courant, à Brest pour y inspecter ies travaux <strong>de</strong> défense <strong>de</strong>s côtes et. notamment, ceux <strong>de</strong> l'ile d'Ouessant. Pendant le séjour du général Jamont à Brest, les conlre-tornilleûrs Fleurus et La Etre <strong>de</strong> l'escadre du Nord seront mis à sa dis position. M. da la Cornillère, colonel au GTe d'in- fanterie, a été mis en activité hors cadre pour être affecté au service <strong>de</strong> l'état-major, èn remplacement da M. le colonel Pelécier. M. Cou<strong>de</strong>r <strong>de</strong> Foulogneu, chef <strong>de</strong> bataillon à l'état-major particulier du génie, a été mis en activité hors cadres, pour être nommé à un emploi <strong>de</strong> son gra<strong>de</strong> au service géo- graphique. GUILLAUME îl m FRANCE Berlin, 4 janvier. Le Yols Zeilung prétend que l'empereur Guillaume se rendra en France au mois <strong>de</strong> mai ou juin avec une escadre composée da <strong>de</strong>ux navires, cuirassés <strong>de</strong> premier' rang, et <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux petits croiseurs. Paris, 4 janvier. Il fait un temps horrible. La pluie tombe, fine et serrée. Qu'importe? Les voitures ar- rivent, nombreuses, par la rue <strong>de</strong> Tournon. Des piétons, hommes et femmes, abrités sous leur parapluie, se hâtent vers ia porte du Luxembourg,<strong>de</strong>vantlaquelle <strong>de</strong> nombreux curieux stationnent. Malgré la pluie, la consigne est pius que jamais rigoureuse. On refuse impitoyable- ment l'entrée à toute personne non munie <strong>de</strong> cartés. Les agents et les gar<strong>de</strong>s républicains sont en force. Nous remarquons "au passage les parents <strong>de</strong>s accusés: Mme Buffet mère, Mme André Buffet, M. et Mme Pierre Buffet, Mme <strong>de</strong> Sabran-Pontevès, Mme <strong>de</strong> Ramei, Mlie Jeanne Dérouiè<strong>de</strong>, M. et Mme André Dérou- lè<strong>de</strong>, Mme Barillier, Mme et Mile Dubuc, M. Louis Guérin. Les agents refusent, avec une férocité Sans égale, aux parents da MM. Buffet et Déroulè<strong>de</strong>, et au frère <strong>de</strong> Guérin d'aller voir les condamnés, avant i'audience. Ils accomplissent la consigne, que <strong>de</strong>s mi- sérables leur ont donnée. Les agents, d'ail- leurs, exécutant toujours leur consigne, éloi- gnent tous les curieux et font le vi<strong>de</strong> autour du palais. L'audience publique èst ouverte à midi 20. Jamais, même pendant les audiences ies plus mouvementées, on ne vit pareille af- iluence dans les tribunes publiques. Les accusés sont introduits. Un silence général se fait. On les observe avec atten- tion. MM. Go<strong>de</strong>froy, <strong>de</strong> Sabran, <strong>de</strong> Ramei et da Vaux sont placés au premier rang. Les avocats les félicitent au passage. Puis vient Déroulè<strong>de</strong>, appuyé sur i'épauië <strong>de</strong> Barillier, marchant lentement. On les laissa s'asseoir côte à côte sans les séparer, comme à l'or- dinaire, par un gar<strong>de</strong>.. Enfin, "suivent MM. Buffet. Guérin et Du- buc. Ce <strong>de</strong>rnier a une rieur bleue à la bou- tonnière. Tous les regards sont touraés vers les accusés. On procè<strong>de</strong> à l'anpel nominal <strong>de</strong>s juges. Sont absants: MM. Fâye, Frogier.<strong>de</strong> Poulevoy et Géry-Legrand. Au moment dc l'appel du nom <strong>de</strong> M. <strong>de</strong> Casabianca. Déroulè<strong>de</strong> fait, à l'adressa du sénateur <strong>de</strong> la Corse, un signe <strong>de</strong> remercie- ment pour son intervention toujours favora- ble au"cours <strong>de</strong> ces longs débats. Le procureur général, plus pâle que jamais, affecte <strong>de</strong> causer avec ses substituts. UOÏiirl xrectes Paris, 4 janvier. M. Boy, contrôleur hors classa dans le Tarn-et-Garonne, est nommé contrôleur prin- cipal dans le Tarn. M. Pons nasse <strong>de</strong>s Basses-Pyrénées, dans le Tarn-et-Garonne. M. Ducos passe <strong>de</strong> l'Ardèehe dans lesBas.- ses-Pyrénées. M. Guesnin passe <strong>de</strong>s Deux-Sèvres dans la Vienne. M. Lavigne nasse <strong>de</strong> la Loire-Inférieure dans les Deux-Sèvres. 10 , Paris, 4 janvier, <strong>de</strong> France du 28 Bilan <strong>de</strong> la Banque <strong>de</strong> France du 28 dé- cembre au 4 janvier : , En caisse, or. 1.S65.305,448 ; dira., 1,347,471 ' argent. 14.706.6S3 ; riim.. 1.008,241. Portefeuille. 1.267,625.546 ; aug. 67,S33.S~7. Avances sur titres 503,137,787,855; augment., £0.262,953. Comotes courants Particuliers, 570,441,017 dira., " 32,356.019. ComDte courant trésor, 276,315,249; diminu- tion, 6.081.993. Billets en circulation, 416,299,537; augmenta- tion, 179,502,510. Bénéfices bruts escomptes et intérêts divers pouria semaine, 1,850,974. avec violences el voies <strong>de</strong> Tait, les âge rus <strong>de</strong> la force publique, agissant pour l'exécu- tion <strong>de</strong>s lois; Attendu enfin que les circonstances atté- nuantes ont été déclarées en faveur <strong>de</strong> Buf- fet, Déroulè<strong>de</strong>, <strong>de</strong> Lur-Saluces, contumax, et Guérin, Déclare lesdits Buffet, Déroulè<strong>de</strong>, Lur- Saluces, contumax, ct Guérin coupables du crime <strong>de</strong> complot, prévu et puni par l'article 80, paragraphe 1 el 2 du Co<strong>de</strong> pénal ; Déclare Guérin mal fondé dans ses con- clusions tendant à la disjonction <strong>de</strong>s crimes et délits retenus