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4 Depuis l'arrivée des premiers migrants algériens sur les quais du port de Marseille en 1898, et jusqu'à la descente du dernier Algérien à l'aéroport de Roissy à Paris dans le dernier avion arrivant d'Alger, l'histoire de l'émigration algérienne vers la France s'étale sur plus d'un siècle de rêves, de réalités et de... mirages. Bien que certains chercheurs estiment que l'arrivée des premiers Algériens sur la terre des Gaulois remonte à plus loin, les études confirment que les premières et signifiantes migrations remontent à cette année 1898, c'est à dire près de 70 années après l'invasion par la France des terres algériennes. Cette date a-t-elle une signification ? Peut-être !!! A cette date, la France en était à sa 68 e année de colonisation d'un pays et d'oppression d'un peuple, hier libres et indépendants. 68 ans, c'est long. En fait c'est le temps de trois générations. Toute une génération a donc résisté à cette offense venue de l'autre côté de la rive. Les Algériens de l'époque ont subi et supporté leur vécu face à l'oppresseur, qui, au fil des ans donnait bien l'impression qu'il n'allait pas lâcher prise. Les Algériens de l'époque ont subi et supporté leur vécu face à l'oppresseur, qui, au fil des ans donnait bien l'impression qu'il n'allait pas lâcher prise. La bravoure de l'Emir Abdelkader et de Cheikh El Mokrani et la détermination de Lala Fatma N'soumer et de Cheikh Bouamama et de Cheikh El Haddad, et bien d'autres héros de la résistance - connus ou méconnus - allaient écrire l'histoire de cette résistance, l'histoire de la révolte face à une puissance militaire qui montait en force et l'histoire de toute une génération. Une autre, celle qui est née sous l'occupation française et qui n'a pas connu la liberté, subira, elle aussi, les affres de la colonisation, de la pauvreté et de la misère. C'est une génération meur- EMIGRATION LES ALGERIENS DE FRANCE: HIER MINEUR, AUJOURD'HUI MÉDECIN : «Ali au pays des mirages» trie, qui a su que toutes les révoltes étaient infructueuses et que le colon dominait presque tout le pays. La 3 ème génération de ce 19 e siècle, née dans les années 80 et 90 est dans la logique de la survie. Dans l'Algérie coloniale, la vie est devenue difficile, presque impossible. Le peuple s'appauvrit de plus en plus, les maladies tuent par milliers, l’ignorance bat son plein et le colonisateur redouble de férocité et d’ arrogance. Ces Algériens décident de migrer. Ils veulent partir au pays de l'oppresseur. Destination Marseille. Logique d'un quai à un autre. 1905 est une année importante dans l'histoire de l’émigration algérienne. Les portes de la grande ville de Marseille s'ouvrent aux Algériens pour leur permettre de travailler dans les usines et les mines. Ce n'est pas pour leurs beaux yeux que la France accueille ces «indigènes». Ils sont une maind'œuvre jeune et peu coûteuse, travaillant dans des conditions parfois inhumaines et font le sale boulot que les Français refusent, parce que trop dur, dégradant et peu payé. En 1906, à la suite d'un grand mouvement de protestation des dockers italiens et portugais sur les quais du port de Marseille, la France facilite dans l'urgence l'entrée sur son territoire aux Algériens pour aller remplacer les contestataires et briser une grève qui avait paralysé toute la ville de Marseille à l'époque. Une année avant le déclenchement de la Première Guerre mondiale, l'administration française annule le «permis de voyage» pour les Algériens. Ils peuvent désormais atteindre la rive opposée sans document spécial de circulation. Ils sont maintenant 13 000 Algériens... prêts au combat !!! La misère aidant, et que la guerre assure un salaire, les Algériens participent volontairement, sous influence ou sous pression, à la Première Guerre mondiale dans les rangs de l'armée française. Beaucoup d'entre eux résident en France. Certains vont mourir, d'autres vont revenir pour «reconstruire» la France d’après- guerre. C'est dans ce nouvel ordre postguerre que le mouvement national prend forme. Une jeune génération prend les rênes du nationalisme algérien. Timide et éparpillé, il donnera ses fruits quelque 30 années plus tard. Les Algériens d'Algérie et de France commencent à se regrouper, et pour la première fois, ils trouvent un cadre qui leur est propre. Entre-temps, la vague migratoire ne fait que s'accroître. Quand la Seconde Guerre mondiale éclate, beaucoup d'Algériens sont encore une fois en première ligne de combat, mais cette foisci pour récupérer la