Lettres de Clément Myionnet
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La lettre suivante est adressée aux mêmes correspondants. Elle est essentiellement<br />
une lettre d'affaires, après quelques détails sur l'évolution <strong>de</strong>s oeuvres. Devenu<br />
Religieux, <strong>Clément</strong> MYIONNET ne peut plus disposer comme précé<strong>de</strong>mment <strong>de</strong> ses<br />
biens et l'arrivée d'un quatrième Frère, M. PAILLÉ, n'a pas, pour le moment, accru les<br />
ressources <strong>de</strong> la communauté. Mais la Révolution <strong>de</strong> 1848 va amener le commerce <strong>de</strong><br />
fers <strong>de</strong>s <strong>Myionnet</strong> au bord <strong>de</strong> la faillite, leurs affaires vont mal, ils ne peuvent être<br />
généreux ....<br />
LETTRE 014 à Étienne et Auguste MYIONNET<br />
Paris le 28 juillet I848<br />
Mes très chers frères,<br />
Je ne vous ai pas répondu <strong>de</strong> suite, c'est que j'avais beaucoup d'occupations<br />
cette semaine. Dimanche <strong>de</strong>rnier, fête <strong>de</strong> notre St Patron, c'était la fête <strong>de</strong> la fraternité<br />
<strong>de</strong>s apprentis <strong>de</strong> St-Vincent-<strong>de</strong>-Paul; nos cinq maisons <strong>de</strong> patronage ont réuni leurs<br />
enfants à la rue du Regard où près <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux cents ont pris part à un banquet vraiment<br />
fraternel. Ces <strong>de</strong>ux cents enfants étaient servis par une vingtaine <strong>de</strong> membres <strong>de</strong> la<br />
Société <strong>de</strong> St-Vincent-<strong>de</strong>-Paul.<br />
Depuis quinze jours, je suis également très occupé par l'installation d'un atelier<br />
<strong>de</strong> travail à la maison pour tous nos apprentis sans ouvrage chez leurs maîtres. Nous<br />
en avons une trentaine qui viennent tous les jours fabriquer <strong>de</strong>s petites chaînes; le gain<br />
n'est pas fort, mais ils ne sont pas sans rien faire, ce qui est l'essentiel.<br />
Mais, chers frères, venons à l'affaire en question : c'est une prolongation <strong>de</strong><br />
l'obligation Veuve Germain que vous <strong>de</strong>man<strong>de</strong>z. Je vous avoue que j'aurais beaucoup<br />
mieux désiré une main levée qu’une prolongation <strong>de</strong> cinq années, surtout que ma<br />
position aujourd'hui n'est plus ce qu'elle était il y a six ans. Garçon et sans ambition, et<br />
même sans crainte <strong>de</strong> perdre ce que je possédais, j'étais tout dévoué à vos intérêts, ils<br />
passaient avant les miens, je vous en ai donné la preuve en m'offrant à partager avec<br />
vous les mauvaises chances du commerce, sans <strong>de</strong>voir en partager les bonnes.<br />
Mais ce que je faisais alors, je ne puis plus le faire avec la même liberté<br />
aujourd'hui. Je ne suis plus seul, je suis entré dans une nouvelle famille avec laquelle je<br />
dois partager les revenus que la Provi<strong>de</strong>nce m'a donnés en partage. Ce qui était fait<br />
avant cette mise on commun <strong>de</strong> notre avoir (mes revenus seulement), ces Messieurs<br />
<strong>de</strong>vaient l'accepter. Mais prendre <strong>de</strong> nouveaux engagements qui pourraient<br />
compromettre l'avenir <strong>de</strong> notre petite communauté, je ne le puis plus faire sans leur<br />
consentement.<br />
Cependant, comme les temps sont excessivement difficiles pour le commerce, si<br />
vous ne pouvez faire autrement, je consentirai à ce que vous <strong>de</strong>man<strong>de</strong>z, mais il faudrait<br />
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