comme connexes par l'ar- rêt <strong>de</strong> renvoi, l'en déboute cl statuant en conséquence sur les faits dont il s'agit, le déclare, au contraire, coupable. I - Du délit <strong>de</strong> détention sans autorisation d'armes et munitions <strong>de</strong> guerre, ou d'un dépôt d'armes, prévu et puni par les arti- cles 3 et 4 do la loi du 24 mai 1834 ; 2* Du délit d'outrages envers les agents, prévu ct puni par l'article 224 du Co<strong>de</strong> pé- nal ; 3' Du délit d'altaque avec violences et voies <strong>de</strong> fait envers les agents <strong>de</strong> la force publique, prévu>et puni par l'article 212 du Co<strong>de</strong> pénal ; Déclare enfin qu'il existe <strong>de</strong>s circonstan- ces atténuantes en faveur <strong>de</strong> Buffet, Dérou- iè<strong>de</strong>, Lur-Saluces, contumax, et Guérin. Tous les avocats ont écouté l'arrêt <strong>de</strong>bout. Au bano <strong>de</strong>s accusés, un seul s'est levé, M. Buffet. Les autres sont restés assis. Au milieu <strong>de</strong> l'émotion générale, M. le -prési<strong>de</strong>nt ordonne : Huissiers, mettez immédiatement en liberté MM. Go<strong>de</strong>froy, <strong>de</strong> Sabran, <strong>de</strong> Vaux, <strong>de</strong> Uamel, Dubuc et Bariiiier. (Vive sensation.) Une scène émouvante Les acquittés se lèvent, très dignes, tour- nant leurs regards autour d'eux, vers ies amis qu'ils quittent et qui ont été leurs compagnons pendant <strong>de</strong> si longs jours. Bariiiier sé jette, vibrant d'émotion, dans les bras <strong>de</strong> Déroulè<strong>de</strong>. Le chef et le soldat s'embrassent par <strong>de</strong>ux fois. L'émotion étreint toutes les poitrines. Des larmes perlent au bord <strong>de</strong> bien <strong>de</strong>s yeux. Tout à coup, sur un mouvement <strong>de</strong> Dérou- lè<strong>de</strong>, Barillier se redresse et, avec une éner- gie, un accent plus puissant que jamais, s'écrie : « Vive là nation ! Vive la République du peuple ! Vive Dérouiè<strong>de</strong> toujours ! » Dubuc, à son tour, se tourne vers Guérin, lui serre la main et s'écria : « Nous sommes réconciliés maintenant. A bas les exploiteurs du peuple S » Tous les royalistes serrent la main à MM. Buffet et Déroulè<strong>de</strong> et envoient un salut amical à Guérin. MM. Go<strong>de</strong>froy et ds Vaux crient: « Vive la France ! » Tous sortent, suivis par tous les regards. M. <strong>de</strong> Vaux est, comme d'habitu<strong>de</strong>, emporté sur une chaise à porteur. Le banc <strong>de</strong>s accusés a maintenant quelque chose <strong>de</strong> sinistre. Au milieu <strong>de</strong>s "places vi<strong>de</strong>s, disséminés sur les divers bancs,' ayant <strong>de</strong>ux gar<strong>de</strong>s à leurs côtés, sa trouvent les trois hommes, les trois bons Français qui, au cours <strong>de</strong> ces débats, par leur caractère, leur énergie indomptable, leur voionté <strong>de</strong> fer, se sont montrés en quelque sorte ies géants, à côté <strong>de</strong>s pygmées qui les jugeaient. Les trois accusés"s'ont là, caimes et dédai- gneux. Réquisitions du procureur général M. le prési<strong>de</strong>nt. — La paroie est au procureur générai pour ses réquisitions. M. ie procureur générai. — Vu l'arrêt <strong>de</strong> ia Cour nous requérons qu'il lui piaise d'appliquer aux accusés déclarés" coupables les articles du Co<strong>de</strong> pénal et <strong>de</strong> la loi <strong>de</strong>' 1831, don; ils ont en- couru i'application. noms <strong>de</strong>s douzes ; jury. L'effet est Je dois un salut au jury <strong>de</strong> laSeinii qt m'a acquitté. Et l'accusé énumèro les jurés qui composaient c; saisissant. Votre verdict sc:a pour notre histoire parlementaire uno honte ineffaçable. (Hu- meurs). Lanation, la partie saine du parti républicain sont lasses <strong>de</strong> voire régime. Oui! le peuple est las <strong>de</strong> toutes ces hontes. (Nouvelles et violentes rumeurs). EnsCvclissez-moi dans quelque détention lointaine, chassez-moi <strong>de</strong> la pairie, le châ- timent Je plus dur pour le vieux soldat que ;je suis. Je reviendrai quand reviendra la justice, quand le pays sera enfin libéré. Je finirai par une double acclamation. Encore et. toujours je crierai : Vive l'armée <strong>de</strong> la France 1 Vive la République du peu- ple ! L'émotion <strong>de</strong> l'auditoire est <strong>de</strong> plus on nlus vive. La scène est d'une gran<strong>de</strong>ur uni- oue. ' A ! on tour Guérin se lève. Déclaration da Guérin Courage Il énumère: rticlss. ouel- La Grève <strong>de</strong> Saiiit-Stlenna Saint-Etienn», 4 <strong>Janvier</strong>. MM. Grnner. arbitre, choisi car les Compa- gnies, er^ Jaurès, arbitre <strong>de</strong>s mineurs, ont en do 9 h. 35 à 10 heures, une conférence dans le •cabinet du préfet. Après un échange d'observations, les <strong>de</strong>ux arbitres ont décidé que la note <strong>de</strong>s Comnaeniês pouvait être modifiée. Un compromis sera ré- digé domain, oui tiendra comote <strong>de</strong>s modifica- tions indiquées. L'impression générale, hier soir, après la réu- nion à la préfecture entra arbitres," est oue la question est en voie d'arrangement. Il ne s'agit plus maintenant oue da discuter lés détails , après que la Compagnie <strong>de</strong> la Loire, oui avait fait <strong>de</strong>s réserves, aura fait connaître son adhé- sion à la lettre <strong>de</strong>s Comnagnies. NOUVELLES MILITAIRES Paris, 4 janvier. Le général <strong>de</strong> Galliflet, ministre <strong>de</strong> la guerre, vient d'adresser aux commandants <strong>de</strong> corps d'armée, la circulaire suivante s Paris, 1" janvier <strong>1900.