France des mains des Allemands. Dans la foulée, la France coloniale promet aux Algériens de revoir leur statut une fois la guerre finie. Les Algériens se voyaient déjà libres et émancipés. Les événements du 8 mai 1945 en Algérie ont été le dernier fil coupé entre les Algériens et la France. Depuis ce jour, rien n'allait jamais plus être comme avant. Les Algériens d'Algérie et de France sont choqués et se sentent trahis par la France de la «liberté, égalité, fraternité». Enfin, ils sont d’accord et convaincus que la fin du colonialisme n’est pas à l’ordre du jour français. La France sort épuisée de la guerre. Détruit, le pays se reconstruit et a besoin de bras. Les Algériens migrent à une cadence soutenue. Après avoir participé activement à la reconquête de la souveraineté et de la liberté, ils participent à la reconstruction de la France. Dix ans plus tard, beaucoup d’Algériens de France vont rallier la Révolution algérienne, et petit à petit, ils vont exporter leur guerre de libération sur le territoire français. Les événements du 17 Octobre 1961 ont été la plus grande preuve de l'adoption totale des émigrés algériens de la Révolution. 9 mois après, l’Algérie était libre et indépendante. Pour des considérations d'ordre social, économique et historique, l’émigration vers la France ne s’est pas arrêtée après 1962. Des vagues régulières de migrants venaient s’ajouter à celles qui étaient restées après la fin de la guerre d’Algérie. Dans les années 1960 et 1970, dans un pays en gestation, puis en construction, des Algériens en quête d’emploi ont choisi d’aller travailler en France. Ils connaîtront un racisme naissant féroce 82 ans après l’arrivée des premiers migrants, les Algériens sont devenus par la force des choses et de l’histoire une communauté naissante et visible. qui s’alimente d’un complexe de supériorité hérité du colonialisme. Beaucoup de pères de famille vont perdre la vie dans une vague d’assassinats qui a défrayé la chronique à l’époque. A partir de 1980, la communauté algérienne commence à se faire connaître et à se faire remarquer. Les Algériens s’installent à Marseille, à Paris et puis se dispersent dans d'autres villes comme Lyon, Strasbourg, Montpellier ou encore Lille. 82 ans après l’arrivée des premiers migrants, les Algériens sont devenus par la force des choses et de l’histoire une communauté naissante et vi- Alger Hebdo n° 359 - Semaine du 22 au 28 décembre 2012 sible. La première génération des beurs se fait entendre, elle a entre 15 et 20 ans. A la même époque, des Algériens arrivent en France pour des études ou en touristes. A la fin des années 1980, l’Algérie connaît des turbulences sociales qui mèneront à une grave crise politique. La folie enfante un terrorisme sans foi ni loi. C’est la «décennie noire» qui allait mettre l’Algérie à genoux. Beaucoup d’Algériens partent à l’aveuglette vers la France dont des intellectuels (artistes, écrivains, journalistes…). C’est la nouvelle vague d’émigrants, dont les enfants ont aujourd’hui 15, 20 et 25 ans… la nouvelle génération beur. Depuis 2000, le nombre de migrants a considérablement baissé. La France a opté pour une politique d’«immigration choisie» très appuyée par l’avant-dernier président français Nicolas Sarkozy. Ainsi, des médecins qui représentent 22% des médecins étrangers en France aujourd’hui, sont en tête dans le classement et dans la compétence, avec d’éminents professeurs et chirurgiens. Des ingénieurs de tous les domaines, des écrivains, des artistes et des journalistes sont de plus en plus nombreux. Tous constituent aujourd’hui avec toutes les générations confondues «la communauté algérienne en France». Une communauté considérée comme l’une des plus importantes sur le territoire français avec un million et demi de résidents. Les statistiques ont révélé que les Algériens représentent 18% des étrangers en France, occupant la deuxième place, juste derrière les Portugais (19%). Mais certaines voix n'hésitent pas à avancer un chiffre beaucoup plus important et même étourdissant : 5 millions d’Algériens de tout bord, résidents, sans-papiers, beurs, double nationalité. Hier mineur, éboueur ou employé chez Peugeot, aujourd’hui médecin, ingénieur ou écrivain, l’Algérien a émigré en France parce que ses rêves ont été confisqués dans la dure histoire coloniale ou dans la pénible réalité sociale ou encore dans l’effrayante tourmente du terrorisme…Mais de l’autre côté de la rive, depuis 1898, point de rêves mais des mirages. Amir Ben El-Hachemi Condoléances MM. Khelifa Nourredine et Bouzenacha Tahar, très affligés par le décès de M. Fellah Tahar, ancien proviseur au lycée d’Ahmer El Ain (Tipasa), présentent à sa femme, à ses enfants ainsi qu’à toute sa famille leurs condoléances les plus attristées et les assurent de leur profonde compassion en cette douloureuse épreuve. Que Dieu le Tout-Puissant accorde au défunt Sa Sainte Miséricorde et l'accueille dans Son Vaste Paradis. A Dieu nous appartenons et à Lui nous retournons.
