Attention et vieillissement - Psychologie - M. Fouchey
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autre test explorant l’héminégligence, la bissection de<br />
ligne.<br />
Ils présentent également des difficultés dans le test<br />
d’indiçage spatial de Posner, notamment de désengagement<br />
de l’attention lorsque l’indice est situé du<br />
même côté que la lésion <strong>et</strong> la cible du côté opposé [7],<br />
mais aussi, semble-t-il, d’engagement de l’attention traduit<br />
par un r<strong>et</strong>ard des réponses du côté opposé à la<br />
lésion, même avec un indice valide [34]. Si les événements<br />
du côté négligé sont parfois traités jusqu’à un<br />
niveau sémantique <strong>et</strong> peuvent même influer sur le comportement<br />
(voir par exemple les eff<strong>et</strong>s d’amorçage sémantique),<br />
les patients n’y portent pas attention [35].<br />
Les conséquences pour la vie courante sont considérables<br />
(incapacité de se diriger ou de conduire une activité<br />
qui requiert de traiter des informations visuospatiales,<br />
pouvant entraîner, par exemple, de gros<br />
troubles de la lecture), montrant toute l’importance de<br />
l’attention sélective spatiale dans notre vie quotidienne.<br />
Assez souvent, le trouble concernerait davantage<br />
l’orientation exogène de l’attention que l’orientation<br />
endogène [18]. Les patients ont leur attention attirée<br />
par les événements survenant du côté de la lésion,<br />
mais peuvent arriver, dans certains cas, à orienter volontairement<br />
leur attention vers le côté opposé. Même<br />
si la tâche est rude du fait du biais initial en faveur des<br />
informations ipsilatérales à la lésion, une rééducation<br />
est possible en répétant sans cesse aux patients de<br />
penser à leur côté gauche opposé. Les études futures<br />
devraient nous indiquer si la capacité résiduelle à orienter<br />
l’attention endogène vers le côté opposé à la lésion<br />
dépend de la topographie de la lésion (notamment en<br />
l’absence de lésion préfrontale).<br />
<strong>Attention</strong> <strong>et</strong> pathologies<br />
associées au <strong>vieillissement</strong> :<br />
les processus dégénératifs<br />
La maladie d’Alzheimer<br />
Les critères du DSM-IV (American psychiatric association)<br />
n’évoquent pas l’existence de troubles attentionnels<br />
dans la maladie d’Alzheimer. Pourtant, lors<br />
d’un examen détaillé recourant aux tests neuropsychologiques<br />
adéquats, l’attention se révèle effectivement<br />
compromise dès les stades précoces de la maladie, à<br />
des degrés variables sans doute, mais dans beaucoup<br />
de ses aspects [22, 36]. Le traitement contrôlé de l’information<br />
serait plus perturbé que le traitement automatique<br />
<strong>et</strong> les patients auraient des difficultés dans le main-<br />
tien volontaire de l’attention visuelle. Une diminution<br />
de la rapidité du traitement <strong>et</strong> des ressources attentionnelles<br />
est également couramment décrite.<br />
Les résultats des études neurochimiques suggèrent<br />
que le déclin des capacités attentionnelles des patients<br />
souffrant de la maladie d’Alzheimer dépendrait d’une<br />
atteinte du système cholinergique. Les études neuroradiologiques<br />
<strong>et</strong> d’activation cérébrale ont montré que<br />
les troubles attentionnels résulteraient notamment<br />
d’un dysfonctionnement des réseaux corticaux qui relient<br />
les régions pariétales postérieures aux lobes frontaux.<br />
Les atteintes pariétales étant généralement plus<br />
précoces que les atteintes frontales, il en résulterait un<br />
déficit précoce de l’attention sélective visuospatiale<br />
[37]. D’autres études ont souligné l’implication de régions<br />
sous-corticales comme le pulvinar [38].<br />
• <strong>Attention</strong> sélective visuospatiale<br />
<strong>Attention</strong> <strong>et</strong> <strong>vieillissement</strong><br />
Un déficit d’attention sélective a été décrit à de<br />
nombreuses reprises, que ce soit à travers des épreuves<br />
de discrimination de l<strong>et</strong>tres, de jugement d’orientation<br />
de lignes ou de recherche visuelle [22, 36]. L’exploration<br />
visuelle requiert une certaine flexibilité entre les<br />
modes global <strong>et</strong> local d’allocation attentionnelle. C<strong>et</strong>te<br />
flexibilité dynamique entre les deux modes serait perturbée<br />
dans la maladie d’Alzheimer, <strong>et</strong> un déficit d’attention<br />
globale a été décrit à plusieurs reprises à l’aide<br />
de tâches utilisant des stimulus hiérarchisés ou de tâches<br />
psychophysiques.<br />
Par ailleurs, Maruff <strong>et</strong> al. [39] ont décrit des asymétries<br />
attentionnelles dans une tâche d’orientation covert<br />
(indépendamment des mouvements oculaires) : si<br />
certains patients présentent un ralentissement des<br />
temps de réponse pour les cibles apparaissant dans les<br />
deux hémichamps, d’autres, peut-être dans un stade<br />
moins avancé de la maladie, présentent un ralentissement<br />
uniquement dans un hémichamp. Ces derniers<br />
présenteraient un déficit fonctionnel des aires attentionnelles<br />
dans un seul hémisphère. Plusieurs auteurs<br />
ont même décrit l’existence d’une héminégligence spatiale.<br />
Le paradigme d’indiçage spatial a été largement<br />
utilisé. Il existe une grande variabilité des performances<br />
attentionnelles dans la maladie d’Alzheimer, mais<br />
des difficultés spécifiques du désengagement ont été<br />
souvent observées [22], alors que l’engagement serait<br />
préservé. Lorsque l’indice est périphérique, les difficultés<br />
de désengagement seraient présentes dans une<br />
tâche de discrimination (décider si une l<strong>et</strong>tre présentée<br />
est une voyelle ou une consonne) plus souvent que<br />
dans une simple tâche de détection. De plus, le déficit<br />
Psychol NeuroPsychiatr Vieillissement 2004 ; vol. 2, n° 4 : 257-69 265