</strong> Mon cher général, La communication qui vient <strong>de</strong> m'être faite d'un ordre du jour récent, m'a permis <strong>de</strong> constater <strong>de</strong>s tolérances fâcheuses auxquelles j'ai décidé <strong>de</strong> remédier. J'interdis en conséquence, <strong>de</strong> la façon ia plus absolue, i'introduction par un moyen quelconque dans ies cercles d'officiers et <strong>de</strong> sous -officiers et dans tous las bâtiments mili- taires <strong>de</strong>s journaux, revues, brochures et autres écrits qui attaquent <strong>de</strong> Darti rais les institutions nationales, le prési<strong>de</strong>nt da la Réoublique et le gouvernement. Parmi ces publications, les unes excitent les soldats à l'indiscipline et au méDris da leurs chefs; las autres excitent ces chefs à la révolte et au mépris <strong>de</strong>s pouvoirs établis. Le3 unes et ies autres seront comprises dans la même me- sure d'exclusion. M. Fleury, chef d'escadrons <strong>de</strong> cavalerie hors cadre à l'état-major du 12e corns d'ar- mée, a été nommé à l'emploi <strong>de</strong> chef d'état major da la 5e division da cavalerie, en remplacement du lieutenant-colonel <strong>de</strong> ca- valerie d'Estainville, réintégré dans les ca- dres <strong>de</strong> son arme. M. Vidal, chef <strong>de</strong> bataillon breveté tu He régiment d'infanterie, a. été sais ea activité Le contre-appel terminé, la prési<strong>de</strong>nt donne lecture,' âu milieu d'un silence solen- nel, <strong>de</strong> l'arrêt rendu par ia Haute-Cour pro- nonçant l'acquittement <strong>de</strong> MM. Go<strong>de</strong>froy, da Sabran, <strong>de</strong> Ramei, <strong>de</strong> Vaux, Bariiiier et Dubuc, et déclarant coupables MM. Buffet, Dérouiè<strong>de</strong>, Guérin, et <strong>de</strong>" Lur-Saluces, con- tumax: La Haute-Cour, Statuant par un seul et même arrêt, tant sur les réquisitions <strong>de</strong> M. le procureur gé- néral que sur les, conclusions précé<strong>de</strong>m- ment prises par l'accusé Guérin, et tendant à la disjonction <strong>de</strong>s crimes et délits retenus comme connexes, par l'arrêt <strong>de</strong> renvoi du 30 octobre 1899 ; Après avoir entendu M. le procureur général en ses réquisitions ; les défenseurs <strong>de</strong>s accusés présents et les accusés eux- mêmes, lesquels ont été entendus les <strong>de</strong>r- niers, en leurs plaidoiries et moyens da défense ; Après en avoir délibéré conformément à la loi ; 1* En ce qui concerne les accusés Go<strong>de</strong>- froy, <strong>de</strong> Pontevès-Sabran, <strong>de</strong> Ramei, <strong>de</strong> Vaux, Barillier et Dubuc; Attendu qu'il n'existe pas contre eux <strong>de</strong>s preuves suffisantes qu'ils se soient rendus coupables du crime <strong>de</strong> complot qui leur était reproché ; Déclare lesdits Go<strong>de</strong>froy, <strong>de</strong> Pontevès <strong>de</strong> Sabran, <strong>de</strong> Ramei, <strong>de</strong> Vaux, Barillier ct Dubuc, acquittés <strong>de</strong> l'accusation portée conlre eux, et ordonne qu'ils soient immé- diatement remis en liberté, s'ils ne sont re- tenus pour une autre cause ; ~ • En ce qui concerne les accusés Buffet, Déroulè<strong>de</strong>, <strong>de</strong> Lur-Saluces, contumax, et Guérin, Attendu qu'il résulte <strong>de</strong> l'information et <strong>de</strong>s débats la preuve que lesdits accusés ont en 1898 et en 1899, sur le territoire <strong>de</strong> la République, notamment à Paris, concerté et arrêté, avec une ou plusieurs personnes, un complot ayant pour but <strong>de</strong> détruire ou <strong>de</strong> changer le gouvernement; Qu'il en résulte également la preuve que le dit complot a été suivi- d'actes commis ou commencés pour en préparer l'exécu- tion ; 3- En ce qui concerne l'accusé Guérin ; Attendu que les faits visés par lui clans les conclusions sus énoncées ont été re- connus comme connexes au crime <strong>de</strong> com- plot, par l'arrêt, <strong>de</strong> renvoi rendu par la commission d'instruction ; Attendu que les faits dont il s'agit se rat- tachent d'une manière certaine au crime <strong>de</strong> complot sus énoncé ; Qu'ils avaient pour but d'assurer l'impu- nité <strong>de</strong> son auteur ; Que c'est avec raison que les faits ont été déclarés connexes ; Aitendu, en ce qui concerne la tentative d'hommici<strong>de</strong> volontaire sur les agents <strong>de</strong> la force publique, qu'il n'existe pis contre Guérin <strong>de</strong> preuves suffisantes qu'il se soit rendu coupable <strong>de</strong> ce crime ; Mais attendu qu'il résulte <strong>de</strong> l'informa tion et <strong>de</strong>s débats la preuve qu'il a : 1* A Paris, en 1899, détenu, sans y être légalement autorisé, <strong>de</strong>s arrrfes et muni- tions <strong>de</strong> guerre ou un dépôt d'armes ; 2* A Paris, en août et septembre 1899, outragé par paroles, gestes ou menaces les agents <strong>de</strong> la force publique dans l'exercice ou à l'ocoasion <strong>de</strong> l'exercice <strong>de</strong> leurs fonc- lions ; El 3- Aux mêmes lieux et date3, attaqué M. le prési<strong>de</strong>nt. — Accusés, avez-vous que chose à dire sur l'application <strong>de</strong> ia peine» Plaidoirie da