«La colonisation a été un système profondément injuste et brutal». Aucun président français n’a osé cette reconnaissance. Quoi qu’on dise du côté de ceux qui font une fixation sur les «excuses» que doit présenter la France et que M. Hollande a dit clairement n’être pas venu les faire. Tout comme la repentance d’ailleurs. Il faut aussi rappeler que l’Etat algérien n’a jamais demandé officiellement ni les excuses ni la repentance, ces deux notions dévolues plus au domaine moral et religieux que politique. Or, politiquement, il y a à l’évidence une avancée dans le dossier litigieux de la reconnaissance des crimes atroces commis durant la colonisation. C’est la première fois qu’un président de l’ancienne puissance coloniale parle des massacres de Sétif, Guelma et Kherrata et va jusqu’à manifester sa volonté d’«écrire une nouvelle page de l’histoire commune». «La vérité répare et rassemble», a-t-il ajouté. A l'évidence, cette dernière déclaration ne devrait pas laisser in- POLITIQUE APRES LA VISITE D’ETAT DE FRANÇOIS HOLLANDE En attendant l’âge d’or différents les acteurs des deux côtés de la Méditerranée. Ici les avis sont partagés et si les parties confinées dans l’islamo-conservatisme ont réagi plutôt fraîchement au discours du président français, en déplorant qu’il ait clairement affirmé «ne pas être venu pour s’excuser ni faire repentance», les formations versées dans ce qu’on appelle la modernité, n’ont pas manqué, elles, de saluer la volonté de tourner la page et surtout noté que l’hôte de l’Algérie a reconnu les affres et atrocités du colonialisme. Ce qui constitue quand même une avancée considérable dans les relations «passionnelles» qui ont toujours existé entre les deux pays. Curieusement, les mêmes réactions contradictoires ont eu lieu en France où même des ténors de droite ont salué le discours de François Hollande, à l’image d’Alain Juppé qui a déclaré que «le président a trouvé les mots justes et dit ce qu’il fallait dire, en reconnaissant les crimes du colonialisme». Cependant, c’est du côté de l’ex- trême droite qu’il y a lieu de réentendre les mêmes antiennes empreintes de haine et de rancœur. Le Front national, par la voix de sa sulfureuse présidente, est contre ce qu’a dit le président français et ne manque pas de manifester des craintes de voir «l’islam s’installer durablement en France», tandis qu’un de ses lieutenants rappelle les crimes commis «des deux côtés», en mettant l’accent sur «les atrocités commises à l’endroit des harkis et des pieds-noirs». Nous le Alger Hebdo n° 359 - Semaine du 22 au 28 décembre 2012 5 constatons donc, les relations algéro-françaises demeurent et, il est à craindre, demeureront toujours conflictuelles tant que les parties en présence refusent de tourner la page. Alors reste l’économique «déterminant en dernière instance» qui finira par trancher et permettre aux deux pays d’établir un partenariat gagnant-gagnant, malgré ce qu’en pense la patronne du Front national qui craint avant tout les délocalisations des grandes entreprises françaises en Algérie. Mais quelles entreprises ? Dans une économie en crise, la plupart de ses pôles industriels sont incapables de se maintenir en France et sont obligés de négocier les emplois avec les grandes multinationales à l’image de Arcelor Mittal. Il reste que les autres entités économiques françaises veulent une plus grande pénétration du marché algérien, et certaines d’entre elles sont déjà présentes à l’image de la RATP et récemment de Renault. A condition toutefois de ne pas considérer l’Algérie sous l’angle exclusif d’un marché à pénétrer. Et c’est tout le challenge que devra relever l’économie algérienne. Quant à la repentance, c’est une affaire de religion. De plus, une fois déclarée, cette repentance pourra-t-elle redessiner les rapports «passionnels» entre les deux pays ? Ce n’est pas sûr. N.B. L’ALGERIE ET LA FRANCE CONVIENNENT DE PROGRESSER ENSEMBLE DANS L’INTÉRÊT PARTAGÉ DES DEUX PAYS La nouvelle impulsion donnée par la Déclaration d’Alger L ’Algérie et la France ont convenu de progresser ensemble dans l’intérêt partagé des deux pays, en