M" Normand M- Normand, défenseur <strong>de</strong> M. Buffet, se présente à la barre. (Mouvement d'atten- tion.) L'heure <strong>de</strong>s plaidoiries est passé?. Mais .la voix <strong>de</strong> ia défense doit encore s'éiever une <strong>de</strong>r- nière fois en faveur <strong>de</strong> ceiui qui n'est plus un meuipé, mais déjà un condamné. (Mouve- ment.) J'ai le droit <strong>de</strong> dire quel sentiment da tris- tesse étreint tous les amis <strong>de</strong> M. Buffet à l'heure où l'on va faire supporter à cet honnête homme la peina du complot qui n'existe pas. (Murmu- res.) Pourquoi condamnez-vous les hommes dont je vois les" complices disDarus ? (Nouveaux murmu- res.) M. le prési<strong>de</strong>nt. —• Maître. Normand, vous avez ia parole sur i'aDoiication <strong>de</strong> la peina ! Dérouiè<strong>de</strong>. — Laissez-nous donc. Monsieur la prési<strong>de</strong>nt, emporter un bon souvenir <strong>de</strong> vous! M* Normand. — Qui donc a inspiré ces pour- suites, aujourd'hui condamnées? M. ie prési<strong>de</strong>nt. — Je vais vous retirer ia pa- role. (Bruit.) Déroulè<strong>de</strong>. — Qui ies a inspirées? C'est Lou- bet. parbleu ! (Violentes protestations sur les bancs du Sénat.) M* Normand. — Je m'arrête puisqu'il nous est interdit ce discuter un arrêt inique. Frappez cet honnête homme ! Frappez-le donc pour qu'on puisse mesurer toute l'étendue ds la haine qui a inspiré ces poursuites ! (Violentes protestations. Cris : Ré- quisitions ! Réquisitions S) Le prési<strong>de</strong>nt". — M".Normand je vais aie voir obligé <strong>de</strong> faire requérir contre vous. Le procureur générai se iève. M° Normand. — Je parle <strong>de</strong>s sentiments <strong>de</strong>: haine seulement, <strong>de</strong> ceux qui ont inspiré les poursuites. (Nouveau bruit). Dérouiè<strong>de</strong>. — Oui. c'est une honte ! (Exclama- tions indignées. Tumulte). Le prési<strong>de</strong>nt agite éperdûment sa sonnette et menace encore une fois le défenseur. M" Normand. — Je me tais, puisqu'on m'empê- che <strong>de</strong> parler, mais sachez que M. Buffet sera grandi par votre condamnation. Du fond <strong>de</strong> sa prison son visage olanera sur le siècle qui va s'ouvrir. (Sensation". Agitation prolongée). M. tion) Déclaration <strong>de</strong> M. Buffet Buffet se lève (Vif mouvement d'attîn Je ne viens pas implorer votre pitié. Je n'ai rien à <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r à <strong>de</strong>s adversaires. Vous m'avez condamné. Merci l En acquittant douze <strong>de</strong>s accusés, vous avez douze fois condamné le gouverne- ment. Merci ! (Sensation.) Quanta expliquer, ù motiver votre arrêt, vous n'y réussirez pas. Un bruit est par- venu jusqu'à moi : c'est que quelques- uns d'entre vous songeraient à m'appliquer la loi Bérenger. Je proteste <strong>de</strong> toute mon énergie, car il est une chose que je ne sau- rais accepter : c'est une mesure <strong>de</strong> faveur qui resterait suspendue sur moi comme une menace. (Sensation prolongée.) L'accent <strong>de</strong> fermeté, <strong>de</strong> résolution inébran- lable <strong>de</strong> M. Buffet fait la plus gran<strong>de</strong> impres- sion sur l'auditoire. Déclaration <strong>de</strong> Déroulè<strong>de</strong> Déroulè<strong>de</strong> se dresse à son tour. Tous les regards convergent vers lui : Je ne parlerai pas <strong>de</strong> ma condamnation. J'aurais trop à vous dire. Vous m'avez déjà frappé <strong>de</strong> trois mois <strong>de</strong> prison pour outrages au prési<strong>de</strong>nt do la République, <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ans pour outrages à la Haute- Cour. J'ignore si vous allez me bannir du. sol sacré <strong>de</strong> la Patrie ou me mettre en détention, mais peu importe. Vous savez bien que ma peine no sera pas éternelle, vous savez que je reviendrai. Je dois avant <strong>de</strong> vous dire adieu adres- ser un salut à la vaillante minorité qui a défendu la justice., Je gar<strong>de</strong>rai <strong>de</strong> ces débats un souvenir ineffaçable. Ils m'ont permis <strong>de</strong> faire jus- tice enfin d'une calomnie infâme dont j'é- tais l'objet. J'ai pu donner ainsi à un géné- ral l'occasion <strong>de</strong> se laver d'une accusation non moins honteuse portée contre iui. N'atten<strong>de</strong>z <strong>de</strong> moi ni une parole <strong>de</strong> co- lère, ni une parole <strong>de</strong> regret, ni une <strong>de</strong>- man<strong>de</strong> d'indulgence. Je suis condamné ; mon cœur ne bal pas aujourd'hui plus vite qu'hier. Ou ïrai-je, peu importe, j'en reviendrai, je l'espère. Ce qui est certain, c'est, que vous avez rendu à notre cause un service signalé. Vous nous avez permis <strong>de</strong> sceller nos con- victions <strong>de</strong> la perle <strong>de</strong> notre liberté. Cette pensée m'ai<strong>de</strong>ra à oublier les souffrances que je vais avoir ù subir. Enfermé ou banni, ma <strong>de</strong>vise reste la même, ct je dis à mes amis : « toujours. Espérez quand môme ' > La lang'.ge, l'attitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Guérin, témoi- gnent ds la même énergie, <strong>de</strong> la même fierté que ceux <strong>de</strong> ses co-accusés. M. le prési<strong>de</strong>nt. —» Je vais suspendre l'au- dience publique. Gar<strong>de</strong>s, emmenez les -accusés. Caux-ci se lèvent et Déroulè<strong>de</strong> s'écrie : C'est ici que pour la première fois j'ai pu apprécier la valeur et le courage <strong>de</strong> mes co-accusés. Vous m'avez appris à connaître ces <strong>de</strong>ux hommes. Je suis heureux <strong>de</strong> ie dire en leur serrant publiquement la main. Et Déroulè<strong>de</strong> serre chaleureusement la main à M. Buffet, qui s'écrie : L'injustice commune fait notre union. Déroulè<strong>de</strong> serre ensuite la main à Guérin, qui la serre à M. Buffet. La scène est en ne peut pius poignante. Toute la salie est en proie à une émotion intense. Déroulè<strong>de</strong>. — Voilà tout le complot ! Guérin. — C'est la première fois que nous sommes d'accord ! Buffet. — Jo n'ai connu Guérin qu'en prison! Les trois accusés se retirent. Leurs dé- fenseurs les accompagnent en leur prodi- guant les plus chauds témoignages <strong>de</strong> sym- pathie. Da longs murmures d'admiration îes saluent <strong>de</strong>s tribunes. L'audience " publique est suspendue à 1 heure 10, au milieu d'une effervescence in- dicible. La cour va délibérer sur l'applica- tion da ia peine à chacun <strong>de</strong>s condamnés. Départ <strong>de</strong>s acquittés Les six acquittés, MM. Go<strong>de</strong>froy, <strong>de</strong> Sa- bran, <strong>de</strong> Ramei, da Vaux, Bariiiier et Dubuc ont été réconduits, à leur sortie <strong>de</strong> ia salie, au ouartier cellulaire. Peu d'instants après, M. Albert Sorei, greffier en chef <strong>de</strong> la Haute-Cour, faisait te- nir à M. Mouquin, chargé <strong>de</strong> la surveillance du quartier cellulaire, ies ordres dc mise en liberté. Oa conduisait les prisonniers au greffe et on leur remettait les objets leur appartenant. La levée d'écrou signée, oa leur rendait la liberté. C'est M. Barillier qui est sorti ie premier, encore accompagné par <strong>de</strong>ux agents da la sûreté, oui i'o"nt"conduit, iui, à l'a prison <strong>de</strong> la Santc* où il était détenu, pour lui faire accomplir la formalité da la levée d'écrou. En montant en voiture. M. Barillier a crié, aux nombreux journalistes qui s'empres- saient autour <strong>de</strong> iui « Vive la France! Malheureusement le meilleur <strong>de</strong>s Français est ià ! » Et en prononçant cette phrase, ie vaillant ami <strong>de</strong>" Dérouiè<strong>de</strong> montrait le Sénat d'un geste menaçant. Définitivement libre, sont sortis successi- vement M. <strong>de</strong> Sabran. accompagné do ia comtesse <strong>de</strong> Sabran; Dubuc, qu'était venu attendre Brunet, l'acquitté <strong>de</strong> ces jours <strong>de</strong>r- niers, M. do Ramei, qu'accompagnait Mma <strong>de</strong> Ramei; ie baron <strong>de</strong> Vaux, et enfin M. Go- <strong>de</strong>froy, entouré ds plusieurs amis. A tous on a donné <strong>de</strong> très "chau<strong>de</strong>s et très vives maroues <strong>de</strong> sympathie. M. et Mma <strong>de</strong> Sabran doivent partir sa- medi prochain pour la Touraine. Ajoutons un détail d'une gravité inouïe: A l'entrée, Mme ia baronne <strong>de</strong> Vaux mère, qui voulait passer et aller au plus tôt re- trouver son dis mala<strong>de</strong> et enfin libre, a <strong>de</strong>- mandé, supplié qu'on iui dit où il se trouvait. Les agents,"aussi odieux que leurs maîtres, ont répondu aux prières <strong>de</strong> cette mère par <strong>de</strong> grossières fins <strong>de</strong> non-recevoir ! Tout est infâme dons est immon<strong>de</strong> procès. Au moment ou M. <strong>de</strong> Ramei, sorti la <strong>de</strong>r- nier du greffe, allait le quitter, l'audience publiqueVenait d'être terminée, et les trois condamnés réintégraient le quartier, Dérou- lè<strong>de</strong> en tête, soutenu par son défenseur, M* Faiateuf. En les apercevant, M. <strong>de</strong> Ramei s'est avancé vers'eux, et a embrassé MM. Buffet et Guérin. Acquitté et condamnés étaient très émus. î M. Buffet, à dix ans da bannissement. La voix eu plus uour les dix ans à ttéroulèdo. estcelKwle M. Chanlatrrel qui, ancien pré- cepteur dc M. André" Buffet, n'avait pas voulu, dans le scrutin qui concernait ce <strong>de</strong>r- nier, voter contre son ancien élève. Protestation Un certain nombre <strong>de</strong> sénateurs qui avaient vigoureusement protesté contre l'injustifia- ble condamnation prononcée par la Haute- Cour, ont voté auuremier tour <strong>de</strong> scrutin oui concernait M. Bùfï'el, cinq ans <strong>de</strong> bannis- sement, dans ie but <strong>de</strong> lui assurer la mini- mum <strong>de</strong> la peine et <strong>de</strong> rendre ainsi la peina moins odieuse. Cette attitu<strong>de</strong> n'ayant pas proluit le ré- sultat désiré, ces sénateurs, au <strong>de</strong>uxième tour <strong>de</strong> scrutin sur 'l'application da la peine à M. Déroulè<strong>de</strong>, ont fait" la déclaration sui- vante, que M. <strong>de</strong> Lamarzelle a portée à la tribune : Nous avons voté le minimum <strong>de</strong> cinq ans. con- vaincu oue ia majorité n'hésiterait pas à, s'y ral- lier. Cet. espoir ayant été déçu, nous ne vouions plus appliquer aucune peine. C'est ce qui explique la différence qui s'est produite dans" le'chiffre <strong>de</strong>s voix. M. <strong>de</strong> Lur Saluces condamné à dix ans <strong>de</strong> bannissement Par 13! voix contre 15, favorables à une peine <strong>de</strong> cinq ans et 59 abstentions. M. da Lur Saluées est condamné comme MM. Buffet et Dérouiè<strong>de</strong>, à dix ans <strong>de</strong> bannissement. Guérin