s’appuyant sur «la nouvelle impulsion» donnée par la Déclaration d’Alger, a indiqué jeudi soir un communiqué des ministères des Affaires étrangères des deux pays. «Les deux parties, s’appuyant sur la nouvelle impulsion donnée par la Déclaration d’Alger sur l’amitié et la coopération entre l’Algérie et la France, conviennent de progresser ensemble, dans l’intérêt partagé des deux pays», souligne le communiqué sanctionnant la visite d’Etat de deux jours en Algérie effectuée par le Président Français, M. François Hollande, à l’invitation du Président de la République M. Abdelaziz Bouteflika. L’Algérie et la France se sont félicitées de la signature, à l’occasion de cette visite, d’un document-cadre de partenariat, d’un procès-verbal d’échange des instruments de ratification et d’approbation de l’accord de coopération, en matière de défense ainsi que du mémorandum de coopération financière. Elles se sont également félicitées de la signature de la convention de partenariat et de coopération dans les domaines de l’agri- culture du développement rural et de l’agroalimentaire, de la déclaration conjointe pour un partenariat industriel productif, de même que l’arrangement administratif relatif à la coopération en matière de protection et de sécurité civile. Les deux parties ont, d’autre part, exprimé, dans ce communiqué, leur satisfaction de l’atmosphère «constructive et sereine» caractérisant le dialogue entre les deux pays, dans les divers domaines de leur relation et ont décidé de tout mettre en œuvre «pour poursuivre et intensifier» encore ce dialogue, afin que leur partenariat stratégique se traduise dans le bien-être de leurs ressortissants. Au plan de la concertation politique de haut niveau, les deux parties sont convenues de préciser, par un accord spécifique à conclure ultérieurement, le mécanisme et les modalités de fonctionnement du Comité intergouvernemental de haut niveau, présidé par les deux Premiers ministres, dont une première session sera organisée au cours de l’année 2013, lit-on dans le communiqué. Elles se félicitent ainsi de la reprise du dialogue concernant les archives et de la mise en place d’un groupe de travail pour la prise en charge de cette importante question. Pour ce qui est du volet de la dimension humaine, le document a souligné que les conditions pratiques de la mobilité des Algériens en France et des Français en Algérie seront améliorées. Il s’agit en outre de faciliter l’entraide judiciaire pénale et de parvenir, dans le cadre formel d’un groupe de travail mis en place à cette fin, à une résolution des cas d’enfants déplacés issus de couples mixtes. Ce même volet s’intéresse aux difficultés auxquelles font face certains ressortissants français, propriétaires légaux de biens immobiliers, dans l’exercice de leur droit de propriété. Les deux parties conviennent de déployer aussi les efforts nécessaires afin de conforter le bon fonctionnement des services diplomatiques et consulaires algériens en France et français en Algérie. Idem pour les efforts à déployer pour faciliter la présentation par les victimes des essais nucléaires français au Sahara ou leurs ayants droit des dossiers en vue de leur indemnisation éventuelle. Le document a précisé que les deux parties sont convenues de la mise en place prochaine d’un mécanisme de discussion à ce sujet. S’agissant des retraités algériens, un groupe de travail sera mis en place pour trouver les solutions appropriées, a-t-on ajouté. Pour ce qui est des relations culturelles et éducatives, il est prévu notamment que la France accompagnera les efforts de l’Algérie en vue d’ouvrir et de développer un réseau d’une vingtaine d’instituts d’enseignement supérieur technologique (IEST), à travers le territoire national. Sur le plan économique, la relation bilatérale fera l’objet d’une dynamisation et d’un suivi régulier par un comité mixte, de façon à identifier ensemble les moyens de progresser, dans l’intérêt des deux pays, sur les différents aspects de cette relation. Les deux parties soulignent aussi la nécessité de stimuler la coopération dans le domaine énergétique, qu’il s’agisse des hydrocarbures, du développement en Algérie de la filière nucléaire civile ou de l’utilisation des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique. Dans le domaine de la coopération en matière de défense, l’accord bilatéral entrera en vigueur en février 2013 et ouvrira ainsi des perspectives prometteuses pour une relation dynamique dans cet important secteur.
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