condamné à dix. ans <strong>de</strong> détention Enfin, la Cour examine le cas <strong>de</strong> Guérin. Un scrutin a lieu qui donne ies résultats suivants : 127 voix pour dix ans <strong>de</strong> déten- tion, 3 pour sent ans <strong>de</strong> cette peine, 7 pour cina ans: 50 abstentions. M. <strong>de</strong> Casabianca avait <strong>de</strong>mandé que la ouestion <strong>de</strong>s frais du procès qui atteignent un chiffre assez élevé comme on sait, sans pourtant arriver à celui <strong>de</strong> huit cent mille francs oui a été donné, fut réglés propor- tionnellement aux condamnations respec- tives <strong>de</strong> chacun <strong>de</strong>s condamnés, défalcation faite <strong>de</strong>s frais imputables aux acquittés. Anrès une brève discussion, M. <strong>de</strong> Casa- bianca a retiré sa proposition. A quatre heures, i'audience secrète est suspendue nour la rédaction <strong>de</strong>s arrêts. Elle esc reprise "à cinq heures, pour soumettre ces arrêts à ia Cour. L'audience secrète prend fin à 5 heures moins cinq. A 5 heures, la prési<strong>de</strong>nt entre en séance. Les couloirs d'accès aux tribunes regorgent do car<strong>de</strong>s municipaux. Tous les sénateurs sont, à leur banc. La place réservée aux ac- cusés est vi<strong>de</strong> comme sont vi<strong>de</strong>s les bancs réservés aux témoins. U n'y a même pas <strong>de</strong> sar<strong>de</strong>s, ce oui donne, à cette partie <strong>de</strong> la saile hier encore si vivante, un aspect morne et lugubre. M- Quentin, seul, s'est assis au premier banc <strong>de</strong>s accusés. A 5 heures trois minutes, le prési<strong>de</strong>nt commence ia lecture da l'arrêt. Les avocats présents se lèvent, M- Oscar Faiateuf en tête. M. Faîlières donne donc, au milieu du plus profond silence lecture : 1- De l'arrêt, condamnant MM. Buffet et Déroulè<strong>de</strong> à dix ans <strong>de</strong> bannissement et Gué- rin à dix ans <strong>de</strong> détention ; 2- De l'arrêt condamnant par contumace, M. <strong>de</strong> Lur-Saluces à dix ans da bannisse- ment. Voici ie texte du Premier arrêt : réquisitions da M. le La Haute-Cour, Statuant sur les procureur générai. Après avoir entendu M. le procureur général en ses réquisitions, les conseils <strong>de</strong>s accusés et les accusés eux-mêmes, lesquels ont clé entendus les <strong>de</strong>rniers en leurs observations sur l'application <strong>de</strong> la peine, et après en avoir délibéré conformément à la loi: Attendu que, <strong>de</strong>s déclarations contenues au précé<strong>de</strong>nt arrêt . <strong>de</strong> la Haute-Cour en date <strong>de</strong> ce jour, ii résulte que les accusés Buffet, Déroulè<strong>de</strong> et, Guérin sont coupables d'avoir, en 1898 et 1899, sur le territoire <strong>de</strong> la République, notamment à Paris, concerté et arrêté, avec une ou plusieurs personnes, un complot ayant pour but <strong>de</strong> détruire ou <strong>de</strong> changer le gouvernement avec cette cir- constance que ledit complot a été suivi d'actes commis ou commencés pour en pré parer l'éxecution ; que ces faits constituent le crime prévu par l'article 89, paragra- phe 1er du Go<strong>de</strong> pénal ; Attendu qu'il résulte encore dudit arrêt que Guérin seul s'est, en outre, en 1899, à Paris, rendu coupable <strong>de</strong>s délits : 1- <strong>de</strong> détention,,sans autorisation, d'armes et <strong>de</strong> munitions <strong>de</strong> guerre ou d'un dépôt d'ar- mes ; 2' d'outrages par paroles, gestes ou En Chambre du Conseil L'aitdience en chambre du conseii s'est ouverte par une très brève discussion; ie prési<strong>de</strong>nt a déclaré qus les peines déjà ap- pliquées aux condamnés sa confondraient avec celles qui allaient être prononcées. Ainsi Déroulè<strong>de</strong>, condamne une première fois à trois mois <strong>de</strong> prison pour outrages au prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la République, une secon<strong>de</strong> fois à <strong>de</strong>ux ans pour outrages aux juges et au ministère publie, ne fera pas ces vingt-sept mois da prison. La raison en est que si cas <strong>de</strong>rnières pei- nes étaient subies, elles entreraient en dé- duction dans le compte <strong>de</strong>s années <strong>de</strong> bannis- sement, ce qui diminuerait la paine, le ban- nissement étant considéré comme une peina supérieure à l'emprisonnement. La cour est passée presque immédiate- ment au vote. C'est ia peine "la pius élevée oui d'abord a été mise aux voix. M. '%T'(' :;, -V ' Buffet <strong>de</strong> condamné â bannissement dix ans menaces envers les agents <strong>de</strong> la force pu- blique dans l'exercice ou à l'occasion <strong>de</strong> l'exercice <strong>de</strong> leurs fondions ; et 3- d'atta- ques avec violences et voies <strong>de</strong> fait envers <strong>de</strong>s agents <strong>de</strong> la force publique agissant pour l'exécution <strong>de</strong>s lois", délits prévus et Dunis par les articles 3 et 4 <strong>de</strong> la loi du 24 mai 1834, îes articles 224, 209 et 212 du co<strong>de</strong> pénal ; _ Attendu toutefois qu'aux termes <strong>de</strong> l'ar- ticle 365 du Co<strong>de</strong> d'instruction criminelle, en cas <strong>de</strong> conviction <strong>de</strong> plusieurs crimes ou délits, la peine la plus forte sera seule pro- noncée, que la peine la plus forte est celle qui résulte <strong>de</strong> l'article 89 du Co<strong>de</strong> pénal; Attendu que, par le même arrêt, la Haute-Cour a déclaré les circonstances at- ténuantes en faveur <strong>de</strong>s trois accusés; qu'il y a lieu par suite <strong>de</strong> modérer la peine par l'application <strong>de</strong> l'article 463 du Co<strong>de</strong> pénal: Vu, en conséquence, lesdits articles 89 paragraphe 1er et 463 du Co<strong>de</strong> pénal, en- semble les articles 20 et 32 du même Co<strong>de</strong>, l'article 4 <strong>de</strong> la loi du 24 mai 1835: Vu encore la disposition <strong>de</strong>s articles 368 du co<strong>de</strong> d'instruction criminelle, 55, du Co<strong>de</strong> pénal el 9 <strong>de</strong> la loi du 22 juillet 1807. La Haute-Cour, Faisant application aux accusés <strong>de</strong>s dis- positions <strong>de</strong> loi dont il vient d'être donné lecture, Condamne Buffet (Anne-Joseph- Paul-André) à la peine du bannisse- ment pendant dix années. Condamne Déroulè<strong>de</strong> (Paul-Marie- Joseph) à la peine du bannissement pendant dix. années. Condamne Guérin (Jules-Napoléon) à la peine <strong>de</strong> la détention pendant dix années Et, après en avoir spécialement délibéré, dit qu'il n'y a lieu <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r contre Buf- fet, Déroulè<strong>de</strong> et Guérin à l'interdiction enté à la diligence <strong>de</strong> M. lo procureur gé. nêral, imprimé publié cl. affiché partout où besoin sera cl ordonne qu'il sera notifié sans délai, aux condamnés par le greffier dà la Haute-Cour. Pour M. <strong>de</strong> Lur-Laluces, l'arrêt est ainsi conçu : La Haute-Cour, Statuant sur les réquisitions <strong>de</strong>. M. le procureur général, après avoir entendu M le procureur général en ses réquisitions et" après en avoir délibéré, conformément à là loi : Attendu que la procédure <strong>de</strong> contumace suivie contre <strong>de</strong> Lur-Saluces, est régulière' Aitendu que <strong>de</strong> la déclaration contenuà au précé<strong>de</strong>nt arrêt <strong>de</strong> la Haute-Cour, en date <strong>de</strong> ce jour, il résulte que <strong>de</strong> Lur-Sa- luces est coupable d'avoir, en 1898 el 1899 sur le territoire <strong>de</strong> la République, notam- ment à Paris, concerté et arrêté, avec une ou plusieurs personnes, un complot, ayant pour but <strong>de</strong> détruire ou <strong>de</strong> changer le gou- vernement avec celle circonstance que la dit complot a clé suivi d'actes commis oa commencés pour en préparer l'exécution ; que ce fait constitue le crime prévu par l'article 89, paragraphe premier, du Coda pénal ; Attendu que, parle même arrêt, la Cour a déclaré les circonstances atténuantes en laveur <strong>de</strong> l'accusé; qu'il y a lieu, par suile, do modérer la peine par application <strong>de</strong>s dis- positions <strong>de</strong> l'article 463 du même co<strong>de</strong> ; Vu les dits articles 89 et,' 463 du Co<strong>de</strong> pénal ensemble, <strong>de</strong> l'article 32 du même co<strong>de</strong>, lesquels sont ainsi conçu : « Art. 89.— Le complot, ayant pour but les crimes mentionnés aux articles 86 et 87, s'il a été suivi d'un acte commis ou com- mencé pour en préparer l'exécution sera puni <strong>de</strong> la déportation, s'il n'a été suivi d'aucun acte commis ou commencé pour en préparer l'exécution la peine sera celle <strong>de</strong> la détention ; « Il y a complot dès que la résolution d'a- gir est concertée et arrêtée entre <strong>de</strong>ux ou plusieurs personnes ; s'il y a eu proposition faite et non agréée do former un complot pour arriver aux crimes mentionnés dans les articles 86 et 87, celui qui aurait fait une telle proposition sera puni d'un em- prisonnement <strong>de</strong> un an à cinq ans ; le cou- pable pourra, <strong>de</strong> plus, être interdit en tout ou partie <strong>de</strong>s droits mentionnés à l'article 42 êt l'article 463. » Les peines prononcées par la loi contre celui ou ceux <strong>de</strong>s accusés reconnus coupa- bles, en faveur <strong>de</strong> qui le jury aura déclaré les circonstances atténuantes, seront modi- fiées ainsi qu'il suit: si la peine prononcée par la loi est la mort, la cour appliquera la peine <strong>de</strong>s travaux forcés à perpétuité, ou celle <strong>de</strong>s travaux forcés à temps ; si la peine est celle <strong>de</strong>s travaux forcés à perpétuité, la cour appliquera la peine <strong>de</strong>s travaux forcés à temps ou celle <strong>de</strong> la réclusion; si la peine est celle <strong>de</strong> la déportation dans une enceinte fortifiée, la cour appliquera celle <strong>de</strong> la déportation simple où celle <strong>de</strong> la détention. » Mais dans les cas prévus par les arti- cles 96 et 97, la peine <strong>de</strong> la déportation simple sera appliquée ; si la peine est celle <strong>de</strong> la déportation. La Cour appliquera la peine <strong>de</strong> la détention ou celle du banisse- ment ; si la peine est celle <strong>de</strong>s travaux for- cés à temps, la Cour appliquera la peine dô la réclusion ou les dispositions <strong>de</strong> l'article 401 sans toutefois pouvoir réduire la durée <strong>de</strong> l'emprisonnement au-<strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> 2 ans si la peine est celle <strong>de</strong> la réclusion, <strong>de</strong> la détention, du bannissement ou <strong>de</strong> la dégra- dation civique, la Cour appliquera les dis- positions <strong>de</strong> l'article 401 sans toutefois pouvoir réduire la durée <strong>de</strong> l'emprisonne- ment au-<strong>de</strong>ssous d'un an. Dans le cas où le Co<strong>de</strong> prononce le maximum d'une peine afllictive, s'il existe <strong>de</strong>s circonstances atté- nuantes, la Cour appliquera le minimum <strong>de</strong> la peine ou même <strong>de</strong> la peine inférieure. » Art. 32. —- Quiconque aura été con- damné au bannissement sera transporté par ordre du gouvernement hors du territoire <strong>de</strong> la République ; la durée du bannissa- ient sera au moins <strong>de</strong> cinq années et.<strong>de</strong> dix années au plus. » Faisant application <strong>de</strong>sdits articles. Condamne <strong>de</strong> Lur-Saluces (Eugène- Henri-Marie), â la peine du bannisse- ment pendant dix années. Et attendu que le susnommé est contu- max ; Vu l'article 472 du co<strong>de</strong> d'instruction crlminelie, ordonne que l'extrait du pré- sent arrêt sera, dans les trois jours, adressé au directeur <strong>de</strong>s Domaines et <strong>de</strong> l'enregis-' trementdu domicile du contumax; Vu encore les dispositions <strong>de</strong> l'article 308 du co<strong>de</strong> d'instruction criminelle ; Condamne <strong>de</strong> Lur-Saluces aux frais en- vers l'Eiat, solidairement avec Buffet, Dé- roulè<strong>de</strong> et Guérin, condamnés par arrêt <strong>de</strong> <strong>de</strong> la Haute-Cour <strong>de</strong> justice en date <strong>de</strong> ca jour ; Ordonne que le présent arrêt, sera rendu public dans la forme et dans les termes prescrits par la. loi du 2 janvier 1850 et exécuté à la diligence du procureur gé- néral. Après un premier tour da scrutin, qui n'a pas donné <strong>de</strong> résultats, la cour, par 115 voix contre 52 favorables au chiffre <strong>de</strong> cinq ans, et 35 absteutions, condamne M. André Buf- fet à dix ans <strong>de</strong> bannissement. Déroulè<strong>de</strong> condamné à dix ans <strong>de</strong> bannissement La cour passe ensuite à Déroulè<strong>de</strong>. Il y a également <strong>de</strong>ux tours <strong>de</strong> scrutin. Par 110 voix contre 69 non et 20 on faveur du chiffre <strong>de</strong> cinq ans, Déroulè<strong>de</strong> est condamné, comme loi du 27 mai et édictée par l'article 19 <strong>de</strong> la 1835 ; Prononce la confiscation <strong>de</strong>s armes munitions saisies au domicile <strong>de</strong> Guérin Condamne solidairement, Butfet, Dérou- lè<strong>de</strong> et Guérin aux trais envers l'Etat, i l'exception <strong>de</strong> ceux qui ont été exclusive ment, exposés à raison <strong>de</strong>là tentative d'as- sinat pour laquelle Guérin a été acquitté; Fixe au minimum la durée <strong>de</strong> la con- trainte par corps; Ordonne que le présent arrêt sera e.\é- Cette lecture est lugubrement accueillie. Intervention da M 0 Faiateuf A ce moment M- Faiateuf, défenseur <strong>de</strong> Paul Déroulè<strong>de</strong>, se présente â la barre <strong>de</strong>s avocats : La Haute-Cour, en prononçant la peine <strong>de</strong> dût ans <strong>de</strong> bannissement contre Déroulè<strong>de</strong> n'a -t-ell» pas entendu confondre dans cette Daine celles à trois mois et à. <strong>de</strong>ux ans <strong>de</strong> prison qui ont été prononcées aux cours <strong>de</strong>s audiences contre M. Déroulè<strong>de</strong>? M. le prési<strong>de</strong>nt. — La confusion est da droit. Il n'est pas nécessaire <strong>de</strong> le dire oac une déci- sion spéciale. Le procureur général intervenant : Je suis chargé <strong>de</strong> l'exécution da l'arrêt et î» déclare que cette question ne fait aucun doute. « Vive l'Armée ! A bas la Haute-Cour ! » Après ce court dialogue , le prési<strong>de</strong>nt,' . avant <strong>de</strong> déclarer l'audience levée, ordonna aux gar<strong>de</strong>s <strong>de</strong> faire évacuer les tribunes. M. Faîlières et les sénateurs restent à leur, poste, sans doute dans le but d'éviter ainsi une manifestation redoutée: mais à peine la paési<strong>de</strong>nt a-t-il donné l'ordre d'évacuatiors que, malgré la présence <strong>de</strong> nombreux gar<strong>de</strong>s républicains répandus un neu partout, da presque toutes les tribunes s'élève en même temps une formidable clameur: « Vivo l'AC-, mée! A bas la Haute-Cour! » On distingue également les cris <strong>de</strong> 1 « Vive Guérin l A bas les juifsl A bas Ber- nard ! » Une longue agitation suit cotte démonstra- tion vigoureuse du Public <strong>de</strong>s tribunes apos- trophant la Haute-Cour. Le prési<strong>de</strong>nt, »• Faîlières, pâle, et les sénateurs, l'air dé- confit, sa sont tournés vers les tribunes» d où leur arrive cette ovation au rebours. Cependant gar<strong>de</strong>s et huissiers font éva- cuer les galeries. La sortie est fiévreuse- ment tumultueuse et s'effectue au mil' ûU d'imprécations adressées à la Haute-Cour- . Lorsque les sénateurs, débarrassés du u° <strong>de</strong>s protestataires se trouvent à neu pre» seuls, l'un d'eux, M. <strong>de</strong> Lamarzelle, s'écrie .. » Ah! l'exil est imoie ». C'est Victor MS 9 * par c* vers y»us condamne 1 <strong>Bibliothèque</strong> municipale <strong>de</strong> <strong>Toulouse</strong> - Tous droits réservés
-.Ment Faîlières s'empresse alors <strong>de</strong> W^dfice est levée, dire: l» u , 0 , La Haute -Cour a vécu. 11
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